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Le terme «rituels» fait partie du vocabulaire quotidien des enseignants de maternelle. Il nous semble opportun de préciser ce que l’on désigne sous ce terme. D’après Anne-Marie GIOUX , « Première école, premiers enjeux » Hachette , le terme « rituels » se dit de ce qui est conforme aux rites, quelque chose qui est réglé par une coutume immuable. A l’école maternelle, le terme « rituels » désigne les règles, les habitudes, des activités régulières qui organisent la vie de la classe. Ils sont répétés quotidiennement avec un objectif général qui est celui de la conquête de l’autonomie. Pour les ethnologues, les rituels permettent le passage d’un état à un autre. Dans ce cas le rituel est l’indicateur d’un changement d’identité, le passage du statut d’enfant à celui d’élève. Pour Catherine Dumas, « Construire des rituels à la maternelle » Retz, le rituel crée « un sentiment d’appartenance, le sentiment d’être partie du groupe, dans un espace partagé ». Les rituels permettent ainsi de fédérer le groupe dans un espace temps particulier. Ce « bulletin des m@ternelles » a été préparé en collaboration avec le service « Animation pédagogique » de la Direction Diocésaine du Morbihan. Il est toujours inté- ressant de mutualiser le travail pour croiser les regards et enrichir les propositions. Nous avons choisi de réfléchir dans ce nouveau numéro sur les rituels à l’école ma- ternelle. Lorsqu’on interroge les pratiques professionnelles, les rituels apparaissent dans la plupart des emplois du temps des enseignants, sont partie prenante de la pédagogie de l’école maternelle. Pour autant, ils recouvrent des réalités pédagogiques très diverses. Ce numéro a pour objet de poser quelques repères qui permettront d’interroger des pratiques, de leur donner du sens afin d’aider l’enfant à grandir et à apprendre. De quoi parle-t-on? Le bulletin des m@ternelles 22 Sommaire : De quoi parle-t-on? Qu’en disent les programmes? A quoi servent les rituels? Comment les mettre en œuvre? Le mot de la psychologue de l’éducation Pour aller plus loin… ressources et nouveautés N°3 Janvier 2014 Les rituels à l’école maternelle Les différents rituels Les rituels de passage - Anniversaire - Perte d’une dent -Abandon du doudou Les rituels culturels - Noël - Carnaval Les rituels de politesse - Salutations - Demandes, remercie- ments, excuses ... Les rituels de transition - Accueil - Transition entre les activités - Déplacements d’un lieu à un autre - Habillage/déshabillage... Les activités ritualisées - Appel - Calendrier - Emploi du temps - Météo

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Le terme «rituels» fait partie du vocabulaire quot id ien des enseignants de maternelle. Il nous semble opportun de préciser ce que l’on désigne sous ce terme. D’après Anne-Marie GIOUX, « Première école, premiers enjeux » Hachette, le terme « rituels » se dit de ce qui est conforme aux rites, quelque chose qui est réglé par une coutume immuable. A l’école maternelle, le terme « rituels » désigne les règles, les habitudes, des activités régulières qui organisent la vie de la classe. Ils sont répétés quotidiennement avec un objectif général qui est celui de la conquête de l’autonomie. Pour les ethnologues, les rituels permettent le passage d’un état à un autre. Dans ce cas le rituel est l’indicateur d’un changement d’identité, le passage du statut d’enfant à celui d’élève. Pour Catherine Dumas, « Construire des rituels à la maternelle » Retz, le rituel crée « un sentiment d’appartenance, le sentiment d’être partie du groupe, dans un espace partagé ». Les rituels permettent ainsi de fédérer le groupe dans un espace temps particulier.

Ce « bulletin des m@ternelles » a été préparé en collaboration avec le service

« Animation pédagogique » de la Direction Diocésaine du Morbihan. Il est toujours inté-

ressant de mutualiser le travail pour croiser les regards et enrichir les propositions.

