Le clavecin, c’est pour faire de beaux rêves Petites ... · de la meilleure récompense du...

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Le clave c’est po de beau Petites v Anne-Catherine Bu Concert interactif Séance scolaire Vendredi 5 février 20 À partir de 8 ans Salle de l’Esplanade Durée : 1h ecin, our faire ux rêves variations 2 ucher 016 à 10h 2 © Benjamin de Diesbach

Transcript of Le clavecin, c’est pour faire de beaux rêves Petites ... · de la meilleure récompense du...

Le clavecin,c’est pour fairede beaux rêvesPetites variations Anne-Catherine BucherConcert interactif

Séance scolaire Vendredi 5 février 2016À partir de 8 ans Salle de l’Esplanade Durée : 1h

Le clavecin, c’est pour faire de beaux rêves Petites variations 2

Catherine Bucher

Vendredi 5 février 2016 à 10h

2

© Benjamin de Diesbach

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Le clavecin, c’est pour faire de beaux rêves Petites variations 2 Anne-Catherine Bucher

L’histoire prétend que Les Variations Goldberg ont été commandées par le Comte de Keyserling pour distraire ses longues insomnies. Jean-Sébastien Bach lui-même exigeait que l’un de ses fils lui joue du clavecin le soir jusqu’à ce qu’il s’endorme. Nous explorerons ensemble le charme du son du clavecin, son histoire et son évolution, jusqu’à ce summum de la musique que sont Les Variations Goldberg.

Aucune autre page pour clavecin que Les Variations Goldberg composée par Jean-Sébastien Bach n'atteint une telle intensité. Dans le genre de la variation, c’est tout simplement un sommet. L'œuvre est d'une richesse extraordinaire de formes, d'harmonies, de rythmes, d'expression et de raffinement technique, le tout basé sur une technique contrapuntique inégalable, rendant cette œuvre de plus en plus brillante à mesure qu'elle se développe.

Partition de chevet ou rite de passage, tous les claviéristes se sont

frottés à cette « aria avec quelques variations pour le clavecin à deux claviers ». Anne-Catherine Bucher connaît sur le bout des doigts tous les méandres de cette œuvre et saura en restituer, dans les moindres détails, les arabesques et couleurs si chatoyantes.

Ce concert commenté est à entendre et à voir, c’est pourquoi une vidéo transmettra en temps réel les mouvements des mains sur les deux claviers du clavecin.

Œuvres interprétées pendant le concert :

FRANÇOIS COUPERIN : Les Barricades mystérieuses,

La Ménetou, Prélude de l’Art de

Toucher le Clavecin, Les Bergeries

JEAN-SEBASTIEN BACH : Aria, Variations 1, 2, 3, 6, 11, 13,

19, 21, 24.

Concert interactif

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Anne-Catherine Bucher

Anne-Catherine Bucher a étudié le clavecin et la basse continue auprès de Michèle Dévérité, Robert Kohnen, Françoise Lengellé, Huguette Dreyfus et suivi les master class de Jesper Christensen et Gustav Leonhardt. Elle a enregistré et donné des concerts dans toute l’Europe et en Amérique Latine au sein des meilleurs ensembles spécialisés en musique ancienne.

Soucieuse du développement de l’excellence musicale dans sa propre région, elle crée en 2000 l’ensemble « Le Concert Lorrain » dont elle assure la direction artistique jusqu’en 2013. Elle dirige et enregistre Le Manuscrit des

Ursulines de la Nouvelle-Orléans, couronné de la meilleure récompense du magasine spécialisé en musique ancienne Goldberg, Les Petits Motets d’Henry Madin qui

obtient également la plus haute distinction du magazine Diapason et les cantates du compositeur lorrain Thomas-Louis Bourgeois, Les Sirènes, avec Carolyn Sampson.

À l’orgue, elle a enregistré plusieurs CD, en particulier avec le cornettiste William Dongois et le Concert Brisé. Elle collabore régulièrement pour les productions baroques et classiques avec l’Opéra National de Lorraine.

Passionnée par la recherche, elle crée des programmes originaux et développe de nouvelles formes de concerts et de rencontres avec tous les publics, en particulier « les Cafés Baroques ». Titulaire du Certificat d’Aptitude, elle a créé la classe de clavecin et le département de musique ancienne au Conservatoire de Nancy où elle a enseigné pendant 10 ans. Elle est maintenant professeure de clavecin au Conservatoire à Rayonnement Régional de Metz Métropole. Elle a donné des master class en France, Belgique, Finlande, Pologne, Allemagne, au Mexique et à Cuba, et a enregistré plusieurs émissions spécialisées pour la radio et la télévision. Elle est mère de quatre garçons.

