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Le Monde des livres Le culot de Russell Banks Supplément Vendredi 23 mars 2012 - 68 e année - N°2o8g3 - 1,50 € - France métropolitaine - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz Mohamed Merah, itinéraire d'un djihadiste La dérive radicale d'un gamin des cités Portrait C 'est l'histoire d'un petit délinquant fanatisé par l'is- lam et la violence. L'histoire d'un gamin de cité devenu l'enne- mi public numéro un après avoir froidement assassiné sept person- nes, dont trois jeunes enfants, à Toulouse et à Montauban. Moha- med Merah, 23 ans, yeux rieurs et large sourire, est un garçon coquet, qui aime les Lacoste et les montres. Il est aussi ce jeune hom- me peu mature, au chômage, capa- ble de passer des heures devant des vidéos de décapitation. L'ENQUêTE D'EMELINE CAZI, ARIANE CHEMIN, YVES BORDENAVE ET JACQUES FOLLOROU P . 2 e t 3 Les 31 heures d'un siège hors norme Récit Une capture d'image de Mohamed Merah issue d'une vidéo amateur. FRANCE 2/AFP U n jour gris et pluvieux s'est levé, jeudi 22 mars, sur Tou- louse, dans un silence inquiétant. Mohamed Merah avait assuré la veille qu'il se ren- drait à 22 h 45, mais quand les poli- ciers ont repris contact avec lui, « il est alors entré dans une nouvelle logique, a expliqué Claude Guéant, le ministre de l'intérieur, sur RTL, u ne logique de ruptu re. Il a indiqué qu'il voulait mourir les armes à la main». Et puis plus rien. Deux coups de feu ont été entendus dans la nuit. LAURENT BORREDON, FRANCK JOHANNèS ET SOREN SEELOW Lire la suite page 4 PRéSIDENTIELLE 2012 Après la tragédie, le tournant de la campagne POLÉMIQUE Terminée, l'« union nationale ». Les attaques ont repris. Chaque candidat accuse l'autre d'instrumentalisation. TACTIQUE Se sentant conforté dans le rôle de président qui protège, Sarkozy ne renoncera pas à « droitiser » son discours. ENJEU Le déficit de la Sécurité sociale apparaît comme l'urgence oubliée des débats. « Le Monde » a interpellé les candidats. RECUL François Hollande fait un pas en arrière sur les questions d'aide à la procréation. Pages 6 à 8,15 et 16 Au Sahel, sortir de l'urgence humanitaire ne nouvelle crise alimen- taire menace les pays du Sahel. Comme en 2005, 1 comme en 2010. Les pluies ont été "J2 capricieuses, les récoltes médio- ;KI cres, voire, dans certaines régions, -^ catastrophiques. Pourtant, la plu- part des marchés sont correcte- •o. ment approvisionnes, les com- 2^ merçants ont fait des stocks, pour ~r-- pouvoir les écouler quand les prix g^ seront au plus haut, o* Parallèlement, avec plusieurs mois d'avance, la « période de sou- dure » a commencé pour des mil- LO liers de familles vulnérables : elles i—î ont déjà épuisé leurs réserves ali- °^ mentaires, alors que les prochai- o nés récoltes ne sont attendues ^ qu'en septembre. La hausse des s^ prix des céréales leur barre l'accès ZD aux marchés et à la nourriture. Leur survie dépend désormais des dispositifs de soutien mis en place parles Etats, ainsi que de la mobili- sation de la communauté interna- tionale. Comme d'habitude, hélas ! Cette crise, que les acteurs de terrain préfèrent qualifier de « cri- se de la pauvreté», souligne les limites de la logique de l'urgence. Même si certains gouvernements, notamment celui du Niger, les agences des Nations unies et les organisations non gouvernemen- tales (ONG) ont tiré les leçons du passé et réagi rapidement afin de prendre des mesures d'atténua- tion des ravages de la crise, celle-ci Editorial laissera les populations encore plus épuisées, encore plus vulné- rables au prochain choc, car il y en aura d'autres. «L'argent qui