Nous avons choisi de réfléchir dans ce nouveau numéro sur les rituels à l’école ma-

ternelle. Lorsqu’on interroge les pratiques professionnelles, les rituels apparaissent dans la

plupart des emplois du temps des enseignants, sont partie prenante de la pédagogie de

l’école maternelle. Pour autant, ils recouvrent des réalités pédagogiques très diverses. Ce

numéro a pour objet de poser quelques repères qui permettront d’interroger des pratiques,

de leur donner du sens afin d’aider l’enfant à grandir et à apprendre.

De quoi parle-t-on?

Le bulletin des m@ternelles 22

Sommaire :

De quoi parle-t-on?

Qu’en disent les programmes?

A quoi servent les rituels?

Comment les mettre en œuvre?

Le mot de la psychologue

de l’éducation

Pour aller plus loin… ressources

et nouveautés

N°3

Janvier 2014

Les rituels à l’école maternelle

Les différents rituels

Les rituels de passage

- Anniversaire - Perte d’une dent

-Abandon du doudou

Les rituels culturels - Noël

- Carnaval

Les rituels de politesse

- Salutations - Demandes, remercie-

ments, excuses ...

Les rituels de transition

- Accueil - Transition entre les activités

- Déplacements d’un lieu à un autre

- Habillage/déshabillage...

Les activités ritualisées

- Appel - Calendrier

- Emploi du temps - Météo

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Les rituels présentent en général les caractéristiques suivantes : - La très grande régularité du fonctionnement de ces moments - La répétitivité des gestes, des paroles, des codes mis en place - Des contraintes claires, des règles bien posées et respectées par tous - L’évolution de la forme, des contenus liés aux centres d’intérêts et aux capacités d’assimilation des élèves de la PS à la GS - Des activités rituelles qui font sens : on le fait pour… On peut citer quatre fonctions principales selon Catherine Dumas dans son ouvrage « Construire des rituels à la maternelle » Editions Retz 1- Marquer un passage : « Les rituels sont fréquents en début de journée (accueil, appel, calendrier...) : ce sont des activités de démarrage, de lanceurs de la journée, une sorte de sas entre la famille et l’école dont la

première fonction est de recréer le groupe classe et d’installer l’enfant dans l’organisation sociale dans laquelle il va vivre sa journée». Ces rituels de début de matinée marque donc la transition entre la vie familiale et le temps scolaire. Ce passage doit être sécurisant pour l’enfant.

Ils marquent aussi le passage du statut d’enfant à son «métier d’élève », passage favorisé par l’installation de l’élève dans le cadre matériel, spatial, temporel de la vie de la classe. 2 -Développer l’autonomie : « Les rituels sont un espace d’autonomie car les contraintes très fortes

structurent les enfants. Quand le rituel est bien engagé, le groupe classe peut fonctionner seul. L’autonomie s’acquiert grâce à la répétition des actions et des activités. » 3 -Favoriser la socialisation : « Pendant les rituels, on construit des comportements […] on est dans le champ du collectif. » Les rituels sont le plus souvent associés à la notion de regroupement. C’est un moment collectif qui permet d’asseoir les règles de vie, de trouver sa place dans le groupe. On y apprend à « devenir élève » : savoir rester assis, avoir une

attention sur des sujets qui sont imposés, lever le doigt pour demander la parole, écouter la maîtresse ou un camarade qui parle = respecter un cadre pour entrer dans les apprentissages d’une façon efficiente. 4- Permettre des apprentissages fondamentaux : par la répétitivité des activités, l’élève construit des savoirs et savoir-faire dans différents domaines (structuration du temps, discrimination visuelle, numération…). Par les repères constants qu’ils offrent, ils développent la mémoire, la confiance, l’autonomie, des capacités d’anticipation.

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A quoi servent-ils ?

Qu’en disent les programmes?

