Le choix du bonheur - lecrips.net · Toutes mes copinessemoquaientdemoi au pays. On m’appelait la...

28
Le choix du bonheur Roman-photo

Transcript of Le choix du bonheur - lecrips.net · Toutes mes copinessemoquaientdemoi au pays. On m’appelait la...

Le choix du bonheurRoman-photo

Le choix du bonheur

Remerciements : à toutes les personnes qui se sontinvesties pour que ce roman-photo existe. Aux femmesqui ont témoigné et écrit leur histoire, aux militants dela région Nord-Ouest Ile-de-France (NOIF) qui ontprêté leur image et joué le jeu, aux militants de ladélégation Haute-Normandie qui ont ouvert la porte deleur logement pour les décors, à ceux qui ont assuré lalogistique du week-end de tournage, au grouperégional migrants de AIDES NOIF et aux groupesnationaux femmes et migrants de AIDES.

Directeur de la publication : BrunoSpire • Comité de rédaction :Euphrasie, Floflo, Larissa, Natacha,Sophie, Suzie Suriam • Relecture :

Christiane Marty-Double, Franck Specenier • Photographies (avecnos remerciements) : Antoine Roulet • Maquette : Laurent Marsault •Illustrations, story-board : Bienvenu Mampouya • Coordination :Isabelle Jaffrès, Olivier Laquèvre • © AIDES Octobre 2008

Les Personnages

Toumba Prisca L’oncle deToumba

La mamande Toumba

Le médecingénéraliste

Le petitPierre

JacquesStéphane

Le médecinhospitalier

La belle-mèrede Prisca

Le Beau-frèrede Prisca

• Toumba : Cina• Prisca : Dina• L’oncle de Toumba : Roger

Tchouateun• La maman de Toumba : Alice• Le médecin généraliste : Eric• Stéphane : Jean-Christophe Goulier• Le petit Pierre : Thelma• Jacques : Bienvenu• Le médecin hospitalier : Gigi• La belle-mère de Prisca : Alice• Le Beau-frère de Prisca : Synclaire

Ngiema

Les Comédiens(Militants de AIDES)

Oui, j'ai eu 14/20.On n'est que trois à avoireu la moyenne.

Alors Toumba, tu as eu ta note d'anglais ?

C'est vrai que jeréussis bien dansmes études. Je nepeux pas meplaindre. Et toiPrisca, commentvas-tu ?Et ton mari ?

Ça va mal. Mon mari est très malade.Il vomit tout le temps. Il dit que c'estson patron qui le vend à la sorcellerie.

Vous n'êtes pas allés à l'hôpital ? Il y a tellementde maladies qui font vomir tout le temps.

Tu veux dire quoi ?Que mon mari a le sida ?

Oh la la ! C'estpointu... En toutcas, je ne me faispas de soucis pourtoi. Tu vas encoretrès bien t'en tirer.

Tu vois ! Avec toi, c'est toujours la meme chose : tudis t'être plantée et tu finis parmi les premiers. Etpour ton mémoire, tu sais sur quoi tu vas travailler ?

J'aimerais traiterde “la place desfemmes africainessur le marché dutravail”.

Prisca et Toumbasont des amies de longue date...

Non, mais va voir àl'hôpital. On va te diresi c'est le sida ou pas.De toute façon, pourmoi ça ne change rien.On a grandi ensembleau pays et tu escomme ma sœur. Tupeux tout me dire etcompter sur monsoutien.

Merci. Moi aussi je seraitoujours là pour toi. Surtoutque tu es maintenant touteseule ici.

Je vais plutôt rentrer à lamaison pour m'occuper demon mari. Il est resté au litce matin.

Tu dis ça, mais onverra dans quelquesannées… Enattendant, tu as fait lebon choix. Même sic'est dur. Veux-tu allerau cinéma cet après-midi pour te changerles idées ?

Alors on s'estséparés. C'estdur… leshommes, je neveux plus enentendre parler.

Non merci, je vais passer à la fac. Aujourd'hui, on peut y faire untest de dépistage du VIH. Est-ce que ça t'intéresse ? C'est gratuit,anonyme et on n'a rien à perdre !

Je suis restée cinq ans avecBlaise. Nous deux, c'était dusérieux. On était très fidèles.On voulait s'installer et avoirdes enfants. Mais je voulaisd'abord terminer mes études.

Comment est-ce quej’ai pu attraper cettemaladie ? Je n’ycomprends rien, j’aitoujours été prudenteet presque parfaitedans ma vie.

Quelques jours plus tard.Toumba se retrouve seule après avoir appris sa séropositivité au VIH.

