le diagnostic phyto-écologique

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L'aménagement du IIHoral, si s on ampleur est récente, est phénomène qui accompagne le développement de la civil isation. Une définit ion volumétrique du prisme littoral et une schématisation des l ien s de causalité dynamique peuvent êtr e opérationnels pour l'aménagement r égional. L e modèle graphique de l' aménagemen t des wadden et marai s marit imes montre que l'inteent ion humai ne est disconti nue alors q ue les paysage s ain si créés peuvent poser des problèmes de réaménageme nt, solubles au Pays-Bas (E. Flament, 1 972), moins facile s dans le cas des aménageme nts de type i ndustriel tels q ue c eux d u marais de Brouage. L'exposé de ces quelq<Jes cas con crets ne peut manquer d'attirer l'attention sur la quanti des don nées à re- cu eil lir, sur leur nat ure, sur le ur vale ur, et sur les méthodes à util iser pour leur prise en compte. Les méthodes actuellemen t' pratiquées sont fo rt nombreuses, dépendant à la fois de s di scipl ine s con cerné es, d e l'éche lle d'ob- seation recherchée et des finalités retenues . L'informa t i on écologique pour ra êtr e plus ou moins orientée et plus ou moins partielle se lon que la méthode utilisée reposera en prior ité sur les donnée s du sol ou sur les in- dic ations fournies par le couvert végétal, ou sur d'autres éléments du milieu, et selon le degré d' intégrat ion qu'elles permettront d'atteindre. G. LONG le diagnostic phyto-écol ogique Les relations entre les êtres vivants et le mi lieu sont un moyen commode de décri re !es condit ions d'organ isation, de structure, . de fonctionnemen t et d'évolu tion des divers systèmes écologiques recensés. Cependant, les vari ables biot iques et abiotiques ne doivent pas être toutes retenues avec un poids égal lor s · de l'analyse des situat ions concrè- tes. En effet, selon le niveau de perception écologique considéré, cea ines variables, qualifiée s de prépondérante. &, seront plus sig nifiantes, ou actives, que d'autres. Elles peuvent alors jou er un rôle discr iminant dan s la diagnose de l'écosphère. Par souci de simpl ification, il est souha itable de regrper l a multitude des systèmes écologiq ues complexes en pré· sence, dans quelq ues grands ensembles, ayant une cer- taine cohérence, ens embles à pair desquels il sera plus commode, dans un premier temps, de décri re, puis de com- prendre, les relations complexes qui caractérisent les interactions e ntre tous les constiants de l'écosphère. Pour ceains phyto-écoi ogues, ces grands ensembles sont : la zone écologique, la région écologique, le secteur éco- logique, la station e t l'él ément de station écol ogiques (cf. Code écologiqu e du . C.E .P.E., GODRON et al ., 1 968 et LONG, 1 969, 1 973). Nous considérons qu'un processus simple consiste à ap· préhender l' écosphère .en d on na nt d'abord plus d 'impoance à la diagnose phyo-écologique du mil ieu. On peut vérifier e n effet que la végétation (et non la flore) est bi ol ogique- ment douée d'un fo po uvoir d'intégration. En conséquence, l'inventaire écolog_ique de la végétation, même s'il est succinc t (phases d'explorati on et de reconnaissance), complét é s'il y a lieu par des études plus approfondies (phases des études détaills ou expérimentales, autres étude.s sectori elles par di scipl ine scientifique), appoe dé- à l'aménageur une somme considérable d' informations sur les vari ables les plu s impoantes du mil ieu. Le diag- nostic phyto-écologique est l'instrument essentiel du pro- ces.sus proposé. Cette analyse phyto-écologique débouche s ur la mise en évidence d'un ités synthétiques à fo pouvoir d' intégration Aménagement et Nature - " 12 les écosystèmes. Mais - contrai rement à tous les usages - ces unités doivent être considé rée s à tous les niveaux spat iaux déjà cités (zone, rég ion, secteur, station, él ément de station) e t non à un seul ( station). De telles unités, définies à part ir des groupes écol ogiques , ou de critères plus simples, consti tuent un cadre suffis ant d'une part, pour d' autres études concernant les au tres é-léments d e la biosphère (an imaux, homme) ou du mil ieu (sol . . .) et, d'au tr e pa, pour asseoir correctement la p lup des pr ojets d'aménagement de l'espace géographique. On admet génér alemen t que l'ét ude de l'écosphère, entre- prise en vue d e l'intégrat ion des données · sur les res- sourc s naturell es, peut emprunter diverses voies. Celle 9 ue nous proposons de suivre, applicable en paiculier dans les pays forteme nt umanisés comme la France, pro- cède du modèle d'intégration holistique à part ir du pos- tulat phyto-écol ogique. Il n e semble pas opportun d'aj outer ic i de plus am ples commentaires ; les lecteur.s in téressés voudront bien se reporter aux nombreux travaux du C.E. P.E. de Montpellier et, entre autres, à la synthèse de ces travaux p ubliée dans un o uvrage récent. La démarch e proposée se situe pour l'essentiel en amo nt des préoccupations directes de s aménageurs. Mai s, cette démarche per met de tenir compte des problème s posés par !a planification de l' amén agement du terri toire dans la mesure où d es objectifs ont été assign és aux projet s au moment du démarrage des étdes. Il faut bien souligner qu'il n'y a pas de base écol ogique cohérente et fiabl e si les objectifs restent insuffisamment définis, comme c' est encore trop souvent le cas. Une expres sion très s impl ifiée des problèmes posés par la démarche conj ointe de l'ologue et d e l'aménageur prend une signification plus précise si le problème est posé en co nsidéra nt le statut des écosystèmes jeunes qui s'oppose à celui des cosystème s mûrs, selon les alter- natives Production/ Protection , Quantité/Qualité ., Croissance / Stabil ité ; ou mieux, si l'on essa ie de glo- baliser le problème ains i que le suggère ODUM ou, c omme nous essayons de l e proposer, d'une ma nière un peu plus concrète, pou r l'écosystème forestier.

