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Un Bien inscrit sur la liste indicative de la France en mars 2018, après avis favorable du Comité national des Biens français du patrimoine mondial (CNBFPM) Dossier de présentation de la candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO Le Charolais-Brionnais, paysage culturel de l’élevage bovin Objectif inscription en 2021 ! Une candidature aux multiples enjeux pour la France : sociétaux, culturels, patrimoniaux, environnementaux et économiques. DOSSIER PORTÉ PAR LE PÔLE D'ÉQUILIBRE TERRITORIAL ET RURAL DU PAYS CHAROLAIS-BRIONNAIS 7 rue des Champs Seigneur - 71600 PARAY-LE-MONIAL 03 85 25 96 36 - [email protected] contact : Tania RIZET, Directrice - 06 10 29 63 40 Septembre 2018

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Un Bien inscrit sur la liste indicative de la France en mars 2018, après avis favorable du Comité national des Biens français du patrimoine mondial (CNBFPM)

Dossier de présentation de la candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO

Le Charolais-Brionnais, paysage culturel de l’élevage bovin

Objectif inscription en 2021 !Une candidature aux multiples enjeux pour la France : sociétaux, culturels, patrimoniaux, environnementaux et économiques.

DOSSIER PORTÉ PAR LE PÔLE D'ÉQUILIBRE TERRITORIAL ET RURAL DU PAYS CHAROLAIS-BRIONNAIS7 rue des Champs Seigneur - 71600 PARAY-LE-MONIAL03 85 25 96 36 - [email protected] : Tania RIZET, Directrice - 06 10 29 63 40

Septembre 2018

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La reconnaissance du paysage culturel de l’élevage bovin du berceau de la race charolaise au patrimoine mondial de l'UNESCO serait un moyen de contribuer à valoriser et préserver un système durable d'élevage qui a fait ses preuves et qui répond aux préoccupations actuelles de la société et aux attentes des consommateurs en matière alimentaire et environnementale.

Le maintien d’un paysage d’élevage extensif à l’herbe, respectueux de l’environnement et du bien-être animal, à l’origine d’une viande de qualité, labellisée par une Appellation d’origine protégée, constitue un enjeu national et mondial.

La candidatureen quelques mots et images

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La candidatureen bref

Fin 2011 Lancement de la candidature du Pays Charolais-Brionnais

Fin 2018 à 2020Préparation du dossier ; trois passages en comité des Biens (Confirmation de la valeur universelle exceptionnelle, délimitation du périmètre, plan de gestion). Objectif : sélection du dossier par la France pour le présenter à l’UNESCO en 2021

2012Mobilisation de la population

2020-2021 Visite des experts de l’ICOMOS et l’UICN, organismes consultatifs de l’UNESCO

2021-2022 Examen par l’UNESCO en vue de l’inscription du Bien sur la liste du patrimoine mondial

2013-2016 Premiers échanges avec le ministère de la Culture et de la CommunicationEtude de faisabilité Préparation du dossier de candidature à l’inscription sur la liste indicative de la France

2016 Visites d’experts et de représentants du ministère de la Culture et de la Communication

10 octobre 2017 Avis favorable du Comité national des Biens français du Patrimoine mondial

Calendrier de la candidature Prochaines étapes

Mars 2018Inscription sur la liste indicative de la France

5 années pour aboutir à l’inscription sur la liste indicative nationale

Objectif inscription en 2021 au patrimoine mondial

Un projet initié fin 2011 aux multiples enjeux : sociétaux, économiques, culturels, environnementaux, patrimoniaux

Un dossier inscrit sur la liste indicative de la France en mars 2018 suite à l’avis favorable du Comité national des Biens français du patrimoine mondial (CNBFPM)

Un dossier étroitement lié aux pratiques d’élevage à l'herbe de la race charolaise

Le Charolais-Brionnais, paysage culturel de l’élevage bovin, est le premier bocage à figurer sur la liste indicative de la France et le premier paysage consacré à l’élevage bovin à être candidat au patrimoine mondial.

Un dossier qui bénéficie de nombreux soutiens institutionnels et de la société civile

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Objet de

la candidatureLe Charolais-Brionnais, berceau de la race CharolaiseUn paysage culturel de l’élevage bovin à valeur exceptionnelle et universelle

La préparation de ce dossier est accompagnée par le Département des affaires européennes et internationales (DAEI), Direction générale des patrimoines (DGP) du ministère de la Culture et de la Communication.

« Le Charolais-Brionnais, paysage culturel de l’élevage bovin » a été inscrit sur la liste indicative de la France en mars 2018, après avis favorable du Comité national des Biens français du patrimoine mondial (CNBFPM) du 10 octobre 2017.

Ce dernier a considéré que Bien proposé par le Pays Charolais-Brionnais « constitue un véritable enjeu à la fois scientifique et sociétal, en raison de son intérêt pour l’histoire de l’alimentation mondiale et pour celle des relations entre un territoire, son élevage et ses éléments constitutifs. Ce paysage serait le premier bocage à être inscrit au patrimoine mondial. Il constitue un exemple remarquable d’authenticité et d’intégrité du bocage, type de paysage présent dans de nombreux pays du monde et l’un des archétypes des paysages ruraux européens ».

Le Bien proposé par le Pays Charolais-Brionnais relève des paysages culturels évolutifs vivants. Un paysage culturel évolutif vivant est « un paysage qui conserve un rôle social actif dans la société contemporaine étroitement associé au mode de vie traditionnel et dans lequel le processus évolutif continue. En même temps, il montre des preuves manifestes de son évolution au cours des temps » (UNESCO, Orientations). Les paysages culturels font partie des Biens culturels et dépendent de

la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel signée en 1972, modifiée en 1992 pour prendre en compte les paysages.

Un paysage culturel conjugue la conservation des traces du passé, qui passe notamment par la préservation d’éléments patrimoniaux et paysagers, avec la poursuite du développement économique du territoire, au sein duquel la population habite et travaille.

Dans le cas du Charolais-Brionnais, il s’agit de proposer à l’UNESCO un paysage produit par l’interaction de l’homme (l’éleveur), de l’animal (la vache charolaise) et de la nature (des prairies bocagères) et qui, dans la durée, a été capable de se maintenir sans qu’il y ait eu rupture du système. L’élevage de la race charolaise s’est transformé depuis ses débuts au XVIIIe siècle, mais ses évolutions sur ce territoire n’ont jamais, à la différence de beaucoup d’autres grandes régions d’élevage, induit de changements profonds dans les traits essentiels du paysage.

Le paysage culturel évolutif vivant de l’élevage bovin charolais est né de la maîtrise empirique par les éleveurs de ressources liées à une géologie, une pédologie et une hydrologie singulières, exploitées de façon durable en préservant la biodiversité du milieu tout en suivant ou faisant évoluer des savoir-faire pluriséculaires, pour faire prospérer une race d’une qualité exceptionnelle mondialement connue et reconnue, la charolaise, dans son berceau d’origine.

Ces interactions harmonieuses entre les hommes et la nature ont donné naissance à un paysage bocager aux caractéristiques uniques, reflet des traditions pastorales anciennes et persistantes et des capacités d’adaptation des individus aux évolutions de leur temps.