Je vais mourir dehonte. Ma famille,comment vais-jelui annoncer ça ?Le sida, ça ne seguérit pas, alorsautant en finirtout de suite.

Allo, Prisca ? J’ai passé lajournée à pleurer. Est-ce quetu peux venir dîner à lamaison ? Je n’ai vraimentpas le moral.

Le soir même.

Qu’est ce que tu as àpleurer ? Dis-moi cequi t’arrive, ne teretiens pas. Tu saisbien que je suis prêteà tout partager avectoi.

Une demi-heure plus tard.

Tu en es sûre ?

Mais oui ! Tu sais bien quetu es comme ma sœur.

Mon test de VIHest positif. Jen’y comprendsvraiment rien !

Oh merde ! Toiséropositive ? C’est vraimenttrop injuste. Mais commentas-tu pu attraper ça ?

Je ne comprends pas. J’aitoujours été fidèle àBlaise. Je ne sais pascomment lui dire qu’il doitaller faire un test. MonDieu, donne-moi de laforce !

Tu as raison, il faut leprévenir. En tout cas,ne t’inquiète pas : Jet’aiderai quand tu enauras besoin.

Merci, ma sœur. Tu asdéjà tellement deproblèmes ! Commentva ton mari ?

De plus en plus mal. Etcomme il ne travaille pas,les fins de mois sontdifficiles…

Oui, avec l’aide de Dieu et de sesamis. A propos, est-ce que tu peuxnous dépanner un peu ?

Je connais ça. On finittoujours par s’en sortir.

Ecoute ma sœur,ça m’embête derefuser. Mais jene peux pascette fois-ci, j’aipeur pour monloyer. Tu sais queje suis boursière.

Justement…

Non, ce n’est pas possible. Mais il me restedu riz et des légumes. Reviens demain soir,on pourra faire la cuisine et dîner ensemble.

Ca va, ne te gène pas,j’ai compris.

Je verrai comment tuferas… tu te débrouillerastoute seule avec tasaloperie !

Mais Prisca, ilfaut qu’on seserre les coudes !

Qu’on se serre lescoudes alors que tu melaisses crever ? Je vaisdire aux copines de neplus se compliquer la vieavec toi. Adieu !

Même Prisca, ma presquesœur, me rejette ! Alors mamère et ma sœur au paysvont aussi me tourner le dos.Mais je ne veux pas mourirsans personne à qui parler.

Après le départ précipité dePrisca, Toumba sombre ànouveau dans le désespoir…

En France avec moi, iln’y a que le frère de mamère. Je vais lui faireconfiance, en priantpour qu’il ne crie pasmes affaires sur tous lestoits, comme Prisca. Jesouffre trop moralementde cette maladie.

Le lendemain matin.

Bonjour Tonton,comment vas-tu ?Et ta famille ?

Tout le monde va bien. Ettoi ? Tu as trouvé dutravail déjà ?

Toi aussi, tu as le SIDA ?

Un lourd silence s’installe…

Tonton, j'ai desproblèmes. Est-ceque je peux venirchez toi me reposerpendant quelquestemps ?

Oui ma fille, la porte de mamaison t’est ouverte. Viens mevoir ce week-end, nous auronsdu temps pour parler.

Le samedi suivant.Toumba met beaucoup d’espoir en son oncle qui l’a souvent soutenue depuis son arrivée en France.

Ma fille, dis-moi quel est tonproblème. Tu sais que tu peuxtout me dire, je suis comme tesparents.

Tonton, je suis...séropositive… ettout le monde icime tourne le dos.

Je vais te donner unenatte pour dormir au salon.Et surtout, ne t’approchepas des enfants !

Quand comptes-tu rentrer ? Tu comprends, j’aiune femme et des enfants, je dois les protéger. Jevais quand même dire à ta famille de commencerà cotiser l'argent pour rapatrier ton corps.

Ne fais pas ça. Si mamanapprend ça, elle vamourir. Les autres vont semoquer de moi et metraiter de tous les noms.

Ce n'est pas juste ! Même ma familleme tourne le dos. Que vais-je faire ?Tonton, ne me laisse pas tomber !

Débrouille-toi touteseule. Tu es bien alléechercher la maladie.

Il fallait ypenser avant decoucher avectout le monde.Dieu t'a punieen t’envoyantcette maladie.

Je suis toute seule… je suis complètementperdue. Mon Dieu, je n’ai plus la force devivre. Qu’ai-je fait pour mériter ce malheur ?Au secours !

