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1 Bulletin d'information n°37 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-36-81-00 e-mail : [email protected] Février 2004 N°37 C.E.R.C.L.E FRANCO-HELLENIQUE LE BULLETIN d’Information Sommaire Les langues mortes ne sont pas im- mortelles ! Page 1 Livre : La Caisse de Aris Alexan- drou Page8 Un haut-garonnais aux côtés de la Grèce Page 2 Conférence Delphes par Mme Hé- lène Guiraud Page 9 La Macédoine Page3 Livre : Des Turcs par Georges de Hongrie Page 10 Ma mère disait … Page 4 Fête de Noël Page 11 A propos des Amazones Page 4 Encore un Loto ! Page 11 La Grèce au fil des jours… Page 6 Le costume grec dans l’antiquité Page 12 Club Lecture « Le Banquet » de Platon Page 8 Agenda du C.E.R.CL.E Page 12 Les langues mortes ne sont pas immortelles ! Nous aurions aimé entamer l’année 2004 par une autre nou- velle, mais hélas, il faut bien parler, encore et toujours, des mena- ces qui pèsent sur l’enseignement des langues anciennes (nous ne parlons pas de langues mortes car le grec est bien vivant !) . Il est toujours possible de se rassurer en se disant que ce n’est pas la première attaque et que, malgré tout, on continue toujours à enseigner le grec et le latin dans nos lycées. Ce serait pourtant je pense, une grave erreur que de se désintéresser du sort des lan- gues anciennes. Il convient d’abord de rappeler que si l’on a réus- si à préserver tant bien que mal l’enseignement du latin et du grec dans nos collèges et lycées, c’est parce qu’il s’est trouvé à chaque fois, des enseignants, des parents d’élèves et tout simplement des citoyens pour dénoncer les diverses tentatives de suppression. Aujourd’hui, à peine le fameux « grand débat » en trompe l’œil refermé, les comptables cherchent les sources d’économie et dans cette logique aussi simpliste que marchande, ils les trouvent immanquablement du côté des langues anciennes. Ces décisions ont conduit Bertrand Poirot-Delpech à quali- fier ces mesures de « Grand crime », titre de son billet du Monde daté du 21 janvier 2004 et dont nous reproduisons ci-après les li- gnes de conclusion « Mieux vaudrait reconnaître une fois qu’on a choisi cette économie de préférence à toutes les autres, que les études menacées sont jugées trop coûteuses pour ce qu’elles « rapportent ». Quitte à renforcer l’élitisme en rendant plus difficile l’accès à la culture classique, à son école d’esprit critique, à ses libertés, à ses plaisirs tout simplement. Avec, à terme, l’avilissement de la langue de Voltaire et de Valéry en dialecte d’aéroport ? » Dans le même temps, le Canard Enchaîné du 14 janvier et le Figaro du 9 janvier se faisaient l’écho de la parution dans la col- lection Assimil d’une méthode d’apprentissage du grec ancien et, surtout, de la surprise de l’éditeur au constat que l’édition initiale tirée à 3000 exemplaires avait été épuisée en moins de deux mois. Du jamais vu dans la collection …Ce qui permettait au journa- liste du Canard Enchaîné de conclure avec ironie « Bientôt il n’y aura plus que dans les lycées et les collèges que l’on ne parlera plus ni grec ni latin ». Nos amis d’ARTELA ont entamé une campagne de péti- tions pour la sauvegarde de l’enseignement des langues ancien- nes, qu’ils soient assurés de notre entier soutien dans cette action. PIERRE FABRE 6 Juillet 1827 : Un haut-garonnais engage la France aux côtés de la Grèce insurgée. Curieuse destinée que celle de Joseph de Villèle ! Il n’avait pas le physique d’un héros : petit de taille, de cons- titution chétive, un long nez « tirant vers le bas », une voix nasil- larde « avé l’assent de Toulouse », des traits anguleux, timide et réservé. Et pourtant ! Il détient le record de longévité pour un chef de gouvernement : près de 7 ans ininterrompus aux commandes

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Bulletin d'information n°37 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-36-81-00

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Février 2004 N°37

C.E.R.C.L.E FRANCO-HELLENIQUE

LE

BULLETIN d’Information

Sommaire Les langues mortes ne sont pas im-mortelles !

Page 1 Livre : La Caisse de Aris Alexan-drou

Page8

Un haut-garonnais aux côtés de la Grèce

Page 2 Conférence Delphes par Mme Hé-lène Guiraud

Page 9

La Macédoine Page3 Livre : Des Turcs par Georges de Hongrie

Page 10

Ma mère disait … Page 4 Fête de Noël Page 11

A propos des Amazones Page 4 Encore un Loto ! Page 11

La Grèce au fil des jours… Page 6 Le costume grec dans l’antiquité Page 12

Club Lecture « Le Banquet » de Platon Page 8 Agenda du C.E.R.CL.E Page 12

Les langues mortes ne sont pas

immortelles ! Nous aurions aimé entamer l’année 2004 par une autre nou-

velle, mais hélas, il faut bien parler, encore et toujours, des mena-ces qui pèsent sur l’enseignement des langues anciennes (nous ne parlons pas de langues mortes car le grec est bien vivant !) . Il est toujours possible de se rassurer en se disant que ce n’est pas la première attaque et que, malgré tout, on continue toujours à enseigner le grec et le latin dans nos lycées. Ce serait pourtant je pense, une grave erreur que de se désintéresser du sort des lan-gues anciennes. Il convient d’abord de rappeler que si l’on a réus-si à préserver tant bien que mal l’enseignement du latin et du grec dans nos collèges et lycées, c’est parce qu’il s’est trouvé à chaque fois, des enseignants, des parents d’élèves et tout simplement des citoyens pour dénoncer les diverses tentatives de suppression. Aujourd’hui, à peine le fameux « grand débat » en trompe l’œil refermé, les comptables cherchent les sources d’économie et dans cette logique aussi simpliste que marchande, ils les trouvent immanquablement du côté des langues anciennes.

Ces décisions ont conduit Bertrand Poirot-Delpech à quali-fier ces mesures de « Grand crime », titre de son billet du Monde daté du 21 janvier 2004 et dont nous reproduisons ci-après les li-gnes de conclusion « Mieux vaudrait reconnaître une fois qu’on a choisi cette économie de préférence à toutes les autres, que les études menacées sont jugées trop coûteuses pour ce qu’elles « rapportent ». Quitte à renforcer l’élitisme en rendant plus difficile l’accès à la culture classique, à son école

d’esprit critique, à ses libertés, à ses plaisirs tout simplement. Avec, à terme, l’avilissement de la langue de Voltaire et de Valéry en dialecte d’aéroport ? »

Dans le même temps, le Canard Enchaîné du 14 janvier et le Figaro du 9 janvier se faisaient l’écho de la parution dans la col-lection Assimil d’une méthode d’apprentissage du grec ancien et, surtout, de la surprise de l’éditeur au constat que l’édition initiale tirée à 3000 exemplaires avait été épuisée en moins de deux mois. Du jamais vu dans la collection …Ce qui permettait au journa-liste du Canard Enchaîné de conclure avec ironie « Bientôt il n’y aura plus que dans les lycées et les collèges que l’on ne parlera plus ni grec ni latin ».

Nos amis d’ARTELA ont entamé une campagne de péti-tions pour la sauvegarde de l’enseignement des langues ancien-nes, qu’ils soient assurés de notre entier soutien dans cette action.

PIERRE FABRE

6 Juillet 1827 : Un haut-garonnais engage

la France aux côtés de la Grèce insurgée.

Curieuse destinée que celle de Joseph de Villèle ! Il n’avait pas le physique d’un héros : petit de taille, de cons-

titution chétive, un long nez « tirant vers le bas », une voix nasil-larde « avé l’assent de Toulouse », des traits anguleux, timide et réservé.

Et pourtant ! Il détient le record de longévité pour un chef de gouvernement : près de 7 ans ininterrompus aux commandes

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de l’Etat et le record absolu de 7 budgets en excédent au service de deux monarques successifs.