© Claude Zim

merm

ann

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La musique baroque

Le baroque couvre une grande période dans l’histoire de la musique. Cette période dura à peu près un siècle et demi. Le baroque s’étend du début du XVIIe siècle environ au milieu du XVIIIe siècle, de façon plus ou moins uniforme selon les pays considérés. L’esthétique et l’inspiration baroques succèdent à celles de la Renaissance et précèdent celles du classicisme. � Voir schéma p. 6-7.

Le mot baroque vient vraisemblablement du portugais barroco qui désigne en joaillerie des perles de forme irrégulière. On l’a inventé pour qualifier, au début de façon péjorative, l’architecture baroque venue d’Italieque plus tard, en 1951, que le claveciniste français Robert Veyron-Lacroix l'a utilisé pour la première fois pour qualifier lamusique qui lui était contemporaine, lorsqu'il créa « L'Ensemble Baroque de Parisconnotation péjorative a disparu depuis lors, et le terme tend davantage maintenant à désigner la période de composition que lecaractère de l’œuvre.

La musique baroque

Le baroque couvre une grande période dans l’histoire de la musique. Cette période dura à peu près un siècle et demi. Le baroque s’étend

siècle environ au milieu du siècle, de façon plus ou moins

uniforme selon les pays considérés. L’esthétique et l’inspiration baroques succèdent à celles de la Renaissance et

vient vraisemblablement du qui désigne en joaillerie des

perles de forme irrégulière. On l’a inventé pour qualifier, au début de façon péjorative,

Italie. Ce n’est claveciniste

l'a utilisé pour la première fois pour qualifier la musique qui lui était contemporaine, lorsqu'il

L'Ensemble Baroque de Paris ». Toute péjorative a disparu depuis lors,

et le terme tend davantage maintenant à gner la période de composition que le

L’ère de la musique baroque débute symboliquement en Italie avec l'opéra de Claudio Monteverdi (1567(1607), et se termine avec Bach (1685-1750) et Georg Friedrich Haendel(1685-1759).

Les deux pôles de la musique baroque sont l’Italie et la Francefortement opposés malgré des influences réciproques. Cette opposition était telle que beaucoup de musiciens de l’une des écoles allaient jusqu’à refuser de jouer des œuvres provenant de l’autre.

Au cours de la période baroque, la musique instrumentalevéritablement : elle ne se contente plus d’accompagner ou de compléter une polyphonie1 essentiellement vocale.

Si vous aviez été un jeune musicien vivant en Europe il y a trois cents ans, il vous aurait fallu chercher un emploi à la cour d’un seigneur ou même d’un roi, à la maison d’un riche marchand ou dans l’entourage d’un évêque.

C’est une période d’expérimentation dans les domaines de la composition. En effet, la nouvelle architecture sonore va désose construire à partir d’un socle (la continue) sur lequel vont se développer de puissants piliers (les accords de l'et ce, afin de mettre la perspective sonore en mouvement.

1 Polyphonie : la polyphonie est la combinaison de

plusieurs mélodies ou de parties

ou jouées en même temps.

L’ère de la musique baroque débute symboliquement en Italie avec l'opéra de

(1567-1643), L'Orfeo ), et se termine avec Jean-Sébastien

Georg Friedrich Haendel

Les deux pôles de la musique baroque France, dont les styles sont

fortement opposés malgré des influences opposition était telle que

beaucoup de musiciens de l’une des écoles allaient jusqu’à refuser de jouer des œuvres

Au cours de la période baroque, la

musique instrumentale s’émancipe et naît : elle ne se contente plus

d’accompagner ou de compléter une essentiellement vocale.

Si vous aviez été un jeune musicien vivant en Europe il y a trois cents ans, vous aurait fallu chercher un emploi à

la cour d’un seigneur ou même d’un roi, à la maison d’un riche marchand ou dans l’entourage d’un évêque.

iode d’expérimentation dans domaines de la composition. En effet, la

nouvelle architecture sonore va désormais construire à partir d’un socle (la basse

) sur lequel vont se développer de puissants piliers (les accords de l'harmonie) ce, afin de mettre la perspective sonore

Polyphonie : la polyphonie est la combinaison de

e parties musicales chantées

jouées en même temps.

