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LE CODE SACRÉ DU TAROTLA REDÉCOUVERTE DE LA NATURE ORIGINELLE

DU TAROT DE MARSEILLE

par Wilfried HOUDOUIN

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION

I - LE TAROT, SON ORIGINE ET SA SIGNIFICATION

• Différentes Hypothèses émises sur le Tarot

• Le Tarot revelé par sa Véritable Étymologie

• Le Tarot comme Arbre Universel

II - LA STRUCTURE COSMOLOGIQUE DU TAROT DE MARSEILLE

• Le Cube de Métatron

• Les Solides “de Platon” et les Cinq Éléments du Tarot

• Le Cube Spatial et les 78 Lames du Tarot

• Le Cube Spatial et les Cinq Groupes du Tarot

• La cohérence du Tarot confirmée par les Nombres

III - LA CONCEPTION GRAPHIQUE DU TAROT DE MARSEILLE

• La Matrice Fractale de l’Arcane

• La Géneration Graphique des Cartes dans la Géométrie Sacrée

• Le Cadre, les Chiffres et les Lettres du Tarot de Marseille

• Le Dos des Lames, dit “Tarot” ou “Tarotage”

• Les Couleurs du Tarot dans le Spectre Lumineux

• La Symbolique Traditionnelle des Couleurs

corroborée par la Science Actuelle

• La Symbolique des Couleurs du Tarot de Marseille

IV - LE TAROT DE MARSEILLE ET LA SCIENCE TRADITIONNELLE SACRÉE

• Les Codes Traditionnels de l’Art et de la Science Sacrés

V - LES 22 ARCANES MAJEURS DU TAROT DE MARSEILLE

EDITION MILLENNIUM

• I LE BATELEVR

• II LA PAPESSE

• III LIMPERATRISE


• IIII LEMPEREVR

• V LE PAPE

• VI LAMOVREVX

• VII LE CHARIOR

• VIII IVSTICE

• VIIII LERMITE

• X LA ROVE DE FORTVNE

• XI LA FORCE

• XII LE PENDV

• XIII

• XIIII TENPERANCE

• XV LE DIABLE

• XVI LA MAISON DIEV

• XVII LESTOILLE

• XVIII LA LVNE

• XVIIII LE SOLEIL

• XX LE IVGEMENT

• XXI LE MONDE

• LE MAT

VI - LA TABLE ET LA ROTA DU TAROT DE MARSEILLE

• La Table Tarologique : les Arcanes Majeurs

• La Table Tarologique : les Arcanes Mineurs

• La Rota, Organe du Tarot

• La Rota, Symbole du Monde et du Devenir

VII - LES PRINCIPES ET LES MODES FONDAMENTAUX

DE LA PRATIQUE DU TAROT DE MARSEILLE

• Le Tarot comme Instrument de Connaissance

• Le Jeu du “Gay Sçavoir”

• Les Bases Élémentaires de la Lecture du Tarot

• La Lecture Logique et Dynamique du Tarot de Marseille

• Les Renversements Naturels

• Les Renversements Combinés

• La Consultation du Tarot et la Dialectique de Socrate

• L’Ethique de la Devination depuis l’Antiquité

NOTES

ICONOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE


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Le Tarot dit “de Marseille” se compose de Soixante-

Dix-Huit Lames, comprenant cinq ensembles répartis

sur deux groupes principaux. Le premier comprend les

Quatre “Eléments” ou “Emblèmes” : les BASTONS, les

ESPEES, les DENIERS et les COVPES. Constitués chacun de quatorze

Cartes, ils forment ensemble le groupe de Cinquante-Six Lames appelées

“Arcanes Mineurs”. Ces quatre ensembles de Quatorze Cartes sont eux-

mêmes constitués de deux groupes : une série de dix Cartes appelées Nu-

mérales et quatre Personnages, le VALET, le CAVALLIER, le ROY et la

REYNE, appelés “Honneurs”. Le second groupe est constitué de Vingt-

Deux Lames (21+1) appelées Arcanes Majeurs. Situés au cœur des Qua-

tre Eléments, ils expriment la Quintessence du Tarot, ainsi conforme à la

structure cosmologique traditionnelle à Cinq Eléments.


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Introduction

Ce livre est le fruit de plus de vingt années d’étude du Tarot et de près de dix ans

de recherches et de travail graphiques sur le canon traditionnel du Tarot dit “de

Marseille”. Ces années d’études permirent à l’auteur de découvrir que ce modèle

spécifique de Tarot, à la différence des autres, procède dans sa totalité d’une ma-

trice géométrique connue sous le nom de Cube de Métatron, lequel renferme dans sa structure les

archétypes sous-jacents à l’ensemble de l’Univers, du Micrososme au Macrocosme. Le grand public

l’a redécouvert il y a quelques années avec les livres de Drunvalo Melchizedek (L’Ancien Secret de la

Fleur de Vie, T.I & II, éd. Ariane, 1996-97), qui présentèrent pour la première fois les implications

globales des principes métaphysiques de la Fleur de Vie, ainsi que ceux de sa matrice cosmologique,

le Cube dit “de Métatron”.

Ce diagramme de l’hypercube, matrice hyperdimensionnelle dont chacune des parties est simi-

laire à la totalité, génère l’ensemble de l’Univers en tant qu’unité dynamique en mutation perpé-

tuelle, unité dont la Roue, Rota ou Ouroboros (serpent ou dragon se mangeant la queue, organe du

Tarot comme nous le verrons dans le Chapitre VI) est le Symbole universel. Les aspects géométri-

ques, mathématiques et métaphysiques des archétypes géométriques de cette matrice connue depuis

la plus Haute Antiquité furent décrits originellement par Pythagore (580-497 av. J.-C.), Platon

(427-346 av. J.-C.), Aristote (384-322 av. J.-C.) et Euclide (325-265 av. J.-C.). Plus tard par Leo-

nardo Pisano (Italie 1175-1250) plus connu sous le nom de Leonardo Fibonacci, célèbre pour le

“Cube de Fibonacci” et une suite éponyme assimilée au Nombre d’Or. De nos jours, l’importance

de leur travaux est reconsidérée à la lumière des développements de la cosmologie, de la génétique,

de la nanotechnologie, de la cristallographie ou encore de la production d’énergie (fusion nucléaire),

mais également de la médecine dite holistique (du grec holos : “en entier”) qui considère l’Homme

comme un Tout constitué en fonction du principe d’Harmonie universelle.

LE CUBE DE MÉTATRON ET LA FLEUR DE VIE


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Ces nouvelles sciences et technologies nous informent sur la nature et les codes fondamentaux

de notre Univers, dont la nature fractale et holographique exprime des archétypes universels qui se

révèlent être effectivement reliés aux Nombres et à la Géométrie. La redécouverte de la primordia-

lité de cette Science au cœur de l’Art Sacré permit à l’auteur, en plus de retrouver peu à peu les Clefs

de la structure et de l’organisation originelles du Tarot, de produire le Tarot de Marseille Edition

Millennium, restituant les 22 Arcanes Majeurs du Tarot de Marseille dans le respect total du Canon

traditionnel des Tarot historiques de référence. Reposant sur les plus anciens modèles de Tarot de

Marseille connus (dont les plus importants sont très peu connus), cette édition apporte enfin au

public une version véritablement respectueuse de l’iconographie et de la Tradition initiatique de cet

ancien instrument philosophal.

Le Tarot de Marseille, en effet, constitue en soi un modèle cosmologique cohérent et complet,

un instrument de connaissance faisant office de traducteur symbolique universel. Il permet d’appré-

hender les principes sous-jacents aux vérités de notre être et aux réalités de notre expérience au sein

du monde, permettant ainsi de les comprendre et ainsi d’en assimiler concrètement les principes

pour notre propre gouverne. La matrice cosmologique du Cube de Métatron définit en effet à la

fois le nombre des Cartes du Tarot, les différents groupes que celles-ci constituent, et l’interrelation

de ces Cartes et de ces groupes entre eux. Elle définit de même leurs dessins, leurs couleurs, leur

cadrage, ainsi que les lettres avec lesquelles leurs noms sont composés. Contrairement aux autres

modèles de Tarot à 78 Cartes (modèle dit “Vénitiens” N1) comme les Jeux italiens de la Renaissance

(du XVème et XVIIème siècle) ou le Tarot dit “de Besançon” (du XVIIIème au XIXème siècle), tous les

aspects du Tarot dit “de Marseille” sont générés par cette seule et même structure matricielle, com-

prise fractalement dans chacune de ses parties, lesquelles l’expriment à leur tour dans ses multiples

aspects. C’est là l’unicité du Tarot de Marseille : le fond et la forme ne font qu’Un, l’ensemble ex-

primant un code cosmologique unique dont les multiples aspects sont sous-jacents à l’ensemble de

notre vie et de notre évolution.