Seule, Toumba s’effondre…

Belle-maman, ton fils est trèsmalade. Mais il dit que sonpatron le vend à la sorcellerie etil ne veut pas aller à l'hôpital.

De retour dans son studio.Toumba, submergée par un profond chagrin, écrit une lettre à sa mère au pays.

Au même moment.Prisca reçoit la visite de sa belle-mère et de son beau-frère.

Tu racontes n'importe quoi, mauvaise femme !C'est toi qui l’as marabouté. On m'avait prévenue :dans ta famille vous êtes tous des sorciers. Si monfils meurt, je te marabouterai aussi !

Assez ! Il peut avoir aussi le sida. Il en a tous lessymptômes. Quand on lui parle, il n'écoutejamais. Il cherche trop les femmes, il a desmaîtresses dans toutes les villes d’Europe, avecson métier de routier. Maman, tu le sais très bien.

Chère Maman, je vaist’annoncer quelque chose detrès grave. Mais d’abord, tudois savoir que tu comptesbeaucoup pour moi. Ma sœuret mes frères aussi…

Je ne veux pas faire le test du sida. C'est unemaladie qui n'existe pas. Ça a été inventé pour queles gens sucent le bonbon dans l'emballage. Et sic'était vrai, je ne voudrais rien savoir.

Ta gueule fiston. C'est sa femme qui vaavec tous les voisins pendant seslongues absences. Des prostituées-nées de mères en filles !

De toute façon,mieux vaut aller àl’hôpital. Si on netrouve rien, je vaisdonner raison àmaman.

Bien que faible,le mari de Prisca se montre déterminé…

Je vous l’avais dit ! Il sait cequ’il a comme maladie. Onva te faire le test. On pourrapeut-être te soigner.

Non c’est non.Je refuse.

Allo Maman, tu aseu mon courrier ?

Quinze jours plus tard.Toumba n’a reçu aucun appel de sa mère…

Oui ma fille, ton cousin m’a lu ta lettre. Sij’ai bien compris, même toi aussi tu as cettemaladie là ? Comment as-tu ramassé ça ?

Maman, tu me connais trèsbien. Tu sais que je ne suispas volage. Toutes mescopines se moquaient de moiau pays. On m’appelait laSainte Nitouche parce que jevivais avec un seul homme !

Tu vas mourir et tu meparles comme ça !Comme si je n’avais pasété une bonne mère… Jen’aurai pas de petits-enfants. Je serai couvertede honte et j’aurai tout levillage à dos.

Maman, je ne vais pas mourir. Maintenant,quand on découvre cette maladie très tôt, il ya des traitements qui permettent de vivre enbonne santé pendant très longtemps.

Tu en es sûre ? Moi je crois qu’on adû te manger à la sauce sorcellerieau pays, par jalousie parce que tu esen France. Je vais aller chez lesorcier invoquer les esprits.

Ne dis pas ça, Maman ! Je suismalade, mais ce n’est pas àcause de la sorcellerie. Et cen’est pas la fin du monde. Je nesuis pas en train de mourir.

Même si c’est vrai, qu’est ceque je vais dire à ta famille ?Ici, ils vont se moquer demoi. Ils vont dire tant de malde toi ! Et tes frères, qu’estce que je vais leur dire ?

Surtout ne rentre pas au paysmaintenant ! Je vois souventdes malades du sida et tu doisêtre maigre comme uneaiguille. Reprends des forcesd’abord. Comme ça on pourradire aux gens que ce sont desracontars et que tu vas bien.Tu as toujours été un belexemple pour tes frères et tasœur. Ils parlent tout le tempsde toi. Moi, tu me donnesencore beaucoup de fierté.

Dis-leur la vérité : que jevais bien. Je vais lesappeler plus tard, quandje m’en sentirai prête.

Merci Maman. Ne t’inquiète pas pour moi,je suis en forme physiquement et j’ai bonnemine comme d’habitude. J’ai découvertmon VIH très tôt et je suis bien soignée. LeVIH ne se voit pas sur mon visage !

Mais de toute façon, jene me sens pas prête àrevenir au pays. Je terappelle plus tard pourprendre des nouvelles.A bientôt Maman !Porte-toi bien.

Madame, toutes mes condoléances.Votre mari est décédé. Il n’a jamais voulufaire le test de dépistage du VIH. Mais j’aivu mourir beaucoup de malades du sida,et je crois que c’est bien ce qui l’a tué.

Pendant ce temps là,un médecin de l’hôpital apprend une bien triste nouvelle à Prisca et son beau-frère...