Retiré tôt sur ses terres du Lauragais, en 1828, à l’âge de 55 ans, Joseph de Villèle est, aujourd’hui, un ancien premier ministre presque totalement oublié par les historiens. Pour la plupart d’entre-eux, il incarne le parti conservateur de la Restauration, un « ultra ».

Sa famille, établie depuis le Moyen-Âge sur les 450 ha d’un domaine dont elle est toujours propriétaire à Mourvilles-Basses en Haute-Garonne, gérait ses biens avec beaucoup de prudence et ne quittait ses terres que pour passer l’hiver à Toulouse. Joseph y naquit en 1773 et, après des études d’officier de marine, il par-courut le monde pendant 18 ans : Saint-Domingue, les Antilles françaises, l’Afrique du Sud, Les îles Mascareignes, les Indes et l’île Maurice où il se fixe. Fortune faite aux colonies et Révolu-tion française apaisée, il revient en France en 1807 et demeure un opposant passif au Premier Empire.

Après la chute de Napoléon, il est nommé Maire de Tou-louse et il est appelé aux fonctions de Président du Collège Elec-toral de la Haute-Garonne.

Elu député à une seule voix de majorité en 1816, il siégera dans les rangs monarchistes jusqu’à son entrée au gouvernement en 1821 et sa nomination comme Président du Conseil des minis-tres en septembre 1822.

Homme d'État de l'extrême droite, de Villèle n'avait rien d'un fanatique. C’était un administrateur de grand talent, prudent, excellent financier ; il avait l'esprit positif et eût, sans doute, pré-féré éviter les provocations et les fautes. Mais il n'était pas libre : il avait au dessus de lui un roi et des ordres religieux qui savaient imposer leurs volontés aux hommes qu'ils avaient contribué à nommer au pouvoir.

Ainsi, en tant que chef du gouvernement, il fit procéder au vote de lois très impopulaires qui ne seront, en définitive, que partiellement ou pas du tout appliquées :

• l’indemnisation des aristocrates émigrés pendant la Révo-lution par la loi dite du « Milliard des émigrés »,

• le rétablissement du droit d’aînesse pour les « grandes familles » françaises, loi qui spoliait les autres cohéritiers,

• la loi punissant de mort le sacrilège, • la loi réduisant la liberté de la presse par augmentation de

la pression fiscale, • la loi autorisant l’ouverture d’établissements

d’enseignement confessionnels jésuites alors interdits de-puis le règne de Louis XV, au XVIIIe siècle.

En politique extérieure, son gouvernement décida trois interventions de natures politiques sensiblement opposées : la répression du mouvement libéral espagnol en 1823 (Prise du Trocadéro de Cadix), l’indépendance de Saint-Domingue et l’intervention en Grèce en 1827.

C’est ainsi qu’il se trouva associé à une entreprise qui illumina d’un éclat ineffaçable les derniers jours de son gouvernement.

L’insurrection du peuple grec contre le pouvoir turc avait provoqué une suite sanglante de massacres, de tortu-res, de déportations, de pillages, de réductions en esclavage et de destructions systématiques.

Depuis 6 longues années, interminables …, le peuple grec luttait héroïquement, presque à mains nues, pour s'af-franchir. L’intelligentsia française voyait dans cette cause celle d'une nation cruellement opprimée par un despotisme féroce et qui déployait un courage exceptionnel pour re-conquérir ses droits qui n’étaient autres que les Droits de

l’Homme et du Citoyen déclarés en août 1789 et signés par Louis XVI. Ces Droits, la France les avait proposés au monde entier.

Par delà les insurgés, on évoquait le souvenir d’un peuple, un des plus petits d’Europe par son domaine, le plus grand de tous par ses gloires qui avait autrefois sauvé de la barbarie orientale la civilisation presque créée par lui. Il avait ouvert le premier à l'humanité, dans les arts, dans la poésie, dans les sciences, dans la pensée, dans la politique et dans le sport, les voies où elle a marché depuis. Toute l'Europe intellectuelle s'était prise d'enthousiasme pour les révoltés grecs. Nos poètes les chantaient, nos artistes pei-gnaient leurs malheurs et leurs exploits.

Le maître à penser du conservatisme européen, le Premier Ministre autrichien, Klemens Metternich, dans son aveugle esprit de réaction avait usé de toutes ses forces pour faire refuser l'appui des nations européennes aux pa-triotes grecs.

Heureusement, il ne fut pas assez puissant pour arrêter le sens de l’Histoire.

Aux aspects de défense des Droits de l’Homme s’ajoutaient des motifs politiques : la Russie du tzar Nicolas Ier, par tradition ennemie des turcs et soucieuse d’affirmer son influence dans les Balkans, avait, enfin (!), envoyé un ultimatum à la Turquie. L’Angleterre s’offrit comme média-trice pour contrôler les opérations dans cette zone de la Méditerranée.

La France était, alors, totalement tenue à l’écart des négociations et des opérations.

L’opinion publique française s’émut. A la Chambre des Pairs, de Villèle fut violemment sommé d’intervenir. Il opposa alors le même refus que pour l’affaire d’Espagne en 1823 : il ne détestait pas la guerre par pacifisme ou par peur mais par souci d’équilibre budgétaire : la guerre coûtait cher et il ne souhaitait pas mettre les finances françaises en dan-ger. En somme, contrairement au sentiment majoritaire français, de Villèle prônait des vues dont le but était de ne pas porter préjudice aux finances publiques.

Il défendit avec vigueur l’équilibre du budget. Les dé-bats furent houleux, passionnés, agressifs même. Château-briand, leader monarchiste de l’extrême-droite et philhel-lène militant, se déchaîna à maintes reprises contre le gou-vernement et déclara que « Villèle attachait la France par en bas ». Alors, de Villèle fut emporté par les vagues philhel-lène d’une part, nationaliste, d’autre part, cette dernière avide de retour de la France sur le devant de la scène inter-nationale. Les Pairs à la Chambre Haute puis les députés à la Chambre Basse décidèrent l’intervention.

Contre son gré, de Villèle signa avec la Russie et l’Angleterre un traité d’alliance en vue de porter secours aux insurgés grecs.

Après le succès naval des alliés dans la baie de Nava-rin, de Villèle se retrouva involontairement vainqueur d’une guerre qu’il avait tout fait pour empêcher. Il partagea ainsi la gloire, sans l’avoir réellement voulu, d’être l’un des par-rains de baptême de la Grèce ressuscitée.

La nouvelle arriva en France pendant les élections légis-latives sur lesquelles elle ne pouvait pas avoir d’influence.

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Rien, en effet, ne pouvait distraire le pays du conflit décisif interne où il sentait engagées toutes ses destinées et qui al-lait aboutir moins de deux ans et demi plus tard à la Révo-lution de 1830.

Joseph de Villèle

EDOUARD THILLIEZ

LA MACEDOINE Dans les derniers numéros du bulletin nous avons rapidement

évoqué –dans un sens diachronique- les périodes cycladique, crétoise, mycénienne et athénienne de la Grèce. Nous relaterons ci-dessous la période macédonienne avant de traiter prochainement les périodes ro-maine, byzantine et celle de l’occupation ottomane. Ces articles, sans aucune prétention, appellent à la réaction des lecteurs et demandent à être corrigés, complétés, voire contredits. L’article d’aujourd’hui pose la question de la grécité (hellénicité) -ou pas- de la Macédoine…

L’histoire de la Macédoine plonge ses racines dans la

plus haute antiquité. Les noms Macédoine et Macédonien viendraient du mot dorien « makos » qui signifie longueur et précise que la Macédoine est le pays des hommes grands (longs). On nommait ainsi les habitants des « makétés » et le pays « Mékétia ».

Pour la mythologie, le pays tient son nom de « Maké-dona » ou « Makednon » qui était le père du peuple des ma-cédoniens et qui d’après la légende était le fils de Zeus (en-core un…) et de Thyias, alors qu’une autre version le dési-gne comme fils du roi d’Arkadie Lycaon. Hérodote dit que les macédoniens étaient des descendants des Timénides-Héraclides d’Argos partis s’installer dans cette région du nord avec à leur tête les princes Ganane, Aérope et Perdica. Exprimons quelques doutes quant à cette version, étant

étant donné que traditionnellement les Hellènes sont des-cendus du nord vers le sud.

