L’économie circulaire du XXIe siècle : le modèle ...

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« L’économie circulaire du XXIè siècle : le modèle économique prospère d’un monde aux ressources limitées » - Auteur : Christiane Roulet/veille-rédaction Grenoble Ecobiz - www.grenoble- ecobiz.biz 29 septembre 2014 - Page 1 sur 15 L’économie circulaire du XXIe siècle : le modèle économique prospère d’un monde aux ressources limitées S’opposant au modèle économique actuel, consumériste et gaspilleur, aux coûts humains et économiques élevés, l’économie circulaire vise à produire sans détruire, à répondre aux besoins de l’humanité tout en préservant les écosystèmes et les ressources. On lui associe généralement les concepts de « boucles fermées » et de « régénération », mais aussi « d’écologie industrielle » (sa mise en œuvre dans un environnement industriel) ou encore « d’économie de fonctionnalité », laquelle privilégie l’usage d’un produit plutôt que sa possession. En 2050, 9 milliards d’individus devraient peupler la planète, ayant besoin de trois fois plus de ressources que nous n’en consommons aujourd’hui. Or, selon le Global Footprint Network , à l’heure actuelle, nous absorbons en seulement 8 mois la totalité du budget écologique annuel de la Terre. Cette année, le Jour du dépassement fut le 19 août. Dette écologique, volatilité des prix des matières premières, tensions dans leur approvisionnement… Apparu avec l’industrialisation, le modèle linéaire (produire, extraire, jeter) montre de façon préoccupante ses limites. Prenant son contre-pied, l’économie circulaire ne connaît pas de définition officielle mais rassemble des solutions alternatives nées des préoccupations environnementales en rapport avec la croissance démographique, la consommation énergétique, l’épuisement des ressources, la perte de biodiversité et le changement climatique, certaines ayant émergé dès les années 1970. Toutes ces approches prennent la nature comme modèle, s’inspirant des écosystèmes naturels, des organismes vivants chez lesquels il n’existe pas de déchets mais des nutriments. Elles ont pour credo : réduire, réutiliser et recycler, voire décycler. Des industries pionnières ont appliqué ce modèle, l’exemple le plus connu étant celui de Kalundborg . Dans cette ville portuaire de la mer du Nord, principale zone industrielle du Danemark, depuis 1970 des entreprises « échangent » en cycle fermé leurs flux de matières et d’énergie au bénéfice de la planète et pour une économie globale de 15 millions de dollars par an. On parle de symbiose industrielle. Aujourd’hui, l’économie circulaire fait son chemin dans les mentalités. Ses promoteurs privés ou institutionnels se multiplient, tels la fondation Ellen MacArthur, devenue une référence internationale sur le sujet, ou bien en France, l’Institut de l’économie circulaire, créé et présidé par François-Michel Lambert, député des Bouches du Rhône, vice-président de la commission Développement durable de l’Assemblée nationale, ou encore l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Ils voient en elle un modèle économique à la fois nécessaire et prospère : un modèle vertueux. « Le modèle circulaire stimule la création de richesse et d’emploi dans un contexte de limitation des ressources », affirme la fondation Ellen MacArthur. Pour l’Institut de l’économie circulaire, outre le fait qu’elle évite d’exploiter des ressources, l’économie circulaire « ajoute la création de valeur positive, fondée sur la consommation relocalisée, le soutien à une activité industrielle et agricole sur les territoires, le développement de nouvelles filières dédiées à la réparation, au réemploi et au recyclage. ». Activités difficilement automatisables, la réparation, la refabrication, le réemploi et le recyclage emploient effectivement une main-d’œuvre importante et majoritairement locale. « Reposant sur des activités à haute intensité de main-d’œuvre, l’économie circulaire devrait globalement créer beaucoup plus d’emplois qu’elle n’en détruira », analyse Rémy Le Moigne, consultant et auteur d’un ouvrage sur la logistique inverse, c’est-à-dire les différentes étapes et opérations pour récupérer un produit usagé. Un dossier de Grenoble Ecobiz

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« L’économie circulaire du XXIè siècle : le modèle économique prospère d’un monde aux ressources limitées » - Auteur : Christiane Roulet/veille-rédaction Grenoble Ecobiz - www.grenoble-ecobiz.biz – 29 septembre 2014 - Page 1 sur 15

L’économie circulaire du XXIe siècle : le modèle économique prospère d’un monde aux ressources limitées

