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Le Bal de Sceaux

Honoré de Balzac

Fiche de lectureDocument rédigé par Julie Mestrot

docteure ès philosophie(Université Paris VIII – Saint-Denis)

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RÉSUMÉ 3

ÉTUDE DES PERSONNAGES 5Le comte de Fontaine

Émilie de Fontaine

Maximilien Longueville

CLÉS DE LECTURE 7Un conte moral

La politique balzacienne

Le romantisme du Bal de Sceaux

PISTES DE RÉFLEXION 10

POUR ALLER PLUS LOIN 11

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2Le Bal de SceauxFiche de lecture –LePetitLittéraire.fr –

Honoré de BalzacÉcrivain français

• Né en 1799 à Tours• Décédé en 1850 à Paris• Quelques-unes de ses œuvres :

Les Chouans (1829), romanEugénie Grandet (1833), romanLe Père Goriot (1835), roman

Honoré de Balzac (1799-1850) est l’un des écrivains fran-çais majeurs du xixe siècle. Jeune homme, il s’ouvre les portes des milieux aristocratiques parisiens qu’il ne ces-sera de fréquenter. Mais des entreprises désastreuses et un train de vie excessif le ruineront rapidement : l’écriture littéraire, pratiquée avec passion et assiduité, deviendra pour lui le seul moyen de rembourser ses dettes.

Ambitieux, il s'attèle à une œuvre monumentale, La Comédie humaine, qui compte plus de quatre-vingt-dix romans, et dont le but est de dresser un portrait exhaustif de la société de son temps (pour « faire concurrence à l'état civil »). Parmi ses romans les plus célèbres, on trouve Eugénie Grandet (1833) ou Le Père Goriot (1835).

Balzac est considéré comme l’un des pères du roman réaliste moderne.

Le Bal de SceauxUne nouvelle

didactique et politique

• Genre : nouvelle• Édition de référence : Le Bal de Sceaux, in La Comédie

humaine, tome 1, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1976, 1574 p.

• 1re édition : 1830• Thématiques : mariage, apparence, statut social,

orgueil, éducation des filles

Le Bal de Sceaux est l’un des premiers textes de La Comédie humaine. Rédigée en 1829, cette nouvelle est publiée en 1830 dans les Scènes de la vie privée. Le Bal de Sceaux se rapproche à plusieurs égards du conte moral. D’abord, comme la plupart des scènes de la vie privée, il envisage la mauvaise éducation des jeunes filles et entend donner des leçons. Ensuite, la nouvelle peut être rapprochée de la fable de La Fontaine, La Fille, qui présente également une jeune fille trop difficile dans le choix de ses prétendants et qui, pour ne pas se retrouver vieille fille, finit par épouser le premier venu. Mais l’intérêt de la nouvelle ne réside peut-être pas tant dans sa portée morale (souvent critiquée) que dans la façon dont elle éclaire la position de l’auteur à l’égard des évènements politiques et sociaux de son temps.

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RÉSUMÉ

Les dix premières pages de la nouvelle exposent longuement la vie du comte de Fontaine et de sa famille. Le comte de Fontaine, fervent royaliste resté en France après la Révolution, a sacrifié sa fortune à la défense de la monarchie. Après la Restauration, ses qualités lui valent de devenir l’un des plus proches conseiller du roi Louis XVIII. Désormais riche et puissant, il place ses fils à des postes en vue de la nouvelle administration, et marie ses trois fils et deux de ses filles à des partis tout aussi riches et puissants que lui, quoique non nobles. Seule sa plus jeune fille Émilie n’est pas encore mariée quand commence l’histoire. Louis XVIII, protecteur du comte de Fontaine, vient de mourir, et le comte veut la marier afin d’assurer son avenir.

Élevée en enfant chérie dans le luxe et l’opulence, Émilie, jeune fille de 22 ans se distingue par sa beauté, sa sophistication, mais aussi par sa coquetterie, son orgueil et sa vanité. Se sachant aimée et admirée de tous, elle exerce son charme en véritable tyran. Sa beauté, son assurance et son rang social masquent ainsi les nombreux défauts de son caractère frivole et fantasque, ainsi que son égoïsme. Très courtisée, elle repousse tous ses soupirants avec mépris et cruauté. Son imagination de jeune fille romantique et trop gâtée lui a fait concevoir un type idéal de jeune homme qui, outre la grâce et la distinction, serait noble et surtout pair de France. Cette dernière qualité lui semble indispensable : Émilie a « un amour immodéré des distinctions, et témoigne le plus profond mépris pour les roturiers » (p. 116).

