LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGEBelgique de rentrer chez eux, sur base volontaire, pour y aider...

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LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE BIMESTRIEL SEPTEMBRE-OCTOBRE 2007 N° 4 P308613 Editeur responsable : Jan Grauls, Président du comité de Direction, rue des Petits Carmes 15, B-1000 Bruxelles - Bureau de dépôt Bruxelles X SERVICE PUBLIC FÉDÉRAL AFFAIRES ÉTRANGÈRES, COMMERCE EXTÉRIEUR ET COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT Migration et Développement

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migration et Développement

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Dans ce numéro

L E J O U R N A L D E L A C O O P É R AT I O N B E L G E

Faire de la migration un vecteur 3du développement

Dans les coulisses du Forum, une femme-orchestre 5

Les migrations sud-sud : 7l’autre face des migrations internationales

Femmes du Niger et de Belgique… Regards croisés 8

Le mEDmA, un projet de mobilisation des 11marocains résidant à l’Etranger (mRE) pourle développement du nord du maroc

Peter moors, du neuf à la DGCD 13

Rubrique : La petite dimension 14

Rapport d’activités 2006 16

Photo de couverture : Marocains en Belgique

© Jo Voets

EditorialC’est l’histoire d’une erreur d’appréciation trop répandue : la migration. On lui prête volontiers tous les maux, oubliant sans doute que

notre propre civilisation est le fruit des déplacements de personnes, de savoirs et de produits commerciaux. Il y a un an s’ouvrait pour la première fois un Dialogue de haut niveau aux Nations Unies qui visait à enfin considérer le problème migratoire de manière globale, complète et positive. Les constats étaient les suivants : sans parler des bénéfices qu’ils génèrent dans les pays de destination, les migrants apportent devises (plus que l’aide au développement), connaissances et développement à leur pays d’origine. Mais l’ensemble du phénomène est encore mal connu, mal chiffré, et peu ou pas canalisé. A l’issue de ce Dialogue de haut niveau était proposé un Forum global sur le thème Migration et Développement. La Belgique en a relevé le défi en coordonnant la préparation et l’organisation de la première rencontre internationale des gouvernements ces 9, 10 et 11 juillet. L’objectif de cette première rencontre était d’examiner comment les politiques migratoires pourraient être intégrées comme facteur positif dans les politiques de développement, afin que le thème devienne un véritable enjeu, concourant à la réalisation des Objectifs du millénaire. Nous avons suivi le Forum, survolé les différents thèmes (p. 3-4), interviewé la coordinatrice générale (p 5-6), et pris connaissance d’un projet inédit émanant du programme multilatéral MIDA : la mobilisation des Marocains résidant à l’Etranger pour le développement du nord du Maroc (p.11-12)Mais l’immigration n’est pas, comme on le laisse entendre, l’apanage des pays dits riches. La migration «Sud-Sud» est tout aussi importante en termes de nombre de migrants. Un membre de l’équipe internationale du Forum nous expose la situation et, en particulier, celle de son pays, le Mali (p.7).Enfin, depuis cet été, la Direction générale de la Coopération au Développement a un nouveau Directeur général, M. Peter Moors. Celui-ci nous livre sa vision de la coopération et indique le rôle qu’il entend faire jouer à la DGCD (p.13). n

La rédaction

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Migration et Développement

splendeurs et misères des migrationsL’actualité nous rappelle assez le drame de l’immigration : pour le seul mois de juin, à la veille du Forum, le Haut Commissariat aux Réfugiés estimait que 210 immigrants se sont noyés ou ont disparu dans le détroit de Sicile en tentant la traversée du Nord de l’Afrique vers l’Europe. Aujourd’hui, malgré un budget important alloué au contrôle des fron-

tières, l’immigration illégale ne tarit pas. Le Premier Ministre belge, Guy Verhofstadt, le reconnaît : tant que l’Europe et l’Amérique du Nord concentrent 73% du revenu mondial, tout en ne représentant que 14% de la population mondiale, «ni les patrouilles en mer, ni les vedettes rapides, ni les barbelés ne pourront mettre un

terme à l’immigration clandestine». L’histoire, celle de l’expansion de l’Occident en premier lieu, est parcou-rue de flux migratoires. La révolution des transports et des communica-tions, ainsi que la globalisation de l’économie, en ont changé et multiplié

les facettes.Pour les migrants, autant que pour leurs

pays d’origine et les pays de destination, les enjeux de la migration sont impor-tants. En ignorer les retombées positives relève de l’inconséquence. Ainsi, le montant estimé des transferts de fonds des migrants vers leurs pays d’origine,

« Le monde compte 200 millions de migrants, soit un habitant sur 30 de la planète » rappelait le Premier Ministre, à l’ouverture de la première réunion du Forum mondial sur la migration et le développe-ment. Depuis la nuit des temps, les hommes circulent, et l’on oublie souvent que la migration est à l’origine même des sociétés contemporaines. En Occident cependant, le phénomène a trop souvent pris une connotation négative, qui néglige ses aspects positifs pour le développement : amélioration du bien-être des communautés restées au pays grâce aux transferts de connaissances, aux inves-tissements et transferts financiers des migrants vers leur pays d’origine. Pourquoi ne pas essayer d’identifier et de maximiser ces impacts positifs de la migration sur le développement ? C’est dans cette perspective que plus de 150 pays se réunissaient à Bruxelles ces 9, 10 et 11 juillet.

soit environ 200 milliards EUR est deux fois supérieur à l’aide au déve-loppement. En outre, une étude de la Banque Mondiale révèle des effets inattendus de la migration, tels que l’impact positif sur la fécondité, sur la santé, et sur l’éducation des filles dans les pays d’origine.

multiples facettes de la migrationSi les migrants envoient de l’argent dans leurs pays d’origine, ils n’en dépensent pas moins les 85 % restant dans le pays d’accueil. Il faut en effet tenir compte de l’impact des migrants sur le bien-être des pays dévelop-pés, qu’ils enrichissent de leur force de travail, de leurs connaissances, de leurs cultures et de leurs valeurs. Ils ont fondé des entreprises,1 partagé leur savoir.2 Ils contribuent encore au succès des économies en soignant les malades, gardant les enfants, nettoyant les maisons… Et si des retom-bées négatives existent, elles concernent autant le Sud que le Nord : ainsi en est-il de la «fuite des cerveaux», celle de ces personnes qualifiées qui prennent le chemin de l’exil en Occident à la recherche d’une carrière et d’un salaire décent3 . Par ailleurs, l’immigration n’est pas l’apanage exclusif des pays dits «riches». On apprend en effet que les mouvements du Sud vers le Nord ne constituent qu’un tiers des flux migratoires, les deux autres tiers étant partagés entre les déplacements interrégionaux Sud-Sud et les ainsi nom-mées «expatriations» au Sud.

Faire de la migration un vecteur du développement

1: eBay, Google, Mittal,2: au moins 20 Prix Nobels anglais sont issus de l’immigration.3: Dans certains pays, 80 % des universitaires vivent ainsi en dehors des frontières (Haïti, Jamaïque).

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Migration et Développement

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La Coopération belge au développement promeut des initiatives liées à la thématique «migration et développement» depuis le début des années 2000. Même si la plupart demeure encore à titre expérimental, les projets soutenus par la DGCD en font un pionnier en matière de migration et développement.