S’opposant au modèle économique actuel, consumériste et gaspilleur, aux coûts humains et économiques élevés, l’économie circulaire vise à produire sans détruire, à répondre aux besoins de l’humanité tout en préservant les écosystèmes et les ressources. On lui associe généralement les concepts de « boucles fermées » et de « régénération », mais aussi « d’écologie industrielle » (sa mise en œuvre dans un environnement industriel) ou encore « d’économie de fonctionnalité », laquelle privilégie l’usage d’un produit plutôt que sa possession. En 2050, 9 milliards d’individus devraient peupler la planète, ayant besoin de trois fois plus de ressources que nous n’en consommons aujourd’hui. Or, selon le Global Footprint Network, à l’heure actuelle, nous absorbons en seulement 8 mois la totalité du budget écologique annuel de la Terre. Cette année, le Jour du dépassement fut le 19 août. Dette écologique, volatilité des prix des matières premières, tensions dans leur approvisionnement… Apparu avec l’industrialisation, le modèle linéaire (produire, extraire, jeter) montre de façon préoccupante ses limites. Prenant son contre-pied, l’économie circulaire ne connaît pas de définition officielle mais rassemble des solutions alternatives nées des préoccupations environnementales en rapport avec la croissance démographique, la consommation énergétique, l’épuisement des ressources, la perte de biodiversité et le changement climatique, certaines ayant émergé dès les années 1970. Toutes ces approches prennent la nature comme modèle, s’inspirant des écosystèmes naturels, des organismes vivants chez lesquels il n’existe pas de déchets mais des nutriments. Elles ont pour credo : réduire, réutiliser et recycler, voire décycler. Des industries pionnières ont appliqué ce modèle, l’exemple le plus connu étant celui de Kalundborg. Dans cette ville portuaire de la mer du Nord, principale zone industrielle du Danemark, depuis 1970 des entreprises « échangent » en cycle fermé leurs flux de matières et d’énergie au bénéfice de la planète et pour une économie globale de 15 millions de dollars par an. On parle de symbiose industrielle. Aujourd’hui, l’économie circulaire fait son chemin dans les mentalités. Ses promoteurs privés ou institutionnels se multiplient, tels la fondation Ellen MacArthur, devenue une référence internationale sur le sujet, ou bien en France, l’Institut de l’économie circulaire, créé et présidé par François-Michel Lambert, député des Bouches du Rhône, vice-président de la commission Développement durable de l’Assemblée nationale, ou encore l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Ils voient en elle un modèle économique à la fois nécessaire et prospère : un modèle vertueux. « Le modèle circulaire stimule la création de richesse et d’emploi dans un contexte de limitation des ressources », affirme la fondation Ellen MacArthur. Pour l’Institut de l’économie circulaire, outre le fait qu’elle évite d’exploiter des ressources, l’économie circulaire « ajoute la création de valeur positive, fondée sur la consommation relocalisée, le soutien à une activité industrielle et agricole sur les territoires, le développement de nouvelles filières dédiées à la réparation, au réemploi et au recyclage. ». Activités difficilement automatisables, la réparation, la refabrication, le réemploi et le recyclage emploient effectivement une main-d’œuvre importante et majoritairement locale. « Reposant sur des activités à haute intensité de main-d’œuvre, l’économie circulaire devrait globalement créer beaucoup plus d’emplois qu’elle n’en détruira », analyse Rémy Le Moigne, consultant et auteur d’un ouvrage sur la logistique inverse, c’est-à-dire les différentes étapes et opérations pour récupérer un produit usagé.

Un dossier de Grenoble Ecobiz

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Sommaire de la publication

Grenoble Ecobiz vous propose d’aborder le sujet de l’économie circulaire de la manière suivante : Le système économique actuel et ses effets pervers

Prendre le contre-pied de l’économie linéaire

L’économie circulaire : « concept à géométrie variable », modèle économique alternatif à plusieurs facettes

Les gains du modèle circulaire

Les principales sources du document

Le système économique actuel et ses effets pervers

Extraire, produire, consommer et jeter : le système économique des sociétés de type occidental est linéaire, la consommation y est à sens unique

L’une des caractéristiques fondamentales du modèle économique actuel des pays développés est son caractère linéaire, avec une division en quatre étapes, le consommateur se situant en bout de chaîne.

ÉTAPE ACTION

1 Extraire les matières premières

2 Fabriquer à partir des ressources extraites

3 Vendre à un consommateur final unique

4 Après un usage plus ou moins prolongé, le produit défectueux, usé, cassé ou bien encore obsolète, est jeté par le consommateur.

Les deux fondements de ce modèle sont : o les économies d’échelle, o en général, une chaîne d’approvisionnements complexe et

mondialisée.

Apparu avec l’industrialisation, ce modèle a remplacé celui d’une économie circulaire à faible rendement.

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Une économie vorace, gaspilleuse et fortement émettrice de CO2

L’économie linéaire :

d’une part, consomme une grande quantité de ressources naturelles et d’énergie,

d’autre part, produit massivement des déchets qu’elle ne revalorise pas ainsi qu’une grande quantité de CO2.

LA FORTE CONSOMMATION

DES RESSOURCES

NATURELLES ET L’EMISSION

DE GAZ A EFFET DE SERRE

Entre 1900 et 2005, l’extraction des matières a été multipliée par huit au niveau mondial. (1)

En un siècle, la consommation de matières est passée de 7 milliards de tonnes à 60 milliards de tonnes. (1)

En 2007, l’économie mondiale avait ainsi consommé 60 milliards de tonnes de ressources naturelles, soit une augmentation de 65 % par rapport à 1980. (Source : OCDE.)

Selon la fondation Ellen MacArthur (2), cette consommation : o avait atteint 65 milliards de tonnes en 2010, o devrait s’élever à 85 milliards en 2020.

En l’absence de changement, la consommation mondiale de matières devrait atteindre 150 milliards de tonnes en 2050. En prenant en compte l’accroissement de la population, la quantité de CO2 émis par personne serait multipliée par quatre. (1)

(1) Source : Doris Nicklaus - Commissariat général au Développement durable – Colloque Filière et recyclage des 23 au 23 octobre 2012.)

DES DECHETS EN MASSE ET

QUASIMENT PAS VALORISES

AU PLAN ECONOMIQUE

Dans les pays de l’OCDE, les achats annuels d’un consommateur sont évalués à :

o 800 kg de nourriture et de boissons, o 120 kg d’emballages, o 20 kg de nouveaux vêtements et chaussures.

En 2012 : o la France a produit 344,3 millions de tonnes de

déchets : 30 millions de tonnes sont produites par les

ménages, soit 475 kg par habitant, 314,3 millions de tonnes par des

professionnels, dont 246,2 millions de tonnes par le BTP.

o Le taux de recyclage de l’ensemble des déchets s’est élevé à 61 %.

o 33 % ont été mis en décharge. o 3 % ont été valorisés en énergie. o 3 % ont été incinérés (3).

