L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 · 2019. 7. 10. · pour le...

40
Éradiquer la faim dans le monde pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005

Transcript of L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 · 2019. 7. 10. · pour le...

  • Éradiquer la faim dans le mondepour réaliser les objectifs

    du Millénaire pour le développement

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde

    2005

  • Publié en 2005 parl'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agricultureViale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie

    Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurentn'impliquent de la part de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leursautorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

    Les appellations employées et la présentation des données sur les cartes n’impliquent de la part dela FAO aucune prise de position quant au statut juridique ou constitutionnel des pays, territoires ouzones maritimes, ni quant au tracé de leurs frontières.

    La mention ou l’absence de mention de sociétés spécifiques, de leurs produits ou de leurs marquescommerciales dans ces pages n'impliquent pas de préférence ou de jugement de la part de la FAO.

    Tous droits réservés. Les informations ci-après peuvent être reproduites ou diffusées à des finséducatives et non commerciales sans autorisation préalable du détenteur des droits d'auteur àcondition que la source des informations soit clairement indiquée. Ces informations ne peuventtoutefois pas être reproduites pour la revente ou d'autres fins commerciales sans l'autorisation écritedu détenteur des droits d'auteur.

    Les demandes d'autorisation devront être adressées au Chef du Service de la gestion despublications, Division de l'information, FAO, Viale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie ou, parcourrier électronique, à [email protected]

    © FAO 2005

    ISBN 92-5-205384-0

    Imprimé en Italie

    PhotographiesEn couverture (de gauche à droite): FAO/19682/G. Bizzarri; FAO/17617/G. Diana; FAO/22784/G. Diana

    Remerciements

    Cette édition de L’état de l'insécuritéalimentaire dans le monde est le fruitd’une collaboration menée dans toutel’Organisation sous l'égide duDépartement économique et social (ES).

    Cet ouvrage a été réalisé sous ladirection générale de Hartwig de Haen,Sous-Directeur général (ES), avec l’aidede Prakash Shetty, Chef du Service del’évaluation et de la planification de lanutrition (ESNA), qui a présidé l’équipetechnique de base. Andrew Marx aapporté un précieux concours à laconception et à la mise en formerédactionnelle de cette publication.

    Les autres membres de l’équipetechnique de base du Départementéconomique et social étaient lessuivants: Kostas Stamoulis, Division del’économie agricole et dudéveloppement; Ali Arslan Gurkan,Division des produits et du commerceinternational; Jorge Mernies, Division dela statistique.

    Des contributions techniques ont étéapportées par les fonctionnairessuivants: Josef Schmidhuber, Unité des études prospectives globales (ES);Jakob Skoet, Bureau du Sous-Directeurgénéral (ES); Haluk Kasnakoglu, RicardoSibrian, Amanda Gordon, Cinzia Cerri etSeevalingum Ramasawmy, Division de la statistique (ES); Gero Carletto,Marcella Vigneri et Carlo Azzarri,Division de l’économie agricole et dudéveloppement (ES); Gina Kennedy etFrank Martinez-Nocito, Division del’alimentation et de la nutrition (ES);Mark Smulders, Unité de coordinationdu SICIAV (ES); Alexander Sarris, Henri Josserand et Harmon Thomas, Division des produits et du commerceinternational (ES); Marcela Villareal,Gabriel Rugalema et Yianna Lambrou,Division de la parité hommes-femmes et de la population (Département dudéveloppement durable [SD]); Lavinia Gasperini, Mirella Salvatoreet Jeff Tschirley, Division de larecherche, de la vulgarisation et de laformation (SD).

    Les principales estimations de la consommation alimentaire et de la sous-alimentation utilisées dans L'état de l'insécurité alimentairedans le monde 2005 émanentrespectivement du Service desstatistiques des aliments de base et de l’agriculture et du Service destatistiques et d’analysessocioéconomiques.

    Le Service de la gestion des publicationsdu Département des affaires généraleset de l’information (GI) a assuré lesservices de mise en formerédactionnelle dans les différenteslangues, de présentation graphique etde production. Les traductions ont étéfaites par le Service de laprogrammation et de la documentationdes réunions (GICM).

    Des copies des publications de la FAOpeuvent être obtenues auprès du:

    GROUPE DES VENTESET DE LA COMMERCIALISATION Division de l'information Organisation des Nations Uniespour l'alimentation et l'agriculture

    Courriel: [email protected] Télécopie: (+39) 06 57053360 Site Web: http:/www.fao.org/icatalog/inter-e.htm

  • Éradiquer la faim dans le mondepour réaliser les objectifs

    du Millénaire pour le développement

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde

    2005

  • L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 20052

    À propos de ce rapport

    Les objectifs du Millénaire pour le développement et leurs liens avec la réduction de la faim

    OMD Objectifs sélectionnés Liens avec la réduction de la faim

    1 Réduire l'extrême pauvreté et la faim

    2 Assurer l'éducation primaire pour tous

    3 Promouvoirl'égalité des sexeset l'autonomisationdes femmes

    4 Réduirela mortalité infantile

    5 Améliorerla santé maternelle

    6 Combattre le VIH/SIDA,le paludismeet d'autres maladies

    7 Assurerun environnementdurable

    8 Mettre en placeun partenariat mondialpour le développement

    • Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de lapopulation dont le revenu est inférieur à 1 dollar EU par jour

    • Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de lapopulation qui souffre de la faim

    • Donner, d'ici 2015, à tous les enfants, garçons et filles, lesmoyens d'achever un cycle complet d'études primaires

    • Éliminer les disparités entre les sexes dans lesenseignements primaire et secondaire d'ici à 2005 sipossible et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015 auplus tard

    • Réduire de deux tiers le taux de mortalité des enfants demoins de cinq ans entre 1990 et 2015

    • Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux demortalité maternelle

    • Stopper la propagation du VIH/SIDA d'ici 2015 etcommencer à inverser la tendance actuelle

    • Maîtriser le paludisme et d'autres grandes maladies pour2015 et commencer à inverser la tendance actuelle

    • Intégrer les principes du développement durable dans lespolitiques et programmes nationaux et inverser la tendanceactuelle à la déperdition des ressources environnementales

    • Réduire de moitié le pourcentage de la population qui n'apas accès de façon durable à un approvisionnement en eaupotable et à des mesures d'assainissement de base

    • Mettre en place un système commercial et financier ouvert,fondé sur des règles, prévisible et non discriminatoire

    • Prendre en compte les besoins particuliers des pays lesmoins avancés

    • Traiter globalement le problème de la dette des pays endéveloppement

    • La faim perpétue la pauvreté en réduisant laproductivité

    • La faim empêche les personnes de produire oud'acquérir les aliments dont elles ont besoin

    • La faim réduit la fréquentation scolaire et lescapacités d'apprentissage

    • Le manque d'instruction réduit les capacités degain et accroît les risques de souffrir la faim

    • La faim réduit surtout la fréquentation scolairedes filles

    • L'inégalité hommes-femmes perpétue le cycledes femmes sous-alimentées donnant naissanceà des enfants souffrant d'insuffisance pondérale

    • Plus de la moitié des décès d'enfants sontcausés directement ou indirectement par lafaim et la malnutrition

    • La sous-alimentation et les carences enmicronutriments augmentent fortement lerisque de mortalité maternelle

    • La faim encourage des comportements àrisque qui accélèrent la diffusion du VIH/SIDA

    • Les enfants sous-alimentés courent deux foisplus de risques de mourir de paludisme

    • La faim entraîne une utilisation non durabledes ressources

    • La remise en état et l'amélioration desfonctions de l'écosystème jouent un rôlefondamental dans la réduction de la faim parmiles ruraux pauvres

    • Les subventions et les tarifs douaniersappliqués dans les pays en développementfreinent le développement rural et agricole quidoit aider à réduire la faim

    Au moment où la communauté inter-nationale passe en revue les pro-grès accomplis en vue de la réali-sation des objectifs du Millénaire pour ledéveloppement et prépare l'examen à moyenterme du Sommet mondial de l'alimenta-tion (SMA), L'état de l'insécurité alimen-taire dans le monde 2005 s'attache à sou-ligner l'importance critique de la réductionde la faim à la fois en tant qu'objectif expli-

    cite du SMA et de l'OMD 1 et en tant quecondition essentielle à la réalisation desautres OMD.

    La première section du rapport analyseles tendances à long terme de la réductionde la sous-alimentation et examine les effetsde la croissance économique, de la gou-vernance et des catastrophes naturelles.

    La seconde section examine séparémentchacun des OMD en soulignant comment

    la faim pèse sur le développement et com-ment la réduction de la faim pourrait accé-lérer les progrès.

    Les tableaux de l'Annexe présentent lesdernières estimations de la FAO concer-nant la sous-alimentation et les progrèsaccomplis dans la réalisation des objec-tifs de réduction de la faim du SMA et desOMD; et des indicateurs clés pour les autresOMD.