Depuis 2001, le programme MIDA, financé par la DGCD et mis en œuvre par l’Organisation Internationale pour les Migrations, encourage les retours temporaires des membres d’une diaspora dans leur pays d’origine pour y apporter leur expérience dans des secteurs en manque de ressources humaines. Concrètement, ce programme permet aux migrants résidant en Belgique de rentrer chez eux, sur base volontaire, pour y aider à des projets de développement dans des domaines prioritaires, à savoir l’éducation, la santé et le développement rural.

Le programme MIDA a été conçu pour contrer le phénomène de “brain drain”, la fuite des cerveaux du Sud vers le Nord, par un mouvement inverse de “brain gain”. En d’autres mots, le retour temporaire dans un pays de personnes d’origine locale, dans un mouvement de “migration circulaire”, tend à compenser le manque d’acteurs de développement locaux. Durant la deuxième phase du programme - de février 2005 à mars 2006 -, 78 mis-sions ont été réalisées. Depuis sa création, le programme a été réservé aux

Au sein de la coopération belge : MIDA & comigrants issus de la région des Grands Lacs d’Afrique centrale (République démocratique du Congo, Rwanda, Burundi). A l’avenir, le programme devrait être élargi géographiquement, notamment au bénéfice des migrants issus du Maroc (v. page 11-12).

Dans le domaine des transferts de fonds, la Coopération belge au dévelop-pement souhaite aussi s’impliquer pour que l’argent envoyé dans leur pays par les migrants établis en Belgique puisse contribuer au développement local. En effet, on constate que les fonds transférés dans les pays du Sud par les migrants résidant au Nord sont souvent affectés à des biens de consommation à court terme. L’idée est donc d’amener les récipiendaires de ces fonds, sans interférer dans leur choix privés, à investir davantage dans des projets à long terme. Dans cette optique, la DGCD sert de relai entre les acteurs impliqués et encourage les sociétés de transferts de fonds et de microcrédits à collaborer.

Enfin, un troisième programme lié à la migration et au développement est en cours d’élaboration, et concerne les migrants originaires d’Afrique sub-saharienne et surtout malienne, lorsqu’ils se trouvent au Maroc dans leur voyage vers l’Europe. Il s’agirait ici d’inciter les personnes arrivées illégalement au Maroc à rentrer chez elles, où leur réintégration serait accompagnée. Ce programme, financé par la DGCD depuis 2004, n’a toutefois pas encore été mis en œuvre. n

Louise Culot

Affronter la question : le Forum mondial sur la migration et le DéveloppementDe l’aveu du Secrétaire général des Nations Unies, l’idée d’un tel forum n’est pas neuve mais a pris du temps à se concrétiser. Lorsque l’ONU a consacré en 2006 un Dialogue de haut niveau à la migration et au développement, «nombreux sont ceux qui prédisaient que pays développés et en développement s’(y) opposeraient (…) . Au lieu de cela, plus d’une centaine de pays ont pris part à un échange constructif. Cette expérience a été si fructueuse qu’ils ont souscrit à une proposition (…) visant à créer un Forum mondial sur les migrations et le développement ». L’enjeu : considérer la question migratoire de manière globale, com-plète et positive, en tandem avec la question du développement.

Les deux jours de discussions entre les Etats ont été ouverts en grande pompe, en pré-sence de Guy Verhofstadt, du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et de nombreux chefs d’Etats du monde entier. Ils succédaient à une journée de rencontre de la société civile. Son objectif était d’exa-miner comment les politiques migratoires pourraient être intégrées comme facteur positif dans les politiques de développement, afin que le thème devienne un véritable enjeu dans les politiques de développement, concourant à la réalisation des Objectifs du millénaire.

Des propositions concrètes furent avancées : pousser plus avant les études sur les impacts, ouvrir des canaux officiels de migration du travail, établir des codes de bonne pratiques, diminuer les coûts de transferts d’argent, chercher une véritable cohérence dans les relations avec les pays en développement pour que les politiques migra-

toires, économiques et commerciales n’hypo-thèquent pas le développement des pays les moins avancés. Il appartient maintenant aux Etats d’en assurer le suivi. Enfin, la société civile et le Saint Siège, auxquels se sont joints quel-ques Etats, ont insisté pour que soit ratifiée une convention des Nations Unies sur le droit des travailleurs migrants et de leurs familles, pendante depuis 10 ans. Le Premier Ministre belge a, quant à lui, plaidé pour l’élévation du budget de la coopération à 0,7% du PIB, afin de

réduire les disparités Nord-Sud.

La réunion de Bruxelles ne fut que la première réunion du Forum. Ce Forum, conçu comme un processus à long terme va à nouveau se réunir à Manille en 2008. Entre-temps, il est entré dans une phase opération-nelle pendant laquelle les participants sont invités à assurer un suivi aux propositions concrètes formulées en juillet. n

Elise Pirsoul

«La migration n’est pas seulement une question de richesse et de pau-

vreté. Il s’agit de la société dans laquelle nous souhaitons vivre. Nous

avons l’unique opportunité de lui donner forme, au bénéfice des géné-

rations futures.»

Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies

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Migration et Développement

Pouvez-vous décrire brièvement l’équipe internationale qui a travaillé à ce forum ?Au début, c’étaient quelques personnes de bonne volonté. Au fil du temps, j’ai établi une task force internationale. Sur le contenu, ils sont 9 personnes. Nous avons le soutien de plusieurs administrations et cabinets en Belgique : Coopération, Intérieur, Affaires étrangères. L’intérêt principal du processus de préparation de la réunion du Forum a été d’y associer un certain nombre d’Etats et d’organisations. Le groupe des Amis du Forum qui rassemble 200 à 250 personnes représentant des gouvernements et des organisations internationales, ainsi que les points focaux qui canalisent et coordon-nent ces questions au niveau national, ont également joué un rôle fondamental.

Comment ont été préparés et étudiés les sujets de fond ?L’agenda de la première réunion du Forum a été discuté avec les Etats. Depuis le mois de janvier, nous avons eu 3 réunions avec les Amis du Forum. C’était un processus de préparation participatif : une soixantaine d’Etats étaient impliqués, ainsi que des organisations internationales en fonction de leur expertise sur les différents thèmes choisis. Nous avons ensuite rédigé des notes de fond qui faisaient état, pour chacun des thèmes, des expériences des pays et des leçons tirées, et qui proposaient un certain nombre de mesures pour passer à l’action. On doit, par exemple, donner aux diasporas les moyens de contribuer au développement dans leurs pays respectifs.

Quelle est la problématique, par exemple, des ressources des diasporas ?Les projets des diasporas ont souvent besoin d’un méso-crédit qui est difficile à trouver. L’un de mes exemples préféré est celui d’un jeune marocain d’Anvers qui a mis sur pied une petite entreprise de récolte de miel par des femmes dans le Rif ; en 3 ans, il a déjà récolté 3.800 kg de miel ! Grâce à ses fonds propres et l’argent récolté

vous répétez que ce forum est un processus. Quelles en sont les étapes ?En septembre dernier, lors du Dialogue de haut niveau «Migration internationale et Développement» qui s’est tenu à New York, l’idée a été lancée par le Secrétaire général des Nations Unies de continuer ce dialogue. Le mécanisme serait celui d’un forum global. Il s’agirait d’une ini-tiative menée par les Etats, informelle, à laquelle des organisations internationa-les comme l’OIM, le PNUD, le UNHCR, devraient être associées. La Belgique s’est portée volontaire pour organiser la première réunion de ce forum.

