Le Délit

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le délit Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill delitfrancais.com le seul journal francophone de l’Université McGill Le mardi 31 janvier 2012 | Volume 101 Numéro 15 Intoxiqué de ton amour depuis 1977 L’autre Québec

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Édition du 31 janvier 2012

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le délitPublié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill

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Le mardi 31 janvier 2012 | Volume 101 Numéro 15 Intoxiqué de ton amour depuis 1977

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le seul journal francophone de l’université McGill

le délit

Le 29 janvier, au Soudan, le gouvernement muselait un jour-nal privé hebdomadaire. Le 27 janvier, les étudiants membres de la CLASSE bloquaient les bureaux du ministère de l’Éduca-tion, du Loisir et du Sport pour protester contre la hausse des frais de scolarité. Leur requête, la gratuité scolaire. Le 18 jan-vier, Wikipédia usait de moyens de pression pour protester contre l’initiative de Stop Online Privacy Act et le Protect IP Act. Dans un cas comme dans l’autre, c’est la liberté qui perd des plumes.

Notre ami WikiPour plusieurs, Wikipédia

qui ferme ses vannes d’informa-tion gratuite signifie une soirée de travail un tantinet plus élaborée. Pour d’autres, les plus philoso-phes, ne pas avoir accès à la plus grande bibliothèque au monde signifie la capitulation de la liberté d’expression au profit d’un mon-de dominé par les idéaux néolibé-raux.

Le néolibéralisme se traduit par une recherche insatiable de profit pour le bien personnel. Le SOPA et le PIPA sont supposés empêcher le piratage des idées mais sont en fait un exemple de protection, à l’extrême, de l’idée de propriété privée. Un idéal qui entre en plein dans la ligne de mire des projets de loi proposés par le congrès.

Pourtant, à la base, les droits de propriété intellectuelle sont un moyen d’encourager la création en protégeant les auteurs, com-positeurs et autres types de créa-teurs. Dans leur sens le plus défi-nitif, les droits de propriété empê-chent quiconque veut emprunter un élément d’une création qui ne lui appartient pas de s’en servir pour s’inspirer.

Des poursuites intentées par des grosses maisons de pro-duction comme Walt Disney contre de petits producteurs qui auraient emprunté le personnage de Blanche-Neige sont l’exemple d’un déséquilibre dans la protec-tion des libertés individuelles.

Gratuité dangereuse En parlant de hausse, parlons

de gratuité. Le Délit révise l’étude sur la hausse des frais de scolarité

faite par l’Institut de recherche en économie cette semaine. Après la manifestation devant les bureaux du ministère de l’éducation cette semaine, il semble clair que ni l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (l’ASSÉ) ni sa sous faction, la CLASSE, ne se laisseront marcher sur les pieds.

Cela dit, la gratuité scolaire n’apporterait pas que du bon. Selon l’IRÉC, le coût de la gra-tuité scolaire est évalué entre 176 et 405 millions de dollars. Par contre, ces chiffres ne prennent pas en compte l’augmentation du nombre d’inscriptions à l’univer-sité, une augmentation à prévoir car la gratuité scolaire attirera certainement plus d’effectifs sur les bancs de l’école. Ce manque à gagner, il va bien sûr falloir le combler. Deux choix: le gouver-nement ou les entreprises privées paient.

Le secteur privé à l’univer-sité, on le voit déjà au sein des unités de recherche. Par contre, une université uniquement sub-ventionnée par des compagnies signifie nécessairement une perte d’indépendance de la dite institu-tion. Par exemple, une compagnie pharmaceutique qui paie pour les installations des étudiants en pharmacie s’assure une main d’œuvre plus tard. Finie la recher-che sur les réels bienfaits d’un médicament vendu hors de prix, finie l’université maîtresse de son propre savoir.

Au Soudan, pendant ce tempsLe Soudan est considéré

comme «l’un des dix pires pays pour la liberté de la presse». En effet, selon la BBC, l’État influen-ce ce qui est publié. Suite à l’in-dépendance du Soudan du Sud, les «régulateurs de la presse» ont même fermé six journaux par-tiellement tenus par des citoyens sud-soudanais.

Le corps d’investigation du Soudan revoit les contenus qui «transgressent la moralité et l’éthique publique, et menacent l’ordre.»

Maintenant, à McGillC’est l’occasion d’exercer

votre droit de vote, de participer à la démocratie sur le campus. Que vous soyez pour ou contre les motions présentées, vous ne pouvez être contre le fait de pou-voir vous exprimer. Librement. x

En liberté provisoireAnabel Cossette CivitellaLe Délit

2 Éditorial xle délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

É[email protected]

Volume 101 Numéro 15

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3Actualitésx le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

C’est en 2008 que le MCeX, le Marché climatique de Montréal, a été créé par

la Bourse de Montréal en colla-boration avec le Chicago Climate Exchange. Le but annoncé était d’offrir une chance aux entreprises montréalaises de relever les grands défis environnementaux de notre génération. Sur ce nouveau mar-ché «vert», les émissions produites par les entreprises de la région mé-tropolitaine obtiendraient un prix et pourraient être ainsi achetées ou vendues sous forme de contrats, selon la performance: les plus polluantes pourraient acheter ces contrats d’émissions, tandis que celles polluant le moins pourraient en vendre et donc se faire un pro-fit additionnel. Malheureusement, la même année, faute de l’adop-tion d’un cadre réglementaire par le gouvernement conservateur de

Stephen Harper, cette bourse n’a pu réellement s’implanter.

En janvier 2012, Richard Bergeron, chef du parti Projet Montréal, dépose une motion pour créer une bourse du carbone pour Montréal et pour «devancer le gouvernement fédéral dans ce domaine». Monsieur Bergeron est très clair: adopter cette motion serait la meilleure façon de devenir les premiers en Amérique du nord à mettre en place un tel projet et ainsi devancer la concurrence, qu’elle soit européenne, chinoise, ou autre.

De plus, Richard Bergeron semble avoir bon espoir que la motion sera adoptée et qu’elle sera bénéfique pour Montréal et pour tous les Québécois. La différence cette fois-ci, comparé à 2008, est que le gouvernement du Québec obligerait toutes les entreprises à participer à ce nouveau marché.

Cependant, avec les récentes nouvelles concernant le départ

de plusieurs grosses entreprises installées au Québec depuis des années, il serait logique de penser que la création de cette bourse serait un tantinet futile. Comment fonctionnerait cette machine mar-chande sans entreprises pour l’ali-menter? En réponse à cette ques-tion, monsieur Bergeron indique que ces entreprises, ayant quitté le sol québécois, se sont déplacées en terres plus compétitives; vers l’Asie et l’Amérique latine. C’est pour cette raison qu’il faut «cher-cher des créneaux dans l’économie du futur, et non dans l’économie d’hier» précise-t-il. Comme exem-ple, il cite l’industrie du jeu vidéo qui est en ce moment en pleine expansion à Montréal. Le chef du parti croit «qu’il y a des domaines où ils ne peuvent pas nous concur-rencer» et que c’est aux Québécois de les identifier.

Si cette bourse offre de nom-breux avantages importants, ce système est très souvent critiqué,

principalement parce qu’il encou-rage la spéculation sur le marché, mais aussi parce que le système «utilise les mécanismes du marché pour fonctionner», comme l’expli-que le chef de Projet Montréal. Celui-ci assure que seulement «20% à 30% du total de l’écono-mie en cause iront aux coûts ad-ministratifs». C’est probablement l’une des raisons pour laquelle le chef du parti ne croit pas que la bourse sera très bien acceptée par la population. Il explique toutefois qu’elle pourrait agir en tant que phare, en tant que trophée que les Québécois pourraient brandir fièrement. Il croit que la clé est d’avoir l’audace d’aller de l’avant et de prendre des risques puis-que ce type de marché démontre un potentiel grandissant dans le monde. Citant Barcelone, qui se-lon lui est présentement en train de déclasser Paris en terme d’inno-vation environnementale, Richard Bergeron affiche le profil d’un

visionnaire réaliste ayant à cœur les intérêts environnementaux de sa ville. Pour illustrer le fond de sa pensée, celui-ci croit que cette bourse pourrait bien permettre à Montréal, et au Québec, de deve-nir un pôle majeur dans une éco-nomie mondiale «verte», comme Bombardier l’a fait au fil des ans dans le secteur ferroviaire et aéro-nautique.

C’est le 23 et 24 janvier que Richard Bergeron et son équipe ont déposé cette motion au conseil municipal de la ville de Montréal, qui a été acceptée à l’unanimité. Le ministre Arcand s’est ensuite pro-noncé en faveur de son adoption. Présentement, la bourse est au un stade expérimental jusqu’au début de l’année prochaine. Ensuite, elle entamera une première période de deux ans et inclura la plupart des entreprises montréalaises. Les compagnies pétrolières ne se joindront à la liste que quelques années plus tard. x

Louis-Philippe TessierLe Délit

Un trophée vertProjet Montréal et Richard Bergeron se font les avocats d’une bourse du carbone pour Montréal.

ENVIRONNEMENT

Actualité[email protected]

La direction de McGill vient d’annoncer le déploiement d’un nouveau système d’aler-

te pour prévenir étudiants, profes-seurs et employés lors de situations d’urgence. Le logiciel, que tous les membres de la communauté sont invités à télécharger et installer, affi-che un message sur leur ordinateur personnel en cas de nécessité.

Le courriel annonçant la mise en place de ce nouveau système présentait la mesure comme l’appli-cation d’une des recommandations du rapport Jutras. Suite aux événe-ments du 10 novembre qui avaient vu la venue sur le campus de la police anti-émeutes, le doyen de la faculté de droit avait préconisé la révision des dispositifs d’alerte.

Après le 10 novembre, l’univer-sité avait été critiquée pour ne pas avoir fait usage du système existant, «Attention McGill», qui permet l’envoi de notifications par SMS. Selon le rapport Jutras, il n’avait pas été activé par crainte que «beaucoup plus de manifestants, dont certains étrangers à la communauté McGill qui auraient pu avoir été enclins à faire usage de la violence, soient venus sur le campus.» Le rapport Jutras souhaitait alors la possibilité de mettre en place un système qui puisse joindre les individus dépen-

demment de leur localisation sur le campus.

Mais le nouveau système ne règle pas le problème survenu le 10 novembre. Il ajoute un nouveau moyen, somme toute similaire, de joindre étudiants, professeurs et employés. Louise Savard, directrice des services de sûreté à McGill expli-que qu’il «n’y a pas qu’une façon de joindre les membres de la commu-nauté, nous utiliserons les deux sys-tèmes simultanément.» Sur les 45 000 individus que compte l’univer-sité, 10 809 sont inscrits à Attention McGill. L’université entend toucher davantage d’individus avec Alertus.

Toute l’efficacité de ce dispo-sitif repose donc sur la décision de l’individu qui l’activera ou non. L’«incident commander» sera juge de la nécessité de faire usage du système ou non. De qui s’agit-il? Louise Savard explique qu’il s’agit de «détails techniques». «Vous n’avez pas à vous inquiéter, la situa-tion sera bien évaluée.»

«L’université ne dispose pas pour l’instant des moyens tech-niques permettant de cibler des groupes en particulier. […] On fait des recherches pour toujours nous améliorer» rassure la directrice des services de sécurité.

Jason Volk, PDG de Alertus, explique que le système de notifica-tions qu’il commercialise permet en fait de cibler des utilisateurs en par-

ticuliers, notamment suivant si ils sont présents sur le campus ou non.

