LE CHOC DES CULTURES Du VIIIème au VIème siècle avant J.-C., des Grecs quittent leur cité pour...

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LE CHOC DES CULTURES

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Du VIIIème au VIème siècle avant J.-C., des Grecs quittent leur cité pour aller fonder des colonies en terre barbare, tout autour de la Méditerranée.

Leur départ est motivé par différents motifs :

- parce qu’ils manquent de terre : au VIIIème siècle avant J.-C., la population grecque s’accroît et les parcelles des paysans deviennent de plus en plus petites ;

- pour fuir la pauvreté (due à la sécheresse, aux famines) ;

- par goût de l’aventure : les Grecs sont de bons marins qui ont été nourris des récits de l’Odyssée ;

- pour s’enrichir en faisant du commerce ;

- parce qu’ils sont exilés : parfois, ils sont chassés de leur pays à cause des luttes politiques, soit entre les cités, soit au sein même d’une cité ;

- pour fuir la guerre : au VIème siècle par exemple, les habitants de Phocée partent fonder Marseille pour éviter la menace perse :

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La plaque célébrant  l'arrivée des Phocéens à Marseille il y a 2600 ans.

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Les premiers colons s’installent essentiellement dans le sud de l'Italie et en Sicile. Le choix de ces terres s’explique aisément :

- elles sont relativement proches ;- ce sont des terres riches et fertiles ;- elles ne sont pas occupées, contrairement aux côtes orientales de la Méditerranée et aux côtes africaines, occupées par les Phéniciens.

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Peu à peu, les colons forment des foyers de culture grecque et imposent pacifiquement leur culture, leur langue et leur religion aux populations indigènes.

Le sud de l’Italie devient le centre d’une civilisation brillante et influente.

Ce foyer de culture grecque reçoit alors le nom de « Grande Grèce » (Magna Graecia).

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Les colons grecs entrent en contact avec les populations voisines, et notamment les Etrusques qui subissent leur influence.

Ainsi au VIIème siècle avant J.-C., les Etrusques s’approprient l’alphabet grec…

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Les colons grecs entrent en contact avec les populations voisines, et notamment les Etrusques qui subissent leur influence.

Ainsi au VIIème siècle avant J.-C., les Etrusques s’approprient l’alphabet grec…

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Les colons grecs entrent en contact avec les populations voisines, et notamment les Etrusques qui subissent leur influence.

Ainsi au VIIème siècle avant J.-C., les Etrusques s’approprient l’alphabet grec…

alphabet qu’ils transmettent à leur tour aux Romains, avec lesquels ils entretiennent d’étroites relations durant la période royale.

(Souvenez-vous, les trois rois étrusques qui ont gouverné Rome durant le VIème siècle avant J.-C.…)

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Les colons grecs entrent en contact avec les populations voisines, et notamment les Etrusques qui subissent leur influence.

Ainsi au VIIème siècle avant J.-C., les Etrusques s’approprient l’alphabet grec…

alphabet qu’ils transmettent à leur tour aux Romains, avec lesquels ils entretiennent d’étroites relations durant la période royale.

(Souvenez-vous, les trois rois étrusques qui ont gouverné Rome durant le VIème siècle avant J.-C.…)

Très tôt donc, les Romains sont en contact avec la culture grecque.

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Les Romains reconnaissent volontiers la grandeur de la civilisation grecque dans certains domaines. Citons l’extrait d’une lettre de Pline le Jeune (Lettres, VIII, 24) :

Cogita te missum in provinciam Achaiam, veram Graeciam, in qua primum humanitas litterae, etiam fruges inventae esse creduntur.

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Les Romains reconnaissent volontiers la grandeur de la civilisation grecque dans certains domaines. Citons l’extrait d’une lettre de Pline le Jeune (Lettres, VIII, 24) :

Cogita te missum in provinciam Achaiam, veram Graeciam, in qua primum humanitas litterae, etiam fruges inventae esse creduntur.

Songe que l'on t’envoie dans l'Achaïe, c'est-à-dire dans la véritable Grèce, où, selon l'opinion commune, la civilisation, les lettres, l'agriculture même, ont pris naissance.