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L'aménagement du IIHoral, si son ampleur est récente, est

un phénomène qui accompagne le développement de la

civilisation. Une définition volumétrique du prisme l ittoral

et une schématisation des l iens de causalité dynamique

peuvent être opérationnels pour l'aménagement régional.

Le modèle graphique de l 'aménagement des wadden et

marais maritimes montre que l ' intervention humaine est discontinue a lors que les paysages ainsi créés peuvent poser des problèmes de réaménagement, solubles a u Pays-Bas (E. Flament, 1 972), moins faciles dans le cas des aménagements de type industriel tels que ceux du marais de Brouage.

L'exposé de ces quelq<Jes cas concrets ne peut manquer d 'att irer l ' attent ion su r la q u a nt i té des données à re­

cue i l l ir, sur leur natu re, sur leur va leur, et sur les métho des à uti l iser pour leur pr ise en compte. Les méthodes

actue l lement' prat iquées sont fort nombreuses, dépendant à l a fo is des d isc ip l i nes concernées , de l 'éche l le d 'ob­

servation recherchée et des f ina l ités retenues. L' informa ti on éco log ique pourra être p l us ou m o i ns or ientée et

p lus ou moins partie l le selon que la méthode uti l isée re posera en priorité sur les données du so l o u sur les i n ­

dications fourn ies par le couvert végéta l , ou sur d'autres é léments du m i l ieu , et se l o n l e degré d ' i ntégrat ion qu 'e l l es

permettront d'atte indre.

G. LONG

le diagnostic phyto-écologique Les relations entre les êtres vivants et l e milieu sont un moyen commode de décrire !es conditions d'organisation, de structure, . de fonctionnement et d'évolution des divers systèmes écologiques recensés. Cependant, les variables biotiques et abiotiques ne doivent pas être toutes retenues avec un poids égal lors · de l'analyse des situations concrè­tes. En effet, selon le niveau de perception écologique considéré, certaines variables, qual ifiées de prépondérante.&, seront plus signifiantes, ou actives, que d'autres. Elles peuvent alors jouer un rôle discriminant dans la diagnose de l 'écosphère.

Par souci de simpl ification, il est souhaitable de regrouper la multitude des systèmes écologiques complexes en pré· sence, dans quelques grands ensembles, ayant une cer­taine cohérence, ensembles à partir desquels il sera plus commode, dans un premier temps, de décrire, puis de com­prendre, les relations complexes qui caractérisent les interactions entre tous les constituants de l 'écosphère. Pour certains phyto-écoiogues, ces grands ensembles sont : la zone écologique, la région écologique, le secteur éco­logique, la station et l 'élément de station écologiques (cf. Code écologique du . C.E.P.E., GODRON et al., 1 968 et LONG, 1 969, 1 973).

Nous considérons qu'un processus simple consiste à ap· préhender l'écosphère . en donnant d'abord plus d'importance à la diagnose phyo-écologique du milieu. On peut vérifier en effet que la végétation (et non la flore) est biologique­ment douée d'un fort pouvoir d' intégration. En conséquence, l ' inventaire écolog_ique de la végétation, même s'il est succinct (phases d'exploration et de reconnaissance), complété s' i l y a l ieu par des études plus approfondies (phases des études détail lées ou expérimentales, autres étude.s sectorielles par discipline scientifique), apporte dé­jà à l'aménageur une somme considérable d' informations sur les variables les plus importantes du mil ieu. Le diag­nostic phyto-écologique est l ' instrument essentiel du pro­ces.sus proposé.