Donc, suite à New York…De retour en Belgique, nous avons réa-lisé, à trois, une petite note de concept qui a été présentée à Genève à un groupe informel de plusieurs Etats. En décembre, une décision du Conseil des Ministres belges me chargea de donner un levier à ce forum et de le coordonner. La Coopération au développe-ment mit à disposition un budget important et prit en charge la logistique. La première chose que nous avons faite fut une enquête internationale sur les préoccupations des Etats. Nous leur avons adressé un questionnaire dans lequel nous avions répertorié 18 thèmes liés à la migration et au développement, en leur demandant d’indiquer leurs trois principales priorités, ainsi qu’une explication pour les deux premières. Nous leur avons aussi proposé de désigner un point focal qui pourrait coordonner la communication entre leur gouvernement et le Forum. 126 pays ont répondu et choisi un point focal, et 91 ont approfondi leurs priorités. Sur base de ces résultats, nous avons établi un agenda sur 2 ans. Les deux premières priorités des Etats ont servi à guider la première réunion du Forum, les deux suivantes pourraient guider la deuxième. Les grands thèmes de la réunion de juillet furent: Migration et développe-ment socio-économique, ainsi que Cohérence des politiques de migration et de développement et renforcement des partenariats.

Le Forum mondial “Migration et développement” est un long processus marqué par une première rencontre d’ampleur internationale qui a rassemblé 155 Etats et 800 participants à Bruxelles ce mois de juillet 2007. Nous avons rencontré sa femme-orchestre, l’Ambassadrice Régine de Clercq, Directeur exécutif du Forum.

Dans les coulisses du Forum, une femme-orchestre

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Migration et Développement

gouvernements nationaux, la communauté internationale multila-térale, la société civile… Il s’agit de voir maintenant comment ces différents acteurs pourront donner suite aux recommandations et propositions concrètes formulées par le forum. Nous sommes en train d’identifier, pour certaines de ces actions, les acteurs et le calendrier pour leur mise en œuvre : court, moyen ou long terme. Par la suite, un comité de pilotage effectuera le suivi et à la pro-chaine réunion du Forum aux Philippines, rapport sera fait sur les aboutissements de ces initiatives.

La deuxième réunion du Forum aux Philippines portera sur les avancées ?Une partie portera certainement sur les avancées depuis la réunion de Bruxelles, une autre sur l’approfondissement de certains thèmes, mais aussi sur une ou deux nouvelles thématiques.

Pourquoi un tel intérêt de la Belgique pour la migration ?Il s’agit plutôt d’un intérêt pour la question du développement. Car la Belgique a été précurseur dans ce débat. En amenant l’aspect «déve-loppement» dans le débat sur la migration, elle a renforcé la cohérence de ces politiques. La fonction de l’ambassadeur pour la Migration et la politique d’asile (NDLR : Mme de Clercq elle-même) a peut-être favorisé et permis d’avoir la structure pour ce genre de cohérence.

Parlons de la journée de la société civile. Quelles sont ses grandes préoccupations ?Ses grandes préoccupations portent sur le droit des migrants, qui d’ailleurs constituait l’un des thèmes transversaux des discussions gouvernementales. Le programme de la journée de la société civile, qui s’est déroulée la veille de la réunion gouvernementale, a été préparé par la Fondation Roi Baudouin. Les organisateurs de cette journée ont souhaité, librement, calquer leur programme sur celui des discussions gouvernementales, de manière à pouvoir peser sur le débat des deux jours suivants. Leurs conclusions furent présen-tées lors de la journée gouvernementale. n

E. P.Pour plus d’infos : www.gfmd-fmmd.org.

auprès de la diaspora anversoise, il fait vivre 40 familles. Il a organisé des coopératives de fermiers qui récoltent des olives. Il a réhabilité l’école, replanté les arbres dans la vallée, construit un dispensaire… Il veut maintenant construire une route qui relie le village à la ville pour écouler son miel et son huile mais pour cela, il a besoin d’un peu plus de 10.000 euros. Mais les moyens n’existent pas, car ce type de projet n’est pas assez important ni organisé pour bénéficier d’une aide.

On parle de «fermeture des frontières européennes», n’est-ce pas contraire à une politique de migration et de développement ?Je ne sais pas si l’on se situe dans une politique de «fermeture des frontières»: l’UE a ouvert les frontières pour les personnes hautement qualifiées, mais cela n’est pas suffisant. Ce qui est certain, c’est que le contrôle des frontières qui absorbe énormément de moyens – plus de moyens que l’aide au développement – ne résout pas la question de la migration illégale. Il est vrai que ces questions touchent aussi les affaires intérieures. Mais l’objectif du Forum est de voir comment la migration peut davantage contribuer au développement et com-ment minimiser les risques de la migration. Nous ne dénouerons ce problème que si nous élaborons avec les pays d’origine une vision commune sur la gestion de la migration. Cette vision sera d’autant plus efficace si nous traitons les pays d’origine comme des partenaires dans un dialogue constructif. Car voyez-vous, aujourd’hui il est plus facile de transférer de l’argent d’un pays d’Europe vers les Etats-Unis que du Burundi au Rwanda. De même, il y a beaucoup de migrations du Congo vers l’Afrique du Sud. Il serait sans doute utile que ces 2 pays négocient des accords de réduction des coûts pour les trans-ferts d’argent des migrants : on appelle cela un «corridor». Ces pays pourront sans doute bénéficier de l’expérience des accords entre le Mexique et les Etats-Unis, par exemple. L’un des effets de ce genre de dialogue est de tisser plus de partenariats.

suite au forum, l’action… Comment va-t-elle s’articuler ?Une de nos préoccupations était de baser ce dialogue sur l’action. Comme il y a plusieurs acteurs, il y a plusieurs niveaux d’action: les

Les grands thèmes de discussion au cours de la rencontre du Forum :

1. Développement du capital humain et mobilité du travail : maximiser les opportunités et minimiser les risques (migration hautement qualifiée, travail temporaire, migration circulaire).

2. Transferts de fonds et autres ressources de la diaspora : augmenter leur volume net et leur valeur de développement (travailler avec la diaspora, «remittances» et leur micro et macro impacts).

3. Renforcer la cohérence au niveau institutionnel et politique, promouvoir les partenariats (mesure des impacts, consul-tations inter-ministérielles, approches régionales).

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Ainsi, en Afrique de l’Ouest, les saisons agricoles mobilisent bon nombre de migrants au delà des frontières nationales. C’est le cas des maliens qui, durant la période coloniale, faisaient la navette entre le Mali et le Sénégal pour cultiver les champs d’arachide.

• La migration de transit : La migratixon Sud-Sud sert encore de transit pour les migrants qui aspirent à se rendre dans les pays du Nord. A titre d’exemple, les migrants de l’Afrique de l’Ouest vont transiter par le Cap Vert, la Gambie ou la Guinée ou encore Turquie et l’Afrique du Nord en dans l’espoir d’y obtenir des documents de voyage pour se rendre en Europe.

• La migration forcée par les conflits et les catastrophes : Par ailleurs, nombre de migrants fuient les conflits pour s’établir dans d’autres pays du Sud à la recherche d’asile. Selon les données du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), le nombre de ces réfugiés dans les pays en dévelop-pement était, fin 2005, quatre fois plus élevé que dans les pays développés. Enfin, les catastrophes dites «naturelles» - la déserti-fication, l’érosion, la sécheresse, ou encore les inondations, etc. – ainsi que la pollution, contraignent les populations à émigrer vers d’autres pays du Sud.