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Objet de

la candidature

La comparaison du Charolais-Brionnais avec des sites semblables en France, en Europe et dans le monde a montré que les paysages agricoles sont menacés par l’urbanisation et l’évolution des pratiques. Les paysages bocagers sont particulièrement impactés par le remembrement. Dans ce contexte, le paysage du Charolais-Brionnais se caractérise par une exceptionnelle intégrité. Le système d’élevage charolais et le paysage font preuve d’une capacité de résilience remarquable face aux évolutions, grâce à un système de gestion durable et fonctionnel reposant sur des pratiques et des savoir-faire ingénieux.

Cette préservation du paysage est le fruit du travail de plusieurs générations d’éleveurs qui, depuis trois siècles, accumulent des connaissances sur l’adaptation des pratiques d’élevage et d’embouche à une mosaïque de terrains, façonnant ainsi un paysage unique au monde.

Un tel degré de précision dans la gestion du paysage, qualifié de « mosaïque herbagère », n’a pas d’équivalent dans le monde.

Une intégrité remarquable

Le Bien proposé se situe au sud ouest du département de la Saône-et-Loire.

Le territoire

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VégétalLes haies et les arbres forment la trame d'un paysage bocager presque entièrement dédié au pâturage des bovins et qui n'a pas été remembré. Le parcellaire se présente comme une palette de prés aux qualités variées et complémentaires. Les parcelles forment une « mosaïque herbagère » d’apparence homogène, en raison de la couleur verte dominante, mais qui masque en réalité une grande diversité de pratiques et de savoir-faire.

Objet de

la candidatureLes attributs du paysage culturelLe paysage culturel de l'élevage bovin charolais repose sur des attributs spécifiques structurant le territoire qui révèlent des pratiques et un système agricole tout en illustrant une culture du territoire. Ces attributs sont des constructions vernaculaires ou savantes, des éléments végétaux et minéraux, des éléments hydrauliques, des pratiques agronomiques et pastorales. Au-delà du caractère singulier de certains de ces attributs, c'est leur assemblage qui est unique et forme un paysage culturel représentatif de l'élevage bovin.

Architecture Le bâti lié à l'élevage est omniprésent dans le paysage et constitue un des attributs du paysage culturel. Les édifices anciens, des XVIIIe et XIXe siècles, sont bien conservés. La permanence de ces constructions, aux côtés des bâtiments agricoles modernes, témoigne de l'évolution des pratiques d'élevage.

Eau Les cours d'eau, les mares et les rigoles témoignent de l’omniprésence de l'eau dans ce paysage ver-doyant. Les mares, désignées localement sous le terme de «  crot  », sont aménagées comme abreu-voirs pour les bestiaux. Les rigoles, appelées locale-ment « raies », servent à faire circuler l'eau dans les parcelles, à les irriguer et à les drainer.

HommesDans ce terroir aux conditions géologiques et pédologiques particulières, les éleveurs perpétuent un système d'élevage et d'engraissement à l'herbe des bovins dont le principe consiste à placer les animaux dans les parcelles en herbe qui leur conviennent en fonction de leur état de développement. Ils mettent en œuvre des savoir-faire pluriséculaires qui leur permettent d'optimiser la ressource en herbe disponible en fonction des animaux à produire. Ce micro-système représente un cas exceptionnel de production de haut niveau dans un système mondial tendant à la simplification des tâches productives.

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Objet de

la candidatureDes composantes économiques, notamment agricoles et touristiquesLe Charolais-Brionnais est le berceau de la race charolaise au sein duquel l’élevage charolais est un marqueur identitaire et culturel très fort. Les éleveurs partagent une même culture fondée sur la connaissance des animaux et des pâtures. Ils sont très attachés à leurs parcelles, à l’entretien des haies et à leurs cheptels. La grande qualité nutritive et la haute valeur foncière des meilleures embouches, réputées depuis plusieurs siècles pour l’engraissement, expliquent que le remembrement ait peu concerné le Charolais-Brionnais, préservant ainsi le paysage bocager.

L’activité économique du Charolais-Brionnais est encore très fortement marquée par l’agriculture et l’industrie, deux secteurs qui ont connu d’importantes restructurations ces dernières décennies et qui sont en mutation : plus de 20 % d’emplois industriels et 7 % d’emplois directs agricoles (2/3 des entreprises du territoire).

Berceau de la race bovine charolaise qui lui a donné son nom, l’une des plus importantes races bouchères du monde présente dans plus de 70 pays, le territoire compte aujourd’hui 170 000 hectares de Surface agricole utile (SAU) dont 77 % de Surface toujours en herbe (STH), cette dernière couvrant jusqu’à 95 % de SAU dans certaines communes. 2 000 exploitations conduisent le plus grand troupeau allaitant

de France : 286 000 bovins, dont 126 000 vaches allaitantes (reproductrices). Plus de 1 500 exploitations du territoire sont engagées dans une ou plusieurs démarches qualité – labels rouge, AOP « Bœuf de Charolles », IGP Charolais de Bourgogne, Agriculture Biologique –, respectant ainsi des pratiques d’élevage traditionnelles.

L’ensemble de la filière charolaise est représentée sur le territoire, des éleveurs à l’abattoir en passant par la formation, enseignement et recherche, éleveurs sélectionneurs, éleveurs engraisseurs, coopératives, négoce privé, marché au cadran coté de Saint-Christophe-en-Brionnais, concours et ventes de reproducteurs, lieux de vente directe, espace muséographique de la Maison du Charolais, etc.

Un potentiel touristique et patrimonialLe Charolais-Brionnais travaille depuis plus de 15 ans pour diversifier et développer son économie à partir de ses ressources : l’agriculture et l’industrie certes, mais aussi le tourisme patrimonial et rural.Situé à 1h30 de Lyon et proche de 2 gares TGV, avec la présence de 3 canaux, de la Loire, de voies vertes et d’une densité patrimoniale exceptionnelle (patrimoine roman, industriel, ouvrages d’art…) et labellisé Pays d’Art et d’Histoire depuis 2006, le Charolais-Brionnais bénéficie de nombreux atouts pour entrer dans l’économie immatérielle et touristique.

Un dossier qui présente un intérêt patrimonial, scientifique et culturel à l’échelle mondiale…

Qui s’intègre dans le plan interministériel pour la biodiversité, présenté par Monsieur Nicolas HULOT, ministre de la Transition Energétique et Solidaire, le 4 juillet 2018

Qui a toute sa place dans les débats actuels sur l’élevage, la relation à l’animal et l’histoire de l’alimentation humaine

Qui présente une originalité pour la France au regard des Biens qui ont déjà été inscrits : le premier paysage rural de bocage français proposé

Qui pourrait être une occasion de démontrer qu'elle soutient son modèle d'élevage durable à l'échelle internationale.

Enjeux pour le Charolais-Brionnais Enjeux pour la France

Préserver un paysage de bocage en excellent état de conservation

Des enjeux pour le maintien des activités dans une région rurale

Accroître la notoriété du territoire et contribuer à son attractivité résidentielle et touristique, et donc à la diversification de son économie

Donner de nouvelles perspectives à la filière d’élevage pour maintenir cette activité économique et identitaire

Améliorer la connaissance scientifique et culturelle de la région et la transmettre aux générations futures.