Cependant, le comte de Fontaine expose à sa fille la nécessité de se marier rapidement. En dépit de la sagesse et de la bonté de son père, Émilie persiste à vouloir épouser seulement un pair de France et rejette tous les brillants partis que lui propose son père. Désemparé face à ce qu’il considère comme une folie et un égarement de sa fille, le comte décide de la laisser faire librement son choix et de ne plus se préoccuper de la question de son mariage.

En mai, la famille au complet se rend à Sceaux, dans la villa d’une des sœurs d’Émilie. Un bal populaire est donné dans un cadre champêtre. Là, bourgeois, paysans et aristocrates se mêlent. Émilie y aperçoit un jeune homme convenant, semble-t-il, à toutes les perfections qu’elle a imaginées. La distinction et la grâce du mystérieux jeune homme la persuadent qu’il ne peut être qu’un aristocrate. Mais il quitte le bal sans qu’elle ait pu lui parler ni connaitre son nom.

Émilie passe les jours suivant à parcourir les environs de Sceaux à la recherche du jeune homme. Un jour, alors qu’elle se promène avec son vieil oncle, vice-amiral, elle le croise par hasard. L’oncle devine qu’Émilie est sous le charme du jeune homme et entreprend, pour plaire à sa nièce, de faire connaissance avec ce dernier. Il apprend ainsi qu’il se nomme Maximilien Longueville, et il l’invite à lui rendre visite à la villa.




Les visites de M. Longueville à la villa se multiplient. Entre Maximilien et Émilie nait un amour réciproque. Cependant, Émilie ignore toujours la situation sociale du jeune homme. Le comte de Fontaine, constatant l’amour de sa fille, entreprend alors des recherches sur Longueville, pour s’assurer de la position de celui qui sera, selon le désir d’Émilie, son futur gendre. Il ne découvre rien, si ce n’est l’adresse à laquelle est domicilié le jeune homme, rue du Sentier à Paris.

La veille du départ de la famille pour Paris a lieu un dernier entretien entre Émilie et Maximilien. La jeune fille demande, non sans honte, au jeune homme s’il est noble. Celui-ci, habilement, évite encore une fois de répondre. Persuadée qu’elle ne saurait aimer un roturier, elle avoue son amour à Maximilien. Celui-ci lui dit vouloir l’épouser.

En novembre, de retour à Paris, Émilie se rend dans une boutique d’étoffes rue du Sentier. À sa grande surprise, elle y voit son amant faire le boutiquier. Cruellement blessée dans son amour et son orgueil, elle le rejette avec cruauté.

Un mois plus tard, au bal de l’ambassadeur de Naples, Émilie rencontre par hasard le frère de Maximilien. Elle apprend que celui qu’elle a méprisé, le croyant roturier, est en réalité vicomte. Issu d’une famille ruinée, Maximilien de Longueville s’est sacrifié pour assurer l’avenir de sa sœur et de son frère, et s’est fait marchand. Par une habile spéculation, il vient de devenir millionnaire.

Émilie et Maximilien se voient au bal, mais le jeune homme ne lui pardonne pas son mépris. Émilie, de son côté, est trop orgueilleuse pour s’excuser.

Maximilien part avec sa sœur Clara en Italie. Il a été nommé pair de France. La bonne société, ayant appris l’attitude de la fille du comte de Fontaine, se moque impitoyablement d’Émilie. Selon son père, cela fait trois ans qu’elle devrait être mariée. Elle épouse alors son oncle septuagénaire, celui-là même qui l’avait aidée à faire connaissance avec Maximilien. Métamorphosée, devenue humble et discrète, elle reste fidèle et dévouée au vieil homme. Deux ans après son mariage, elle rencontre Maximilien de Longueville, « paré de tous les avantages qu’elle demandait jadis à son type idéal » (p. 164). Il est courtisé par toutes les jeunes filles les plus distinguées qui cherchent un parti.




ÉTUDE DES PERSONNAGES

LE COMTE DE FONTAINES’il n’est pas le personnage principal, le comte de Fontaine est cependant le personnage au caractère le plus fouillé de la nouvelle. Chef de l’une des plus anciennes familles aristocratiques du Poitou, le comte a épousé une Kergarouët désargentée, elle-même issue d’une des plus anciennes lignées de Bretagne. De sa femme, il a eu trois fils et trois filles, dont Émilie, l’héroïne malheureuse du Bal de Sceaux.