Quelle est l’importance numérique des migrants sud-sud ? Selon la Banque Mondiale, on estime à environ 74 millions le nombre de migrants qui ont quitté un pays en développement vers un autre, tout en reconnaissant que ce chiffre est certai-

Les migrations sud-Nord ne reflètent qu’un aspect de la réalité migratoire à l’échelle planétaire. En effet, les migra-tions sud-sud sont plus que significatives : en 1965, les pays industrialisés occidentaux n’absorbaient que 36,5 % des migrants internationaux, et 43,4 % en 1990. Les migrations entre pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine restent majoritaires dans le phénomène migratoire global.

1 Dans le cas précis de l’Afrique, on sait que la colonisation, voire la balkanisation, ont introduit des frontières arbitraires entre des groupes ethniques homogènes partageant des réalités socio-économiques et culturelles, et qui sont cependant restés soudés par l’histoire et la culture de leurs ancêtres.

Le Mali et la Belgique entretiennent de bonnes relations dans le domaine de la coopéra-tion Nord-Sud. Au Dialogue de haut niveau sur la Migration et le Développement tenu à New-York en septembre 2006, le Mali a été l’un des premiers états à soutenir la demande de la Belgique d’accueillir la première réunion du Forum mondial sur la Migration et le développement. A l’occasion de la préparation de ce Forum, le ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine a détaché un fonctionnaire au sein de la taskforce mise en place à cet effet. M. Lansiné Coulibaly est un cadre malien qui travaille sur les dossiers de la migration dans son département de tutelle. Il a eu pour tâche principale d’amener les pays en développement à s’impliquer activement dans la préparation et la participation aux travaux du forum. Expert dans le domaine de la migration au Sud, il a également appuyé l’équipe organisatrice à travers ses recherches sur les différents aspects liés à la migration Sud-Sud. Il a accepté d’en faire ici un bref tour d’horizon et d’exposer le cas de son pays.

Les migrations Sud-Sud : l’autre face des migrations internationales

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Comment se caractérisent les migrations sud-sud ?La migration de proximité : 80 % environ des migrations qui ont lieu entre pays du Sud s’effectuent essentiellement entre ceux qui partagent des frontières communes. Cela s’explique, évidemment et principalement, par le fait que les coûts (financiers, sociaux et culturels) d’une migration vers les pays limitrophes sont moins élevés que ceux d’une migration lointaine1.

• Les réseaux habituels de migration Sud-Sud : Dans la migration Sud-Sud, il existe également des réseaux de migration qui ont été forgés par le temps et les habitudes. Ces migrations traditionnelles ont fixé ainsi des liens étroits entre les nationalités et les emplois. Par exemple, les travailleurs migrants du Sénégal en Mauritanie travaillent le plus souvent dans le domaine de la pêche ; ceux de la Chine ou du Vietnam sont quant à eux le plus souvent employés dans le domaine du commerce.

• La migration saisonnière : Au Sud, certaines personnes émigrent en outre pour tirer avantage des saisons dans d’autres pays du Sud.

(suite de l’article p. 10)

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Femmes du Niger et de Belgique… Regards croisés

Femmes du Niger et de Belgique… Regards croisés

Dosso, Niger

Le projet «Augmentation des revenus monétaires des femmes dans la région de Dosso» (ARMFD), s’inscrit dans le cadre du volet développement social de la coopération nigéro-belge accomplie par la Coopération Technique Belge. Son objectif principal est de renforcer la position socio-économique des femmes de la région de Dosso en augmentant leurs revenus, en allégeant leurs tâches à travers de petits travaux d’infrastructure et l’achat d’équipement, en leur assurant l’accès à des moyens financiers (via le micro-crédit), et surtout en renforçant leurs capacités à travers leur organisation (groupements, unions...) et leur formation, tout en sensibilisant leur entourage (leurs maris, les chefs de communautés…). Le projet accompagne ensuite les femmes dans un processus de valorisation et d’amélioration de leurs connaissances par l’échange et la forma-

tion technique, afin de diversifier et d’améliorer le niveau des activités ainsi que leurs compétences en commerce (calcul des prix, accès aux marchés...).

Les femmes ont largement adhéré au projet. Indirectement, les hommes, à travers l’amélioration de la situation des femmes et la prise en compte du genre dans les activités, voient également la situa-tion de leur famille s’améliorer.

Une des méthodes importantes du projet est le renforcement de la confiance en soi (empowerment) des femmes et la mise en place de comités genre agissant comme observatoires locaux de la condi-tion des femmes. L’approche visant à s’appuyer sur les dynamiques et les résultats, tout en mettant en œuvre des stratégies limitant les contraintes et problèmes, permettra au projet de développer son intervention de manière qualitative et quantitative et de s’inscrire dans la durée.

voyage de découvertes et d’échangesLa CTB, en concertation avec la direction du pro-jet et le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant (MPF/PE), a invité

une délégation nigérienne à accomplir un voyage d’étude en Belgique à l’occasion de la Journée internationale des Femmes 2007. Le groupe était composé de femmes leaders des commu-nautés, qui assurent l’accompagnement de proximité des grou-pements féminins, et de cadres du projet, du Ministère nigérien de tutelle et des ONG locales partenaires. C’est l’ONG belge Le Monde selon les femmes qui a été chargée de l’organisation du contenu technique du voyage d’étude, sur base d’un programme négocié entre le projet, cette ONG et la responsable thématique genre de la CTB.

Le voyage d’étude s’est construit dans le cadre du concept de regards croisés. Pour contribuer au renforcement des compétences des acteurs locaux partenaires du projet ARMFD, il y a eu :

Du 7 au 27 mars dernier, des femmes (et quelques hommes) du Niger ont découvert les réalités des femmes de Belgique. Le projet ARMFD mené par la CTB et visant à renforcer la position socio-éco-nomique des femmes dans la région de Dosso, au Niger, a organisé un voyage d’étude en Belgique. Une délégation de 15 personnes a sillonné la Belgique à la découverte de réalités nouvelles et en même temps si semblables... Car les enjeux pour les femmes du Sud et du Nord se ressemblent parfois très fort, et chacune peut apprendre des autres ! Récit d’un voyage instructif…

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Renforcer la position socio-économique des femmes dans la région de Dosso.

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Femmes du Niger et de Belgique… Regards croisés

• La Commission Femmes et Développement a élaboré une méthodologie per-mettant de construire, avec les partenaires du Sud, des indicateurs spécifiques capables de mesurer les apports des programmes de développement dans le processus d’empowerment des femmes.

• Le processus d’empowerment est à la fois individuel (acquisition d’une plus grande autonomie, renforcement de l’estime de soi et de la capacité de faire

Un guide méthodologique d’indicateurs d’empowermentdes choix de vie) et collectif (capacité d’un groupe de changer les rapports de genre au niveau de la société).

• Ce guide méthodologique, outil pratique pour construire les indicateurs du processus d’empowerment et mieux cerner les réalités et les défis du renforcement du pouvoir des femmes, est disponible au secrétariat de la Commission Femmes et Développement.

Infos : Commission Femmes et Développement Rue de Namur, 59, 1000 Bruxelles • Tel : +32 2 501 44 43 / +32 2 501 41 61 • [email protected]

http://www.dgcd.be/fr/themes/gender/cfd.html

• La formation des participants sur des sujets de préoccupation (concepts et outils pour l’analyse de genre, genre et politique, comment réduire les résis-tances au genre) ;

• La prise de contacts et des échanges sur la situation des femmes en vue de futurs échanges entre les acteurs du projet ARMFD et des structures belges ;

• La visibilité des actions du projet en Belgique auprès d’institutions et du grand public.

