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Docteur Christian Beyer Le Décodage dentaire Comprendre le sens de nos problèmes de dents (collection ABC)

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Docteur Christian Beyer

Le Décodage dentaireComprendre le sens de nos problèmes de dents

(collection ABC)

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Chapitre 1

La dent

Vous parler de décodage dentaire ne saurait se faire sans vous présenter en premier la star de l’histoire : la dent. Alors qu’elle est un élément commun à l’humanité, nous en savons

bien peu. Elle attire notre attention par ses douleurs, ses couleurs gênantes ou ses positions disgracieuses. Et souvent, elle n’a droit qu’à bien peu d’égards. Nous allons faire le tour de quelques idées fausses (du point de vue du dentiste que je suis) pour vous la présenter telle qu’elle est dans sa matière, sa structure et vous parler des rôles fon-damentaux qu’elle assume en secret au sein de la structure vivante. Bien que fastidieuse, cette présentation est néanmoins nécessaire, car comment vous faire entendre le décodage dentaire sans vous avoir au préalable expliqué la dent !

La dent, parure esthétiqueLa dent est trop facilement considérée comme une « chose », un objet, morceau du corps, de même valeur que les cheveux ou même les… ongles ! Ainsi, en tout premier lieu, les dents sont-elles artifices d’image de soi, outil d’approche de l’autre. Un joli sourire comme une belle coiffure sont des outils de relation sociale, d’ouverture à la relation, de facilitation. Est-ce faux de la considérer de cette façon ? Non, bien entendu… Nombreux sont ceux qui ont vécu une ouver-

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ture de leur cage d’isolement dont les barreaux étaient de « vilaines dents », mal placées, de teinte gênante, par un acte thérapeutique dentaire de restauration esthétique. Il n’est pas question de dire que ceci est « faux », seulement de préciser que la dent n’est pas « que » ça ! Cette approche d’outil de socialisation peut même être regar-dée comme une première émanation perçue de la valeur identitaire de la dent. Des dents mal placées, de couleur dérangeante, cariées et rebouchées plus que réparées, sont bien entendu associées à la même valeur de « soi » dans l’image identitaire. Mais la dent n’est pas dans sa fonction naturelle du vivant une parure, alors qu’elle le devient ! Presque tous les acteurs et artistes qui ouvrent la bouche en spectacle se sont fait refaire les dents de devant… Porcelaine blanche, alignement parfait sont ressentis comme nécessaires à la poursuite d’une carrière. Et nombreux parmi eux sont ceux qui, lors-qu’ils ouvrent la bouche, découvrent les dents du fond « abandon-nées », délaissées, parce qu’elles ne se voient pas ! De belles dents est donc important, mais pas essentiel ! C’est ce que je souhaite vous faire découvrir ici…

Un acte de nature « esthétique » ne peut être la motivation pre-mière et certes pas l’unique motivation de nos actes thérapeutiques. Ceci est indiqué dans notre code de déontologie… Une inter-vention à visée esthétique est une modification de  l’image de  soi, d’ailleurs l’accompagnement psychologique est de rigueur dans la chirurgie  esthétique  de  toute  autre  partie  du  corps. Or, modifier l’image de soi par un changement des dents est une atteinte des plus profondes de cette donnée psychologique. En refaisant des dents, très différentes de ce qu’elles sont « naturellement », c’est chan-ger d’identité, devenir un « autre ». Certains ne demandent que ça, d’autres ne s’y préparent pas… Tout est fonction du résultat obtenu, du résultat final, qui doit présenter un « gain » manifeste pour que le système accepte cet « autre » qu’il est devenu. La pratique du déco-dage dentaire m’a montré l’ampleur du stress grégaire et le besoin de reconnaissance de l’humain. La reconnaissance signifiant à la base que lorsqu’un des miens me croise dans la rue, il me reconnaisse ! Si un individu devient par trop « un autre », il y a ce danger fondamen-tal que les siens ne le reconnaissent plus. Mais, si un individu souhaite

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justement tourner le dos aux siens, alors l’acte est parfait ! En bref, ce n’est pas « ce qui » est fait qu’il faut condamner ou juger, mais porter son regard sur « qui » reçoit cet acte, un « qui » abordé dans la dimension psychologique et émotionnelle et non pas simplement sur un plan anatomique ou technique.