Les balises d’urgence, un autre produit proposé par la société amé-ricaine basée dans la banlieue de Washington, permettent de prévenir les individus se trouvant à proximi-té. «Lorsqu’elles sont activées, nos balises clignotent et émettent une alarme sonore. Leur écran diffuse un message décrivant la situation» (voir photo ci-dessus).

Si le système de notifications sur ordinateur est offert à titre

gratuit aux universités par Alertus Technologies, les balises, qui per-mettraient de suivre la recomman-dation du doyen Jutras, auraient un coût conséquent.

Pour couvrir les quelques 140 bâtiments que comptent les deux campus, le déploiement du dispo-sitif pourrait revenir, selon nos esti-mations, à plusieurs centaines de milliers de dollars.

«Nous avons pensé à ce systè-me, mais pour l’instant nous avons décidé de ne pas le déployer.»

Dans un courriel à la commu-nauté, Michael Di Grappa, principal adjoint (finance et administration), prévenait lundi de la «très faible possibilité d’une certaine agitation sur le campus». En effet, des mani-festants étudiants sont attendus ce mardi 31 janvier, notamment aux abords de la réunion du Board of Governors.

Louise Savard se veut rassu-rante, «si une situation similaire au 10 novembre survenait, le système serait activé.» x

Nouvelle alerteLe 10 novembre, le système Alertus aurait-il changé les choses?

CAMPUS

McGill décide de ne pas installer les balises de la société AlertusGracieuseté Alertus Technologies

Anthony LecossoisLe Délit

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4 Actualités x le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

La hausse démêléeL’IRÉC présente son rapport sur la hausse des frais de scolarité.

FRAIS DE SCOLARITÉ

La semaine dernière, l’Ins-titut de recherche en économie contempo-

raine (IRÉC) a présenté son rapport sur la hausse des droits de scolarité et ses impacts sur le financement universitaire et le programme d’Aide financiè-re aux études. Mandaté par la Confédération des associations d’étudiants et d’étudiantes de l’Université Laval (CADEUL), l’IRÉC dresse dans son rapport un portrait qui se veut réaliste des conséquences de la hausse des frais de scolarité.

Selon le rapport, comme attendu, au terme de la hausse en 2016-2017 ce serait près de 265 millions de dollars que les universités recevraient en plus. Ces revenus viendront d’une augmentation de près de 75% du prix d’une année scolaire de

trente crédits pour un étudiant à temps plein par rapport à 2012. La part des droits de scolarité dans les budgets des universités serait ainsi amenée à augmen-ter, les frais de scolarité ne re-présentant que 21% du budget de fonctionnement d’une uni-versité. McGill, contrairement aux universités qui dépendent des frais de scolarité, tire près de 32% de l’ensemble de ses revenus actuels de placements, donations, subventions gou-vernementales et ventes exter-nes. Au terme de la hausse, le montant total annuel payé par les étudiants québécois au sys-tème universitaires augmentera de façon importante, passant de 268 millions de dollars en 2006-2007 à 665 millions de dollars en 2016-2017 et cela malgré un e baisse du nombre d’étudiants à compter de 2015.

Selon les prédictions du mi-nistère de l’Éducation, du Loisir

et du Sport, la population étu-diante universitaire à temps plein connaîtra une augmentation croissante jusqu’en 2015 avant de diminuer. Cependant les chiffres du gouvernement, utilisés pour créer le cadre financier du Plan de financement des universités équi-table et équilibré, ne prennent pas en compte la hausse des frais de scolarité. Or, des études récentes ont démontré qu’il existe une cor-rélation négative entre une hausse des frais et la décision d’entre-prendre des études; ainsi pour une augmentation de 1 000 dollars, il y a une baisse de 2% des inscrip-tions universitaires. En considé-rant cette donnée et le cas qué-bécois, soit une hausse de 1 625 dollars, l’étude constate qu’il y a une surestimation de la baisse des effectifs de la part du gouverne-ment, écart pouvant aller jusqu’à 5 000 étudiants certaines années.

L’Aide financière aux études sera aussi affectée par la hausse puisque 35% des revenus supplé-mentaires générés iront au finan-cement de nouvelles bourses. En 2008-2009, 51% des étudiants bénéficiaires de l’Aide étaient aux études universitaires. Ces qua-tre dernières années, le nombre d’étudiants aux études supérieures ayant besoin d’aide est resté sta-ble à 70 000, soit environ 38,5% de la population d’étudiants. La hausse des frais de scolarité et les modifications apportées à l’Aide

entraineront une augmentation de 10% des bénéficiaires de prêts et de bourses, ainsi qu’une hausse du coût d’administration, non pla-nifiées dans le plan du gouverne-ment. Combiné au crédit d’impôt sur les frais de scolarité, l’IRÉC établit le coût réel du programme entre 175 millions de dollars et 192 millions de dollars, ce qui est loin des 150 millions de dollars estimés par gouvernement.

Devant de tels chiffres, on pourrait se demander si le jeu en vaut vraiment la chandelle. Une hausse des frais de scolarité est-elle vraiment la réponse au sous-financement des universités quand on considère qu’elle entraîne une diminution des effectifs universitaires, et une augmentation de l’endettement étudiant? Mais la gratuité scolaire est-elle une solution ?

Dans le cadre de son mandat, l’IRÉC estime que suivant l’abolition des droits de scolarité et de retour d’impôt de 20%, le manque à gagner pour les universités serait entre 176 millions de dollars et 405 millions de dollars. De plus, la gratuité scolaire entraînerait une augmentation des effectifs universitaires entre 7% et 12%, ce qui impliquerait des coûts supplémentaires pour les universités. Il n’est toutefois pas évident de prédire quelle serait la façon optimale de financer le système universitaire sans réelles études sur les besoins financiers des universités. x

Entrevue avec Oscar Calderon, l’un des auteurs du rapport, disponible sur delitfrancais.com

Samuel SigereLe Délit

Graphique: IRÉC

Graphique: IRÉC

Depuis le 10 janvier 2012, par la voix de Todd Plummer, vice-président

aux affaires internes à l’Asso-ciation étudiante de l’Université McGill (AÉUM), les étudiants blessés par le corps policier lors des événements advenus dans la soirée du 10 novembre 2011 sont invités à partager leur témoignage. Le but: amorcer des procédures légales pour punir les abus sur-venus.

Sur le site de l’association étudiante, les plaignants qui sont d’accord pour exposer publique-ment leur requête peuvent le faire en remplissant un formulaire. Ils doivent donner des informations personnelles qui seront éventuel-lement rendues publiques, pré-senter les détails de leur soirée, puis indiquer les témoins prêts à corroborer leurs dires.

Emily Yee Clare et Joël Pedneault sont tout deux en charge du dossier. «Il nous semblait important de faire quelque chose qui nous est propre, de ne pas simplement répéter les dires des autres» explique Emily Yee Clare. L’administration de McGill ayant produit son rapport, l’AÉUM ne voulait pas être en reste et a décidé, en décembre, d’entamer des procédures légales pour aider les gens qui avaient été blessés lors de cette soirée.

Joël Pedneault, vice-président aux affaires externes et Emily Yee Clare, vice-présidente aux affaires universitaires ont attendu que le rapport Jutras soit publié et que les «choses soient prises en main» avant de démarrer un quelcon-que processus. Maintenant que les procédures sont en cours, ils divulguent peu d’information. «Comme nous recueillons des témoignages sur divers fronts, il nous est impossible d’évaluer le

nombre de requêtes uniquement pour le formulaire en ligne», com-mente Emily Yee Clare. Ils sont en discussion avec le Student Inquiry et attendent les conseils d’experts légaux avant de se prononcer sur les différents cas.

Ce qui est sûr c’est que les options possibles pour les plai-gnants seraient un recours collec-tif ou une poursuite personnelle. Au civil, le recours collectif est un processus légal très fréquent. Sans nécessairement donner plus de poids aux plaignants devant la cour, il permet de réduire les frais des demandeurs qui se regrou-pent pour payer les honoraires des avocats. Le recours collectif est habituellement utilisé par des consommateurs pour attaquer une compagnie.

Le recours collectif aurait comme conséquence pour les étudiants blessés de recevoir une indemnisation monétaire pour préjudices corporels. S’il y

a effectivement eu des blessures, alors les policiers, ou plutôt leur employeur (la Ville de Montréal), devront payer.

Selon le Code de procédure civile du Québec, «un mem-bre ne peut exercer le recours collectif qu’avec l’autorisation préalable du tribunal, obtenue sur requête». L’AÉUM étant en ce moment assez avare de détails, il est probable que le recours soit en voie d’être révisé par les auto-rités.

Toujours d’après le Code de procédure civile du Québec, si le recours collectif échoue, tous les membres liés par la requête échouent par la même occasion et ne pourront pas intenter de pro-cès individuel.

Du côté des étudiants des cycles supérieurs, la Post-Graduate Student’s Society (PGSS) de McGill ne rapporte pas de témoins ou de membres affectés par les événe-ments du 10 novembre. La ques-

tion de recueillir des témoignages, comme le fait l’AÉUM, n’a pas été soulevée. La PGSS a néan-moins fait part de ses inquiétudes et opinions à l’administration lors d’instances officielles.

La PGSS prend d’ailleurs part à d’autres initiatives qui re-voient les détails qui n’auraient pas été examinés par le rapport Jutras en décembre dernier. Ainsi, la PGSS continuera de «travailler en collaboration avec le reste de la communauté mc-gilloise pour faire en sorte que le campus soit un endroit sécu-ritaire dans lequel les étudiants peuvent exprimer de façon paci-fique leurs opinions.»

L’AÉUM continue de récol-ter des témoignages pour une durée déterminée, mais non communiquée. L’embauche d’un étudiant en charge uniquement de cette fonction sera discutée lors de la prochaine rencontre exécutive. x

Anabel Cossette CivitellaLe Délit

L’AÉUM se penche sur les témoignagesLes membres exécutifs de l’AÉUM examinent la possibilité d’un recours légal pour les étudiants blessés lors des événements du 10 novembre.

CAMPUS

Page 5: Le Délit

5Actualitésx le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

Le 10 décembre dernier, j’ai appris avec délectation le nom des lauréates du prix Nobel de la paix 2011: la prési-dente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, ainsi que Leymah Gbowe (Libéria) et Tawakkol Karman (Yémen), se partagent le prix grâ-ce à leur contribution à la lutte

non-violente pour la sécurité des femmes et le droit des femmes à participer dans le travail de re-construction de la paix.

Élue en 2005 et réélue le 8 novembre dernier, Ellen Johnson Sirleaf est devenue la première femme à la tête d’un État afri-cain. Économiste de formation, elle a apporté une lueur d’espoir quant à la démocratisation du Libéria, en luttant contre la cor-ruption, ainsi que pour une éga-lité des chances pour tous.

Ceci dit, la remise de ce prestigieux prix à la présidente libérienne révèle la contribution des femmes quant à l’avenir de la démocratie. Plus encore, il re-vêt l’importance des femmes en Afrique, constamment exclues de l’univers politique de leur pays.

En fait, les traditions cultu-relles ou religieuses limitent

souvent les ambitions fémini-nes dans la sphère publique. Par ailleurs, les performances politiques de la gent féminine, spécialement celles de madame Sirleaf semblent confirmer un mythe répandu: les femmes sont moins enclines à déclencher des conflits armés, prônant davan-tage la paix.