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Les Romains reconnaissent volontiers la grandeur de la civilisation grecque dans certains domaines. Citons l’extrait d’une lettre de Pline le Jeune (Lettres, VIII, 24) :

Cogita te missum in provinciam Achaiam, veram Graeciam, in qua primum humanitas litterae, etiam fruges inventae esse creduntur.

Songe que l'on t’envoie dans l'Achaïe, c'est-à-dire dans la véritable Grèce, où, selon l'opinion commune, la civilisation, les lettres, l'agriculture même, ont pris naissance.

Cicéron reconnaît de son côté l’apport de la culture grecque aux Romains. Dans cet extrait de De la République (II, 19) il rappelle ce que les Grecs, par l’intermédiaire des Etrusques, ont apporté à son peuple dans le domaine des sciences et de l’art.

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Les Romains reconnaissent volontiers la grandeur de la civilisation grecque dans certains domaines. Citons l’extrait d’une lettre de Pline le Jeune (Lettres, VIII, 24) :

Cogita te missum in provinciam Achaiam, veram Graeciam, in qua primum humanitas litterae, etiam fruges inventae esse creduntur.

Songe que l'on t’envoie dans l'Achaïe, c'est-à-dire dans la véritable Grèce, où, selon l'opinion commune, la civilisation, les lettres, l'agriculture même, ont pris naissance.

Cicéron reconnaît de son côté l’apport de la culture grecque aux Romains. Dans cet extrait de De la République (II, 19) il rappelle ce que les Grecs, par l’intermédiaire des Etrusques, ont apporté à son peuple dans le domaine des sciences et de l’art.

Sed hoc loco primum videtur insitiua quadam disciplina doctior facta esse civitas. Influxit enim non tenuis quidam e Graecia rivulus in hanc urbem, sed abundantissimus amnis illarum disciplinarum et artium.

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Les Romains reconnaissent volontiers la grandeur de la civilisation grecque dans certains domaines. Citons l’extrait d’une lettre de Pline le Jeune (Lettres, VIII, 24) :

Cogita te missum in provinciam Achaiam, veram Graeciam, in qua primum humanitas litterae, etiam fruges inventae esse creduntur.

Songe que l'on t’envoie dans l'Achaïe, c'est-à-dire dans la véritable Grèce, où, selon l'opinion commune, la civilisation, les lettres, l'agriculture même, ont pris naissance.

Cicéron reconnaît de son côté l’apport de la culture grecque aux Romains. Dans cet extrait de De la République (II, 19) il rappelle ce que les Grecs, par l’intermédiaire des Etrusques, ont apporté à son peuple dans le domaine des sciences et de l’art.

Sed hoc loco primum videtur insitiua quadam disciplina doctior facta esse civitas. Influxit enim non tenuis quidam e Graecia rivulus in hanc urbem, sed abundantissimus amnis illarum disciplinarum et artium.

Pour la première fois, à cette époque, nous voyons une civilisation étrangère pénétrer dans Rome. Ce n'est pas un faible ruisseau qui s'introduit dans nos murs, mais un fleuve qui nous apporte à grands flots les lumières et les arts de la Grèce.

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La confrontation avec les Grecs d’Italie et de Sicile rendit leur culture familière aux Romains.

C’est pourquoi lorsqu’au IIIème siècle avant J.C. ils conquièrent la Grande Grèce et la Grèce au IIIème siècle avant J.-C., ils surent se montrer admiratifs de la culture du vaincu.

Denier, 62 avant J.C.

Paul-Emile debout devant un trophée.

Persée, roi de Macédoine et ses deux fils attachés.

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La confrontation avec les Grecs d’Italie et de Sicile rendit leur culture familière aux Romains.

C’est pourquoi lorsqu’au IIIème siècle avant J.C. ils conquièrent la Grande Grèce et la Grèce au IIIème siècle avant J.-C., ils surent se montrer admiratifs de la culture du vaincu.

Denier, 62 avant J.C.

Graecia capta ferum victorem cepit et artes intulit agresti Latio […] ;

sed in longum tamen aevum mansuerunt hodieque manent vestigia ruris.

Horace, Epîtres, II, À Augustus, 156-157, 159-160

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La confrontation avec les Grecs d’Italie et de Sicile rendit leur culture familière aux Romains.