  • Avant-propos

    4 Vers les objectifs du Sommet mondial de l'alimentation et du Millénaire

    pour le développement: priorité à l'alimentation

    La sous-alimentation dans le monde

    6 Décompte des personnes souffrant de la faim: tendances à long terme dans

    les pays en développement

    8 Croissance économique et réduction de la faim

    10 Le rôle de la gouvernance dans la réduction de la faim

    12 Les zones critiques de la faim: les effets complexes des catastrophes naturelles

    Sur la voie des engagements du Sommet

    14 Éducation et sous-alimentation: nourrir les corps

    et les esprits pour interrompre le cercle vicieux

    16 Égalité hommes-femmes et autonomisation des femmes: mesures clés

    pour la réduction de la pauvreté et de la faim

    18 Réduire la faim, sauver des vies d'enfants

    20 Améliorer la santé maternelle et interrompre le cycle de la pauvreté, de la faim

    et de la malnutrition

    22 Lutter contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose: le rôle de la dénutrition

    en tant que symptôme et cause

    24 Améliorer la pérennité de l'environnement et la sécurité alimentaire en donnant

    les moyens voulus aux ruraux pauvres

    26 Augmentation de l'aide et échanges plus équitables: mesures essentielles

    pour créer un partenariat mondial au service du développement

    28 La voie à suivre: intensifier l'approche sur deux fronts pour la réalisation

    des objectifs du SMA et des OMD

    30 Tableaux

    36 Sources

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 3

    Table des matières

  • Il ne reste plus que 10 ans avant 2015.Pour cette date, les dirigeants mon-diaux s'étaient engagés à réduire demoitié la faim et l'extrême pauvreté etde réaliser des progrès importants enmatière d'éducation, de santé, d'équitésociale, d'environnement durable et desolidarité internationale. À moins d'unrenforcement de ces engagements etd'une accélération des progrès, la plu-part de ces objectifs ne seront pas atteints.

    Si chacune des régions en développe-ment continue à réduire la faim au ryth-me actuel, seules l'Amérique du Sud etles Caraïbes atteindront l'objectif du Mil-lénaire pour le développement (OMD),consistant à réduire de moitié la propor-tion de personnes souffrant de la faim.Aucune n'atteindra l'objectif plus ambi-tieux du Sommet mondial de l'alimenta-tion qui était de réduire de moitié le nombrede personnes souffrant de la faim.

    Les progrès sur la voie d'autres OMDont également été très lents, notammentdans les pays et les régions où les effortsvisant à réduire la faim ont marqué lepas, comme l'illustre clairement le gra-phique joint.

    Il n'empêche que pratiquement tousles objectifs du SMA et des OMD peu-vent encore être atteints, mais seule-ment à condition de redoubler d'effortset de recentrer les interventions, entenant compte des deux points essen-tiels ci-dessous:1. sans une réduction rapide de la faim,

    la réalisation de tous les autres OMDsera difficile, voire impossible;

    2. la bataille pour éliminer la faim et réa-liser les autres OMD sera gagnée ou

    perdue dans les zones rurales, où vitla la plupart des personnes qui ontfaim.

    Priorité à l'alimentation

    Comme expliqué dans ce rapport, la faimet la malnutrition sont les principalescauses du dénuement et de la misère,qui sont visés par tous les autres OMD(et illustré dans le diagramme ci-contre):• Des enfants qui ont faim commen-

    cent tard à fréquenter l'école, s'ils lafréquentent un jour, arrêtent plus tôtet apprennent moins, ce qui freine lesprogrès vers l'éducation primaire etsecondaire pour tous (OMD 2).

    • La nutrition insuffisante des femmesest l'un des résultats les plus des-

    tructeurs de l'inégalité hommes-femmes. Elle réduit leurs possibilitésd'éducation et d'emploi et freine leprogrès vers l'égalité des sexes et l'au-tonomisation des femmes (OMD 3).

    • La faim et la malnutrition sont la causesous-jacente de plus de la moitié desdécès d'enfants et représentent doncle principal obstacle à la réduction dela mortalité infantile (OMD 4).

    • La faim et la malnutrition renforcentl'incidence et le taux de létalité desproblèmes de santé qui provoquentla majorité des décès pendant la gros-sesse et l'accouchement (OMD 5).

    • La faim et la pauvreté anéantissentles systèmes immunitaires despopulations, les forcent à adopterdes stratégies de survie à risque etaugmentent fortement le risqued'infection et de décès dus auVIH/SIDA, au paludisme, à la tuber-culose et à d'autres maladies infec-tieuses (OMD 6).

    • Il arrive que les gardiens de bétail,les personnes pratiquant l'agricultu-re de subsistance, les habitants desforêts et les pêcheurs - accablés par

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 20054

    Avant-propos

    Vers les objectifs du Sommet mondial de l'alimentationet du Millénaire pour le développement: priorité àl'alimentation

    «Nous proclamons notre volonté politique et notre engagement commun et national de parvenirà la sécurité alimentaire pour tous et de déployer un effort constant afin d'éradiquer la faim danstous les pays et, dans l'immédiat, de réduire de moitié le nombre des personnes sous-alimentéesd'ici à 2015 au plus tard.» Déclaration de Rome, 1996

    «Nous ne ménagerons aucun effort pour délivrer nos semblables - hommes, femmes et enfants -de la misère, phénomène abject et déshumanisant...» Déclaration du Millénaire, 2000

    Progrès en vue de la réalisation des OMD par sous-région

    Nombre de cibles des OMD (sur un total de 20 cibles choisies)

    Sur la bonne voie, risque faibleProgrès lents, risque modéréAucun changement ou détérioration, risque élevé

    Sur la bonne voie Retard ou détérioration dans l'effortpour la réduction de la faim de réduction de la faim

    15

    12

    9

    6

    3

    0Afrique Asie Asie Amérique Asie Océanie Asie Afriquedu Nord de l'Est du Sud-Est latine/ de l'Ouest du Sud subsaharienne

    Caraïbes

    Source: Département des affaires économiques et sociales de l'ONU

  • le lourd fardeau de la pauvreté chro-nique - utilisent leur environnementnaturel de manière non durable, cequi se traduit par une dégradationultérieure de leurs conditions de vie.En donnant aux pauvres et aux per-sonnes souffrant de la faim des res-ponsabilités de protection des terres,des eaux, des forêts et de la biodi-versité, on peut favoriser à la fois lasécurité alimentaire et la pérennitéde l'environnement (OMD 7).

    Priorité aux zones rurales

    Étant donné que la faim est une causeimportante de pauvreté, d'analphabé-tisme, de maladie et de mortalité, et que75 pour cent des populations affaméesde la planète vivent dans les zones rurales,on ne s'étonnera pas que c'est dans cesmêmes zones rurales que se trouve lagrande majorité des 121 millions d'en-fants qui ne vont pas à l'école, les prèsde 11 millions d'enfants qui meurentavant d'atteindre l'âge de cinq ans, les530 000 femmes qui meurent lors de lagrossesse et de l'accouchement et les300 millions de cas de paludisme aigu,qui se soldent par plus de 1 million dedécès chaque année. Il est évident quepour réduire ces chiffres et atteindre lesOMD, il faut accorder la priorité aux zonesrurales et à l'agriculture, qui est le prin-cipal soutien des moyens d'existence enmilieu rural, moyennant des systèmesde production durables et fiables quifournissent un emploi et un revenu auxpauvres, améliorant ainsi leur accès àla nourriture.

    Or, au cours des dernières décennies,l'agriculture et le développement ruralont perdu du terrain et ne figurent plusen tête de liste des principales ques-tions de développement. Au cours des20 dernières années, les ressourcesallouées à ces secteurs ont baissé deplus de 50 pour cent. Il faut que celachange. Nous pouvons d'ailleurs perce-voir des signes encourageants indiquantque la situation est en effet en train dechanger, étant donné que les gouver-nements nationaux comme les dona-teurs internationaux reconnaissent deplus en plus le rôle important des zonesrurales pour l'action visant à réaliser les

    OMD et celui de l'agriculture en tant quemoteur de cette action.

    Après des années de soutien décrois-sant à l'agriculture, les pays de l'Unionafricaine se sont engagés à relever lapart de leurs budgets nationaux consa-crée à l'agriculture et au développementrural pour la porter à 10 pour cent dansun délai de cinq ans. La Commissionpour l'Afrique a souligné que «l'agri-culture était un élément clé pourl'Afrique». Le Projet du Millénaire del'ONU a souligné que «l'épicentre de lapauvreté extrême à l'échelle mondialeest la petite exploitation agricole». Sicette meilleure prise de consciencedébouche sur une intensification desinterventions, il sera encore possibled'atteindre les OMD.

    La faim et la pauvreté sont depuis troplongtemps le moteur infernal du dénue-ment et de la misère (voir le diagram-me). Le temps et l'opportunité sont fina-

    lement venus de passer à la vitesse supé-rieure - de faire de la réduction de lapauvreté la force motrice du progrès etde l'espoir, car une meilleure nutritionsignifie une meilleure santé et unemeilleure fréquentation scolaire, uneréduction de la mortalité infantile etmaternelle, l'autonomisation des femmes,la baisse de l'incidence et des taux demortalité du VIH/SIDA, du paludisme etde la tuberculose, et elle peut égalementcontribuer à inverser la dégradation dessols et des eaux, la destruction des forêtset la perte de biodiversité.

    Nous pouvons y arriver.

    Jacques DioufDirecteur général de la FAO

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 5

    Machine arrière: la faim persistante freine les progrèsvers d'autres objectifs du Millénaire pour le développement

    Source: FAO

    La faim et la malnutritionaboutissent à…

    … pauvreté et…

    … fréquentationscolaire, capacitéd'apprentissage

    réduites…

    … systèmesimmunitaires

    affaiblis,mortalité infantile

    accrue…

    … santé maternelleet infantileaffaiblies…

    … stratégies de survie à risque,

    diffusion duVIH/SIDA,du paludisme,

    et autresmaladies…

    … utilisationirrationnelle

    des ressourcesnaturelles…

    … capacité réduited'accès aux marchés

    et au ressources…

    … accès inégalà l'éducationet à l'emploi

    pour les femmeset les filles…

  • Le Sommet mondial de l'alimenta-tion en 1996 et le Sommet du Mil-lénaire en 2000 ont tous deux fixécomme objectif une réduction de moi-tié de la faim entre 1990, période de réfé-rence, et 2015. Si la date prévue approche,l'objectif lui demeure élusif.