J’espère fortement que ce prix Nobel propulsera madame Sirleaf, non seulement dans les médias, mais aussi dans les conversations de tous les jours. Trop souvent ai-je voulu discu-ter de cette grande et courageuse femme africaine et trop souvent m’a-t-on coupé la parole avec une face en point d’interrogation. Et pourtant, cette incrédulité s’évaporait lorsque je prononçais le nom d’Omar el-Bechir…

Ceci en dit long sur la place des femmes en politique. Vous

me direz que c’est simplement dû au fait qu’elles sont en infé-riorité devant tous ces hommes. Certes, mais je ne crois pas que la réponse réside dans cette affirma-tion plutôt simpliste et sans fond. Il est vrai que la guerre vend.

Et la violence est souvent plus matière d’homme que de femme. Des politiciens qui ont recours à la violence, tels que Robert Mugabe, Bachar el-Assad et même Mahmoud Ahmadinejad, font constamment les manchettes et par le fait même sont davantage connus.

Cela dit, je ne crois pas que ceci puisse excuser le manque de couverture médiatique dont souffrent les politiciennes de ce monde. En réalité, il y a un man-que de femmes en politique, que ce soit au Québec, au Canada ou en Afrique. Des quotas de 10%, tels qu’implantés au Maroc,

n’incitent pas plus de femmes à prendre part dans cette arène, car ils ne touchent pas à l’essen-tiel du problème: convaincre la population que la gent féminine est aussi apte à servir un poste politique. Et comment inciter les femmes à faire le saut en politi-que si leur reconnaissance peine à naître?

Dans un élan plus optimiste, il y a certainement un futur pour ces femmes. Cette dernière re-mise du prix Nobel de la paix ne démontre rien de moins. Ellen Johnson Sirleaf, Leymah Gbowe et Tawakkol Karman ne font que paver le chemin pour celles qui n’osent pas ou qui ont perdu espoir que les choses puissent changer. Par contre, n’en restons pas là. Répandons la nouvelle, parlons de madame Sirleaf, afin que sa popularité dépasse enfin celle du Colonel Kadhafi. x

Quelle ironieAlexie Labelle | Au-delà du présent

CHRONIQUE

L’Éthiopie pointée du doigtUn rapport de Human Rights Watch dénonce les projets du gouvernement Éthiopien qui vise au déplacement de populations à l’ouest du pays.

INTERNATIONAL

Alexie LabelleLe Délit

Un rapport du groupe Human Rights Watch, in-titulé «On attend la mort

ici», déposé le 16 janvier, dénonce le projet de «villagisation» du gou-vernement éthiopien faisant des remous jusqu’à Ottawa.

Le projet de villagisaton a déjà forcé le déplacement de près de 70 000 personnes indigènes de la région de Gambela et prévoit d’en déplacer jusqu’à 1,5 million d’ici 2013 à des fins purement économiques, indique le rapport de HRW. Les villageois, déplacés

vers une région aride, non cultiva-ble, vont voir leurs terres louées à des investisseurs indiens, chinois ou saoudiens, à des fins commer-ciales.

L’Éthiopie dans l’embarrasMême si le plan de dévelop-

pement agricole commercial, d’où provient le projet de villagisation, précise que les déplacements doi-vent se faire sur une base volon-taire, le rapport souligne une tou-te autre réalité: ceux qui s’y oppo-sent se voient menacés, arrêtés ou même agressés.

De plus, Human Rights Watch dénonce le fait que le gou-

vernement se voie incapable de fournir les besoins essentiels aux villageois, privant ces derniers de soins de santé de base et provo-cant entre autres des cas de fami-ne.

Or, la controverse entourant le projet de «villagisation» ne repose pas uniquement sur les déplacements forcés d’indigènes. En réalité, l’Éthiopie se retrouve sous les radars, car elle offre ses terres aux marchés agricoles in-ternationaux aux dépens de ses propres fermiers. Le rapport de l’organisation indique que jusqu’à présent, 3,6 millions d’hectares de terre, équivalant à la taille des Pays-Bas, ont été mis en location. Toutefois, même si le gouverne-ment continue de nier l’éventuel lien entre déplacements forcés et investisseurs étrangers, d’anciens représentants du gouvernement local ont confirmé l’information à HRW.

Des échos à OttawaIl est à noter que l’Éthiopie est

le troisième plus grand récipien-daire d’aide étrangère canadienne, recevant près de 170 millions de dollars par année. Avec son ex-trême pauvreté, cet état africain figure 174e sur 187 dans l’index de développement humain établi par le Programme des Nations Unies pour le développement. Ainsi, parmi les priorités de l’Agence Canadienne de Développement

International (ACDI) concernant ce pays de la Corne de l’Afrique, figurent la sécurité alimentaire, l’agriculture et le développement rural. (Pour une liste détaillée des projets actifs, la banque de projets de l’ACDI est disponible en ligne.)

Cela dit, le rapport de HRW surgit à un moment plutôt oppor-tun: la ministre Bev Oda vient d’approuver l’allocation de mil-lions de dollars en aide étrangère destinée à un projet d’agriculture en Éthiopie. Au sujet de leur stra-tégie de développement agricole, l’ACDI précise que les risques englobent les changements clima-tiques, les problèmes techniques

liés au développement agricole, ainsi que les problèmes de gé-rance. Ce dernier sera davantage mis sous la loupe avec le rapport de Human Rights Watch qui dé-nonce les fins «secrètes» du gou-vernement éthiopien et son inté-rêt envers les marchés agricoles internationaux.

Ainsi, cette importante som-me d’argent allouée à l’Éthiopie se retrouve sous la loupe et fait des échos à Ottawa pendant que Human Rights Watch demande aux donateurs internationaux de couper toute aide étrangère jusqu’à ce que les déplacements forcés cessent. x

Photo: Archives Frontenac

Photo: Archives Frontenac

Page 6: Le Délit

Alors que l’Europe tente de résoudre la crise de la dette, Stephen Harper

doit présenter sa vision de l’éco-nomie canadienne au Forum économique mondial à Davos, cette semaine. Un de ses prin-cipaux objectifs sera de faire la promotion de l’accord de libre-échange avec son partenaire outre-Atlantique auprès de son «auditoire» canadien. Ottawa est dans la dernière ligne droite des négociations sur l’Accord éco-nomique et commercial global (AÉCG) Canada-UE, un pro-cessus marqué par son opacité. À moins que l’opinion publique ne se fasse entendre pour exiger un véritable débat de société, on peut s’attendre à la signature du traité d’ici quelques mois.

Pourtant, l’AÉCG inquiète. Nombre d’organisations civiles l’ont condamné; certaines muni-cipalités ont même envisagé une exemption, de peur d’assister à une arrivée massive des mul-tinationales européennes. Mais surtout, l’AÉCG touche une corde depuis toujours sensible pour les provinces canadien-nes, à savoir, la santé publique. Les changements demandés par l’UE en matière de propriété intellectuelle pourraient grande-ment affecter le coût des régimes d’assurance médicaments.

Perte de vitesse pour les gé-nériques

Le gouvernement du Québec a confirmé, en date de l’écriture de cet article, que «l’UE demande, en effet, une harmonisation du régime cana-dien de brevet avec le sien, une prolongation de la durée de la période d’exclusivité d’utilisa-tion des données des entreprises pharmaceutiques innovatrices et l’octroi d’un droit d’appel équi-table pour ces dernières». En somme, ces propositions signi-fient que l’exclusivité commer-ciale des brevets pharmaceuti-ques de marque serait prolongée de trois ans et demi en moyenne, selon un rapport publié par l’As-sociation canadienne du médi-cament générique (ACMG), en février 2011.

Le Canada pourrait voir le coût de sa facture «médica-ments» augmenter de 2,8 mil-liards de dollars annuellement, soit, pour le Québec, une aug-mentation de 785 millions par année, toujours selon le lobby du médicament générique.

Cependant, le gouvernement note que «l’étude de l’ACMG ne fait qu’évaluer les coûts pos-sibles d’une extension des bre-vets, sans considérer l’apport des entreprises pharmaceuti-ques innovatrices à l’économie québécoise». Les compagnies de recherche pharmaceutique du Canada (Rx&D) vont jusqu’à dire que «l’industrie des médi-caments génériques traîne une longue histoire d’exagération avec elle», tout en reconnaissant le fait que «le contenu final de l’entente est inconnu».

Cela fait près d’un an que les exigences européennes ont filtré de la table des négo-ciations et il semblerait que, sur ce point, les discussions n’aient pas progressé. Daniel Charron, directeur de l’ACMG au Québec, pense que «c’est un élément qui sera négocié à la toute fin». Selon lui, rien n’est finalisé à l’heure actuelle.

Intérêts pharmaceutiquesLe Réseau québécois sur

l’intégration continentale (RQIC) s’inquiète lui aussi des répercussions de la «moderni-sation» du régime canadien de propriété intellectuelle sur l’ac-cès aux génériques. Dans un ar-gumentaire publié en mars 2011, le réseau soutient que «dans le

cadre de l’AÉCG, les lobbies pharmaceutiques font pression pour obtenir une prolongation de la période d’exclusivité des médicaments».

Le Canada représenterait un énorme marché pour l’industrie pharmaceutique européenne. Selon monsieur Charron, celle-ci profiterait grandement de l’AÉCG. Le porte-parole avance que les compagnies pharmaceutiques sont un important lobby en Europe et que «les associations filiales au Canada, leur relayeur, ont travaillé très fort». Le lobby pharmaceutique et le gouvernement québécois misent tous deux sur la modernisation du régime de propriété intellectuelle pour stimuler la recherche et le développement des médicaments novateurs et attirer les investisseurs.

«L’Histoire démontre que toutes les fois que notre propriété intellectuelle au Canada a été améliorée, cela a apporté des investissements» affirme Rx&D.

L’argumentaire de la RQIC rappelle également que Clément Gignac, alors ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE) en 2010, soutenait l’expansion de l’industrie biopharmaceutique de marque au Québec, et demandait le soutien du ministre du Commerce international pour la prolongation des brevets pharmaceutiques. Selon Claude Vaillancourt, porte-parole du RQIC et co-président d’ATTAC-Québec, «la position du gouvernement québécois n’a pas changé».

Le Québec est déjà bon dernier quant à la part des mé-dicaments génériques sur le total des médicaments prescrits. Cependant, le MDEIE soutient dans un courriel que «le Québec a l’intention de continuer à offrir à sa population un accès universel aux médicaments, bre-vetés ou génériques, par le biais de son régime public d’assuran-ce médicaments, encadré par la Loi sur l’assurance médicaments et ce quel que soit le résultat des discussions avec l’UE».

Les services publics de santé privatisés?

Un autre chapitre de l’Ac-cord de libre-échange a alerté le réseau d’organisations sociales ainsi que son partenaire national, le Trade Justice Network et d’autres organismes comme le Conseil des Canadiens. Il s’agit du chapi-tre sur les services publics que les gouvernements du Québec et du Canada offrent de livrer au libre-échange, ce qui pourrait poten-tiellement mener à la privatisa-tion de certains de ces services.

Depuis que circulent des do-cuments révélant la liste des servi-ces publics exemptés de l’Accord, il est possible que les pressions civiles s’intensifient pour forcer le gouvernement fédéral à tenir un débat public avant de clore les négociations. C’est en tout cas ce que demandent les organisations impliquées.