Comprenez bien queplus le VIH estdépisté tôt, mieuxnous pouvons soignerles personnes. Alors,mieux vaut savoir etse soigner que ne passavoir et mourir !

Si le test est positif, on bénéficie d’un suivi médicalet psychologique qui permet de combattre le VIH etl’empêche de se multiplier. Le coût des traitementsest pris en charge par l’État. On peut vivre une viequasi-normale pendant de très longues années.

Dans ces circonstances,Madame, je vousconseille de faire letest. C’est possible dansde nombreux centres,gratuitement, par unesimple prise de sang.De nos jours, lesrésultats sont rapides etconfidentiels.

Oui Docteur, je comprends.Je vais faire le test.

On accuse la pauvre pour rien et on la traite detous les noms. A mon avis, mon frère savait qu’ilavait le sida et il avait peur de la honte. Au pointde préférer qu’on accuse la mère de ses enfants.

Le beau-frère de Prisca ne dit mot mais il compatit avec Prisca.

Elle va peut-être mourir bientôt etalors on dira que la malédictiond’avoir tué son mari l’a rattrapée.

Toute cette hypocrisie,cette lâcheté, cettehaine empoisonnent lavie autant qu’un virus…

Tout en sortant de l’hôpital.

Docteur, il y a longtemps que je nem’étais pas sentie aussi bien. C’estle printemps, il fait beau et j’airencontré un type formidable ! Onveut se marier et fonder une famille.

Quelques mois plus tard. Toumba a retrouvé goût à la vie. Elle en parle à son médecin traitant.

Est-il de votre couleur ? Heu ! Est-il séropositif ?

Non, pourquoi ?Non, enfin… nous n’enavons pas parlé. Mais on seprotège, je l’aime et on estensemble depuis 6 mois.

Mais vous allez le contaminer !Vous feriez mieux de rester seule.

Je me sens jugée parcet homme… Il estmédecin et je lui faisconfiance, mais il doitme respecter ! Je vaischercher un médecinplus compréhensif.

A l’extérieur du cabinet médical,Toumba est choquée par la réactionde son médecin.

Me voilà seule avec monproblème : Stéphane veutabandonner le préservatif.Il me propose d’allerensemble faire le test.

Comment réagir ?Lui dire la vérité aurisque de le perdre ?Lui céder sanspréservatif ? Mais sije le contaminais ?…Je repars dans ladéprime…

Toumba, assaillie de questions, ne sait plus quoi faire…

Prisca, quelle surprise !

8 mois plus tard.Récemment installée dans un nouvel appartement, Toumba reçoit une visite inattendue…

Tu ne m’en veux pas trop,j’espère ? J’étais un peu fâchéel’autre jour... J’ai mis du tempsà revenir vers toi, mais je suiscontente de t’avoir retrouvée.

Et moi, je suis contentede te revoir. Entre !

Je te présente mes excuses. J’ai été bête. A l’époque,j’avais beaucoup de soucis avec mon mari… etbeaucoup de préjugés sur le VIH. Depuis, j’ai apprisque ça peut arriver à tout le monde. Malheureusement,il suffit parfois d’une seule rencontre.

J’accepte tes excuses. Tu sais, moi aussij’ai fait du chemin depuis ce jour là.

Oh, mais je vois ça ! Tu attends unbébé. Félicitations ! Alors tu asrencontré le grand Amour ?

Oui, il s’appelleStéphane. Ons’est marié l’étédernier.Et maintenant,à nous la vie defamille !

Je suis heureuse pourtoi, c’est super ! Maisau fait, l’enfant n’aurapas de problème ?

Tu sais, la médecine a faitbeaucoup de progrès. Le risque quenotre enfant soit séropositif est trèsfaible car mon traitement estefficace.

Ca veut dire quoi, risque très faible ?

Ma trithérapie a permis deréduire le VIH dans monsang, donc le risque pourl’enfant est inférieur à 1%.

ah oui, c’est très bien !

Nous avons beaucoupréfléchi avec Stéphane.Nous avons décidé detenter l’aventure !

Et dans ces cas-là, comment sepasse la conception de l’enfant ?

Nous avons suivi les conseils du médecin spécialiste. J’ai faitmoi-même ce qu’il appelle une “insémination naturelle”, c’esttrès simple ! Et ça me permet de fonder une famille, sansrisque pour Stéphane.

Toumba, tu sais que j’ai perdumon mari ? Il était très malade,le médecin dit qu’il avait le sida

Après un court silence, Prisca se confie à Toumba…

Ne t’inquiète pas, je suis bien entourée et je vis au jour le jour.