Cette analyse phyto-écologique débouche sur la mise en évidence d'unités synthétiques à fort pouvoir d' intégration

Aménagement et Nature - N" 34 12

les écosystèmes. Mais - contrairement à tous les usages - ces unités doivent être considérées à tous les n iveaux spatiaux déjà cités (zone, région, secteur, station, élément de station) et non à un seul (station). De telles unités, définies à partir des • groupes écologiques • , ou de critères plus simples, constituent un cadre suff isant d'une part, pour d'autres études concernant les autres é-léments de la biosphère (animaux, homme) ou du mil ieu (sol . . . ) et, d'autre part, pour asseoir correctement la plupl'rt des projets d'aménagement de l 'espace géographique.

On admet généralement que l'étude de l'écosphère, entre­prise en vue de l ' intégration des données · sur les res­sourc�s naturelles, peut emprunter diverses voies. Celle

9ue nous proposons de suivre, applicable en particul ier dans les pays fortement I:Jumanisés comme la France, pro­cède du modèle d' intégration hol istique à partir du pos­tulat phyto-écologique. Il ne semble pas opportun d 'ajouter ici de plus amples commenta ires ; les lecteur.s intéressés voudront bien se reporter aux nombreux travaux du C.E. P.E. de Montpellier et, entre autres, à la synthèse de ces travaux publiée dans un ouvrage récent.

La démarche proposée se s itue pour l 'essentiel en amont des préoccupations directes des aménageurs. Mais, cette démarche permet de tenir compte des problèmes posés par !a planification de l'aménagement du territoire dans la mesure où des objectifs ont été assignés aux projets au moment du démarrage des ét!Jdes. Il faut bien souligner qu' i l n'y a pas de base écologique cohérente et fiable si les objectifs restent insuffisamment définis, comme c'est encore trop souvent le cas.

Une expression très simplifiée des problèmes posés par la démarche conjointe de l 'écologue et de l 'aménageur prend une signification plus précise si le problème est posé en considérant le statut des écosystèmes jeunes qui s'oppose à celui des 'écosystèmes mûrs, selon les alter­natives • Production/Protection • , • Quantité/Qualité ., • Croissance/Stabil ité • ; ou m ieux, si l 'on essaie de glo­baliser le problème a insi que le suggère ODUM ou, comme nous essayons de le proposer, d'une manière un peu plus concrète, pour l'écosystème forestier.

1 .. Cl 1 Ill � 1 .. Cl 1 Ill � 1 .. Cl 1 Ill � 1 N .

J . KEILLING - F a i buté sur c e problème d e culture jeune e t de culture mûre . Dans cu/ture jeune, i l y a la notion de quantité . et dans culture mûre il y a la no tion de qua lité .

S elon l 'a uteur américain E. ODUM, que cite G. LONG, lorsqu'on est en présence de systèmes jeunes (ex : un champ de b lé), il est évident que l'on vise la pro duction, la quantité, la croissance ; ce sont les qualités des jeunes . A côté de ce/a vous avez /e système mûr (ex : /es forêts climax) ou au contra ire vous avez une information protection-qualité-stabilité. En défin itive s i on n 'avait que ces problèmes à résoudre ce ne serait pas très difficile. I l suffira it de décisions assez autoritaires disant • là on fait de la production de système jeune et ic i de la production de système mûr • . Malheureusemen t notre civilisation et sa cu lture nous poussent dans des systèmes complètement intermédiaires et c 'est là où se trouve actuellement la problématique.

Ne croyez-vous pas que c' est un peu sommaire et un peu choquant que d'appliquer la notion de qualité à la forêt qui n ' est pas comestible et la notion de quantité à la céréale qui est comestib le. I l y a une espèce de contradiction où on oublie le consommateur ; si on veut insérer l ' homme dans l ' écologie il ne faut tout de même pas l ' escamoter quand i l est consommateur ; il fait partie de l'écologie globale.

G. L O N G - J 'ava is b ien précisé qu ' il s 'agissait d ' un schéma de conception , étant entendu qu'il serait pré­férab le de produire de la qualité dans un écosystème jeune, et non seulement de la quantité.

Pour conclure sur la méthode du diagnostic phyto-éco logique, j 'ajouterai qu 'elle a été expérimentée dans un grand nombre de territoire-tests , à divers n iveaux de perception écologique et d' intégration. Elle porte en elle la garantie d 'une certaine aptitude des données à la généra l i sa t ion dans l ' espace et dans l e temps . A ces divers titres e lle devrait faire partie in tégrante de l 'ar senal des techniques modernes utilisées pour asseoir correctement /es projets d'aménagement du territo ire.