La dent objet est à ce point devenue la norme, que la base des soins dentaires est aujourd’hui sur la pente dangereuse de l’implan-tologie à tout va. Le métier de « dentiste », celui qui a pour mission de « soigner » les dents, devient un mécano de la bouche : extrac-tion et  implant vissé dans  l’os… On ne  soigne plus, on  remplace. Alors que l’implant était « la » solution quand il n’y en avait pas d’autre, il se généralise pour toute atteinte d’une dent, au mépris des enseignements fondamentaux de la dentisterie conservatrice… Ceci n’est pas une attaque contre les implants qui offrent un confort inégalable dans  les  cas de  vaste édentation ou pour « fixer » des prothèses complètes et donc gagner en confort de vie. C’est un refus de la tendance générale de l’implant systématique, car là n’est pas la mission de l’homme de l’art.

Nous le verrons avec précision plus avant, mais la dent est un organe à part entière du corps humain, une structure cristalline irri-guée par le sang. Et elle est si particulière qu’il est édifiant pour le professionnel que je suis de voir le peu d’attention qu’on lui consi-dère…

La dent, appui du corpsLa dent est aussi un outil de posture. Lorsque nous fermons la bouche, les dents inférieures viennent se poser contre les dents du maxillaire supérieur nous offrant un appui de stature. À l’instar des chevaux qui s’appuient sur leur mors, notre corps trouve un appui de verticalisation par l’occlusion dentaire. L’occlusion est donc l’en-semble des rencontres que peuvent réaliser les dents du maxillaire inférieur avec celles leur faisant face : les dents du maxillaire supérieur. Un ensemble de muscles masticateurs permettent cette rencontre, et leur action doit être isotonique entre le côté droit et le côté gauche. Cela signifie que les muscles droits et gauches se contractent 

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de la même manière, avec la même force et que les appuis dentaires réalisés leur confèrent la même longueur de contraction. Si cela est réalisé au moment où toutes les dents se touchent, alors l’occlusion est équilibrée. L’action des muscles masticateurs sur les muscles de la posture n’est plus à démontrer. Il semble même aujourd’hui sur-prenant qu’on ait pu ou qu’on puisse en douter ! Le corps humain est debout sur Terre, debout sur ses pieds. Les muscles de la posture sont ceux qui se contractent pour permettre et tenir cette position. Les appuis au niveau des pieds et leur observation sont très infor-matifs  des déséquilibres de posture. Or,  s’il  y  a déséquilibre,  90 % ont une origine dentaire. Les différences de longueur des membres inférieurs sont très fréquentes. Et hormis les suites de traumatismes avec fractures des membres inférieurs, toute différence de longueur est la conséquence d’une anomalie de l’occlusion dentaire. Ainsi, si l’observation de la dynamique occlusale révèle que les dents du côté gauche se touchent avant celles du côté droit, nous aurons en écho un raccourcissement de la jambe droite. Et si en plus le maxillaire inférieur doit pivoter dans son plan, alors il y aura aussi un pivo-tement du bassin… Bref, nombreuses sont les douleurs dorsales qui peuvent se soulager par une correction de l’occlusion. Pourtant, ceci n’est pas aussi simple que de meuler une pointe qui touche « trop ». L’occlusion doit être abordée comme partie intégrante de la dynamique de verticalisation et prendre en compte l’ensemble de la structure musculo-osseuse.

Cette vision « globale » du corps humain sur un plan simplement structurel et mécanique nous offre alors de pouvoir accepter que certains traitements d’orthodontie soient nécessaires. Si, lorsqu’il ferme la bouche, un enfant doit déplacer son maxillaire inférieur vers la droite ou la gauche afin que ses dents inférieures rencontrent les dents supérieures de manière stable, alors son dos va se torsader, se vriller… Et cela est un handicap pour son futur. Un traitement d’orthodontie va durer quelques mois ; un dos vrillé l’accompagnera toute sa vie ! Nous reparlerons plus loin de l’orthodontie sous le regard du décodage dentaire.