    En dépit d'avancées considérablesconcernant la réalisation de la cible desOMD, c'est-à-dire la réduction de moi-tié des victimes de la faim, il faudra inten-sifier les progrès pour atteindre l'ob-jectif fixé pour 2015.

    La réalisation de l'objectif du SMA -ramener de 800 millions à 400 millionsle nombre absolu de personnes souf-frant de la faim - constitue un tout autredéfi qui imposera des progrès beau-coup plus rapides (voir les graphiquesci-dessous). La population mondialedevrait augmenter d'environ deux mil-liards entre la période de référence(1990-92) et 2015. En conséquence,même si cette population accrue depersonnes sous-alimentées est rédui-te de moitié, près de 600 millions de

    personnes continueront de souffrir chro-niquement de la faim dans les pays endéveloppement. Pour atteindre la ciblede 400 millions fixée par le SMA, il fau-drait réduire la proportion des victimesde la faim non pas de moitié, mais desdeux tiers.

    Des progrès inégaux au niveau régional

    Sur toutes les régions en développe-ment, seule la région Amérique latineet Caraïbes est parvenue à réduire laprévalence de la faim assez rapidementdepuis 1990 pour atteindre la cible desOMD à condition que la cadence actuel-le soit maintenue. La région Asie-Paci-fique a elle aussi de bonnes chances d'yparvenir si le rythme des progrès peutêtre légèrement intensifié dans les annéesà venir.

    Au Proche-Orient et en Afrique duNord en revanche, la prévalence de lafaim est faible, mais elle augmente plu-tôt que de diminuer. Pour atteindre cet

    objectif, la région devra inverser la ten-dance à la hausse enregistrée durant ladernière décennie.

    En Afrique subsaharienne, la préva-lence de la sous-alimentation a très légè-rement fléchi bien que le rythme desprogrès se soit accéléré dans les années90. Pour atteindre la cible des ODM, larégion devra considérablement intensi-fier son action.

    S'agissant de la cible du SMA, lesavancées ont été encore plus lentes etplus inégales. Les améliorations desannées 80 étaient intégralement duesaux progrès de l'Asie. Dans toutes lesautres régions en développement, lenombre des victimes de la faim a en faitaugmenté.

    Depuis la période de référence duSMA, les progrès se sont notablementralentis en Asie, et sont tombés au pointmort dans le reste du monde. Seule larégion Amérique latine et Caraïbes estparvenue à inverser la tendance néga-tive des années 80, et à enregistrer dessuccès dans les années 90, bien que

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 20056

    La sous-alimentation dans le monde

    Décompte des personnes souffrant de la faim:tendances à long terme dans les pays en développement

    Tendances à long terme de la proportion et du nombre de sous-alimentés par région - 1980-82 à 2000-02

    Source: FAO

    Proportion de sous-alimentés (%) Nombre de sous-alimentés (en millions)

    1980-82 1990-92 2000-02 2015 (OMD) 1980-82 1990-92 2000-02 2015 (SMA)

    40

    35

    30

    25

    20

    15

    10

    5

    0

    1 000

    800

    600

    400

    200

    0

    Monde en développement Afrique subsaharienne Asie/Pacifique Amérique latine/Caraïbes Proche-Orient/Afrique du Nord

  • l'Afrique subsaharienne ait réussi àralentir sensiblement l'accroissementdu nombre de personnes sous-ali-mentées.

    Progrès enregistrés par les pays en vue de la réalisation de la cible des OMD

    Pour évaluer les avancées nationalesvers la réalisation de la cible des OMD,il est utile d'examiner le ratio de la pré-valence de la faim en 2000-02 à cellede la période de référence, 1990-92.

    La faim n'est pas un problème danssix pays en développement où moinsde 2,5 pour cent de la population souf-frent de sous-alimentation. La cible desOMD a déjà été atteinte dans sept autrespays où la proportion des victimes de

    la faim a déjà été réduite de moitié aumoins.

    Plus de 40 autres pays s'acheminentvers la réalisation de l'objectif fixé,même si nombre d'entre eux devrontaccélérer l'allure pour y parvenir d'ici2015. Dans 23 pays, les choses n'ontguère évolué, tandis que la prévalencede la faim est en augmentation dans 14autres pays.

    Pour remettre ces chiffres en pers-pective, il convient de tenir compte del'importance de la faim dans ces pays.Si l'on regroupe les pays sur la base dela prévalence actuelle de la sous-ali-mentation, on constate que c'est là oùla faim est la plus répandue que les pro-grès ont été les plus lents.

    Seuls quatre des 16 pays où plus 35pour cent de la population est sous-ali-mentée sont en bonne voie pour atteindre

    l'objectif des OMD. Aucun d'entre euxn'y est encore parvenu. La prévalencede la sous-alimentation augmente oureste globalement inchangée dans les12 autres pays de ce groupe où la faimdemeurera un problème majeur mêmesi l'objectif est atteint.

    La plupart des pays de tous les autresgroupes sont parvenus à réduire la faim,y compris deux tiers des pays où uneproportion de 20 à 34 pour cent des gensest sous-alimentée. Aucun des pays dece groupe n'a encore toutefois atteintsa cible. À l'autre bout du spectre, 15des 23 pays où moins de 10 pour centde la population sont sous-alimentésmarquent des progrès dans la luttecontre la faim, notamment cinq d'entreeux qui ont déjà atteint l'objectif desOMD.

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 7

    OMD 1

    Avancées et régressions - ratio de la prévalence de la sous-alimentation en 2000-02 et 1990-92 Pays regroupés en fonction de la prévalence de la sous-alimentation en 2000-02 (cible OMD = 0,5)

    Con

    go

    Ang

    ola

    Haï

    ti

    Moz

    ambi

    que

    Rw

    anda

    Rép

    . cen

    traf

    rica

    ine

    Zim

    babw

    e

    Zam

    bie

    Yém

    en

    Mad

    agas

    car

    Sier

    ra L

    eone

    Rép

    .-U

    nie

    de T

    anza

    nie

    Libé

    ria

    Bur

    undi

    Rép

    . pop

    . dem

    . de

    Cor

    ée

    Rép

    . dém

    . du

    Con

    go

    Nam

    ibie

    Tcha

    d

    Thaï

    land

    e

    Gui

    née

    Mal

    awi

    Pak

    ista

    n

    Bol

    ivie

    Rép

    . dém

    . pop

    . lao

    Sri L

    anka

    Cam

    erou

    n

    Togo

    Soud

    an

    Mon

    golie

    Cam

    bodg

    e

    Ken

    ya

    Nig

    er

    Inde

    Phi

    lippi

    nes

    Rép

    . dom

    inic

    aine

    Nic

    arag

    ua

    Ban

    glad

    esh

    Hon

    dura

    s

    Séné

    gal

    Mal

    i

    Pan

    ama

    Gam

    bie

    Bot

    swan

    a

    Gua

    tem

    ala

    Gha

    na

    Pér

    ou

    Viet

    Nam

    Mau

    rita

    nie

    Chi

    ne

    Leso

    tho

    Bén

    in

    Jam

    aïqu

    e

    Suri

    nam

    e

    Col

    ombi

    e

    Côt

    e d'

    Ivoi

    re

    Par

    agua

    y

    Nép

    al

    Oug

    anda

    El S

    alva

    dor

    Trin

    ité-e

    t-To

    bago

    Bur

    kina

    Fas

    o

    Swaz

    iland

    Rép

    . bol

    ivar

    ienn

    e du

    Ven

    ezue

    la

    Kow

    eït

    Guy

    ana

    Mya

    nmar

    Gab

    on

    Indo

    nési

    e

    Bré

    sil

    Nig

    éria

    Mau

    rice

    Alg

    érie

    Mex

    ique

    Mar

    oc

    Jord

    anie

    Cub

    a

    Chi

    li

    Équa

    teur

    Uru

    guay

    Cos

    ta R

    ica

    Rép

    . ara

    be s

    yrie

    nne

    Égyp

    te

    Ara

    bie

    saou

    dite

    Rép

    . isl

    amiq

    ue d

    'Iran

    Liba

    n

    Turq

    uie

    ≥35% de sous-alimentés 20-34% de sous-alimentés

    10-19% de sous-alimentés 5-9% de sous-alimentés 2,5-4% de sous-alimentés

    2,5

    2

    1,5

    1

    0,5

    0

    2,5

    2

    1,5

    1

    0,5

    0

    Source: FAO

    Le graphique n'inclut pas les pays où la prévalence de la sous-alimentation est inférieure à 2,5 pour cent, ni ceux pour lesquels les données sontinsuffisantes, notamment l'Afghanistan, l'Iraq, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Somalie. L'Éthiopie et l'Érythrée ne sont pas prises en compte, carelles ne constituaient pas des entités séparées en 1990-92.

    OMD déjà atteint

    En progrès

    Peu d'évolution

    Aggravation

  • La logique voudrait qu'une crois-sance économique soutenue géné-rant une prospérité et une pro-ductivité nationales accrues ait pour effetde réduire la faim, et les preuves ne man-quent pas à cet égard (voir le graphiqueci-dessous). On aurait donc tendance àpenser que les pays n'ont qu'à intensi-fier leur croissance économique pouratteindre les objectifs de réduction dela faim fixés par les OMD et le SMA.