A cette fin notamment, un film documentaire sur le voyage d’étude a été réalisé par l’atelier vidéo Graphoui. Il montre les échanges d’expériences et de pratiques avec des associations belges, les moments forts de ces rencontres, la découverte des réalités belges et de nouvelles stratégies, par exemple sur l’alphabétisation.

Le Monde selon les femmes a voulu privilégier la méthode participative afin que les participants puissent se présenter et présenter

leur projet, prendre connaissance des activités me nées à bien par chacune des associations rencontrées, tout en veillant à ce qu’un réel échange puisse s’opérer. En outre, des outils d’anima-tion et de formation et de nombreux

documents pédagogiques ont été transmis aux membres de la délé-gation (la revue Palabras, les Essentiels du Genre, un photolangage, le livre-jeu «Question de genre», notamment).

Le groupe a en particulier eu l’occasion d’assister à des événements comme le Parlement des Femmes de la coordination bruxelloise de

la Marche mondiale, et la Journée des Femmes organisée par Le Monde selon les Femmes. Il a rencontré des associa-tions d’éducation permanente comme l’asbl Le Cactus, l’Action Chrétienne Rurale des Femmes, l’association Planète fem-mes, l’Union des agricultrices wallonnes ou le Collectif des Femmes de Louvain-la-Neuve. La délégation a été reçue par les autorités belges et nigériennes. Des échanges ont encore eu lieu avec des ONG comme ATOL et AQUADEV, avec

des membres des ONG et des associations de Nigériens résidant en Belgique.

Actrices de leur développementPour bon nombre de groupements et d’associations, le renforcement de la place et du pouvoir des femmes se réalise grâce à l’auto-estime. Elles prennent conscience de leurs capacités, deviennent actrices de leur développement, prennent leur place dans les associations et groupements, dans leurs famille, leur village et la communauté. Un nombre important d’entre elles revendique peu à peu la participation à la prise de décision. Ce processus est dénommé empowerment dans l’approche «genre».

Au delà de l’amélioration des conditions de vie des femmes et de leurs familles, c’est la place des femmes dans la société, et leur statut, qui se trouvent renforcés. L’acquisition de compétences et de pouvoir économique ou social permet ainsi aux femmes d’avoir confiance en elles, de prendre place dans la société, d’y être recon-nues comme actrices du développement, d’avoir leur mot à dire dans les décisions collectives. Cette dynamique requiert une appro-che qualitative et une démarche participative parfois plus longue mais porteuse de plus d’effets à terme. n

Laetitia Lemmens et Hélène RyckmansChargées de mission au monde selon les Femmes

www.mondefemmes.org

© Le Monde selon les femmes

© Le Monde selon les femmes

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Migration et Développement

Qu’apportent les migrants sud-sud dans le développement de leur pays ?Sur la base des données récentes disponibles fournies par la Banque Mondiale (2005-2006), les transferts de fonds des migrants à destination des pays en développement ont atteint près de 200 milliards USD, dont près de 60 milliards USD en provenance d’autres pays en développement. La principale destination de l’épargne des migrants va vers la couverture des besoins de consommation de leurs proches restés dans le pays d’origine. Ce qui certain, c’est que l’impact économique de la migration Sud-Sud est bien moindre que celui de la migration Sud-Nord. n

Lansiné Coulibaly

Avec une superficie de 1 240 000 km2 et une population estimée à 13,5 millions d’habitants (2005), le Mali, jadis pays de résidence, est progressi-vement devenu un grand pays d’émigration par les effets conjugués des vicissitudes de l’histoire et des conjonctures politico-économiques à partir de la deuxième moitié du 19ème siècle.

• Une migration essentiellement intra-africaine : Sur les 4 millions de maliens qui vivent à l’étranger, la majorité des migrants est recensée en Afrique. D’abord en Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire où l’on dénombre plus de 2 millions de maliens, le Sénégal, le Ghana, le Nigéria, la Mauritanie et autres. Ensuite l’Afrique Centrale : les deux Congo, l’Angola, le Gabon, le Cameroun, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine, et autres. La diaspora malienne, représentant environ le tiers de la population totale du pays, se retrouve dans toutes les sphères d’activités, notamment dans le commerce, le courtage, le secteur agricole, les usines et les chantiers divers, mais aussi dans les universités, les centres de recherche et les orga-nisations internationales.

• Des migrants encadrés : La diaspora malienne est encadrée à la fois par les pouvoirs publics, en l’occurrence le Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, et les migrants eux-mêmes avec le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur. Compte tenu de l’importance numérique et de l’implication de la diaspora dans le processus de développement du pays, les autorités maliennes projettent de mettre en place la «Maison des Maliens de l’Extérieur» comme pôle d’information et d’orientation à l’in-tention des Maliens qui vivent à l’étranger. A ce projet, il convient encore d’ajouter celui du Centre d’Etudes et de Recherches sur les Migrations, dont le financement sera assuré par l’Union Européenne.

• Des migrants impliqués dans le développement : L’implication de la diaspora malienne dans le développement national est à la fois structurelle et ponc-tuelle. La dimension structurelle va du traditionnel soutien au titre de la subsistance des familles restées au pays à des réalisations plus ambitieuses au plan de l’investissement privé, notamment dans l’industrie, l’agro-indus-trie, les transports, le commerce, la micro-finance ; ainsi qu’au niveau du développement communautaire par la construction d’écoles, de centres de santé, de routes, de pistes agricoles, de petits barrages de retenue d’eau, de puits, de périmètre irrigués, de ponts, etc. De façon plus conjoncturelle, la

Migration Sud-Sud : le cas du Mali

diaspora malienne se montre fort solidaire de ses communautés villageoises chaque fois que ces dernières se sont trouvées éprouvées, comme ce fut le cas pendant l’invasion acridienne de 2004.

Cette implication est multiforme - économique, politique, sociale et cultu-relle - et concerne non seulement l’envoi de fonds, mais aussi l’intermé-diation pour le transfert de compétences et de technologies à destination du pays d’origine, et l’encouragement des échanges commerciaux entre les pays d’accueil et les pays d’origine.

• Des migrants réinsérés à leur retour : Dans le cadre du retour volontaire des migrants, des programmes d’insertion et de réinsertion ont été développés par les autorités maliennes. A titre d’exemple, la diaspora est ainsi associée à des projets ruraux comme ceux de l’Office du Niger, un établissement public à caractère commercial qui gère l’un des périmètres irrigués les plus étendus de l’Afrique de l’Ouest, aménagé dans le delta intérieur du fleuve Niger. Celui-ci dispose d’importantes potentialités agricoles capables d’assurer la sécurité alimentaire du Mali et de la région ouest-africaine, à la condition d’y poursuivre les aménagements hydro-agricoles adéquats. C’est ainsi, par exemple, que l’Association des Maliens expatriés de la République de Côte d’Ivoire (AMARCI) a dernièrement bénéficié de plus de 100 ha dans ce périmètre, ainsi que de 300 ha dans la Commune de Kita au bord du fleuve Bakoye. n

nement en dessous de la réalité car les données statistiques ne prennent pas en compte les migrants irréguliers dans le décompte de la migration Sud-Sud. Cette migration irrégulière est, par nature, difficile à mesurer. Selon toute probabilité, la proportion des migrants irréguliers Sud-Sud est plus élevée que celle des migrants Sud-Nord. Cela s’explique entre autre par le fait que, malgré l’existence de lois sur l’immigration dans les pays en développement, il n’est pas évident que les gouvernements de ces pays mettent en oeuvre des mesures suffisamment dissuasi-ves face à l’émigration illégale.

