LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE...

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LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG) Programme d’appui au développement local dans la province de Larache au Maroc (PADEL) Un partenariat entre le Réseau ASTER (Actrices Sociales des Territoires Européens Ruraux) International et le RADEV, Réseau des Associations de Développement de la province de Larache au Maroc Décembre 2007

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LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL

PARTICIPATIF

INTÉGRANT

LE GENRE (DTPG)

Programme d’appui au développement local

dans la province de Larache au Maroc (PADEL)

Un partenariat entre le Réseau ASTER

(Actrices Sociales des Territoires Européens Ruraux) International

et le RADEV, Réseau des Associations

de Développement de la province de Larache au MarocDécembre 2007

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)2

Éditorial 2

Présentation d’ASTER et du RADEV 3

Le contexte local 5

Le programme PADEL 7

Aspects méthodologiques 12

Ressources documentaires 23

Contacts 24

ENSEMBLE POUR UN DÉVELOPPEMENT LOCAL PARTICIPATIF ET DURABLE

ASTER et RADEV vous convient à la fois à découvrir un itinéraire méthodologique, une démarche de construction partenariale Nord/Sud et Sud/Nord et les enjeux d’une approche territorialisée du développement qui intègre le genre.

L’itinéraire est celui de la recherche-action, considérée comme une véritable philosophie du changement et de la participation. Les populations identifi ent elles-mêmes leurs besoins, attentes, potentiels et aspirations, elles sont les principales actrices de leur développement.

Étape par étape, le partenariat est fait de constructions de relations, d’identifi cation à la fois des visions partagées et des spécifi cités de chaque structure, du rassemblement des moyens et ressources, de la recherche de complémentarité des actions. Il n’a pas éliminé les tensions et confrontations, source de créativité mettant en œuvre une démarche critique. La réciprocité des échanges est recherchée comme moyen de questionner les systèmes de fonctionnements respectifs, de susciter des prises de conscience transformatrices.

RADEV et ASTER partagent une conviction forte qu’aucun développement local durable n’est possible sans prise en compte des besoins, intérêts et potentiels à la fois des femmes et des hommes, que le territoire n’est pas seulement une portion d’espace mais un espace vécu et construit par des femmes et des hommes qui veulent donner sens à leur existence et à celle de leur communauté.

Pour nos deux structures, croiser le développement local, durable et l’approche de genre est gage de démocratie participative et de changement social au Sud et au Nord.

Jamal Eddine Bourhrara, président du RADEV et Marie-Lise Semblat, présidente d’ASTER

SOMMAIRE

ÉDITORIAL

3PRÉSENTATION D’ASTER ET DU RADEV

ASTER-INTERNATIONAL

ASTER, Actrices Sociales des Territoires Européens, association créée en 1993, est à la fois un organisme de formation et un réseau international. Laboratoire d’expérimentation sociale, observatoire des pratiques, ASTER développe en même temps une « pédagogie de l’action » et une « pédagogie de l’international au service du développement local ». La première privilégie le territoire, le groupe, le projet. La seconde est fondée sur la réciprocité et le partage des expériences et pratiques, facilitant les maillages de partenariats locaux en même temps que les coopérations interterritoriales.

ASTER réunit des associations, des personnes-ressources, des réseaux en Afrique, Amérique du Nord, Amérique latine, Europe et dans plusieurs régions en France. Une antenne ASTER-Afrique est animée en Afrique de l’Ouest par l’ONG OFAD/Nafoore. D’autres projets d’antennes sont en cours.

Dans une optique de démocratie participative et de changement social, ASTER initie, appuie, capitalise, théorise des pratiques à partir de projets qui croisent plusieurs approches : femmes, territoires, développement local et international, genre.

ASTER développe des formations spécifi quement dirigées vers les femmes (formation aux initiatives locales, accompagnement de projets, création de structures locales…) et des forma-tions de groupes mixtes intégrant l’approche de genre. ASTER prépare au Certifi cat d’initiative locale (CIL) en Picardie, Bourgogne et au Sénégal en partenariat avec le Collège coopératif de Paris, avec qui elle anime des formations DHEPS (Diplôme des hautes études des pratiques sociales), Master 1, en lien avec l’université Paris 3, Sorbonne-nouvelle. ASTER accompagne des recherches-actions, organise des séminaires internationaux, élabore des guides méthodo-logiques et pédagogiques.

ASTER est membre du comité de pilotage du réseau francophone Genre en Action et de la plate-forme Genre et développement mise en place par le ministère des Affaires étrangères. Le réseau ASTER est soutenu par le Conseil régional de Picardie, Solidarité Cistercienne, le ministère des Affaires étrangères, l’Organisation internationale de la Francophonie, l’Union européenne, le Fonds social européen…

Valeurs partagées, valeurs complémentaires

Le partenariat entre ASTER et

RADEV a été basé sur la défi nition

de valeurs et de fi nalités

partagées. La défi nition des

valeurs en amont du projet

assure une meilleure effi cacité

et une cohérence des actions

mises en œuvre.

• Réciprocité des échanges.

• Respect des différences et de

l’autonomie de chaque réseau.

• Intégration transversale de

l’approche de genre.

• Méthodologies participatives.

D’autre part, des expertises et

pratiques spécifi ques à chaque

partenaire renforcent

mutuellement les deux réseaux.

• Ainsi le RADEV, intervenant dans

des zones sensibles, accorde une

grande importance à

l’environnement et aux

ressources naturelles, base

du développement local.

• Le réseau international Aster

développe une pédagogie

originale de l’international

appliquée au territorial.

Ces confrontations et ces

rapprochements permettent de

développer une approche partagée

du concept de développement,

basé sur une vision

multidimensionnelle qui intègre

les aspects sociaux, sociétaux,

économiques, environnementaux,

culturels.

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)4

RADEV

Créé en 2004, le RADEV (Réseau des Associations de Développement) est un collectif régional formé de 34 associations de droits humains, de droits des femmes et de développement local et régional de la province de Larache, dans la région de Tanger - Tétouan au nord du Maroc.

La création du RADEV est une initiative prise par plusieurs responsables et membres d’associa-tions pour répondre à un besoin de solidarité entre organisations et de professionnalisation de l’action associative au niveau de la province de Larache.

L’objectif du réseau est la promotion d’un développement solidaire et équitable, par la lutte contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion ; la promotion des droits humains, notamment les droits des femmes et la scolarisation des fi llettes, afi n de développer une culture d’égalité entre les sexes dans la région ; la mobilisation et le renforcement des capacités des acteurs locaux de développement ; l’éducation à la citoyenneté.

L’intervention du RADEV se fonde sur les principes suivants : développement durable respec-tueux de l’environnement ; participation ; prise en compte des droits humains ; prise en compte de la dimension de genre (égalité des femmes et des hommes) ; travail de proximité.

Le RADEV est membre fondateur de deux réseaux nationaux, l’Alliance nationale de lutte contre la pauvreté, le Réseau national de l’économie sociale et solidaire et est membre d’ASTER-International.

Le RADEV est soutenu par la coopération allemande (GTZ), l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI), l’Agence de développement social du Maroc, les ministères marocains concernés.

Trois associations locales pour la mise en œuvre

du Programme d’appui au développement local

Trois associations membres du RADEV sur trois sites (Sahel, Boujdiane, Tatoft) ont pour objectif le développement local communautaire et la réponse aux besoins des populations en matière d’infrastructures et de services de base. Elles ont été le pivot de la mise en œuvre du PADEL au plus près du terrain, en assurant la prise en charge des aspects organisationnels et la mobili-sation des populations.

• L’Association Oum Korra pour le développement et l’environnement a été créée par la population du douar Oum Korra/commune rurale de Boujdiane. Elle développe des activités génératrices de revenus en faveur des familles démunies de la zone.

• L’Association Jbel Adrou pour le développement et l’environnement a été créée par la population du douar Khandak Hamra, commune rurale de Tatoft. Ses liens de coopération avec les collec-tivités territoriales lui ont permis de réaliser des petits projets d’infrastructure de base, comme l’approvisionnement du douar en eau potable.

• L’Association Rihiyenne pour le développement et la solidarité, membre fondateur du RADEV, a été créée par la population du douar Rihiyenne/commune rurale de Sahel. Elle contribue au développement local par des projets d’adduction d’eau potable, des actions citoyennes et d’alphabétisation.

5LE CONTEXTE LOCAL

LE PROGRAMME D’APPUI

AU DÉVELOPPEMENT LOCAL DE LARACHE (PADEL)

Initié par RADEV et ASTER, le PADEL vise, entre 2007 et 2009, la mise en œuvre d’un diagnostic territorial participatif intégrant le genre (cf. défi nition et modalités du DTPG p. 12), l’élaboration d’un plan participatif de développement local durable de la zone et l’appui aux projets et initiatives féminines. Il touche plus de 4 000 personnes sur trois villages en milieu rural dans la province de Larache au nord du Maroc.