Oh ma sœur, Je ne savais pas que tu avais euun si grand malheur ! Mon Dieu, pourquoi tantde souffrance… Que puis-je faire pour toi ?

Toumba, je dois t’avouer que je n’ai toujours pasfait le test de dépistage, j’avais trop peur. Mais tonexemple me redonne espoir. Même si j’apprendsque j’ai le VIH, je peux espérer refaire ma vie.

Tu as raison, Prisca. Ne perds pasde temps ! Je ne l’espère pas, maistu es peut-être contaminée depuislongtemps…

Le plus tôt tu découvres ton VIH, leplus vite tu es prise en charge et lemieux tu peux vivre avec le VIH.

Si tu veux, je t’accompagne àla Consultation de DépistageAnonyme et Gratuite.

C’est d’accord, on y va !

Bonjour la famille ! AlorsStéphane, toujours en vacances ?

Un an plus tard.Prisca retrouve Toumba et sa famille en centre-ville.

Oui, je reprends le boulotlundi. C’est passé trop vite.Mais au moins, j’ai bienprofité de ma femme et demon fils. Ce petit bout dedix mois fait notre bonheur !

Je suis très contente pour vous.Vous méritez votre bonheur.

Toumba m’a fait confiance. Elle m’a tout ditet je l’ai acceptée avec sa maladie. Nous nousaimons et nous soutenons au jour le jour.

Stéphane évoqueavec émotion son parcours aux côtés de Toumba…

La grossesse de Toumba s’était très bien passée. Sais-tu qu’onvoudrait bientôt donner à Pierre un petit frère ou une petite sœur ?

Oui je sais, nousne nous cachonsrien toutes lesdeux !

Quelle chance de pouvoiravoir des enfants et les voirgrandir quand on estséropositif !

Ma chérie, passe un bon après-midiavec Prisca. Je m’occupe du petit.Amusez-vous bien, et bon shopping !

Prisca, on viendra t’aiderà pendre la crémaillère deton nouvel appartement.

Allons-y, Prisca ! On n’a quedeux heures avant la réuniondu groupe de parole.

Grâce à toi, je sais maintenant ce qu’est une vraie sœur. Tum’as pardonnée alors que je t’avais rejetée quand tu asappris ta maladie. Puis, tu m’as accompagnée le jour demon test de dépistage. Toumba, comment te remercier ?

Je suis soulagée de ne pas être séropositive, j’ai eubeaucoup de chance ! Peut-être que le travail de mon mari yest pour quelque chose… ça l’éloignait de moi si souvent !

L’instant d’après.Les deux amies reprennent leurs confidences…

Notre groupe de parole pour lespersonnes touchées et leurs proches t’aaussi aidé à évoluer par rapport au VIH,non ?

Tu as raison, monregard a bien changésur les personnes séro-positives. Ce groupe esttrès important pourmoi ! En plus, j’y airencontré des person-nes formidables. Simon mari s’était faitdépister et soigner, aulieu de faire l’autruche,il serait encore parminous.

Il a choisi seul sondestin. Mais je suis sûreque tu vas refaire ta viemalgré cette blessure.Ton déménagement estla première étape.

Alors en chemin !Il n’y a pas uneminute à perdre.Que commence manouvelle vie à moiaussi !

A travers les épreuves, les deux amies ont consolidé leur amitié et sourient de nouveau à la vie.

FIN

Il n’existe pas d’autre mode de transmission du virus que les 3cas que nous venons d’énoncer. Le virus ne se transmet pas enpartageant son appartement avec une personne séropositive, nien lui serrant la main, ni en l’embrassant, même sur la bouche,ni en buvant dans le même verre qu’elle, ni en mangeant unmême plat, ni en jouant avec elle…

GROS PLAN

Il est important de savoircomment se transmet leVIH/sida pour biencomprendre les risques,savoir si on en prend ousi on en a pris.

Pour qu’il y aitcontamination, il faut un

contact entre un liquidecontaminant (qui contient du

virus) et une porte d’entrée du corps.

Il y a 3 liquides contaminants : le sang, le lait maternelet les liquides sexuels : le sperme chez l’homme et lessécrétions vaginales chez la femme.

Les portes d’entrée pour le virus sont : le vagin, le gland,l’anus, l’intérieur de la bouche, l’œil (les muqueuses engénéral), une blessure ou une plaie.

3 voies de transmission sont possibles :• Par l’entrée dans son propre sang de sang contaminé :injection, contact de sang contaminé avec une plaieouverte, transfusion sanguine dans les pays où le donde sang n’est pas contrôlé.

• Par une relation sexuelle sans préservatif avec unepersonne séropositive (porteuse du VIH/sida).