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La dent, outil de socialisationLors du phénomène d’élocution, c’est-à-dire lorsque l’on parle, les lèvres découvrent les dents de devant, celles dites du bloc inci-sivo-canin. Pendant de longues années, ce sont les dents du haut qui se découvrent, puis, sur le tard, celles du bas. Comme si l’on montrait aux autres notre dynamique de « devenir » dans nos jeunes années, puis notre dimension « devenue », ce qui est « advenu » de nous sur le tard, sur la fin de notre existence active au sein de la société. Les dents du haut, dans le bloc incisivo-canin, représentent notre capacité ou talent à se projeter dans le futur, dans l’avenir. Nous ne pouvons parler dans cette vision de « décodage dentaire », mais de psychomorphologie. Une littérature fournie en la matière exprime les liens entre la forme du visage, y compris celle des dents, et le caractère psychologique disponible ou manifeste de l’individu à son insu. Nous sommes là aux abords de l’inconscient, ce « ça » cher à Groddeck1, ensemble de données non sues, mais qui gèrent nos réactions aux choses du monde. Le mot « inconscient » aurait pu se traduire par « non su ». Le verbe savoir exprimant un ensemble de données intellectuellement disponibles, l’inconscient est alors l’en-semble des données existantes en nous, quelque part, mais sans que nous le sachions. Ces données agissent ainsi à notre insu, sans notre contrôle. Cela est clairement la définition de l’instinct ! Pourtant, loin de n’être qu’un instinct de survie animale, toute une portion de l’inconscient affecte la psyché et notre « devenir » humain, agissant alors dans la relation humaine.

Les dents du fond de la bouche, les groupes molaires et prémo-laires, ne se découvrent pas lors de l’élocution. Il faut pour ce faire soit chanter à gorge déployée, soit rire aux éclats ! Et si dans le mode habituel on ne les découvre pas, on trouve là l’écho de cet inconscient, cet obscur en nous que nous ne montrons pas à l’autre, vu que nous ne le connaissons pas nous-mêmes la plupart du temps ! Les molaires représentent en première image, les données fonda-trices de « qui nous sommes ». Ainsi, si les incisives peuvent être

1. Médecin et psychothérapeute allemand du milieu du xxe siècle

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présentées comme notre « pedigree », mémoires de « qui je suis » et « d’où je viens », les molaires sont les catalogues fondamentaux de ce que nous avons fait de nous. Car même né de deux parents, donc sachant de qui je suis, je peux faire de moi tout autre chose. Ce n’est pas parce que nous sommes « de » eux que nous serons « comme » eux ! Cette différence évolutive est la liberté humaine par rapport à l’animal. Né d’un couple de zèbres, jamais le futur zèbre ne saura vivre comme un aigle ! Notre dimension biologique corporelle, qui est le résultat de nos parents et de nos aïeux, ne sau-rait nous priver de devenir quelqu’un de différent avec notre outil mental… Ainsi, qui je suis est tout d’abord une mise en fonction de ce que je suis ! Toutes ces notions seront maintes fois revues au fil des pages, tant les dents nous offrent d’explorer notre carte identitaire. Mais continuons à les découvrir…

Anatomie de la dentL’organe dentaire, même s’il est présent dans toutes les bouches humaines, reste très peu connu de l’intellect humain ! Nous avons dû apprendre des théorèmes mathématiques, mais jamais nous n’avons mémorisé un « savoir » de nos dents ! Et avant de vouloir savoir ce que « disent » nos dents, commençons par apprendre ce qu’elles « sont ». Toutes les données à venir décrivent une « normalité ». La notion de normalité en médecine et en dentisterie est une déduc-tion statistique issue du nombre de cas observés. C’est cette « nor-malité » que nous allons décrire afin de nous éviter les répétitions des mots « normal(e) » et « normalement ». De plus, nous nous limiterons à la description des dents définitives, les dents de lait ayant fait l’objet d’un ouvrage spécifique2.

Lorsqu’un dentiste regarde une bouche, il la divise en quatre cadrans :

• Cadran 1 : cadran supérieur droit du patient, sa droite à lui.• Cadran 2 : cadran supérieur gauche, sa gauche à lui.

2. Christian Beyer, Les Dents de Lait, Éditions Chariot d’Or, 2009

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• Cadran 3 : cadran inférieur gauche• Cadran 4 : cadran inférieur droit.Remarque : le mot « cadran » utilisé ici fait référence aux cadres

que dessine cette division et non au « quart » que représente une division en quatre d’un ensemble, ce qui alors devrait s’écrire « qua-drant ».