    Des analyses réalisées dans plusieurspays en développement montrent tou-tefois qu'en l'absence de mesures spé-cifiques de lutte contre la faim, la crois-sance économique à elle seule peutlaisser longtemps à la traîne un grandnombre de victimes de la faim, notam-ment en zones rurales. Ces analysesmontrent également que la croissanceéconomique a un impact bien plus impor-tant sur la faim lorsqu'elle intervient enzones rurales et dans des pays qui ontdéjà créé un climat propice au dévelop-pement rural et à la valorisation des res-sources humaines.

    Aucun schéma particulier ne ressortd'une comparaison entre les taux de

    croissance économique des pays regrou-pés sur la base des progrès enregistrésdans la lutte contre la faim (voir le gra-phique). Comme il se doit, le groupe despays où la faim a augmenté durant lesannées 90 est également celui qui affichela plus mauvaise performance écono-mique. Loin de s'accroître, leur produitintérieur brut (PIB) par habitant s'estcontracté à un taux annuel moyen de 1,4pour cent. Tous les autres groupes ontenregistré des améliorations.

    Dans tous les autres groupes, il n'exis-te aucune corrélation évidente entre lerythme de la croissance économique etles percées de la lutte contre la faim.Paradoxalement, le groupe où les avan-cées ont été les plus rapides du point devue de la réduction des victimes de lafaim a enregistré une croissance éco-nomique relativement lente.

    De même, si l'on reporte sur un gra-phique l'évolution du PIB de différentspays durant les années 90 en fonctionde leurs progrès concernant la cibledes OMD - diminuer de moitié la pro-portion de gens qui souffrent de la faim- la ligne de tendance est quasiment

    plate (voir le graphique). En revanche,si l'on examine l'évolution sur une pluslongue période, on constate que la crois-sance économique et la réduction de lafaim sont effectivement corrélées. Sil'on reporte sur un graphique les pro-grès relatifs à la cible des OMD des paysqui ont enregistré une croissance éco-nomique positive pendant les années80 et 90, la ligne de tendance est net-tement plus abrupte, attestant une plusforte corrélation entre le rythme de lacroissance économique sur une pério-de prolongée et celui des avancées dela lutte contre la faim.

    Cette tendance laisse à penser qu'unecroissance soutenue peut avoir un impactcumulatif plus important sur la réduc-tion de la faim. On pourrait égalementy voir la preuve que l'incidence de lacroissance économique sur la faim nese fait sentir qu'après un certain temps.Une étude de la FAO a montré qu'il fal-lait plus de temps pour que la croissanceéconomique ait un impact sur la réduc-tion de la faim que pour obtenir une accé-lération de la croissance économique enaméliorant la nutrition.

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 20058

    La sous-alimentation dans le monde

    Croissance économique et réduction de la faim

    PIB dans les années 90 et prévalence de la sous-alimentation en 2000

    Croissance du PIB dans les années 90 et réduction de la faim, par quintile

    Croissance économique et réduction de la faim

    Log du PIB moyen par habitant, années 90

    Prévalence de la sous-alimentationpar groupe de pays, 2000

    8,0

    7,5

    7,0

    6,5

    6,0

    5,5

    5,0

    0,0

    Évolution de la sous-alimentation, années 90

    Pays en croissance dans les années 80et 90Pays en croissance dans les années 90seulementChiffres ajustés en fonction de lacroissance dans les années 80 et 90Chiffres ajustés en fonction de lacroissance dans les années 90 seulement

    10

    0

    -10

    -20

    -30

    Croissance moyenne du PIB par habitant (%)

    Progrès marqués par les paysdans la réduction de la faim

    par quintile, 1990-92 à 2000-02

    Aggravation Lente Progrèsévolution rapides

    2,0

    1,5

    1,0

    0,5

    0,0

    -0,5

    Source: FAO; Banque mondialeSource: FAO; Banque mondiale

    Croissance moyenne du PIBpar habitant (%)

    0 1 2 3 4

    35

    Source: FAO; Banque mondiale

  • Il est clair que la relation entre crois-sance économique et réduction de lafaim joue dans les deux sens. Une ana-lyse des coûts de la faim présentée dansL'état de l'insécurité alimentaire dansle monde 2004 a permis de conclure quela perte de productivité tout au long dela vie des personnes dont les capacitésphysiques et cognitives ont été altéréespar un faible poids à la naissance, unemalnutrition protéocalorique et descarences en vitamines et minéraux essen-tiels représente, en valeur actualisée,entre 5 et 10 pour cent du PIB des paysen développement. Une autre étude dela FAO analyse les rapports entre l'ap-port nutritionnel et la croissance éco-nomique à Sri Lanka. Elle conclut quel'amélioration de la nutrition se réper-cute rapidement sur la croissance duPIB, une augmentation de 1 pour centde la ration protéique engendrant à longterme un accroissement de 0,49-pourcent du PIB.

    Le rôle majeurde la croissance agricole

    Nombre d'études ont apporté la preu-ve que l'impact de la croissance éco-nomique sur la réduction de la faim etde la pauvreté dépend tout autant de lanature de la croissance que de sonampleur et de sa rapidité. Ainsi, laBanque mondiale a analysé des don-

    nées concernant l'Inde et a constatéque la croissance en zones rurales etdans le secteur agricole a un impactbien plus marqué sur la lutte contre lapauvreté que celle de l'industrie et deszones urbaines.

    Un schéma analogue se dégage del'analyse des relations entre croissan-ce et réduction de la faim. Si l'on regrou-pe les pays en fonction des avancées dela lutte contre la faim dans les années90, le groupe qui est en bonne voie pouratteindre la cible des OMD en la matiè-re est celui où le secteur agricole s'estdéveloppé (voir le graphique).

    Les comparaisons inter et intrana-tionales montrent elles aussi l'impor-tance de la composition de la croissan-ce. En Inde par exemple, la prévalencede la faim a nettement diminué durantles années 80, alors que le secteur agri-cole était florissant et que l'économienationale stagnait. Toutefois, les progrèsmarqués dans la lutte contre la faim onttourné court pendant la seconde moitiédes années 90, précisément lorsque lePIB national s'est redressé, et que la

    croissance agricole a ralenti. Un liensemblable entre croissance du secteuragricole et réduction de la faim peut êtremis en évidence en comparant le Bots-wana et le Pérou, deux pays dont le PIBa affiché une croissance rapide dans lesannées 90, mais où les retombées surla faim ont été fort différentes (voir l'en-cadré).

    Ces exemples parmi d'autres appuientla notion que, pour importante qu'ellesoit, la croissance économique ne sau-rait suffire à elle seule à réduire la faim,et que la croissance du secteur agri-cole dans les pays en développement aun impact bien plus considérable quela croissance de l'industrie et des zonesurbaines sur la réduction de la faim. Deplus, les progrès sont fonction de nom-breux autres facteurs, notamment letaux d'infection à VIH, l'ouverture ducommerce, la stabilité politique, la luttecontre la corruption et d'autres aspectssouvent regroupés sous le terme de«gouvernance» (voir les pages 10 et 11).

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 9

    OMD 1

    Croissance économique et réduction de la faim au Botswana et au Pérou, 1990-2000

    Le Botswana et le Pérou ont tous deuxenregistré une forte croissance éco-nomique durant les années 90. La com-paraison s'arrête là dès lors qu'on exa-mine la baisse de prévalence de la faim.Le Pérou est parvenu à réduire la pré-valence de la faim de presque 70 pourcent, atteignant ainsi l'objectif des OMDavec 15 ans d'avance. Au Botswana enrevanche, elle s'est accrue alors mêmeque l'économie nationale décollait.

    Il est intéressant de noter que le PIBagricole du Pérou a grimpé encore plusrapidement que le reste de l'économie,partiellement entraîné par la diversi-fication en faveur d'exportations à valeurajoutée non conventionnelles qui ontgonflé les revenus agricoles et créé desemplois dans la transformation. Le PIBagricole du Botswana s'est quant à luieffondré de presque 40 pour cent.

    De nombreux autres facteurs contri-buent à la disparité entre le Botswana

    et le Pérou. Ainsi, le Botswana a étémassivement frappé par la pandémiede VIH/SIDA, avec plus de 35 pour centde la population adulte infectée. AuPérou en revanche, le taux d'infectionest inférieur à 1 pour cent.

    Source: FAO; Banque mondiale

    Croissance du PIB agricoledans les années 90 et progrèsaccomplis en vue de la cibledes OMD

    Source: FAO; Banque mondiale

    Croissance moyenne du PIB agricole (%/an)0,6

    0,3

    0,0

    -0,3

    -0,6

    -0,9

    -1,2

    -1,5

    Pays regroupés en fonction des progrèsaccomplis par rapport à

    la cible OMD de réduction de la faim

    Aggravation Stagnation Progrès

    Croissance économique et réductionde la faim Botswana et au Péroudans les années 90

    Évolution de 1990 à 2000 (%)-60 -40 -20 0 20 40

    BotswanaPIB/habitant

    PIB agricole/habitant

    Proportionde sous-alimentés

    PérouPIB/habitant

    PIB agricole/habitant

    Proportionde sous-alimentés

  • L’analyse de l'impact de la crois-sance économique sur la faimet la pauvreté montre que lesconditions initiales font une grosse dif-férence (voir les pages 8 et 9). La pau-vreté diminue beaucoup plus rapide-ment et dans des proportions bien plusimportantes lorsque la croissance inter-vient dans des pays où la situation poli-tique est stable, la corruption peu répan-due, et où la productivité agricole et lestaux d'alphabétisation sont élevés. Nombrede ces conditions favorables initialespeuvent être considérées comme desindicateurs de ce que l'on appelle fré-quemment la «bonne gouvernance».