C’est pourquoi lorsqu’au IIIème siècle avant J.C. ils conquirent la Grande Grèce et la Grèce au IIIème siècle avant J.-C., ils surent se montrer admiratifs de la culture du vaincu.

Denier, 62 avant J.C.

Graecia capta ferum victorem cepit et artes intulit agresti Latio […] ;

sed in longum tamen aevum mansuerunt hodieque manent vestigia ruris.

La Grèce vaincue soumit son farouche vainqueur faroucheet porta les arts au Latium sauvage […] ;

mais les traces de sa rudesse subsistèrent longtemps et persistent encore aujourd'hui.

Horace, Epîtres, II, À Augustus, 156-157, 159-160

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Ainsi les Romains n’imposèrent pas leur langue aux Grecs. C’est même le contraire qui arriva : les Romains apprirent le grec.

L'empire romain étant à la tête de plusieurs provinces de langue grecque, parler grec devint une nécessité politique.Et rapidement, l'aristocratie romaine réalisa l'intérêt que présentait l'éducation grecque, centrée sur la rhétorique, pour une carrière politique. Elle en vint alors à se passionner pour l'ensemble de la culture grecque.

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Ainsi les Romains n’imposèrent pas leur langue aux Grecs. C’est même le contraire qui arriva : les Romains apprirent le grec.

L'empire romain étant à la tête de plusieurs provinces de langue grecque, parler grec devint une nécessité politique.Et rapidement, l'aristocratie romaine réalisa l'intérêt que présentait l'éducation grecque, centrée sur la rhétorique, pour une carrière politique. Elle en vint alors à se passionner pour l'ensemble de la culture grecque.

Quintilien, pédagogue latin du Ier siècle après J.-C., dans son Institution oratoire (I, 1, 12) préconise d’ailleurs que la langue grecque soit apprise par les enfants avant la langue romaine :

« A sermone Graeco puerum incipere malo. »

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Ainsi les Romains n’imposèrent pas leur langue aux Grecs. C’est même le contraire qui arriva : les Romains apprirent le grec.

L'empire romain étant à la tête de plusieurs provinces de langue grecque, parler grec devint une nécessité politique.Et rapidement, l'aristocratie romaine réalisa l'intérêt que présentait l'éducation grecque, centrée sur la rhétorique, pour une carrière politique. Elle en vint alors à se passionner pour l'ensemble de la culture grecque.

Quintilien, pédagogue latin du Ier siècle après J.-C., dans son Institution oratoire (I, 1, 12) préconise d’ailleurs que la langue grecque soit apprise par les enfants avant la langue romaine :

« Je suis d'avis que l'enfant commence par la langue grecque, parce que le latin étant plus usité, l'habitude nous le fait apprendre, pour ainsi dire, malgré nous; ensuite, parce que l'ordre veut qu'il étudie d'abord les grecs, qui ont été nos devanciers dans toutes les sciences. »

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L'aristocratie romaine donne à ses enfants une éducation grecque très poussée. Elle dispose pour cela de nombreux esclaves grecs que la conquête lui a procurés. Les familles les plus riches font même venir de Grèce des professeurs renommés.

Scène d’école, Haut-relief (IIème IIIème siècle après JC), musée de Trêves Allemagne, sculpture de pierre.

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Suétone ne raconte-t-il pas dans sa Vie des XII Césars que les derniers mots de Jules César mourant furent :

L’élite romaine parlait donc le grec, langue des savants et des lettrés.

Buste de Jules César retrouvé dans le Rhône en 2009

Καὶ σὺ τέκνον

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Et, confrontés au mode de vie grec, les Romains s’en inspirent peu à peu.

Les riches romains acquièrent par exemple le goût du luxe et décorent leurs vastes maisons d’une multitude d’œuvres venues de Grèce, dont beaucoup ont été pillées. A défaut, ils collectionnent leurs copies.

Pline l’Ancien, dans son Histoire Naturelle (34, 9) raconte comme la statuaire est en vogue chez les riches romains :

Reconstitution d’un intérieur pompéien - Musée Maillol - 2012

In omnium municipiorum foris statuae ornamentum esse ; mox forum et in domibus privatis factum atque in atriis : honos clientum instituit sic colere patronos.