Les propositions (faites en juillet dernier par le Québec et les autres provinces) n’ayant pas été divulguées, il est impossible de savoir si ces offres sur les marchés publics touchent les services de santé. Pierre-Yves Serinet, du RQIC, pense que cela est vraisemblable. «Le hic, c’est que les documents [qui ont fait l’objet d’une fuite] ne mentionnent les services publics que de façon très superficielle» note-t-il. Contrairement aux marchés publics, pour lesquels les partenaires commerciaux doivent établir une liste de ceux qu’ils proposent d’ouvrir, les offres concernant les services n’ont pas à être spécifiées. Tout dépend cependant du débat au niveau national, à savoir ce qui est qualifié de service public, et si les gouvernements provinciaux sont ouverts à une interprétation large permettant de faire appel à l’entreprise privée pour livrer ces services. À partir du moment où cette marge de manœuvre existe, le domaine de la santé pourrait être sujet à la concurrence euro-péenne.

Compte tenu du soutien des provinces les plus concernées (ce sont les régimes d’assurance médicaments du Québec et de l’Ontario qui seraient les plus affectés selon l’ACMG) et de la puissance notoire des lobbies pharmaceutiques, il est peu probable que le Canada fasse marche arrière sur la prolongation des brevets pharmaceutiques. Plusieurs pistes indiquent que les Canadiens devront faire face à une conjoncture défavorable pour la santé si l’AÉCG est conclu tel que négocié à l’heure actuelle. x

6 Actualités x le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

La santé au plus offrantL’accès aux médicaments génériques menacé par une entente de libre-échange entre le Canada et l’Union Européenne

COMMERCE INTERNATIONAL

Emma Ailinn HautecoeurLe Délit

L’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada pourrait affecter le coût des régimes d’assurance médicaments.

Illustration: Mathieu Santerre

«Il est possible que les pressions civiles s’intensifient pour forcer le gouvernement fédéral à tenir un débat public avant de clore les négociations.»

Page 7: Le Délit

Ce mercredi 25 janvier aura été fort en émotions autant pour les supporters de

l’équipe de hockey des Canadiens de Montréal que pour Ken Holland, le manager général de l’équipe des Red Wings de Détroit depuis maintenant quatorze ans. Ce dernier avait en effet consa-cré sa matinée à une conférence dédiée au management sportif à la faculté de gestion Desautels avant de rejoindre ses joueurs au centre Bell pour une rencontre quasi-ment gagnée d’avance contre les Habs.

Guru du management sportif au sein de la Ligue nationale de hockey, Ken Holland était donc un invité de classe pour l’univer-sité. Son savoir faire et son effi-cacité, qu’il n’a pas entièrement partagés avec les étudiants venus l’écouter, ont permis aux Red Wings de remporter huit tro-phées de la Division Centrale de

la LNH et trois coupes Stanley. Ken Holland a également pré-cisé à quel point la formation de nouveaux joueurs, la gestion attentive et prévoyante des finan-ces du club ainsi qu’un sens de la compétition sont primordiaux pour parvenir au succès. En l’écoutant parler, on comprenait aussi tout de suite qu’il fallait du caractère, de l’autorité et poser des règles claires pour diriger une équipe de hockey dont la plupart des joueurs sont encore dans la vingtaine. Il avait donc choisi le cadre idéal pour faire son cours de management sportif, car c’est à McGill, en 1877, que des étu-diants ont inventé les premiè-res règles du hockey sur glace. Au-delà du lieu, le moment était aussi opportun, car à l’heure où le sport est devenu un business incontrôlable, une bonne gestion des équipes n’est pas de refus.

Quelques heures plus tard, les Canadiens devaient donc affronter les Red Wings qui enchaînaient une série de sept

victoires consécutives. De leur côté, les Habs sombraient à la onzième place sur quinze de leur conférence et voyaient leur rêve de qualification pour les séries éliminatoires s’envoler. Le match s’annonçait donc tendu, sans compter que l’entraîneur de Détroit, Mike Babcock, est un ancien de McGill…

Dès le début de la partie, la foule rassemblée au Centre Bell était plutôt calme et le jeu pro-posé par les deux équipes, n’était pas exceptionnel. Dès la sixième minute, René Bourque ouvre le score pour Montréal suite à une action plus ou moins opportu-niste qui laissait entrevoir une réponse rapide et agressive des joueurs américains. Tout le mon-de le sait, le sport n’est toutefois pas toujours une question de statistiques; la chance, et le fait de jouer chez soi sous la pres-sion font parfois des miracles. Les Habs enfoncent donc le clou ins-tantanément avec trois buts avant la fin de la première période. La

deuxième période était également favorable au Canadien et le score à la fin de celle-ci (6-0) avait de quoi faire dresser les cheveux de Ken Holland et des supporters de Détroit. Finalement, le match s’est clos avec un score de 7-2 pour Montréal, après une dernière pé-riode à l’avantage des Wings (2-1).

C’était donc un mercredi mémorable pour tout amateur de hockey à Montréal et pour Ken

Holland, qui n’est sûrement pas près d’oublier son passage au Québec. Mémorable non seu-lement pour ceux qui aiment ce sport et qui vibrent dès que le palet touche le fond du filet mais aussi peut-être pour ceux qui envisagent une carrière dans le management sportif et qui ont eu droit aux conseils d’un des hom-mes les plus respectés dans ce domaine. x

SHERBROOKE (PUC) — En exigeant que son entraîneur en chef s’exprime en français, le Canadien ne fait qu’ajouter un filtre superflu à son processus de sélection. En se limitant volon-tairement au bassin d’entraîneurs francophones, l’organisation éli-mine de facto plus de la moitié

des candidats possibles –bien évi-demment au détriment du succès de l’équipe.

Je suis un fervent défenseur de la langue française. Je suis un disciple de Molière, un fran-cophile avoué, un écouteux de Plume Latraverse, un lecteur de Nelligan, un tatoué fleurdelisé. Et ça me fait toujours un petit quel-que chose de voir un gars de chez nous comme Maxime Talbot ou

7Actualitésx le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

Le mercredi CanadienEntre McGill, Montréal et hockey sur glace

SPORT

Thomas SimonneauLe Délit

To win plutôt que de perdreOPINION

Photo: Gary Rush

Illustration: Alice Dès

Dans la mêlée. Le Délit cherche un(e) chroniqueur sportif.

Envoyez votre candidature à [email protected]

Claude Julien soulever la coupe Stanley. Par contre, là où je m’in-surge, c’est devant la simili polé-mique que les médias montréalais ont tenté de créer suite au congé-diement de l’entraîneur Jacques Martin et l’embauche de Randy Cunnewyorth, un unilingue an-glophone. Scandaleuse décision! Manque de respect envers les francophones! Comment ceux-ci feront dorénavant pour compren-dre les propos de l’entraîneur de leur équipe préféré?

Comme si Jacques Martin s’exprimait dans un français cor-rect. «Définitivement, certains individus performent tandis que d’autres individus, disons, ne compétitionnent pas assez. On a bien bataillé, mais pas assez pour faire sur de gagner.» Quelle belle ode à Molière! De toute façon, ce n’est pas comme si les propos de Randy Conneyworth n’allaient pas être rapportés dans tous les différents médias du Québec, au point de faire la une du Journal de Montréal.

Il est certain qu’il est souhai-table que le Canadien de Montréal, l’un des emblèmes québécois les plus reconnus à travers le monde, compte dans ses rangs un maxi-mum d’acteurs locaux –si ce n’est que pour renforcer l’appartenan-ce à sa province, et rétrécir la dis-tance entre l’équipe et ses adep-tes. Toutefois, des entraîneurs francophones de la LNH, on n’en

compte que trois: Claude Julien, Alain Vigneault et Guy Boucher. Et étrangement, les trois doivent leur carrière au Canadien. Oui, les trois ont commencé leur car-rière dans l’organisation du CH. Il y en a peut-être d’autres, des entraîneurs francophones prêts à prendre la relève comme pilote du turbulent cockpit montréalais, on pense à Patrick Roy ou Clément Jodoin. Cependant, si la sélection de l’entraîneur se fait au détri-ment d’un coach mieux formé pour le poste, il est là le problème.

Avec sa politique d’embau-che actuelle, ce que le Canadien fait c’est ajouter un filtre supplé-mentaire superflu à son processus de sélection. L’organisation passe à côté d’excellents dirigeants par-ce qu’ils ne parlent pas français –Steve Yzerman aurait souhaité obtenir au moins une entrevue d’embauche lorsque le CH était à la recherche d’un nouveau directeur général. Désolé, Steve, tes compétences et tes connais-sances en hockey ne surpassent pas ton manque linguistique. À Montréal, on a la seule équipe où les compétences linguistiques prévalent à l’expérience pertinen-te à l’intérieur d’un curriculum vitae. Le Canadien raye systé-matiquement tous les candidats qui ne parlent pas français. C’est peut-être pour ça que son club se contente de la médiocrité depuis quelques années.

Le bel héritage francopho-ne du Canadien ne va pas être ruiné si le Canadien embauche pour une fois, le meilleur candi-dat possible indépendamment de sa langue natale. À compétence égale, oui, donnons la priorité à l’entraîneur qui parle français. Mais ça ne devrait pas être le critère de sélection prééminent. Qu’est-ce que le patrimoine du Canadien collectionne exacte-ment, les coupes Stanley ou le nombre d’entrevues données en français à RDS?

Je ne défends pas l’embau-che de Randy Cunneyworth, mais j’aurais défendu l’embauche de Randy Carlyle ou de Kirk Muller. Ce que je défends, c’est la légiti-mité à embaucher un entraîneur unilingue anglophone. Les gens qui s’insurgent contre la décision du Canadien, pensant protéger la langue française, ont une juste cause à cœur: mais ils ne la défen-dent pas sur le bon terrain. Dans les écoles primaires québécoises, les élèves auront plus d’heures de cours en anglais qu’en français. Le débat, il doit être fait au minis-tère, sur la colline Parlementaire, dans les écoles, pas sur une pati-noire. Laissons les équipes jouer au hockey, et ne mêlons pas poli-tique à cela. Je préfère que mon équipe, le Canadien, gagne avec un entraîneur anglophone plutôt qu’elle perde avec un entraîneur franophone.

Kéven BretonLe Collectif

Page 8: Le Délit

x le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com8

Épicerie J. A. Moisan sur la rue St-JeanCrédit photo: Francis L. Racine

Société[email protected]

Cette année, Heather Monroe-Blum a décidé que les vacances de lecture

seraient plus tôt qu’à l’habitude, mais surtout plus tôt que celles de l’ensemble des autres univer-sités du Québec. Cette spécificité de l’Université McGill fait en sorte que les étudiants sont destinés à rester entre eux et ils ne pour-ront pas profiter de la semaine de vacances avec les autres universités québécoises. Cependant, Le Délit a pensé à tout et vous présente un guide de survie pour la semaine de lecture.

Avant toute chose, il faut mentionner que McGill est un point central de l’univers bran-ché du Québec. De ce fait, il est venu à l’idée de concevoir un guide des endroits locaux et en vogue, à savoir s’il y avait d’autres

endroits branchés que le Ghetto McGill, le Mile-End, Hochelaga-Maisonneuve et le Plateau. Il faut sortir de l’île pour voir qu’il existe certes d’autres quartiers vibrants. Il faut se diriger à Québec pour trouver cet endroit magique où les pots Mason sont rois et la vie de quartier aussi fleurissante qu’à Montréal.