Aussi le Tarot, précisément codifié dans sa structure ainsi que dans son iconographie, nécessite-

t’il pour bien fonctionner d’être juste et “accordé”. Or, depuis plusieurs siècles, il semble que la

question de la justesse du Tarot ait été soit éludée, soit suivie de recherches et de spéculations glosant

sur l’origine, la structure, et partant sur la signification et la raison d’être du Tarot de Marseille, mo-

dèle qui s’est distingué des autres et a perduré durablement dans le temps. Sa structure et ses modes

originels d’utilisation, outre ceux concernant son emploi en tant que simple jeu de société, restèrent

l’objet de supputations et demeurèrent un Mystère, comprenant jusqu’à son nom même : TAROT,

mot dont l’origine et la signification seront restées partiellement une énigme durant plusieurs siè-

cles, avant d’être pleinement redécouvertes et présentées dans cet ouvrage. L’approche du Tarot

de Marseille a en effet longtemps reposé, à défaut d’une connaissance véritable, sur une approche

consensuelle de sa structure et de son symbolisme, et pour les Tarologues ésotéristes, sur d’autres

systèmes traditionnels comme les Lettres Hébraïques, l’Arbre de Vie des Sephiroth, les Runes, le

Yi-King, l’Astrologie etc., auxquels on s’efforçait d’ajuster le Tarot, quitte à le faire de force. Tout en

approchant sa véritable Nature (on songe à Eliphas Lévi, à Papus, et plus récemment à Tchalaï Un-

ger en particulier N2), aucun ne réussit à en saisir véritablement la constitution et l’organisation qui

Introduction


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lui sont propres. Par un ensemble de limites dans leur analyse (techniques notamment), force était-

il alors pour ces chercheurs de reconnaître que le Tarot fut une énigme, au point qu’aujourd’hui

encore, d’aucuns pensent qu’il ne pourrait finalement relever d’aucune structure originelle, que sa

constitution se serait progressivement établie à mesure de ses transformations à travers le temps,

sans que l’on puisse déterminer au final si celle-ci sont justifiées. Quand aux historiens, dont la

plupart ne s’intéressent pas au symbolisme, ils analysèrent pour leur part le Tarot comme tout

autre objet d’étude historique. À défaut de reconnaître la véritable nature de ce qu’ils étudiaient,

ils l’approchèrent de façon empirique, le rattachant exclusivement aux éléments historiques con-

sensuellement reconnus, et tendirent ainsi à confondre les dates de production des rares modèles

conservés avec celles de leurs créations initiales. Ainsi un Jeu de cour enluminé comme celui des

Mamelouks (Anatolie XVème siècle) ou celui des Visconti-Sforza (Milan, Italie début XVème siècle),

ou bien encore des Jeux de Cartes présentant une certaine ressemblance avec le Tarot comme les

gravures allégoriques attribuées à Andrea Mantegna (Ferrare, Italie 1460), furent perçus comme

plus originels que le Tarot dit “de Marseille”, considéré généralement comme plus tardif.

Pourtant, les plus anciennes Cartes connues du modèle de Tarot dit “de Marseille”, qui furent

retrouvées en Italie au fond d’un puits au Castello Sforzesco à Milan (forteresse des Visconti-

Sforza), datent également de la fin du XVème siècle. Contrairement aux Tarots enluminés et aux

allégories gravées sur cuivre (comme le Jeu de Mantegna), celles-ci présentent des caractéristiques

propres au Tarot dit “de Marseille”, tant par leur iconographie que par leur gravure sur bois et leur

coloration au pochoir. Par ailleurs, l’altération des figures par un cadrage grossier rognant ouverte-

ment l’image (comme c’est le cas également dans les autres Tarots dits “de Marseille” historiques

connus) permet raisonnablement de penser que ce modèle de Tarot connu une édition plus respec-

tueuse de son iconographie quelques décennies plus tôt. Mais c’est encore l’analyse des figures et des

noms des Cartes elles-mêmes qui permet de déterminer que le canon du Tarot dit “de Marseille”,

tel que nous le retrouvons (partiellement altéré il est vrai) au début du XVIIIème siècle, remonte très

probablement à la fin du XIVème siècle. En effet, les vêtements des personnages correspondent à

la mode germanique de ce temps. De même, les armures médiévales figurées sur certaines Cartes,

également de type germanique, datent de cette même époque.

Mais plus encore, presque tous les exemplaires de

référence du Tarot dit “de Marseille”, de type II N3

(désignant pour les historiens le type de Tarot dit de

Marseille ayant prédominé depuis le début du XVIIIème

siècle, correspondant au modèle le plus connu et géné-

ralement utilisé de nos jours), assignent au dix-septième

Arcane Majeur le nom de LESTOILLE (l’estoille). Or,

d’après le Dictionnaire historique de la langue française

(sous la direction d’Alain Rey, éd. le Robert 2006), ce

mot ancien provençal fut utilisé exclusivement entre

1380 et la fin du XVème siècle, le mot étoile l’ayant défi-

nitivement supplanté au début du XVIème siècle.

Introduction

L’Œil-Estoille des Anciens Provençaux


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Outre l’origine provençale de ce mot, qui nous renvoie aux Kabbalistes et aux Soufis espagnols

du XIIIème siècle, aux Templiers, aux Troubadours et à toute l’Occitanie qui entretint des relations

étroites avec l’Italie, le mot lestoille désigne également “étoile de mer” et “pupille de l’œil”. Or,

comme nous le verrons dans ce livre, ces définitions se rapportent effectivement à la Géométrie Sa-

crée, celle du Pentagramme et de son Nombre d’Or, ainsi que celle du “Sceau de Salomon”. Depuis

la plus Haute Antiquité, ce dernier est le Symbole même de la Science Sacrée, dont la Provence fut

l’une des terres de prédilection jusqu’au démantèlement de l’Ordre du Temple au début du XIVème

siècle. Il est d’ailleurs significatif qu’avant la remise au goût du jour du Jeu de Tarot (comme Jeu

de société) au début du XIXème siècle, il semble qu’il n’était, au plus bas de sa popularité un siècle

plus tôt, effectivement guère plus joué qu’en Provence. Ces faits significatifs semblent affirmer une

antériorité conceptuelle du Tarot dit “de Marseille”, qui se relie traditionnellement aux courants

Romans et Gothiques (du XIème au XIVème siècle), auxquels s’opposa la Renaissance, plus tardive,

dont le style artistique caractérise les Tarots italiens enluminés généralement présumés premiers.

Pourtant, par ses tendances esthétisantes, tendant toujours plus vers une représentation réaliste du

monde, la Renaissance opéra une rupture avec la Tradition. Son Art, sans nul doutes d’une grande

beauté esthétique et d’une grande valeur sur le plan de l’Histoire de l’Art et sur celui des Sciences

et des Techniques, s’est caractérisé en effet par sa déviance des codes picturaux traditionnels sous-

jacents à l’Art Sacré depuis la plus Haute Antiquité. Le Tarot de Marseille pour sa part (dans son

type II tout particulièrement), nous le constaterons dans ce livre, est en totale adéquation avec les

Codes traditionnels de l’Art Sacré, même les plus stricts comme ceux édictés par l’Islam.

Aussi, si l’on ne peut raisonnablement affirmer que le Tarot dit de Marseille est le premier Tarot

au sens historique, nous pouvons dorénavant démontrer, grâce à la redécouverte de sa nature et de

sa structure originelles présentées pour la première fois dans ce livre, qu’il en constitue le modèle le

plus archétypal. Son extraordinaire complexité conceptuelle, la profondeur de sa philosophie et ses

implications scientifiques – certaines sont présentées dans cet ouvrage – permettent aujourd’hui de

comprendre pourquoi, malgré son cheminement houleux à travers l’Histoire, le modèle du Tarot

dit “de Marseille” s’est perpétué jusqu’à nous et a réussi à s’imposer toujours plus dans de multiples

sphères du monde actuel. Par l’archétypalité de son symbolisme et de sa structure, mais également

par son caractère ludique, le Tarot de Marseille devint naturellement partie intégrante de la culture

populaire et s’imposa ainsi de lui-même comme le modèle de référence. Il démontre par là même

une importance implicite qui demandait à être justifiée, et dont l’énigme devait être, sinon résolue,

éclairée. C’est ce que l’auteur espère avoir réalisé avec cet ouvrage, dans lequel sont présentés pour

la première fois la structure, la nature, l’origine, la signification, mais également l’organisation fon-

damentale et les bases élémentaires d’utilisation pratique du Tarot de Marseille. Livre” à tiroirs”,

cet ouvrage développe et approfondit des points d’importance dans les notes de fin de volume, aussi

richement illustrées que le corps principal de l’ouvrage. Le lecteur est ainsi invité à lire ces notes au

fur et à mesure de sa progression afin de pénétrer pas à pas et en profondeur dans les Mystères du

“Grand Arcane” que modélise cet extraordinaire instrument de connaissance de Soi, du Monde et

de l’Univers qu’est le Tarot dit “de Marseille”.

Ainsi amis lecteurs, bonne lecture et que le Jeu commence !