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« Les places publiques de toutes les villes municipales se sont ornées de statues . […] Bientôt les maisons particulières et les atrium sont devenus autant de places publiques, et les clients se sont mis à honorer ainsi leurs patrons. »

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Les riches Romains, sous influence grecque, transforment aussi leurs maisons : au plan original de la domus, les architectes ajoutent une partie plus moderne, centrée autour du péristyle (dont le nom grec montre clairement l’origine).

Maison romaine traditionnelle Maison romaine à péristyle

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Certains Romains, nous dit Varron dans son de Rerum rusticarum, se piquent, par snobisme, de vivre à la grecque :

« Ils pensent ne point avoir une villa, s’ils n’usent pas d’une foule de mots grecs pour se l’approprier, en appelant ses différentes pièces : prokoïtôna (antichambre), palaïstran (palestre), apodutèrion (vestiaire), péristulon (péristyle), ornithôna (volière), péristéréôna (pigeonnier), opôrothèkèn (resserre à fruits). »

Fresque de Pompéi

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L’engouement démesuré des riches Romains pour la culture grecque, dans les propos de Varron, est attaqué.

Nombreux auteurs reconnaissent que l’héritage grec, dans les domaines de l’art et de la science en particulier, a constitué un apport exceptionnel pour les Romains.Mais nombreux sont aussi les auteurs qui s’opposent de façon virulente à la culture grecque : parmi eux, Caton est le plus connu pour son hostilité.

Plutarque, historien et penseur du Ier siècle, originaire de Grèce, rapporte dans son Caton l'Ancien, XXIII, 1-5 :

« Il se faisait un point d'honneur de mépriser tous les arts et la culture de la Grèce. [...] Il ne haïssait pas seulement les grecs philosophes; il se méfiait aussi de ceux qui exerçaient la médecine à Rome. [...] Il dit aussi qu'il avait composé lui-même un ouvrage de médecine d'après lequel il soignait et traitait les malades de sa maison. Jamais il ne les mettait à la diète; il les nourrissait de légumes et de petits morceaux de canard, de pigeon ou de lièvre, nourriture légère, d'après lui, et salutaire aux malades, à cela près que ceux qui en usent ont de nombreux rêves. C'est par ce traitement et ce régime, disait-il, qu'il se maintenait en bonne santé et y maintenait les siens. »

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Les Romains donnèrent ainsi le nom de Graeci, orum, m. pl., tiré du grec Γραικόι désignant des habitants de la Grèce du Nord à ceux qui s’appelaient eux-mêmes Έλληνες, les hellènes.

Ce choix marque une forme de mépris.

Dans une des Satires de Juvénal (III), un paysan emploie un terme encore plus péjoratif pour désigner les Grecs. Retrouvez-le :

Non possum ferre, Quirites, Graecam urbem.

Ingenium velox, audacia perdita, sermo promptus et Isaeo torrentior. Ede quid illum

esse putes. Quemvis hominem secum attulit ad nos : grammaticus, rhetor, geometres, pictor, aliptes,

augur, schoenobates, medicus, magus, omnia novit Graeculus esuriens : in caelum jusseris ibit.

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Les Romains donnèrent ainsi le nom de Graeci, orum, m. pl., tiré du grec Γραικόι désignant des habitants de la Grèce du Nord à ceux qui s’appelaient eux-mêmes Έλληνες, les hellènes.

Ce choix marque une forme de mépris.

Dans une des Satires de Juvénal (III, 60), un paysan emploie un terme encore plus péjoratif pour désigner les Grecs. Retrouvez-le :

Non possum ferre, Quirites, Graecam urbem.

Ingenium velox, audacia perdita, sermo promptus et Isaeo torrentior. Ede quid illum

esse putes. Quemvis hominem secum attulit ad nos : grammaticus, rhetor, geometres, pictor, aliptes,

augur, schoenobates, medicus, magus, omnia novit esuriens : in caelum jusseris ibit. Graeculus

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Dans quels domaines les Grecs sont-ils maîtres ?

Non possum ferre, Quirites, Graecam urbem.

Ingenium velox, audacia perdita, sermo promptus et Isaeo torrentior. Ede quid illum

esse putes. Quemvis hominem secum attulit ad nos : grammaticus, rhetor, geometres, pictor, aliptes,

augur, schoenobates, medicus, magus, omnia novit Graeculus esuriens : in caelum jusseris ibit.

