Le Bois d’œuvre : Opportunité d’arbitrage avec les Bases Volatiles

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Le bois d’œuvre : opportunité d’arbitrage avec les bases volatiles Pendant la dernière décennie, le marché du bois fut très volatil. En effet, ce marché est très cyclique et étroite- ment lié au marché de la construction, au marché du logement (Housing Starts) et à la situation économique mondiale. Les profits des compagnies qui exploitent cette commodité sont largement influencés par le prix du bois. Contrairement à l’ensemble des commodités qui ont une période de récolte annuelle, les compagnies fo- restières ont l’avantage de décider du moment des coupes. Cela leur permet d’avoir un plus grand contrôle sur l’offre et la production. Une étude menée par J. Wong en 2011, « The Role of LumberFutures Markets for Forest products Firms », démontre que le marché futur du LUMBER sur le CME représente seulement 40 % du vo- lume total de la production de bois d’œuvre. Cela signifie que la majorité des compagnies n’utilisent pas ce marché future pour hedger leur position. Cependant, le marché fournit beaucoup d’informations sur les prix futures et les bases ainsi que le prix spot. Le marché du bois est particulier. Effectivement, il existe seulement un contrat à terme pour le bois, soit le Ran- dom length Lumber qui est négocié sur le CME. Le prix du future correspond au prix moyen en dollars pour 1000bf pour un 2’’ par 4’’ de 8 à 20 pieds (un contrat = 110 000bf). Cependant, le bois d’œuvre dispose de nombreuses caracté- ristiques différentes tels la longueur, la largeur, le grade et le type de bois. Cela rend le hedging plus complexe. Analyse des bases Nous avons comparé, sur une base hebdomadaire, les prix futures du bois d’œuvre avec l’indice Framing lum- ber composite, offerts par le Random Lengths que nous avons utilisé comme prix SPOT. Nous remarquons qu’en 2014 la base moyenne est d’environ 46,7$ alors que la base au 7 novembre 2014 était de 46$. Plusieurs facteurs expli- quent cette base, notamment la divergence des produits con- sidérés. On constate également que le risque de base est no- table, puisque la base a varié d’environ 30$ en moins d’un mois à plusieurs reprises pendant l’année 2014. Cela ouvre la porte aux arbitragistes. Un trader qui possède la commodité et qui désire se protéger avec une position short sur le fu- tures à intérêt à surveiller la base et prendre position quand la base devient plus faible que la moyenne. Il sera « Long the Basis » et réalisera un gain d’arbitrage sur son hedge si la base grandit et revient vers la moyenne annuelle. Une posi- tion « Short the basis » serait pertinente si la base devient anormalement élevée. bf : un terme anglais : board feet, signifie un pied planche (12’’ x 12’’ x 1’’) lumber : terme anglais pour le bois d’usinage, le bois d’œuvre une commodité échangée sur le Chica- go Mercantile Exchange (CME) Indice Framing Lumber composite : Une moyenne pondérée des prix pour 1000bf de 15 produits de bois d’œuvre offert par Random Lengths, un spécialiste de l’information sur les produits du bois.

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Pendant la dernière décennie, le marché du bois fut très volatiel. En effet, ce marché est très cyclique et étroitement lié au marché de la construction, au marché du logement (Housing Starts) et à la situation économique mondiale. Les profits des compagnies qui exploitent cette commodité sont largement influencés par le prix du bois. Contrairement à l’ensemble des commodités qui ont une période de récolte annuelle, les compagnies forestières ont l’avantage de décider du moment des coupes. Cela leur permet d’avoir un plus grand contrôle sur l’offre et la production. Une étude menée par J. Wong en 2011, « The Role of LumberFutures Markets for Forest products Firms », démontre que le marché futur du LUMBER sur le CME représente seulement 40 % du volume total de la production de bois d’œuvre. Cela signifie que la majorité des compagnies n’utilisent pas ce marché future pour hedger leur position. Cependant, le marché fournit beaucoup d’informations sur les prix futures et les bases ainsi que le prix spot.

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Le bois d’œuvre : opportunité d’arbitrage avec

les bases volatiles

Pendant la dernière décennie, le marché du bois fut très volatil. En effet, ce marché est très cyclique et étroite-ment lié au marché de la construction, au marché du logement (Housing Starts) et à la situation économique mondiale. Les profits des compagnies qui exploitent cette commodité sont largement influencés par le prix du bois. Contrairement à l’ensemble des commodités qui ont une période de récolte annuelle, les compagnies fo-restières ont l’avantage de décider du moment des coupes. Cela leur permet d’avoir un plus grand contrôle sur l’offre et la production. Une étude menée par J. Wong en 2011, « The Role of LumberFutures Markets for Forest products Firms », démontre que le marché futur du LUMBER sur le CME représente seulement 40 % du vo-lume total de la production de bois d’œuvre. Cela signifie que la majorité des compagnies n’utilisent pas ce marché future pour hedger leur position. Cependant, le marché fournit beaucoup d’informations sur les prix futures et les bases ainsi que le prix spot.