Dans l’objectif de l’élaboration de ce plan participatif de développement local, ASTER et le RADEV ont réalisé, en 2007, des diagnostics territoriaux participatifs dans des douars (villages) de trois communes rurales, Boujdiane, Tatoft et Sahel. Les premiers résultats des diagnostics ont fait l’objet de trois forums de restitution dans les villages ciblés. Ils ont fait émerger quatre problé-matiques majeures : l’accès à l’eau, à la santé, à la scolarisation – surtout celle des fi lles, et la mise en œuvre d’activités génératrices de revenus, particulièrement diffi cile dans cette région de reconversion agricole.

Le diagnostic territorial et le PADEL intègrent les réalités spécifi ques des femmes et les inéga-lités sociales entre les sexes. L’action s’inscrit de ce fait dans les deux approches complémen-taires préconisées par la Stratégie nationale marocaine pour l’équité et l’égalité des sexes (SNEEG) : l’approche spécifi que qui cherche à répondre de manière ciblée aux besoins propres des femmes afi n d’améliorer leur situation socio-économique et l’approche transversale (genre ou gender mainstreaming) qui prend en compte de façon systématique les rapports sociaux entre femmes et hommes dans tous les domaines et à toutes les étapes des actions (cf. p. 14).

LARACHE, UNE RÉGION DÉFAVORISÉE, DES DYNAMIQUES ÉMERGENTES

La province de Larache, qui compte 500 000 habitant-es, est une région du Maroc très enclavée, en raison de son caractère montagneux et de la faible intervention des pouvoirs publics depuis des décennies. Les équipements socio-éducatifs et culturels sont rares. Les collectivités locales manquent de moyens humains et fi nanciers et de capacités techniques en matière de planifi cation et de développement territorial. L’économie locale est très fragile. L’agriculture de subsistance prédomine et aucune autre activité n’est en mesure d’absorber le chômage croissant des jeunes.

Une fi lière de production et de commercialisation de cannabis a constitué une des principales activités génératrices de revenus, tout en bénéfi ciant essentiellement à des intermédiaires. En 2005, le gouvernement marocain a organisé de vastes campagnes de destruction du cannabis. Mais l’absence de mise en place d’activités économiques alternatives a contribué à la dégradation socio-économique de Larache, à l’augmentation de la pauvreté et de l’exode rural des hommes.

Maroc et développement humain

Le Maroc est classé 126e de l’Indice

de développement humain du PNUD.

On estime à 20 % la population sous

le seuil de pauvreté. Le taux

d’alphabétisation est de 52,3 %,

la grande majorité des analphabètes

étant des femmes. Le taux national de

scolarisation des fi lles est évalué à

60,3 %, mais ne dépasse pas les 16,5 %

en milieu rural.

Le Maroc s’est engagé à réaliser un

développement durable, équitable et

humain dans le cadre du « Pacte du

millénaire pour le développement »,

lancé par les Nations unies en 2000.

En 2005, l’Initiative nationale de

développement humain (INDH), avec

un budget de 10 milliards de dirhams

(892 600 millions d’euros) sur cinq ans,

encourage les collectivités locales des

zones les plus défavorisées à identifi er

et à planifi er, en partenariat avec les

organisations de la société civile, des

programmes de développement

équitable et durable.

L’approche méthodologique inclut :

• la participation : implication des

élu-es, des populations-cibles,

du tissu associatif, des services

techniques locaux et des opérateurs

privés à toutes les étapes de

diagnostic, d’élaboration du

programme, de mise en œuvre

et de suivi ;

• le partenariat : mobilisation des

moyens de l’État, des collectivités

locales, des associations et des

opérateurs privés pour la réalisation

des projets locaux ;

• la planifi cation stratégique :

établissement au niveau local

de l’ILDH offrant un cadre de

synergie entre tous les intervenants

et défi nissant les priorités.

Dans le cadre du PADEL,

ASTER et RADEV mettent en pratique

concrètement une méthodologie

intégrant ces principes.

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)6

Le Maroc a ratifi é en 1993 la Convention pour l’élimination

de toute forme de discrimination à l’égard des femmes

(CEDEF).

Une Stratégie nationale marocaine pour l’équité et

l’égalité des sexes (SNEEG) a été mise en place en 2006,

intégrant l’approche du genre dans les politiques et

programmes de développement.

Depuis le 6 février 2004, le nouveau Code de la famille, dit

« Moudawana », introduit plus d’égalité entre les femmes

et les hommes. Ainsi, des amendements placent la famille

sous la responsabilité conjointe des deux époux et élèvent

l’âge légal du mariage de 15 à 18 ans pour les femmes.

Les époux peuvent se mettre d’accord sur la répartition

des biens acquis pendant la durée de leur union.

La répudiation se passe dorénavant sous contrôle

judiciaire et le divorce consensuel est introduit.

La polygamie nécessite l’autorisation du juge.

En 2007, la réforme du code de la nationalité permet à une

Marocaine d’octroyer sa nationalité à ses enfants nés de

père étranger.

Un projet de loi est en préparation sur les violences envers

les femmes.

Grâce à l’introduction d’un quota de sièges, le taux de

représentation des femmes est passé de 0,6 % lors des

élections législatives de 1993 et 1997 à 10,8 % en 2002.

Mais les femmes ne constituent que 0,5 % des élus locaux.

Un mouvement associatif très dynamique s’efforce de

sensibiliser et de pousser à une application effective de

tous ces dispositifs. La faible valorisation du potentiel

économique, intellectuel et politique des femmes est en

effet reconnue comme un des principaux facteurs

limitants du développement humain durable.

Les atouts de la province de Larache

La région dispose pourtant de nombreux potentiels, notamment en matière de ressources humaines (population jeune, associations, coopératives de femmes…) et naturelles qui sont abondantes (agriculture, pêche, montages, forêts, rivières). Il apparaît prioritaire de soutenir ces dynamiques et ce potentiel pour renforcer l’émergence d’une société civile et créer des activités économiques.

Les principaux douars de Larache concernés par le projet ASTER-RADEV

• Le Douar Khandak El Hamra, dans la commune rurale de Tatoft

Situé à 15 km de la ville de Ksar El Kebir et accessible par une piste, c’est un grand douar dont la population dépasse 1 200 personnes. Le nombre de ménages est de 243, soit une moyenne de 5 personnes par ménage.

• Le Douar Ain Oumeir, dans la commune rurale de Boujdiane

À 5 km du centre de Boujdiane, accessible par une route goudronnée et une piste, ce douar compte 570 personnes, 95 ménages, soit une moyenne de 6 personnes par ménage.D’autres douars de la commune ont participé au diagnostic : Ain Bouamer, Ain Smen, Bir douar, Boujdiane.

• Le Douar Rihiyenne, dans la commune rurale de Sahel

Situé dans une zone très enclavée, il compte 2 680 personnes, 352 ménages, soit une moyenne de 7 personnes par ménage. Il se caractérise par un taux élevé d’analphabétisme et une migration vers l’Espagne.Ont également participé au diagnostic : Rihiyenne, les douars Sandiyene et Kssirissi.

L’égalité entre femmes et hommes au Maroc

7LE PROGRAMME PADEL

ACTEURS ET ÉTAPES

DU PROGRAMME (2007-2009) : DU DIAGNOSTIC PARTICIPATIF INITIAL À LA MISE EN ŒUVRE DE POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT LOCAL

Dans le cadre d’une pédagogie de l’action intégrant l’égalité entre les femmes et les hommes, le Programme d’appui au développement local met en œuvre trois actions :• Un diagnostic territorial participatif prenant en compte le genre (DTPG).• L’élaboration d’un plan de développement local participatif.• Le renforcement des capacités des collectivités locales et des associations de développement

local.

Le PADEL se déploie en trois temps

• Première année, 2007 : diagnostic territorial, puis élaboration progressive d’un plan partici-patif de développement local durable de la zone.

• Deuxième année, 2008 : formalisation du plan de développement local, création de Maisons de l’égalité et formation de femmes-relais dans les villages. Formation des élus locaux et des cadres associatifs à l’approche stratégique du développement afi n de pouvoir élaborer une stratégie globale de développement.

• Troisième année, 2009 : sensibilisation des collectivités locales à l’approche de genre et aux enjeux des initiatives féminines dans le développement local.

Au Maroc, le PADEL bénéfi cie du soutien de l’Agence de développement social, Coordination régionale de Tanger.