Une autre théorie, que nous faisons nôtre, avance qu’une partie des Doriens est restée en Macédoine et a maintenu pour un laps de temps conséquent l’hellénicité de la race. Les ressemblances de leur civilisation avec celle des Hellènes du sud, en particulier la langue et les us et coutu-mes, ont contribué au mythe des Timénides-Héraclides.

Enfin, selon la tradition, le royaume de Macédoine au-rait été constitué vers le XIVe avant J.C, lors de l’établissement dans la région de certaines tribus pélasgien-nes –populations mythiques préhelléniques- parmi lesquel-les aurait prédominé celle des « Macéduins », d’où le nom de la région. A ce stade de l’article et pour nourrir la réflexion, vous êtes priés chers lecteurs de nous donner votre avis quant à l’origine de cette région et de ses habitants.

On connaît bien peu de choses de l’histoire de Macé-doine jusqu’à la fin du VIe avant J.C. Cette région est de-venue une réalité géographique et politique essentiellement pendant la période classique. Elle entre dans l’histoire de la Grèce avec Alexandre A’, fils d’Amyntas, qui a jeté les ba-ses politiques et militaires de l’état macédonien. Pendant les guerres médiques il a collaboré étroitement avec les Athé-niens qui, pour l’honorer, lui ont décerné le titre de « phil-hellène » et lui ont dressé sa statue en or à Delphes. Après les batailles de Salamine et de Platée, la Macédoine se rap-proche du monde athénien et lacédémonien dont elle es-saya d’assimiler la civilisation et la culture.

Vers le milieu du IVe avant J.C, Philippe II de Macé-doine entreprit le développement de l’armée du royaume et transforma son pays, qui était une petite puissance fronta-lière, en une puissance hellénique. L’athénien Démosthène s’y opposa vainement. Le fils de Philippe II, Alexandre le Grand, étendit son empire dans tout le bassin méditerra-néen oriental, jusqu’aux confins de l’Inde.

La première capitale du royaume fut AIGAI ; le roi

Archélaos la transporta à PELLA où naquirent Philippe et son fils Alexandre. L’image plutôt guerrière des macédo-niens, véhiculée par nombre d’historiens, a éclipsé souvent le remarquable degré de développement culturel que le royaume a atteint et dont les fabuleux trésors, découverts à Vergina et à Aigai, sont exposés au Musée de Thessaloni-que. Alexandre le Grand fut certes élevé dans la tradition guerrière de la Macédoine mais aussi dans une ambiance lettrée ; il suffit de rappeler que son précepteur n’était autre qu’ARISTOTE lui-même.

Lorsque Alexandre meurt en 323 avant J.C, il laisse derrière lui un grand vide. L’immense empire constitué était ingouvernable. Son héritage était lourd surtout puisqu’il n’y avait pas de successeur. Roxane, sa femme d’origine perse, était enceinte au moment de la mort d’Alexandre. C’est son frère Arridaïos qui a été désigné comme successeur par les stratèges. Ces derniers se nommèrent gouverneurs des dif-férentes provinces de l’immense empire, le plus connu

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étant Ptolémée, devenu roi d’Egypte laissant une grande li-gnée qui y a régné plus d’un siècle.

De l’empire d’Alexandre naissent 4 Etats dont chacun

a suivi sa propre voie de développement : - Le royaume de Syrie, avec pour capitale Antio-

che. - Le royaume de Pergame, avec pour capitale

Pergame aux monuments encore intacts (en particulier sa bibliothèque) qui attirent l’intérêt de très nombreux visiteurs.

- Le royaume de Macédoine qui s’étend sur tout le monde helladique et qui ne connaît aucun développement.

- Le royaume d’Egypte, le plus remarquable des quatre, avec pour capitale Alexandrie qui est devenue le principal centre du monde de l’époque. C’était, en n’en pas douter, la ville qui a succédé à Athènes.

Cette période hellénistique fut une période pour le

moins troublée. Les intérêts des stratèges s’opposent, les conflits – voire des guerres fratricides - entre ces Etats se multiplient avec pour conséquence dramatique l’extermination d’une grande partie des populations. Les Arts, la Philosophie –même si l’esprit grec est maintenu et répandu- ne connaissent plus le développement qui était le leur auparavant. Si nous pouvons donc dire que ces diffé-rents royaumes avaient œuvré, à leur manière, à l’hellénisation des populations, il est clair qu’ils ne s’entendaient pas entre eux. Ce qui facilita l’invasion ro-maine.

ADAMANTIOS AGATHOPOULOS

Ma mère disait …

Que de fois n’ai-je entendu ma mère me dire : 1°) ό̟οις κυνηγά δυο λαγούς , δεν ̟ιάνει κανένα

« qui chasse deux lièvres n’en attrape aucun » et elle avait bien raison car j’oubliais souvent les mathématiques, l’histoire ou la géographie pour courir sur les terrains de sport et elle craignait pour mes résultats scolaires ! !

Notre proverbe « il ne faut pas courir deux lièvres à la fois »dit la même chose. Mais un ancien proverbe français du XIIIe siècle est beaucoup plus proche du proverbe grec :

« Qui deux choses chace, ni l’un ni l’autre ne prent. » 2°) ∆υο καρ̟ούζια δεν χωράνε κάτω α̟ο µια µασχάλα

« Deux pastèques ne peuvent se loger sous la même aisselle » Une autre façon d’exprimer la même idée.. . . .

3°) Η ζευγάς ζευγάς η ̟α̟άς ̟α̟άς

(Ou laboureur ou pope)

L’origine de ce proverbe remonte à l’époque de Kolo-kotronis( voir bulletin N°34). Ce héros de la Libération avait, un jour, convoqué ses soldats en un endroit détermi-né et à une heure bien précise. Tous étaient présents, sauf un pope qui venait de rejoindre les troupes de la Libéra-tion. Après une brève attente, Kolokotronis, impatient comme il se doit, ordonne à ses troupes de se mettre en marche. C’est alors qu’arrive tout essoufflé notre retarda-taire.

« Où étais-tu ? » demande furieux Kolokotronis. « En

passant près de mon village, répondit le pope, j’ai aperçu la veuve de notre ami Photis, essayant péniblement de labourer son petit lopin de terre. J’ai eu pitié d’elle et je me suis mis à labourer son champ……Voilà la cause de mon retard. » Alors Kolokotronis lui asséna cette phrase qui est, depuis, devenue prover-biale : « Ou tu es laboureur ou tu es pope ». Encore une façon de dire qu’on ne peut faire deux choses à la fois.

ΝΙΚΟΣ ΦΑΜΙΛΙΑ∆ΗΣ

J’ai lu A propos des AMAZONES.

Qui étaient-elles donc ces valeureuses guerrières tirant

à l’arc comme des hommes, chassant et parcourant sur leurs chevaux les steppes qui bordent la Mer Noire ?

Leur origine est obscure. Certains les disent filles d’Arès, dieu de la Guerre- ce qui expliquerait leur prédispo-sition - et de la douce nymphe Harmonie, à moins qu’elles ne soient nées de l’union d’Arès et de sa propre fille Otréré . D’autres prétendent qu’Aphrodite est leur mère….Les lé-gendes sont nombreuses.

Même incertitude pour leur territoire. Les Grecs les localisent dans les régions du Nord Est au delà de la Mer Noire, peut-être au pied du Caucase, ou en Crimée dans les Régions où le Don rejoint la Mer d’Azof, peut-être aussi faut-il chercher leurs attaches en Cappadoce sur les bords du fleuve Thermodon (le Terme). Mais est-il possible de délimiter exactement les territoires d’un peuple nomade ?

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Ce sont pour les Grecs des barbares vivant hors des confins des régions connues.

On les représente vêtues d’une courte tunique, armées d’arc de bronze et protégées par des boucliers en forme de demi-lune.