rentre ne sert qu gérer les crises. Ilfaut changer de paradigme », entend-on de plus en plus du côté des ONG. Comme « développement » sem- ble être devenu un gros mot, on parle maintenant de « construire la résilience des populations », de « s'attaquer aux causes structurel- les » de ces crises à répétition. On en parle, mais les bailleurs de fonds ne suivent pas. En Ethio- pie, le Programme alimentaire mondial (PAM), l'agence humani- taire des Nations unies, finance un programme de restauration des sols dont l'objectif est d'aider les populations à être en mesure d'encaisser les crises à venir et à s'adapter aux effets du change- ment climatique. Son budget est relativement modeste : 171ml- lions d'euros par an. Pourtant, le PAM ne parvient pas à trouver les donateurs pour le boucler. Cela semble irrationnel, mais la communauté internationale continue de préférer dépenser Le regard de Plantu •=>_ fAANlïv. plus pour protéger moins : selon Jan Egeland, l'ancien coordonna- teur humanitaire des Nations unies, alors qu'un dollar par jour investi dans la prévention aurait permis d'éviter à un enfant nigé- rien de souffrir de malnutrition aiguë lors de la crise de 2005, il a fallu en dépenser 80 par jour pour sauver ce même enfant dans le cadre des opérations d'urgence. Il est plus que temps de repen- ser les principes mêmes des inter- ventions humanitaires. Celles-ci ne peuvent plus se contenter de traiter les conséquences sans se pencher sur les causes. Mais cela ne pourra se faire que si, parallèle- ment, les Etats concernés déci- dent de soutenir véritablement leur agriculture. Ils s'étaient enga- gés, en 2003, à lui consacrer au moins 10 % de leur budget. Trop peu ont tenu leur promesse. • Lire page 13 Les résultats exceptionnels d'Hermès L e groupe de luxe français a annoncé, jeudi 22 mars, un bénéfice net historique de 594 millions d'euros, en hausse de 40,9 % en 2011 par rapport à 2010. Les ventes ont été stimulées par l'Amérique et l'Asie. Hermès et ses sous-traitants multiplient les investissements et les embauches. C'est le cas, par exemple, du sec- teur de la soie, pour lequel le grou- pe dispose de cinq sites en Rhône- Alpes. Au Grand-Lemps (Isère), l'usine qui imprime les célèbres « carrés » va embaucher une qua- rantaine d'ouvriers très spéciali- sés. A Bourgoin-Jallieu, le site qui abritait Photowatt a été racheté par Hermès pouraccueillirde nou- velles activités. Lire page 17 Les abstentionnistes, arbitres de l'élection ? DéBAT Face à une campagne électorale jugée décevante, les aquoibonistes et les « résignés » gagnent du terrain. Des défenseurs du vote blanc aux adeptes de l'abstention, réflexions sur les raisons de voter... ou pas. Pages 22-23 Uncoupd'l renverse le pouvoir malien BAMAKO Dans la nuit du mer- credi 21 au jeudi 22 mars, des militaires ont renversé le chef de l'Etat, Amadou Toumani Touré. Le Mali n'a pas résisté à l'onde de choc née du terroris- me islamique, de la révolution libyenne et de la rébellion touareg. P. 10 LES JOURS DU 14 AU 24 MARS <i^ liste des magasins sur www.clnna.fr TM Cinna Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 €, Antilles-Guyane 2,00 €, Autriche 2,40 €, Belgique 1,50€, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d'Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00€Tinlande 2,80 €, Gabon 1600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50£, Grèce 2,20 €, Hongrie 750 HUFJrlan^ Maroc 12 DH, Norvège28KRN, Pays-Bas 2,20€, Portugal cont. 2,00€, Réunion 2,00€, Sénégal 1600 F CFA, Slovénie2,20€, Suède35 KRS, Suisse3,20CHF,TOM Avion380XPF,Tunisie2,00 DT,Turquie6,50 TL,USA3,95$, Afrique CFAautres 1600 F CFA,