Introduction


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I LE BATELEVR DANS LA GÉOMÉTRIE SACRÉE DE L’ARCANE Tarot de Marseille Edition Millennium


15

I - Le Tarot, son Origine et sa Signification

B ien des hypothèses ont été formulées sur l’origine et la signification du Tarot,

et toutes, à ce jour, sont restées insuffisantes, manquant d’apporter des réponses

claires et précises aux questions essentielles : qu’est-ce que le Tarot et que signi-

fie-t’il? D’où vient-il, comment fut-il élaboré et pourquoi existe-t’il ? Si l’origine

précise du Tarot reste un mystère, si son parcours à travers les siècles est impossible à définir pré-

cisément, nous pouvons toutefois déterminer, indépendamment de l’aspect historiologique qui ne

concerne que l’aspect périphérique et donc “accidentel” du développement du Tarot, d’où il vient

d’une façon générale et surtout ce qu’il est sur un plan essentiel.

Le Tarot en effet, comme nous le verrons dans cet ouvrage, se justifie par lui-même et constitue

un instrument philosophique de connaissance de Soi, du Monde et de l’Univers. Ce système, bien

qu’ayant nécessairement des bases culturelles qui permirent sa réalisation effective (comme nous le

verrons plus loin), constitue un code cosmologique archétypal, et en tant que tel, autonome et “hors

du Temps”, procédant d’une somme de connaissances reliées à la source commune à toute l’Huma-

nité. C’est bien en effet ce qu’il importe de comprendre du Tarot, qu’il s’agit d’un système (logos)

symbolique sacré, en soi intemporel, constituant la Clef permettant à tout un chacun de compren-

dre les principes du gouvernement du monde, de reprendre contact consciemment avec la source

universelle et partant, de reconstituer son arbre intérieur et de réaliser pleinement sa destinée.

LES DIFFÉRENTES HYPOTHÈSES ÉMISES SUR LE TAROT

L’étymologie du mot Tarot a été le sujet d’interrogations depuis des siècles, son origine véri-

table semblant être hors d’atteinte. Malgré tout, des recherches ont laissé entrevoir ce que ce mot

mystérieux pouvait réellement signifier, sans toutefois aller jusqu’au bout et résoudre véritablement

l’énigme qu’il nous posait. C’est ainsi que diverses significations et origines, plus ou moins pertinen-

tes, furent attribuées au mot Tarot : Antoine Court de Gébelin N1, crédité de la première analyse du

Tarot dans la perspective ésotérique (XVIIIème siècle), pense que ce mot viendrait d’Egypte. Selon

ABSCONDITORUM CLAVIS ou La Clef des choses cachées de Guillaume Postel, 1547 donnée par l’éditeur de la traduction du texte original Latin en 1645


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lui, TAR=chemin et RO ou ROG=royal, ainsi le Tarot serait le “Chemin Royal”. Son hypothèse,

bien que très proche de la vérité comme nous le verrons plus bas, est malgré tout insuffisante. Pierre

L’Arétin (Pietro Aretino 1492-1556) aurait fait dériver le mot Tarot du grec etaroi qui signifie

“compagnon” N2. Jean-Alexandre Vaillant, un écrivain du XIXème siècle, pense pour sa part que le

mot Tarot vient du nom de la déesse phénicienne Astarté, ou Ashtaroth N3. Il fut également suggéré

que l’origine du mot Tarot proviendrait de Tao N4, “ la Voie, le Chemin”, dont la philosophie n’est

à rapprocher de celle du Tarot que dans une certaine mesure, et à partir de définitions claires, que

nous verrons plus loin dans ce chapitre. Pour d’autres chercheurs encore, le mot Tarot pouvant

former un sigle avec ses quatre lettres constitutives, fut répartit en croix.

Le Tétragramme du mot Tarot produit

huit anagrammes circulaires, parmi les-

quels TORA (assimilé à Thora) et ROTA

(la Roue). ORAT fut rapproché du Latin

oratio signifiant “propos, parole” (assimilés

au logos). Les autres mots sont interprétés

de diverses façon par les exégètes N5.

Il fut également suggéré que le Tarot pourrait avoir été utilisé en premier lieu dans la vallée de

la rivière Taro (rivière italienne de 126 km de long, tributaire du fleuve Pô, prenant source dans les

Apennins du nord et s’écoulant dans la province de Parme), et qu’ainsi l’un aurait donné son nom

Chapitre I - Le Tarot, Son Origine et Sa Signification

LA CLEF DES GRANDS MYSTÈRES et LA CLEF DU GRAND ARCANE, avec leur géométrie de l’Etoile, Eliphas Lévi, 1859


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à l’autre ou inversement. Le Dictionnaire Historique de la Langue Française N6, donne la défini-

tion suivante au mot Tarot : «n.m. est emprunté au XVIe s., écrit tarau (1534, Rabelais) et resuffixé

au début du XVIIe s. (1604), à l’italienne tarocco, généralement employé au pluriel tarocchi. Le mot

est d’origine obscure : il est probablement dérivé de tara “déduction” N7, correspondant de même origine

arabe que le français tare, parce que dans ce jeu le joueur doit, dans certaines circonstances, mettre de côté

une Carte. (…) Tarot désigne aussi (1604) l’usage de ces Cartes, leur symbolique. L’un des jeux les plus

connus en France se nomme Tarot de Marseille. Il a produit TarotÉ, ÉE adj. (1642) qui qualifie toute

Carte dont le dos est orné en compartiments en grisaille comme celui des Tarots. Celui qui fabrique des

Tarots a reçu le nom de Tarotier n.m. (1594), aujourd’hui surtout vivant pour l’ouvrier qui conduit la

machine à imprimer le dos des Cartes à jouer».

Cette définition, ainsi que les autres, reposent sur des supputations et des recherches étymologi-

ques superficielles, même si ce sont bien les noms italien et germaniques qui permirent en effet de

proposer une première étymologie pour le mot Tarot.

LE TAROT RÉVELÉ PAR SA VÉRITABLE ÉTYMOLOGIE

On retrouve le mot Tarot sous la forme de Tarock en Germanie (Allemagne), et Tarocchi (pluriel

de Tarocco) en Italie. Partant de ces mots, des chercheurs ont proposé comme origine étymologique

le mot arabe turuq, pluriel de tarîqa (signifiant “voie” mais également “procédé” et “méthode” N8).

Ces mots arabes, complétant à merveille le terme arabe arkhân (“angles”) que nous verrons être plei-

nement justifié par rapport au Tarot dans le chapitre suivant, fournirent ainsi la première véritable

piste sérieuse. Néanmoins, ces termes apparaissant satisfaisant en eux-même pour rendre compte de


Le Tarot de Pierre Madenié, Dijon 1709, et son dos “Taroté”


18

l’origine et du sens général du Tarot, les recherches n’allèrent pas plus loin, cette origine étymolo-

gique apparaissant d’autant plus satisfaisante que les musulmans sont crédités de l’importation du

Tarot en Europe N9. Toutefois, si l’étymologie arabe fournit une piste effectivement juste comme

nous allons le voir plus loin, elle ne constitue que la dernière occurrence traditionnelle de termes et

de notions qui remontent bien plus loin dans le temps et dans l’espace. La véritable origine de ces

termes nous renvoient au sanskrit, la “Langue des Dieux”, autrefois parlée dans le sous-continent

indien, qui constitue le langage le plus proche de la Tradition Primordiale N10. Le mot arabe tarîqa

provient en effet du sanskrit tarika qui signifie “passeur”, comprenant la notion de voie, de véhicule

(yaana en sanskrit) dans un sens similaire au Latin janitor (portier, cerbère, gardien). Ce mot sans-

krit tarika vient lui-même de tari, qui signifie “bateau, navire” et “barque de passeur” ou “navette”.

Mais tous ces mots, ainsi que ceux auxquels ils se relient (nous en verrons plus loin), ont pour racine

le mot taru, qui signifie (toujours en sanskrit) “arbre”, “plante” et “herbe” avec toutes les différentes

sens que nous pouvons dégager de ces termes, et que nous verrons tout le long de cet ouvrage.

Dans le symbolisme traditionnel, l’arbre et la plante a de multiples niveaux de signification,

dépassant l’acception de ces termes comme simple référence au végétal. L’Arbre est en effet une

image du monde dont il constitue l’Axe, le Pôle dont les ramifications hiérarchiques s’étendent à

l’ensemble de la manifestation universelle. Dans toutes les Traditions, l’Arbre est en effet sacré, et

constitue l’image du pont entre la Terre et le Ciel, permettant d’effectuer le Retour au Principe,

et d’aller et venir entre les mondes. De façon extraordinaire, nous retrouvons le mot taru dans

plusieurs cultures traditionnelles éloignées dans l’espace et le temps les unes des autres, dans une ac-

ception du terme totalement complémentaire

de celle du sanskrit. Ainsi en Maori (indigè-

nes de Nouvelle Zélande) le mot taru signi-

fie “plante”, “graine”; en sumérien il signifie

“retour” (au Principe assurément); en Thra-

ce N11, il signifie “lance”, symbolique du pôle

et de l’Axis Mundi, l’Axe du Monde N12. En

langue “moderne” le mot taru est également

présent. Nous le retrouvons dans le finlandais

où il signifie “légende”, “mythe”, et en esto-

nien où il signifie “ruche”, signification effec-

tuant ainsi la boucle nous renvoyant, par les

alvéoles Hexagonales dont la ruche est com-

posée, à la Géométrie Sacrée du Cube de Mé-

tatron, matrice cosmologique du Tarot et de

tout l’Univers comme nous le verrons dans les

chapitres suivants.