Balzac expose avec précision les prises de positions politiques successives du comte. Fervent légitimiste (défenseur des Bourbons), le comte reste en France après la Révolution, contrairement à une grande partie de la noblesse qui émigre, et sacrifie sa fortune au soutien des révoltes royalistes de Vendée et de Bretagne. Après la restauration de la monarchie, le comte, en vertu de son sens de l’honneur, se refuse à aller quémander un soutien financier au roi Louis XVIII. Celui-ci, cependant, reconnait l’intelligence et la loyauté du comte et s’en fait un conseiller et ami. Le comte adopte les opinions politiques du roi : celui-ci veut concilier la monarchie avec les acquis de la Révolution. Mais la situation politique demeure instable, et à la mort de Louis XVIII, le comte s’inquiète de l’avenir de sa famille.

Le comte, en effet, a pour principale préoccupation d’assurer la bonne fortune de ses enfants, pour lesquels il ne ménage pas ses efforts. Sa sagesse, son intelligence politique et ses qualités, qui sont décrites comme celles de l’ancienne aristocratie chevaleresque, lui valent le respect de sa famille et du roi.

ÉMILIE DE FONTAINELa dernière fille du comte de Fontaine, personnage principal de la nouvelle, est âgée de 22 ans au début de l’intrigue. Gracieuse, belle, vive et charmante, c’est une jeune fille talentueuse et spirituelle, en un mot : prometteuse.

L’accent est mis sur les conséquences funestes de son éducation. Chérie et gâtée par sa famille, dont elle est l’idole, elle a été élevée dans le luxe et l’insouciance, et a fréquenté dès son jeune âge la société mondaine de Paris. Habituée à être toujours admirée et servie par tous, son caractère présente de graves défauts sur lesquels Balzac insiste avec rigueur. Tyrannique et égoïste, Émilie de Fontaine est aussi coquette, fausse et superficielle. Dénuée de toute valeur morale authen-tique, elle ne s’intéresse qu’à l’apparence et au rang des gens qu’elle fréquente. Elle correspond au type de la jeune fille romantique, échafaudant des rêves de mariage et de grandeur, contre tout sens des réalités.




Terriblement orgueilleuse et vaniteuse, elle ne veut consentir à épouser qu’un homme de haut rang, un pair de France. Contrairement à son père qui a abandonné le légitimisme pour l’orléa-nisme, Émilie professe des opinions sévèrement légitimistes, et témoigne hostilité et mépris envers tous ceux qui ne sont pas de son rang. En dépit de son amour véritable pour Maximilien Longueville, elle le rejette parce qu’il est boutiquier. L’humiliation de son mariage et du bonheur manqué la changeront cependant. Réduite à la dernière extrémité, ayant épousé son vieil oncle, elle renoncera finalement à ses rêves et se résignera avec fermeté à une morne existence.

Dans La Comédie humaine, selon le principe du retour des personnages, elle réapparait dans Ursule Mirouët, Le Père Goriot et Béatrix, où elle épouse en secondes noces Félix de Vandenesse.

MAXIMILIEN LONGUEVILLEMaximilien Longueville, vicomte, est essentiellement vu par les yeux d’Émilie. Pour elle, il revêt toutes les perfections. Doté d’un physique extrêmement flatteur, gracieux et délicat, il semble dès le premier regard noble de rang comme de caractère. Il est aussi intelligent et perspicace, et devine tôt les défauts possibles d’Émilie, qu’il veut mettre à l’épreuve en ne lui révélant ni son rang ni son identité. Très vite, il conquiert la sympathie de la famille de Fontaine. Il semble en effet avoir reçu l’éducation d’un homme du monde et se révèle spirituel, quoique toujours humble et discret.

Ces impressions favorables sont confirmées lorsqu’est révélée sa véritable identité. Il est le fils du comte de Longueville. Il a embrassé l’existence d’un roturier pour satisfaire au besoin de sa sœur malade et de son frère après la ruine de son père. Récompensé de ses sacrifices qui le rendent encore plus grand aux yeux de tous, il devient riche à la fin de la nouvelle et est fait pair de France. Mais il ne pardonne pas à Émilie le mépris qu’elle lui a témoigné et le désespoir auquel elle l’a réduit.




CLÉS DE LECTURE

UN CONTE MORALSa forme courte, son intrigue simple et centrée sur un seul évènement (le mariage d’Émilie), le fait qu’il y ait peu de personnages et le caractère sans doute caricatural de l’héroïne contribuent à rattacher cette œuvre au genre de la nouvelle.