Le nom même d’Amazone a prêté à de nombreuses

interprétations. On peut en .rappeler deux d’entre elles. Une des étymologies possible est a-µαζα c’est à dire celles qui ne mangent pas de pain, ce qui témoigne de leur condi-tion de nomade : elles dédaignent les céréales et se nourris-sent, dit-on, de viande crue. La deuxième étymologie est celle de α µαζων « celles qui n’ont pas de sein ». On dit, en effet, qu’elles se mutilaient le sein droit pour tirer plus effi-cacement à l’arc. . . .Mais si la guerre était leur occupation favorite elles n’hésitaient pas à s’unir avec les hommes des peuplades voisines ou avec leurs vaincus. Lors de la nais-sance des enfants, seules les filles étaient choyées ! Les en-fants mâles étaient parfois tués, mais le plus souvent muti-lés, soit en les aveuglant soit en les rendant boiteux en leur cassant une jambe. Elles réservaient le même sort aux hommes qu’elles capturaient à la guerre. Alain Moreau dans la revue Lyknos donne de cette coutume une explication amusante : les Anciens, dit-il, pensaient que « la force per-due par l’un des quatre membres se retrouvait dans le cin-quième. Les boiteux étaient réputés pour être de vigoureux amants… » ce qui n’était peut-être pas pour déplaire à nos guerrières ! !

Les amazones ont peuplé l’imaginaire grec : mythes, légendes et histoires se mêlent. Il est bien difficile de faire le partage.

Hérodote leur consacre 5 chapitres (V. 110. 116 ) et raconte que lorsqu’elles furent battues par les Grecs lors de la bataille de Thermodon, les vainqueurs embarquèrent sur leurs bateaux toutes les amazones capturées vivantes. Mais c’était sans compter sur leur courage et leur rouerie. Ces dernières se révoltèrent et tuèrent tous les Grecs.

Ne sachant conduire un bateau, elles échouèrent dans une contrée habitée par des Scythes, volèrent leurs chevaux et se mirent à piller le pays. Les Scythes frappés par sur-prise leur livrèrent bataille et furent fort étonnés de voir qu’il s’agissait de...femmes ! Hérodote dit que les Scythes les ont appelées OIORPATA, c’est à dire « tueuses

d’hommes », car en langue scythe oior signifie=homme et pata = tuer …

A la suite de ce combat les Scythes décidèrent d’envoyer auprès des Amazones des jeunes gens pour les séduire, pensant qu’ils auraient ainsi une descendance apte aux exploits guerriers. Ainsi fut fait, mais les Amazones re-fusèrent de les suivre dans leur pays, ne voulant pas devenir comme leurs femmes « Nous ne pouvons vivre comme les femmes Scythes dirent-elles…nous ne savons rien des tra-vaux de notre sexe. Les femmes de chez vous restent sur leur char à faire des travaux féminins…Nous ne serons ja-mais d’accord . »

Les Scythes cédèrent et se plièrent aux lois de leurs terribles et sauvages épouses.

D’autres légendes sont arrivées jusqu’à nous : on ra-conte que les Amazones combattirent Héraclès lorsque, celui-ci, à la demande d’Eurysthée, voulut s’emparer de la ceinture de leur reine Hippolyte (« celle qui dompte les chevaux ») La reine proposa de la lui offrir, mais poussées par la maligne Héra, les Amazones attaquèrent Héraclès qui se vit dans l’obligation de tuer la reine…

On raconte aussi que Thésée enleva l’une d’elles, An-tiope, ce qui entraîna l’invasion de l’Attique mais les Ama-zones durent finalement céder et conclure la paix avec les Grecs.

On dit, aussi, qu’elles portèrent secours à Priam lors de la Guerre de Troie mais Achille réussit à blesser leur chef Penthésilée et lorsqu’il lui porta le coup fatal il en tomba amoureux.

Alors ces Amazones ont-elles vraiment existé ? Mythe ou réalité ? Le nombre des légendes et des fabuleuses his-toires parvenues jusqu’à nous montrent la fascination des Grecs pour ces peuples nomades, pour ces femmes si dif-férentes des leurs, dans leur volonté de devenir égales ou supérieures aux hommes. Début d’une guerre des sexes ? Elles pourraient être alors les premières féministes ! !

Bataille des Grecs contre les Amazones (Bas-relief d’un sarcophage : Musée du Louvre)

Mais au delà des hypothèses, l’archéologie apporte

peut-être des données intéressantes : une équipe de cher-cheurs russo-americains dirigée par Janine Davis Kimball a découvert dans les steppes du Sud de la Russie à la fron-tière du Kazakhstan une cinquantaine de tombes Beaucoup

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contenaient des squelettes de femmes enterrées avec des armes. Certes, on ne peut dire qu’il s’agisse des Amazones d’autant que ces tombes ne sont pas exactement dans les territoires indiqués par Hérodote mais cela peut témoigner de l’existence de femmes guerrières dont le souvenir aurait persisté dans l’imaginaire grec. . .

La réalité rejoint peut-être le Mythe …. A lire dans Lyxnos N°98 ( Bibliothèque) l’article

d’Alain Moreau : « Les femmes viriles dans la mythologie grecque : un fantasme du mâle athénien ».

LINE FAMILIADES

La Grèce au fil des jours Mardi 11 Novembre 2003

Avant de nous occuper du combat électoral qui se prépare, il nous faut évoquer une querelle idéologique qui a mis en ébullition les milieux intellectuels dans le courant du mois d’août. On assiste en effet en ce moment à la renais-sance d’un « néopaganisme » qui se répand surtout en Atti-que où il revendique 40.000 membres, chiffre probable-ment exagéré, mais suffisamment important pour émouvoir une personnalité aussi éminente que Mr Bambiniotis, rec-teur de l’Université d’Athènes. Dans un article particuliè-rement vigoureux paru dans To Vima du 3 Août et intitu-lé : « Neopaganismo>v : pi>sw olotacw>v » (Néopaga-nisme : arrière toute) il condamne ceux qui refusent d’intégrer le christianisme dans l’hellénisme et qui préconi-sent un retour au culte des douze dieux de l’antiquité : d’où le nom de Dodèkathèo (to Dwdekaqeo>). Les cérémonies se déroulent en plein air et ressemblent beaucoup à celles qui ont lieu tous les quatre ans à Olympie lorsqu’on allume la flamme destinée à faire le tour du monde avant l’ouverture des jeux olympiques : longues tuniques plissées qui font penser à celle de l’Athéna pensive du musée de l’Acropole ou à celle de l’aurige de Delphes, mêmes mou-vements et gestes hiératiques aux ralentis étudiés. L’article du recteur Bambiniotis a provoqué de nombreuses réac-tions qui l’ont obligé à une mise au point dans To Vima du 24 Août, où il reprend ses attaques contre ceux qui rejet-tent le christianisme hors de l’hellénisme. Cette querelle, qui aura sans doute des prolongements, montre le goût des grecs pour les débats idéologiques. Dans ce domaine, pas de trève de vacances, pas de rupture non plus avec l’antiquité où le débat philosophique était la principale oc-cupation du citoyen lettré.

Lundi 1er Décembre 2003

On a souvent dit que les grecs avaient deux passions : le sport et la politique. Si le premier donne lieu à des af-frontements parfois violents entre équipes de la capitale, la seconde ne suscite guère d’engagements massifs et résolus. On se contente de suivre les débats à la télévision : c’est le

« combat du canapé »(agw>nav tou kanape>), se plaignent les militants. Il n’y a que Mr Pangalos, chargé d’animer la campagne du PaSoK, qui ne ménage pas ses attaques contre Mr Caramanlis, leader de l’opposition de centre droit. Angle d’attaque : l’inexpérience de l’adversaire : « Il n’a jamais rien administré, dit Mr Pangalos, pas même un kiosque à journaux ». Peu de réactions du côté opposé, comme si on laissait le fougueux torero épuiser prématu-rément ses banderilles.

La conviction qu’un changement de gouvernement ne signifie pas changement de politique est la principale cause de la somnolence des électeurs. Entre un socialisme qui se plie aux règles du marché concurrentiel et un libéralisme contraint de donner dans le social et de se préoccuper de la vie quotidienne ( ta kaqhmerina>) des plus humbles, il y a en effet peu de différence. C’est la fin de la politique, comme on a pu dire naguère, après l’effondrement de l’Union Soviètique, que c’était la fin de l’Histoire puisqu’il n’y avait plus de raisons d’affrontement entre les nations.