« Dans notre système actuel, (extraire-produire-jeter), 80 % des matériaux finiront en incinérateurs, décharges ou en eaux usées : la fin du voyage », estime la Fondation Ellen MacArthur. (2).

(1) Source : document de travail de la Conférence environnementale

des 20 et 21 septembre 2013. (2) La fondation Ellen MacArthur travaille en coopération avec le monde

de l’éducation et de l’entreprise afin d’accélérer la transition vers une économie circulaire.

(3) Appel à projets « territoires zéro gaspillage zéro déchet » - 31 juillet 2014.

Un modèle très coûteux pour la planète et ses habitants

Une biocapacité déficitaire, une dette écologique

Déforestation, raréfaction de l’eau de source, érosion des sols arables, perte de biodiversité, accumulation de CO2 dans l’atmosphère… À l’heure actuelle, nos prélèvements sur la planète dépassent déjà largement sa capacité à :

o régénérer ses ressources renouvelables, o en fournir d’autres non renouvelables,

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o absorber les déchets, o compenser les émissions de CO2,

c’est-à-dire, sa biocapacité.

Le Global Footprint Network estime que, désormais, « en seulement huit mois, l’humanité consomme la totalité du budget écologique annuel de la Terre. »

Les coûts humains et économiques de cette dette écologique sont de plus en plus élevés.

LE JOUR DU DEPASSEMENT OU THE EARTH OVER SHOOT DAY

Créé en 2003, le Global Footprint Network établit depuis cette date un bilan comptable annuel de l’empreinte écologique de l’humanité et le compare à la biocapacité de la Terre. Depuis 1961, une accélération toujours croissante de la surconsommation écologique

En 1961, la biocapacité de la plupart des pays était supérieure à leur empreinte écologique respective.

Aujourd’hui, la situation s’est inversée. « Actuellement 86 % de la population mondiale vit dans des pays dont l’empreinte est supérieure à ce que leur propre écosystème est capable de générer chaque année », constate le Global Footprint Network.

C’est au début des années 1970 que, du fait de la croissance économique et démographique, le rapport s’est inversé et que le seuil critique fut passé.

En 1993, le Jour de dépassement fut le 21 octobre. Cette année, en 2014, il a été fixé au 19 août.

« Les estimations de la consommation énergétique et alimentaire basées sur une croissance démographique modérée indiquent que l’empreinte écologique mondiale dépassera de 200 % la biocapacité de la Terre avant 2050 », prédit le Global Footprint Network.

Source : Jour du dépassement sur le site de Global Footprint Network.

Les métaux : raréfaction ou disparition d’une ressource très convoitée ?

Bien qu’elle soit moins médiatisée que celle du pétrole, la raréfaction des métaux n’en est pas moins une question de premier plan pour le XXIe siècle.

Les métaux menacés d’épuisement d’ici une centaine d’années seraient : l’antimoine, l’argent, le chrome, le cobalt, le cuivre, l’étain, le manganèse, le minerai de fer, le nickel, l’or, le plomb, le titane, le zinc, le zirconium. (Source : La Croix du 27 mars 2014).

Pour Jean-Claude Guillaneau, directeur des géo-ressources au Bureau de recherches géologiques et minières, le service géologique national, les projections d’avenir ne doivent cependant pas évoquer la disparition des métaux mais bien leur raréfaction. « Certes, plus on consomme de métaux, plus la teneur des nouveaux gisements diminue, ce qui les rend plus chers à exploiter. Mais la croûte terrestre recèle une quantité illimitée de métaux. » Source : La Croix du 27 mars 2014 « Les ressources minérales risquent-elles de disparaître ? »

Ingénieur, coauteur de l’ouvrage Quel futur pour les métaux ? (Édition Sciences – Groupe EDP Sciences – octobre 2010), Philippe Bihouix tempère cet avis. Dans un article paru en 2011, il déclarait : « La sagesse orientale oubliée, les métaux sont réputés recyclables à l’infini. Pourtant, au fil du temps, même l’or et les métaux se désagrègent. […] Les métaux sont malheureusement, au même titre que les énergies fossiles, des ressources non renouvelables, dont nous faisons un gâchis immense au détriment des générations futures. » Source : Des limites de l’économie circulaire : la question des métaux – Séminaire du 16 décembre 2011 – Institut Momentum.

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Les conséquences macroéconomiques et géopolitiques des tensions dans l’approvisionnement en matières premières

Des États devenus dépendants

« Le défi n’est pas qu’environnemental, il est également économique », rappelle François-Michel Lambert, député EELV et président de l’Institut de l’économie circulaire :

o « L’accès aux ressources devient un enjeu critique pour l’Europe », déclare-t-il.

o Quant à la France, elle « doit faire face à un déficit de 145 millions de tonnes de matières premières. »

Source : L’Usine Nouvelle du 19 juin 2014 – L’économie circulaire s’industrialise.

Dans un de ses documents de travail, la Conférence environnementale des 20 et 21 septembre 2013 constate que « L’économie française est dépendante de l’importation de matières premières. En l’absence de recyclage, 100 % des métaux utilisés en France seraient importés. »

Des enjeux géopolitiques

Or, « la pression sur les ressources conduit des pays à restreindre leurs exportations. ». C’est le cas de la Chine, qui premier producteur de terres rares en a limité ses exportations de 40 % entre 2005 et 2010. (Source. Conférence environnementale des 20 et 21 septembre 2013 - Table ronde n° 1 économie circulaire, document de travail.)