    Les définitions et les mesures de lagouvernance varient considérablement.La Banque mondiale la définit comme«l'ensemble des traditions et des insti-tutions grâce auxquelles l'autorité estexercée dans un pays» et collecte plusde 350 variables pour la constitution desix indicateurs composites.

    D'autres organisations œuvrant dansle domaine du développement commel'Institut international de recherche surles politiques alimentaires (IFPRI) ont fait

    valoir que la bonne gouvernance concer-ne également l'offre de «biens publics»essentiels, notion qui englobe la paix etla sécurité, mais aussi la construction deroutes et l'électrification des zones rurales.Les partisans d'une approche du déve-loppement «fondée sur les droits» affir-ment que la bonne gouvernance doit éga-lement comprendre l'appui aux droitsfondamentaux de la personne, y comprisle droit à l'alimentation.

    Ces dimensions de la gouvernancesont toutes trois importantes pour lalutte contre la faim et l'avènement de lasécurité alimentaire.

    Les indicateursde la Banque mondiale

    Les analyses économiques confirmentque les indicateurs de bonne gouver-nance utilisés par la Banque mondialepermettent de distinguer avec un degréconsidérable de précision les pays endéveloppement qui ont réussi à rame-ner la faim à des niveaux relativementfaibles de ceux qui n'y sont pas parve-nus. Avec seulement quatre indicateurs

    - la stabilité politique, l'efficacité du gou-vernement, la primauté du droit et la luttecontre la corruption -, on peut distinguerprécisément les deux tiers des pays sansavoir à recourir à de quelconques autresfacteurs connus pour le rôle importantqu'ils jouent dans la réduction de la faim,par exemple la croissance économiqueet agricole (voir les pages 8 et 9), le niveaud'éducation et l'ampleur des inégalitésen matière d'accès à l'alimentation.

    En revanche, ces indicateurs de gou-vernance sont beaucoup moins efficaceslorsqu'il s'agit de distinguer les pays quiont marqué des progrès dans la luttecontre la faim durant les années 90 deceux où la prévalence de la sous-ali-mentation a augmenté ou est restéeinchangée (voir le graphique).

    Comme il se doit, les pays où la sécu-rité alimentaire s'est détériorée sont éga-lement ceux qui ont été les moins stablespolitiquement, où la règle de droit étaitla plus défaillante et où la corruption estgénéralisée. Dans nombre de ces pays,les conflits ont érodé la fibre politique etjuridique de la gouvernance. Toutefois,ces mêmes indicateurs sont égalementlégèrement négatifs pour le groupe depays qui est parvenu à réduire la sous-alimentation. En tant que groupe, seulsles pays où la faim est restée inchangéeobtiennent des notes positives par rap-port aux indicateurs de bonne gouver-nance de la Banque mondiale.

    Cette analyse semble indiquer quel'absence des divers aspects de la bonnegouvernance représente un obstaclemajeur à la réduction de la faim, maisque les progrès dans ce domaine dépen-dent de nombreux autres facteurs.

    L'offre de biens publics essentiels

    Bon nombre de ces autres facteurs comp-tent parmi les «biens publics» qui consti-tuent les responsabilités et les indica-teurs de la bonne gouvernance selonl'IFPRI. La paix intérieure, la souverai-

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200510

    La sous-alimentation dans le monde

    Le rôle de la gouvernance dans la réduction de la faim

    Indicateurs relatifs à la gouvernance, à la sécurité alimentaireet à la réduction de la faim dans les années 90

    Source: Banque mondiale; FAO

    Moyenne des indicateurs pour le groupe de pays0,50,40,30,20,10,0

    -0,1-0,2-0,3-0,4-0,5

    Moyenne des indicateurs pour le groupe de pays0,3

    0,0

    -0,3

    -0,6

    -0,9

    -1,2

    -1,5Améliorationde la sécuritéalimentaire

    (≤15% desous-alimentés)

    Insécuritéalimentaire

    (≥15% desous-alimentés)

    Évolution Pas d'évolution Aggravation

    Réduction effective de la faim1991-2001

    Stabilité politique Efficacité du gouvernement Ordre public Lutte contre la corruption

  • neté du droit, les infrastructures ruraleset la recherche agricole sont par exempleessentiels à l'augmentation de la pro-duction agricole et à la réduction de lafaim et de la pauvreté dans les zonesrurales qui abritent les trois quarts desvictimes de la faim dans le monde.

    Lorsque les gouvernements ne par-viennent pas à maintenir la paix au seinde leurs frontières, les violences cau-sées par les conflits ébranlent la pro-duction agricole et l'accès à l'alimenta-tion. En Afrique, on a constaté que laproduction alimentaire par habitant achuté en moyenne de 12,4 pour centdurant les périodes de conflit.

    L'affaiblissement de la règle de droitmine elle aussi la productivité agricoleet la sécurité alimentaire en précarisantla propriété et les titres fonciers et endétournant les investissements. Du faitde l'absence de routes, d'électrificationet de moyens de communication dansles zones rurales, les agriculteurs sontconfrontés à des difficultés et à des coûtsaccrus pour acheminer leurs produitsjusqu'aux marchés et se procurer desengrais et d'autres intrants agricoles.

    Selon des études réalisées en Chineet en Inde, la construction de routes est«l'investissement le plus productif dansles biens publics pour lutter contre lapauvreté» (voir graphique). Il sembleraiten outre qu'elle ait un effet analogue surla réduction de la faim. Lorsque la Chinea mis en place des arrangements fon-ciers garantis au profit des ménages eta commencé à investir massivement dansles infrastructures rurales et la rechercheagricole à la fin des années 70, la pro-duction agricole est montée en flèche etla faim a décru rapidement. Au cours desdeux décennies suivantes, la productioncéréalière totale a augmenté de 65 pourcent, tandis que la prévalence de la faima été réduite de quasiment deux tiers.

    Aspect révélateur, le développementdes infrastructures rurales est souventau plus bas dans les pays et les régionsfortement touchés par la faim. Ainsi, ladensité routière en Afrique au début desannées 90 était inférieure à un sixièmede celle de l'Inde à l'époque de l'indé-pendance, en 1950 (voir le graphique).

    Pour évaluer la gouvernance, on peutégalement examiner le degré de cor-

    respondance entre les investissementspublics dans l'agriculture et la rechercheagricole et l'importance de ce secteurdans l'économie nationale et le bien-être général de la population. Dans lespays fortement touchés par la faim oùenviron 70 pour cent de la population enmoyenne dépendent de l'agriculture, lapart des dépenses publiques investiesdans l'agriculture en proportion de l'im-portance de ce secteur dans l'économienationale est très largement inférieureà celle des investissements réalisés parles pays où l'incidence de la faim est plusfaible (voir le graphique).

    Gouvernance et droit à l'alimentation

    Lorsque le Sommet mondial de l'ali-mentation a réaffirmé «le droit fonda-mental de toute personne à s'affranchirde la faim», il a mis en évidence une autredimension de la bonne gouvernance, àsavoir l'obligation faite aux États de res-pecter les droits de la personne et leslibertés fondamentales. En 2004, l'adop-tion par le Conseil de la FAO des «Lignesdirectrices facultatives en vue de la réa-lisation progressive du droit à une ali-mentation adéquate dans le contexte d'unesécurité alimentaire nationale» a fourniaux États un moyen pratique leur per-mettant de s'acquitter de cette obligation.

    L'impact de la bonne gouvernance etde la sécurité alimentaire est patent dans

    plusieurs pays qui ont reconnu le droità l'alimentation comme étant de la com-pétence de la justice. En Inde par exemple,la Cour suprême a ordonné que des repascuisinés soient servis dans toutes lesécoles du pays. La nutrition et l'assiduitéscolaire se sont considérablement amé-liorées là où le programme a été mis enœuvre, notamment chez les filles. Étantdonné le rôle capital de la nutrition desmères et de l'éducation pour briser lecycle de la faim et de la pauvreté, lesretombées de ce programme se ferontsentir positivement sur les générationsà venir (voir les pages 16 et 20).

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 11

    Investissements publics en zones rurales et réduction de la pauvreté en Inde

    Source: Fan et al.

    Engagement en faveur del'agriculture des pays regroupésen fonction de la prévalence dela sous-alimentation

    0 30 60 90 120

    Routes

    R+D dansl'agriculture

    Éducation

    Développementrural

    Conservation dessols et de l'eau

    Santé

    Irrigation

    Nombre de pauvres sortis dela pauvreté, par million de roupies

    0 10 20 30

    % de sous-alimentés

    ≤4

    5-19

    20-34

    ≥35

    Indice d'orientation agricole*

    * Part de l'agriculture dans les dépenses publiquesdivisée par la part de l'agriculture dans le PIB.

    Densité du réseau routier ruraldans certains pays d'Afrique,début des années 90

    Source: Spencer

    100 300 500 700

    Côte d'Ivoire

    Ghana

    Mozambique

    Nigéria

    Rép. Unie de Tanzanie

    Densité du réseau routier(km/1 000 km2)

    Réseau existantÀ construire pour rattraper le niveaude l'Inde en 1950 (ajusté en fonctionde la densité démographique)

    OMD 1

    Source: FAO

  • Si les raisons sont complexes, latendance est claire: les catas-trophes naturelles sont plus fré-quentes, plus meurtrières et plus coû-teuses, comme l'atteste cette simplemesure: les pertes annuelles moyennesimputables aux ouragans, aux séche-resses, aux séismes et autres catas-trophes naturelles pendant les années90 étaient neuf fois plus importantesqu'il y a 30 ans de cela (voir le graphique).