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)8

Partenariat RADEV etASTER International

Programme d’appui au

développement local

Comité de pilotageglobal

COPIL local COPIL localCOPIL local

Boujdiane Tatoft Sahel

Association des

Droits Humains

Larache

1 coordinateur

local

Équipe

locale de

diagnostic

territorial

LES ACTEURS DE LA MISE EN ŒUVRE

• Les réseaux ASTER et RADEV.

• Les trois associations locales basées dans les trois régions : commune rurale de Boujdiane - Douar Ain Bouamer ; commune rurale de Tatoft - Douar Knonokak El Hamra ; commune rurale de Sahel - Douar Rihyenne.

• Le comité de pilotage global (COPIL) formé de 11 personnes membres de RADEV et des associations locales faisant partie des territoires concernés par le diagnostic, ainsi que de l’association de Larache Droits humains. Le comité de pilotage s’est réuni en cinq sessions de 3 jours en moyenne, entre janvier et novembre 2007.

• Les comités de pilotage locaux, composés de 9 personnes.• La coordinatrice ASTER du PADEL, Jocelyne Gendrin-Guinebault et trois coordinateurs locaux

du RADEV : Ali Karkri, Boujdiane ; Ali Driouech, Tatoft ; Mustapha Ben Zerouk, Sahel.• Les équipes locales du DTPG.

1 coordinateur

local

Équipe

locale de

diagnostic

territorial

1 coordinateur

local

Équipe

locale de

diagnostic

territorial

9LE PROGRAMME PADEL

LES DIFFÉRENTES PHASES DU PROGRAMME

Première phase du programme - Le Diagnostic territorial participatif

Le diagnostic territorial a eu pour objectif de réaliser l’état des lieux des forces, faiblesses, opportunités, menaces pour le développement local en intégrant l’approche de genre. Il a été réalisé en quatre étapes par la méthode de recherche-action, impliquant les acteurs et actrices concernés dans la recherche.

Au cours de la première rencontre du COPIL, un travail collectif est fait pour déterminer les fi nalités d’un diagnostic participatif. Voici les résultats de ces travaux :

• Égalité des chances dans les domaines de l’éducation, professionnelles, économique

• Égalité dans les processus décisionnels • Réduire les inégalités • Coresponsabilité éducative dans les familles • Détecter les rôles de la femme dans la société • Promotion de la femme• Intégrer les femmes dans le développement

• Améliorer la vie du monde rural et la situation des gens

• Développement économique, social, culturel du monde rural

• Réalisation des projets des femmes rurales

Réalisation d’une stratégie

pour l’égalité

femmes-hommes

Développer la société

Finalités d’un diagnostic

participatif

Déterminer les problèmes de

la population, particulièrement

ceux des femmes

• Découvrir ensemble les problèmes • Décortiquer le contexte local• Résoudre les problèmes

• Réaliser un progrès à l’échelle locale • Résoudre les problèmes

Former

des agent-es

de changement

Aider à mener une vision

pour répondre aux besoins

Étape 1 : appui, conseil et

encadrement méthodologique

de RADEV par ASTER :

organisation de sessions de

formation, élaboration des outils

du diagnostic.

Étape 2 : réalisation du diagnostic

et accompagnement des premiers

jours d’enquête par ASTER. Le

diagnostic a été réalisé par le

COPIL avec l’appui de la

coordinatrice de projet d’ASTER.

Étape 3 : organisation d’une

session de formation sur

le traitement des données,

élaboration d’outils de traitement

et d’analyse de données,

organisation d’ateliers de

traitement des données par les

équipes locales de diagnostic,

plus des personnes ressources.

Appui à l’analyse et au traitement

des données par ASTER.

Étape 4 : trois forums

de restitution à la population

dans les trois villages concernés.

Étape 5 : capitalisation

des actions menées dans

le cadre du DTPG dans les trois

communes rurales, bilan et

évaluation. L’évaluation

comportera plusieurs volets :

évaluation individuelle des

membres des équipes locales et

des participant-es, évaluation sur

les effets du DTPG dans les trois

communes rurales et évaluation

des leçons apprises par RADEV

et ASTER dans le cadre de leur

développement associatif.

Cette évaluation sera qualitative

et formative.

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)10

Réalisations du PADEL, de juillet 2006 à début 2008

Juillet 2006 : voyage exploratoire

(démarche bénévole d’ASTER).

Été 2006 : premier montage

du programme et recherche

des fi nancements.

Novembre 2006 : lancement

politique du PADEL par ASTER

et RADEV et construction du

programme détaillé et du

planning.

Janvier 2007 : constitution du

comité de pilotage (COPIL) et

session de formation des équipes

locales de diagnostic (COPIL 1).

Avril et mai 2007 : regroupement

des équipes de diagnostics

locaux (COPIL 2 et COPIL 3).

Juin 2007 : forums de restitution

sur les trois sites.

27 à 30 juin 2007 : mise en

perspective internationale à

l’occasion de la rencontre

internationale sur la rentabilité

sociale (cf. p. 22) entre ASTER-

International, RADEV (Maroc),

Relais-Femmes (Québec),

OFAD/Nafoore (Sénégal).

Septembre 2007 : session de

formation du COPIL 4.

Novembre 2007 : dernière

session (COPIL 5) pour

rassembler des données en vue

du plan d’action.

Décembre 2007 : capitalisation

et création d’outils

méthodologiques.

Mars 2008 : organisation

d’une conférence internationale

à Rabat, avec l’appui de

l’Organisation internationale

de la Francophonie (cf. p. 11)

pour faire connaître les acquis

et lancer la phase suivante

du programme.

Deuxième phase du programme - Identifi cation d’un plan de développement

participatif de la zone d’intervention, création de Maisons de l’égalité

• Organisation de quatre sessions de formation en faveur des actrices et acteurs locaux de

développement (collectivités locales et associations de développement local, notamment coopératives de femmes).

• Organisation de trois ateliers d’identifi cation et d’élaboration du Plan participatif de déve-

loppement durable de la zone d’intervention du programme (élu-es, technicien-nes et cadres administratifs communaux, responsables des associations locales de développement, femmes responsables d’une coopérative de femmes, membres de COPIL, femmes rurales leaders des deux communautés participant aux ateliers de femmes).

• Organisation d’un atelier d’appui, de conseil et d’accompagnement des acteurs locaux de développement de la zone d’intervention et qui ont bénéfi cié des sessions de formation.

Maisons des femmes, Maisons de l’égalité

Avec son partenaire et membre sénégalais OFAD-Nafoore, ASTER a déjà une

expérience réussie de création d’une Maison des femmes en Casamance. Une

seconde est en préparation à Ourossougui, au nord du Sénégal (région de

Matam). Ces maisons sont des lieux d’information, de formation et d’appui

aux initiatives locales des femmes.

Dans le cadre du PADEL, les diagnostics ont confi rmé le besoin d’espaces

permettant aux femmes des rencontres, l’accès à l’information, la formation et

l’appui à leurs initiatives. Deux municipalités proposent d’ores et déjà des locaux :

Boujdiane et Sahel. Au cours des discussions avec les associations locales,

une évolution s’est faite pour passer de Maison des femmes à Maison de

l’égalité afi n de traiter les problèmes spécifi ques des femmes tout en évitant

le risque de cloisonnement, mais en privilégiant la défense des droits.

Cette maison permettra l’échange de savoirs et l’organisation de formations à

la conduite de projets ou des formations professionnelles thématiques

(élevage, culture, commerce…) selon les besoins et les compétences des

femmes. Une information des femmes sur leurs droits et notamment toutes

les perspectives offertes par le nouveau Code de la famille (cf. p. 6) pourra

être combinée aux activités artisanales. Orientation juridique et orientation

économique se complètent ainsi.

Troisième phase du programme - Renforcement des capacités des élus locaux

et des cadres associatifs

La troisième année sera consacrée à la sensibilisation des collectivités territoriales à l’approche de développement local intégrant la question du genre. Pour que les actions soient pérennes, elles doivent s’inscrire dans les dynamiques et les politiques publiques locales. Une sensibili-sation des élus locaux et cadres associatifs est prévue pour la mise en œuvre du plan participatif de développement local durable de la zone, avec implication des femmes et reconversion économique. L’accompagnement de cette mise en œuvre se fera avec la coopération de RADEV et d’ASTER.

11LE PROGRAMME PADEL

Une conférence à Rabat en mars 2008

En juin 2007, la participation de

la cheffe de l’Unité de l’égalité des

genres pour le développement

de l’Organisation internationale

de la Francophonie (OIF) aux

trois forums du PADEL a contribué

à une visibilité et une

reconnaissance de la démarche.

L’OIF a proposé de soutenir un

colloque à Rabat, qui mettrait en

lumière le diagnostic participatif,

en l’enrichissant de nouveaux

travaux sur l’égalité entre les

femmes et les hommes et sur

l’accueil et la connaissance par

la population du nouveau Code

marocain de la famille.