« La Chine utilise les 18 métaux indispensables à l’industrie de pointe comme un moyen de pression face au Japon, à l’Europe et aux États-Unis », explique de son côté Jean-Claude Guillaneau. Elle a ainsi mis en place depuis 2011 des quotas d’exportation tout en favorisant l’installation d’usines étrangères sur son sol avec accès aux terres rares pour protéger ses ressources naturelles et leur assurer un développement économique durable ». (Source : La Croix du 27 mars 2014 « Les ressources minérales risquent-elles de disparaître ? )

Des tensions dans l’approvisionnement : des coûts économiques élevés, une menace pour les entreprises

Des matières premières de plus en plus chères, des cours volatiles

Depuis les années 2000, les prix des matières premières augmentent.

Or, en 2050, 9 milliards d’individus peupleront la planète et la classe moyenne aura grossi de 3 milliards de personnes (elle compte aujourd’hui 1,7 milliard de personnes). Cette population devrait avoir besoin de trois fois plus de ressources que ce que nous consommons actuellement. La pression de la demande va donc s’accentuer. Par ailleurs, l’accès à de nouvelles ressources sera plus difficile et leur exploitation plus coûteuse. Ces deux facteurs pèseront sur les prix de l’énergie comme sur ceux des autres matières.

« Au cours de la première décennie du XXIe siècle, la volatilité des prix pour les métaux, les produits alimentaires et non alimentaires a plafonné à des niveaux jamais atteints aux XXe siècle », constate la fondation Ellen MacArthur. « Si aucune mesure n’est prise, les prix et leur volatilité risquent fort de poursuivre cette ascension corrélée à l’accroissement de l’urbanisation de la population et aux coûts élevés de l’extraction des ressources », prédit-elle.

Un modèle devenu risqué pour les entreprises « Avec une telle volatilité des prix, un manufacturier peut voir ses coûts de production augmenter de 500 millions d’euros en dix-huit mois » ajoutait Ellen MacArthur dans un entretien avec l’Usine Nouvelle. (L’économie circulaire n’est pas une question d’environnement, c’est une question économique » - L’Usine Nouvelle du 16 mai 2014.) L’économie linéaire augmente donc l’exposition des entreprises aux risques de :

hausses des prix des matières premières,

volatilité des cours de ces matières,

voire de rupture d’approvisionnement. « Les industriels prennent conscience que la bataille pour les matières premières est une bataille de compétitivité », déclarait Jean-Louis Chaussade, pdg de Suez

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Environnement dans l’Usine Nouvelle du 19 juin 2014.

Améliorer le modèle pour réduire son impact ? Une illusion, un effet inverse de celui souhaité

Insufflées par une prise de conscience collective, les démarches visant à réduire les impacts environnementaux de l’économie linéaire se sont multipliées.

Mais, affirme la fondation Ellen MacArthur, « Malgré les réels progrès obtenus en matière d’efficacité de production et de traitement des déchets, tout système basé sur la consommation plutôt que sur le meilleur rendement possible des matières premières non renouvelables entraîne des pertes importantes sur l’ensemble de la chaîne de valeur. »

Recycler, produire de façon éco-efficiente ne suffit pas

Bien que les progrès techniques aient permis d’améliorer le recyclage, les procédés entraînent une diminution de la valeur du produit, lequel, in fine devient un déchet.

Se référant à William McDonough et Michael Braungart, auteurs en 2002 de Cradle To Cradle (*) : Remaking The Way We Make Things, (en français, Cradle to Cradle. Créer et recycler à l'infini), la fondation Ellen MacArthur prend la position suivante : « Penser que les seules mesures de réduction des déchets et préservation de l’énergie seront suffisantes pour nous garantir un meilleur avenir est une illusion ». McDonough et Braungart estiment en effet que s’appuyer sur des méthodes de production éco-efficientes pour sauver l’environnement est, au contraire, « le meilleur moyen de s’assurer que l’industrie épuisera toutes les ressources de manière systématique et efficace. » (*) Cradle = berceau.

Changer radicalement de modèle

Alors que McDonough et Braungart appellent à modifier la structure du métabolisme industriel, à aller plus loin que le recyclage et donc à dé-cycler, Philippe Bihouix engage, quant à lui, à « repenser de manière fondamentale notre société industrielle et son avenir. »

Prendre le contre-pied de l’économie linéaire

Des travaux liminaires aux différentes approches et outils

Les premières réflexions et travaux consacrés à la gestion en boucle des ressources datent des années 1960.

Dans les années 1970, l’humanité prend conscience de l’existence de la biosphère, des écosystèmes. Les scientifiques alertent sur la diminution rapide des hydrocarbures, appellent à limiter la consommation énergétique et l’exploitation des matières premières. La croissance est questionnée. Concomitamment, se développe l’analyse des systèmes.

Des pionniers, tels l’Américain John T. Lyle ou le Suisse Walter Stahel, posent les principes d’une économie qui n’est pas encore qualifiée de circulaire. Ils parlent de régénération, d’économie en boucle.

Avant eux, le mathématicien et économiste américain Nicholas Georgescu-Roegen a souhaité repenser la science économique. Dans ses travaux qualifiés de bioéconomiques, il relie explicitement sa conception du développement économique aux lois de la thermodynamique des « systèmes fermés », énoncées par le physicien français Sadi Carnot, ainsi qu’à la biologie évolutionniste.

BREF HISTORIQUE DE L’EMERGENCE DU CONCEPT D’ECONOMIE CIRCULAIRE

Kenneth E. Boulding (1910-1993), économiste américain, théoricien des systèmes, compare la Terre à un vaisseau spatial isolé et propose de mettre en place une « économie fermée » (closed economy).

1966

Organisée à Paris, en 1968, par l’UNESCO, la Conférence sur la biosphère est la première conférence intergouvernementale qui s’interroge sur la façon de concilier la conservation des ressources naturelles et leur utilisation, préfigurant

1968

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ainsi le concept actuel de développement durable.