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Gouvernance

et soutiens

Des commissions thématiquesDes groupes de travail thématiques seront associés à la démarche, dans la suite du projet, notamment dans le but d’anticiper l’après-inscription et les retombées du classement.

Le porteur de projetLe Pôle d’Equilibre Territorial et Rural du Pays Charolais-Brionnais (syndicat mixte regroupant 5 communautés de communes), porte le projet de candidature depuis son lancement fin 2011. Il s’appuie sur l’expertise des services du Département des affaires européennes et internationales (DAEI), Direction générale des patrimoines (DGP) du ministère de la Culture et de la Communication. Le PETR pilote plusieurs groupes de travail qui, chacun à leur niveau, participent à la préparation du dossier.

Un comité de pilotage Ce comité qui sera instauré officiellement en septembre 2018, co-présidé par le Préfet de Saône-et-Loire et le Président du PETR, réunit les représentants des institutions et collectivités impliquées dans le projet (Etat, Région, Département, Chambre d’agriculture...). Il est chargé de suivre l’avancement du projet.

Le Comité Scientifique, engagé depuis 5 ans dans la préparation du dossierPrésidé par M. Jean-Luc Mayaud, Professeur d’histoire contemporaine et Président honoraire de l’Université Lumière Lyon 2, il rassemble une trentaine d’historiens, géographes, géologues, ethnologues, ingénieurs agronomes, zootechniciens, ainsi que des organismes tels que le Laboratoire d’études rurales de l’Université Lyon 2, l’INRA Rennes, la Société française d’ethnozootechnie, le Herd-book Charolais, le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne, etc. Le comité scientifique contribue à alimenter le dossier de candidature par ses travaux. Il est le garant de la validité scientifique des connaissances portées au dossier.

Le groupe de travail « éleveurs »Il travaille, en lien étroit avec le comité scientifique, sur le projet de candidature. Il est un lieu d’échanges avec la profession agricole et d’interface entre les exigences du dossier, notamment scientifique et de gestion, et les réalités quotidiennes de l’activité agricole. Les membres sont des ambassadeurs du projet sur le terrain.

Un comité techniqueIl réunit les techniciens des organismes partenaires du projet (DRAC, DDT, Région, Département, Communautés de communes, CAUE, Chambre d’agriculture, etc.). Il contribuera à proposer des éléments pour le plan de gestion.

La gouvernance de la candidature

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Gouvernance

et soutiensUNE FORTE MOBILISATION autour de la candidature

Le comité de soutien rassemble près de 12 000 personnes : des habitants, des agriculteurs, des associations, des touristes... A leurs côtés, de nombreux élus et institutionnels soutiennent cette candidature.

Le projet est soutenu par :

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Pour aller plus loin...

ZOOML’élevage Charolais une activité économique identitaire garante du maintien d’un paysage culturel

L’ensemble des acteurs de la filière bovine charolaise est représenté en Charolais-Brionnais, ce qui démontre le fort ancrage de la race charolaise dans son territoire.

Près de 2 000 élevages sont en activité sur le territoire, dont 90 % spécialisés en élevage allaitant charolais et une majorité d’exploitations orientées vers la production de maigre (éleveurs naisseurs).

Environ 10 % des exploitations pratiquent la sélection et la vente de reproducteurs inscrits au Herd-book Charolais. Cette activité complète l’élevage et contribue à la valorisation de la Charolaise, notamment à l'export.

Une partie des élevages, surtout en Brionnais, pratique encore l’engraissement traditionnel sous signes de qualité : Label Rouge, IGP Charolais de Bourgogne et AOP Bœuf de Charolles (AOC reconnue en 2010 puis AOP en 2014).

L’abattoir Charollais Viande (groupe SICAVYL), situé à Paray-le-Monial, emploie près de 60 salariés. Cet établissement a fait le choix de s’approvisionner uniquement auprès des éleveurs de la région et perpétue un savoir-faire traditionnel, la chaîne d’abattage n’étant pas mécanisée. Même si cet abattoir est de petite taille, le volume abattu est en nette progression ces dernières années : plus 15 % entre 2013 et 2014, notamment grâce au marché émergent de l’AOP Bœuf de Charolles. Charollais Viande est le seul établissement en France à prêter des carcasses à plusieurs centres de formation en boucherie. Au-delà de l’abattage, il commercialise également de la viande en gros avec la possibilité d'en assurer la découpe et de la conditionner sous vide. L’abattoir est spécialisé à 80 % sur la viande bovine mais travaille également les agneaux (moutons charollais) et le veau de la région.

Les groupements de producteurs et coopératives. Sur le territoire sont implantés deux opérateurs importants : le groupe Feder (Global, Socaviac, Éleveurs bio de Bourgogne), et le groupement Alliances Coopératives (Charolais Horizon, Socaviac), tous deux ayant leur siège social et des centres d’allotement en Charolais-Brionnais.

Les négociants en bestiaux. Le territoire accueille des entreprises privées dynamiques orientées vers l’export qui assurent près de 50 % du commerce des animaux du territoire.

Le marché au cadran de Saint-Christophe-en-Brionnais, dont les origines remontent au Xe  siècle, était un marché de bovins gras. En perte de vitesse au début des années 2000, il a fait l’objet d’une modernisation pour s’adapter aux pratiques actuelles de vente du bétail. Grâce à la volonté des élus locaux et à un partenariat avec la profession agricole, un équipement ultramoderne de marché au cadran a été mis en service en 2009, pour la vente du bétail maigre. Le projet comporte un volet environnemental : près d’un hectare de toitures est couvert de panneaux photovoltaïques et les eaux de pluie sont utilisées pour laver les infrastructures. La mise en service du cadran a permis de relancer l’activité : 44 664 bêtes en 2009, 64 697 en 2015. Chaque semaine, une moyenne d’1,5 millions d’euros de transactions est réalisée. Le marché de « gré à gré »

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Pour aller plus loin...

ZOOML’élevage Charolais une activité économique identitaire garante du maintien d’un paysage culturel

a été maintenu pour la vente du bétail gras. Au-delà de l’intérêt économique du marché pour les acteurs de la filière, le marché de Saint-Christophe-en-Brionnais est devenu un lieu d’attraction touristique en pleine expansion.

Pas un mois ne se passe sans qu’il n’y ait une manifestation liée l’élevage Charolais sur le territoire  : à Charolles (concours et ventes de reproducteurs, foires d’élevage, festival du bœuf), à Saint-Christophe (marché aux bestiaux, concours de bovins de boucherie) et Gueugnon (concours), sans compter les fêtes et comices agricoles.Le territoire accueille la Maison du Charolais, vitrine de la production. Cet établissement, idéalement situé à proximité de la RN79 (Route Centre Europe Atlantique) (moyenne de 17 000 véhicules par jour à Charolles) est une régie du Département. Ce lieu a plusieurs vocations. C’est d’abord un lieu de promotion et d’accueil du public avec un espace muséographique, une boutique, un restaurant, un espace de dégustation et d’animation pour les enfants. C’est aussi un outil à destination des organisations agricoles : il accueille dans ses

locaux les bureaux des organismes de défense et de gestion (Label rouge et AOP) et l’Institut Charolais, structure associative qui regroupe une quarantaine d'adhérents de l'amont à l'aval des filières bovine et ovine charolaises, dont les objectifs principaux sont la promotion des viandes charolaises, la recherche et le développement, l'innovation et la valorisation par la transformation. La Maison du Charolais étudie actuellement la possibilité de moderniser son espace muséographique, qui pourrait intégrer un centre d’interprétation du paysage culturel de l'élevage bovin.