Ne vous méprenez pas. Il ne s’agit pas d’un guide pour vous organiser pour finir toutes les lec-tures que vous n’aviez pas faites avant la semaine de lecture. Ce texte veut simplement vous vendre du rêve et surtout vous faire sortir de la «grand’ ville» pour vous faire découvrir les charmes cachés de la Vieille Capitale sous ses traits locaux.

En fait, il importe de noter que la scène branchée s’est développée de concert avec la scène hipster. La culture et la mode hipster sont «non mainstream», et celles de

Québec se sont développées un peu plus tardivement que celle de Montréal. Les jeunes habitants de la ville ont développé une saveur bien spécifique à cette tendance branchée qui voudra certainement perdurer dans la Vieille Capitale. En fait, les quartiers chauds sont, pour la Basse-Ville, Saint-Roch et, pour la Haute-Ville, Saint-Jean-Baptiste. Là-bas, pensée indépen-dante, contreculture, progressisme et créativité se rejoignent pour former un tout qui se joint for-midablement bien à la ville. Ces quartiers méritent d’être visités et surtout d’être vécus.

Ce guide ne veut pas vous interdire de visiter le Château Frontenac ou le Vieux-Québec, fai-tes ce qui vous plaira. Cependant, il vise à vous faire vivre la «vraie» vie à Québec dans les quartiers habités par les locaux et non pris d’assaut par les touristes. Allez à Québec vous en serez comblé.

Saint-RochPremièrement, le quar-

tier Saint-Roch tire son nom d’une chapelle construite par les Récollets sous le Régime français au début de la colonisation. Ce quartier a été l’un des plus popu-leux et prospères de Québec jus-que dans les années 1960 au pro-fit de l’émergence des banlieues. Le quartier est ensuite entré dans

un dur déclin au profit du crime notamment jusqu’à la fin des années 1990. Cependant, depuis une quinzaine d’années le quartier se noie sous une pluie constante d’investissements de la part de la ville de Québec pour le revitali-ser. Ces investissements ont porté fruit, car le quartier est désormais le plus branché de Québec chez les jeunes locaux et les jeunes profes-sionnels de la Vieille Capitale. Les deux grandes artères du quartier, le boulevard Saint-Joseph et le boulevard Charest sont désormais totalement revitalisés et fréquen-tés par une classe d’individus plus aisés. Ce quartier vit présentement une vague d’embourgeoisement intensif.

Où manger à Saint-Roch?Le quartier de la Basse-Ville

est un endroit prisé pour ses res-taurants. Avec le récent embour-geoisement, le quartier a attiré un nombre important de bonnes tables de la ville de Québec. Note comme ça, la ville de Québec a le plus haut taux de restaurant par habitant en Amérique du Nord; vous serez servi!

De tous les restaurants du quartier, notamment parmi le Café du clocher penché et le res-taurant Les Bossus, le restaurant-salle-de-spectacle Le Cercle est un choix à retenir. En effet, Le Cercle est spécialisé dans les tapas et les tartares. C’est un endroit extra-ordinaire pour passer une soirée riche en émotion. Le restaurant a notamment une excellente cave à vin pour les fins connaisseurs et les amateurs. Le Cercle est aussi une

salle de spectacle de la scène alter-native. Consultez leur programma-tion pour la semaine de lecture, car ils n’auront pas moins de six spec-tacles pour vous satisfaire.

Où étudier à Saint-Roch? Pour ne pas vous sentir trop

mal de ne pas faire un peu de lec-ture pendant la semaine de lec-ture, il est conseillé d’ouvrir ses bouquins à la Brûlerie Saint-Roch pour avoir une ambiance parfaite-ment saine pour l’étude. Le café et les croissants sont incroyables!

Que voir à Saint-Roch pendant que l’on flâne?

Le quartier Saint-Roch est riche en petits endroits pour satis-faire son envie de flâner dans les rues et particulièrement le boule-vard Saint-Joseph. Parmi les en-droits où il est conseillé de s’arrê-ter pendant son flânage, le magasin de guitares, la boutique Philippe Dubuc, le café-lecture Fanamanga et la Galerie Morgan Bridge sont des incontournables.

Saint-Jean-BaptisteLe quartier Saint-Jean-

Baptiste existe lui aussi depuis les premiers moments de la coloni-sation par la France de l’Ancien Régime. Situé en Haute-Ville, ce dernier est à proximité des centres touristiques sans avoir été trop en-vahi par les touristes. Ce quartier est entré dans la tendance bran-chée avec l’arrivée depuis quelques années d’une bonne partie de la communauté homosexuelle de Québec. La rue principale dans ce quartier est le boulevard Saint-Jean avec ses nombreux cafés, restau-rants, boutiques et ses bars animés. Le quartier est dominé par l’Église du même nom qui est le point cen-tral du quartier. Si vous allez dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, sortez de l’artère principale et allez visiter les petites artères dans les quartiers résidentiels. N’ayez pas peur de l’aspect ouvrier du quar-tier: il s’agit en fait d’un des quar-tiers les plus chics de Québec.

Où manger à SJB?La ville de Québec regorge

d’excellents endroits où l’on peut satisfaire son appétit. Cependant, il existe un incontournable pour les déjeuners: le Bonnet d’âne. Cet endroit, très peu connu des touris-tes, est le rendez-vous des locaux

Nonchalance branchée à QuébecIl faut sortir du ghetto de McGill pour vraiment apprécier les charmes québécois et les autres endroits branchés de la province.

Francis L. RacineLe Délit

«Ce guide veut vous faire découvrir la vraie vie à Québec dans les quartiers habités par les locaux et non pris d’assaut par les tou-ristes. Allez à Québec vous en serez comblé.»

Photo: Francis L. Racine

Page 9: Le Délit

9Société

Entrevue avec Québec t’aimeLe Délit s’est entretenu avec le chroniqueur culturel, Patrice Plante, du très en vogue blogue Québec t’aime (www.quebectaime.com), LA référence actuelle des tendances à Québec.

Le Délit: Depuis combien de temps le blogue est-il en activité et qu’est-ce qui est responsable de son grand suc-cès?

Patrice Plante: Depuis mars 2010. La diversité et la qualité des chroniqueurs, ainsi que no-tre stratégie 2.0 qui nous a fait rejoindre un nombre incroyable de gens via Facebook. C’est aussi la première fois qu’un média se positionne avec un slogan qui rend la ville amoureuse de ses citoyens plutôt que l’inverse.

Enfin, l’intérêt du site pour un touriste est indéniable : tous les recoins cachés, les meilleures bouffes et les meilleures activités underground sont couvertes par nous

LD: Quelle est la spécificité du blogue Québec t’aime?

PP: Un contenu hyper origi-nal et non conventionnel. Nous ne couvrons rien de mainstream, et le faisons avec une plume et un humour qui nous place en marge du journalisme (ou plus particulièrement, nous créons un nouveau genre de journa-

lisme qui rend la lecture diver-tissante, pour aller chercher le public internaute 18-34 ans).

Nous voulons faire ressortir ces artistes inconnus, souvent étudiants, ainsi que toutes ces petites choses de la vie quoti-dienne (photos, moments, initia-tives d’étudiants ou de passion-nés) qui font de Québec une ville où il fait bon vivre.

LD: Que devraient absolu-ment visiter les étudiants de McGill s’ils viennent à Québec?

PP: La 3e avenue de Limoilou, avec ses airs de Montréal, ses gens merveilleux et son parcours incroyable pour les gourmands (cafés, boulangerie, bistro japonais, soupe et cie, fro-magerie) sont des incontourna-bles. Le Cercle doit absolument être une étape. Une marche le long de la rivière Saint-Charles, les petites rues du Vieux-Québec et de Saint-Jean-Baptiste doivent être un moment de nonchalance et de bonheur absolu. Un café au sommet de l’Astral, par un jour ensoleillé d’hiver vaut le détour.

Une visite chez Francine, sur la 1re avenue, qui offre des plats de grand-mamans québécoises dans son petit resto aux allures de salon familial se doit de vous charmer. Une virée au Bateau de Nuit et au Sacrilège, et puis la poutine Ashton sauce piquante sont des classiques des locaux. De plus, il faut s’attarder pour al-ler au brunch au Buffet de l’Anti-quaire sur Saint-Paul, le traver-sier de Lévis suivi d’une bière au Corsaire et surtout, surtout pas le Savini.

LD: Comment le blogue Québec t’aime peut-il leur être utile?

PP: Divisé par catégorie d’intérêt (musique, art, culture, bouffe, etc...), il permet à ces étu-diants de se promener par champ d’intérêt et de découvrir ainsi ce que la ville offre de mieux, mais de façon divertissante (nous ne sommes pas un moteur de quoi faire à Québec, mais une person-ne curieuse peut se promener, lire, et être passionné de quel-que chose, quelqu’un ou un lieu spécifique de Québec). Ça rend

l’expérience de recherche plus intéressante. Pour les amateurs de bouffe, je signe d’ailleurs une chronique BEST OF P, qui re-cense le meilleur de Québec: le meilleur sushi, pain, café, resto «apporter votre vin», etc.

LD: Quel événement ne doit-on pas manquer à Québec durant la semaine de lecture?

PP: Vous tombez en plein pendant le Fashion Jam, à ne pas manquer toute la semaine avec les compétitions de snowboard et le plus grand événement mode du Canada le 25 février!

LD: Quel est ton restaurant et ton endroit pour flâner préfé-rés dans Saint-Roch?

PP: Mon resto préféré, dans Saint-Roch, est l’Affaire est Ketchup. Mon endroit pour flâ-ner est la rue Saint-Joseph au complet, avec ses boulangeries, boucheries, épiceries exotiques et ses cafés comme la Brûlerie Saint-Roch et le Nektar. Je dois vous dire que mon endroit pré-féré pour prendre un verre est sans aucun doute Le Cercle. Et

ma nouveauté coup de cœur 2012 est le restaurant Hosaka-ya Ramen

LD: Quel est ton restaurant et ton endroit pour flâner préfé-rés dans Saint-Jean-Baptiste?

PP: Mon resto préféré est La Chine chez Soi. Mon endroit, par excellence pour flâner est la rue de la Tourelle, la nuit. Et assu-rément le Bateau de Nuit et le Saint-Angèle.

LD: Comment se porte la scène underground à Québec et quels sont les meilleurs endroits?

PP: La scène underground se porte selon moi mieux que jamais, les initiatives ne cessent de se multiplier depuis l’efferves-cence du 400e anniversaire de la ville. Pour découvrir cette scène, rien ne bat le quartier Saint-Roch: les shows du Cercle et de l’Agitée, la galerie d’art Morgan Bridge et les initiatives comme le Festival OFF.

Propos recueillis par Francis L. Racine

qui y vont naturellement comme on va à l’épicerie. Vous y trouve-rez les meilleurs œufs bénédictines et ce, dans un environnement de magasin général. Cet endroit est très couru, donc il vaut mieux ré-server avant de s’y présenter pour déjeuner. Parmi les autres bonnes adresses du coin, on peut noter: Lady Cookie (pâtisserie), Paingruel (boulangerie), ainsi que la plupart des restaurants de la rue Saint-Jean.

Où étudier à SJB?Ouvrez vos livres à la Brûlerie

Saint-Jean pour vous avancer un tant soit peu dans vos lectures; endroit magnifique qui fait pen-ser à un petit bistro ou café du Mile-End. Les soupes et les sand-wichs sont renversants. Très belle ambiance qui agence salle d’étude

à salle d’exposition de photogra-phies d’artistes locaux.