Le DTPG se veut une contribution

aux nombreux travaux menés

dans ce domaine par des

institutions publiques et des

associations au Maroc.

Sa présentation devant des

représentants des services

de l’État, des réseaux nationaux,

des institutions internationales

constituera à la fois une

reconnaissance du travail

du RADEV et de la démarche

accompagnée par ASTER.

Les deux partenaires pourront

utiliser ces acquis dans leurs

actions de plaidoyer et de

dynamique de réseau, et dans

un second temps, envisager

des transferts du diagnostic

participatif intégrant le genre

adapté à d’autres régions ou pays.

LE POINT DE VUE DE JAMAL EDDINE BOURHRARA, RADEV

Le Réseau ASTER-International et le Réseau RADEV, depuis le début de leurs contacts en 2005, ont partagé, d’une manière théorique, des valeurs et des fondements, notamment le travail pour un développement local durable et équitable sous l’angle de l’égalité des sexes. Les deux associations ont commencé à co-construire leur partenariat qui vise à renforcer les liens Nord-Sud et Sud-Nord selon des fondements universels : la solidarité, le respect des droits humains, notamment les droits des femmes et la mobilisation en faveur des personnes et couches sociales en situation de précarité.

C’était très diffi cile de passer de la théorie à la pratique, des souhaits et convictions morales aux actions concrètes. Mais la forte volonté des deux parties a permis de construire un parte-nariat dans un processus actif et dynamique.

Le Sud veut apporter au réseau ASTER sa valeur ajoutée, ses expériences et ses enjeux de réseautage à l’international pour élargir le champ d’intervention et partager les savoirs et savoir-faire avec d’autres acteurs, notamment les acteurs sénégalais, eux aussi membres d’ASTER. ASTER, au Nord, favorise ces dimensions de partage et de solidarité dans le cadre institutionnel d’un réseau porteur de valeurs, de compétences et de solidarité internationale.

Nous ne sommes donc plus dans une approche projet comme conçue au début, mais dans une approche intégrée de synergie et des enjeux de développement équitable à l’universel.

LE POINT DE VUE DE MARIE-LISE SEMBLAT, ASTER-INTERNATIONAL

La rencontre de nos associations a permis le recentrage du réseau ASTER-International sur ses objectifs fondamentaux de croisement entre développement local, durable et égalité entre les femmes et les hommes. Elle joue aussi un effet miroir entre un réseau territorialisé comme RADEV et un réseau international. Les deux structures parviennent ainsi, après une phase d’interconnaissance, à percevoir les potentiels et limites de chacune vis-à-vis de l’autre.

Cet effet miroir contribue à interpeller ASTER sur ses visées initiales de changement social et sur sa pratique, si l’on entend « pratique » comme une activité volontaire pour agir sur le milieu. Cette dernière passe par l’accompagnement par la recherche-action, démarche participative faite par, pour et avec les groupes et communautés concernés.

Les confrontations que le projet PADEL a suscitées entre RADEV et ASTER aident à clarifi er dans le « faire » et plus dans le « dire » les rapports Nord-Sud et Sud-Nord. Elles ouvrent vers des échanges Sud-Sud.

Le partenariat se joue entre RADEV, acteur de terrain qui opérationnalise une vision et des objectifs partagés avec ASTER, acteur qui accompagne et met en circulation les initiatives dans un réseau qui s’alimente des expériences de ses membres.

ASTER revisite en permanence ses formes d’intervention pour trouver une articulation équilibrée entre les actions collectives de ses membres et l’accompagnement. Celui-ci n’a rien à voir avec une quelconque forme « d’aide », mais renvoie à l’étymologie, celle du « compagnonnage ».

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)12

LA MÉTHODE DU DIAGNOSTIC

TERRITORIAL PARTICIPATIF

INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)Le Diagnostic territorial participatif intégrant le genre est un état des lieux des réalités locales. Il permet à la fois de confi rmer des constats déjà existants, d’entendre la population, de détecter des problèmes spécifi ques. Il est également conçu pour orienter le développement local autour de fi nalités et d’enjeux stratégiques inscrits dans un projet de développement plus global.Le rôle d’ASTER est d’accompagner, d’élaborer les synthèses des groupes de suivi et des forums, puis dans un second temps de proposer des pistes d’action à développer. Le plan de développe-ment local lui-même sera réalisé par RADEV et les acteurs du territoire, les élus locaux et les responsables associatifs de la région.

Le développement, processus participatif multidimensionnel

Les premières rencontres et

formations partagées par

ASTER et RADEV ont permis

de mieux défi nir ce que les

partenaires entendent par

« développement ». C’est « un

processus complexe qui fait

évoluer les réalités sociétales

afi n qu’elles soient plus

satisfaisantes et qu’elles

procurent une meilleure qualité

de vie. L’état de développement

est la résultante des rapports

entre les forces mises en œuvre

par les différents acteurs

intervenant dans les champs

économique, politique et culturel.

Se développer c’est mettre en

œuvre des actions susceptibles

de produire de meilleures

conditions de vie. C’est un

processus et ce n’est pas un

programme, une simple

juxtaposition d’actions ou

d’activités, une liste de réponses

à une liste de besoins ».

Méthodologie

• Trois approches • Cinq principes-clés • Six phases de mise en œuvre

Croisement de trois approches

Cette méthodologie de recherche-action participative intégrant le genre, issue de la réfl exion et de la pratique d’Aster avec ses partenaires du Sud, d’Europe et du Québec, propose un croise-ment de trois approches qui inter-agissent en renforçant leurs dynamiques propres.

DTPG

Intégration transversale du genre

L’approche « genre » prend en compte les rôles et rapports sociaux entre femmes et hommes, en vue de réduire les inégalités et de favoriser l’autonomie des femmes. Le diagnostic associe les femmes et les hommes dès la constitution des équipes locales d’animation du diagnostic qui, de bout en bout, vont s’assurer de la prise en compte égale du point de vue des femmes et des hommes (cf. p. 14).

Diagnostic territorial dans

une approche stratégique globale

Le diagnostic est un état des lieux des réalités locales. Il doit orienter le développement local autour de fi na-lités et d’enjeux stratégiques inscrits dans un projet de développement global.

Méthode participative

La démarche participative permet à tous les acteurs impliqués dans le diagnostic, une identifi cation par eux-mêmes de leurs propres besoins, aspirations et valeurs. À partir de l’analyse des données collectées, ils défi nissent des orientations et objectifs de développe-ment local. Le diagnostic devient lui-même un moment d’animation, prélude aux dynamiques de développement local.

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13ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES

5. La méthode est rythmée

Elle articule les différents temps :• initiatives locales,• logique d’acteurs,• contractualisation.

Mise en œuvre

de cinq

principes clefs

1. La méthode est globale

• Elle est globale et non sectorielle.

• Elle prend en compte les éléments quantitatifs et qualitatifs.

2. La méthode est

opérationnelle

Le diagnostic n’est pas une monographie, il doit produire un document de débat pour le territoire, synthétique, visuel et accessible.L’équipe de diagnostic traduit cette opérationnalité.

3. La méthode est participative

Elle vise à associer, informer, mobiliser le maximum d’acteurs locaux, à chacun des moments forts :• la consultation,• la restitution,• la confrontation.

4. La méthode est dynamique

Elle permet aux acteurs de confronter régulièrement les évolutions de leur territoire aux choix stratégiques et d’engager une dynamique de projet (observer agir / agir observer)

Phase 1. Initier la démarche

• Mise en place de l’équipe de diagnostic, qui réalisera l’essentiel du travail technique.

• La représentativité de l’équipe et la reconnaissance de la structure porteuse du diagnostic sont des facteurs essentiels de réussite. La mobilisation des acteurs et décideurs locaux dépend de la légitimité de l’équipe locale.

Phase 2. Identifi er les acteurs à consulter et impliquer

• Identifi cation par l’équipe de diagnostic d’un échantillon d’acteurs sur le territoire (responsables associatifs, élu-es, entrepreneur-es…). Ces acteurs sont consultés et impliqués tout au long de la démarche.

Phase 3. Consulter les acteurs pour repérer les enjeux

et les projets fédérateurs

• Aller à la rencontre des acteurs choisis sur la base d’un guide d’entretien individuel ou collectif pour des focus groups (cf. p. 21).

• Un questionnement qualitatif vise à recueillir les attentes, questions et projets des acteurs, leurs aspirations, leurs désaccords, pour identifi er les enjeux à maîtriser, les projets fédérateurs.

Phase 4. Hiérarchiser les enjeux, les projets fédérateurs

• La richesse et la variété du matériau recueilli nécessitent une analyse et une sélection par l’équipe de diagnostic.

• Une hiérarchisation des enjeux et projets est proposée et discutée avec les acteurs locaux lors d’un temps de discussion.