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Le style baroque se caractérise donc notamment par l’importance donnée aux ornements.

Véritable enjeu musical pour le sens, l’ornement est au centre du discours musical baroque en lui assignant une véritable fonction expressive et structurante. Dès lors, les interprètes sont appelés à participer à l’ornementation des morceaux. Le style baroque exprime aussi beaucoup de contrastes : les oppositions notes tenues/notes courtes, graves/aiguës, sombres/claires, ou encore l’apparition du concerto (de l’italien concertar « dialoguer ») qui met en opposition un soliste au reste de l’orchestre.

Dans le même sens, il importe sans doute de signaler que l’esprit de la variation, avec précisément son idéologie du contraste, relève du geste typiquement baroque.

L’art baroque cherche à saisir l’auditeur dans son émotion. Force est de constater que jamais jusqu’à ce moment de l’histoire, la musique ne s’était avisée de tendre tous ses moyens vers cette seule finalité. Ici, le mouvement, le contraste, l’ornement, l’illusion s’unissent pour un même concours et pour un même dessein : celui de placer l’homme, en tant que sujet de perception, au centre même de l’univers musical.

Jean-Sébastien Bach (1685-1750)

Cet illustre représentant de l’art musical baroque germanique est né le 21 mars 1685 à Eisenach dans le Thuringe. Petit-fils et fils d'organistes et cantors établis en Thuringe depuis le XVIe siècle, Jean-Sébastien Bach fut lui-même un « maillon » d'une importante lignée de musiciens. Il acquit à Eisenach une brillante culture classique (grec et latin notamment), puis, après la mort de son père, entreprit ses études musicales à Ohrdruf. Il s'était déjà familiarisé avec le violon, l'orgue et le clavecin ; il apprit la composition avec Herder, plus occasionnellement avec Böhm à Lüneburg. Son éducation musicale fut complétée par la lecture assidue de compositeurs allemands (dont Buxtehude, rencontré à Lübeck), italiens (dont Frescobaldi et Vivaldi) et français (dont Couperin et Marchand). Ayant fait la connaissance de plusieurs organistes de renom, il fut nommé lui-même à la Neue Kirche d'Arnstadt en 1703 et commença à composer, tout en se forgeant une réputation d'expert et réparateur d'orgue.

Après un court séjour à Mulhouse, Jean-Sébastien Bach est en 1708 musicien de

Suite � p. 8

« Bach est au centre de la

musique. Sans doute le plus

grand génie musical de tous

les temps. »

NORBERT DUFOURCQ, Petite

histoire de la musique en Europe,

Paris, Librairie Larousse, 1942.

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XVIe SIÈCLE XVIIe et XVIIIe SIÈCLES

1750-1800 CLASSIQUE

1600-1750 BAROQUE

1500-1600 RENAISSANCE

Beaucoup de compositeurs sont organistes. L’imprimerie qui nait permet la diffusion de quelques œuvres. Développement d’une musique purement instrumentale.

Beaucoup de compositeurs sont organistes. Les instruments « rois » : l’orgue et le clavecin. La musique se détache totalement de la religion : grands divertissements des cours royales. Grande invention de cette époque : l’opéra. Musique au style ornemental, tourné vers une grande expressivité émotionnelle.

La musique savante n’est plus réservée aux offices religieux. Style musical en réaction aux excès du baroque. Plus réservé, rigoureux et mieux contrôlé. Trois formes musicales émergent : la sonate, la symphonie et le quatuor à cordes.

Giovanni da Palestrina Antonio Vivaldi

Georg Friedrich Haendel

Johann Sebastian Bach

Joseph Haydn

Wolfgang Amadeus

Mozart

Ludwig van Beethoven

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1950-2010 CONTEMPORAIN

1900-1950 MODERNE

1800-1900 ROMANTIQUE

Exacerbation des sentiments. Goût pour la nature, les légendes, le rêve, la poésie. L’instrument « roi » : le piano. Orchestres symphoniques au nombre impressionnant de musiciens. Importance de plus en plus grande des chefs d’orchestre.

Désir de rompre avec les règles traditionnelles de la composition musicale. Utilisation de nouveaux matériaux sonores : grand développement des percussions, nouveautés technologiques avec l’irruption des machines électriques puis électroniques dans le processus créateur. Naissance de l’enregistrement.