    L'impact des catastrophes naturellesest bien plus considérable sur les payspauvres que sur les pays plus riches,tant en termes absolus que relatifs. Leurspopulations peuvent rarement se réins-taller loin des zones fréquemment tou-chées par les catastrophes, ou renfor-cer leurs maisons et leurs exploitations.Leurs infrastructures et leurs écono-mies sont généralement moins diversi-fiées et plus fragiles, de sorte qu'unecatastrophe naturelle peut retarder l'en-semble du processus de développement.

    Les catastrophes naturelles peuventégalement détériorer la sécurité ali-mentaire de manière inégale et com-plexe. Leur impact sur les groupes et

    les communautés varie en fonction deslieux d'implantation, de la profession etdu statut social, sans parler des divi-sions économiques, politiques et cultu-relles. On peut en voir des manifesta-tions dans les effets de deux récentescatastrophes, la sécheresse et l'infes-tation de criquets pèlerins qui ont rava-gé l'Afrique du Nord et de l'Ouest en2003-04, ainsi que le tremblement deterre et le tsunami qu'a subi l'océanIndien en 2004, notamment dans la pro-vince indonésienne d'Aceh.

    Sécheresse et criquets pèlerinsen Afrique

    À la fin de 2003, les conditions météoro-logiques favorables ont favorisé le déve-loppement des populations de criquetspèlerins dans le Maghreb et une partiedu Sahel. La FAO a diffusé des alertessur la probabilité d'une infestation. Audébut de 2004, des essaims de criquetsont déferlé sur l'Afrique du Nord et del'Ouest et au-delà, puisqu'ils ont été signa-lés jusqu'à Chypre, en Égypte, en Guinéeet au Yémen. La plupart des essaims sont

    toutefois restés dans le nord-ouest del'Afrique et le Sahel où ils ont ravagé lescultures et la végétation naturelle.

    Dans le Sahel, les précipitations sui-vent un gradient et se raréfient à mesu-re qu'on avance vers le nord, pour dispa-raître quasi-totalement dans le Sahara.Ainsi, la partie sud d'un pays tel que leMali enregistre des précipitations annuellespresque deux fois supérieures à cellesdes zones peuplées du nord. L'activitéagricole reflète le schéma des précipita-tions, les exploitations intensives étantregroupées le long de la bande méridio-nale, l'agriculture vivrière et l'élevageoccupant le centre du pays, tandis que lestroupeaux nomades de chèvres et de cha-meaux sont élevés dans l'extrême nord.

    En 2004, les écarts de pluviométrieentre le nord et le sud ont été plus pro-noncés qu'à l'accoutumée. Les zonesarides du nord ont connu une grave séche-resse alors que les précipitations ontaugmenté dans les régions humides dusud (voir la carte). Les criquets pèlerinsqui sont extrêmement sensibles auxconditions environnementales ont unepréférence pour le temps sec et la végé-

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200512

    La sous-alimentation dans le monde

    Les zones critiques de la faim: les effets complexes des catastrophes naturelles

    Pertes économiques dues àdes désastres naturels

    Source: PNUD

    Les acridiens et changements de la pluviométrie au Sahel, 2003-04

    Source: FAO

    60 70 80 90

    Décennies

    Valeur annuelle moyenne,milliards de $EU700

    600

    500

    400

    300

    200

    100

    0

    Acridiens

    Pluviométrie et végétationForte réductionRéductionPeu de changementAugmentation

  • tation rabougrie du nord. Ils y ont tota-lement dévasté les cultures et les zonesde pâturage déjà considérées margi-nales durant les bonnes années, et ontglobalement épargné les régions com-parativement verdoyantes au sud.

    Comme la production alimentaire pro-vient essentiellement du sud, la plupartdes pays de la région ont été préservésd'une catastrophe majeure. À l'échelonde la région, la production agricole en2004 est restée proche de la moyennequinquennale. En revanche, les essaimsde criquets ont ravagé la Mauritanie oùils ont séjourné le plus longtemps, ainsique les régions septentrionales d'autrespays. De nombreux pasteurs ont migrévers le sud avec leurs troupeaux, ce quia donné lieu à des conflits d'utilisationdes ressources en eau et en terres.D'autres ont été forcés de vendre leursanimaux à perte, ou d'abandonner leursexploitations. Pour nombre des régionset des groupes appauvris du Sahel, lasituation resterait désespérée jusqu'àla récolte d'octobre 2005, incitant plu-sieurs pays à lancer un appel d'urgen-ce au mois de mai.

    Le tsunami de l'océan Indien

    Le séisme qui est intervenu au large descôtes de Sumatra (Indonésie) le 26décembre 2004 était le plus violent enre-gistré en 40 ans. Il a provoqué un tsuna-mi qui a tué 240 000 personnes selon lesestimations, et déplacé plus de 1,6 mil-lion de personnes. La pêche et l'agricul-ture côtière ont été détruites dans denombreuses régions, privant les com-munautés de leur principale source d'ali-mentation et de revenus. L'impact du tsu-nami sur l'économie nationale varieconsidérablement d'un pays à l'autre.Pour les grands pays comme l'Indoné-sie, les pertes économiques ont été consi-dérables localement mais, à 2,2 pour centdu PIB selon les estimations, elles demeu-rent non significatives au niveau natio-nal. Aux Maldives et dans plusieurs autrespetits pays, le tsunami a emporté aveclui jusqu'à 60 pour cent du PIB annuel.

    L'impact sur la sécurité alimentairea également été très inégal. Le secteuragricole très limité de petits États insu-laires tels que les Maldives et les Sey-

    chelles a été totalement ravagé. La pro-duction rizicole nationale de l'Indoné-sie, de Sri Lanka et de la Thaïlande n'apas été gravement touchée.

    Cependant, de nombreuses provincescôtières ont été durement frappées,notamment dans les communautés qui,avant le désastre, étaient déjà grave-ment touchées par la pauvreté et par lafaim. Dans la province indonésienned'Aceh par exemple, près de 30 pour centde la population vivaient en dessous duseuil de pauvreté avant le tsunami, soitpresque deux fois la moyenne nationa-le. Plus de 35 pour cent des enfants demoins de cinq ans présentaient déjà undéficit pondéral. Étant donné la des-truction des bateaux de pêche, des filetset autres engins et le déracinement denombreuses familles de pêcheurs, laproduction de la pêche côtière commecelle de la pêche hauturière devrait chu-ter de moitié en 2005. En dépit d'un excé-dent de riz de 200 000 tonnes attendudans la province, de nombreux agricul-teurs vivant en zones côtières ont perdudeux récoltes consécutives de paddy.

    À Aceh, comme à Sri Lanka, les pro-blèmes de sécurité alimentaire ont étéexacerbés par les conflits anciens oppo-sant le gouvernement à un mouvementséparatiste. Après le tsunami, l'insécu-rité persistante est venue compliquer

    les opérations de secours d'urgence etde relèvement.

    Catastrophes naturelles et développement

    Comme le montrent ces deux situationsd'urgence différentes, même lorsque lescatastrophes naturelles n'ont pas d'ef-fet majeur sur le volume global des appro-visionnements alimentaires, elles peu-vent avoir des conséquences désastreusessur certains groupes de population. Cesont souvent les plus pauvres et les plusvulnérables qui sont les plus durementfrappés, ce qui exacerbe encore la pau-vreté et la malnutrition. Les catastrophesdétruisent également les moyens desubsistance précaires à un point tel queles populations sont déplacées et qu'uneaction de relèvement à long terme s'im-pose. Enfin, elles ont tendance à frap-per les pays qui sont à la fois pauvres etmal préparés, les reléguant ainsi enco-re plus à la traîne du développement.

    C'est l'ampleur de ces dégâts qui aincité la Conférence mondiale sur la pré-vention des catastrophes, tenue à Kobé(Japon) en janvier 2005, à préconiserl'intégration expresse des mesures deprévention et d'atténuation des catas-trophes dans les stratégies de dévelop-pement nationales.

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 13

    OMD 1

    Impact du tsunami sur les pays de l'océan Indien

    Inde10 672 morts

    600 000 déplacés

    Maldives83 morts12 000 déplacés

    Myanmar61 morts

    3 205 déplacés

    Thaïlande5 395 morts

    8 500 déplacésSri Lanka33 916 morts518 698 déplacés

    Indonésie166 000 morts

    514 000 déplacésSource: Pacific Disaster Management Information Network

  • Voilà fort longtemps que l'éduca-tion est célébrée comme l'une desarmes les plus puissantes pourlutter contre la faim et la pauvreté et ce,à juste titre. Le manque d'éducation sapela productivité, l'accès à l'emploi et lacapacité de gagner sa vie, et mène toutdroit à la pauvreté et à la faim. Dans lemonde, chaque année de scolarisationrelève le niveau de rémunération d'en-viron 10 pour cent. Les investissementsdans l'éducation ont été plus rentablesque les investissements dans le capitalphysique.

    Dans les zones rurales où vit la gran-de majorité des victimes de la faim dansle monde, des recherches ont montréque la productivité d'un agriculteur ayantsuivi quatre années d'enseignement pri-maire est supérieure de presque 9 pourcent en moyenne à celle d'un agricul-teur n'ayant aucune éducation. Associéà la disponibilité d'intrants tels qu'en-grais, nouvelles semences ou machinesagricoles, le gain de productivité passeà 13 pour cent.

    Ce n'est pas seulement en augmen-tant la productivité et les revenus quel'éducation agit sur la faim et la malnu-trition. L'éducation des femmes en par-ticulier est fortement corrélée à l'amé-lioration de la nutrition des enfants et àla santé des familles (voir page 16).