Le marché du bois est particulier. Effectivement, il existe seulement un contrat à terme pour le bois, soit le Ran-dom length Lumber qui est négocié sur le CME. Le prix du future correspond au prix moyen en dollars pour 1000bf pour un 2’’ par 4’’ de 8 à 20 pieds (un contrat = 110 000bf). Cependant, le bois d’œuvre dispose de nombreuses caracté-ristiques différentes tels la longueur, la largeur, le grade et le type de bois. Cela rend le hedging plus complexe.

Analyse des bases

Nous avons comparé, sur une base hebdomadaire, les prix futures du bois d’œuvre avec l’indice Framing lum-ber composite, offerts par le Random Lengths que nous avons utilisé comme prix SPOT. Nous remarquons qu’en 2014 la base moyenne est d’environ 46,7$ alors que la base au 7 novembre 2014 était de 46$. Plusieurs facteurs expli-quent cette base, notamment la divergence des produits con-sidérés. On constate également que le risque de base est no-table, puisque la base a varié d’environ 30$ en moins d’un mois à plusieurs reprises pendant l’année 2014. Cela ouvre la porte aux arbitragistes. Un trader qui possède la commodité et qui désire se protéger avec une position short sur le fu-tures à intérêt à surveiller la base et prendre position quand la base devient plus faible que la moyenne. Il sera « Long the Basis » et réalisera un gain d’arbitrage sur son hedge si la base grandit et revient vers la moyenne annuelle. Une posi-tion « Short the basis » serait pertinente si la base devient anormalement élevée.

bf : un terme anglais : board feet, signifie un pied planche (12’’ x 12’’ x 1’’)

lumber : terme anglais pour le bois d’usinage, le bois d’œuvre une commodité échangée sur le Chica-go Mercantile Exchange (CME)

Indice Framing Lumber composite : Une moyenne pondérée des prix pour 1000bf de 15 produits de bois d’œuvre offert par Random Lengths, un spécialiste de l’information sur les produits du bois.

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Évolution de la « Futures Curve »

Nous avons suivi l’évolution de la « future curve » pour le bois d’œuvre pour le dernier mois. On remarque que la courbe est en contango. Cependant, en novembre on ob-serve un aplatissement de la courbe. Cet aplatissement s’ex-plique avec le rapprochement de l’échéance du contrat de novembre 2014 qui fait converger le prix future de nov-14 vers le prix spot. On remarque également qu’au 7 novembre, la courbe est en backwardation entre les contrats de nov-14 et janv-15 ainsi qu’entre sept-15 et nov-15. Cet aplatisse-ment nous signale que les inventaires des bois d’œuvre se resserrent à cause d’une demande plus élevée à court terme. On s’attend à ce que les prix futures augmentent dans les prochaines semaines. Si la demande continue d’être plus forte que prévu, la « lumber futures curve » pourrait devenir complètement en backwardation.

Emmanuel Laprise & Alex Martin sont des étudiants de 4e année

du baccalauréat en finance à l`Université de Moncton.

Ils sont originaires du nord-ouest du Nouveau-Brunswick, une ré-

gion ou l`industrie forestière est une composante importante de

l`économie locale.

Emmanuel Laprise Alex Martin

http://www.globalgreencarbon.com/market/global-timber-market

https://www.bnc.ca/content/dam/bnc/fr/taux.../mensuel-obligataire.pdf

http://www.banqueducanada.ca/taux/taux-de-change/convertisseur-de-devises-taux-du-jour/

https://circle.ubc.ca/bitstream/handle/2429/36756/Wong_Jack_FRST_497_Graduating_Essay_2010.pdf?sequence=3

http://www.slideshare.net/fullscreen/SimonJacques1/can-usa-matt-mat/1

Prévision pour le marché du bois

Le taux de change des États-Unis est présentement fort (0.8803$US/$CAN) et selon les analyses de nos collègues de classe, Mathieu Gaudet et Matthew MacBeth, le dollar canadien devrait continuer de se déprécier de 1 à 2% par rapport au dollar américain. Cela favorise les exportations des entreprises forestières canadiennes.

La FED a récemment annoncé qu’elle s’attendait d’augmenter les taux d’intérêt pour atteindre 1,5% à la fin 2015. Cela pourrait avoir un effet négatif sur le marché immobilier et aussi ralentir les mises en chantier aux États-Unis.

La demande mondiale pour le bois devrait augmenter pour deux raisons :

1. Il y a une forte croissance des unités résidentielles en Chine et en Asie. Ils ont épuisé une grande partie de leurs ressources forestières. Par conséquent, leurs importations continuent d`augmenter rapidement.

2. Un autre facteur très important est l`utilisation du bois comme source d`énergie. Particulièrement en Europe où ils sont dotés de politiques favorisant l`utilisation d`énergie renouvelable.

Somme toute, les perspectives pour l’industrie forestière sont positives pour les années à venir. La demande pour ces produits grandira dans les prochaines années et le prix devrait faire de même.