Naissance de la musique concrète où les bruits de la vie quotidienne enregistrés sur bande sont élevés au même rang que les sons des instruments classiques. Apparition du concert de hasard dans la musique.

XIXe SIÈCLE XXe et XXIe SIÈCLES

Franz Schubert

Hector Berlioz

Fréderic Chopin

Richard Wagner

Claude Debussy

Richard Strauss

Maurice Ravel

Igor Stravinsky

John Cage

Pierre Henry

Steve Reich

Philip Glass

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chambre et organiste à la cour de Weimar, puis Konzertmeister en 1714 : outre de nombreuses cantates, il y produit ses premières grandes œuvres pour orgue et clavecin. C'est en 1717 qu'il devient Kapellmeister à la Cour de Coethen (cour réformée calviniste, qui l'oblige à abandonner l'orgue et la musique d'église). C'est à Coethen que Bach atteignit le sommet de son art dans le domaine de la musique instrumentale. Avec l'orchestre dont il dispose, il se produit dans la majeure partie de ses œuvres instrumentales.

Des dissensions avec le Prince d'Anhalt Coethen l'amènent à quitter Coethen, pour accepter le poste de Cantor à l'Eglise Saint-Thomas de Leipzig en mai 1723 : il restera à Leipzig jusqu'à sa mort. Assurant l'enseignement musical, chargé de composer régulièrement de la musique religieuse pour chaque dimanche et fête, ainsi que pour les cérémonies officielles de la ville et de l'université, soumis en outre à l'interdiction de s'absenter sans permission signée, Bach connaîtra d'incessants et incroyables démêlés avec les autorités. Il y écrivit cependant ses chefs-d’œuvre de musique sacrée (Oratorios et Passions) et, grâce à la protection bienveillante de l'Electeur de Saxe, sa Messe

en si mineur. Accueilli à Potsdam en 1747 par le Roi Frédéric II de Prusse, il lui dédia L’Offrande Musicale et entama la composition de L’Art de la Fugue.

À la croisée des principales traditions musicales européennes (pays germaniques, France et Italie), Bach a réalisé une synthèse très novatrice pour son temps. Bien qu’il n’ait pas créé de formes musicales nouvelles, il pratiqua tous les genres existant à son époque à l’exception de l’opéra. Dans tous ces

domaines, ses compositions, dont seules quelques-unes ont été imprimées de son vivant, montrent une qualité exceptionnelle en invention mélodique, en développement contrapuntique, en science harmonique, en lyrisme inspiré d’une profonde foi luthérienne. La musique de Bach réalise l’équilibre parfait entre le contrepoint et l’harmonie. Ses contemporains l’ont souvent considéré comme un musicien austère trop savant et moins tourné vers l’avenir que certains de ses collègues. Il a formé de nombreux élèves et transmis son savoir à plusieurs musiciens pour lesquels il a composé de nombreuses pièces à vocation didactique, ne laissant cependant aucun écrit ou traité. Mais la fin de sa vie a été consacrée à la composition, au rassemblement et à la mise au propre d’œuvres magistrales ou de cycles synthétisant et concrétisant son apport théorique, constituant une sorte de « testament musical ».

De nos jours, Bach est considéré comme l’un des plus grands compositeurs de tous les temps.

QUELQUES TÉMOIGNAGES DE LA RELATION QUE JEAN-SÉBASTIEN BACH

ENTRETENAIT AVEC SES ÉLÈVES « Je traiterai les garçons amicalement et avec ménagement, mais, au cas où ils ne voudraient pas obéir, je le châtierai avec modération et en avertirai qui de droit. » C’est ainsi que Bach doit s’engager auprès du Conseil de Leipzig, le 5 mai 1723.

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Les élèves devaient faire pendant plusieurs mois des exercices de tous les doigts des deux mains, en portant toute leur attention sur le toucher qui devait être clair et net. Aucun d’entre eux ne pouvait échapper à ces exercices qui, d’après lui, devaient être poursuivis au moins de six mois à un an. Selon Cramer (Menschliches Leben, Kiel, 1793), J.S. Bach avait demandé que chaque soir, l’un de ses fils, à tour de rôle, l’endorme en jouant du clavecin. C’était avec l’aide de Christian qu’il s’endormait le plus facilement. Voici un témoignage musclé du fils en question : « j’improvisais au clavecin de manière tout à fait mécanique et je m’arrêtais sur une quarte-et-sixte. Mon père était au lit, et je croyais qu’il dormait, mais il sauta de son lit, me donna une gifle et je résolus ma quarteet-sixte. »