Mercredi 10 Décembre 2003

Ceux qui, parmi nous, ont découvert autrefois la Grèce en atterrissant à l’aéroport d’Hellinikon, aujourd’hui désaf-fecté, seront heureux (ou désolés) d’apprendre que les 530 hectares ainsi libérés seront transformés en parc de loisirs, à l’exception de 100 d’entre eux qui seront vendus à des promoteurs. Le produit de la vente permettra de financer l’aménagement du parc. Telles sont, selon le journal Ka-thimèrini, les projets actuels. Mais les projets ont parfois la vie brève…

En revanche, le temps va paraître long aux terroristes du 17 Novembre dont les condamnations ont été pronon-cées aujourd’hui. Quatre inculpés, sur 19, ont été reconnus innocents. Le chef présumé de la bande, Giotopoulos, a été condamné 21 fois( !) à la prison à perpétuité et Koufonti-nas, dont nous avons souvent parlé, 13 fois. Miracle des mathématiques, même si nous touchons ici au domaine de l’irrationnel : tous les hommes étant mortels, même, heu-reusement, les terroristes, les réductions de peine seront d’autant plus importantes que ces peines sont plus sévè-res…

Il n’est pas du tout sûr, disent les spécialistes, que tous les membres du 17 Novembre aient été arrêtés. C’est aussi l’avis de Mme Bakoïanni, maire d’Athènes, dont le mari a été assassiné en 1989. Certaines empreintes digitales rele-vées dans les « refuges » des terroristes, n’ont pas encore été identifiées. Les recherches continuent, affirme le minis-tre de la justice.

Vendredi 12 Décembre 2003

On ne peut rien refuser à l’Acropole : ce serait un ou-trage aux monuments les plus prestigieux du monde, une atteinte à l’Humanisme, pour ne pas dire un crime contre l’Humanité. On ne trouvera donc pas exagérée la somme d’un million et demi d’euros qui va être dépensée pour la rénovation de son éclairage nocturne confiée au français Pierre Bidault. Le site sera mis en valeur par 1200 sources de lumière : 250 projecteurs pour les Propylées, 220 pour

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les murs, 210 pour le Parthénon, 200 pour le Thisio etc…Caressés par une lumière plus douce, les marbres se-ront plus disposés à nous parler. Ils nous rappelleront que toutes les Valeurs que l’on dit universelles étaient déjà cel-les de la Grèce antique. Oui, elles parlent ces pierres, et, symboles vivants, elles respirent aussi. Si l’on y est attentif, on peut sentir ce souffle de l’Esprit.

Mardi 16 Décembre 2003

Le premier ministre, Mr Simitis, sera sans doute vic-time des sondages. Ils donnent actuellement une nette avance à la Nouvelle Démocratie. Cette tendance ne pour-rait être inversée que si Georges Papandréou, actuel minis-tre des Affaires étrangères, était élu président du Pa.So.K à la place de Mr Simitis qui cumule depuis huit ans les deux fonctions de président du parti et de premier ministre. Une déclaration de Mr Papandréou (« lorsque l’heure sera ve-nue, je prendrai mes responsabilités ») donne une solide consistance à la rumeur. Mais d’un côté comme de l’autre, on hésite, ce qui irrite certains qui estiment que le parti au-rait intérêt à clarifier la situation aussitôt que possible.

Il ne faut pas s’étonner si, dans ce contexte, les médias ne se sont guère préoccupés de l’arrestation de Saddam Hussein. Le jugement qu’ils portent sur l’intervention amé-ricaine en Irak n’a pas changé. Le sentiment largement par-tagé est que cette arrestation ne modifiera guère la situation sur le terrain. Les grecs savent ce qu’est une victoire à la Pyrrhus.

Jeudi 25 Décembre 2003

Une trève tacite apaise le climat politique alors qu’est confirmée l’accession de Mr Papandrèou à la tête du Pa.So.K. Mr Pangalos a épuisé ses banderilles ou peut-être a-t-il été mis sur la touche par le nouveau président du par-ti. Il règne en effet un vieux contentieux entre les deux hommes. Le seul fait saillant est l’apparition d’un nouveau parti fondé par Mr Papathèmèlis qui fut autrefois ministre d’Andrèas Papandrèou, père de l’actuel candidat. La sym-pathie que l’on peut avoir pour Mr Papathèmèlis vient du fait qu’il est inclassable et n’a jamais transigé avec ses convictions. Nationaliste sourcilleux, attaché aux traditions et à l’église orthodoxe, il se veut en même temps très pro-gressiste sur le plan social et a adopté une très courte et très belle profession de foi : « Nous sommes la voix de ceux qui n’ont pas de voix ». Mais son mouvement, Renaissance Démocratique ( Dhmokratikh> Anage>nnhsh ), a peu de chances de réussir. Le bipartisme, sournoisement maintenu par les deux grands partis de gouvernement qui monopoli-sent les médias, étouffe dans l’œuf toute émergence de for-ces nouvelles, même si tout le monde se plaint de l’absence de « frescada ». C’est ainsi que l’on a vu échouer ces derniè-res années les tentatives Samaras, Manos, Tsovolas, Ka-rantzafèris…tandis que le parti communiste et le Synas-pismos ont peine à se maintenir. Même l’ancien maire d’Athènes, Mr Avramopoulos a échoué dans sa tentative et s’apprête à rejoindre le bercail de la Nouvelle Démocratie où il se dissoudra dans la masse, de même que,du côté op-posé, Mr Dimaras a abandonné le Dikki de Mr Tsovolas

pour retourner au Pa.So.K. où il retrouvera Mme Damana-ki, ancienne présidente du Synaspismos. Plus que jamais reste vrai le dicton : « Si le mouton sort de l’enclos, le loup le mange, et s’il revient dans l’enclos, c’est le berger qui le mangera. » Vendredi 9 Janvier 2004

Le combat politique a connu un long répit durant les fêtes, comme si les grecs avaient inscrit dans leurs gènes l’armistice qu’ils respectaient autrefois lors des jeux olym-piques. Pendant deux semaines, les politiques de tous hori-zons n’ont cessé de paraître sur les écrans, mais c’était pour participer ensemble aux réjouissances, et l’on a pu voir dans la même émission une candidate de la Nouvelle Dé-mocratie interpréter une chanson populaire et un député du Pa.So.K.danser un zeibèkiko. La reprise du combat parais-sait lointaine : le pas du temps paraissait suspendu. Puis la publication de nouveaux sondages a réveillé l’ardeur des militants et des candidats. L’accession de Mr Papandrèou à la tête du Pa.So.K.a modifié le paysage politique. L’avance de la Nouvelle Démocratie dans les sondages est passée de 8 à 3 points. En France, on dirait que la fourchette se res-serre. On dit en Grèce que « le ciseau se ferme » ( Klei>nei h yali>da). Le dessin ci-joint illustre cette expression ; nous y voyons le sondeur partager le mollet de la Nouvelle Démocratie. « Notre talon d’Achille, dit Mr Caramanlis, c’est que le ciseau se ferme ». « Pas notre talon, mon vieux, notre jambe ! », rectifie la Nouvelle Démocratie.

Samedi 23 Janvier 2004

Petites et grandes péripéties continuent de ponctuer la campagne électorale. Dix candidats du Pa.So.K. viennent d’être éliminés de leurs listes pour pratiques délictueuses. Pour un temps le « ciseau » risque de « s’ouvrir » de nou-veau (Anoi>gei h yali>da). Il faudra sans doute attendre le soir de l’élection du 7 Mars pour connaître le résultat de ce « derby ». Puis, après les élections, on attendra les jeux olympiques du mois d’Août. Attendre, toujours attendre… Mais, depuis Homère, les grecs sont habitués à cette prati-que de l’attente, alliance subtile d’espoir et d’angoisse : deux sentiments qui nous projettent dans le futur et qui en-tretiennent le désir de vivre. Il y a l’exemple de Pénélope, mille fois cité. Souvenons-nous plutôt du chien nommé

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Argos qui attendit son maître pendant vingt ans et qui, après l’avoir reconnu, se laissa mourir sur le champ, car il n’avait plus rien ni plus personne à attendre. (Odyssée, XVII, 290-329)

LOUIS DELON

Club Lecture Le « Banquet » de Platon au res-

taurant Si Bémol Nous sommes en l’an 416 avant J.-C dans une rue

d’Athènes, devant la maison d’Agathon, l’heureux homme qui vient de remporter le prix pour sa première tragédie.