Que voir à SJB?Le quartier Saint-Jean-

Baptiste est niché sur le cap Diamant soumis aux bourrasques de vent. Saint-Jean-Baptiste est le quartier des flâneurs et un endroit exceptionnel pour y voir une faune diversifiée d’individus, et aussi une architecture exiguë. Les meilleurs endroits pour profiter des beautés architecturales du quartier sont sans aucun doute dans le vieux quartier ouvrier, qui n’a d’ouvrier que son nom. En effet, il a subit un vague d’embourgeoisement et il est devenu beaucoup plus fami-lial. Vous avez, près des falaises, des points de vue à couper le souffle sur les Appalaches et le reste de la ville. x Photo: Francis L. Racine

Photo: Francis L. RacineIllustration: Nicolas Quiazua

Page 10: Le Délit

Voici une de nos salles de classe La biologie à l’UQAR est orientés vers la gestion et la protection des milieux naturels.

www.uqar.ca/biologie

es

10 Société x le délit · le mard 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

Mon petit frère est en 1re secondaire. Il est revenu à la maison après une journée d’école s’étant terminée par un cours de sciences. L’œil malin, il me de-mande: «Savais-tu qu’un jour les humains n’auront plus de petit orteil?». En fait, son professeur leur a raconté que le petit orteil est inutile à notre équilibre ou même à toute autre chose, donc qu’il est condamné à fusionner de façon à disparaître. Cette anecdote est la manière idéale d’introduire l’his-toire de Darwin.

En 1801, le chevalier de Lamarck a publié un des premiers ouvrages sur l’évolution, proposant ainsi sa théorie de la transmission des caractères acquis. Il prétendait qu’en étirant son cou vers des pe-tits fruits au sommet des arbres, la girafe a modifié son organisme pour le transmettre à sa progéniture et, au fur et à mesure, le cou de cette espèce s’est allongé. D’ailleurs, le concept selon lequel les humains

perdront leurs petits orteils vient de Lamarck qui n’avait aucune conception de ce qu’est un gène. Alors que la science avance, le pro-fesseur de mon petit frère est vrai-semblablement resté en 1801.

Huit ans plus tard naissait Charles Darwin. Ce dernier a pro-fité du terreau fertile qu’avait pré-paré Lamarck au sujet de l’évolu-tion. C’est en 1850 qu’est publiée L’Origine des espèces. Son concept est simple: plusieurs individus de cha-que espèce naissent, mais tous ne survivront pas. La nature détermine la survie des espèces et régule ainsi la sélection des caractéristiques. Un animal qui meurt avant de trans-mettre ses caractéristiques (Darwin non plus n’avait guère connaissan-ce des gènes) diminue la présence de celles-ci au sein de son espèce. À l’inverse, si un attribut permet de survivre jusqu’à la procréation, il est transmis à la progéniture. En bref, dans un contexte où la seule nourriture disponible pour les gira-fes était à la cime des arbres, les plus petites girafes sont mortes alors que les plus grandes ont survécu puis transmis leurs gènes régulant la taille à leurs enfants.

Prenons l’exemple de quelqu’un qui a eu l’appendicite quand il était petit. C’est l’infection d’un organe inutile, vestige de l’évo-lution, situé dans notre intestin grê-le. Grâce à la médecine moderne, il a survécu et nous a transmis le gène de l’appendice. Si la chirurgie n’existait pas, tous ceux ayant un appendice problématique (on soupçonne que

plus il est profond, plus une infec-tion est probable) mourraient avant de transmettre cet attribut et qu’il disparaitrait lentement chez l’Homo sapiens. Ainsi, personne ne meurt avant d’avoir des enfants pour cause de petit orteil inutile. Voilà pourquoi il ne disparaîtra jamais.

Le lendemain, la tête enflée, convaincue de tout savoir sur l’évo-lution et que celle-ci n’a plus rien à cacher à l’humanité, je me suis rendue à mon cours de génétique. Il se trouve que mon professeur, Ehab Abouheif, et son équipe ont récemment fait une découverte liée à l’évolution et qui confirme l’exis-tence de gènes vestigiaux. Environ huit espèces de fourmis à grande tête donnent naissance à des super soldates dont les mandibules sont énormes. À l’aide d’hormones in-jectées à des larves d’une espèce dé-chez qui ces supers soldates n’exis-tent pas, l’équipe de chercheurs a fait naître ces minis monstres aux pinces protubérantes. La conclu-sion qu’en tire l’équipe s’ajoute à plusieurs études sur l’épigénéti-que: les espèces portent des gènes «éteints» (probablement à cause de circonstances environnementales) et transmissibles. Malgré tout, ils sont encore là, prêts à ressurgir sous des stress spécifiques. La théorie de l’évolution se complique alors que je pensais, à tort, qu’elle nous avait tout dévoilé.

Lamarck, Darwin et moi-même avons certainement consta-té qu’à l’instar des espèces, nos connaissances évoluent… x

Évolution, évolution...Sofia El Mouderrib | Chronique scientifique

CHRONIQUE

Ne ratez pas Le Délit la semaine prochaine pour notre photoreportage sur l’ÉgyptePhoto: Camille Chabrol

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11Sociétéx le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

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FRANCOFÊTE-ÉVÉNEMENTS-

JEUDI 2 FÉVRIERConférence “La Paralittérature” 17H30 avec le professeur Luneau de l’Université de Sherbrooke,salle 738 du Pavillon Leacock.

MARDI 7 FÉVRIERProjection “La grande Séduction” 18H45, salle 100 de la Faculté de droit.

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Don Giovanni (Jonathan Christopher, bas) et Commendatore (Michael Graco, haut)

Photo: Brent Calis

Arts&[email protected]

12 Arts & Culture x le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

Mozart burlesqueUne version osée mais appropriée de Don Giovanni, présentée par Opéra McGill

OPÉRA

Je suis née et ai grandi à Montréal. J’ai été une de ces enfants que les mères de banlieues croient plongées dans la drogue et le sexe, destinées aux carrières de danseuses sexy ou gérante chez Burger King. Montréal est pour moi une vil-le ancrée dans le présent, dans

mon – très égocentrique – pré-sent, dans la mesure où le fait que j’y ai grandi me donne l’im-pression qu’elle n’a pas existé avant moi, que toute description de son passé concerne une autre ville, une autre Montréal qui ne peut plus exister aujourd’hui.

D’une certaine manière, que Montréal soit si concrète signifie également qu’elle ne peut exister littérairement. Contrairement à Paris, New York ou Berlin que je n’ai pu découvrir qu’à travers le filtre envoûtant de l’écriture, Montréal m’apparaît comme trop tangible pour que quelques lettres sur une page en saisissent l’essence. C’est une erreur, évi-demment. Je sais très bien que Montréal a déjà été écrite, mais ce n’est que très tard que j’ai été mise en contact avec le Montréal littéraire, grâce entre autre à Michel Tremblay et Nelly Arcan,

et je peine encore à accorder leur Montréal avec la mienne, comme s’il m’était impossible d’accepter qu’on ait pu la vivre différemment que moi.

C’est tout de même avec une fierté ridicule que j’ai dé-couvert, dans Un Homme en suspens (The Dangling Man), le Montréal de l’américain Saul Bellow. Né à Lachine en 1915 (le dernier enfant d’une famille rus-se juive tout juste immigrée au Canada) et déménagé à Chicago en 1924, Saul Bellow s’est entre autre vu remettre le prix Nobel de littérature en 1976 pour l’en-semble de son œuvre, dont les ouvrages les plus célèbres sont surtout Les Aventures d’Augie March (1953) et Herzog (1964). Un Homme en suspens (1944) est le premier roman que publie Saul Bellow et consiste en une sorte de chronique à la structure

assez vague de la vie de Joseph, un jeune homme d’une ving-taine d’années, marié, qui attend plus ou moins d’être convoqué par l’armée américaine. Sans emploi, Joseph arpente les rues de Chicago pour passer le temps tandis que sa femme Iva part travailler tout les matins, assiste occasionnellement à des soirées entre amis ou en famille, et livre ses réflexions cyniques sur l’hy-pocrisie et le ridicule du mon-de dans lequel il doit vivre. La prose de Bellow (du moins dans la traduction française) est à la fois plate et fiévreuse et Joseph y apparaît tant soumis que révolté jusqu’au tout dernier moment où l’appel tant attendu de la guerre lui sert de délivrance et d’emprisonnement ultime.

Montréal ne joue qu’un rôle très mineur dans le récit de Bellow. Évoquée comme

souvenir d’enfance, la ville où le narrateur a lui aussi grandi est la scène d’une époque pas-sée et idéalisée  –«Je n’ai jamais trouvé une autre rue ressem-blant à Saint-Dominique»– où la pauvreté n’est plus source de soucis, mais permet plutôt une liberté qu’il ne retrouvera plus jamais. Bien qu’elle soit très partiellement décrite, très partiellement évoquée, la men-tion de Montréal dans le roman de Bellow a eu sur moi un effet très étrange, comme si c’était la première fois que mon univers était concrètement représenté dans de la « grande » littérature. Certes, je n’ai pas lu Mordecai Richler, qui possède probable-ment une vision plus pertinente de Montréal, mais voilà bien la preuve de la relation ambiguë que l’on peut avoir avec notre univers lorsqu’il est raconté. x

Voir Montréal et mourirLaure Henri-Garand | Chemin de croix

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

Du 26 au 29 janvier, Opéra McGill a mis en scène une version bien particulière du

classique de Mozart, Don Giovanni. Le héro légendaire a pris diverses formes au cours des ans; il est escroc espiègle chez Tirso de Molina, il est intellec-tuel libertin chez Molière, ou encore romantique et épique chez Byron. Pour la troupe de Patrick J. Hansen, Don Giovanni est un vampire. Vêtu de rouge et de noir, le séducteur insa-tiable surprend les spectateurs lorsque, face au sabre laser du Commandeur, il l’atteint d’une morsure fatale. S’ensuit une multitude d’actes et de symboles vampiriques dans lesquels chaque séduction est un rituel: un alter ego féminin qui porte les mêmes couleurs que Don Giovanni entre sur scène d’une danse sensuelle, tout en appor-tant un élixir rouge au protagoniste. Celui-ci le boit et s’avance vers sa vic-time, contemple sa nuque et lui saute au cou, confondant morsure et baiser. Le parallèle entre le vilain pécheur et le traditionnel monstre fantastique n’est pas si farfelu. Son appétit sexuel est assimilé à une nécessité et fait écho aux

paroles de Don Giovanni dans l’Acte II, scène 1, où il affirme à son valet, Leporello, qu’il ne peut abandonner les femmes car elles lui sont plus impor-tantes que le pain qu’il mange ou que l’air qu’il respire. Cela est notamment démontré lors du dîner de la venue du Commandeur, où les plats sont des femmes transportées par Leporello ain-si que son alter ego à la table du héros. Ces instances de luxure sont banalisées chez Don Giovanni ce qui explique son rejet de la repentance: il ne peut résister à l’appel de la chair.