Johann Gottlieb Goldberg, jeune claveciniste virtuose, prit des cours de clavecin auprès de Jean-Sébastien Bach alors qu’il avait 10 ans. On lui donna le sobriquet de « Notenfresser(bouffeur de notes !) qui laisse imaginer les aptitudes virtuoses du jeune homme appelé à jouer au milieu de la nuit, alors qu’il n’avait que 14 ans, les variations de son maître pour le Comte de Keyserling. Il a signé plusieurs de ses œuvres de son nom francisé « JeanThéophile Goldberg ». Il décéda malheureusement de la tuberculose à 29 ans, 6 ans après la mort de JeanSébastien Bach.

Analyse de l’œuvre :Les Variations Gol

Les Variations Goldberg, page de titre.

Les élèves devaient faire pendant plusieurs mois des exercices de tous les doigts des deux mains, en portant toute leur attention sur le toucher qui devait

eux ne pouvait échapper à ces exercices qui,

uivis au

Selon Cramer (Menschliches Leben, Kiel, 1793), J.S. Bach avait demandé que chaque soir, l’un de ses fils, à tour de

du clavecin. C’était avec l’aide de Christian qu’il

it le plus facilement. Voici

j’improvisais au clavecin de manière tout à fait mécanique et je

sixte. t, et je croyais qu’il

dormait, mais il sauta de son lit, me donna une gifle et je résolus ma quarte-

Johann Gottlieb Goldberg, jeune claveciniste virtuose, prit des cours de

Sébastien lui

Notenfresser » (bouffeur de notes !) qui laisse imaginer les aptitudes virtuoses du jeune homme appelé à jouer au milieu de la nuit, alors

ans, les variations

signé plusieurs de ses Jean-

malheureusement de la tuberculose à ans, 6 ans après la mort de Jean-

Analyse de l’œuvre : Les Variations Goldberg

, page de titre.

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Variation : Modification d’un thème par la transformation d’un élément musical (rythme, mélodie, harmonie, intensité)2.

Sommet incontesté dans l’immense production de Bach : ses Variations Goldberg (BWV 988) que le musicien publia à la fin de sa vie, en 1742, en en faisant la quatrième et dernière partie de son Clavierübung. Tant pis si la légende l’a emporté sur la vérité historique : on a longtemps soutenu que cette œuvre avait été composée à l’intention du comte von Keyserling, ancien ambassadeur de Russie auprès de la cour de Saxe. Souffrant d’insomnies et ne trouvant de véritable apaisement que dans la musique, c’est pour combler le vide de ses nuits sans sommeil qu’il aurait adressé cette commande à Bach, mission étant donnée à son protégé, un jeune claveciniste du nom de Goldberg, lui-même formé à l’école de Bach, de lui administrer quotidiennement cette œuvre à titre de cure neuro-musicale. Une petite part de vérité subsiste tout de même dans cette histoire, puisqu’on rapporte que Bach offrit au comte un exemplaire des Variations, que celui-ci fut enthousiasmé par cette musique et qu’il en récompensa le compositeur par une coupe en or.

C’est de là que ces variations « tirent le nom de Variations Goldberg sous lequel on les connaît aujourd’hui ; mais le titre exact donné par Bach est Aria avec quelques variations pour clavecin à deux claviers. On notera que Bach se montre exceptionnellement précis sur la nature de l’instrument qu’il veut utiliser pour l’exécution de cette œuvre. Certaines variations sont expressément écrites pour un clavecin à deux claviers ; pour les autres un clavier sera suffisant ; enfin, pour trois d’entre elles, l’interprète aura le choix entre un ou deux claviers. » Une précision qui a son importance : déjà l’œuvre est réputée pour ses exigences virtuoses.

De variation en variation, plus que le développement d’une mélodie, c’est la construction et les progressions harmoniques d’une basse commune qui semblent intéresser Bach.

Que dire de plus sur ces trente variations que Bach déclarait modestement avoir « composées à l’intention des amateurs pour le plaisir de leur esprit » ? Sans doute faut-il souligner leur formidable diversité, le musicien y réalisant en quelque sorte, la synthèse des formes utilisées par lui précédemment (duos, inventions, gigues, fugues, toccatas, chorals ornés, danses, canons, ouverture à la française, etc.), et ce, dans un cadre puissamment ordonné où un canon intervient toutes les trois variations.