• Une liste de huit à dix enjeux maximum devient la base du cahier des charges du diagnostic.

Phase 5. Produire un diagnostic sur les enjeux et projets

• Le diagnostic est conduit par l’équipe de diagnostic en lien avec des personnes et organismes ressources compétents aux niveaux local et régional.

• Chaque chapitre du diagnostic est consacré à un enjeu à maîtriser ou à un projet fédérateur. Il comporte des données quantitatives, des éléments qualitatifs, des analyses, des pistes pour l’action.

Phase 6. Confronter les acteurs

aux conclusions du diagnostic

Organisation de forums locaux de restitution avec les objectifs suivants :• appropriation par les acteurs locaux,• validation et enrichissement des résultats,• orientation pour un projet de développement du territoire.

Cheminement en six phases

La méthodologie présentée ici a été conçue à partir du document Construire un projet de territoire, DATAR (réf. p. 23).

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)14

L’approche « genre et développement » met l’accent sur les rapports sociaux entre les femmes et

les hommes, en les plaçant dans la perspective d’un développement équitable et durable. Défi ni

comme « sexe social », le genre prend en compte les stéréotypes sexués et les déterminismes

culturels et sociaux dans les rôles et les tâches que les femmes et les hommes remplissent dans

leurs activités politiques, sociales et économiques.

L’approche d’ASTER et de ses partenaires insiste sur le croisement entre participation, genre et

approche territoriale du développement durable. C’est à partir des réalités vécues dans l’espace

local et dans la vie quotidienne, en articulant le rural et l’urbain, le local et le global, que l’analyse

de genre ou « sexo-spécifi que » est source de réelle prise de conscience des acteurs-actrices et

de transformation sociale.

Dans la conduite du diagnostic territorial participatif, les cadres d’analyse du genre cherchent à

identifi er :

Les facteurs d’infl uence (socioculturel, environnemental, économique, éducation/formation,

juridique…) et leurs impacts différents sur les femmes et les hommes, en termes de possibilités

et de contraintes.

La division des rôles et des responsabilités en fonction des sexes :

• Le rôle reproductif concerne l’ensemble des soins à la famille. Il est mené essentiellement par

les femmes.

• Le rôle productif (économique) a trait à la production de biens et de services.

Dans la plupart des contextes, les hommes réalisent plus souvent que les femmes des travaux

plus formels et mieux rémunérés (et/ou protégés).

• Le rôle social et communautaire est tourné vers le bien collectif et l’implication dans l’espace

social.

• Le rôle politique regroupe des activités politiques et de défense des intérêts aux niveaux

communautaire, local, national ou international dans le cadre de structures traditionnelles,

d’un parti politique ou de la société civile.

L’accès et le contrôle par les hommes et les femmes des ressources dans ces différents rôles

Par exemple dans le rôle productif, les ressources matérielles comprennent la terre,

l’équipement, le crédit, les matières premières, les moyens de transport. Les ressources

immatérielles sont le savoir-faire et les connaissances, la mobilité, le droit de travailler, de gérer

son revenu, de pouvoir accéder aux marchés, aux réseaux et à l’information.

Les besoins pratiques et les intérêts stratégiques

L’approche genre combine la nécessité de la satisfaction des besoins pratiques des femmes et

la recherche de leurs intérêts stratégiques. Les besoins pratiques sont liés aux conditions de vie

(alimentation, revenu, soins de santé) et sont propres à chaque contexte socio-économique et

culturel. Les intérêts stratégiques sont liés à la position de subordination des femmes dans la

société.

Cette approche débouche sur l’objectif de favoriser un processus d’empowement des femmes :

pouvoir d’agir, autonomisation, prise de responsabilité. Ainsi, le projet d’une Maison de l’égalité

dans deux provinces rurales s’inscrit tout à fait dans cette dynamique.

L’APPROCHE PAR LE GENRE, AU CENTRE DU PADEL

Le DTPG a intégré l’approche

genre à la fois dans ses

procédures et ses résultats.

L’élaboration des guides

d’entretien et de focus groups

(cf. p. 21) a pris en compte les

données à recueillir du point de

vue des femmes et des hommes.

La mise en œuvre des réunions,

des focus groups – qui peuvent

être mixtes ou non pour favoriser

la prise de parole – et des

restitutions s’attache à renforcer

la participation et la prise de

responsabilité des femmes.

Les rapports de diagnostic

donnent des données

sexo-spécifi ques (taux

de scolarisation,

d’alphabétisation…).

Dans la commune de Sahel,

un intéressant travail a été

réalisé (en arabe) pour connaître

la journée type d’une femme et

celle d’un homme. Enfi n, le plan

de développement local intégrera

l’articulation entre les besoins

pratiques (santé, alimentation,

activités génératrices de

revenus) et les intérêts

stratégiques (création de

Maisons de l’égalité qui

prendront en compte une

pédagogie de l’approche par

les droits) (cf. p. 10).

15ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES

ASPECTS PRATIQUES DE LA MISE EN ŒUVRE DU DTPG

La recherche-action revêt elle-même une démarche participative qui aura un impact

de formation et d’animation des acteurs et actrices concernés. Les coordinateurs et

enquêteurs apprennent en faisant. Les techniques de discussions collectives (focus

groups), de restitution des propositions permettent aux associations locales d’augmenter

leur expertise et à la population impliquée, femmes et hommes, jeunes et adultes, de

s’impliquer de façon active. Cette première phase conditionne le caractère participatif de

la phase suivante d’établissement du plan d’action de développement local.

n Le DTPG commence par la sensibilisation de la population (15 jours)

L’équipe locale de diagnostic se répartit en petits groupes pour aller dans chacun des douars de la région de Larache (cf. p. 6) dans le but de présenter :• l’association et des membres de l’équipe locale,• les enjeux du diagnostic,• les objectifs du diagnostic territorial participatif intégrant le genre,• le PADEL en tant que programme global se déployant sur plusieurs années,• le réseau ASTER International.

Les animateurs-trices proposent des réunions des personnes dans une des grandes maisons de chaque douar, à l’initiative d’une famille bien connue localement. S’il y a lieu, ils effectuent du porte à porte en complément.

Modalités concrètes

L’hébergement de l’équipe est assuré par l’association locale afi n d’être au plus près de la population et d’acquérir sa confi ance. Toute l’équipe se déplace ensemble pour aller interviewer les familles. Exemple de calendrier :• 15 jours sont consacrés à 4 douars dans la région de Boujdiane ;• suivent 3 jours de travail et une réunion de coordination afi n de partager, échan-

ger, identifi er les points faibles et points forts dans le but d’amélioration des phases suivantes du DTPG ;

• après cette première phase, le RADEV organise une réunion de coordination générale avec les trois coordinateurs locaux. Cette réunion permet à chacun de raconter ce qui s’est passé dans sa zone et d’échanger sur les diffi cultés et les forces.

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)16

3 Le DTPG se poursuit par les premiers diagnostics (15 jours)

Après avoir fait une première synthèse des résultats issus des rencontres avec la population et des données recueillies par les personnes-clés du territoire, l’équipe locale du diagnostic se réunit.

Une deuxième réunion du comité de pilotage a lieu, portant principalement sur les méthodes d’enquête participatives à adopter dans ce contexte. Les méthodologies des focus groups (cf. p. 21) et des entretiens individuels ont été sélectionnées pour les trois communes rurales. Le coordi-nateur réunit ensuite son équipe, et les acquis de cette formation seront démultipliés, avec la mise en pratique de ces méthodes de diagnostic.

Modalités concrètes

L’exemple d’une démarche dans un douar• 12 focus groups sont mis en place, animés par deux personnes de l’équipe

locale : une animatrice et une rapporteure. Le coordinateur est présent, pour faciliter les séances.

• 6 groupes de femmes et 6 groupes d’hommes sont constitués, chacun regrou-pant entre 12 et 16 personnes.

• Les thèmes traités par les groupes de femmes sont les mêmes que ceux des groupes d’hommes. Chaque focus group traite d’un seul thème et se termine par une discussion ouverte pour collecter les préoccupations des personnes présentes. Tous les focus groups intègrent l’approche genre et la notion de développement durable et local.

• Des entretiens individuels ont lieu. Exemple de public-cible : les élus locaux, la présidente d’une coopérative de miel, lapins et caprins, des personnes clés du tissu associatif. Les questions portent sur la participation des femmes dans le tissu économique, associatif, culturel ; les relations hommes-femmes, la co-responsabilité dans la famille. Cela permet de dresser une liste des principales diffi cultés auxquelles doivent faire face les femmes.

• D’autres membres de l’équipe s’occupent du logement, de la mobilisation et de l’organisation pratique des focus groups. Ils collectent des informations pour en compléter les acquis.