Dans chacun de ces cadrans, chaque dent va elle aussi recevoir un numéro de 1 (incisive centrale) à 8 (dent de sagesse). Il faut ainsi se souvenir que chaque cadran comporte :

• Deux incisives par cadran (soit huit au total dans la bouche) : une incisive centrale (dent numéro 1) et une incisive latérale (dent numéro 2).

• Une canine (soit quatre au total) qui porte le numéro 3.• Deux prémolaires (soit huit au total) : une première prémo-

laire (dent 4) et une deuxième prémolaire (dent 5).• Deux molaires (soit huit au total) : la première molaire porte

le numéro 6 et la deuxième le numéro 7.• Une dent de sagesse (soit quatre au total) qui porte le

numéro 8.Remarque : vous trouverez page suivante le schéma annoté des

dents définitives.

Le nombre total de dents devant être présentes dans une bouche adulte est donc de trente-deux. Quelques remarques sont ici néces-saires :

• Pour donner un numéro à une dent, numéro nous permet-tant à la fois de savoir de quelle dent on parle et du cadran dans lequel elle est placée, on utilise deux chiffres : le premier désigne le cadran, de 1 à 4, et le second est le numéro de la dent, de 1 à 8. Ainsi, la dent 36 est la sixième dent du cadran numéro 3, et la dent 48 est la dent de sagesse inférieure droite

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(alors qu’il n’y a que 32 dents dans une bouche, nous voyons que certains numéros dépassent ce nombre !).

• Exception : cette numérotation n’est pas appliquée aux États-Unis où l’on compte les dents depuis la dent de sagesse supé-rieure droite jusqu’à la dent de sagesse inférieure droite, de droite à gauche et de haut en bas. La 18 devient ainsi la 1 et la 48 la 32…

• Les prémolaires définitives font suite aux molaires de lait. En effet, la denture lactéale ne comporte pas de prémolaires.

• La dent de sagesse est clairement individualisée par rapport aux deux autres molaires de son cadran, même si elle est issue du même germe primordial au niveau embryologique. Ce germe primordial se divisera ultérieurement en trois germes différentiés donnant naissance chacun à une molaire. La dent de sagesse est donc embryologiquement une molaire, nom-mée troisième molaire, mais totalement à part dans le cata-logue des  signifiés du décodage dentaire. Dans  la médecine chinoise qui associe les méridiens d’acupuncture aux dents, elle est posée sur quatre méridiens : Maître Cœur, Cœur, Intes-tin grêle et Triple Réchauffeur. Le décodage dentaire, ainsi que vous allez le découvrir au fil des pages, lui donne aussi un sens bien particulier…

• Il peut y avoir des dents dites agénésiques. Une agénésie est une absence du germe dentaire et donc une absence de la dent définitive en bouche, même sur une radiographie pano-ramique. Il ne faut pas confondre avec une dent incluse qui n’est pas présente en bouche, mais visible dans l’os sur une radiographie.

• Il peut y avoir des dents surnuméraires. Une dent surnuméraire est une dent « en plus » des trente-deux dents normales. Elle porte alors par tradition le numéro de la dent dont elle est le double et le signe « prime ». Par exemple : 22’.

• Le plus souvent et même selon une sorte de règle, la dent agénésique ou surnuméraire est toujours une dent terminale de sa famille. Ainsi seront touchées par l’une ou l’autre des

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particularités de nombre, les incisives latérales, la deuxième prémolaire et la dent de sagesse.

Il n’y a aucune règle pour l’expression du vivant : tout peut exister !

Lorsque les dents prennent place en bouche, elles se répartissent entre le maxillaire supérieur et le maxillaire inférieur. En fermant la bouche, en mordant, les dents du bas viennent à la rencontre des dents du haut. Cette dynamique se nomme « occlusion dentaire ». La normalité décrit les dents du bas en dedans des dents du haut. Cela peut se dire autrement : le maxillaire inférieur est l’élément en mouvement et il doit être guidé dans ses déplacements. Ainsi, les dents du haut toujours par-dessus et en dehors de celles du bas guident et accompagnent les mouvements. L’étude de ces dits mou-vements se nomme l’occlusodontie. Nous avons déjà parlé de cet aspect et nous le retrouverons plus avant dans le livre. Revenons ici à la dent de manière plus focalisée…

Le cristal dentaireLa dent est un « organe » à part entière. Comme tous les organes du corps humain, elle est vascularisée et innervée. Elle n’est pas un phanère (à l’instar des ongles et des cheveux), mais bel et bien un organe ! Elle est pourtant en dehors de toutes les logiques médi-cales : nous pouvons survivre sans nos dents ! Sans doute est-ce ce trait particulier qui a placé le dentiste en dehors de la caste des médecins, plus proche de celles des mécaniciens… Pourtant, la dent est certes unique en son genre, mais ô combien précieuse !