En 1971, le mathématicien et économiste américain d’origine roumaine Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994), publie The Entropy Law and the Economic Process, dans lequel il affirme que « la thermodynamique et la biologie sont les flambeaux indispensables pour éclairer le processus économique. »

1971

Le Club de Rome publie son premier rapport The Limits to Growth , traduit en français sous le titre Halte à la croissance ? Cette importante étude souligne les dangers écologiques de la croissance démographique que connaît le monde à cette époque.

1972

DIFFERENTES APPROCHES, DE NOUVEAUX OUTILS

En 1969, aux États-Unis, Coca-Cola étudie les impacts environnementaux respectifs sur un cycle de vie qui va « du berceau à la tombe » d’un emballage plastique et d’un emballage en verre.

Dans les années 1970, l’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA) affine cette méthode et créé un outil appelé Ressource and Environmental Profile Analysis (REPA), précurseur des futurs écobilans et analyses du cycle de vie.

1969

John T. Lyle (1934 – 1998), paysagiste et enseignant, invente le concept de « regenerative design », en français « conception régénérative ». Il s’agit de créer les conditions pour établir des systèmes pérennes qui répondent aux besoins de l’humanité tout en respectant l’intégralité de la nature : restaurer, renouveler ou revitaliser l’énergie et les matières nécessaires à la production.

John T. Lyle est l’auteur de Design for Human Ecosystems (1985) et de Regenerative Design for Sustainable Development (1994).

En savoir plus : John T. Lyle Center for Regenerative Studies.

ANNEES 1970

1985 1994

À Kalundborg, au Danemark, le modèle de collaboration esquissé dès les années 1960, prend forme. Des industriels et la municipalité commencent à échanger leurs flux de matières et d’énergie. En 1989, les termes de symbiose industrielle sont utilisés pour la première fois.

1972

Les Suisses Walter Stahel, architecte, et Geneviève Reday, socio-économiste, proposent dans leur rapport d’étude pour la Commission européenne d’instaurer une « économie en boucle » afin de créer des emplois et réduire la consommation d’énergie. « The Potential for Subsituting Manpower for Energy ».

En 1982, dans un article, The Product-Life Factor, Walter Stahel décrit une économie qui repose sur des boucles de réutilisation, réparation, refabrication et de recyclage. La même année, il fonde, à Genève, The product-Life Institut.

Walter Stahel défend le concept du « berceau au berceau » (en anglais, cradle to cradle).

Il développe le concept d’économie de la fonctionnalité : un modèle économique d’entreprises.

1976 1982

Le chimiste allemand Michael Braungart et l’architecte designer américain William Mc Donough, (qui avait travaillé avec John T. Lyle) prolongent les recherches initiées par Walter Stahel et liées au concept du « berceau au berceau », leur approche s’inspirant du métabolisme biologique naturel.

En 1987, Michael Braungard fonde à Hambourg (Allemagne), The Environnemental Protection Encouragement Agency (EPEA).

En 1995, est créée la société de conseil McDonough Braungart Design Chemistry (MBDC).

En 2002, Braungart et MC Donough publient Cradle To Cradle : Remaking The Way We Make Things, (traduit en français sous le titre Cradle to Cradle. Créer et recycler à l'infini). La même année, ils créent la certification internationale Cradle to Cradle®, ou C2C.

1987

1995

2002

L’homme d’affaires et industriel belge Gunter Pauli (ex-pdg d’Ecover) est membre du Club de Rome.

En 1994, il crée la fondation Z.E.R.I (Zero Emission Research Initiative), à

1994 2004

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l’origine du concept d’économie bleue, une économie qui « ne recycle pas mais régénère. » Ce mouvement rassemble des études de cas, compilées en 2004 dans un rapport éponyme remis au Club de Rome

En 1995 un groupe de chercheurs publie dans la revue américaine California Management Review un article dans lequel sont décrites les différentes étapes et opérations de récupération d’un produit usagé : réemploi, réparation, remise à neuf, recyclage. Cet enchaînement est désigné sous les termes de reverse supply chain management, traduits en français par la logistique inverse.

1995

L’écologie industrielle

Repenser le métabolisme industriel

Située à une centaine de kilomètres de Copenhague, Kalundborg est une petite ville portuaire de la mer du Nord. C’est aussi l’une des plus importantes zones industrielles du Danemark. En 1972, la raffinerie présente sur ce site noue un partenariat avec un fabriquant local de panneaux de construction en plâtre, pour lui fournir ses excédents gaziers. Au fil des décennies, d’autres coopérations écologiques et économiques voient le jour. Kalundborg est aujourd’hui considérée comme le modèle d’une vraie symbiose industrielle.

En 1989, Robert Frosch et Nicolas Gallopoulos, deux chercheurs de General Motors, préconisent de changer le fonctionnement des systèmes industriels de telle sorte que les déchets d’un procédé industriels puissent servir de matières premières à un autre procédé industriel. Ce faisant, ils décrivent les principes de l’écologie industrielle, c’est-à-dire la mise en œuvre de l’économie circulaire dans l’industrie.

En 1998, Suren Erkman, philosophe et biologiste, professeur à l’université de Lausanne, publie une synthèse des recherches et expériences conduites dans ce domaine de par le monde. « Vers une écologie industrielle. Comment mettre en pratique le développement durable dans une société hyperindustrielle ». Ces travaux contribuent à faire émerger le concept.

En 1996, la fondation suisse Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme (FPH), confie à Suren Erkma la mission de diffuser l’écologie industrielle à l’échelle internationale.