De plus , le diagnostic phyo-écologique peut bénéficier aujourd'hui des techniques avancées dans les do­maines de la té lé-détection, de la métrologie, de l ' in formatique (écologie systémique) et de l 'expression au­tomatiqu e des résultats (visualisation et cartographie par voie a utomatique). I l pourra it donc devenir un moyen assez s ûr pour justifier, sur le plan écologique, et souvent a uss i sur le plan économique, la prise de décision et l 'action. I l offre en outre l 'avantage de fa ciliter le contrôle • biologique • des projets d'aménage­ment .

M . FALQ U E - Toutefois, et malgré sa valeur certaine de renseignement intégré, le diagnostic phyto-écolo­gique ne représente qu' un aspect de la récolte des données permettant la prévis ion à long terme et à gran­de échelle. Il existe d'autres méthodes, parmi lesqu elles on pourrait notamment citer la • plan ification éco­logique • de / . Mc HARG .

F E DOROFF

ca rtog ra ph i e écolog ique u n e

conc:ue pou r l 'a ménage ment

Les pr inc ipes de la p lan if ication écologique tels qu ' i l s ont été énoncés par Mc Harg sont enthousiasmants. Mais i l faut garder présent à l 'esprit que cette méthode repose su r un inventa ire écologique dont la précis ion dé­termine de façon étroite cel le des plans d'aménagement. Or, les aménageurs sont tentés d ' ignorer l ' i nventa i re éco­log ique pour passer d i rectement à la plan if ication, le plus souvent pour des nécessités f inancières, mais quelquefois auss i , par i gnorance. A ins i , pour le projet d'aménagement de l a p la ine de Versa i l les, on nous demanda de produire une carte des potentia l i tés agricoles en l 'absence de carte pédologique . . .

Les projets de p lan ification écologique de l 'équipe de Mc Harg sont toujours réa l isés à partir d ' inventaires exis­tants ; dans certains cas, un complément mineur d'in­venta i re écolog ique est exécuté. Mais i l faut soul igner qu 'aux Etats-Un is , les i nventaires écologiques de base sont d 'une part beaucoup plus complets qu'en France, et que d'autre part, les natural istes qu i réa l isent ces in­venta ires sont conscients de l a nécessité de mettre ces i nventai res à la portée des uti l i sateurs. En conséquence, dans notre pays, nous avons un rée! retard par rapport aux Etats-Un is dans le domaine des inventaires écolo­giques ( 1 ).

Il existe e n France des inventaires complets ou quasi­complets pour certaines composantes du Mil ieu Naturel (cl imat, géologie, botan ique) et i ncomplets pour d'autres

(1) Cf. Aménagement et Nature n• 26.

Aménagement et Nature - N• 34 13

(hydrogéologie, géomorphologie, pédologie). Par a i l leurs, ces i nventa i res sont p lus ou moins exploitables par le p lan ificateur écologique et l 'aménageur, car i l s ont été faits avant tout dans un esprit scientifique (pr incipe strat igraphi­qu en géologie, effets des paléocl imats en géomorphologie, génèse des sol s en pédologie) et de ce fait , les données nécessai res à la pla n ifica,tion écologique et à l 'aménagement sont soit absentes, soit négl igées. Même quand des in­venta i res particu l iers du Mi l ieu Naturel lu i sont com­mandés, l e natural iste se dégage avec d ifficulté de l 'es­pr it sc ientif ique pour essayer de satisfa i re les dés i rs du p lan ifi cateur écologique ou de l 'aménageur.

Par a i l leurs, il existe une réelle compétition dans le do­maine scientifique entre les géologues, les géomorphologues, les pédologues et les écologistes végétaux. Entre les géo­logues, les géomorphologues et les pédologues, el le s 'exer­ce au niveau de la cartographie des formations super­f iciel les ; entre les pédologues et les écologistes vé­gétaux, e l le situe au n iveau de l ' appréciation de certains caractères du sol , comme J 'acid ité, le régime hydrique, et secondairement, au niveau de la caractérisation gèné­tique des sols. I l en résulte une d ispersion des moyens au moment des levers et des recoupements au niveau des documents publ iés. Cette compétition est accrue quand les naturat.istes sont soll icités par les planif icateurs et les a ménageurs ,pour réal iser des inventa ires du Mi l ieu Naturel particul iers. Cette dernière compétition est mal­heureusement anarchique et de ce fait, malfaisante ; el le