Sa première particularité au sein de la structure biologique est d’être  un  cristal. Oui,  la  dent  est  un  cristal !  L’émail  et  la  dentine, ainsi que l’os, sont composés de cristaux d’hydroxyapatite. La struc-ture cristalline en mode hexagonal lui confère au niveau de l’émail une dureté supérieure à celle de l’acier. C’est pourquoi le dentiste emploie des fraises diamantées ou en carbure de tungstène pour « tailler » une dent. Dans le corps humain, il s’agit d’un composé hydroxylé de l’apatite, minéral qui existe à l’état naturel, de couleur blanche, jaune ou verte voire même marron. La racine grecque apa-

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tame veut dire tromper, car ces cristaux naturels ressemblent au dia-mant, mais n’ont pas du tout la même valeur commerciale ! Cepen-dant, en tant que cristal, émail et dentine en comportent toutes les propriétés physiques, dont celle de produire de l’électricité…

Émail et dentine fabriquent de l’électricité selon les règles et les lois de la physique : le glissement des cristaux les uns contre les autres produit une charge électrique de nature statique, comme une règle plastique frottée sur un tissu. La physique et ses lois s’appli-quant à toute matière, la dent n’y échappe pas. Du côté de l’émail dentaire, la couche externe dure, c’est la température des aliments qui va agir : le froid d’une glace entraîne une contraction de structure produisant des frottements qui eux-mêmes se traduisent par une charge électrique. La chaleur du repas, d’une boisson entraîne au contraire une dilatation, avec les mêmes conséquences. Du côté de la dentine, l’onde de choc du sang à l’intérieur de la chambre pulpaire va tout autant produire des glissements de cristaux, la dentine étant bien plus « tendre » que l’émail, et favoriser la charge statique de la structure cristalline. Quel intérêt peut-il y avoir pour la structure vivante ? C’est la médecine chinoise qui nous apporte la réponse, au travers de l’acupuncture.

La médecine chinoise détermine l’organe dentaire « nourrit » par l’énergie du méridien Rein, dans une notion intérieure au corps. En même temps, elle accouple chaque dent à un méridien, dans un lien cette fois-ci extérieur à la dent, sachant que tous les méridiens se retrouvent sur la face interne des joues et des lèvres. Cette étrange disposition fait correspondre chaque dent à une sorte d’aiguille permanente d’acupuncture, capable de communiquer au système énergétique sa charge électrique. Ainsi, si le corps est parcouru en surface externe par les méridiens d’acupuncture, lui permettant un échange énergétique avec le monde extérieur, le système est aussi en lien avec la « qualité » et la « quantité » énergétique disponible à l’intérieur du même système. Notre corps peut ainsi être maintenu en équilibre par rapport à cette interface entre l’intérieur et l’exté-rieur, interface que représente l’être humain constitué d’un corps et d’un esprit. Il existe plusieurs schémas d’association des méridiens d’acupuncture avec les dents, et vous trouverez ci-contre la réparti-

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tion que j’ai utilisée de manière systématique durant mon exercice professionnel. Cette correspondance dents-méridiens d’acupuncture m’a permis de donner une importance « thérapeutique » à la charge électrique fournie par l’organe dentaire. Et de là, de comprendre la nuisance potentielle de la présence en bouche de systèmes galva-niques, systèmes réalisés par la présence de métaux différents dans le liquide salé que représente la salive. Nous en venons par là à envi-sager les amalgames dentaires.