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La diaspora malienne se montre fort solidaire de ses communautés villageoises

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Migration et Développement

Le paradoxe n’est toutefois qu’apparent. Le Maroc compte aujourd’hui une population émigrée de près de 3 millions de personnes (soit 10% de la population nationale) dont la majorité réside dans l’Union euro-péenne. Cette population résulte de la superposition

de différentes vagues migratoires qui se sont succédées tout au long du 20e siècle. L’émigration marocaine est donc fortement diversi-fiée. Elle compte à la fois des composantes durablement insérées dans les sociétés européennes et d’autres issues d’arrivages récents. Ces groupes entretiennent des liens nombreux avec leur pays d’ori-gine. Un seul indicateur en donne toute la mesure : les transferts d’épargne. Chaque année, 4 milliards EUR sont envoyés au Maroc par des Marocains résidant à l’étranger.

Par ailleurs, au sein de certaines catégories de la population marocaine résidant à l’étranger, les projets de retour se déve-loppent depuis quelques années. Avec le développement éco-nomique et l’ouverture de nouvelles opportunités d’affaires au Maroc, nombreux sont ceux qui, après avoir fait leurs preuves à l’étranger, expriment aujourd’hui la volonté de «rentrer au pays» pour contribuer à y créer leurs propres activités. Dans un tel contexte, mieux comprendre les articulations entre les différen-tes dimensions de la migration marocaine et le développement du pays s’avère indispensable si l’on veut se donner les moyens de le favoriser et de mieux le planifier.

«86% des MRE veulent rentrer !» C’est sous ce titre que l’hebdomadaire marocain Tel Quel (12/2006) présentait les résultats d’une enquête de l’association Maroc Entrepreneurs réalisée auprès de cadres et entrepreneurs résidant à l’étranger. Cette insistance sur l’idée du retour peut sembler paradoxale à l’heure où les discours politiques et institutionnels soulignent la tendance persistante des Marocains à vouloir émigrer.

Le MEDMA, un projet de mobilisation des Marocains résidant à l’Etranger (MRE) pour le développement du nord du Maroc

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Migration et Développement

Un programme d’incitation et d’appuiLa Coopération belge au développement, par l’entremise de l’Or-ganisation Internationale pour les migrations (OIM), a dès lors entrepris de financer l’étude d’un programme d’incitation et d’appui à l’intention des entrepreneurs issus de l’immigration marocaine qui souhaitent investir dans des projets divers au Maroc.

A cet effet, deux études d’opportunité et de faisabilité d’un tel programme ont dès lors été commandées, au début de cette année, par l’OIM auprès de chercheurs consultants, l’une a été conduite en Belgique au sein de la communauté marocaine, l’autre au Maroc.

La mission du premier d’entre eux était d’évaluer les initiatives prises par les petites et moyennes entreprises établies en Belgique, mais également de s’intéresser aux projets de développement por-tés par les très petites entreprises, les réseaux d’étudiants et les réseaux associatifs. Il s’agissait également de cerner les écueils ren-contrés dans la mise en œuvre de ces initiatives et projets. L’étude a plus particulièrement concentré son attention sur les initiatives prises en direction du Nord du Maroc.

La mission du second était, quant à elle, d’aller évaluer sur le terrain l’évolution économique et sociale de la région du Nord du Maroc, d’y identifier les opportunités de développement et d’investisse-ment, ainsi que les initiatives qui soutiennent l’activité financière, et enfin de consulter les autorités, organisations et institutions de la région concernées par le développement et la migration. Dans ce contexte, des instances officielles ont été consultées, parmi lesquel-les le Ministère de la Communauté Marocaine Résidente à l’Etran-ger, la Fondation Hassan II, les Directions des Centres régionaux d’Investissement, ainsi que les associations d’entreprises.

Il ressort de ces nombreux contacts que le partenariat entre les institutions et les MRE a bénéficié dernièrement d’une série d’ini-

tiatives prises par les autorités marocaines. Le projet MEDMA s’ins-crirait par conséquent dans ce contexte et offrirait un complément aux services déjà existants.

suivi du projetDepuis lors, les résultats de ces études ont déjà fait l’objet d’une première analyse par un comité de coordination et de suivi (qui réunissait des membres de l’OIM, de la DGCD, ainsi que des repré-sentants des autorités marocaines).Trois points d’intérêt principaux ressortent des recherches effec-tuées :• Les moyens de la mobilisation et la participation de la diaspora;• Comment optimiser les transferts des fonds : les institutionnaliser,

les collectiviser ?• L’appui à la capacitation des diasporas et de la région.

L’objectif étant en définitive de prendre adéquatement contact avec les diasporas, d’en comprendre les perceptions et les attentes, et d’encou-rager les initiatives en collectivités – par exemple, mettre ensemble des transferts économiques privés pour des objectifs communs.

Par ailleurs, les résultats des deux études ont également été pré-sentés tout dernièrement lors d’un workshop à Rabat, marqué par l’intérêt du gouvernement marocain. Enfin, un séminaire destiné à la diaspora sera quant à lui bientôt organisé en Belgique. n

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(D’après les études de M. Hassan Bousetta, chercheur au Centre d’étude de l’ethnicité et des migrations (CEDEM) à l’Institut des Sciences Humaines et Sociales de l’Université de Liège, et de M. Hassan Nadir, économiste consultant)

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DGCD

Peter Moors, nommé Directeur général de la DGCD depuis le 1er juin 2007, travaille au sein du SFP Affaires étrangères depuis 1988. Diplômé de l’UCL en philologie germanique et de l’Institut d’Etudes politiques de Paris, il

est alors âgé de 27 ans, et entame sa carrière comme stagiaire diplo-mate. En 1990, il est nommé en poste à Prague, qu’il quittera pour se rendre à Rabat, en 1993. De retour en Belgique, il passe d’abord à la Représentation permanente de la Belgique auprès de l’Union euro-péenne, puis devient conseiller diplomatique du Premier Ministre Guy Verhofstadt, spécialisé dans les affaires européennes. En 2004, il est nommé ambassadeur à Athènes, fonction qu’il a exercée jusqu’à sa nomination à la tête de la DGCD.

Peter Moors, même s’il n’a formellement jamais travaillé dans le développement avant d’être nommé à la tête de la DGCD, n’est pas novice en la matière. Lorsqu’il était en poste au Maroc, il a été amené à collaborer régulièrement avec la section locale de coopé-ration au développement. «J’ai visité des projets à plusieurs reprises et j’ai souvent accompagné le chef de la section pendant ses démarches.». Une expérience sur le terrain, donc; mais pas seulement. Au cabinet de Guy Verhofstadt, Peter Moors était également impliqué dans les décisions politiques relatives au développement. Il a été associé, entre autres, aux négociations sur la réduction du nombre des pays partenaires de la coopération belge (de 25 à 18 pays). Fort de ces expériences, Peter Moors exprime une vision claire et positive de la DGCD et de son rôle, en Belgique et à l’extérieur.

De l’importance des OmDSelon Peter Moors, la DGCD devra s’attacher avant tout à la réalisa-tion des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Le nouveau Directeur général leur accorde une importance sans précédent. «En dressant la liste des OMD en 2000, la communauté internationale s’est enfin fixée un objectif après une décennie d’hésitations, dans les années 1990, quant à l’efficacité de la coopération au développement. Les OMD ont donné un nouvel élan à la coopération au développement, conforté ensuite par les attentas du 11septembre 2001, qui révélèrent au monde le lien entre sous-développement et insécurité. (…) Après le 11/09, on a pris conscience que la situation au Sud pouvait entraîner des conséquen-ces sérieuses sur la vie quotidienne au Nord. Ces deux évènements ont donc créé un contexte international propice à la coopération au dévelop-

pement.» L’objectif poursuivi par les pays du Nord, et réaffirmé par la Belgique, de consacrer 0.7% de leur revenu national brut à l’aide au développement d’ici à 2010 illustre cette volonté politique de reprendre le combat pour le développement des pays du Sud. La DGCD doit, selon son nouveau patron, tirer parti de ce contexte favorable pour se renforcer et préciser son rôle.