La porte étant ouverte, le bruit des festivités arrive jus-qu’à nous et notre œil curieux, nous permet d’admirer la grande salle, avec ses lits de repos placés en demi-cercle au-tour de petites tables chargées de mets savoureux. Sur ces lits sont allongés, à l’antique, les amis d’Agathon : Phèdre, Pausanias, Eurysimaque, Aristophane, Alcibiade et Socrate. Les serviteurs apportent les vins et c’est en dégustant que le « symposion » peut commencer. Les invités cherchent un thème de discussion. Phèdre propose « l’Eloge de l’Amour » ; thème accepté. Ainsi d’orateur en orateur les différentes conceptions de l’amour vont être développées et défendues. Elles iront puiser leurs sources dans les my-thologies, dans les traditions religieuses, dans l’éducation sexuelle de l’antique Athènes.

Tous les amis à tour de rôle, vont intervenir avec plus ou moins de fougue et de talent. Lorsque le tour de Socrate arrive, il va demander, chose incroyable, à une femme, une étrangère versée dans la religion, de développer à sa place, le sujet. Ainsi Diotime de Mantinée, va opposer à toutes les conceptions précédentes, la « procréation », conception féminine de l’Amour.

Et les lecteurs que nous sommes, avides de connais-sances, étonnés, parfois scandalisés, vont essayer de com-prendre ce monde antique si éloigné de nous et pourtant si proche, car l’Homme est là, passionné, en quête de Beauté, qui pour Platon amène à l’Immortalité.

Ainsi, dans l’atmosphère, comme toujours conviviale, les points de vue se rapprochent ou s’éloignent comme chaque fois que l’on essaye de s’infiltrer dans le dédale infi-ni de l’âme humaine.

Et voilà encore que le « banquet » au Si Bémol a suscité quelques millénaires plus tard, une polémique au moins aussi ardente que celle qui a dû animer le Banquet de Pla-ton.

CECILE SOTIROPOULOS

La Caisse

Le livre était exposé à Ombres Blanches. Un auteur grec ? Je prends.

Luc M. rencontré quelques jours plus tard me dit : «Je l’ai lu. Tu vas voir. C’est…Bon courage ». Après l’avoir fini, j’en ai reparlé avec Luc. Nous avions la même émotion, la même impression d’avoir reçu un coup de poing à l’estomac. Et l’envie d’en parler encore et encore comme pour l’exorciser.

La Caisse est l’unique roman d’Aris Alexandrou (1922-1978), commencé quelques mois avant le coup d’Etat des colonels et achevé en exil à Paris. Traduit par Colette Lust, il est réédité aux éditions « Le Passeur ». Une postface re-trace la vie d’Alexandrou, dont on ne retiendra ici qu’il fut marqué « par la Résistance puis une courte adhésion au parti communiste ».

Un militant-soldat communiste, pendant la guerre civile est inculpé par, semble-t-il, son camp au terme d’une mis-sion. Il a fait partie, pour employer des lieux communs mi-litaires, d’un commando spécial chargé d’une mission ultra-confidentielle et capitale pour le mouvement. Son impor-tance est telle qu’il ne sera pas admis de blessé qui retarde-rait la marche, il sera cyanuré ! Tous les jours, le gardien lui remet quatre feuilles blanches, tamponnées et numérotées. L’inculpé en déduit qu’il doit écrire sa déposition.

C’est, donc, le récit à la première personne de cette mission par un homme dont on ne saura jamais le prénom (même quand il recrée des dialogues, son nom n’est pas prononcé). Avec une minutie tatillonne, un entêtement pointilleux à démontrer la rationalité de l’enchaînement des événements, il dit, revient sur ses dires, précise le déroule-ment des faits et son rôle.

Son mode de penser et de sentir est en parfaite adéqua-tion avec la mécanique militaire et la discipline du parti. Mais très vite, quelque chose se détraque. Par exemple, le nom donné au commando : les footballeurs ! ou la straté-gie adoptée pour choisir des chevaux. Du point de vue du prisonnier, ce sont des fautes parce que ces mascarades ne protègent pas la confidentialité de l’opération. Pour le lec-teur, elles sont tellement délirantes que le doute s’insinue sur les motifs réels de la mission. Il se creuse un décalage entre la minutie maniaque qui règle l’entreprise et les moyens de plus en plus ahurissants mis en oeuvre. Les cer-titudes de l’inculpé, lui-même, se lézardent sur certains points et il se livre à des «magouilles » subtiles pour s’éviter d’accomplir certains ordres. Un moment fort de ses «petits arrangements » entre sa fidélité militante et sa conscience d’homme: l’exécution, avant le départ, de cinq compa-gnons, il tente par des calculs alambiqués de ne pas faire partie du peloton, mais à l’aube, il se retrouve face à «la grande porte en fer à deux battants» devant laquelle vont se ranger les condamnés. Elle obnubile son attention et il la décrit dans ses moindres détails.

En émergeant de La Caisse, j’ai pensé que ce roman était le réquisitoire le plus implacable contre tout régime to-talitaire que j’ai jamais lu. La précision bureaucratique à la-

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quelle se conforme l’inculpé, son obsession maladive de rendre compte du moindre détail (par exemple, à chaque décès, les grades sont redistribués dans l’équipe et l’inculpé en donne la liste, une longue litanie profane) décuple le ma-laise. Je ne peux m’empêcher de penser à Primo Lévi et à son analyse de l’intérieur des camps nazis dans Et si c’était un homme. Peut-on ne pas songer en lisant La Caisse à l’horreur des camps de concentration nazis, sentiment en-core plus fort quand on voit avec quelle neutralité scienti-fique ils ont été conçus pour en augmenter la rentabilité ? Comment ne pas songer au Cambodge et à la logique im-placable, dans un système donné, des Kmers rouges ?

Dans le roman, et c’est immédiatement sensible au lec-teur et peu-à- peu au prisonnier, la question se pose de sa-voir au service de quoi ou de qui est le rigorisme militaire. Et si la réponse était «pour rien » ? L’absurde le plus com-plet règne sur cette mission, mais pas un absurde loufoque à la Emile Ajar, non un absurde réglementé, calculé jusque dans les moindres détails (le système tarabiscoté de chif-frage des messages est un monument sorti de la cervelle d’un paranoïaque en crise), un absurde kafkaïen où l’humain n’a pas de place. Et cela est d’autant douloureux que cette machine absurde s’inscrit dans un mouvement d’idées qui se voulait originellement libérateur de toute forme d’oppression. Staline est passé par là, et les Kmers rouges, et peut-être la Corée du nord, et peut-être quelques affaires pas nettes en Amérique latine.

Lectrice malmenée cherche pour ne pas sombrer quel-que raison à l’entreprise délirante de La Caisse ! La faction qui s’est imposée a-t-elle voulu se défaire proprement, sans que cela paraisse un règlement de compte, d’un certain nombre de combattants de l’autre faction ? Hélas, il n’y a pas de cause. L’autre faction, revenue au pouvoir, ne stoppe pas l’opération. Dans la logique de l’univers totali-taire, et/ou/donc bureaucratique, il n’y a pas de place pour une autre logique, pour une réflexion.

Est- ce à dire que ce roman est sans espérance ? Non ! Tant il donne le lecteur à penser, à faire des liens.