L’enseignement. Plusieurs établissements d’enseignement agricole sont implantés sur le territoire : CFPPA, CFA, MFR à Gueugnon, Charolles et Anzy-le-Duc. Des formations de BTS « Qualité des industries alimentaires et des bio-industries » (BTS QIABI) sont également proposées au lycée Wittmer, de Charolles, ce qui permet de faire de la recherche en transformation de viande, en partenariat avec l’Institut Charolais (projet labellisé Pôle d’excellence rurale).

La présence de l’ensemble de ces acteurs et de ces structures a largement participé au maintien du paysage culturel de l’élevage charolais et des éléments qui le composent. Malgré les évolutions, en particulier économiques et sociales, l’existence de la filière et son fort ancrage local permettent au Bien proposé de perdurer.

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Annexes

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Le Charolais-Brionnais, paysage culturel de l’élevage bovinFrance Date de soumission : 12/03/2018Critères : (iii)(v)Catégorie : Culturel Soumis par : Délégation Permanente de la France auprès de l’UNESCO Coordonnées N46 19 25 E4 11 26 Ref. : 6314Avertissement

Les Listes indicatives des États parties sont publiées par le Centre du patrimoine mondial sur son site Internet et/ou dans les documents de travail afin de garantir la transparence et un accès aux informations et de faciliter l’harmonisation des Listes indicatives au niveau régional et sur le plan thématique. Le contenu de chaque Liste indicative relève de la responsabilité exclusive de l’État partie concerné. La publication des Listes indicatives ne saurait être interprétée comme exprimant une prise de position de la part du Comité du patrimoine mondial, du Centre du patrimoine mondial ou du Secrétariat de l’UNESCO concernant le statut juridique d’un pays, d’un territoire, d’une ville, d’une zone ou de leurs frontières. Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.

Description

Dès le XVIIe siècle, le Charolais-Brionnais, qui pratiquait jusqu’alors une pluriactivité agricole, s’est orienté vers l’élevage à l’herbe des bovins. Le développement de cette activité, à partir d’une race locale initialement polyvalente, sélectionnée et améliorée sur ses aptitudes bouchères pour devenir une race de viande spécialisée (la race charolaise), s’est accompagné d’un couchage en herbe. Ce mouvement de conversion des terres labourables en prés s’est renforcé au XIXe siècle dans un contexte économique et social propice (accès à la propriété, progrès de l’agronomie, etc.), marqué par une forte croissance de la consommation de viande et une meilleure accessibilité aux marchés urbains grâce à l’amélioration des moyens de transport. Il s’est achevé dans la seconde moitié du XXe siècle, générant un paysage dominé par l’herbe, où les cultures sont quasi absentes. Bien que l’évolution qui conduit à la constitution du pay-sage culturel proposé puisse être considérée comme relativement courte — une période de trois siècles environ — elle est remarqua-blement documentée du point de vue historique. Les sources archivistiques peuvent accompagner une lecture précise du paysage en plusieurs lieux du Bien.

Le Bien proposé constitue le cœur de la zone d’élevage charolaise, au sud de la Bourgogne. Il correspond au berceau de la race bovine charolaise — secteurs de la vallée de l’Arconce et du plateau du Brionnais —, où l’élevage et l’embouche (engraissement à l’herbe) se sont d’abord développés avant de se diffuser dans les espaces environnants puis de conquérir l’espace international.

Dans ce terroir aux conditions géologiques et pédologiques particulières, les éleveurs perpétuent un système d’élevage et d’engraisse-ment à l’herbe des bovins dont le principe consiste à placer les animaux dans les parcelles en herbe qui leur conviennent en fonction de leur état de développement. Ils mettent en œuvre des savoir-faire pluriséculaires qui leur permettent d’optimiser la ressource en herbe disponible en fonction des animaux à produire. La gestion du parcellaire comme celle des animaux est très fine et précise. Ce micro-système représente un cas exceptionnel de production de haut niveau dans un système mondial tendant à la simplification des tâches productives.

Le paysage culturel de l’élevage bovin charolais repose sur des attributs spécifiques structurant le territoire qui révèlent des pratiques et un système agricole tout en illustrant une culture du territoire. Ces attributs sont des constructions vernaculaires ou savantes, des éléments végétaux et minéraux, des éléments hydrauliques, des pratiques agronomiques et pastorales. Le bâti lié à l’élevage est omni-présent dans le paysage et constitue un des attributs importants du paysage culturel. Les édifices anciens, des XVIIIe et XIXe siècles, sont bien conservés. La permanence de ces constructions, aux côtés des bâtiments agricoles modernes, témoigne de l’évolution des pratiques d’élevage.

Au-delà du caractère singulier de certains de ces attributs, c’est leur assemblage qui est unique et forme un paysage culturel repré-sentatif de l’élevage bovin. Les attributs et le paysage sont maintenus par la perpétuation des activités traditionnelles dans un contexte économique viable.

Dans le paysage culturel du Charolais-Brionnais les parcelles en herbe entourées de haies ou de murets en pierre sèche, parsemées de mares et de rigoles, « complantées » d’arbres ombreux caractérisent l’espace. L’usage au niveau du parcellaire est au cœur des relations fonctionnelles entre ces attributs : chaque parcelle joue un rôle précis et complémentaire pour former un système. Même l’utilisation de termes différenciés pour désigner les parcelles en herbe (pré, prairie, pâture...) ne peut rendre compte de la subtilité de la pratique. Le paysage, qui pourrait en effet être banalisé par son uniformité de couleur verte, recèle une richesse qui n’existe que par les nécessités d’un élevage aux pratiques complexes.

Si le contexte pédologique et climatique explique la multiplicité répétée des situations, c’est l’intuition puis le savoir des sociétés qui ont su assembler ces dispositions pour en faire un système à l’échelle de l’unité d’exploitation puis à celui des terroirs, aboutissant à un ensemble fonctionnel exceptionnel.

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Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle

Le paysage culturel évolutif vivant de l’élevage bovin charolais est né de la maîtrise empirique par les éleveurs de ressources liées à une géologie, une pédologie et une hydrologie singulières, exploitées de façon durable en préservant la biodiversité du milieu tout en suivant ou faisant évoluer des savoir-faire pluriséculaires, pour faire prospérer une race d’une qualité exceptionnelle mondialement connue et reconnue, la charolaise, dans son berceau d’origine. Ces interactions harmonieuses entre les hommes et la nature ont donné naissance à un paysage bocager aux caractéristiques uniques, reflet des traditions pastorales anciennes et persistantes et des capacités d’adap-tation des individus aux évolutions de leur temps.

Le paysage est le reflet de l’utilisation « ingénieuse » par la société locale d’un parcellaire organisé selon des séquences correspondant à des étapes nécessaires à l’évolution des animaux depuis leur naissance. La sélection a créé peu à peu un lien indispensable et quasi obligé entre la race bovine et le terroir.

