LE CHEMIN D AZUR

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G . L E R É V É R E N D

LE CHEMIN D AZUR

POÉSIES COMPLÈTES (1908-1948)

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ÉDITION ORIGINALE strictement limitée à

25 exemplaires numérotés de 1 à 25, 75 exemplaires de présent

sur papier vélin pur fil des Papeteries de Lana et 400 exemplaires sur vergé teinté.

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Ce livre tient ma vie enclose : Un peu de cœur, un rien d'esprit, Un regard clair qui s'attendrit Quand sur du soleil il se pose.

Un pauvre s'y métamorphose En riche à qui le Ciel sourit ; L'Espérance folle y fleurit Sur la pitié d'un temps morose.

Il est le songe d'une nuit Solitaire, où l'œil s'ouvre et luit Aux clartés qui pointent l'espace.

Tout y est proche, et rien obscur. La ténèbre ardente n'y passe Qu'en éclair, en zébrant l'azur.

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I : PRINTEMPS

I Ce « bon temps » qu'il vous plaît d'aujourd'hui méconnaître, Ne l'allez point chercher loin parmi vos aïeux. Tendez l'oreille au bruit qu'en songeant font les vieux, Vous saurez qu'ils ont eu la gloire aussi d'en être.

Aimant et regrettant l'aube qui les vit naître, Ils ont à l'évoquer des flammes plein les yeux : « Oui, le soleil lui-même autrefois brillait mieux, Et de plus chauds rayons blanchissaient la fenêtre ! »

Irrités et meurtris d'un présent sans bonheurs, Vous dites, languissant en des plaisirs mineurs : « Que n'avons-nous connu cent ans plus tôt la vie ! »

Demain, rassérénés, chantant votre passé, Vous serez à des fils de reproche et d'envie Les heureux d'un bel âge aux lointains effacé.

II

Gais Chaperons, Poucets à mines franches, Main dans la main, par les bocages verts, Courez fleurir votre âme des dimanches.

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Cueillez chatons, primevères, pervenches, Papillonnez au bord des ruisseaux clairs, Gais Chaperons, Poucets à mines franches !

Admirez-vous dans les fontaines blanches, Et vous pressant par les chemins couverts, Courez fleurir votre âme des dimanches.

Viorne aux cheveux et chèvrefeuille aux hanches, Des chauds rayons d'un candide univers, Gais Chaperons, Poucets à mines franches, Courez fleurir votre âme des dimanches !

III

Par cette douce et tendre matinée Où mai reluit de soleil et de fleurs, La jeune terre est toute enluminée Du rose éclat de tes fraîches couleurs.

Vers l'azur neuf lavé de ses pâleurs, Mon regard tend une âme pardonnée, Par cette douce et tendre matinée Où mai reluit de soleil et de fleurs.

Un rayon flotte où tu t'es promenée, L'ai vibre et chante où ton rire eut ses pleurs, Le rossignol et les oiseaux siffleurs Ont pour ta voix leur voix abandonnée Par cette douce et tendre matinée.

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IV

Pâques sonne l'appel des cœurs. La jeune fille étrenne une parure neuve. L'épouse rajeunit son corsage, et la veuve

Se remet aux sobres couleurs.

L'Amour, qui dormait près du feu, Vagabonde aux sentiers et s'isole aux venelles ; Il s'oublie à jeter aux yeux des étincelles

Où le désir dit : je suis dieu !

Le misérable songe : enfin ! Je ne tremblerai plus sous mes haillons de toile. Douceur de reposer, veillé par une étoile

Qui vous parle jusqu'au matin !

Ah ! quel est donc le paria Qui du soleil nouveau n'a pas subi les charmes ? Il tiédit les douleurs, il fait briller les larmes.

Alléluia ! alléluia !

V

Le dimanche apporte un pain blanc Au pain céleste ressemblant. L'âme, aux misères de la veille, Fait un lit qu'une aube ensoleille, Et, libre, dans l'azur et l'or, Monte un grand vaisseau de haut bord. Du magique océan de songe S'empourpre et chante le mensonge;

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Le navire, de vent grisé, De cent chimères pavoisé, Fend les flots et gonfle sa voile, Aimanté droit par son étoile Vers le rivage radieux Où l'on touche en fermant les yeux.

Les habits rangés dans l'armoire, On n'est plus que Jeanne, et Grégoire. Le front posé sur l'oreiller, L'heure a fui de s'émerveiller, Et celle de filer la laine N'attend que l'aurore prochaine. Alors un baiser sonne, et dit : Dimanche, adieu ! vienne lundi ! L'aventure au plus haut du rêve Dans le sommeil sombre et s'achève, Mais le cœur, de sa nuit changé, Dans la lumière a voyagé !

VI

La nature fut son école. Elle apprit en ouvrant les yeux Et n'eut souci de la parole Que pour nommer l'herbe et les cieux

Le secret de son âme humaine Ne la décontenance pas. Elle va comme Dieu la mène Sans chercher plus loin que ses pas.

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Elle a compris que tout s'arrête Au lit par la mort apprêté, Et que la vie est une fête Unique dans l'éternité.

« Sur terre, que de bonnes choses ! Que de miracles rassemblés ! Cultivons, dit-elle, les roses, Et leur temps venu, cueillons-les » .

Elle borne au présent sa gloire, Filant toujours son fil plus fin, Du linge blanc plein son armoire Du blé en huche pour son pain.

Sans connivence inopportune Avec le calcul raisonneur, Elle attire à soi la fortune Et tient embrassé le bonheur.

VII

Aux portes proches de l'été Cueille bleuets et marjolaines, Disperse aux échos ta gaîté, Et souris aux claires fontaines. Puis, las de courir par les plaines Aux mirages ensorceleurs, Prépare les moissons prochaines. Mais ris à tes rêves, ces fleurs.

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Des bergerettes ont fêté Un espoir qui les faisait reines ; Des matelots ont écouté Le chant magique des sirènes. S'en sont allés vers les aubaines, N'en ont rapporté que des pleurs. Cultive tes étroits domaines, Mais ris à tes rêves, ces fleurs.

Richesse, gloire et royauté, Que d'illusions restent vaines, Que de vœux sans fécondité ! Les misères sont souveraines, Et ni prières ni neuvaines Ne nous épargnent les malheurs Dors content sur tes granges pleines Mais ris à tes rêves, ces fleurs.

Prince déchu des tours lointaines, Domine tes aigres douleurs Et t'attelle aux tâches humaines. Mais ris à tes rêves, ces fleurs.

VIII

Dans la vieille maison se patinent les êtres ; Une bonté latente y couve ses ferveurs, Et de l'âtre au grenier, sans souci des fenêtres, L'ombre tiède répand de secrètes saveurs.

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ACHEVÉ D'IMPRIMER le 10 Septembre 1948

sur les presses de l'Imprimerie Ozanne et C 18-22, r. des Rosiers, Caen

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