Plus d’appui à la politique et à la sensibilisationSelon Peter Moors, le rôle de la DGCD a beaucoup évolué depuis la création de la CTB, l’agence d’exécution des projets de la coopé-ration belge au développement. Désormais, la DGCD doit surtout travailler à la conception des politiques et à la communication sur le développement. L’administration et son personnel doivent donc s’adapter à cette évolution et y être formés. «La DGD doit changer de cap!», propose-t-il. «Elle dispose d’un personnel motivé et compétent [190 personnes travaillent actuellement au sein de la DGCD] mais dont la mission change progressivement, et qui aujourd’hui doit être formé. ». En outre, M. Moors considère la sensibilisation au développement comme un outil fondamental pour s’assurer le soutien de l’opinion publique à davantage d’aide publique au développement.

Quant à l’intégration de la DGCD au sein du SFP Affaires étran-gères, elle est une double chance selon son nouveau directeur. D’une part, les objectifs de la coopération au développement sont désormais inscrits à l’agenda du SFP Affaires étrangères. D’autre part, le personnel de l’administration peut profiter de l’expertise de chacun dans son domaine particulier. «Un employé de la DGCD peut désormais toujours s’adresser à un collègue des Affaires étran-gères, et vice-versa. De cette manière, la cohérence entre le travail des uns et des autres est mieux assurée !», précise-t-il. Dans cette optique, M. Moors organisera des réunions de coordination entre les différents directorats généraux du SFP Affaires Etrangères, une initiative insolite.

Le Directeur général souhaite catalyser les points forts et les atouts de la DGCD (son personnel motivé, son budget croissant, et un contexte international propice) pour continuer à travailler de manière efficace mais davantage adaptée aux nouveaux défis de la coopération au développement. n

Louise Culot

Peter Moors, du neuf à la DGCDUne nouvelle tête à la Direction Générale de la Coopération au Développement : Peter Moors est entré en fonction comme Directeur général en juin dernier. D’où vient-il et quelles orientations le guideront durant son mandat à la DGCD ? Lors d’un entretien, celui-ci nous a confié sa vision de la DGCD, en pleine évolution depuis la création de la Coopération Technique Belge. ©

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Rubrique : La petite dimension

14 DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/2007

Deux nouveaux rapports de la CNUCEDLes rapports «Le commerce et le développement - Rapport 2007» et «Les pays les moins avancés - Rapport 2007» peuvent être lus et téléchargés sur le site web de la CNUCED (www.cnuced.be). Un résumé est également disponible (www.dgcd.be).

Le Prix de la Coopération au Développement 2006De la sociologie à l’agronomie en passant par la chimie et l’économie, les aspects et les domaines de la recherche qui peuvent contribuer au développement du Sud sont vastes. Dans le but d’encourager leur expansion, le Prix de la Coopération au développement a récompensé, ce 14 juin 2007, les travaux de 21 lauréats issus de tous horizons.

C’est dans le cadre d’une politique de s e n s i b i l i s a -

tion à la solidarité inter-nationale que le Prix de la Coopération au développe-ment a été instauré en 1998. L’organisation du prix a été confiée au Musée royal de l’Afrique centrale dans le cadre d’une convention avec la DGCD, qui finance diffé-rentes activités du Musée en matière de coopération au développement.

Cette année, plus de 130 projets ont fait objet de déli-bération, dont 81 émanaient d’étudiants et de chercheurs étrangers et 54 d’étudiants et de chercheurs belges. 7 lauréats belges et 13 lauréats des pays du Sud ont été sélectionnés par le jury. Ce 14 juin 2007, ceux-ci se sont vu personnellement remettre leurs prix par le Directeur général de la DGCD, M. Peter Moors, et M. Guido Gryseels, Directeur du Musée.

Ainsi, M. José Arca Vera a calculé la charge économique repré-sentée par les enfants de moins de 3 ans atteints de diarrhée dans les régions pauvres du Pérou. La diarrhée constitue en effet un sérieux problème de santé publique qui touche les enfants plusieurs fois par an et dont le coût économique (930.000 USD) et les conséquences physiques et mentales nuisent au développe-ment économique du pays. M.Tankoano Mopougouni, du Burkina

Faso, a lui, étudié l’impact de la date de repiquage du riz sur sa production et sur la limitation des dégâts occasionnés par les insec-tes ravageurs du riz. Il pro-pose ainsi des méthodes pour une augmentation des ressources alimen-taires ne nécessitant pas une haute technicité, ce qui les rend respectueu-ses de l’environnement et aisément accessibles à la population pauvre. Dernier exemple parmi d’autres, la thèse de la belge Elisabeth Paul, analyse et critique les différentes composan-tes de la chaîne de l’aide, dans les pays donateurs et bénéficiaires.

vers l’édition 2007

Le Prix de la Coopération au développement s’adresse à des étu-diants et à des jeunes chercheurs. Ils peuvent concourir sur base d’une thèse de fin d’études du niveau licence ou postgraduat, d’une thèse de doctorat ou d’une publication. Seuls les travaux ayant une pertinence suffisante pour le développement sont retenus. La parti-cipation est ouverte tant aux ressortissants belges qu’aux ressortis-sants des ‘pays en développement’ tels que déterminés par l’OCDE (deadline : 5 octobre 2007). http://devcoprize.africamuseum.be n

Les quatorze étudiants qui ont reçu le Prix de la Coopération au développement sont: Géraldine André (Belgique), José Carlos Arca Vera (Pérou), Francisco José Ayala Sanmiguel (Colombie), William Dakam (Cameroun), Marc Delgado (Philippines), Carlos Aníbal Fuentes Rojas (Pérou), Violeta Lujan Flores (Mexique), Sarah Meys (Belgique), Maya Rivera Mazorco (Bolivie), Honoré Tankoano Mopougouni (Burkina Faso), Saut Sagala (Indonésie), Lien Terryn (Belgique), Jan Van De Poel (Belgique) et Katrien Van Uytsel (Belgique). Les lauréats parmi les jeunes chercheurs sont: Toya Nath Baral (Népal), Justin Komguem (Cameroun), Siméon Kouam (Cameroun), Vu Thi Minh Nguyet (Vietnam), Elisabeth Paul (Belgique) et Benoît Stijlemans (Belgique). (Trois d’entre eux ne figurent pas sur la photo).

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Rubrique : La petite dimension

La CTB, l’agence belge de coopéra-tion au développement, affecte cha-que année des ressources financiè-res de plus en plus conséquentes aux projets de développement. Les 166 millions EUR dépensés en 2006 représentent ainsi une progression de quelque 20% par rapport à l’an-née précédente.

Afrique, soins de santé et enseigne-ment : Plus de 75% des dépenses ont été allouées à des projets localisés sur le continent africain, essentiellement sur l’Afrique centrale. Les principaux secteurs bénéficiaires sont ceux des soins de santé et de l’enseignement (50% des activités). Mais la bonne gouvernance, l’agricul-ture et la sécurité alimentaire sont d’importants secteurs également.