Les effets galvaniques des métauxLors de l’écriture de ma thèse en dentisterie, en vue de l’obtention de mon doctorat nécessaire à la pratique depuis 1976, j’étais déjà sensibilisé et même enseigné en homéopathie et en acupuncture (données rudimentaires bien entendu !). Devant disserter sur la pré-sence de métaux en bouche et sur le bien-fondé de l’utilisation des amalgames dentaires, j’ai parcouru une grande quantité de rapports et d’études de recherches « scientifiques » à ce sujet. La moitié de ces études donnait l’amalgame dentaire comme non dangereux, et l’autre moitié comme produit nocif. Mais toutes ces études étaient axées sur la composition chimique des amalgames, et jamais sur l’aspect électro-galvanique du produit ! Or,  là est me semble-t-il  le « fondamental » de la nocivité éventuelle de l’amalgame dentaire. Dans notre tête, à quelques centimètres des racines des molaires supérieures, se trouve le cortex cérébral. Composé de neurones, il nous permet la conceptualisation du monde, l’intellectualisation de  la  vie,  et  la  pratique  de  l’analyse  binaire  des  événements  afin de procéder au choix optimum en  termes de  survie. Or, pour ce faire, les neurones se connectent les uns aux autres pour former des « assemblées neuronales » à l’aide de courant électrique d’environ 11 mV. Ce sont ces connexions électriques qui nous permettent la pensée… La dent produit à l’état naturel et sans la présence d’aucun soin dentaire, un courant de l’ordre de 200mV. Un courant élec-trique produit un champ électrique et un autre qui lui est associé de nature électromagnétique. La compétition entre ces champs est évidente. Compétition, mais aussi à l’état naturel, discours, échanges, communications par interaction ! Les fabricants de systèmes minia-

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turisés comme les téléphones portables, connaissent parfaitement le problème d’interaction des champs électromagnétiques générés par les différents composants et doivent procéder au blindage des plus productifs… Dans la bouche, la présence d’un amalgame den-taire dans le milieu salivaire produit une pile électrique, ainsi que le découvrit le physicien John Daniell en 1836 en plongeant une plaque de cuivre et une autre de zinc dans un  liquide salé ! Or, un amal-game dentaire est composé d’argent, de cuivre, d’étain, de zinc et de mercure. L’ensemble de la littérature alarmiste se contente de fustiger l’élément chimique qu’est le mercure, à tort ou à raison, là n’est pas le sujet. Or, il semble que la présence de courants élec-triques de nature galvanique pose bien plus de troubles au système, et étrangement, seulement dans certains cas ainsi que le décodage dentaire nous l’expliquera plus avant… Ces données ont été lar-gement étudiées dans mon ouvrage paru aux éditions du Chariot d’Or en 2006, Décodage dentaire, ce que disent les dents des hommes. Disons ici simplement que la présence de courants électriques au niveau buccal va entraîner au niveau mental des sphères de tensions. Si nous considérons qu’une zone donnée du cerveau « traite » un certain type d’adaptation avec l’environnement, qu’elle analyse et tente de trouver une solution par rapport à un problème humain précis, si cette zone en question est en lien avec une dent porteuse du générateur électrique, il peut y avoir interaction néfaste pour le bon déroulement du fonctionnement du système cognitif. Or, trou-ver une solution à un problème est LE rôle du mental humain. Nous pouvons ainsi comprendre que parmi l’ensemble des amalgames dentaires présents dans une bouche, seuls certains et qui plus est, à certains moments, peuvent poser problème ! Le décodage den-taire, qui associe chaque dent à une portion fonctionnelle du mental humain, permet de comprendre quand telle dent est associée à un stress existentiel et s’il convient d’en déposer l’éventuelle obturation métallique. Dans certains cas, la présence d’une obturation métal-lique galvanique s’est révélée comme une obstruction au bon fonc-tionnement « déductif » et « analytique » du mental de l’individu, provoquant une augmentation de l’effet de stress lié à la recherche de solution à un problème. Qui plus est, la dent est le miroir de l’in-