Et l’évolution de l’inculpé dégage quelques éclaircies. L’inculpé est un personnage complexe. Alexandrou n’en a pas fait un héros positif, tel le Manos de Cités à la dérive. L’inculpé, pendant la Résistance, sacrifie un de ses meil-leurs amis par sa rigueur idéologique. S’il a des doutes sur la soit-disant trahison d’un compagnon, une certaine pleu-trerie et soumission l’empêchent de le défendre, mais il se laissera décorer pour un fait d’armes qu’il n’a pas accompli. Au moment où va commencer la mission, après de longues délibérations intérieures sur son devoir de militant, il dé-nonce une jeune recrue qui s’est endormi en montant la garde. L’inculpé est un soldat et un militant rigide. Mais, dans le peloton d’exécution dont il a été question plus haut, il ne veut tirer sur un ami et calcule longuement l’impact de sa balle. Le militant et le soldat n’ont pas étouffé toute hu-manité en lui. Même s’il ne s’expose pas, une petite flamme brûle encore. L’écriture, petit à petit, ranime cette flamme. Il se donne des règles qui au début sont destinées à mon-trer sa bonne foi, il cherche à rendre compte des faits. Puis, voulant s’assurer qu’il est lu, qu’il est en relation avec un

autre homme, il s’ouvre de plus en plus, il révèle des men-songes, des omissions volontaires, il précise des circonstan-ces, signes qu’il n’est pas tout à fait le jouet de son obnubi-lation bureaucratique. Il tend des pièges au juge-lecteur, fait la grève de l’écriture. Le silence est la seule réponse qu’il re-çoit. Alors, il écrit pour lui, pour aller au bout de lui même. «J’ai décidé de respecter jusqu’au bout les règles du jeu, même si je suis le seul à jouer et à établir ces règles ». Le témoignage objectif est impossible (« il aurait fallu inventer une machine à enregistrer les idées qui viennent en même temps ou parallèlement »), Mais « jour après jour, en écri-vant, j’éprouve, comment dire, de plus en plus de plaisir à essayer de me rappeler, de regrouper les pièces éparses. (…) vous m’avez attelé à la noria (…) mais je ne tire pas de l’eau que pour vous, j’en bois aussi même si elle est trouble et si elle me pèse comme une pierre sur l’estomac ». Le pri-sonnier rassemble des « fragments, débris de la guerre, de l’Occupation, de la guerre civile ». Au terme de son récit, l’inculpé revendique sa vérité, « je ne peux plus rien chan-ger à ce qui s’est passé ». Il ne falsifiera pas l’Histoire, ni son histoire quitte à aller se mettre «contre le mur, à six pas, ou plutôt contre la porte en fer à deux battants ».

La Caisse est un livre terrible dont on sort désorienté, comme stupéfait. Un livre qui dénonce tout ce à quoi nous serions prêts au nom d’une idée de la libération. de l’Autre, de quel côté quelle vienne et dans cet ouvrage, historique-ment marqué, du côté communiste, hélas ! Mais c’est l’histoire magnifique d’un homme qui s’affronte lui -même par l’écriture dans les allers retours de ses aveux, un homme prêt à payer de sa vie pour sa vérité.

GYSLAINE MAGOGA

Conférence sur le site de Delphes par Mme Hélène Guiraud

Assemblée nombreuse ce jeudi 4 décembre 2003 à la

salle de conférence au siège du CERCLE, pour écouter Mme GUIRAUD, professeur d’histoire de l’art à l’université de Toulouse le Mirail, nous parler du site de Delphes. A vrai dire, Mme GUIRAUD n’était pas une in-connue pour les amis du CERCLE. Nombre d’entre eux ont eu l’occasion de suivre ses enseignements dans le cadre universitaire et Madame GUIRAUD nous avait déjà fait l’honneur de prononcer une conférence pour le CERCLE Franco-hellénique. A l’occasion des manifestations d’inauguration de notre partenariat avec le Goethe Institut de Toulouse, elle avait présentée l’histoire des fouilles du site d’Olympie.

A la différence d’Olympie où les principales fouilles ont été conduites par des archéologues allemands, le site de Delphes est en quelque sorte le pré carré de l’Ecole fran-çaise.

Soutenue par une exceptionnelle collection de diaposi-tives, l’exposé de Mme GUIRAUD s’est attaché à retracer l’histoire du site à travers les différentes périodes repérées

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par les archéologues. Après une présentation de l’impressionnant cadre géographique, au flanc du Parnasse, au pied des falaises Phaedriades et en surplomb sur la gorge du Pleistos, Madame GUIRAUD nous a rappelé qu’Apollon n’était pas le premier occupant du sanctuaire dont l’existence est attestée dès la moitié du deuxième mil-lénaire avant notre ère. Gê, la première occupante du sanc-tuaire, ne fût supplantée par Apollon qu’aux environs du IXème siècle. Madame Guiraud nous a également rappelé qu’Apollon partageait le sanctuaire avec Dionysos, arrivé en même temps que lui et maître du site la moitié de l’année, l’hiver, période durant laquelle Apollon se retirait chez les hyperboréens.

Après ce rappel de la légende et de l’origine, Mme GUIRAUD a retracé l’organisation de l’administration du sanctuaire au travers d’une association des cités voisines jusqu’à ce que la Macédoine mette un terme à cette gestion dans le courant du IVème siècle.

Puis, à travers une description minutieuse et savante du site, la conférencière a tenté de nous faire saisir l’extraordinaire rayonnement du site de Delphes tant dans l’espace que dans le temps. Ce rayonnement se mesure aux les dons qui affluèrent vers le sanctuaire en provenance de contrées très lointaines, situées parfois à des milliers de ki-lomètres. La longue période d’activité du sanctuaire permet également de mesurer les évolutions artistiques tant dans l’architecture que dans la sculpture.

La conférence s’est achevée sur la lecture du journal des fouilles du 28 avril 1896 au 1er mai 1896 qui relate la découverte de la statue de l’Aurige.

Il ne fait point de doute que cette conférence aura ra-nimé dans l’assemblée l’envie de revenir à Delphes et de connaître une nouvelle fois le choc émotionnel que ne manque pas de provoquer ce site unique.

PETROS SIDERAS

Des Turcs

Cela devient une habitude ! A chaque nouveau numéro du Bulletin, nous avons l’occasion de vous présenter la pa-rution d’un nouvel ouvrage édité par les éditions toulousai-nes Anarcharsis.

Cette fois-ci point d’épopée byzantine, point de notes de lecture sur les anciens et point de voyage en Occident. L’auteur n’est même pas grec, puisqu’il s’agit d’un moine hongrois. Mais le thème traité ne manque pas d’intérêt pour les grecs …jugez-en seulement au titre «Des Turcs Traité sur les mœurs, les coutumes et la perfidie des turcs » Quel programme !

Tout d’abord quelques mots sur l’auteur dont on ne sait que ce qu’il dit lui-même de son aventure. Capturé alors qu’il était jeune homme, lors d’une expédition de Mourad II en Hongrie en 1438, il fut réduit en esclavage et expédié dans le fin fond de l’Anatolie où il demeura pri-sonnier plus de vingt ans. Cependant lors des quinze der-nières années de sa captivité, « chez un bon maître », il eut

l’occasion de s’initier à la religion musulmane et à la secte des derviches (s’était-t-il converti ?). Libéré et de retour en Occident, il se fit moine dans l’ordre des dominicains et servit comme interprète au Vatican sous le pontificat de Sixte IV.

Quel est l’objet du Traité ? C’est une véhémente mise en garde du monde chrétien contre l’expansionnisme mu-sulman. Pour aider à mieux comprendre l’œuvre, la préface du traducteur Joël Schnapp nous replace le Traité dans le contexte historique marqué par une série de défaites reten-tissantes de grandes coalitions chrétiennes face aux Otto-mans (Nicopolis, Varna, Kosovo et finalement la chute de Constantinople en 1453). C’est donc sur ce fond d’inquiétude et face au risque de naufrage de la civilisation occidentale que se développe la réflexion de Georges de Hongrie.

Mais cette réflexion doit résoudre quelques contradic-

tions. Pourquoi donc cette religion diabolique parvient-elle à convertir des chrétiens ? Pourquoi est-elle toujours victo-rieuse ? C’est peut-être là que réside l’aspect le plus intéres-sant du récit de notre captif. Lorsqu’il nous décrit les mœurs, l’organisation sociale et politique de l’empire Ot-toman et surtout la grande piété de la population, il ne manque pas de souligner en creux les faiblesses de l’Occident. L’admiration transparaît à chaque ligne et il s’en défend par quelques pirouettes : en définitive tout ce qui peut nous séduire chez les Turcs et manifester leur degré supérieur de civilisation n’est, une fois de plus, que la mani-festation de leur perfidie. Pour l’homme de religion, le plus insupportable c’est de trouver plus de piété dans cette reli-gion musulmane qu’il ne peut y en avoir dans la religion chrétienne. Ainsi écrit-il à propos des religieux « ils font

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preuve d’une telle exemplarité dans tous leurs faits, gestes et paroles, et mettent dans leurs mouvements et leurs mœurs également une telle ostentation de religion, qu’ils semblent être non des hommes mais des anges. Ils ont sur leur visage je ne sais quelle expression de spiritualité qui fait que, même si on ne les avait jamais vus, on pourrait aussi-tôt les reconnaître, rien qu’en regardant leur visage ».