Cette œuvre demeure un moment exceptionnel de la musique de clavier. Dans aucune autre de ses pages pour clavecin, Bach n’a atteint une telle intensité, et il faut attendre Les Variations Diabelli de Beethoven pour retrouver dans le genre de la variation un tel génie.

2 Rythme : le rythme est la durée des notes les unes

par rapport aux autres.

Mélodie : la mélodie est la partie instrumentale

ou vocale de premier plan par rapport aux

accompagnements.

Harmonie : l’harmonie est l’émission simultanée

de plusieurs sons différents.

Intensité : l’intensité est le volume du son allant du

plus faible qu’on nomme « piano » au plus fort qu’on

nomme « forte ».

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Le clavecin

À l’époque baroque et jusqu’au début de la période classique, c’était le principal instrument à clavier utilisé. Beaucoup de musique a été écrite pour cet instrument par des compositeurs tels que Bach, Haendel et Vivaldi, et on pourrait difficilement la jouer sur d’autres instruments.

LA STRUCTURE DU CLAVECIN Un clavecin est un instrument de musique à cordes muni d'un ou plusieurs claviers dont chacune des cordes est « pincée » par un dispositif nommé sautereau.

L'instrument mesure environ de 2 à 2,5 mètres de long sur un mètre de large. Son étendue couvre ordinairement de 4 octaves et demie à cinq octaves et n'a jamais été normalisées. La structure est en bois : contrairement au piano, le clavecin à l'ancienne ne comporte pas de cadre métallique ; léger, il peut aisément être déplacé par deux personnes.

Le grand clavecin a la forme d’une harpe disposée horizontalement. Le ou les claviers sont placés sur le petit côté de l'angle droit. Les cordes sont disposées horizontalement. L'élément principal du mécanisme du clavecin est une lamelle de bois dur appelée sautereau qui se présente verticalement au-dessus de la partie arrière (cachée) de la touche.

La touche constitue un levier : lorsque le claveciniste appuie sur son extrémité, l'autre extrémité se soulève et fait monter le sautereau muni d'un bec qui va « pincer » la corde correspondante.

À l’extrémité supérieure du sautereau se trouve une petite languette de bois dur articulée de façon élastique sur le sautereau et munie du « bec » ou « plectre » qui soulève la corde. Lorsque le sautereau continue à s’élever, le bec se courbe progressivement puis finit par « lâcher » la corde ainsi mise en vibration.

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1 - corde 2 - axe de la languette 3 - languette 4 - plectre (ou bec) 5 - étouffoir

1 - chapiteau 2 - feutre 3 - étouffoir 4 - corde 5 - bec 6 - languette 7 - axe de la languette 8 - ressort (soie de sanglier) 9 - sautereau 10 - rotation de la languette

A) le sautereau est au repos, l'étouffoir repose sur la corde et l'empêche de vibrer.

B) soulevé par la touche, le sautereau s'élève : le bec vient contre la corde qu'il soulève tout en se courbant.

C) le bec, trop courbé, vient lâcher la corde qui se met à vibrer (émission du son), le sautereau vient buter contre le chapiteau.

D) la touche est relâchée, le sautereau redescend par son poids. Le bec s'escamote derrière la corde par rotation de la languette, légèrement retenue par le ressort.

axe de la languette ressort (soie de sanglier)

rotation de la languette

A) le sautereau est au repos, l'étouffoir repose sur la corde et l'empêche de

B) soulevé par la touche, le sautereau bec vient contre la corde

soulève tout en se courbant.

C) le bec, trop courbé, vient lâcher la corde qui se met à vibrer (émission du son), le sautereau vient buter contre

D) la touche est relâchée, le sautereau redescend par son poids. Le bec s'escamote derrière la corde par rotation de la languette, légèrement retenue par

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La caisse (ou coffre) constitue la structure principale du clavecin et définit sa forme extérieure et son volume. Elle est indépendante des pieds sur lequel elle repose.

C'est un volume presque entièrement fermé, en bois, qui joue le rôle de caisse de résonance. Elle est disposée parallèlement au(x) clavier(s). À gauche (notes graves), la paroi est droite. À droite (notes aiguës) elle est creuse, c'est l'éclisse courbe qui rejoint le bout.

À la partie supérieure, sous les cordes, se trouve la table d'harmonie, qui couvre presque en totalité la surface de l'instrument.