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conscient et non de l’attention éveillée. Ainsi, dans un théâtre conflic-tuel, c’est la lecture inconsciente du problème qui se trouve aggravée par la charge électrique de la dent, et c’est là que le décodage den-taire offre son meilleur atout : mettre des mots justes sur la charge inconsciente. Déposer (donc enlever) une obturation métallique sur une dent associée à la zone du mental qui traite un problème actif et conflictuel, c’est débarrasser le ciel de l’esprit d’un nuage d’orage… On règle mieux nos histoires sous un ciel bleu qu’en plein orage !Vous entrevoyez déjà ici une spécificité du décodage dentaire : ne 

pas entrer dans une observation matérielle du monde, mais dans une conception mentale et donc d’esprit de l’humain. L’emploi de l’outil du décodage dentaire nous demande d’appréhender la vie et l’existence sous l’aspect « virtuel » de la pensée. De ce fait, il a été fondamental pour moi de poser mon regard sur les images et d’ou-vrir mes oreilles aux mots de la neurologie, de la psychologie et de la neuropsychologie. Et si la dent est bel et bien un organe du corps humain, de la dimension biologique, elle est aussi de par sa nature en lien avec la dimension « spirituelle » de l’individu, ce qui signale sa dimension d’esprit, sa portion de psyché associée au fonctionnement des neurones, totalement biologiques pour leur part. C’est pourquoi, bien plus que de savoir si le mercure est ou n’est pas « dangereux » pour l’organisme (ce qui semble évident à dose pondérale mais dis-cutable et discuté à dose dentaire), le décodage dentaire observe la dent obturée et son association avec la sphère d’esprit en charge de résoudre un conflit relationnel dans l’instant présent de l’individu.

Trois rôles fondamentauxDevant la nature double de la dent, organique avec son nerf, son artère et sa veine à l’intérieur de la chambre pulpaire d’une part, et cristalline avec son émail et sa dentine d’autre part, nous pou-vons comprendre que la dent nous offre un accès à cette étonnante structure duale de l’être humain : un corps et un esprit ! Toutes les lois médicales, universitaires nous apportent un savoir-faire permet-tant de maintenir l’organe dentaire intégré dans le corps humain, dans un état de santé propice à y jouer son rôle. Ce rôle est en tout

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premier lieu de mastiquer les aliments. Le broyage que réalisent les molaires permet de réduire l’unité de volume du bol alimentaire et de le mélanger à la salive qui va préparer la digestion des aliments au niveau de l’estomac et l’absorption des nutriments au niveau de l’intestin. Ce rôle masticatoire est le premier dans l’ordre des fonda-mentaux de la dent. Pourtant, l’animal humain est le seul à ne pas être soumis à la mort s’il perd ses dents. Car, depuis des millénaires, entre les aliments et la bouche de l’homme se placent les mains. La main est alors un outil de transformation des aliments bruts en une structure mise en bouche. Cela se nomme l’art culinaire ! Même dépourvu de dents, l’animal humain peut transformer le bol alimen-taire avant l’espace buccal en une pâte assimilable, et donc se nourrir et survivre.

Le deuxième rôle fondamental des dents est d’offrir un point d’ap-pui physique à la structure verticalisée du corps. Ainsi que nous l’avons explicité plus avant, ce point d’appui est important pour l’équilibre dorsal. Toute modification de l’équilibre d’occlusion va se répercuter sur l’axe vertébral au travers d’une modification de contraction des chaînes musculaires. Lors de la rencontre des dents du bas avec celles du haut, les muscles se contractent et doivent le faire de manière symétrique entre droite et gauche. Dans le cas d’une dent « trop haute » d’un seul côté de la bouche, les muscles doivent corriger ce déséquilibre et forcer du côté opposé pour amener les dents en contact. Par exemple, si une dent est « plus haute » à gauche, lors de la fermeture de la bouche, elle va toucher toutes les autres avant. Le côté droit va rester dans le vide. Le système ne pouvant trouver là position d’équilibre, les muscles du côté droit vont continuer à se contracter pour amener les dents droites en contact. On a alors une contraction asymétrique, qui n’est plus ni isométrique, ni isotonique. Cette différence de contraction va se répercuter sur l’ensemble des chaînes musculaires de la stature et entraîner une courbure dorsale, une bascule du bassin et la rétraction de longueur d’une des deux jambes.  Le  réflexe  classique de  la  semelle orthopédique est  alors une erreur, puisque le problème vient de l’occlusion dentaire… L’oc-clusion harmonieuse des maxillaires est un véritable point d’appui de toute la structure. Et c’est cette occlusion qui permet d’exploiter

La dent

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100 % de la puissance musculaire. C’est ce qui explique la confec-tion personnalisée des protège-dents des joueurs de football amé-ricain… Leurs maxillaires sont placés en position équilibrée pour que leurs muscles délivrent toute la puissance disponible à partir des appuis dentaires.