• De la mère séropositive à l’enfant : La mère séropositivepeut contaminer son enfant par le lait maternel.Concernant la transmission pendant la grossesse, voirles pages suivantes.

Stop aux idées fausses !

Pour savoir si on est infecté par le virus VIH/sida, une seule chose àfaire : un test de dépistage du VIH/sida.

COMMENT SE PASSE LE TEST ?

Il est réalisé à partir d'une simple prise de sang. Les résultats sont prêtsquelques jours après la prise de sang. Des tests rapides dont la lecture durésultat sera quasi immédiate devraient bientôt être disponibles en France.

Je suis malade, mais ce n’est pas à cause de la sorcellerie.Et ce n’est pas la fin du monde. Je ne suis pas en train de mourir.

Et surtout, ne t’approche pas des enfants ! Je dois les protéger.

Mieux vaut savoir et se soignerque de ne pas savoir et mourir !

En France commedans de nombreuxpays, un nombrecroissant de femmessont contaminéespar le VIH, géné-ralement lors derelations sexuelles.Sexuellement, les fem-

mes sont plus exposéesque les hommes au risque

de contamination par le virusdu sida.

Il y a des raisons biologiques, liées au corps et à sonfonctionnement :• Le sperme contient plus de virus que les sécrétionsvaginales. Or c’est la femme qui reçoit le sperme dansson corps.

• La surface des muqueuses du sexe féminin est plusimportante que celle de l’homme (c’est tout l’intérieur

du vagin). De plus, il y a des moments dans la vie de lafemme où les muqueuses sont particulièrement fragiles(chez les jeunes filles, au moment des règles, après unaccouchement, à la ménopause, par la présenced’Infections Sexuellement Transmissibles, lors derapports sexuels non désirés, forcés ou violents).

Il y a aussi des raisons liées au mode de vie : les inégalitéssociales et économiques, la dépendance financière, lesviolences physiques et morales que vivent certainesfemmes les empêchent souvent de négocier des rapportssexuels protégés.

La contamination ne concerne pas uniquement lesfemmes et les hommes qui ont plusieurs partenairessexuels. Le mariage ne protège pas du VIH/sida. En casde relation adultère non protégée, un membre du couplepeut être contaminé puis contaminer son ou saconjoint(e).

Après la contamination par le VIH, la personnedevient séropositive. L’infection par le VIH peutrester invisible plusieurs années. Dès lacontamination, les personnes séropositives peuventtransmettre le virus, mais ne présentent aucunsigne apparent de la maladie (pas d’amaigris-sement, pas de traces sur la peau, etc.).

Par contre, si une personne ne sait pas qu’elle estséropositive et ne prend pas de traitement, son état desanté peut se dégrader. Sans suivi médical approprié, lesida peut se déclarer.

Le VIH ne se voit pas sur mon visage !

A l’époque, j’avais beaucoup de préjugés sur le VIH. Depuis, j’ai appris que ça peutarriver à tout le monde. Malheureusement, il suffit parfois d’une seule rencontre.

Stop aux idées fausses !

Où PEUT-ON SE FAIRE DEPISTER ?

Dans une Consultation de Dépistage Anonyme et Gratuite(CDAG). Il en existe dans la plupart des villes, grandes etmoyennes. On peut aussi consulter son médecin qui feraune ordonnance pour effectuer un test dans unlaboratoire d'analyses médicales.

Dans un CDAG :• C’est gratuit.• Le test est anonyme : on ne donne pas son nom.• Aucun papier n'est demandé.• On y va sans rendez-vous (se renseigner surles heures d’ouverture).

• On est reçu et aidé par une équipe deprofessionnels.

• En France, si on ne parle pas bienfrançais, on peut accéder à un serviced'interprétariat (ISM Interprétariat) partéléphone au : 01 53 26 52 62 (24h/24,7 jours/7). Renseignements :www.ism-interpretariat.com

POURQUOIFAIRE UN TEST DE DEPISTAGE DU VIH/sida ?

• Parce qu’on pense avoir pris un risque en ayant eu unrapport sexuel non protégé (sans préservatif).

• Parce qu’on souhaite faire un bilan dans un coupleavant d'arrêter d'utiliser les préservatifs.

• En cas d'inquiétude suite à un contact avec du sang.• Le test de dépistage est systématiquement proposé auxfemmes enceintes (mais elles peuvent accepter ourefuser).

• Ou tout simplement parce qu'on se sent prêt… parcequ'on voudrait être sûr… parce qu'on ne sait pas trop sion a pris un risque ou pas dans le passé… à l'occasiond'un bilan de santé.