• Tous les soirs, une réunion de coordination est organisée pour faire le point sur la journée et organiser les journées suivantes.

Exemple : démarches pour obtenir des données pour le diagnostic participatif

Quatre membres du comité de

pilotage global se déplacent au

siège de la commune rurale.

Ils rencontrent les élus locaux

sur les problèmes identifi és

dans leur douar. Une réunion

avec le secrétaire général de

la commune permet de collecter

les documents existants sur le

contexte de la commune :

monographie, statistiques

démographiques, niveau des

revenus, tissu associatif et

coopératif, intégration des

femmes dans la vie politique,

représentation des femmes dans

les fonctionnaires de la commune

et dans la vie associative, etc.

Puis, les membres du COPIL vont

au centre de santé rencontrer le

médecin-chef. Une discussion a

lieu sur la situation de la santé

dans la commune

(accouchements, urgences,

premiers soins…).

Un état des lieux sur

la situation sanitaire est discuté,

intégrant la place des femmes

(analyse « genrée » du personnel

de santé).

Ensuite, l’équipe va rencontrer

la directrice du collège et des

professeur-es des écoles pour

récolter des données sur le taux

de scolarisation des fi lles, des

garçons, le taux d’enseignants

hommes et femmes, les

problèmes de dé-scolarisation

des fi lles, et en identifi er et

comprendre les causes.

17ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES

Modalités pratiques

Des lettres d’invitation sont envoyées aux élus locaux, aux associations de la commune, aux autorités, aux coopératives, aux délégations locales de santé, éducation, entraide nationale, à la population.En moyenne 100 personnes sont venues participer aux forums. Au total, les trois forums ont réuni plus 500 personnes issues des trois communes.

3 Ensuite le DTPG met en œuvre le traitement et l’analyse des données

(3 semaines)

La troisième session du comité de pilotage a lieu, avec pour objectif la formation des équipes aux méthodes de traitement et d’analyse des données.

Il est à noter que cette phase peut s’avérer diffi cile, car la tâche est très spécifi que. Le traite-ment et l’analyse demandent de nouvelles compétences aux membres de l’équipe. Compte tenu de la nature très technique de ce travail, les animateurs-trices n’ont utilisé que la langue arabe. Le projet n’a pas eu les moyens de traduire tout le matériau issu de cette phase.

Des grilles de traitement et d’analyse des données sont élaborées par le coordinateur local et un document de synthèse est rédigé en vue de l’organisation des forums.

3 Vient la phase des forums (15 jours)

Dans l’esprit de participation aux diagnostics, des forums de restitution à la population sollicitée pour la collecte des données sont organisés sur les trois sites.

Pour chacun des sites, un texte de synthèse des résultats est rédigé et la population locale est invitée à participer à des ateliers en lien avec les thématiques issues des premières données (santé, éducation, après-cannabis, tourisme rural, etc.).

Bilan de cette étape : tou-tes les participant-es ont apprécié ce type d’événement participatif. Les ateliers thématiques ont connu une excellente contribution et le processus a enrichi les résultats du DTPG. Les femmes se sont fortement impliquées dans l’animation des forums.

Cette étape a constitué un temps important pour remotiver et regagner la confi ance de la popu-lation, qui avait été amoindrie, à cause d’un autre diagnostic conduit par d’autres intervenant-es sur la zone.

Les outils utilisés par le DTPG

Le diagnostic territorial

participatif intégrant le genre

utilise des outils

méthodologiques empruntés à

l’analyse de genre et aux

diagnostics participatifs. Ces

outils, dont ASTER assure une

présentation pédagogique pour

les actrices et acteurs, sont

adaptés, appropriés par les

associations locales qui en

assurent la mise en œuvre. Des

outils spécifi ques apparaissent :

guides de questionnements et

d’entretiens individuels,

d’animation de groupes

thématiques, mode d’information

de la population locale…

• Outils de recherche-action et

des sciences sociales,

notamment les focus group.

• L’arbre à problème, de la

méthode PIPO (Planifi cation

participative des interventions

par les objectifs).

• Grille des forces et faiblesses ;

opportunités/risques.

• Outils de genre : par exemple

grille d’analyse du rythme des

activités quotidiennes pour les

femmes et pour les hommes.

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)18

LES ACQUIS DU DTPG

Méthodologie

• Les thèmes proritaires • Les facteurs de blocage • Les avancées • Les diffi cultés • Les recommandations

L’analyse fi nale du DTPG, prélude à la défi nition par les acteurs locaux, dans une

phase ultérieure, d’un plan de développement local, prend en compte plusieurs

questionnements, qui permettent d’affi ner les résultats, sans éluder les problèmes

et les blocages à résoudre.

Ces questionnements, acquis, diffi cultés concernent à la fois la population

locale, les associations locales relais du projet et les équipes de coordination et

d’animation qui ont effectué le DTPG. L’analyse participative des acquis croise le

vécu et l’analyse des personnes interviewées et ceux des membres de l’équipe.

Lister les thèmes prioritaires ayant émergé du DTPG

Appliquée au diagnostic territorial, l’analyse de genre et la méthode participative font émerger des thématiques qui risqueraient sinon de passer inaperçues. Aperçu succinct de préoccupations récurrentes dans l’ensemble des trois zones (sur la base d’entretiens avec les coordinateurs) :• Relations femmes-hommes : amélioration de la participation des femmes dans le

tissu économique, associatif, culturel, coresponsabilité dans la famille et dans la vie quotidienne.

• Infrastructures : manque général de moyens de transport, d’équipements sanitaires, sociaux, éducatifs, etc. La population exprime un sentiment d’isolement.

• Éducation : analphabétisme, très marqué chez les femmes ; diffi cultés de scolarisation des fi llettes, notamment en zone montagneuse.

• Alimentation : malnutrition, plus marquée chez les femmes et fi llettes.• Santé : accès aux soins et aux dispensaires, impossibilité de payer les traitements,

diffi cultés lors des grossesses et des accouchements faute de routes et de véhicules.• Conditions de travail : dureté des conditions de travail aux champs, surcharge pour

les femmes.• Après-cannabis : forts impacts socio-économiques dus à une baisse de revenus.• Pauvreté : par exemple, taux de plus de 31 % sous le seuil de pauvreté dans la

commune de Sahel ; taux élevé de chômage ; activités génératrices de revenus très insuffi santes ; fort exode rural des jeunes ; tensions entre les générations, notam-ment autour de la question du chômage et des transferts fi nanciers des migrants.

• Agriculture et petit élevage faiblement rémunérateurs ; problèmes fonciers, par exemple, relations parfois diffi ciles entre les exploitants de terres et d’arbres et leurs propriétaires.

19ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES

Identifi er des facteurs de blocage

L’identifi cation de facteurs de blocage permet de réajuster en continu les méthodes d’entretiens. Exemples de ces facteurs :• Diffi cultés de s’exprimer, réticences à parler avec d’autres membres de la

communauté villageoise, crainte que les réponses soient « contrôlées ».• Perte de confi ance : dans certains douars des diagnostics antérieurs n’ont

rien donné.• Absence d’une culture associative et de mobilisation citoyenne, obstacle

au DTPG.• Disparités dans les niveaux de motivation des acteurs.

Valoriser les avancées pour les associations locales

et la population

À ce stade, il est important d’analyser les connaissances et pratiques acquises, notamment celles qui seront transposables de façon autonome par les acteurs locaux. Analyse des avancées (sur la base d’entretiens avec les coordinateurs) :• Croiser l’approche genre avec le développement a été une découverte.• De nouvelles connaissances et pratiques sont acquises dans le domaine

du DTPG, des techniques d’enquêtes et de traitement et d’analyse des données.

• Travailler dans le cadre d’un projet global de développement durable en partant de l’expression des besoins et d’attentes de la population, particu-lièrement les femmes, permet une vision plus globale.

• L’expertise acquise pourra être transposée dans les associations locales, ainsi la notion de diagnostic, de genre, la rédaction de rapports et de syn-thèses.

• Les données collectées du terrain constituent un atout pour le développe-ment local.

• Un débat local a été suscité, impliquant la population sur les enjeux du développement dans la commune.

• Mieux connue au niveau local et régional, l’association devient une réfé-rence pour les autres ONG de développement et gagne la confi ance des élus et des autorités. Ainsi, elle reçoit des invitations à participer à des ateliers de formation ou de concertation au niveau régional et national.

• Les membres de l’association et la population ont pu échanger avec des français-es, canadien-nes, sénégalais-es, grecques, belges et des organi-sations internationales.

• La population s’est montrée capable d’accueillir des étrangers et des personnalités. L’ouverture des douars sur le monde extérieur est un acquis.