L’évocation des rituels dans les Ins-tructions officielles a évolué au fil du temps. En 1986, les orientations pour l’école maternelle définissent précisément les activités de rituels. « L’élève établit des repères qui orga-nisent l’espace, qui dis-tingue le temps de l’é-cole et de la maison. Sa vie est ponctuée d’habi-tudes, de rythmes et de rites nouveaux. » En 1995, le premier programme de l’école maternelle définit les rituels au travers de domaines d’activités que sont « Le Langage au cœur des apprentissages, Vivre ensemble et Découvrir le monde. » Une présentation identique est rete-nue dans les programmes de 2002. « La construction de repères tempo-rels est un aspect important du déve-loppement de l’enfant pendant sa scolarité à l’école maternelle. On comprend l’importance de l’orga-nisation régulière de l’emploi du

temps et des rituels qui marquent les passages d’un moment à l’autre. » « L’appropriation des règles de vie pas-se par la réitération d’activités rituelles (se regrouper, partager des moments conviviaux…) . » « Lorsque tous les enfants se sont ap-propriés un rituel, il doit évoluer ou

être remplacé. » On remarque l’affirmation renouvelée de l’importan-ce donnée à la construc-tion de repères stables mais également la néces-sité d’envisager une évo-lution, une progressivité de ces moments. La difficulté réside dans la

nécessité d’assurer un environnement sécure et d’envisager des évolutions pour aider l’enfant à grandir et appren-dre. Dans les programmes de 2008, les ri-tuels ne sont plus explicitement pré-sentés. On retrouve pourtant, dans le contenu des domaines d’activités, des éléments qui définissent leurs fonctions.

Quelques exemples: « L’organisation du temps y respecte les besoins et les rythmes biologiques des enfants tout en permettant le bon déroulement des activités et en facili-tant leur articulation. » En qui concerne le domaine « se repé-rer dans le temps »: « Les enfants perçoivent très progressi-vement, grâce à une organisation régu-lière de l’emploi du temps, la succession des moments de la journée, puis celle des jours et des mois. » « Dès la petite section, les enfants utili-sent des calendriers, des horloges, des sabliers pour se repérer dans la chrono-logie et mesurer des durées. » « Toutes ces acquisitions donnent lieu à l’apprentissage d’un vocabulaire précis dont l’usage réitéré, en particulier dans les rituels, doit permettre la fixation. » Les pratiques sont fortement liées à la socialisation. Au sein du groupe, l’en-fant acquiert son métier d’élève. Mais elles sont également en lien avec les apprentissages définis dans les diffé-rents domaines d’activités. Les rituels sont des temps de construc-tion de savoirs.

Utilisation d’une mascotte avec les plus petits.

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Des écueils à éviter Malgré l’importance accordée aux rituels, dans la pratique quotidienne, si l’on n’y prend pas garde, ils peuvent se transformer en routine. C’est ce que constatent de nombreux observateurs qui les remettent en cause pour plusieurs raisons: - des moments trop longs et vides de sens : il est fondamental de montrer l’aspect fonctionnel des différentes activités (sens et utilité); - des enfants peu mobilisés, ce qui engendre de l’agitation, de la lassitude, de l’ennui voire du rejet; - des moments répétitifs qui se déroulent quotidiennement, toujours sur un même modèle et sur les quatre années de l’école maternelle; - des apprentissages trop importants parfois pour des enfants « fragiles ». Que convient-il de faire? Quelques pistes de réflexion: Les rituels sont pratiqués la plupart du temps en regroupement : or, la formation en groupe classe ne favorise pas toujours les apprentissages pour

tous les élèves (celui qui sait participe et celui qui ne sait pas n’écoute pas). De nombreuses activités ritualisées peuvent déjà être réalisées pendant le temps de l’accueil. Cela permet de prendre en compte la différenciation pédagogique. La participation des élèves: on peut distinguer : - un travail en collectif au départ (pour l’imprégnation, la mémorisation des étapes, la connaissance des différents supports) - un travail en binôme ou en individuel : il est important de permettre au plus grand nombre de manipuler les étiquettes, horloges, calendriers…ce qui peut se réaliser en répartissant les tâches. Cette modalité permet aussi de stimuler les plus fragiles, les mettre en confiance avant de s’exposer au regard du grand groupe. Lors du regroupement, une restitution à la classe entière permettra aux élèves d’expliciter leurs stratégies et aux plus faibles d’adopter celle qui leur convient le mieux.