Plusieurs mots sanskrit ayant pour raci-

ne le mot taru confirment et développent le

symbolisme du passage initiatique, de la tra-


Génie devant l’Arbre de Vie, des fleurs de Pavot à la main Palais de Sargon III, Dur Sharrukin, Assyrie 716-713 av. J.-C.


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versée et du retour au Principe originel (arkhè

en grec). Ainsi en sanskrit tara signifie “le pas-

seur”, “la barque”, “la traversée”, “le passage”,

mais également “le sauveur” (soter en Egypte),

la conquête et le surpassement d’un obstacle ou

d’une infortune N13 ; tari comme nous l’avons

vu signifie “bateau, navire”; tarana signifie “ra-

deau, barque”, et taram “vague, onde, remous,

qui va et vient sans cesse, qui ondule” N14. Tou-

tes ces acceptions font ainsi référence au fleuve

tumultueux, image traditionnelle de la Mani-

festation, de la vie et de son impermanence,

qu’il faut traverser pour accéder à l’autre rive,

passant d’un niveau à l’autre dans l’échelle des mondes reliant la Manifestation au Principe. Toutes

ces notions sont reliées analogiquement au symbolisme du pont comme axis mundi et donc comme

Pôle universel. En effet, toujours en sanskrit, le mot dhruva taara signifie “Etoile Polaire”. Mais

c’est le mot racine taru, qui signifie donc “arbre” (ainsi que plante et herbe) en Sankrit et “retour”

en Sumérien, constituant l’origine la plus lointaine connue du mot Tarot, qui comprend dans ses

différents paradigmes les éléments fondamentaux qui permettent de comprendre réellement ce que

signifie le Tarot, d’où il vient et quelle est sa raison d’être N15.

LE TAROT COMME ARBRE UNIVERSEL

L’Arbre comme image du monde remonte à la plus haute Antiquité et se retrouve dans toutes

les cultures, qu’elles soient civilisées ou primitives. L’arbre, lequel par ses ramifications est l’image

même de la Vie et de l’Univers, fut naturellement situé au centre de la Manifestation, constituant

tout à la fois le Pôle, l’Axe, l’échelle et le pont reliant toutes les ramifications arborescentes du Tronc

universel. Ainsi, par la récurrence de son feuillage chaque année, il devint l’image même de la

régénération cyclique de l’Homme et de sa réunion au Principe par son retour à la Source vitale

universelle. En effet, en sanskrit le mot tarun, également dérivé de taru, signifie “être jeune, res-

ter jeune” (comme régénération et Retour au Principe), mais également “vigoureux, frais, tendre,

délicat, adolescent, juste commencé N16, jouvenceau, jeune fille” (nous renvoyant dans le Tarot de

Marseille à l’Arcane XXI LE MONDE, qui commence un nouveau cycle), et fait ainsi le lien sym-

bolique avec le néophyte (nouvelle pousse) prêt pour l’initiation, ou régénéré à son issue.

Chez les Hébreux l’Arbre de Vie des Séphiroth est parcouru par un éclair traversant symboli-

quement toutes les sphères de la Création, constituant un Canal permettant d’aller et venir entre le

Royaume et la Couronne, ou entre la Manifestation et le Principe. De plus, cet Arbre se duplique

et se superpose verticalement, et constituant ainsi une échelle de hauteur indéfinie, constituant

une Voie permettant d’effectuer l’ascension de l’échelle des multiples Mondes, la Sephira (singu-

lier de Sephiroth, puissances créatrices) supérieure étant la Sephira inférieure du niveau suivant.

Traditionnellement, l’emprunt de cette voie est fulgurante et procède de la génération du Véhi-


La Lance et le Graal, Le Conte du Graal, 1330


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cule Divin, appelé Merkabah chez les hébreux, et Vajrayana chez les Hindous. Ce dernier mot est

composé de vajra signifiant “foudre, diamant, fulgurance adamantine”, ou “axe de diamant”, et de

yaanaa signifiant “véhicule” N17. Ce véhicule, auquel est assimilé le char divin de la vision d’Eze-

kiel N18, se caractérise par son association à la tempête, aux tourbillons N19 (à rapprocher des termes

sanskrit tarana : “radeau, barque” (donc véhicule), et taram : “vague, onde, remous, qui va et vient

sans cesse, qui ondule”) et à l’éclair (vajra), tous ces attributs correspondant à ce qui est appelé en

science moderne le “champs de torsion” ou vortex toroïdal, généré par la polarisation dynamique de

la Manifestation N20. Dans la vision d’Ezekiel (Ainsi que dans celle de Saint Jean dans l’Apocalypse),

le Char Divin est entouré de quatre créatures ailées fabuleuses, transfigurations des quatre aspect

sensibles de Dieu, le Tétramorphe. Elles sont à mettre en correspondance avec le Tétragramme du

Nom divin Yahweh יהוה, les quatre Evangélistes du Nouveau Testament et les Quatre Eléments de

la Tradition primordiale. Le Char divin constitue par lui-même le cinquième Élément, ou Quin-

tessence, qui procède du Principe représenté par Yahweh dans la vision biblique.

Le Véhicule divin est en rapport analogique à l’Arbre de Vie et les quatre créatures fabuleuses

sont en rapport aux quatre fleuves sortant de ses racines et s’étendant dans les quatre directions de

l’espace. Au Principe sont ainsi assimilés l’Arbre du Monde, la Montagne Sainte, Dieu et le Trône

divin, qui sont tous situés au centre des Quatre Eléments qui constituent les fondements de la

Manifestation universelle.


L’ÉCLAIR DE L’ARBRE DE VIE DES SEPHIROTH COMME IDÉOGRAMME DE L’ARBRE, DE LA FOUDRE ET DU SERPENT

LA STELLA OCTANGULA DU CUBE DE MÉTATRON, Cœur dynamique du Vortex Toroïdal comme Arbre Universel


21

Le Cube et ses trois Axes correspondant à l’Arbre du Monde

et aux Quatre Fleuves de la Tradition Primordiale

L’axe vertical y correspond à l’Arbre du Monde (axis mundi),

dont la partie supérieure et inférieure correspondent respectivement

aux branches et aux racines, les axes x et z formant une croix

horizontale constituée de quatre segments correspondant aux

Quatre Fleuves et aux Quatre Eléments.

La génération de ce véhicule divin permettant l’ascension et le parcours des différents mondes

est le but suprême des pratiques spirituelles ascétiques dans toutes les grandes Traditions comme

celles de l’Hindouisme et du Bouddhisme, où le Tantrisme est pratiqué depuis au moins vingt siè-

cles. Les Mayas avaient également des pratiques similaires N21, et dans le judaïsme des origines, les

adeptes pratiquaient de même les Maaseh Merkabah, littéralement “les travaux du Chariot”. Toutes

ces pratiques consistaient à produire le moyen d’effectuer l’ascension et le retour au Principe par

la voie fulgurante de la foudre du Pouvoir divin, restaurant l’Homme dans son statut originel N22.

Toutefois des différences caractérisent les différents courants spirituels quand aux modalités de ce

voyage. Si certains courant recherchent la délivrance, et ainsi la “sortie” définitive du Cosmos (du

moins pour la durée d’un cycle complet de Création ou Manvantara N23), d’autres, comme celui

de l’Alchimie spirituelle recherchent au contraire à aller et venir de la Manifestation au Principe,

opérant ainsi par le parcours des différents mondes un échange participant aux mouvements “orga-

niques” de la Création dans un cycle d’Eternel Retour N24.