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Le Monde des livres Le culot de Russell Banks Supplément

Vendredi 23 mars 2012 - 68e année - N°2o8g3 - 1,50 € - France métropolitaine - www.lemonde.fr — Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz

Mohamed Merah, itinéraire d'un djihadiste La dérive radicale d'un gamin des cités

Portrait

C 'est l'histoire d'un petit délinquant fanatisé par l'is­lam et la violence. L'histoire

d'un gamin de cité devenu l'enne­mi public numéro un après avoir froidement assassiné sept person­nes, dont trois jeunes enfants, à Toulouse et à Montauban. Moha­med Merah, 23 ans, yeux rieurs et large sourire, est un garçon coquet, qui aime les Lacoste et les montres. Il est aussi ce jeune hom­me peu mature, au chômage, capa­ble de passer des heures devant des vidéos de décapitation. •

L'ENQUêTE D'EMELINE CAZI, ARIANE CHEMIN, YVES BORDENAVE

ET JACQUES FOLLOROU P. 2 e t 3

Les 31 heures d'un siège hors norme

Récit

Une capture d'image de Mohamed Merah issue d'une vidéo amateur. FRANCE 2/AFP

U n jour gris et pluvieux s'est levé, jeudi 22 mars, sur Tou­louse, dans un silence

inquiétant. Mohamed Merah avait assuré la veille qu'il se ren­drait à 22 h 45, mais quand les poli­ciers ont repris contact avec lui, « il est alors entré dans une nouvelle logique, a expliqué Claude Guéant, le ministre de l'intérieur, sur RTL, u ne logique de ruptu re. Il a indiqué qu'il voulait mourir les armes à la main». Et puis plus rien. Deux coups de feu ont été entendus dans la nuit.

LAURENT BORREDON, FRANCK JOHANNèS ET SOREN SEELOW

• Lire la suite page 4

PRéSIDENTIELLE 2012 Après la tragédie, le tournant de la campagne POLÉMIQUE Terminée, l'« union nationale ». Les attaques ont repris. Chaque candidat accuse l'autre d'instrumentalisation.

TACTIQUE Se sentant conforté dans le rôle de président qui protège, Sarkozy ne renoncera pas à « droitiser » son discours.

ENJEU Le déficit de la Sécurité sociale apparaît comme l'urgence oubliée des débats. « Le Monde » a interpellé les candidats.

RECUL François Hollande fait un pas en arrière sur les questions d'aide à la procréation. Pages 6 à 8,15 et 16

Au Sahel, sortir de l'urgence humanitaire ne nouvelle crise alimen­taire menace les pays du Sahel. Comme en 2005,

1 comme en 2010. Les pluies ont été "J2 capricieuses, les récoltes médio-;KI cres, voire, dans certaines régions, -^ catastrophiques. Pourtant, la plu­

part des marchés sont correcte-•o. ment approvisionnes, les com-

2 ^ merçants ont fait des stocks, pour ~r-- pouvoir les écouler quand les prix g ^ seront au plus haut,

o* Parallèlement, avec plusieurs mois d'avance, la « période de sou­dure » a commencé pour des mil-

LO liers de familles vulnérables : elles i—î ont déjà épuisé leurs réserves ali-°^ mentaires, alors que les prochai-o nés récoltes ne sont attendues ^ qu'en septembre. La hausse des

s^ prix des céréales leur barre l'accès ZD aux marchés et à la nourriture.

Leur survie dépend désormais des dispositifs de soutien mis en place parles Etats, ainsi que de la mobili­

sation de la communauté interna­tionale. Comme d'habitude, hélas !

Cette crise, que les acteurs de terrain préfèrent qualifier de « cri­se de la pauvreté», souligne les limites de la logique de l'urgence. Même si certains gouvernements, notamment celui du Niger, les agences des Nations unies et les organisations non gouvernemen­tales (ONG) ont tiré les leçons du passé et réagi rapidement afin de prendre des mesures d'atténua­tion des ravages de la crise, celle-ci

Editorial laissera les populations encore plus épuisées, encore plus vulné­rables au prochain choc, car il y en aura d'autres.