La place des rituels dans l’emploi du temps: pas forcément et exclusivement en début de journée; on peut fractionner sur la journée. L’élaboration d’une progression : une évolution des rituels dans l’année et dans le cycle est une nécessité qui ne peut se construire que grâce à une programmation élaborée en concertation avec l’équipe de cycle. Il est donc important: - de les situer dans une dynamique d’apprentissage et non de conditionnement, - d’établir une progression de cycle pour les cinq périodes des trois années de l’école maternelle pour gagner en cohérence. - Cas particulier des tout-petits dans une classe à cours multiples: il est souhaitable que les tout-petits puissent, au début, participer de manière souple aux rituels (ne pas être obligés d’être assis là à ne pas comprendre ce qui se passe) = penser à une organisation pour qu’ils puissent éventuellement satisfaire à d’autres besoins avec l’ASEM (passage aux toilettes, coins- jeux…)

La quantité: la répétition est nécessaire mais il faut éviter la saturation. Doit-on traiter tous les domaines chaque jour? Si on les traite tous les jours, doit-on leur accorder la même importance chaque jour ? Les conditions matérielles: Réunir certaines conditions matérielles se révèlent indispensables pour que les rituels soient source de véritables apprentissages: - l’organisation spatiale : essentielle car elle conditionne l’attention et la mobilisation des élèves. - le lieu pour l’affichage : à hauteur des élèves afin de faciliter la manipulation. - la qualité de l’affichage : écriture soignée et lisible, souci de l’esthétisme tout en conservant une certaine sobriété pour préserver la clarté cognitive. - les supports: varier les présentations. Ils peuvent être réalisés avec les élèves afin qu’ils en comprennent la finalité.

PS : Les rituels en PS sont davantage un spectacle orchestré et surtout verbalisé constamment par la maîtresse et auquel les élèves vont participer à sa demande. L’utilisation d’un personnage peut permettre en PS de capter l’attention des élèves (C’est l’ours qui dit bonjour à chaque enfant. Comment va-t-on habiller l’ours en fonction des jours de la semaine ou de la météo ?) L’aspect affectif de la relation au personnage qui vit des situations identiques à celle de l’enfant est le moteur de l’intérêt porté aux activités ; ces activités lui permettront d’accéder aux compétences visées par les rituels. MS/GS : On se détachera progressivement de l’utilisation de ces personnages pour viser en GS le sens et l’utilité de ces activités : - savoir qui est absent → pour renseigner le cahier d’appel - renseigner le tableau de cantine → pour communiquer qui déjeune - connaître la date →pour mettre le dateur à jour et dater le travail - bâtir une mémoire collective → quel temps faisait-il mardi dernier ?

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Comment les mettre en œuvre ?

Selon les sections...

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« Pour éviter que ces moments

deviennent des routines, il faut

repenser ces moments spécifiques pour

garder tous les aspects positifs et

structurants du rituel : garder la

régularité, la répétitivité même de

certaines modalités de fonctionnement

et réfléchir à de nouveaux contenus,

les faire évoluer est nécessaire,

repenser leur progressivité et leur

différenciation au cours des trois ou

quatre années de l’école maternelle. Il

faut bousculer les habitudes tout en

assurant la sécurité qu’ils procurent

aux enfants et sans laquelle aucun

apprentissage n’est possible. Permettre

à chacun d’être actif, pour comprendre

le sens des activités. »

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Des albums...