Dans cette alchimie spirituelle, tantrique, la régénération ou l’entretien de l’Homme dans son

état originel repose sur le corps comme matière et instruments de l’Œuvre, et les étapes qui la ja-

lonnent, au nombre de sept, sont en correspondance avec les Chakras activés tour à tour à mesure

que s’élève la Kundalinî N25, depuis la base de la colonne vertébrale, qui constitue pour l’Homme

l’Axis Mundi, jusqu’au centres cérébraux supérieurs. Ainsi s’effectuent les opérations chimiques

(alchimiques) qui produiront en principe les substances réalisant par suite la régénération (palingé-

nésie) intégrale de l’individu. Par ces pratiques, l’Homme, aligné et accordé à l’Universel, s’assimile

lui-même à l’Arbre du Monde, relié au Centre de toute la Création. L’Arbre dans sa constitution

élémentaire se trouve donc compris entièrement dans le Cube dont le déploiement forme la Croix,


z

y

x

Le Torus dans la Graine de Vie Le Torus et le Vajra (foudre) comme Axe du Monde


22

figure archétypale de l’Arbre du Monde que nous trouvons dans toutes les cultures sacrées. Dans

certaines de ces Traditions, le sauveur (tara en sanskrit) est crucifié sur cette croix (en Tau ou

Latine, selon les représentations) constituant ainsi le symbole de l’épiphanie de la Quintessence,

exprimée par l’ouverture de l’arcane, le déploiement de l’enveloppe “extérieure” révélant ainsi son

Cœur “intérieur” : le Sauveur comme Être Régénéré qui revient à la Vie après avoir subi les épreuves

initiatiques de mort et de résurrection, accomplissant par l’assimilation des principes régénérateurs

de la Nature, la réalisation de l’Être Universel, transcendant, perçu dans toutes les Traditions com-

me la Manifestation de la divinité dans l’Homme N26. L’Homme apposé à l’Arbre Sacré est en effet

archétypal. Pour les civilisations anciennes et les religions animistes, l’arbre et le monde végétal sont

considérés comme les véritables ancêtres de l’Humanité, enfantés par l’Arbre Sacré N27.

Des légendes relatent même l’existence d’es-

pèces humanoïde végétales, associant ainsi direc-

tement la vie et la conscience aux plantes et aux ar-

bres N28. L’arbre produit l’oxygène et l’atmosphère

qui nous permet d’exister, de respirer, de penser,

donc d’avoir une conscience N29. L’arbre (ainsi que

les autres plantes) est donc bien le véritable ancêtre

de l’humanité. Les arbres fournissent des fruits, des

huiles et des onguents nourrissant l’âme ainsi que

le corps et la peau, permettant ainsi de préserver la

jeunesse (tarun) et la vitalité. Ainsi le mot sapience,

désignant la Connaissance, la Sagesse et la Science,

qui définit l’Humanité actuelle en tant qu’espèce

(homo sapiens), se rattache au mot d’origine dravi-

dienne sapa que l’on retrouve en anglais avec sap,

tous deux désignant la sève et le jus de certaines

plantes, assimilé aux eaux primordiales et à leur

radiance spirituelle. De même, à partir de l’arbre

le papier est fabriqué, permettant la confection de

livres N30. Les plantes produisent également les


BODHITARU ou Arbre de Bouddha, Népal

Le TORUS en 3D L’Homme comme Centre et Canal Universel


23

pigments des encres et peintures, permettant la préservation, la diffusion, l’accroissement de la

connaissance et partant, de la conscience. Enfin, les arbres et les forêts constituaient les colonnes

et les dômes des temples primitifs, dont la Clef de Voûte était le Ciel lui-même, en des Temps où

l’Homme et la Nature vivaient en osmose et ne faisaient qu’Un. On comprend ainsi aisément que

l’Arbre, par ses spécificités et ses multiples propriétés, par sa structure logique (logos) arborescente

et hiérarchique, soit devenu l’image religieuse (du Latin religare : relier) par excellence N31, l’ensem-

ble de la Manifestation se rattachant à un tronc central universel comme des branches à un Arbre.

En sanskrit, dhatu , signifiant “graine” ou “semence” sert également à désigner la racine verbale,

associant ainsi directement l’arbre et les plantes au Verbe comme logos, que la plante et l’arbre ma-

nifestent sur le plan sensible et expriment sur le plan symbolique N32. L’arbre physique produisant

l’oxygène renvoie analogiquement à l’arbre logique à la racine de la pensée, de l’intelligence et de

la conscience. Ne parle-t’on pas de “culture”, lorsque l’on désigne le développement personnel et

collectif de l’être humain? Kshêtra signifiant “le champs” en sanskrit, désigne ainsi symboliquement

le domaine dans lequel se développe les possibilités indéfinies de l’être.


LE CUBE DÉPLOYÉ EN TAU ET EN CROIX LATINE, DEUX IMAGES DE L’ARBRE SACRÉ

Irminsul Croix Celtique

Arbre de Jessé, généalogie de Jésus-Christ depuis le Roi David panneau en ivoire, Bamberg, Bavière XIIIème siècle


24

Comme le résume René Guénon (1886-1951), «La graine est le centre. L’arbre qui en sort est

l’axe, directement issu du centre, et il étend à travers tous les mondes ses branches, sur lesquelles viennent

se reposer les oiseaux du ciel, qui, comme dans certains textes hindous, représentent les états supérieurs de

l’être N33». En Inde, Le sadhu N34 dont le nom signifie “noble, sage, être réalisé”, “éclatant” a pour

racine sadaa signifiant “éternel, perpétuel, pour toujours”, mais désigne également la chlorophylle,

renvoyant ainsi à l’arbre (taru), véritable centre universel de conscience et d’illumination, ainsi qu’à

la Montagne Sainte, image du Mont Primordial d’où émana la Tradition N35.

Par ailleurs, les termes arcane et lame, employés pour désigner les Cartes du Tarot classées

comme “majeures” et “mineures”, sont usités couramment depuis maintenant plus d’un siècle. Ces

termes demandent ainsi une clarification de leurs significations, et une justification de leur emploi

pour désigner les Cartes du Tarot. Dans son acception alchimique le terme arcane désigne une opé-

ration secrète, un secret de fabrication, et métonymiquement, un corps fabriqué à l’aide d’un secret

de fabrication. Par extension, ce terme désigne un secret dont la pénétration est réservée à un petit

nombre d’initiés. Les alchimistes ont donc utilisé ce terme pour nommer la substance incorporelle,

immortelle, inaccessible aux sens vulgaires. Selon Paracelse, l’arcane est la substance qui enferme

toute la vertu des corps, dont elle est tirée, c’est la Quinte-essence. Tirer cette substance des corps,

c’est ouvrir le Livre de la Nature (nous renvoyant à II LA PAPESSE dans le Tarot de Marseille).

Pour les Bâtisseurs, auxquels les alchimistes sont liés, ce corps correspond à la “Pierre d’An-

gle” (rûkn el arkhân en Arabe), analogiquement reliée au Principe, à la Quintessence et à la Pierre

Philosophale, dont la “réalisation” consiste en l’intégration des principes de la Science du Cube de

Métatron. Celui-ci comprend en effet toute la structure et le langage (logos en tant que Code) du

Cosmos (“ordre” en grec), jusqu’à son application sur le plan concret et pratique, impliquant la

Science de la transmutation, de la régénération et de la transcendance. Le Cube de Métatron est

donc, comme nous le verrons tout au long de cet ouvrage, le véritable “Grand Arcane” ou arcanum

mundi, qui constitue la Matrice intégrale du Tarot de Marseille.


OM, Vibration Primordiale dont le Sri Yantra représente la Manifestation

SRI MERU YANTRA, Temple Devipuram, Andhra Pradesh, Inde Image du Mont Primordial (Meru) entouré des Quatre Eléments


25

Le terme arcane est à mettre en relation avec le mot grec

arkhè : “origine, principe, commencement”, mais également

“ce qui commande”, faisant ainsi référence à la Structure (ra-

tio), à l’Ordre (cosmos) et au Langage (logos) archétypaux (Géo-

métrie Sacrée et ses harmoniques sonores) comme Principe

Premier et Langage de toutes choses. En Latin “arcana” est

un petit coffre propre à enfermer des bijoux et autres objets

précieux. Il désigne un endroit secret, mystérieux et caché. Par

ailleurs le mot Latin mundus (mundi) qui signifie “monde” et

“mont” en ancien français (donc Montagne, image du pôle

originel et du centre d’illumination), désigne à l’origine un

coffre, une cassette (souvent hexagonale), et plus particuliè-

rement le coffret où la mariée plaçait son trousseau de clefs.

L’arcane, en tant que Cube, est donc bien l’image Tradition-

nelle du Monde et du Mariage Mystique depuis la plus Haute Antiquité. Contenant tous les trésors

matériels et spirituels, son contenu n’est accessibles qu’à ceux qui en possèdent la Clef.