Les implications au plan territorial « Par rapport au modèle précédent, l’écologie industrielle innove sur le plan de la gouvernance territoriale : ce n’est pas seulement un modèle entrepreneurial, il s’intéresse aussi à la transformation des relations entre acteurs sur un territoire particulier. Son caractère circulaire implique la mutualisation entre différents acteurs de certains investissements et ressources, matériels comme immatériels. Dans ce cadre, les relations interindustrielles ne relèvent plus seulement d’une relation marchande classique, mais d’un partenariat de long terme, pouvant conduire à la constitution d’un patrimoine immatériel collectif : partage de compétences, de centres de recherche, d’investissements immatériels », observe Christian du Tertre, professeur de sciences économiques à l’Université Paris-Diderot. Source : Christian du Tertre - L’économie de fonctionnalité, pour un développement durable.

L’économie de fonctionnalité, forme aboutie de l’économie servicielle

Le concept développé par Walter Stahel est sous-tendu par l’idée que, pour le consommateur, la valeur d’un produit réside dans les bénéfices qu’il retire de son usage et non dans le fait de posséder ce produit.

Christian du Tertre estime quant à lui que l’économie de la fonctionnalité est le « stade avancé » de l’économie dite servicielle, un modèle dans lequel se sont déjà engagées nombre d’entreprises. Parmi les plus connues, Christian du Tertre cite :

o Xerox qui, plutôt que de vendre ses photocopieurs, les loue à ses clients et en assure la maintenance,

o ou encore Michelin, qui loue ses pneus aux entreprises de poids lourds.

Dans ce modèle serviciel, explique Christian du Tertre, « la valeur ajoutée n’est

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« L’économie circulaire du XXIè siècle : le modèle économique prospère d’un monde aux ressources limitées » - Auteur : Christiane Roulet/veille-rédaction Grenoble Ecobiz - www.grenoble-ecobiz.biz – 29 septembre 2014 - Page 9 sur 15

plus fondée sur la production et la vente d’un bien, mais sur la vente d’un service fourni par ce bien. »

L’économie de la fonctionnalité élargit le périmètre de la valeur ajoutée d’un produit « à de nouvelles fonctionnalités et à la prise en compte systémique des enjeux relevant des trois axes du développement durable ». La création de valeur repose alors sur « des solutions » en grande partie déconnectées des flux de matière. Les automobilistes achètent de la mobilité de préférence à un véhicule, les consommateurs achètent pour leur habitation, lorsqu’ils sont présents chez eux, une température minimale constante de 18 °, plutôt que du gaz ou de l’électricité, ou encore de la propreté plutôt qu’un lave-linge », explique Christian du Tertre.

Si l’économie servicielle révolutionne le modèle économique, pour Christian du Tertre, l’économie de la fonctionnalité provoque « une rupture globale par rapport au modèle d’entreprise fordien. »

LA VISION DE WALTER STAHEL

Selon Walter Stahel, l’économie de fonctionnalité « vise à optimiser l’utilisation –ou la fonction- des biens et des services. ». Elle « se concentre sur la gestion des richesses existantes, sous la forme de produits, de connaissances ou encore de capital nature. » Son objectif économique est double :

« créer une valeur d’usage la plus élevées possible, le plus longtemps possible, tout en consommant le moins de ressources matérielles et d’énergie possible ;

atteindre ainsi une meilleure compétitivité et une augmentation des revenus des entreprises. »

Et l’économie circulaire ?

L’expression « économie circulaire » apparaît pour la première fois en 1989 dans un ouvrage publié par David W. Pearce et R. Kerry Turner, deux enseignants de l’université du Colorado, et intitulé Economics of Natural Resources and the Environment. Se référant à l’économiste américain Kenneth E. Boulding, ils proposent de passer d’uns système économique linéaire à un système économique circulaire.

Si toutes les approches développées depuis sous ce vocable associent les trois R : réduction, réutilisation et recyclage, tous les acteurs de l’économie circulaire n’en ont cependant pas la même vision. Et il en est de même pour les quelques pays qui se sont engagés dans ce nouveau modèle. Car, ainsi que l’observe l’Institut de l’économie circulaire, « L’économie circulaire est en fait un concept chapeau, elle n’est pas adossée à une définition officielle, ni académique. »

Une étude française de comparaison internationale

En janvier 2014, le Commissariat général au développement durable a publié une étude comparant les politiques publiques en matière d’économie circulaire dans quatre pays précurseurs sur le sujet : l’Allemagne, la Chine, le Japon et les Pays-Bas.

Les auteurs remarquent que « l’appréhension de ce concept donne lieu à des approches et priorités différentes selon les pays » et ils qualifient l’économie circulaire de « concept à géométrie variable ». Ainsi, l’Allemagne, le Japon et les Pays-Bas limitent son périmètre aux déchets. La Chine est la seule à l’élargir aux ressources.

NB : cette étude était liée à la préparation de la Conférence environnementale de 2013, dont l’un des tables rondes portait sur l’économie circulaire.

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L’économie circulaire : « concept à géométrie variable », modèle économique alternatif à plusieurs facettes

Les quatre principes fondateurs selon la Fondation Ellen MacArthur, une référence internationale

« Le modèle circulaire repose sur une approche biomimétique (ou copie du vivant).»

Se consacrant à la transition vers l’économie circulaire, la fondation Ellen MacArthur, est une référence internationale sur le sujet.

Pour la fondation, l’économie circulaire participe d’une école de pensée qui prend la nature comme exemple et considère que « nos systèmes devraient fonctionner comme des organismes vivants qui synthétisent des nutriments, lesquels à leur tour nourrissent le cycle. »

De cette approche, la fondation déduit quatre principes fondateurs :

Un déchet est une nourriture Ce principe renvoie au modèle Cradle to Cradle®. Lui est associée l’idée de régénération et de « décyclage ».