Avant de faire un test de dépistage, il peut être utile d’enparler soit avec un médecin, soit avec un proche (unparent, un(e) ami(e)), soit dans une association commeAIDES. Cela permet de penser à ce qu’on fera une foisqu’on aura le résultat : ce que cela peut changer dans mavie, avec qui en parler…

QUAND FAIRE LE TEST ?

Après la prise de risque, on doit attendre 10 à 15 jourspour faire un test de dépistage et savoir si on est

ou non contaminé(e). Si ce test est négatif, ilfaut toujours refaire le test trois mois aprèsle risque, pour être certain(e) de ne pasavoir été contaminé(e).

Si tu veux, je t’accompagneà la Consultation de Dépistage Anonyme et Gratuite !

Les personnes séropositives bénéficient d’unsuivi médical qui permet de combattre le VIHet l’empêche de se multiplier. Le coût destraitements est pris en charge par l’Etat. Onpeut vivre une vie quasi-normale pendant detrès longues années.

Stop aux idées fausses !

QUEL EST LE RISQUE DE TRANSMISSION DU VIHD’UNE MERE SEROPOSITIVE A SON ENFANT ?

Le risque de transmission du VIH à l’enfant dépendsurtout de la charge virale (quantité de virus dans le sang)de la mère séropositive. Avec un traitement anti-VIH quirend la charge virale très faible et avec un bon suivigynécologique, ce risque est inférieur à 1% (moins d’unenfant sur cent naît contaminé par le VIH).

Voici quelques années, on pratiquait souvent unecésarienne (opération de la mère pour faire sortirl’enfant), afin de réduire le risque de transmission du VIHlors de la naissance. La césarienne est beaucoup moinsutilisée aujourd’hui car les traitement contre le VIH sontbien plus efficaces qu’auparavant.

Si la future mère séropositive n’est pas (ou mal) prise encharge pour sa grossesse et ne prend pas de traitement,le risque est d’environ 20% (un enfant sur quatre naîtcontaminé par le VIH).

QUAND SAIT-ONSI L’ENFANT EST SEROPOSITIF OU SERONEGATIF ?

Si la mère est séropositive, le nouveau né recevra untraitement anti-VIH pendant six semaines afin de mieuxle protéger du VIH.

Tous les enfants nés de mère séropositive sont à lanaissance séropositifs, sans pour autant être contaminés.Ces enfants portent les anticorps de leur mère, ça ne veutpas dire qu'ils ont le virus. Au bout de trois mois, ledosage de la charge virale peut établir avec certitude lediagnostic de contamination ou non au VIH.

Le lait maternel d'une maman séropositive peut êtrecontaminant pour le bébé. L'allaitement est doncdéconseillé à chaque fois qu'une alimentation au laitindustriel peut être assurée dans des conditions correctes,donc essentiellement dans les pays du Nord (dont laFrance).

CONCEVOIR UN ENFANTSANS TRANSMETTRE LE VIH A SON CONJOINT

Différentes techniques permettent d'éviter tout risque detransmission du VIH entre conjoints, mais aussi de traitercertaines stérilités.

3 situations existent :

• L’homme est séropositif, la femme est séronégative :Dans certains hôpitaux, il est possible de faire un“lavage de sperme”. L’Assistance Médicale à laProcréation (AMP) permet de réaliser la conception sansrisque d’infecter la future mère. Il n’y a alors aucunrisque que l’enfant soit contaminé.

• La femme est séropositive, l’homme est séronégatif :Différentes méthode d’insémination (pratiquées par lecouple ou par un médecin) évitent la transmission duVIH de la femme à l’homme. Ainsi, une “inséminationnaturelle” consiste à recueillir le sperme dans lepréservatif après un rapport sexuel protégé et à lemettre dans le fond du vagin. Après l’éjaculation, ilfaudra attendre une trentaine de minutes environ pourque le sperme devienne liquide dans le préservatif. Lafemme peut alors récupérer le sperme avec uneseringue (sans aiguille) et se l’injecter dans le vagin.

Quelle chance de pouvoir avoir des enfantset les voir grandir quand on est séropositif !

Stop aux idées fausses !

La séropositivité est vécue par beaucoup de personnes dans unegrande solitude, trop souvent dans le secret et la honte. La peurdu jugement des autres, de la perte de ses enfants, de saposition dans la famille ou dans la société rendent parfoiscompliqué l’accès aux soins, aux droits sociaux et même auxassociations. Il existe cependant des associations et des réseaux

de professionnels (médecins, infirmières, assistantes sociales,etc.) très compétents et impliqués depuis longtemps dans le

traitement du sida.