En Arabe, le mot arkhân qui signifie les “angles” (mot pluriel de rûkn), est à prendre au sens de

fondements, de jalons, de repères ou de “pierres de touche”, sur lesquelles reposent symboliquement

les “Voies du Retour” (turuq). Mais ce sont surtout les quatre Pierres cardinales (image de la Terre)

du Temple universel qui s’élève jusqu’à la voûte (image du Ciel) dont la Clef est le “rûkn el arkhân”,

la “Pierre d’Angle” N36 ou “Pierre des pierres”. Celle-ci qui constitue l’image de la Quintessence et


Coffret de Mariée, Italie XVème siècle

Glastonbury Tor et la Tour Saint Michael, Angleterre, Somerset


26


du Principe universel auquel mènent les voies ascensionnelles du Retour (taru en sumérien). Com-

me nous le verrons dans le prochain Chapitre, dans cette dernière acception, arcane ou arkhân ne

désigne pas tant les Cartes du Tarot, mais les cinq groupes qui le constituent, les Quatre Eléments

ou Pierres Cardinales correspondant ainsi aux Arcanes Mineurs : Baston, Espées, Deniers, Coupes),

et la Quintessence ou “Pierre d’Angle” aux Arcanes Majeurs. Toutefois, le Tarot étant, comme

nous le verrons dans les deux prochains Chapitres, de constitution fractale où le Tout est compris

dans chacune des parties, il est correct par extension d’utiliser ce terme pour désigner chacune des

Cartes du Tarot, même si le terme de “Lame” est le plus approprié. En effet, étymologiquement

“lame”, d’abord “lame”, est issu du Latin lamina, mot technique sans étymologie connue (peut-être

italique et emprunté) qui désigne une feuille mince de métal ou de bois, une plaque (le sens de lame

tranchante est secondaire) un lingot et autres objets plats et minces. Cette définition N37 correspond

en tout point à une Carte de Tarot telle qu’elle put être constituée à l’origine, et s’applique parfai-

tement aux Cartes d’aujourd’hui, justifiant ainsi son emploi comme terme usuel.

Enfin c’est encore le sanskrit qui nous fournit l’étymologie la plus originelle du mot arcane, où

arcana signifie “à honorer”, vénérable”, la racine arca signifiant “culte”, “adoration”, “idole”, et arci,

qui lui est relié, signifiant “rayon”, “flamme”, “splendeur”. Le Latin affirme pour sa part le lien en-

tre le Sacré (sacratum) et le Secret (secretum), principe originel (arkhè en grec) qui est pure radiance

cachée. Ainsi l’étymologie Sanskrite nous révèle que l’Arcane correspond au Sein des Seins, au cœur

du Temple Sacré au centre (virtuel) de la Manifestation universelle N38. À la lumière des révélations

de l’étymologie, l’appellation “les Arcanes du Tarot” peut ainsi s’interpréter comme : “les Pierres

de Touche des Voies de l’Eternel Retour”, sentiers entre la Terre et le Ciel, entre la Manifestation

et le Principe. La Royauté dont il est question ici a de multiples niveaux d’acception, précisés à

Clef de Voûte de la travée sud de la Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, XVème siècle


27

la lumière de la Tradition comme celle de la Chine ancienne. L’Empereur tendait à réaliser l’état

d’Homme Universel et d’Homme Transcendant, se tenant au Centre du Royaume entre la Terre

et le Ciel (Tao), intercesseur entre les Hommes et la Source divine. En Irlande chez les Tuatha de

Danann, tribu reliée aux anciens Indo-Scythes, le Roi était couronné à Tara – “le passeur”, “la sal-

vatrice” mais également “l’étoile” (divinité) en sanskrit – capitale mythique de l’Irlande située dans

la cinquième province de Meath. Au centre des Quatre Royaumes il correspond à la Quintessence,

où se trouve le talisman de la Pierre de Fal (Lia Fáil), symbole de la Souveraineté Universelle.

Les Quatre Eléments du Tarot et leur Quintessence Tarot de Marseille Edition Millennium


28

Dressée verticalement et de forme phallique, elle est très semblable à un lingam Hindou. En

Irlandais, c’est Teamhair na Rí, la colline des Rois. Naturellement, nous en venons au symbole du

Graal au centre de la Table Ronde, à Jésus-Christ au centre de ses douze disciples, à Phanès au

centre de l’anneau Zodiacal, etc. comme représentation du centre sacré originel, de la Porte entre le

monde transcendant de la surnature et celui des Hommes.

Indépendamment de toute considérations historiques particulières, nous avons pu, à l’aide de

l’étymologie et de la connaissance de la nature cosmologue du Tarot, laquelle est présentée en détail

dans le prochain Chapitre, retrouver l’origine – shamanique, Tantrique et Révélée – et la signifi-

cation – structure logique et hiérarchique de la Manifestation en relation au Principe – générale

du Tarot de Marseille. Nous pouvons ainsi dorénavant comprendre sa raison d’être : celle d’une

codification intelligible du Monde, d’une modélisation des principes et des modes d’expression du

Langage universel (logos), du jeu des archétypes cosmologiques composant harmoniquement notre

Univers, dont l’intégration intellective et intuitive, par le truchement du Jeu des icônes symboli-

ques, permet à tout un chacun de retrouver le sens de l’existence et de recouver notre statut de co-

créateur universel.

Mithra-Phanès sortant de l’Œuf du Monde pyrogène, IIème siècle ap. J.-C.


29

II - La Structure Cosmologique du Tarot de Marseille

Le Tarot est intégralement généré par la Matrice Cosmologique Universelle connue

sous l’appellation de Cube “de Métatron” N1, moule de toute la Création qui gé-

nère les cinq solides dits “de Platon”. Ces polyèdres convexes réguliers constituent

les archétypes géométriques tridimensionnels qui sont les fondements de notre

Univers. Ces volumes comprennent implicitement tous les théorèmes mathématiques dont procède

l’ensemble de la Création, des particules aux cellules vivantes, des systèmes solaires aux galaxies et à

tout l’Univers. Il possèdent de nombreuses propriétés, comme celle de générer le Nombre d’Or, ou

Divine Proportion N2, signature du vivant que l’on retrouve à tous les niveaux du Tarot de Marseille

qui exprime le code de sa Matrice de façon intégrale.

LE CUBE DE MÉTATRON

Cette Matrice est générée, ou plus exactement se répliquée (en fonction de sa constitution) à

partir du développement archétypal de la Monade, unité principielle re-générant par multiplication

la structure matricielle unique qui engendre l’ensemble de la Manifestation en fonction du logos

(signifiant “langage” et “système” en grec) Universel. Pour les pythagoriciens, la Monade était assi-

milée à l’arkhè, l’Intelligence associée à l’Ether, commandement, origine et fin de toutes choses.

Le Cube de Métatron, diagramme de l’Hypercube ou Tesseract N3, est composé de deux Cubes

concentriques. Il se définit par 39 segments de droite reliant le centre des treize cercles du “Fruit de

Vie”, faisant apparaître d’une part la figure des deux triangles équilatéraux entrecroisés dénommé

“Sceau de Salomon” – lequel comprend virtuellement la Stella Octangula N5, son équivalent tridi-

mensionnel – et d’autre part celle de l’Hexagone, correspondant au Cube en perspective isométri-

que N4. Comme nous allons le constater dans ce Chapitre et le suivant, cette structure matricielle

comprend tous les aspects Tarot de Marseille, tant structurels et graphiques que métaphysiques.

Les sept étapes de développement de la MONADE, assimilées aux sept jours de la Genèse, produisant la Graine de Vie

La Graine dans la Fleur de Vie Le Fruit de Vie Le Cube de Métatron L’Hypercube


30

LES SOLIDES “DE PLATON” ET LES CINQ ÉLÉMENTS DU TAROT

L’association des cinq volumes archétypaux aux Cinq Éléments remonte à la Haute-Antiquité.

C’est à Pythagore (Grèce, VIème siècle Av. J.-C.) qu’est attribuée la définition géométrique et méta-

physique des cinq solides que sont le Tétraèdre, associé au Feu, l’Octaèdre, associé à l’air, l’Hexaè-

dre (Cube), associé à la Terre, l’Icosaèdre, associé à l’Eau, et le Dodécaèdre, associé à l’Ether et à

l’enveloppe de l’Univers N6. Dans le Tarot, le Feu correspond aux Bastons, l’Air aux Espées, l’Eau

aux Coupes, la Terre aux Deniers. L’Ether, ou Quintessence, correspond aux Arcanes Majeurs, et

plus particulièrement à leur Vingt-et-unième Lame : XXI LE MONDE.

LE CUBE SPATIAL ET LES 78 LAMES DU TAROT

Le Cube de Métatron est composé de 13 Cercles N7 constituant une structure Hexagonale (6 faces),

soit 13 X 6 = 78, nombre total de Cartes dans le Tarot. Or 7 X 8 = 56 correspondant à l’ensemble

des Arcanes Mineurs. Le Nombre 78 est également la somme de 2 + 4 + 8 + 64, soit une progression

de base deux élevée jusqu’au Nombre 64 (abstraction faite de 16 et de 32), soit 4 3 qui correspond

à l’élévation du Carré (base quaternaire des Quatre Eléments) au Cube (Matrice Cosmologique

exprimant la Quintessence). On sait que l’échiquier est composé de 64 cases et le Yi-King de 64

Hexagrammes. On remarque que l’écart entre 64 et 78 est de 14, correspondant au Cube déployé,

et au nombre de Cartes de chacun des Quatre Eléments du Tarot.

Par ailleurs, le Cube de Métatron est constitué de 39 lignes qui relient deux à deux les points

extrêmes de la structure. Or, 39 x 2 = 78. Les pythagoriciens identifient en effet la ligne droite à

un segment de droite finie, bornée par deux points aux extrémités. La droite est par conséquent

assimilée au Nombre 2 N8.