Un troisième rôle fondamental de cette dualité structurelle nous est révélé par la médecine chinoise et sa spécialité qu’est l’acupu-ncture. Cette approche décrit l’existence de méridiens, au nombre de douze principaux, répartis à droite et à gauche sur le corps. On retrouve la présence de ces mêmes méridiens sur la face interne des joues et des lèvres, chaque méridien y étant apposé « contre » une dent (voir page 25). La nature électrique de l’organe dentaire décrite ci-dessus révèle ici son utilité dans ce système : les méri-diens véhiculent une tension électrique, un courant, qui trouve en bouche, au contact des dents, un apport endogène d’électricité. Le système reçoit un apport électrique extérieur par les méridiens cutanés, et un apport interne au niveau des dents. La santé étant une recherche et un maintien d’équilibre, ceci nous montre le besoin de l’humain d’être en équilibre au sein de son milieu… Et si les méridiens externes assurent l’équilibre du corps humain dans son monde, il faut alors admettre que les méridiens placés au contact des dents gèrent l’équilibre d’une autre dimension : l’esprit. La philoso-phie chinoise considère le Ciel comme une matrice, et se faisant, elle exprime son intérêt pour cette partie vibratoire en nous, cette don-née « énergétique » de l’humain que représente l’esprit. La véritable médecine chinoise est bien plus intéressée par l’équilibre de l’esprit dans le corps, que par l’équilibre du corps dans le monde, au sein du biotope. Et pourtant, elle sait que de ce dernier besoin dépend le premier, et vice et versa !

Table des matières

Introduction .................................................................................................................9

Chapitre 1La dent ........................................................................................13La dent, parure esthétique ............................................................................ 13La dent, appui du corps ................................................................................... 15La dent, outil de socialisation ....................................................................... 17Anatomie de la dent ......................................................................................... 18Trois rôles fondamentaux .............................................................................. 27La dent et le cerveau ....................................................................................... 30Questions récurrentes sur les dents........................................................ 32

Chapitre 2La dent et le cortex ....................................................................41

Chapitre 3Le décodage dentaire, pourquoi et comment .......................59

Chapitre 4Chronologie d’éruption dentaire et développement psychique ..................................................83De zéro à trois ans ............................................................................................ 84De six à douze ans ............................................................................................ 90De douze à dix-huit ans.................................................................................. 97À dix-huit ans ..................................................................................................... 102

Chapitre 5Le décodage dentaire dent par dent .................................... 107Les incisives ......................................................................................................... 109Les canines ........................................................................................................... 122Les prémolaires ................................................................................................. 133La première molaire ....................................................................................... 150La deuxième molaire ..................................................................................... 161La dent de sagesse .......................................................................................... 170

Chapitre 6Le décodage des maladies parodontales ........................... 179La méprise microbienne .............................................................................. 181La confusion identitaire ................................................................................ 184Parallèles entre l’ego et les dents ........................................................... 188La maladie parodontale généralisée ..................................................... 192Les pertes osseuses localisées ................................................................. 196Les problèmes de gencive .......................................................................... 199Les arthrites dentaires .................................................................................. 202Le déchaussement dentaire ....................................................................... 203Synthèse des maladies parodontales .................................................... 204

Chapitre 7Questions-réponses autour du décodage dentaire .......... 207Les conséquences d’une extraction dentaire .................................. 207Anomalies du nombre des dents ........................................................... 210Anomalie de place .......................................................................................... 214Persistance des dents de lait ..................................................................... 218Les fractures dentaires .................................................................................. 220

Chapitre 8Le décodage dentaire, outil de connaissance de soi ......... 227Axes de dualité ................................................................................................. 2303 ans et le plan horizontal .......................................................................... 2316 ans et le plan vertical ................................................................................ 23512 ans et le plan frontal ............................................................................... 23818 ans et l’ultime dualité .............................................................................. 2423 ans ........................................................................................................................ 2456 ans ........................................................................................................................ 24912 ans ..................................................................................................................... 25318 ans ..................................................................................................................... 258

Conclusion .............................................................................................................. 263Bibliographie .......................................................................................................... 265Remerciements .................................................................................................... 267