Mais, plus qu’une nouvelle, Le Bal de Sceaux est un conte moral dans le sens où le récit, comme ceux des autres Scènes de la vie privée, a une portée didactique. Plusieurs détails du Bal de Sceaux peuvent d’ailleurs être lus comme des références aux Fables de La Fontaine (poète français, 1621-1695), célèbres pour leur aspect moral et didactique, que Balzac avait préfacées quatre ans auparavant. Parmi celles-ci, la fable intitulée La Fille semble bien avoir pu offrir à la nouvelle de Balzac tant son thème que sa structure. La fable de La Fontaine relate également le sort d’une jeune fille prétentieuse et trop fière qui écarte avec dédain tous ses prétendants, jusqu’au jour où, étant devenue vieille et ayant perdu sa beauté, elle se voit contrainte d’épouser un homme grossier et mal né. Le comte, par ailleurs, est aussi nommé Fontaine.

Dans Le Bal de Sceaux, la morale, si elle n’est pas explicite, a le caractère de l’évidence, et on pourrait la formuler ainsi : trop de vanité nous éloigne du bonheur véritable. Émilie refuse tous les partis avantageux, jusqu’à l’homme qu’elle aime, uniquement par vanité. Au fur et à mesure que passe inexorablement le temps, elle n’a plus d’autre choix que de renoncer à faire un brillant mariage d’amour. Elle épouse alors son vieil oncle, châtiment qui doit lui servir de leçon.

L’éducation des jeunes filles est un thème récurrent de l’œuvre balzacienne, principalement dans les Scènes de la vie privée, où Balzac voulait proposer des leçons, tant aux jeunes filles inexpéri-mentées qu’aux mères mauvaises éducatrices. Émilie présente des défauts de caractère qui tous sont attribués à son éducation : sa vanité vient de ce qu’elle a été trop gâtée, mais aussi du fait que son éducation, axée sur les arts, lui a laissé méconnaitre la réalité et ses enjeux. Elle a ainsi développé une imagination fantasque, romantique, qui l’a éloignée du bonheur qu’elle aurait pu trouver dans ce que lui offrait la réalité.

Mais l’histoire d’Émilie n’est peut-être qu’une péripétie secondaire. D’abord parce que sa morale pourra paraitre bien conventionnelle ; ensuite parce que son intrigue demeure légère, frivole, quoique parfois émouvante, notamment lors de l’entretien d’Émilie avec le comte. Plus qu’un enseignement moral, l’histoire d’Émilie présente peut-être sous une forme allégorique les enjeux politiques de l’époque, que nous aborderons de façon plus détaillée au point suivant. Émilie, comme Charles X, incarne le courant royaliste qui connaitra un cuisant échec sur la scène politique française.




LA POLITIQUE BALZACIENNEComme le formule P.-G. Castex, Le Bal de Sceaux est « l’un des textes où se définissent avec le plus de netteté les principes de la politique balzacienne ». Il importe donc de rappeler la situation historique à laquelle Balzac fait référence dans cette nouvelle.

Le roman se déroule sous le règne de Louis XVIII (1814-1815 ; 1815-1824). Après la Révolution française, puis sous Napoléon (1800-1814), l’aristocratie persécutée, dont les biens ont été spoliés, a été contrainte à l’exil dans d’autres monarchies européennes. Seuls quelques nobles restés en France ont continué de conspirer pour le retour de la monarchie. Quand, en 1814, Louis XVIII accède au trône, celui-ci décide de conserver certains acquis de la Révolution, notamment en se montrant favorable à un gouvernement constitutionnel et représentatif.

On appelle orléanistes les partisans de ce monarchisme modéré qui permet à la grande bourgeoisie d’accéder au pouvoir, ce qui est nouveau. Aux orléanistes s’opposent les légitimistes ou ultras, qui sont des monarchistes radicaux, désireux de revenir au régime d’avant la Révolution, et dont le successeur de Louis XVIII, Charles X, est le représentant.