Le CUBE SPATIAL ET LES CINQ GROUPES DU TAROT

Les 22 Arcanes Majeurs et le Cube Spatial

Le Cube est composé de 6 faces, 12 arrêtes,

3 dimensions spatiales et 1 centre : soit 6+12+3+1 ou 21+1=22

correspondant aux 21+1 Arcanes Majeurs du Tarot.

Chapitre II - La Structure Cosmologique du Tarot de Marseille

Dodécaèdre ETHER

Icosadèdre EAU - COUPE

Cube TERRE - DENIER

Octaèdre AIR - ÉPEE

Tétraèdre FEU - BÂTON


31

Les 56 Arcanes Mineurs et le Cube déployé

Le Cube déployé forme une croix composée de 14 points,

Nombre de Cartes de chacun des quatre groupes déterminant

les 4 Eléments. Multiplié par quatre (la base du Cube

est un Carré), nous obtenons 56, nombre de Cartes composant

les Arcanes Mineurs du Tarot N9.

Les Arcanes Mineurs et la Tetraktys Pythagoricienne

Si le Cube comprend les 14 Cartes de chacun des Quatre

Eléments, c’est la Tetraktys (du grec tetra : quatre et aktys :

lumière rayonnante) développée au cœur de la “Graine de Vie”

et comprenant le Cube en son centre, qui justifie que chacun

de ces quatre groupes soit constitué de 10+4 Cartes. En effet,

la Tetraktys procède de l’élévation triangulaire du Nombre 4 à

l’Unité, donnant 10, le nombre de Cartes Numérales, pour une

base 4, nombre des Eléments du Tarot.

Ce rapport de 10 sur 4 justifie qu’un Carré Elémental complète la décade Numérale de chacun

des 4 Eléments. Le Cube de Métatron, nous l’avons vu, est constitué de deux Cubes concentriques

en perspective isométrique. Chaque Cube étant formé de deux triangles équilatéraux entrecroisés,

nous avons donc en tout quatre triangles équilatéraux comprenant chacun une Tetraktys de base

quaternaire et constituée de dix points de base quatre. Par ailleurs le Cube, ayant une base carrée,

affirme le quaternaire fondamental comme base structurelle du logos.

Nous retrouvons donc quatre groupes de Dix, et quatre bases quaternaires, soit 4(10+4)=56,

Nombre total des Arcanes Mineurs. Ainsi, le groupe des 21+1 Arcanes Majeurs et celui des 56

Arcanes Mineurs sont compris dans le Cube. Nous obtenons ainsi pour le jeu complet de 78 Cartes

une structure similaire à celle d’un Temple qui repose sur ses quatre pierres cardinales, dont les pi-

liers s’élèvent jusqu’à la Clef de Voûte de l’édifice. Cette Clef est la “Pierre d’Angle” des Bâtisseurs,

Quintessence selon que l’on s’élève du terrestre au céleste, ou à l’inverse, Source Principielle d’où

émanent les Quatre Eléments, fondements archétypaux de la Manifestation Universelle.


La Quintessence ou 21+1 Arcanes Majeurs au centre des Quatre Eléments ou 4 X 14 Arcanes Mineurs

Les Quatre Eléments et la Quintessence repliés en CUBES , “PIERRES” ou “ARCANES”


32

Philolaos de Crotone (~485~385 av. J.-C.), Penseur majeur de l’Ecole Pythagoricienne, admit

l’existence des Quatre Eléments qu’il associait à quatre divinités, et à quatre angles dont il “resserrait

l’union” à l’aide d’un seul angle. Les arabes ont préservé ces notions avec le “Rûkn El Arkhân” N9,

la Pierre des pierres ou Clef de Voûte quintessentielle, qui fut l’un des qualificatifs attribués au

Prophète Mahomet N10. Les Quatre Eléments sont les quatre aspects de la Manifestation qui est

Une, et qui procède du développement et de l’expression du Principe, qui est le Cœur immuable, la

Monade dont procède par multiplication et réplication l’ensemble de l’Univers. Le rassemblement

des Quatre Eléments constitue donc l’enveloppe extérieure (la “matérialité”) du Cube de Métatron,

le Cube central correspondant au Principe et à la Quintessence. En Alchimie, leur juste assimilation

correspond à la Pierre Philosophale des Philosophes, traduite idéographiquement par le Sceau de

Salomon dont les parties constituantes sont figuratives des Quatre Eléments.

LA COHÉRENCE DU TAROT CONFIRMÉE PAR LES NOMBRES

Les Nombres principaux du Tarot, 22 et 56, par l’entremise de π Pi de valeur 3,1415 (rapport

du diamètre de valeur 1 à la circonférence du cercle, correspondant approximativement à 22/7) et

de φ Phi (le “Nombre d’Or”, rapport de 1 sur 1,618, correspondant approximativement à 21/13)

présentent une relation unitaire totale, achevant de démontrer que les 78 Cartes du Tarot consti-

tuent un tout indivis et indissociable :

78 = 22 Arcanes Majeurs+56 Arcanes Mineurs.

Or, 56 = 22x(8/π) et 22 = 56 x(π/8)

Le Nombre d’Or φ Phi, se trouve dans tout le Tarot, aussi bien sur le plan graphique, dans les

rapports et proportions, que sur le plan matriciel géométrique, où nous le trouvons en germe dans

le Cube de Métatron et dans les Solides de Platon. Sur le plan purement mathématique, nous

retrouvons φ Phi comme lien et médiateur reliant les deux Nombres Clef du Tarot, 22 et 56 N11 :

22 x φ = (56 CFφ) /2 car 56/2 = 22 CFφ


LES Quatre Eléments NE FAISANT QU’UN, SE RASSEMBLENT POUR RE-PRODUIRE LE CUBE DE MÉTATRON

Pierre Philosophale Eau (Coupe) Terre (Denier) Air (Epée) Feu (Bâton)


33

Le Cube de Métatron, en perspective isométrique (Hexagone), est donc constitué de 39 lignes

reliant chaque centre opposés aux extrêmes. Ces 39 droites sont elles-mêmes constituées de 54

segments reliant les 13 centres deux à deux, soit, toujours selon l’axiome pythagoricien où la droite

vaut deux : 54 X 2 = 108. Ce même Cube, en plan (vu de face, carré) est composé de 9 cercles et

de 18 droites, dont la valeur Pythagoricienne est de 36 (18 x 2). Ces 18 droites sont constituées de

24 segments. Or, 54+24 segments = 78 : la totalité du Tarot, et 13+9 cercles = 22, Nombre de ses

Arcanes Majeurs. Par ailleurs les Nombres 108 et 36 correspondent respectivement à l’angle interne

du Pentagone – le Delta Lumineux – qui est de 108°, et à l’angle interne de la branche du Penta-

gramme – étoile régulière à cinq branches constituée du Nombre d’Or φ – qui est de 36°.

Le Pentagone, qui comprend le Pentagramme, est généré par deux des cinq Solides de Platon :

l’Icosaèdre, constitué de cinq triangles équilatéraux reliés par deux de leurs côtés, et le Dodécaè-

dre, constitué de douze faces pentagonales. Les bases géométriques de l’équation du Nombre d’Or

φ nous sont fournies par la Vesica Piscis (vessie de poisson) – que les Pythagoriciens considèrent

comme une figure sacrée – qui apparaît dans la Dyade, première étape du développement de la

Monade. Ainsi la Quintessence, figurée par le Pentagramme, est comprise en germe dans la Matrice

elle-même et se manifeste géométriquement par les Solides “de Platon”:

La “Graine de Vie”, le Pentagramme et le Nombre d’Or φLe Cœur du Cube de Métatron et sa première partie

constitutive, la Dyade, comprend géométriquement

les termes de l’équation du Nombre d’Or Phi φ

φ = CF5+1 = 1,618

2

1 = CFF5-1

= 0,618φ 2

La relation de la Pierre (le Cube) à la Quintessence est exprimée par le point central du Carré

(le Cube en vue plane), et nous la retrouvons élémentairement exprimée dans le Tarot par l’Hexa-

gone et le Décagone (double Pentagone). Ces deux figures comprenent respectivement la totalité

des Arcanes Majeurs et Mineurs du Tarot. En effet : 22 = 1+2+3+4+5+6+1, soit la somme des six

sommets de l’Hexagone (le Cube en perspective isométrique) plus son centre, soit sept “angles” en


1 3

5 2

2

0,618 1

108°

144°

72°

Le Dodécaèdre constitué de 12 Pentagones

Le Pentagone et ses principaux angles

Le Pentagramme, son Gnomon et la spirale du Nombre d’Or


34

tout (comprenant implicitement le rapport de 22/7 représentatif de π) et 56 = 1+2+3+4+5+6+7+8

+9+10+1, soit les sommets du Décagone plus son centre. Ces deux figures sont ainsi représentatives

de la Matrice Cosmologique (le Cube) et du cycle universel de la Manifestation, exprimé par l’unité

dynamique du Nombre Dix, symbolisé par la Roue ou Rota, que nous verrons dans le Chapitre VI.