La diversité est une force La diversité induit une plus grande résistance aux chocs.

Fonctionner à l’énergie renouvelable

Prendre les organismes vivants comme modèle.

Les prix doivent refléter la réalité

L’impact environnemental du produit doit être pris en compte dans son coût.

L’ECONOMIE CIRCULAIRE VUE PAR LA FONDATION ELLEN MACARTHUR

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Source : site internet de la fondation.

En France : le modèle de l’ADEME

Pour l’ADEME, l’économie circulaire est un modèle « axé sur une absence de gaspillage et une augmentation de l’intensité de l’utilisation des ressources tout en diminuant les impacts environnementaux. » Ses différentes composantes se répartissent dans trois champs :

La production et l’offre de biens et de services.

La demande et le comportement des consommateurs.

La gestion des déchets.

CHAMPS COMPOSANTES

L’offre et les acteurs économiques

Ecoconception.

Écologie industrielle et territoriale.

Économie de la fonctionnalité.

La demande et le comportement des consommateurs

Achat.

Usage.

Allongement de la durée d’usage : réemploi, réparation, réutilisation.

La gestion des déchets Recyclage.

NB : pour la définition des différents termes, voir le glossaire de l’ADEME.

Source : site internet de l’ADEME.

L’écologie industrielle L’ADEME définit en outre l’écologie industrielle comme une « Stratégie opérationnelle visant à proposer des axes d’amélioration lisibles, compréhensibles et accessibles, compatibles avec les activités économiques :

Synergies de substitution (valoriser et échanger les matières et énergies).

Synergies de mutualisation (des moyens et des services).

Partage d’infrastructures/d’équipements.

Création d’activités intermédiaires d’interface. » Source : intervention de l’ADEME du 25 septembre 2014 sur la plateforme chimique de Pont de Claix.

En France : la vision d’ORéE

L’association OREE, Organisation pour le Respect de l'Environnement dans l'Entreprise, axe prioritairement ses travaux sur l’économie circulaire.

Elle complète le schéma de l’ADEME en ajoutant « qu’une démarche d’économie circulaire doit également intégrer, au travers de toutes ces approches, des systèmes de transports et de logistique durables afin d’optimiser les flux de marchandises et de personnes. ».

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Sa vision est celle d’une économie « circulaire globale, systémique et intégrée » basée sur :

o Une approche produit/service : éco-conception, économie de fonctionnalité…

o Une approche filière : recyclage/valorisation. o Une approche territoire : écologie industrielle et territoriale.

LES TROIS AXES DE L’ECONOMIE CIRCULAIRE SELON OREE

Source : site internet d’Orée.

En France : le modèle de l’Institut de l’économie circulaire

Créé en février 2013 et présidé par François-Michel Lambert, député des Bouches du Rhône, vice-président de la commission Développement durable de l’Assemblée nationale, l’Institut de l’économie circulaire a pour objectif de promouvoir l'économie circulaire en tant que nouveau modèle de prospérité.

Pour l’Institut : o L’objectif de l’économie circulaire est de « parvenir à découpler la

croissance économique de l'épuisement des ressources naturelles par la création de produits, services, modèles d’affaire et politiques publiques innovants. »

o Au nombre de trois, ses fondements sont les suivants :

1 - Optimiser l’utilisation des flux de matière et d’énergie/Repenser le cycle de vie de l’objet/Un modèle de production inspiré du fonctionnement des écosystèmes

Des boucles de valorisation positives. Une approche écosystémique des produits appréhendés comme des flux de matières et d’énergie.

Eco-concevoir, anticiper la (les) vie(s) des composants et du produit. Proscrire l’usage de produits toxiques. Développer le recours aux ressources renouvelables. Des produits conçus pour être déconstruits et non plus détruits.

Réparer d’abord, réutiliser ensuite, recycler enfin. Des boucles les plus longues possibles, puis des flux de matières réutilisés dans d’autres boucles du cycle productif (réparation, remanufacturing) puis valorisation en fin de cycle (énergie, méthanisation ou compostage).

2 - Avant de produire, s’interroger sur le modèle de vente

De la possession à l’usage… de nouvelles formes de consommation : l’économie de fonctionnalité.

3 - Une logique de Une fabrication en synergie avec le tissu

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coopération entre les territoires

industriel : les déchets des uns sont les ressources des autres.

Une économie relocalisée créatrice d’emploi.

Pour Gregory Giavarina, délégué général de l’Institut, si l’on se réfère au recyclage des métaux, l’économie circulaire « est déjà en marche depuis longtemps ». Mais le modèle prôné est bien plus ambitieux et « il reste beaucoup de chemin à parcourir. » (Source : Dynamique Mag.com – Entrepreneurs, avec l’économie circulaire, révolutionnez le monde !).

Le schéma proposé par l’Institut est peu ou prou celui de la fondation Ellen MacArthur.

Source : site internet de l’Institut de l’économie circulaire.

Les gains du modèle économique circulaire

Un modèle globalement vertueux

« Le modèle circulaire stimule la création de richesse et d’emploi dans un contexte de limitation des ressources », affirme la fondation Ellen MacArthur.

Pour l’Institut de l’économie circulaire, outre le fait qu’elle évite d’exploiter des ressources, l’économie circulaire « ajoute la création de valeur positive, fondée sur :

o la consommation relocalisée, o le soutien à une activité industrielle et agricole sur les territoires, o le développement de nouvelles filières dédiées à la réparation, au

réemploi et au recyclage. »

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Les estimations de la fondation Ellen MacArthur et de son partenaire McKinsey & Co

Dans un entretien publié dans l’Usine Nouvelle du 16 mai 2014, Ellen MacArthur se réfère à une étude réalisée avec McKinsey & Co, partenaire de sa fondation. « En cyclant 25 % de la matière, l’industrie européenne peut économiser 630 milliards de dollars par an. Et encore cela ne prend pas en compte le bénéfice pour les consommateurs », déclare Ellen MacArthur.