    Les objectifs du Millénaire pour ledéveloppement (OMD) appellent à la sco-larisation primaire de tous les enfantsde la planète d'ici 2015. Or, les progrèsen matière d'éducation primaire pourtous ont été lents et inégaux. Plus de121 millions d'enfants d'âge scolaire nesont toujours pas scolarisés. Deux tiersd'entre eux sont des filles et la plupartvivent dans les zones rurales des régionsoù la faim et la pauvreté sont les plusrépandues.

    Sur l'ensemble des enfants qui fré-quentent l'école, un tiers a quitté l'éco-le avant d'acquérir les compétences lesplus élémentaires en lecture et en cal-

    cul. En moyenne, les adultes n'ont ache-vé que trois ans et demi d'école en Afriquesubsaharienne et quatre ans et demi enAsie du Sud. C'est également dans cesdeux sous-régions que la faim fait le plusde victimes et où les progrès pour lacombattre ont été les plus lents (voir lacarte et le graphique). Pour atteindre la

    cible fixée par les OMD, il faudrait qua-drupler le taux d'inscription scolaire desenfants actuellement laissés pour comp-te. Si ce taux demeure au niveau actuelen Afrique subsaharienne, moins de lamoitié des pays de la région atteindrontl'objectif visé (voir les graphiques ci-contre).

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200514

    Sur la voie des engagements du Sommet

    Éducation et sous-alimentation: nourrir les corps et les esprits pour interrompre le cercle vicieux

    Achèvement de la scolarité primaire et sous-alimentationdans les pays en développement

    Performance scolaire et sous-alimentation, par région, 2000

    Nombre d'années de scolarité achevéesPrévalence de la sous-alimentation

    Afrique subsaharienne

    Asie du Sud

    Proche-Orient/Afrique du Nord

    Amérique latine/Caraïbes

    Asie de l'Est

    Source: UNESCO; FAO

    35 30 25 20 15 10 5 0 1 2 3 4 5 6 7 8

    Pays ayant un taux d'achèvement de la scolarité primaire 20 %Pays ayant un taux d'achèvement de la scolarité primaire 20 %Pays ayant un taux d'achèvement de la scolarité primaire >80 %et une sous-alimentation

  • La faim en tant qu'obstacle à l'éducation

    L'une des raisons expliquant la lenteurdes progrès relatifs à l'éducation pri-maire pour tous est la persistance de lafaim et de la malnutrition. Tout commele manque d'éducation condamne à la pauvreté et à la faim, la faim et la malnutrition privent des millions d'en-fants de la possibilité de recevoir uneéducation.

    Les familles pauvres et en situationd'insécurité alimentaire sont souventincapables d'acquitter les droits de sco-larité et ont besoin des enfants, notam-ment des filles, pour des tâches tellesque les corvées d'eau et la collecte debois de feu. En outre, les problèmes desanté et les retards de croissance dus àla malnutrition retardent l'inscription àl'école ou y font obstacle. Dans certainspays d'Afrique et d'Asie du Sud, plus dela moitié des enfants issus des 40 pourcent de foyers les plus démunis ne sontmême jamais inscrits à l'école.

    Les taux d'assiduité et de réussitescolaires tombent à leurs plus basniveaux chez les enfants des zonesrurales, en particulier les filles. Dansprès de la moitié des 41 pays d'Afrique,d'Asie et d'Amérique latine examinésdans une enquête récente, la fréquen-tation des écoles primaires rurales étaitinférieure de 20 points de pourcenta-ge ou davantage à celle des zonesurbaines. S'agissant du fossé entre lessexes, le taux d'assiduité et de réussi-te scolaires des garçons est souventdeux à trois fois supérieur à celui desfilles en zones rurales. Dans plusieurspays d'Afrique, le taux d'achèvementde la scolarité primaire chez les fillesdes zones rurales est inférieur à 15pour cent. Dans les zones rurales d'É-thiopie, seulement 1 pour cent des filleset 1,6 pour cent des garçons achèventle cycle complet des huit ans d'ensei-gnement primaire.

    La faim et la malnutrition freinentles performances des enfants, mêmelorsqu'ils vont régulièrement à l'éco-le. Les faibles poids de naissance, lamalnutrition protéino-énergétique,l'anémie et les carences en iode altè-rent les capacités cognitives, rendant

    l'apprentissage plus ardu pour lesenfants. On a pu montrer qu'un retardde croissance, même mineur ou modé-ré, réduit notablement les capacitésmentales et les résultats scolaires. Lesanémies ferriprives, qui frappent plusde la moitié des enfants d'âge scolai-re, minent leurs capacités d'appren-tissage en réduisant leur mémoire etleur durée d'attention.

    L'éducation primaire pour tous et les OMD

    Il est primordial de lutter contre la faimet la malnutrition pour améliorer l'as-siduité scolaire, les capacités d'appren-tissage et les résultats des enfants,notamment dans les zones rurales oùest concentrée la grande majorité desenfants non scolarisés et des victimesde la faim.

    Parallèlement, la réalisation de l'ob-jectif d'éducation primaire pour tous fixépar les OMD constituerait une contri-bution majeure aux objectifs de réduc-tion de la faim et de la pauvreté et vien-drait intensifier les progrès concernantles autres OMD, comme la démargina-lisation des femmes et le combat enga-gé pour enrayer la propagation duVIH/SIDA. Selon une récente étude dela Campagne mondiale pour l'éduca-

    tion, l'éducation primaire pour tous pour-rait préserver au moins 7 millions dejeunes d'une infection due au VIH enune seule décennie. En optant pour lagratuité de l'école primaire au milieudes années 90, l'Ouganda est parvenunon seulement à doubler le nombre desinscriptions scolaires, mais aussi à inver-ser la progression du VIH/SIDA. En offrantà 10 millions de jeunes scolarisés unaccès à l'alphabétisation et à une édu-cation sur le sida, les taux de prévalen-ce du VIH sont tombés de 15 pour centen 1990 à 4 pour cent en 2004. Selond'autres études, l'éducation primairepour tous contribuerait à améliorer lasanté maternelle, la parité hommes-femmes et la gestion des ressourcesnaturelles.

    Pour atteindre cet objectif, les paysen développement et la communautéinternationale devront toutefois s'enga-ger bien plus massivement. Selon laBanque mondiale, les dépenses d'en-seignement primaire dans les pays endéveloppement devront augmenter d'en-viron 35 milliards de dollars EU par anpour permettre d'éliminer les droits descolarité, accorder des subventions auxfamilles les plus nécessiteuses, construi-re des écoles, recruter davantage d'en-seignants et restaurer ou moderniserles structures en place.

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 15

    OMD 2

    Progrès accomplis en vue de l'éducation primaire pour tous, par région,1990-2000

    1990 1995 2000 2005 2010 2015 30 20 10 0 10 20

    Afrique subsaharienne

    Asie du Sud

    Asie de l'Est

    Amérique latine/ Caraïbes

    Proche-Orient/Afrique du Nord

    Taux d'achèvement de la scolarité primaire (%)

    Nombre de pays concernéspar la cible OMD

    100

    80

    60

    40

    CibleOMD

    Afrique subsaharienne Asie du SudAmérique latine/CaraïbesProche-Orient/Afrique du NordAsie de l'Est Source: UNESCO; Banque mondiale

    Très en retard En retardEn bonne voie Ayant atteint la cible OMD

  • Le Secrétaire général des NationsUnies, Kofi Annan, a déclaré quel'éducation et la démarginalisa-tion des femmes constituaient l'arme laplus puissante dans la guerre contre lapauvreté. On pourrait en dire autant del'importance capitale de l'éliminationdes inégalités entre les sexes pour lalutte contre la faim et la malnutrition.

    Les recherches confirment que lesfemmes ayant reçu une éducation ontdes familles en meilleure santé. Leursenfants sont mieux nourris, risquentmoins de mourir en bas âge et sontdavantage susceptibles d'aller à l'éco-le. Selon une récente étude portant sur63 pays, l'amélioration de l'éducationdes femmes est le facteur qui a contri-bué à lui seul aux baisses les plus impor-tantes de la sous-alimentation entre1970 et 1995, représentant 43 pour centdes progrès d'ensemble.

    Lorsque les femmes peuvent travailleret gagner autant que les hommes, c'estla famille entière qui en bénéficie. Dansles pays en développement, les femmesconsacrent en général la quasi-totalitéde leurs revenus aux besoins du ména-ge, tandis que les hommes en destinentau moins 25 pour cent à d'autres fins.Une étude réalisée par la Banque mon-diale au Guatemala a constaté qu'il faut

    15 fois plus d'argent pour réduire la sous-alimentation des enfants lorsque lesrevenus sont gagnés par le père plutôtque par la mère.

    Toutefois, les usages culturels et lesobstacles juridiques empêchent souventles femmes et les filles d'aller à l'éco-le, d'avoir un emploi et d'avoir accès auxservices et aux ressources qui leur per-mettraient d'améliorer l'existence deleurs familles. Dans nombre de pays etde communautés, les traditions ou la loiempêchent les femmes de détenir desterres. Bien que 70 our cent au moinsde la main-d'œuvre féminine du sous-continent indien prennent part à la pro-duction alimentaire, moins de 20 pourcent des agricultrices sont propriétairesde leurs terres en Inde et au Népal.

    En l'absence de sécurité de la pro-priété foncière, les femmes sont souventincapables d'obtenir des crédits qui leurpermettraient de réaliser des améliora-tions, tels que des systèmes d'irrigationet de drainage, afin d'accroître leur pro-duction et de maintenir la fertilité dessols. En Afrique subsaharienne, où l'oncompte globalement autant d'agricul-teurs que d'agricultrices, ces dernièresne reçoivent que 10 pour cent des prêtsaccordés aux petits exploitants et moinsde 1 pour cent des crédits octroyés au

    secteur agricole. On ne s'étonnera pasdès lors que leurs ménages sont sou-vent les plus durement frappés par lamalnutrition et l'insécurité alimentaire.