« Le crocodile et le scorpion » Rebecca et Ed Emberley - Albin Michel Jeunesse - Janvier 2014 Il était une grande rivière bleue et brillante, auprès de laquelle vivaient un crocodile et un scorpion. L’un comme l’autre ne pouvait s’em-

pêcher de croquer ou de piquer : ils n’avaient donc pas beaucoup d’amis. Un jour, le scorpion demande son aide au crocodile afin de traverser la rivière. Ils se font la promesse de ne pas se piquer et de ne pas se mordre, et se proclament amis – sans trop savoir, toutefois, ce que cela veut dire. La traversée commence… Un conte africain joyeusement revisité. A partir de 4 ans Du même auteur :

« Bonne nuit, petit monstre vert »

Ed Emberley - Collection : Kaléidoscope - octo-bre 2013 - 2 à 4 ans Voici venir Petit Monstre Vert. On le découvre tout d'abord avec ses yeux jaunes, puis son nez et ses oreilles turquoises... Jusqu'à voir son

visage en entier. Visage qui va disparaitre à son tour; petit bout par petit bout; tandis que Petit Monstre Vert part se coucher. Cela vous rappelle quelque chose. Et oui! On retrouve ici le dessin et la technique d'Ed Emberley, déjà apprécié dans son précédant album « Va-t'en, Grand Monstre Vert! »

Ouvrages pédagogiques

«Construire des rituels à la maternelle » (+ DVD) PS - MS - GS - Catherine Dumas Collection : Des situations pour appren-dre—Editions Retz

« Les rituels à l'école maternelle » Sophie Briquet-Duhazé -Editions Bordas

« Activités ritualisées en maternelle » CRDP académie de Montpellier « Comment l'enfant devient élève » - René AMIGUES- M-T ZERBATO-POUDOU– Editions RETZ

Sitograghie :

http://www.ac-grenoble.fr/ien.g4/IMG/

pdf/06_activites_ritualisees_d_apprentissagep70_71powerpoint.pdf

http://www.ac-grenoble.fr/ien.g4/IMG/pdf_Tableaux_20rituels.pdf

Pour aller plus loin… Nouveautés...

Le mot de la psychologue de l’éducation

Qu’il ait déjà fait ou non l’ex-périence de la collectivité, l’entrée en maternelle est synonyme de grands changements pour un enfant. Bon nombre d’activités sont mises en place pour l’aider à se structurer et à apposer une transition en douceur entre la fa-mille et l’école : temps d’accueil amé-nagé, boite à doudous, lecture d’al-bums sur le thème de la séparation…

C’est Donald W.Winnicott qui le premier a mis l’accent sur l’existence d’un objet transitionnel, appelé com-munément « doudou ». En se munis-

sant d’un objet qui représente la rela-tion à la mère, il peut affronter son absence temporaire. « L’objet repré-sente la transition du petit enfant qui passe de l’état d’union avec sa mère, à l’état où il est en relation avec elle » Donald W.Winicott (1970), Conversa-tions ordinaires, petite bibliothèque, Payot. Le processus d’individualisa-tion est bien antérieur à l’entrée à l’é-cole maternelle mais l’on peut en tirer un principe directeur : la séparation, pour aller vers l’autonomie, doit être accompagnée d’un environnement suffisamment sécurisant. Et c’est à la personne qui va jouer le rôle de substi-tut maternel de mettre en place un cadre propice.

Ainsi la ritualisation du temps d’accueil scolaire où se mêlent les réfé-rents familiaux (mères, pères…) et scolai-res (enseignants, atsem) est alors impor-tante pour signifier à l’enfant qu’ici se situe une coupure qu’il est tout à fait capable d’accepter et d’intégrer. C’est l’enseignant, dans le cadre de l’école, qui peut signifier cela et ac-compagner l’enfant par ses paroles, son regard bienveillant et la relation qu’il éta-blit avec ses parents… Tous ces rituels que l’on retrou-ve au cours de la journée d’école sont nécessaires à l’inscription de l’enfant dans un monde scolaire rassurant, por-teur de sens et de repères. Morgane Caillet Psychologue de l’éducation, Ddec22

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