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)20

Analyser les diffi cultés

Inévitablement des diffi cultés apparaissent au fur et à mesure de la recherche-action. Elles sont évaluées et corrigées par des réajustements en situation.

• Le niveau de compréhension : il est variable au fur et à mesure que le diagnostic se complexifi e. Certains membres du COPIL général connaissent des diffi cultés à partir de la seconde phase. De ce fait, le rôle du coordinateur se complexifi e et de nouvelles formations ciblées doivent être organisées.

• La langue : la formation et les outils avaient été faits en français et il a fallu ensuite tout traduire en arabe…

• Le planning de travail : il doit mieux s’ajuster avec l’emploi du temps de la population. Les gens travaillant aux champs, les séances seront organisées en fi n d’après-midi.

• La mixité : dans un même focus group, les femmes ne peuvent pas s’exprimer librement devant leur mari et vice-versa.

• La phase de traitement et d’analyse : elle constitue un travail complexe demandant des compé-tences spécifi ques. C’était la première fois que ce travail s’effectuait sur le mode « apprendre en faisant ».

• Les attentes de la population : la première phase a créé des attentes concrètes de la part des femmes et des jeunes. Au départ, l’équipe locale a eu des diffi cultés à se présenter à la popu-lation en disant qu’elle n’était là que pour diagnostiquer.

• Le budget prévisionnel : l’expérience montre qu’il faut étudier plus en amont le nombre de journées nécessaires pour effectuer le DTPG dans les douars, les frais de transport liés à l’éloignement, la question des per diem et les frais d’organisation des forums.

Prendre en compte les recommandations des animateurs

Dans une logique d’amélioration continue et dans le souci d’une transposition de la méthode à d’autres contextes au Maroc ou ailleurs, les animateurs sont invités à donner leurs recomman-dations sur la démarche de DTPG :• Assurer une formation initiale solide des animateurs avant d’entreprendre le diagnostic.• Sélectionner avec une grande attention les personnes qui vont conduire le diagnostic• S’assurer de la pleine participation des acteurs locaux.• Choisir les thèmes de diagnostic en s’appuyant sur l’analyse du contexte et d’une première

expression de la population.• Mieux travailler le budget prévisionnel.• Avoir au préalable des relations chaleureuses avec la population : au-delà des savoirs les

relations humaines priment.• Avoir un respect total vis-à-vis des personnes interviewées, le respect de leurs paroles.• Appartenir au territoire et se sentir impliqués dans le développement : les membres de

l’équipe ne doivent pas être uniquement des technicien-nes mais être partie prenante de la communauté.

Les retombées du DTPG

Pour les associations locales

le DTPG a été une base pour

la réalisation d’une future stratégie

de développement local.

Des rapports de diagnostic sont

établis pour chaque zone et seront

ensuite consolidés au niveau

global, dès que l’ensemble des

informations aura été récolté et

analysé.

Au niveau de la population et des

associations, le processus a créé

une dynamique, des synergies et

une forte mobilisation. Les douars

s’investissent dans la création de

coopératives et d’associations. Des

relations avec les autorités et les

administrations se sont renforcées,

permettant de mieux faire

connaître la situation globale de la

commune. Beaucoup de visites ont

eu lieu après les forums, surtout

dans le douar Khandak El Hamra,

entraînant une prise de conscience

des autorités locales de leur rôle

dans le développement local.

Suite à ces actions de DTPG,

des autorités locales ont déjà

commencé à intégrer les

problèmes identifi és dans leurs

actions de développement. Voici

quelques exemples concrets

de changements apportés

dans une zone :

• Construction d’1,5 km de route

pour accéder au douar.

• Construction d’une classe.

• Campagne de sensibilisation au

sujet des maladies à

transmission hydrique, en lien

avec le centre de santé.

• Intervention de l’ONEP (Offi ce

national de l’eau potable) pour

l’approvisionnement d’eau à

domicile.

• Partenariat entre l’INDH (cf. p. 5)

et l’association locale pour

la création de coopératives de

femmes pour l’élevage des

caprins. Une chèvre sera

donnée à chacune des 34 veuves

du douar.

21ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES

Dans le cadre des focus groups du DTPG dans le programme PADEL, il est

important de choisir des femmes pour être modératrices de groupes de

femmes et des modérateurs pour les groupes d’hommes. Pour les

personnes qui prendront les notes, il est également privilégié des femmes

pour les groupes de femmes et des hommes pour les groupes d’hommes.

Ces recommandations sont importantes dans un objectif de libération de

la parole des femmes et des hommes.

Exemple de questions pour préparer le travail du focus group :

• Quel est le problème du départ ? Qu’est-ce que nous voulons découvrir ?

• Quelles doivent être les priorités et dans quels buts ?

• Quels genres de sujets devons-nous nous attendre à voir abordés par les

personnes du groupe ?

• Pourquoi avons-nous besoin de ces données ?

• Comment comptons-nous enregistrer les discussions (prise de notes,

enregistrement, vidéo…) ?

• Quel rôle le-la modérateur-trice doit-il-elle jouer dans cette discussion ?

Le focus group est « une méthode de recherche fondée

sur des discussions collectives libres qui explorent une

question particulière ou un ensemble de questions. Ils

peuvent également permettre d’étudier les processus

collectifs de résolution de problèmes. »(1) Cette méthode

qualitative permet l’étude et l’analyse des signifi cations,

de l’interprétation et de la compréhension observées

chez les participant-es. Elle est souvent utilisée en

sociologie, psychologie sociale et dans les médias.

Les focus groups permettent de repérer et d’analyser

la formation et l’évolution des représentations sociales,

les croyances, les savoirs et les idéologies qui circulent

dans les sociétés ou dans une communauté donnée.

L’interaction entre les participant-es peut être un facteur

important dans le déroulement des discussions.

Ces entretiens collectifs d’une durée d’environ deux

heures, dans un lieu neutre, s’adressent à des petits

groupes de 10 à 15 personnes, mixtes ou non mixtes.

L’ÉVALUATION DU DTPG

Les membres du comité de pilotage ont bénéfi cié de formations à l’évaluation. Le suivi évaluation se fera en deux temps à mi-parcours et en fi n de programme.

Une auto-évaluation participative sera réalisée en continu par les participant-es des ateliers de RADEV à partir des grilles conçues par le projet.

Une évaluation externe sera effectuée en situation dans le cadre du suivi par ASTER. Elle fera l’objet d’un document péda-gogique (brochure et dossier méthodologique). Cette évaluation formative vise à la fois :• une évaluation individuelle des participants (diagnostic et

élaboration du plan),• une évaluation du développement de RADEV,• une évaluation des impacts et retombées dans le milieu.

ASTER fera appel à ses membres au Québec : travail sur les indicateurs de rentabilité sociale (cf. p. 22).

1. Markova Ivana, Professeur, Department of Psychologie, University of Stirling, Stirling, Ecosse - les focus groups.

La méthode des focus groups

LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE (DTPG)22

Lors du séminaire organisé en juin 2007 à Larache par le réseau ASTER-International,

l’association québécoise Relais-Femmes, membre du réseau, a animé des ateliers sur la notion de

« rentabilité sociale », outil qui pourrait être approprié et utilisé par le PADEL.

En opposition à la rentabilité économique, la rentabilité sociale questionne les notions de richesse

et de travail, en considérant que la richesse ne peut se résumer aux seuls capitaux et le travail au

seul travail salarié dans les entreprises. Il s’agit de proposer d’autres façons d’aborder

l’économie. Par exemple, le travail du prendre-soin (care) est assuré essentiellement par les

femmes et de manière souvent non rémunérée. La rentabilité sociale est une manière de faire

reconnaître ce travail invisible et son apport à la société.

Nos associations peuvent construire leurs propres outils pour mettre à jour l’utilité sociale et la

rentabilité sociale de leurs projets de développement. Comment les projets se situent-ils dans le

contexte social, politique, environnemental ? Relais Femmes considère que l’éducation, les soins

de santé ne constituent pas des dépenses, mais des investissements.

L’économie ne se réduit pas au seul marché. Par exemple, pour faire un repas, il faut disposer

d’aliments. Ensuite, il faut cuisiner. Cela implique un savoir et une production. Puis, il y a la

gestion des déchets, etc. Même si un repas est vécu comme un plaisir ou un loisir, il ne se fait pas

en dehors de l’économie.

Or, le temps des femmes inclut souvent les tâches domestiques et les repas. Lorsqu’elles

travaillent à l’extérieur, elles cumulent un ensemble de tâches. Cette question du temps est

fondamentale : on peut modifi er le statut des femmes, mais s’il s’agit d’ajouter toujours plus

d’activités à leur emploi du temps, leur situation ne s’améliorera pas.