Cette méthode simple respecte l’intimité du couple. Ungynécologue pourra expliquer à la femme commentréaliser au mieux cette insémination. Il l’aidera àrepérer le meilleur moment pour faire l’insémination enfonction de son cycle menstruel.

S’il existe un problème de fertilité, une conceptionmédicalement assistée peut aussi être proposée par lemédecin.

• La femme et l’homme sont séropositifs : Si l’on veutéviter tout risque de se transmettre mutuellement leVIH (on dit aussi “sur contamination”) et que l’on atoujours des rapports sexuels avec préservatifs, on peutrecourir à l’AMP.

LA DECISION DE FAIRE OU NON UN ENFANTAPPARTIENT AU COUPLE ET A PERSONNE D'AUTRE

Les conseils du médecin seront utiles, mais celui-ci n'aaucun droit de juger ou de culpabiliser le couple !

Pour obtenir les coordonnées des services d’AMP enFrance, on peut s’adresser à son médecin spécialiste VIHou bien à AIDES.

Les démarches peuvent être difficiles, éprouvantes, alorsn'hésitez pas à demander le soutien des associations.

A mon avis, mon frère savait qu’il avait le sida et il avait peur de la honte.Au point de préférer qu’on accuse la mère de ses enfants.

Prendre contact avec une association commeAIDES permet de sortir de l’isolement, derencontrer d’autres personnes, de parler de sespréoccupations à des personnes qui vivent lesmême choses, d’être écouté(e) et conseillé(e).

Ce groupe de parole pour personnes séropositives et leurs proches est trèsimportant pour moi ! En plus, j’y ai rencontré des personnes formidables.

Stop aux idées fausses !

AIDES en France

Ces structures sont accessibles sur l'ensemble duterritoire français et peuvent vous aider ou vous orienter.AIDES : Tél. : 0 805 160 011 (appel gratuit)• www.aides.orgAct up-Paris : Tél. : 01 48 06 13 89• www.actupparis.orgCIMADE : Tél. : 01 44 18 60 50 • www.cimade.orgComité des familles pour survivre au sida :www.survivreausida.net ou www.papamamanbebe.netFIDH (Fédération Internationale Ligue des Droitsde L'Homme) : Tél. : 01 43 55 25 18 • www.fidh.orgGisti (Groupe d'information et de soutien desimmigrés) : Tél. permanence juridique : 01 43 14 60 66• Tél. : 01 43 14 84 84 • www.gisti.org

Médecins du Monde : Tél. : 01 44 92 15 15• www.medecinsdumonde.orgSida Info Droit : Tél. : 0810 636 636• www.sida-infodroit.orgD'autres coordonnées sont disponibles dans leguide du COMEDE.Le COMEDE • Comité Médical pour les Exilés :Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général Leclerc• BP 31 • 94272 LE KREMLIN-BICETRE Cedex• Tél. : 01 45 21 38 40• Courriel : [email protected]• www.comede.org

Adresses utiles

Pour connaître la délégation de AIDES la plusproche de chez vous, téléphoner au 0 805 160 011(appel gratuit).

Chers lecteurs,

Vous avez entre les mains le fruit du travail militant d'un groupe de femmes vivant

avec le VIH.

Euphrasie, Floflo, Larissa, Natacha et Sophie se sont rencontrées dans un groupe

de parole de

l’association AIDES. Elles ont osé y parler de leur vécu avec le VIH et elles ont posé un

constat : toutes ont été victimes de discriminations de la part de membres de leur

communauté.

Ce roman-photo est né de leur désir de lutter contre les préjugés qui condamnent t

rès souvent

à l’abandon et à la solitude les personnesséropositives. Il est fait avec des morceau

x d’histoires

personnelles qui s’enracinent dans le vécu de chacune.

Elles ont réussi une tâche difficile : Partager leur souffrance et la traduire en

mots pour

permettre à tous d’aller au-delà de l’ignorance, avec l’espoir d’encourager la com

munauté à

être plus solidaire et généreuse.

Ce roman-photo a été entièrement réalisépar des militants de AIDES. Ils ont prêté

leur image,

ouvert la porte de leur domicile pour lesdécors, dessiné le story-board, pris les ph

otographies

et assuré la mise en page.

C’est grâce à leur mobilisation collectiveque ce roman-photo a pu voir le jour.

Bonne lecture !

Dessin préparatoire représentant une

scène du roman-photo (février 2008)

Prise de photo pour une des scènesdu roman-photo (mars 2008)