L’élevage des bovins charolais tel qu’il est pratiqué au cœur du berceau de la race repose sur un système qui peut être qualifié d’arti-sanal. La conduite des animaux se fait de manière quasi individuelle. En effet, le plus souvent, l’éleveur détermine la destination de ses bovins dans les parcelles qui composent son exploitation à l’échelle de quelques unités de bétail.

La gestion du système et du paysage s’appuie sur une grande hétérogénéité géomorphologique. Le sous-sol présente une grande variété de roches et le relief est bien marqué. Il en résulte une diversité des sols et de la végétation prairiale associée. Ces prairies ont des qualités et des dates de production différentes. Cette hétérogénéité est valorisée par le système d’élevage charolais. À chaque type de prairie, les éleveurs font correspondre un type d’animal. L’hétérogénéité des parcelles en termes de qualité et d’utilisation laisse place sur le plan paysager à une unité qui masque une grande diversité de pratiques et de savoir-faire.

Le savoir-faire des éleveurs consiste à évaluer, constamment, car la variabilité climatique rend la pousse de l’herbe différente d’une année à l’autre, quelles bêtes mettre dans quel herbage. En matière de reproduction des animaux comme de choix des parcelles, la sélection est très fine. La relation entre l’homme et l’animal s’établit ici, plus qu’ailleurs, au niveau des individus ainsi qu’au niveau du troupeau dont la composition et la diversité sont des points importants du fonctionnement intégré du système. Ce dernier repose aussi sur des réseaux de commercialisation bien structurés des bovins maigres et des bovins gras. Dans ces conditions, et dans ces conditions seulement, la race charolaise peut développer toutes ses potentialités et produire une viande persillée de gras, tendre et savoureuse, très prisée des consommateurs.

Les interactions entre les éléments de ce paysage à la fois paradoxalement homogène et hétérogène, organisées par les éleveurs, en font un système. Ce système paysager est lié aux bâtiments de ferme à partir desquels s’organise la gestion de l’exploitation. Les corps de ferme anciens, des XVIIIe et XIXe siècles, constituent un patrimoine architectural remarquable et les différents types de bâtiments, au-delà des évolutions stylistiques, témoignent aussi des différentes activités (embouche, élevage, polyculture).

La cohérence du système est présente à la fois dans le paysage et dans ses attributs. L’existence de chacun, son entretien, son évolution sont cadrés par des besoins techniques de l’élevage de la race charolaise et génèrent la permanence de types d’attributs qui se répètent sans avoir forcément le même rôle. La race bovine charolaise elle-même dépend aujourd’hui de ce système fonctionnel et est donc à la fois utilisatrice et productrice de ce paysage.

Critère (iii) : Le Bien proposé possède une tradition culturelle vivante, l’élevage bovin, qui se traduit par des savoir-faire et une culture, qui se lisent dans le paysage de bocage, dans les maisons d’éleveurs et d’emboucheurs, sur les foires et marchés et lors des concours de bétail.

Les savoir-faire développés par la société paysanne sont des éléments immatériels (patrimoine ethnologique) mais renvoient aussi à des attributs matériels constitutifs du paysage culturel.

Critère (v) : Le Bien proposé est un exemple exceptionnel de paysage culturel durable et productif, fruit des efforts de plusieurs généra-tions de familles d’éleveurs, d’emboucheurs et de commerçants qui, depuis trois siècles, accumulent des connaissances sur l’adaptation des pratiques d’élevage et d’embouche à une mosaïque de terrains, façonnant ainsi un paysage unique au monde.

Ce paysage témoigne de l’interaction humaine avec l’environnement. Il présente un patrimoine culturel associé à la production bovine, notamment une architecture et un système bocager résultant des pratiques d’élevage et d’embouche, qui contribue à l’unité, à l’authen-ticité et à l’intégrité du paysage, et une identité culturelle forte reposant sur la connaissance du bétail et des parcelles agricoles.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Le paysage culturel du Charolais-Brionnais illustre le développement de l’élevage bovin et son adaptation aux évolutions de la société. L’authenticité et l’intégrité du Bien doivent donc être appréciées en fonction de cette thématique qui fonde la valeur universelle excep-tionnelle du Bien, d’autant que le Charolais-Brionnais conserve aujourd’hui encore sa vocation herbagère.

Le paysage culturel de l’élevage bovin charolais est un témoignage vivant de paysage bocager façonné par l’interaction de la nature, de l’homme et de l’animal au cours du temps. Il est authentique dans le sens où la vocation herbagère pluriséculaire qui a contribué à le modeler et à l’entretenir n’a jamais été remise en cause tandis que le parcellaire et le réseau de haies qui structurent l’espace n’ont jamais été affectés en profondeur. Il est l’un des rares bocages à n’avoir pas subi de remembrement. En effet, l’organisation paysagère de l’élevage en Charolais-Brionnais n’a pas été remise en question par les opérations de remembrement (entre 1960 et 1980). Elles ont été massivement rejetées par les éleveurs pour qui cela représentait une négation totale du système fonctionnel. Les attributs qui com-posent le paysage culturel — patrimoine bâti vernaculaire, architecture noble et bourgeoise, parcelles en herbe, haies et arbres, murets, mares et rigoles, routes et chemins — sont maintenus par l’action des éleveurs qui en connaissent toutes les relations intimes avec leur système de production. En outre, l’authenticité est perçue par le visiteur lorsqu’il découvre ce paysage.

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Son intégrité est assurée par la permanence de l’activité d’élevage bovin extensif à l’herbe, dont le principe est de placer les animaux dans les parcelles en herbe qui leur conviennent en fonction de leur état de développement, et qui garantit l’entretien du paysage. Les attributs sont présents dans le territoire du Bien, en forte densité, et assurent ainsi son intégrité.

En outre, le porteur de projet s’engage à mettre en œuvre les outils qui permettront de gérer l’urbanisation de manière rigoureuse, à partir du Schéma de cohérence territorial existant, des PLUi en cours de préparation et en s’appuyant sur le service mutualisé d’instruction des autorisations d’urbanisme qui existe au sein du Pôle d’équilibre territorial et rural du Pays Charolais-Brionnais. Une attention particulière sera portée à la qualité architecturale des bâtiments à usage agricole et à leur intégration dans le paysage en place.

L’élevage des bovins, en permettant le maintien de vastes espaces en herbe, joue un rôle essentiel dans l’équilibre paysager, la pré-vention des risques, en particulier dans la gestion des inondations, et dans l’équilibre économique et social des territoires. Il participe à l’entretien du milieu, à la qualité des paysages et à la préservation de la biodiversité, dont certaines espèces patrimoniales. Les prairies ont un rôle protecteur vis-à-vis de la ressource en eau. Le couvert d’herbe permanent et la présence de haies limitent le ruissellement et l’érosion. L’élevage à l’herbe des bovins tel qu’il est pratiqué en Charolais-Brionnais a aussi un rôle à jouer dans le stockage du carbone et donc dans la lutte contre le changement climatique et pour un développement durable du territoire.