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Dans quels domaines les Grecs sont-ils maîtres ?

Non possum ferre, Quirites, Graecam urbem.

Ingenium velox, audacia perdita, sermo promptus et Isaeo torrentior. Ede quid illum

esse putes. Quemvis hominem secum attulit ad nos : grammaticus, rhetor, geometres, pictor, aliptes,

augur, schoenobates, medicus, magus, omnia novit Graeculus esuriens : in caelum jusseris ibit.

Traduisez la première phrase.

Romains, je ne puis voir sans haine Rome pleine de Grecs...

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Qu’est-ce qui est reproché aux Grecs ? Des défauts sont-ils dénoncés ?

Romains, je ne puis voir sans haine Rome pleine de Grecs...

Leur génie est rapide, et vif et dévorant; La parole d’Isée avait moins de torrent.

Mais quelle audace ! Un Grec en toute chose est maître: Grammairien, rhéteur, médecin, géomètre,

Peintre, baigneur, augure et danseur.., tout enfin ! Ordonne : un Grec au ciel va monter, s’il a faim.

Relisons le texte en français :

Pourquoi alors, le paysan exprime-t-il une telle violence à l’égard des Grecs ?

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« Quid ? Mihi vos nunc, inquit Crassus,tamquam alicui Graeculo otioso et loquaci et fortasse docto atque erudito quaestiunculam, de qua meo arbitratu loquar, ponitis ? »

Les propos de Crassus rapportés par Cicéron dans son De l’orateur (I, 22, 102) vous aideront peut-être :

Retrouvez dans la citation les deux adjectifs méprisants qui qualifient les Grecs.

« Quid ? Mihi vos nunc, inquit Crassus,tamquam alicui Graeculo et et fortasse docto atque erudito quaestiunculam, de qua meo arbitratu loquar, ponitis ? »

otioso loquaci

Proposez une traduction des deux adjectifs.

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Voici la traduction du passage :

Eh quoi ! reprit Crassus, me prenez-vous pour un de ces Grecs oisifs et babillards, qui divertissent quelquefois par leur vain savoir ; et venez-vous me proposer une frivole question, pour que je la développe à mon gré ?

Les grecs passent ici pour des individus cultivés, certes, mais volontiers paresseux, baratineurs et menteurs.

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Or cet aspect de la personnalité grecque est perçue comme incompatible avec la dignité romaine, si essentielle dans les principes de vie romains.

Patricien portant les effigies de ses ancêtres. Ronde-bosse en marbre de la première moitié du Ier siècle avant J.-C. - Art romain

Palais des Conservateurs, Bracio Nuovo, Rome

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Les Romains en effet croient en effet en un système de valeurs ancestrales qu’il appellent le mos majorum, littéralement « mœurs des anciens » ou « coutumes des ancêtres ».

Parmi les vertus auxquelles tiennent les Romains figurent notamment :

Constantia, le sérieux, la dignité Pudicitia, la moralité des mœurs, la chasteté, la retenue

Virtus, les qualités morales, le courage, l’engagement

Et d’autres encore, comme la severitas (la sévérité, la rigueur morale) ou la gravitas (le sérieux, la dignité).

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Or les Romains traditionnalistes craignent que l’engouement pour la culture grecque n'amollisse et ne corrompe cette virtus romaine qui fait la force et l’identité de leur peuple.

Ainsi Plaute invente-t-il le verbe pergraecor, atus sum, ari (vivre à la grecque, faire bombance) pour se moquer des Romains qui vivent à la grecque en faisant la fête alors qu’un Romain se doit d’être un modèle de gravitas méprisant le luxe et les plaisirs.

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CONCLUSION

Les Romains admirent donc la culture des Grecs, tout en estimant que ce peuple est trop décadent. Et comme ils estiment que leur supériorité tient notamment à leurs traditions ancestrales, ils adoptent la culture grecque tout en défendant leurs différences pour faire valoir leur supériorité.

Les Romains ne sont pas grecs, ils adaptent la culture hellénistique selon leurs propres modes de pensée.

Cette  réinvention de la culture grecque par les Romains donnera naissance à la culture gréco-romaine, l’une des sources fondamentales de notre propre culture.