Le thème du vampire n’est qu’un élément parmi tant d’autres que la troupe d’Opéra McGill apporte à l’œuvre de Mozart. Hansen joue sur le comique et introduit du burlesque au grand classique. Donna Elvira, tra-ditionnellement dépeinte comme un personnage tragique ou pathétique, devient l’objet de moqueries de la part des autres personnages et du public. Accoutrée de manière cocasse avec d’étranges lunettes et un parapluie, Donna Elvira ressemble à une vieille fille désespérée. Lors du quatrième Aria, elle découvre la vraie nature de Don Giovanni, et d’un air foui-neur tente de s’emparer du livre dans lequel Leporello tient les comptes des

conquêtes de son maître. Cet aspect comique ainsi que l’excellente perfor-mance de Jessica Scarlato font d’elle un personnage majeur de cette version. Dans le même registre, le valet mal-mené de Don Giovanni se retrouve dans des situations saugrenues. La superbe prestation du baryton Peter Walker contribue à imposer le comique comme registre principal de cette inter-prétation. La thématique burlesque est étayée par les sabres lasers et le Commandeur-Jedi. Les costumes ne sont pas uniformes, alors que les pay-sans sont habillés à la façon de notre temps, prêts à assister à un mariage; Donna Anna et Don Ottavio sont les seuls à avoir maintenu des habits d’aristocrates du 18e siècle. La scène est découpée en plusieurs morceaux, avec l’orchestre au centre et des paravents multiformes et multi-usage, ce qui facilite le jeu de cache-cache entre les personnages.

Bien que ce mélange de différentes époques et de différents mondes puisse sembler chaotique, Opéra McGill par-vient à maintenir l’essence et à démon-trer le génie de cet œuvre à travers une interprétation moderne et burlesque, grâce à de belles performances et un talentueux orchestre symphonique. x

Rouguiatou DialloLe Délit

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13Arts & Culturex le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

De l’inconstance amoureuseDANSE

Le retour de Foutrement, chorégraphie de Virginie Brunelle, met en scène deux danseuses sur pointe et un danseur, tous en slip blanc.

Annie LiLe Délit

Annie LiLe Délit

Il est rare que de nouvelles créa-tions en danse contemporaine soient rediffusées. Foutrement,

présenté au Théâtre Quat’sous, a eu cette chance après avoir été présentée en 2010 à La Chapelle.

Dans le noir, une danseuse sur pointes amorce un tour sur scène, puis, sur un air d’opéra de Puccini, fait des pas de bourrée sur place. Un homme arrive et l’imite. Ils en-filent leurs équipements sportifs Cooper, ce qui laisse présager la suite des événements. Leur parade nuptiale entomologique a lieu à trois reprises, l’homme laissant littéralement tomber la femme, mais ils finissent par se désarmer. Le deuxième tableau offre un

contraste saisissant (la pièce entière étant d’une intensité en montagnes russes) avec le même couple, l’éclairage tamisé et la musique pour piano seul du compositeur Goldmund, laissant deviner l’intimité d’une cham-bre à coucher. Virginie Brunelle y intègre des portés spectaculaires et novateurs, à faire pâlir d’envie les grands chorégraphes de bal-let d’aujourd’hui. Les portés au mur qui suivent apportent aussi une dimension surprenante. La chorégraphe a pensé à des détails, comme les doigts de l’homme formant un cœur sur le sexe de la femme lorsque celle-ci glisse entre ses bras. Les ondulations du dos de Simon-Xavier Lefebvre sont particulièrement charnelles et son effleurement d’un mol-

let féminin du bout des doigts se montre d’une belle délicatesse. On peut s’imaginer deux amou-reux parfaitement complices. La réalité s’avère tout autre. Dans la scène suivante, le même hom-

me danse avec une danseuse dif-férente mais portant une coupe de cheveux similaire, sous un éclaira-ge néon bleuté. Sur la célèbre bal-lade «Love Hurts», l’entrejambe est plus exposé, le pied est haut, les mouvements coïtaux sont crus.

On revoit plus tard la premiè-re danseuse vêtue de ceintures lui comprimant la poitrine tel un cor-set. L’autre la rejoint et ensemble elles exécutent pieds nus une dan-se sauvage suggérant un défilé sur podium, juchées sur d’imaginaires talons hauts.

Les ceintures finissent par tomber, ce qui nous donne enfin droit à des baisers échangés entre le couple principal. Évidemment, la tendresse ne peut durer et fait place à une pluie orageuse de ceintures. L’homme reste seul à se battre contre lui-même, sur une musique pour piano préparé.

La pièce tire vers sa fin sur la chanson «To Build a Home», du Cinematic Orchestra avec Patrick Watson, ce qui illustre bien là où la chorégraphe veut en venir.

Les deux danseuses s’en tirent correctement mais sans plus au niveau de la technique sur pointes (pieds mollement pointés ici et là, arabesques en attitude qui man-quent d’aplomb). Reste que c’est un rare plaisir de voir de la danse sur pointes à Montréal, sachant que peu de chorégraphes veu-lent fournir les efforts nécessaires. Foutrement est d’une belle physica-lité, le pouvoir évocateur reposant plus sur la danse en tant que telle que sur la performance et la théâ-tralité, qui sont aussi bien maîtri-sées soit dit en passant. Les pièces musicales et les éclairages accom-pagnent à merveille les intentions de la chorégraphe. Mais ce qui fait sa plus grande force est le mélange bien dosé de l’esthétique classique ponctué de trash contemporain. x

Le texte, écrit en 1919 par Brecht, décrit un repas de noces rassemblant le Marié

avec sa Mère et son Ami, la Mariée avec son Père et sa Sœur, et un autre couple marié (l’Homme et la Femme). Tout au long de cette soirée pénible pour tous, la scène résonne de rires gras, de moqueries cruelles, de récits stériles, et se salit de crème chantilly et d’alcool cou-lant à flot. Les invités finissent par s’enfuir alors que la soirée est encore bien jeune, laissant les mariés abat-tus. On peut facilement s’imaginer la nouveauté pour l’époque. Brecht ne fait pas dans la dentelle dans sa critique sociale de la bourgeoi-sie de son temps, qui comporte de multiples dénonciations: la virginité avant le mariage, la famille patriar-cale, la femme au foyer, sans oublier la cruauté et l’animalité de l’homme.

La mise en scène, à l’exception de la direction des acteurs, laisse un sentiment d’ambivalence. La

pièce démarre pourtant en grand avec l’arrivée des convives, déjà trop bruyants pour être vrais, trop gro-tesques pour être authentiques. Le spectateur s’attend déjà à voir jaillir les incivilités, les pulsions, les cris gutturaux et les malaises de toutes parts. Pourquoi le metteur en scène et le scénographe choisissent-ils de rajouter du symbolisme? Ce der-nier, illustré par l’ésotérisme d’une grande lanterne chinoise qui cli-gnote soudainement d’un bleu élec-trique pour tétaniser l’assemblée, la Mariée pratiquant la télékinésie, la Mère qui occupe le trône du Père en faisant du tricot en silence, l’arrivée impromptue d’une poupée-cadavre, le corbeau géant qui perd ses yeux ,laissant ainsi passer la lumière der-rière le mur, est superflu.

Le choix des répliques présen-tées en boucle et la scène de la toi-lette semblent aussi douteux. Autant de choix de mise en scène éparpillés qui sont peut-être porteurs de sens mais qui restent trop hermétiques à la compréhension des specta-teurs par rapport au texte. Ainsi, les

spectateurs rendus perplexes, les moments potentiellement comiques passent inaperçus. D’un autre côté, on peut saluer le choix de ponctuer le chaos de moments silencieux sus-pendus dans le temps, créant des malaises sournois. La métaphore de Brecht des meubles qui se brisent tout comme les valeurs de l’époque est aussi bien transposée sur scène.

Les costumes d’époque pa-raissent plus appropriés à la pièce, sauf l’habit contemporain de la Femme, dont les collants d’un fuch-sia agressif jurent avec le reste, et le visage poudré de l’Homme. Il faut aussi souligner l’inutilité de l’écran vidéo faisant office d’aquarium. L’environnement sonore ajoute bien à l’ambiance tout en cherchant trop à faire le tour du monde, en passant des chants bouddhistes tibétains à la musique de nô japonais.

Du côté des acteurs, chacun nous offre une performance hono-rable. Enrica Boucher réussit parti-culièrement bien à irriter dans son rôle de la Femme détestable. Le tour de chant de l’Ami, Paul Ahmarani,

constitue quant à lui une belle per-formance.

En bref, le texte de Brecht a jadis été avant-gardiste et montre mainte-nant quelques rides. Heureusement, au fil des ans, il a fait d’innombrables petits et les thèmes et variations autour du mariage ont été maintes fois actualisés. Quant à Gregory Hlady, sa volonté de surligner les non-dits et d’étoffer le texte par un

symbolisme appuyé est louable mais inattendue ici et se prêterait mieux à d’autres pièces. La mise en scène souffre de sa bestialité, dénaturée par son suremballage dans un bric-à-brac confus. x

Après le mariage, le délugeLe Groupe de la Veillée rediffuse La Noce de Brecht dans une mise en scène bric-à-brac de Gregory Hlady.

THÉÂTRE

La Noce de Bertolt BrechtOù: Théâtre Prospero 1371 rue Ontario EstQuand: jusqu’au 11 février

«Virginie Brunelle y intègre des portés spec-taculaires et novateurs, à faire pâlir d’envie les grands chorégraphes de ballet d’aujourd’hui.»

Photo: Tobie Marier Robitaille

Photo: Dominique Lafond

Page 14: Le Délit

Léa Pool (Emporte-moi, Maman est chez le coiffeur) explore cette hypothèse controversée dans L’Industrie du ruban

rose, la toute dernière production de l’Offi-ce National du Film. Il était temps. Malgré l’indignation que cette question soulève, se demander si les profits provenant de la lutte contre le cancer du sein (campagnes publicitaires, marches et produits dérivés à n’en plus finir) profitent réellement et directement à la cause. Quelle cause? Celle de la recherche d’un remède à la maladie ou celle d’une nouvelle avenue de profit pour plusieurs dizaines de compagnies?

Chaque année, les levées de fonds en tous genres rapportent des millions de dollars, car la cause rassemble et mobilise, tout particulièrement aux États-Unis. Par la même occasion, toutes sortes de compa-gnies y trouvent leur compte. Il ne faut pas être un génie en économie pour s’aperce-voir qu’un aspirateur portant le signe du ruban rose se vend nécessairement mieux qu’un même aspirateur sans prétentions philanthropiques.

Pourtant, alors que l’argent s’entasse, il semble ne pas y avoir de suivi, ni de don-nées claires concernant l’allocation des fonds, ni de détails sur la coordination des recherches ou sur les résultats obtenus. La sensibilisation au fléau du cancer du sein part d’une bonne intention, certes, mais il n’en demeure pas moins qu’elle véhicule des propos mensongers. Cette campagne semble entre autres clamer haut et fort que plus il y aura de contributions, plus grandes seront les chances d’éliminer la maladie; elle pèche aussi par omission, car on men-tionne rarement –sinon jamais– la nécessité

d’investir dans la préven-tion d‘un des cancers les plus répandus et meur-triers.

En fait, la véritable hypocrisie des campa-gnes du ruban rose réside dans le fait que des com-

pagnies telles qu’Avon, un des leaders en la matière, sont aussi les compagnies qui ven-dent des produits de beauté contenant des composants cancérigènes.

L’exploitation d’une maladie à des fins lucratives ne cesse de prendre toutes les couleurs et toutes les formes (campagnes de lutte contre le VIH, les maladies cardio-vasculaires, et j’en passe). C’est, dirait-on, le capitalisme… dans toute sa splendeur.