Historiquement, l’hétérogénéité des sols et des herbages a été valorisée par le système traditionnel d’embouche, Elle est maintenue par le système d’élevage bovin à l’herbe. Le risque d’une conversion des prés en terres labourables est aujourd’hui minime compte tenu des caractéristiques des sols et du relief. De plus, la haute valeur foncière des meilleures embouches et la structure des prés de fond de vallée, particulièrement dans la vallée de l’Arconce, ne permettent pas que ces parcelles changent de destination.

Les pratiques et savoirs subtils et ingénieux liés à l’élevage des bovins et à la gestion du paysage ont été codifiés dans le cahier des charges de l’Appellation d’origine protégée de la viande de « Bœuf de Charolles ». Ce document est donc une pièce majeure de la ges-tion et de la conservation du paysage et des pratiques.

Comparaison avec d’autres biens similaires

L’analyse comparative a été conduite selon le principe d’une sélection large. À partir de 195 sites analysés, 33 ont été retenus pour l’étude : 13 sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial (39,4 %), 2 sites inscrits sur les Listes indicatives (6 %) et 18 sites non-inscrits sur ces deux listes (54,6 %). Ces proportions suggèrent un certain déficit de paysages culturels concernés par la thématique du Charo-lais-Brionnais sur la Liste du patrimoine mondial. En outre, peu de sites actuellement inscrits sur les Listes indicatives viennent combler cette faiblesse.

L’analyse a été réalisée à trois échelles : française, européenne et mondiale. Comprendre la relation entre le paysage culturel du Cha-rolais-Brionnais et l’élevage bovin impliquait de prendre en compte ce type de relation dans des contextes variés, même si bien des paramètres sont obligatoirement différents, et d’explorer des activités autres que l’élevage pour mieux déterminer les parts d’universalité et d’exceptionnalité. Le champ des sites à caractère agricole ou pastoral n’a pas été limité à l’élevage bovin, particularité du Charolais-Brionnais. D’autres types d’élevage ont été considérés aux côtés de vignobles ou de rizières dans la mesure où les paramètres d’analyse s’intéressent aux systèmes fonctionnels sous-tendant les paysages culturels.

L’analyse comparative a été réalisée à partir des quatre critères suivants :

- Le Charolais-Brionnais est un pays qui a su tirer parti, à un moment précis, de la conjonction de ses ressources naturelles (géologie, pédologie, climat, race bovine, etc.), du contexte économique et social favorable (croissance de la demande urbaine de viande, sélection et amélioration du bétail, perfectionnement des moyens de transport, etc.) et des savoir-faire locaux pour développer un système fonc-tionnel résilient. Le contexte économique, social, culturel s’est transformé depuis la mise en place du système d’élevage au XVIIIe siècle mais ces évolutions n’ont jamais, à la différence de beaucoup d’autres grandes régions d’élevage, induit de changements profonds dans les traits essentiels du paysage, ce qui fait l’intérêt et l’originalité du paysage du Charolais-Brionnais. Le contexte a changé, le système s’est maintenu.

- Le Charolais-Brionnais est un paysage de bocage, à très forte dominance herbagère, maillé de haies vives.

- Le Charolais-Brionnais a mis en place et maintenu un système d’élevage des bovins à la parcelle qui fonctionne dans ce paysage, qui a fonctionné et qui continue de fonctionner.

- Il offre un exemple de gestion durable du territoire.

Echelle française :

Plusieurs régions de France peuvent être comparées au Charolais-Brionnais. Certaines sont même, dans la littérature, considérées comme les « prototypes » du bocage et de l’élevage. Parmi les choix possibles, dix sites ont été analysés : l’Aubrac, le bocage breton, le bocage Virois, les Causses et Cévennes, les clos masures du Pays de Caux, l’élevage du Maine Anjou, le fin gras du Mézenc, le Lubé-ron, le pays d’Auge et l’élevage du veau du Limousin. Certains représentent des territoires et ouvrent une comparaison du paysage et de ses composantes en relation avec un élevage, d’autres concernent des systèmes de production, partant d’une race animale pour tenter de mieux comprendre la relation entre territoire, savoir-faire et race.

Parmi ces sites, sept présentent une histoire similaire. Celle du développement, dans des campagnes dominées par la polyculture, d’un système d’élevage bovin en réponse à la croissance de la demande en viande des villes. Le plus souvent l’essor de l’élevage bovin repose sur les qualités d’une race autochtone et son amélioration. Si le processus évolutif s’amorce plus ou moins tôt dans l’histoire selon les lieux, il conduit, dans tous les cas, entre le XVIIIe siècle et le XXe siècle, à un moment où l’élevage bovin devient l’activité principale. L’essor de l’élevage a des répercussions sur le paysage qui dans la plupart des sites étudiés — bocage breton, bocage virois, Pays d’Auge, Limousin — se traduit par une densification du bocage déjà présent ou, comme en Charolais-Brionnais, par un embocagement,

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plus ou moins marqué, du paysage. Le paysage bocager est alors à la fois le support et le produit de l’activité d’élevage. Cette activité est la garante du maintien du bocage et lorsqu’elle décline au profit principalement des cultures, le paysage est profondément transformé. L’affaiblissement du bocage peut même aller, dans certains sites, jusqu’à sa quasi disparition. Les incontournables modèles du bocage que sont le bocage breton et le bocage normand ont profondément changé, notamment sous l’emprise des remembrements.

Le Charolais-Brionnais est le site où le phénomène du développement de l’élevage a été poussé à son paroxysme aboutissant à une om-niprésence de l’herbe. En outre, il présente un état de conservation de son paysage bocager nettement meilleur par rapport aux autres sites français. À ce titre, il peut tout à fait constituer un exemple représentatif du vaste mouvement d’embocagement qui a concerné de nombreuses régions françaises à la fin de l’Ancien Régime et au XIXe siècle.

À la différence des autres sites, en Charolais-Brionnais les cultures ne viennent pas remplacer les surfaces en herbe, phénomène qui atteint aujourd’hui la plupart des bocages, surtout si les conditions du relief le permettent. Les remembrements ont souvent modifié les paysages. Les éleveurs du Charolais-Brionnais se sont farouchement opposés aux tentatives de remembrement émanant de l’adminis-tration, en raison d’un fort attachement à la terre qui perdure et d’une volonté de maintenir leur système fonctionnel et le paysage.

Dans plusieurs sites, le développement de l’élevage bovin ne s’est pas accompagné de la mise en place d’un bocage (Maine Anjou, Aubrac et Mézenc). Ces espaces largement ouverts présentent des paysages bien différents de celui du Charolais-Brionnais donc dif-ficilement comparables avec lui d’un point de vue paysager. En revanche, les modes de conduite du bétail, les pratiques et savoir-faire associés à l’élevage rapprochent ces sites. Cependant, le Charolais-Brionnais est le seul à avoir établi la qualité exceptionnelle de ses bovins et à avoir façonné son paysage culturel sur une conduite aussi subtile des animaux en fonction des potentialités des parcelles et à une échelle aussi fine. La conduite des troupeaux sur une base « géo-pédologique » ne se retrouve nulle part ailleurs.