Reconnaissance sur le plan national et international : Depuis sa création, une croissance ininterrompue a permis à la CTB de se voir confier de nouvelles tâches par des instances tant nationales qu’inter-nationales :• Ainsi en 2006, la CTB a été chargée de mettre sur les rails le Service

volontaire à la Coopération au Développement, un programme qui per-met aux jeunes d’acquérir une première expérience professionnelle à l’étranger dans les pays en développement. Pour cette première année, 29 premiers volontaires ont déjà été envoyés. La CTB s’est encore vue confier la mise en œuvre en République démocratique du Congo et au Burundi d’un programme post-électoral d’urgence, d’un montant de l’ordre de 40 millions EUR.

• D’autre part, la CTB exécute en Équateur un projet de santé pour le compte de la Commission européenne, qui l’a également manda-tée pour réaliser au Mali un projet de décentralisation. De plus, la Banque mondiale vient dernièrement de confier à la CTB la mise en œuvre de deux projets de santé au Congo. Enfin, et depuis six ans déjà, l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA), située à Vienne, confie, elle aussi, la réalisation de ses programmes de bourses en Belgique à la CTB.

Un objectif clair pour l’an 2010 : La CTB souhaite renforcer encore la coopération bilatérale, avec l’objectif de concrétiser l’en-gagement pris par la Belgique d’affecter, d’ici à 2010, au moins 0,7% du Revenu National Brut (RNB) à des activités de coopération au développement.

Le Rapport annuel 2006 de la CTB peut être obtenu gratuitement

en français, néerlandais, anglais et espagnol en envoyant un courriel à

[email protected]. Il peut de même être téléchargé via la page

«Publications». n

CTB : Rapport annuel 2006 Les Objectifs du Millénaire : à mi-chemin vers 2015Le 1er juillet 2007, nous étions à mi-parcours de la période convenue pour la réalisation des 8 Objectifs de Développement du millénaire (2000-2015). Le rapport rédigé à cette occasion par les Nations Unies affiche des résultats mitigés.

L’objectif de réduction de moitié de l’extrême pauvreté d’ici 2015 a enregistré les progrès les plus notables. Le nombre de personnes qui doit vivre avec moins de 1 dollar par jour a en effet été ramené de 32% (1,25 milliard de personnes en 1990) à 19% (980 millions en 2004). Il semble donc que cet objectif soit en bonne voie d’être atteint. Des évolutions positives se dessinent aussi pour d’autres objectifs : le nombre d’enfants des pays en développement ayant accès à l’enseignement pri-maire a augmenté (88% en 2005 contre 80% en 1991), la mor-talité infantile a baissé dans le monde entier, grâce principale-ment à des interventions efficaces et peu onéreuses comme la vaccination contre la rougeole, et des progrès ont été réalisés dans la lutte contre le paludisme et la tuberculose.

Dans d’autres domaines, les constats sont toutefois moins prometteurs. Ainsi, l’image positive en matière de lutte contre la pauvreté, de sous-alimentation et de mortalité infantile s’avère largement être la conséquence de la croissance éco-nomique en Chine, en Inde et en Asie du Sud-Est. En Afrique subsaharienne, malgré une baisse de 6% depuis 1990, la pau-vreté touche toujours 41% de la population, tandis qu’en Asie occidentale, le nombre de pauvres a doublé dans la période 1990-2004. Chaque année également, plus d’un demi-million de femmes meurent toujours d’affections pourtant évitables et traitables, au cours de leur grossesse ou durant l’accouche-ment. Le nombre de morts du sida de par le monde est passé de 2,2 millions en 2001 à 2,9 millions en 2006, laissant plus de 15 millions d’enfants orphelins. La moitié de la population des pays en développement n’a pas accès à des infrastructures sanitaires de base.

Une cause importante du manque de progrès général est la répartition inégale de la croissance économique. En outre, des facteurs tels que l’insécurité et l’instabilité, engendrées par les conflits armés ou le VIH/sida, ont freiné la réalisation des Objectifs du Millénaire dans certains pays. De notables succès ont certes été enregistrés, mais le rapport appelle à une volonté d’action résolue de la part de toutes les parties concernées si les Objectifs de développement doivent être réalisés dans le monde entier d’ici 2015.Le rapport complet peut être téléchargé à l’adresse suivante : http://www.un.org/french/millenniumgoals/docs/mdg_2007.pdf

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Périodique bimestriel de la Direction générale de la Coopération au Développement (DGCD)

L E J O U R N A L D E L A C O O P É R AT I O N B E L G E

En 2006, l’aide publique belge au développement s’est éle-vée à 1,575 milliard EUR, soit

0,50% du Revenu National Brut. sur ce montant, 53% ont été gérés par la Direction Générale de la Coopération au Développement. Le rapport d’activités 2006 de la DGCD présente une vue d’ensemble des nombreux programmes de développement grâce auxquels la Belgique soutient le développement durable et contribue à l’améliora-tion des conditions de vie de millions de familles, essentielle-ment en Afrique. Le rapport d’activités souligne également les lignes de force de la politique belge de développement dans le contexte européen et international où se déploient les activi-tés de la DGCD.

La politique de développement du gouvernement belge se dessine de plus en plus nettement à la lumière des accords européens et internationaux. L’européanisation de la coopération au déve-loppement des Etats membres de l’UE se précise, ce qui se ressent aussi au niveau de la politique belge de développement. Par ailleurs, la Belgique continue à s’investir dans la réalisation des Objectifs du millénaire. Enfin, les pouvoirs publics travaillent à l’application des nouveaux accords internationaux entre les pays en développement et les pays donateurs pour une aide efficace (Déclaration de Paris).

Cette Déclaration de Paris prend forme dès lors dans la coopération gouvernementale au développement qui rassemble les pouvoirs publics belges et ses 18 pays partenaires. En 2006, lors du renouvel-lement des accords de coopération avec un certain nombre de pays partenaires, les instances belges et les gouvernements de ces pays ont

concrétisé l’exercice parisien. La DGCD et l’attaché à la coopération au développement, responsable sur le terrain du dialogue politique avec le pays partenaire, ont mis en oeuvre les nouvelles directives pour une aide au développement efficace au sein des Commissions mixtes.

Le contexte international au sein duquel la DGCD prépare et gère la politique belge de développement se reflète dans la coopération multilatérale. Les contributions financières aux Nations unies, aux institutions financières internationales et à l’Union européenne ont constitué, en 2006 aussi, le poste de dépenses le plus important du budget de la DGCD.

Les besoins humanitaires consécutifs aux catastrophes naturelles, aux conflits armés et aux guerres ont à nouveau été très élevés en 2006 : 160 millions de personnes ont eu besoin d’aide huma-nitaire. En conséquence, le budget belge pour le financement des actions humanitaires a fortement augmenté depuis 2001.

La coopération non-gouvernementale a poursuivi en 2006 la réforme du cofinancement des ONG. Cette réforme encourage une approche par programme, et offre aux ONG plus de sécurité financière tout en allégeant les procédures administratives.

Le rapport d’activités 2006 de la DGCD détaille encore les projets du Fonds belge de survie, la contribution belge à la lutte contre le sida, ainsi que les activités de sensibilisation de la DGCD.

Le rapport d’activités 2006 de la DGCD est disponible gratuite-ment en français, néerlandais et anglais et peux être commandé via le site web de la DGCD (www.dgcd.be – rubrique ‘Publications’) ou via courriel: [email protected]. Une version pdf du rapport est également consultable et téléchargeable sur le site web de la DGCD.

DGCD Rapport d’activités 2006

DGCD Rapport d’activités 2006

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