L’importance accordée à la présentation du comte de Fontaine, qui par ailleurs ne joue qu’un faible rôle dans l’intrigue, permet à Balzac d’exposer la situation historique, de rappeler expli-citement les opinions politiques de Louis XVIII et d’exprimer un avis favorable à la politique de ce dernier, à laquelle se rallie le comte de Fontaine. Les mutations sociales imposent, selon Balzac, de concilier monarchie et gouvernement représentatif. Le personnage du comte incarne donc, semble-t-il, le bilan des réflexions politiques de l’auteur : la monarchie ne peut être rebâtie qu’à la condition qu’elle intègre et accepte les profondes mutations sociales qui ont succédé à la Révolution française, c’est-à-dire l’importance croissante de la bourgeoisie aux niveaux économique et politique, et la constitution d’un parti républicain. Le choix du titre est à cet égard significatif. Le Bal de Sceaux est en effet symbolique de la rencontre entre l’aristocratie, la bourgeoisie et le peuple, entre le passé et l’avenir, entre les classes ascendantes et les classes déclinantes. Il s’agit, en effet, comme le souligne longuement Balzac, d’un bal populaire dédié aux bourgeois et au peuple, mais où la noblesse se plait aussi à venir se divertir. La population y est donc mêlée, hétérogène, comme le gouvernement de Louis XVIII lui-même et comme la famille du comte de Fontaine, dont la plupart des enfants ont épousé de riches bourgeois.

LE ROMANTISME DU BAL DE SCEAUXOn classe généralement de façon un peu rapide les œuvres de Balzac dans le courant réaliste. Mais en réalité, ses premières œuvres, et Le Bal de Sceaux en particulier, témoignent de l’influence du romantisme sur l’auteur. On peut ainsi relever dans ce conte moral certains éléments spéci-fiquement romantiques :

• tout d’abord, le malaise de la jeunesse, inadaptée à l’époque et incapable de se situer au milieu des bouleversements politiques. Le Bal de Sceaux n’est à cet égard pas sans rappeler René (1802) de Chateaubriand (écrivain et homme politique français, 1768-1848), où l’auteur évoque le mal du siècle qui étouffe la jeunesse, déchirée entre désespoir et aspiration à un




monde meilleur, ou encore la Confession d’un enfant du siècle (1836) de Musset (écrivain français, 1810-1857), presque contemporain de la nouvelle de Balzac. Le portait de Maximilien correspond ainsi parfaitement au stéréotype du jeune homme romantique. Comparé à Lord Byron (poète britannique, 1788-1824) et à Saint-Preux (personnage de La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau), Maximilien a le raffinement et l’élégance fragile du héros roman-tique, adoptant des poses mélancoliques et mystérieuses, une attitude méditative où se lisent « la mélancolie et la passion » (p. 162) ;

• l’alternance des scènes de ville et de campagne, significative sur le plan de l’intrigue, n’est pas sans rappeler les œuvres préromantiques de Rousseau (écrivain et philosophe de langue française, 1712-1778). À Sceaux, dans des paysages champêtres, Émilie abandonne pour un temps son égoïsme et sa superficialité. Elle se métamorphose, devient authentique et douce, et rencontre dans la nature l’amour véritable. Le sens aigu des conventions, la cruauté et la superficialité caractérisent au contraire sa personnalité dès qu’elle est à Paris. Il semble ainsi, dans Le Bal de Sceaux comme chez Rousseau, que la société corrompe les mœurs, et que la fréquentation de la nature ait au contraire le pouvoir de rendre les hommes bons et heureux ;

• enfin Le Bal de Sceaux n’est pas exempt d’un certain lyrisme, en particulier dans la description des affres de la passion qui torturent les deux héros. Émilie, que son orgueil oblige à renoncer à l’amour, reste plus d’un mois malade. De même, sont évoquées la maladie, la langueur et la terrible souffrance de Maximilien après sa rupture avec Émilie. L’amour dans Le Bal de Sceaux est passionnel et romantique, et conduit les héros au désespoir amoureux.

Bon à savoir : le romantisme

Le romantisme est un mouvement artistique et littéraire européen né en Allemagne et en Angleterre à la fin du xviiie siècle en réaction à la philosophie des Lumières, qui prônait la suprématie de la raison. Le romantisme a connu son apogée en France entre 1820 et 1848. Les écrivains romantiques français ont été particulièrement touchés par le contexte politique de leur époque. La Révolution et les régimes qui lui ont succédé n’ont pas tenu les promesses de 1789, provoquant un profond désenchantement. Ils ont alors été victimes du mal du siècle.Les principales caractéristiques du romantisme sont : une mise en avant des sentiments et de la sensibilité ; l’importance du thème de la nature ; la liberté des formes, des sujets, des tons et des registres.