Echelle européenne :

Les treize sites retenus pour la comparaison à l’échelle européenne offrent un panel de situations représentatives des types de paysages européens : Vallée du Madriu Perafita Claror (Andorre), Paysage Culturel de Ferto Neusiedlersee (Autriche/Hongrie), Bocage du Pays de Herve (Belgique), Jutland (Danemark), Bocage Terra Cha (Espagne), Minorque (Espagne), Paysage Culturel Serra Tramuntana (Es-pagne), Parc national Hortobágy (Hongrie), Paysage culturel du Montado (Portugal), Région viticole du Haut Douro (Portugal), Bocage de Blackmore Vale (Royaume-Uni), England’s Lake District (Royaume-Uni), Peak District National Park (Royaume-Uni).

L’évolution des pratiques et des politiques agricoles, qui influe lourdement sur les systèmes européens, est un trait commun auquel tous les sites sont aujourd’hui confrontés à des degrés divers. La capacité de résilience des systèmes développés par les communautés locales — à titre individuel ou collectif— est donc essentielle dans le maintien des paysages. Le Charolais-Brionnais n’a jamais connu d’organisation communautaire pour régler l’usage individuel des parcelles dans un système pourtant fondé sur une complémentarité des parcelles et qui fonctionne très bien, ce qui montre son grand intérêt.

Les sites européens étudiés mettent en œuvre des systèmes d’organisation plus ou moins différents selon les territoires pour répondre à des conditions naturelles et économiques. Malgré des contextes biogéographiques et socio-culturels variés, allant de l’immense plaine steppique à la haute montagne, les hommes ont développé des systèmes d’utilisation du territoire et des ressources comparables. Les sites étudiés présentent le plus souvent une organisation très fine du fonctionnement du terroir démontrant un trait commun des com-munautés paysannes pour répondre aux conditions naturelles et aux besoins de production. Certains traduisent une adaptation à des environnements topographiques difficiles (Haut Douro).

D’autres ont développé des modes d’élevage qui s’apparentent au Charolais-Brionnais comme pour le Montado, même s’il s’agit, là, plus d’un système agro-pastoral extensif. D’autres encore ont mis en œuvre un système fonctionnel fin et ingénieux qui est le parfait équiva-lent de ce qui existe en Charolais-Brionnais dans un paysage agraire cloisonné de murs (Minorque) tandis que le Charolais-Brionnais est cloisonné de haies. Quelques-uns, en revanche, présentent des systèmes trop différents pour pouvoir soutenir la comparaison, comme le Jutland qui a connu le passage d’un bocage « classique » avec des pratiques plutôt individuelles à un système collectif, encadré par l’État, de plantation de haies de type brise-vent, protégeant de grandes parcelles cultivées.

Certains sites font preuve de remarquables capacités à maintenir les fonctionnalités, les paysages et les valeurs économiques de sys-tèmes ingénieux complexes face aux pressions du monde économique européen. D’autres, en revanche, subissent les conséquences des mutations économiques de la société contemporaine. Ils sont confrontés à l’augmentation de la part de la culture au détriment de l’élevage. On assiste alors à une simplification des paysages et à leur uniformisation. Certains sites présentent très clairement des signes d’amorce d’un processus de dégradation, ce qui n’est pas le cas du Charolais-Brionnais. Malgré les évolutions, il a été capable de main-tenir son système d’élevage et son paysage bocager.

Sur un plan paysager, le site le plus proche est sans doute le bocage du Pays de Herve en Belgique, dont l’histoire ressemble de près à celle du Charolais-Brionnais, mais, à la différence de ce dernier, il a connu des états distincts liés à des modifications économiques et a subi une importante déstructuration. Le Charolais-Brionnais est donc un site très représentatif, à l’échelle européenne, des bocages.

Cependant, à la différence de certaines mosaïques paysagères où l’activité agricole est nettement lisible (Blackmore Vale), les haies du Charolais-Brionnais ne permettent pas la lecture de la gestion des animaux à l’échelle parcellaire d’où la difficulté à saisir toute la subtilité et la complexité du système, qui n’a pas d’équivalent à l’échelle européenne.

En outre, un territoire peut très bien être inséré dans une production de haut niveau technique, de commercialisation à l’échelle mondiale et garder en même temps une organisation fine et un paysage remarquable et stable dans ses caractères. La Vallée du Madriu Perafita Claror en est sans doute le meilleur exemple. Elle montre la voie au Charolais-Brionnais pour le maintien d’une économie agricole spé-cifique favorisant à la fois une économie durable et la stabilité d’un paysage conforme aux relations intimes des hommes et de la nature, mais il s’agit d’un paysage de montagne voire de haute montagne.

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À la différence d’autres sites, le Charolais-Brionnais ne se caractérise pas par la force de son paysage naturel, pas plus que par son continuum historique (Paysage culturel de Ferto Neusiedlersee, Parc national Hortobágy). Il n’a pas non plus été source d’inspiration de mouvements artistiques et littéraires, ni le point de départ du mouvement de conservation du patrimoine naturel et paysager comme a pu l’être, par exemple, le paysage du Lake District. En Charolais-Brionnais le lien au paysage est resté avant tout très « terrien » s’attachant plus au plaisir de la transmutation de l’herbe en un produit exceptionnel qu’à sa forme poétique ou philosophique.

Pour autant, il réunit un certain nombre de critères qui forment sa valeur universelle exceptionnelle : l’unicité de l’herbe, l’exclusivité de l’élevage bovin, la constance du système de clôture, un système très fin de gestion de l’espace et de conduite subtile des bovins en fonction des sols des parcelles (au niveau parcellaire ou sub-parcellaire) qui n’a pas d’équivalent en Europe.

Echelle mondiale :

L’étude comparative à l’échelle mondiale est délicate car elle entraîne vers des régions radicalement différentes dans leurs personnalités géographiques, historiques, économiques, sociales et culturelles. Il a donc semblé pertinent de considérer des sites ou des pratiques qui sont les plus proches de ce qu’est le paysage culturel du Charolais-Brionnais, mais aussi des paysages en relation avec d’autres types de pratiques agraires. Il est aussi un domaine peu ou pas représenté dans les deux échelles précédentes : celui de la relation des acti-vités humaines avec le sacré et l’immatériel. Dimension importante qui, dans certains cas, en particulier en Afrique et en Asie, influence des pratiques, voire des éléments constitutifs du paysage.

Dix sites ont été retenus pour la comparaison : Pays Bamiléké (Cameroun), Paysage Culturel des rizières en terrasses Hani (Chine), Paysage Culturel du café de Colombie (Colombie), Vallée de Viñales (Cuba), Paysage culturel du pays Konso (Ethiopie), Système pas-toral Massaï (Kenya/Tanzanie), Rizières en terrasses (Philippines), Système des rennes de Sibérie (Russie), Paysage Culturel Bassari (Sénégal), Oasis de Gabès (Tunisie). Ces sites couvrent le champ des critères utilisés dans la description du paysage culturel du Charo-lais-Brionnais. La comparaison est plus orientée vers l’organisation fonctionnelle des territoires et leurs conséquences paysagères que vers les paysages eux-mêmes. Ces sites ont en commun d’avoir développé des systèmes fonctionnels d’utilisation de l’espace et des ressources.