Un couvercle rabattable articulé permet de refermer celui-ci quand il est inutilisé afin de protéger de la poussière et des chocs les cordes et la table d'harmonie. Le couvercle joue aussi un rôle important quand il est ouvert pour la diffusion du son. Il peut être d'une seule pièce, ou, beaucoup plus fréquemment, en deux parties articulées. Il est maintenu en position ouverte par une béquille, simple baguette de bois non fixée à l’instrument.

L’HISTOIRE DU CLAVECIN L'origine du clavecin remonte au Moyen Âge. C'est au XIVe siècle que l'on en trouve les plus anciens documents.

L'instrument est peut-être originaire d'Italie ou de Bourgogne. L’Italie sera toujours, et de loin, le siège de la plus importante production, avec une facture3 très typée qui demeure la même pendant trois siècles.

Les facteurs4 italiens construisaient des instruments très légers. Cette structure perdura pendant plusieurs siècles sans

modification notoire. Les instruments italiens ont un son plaisant, mais qui manque de puissance.

Un changement décisif dans la facture eut lieu à Anvers vers les années 1580, surtout sur l'impulsion du facteur Hans Ruckers et de ses héritiers. Les facteurs flamands construisaient des instruments beaucoup plus solides que les Italiens. Leurs instruments avaient des cordes plus longues, sous plus forte tension, une caisse plus épaisse et une table d'harmonie très mince qui rendait un son puissant et noble. Il y avait parfois deux claviers. Plus tard, le second clavier fut aussi utilisé pour produire des modifications de sonorité. Le modèle flamand servit de base au développement de la facture dans les autres pays d'Europe occidentale (essentiellement la France, l'Angleterre, l'Allemagne).

Du XVIIe au XVIIIe siècle c'est la grande époque du clavecin. Le clavecin devient un instrument de prestige et un meuble d'apparat qui orne hôtels particuliers, châteaux et palais, chez les bourgeois aisés, les membres de la noblesse et des familles royales. Il participe à la riche vie musicale qui les anime, et les enfants des classes privilégiées apprennent à en jouer auprès des meilleurs professeurs. En France, la Révolution de 1789 porte un coup fatal à l'un des instruments les plus prestigieux de l'époque baroque : il est considéré comme un symbole de l'Ancien

3 Facture : la facture instrumentale est la fabrication

d’instruments. Ce nom regroupe tous les métiers liés à

la fabrication artisanale et industrielle des instruments

de musique. 4 Facteur : fabricant d’instruments.

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Régime5 et son sort se lie à celui de la monarchie. Les biens des condamnés et des immigrés sont confisqués, autant les clavecins que les piano-fortes (il est attesté qu'une douzaine de clavecins furent brûlés dans la cour du Conservatoire de Paris). Le clavecin est considéré comme un instrument démodé, souvent relégué comme objet décoratif.

Le clavecin pour autant ne disparaît pas totalement et il reste en usage jusqu'au début du XIXe siècle en Italie, en Angleterre, en même temps que se développe le piano-forte. Son effacement rapide coïncide avec les changements esthétiques et politiques de la fin du XVIIIe siècle, le passage à la période dite « classique » et surtout avec la naissance du romantisme. Pendant l'époque romantique, correspondant au développement de l'ère industrielle, les compositeurs n'écrivent plus pour le clavecin. Les derniers clavecins « à l'antique » sont construits à Londres au tout début du XIXe siècle.

L'instrument historique retrouve progressivement son usage grâce aux facteurs et aux musicologues6 dans le courant du XXe siècle. Il faut attendre 1889 (Exposition universelle de Paris) pour voir réapparaître en public le clavecin et présentant des caractéristiques très différentes du clavecin ancien. Dès les années 1950, le clavecin suscite à nouveau la curiosité et l'intérêt du monde musical.

Aujourd’hui, de nombreux facteurs produisent des clavecins « à l’ancienne » de grande qualité, tandis que d'autres

fabricants proposent des instruments à monter soi-même permettant à l’amateur passionné de le construire à partir d'un kit.

Le clavecin a retrouvé depuis le dernier quart du XXe siècle sa place privilégiée dans l’interprétation de la musique baroque, comme instrument soliste ou concertant7. Il a pratiquement repris sa place jusqu'alors usurpée par le piano dans ce domaine, car ses caractéristiques sont beaucoup plus appropriées à l’interprétation d’une musique qui a été conçue pour lui.