Bon à savoir : le réalisme

Le réalisme est un courant littéraire qui a vu le jour au milieu du xixe siècle. Il se caractérise par le désir d’imitation du réel : il s’agit, pour les écrivains, d’être le plus objectif possible. Ils ne cherchent plus, dès lors, à idéaliser ce qu’ils décrivent, mais à décrire la réalité telle qu’elle est.




PISTES DE RÉFLEXION

QUELQUES QUESTIONS POUR APPROFONDIR SA RÉFLEXION…• Montrez le rôle et l’importance du personnage du comte de Fontaine dans la nouvelle.• Quelles sont les caractéristiques de la nouvelle que l’on retrouve dans Le Bal de Sceaux ?• En quoi, selon le mot de l’oncle d’Émilie, le vicomte de Longueville peut-il être qualifié de

« rusé compère » ?• On associe le plus souvent les œuvres de Balzac au courant réaliste. Cette opinion vous semble-

t-elle pertinente au sujet du Bal de Sceaux ?• En quoi le personnage d’Émilie peut-il sembler ridicule, aux yeux des autres personnages

comme aux yeux du lecteur ?• Vous semble-t-il possible de déduire les opinions politiques de Balzac de votre lecture du

Bal de Sceaux ?• En quoi la situation d’Émilie peut-elle paraitre déterminée autant par son caractère que par

la situation historique ?• Comparez cette nouvelle de Balzac à la fable de La Fontaine intitulée La Fille. L’objectif des

deux auteurs est-il le même ?




POUR ALLER PLUS LOIN

ÉDITION DE RÉFÉRENCE• Balzac H. de, La Comédie humaine, tome I, « Études de mœurs : scènes de la vie privée »,

Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1976.

ÉTUDES DE RÉFÉRENCE• Barbéris P., Balzac et le mal du siècle, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées », 1970.• Gracq J., En lisant, en écrivant, Paris, José Corti, 1981.• Ménard M., Balzac et le comique dans La Comédie humaine, Paris, PUF, 1983.

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Anouilh• Antigone

Balzac• Eugénie Grandet• Le Père Goriot• Illusions perdues

Barjavel• La Nuit des temps

Beaumarchais• Le Mariage de Figaro

Beckett• En attendant Godot

Breton• Nadja

Camus• La Peste• Les Justes• L’Étranger

Céline• Voyage au bout

de la nuit

Cervantès• Don Quichotte

de la Manche

Chateaubriand• Mémoires d’outre-tombe

Choderlos de Laclos• Les Liaisons dangereuses

Chrétien de Troyes• Yvain ou le Chevalier au lion

Christie• Dix Petits Nègres

Claudel• La Petite Fille de

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Conan Doyle• Le Chien des Baskerville

Dai Sijie• Balzac et la Petite

Tailleuse chinoise

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Dicker• La Vérité sur l’affaire

Harry Quebert

Diderot• Supplément au Voyage de Bougainville

Dumas• Les Trois Mousquetaires

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chute de Rome

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Gautier• La Morte amoureuse• Le Capitaine Fracasse

Gavalda• 35 kilos d’espoir

Gide• Les Faux-Monnayeurs

Giono• Le Grand Troupeau• Le Hussard sur le toit

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Golding• Sa Majesté des Mouches

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Merle• La mort est mon métier

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Musset• Lorenzaccio

Musso• Que serais-je sans toi ?

Nothomb• Stupeur et Tremblements

Orwell• La Ferme des animaux • 1984

Pagnol• La Gloire de mon père

Pancol• Les Yeux jaunes

des crocodiles

Pascal• Pensées

Pennac• Au bonheur des ogres

Poe• La Chute de la maison Usher

Proust• Du côté de chez Swann

Queneau• Zazie dans le métro

Quignard• Tous les matins

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Rabelais• Gargantua

Racine• Andromaque• Britannicus• Phèdre

Rousseau• Confessions

Rostand• Cyrano de Bergerac

Rowling• Harry Potter à l’école

des sorciers

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Sartre• La Nausée• Les Mouches

Schlink• Le Liseur

Schmitt• La Part de l’autre• Oscar et la Dame rose

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Steeman• L’Assassin habite au 21

Steinbeck• Des souris et

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Stevenson• L’Île au trésor

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Verne• Vingt mille lieues

sous les mers• Voyage au centre

de la terre

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Voltaire• Candide

Yourcenar• Mémoires d’Hadrien

Zola• Au bonheur des dames• L’Assommoir• Germinal

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