L’Industrie du ruban rose propose un pas dans la bonne direction, celle de la mise à jour d’une hypocrisie camouflée avec ruse, un do-cumentaire qui nous mène très certainement à réfléchir, mais qui malheureusement ne creuse pas assez loin les problématiques qu’il soulève et ne réussit donc pas à fournir les ré-ponses concrètes et satisfaisantes auxquelles le spectateur, intrigué, s’attend. Petit budget ou trop peu de capacité d’investigation? Sans narrateur, le film manque aussi de structure et

de mouvement, son idée directrice est difficile à suivre, au point que l’on a parfois l’impres-sion de regarder des séquences en pré-mon-tage. Les idées excellentes finissent par se per-dre dans un amas de banalités qui tendent à se répéter. x

Overdose de roseRose: cette couleur symbole de la lutte contre le cancer porte en fait le chapeau d’une industrie hypocrite et mensongère.

DOCUMENTAIRE

Isabelle SokolnikaLe Délit

Photo: Léa Pool

L’Industrie du ruban roseOù: Dans tous les bons cinémasQuand: À partir du 3 février

Une comédie comme les autresKatherine Heigl joue les chasseuses de prime dans une comédie plus sympathique que surprenante.

CINÉMA

Charlotte Paré-CovaLe Délit

14 Arts & Culture x le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

Stephanie Plum (Katherine Heigl) est fauchée et récemment divorcée, à la dérive, quelques mois après avoir

été licenciée de chez Macy’s. Elle se tour-ne donc vers le seul emploi qui s’offre à elle: chasseuse de primes dans l’entreprise de son cousin. Sa première cible est Joe Morelli (Jason O’Mara), un policier soup-çonné de meurtre dont la tête vaut 100 000 dollars. Plum a une bonne raison de vouloir le coincer outre une récompense de 50 000 dollars. En effet, la protagoniste souhaite se venger de cet ancien «compagnon» qui l’avait séduite, puis jetée de façon cava-lière à l’adolescence. La nouvelle agente de recouvrement, dont l’existence était aussi palpitante que celle de son hamster en cage, voit sa vie prendre un essor excitant. Armes, vols de voiture et filature parsèment son chemin vers Morelli, un personnage arro-gant et manifestement difficile à attraper.

Du déjà vuLe scénario nous rappelle inévitable-

ment Chasseur de primes (Bounty Hunter) sorti en 2010, qui mettait en vedette Jennifer Aniston et Gerard Butler. Les rôles y étaient inversés alors que Butler tentait d’épingler Aniston dans une comédie plu-

tôt mal ficelée. On peut dire que La Prime réussit là où Chasseur de primes a échoué: le rythme est soutenu, l’humour est plus subtil et le romantisme n’empiète pas sur

l’intrigue principale. On remarque éga-lement que le style vestimentaire d’Heigl est mieux adapté aux circonstances que celui d’Aniston: des jeans plutôt qu’une

mini-jupe et un chemisier ordinaire plutôt qu’un décolleté.

Même si l’on commence à connaî-tre la recette des comédies traditionnelles américaines, on se surprend à rire face aux événements cocasses qui surviennent tout au long du film. La réalisatrice Julie Anne Robinson, connue pour avoir réalisé The Last Song et quelques épisodes de Grey’s Anatomy, nous épargne quelques clichés vers lesquels il était facile de glisser. Le jeu des acteurs, comique sans être trop carica-tural, est déterminant dans cette comédie dont le propos ne réinvente rien.

On ne change pas une formule gagnante Ce film ne présente en effet aucune

nouveauté, sinon les cheveux fraîchement teints en brun de Katherine Heigl. Elle rend une prestation du même registre que tous ses rôles précédents: une femme au caractère fort et tranchant, voluptueuse et un peu maladroite. Force est d’admet-tre que ce type de personnage lui convient très bien et elle livre ici une performance à l’image du long-métrage dans son ensem-ble: plutôt bien dosée et divertissante. x

«L’exploitation d’une maladie à des fins lucra-tives ne cesse de prendre toutes les couleurs et toutes les fomesmes.»

Photo: Films Seville

La prime (One for the money) Où: Dans tous les bons cinémasQuand: Depuis le 27 janvier

Page 15: Le Délit

An 2058. Zachary Buzz a tout quitté (ses parents, sa sœur, la ferme où il a

grandi) pour être élève à l’Acadé-mie de Police de Monplaisir, «une cité tentaculaire vouée à toutes les formes de plaisirs». Dans cette société hyper surveillée, guidée soi-disant par le principe de plaisir et où évoluent des habitants étrangement déguisés en lapins géants et autres schtroumpfs, Zach fait ses premiers pas au cœur d’une justice humanoïde. Alors que le lecteur assiste aux débuts un brin chaotiques de Zach à l’Académie, le récit se perd dans différentes di-rections quelques peu inégales: les ébats amoureux de Zach, l’enquête de l’un de ses confrère et la vie de Niels, un jeune garçon déguisé en Justicier du Temps dont le rôle n’est pas tout à fait défini.

Les Règles du jeu (tome 1 de Urban) constitue l’introduction d’une série qui devrait compter jusqu’à six tomes. La multitude des thèmes traités rend sa lecture particulièrement enrichissante. Ces derniers sont tous plus actuels les uns que les autres; de l’abrutis-sement des masses au travail à la solitude dans la foule, la misère, le voyeurisme, la télé-réalité, etc. Si l’album n’apporte rien de nouveau en matière de réflexion sur ces thé-matiques, il a au moins le mérite de bien les présenter. L’opposition constante entre la violence d’un

système judiciaire omniprésent et l’ambiance toute tournée vers le plaisir sous toutes ses formes est particulièrement intéressante. Un univers qui semblait loin du nôtre par son futurisme poussé à l’extrême –et ce malgré la ressem-blance avec nos grandes mégalo-poles, leurs grands immeubles et leur foule– finit par y ressembler étrangement. Les images récur-rentes d’Alice au pays des merveilles, que l’on aurait pu croire symbo-lisant l’inlassable quête du plai-sir, sont en fait intimement liées à un système policier alarmant. L’omniprésence des écrans géants, la perte de toute intimité et l’état policier sont autant d’éléments qui provoqueront certainement chez les lecteurs attentifs une réflexion sur nos propres sociétés. Et tout cela est habilement mis en dessin par Roberto Ricci, dont le trait sûr sert le récit.

On regrettera toutefois que l’histoire ne soit pas davantage dé-veloppée. En effet, il est clair que ce premier tome pose les bases d’un récit qui pourra être de qualité, mais qui, pris indépendamment, il faut l’admettre, laisse le lecteur sur sa faim. Heureusement que les personnages qui se démarquent du récit sont tous dotés d’un certain charisme. On constate également que l’entité urbaine de Monplaisir, chaleureuse force destructrice qui étouffe tout libre-arbitre et toute liberté de pensée, semble elle-même se démarquer comme un personnage intriguant.x

Au cœur du plaisir

L’univers excentrique futuriste et désabusé d’Urban, dessiné par Ricci.

BANDE DESSINÉE

Annick Lavogiez Le Délit

Dans nos vies hyperac-tives et sous pression, dans nos esprits tou-

jours très occupés, dans notre imaginaire précipité, trois se-condes constituent un laps de temps auquel nous avons ten-dance à n’accorder que très peu d’importance. Il serait d’ailleurs sûrement bien délicat pour la majorité d’entre nous d’imagi-ner tout ce qui peut réellement se passer en si peu de temps. Quant à imaginer qu’une his-toire toute entière pourrait se dérouler en une si courte durée, cela semble pour le moins farfe-lu, voire simplement irréalisable.

Fidèle à son habitude de jouer avec les limites de la ban-de dessinée, c’est Marc-Antoine Mathieu qui a relevé récem-ment ce défi dans l’album Trois Secondes (Delcourt), offrant un aperçu de l’immensité des pos-sibles contenu dans un si court instant. «Trois secondes, le temps pour la lumière de par-courir 900  000 kilomètres, le temps pour une balle de revol-ver de couvrir un kilomètre. Le temps d’une respiration. Le temps d’une larme, d’une explo-sion, d’un sms.»

Pour nous rappeler que chaque instant a son impact

sur la vie et nous pousser à être attentif aux détails (et peut-être pour nous mystifier un peu?), l’auteur français a ainsi imaginé un récit qui se déroule de reflets en reflets, tel un zoom graphi-que sans fin, précisément dans cet espace-temps limité, prou-vant ainsi la faisabilité du pro-jet. En une soixantaine de pages à l’organisation identique (neuf cases en noir et blanc par page qui mettent en scène des ima-ges de plus en plus détaillées, zoomées), l’énigme muette Trois Secondes présente divers person-nages dont il appartient au lec-teur de comprendre les actions et les relations à force d’obser-vation attentive.

Défi époustouflant, fasci-nant –passons les adjectifs dont la presse s’est jusqu’ici délectée pour qualifier cet ouvrage–, cet album vient sans conteste d’une idée originale. Soumettre le lec-teur à une foule de détails, le for-cer à de multiples allers-retours entre des jeux de miroirs par-ticulièrement réussis est en soi une excellente idée. Découper une énigme dans l’extrême dé-tail, zoomer au ralenti jusqu’à la lune pour placer le lecteur dans la peau d’un inspecteur qui cherche un indice dans le reflet d’un reflet d’un reflet est sans conteste la confirmation que l’on peut encore faire preuve

d’une immense imagination en art. Pour cela, bravo à Mathieu, qui semble ici être de la trempe des génies.

Ceci étant dit, au-delà de l’idée, que reste-t-il, concrète-ment, dans les pages que l’on feuillette, avide de compren-dre une histoire pour le moins compliquée? Difficile à dire. Difficile de ne pas s’impatienter face à la complexité du récit: on aime travailler, certes, on aime réfléchir, certes, mais on appré-cie moins fermer un livre en se demandant comment résumer son histoire… qu’on a en fait pas compris. Aux questions: «Qui est le destinataire de la balle? Quel scandale secoue la presse? Qui est dans l’avion?», il est difficile de répondre après une lecture légère, un peu dé-sinvolte. Une deuxième, voire une troisième lecture s’impose pour saisir les subtilités d’un ré-cit peut-être pris au piège dans son défi. Les lecteurs patients et avides de provocation appré-cieront, enjoués par l’origina-lité d’un album qui ne peut pas laisser indifférent. Les autres se demanderont peut-être si nous ne sommes pas parfois un peu trop à l’affût d’une idée origina-le, oubliant sans doute de temps à autre ce qui fait aussi d’une histoire une bonne histoire: sa clarté.x

Quand l’idée dé-passe le récit

Gracieuseté des Éditions Delcourt

15Arts & Culturex le délit · le mardi 31 janvier 2012 · delitfrancais.com

Annick LavogiezLe Délit

Gracieuseté des éditions Futuropolis

Page 16: Le Délit

SPÉCIALISTES DESTÉLÉCOMMUNICATIONSAA

« Je cherchais une carrière qui m’offrirait la sécurité d’emploi. Ici, mon rôle consiste à tester et à garder les systèmes de télécommunications des équipes en parfait état. Maintenant, c’est leur sécurité qui est ma seule préoccupation. » Caporal JESSICA WALKER

TELECOMMUNICATIONS SPECIALISTS“ I was looking for a career that would offer job security. Here, I’m always in demand, testing and maintaining telecommunication systems for the team. Now, their security is my only concern.” Corporal JESSICA WALKER

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