En préambule de son troisième rapport macroéconomique (2014), « Vers une économie circulaire (Vol. 3) : accélérer son adoption à travers les chaînes d'approvisionnement mondiales », la fondation écrit qu’à l’aune de ses deux précédents rapports macroéconomiques et des analyses de McKinsey & Co, « le potentiel de l’économie circulaire a été évalué à plus de 1 000 milliards de dollars. »

En Europe, les économies sur les matières, sur les déchets non enfouis ou encore sur les pertes environnementales pourraient atteindre 280 à 250 milliards d’euros. Pour la France, ces mêmes économies pourraient s’échelonner de 20 à 50 milliards d’euros.

Les chiffres de Kalundborg

Au fil du temps, une trentaine de contrats d’échanges de matières, d’eau et d’énergie ont vu le jour à Kalundborg, faisant de cette zone industrielle danoise, l’exemple le plus abouti au monde de symbiose industrielle. Quelques gains annuels 240 000 TONNES de CO2 en moins.

3 MILLIONS DE M3 d’eau recyclée ou réutilisée.

30 000 TONNES de paille recyclée et converties en 5,4 millions de litres d’éthanol.

150 000 TONNES De gypse recyclé.

150 000 TONNES De levures introduites dans la nourriture porcine et remplaçant à hauteur de 70 % les protéines de soja.

L’économie globale annuelle est chiffrée à 15 millions de dollars. Source : le site internet Kalundborg Symbiosis.

Emploi : inverser la tendance

« Pour une entreprise industrielle, il est plus facile, et aussi plus rentable, de réduire le coût du travail que celui des matières ou de l’énergie », observe Rémy Le Moigne, consultant en supply chain et auteur de L’économie circulaire : comment la mettre en œuvre dans l’entreprise grâce à la reverse supply chain (Dunod, 2014). « La productivité du travail a ainsi augmenté beaucoup plus rapidement que celle des matières premières ou de l’énergie. Les gains de productivité sont surtout réalisés au prix d’importantes réductions d’effectifs. En France, ils entraînent chaque année la destruction de 43 000 emplois. »

À la question : l’économie circulaire permettrait-elle d’inverser cette tendance ? Rémy Le Moigne répond par l’affirmative et il avance les chiffres suivants :

o Les gains de productivité sur les matières permettraient d’économiser globalement un milliard de dollars en 2025.

o La consommation énergétique serait également réduite, l’extraction des ressources naturelles et la transformation des matériaux consommant en effet 75 % de l’énergie nécessaire à la fabrication d’un produit comme le ciment ou le fer.

Source : Actu-environnement – 30 juin 2014 - Créer des emplois grâce à l’économie circulaire.

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« Reposant sur des activités à haute intensité de main-d’œuvre, l’économie circulaire devrait globalement créer beaucoup plus d’emplois qu’elle n’en détruira » R. Le Moigne

L’économie circulaire permettrait-elle pour autant de créer des emplois ? « Si le nombre d’emplois créés par l’économie circulaire est difficile à estimer, les premiers signes sont prometteurs », affirme Rémy Le Moigne. Car, recycler et refabriquer requiert une forte main-d’œuvre, ces activités étant difficilement automatisables. Elles utilisent en outre des emplois locaux. Quant à la réparation et à la réutilisation, elles ne devraient plus se limiter aux seuls véhicules « mais inventer de nouveaux business modèles tels l’économie de fonctionnalité ou l’économie collaborative. »

« Le recyclage crée six fois plus d’emplois que la valorisation énergétique des déchets et vingt-cinq fois plus que leur mise en décharge. Aux États-Unis, le secteur de la refabrication emploie 180 000 personnes à temps plein. Sa croissance est de 15 %. »

« Cette création d’emplois s’accompagnera sans doute de la destruction d’emplois, en particulier dans les secteurs miniers et dans la fabrication de produits neufs. Mais ces destructions impacteront sans doute plus faiblement la France, qui a déjà perdu beaucoup d’emplois dans ces secteurs », estime Rémy Le Moigne. Engagé au début des années 2000 dans la transition vers l’économie circulaire, le Japon aurait créé, selon son gouvernement, 650 000 emplois depuis.

Source : Actu-environnement – 30 juin 2014 - Créer des emplois grâce à l’économie circulaire.

La Commission européenne estime à : o 400 000 le nombre d’emplois supplémentaires dans l’Union

européenne d’ici 2020, dont 70 000 en France, si l’ensemble des objectifs européens relatifs aux déchets sont atteints,

o 580 000 en tout, si ces objectifs sont renforcés. Source : Appel à projets « territoires zéro gaspillage zéro déchet » - 31 juillet 2014.

Les principales sources du document

La plupart des sources ayant servi à rédiger cette publication sont citées dans le texte. Rappel de sites institutionnels :

La fondation Ellen MacArthur

L’ADEME

l’Institut de l’économie circulaire

L’association OREE

Le Global Footprint Network

The product-Life Institut.

Kalundborg Symbiosis.

Les sources non citées dans le texte

Institut Inspire.

Economie circulaire, écologie et reconstruction industrielle ? Jean-Claude Lévy, Vincent Aurez.

L’Observatoire énergies d’entreprises – Ecologie industrielle/économie circulaire/éco-conception. Trois courants indépendants.

L’économie de fonctionnalité : définition et état de l’art – Johan Van Niel – Mai 2007.

Note on Life Cycle Analysis – National Pollution Prevention Center for Higher Education – University of Michigan.