Le Traité est suivi d’une note de Michel Balivet, profes-seur de civilisation byzantine et turque à l’université de Provence, sur la peur du Turc. Note fort instructive par la-quelle il s’interroge sur la permanence de stéréotypes dont il pointe la dernière manifestation dans les récentes déclara-tions de M.Valéry Giscard d’Estaing sur le caractère non européen de la Turquie.

Judicieuse initiative que celle de publier cet ouvrage dans le débat actuel.

Des Turcs – Traité sur les mœurs, les coutumes et la

perfidie des turcs par Georges de Hongrie Editions Anacharsis Prix 16 €

PETROS SIDERAS

Dîner de Noël – 15 Janvier 2004

Changement de date et de décor pour nos agapes de Noël. Nous nous sommes retrouvés, toujours aussi nom-breux, à la Chaumière (Ramonville ) le 15 Janvier.

Toutefois nous nous sommes d’abord rendus à la Mai-rie de Toulouse, Salle des Illustres, où Madame de Veyrinas a ajouté l’hommage de la ville de Toulouse à celui rendu en Septembre par le Président de la République grecque à no-tre ami Ioanniss, ou Jean, ou Johnny Sotiropoulos. Sa ré-ponse pleine d’humour nous a rappelé son long séjour en France, depuis 1945 et les souvenirs de son arrivée à Tou-louse, au temps où les cartes de ravitaillement subsistaient encore. Mais j’ignorais que ce parfait polyglotte parlait aussi l’Occitan…

Revenons à la Chaumière- Congratulations et vœux de bonne année durant l’apéritif, traditionnellement accompa-gné des mezzés préparés par nos cordons bleus, puis dîner dans une salle confortable et chaleureuse.

Madame Marinakis, consul de Grèce à Marseille, nous a fait l’honneur de venir partager notre repas, terminé par le partage de la galette des Rois ; A notre amie Marie-Claude Bruniquel est revenu le louis d’or qui remplace cha-que année la fève.

Pour accompagner la soirée, Frédéric Tavernier et trois autres musiciens nous ont proposé des chansons de Manos Hadzidakis, Vassilis Tsitsanis notamment. Malgré des conditions un peu difficiles, tout le monde a pu apprécier le talent de ce groupe.

Pour sa part, la chorale du Cercle s’est étoffée et, de l’avis unanime, a énormément progressé. Bravo ! !

Enfin, comme à l’accoutumée, un petit groupe impro-visé, composé de jeunes grecs, accompagnés à la guitare par notre ami Georges, a repris avec enthousiasme les chansons du folklore grec.

Comme toujours, la séparation a été difficile, et pour certains la soirée s’est terminée …assez tard.

Rendez-vous à l’année prochaine, mais nous aurons quand même d’autres réunions entre temps.

SIMONE CARVAILLO

ENCORE UN LOTO

C’est chaque fois la même attente : notre Loto aura-t-il du succès ?

Et bien oui : 2004 restera comme un bon cru. Certes, nous étions un peu moins nombreux que l’an dernier, mais toujours aussi enthousiastes. Les lots apportés par vous tous étaient nombreux et variés et le gros lot offert par le CERCLE très attrayant : un appareil de photo numérique.

Au fil des six parties menées rondement par notre

Président avec l’aide très efficace d’Ambroise, nous avons comme d’habitude, observé les fantaisies du sort et la chance – ou la malchance – de certains …mais toujours dans la bonne humeur. Quand au gros lot, c’est Christian DAUJEAN qui l’a remporté au grand bonheur d’Evelyne qui ne savait comment exprimer sa joie.

Bien sûr il y a eu l’intermède gourmand : gâteaux, ca-kes, feuilletés accompagnés de café et de jus de fruits. Un

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Bulletin d'information n°37 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-36-81-00

e-mail : [email protected]

grand bravo à nos cuisinières (ou cuisiniers) qui ont consa-cré une partie de leur week-end à préparer ces douceurs.

Merci à tous les donateurs. Merci à tous ceux qui sont venus partager cette

après-midi festive. C’est sûr nous recommencerons l’an prochain. Au fait pour terminer, une petite confidence : sans

vouloir trahir le secret professionnel, je peux vous dire que Nicolas, le trésorier, était plutôt satisfait !!!

LINE FAMILIADES

Le Costume grec dans l’antiquité

Affluence des grands jours, ce jeudi 5 février 2004, à la salle de conférence du 4 rue Clémence Isaure. Pensez-donc, on avait annoncé une conférence sur le costume grec dans l’antiquité. L’affluence devait autant au sujet traité qu’à la personnalité du conférencier. C’est en effet, Am-broise Familiadès, administrateur du CERCLE, mais sur-tout homme de l’art, puisque maître pendant de nombreu-ses années de la haute couture toulousaine, qui s’était pro-posé pour nous exposer toutes les astuces techniques du costume grec dans l’antiquité.

Photo Gérard Brugeilles

Après avoir retracé les grandes époques du costume

grec dans l’antiquité et surtout les grandes voies de diffu-

sion et les courants d’influence (la mode en quelque sorte) où la Crète semble tenir une place de choix, Ambroise Fa-miliadès nous a également relaté les évolutions dans la qua-lité des étoffes utilisées, les techniques de préparation des tissus et des teintures.

Puis à l’aide de dessins qu’il avait tout spécialement préparés pour la conférence, il nous a exposé de façon très concrète les techniques vestimentaires des anciens grecs. L’astuce ne fait cependant pas oublier un caractère relati-vement sommaire du vêtement par comparaison avec le degré de sophistication atteint dans d’autres domaines, y compris dans le domaine très proche qu’est celui de la pa-rure, domaine qui fut également abordé.

La façon très originale d’aborder le problème a suscité de nombreuses questions de la part de l’auditoire. Pour peu, notre ami Ambroise repartait avec de nombreuses commandes !

C’est avec beaucoup de chaleur et d’enthousiasme que l’assemblée a salué l’exercice d’Ambroise, le remerciant ain-si pour son talent et son dévouement au sein de l’association et en dehors de celle-ci.

PETROS SIDERAS

Cours de Musique Byzantine

Frédéric Tavernier – Velas donne des cours de musi-

que byzantine à l’église orthodoxe Saint Nicolas 277, ave-nue de Grande Bretagne à Toulouse

Tous les lundis de 18 h à 20 h Pour tous renseignements téléphoner au :

05-61-78-59-41

Agenda du C.E.R.C.L.E

Mercredi 3 Mars 2004 à 20 heures au restaurant Le Si Bémol Club Lecture « La Verrerie » de Ménis Kouman-daréas téléphoner au moins cinq jours avant à Marie-Thérèse Bonnet)

Jeudi 18 Mars 2004 à 19h 15 – Salle de conférence au 4, bis rue Clémence Isaure .Conférence de Mme VISA-ONDARCUHU, professeur à l’Université de Toulouse le Mirail sur les Jeux Olympiques à travers l’art grec

Dimanche 25 Mars 2004 à 15 heures – Visite guidée de l’exposition « Périple méditerranéen » Musée Saint Raymond à Toulouse. RDV ¼ heure avant à l’entrée du Musée

Du 11 au 18 avril 2004. Voyage en Asie Mineure Dimanche 2 mai 2004 – Fête de Pâques au Château

de Mons Dimanche 30 mai 2004 – Manifestation du Printemps

des langues – Place du Capitole Si vous avez une adresse e-mail communiquez la à [email protected] cela nous permettra de

vous informer beaucoup plus rapidement ! Merci