Jean de Stobée (doxographe et compilateur byzantin du Vème siècle de notre ère) rapporte ainsi : “Le

monde est Un, il a commencé à se former à partir du centre et il ne peut se manifester que dans la Décade,

somme arithmétique des dix nombres de la Tetraktys.” (Eclogæ physicæ et ethicæ).

Or comme nous l’avons vu plus avant, les Arcanes Majeurs sont issus du Cube (Hexagone)

et les Arcanes Mineurs, par leurs Quatre Eléments constituent le Carré primordial et la base de

la Tetraktys qui engendre le Nombre Dix, image du Cosmos et de tous les aspects possibles de la

Manifestation selon les philosophes Pythagoriciens. Dans le Décagone et l’Hexagone sont donc

compris les Nombres 22, 56, et par leur superposition, 14+1, soit 15, réduction arithmosophique

de 78 (7+8). Par ailleurs, comme en écho au logos universel nous retrouvons, par le centre et les

quatre cercle concentriques du Cube “de Métatron”, les Quatre Eléments et la Quinte-essence,

apparaissant comme la pulsation et le rythme vibrant du Cœur de toute la Création.

Ainsi la totalité du Tarot est-elle entièrement générée et justifiée par la Géométrie Sacrée de du

Cube de Métatron, Matrice cosmologique universelle. Le prochain Chapitre démontre qu’il en est

de même pour la constitution graphique des Cartes.


LE DECAGONE ET L’HEXAGONE, FIGURATIFS DES NOMBRES 56, 22


Les 22 ARCANES MAJEURS du TAROT de MARSEILLE

Edition Millennium

Ce Chapitre présente le fruit des recherches de

l’auteur sur l’iconographie traditionnelle des 22

Arcanes Majeurs du Tarot de Marseille. Plus de

dix ans d’étude de la Géométrie Sacrée et des Tarots

historiques de référence furent nécessaires afin de produire le Tarot de

Marseille Edition Millennium, intégralement réalisé à Marseille par

l’auteur du présent ouvrage.

Ces études fondamentales et ces redécouvertes essentielles,

couplées à la puissance opérative de la technologie informatique

et de ses logiciels graphiques, permirent à l’auteur de réaliser cette

régénération inédite, laquelle, en regard de la dégradation progressive

des éditions du Tarot dits “de Marseille” à travers l’histoire, répond à

la nécessité d’une édition véritablement respectueuse de l’iconographie

traditionnelle et du verbe géométrique de cet instrument universel de

Connaissance qu’est le Tarot dit “de Marseille”, dont les 22 Arcanes

Majeurs constituent le Cœur et la Quintessence.


I LE BATELEVR

Médiateur entre le Ciel et la Terre, Magistère, Démiurge,

Expression de la force réalisatrice à la racine de toute Vie,

I LE BATELEVR est l’archétype du polytechnicien, du précurseur

Du mouvement et de la mesure opérant en conformité avec le logos universel.

Cette Lame figure l’unicité du principe originel, la puissance de la continuité,

La force paisible établissant le terrain de tout développement.


II LA PAPESSE

Matrone Universelle dépositaire de la Science Sacrée,

Fondement de l’éducation et de l’initiation, Germe de Vie,

II LA PAPESSE est l’archétype de la Grande Mère et de la Sagesse,

De la Demeure de la divinité, du réceptacle des Mystères de la Nature.

Cette Lame figure le principe générateur de la polarité et du discernement,

La Source dynamique de toute vie et de toute Connaissance.


113

VI - La Table et la Rota du Tarot de Marseille

Organe du Tarot de Marseille, la Rota constitue la structure instrumentale qui

relie l’ensemble des Cartes entre elles selon des rapports hiérarchisés précis. Non

seulement la Table Tarologique (arrangement horizontal des Lames) ou Rota

(arrangement circulaire) fournit la Clef permettant de comprendre le langage et

le fonctionnement du Tarot, mais encore elle reflète le Monde comme jeu d’archétypes universels

dont les combinaisons indéfinies traduisent tous les aspects de l’expérience humaine au sein de la

Manifestation universelle.

LA TABLE TAROLOGIQUE : LES 22 ARCANES MAJEURS

La Rota se forme par le bouclage des 22 Arcanes Majeurs alignés selon un rapport de symétrie

des Lames reliées deux à deux. La Clef de cet alignement symétrique est le Nombre 28 et sa base

triangulaire, le Nombre 7, tous deux compris dans la structure de la “Graine de Vie”, cœur de la

Matrice du Cube Spatial.

L’Heptaktys et le Nombre 28 dans la “Graine de Vie”

Comme la Tetraktys (triangle de base 4), l’Heptaktys

(triangle de base 7) est comprise dans la Géométrie Sacrée.

Dupliquée de façon à constituer le Sceau de Salomon,

la somme se double virtuellement pour produire 28x2=56,

soit la totalité des Arcanes Mineurs. Ainsi l’Hexagramme,

qui correspond par ailleurs au Cube et au Nombre 22,

justifie la totalité du Tarot de Marseille et fournit la Clef

de l’organisation de la Rota.

28 est un Nombre “parfait”, c’est à dire qu’il est la somme de tous ses diviseurs stricts :

1+2+4+7+14. Le premier Nombre parfait est 6 : (1+2+3) N1 correspondant au Cube qui a six faces,

et à l’Hexagone, sa représentation isométrique qui constitue la Matrice cosmologique de tout le

Tarot de Marseille. Nous avons vu (cf. Chapitre I) que le Nombre 22 (21+1 exactement) exprime


114

archétypalement le Cube, par ses trois axes spatiaux, ses six faces, ses douze arêtes et son centre. Or

le Cube, par les douze diagonales de ses six faces, ses douze arêtes et ses quatre diagonales spatiales

internes, exprime également le Nombre 28 : 12 + 12 + 4 = 28.

De plus, 28-6 (les deux premiers “Nombres Parfaits”)=22, Nombre des Arcanes Majeurs, et

28x2 (les deux triangles Heptaktys formant l’Hexagramme) =56, Nombre des Arcanes Mineurs.

Or : 28 = 22 CFΦ (à 2 mill. près) affirmant de nouveau la relation du Tarot au Nombre d’Or, cons-

tituant ici la lien de la relation de 22 à 28.

LA ROTA CONSTITUÉE DE 21 X 2 RAYONS, CORRESPONDANT À LA ROTATION SEPTÉNAIRE DE L’HÉXAGRAMME AVEC IIII LEMPEREVR, XI LA FORCE ET XVIII LA LVNE COMME CŒUR TRINITAIRE

Chapitre VI - La Table et la Rota du Tarot de Marseille


115

Egalement : 28=1/2(7x8), et 22/28=0.78, Nombres Clef (abstraction faite du zéro et du signe

de multiplication) correspondant à la totalité des Lames du Tarot de Marseille. Par ailleurs, comme

nous pouvons le constater ci-dessous, la constitution de la Rota repose sur 2x21 rayons, soit 7 (la

somme des cercles de la Graine de Vie, ou encore l’Hexagramme et son centre)x6 (l’Hexagramme,

le Cube en vue spatiale); Or, le Nombre Clef de la Rota, 28, est la somme de 7 multiplié par 4, soit

la base du Carré, correspondant au Cube en vue plane. Ces deux rapports, ajoutés à ceux exposés

plus avant, révèlent l’intégrité absolue du Tarot de Marseille : le Tout, l’ensemble et les Parties ne

font qu’Un, exprimant l’axiome Hermétique dont le symbole est l’Ouroboros, figure de l’Unité de

toutes choses manifestées, de la Régénération et de l’Eternel Retour.

Les occurrences traditionnelles du Nombre 28 comme Nombre-Clef de la Loi Universelle sont

très nombreuses N2. Parmi celles-ci, la Tradition Hébraïque avec le premier verset du premier Livre

de la Torah : בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ “Au commencement, Dieu créa les cieux et la

terre” Genèse 1:1, qui se compose en hébreux de 7 mots comptant au total 28 lettres que la Kabbale

nomme “les 28 lettres de la Création et de l’Action du Commencement” (les trois premiers et les

quatre derniers mots étant composés de 14 lettres, Nombre de la totalité des Lames de chacune des

quatre Enseignes du Tarot) N3. L’alphabet Hébraïque comporte 22 Lettres auxquelles s’ajoutent les

5 lettres qui changent de forme quand elles sont en fin de mot, plus le Aleph final, considéré comme

une autre lettre même s’il ne change pas de forme : au total, l’alphabet Hébraïque comporte donc

28 lettres. Il en est de même pour l’Alphabet Arabe qui se compose du “Petit Jafr”, comportant 22

Chapitre VI - La Table et la Rota du Tarot de Marseille

LA TABLE SEPTÉNAIRE AVEC LE TERNAIRE IIII LEMPEREVR, XI LA FORCE ET XVIII COMME AXE CENTRAL


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