La plupart des sites présentent des systèmes agricoles soutenus par des structures religieuses et sociales traditionnelles et anciennes. Ce lien est absent en Charolais-Brionnais mais, toutes proportions gardées, la haie et le bocage constituent des éléments identitaires et symboliques qui expliquent, au-delà de la fonctionnalité du système de production, l’attachement constant au cours de l’histoire des éleveurs au paysage. Toutefois, si la connaissance de la nature en Charolais-Brionnais n’atteint pas le degré de finesse de celle de peuples qui, comme les Massai, sont confrontés quotidiennement à la nature sauvage, les éleveurs charolais sont dotés de savoirs sur une nature plus domestiquée qu’ils transmettent eux aussi au fil des générations. Dans tous les cas, la transmission des connaissances, des pratiques et des savoir-faire est la condition sine qua non du maintien des paysages culturels. Dans ces systèmes ingénieux, en Charolais-Brionnais ou ailleurs dans le monde, les savoirs intimes, propres à des individus, voire à des groupes, ne s’apprennent pas dans une institution.

Les bocages sont présents en différents lieux de la planète dans des contextes topographiques bien éloignés de celui du Charolais-Brionnais, comme en Pays Bamiléké. Les conditions pédoclimatiques participent à leur donner des formes visuelles pas toujours com-parables au bocage du Charolais-Brionnais. En outre, les bocages, à l’échelle mondiale, sont principalement utilisés simultanément pour la culture et l’élevage et ne sont pas entièrement dédiés à l’élevage bovin comme en Charolais-Brionnais. Le paysage culturel du Pays Konso associe par exemple la polyculture et l’élevage.

Le bocage du Pays Bamiléké est sans doute l’un des plus proches du bocage du Charolais-Brionnais, malgré des contextes géocultu-rels, climatiques, historiques différents. Alors qu’il ne reste aujourd’hui plus que 10 % environ du bocage « initial » ayant pu résister aux transformations socio-culturelles et politiques, l’intérêt se fait plus pressant de protéger celui du Charolais-Brionnais en qui, finalement, le paysan africain reconnaîtra un paysage qui lui est familier. Il s’agit bien ici du cœur de ce qu’est la valeur universelle exceptionnel d’un Bien du patrimoine mondial.

Les bocages, observés à l’échelle mondiale, sont tous menacés, à des degrés cependant variables, par de nouveaux aménagements qui contribuent à la destruction des haies, des arbres ou des murets de pierre sèche qui les caractérisent. Dans certains cas, ces destruc-tions sont liées à des évènements d’origine politique ou écologique, dans d’autres aux mutations économiques, sociales et culturelles. La comparaison renforce ainsi l’intérêt qu’il y a à préserver celui du Charolais-Brionnais, qui présente jusqu’à ce jour un très bon état d’entretien et une capacité de résilience qui lui a permis de se maintenir.

En outre, les systèmes d’élevage des sites retenus à l’échelle mondiale reposent presque tous sur une gestion transhumante ou un système de parcours des troupeaux et non pas sur un système d’élevage de type sédentaire comme celui du Charolais-Brionnais. Ces systèmes d’itinérance sont « imposés », dans la plupart des cas, par la faiblesse des ressources qui obligent les bergers à déplacer leurs animaux sur de grands espaces pour les nourrir. Ce qui n’est pas le cas du Charolais-Brionnais.

Plusieurs sites présentent des systèmes reposant sur une gestion communautaire, en particulier ceux qui pratiquent l’élevage des bo-vins, et souvent sous forme de parcours. Le système du Charolais-Brionnais est fondé quant à lui sur une gestion individuelle de l’espace et la propriété privée, organisation étrangère à certains peuples à travers le monde. En outre, dans le cas d’une gestion collective des terres et des troupeaux, une répartition des tâches s’opère au sein de la communauté, de la famille, sous l’autorité d’une personne ou d’un conseil de communauté, ce qui n’a jamais été le cas en Charolais-Brionnais.

Tous les sites liés à la culture ou à l’élevage ou mêlant les deux activités ont pour finalité des productions commerciales destinées à approvisionner des marchés, allant de l’espace rural voisin aux villes, voire aux marchés mondiaux. La plupart sont des productions de réputation mondiale (café de Colombie, vin de Porto pour ne citer que ces exemples). Cela est d’ailleurs valable aux trois échelles de comparaison — française, européenne et mondiale — mais ressort davantage à l’échelle mondiale alors que certains produits ne sont fabriqués que dans des contextes géographiques bien particuliers. Le produit est issu d’un processus complexe mettant en œuvre des pratiques et des savoir-faire ingénieux associés aux potentialités offertes par la nature. Il n’est pas un simple résultat obtenu au terme

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d’un cycle agricole. Ainsi en est-il de la viande charolaise.

Si l’organisation de l’espace est bien perceptible dans certains paysages, comme dans les différents étages de l’oasis de Gabès, ce n’est pas le cas des parcelles en herbe du Charolais-Brionnais qui ne se différencient pas visuellement, bien qu’elles comportent une grande diversité de fonctions dans la pratique de l’élevage. Le Charolais-Brionnais a la particularité de présenter un découpage complexe du paysage, reposant sur une différence de potentialités et de valeur agronomique des terres, non visible par l’observation du paysage qui renvoie une impression d’uniformité. Celle-ci est en réalité trompeuse et masque la subtilité de l’assemblage de parcelles aux caracté-ristiques variées et complémentaires les unes aux autres. Ce degré de finesse qui caractérise le système du Charolais-Brionnais est difficile à égaler.

L’étude comparative a montré que s’il n’est ni le modèle du bocage, ni le plus étudié, ni le plus connu, le paysage culturel de l’élevage bovin charolais est pourtant celui qui a le mieux résisté aux changements qu’ont connus les bocages au cours des dernières décennies. Il est en train de devenir un « archétype », sorte d’idéal de campagne dans les représentations contemporaines et mérite, à ce titre, d’être valorisé. Le maintien dans le temps des éléments constitutifs du paysage dans des formes proches de leur forme initiale et une persistance d’un rôle actif du bocage dans le fonctionnement du système d’élevage contribuent à sa valeur universelle exceptionnelle. Face aux évolutions économiques et sociales qui ont touché les sociétés rurales au long de l’histoire, le système d’élevage charolais et le paysage ont fait preuve d’une grande capacité de résilience. Ce système durable a fait ses preuves et répond aux préoccupations actuelles de la société et aux attentes des consommateurs en matière alimentaire et environnementale. Le lien au paysage, très « ter-rien », contribue fermement à la pérennité du système et du paysage culturel. C’est d’ailleurs ce lien quasi viscéral des éleveurs à leurs pâtures qui a empêché le remembrement et garanti le maintien du paysage. L’étude comparative révèle aussi que des systèmes, a priori très différents, ont en commun des pratiques, des savoir-faire et des valeurs qui rendent l’élevage du CharolaisBrionnais universel. Qu’il soit individuel ou collectif, sédentaire ou transhumant, associé à la culture ou mono-activité, l’élevage est un dénominateur commun dans lequel se reconnaissent des peuples aux origines, aux valeurs, aux conditions de vie différentes. Ainsi, l’universalité de l’élevage contribue fortement à la valeur universelle exceptionnelle du site du Charolais-Brionnais.

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