La richesse ne peut pas se réduire aux biens matériels, à l’accès à la propriété privée. Il faut créer

de nouveaux indicateurs. La richesse peut aussi être le lien entre êtres humains, famille, ami-es,

sur le lieu de travail. Il peut s’agir des biens publics qu’on se donne collectivement

(assainissement, voirie, transport, école…). La valorisation de cette partie de l’économie est

souvent occultée. En effet, les indicateurs offi ciels se focalisent trop sur l’économie monétaire du

PNB. C’est oublier que l’économie de marché repose aussi sur l’économie non monétarisée que

sont les structures d’entraide familiales, sociales, communautaires, le travail domestique et le

travail du care. C’est oublier aussi que cette économie repose sur l’existence des ressources

naturelles primaires, et que sans le travail « reproductif » des femmes l’économie « productive »

ne pourrait pas fonctionner.

Cette approche débouche sur la création d’indicateurs sociaux et communautaires.

Ces indicateurs qualitatifs illustrent ou décrivent des situations, des activités qui génèrent et

régénèrent la qualité de vie et le tissu social dans une communauté. Par exemple, on pourra s’en

servir pour illustrer la rentabilité sociale de l’action des groupes de femmes. Le critère retenu

pour sélectionner un indicateur communautaire dans ce domaine sera la capacité d’une activité ou

d’une ressource de renforcer le pouvoir individuel et collectif des citoyennes.

LA « RENTABILITÉ SOCIALE »,

CONCEPT ALTERNATIF ET OUTIL D’ANALYSE

Exemple d’un éventail d’indicateurs

Il comprend neuf zones

d’indicateurs : conditions de vie ;

conditions de santé ;

environnement social ;

développement personnel ;

économie ; conditions de travail ;

environnement physique ;

environnement naturel ;

citoyenneté.

Ainsi, l’environnement naturel se

réfère à l’écosystème naturel

d’une communauté : l’eau, l’air,

le sol, la faune, la fl ore…

La situation de cet écosystème

constitue un indicateur

communautaire en ce qui a trait

à son accès, sa qualité

et sa diversité.

Les indicateurs communautaires

de la citoyenneté et de civisme

renvoient à la participation et

l’engagement des citoyen-nes

aux affaires publiques et

communautaires de leur milieu.

Les indicateurs communautaires

sur l’état de santé peuvent

illustrer par exemple la longévité

moyenne des femmes et des

hommes ou souligner le taux de

mortalité infantile et juvénile.

23LES RESSOURCES DOCUMENTAIRES

RESSOURCES DOCUMENTAIRES

Sites web

• Membres et partenaires du réseau international ASTER : http://www.ofad.sn ; http://www.radev.ma ; http://www.relais-femmes.qc.ca

• Publications des membres du réseau ASTER : http://aster.farvista.net• Genre et développement : http://www.genreenaction.net• Développement local : http://www.adels.org ; http://www.unadel.asso.fr ; http://www.aeidl.be/fr• Développement durable : http://www.adequations.org• Collège coopératif : http://www.cc-paris.org• Initiative de développement humain au Maroc : http://www.indh.gov.ma• Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité des sexes : http://www.sefsas.gov.ma• Code de la famille : http://www.social.gov.ma/Famille_Enf_Han/FEH/pdf/Codefamille.pdf• Portail Internet pour renforcer la capacité des associations marocaines

http://www.tanmia.ma• Site de la FAO sur les méthodes utilisées dans un diagnostic participatif

http://www.fao.org/docrep/u5810f/u5810f05.htm#section%202:%20les%20méthodes

Outils utilisés ou produits par le projet et/ou téléchargeables sur le site ASTER

• Fiche L’observation raisonnée, extrait du document La démarche monographique, 1995, Philippe Missotte et Christian Hermelin ; Collège Coopératif de Paris

• Fiche Les focus groups• Fiche Les questionnaires et l’entretien, extrait du document La démarche monographique,

1995, Philippe Missotte et Christian Hermelin• Construire un projet de territoire, du diagnostic aux stratégies, Comité de Liaison des

comités de bassin d’emploi, DATAR, Emploi, Équipement, septembre 1997• Manuel pour l’intégration de l’égalité dans le développement local et régional, Mary

Braithwaite, INBAS, distribué par Engender

Sélection de publications méthodologiques d’ASTER-International

Fiche récapitulant l’ensemble des productions d’ASTER sur demande à [email protected]

• Validation des acquis, approche de genre en milieu rural, recherche sur la démarche de formation conduisant au Certifi cat d’Initiative locale (en partenariat avec le Collège Coopératif de Paris, l’Université Rurale du Clunisois), 2005

• Genre et développement, rapport du séminaire ASTER et OFAD/Nafoore au Sénégal, 2005• Femmes, actrices de développement en milieu rural, croisement de la pédagogie de l’action

et d’une formation par la recherche-action, 2001• De la vie associative à la médiation sociale en Picardie, formations à l’accompagnement de

projets pour les femmes du milieu rural, 2000-2001• Cahier des pratiques sociales, genre, territoire et développement, publication internationale,

2000• Croisement des pratiques de développement local rural et de l’approche de genre, 1999-2000• Mémento d’appui à la concrétisation de projets de femmes en milieu rural, atelier coopératif

de recherche-action, 1998-1999

Publications du RADEV

• Bulletin d’information Initiatives• Bulletin d’information Leadership Féminin Documents à consulter sur http://www.radev.ma

Retombées picardesDu local à l’international… et de l’international au local

Dans le cadre de sa pédagogie et

de sa pratique qui font interagir

le niveau territorial et le niveau

international, ASTER prévoit une

valorisation mutuelle des acquis

du programme PADEL, à la fois

dans la région picarde, où est

situé le siège social d’ASTER, et

dans les autres territoires où

l’association a des partenaires.

Ainsi, l’expérience de l’animation

en milieu rural en Picardie, celle

de la Maison des femmes en

Casamance, celle de la démarche

de « rentabilité sociale » par les

partenaires québécois, celle du

DTPG dans la région de Larache…

se renforcent mutuellement.

Dans la région picarde, ces

croisements permettent à ASTER

de développer de nouvelles

initiatives en matière de

sensibilisation du public, des

médias et des milieux scolaires et

de tisser de nouveaux liens, par

exemple avec les associations

marocaines en Picardie.

Le DTPG a révélé à ASTER,

comme au RADEV le besoin de

capitaliser et formaliser les

nombreux outils et la diversité

des méthodes qui permettent de

sensibiliser et former à la

question des enjeux que

comporte l’intégration du genre

dans les politiques publiques, les

projets, les programmes.

Cette dynamique va

particulièrement se déployer en

2008 en Picardie avec la création

et la diffusion par ASTER d’une

mallette pédagogique « Genre,

territoires et développement »,

fi nancée par le Fonds social

européen. Cet outil sera

expérimenté auprès de publics

diversifi és en Picardie,

intégrant un forum régional

à ouverture internationale,

prévu en juin 2008.

Cette brochure a été réalisée avec le soutien de :

Programme d’appui au développement local dans la province de Larache au Maroc

PREMIÈRE ÉTAPE : LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL PARTICIPATIF INTÉGRANT LE GENRE

Initié par les réseaux associatifs RADEV et ASTER-International, le Programme d’appui au développement local (PADEL) vise la mise en œuvre d’un diagnostic territorial participatif intégrant le genre (DTPG), l’élaboration d’un plan participatif de développement dans la zone de Larache au Maroc et l’appui aux projets et initiatives féminines, entre 2007 et 2009. Cette publication présente les partenaires, le contexte local, le déroulement du programme et plus particulièrement la méthode du DTPG.

Solidarité Cistercienne ASBLConseil régional de Picardie

Brochure réalisée à partir des travaux d’ASTER et RADEV par Yveline Nicolas, association Adéquations, http://www.adequations.org

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RADEV

Réseau des Associations de Développement

Créé en 2003, le RADEV est un collectif de trente-quatre associations dédiées au développement

solidaire et équitable avec et pour les citoyens et citoyennes, basé sur la justice et l’égalité entre les sexes. Le RADEV

intervient dans la province de Larache au Maroc.

225, appt n° 6 quartier SmaraBP 4089

Al wafa - LaracheMaroc

Tél. : + 212 39 50 09 43 - Fax : + 212 39 91 47 [email protected] ou [email protected]

http:// www.radev.ma

ASTER-International

Actrices Sociales des Territoires Européens Ruraux

Créé en 1993, ASTER-International est un organisme de formation et un réseau européen et international. Dans une optique de démocratie participative et de changement social, ASTER met en œuvre des projets

qui croisent les thèmes femmes – territoire – développement local – genre et développement.

107, rue d’Isle02100 Saint-Quentin

France

Tél. : + 33 (0)3 23 67 07 54 - Fax : + 33 (0)3 23 64 79 [email protected]://aster.farvista.net