5 Ancien Régime : l’Ancien Régime est le nom donné à

la période de l’histoire de France désignant les deux

siècles avant la Révolution française. 6 Musicologue : le musicologue est un expert de

l’histoire de la musique. 7 Instrument concertant : instrument qui est joué dans

un genre musical comportant des oppositions de

masses sonores : contraste entre un instrument seul et

plusieurs instruments ou encore entre un petit groupe

d’instruments et tout un orchestre.

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Cahier du spectateur

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JEU 1. Point commun !

Parmi les instruments de la famille des cordes ci-dessous, deux instruments ont un point commun. Lesquels ? Pourquoi ? Écris les noms sous les différents instruments du concert. Entoure les deux instruments qui selon toi ont un point commun. Réponds sur la ligne ci-dessous. ……………..……………………………………..…….……… ………………………………………………………………………….. ……………………………………………………..……… ………………………………………………………….………………………

Pourquoi ?

……..………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………

……..………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………

JEU 2. Jean-Sébastien Bach

Plusieurs informations sur la vie de Jean-Sébastien Bach vont t’être données. Relis avec des flèches les informations véridiques à la photo de Jean-Sébastien Bach.

Jean-Sébastien Bach est l’un des plus grands représentant de la musique Baroque.

Il est né en 1785.

Il a commencé à composer de la musique tout en se forgeant une réputation d’expert et réparateur d’orgue.

Il est chargé de composé de la musique religieuse à Leipzig.

Il a composé beaucoup d’Opéra.

Jean-Sébastien Bach a connu beaucoup démêlés avec la justice.

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JEU 3. Claveciniste en herbe

Retrouve les différentes parties du clavecin en inscrivant leurs noms aux bons endroits.

DEVINETTES 1. Quel est l’élément principal du mécanisme du clavecin ?

……..………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………

2. Peux-tu citer des instruments à cordes frottées ?

……..………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………

……..………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………

3. Quel est l’autre nom donné aux instruments à cordes ?

……..………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………

18

Réponses JEU 1. Point commun !

Harpe Piano Violon Clavecin

La harpe et le clavecin sont deux instruments qui ont le point commun d’être des instruments à cordes pincées. En effet, bien que faisant partie de la famille des instruments à cordes, le piano et le violon sont différents : le piano a des cordes frappées et le violon des cordes frottées.

JEU 2. Jean-Sébastien Bach

JEU 3. Claveciniste en herbe

DEVINETTES

1. L'élément principal du mécanisme du clavecin est une lamelle de bois dur appelée sautereau. 2. On peut citer comme instruments à cordes frottées le violon, la contrebasse, le violoncelle et l’alto. 3. Les instruments à cordes sont aussi appelés cordophones.

Jean-Sébastien Bach est l’un des plus grands représentant de la musique Baroque.

Il est né en 1785.

Il a commencé à composer de la musique tout en se forgeant une réputation d’expert et réparateur d’orgue.

Il est chargé de composé de la musique religieuse à Leipzig.

Il a composé beaucoup d’Opéra.

Jean-Sébastien Bach a connu beaucoup démêlés avec la justice.

Couvercle

Clavier

Béquille

Pupitre

Chassis

19

© Benjamin de Diesbach

20

Arsenal Metz en Scènes

Direction Générale : Zériga Laaraba (par intérim)

Déléguée Artistique : Michèle Paradon

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Bill. : +33 (0)3 87 74 16 16 Adm. : +33 (0)3 87 39 92 00

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Jazz Vendredi 11 mars 2016, 20h

La nuit du Jazz Christophe Panzani L A R G E Ensemble + Vincent Peirani « Living Being » Quintet

La nouvelle scène jazz française se porte bien !

La preuve ce soir avec deux de ses représentants, Christophe Panzani et Vincent Peirani. Tous deux font partie de cette génération de jeunes musiciens ayant reçu une formation classique du plus haut niveau, mais qui ont grandi dans l'amour du jazz, du rockdes musiques du monde et même des musiques électroniques.

Bientôt à l’Arsenal

Vendredi 11 mars 2016, 20h

« Living Being » Quintet

La nouvelle scène jazz française se

La preuve ce soir avec deux de ses représentants, Christophe Panzani et Vincent Peirani. Tous deux font partie de cette génération de jeunes musiciens ayant reçu une formation classique du plus haut niveau, mais qui ont grandi dans l'amour du jazz, du rock, de la pop, des musiques du monde et même des

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Living Being Quintet © Sylvain Gripoix

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