«L'argent qui rentre ne sert qu 'à gérer les crises. Il faut changer de paradigme », entend-on de

plus en plus du côté des ONG. Comme « développement » sem­ble être devenu un gros mot, on parle maintenant de « construire la résilience des populations », de « s'attaquer aux causes structurel­les » de ces crises à répétition.

On en parle, mais les bailleurs de fonds ne suivent pas. En Ethio­pie, le Programme alimentaire mondial (PAM), l'agence humani­taire des Nations unies, finance un programme de restauration des sols dont l'objectif est d'aider les populations à être en mesure d'encaisser les crises à venir et à s'adapter aux effets du change­ment climatique. Son budget est relativement modeste : 171ml-lions d'euros par an. Pourtant, le PAM ne parvient pas à trouver les donateurs pour le boucler.

Cela semble irrationnel, mais la communauté internationale continue de préférer dépenser

Le regard de Plantu

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fAANlïv.

plus pour protéger moins : selon Jan Egeland, l'ancien coordonna-teur humanitaire des Nations unies, alors qu'un dollar par jour investi dans la prévention aurait permis d'éviter à un enfant nigé­rien de souffrir de malnutrition aiguë lors de la crise de 2005, il a fallu en dépenser 80 par jour pour sauver ce même enfant dans le cadre des opérations d'urgence.

Il est plus que temps de repen­ser les principes mêmes des inter­ventions humanitaires. Celles-ci ne peuvent plus se contenter de traiter les conséquences sans se pencher sur les causes. Mais cela ne pourra se faire que si, parallèle­ment, les Etats concernés déci­dent de soutenir véritablement leur agriculture. Ils s'étaient enga­gés, en 2003, à lui consacrer au moins 10 % de leur budget. Trop peu ont tenu leur promesse. •

Lire page 13

Les résultats exceptionnels d'Hermès

L e groupe de luxe français a annoncé, jeudi 22 mars, un bénéfice net historique de

594 millions d'euros, en hausse de 40,9 % en 2011 par rapport à 2010. Les ventes ont été stimulées par l'Amérique et l'Asie. Hermès et ses sous-traitants multiplient les investissements et les embauches. C'est le cas, par exemple, du sec­teur de la soie, pour lequel le grou­pe dispose de cinq sites en Rhône-Alpes. Au Grand-Lemps (Isère), l'usine qui imprime les célèbres « carrés » va embaucher une qua­rantaine d'ouvriers très spéciali­sés. A Bourgoin-Jallieu, le site qui abritait Photowatt a été racheté par Hermès pouraccueillirde nou­velles activités. • Lire page 17

Les abstentionnistes, arbitres de l'élection ? DéBAT Face à une campagne électorale jugée décevante, les aquoibonistes et les « résignés » gagnent du terrain. Des défenseurs du vote blanc aux adeptes de l'abstention, réflexions sur les raisons de voter... ou pas. Pages 22-23

Uncoupd'l renverse le pouvoir malien

BAMAKO Dans la nuit du mer­credi 21 au jeudi 22 mars, des militaires ont renversé le chef de l'Etat, Amadou Toumani Touré. Le Mali n'a pas résisté à l'onde de choc née du terroris­me islamique, de la révolution libyenne et de la rébellion touareg. P. 10

LES JOURS DU 14 AU 24 MARS

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• TM

Cinna Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 €, Antilles-Guyane 2,00 €, Autriche 2,40 €, Belgique 1,50€, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d'Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00€Tinlande 2,80 €, Gabon 1600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50£, Grèce 2,20 €, Hongrie 750 HUFJrlan^

Maroc 12 DH, Norvège28KRN, Pays-Bas 2,20€, Portugal cont. 2,00€, Réunion 2,00€, Sénégal 1600 F CFA, Slovénie2,20€, Suède35 KRS, Suisse3,20CHF,TOM Avion380XPF,Tunisie2,00 DT,Turquie6,50 TL,USA3,95$, Afrique CFAautres 1600 F CFA,