    Éducation:combler le fossé entre les sexes

    Dans la plupart des pays en développe-ment, l'assiduité scolaire et les tauxd'achèvement des filles sont nettementinférieurs à ceux des garçons, tous niveauxconfondus, de l'école primaire à l'uni-versité. Les OMD appellent à l'élimina-tion de ce fossé entre les sexes dansl'enseignement primaire et secondaired'ici 2005, et à tous les échelons d'ici2015. Bien que des progrès notablesaient été enregistrés dans le monde, ilsn'ont pas permis d'atteindre la cible fixéepour 2005 et sont restés le plus nette-ment à la traîne dans les régions et lespays où la faim est généralisée et per-sistante (voir le graphique).

    Alors que les taux d'inscription sco-laire et d'alphabétisation des filles commedes garçons sont au plus faible en Afriquesubsaharienne, les inégalités entre lessexes sont plus importantes en Asie duSud que dans toutes les autres régionsen développement. Les femmes de cetterégion sont scolarisées pour la moitié à

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200516

    Sur la voie des engagements du Sommet

    Égalité hommes-femmes et autonomisationdes femmes: mesures clés pour la réductionde la pauvreté et de la faim

    Prévisions nationales, par région, en matière de réduction des inégalitésentre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire d'ici 2005

    Source: UNESCO;Projet du Millénaire

    Ratio de la scolarisation par sexe et de la prévalence de la sous-alimentation

    Source: UNESCO; FAO

    15 10 5 0 5 10 15 20Nombre de pays

    En retard(ratio

  • peine des années d'enseignement offertesaux hommes, et les taux d'inscription àl'école secondaire des femmes sont infé-rieurs de plus de 30 pour cent à ceuxdes hommes.

    Une analyse plus poussée montreque le fossé entre les sexes est au plusfort là où la faim est la plus prévalente(voir le graphique). Dans ces pays, lefossé se creuse d'autant dans le secon-daire. Dans les pays où la proportion dela population qui souffre de la faim estla plus faible, c'est l'inverse: en effet letaux d'inscription scolaire des filles estquasiment égal à celui des garçons àl'école primaire et le dépasse à l'écolesecondaire.

    Ce schéma très marqué confirmed'autres recherches selon lesquellesl'élimination du fossé entre les sexespermettrait d'accélérer la croissanceéconomique et de réduire la sous-ali-mentation et la mortalité infantile. LaBanque mondiale a récemment financéune étude dans les 45 pays où la ciblefixée par les OMD paraît la plus élusiveafin d'analyser les répercussions de lapersistance de l'inégalité entre les sexesà l'école primaire et secondaire. Seloncette étude, la réalisation de cet objec-tif dans ces pays permettrait de sauverla vie de plus de 1 million d'enfantschaque année et de réduire les taux desous-alimentation de plusieurs pointsde pourcentage.

    Briser le cycle de la faim

    La mauvaise nutrition et la piètre santédes mères peuvent être considéréescomme le nœud du cercle vicieux quipérennise la faim d'une génération àl'autre, les mères souffrant de malnu-trition donnant naissance à des enfantsde poids insuffisant qui présentent unrisque accru de retards de croissancedurant l'enfance, d'une moindre capa-cité de travail et de rémunération unefois adultes, donneront à leur tour nais-sance à des enfants de poids insuffisant(voir la page 21).

    Il se pourrait que le principal moteurde ce cycle soit l'inégalité entre lesfemmes et les hommes. C'est d'ailleursla conclusion de l'analyse que font lesexperts de «l'énigme asiatique», à savoir

    qu'il y a bien plus d'enfants souffrant demalnutrition en Asie du Sud que dansles plus pauvres des pays d'Afrique sub-saharienne.

    Un rapport au Fonds des Nations Uniespour l'enfance a identifié trois grandesraisons à l'origine de la malnutritioncatastrophique des enfants d'Asie duSud. Deux d'entre elles - l'incidence net-tement plus importante de nouveau-nésde poids insuffisant et de déficits decroissance durant l'allaitement et le pas-sage à une alimentation solide - ont étédirectement rattachées au fait que l'ex-trême inégalité entre les sexes coupeles femmes d'Asie du Sud des possibi-lités d'éducation, d'emploi et de parti-cipation à la prise de décisions.

    De ce fait, des millions de mères enAsie du Sud «n'ont ni les connaissances,ni les moyens, ni la liberté d'agir dansleur intérêt et dans celui de leurs enfants».Elles sont en outre bien plus susceptiblesde souffrir elles-mêmes d'une malnu-trition grave. Dans certaines régions d'Asiedu Sud, les hommes et les garçonsconsomment deux fois plus de calories,bien que les femmes et les filles assu-ment une large part des gros travaux.

    Cette étude conclut que la «clé ulti-me» qui permettra de briser le cycle dela faim réside dans «l'éducation desfilles».

    D'autres éléments d'information concer-nant l'Asie du Sud appuient cette conclu-sion. Dans l'ensemble de l'Inde par

    exemple, les efforts engagés pour com-bler le fossé de l'éducation entre les sexesn'ont guère abouti, et à peine la moitiédes femmes savent lire. Depuis plus de50 ans pourtant, les gouvernements suc-cessifs de l'État du Kerala ont montré unréel engagement en faveur de l'éduca-tion des femmes. Près de 90 pour centde la population féminine de cet État estalphabétisée, et la quasi-totalité des fillesde moins de 14 ans vont à l'école.

    L'impact sur la santé et le bien-êtredes familles est saisissant. Le Kerala necompte pas parmi les États les plus richesde l'Inde du point de vue du PIB par habi-tant, mais il précède tous les autres Étatspour ce qui est de la santé et de la nutri-tion des mères et des enfants. Les tauxd'anémie et de déficit pondéral chez lesfemmes et les retards de croissance chezles enfants représentent moins de lamoitié de la moyenne nationale, tandisque la mortalité infantile et juvénile nereprésente qu'un quart de la moyennenationale (voir le graphique).

    L'exemple du Kerala permet de pen-ser que la promotion de l'égalité entreles sexes et la démarginalisation desfemmes pourraient contribuer plus quen'importe quel autre OMD à réduire lafaim et la malnutrition. Il montre aussique la satisfaction des besoins nutri-tionnels et l'éducation des femmes sontdes facteurs essentiels permettant dedémarginaliser les femmes et de briserle cycle de la faim.

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 17

    OMD 3

    Impact de l'amélioration de l'éducation et de l'alimentation des femmesau Kérala (Inde)

    Source: Deuxième enquête nationale sur la santé des familles, Inde* L'IMC est égal au poids (en kg)divisé par le carré de la taille (en m).

    Amélioration de l'éducation et de l'alimentation des femmes

    Alphabétisation des femmes (6 ans +)

    Filles scolarisées (6-14 ans)

    Mères recevant un traitement de feret d'acide folique sur trois mois

    Femmes anémiées de 15 à 49 ans

    Femmes présentant un déficit pondéral (IMC* inférieur à 18,5 )

    Amélioration de l'alimentation et de la santé des familles

    Mortalité infantile

    Mortalité des enfants de moinsde cinq ans

    Enfants présentant un retardde croissance

    0% 20% 40% 60% 80% 100%

    KéralaEnsemble de l'Inde

  • Chaque année, près de 11 millionsd'enfants meurent avant d'avoiratteint leur cinquième anniver-saire. La quasi-totalité de ces décèsintervient dans des pays en développe-ment, trois quarts d'entre eux en Afriquesubsaharienne et en Asie du Sud, lesdeux régions qui affichent également lestaux les plus élevés de faim et de mal-nutrition. Ce n'est pas une coïncidence.

    La faim et la malnutrition sont lescauses sous-jacentes de plus de la moi-tié des décès d'enfants; elles tuent presque6 millions d'enfants chaque année, unchiffre globalement comparable à lapopulation d'âge préscolaire du Japon.Rares sont ceux qui meurent de famine.La grande majorité est tuée par destroubles néonatals et par quelques mala-dies infectieuses curables, notammentla diarrhée, la pneumonie, le paludismeet la rougeole. La plupart de ces enfantsne mourraient pas si leur corps et leurssystèmes militaires n'étaient pas affai-blis par la faim et la malnutrition.

    L'analyse de 10 études réalisées enmilieu communautaire sur des enfantsde moins de cinq ans montre que la pro-portion des décès imputables à l'insuf-fisance pondérale est de 45 pour centdans le cas de la rougeole, et atteint jus-qu'à 60 pour ce qui est de la diarrhée(voir le graphique). Chez les enfants pré-sentant un faible déficit pondéral, lesrisques de décès sont cinq à huit foisplus importants.

    Les carences en vitamines et miné-raux essentiels accroissent égalementle risque de mourir des maladies infan-tiles. Les carences en vitamine A parexemple augmentent le risque de décèsdus à la diarrhée, à la rougeole et aupaludisme dans des proportions de 20à 24 pour cent. Chez les enfants dontl'alimentation n'est pas suffisammentriche en zinc, le risque de mourir d'unediarrhée, d'une pneumonie ou du palu-disme s'accroît de 13 à 21 pour cent.Dans bien des régions en développe-ment, plus d'un tiers de l'ensemble des

    enfants présente des carences de cetordre ou relatives à d'autres micronu-triments. Les carences en vitamine A eten zinc à elles seules sont responsablesde la mort de plus de 1,5 million d'en-fants chaque année (voir le graphique).

    Insuffisance des progrèsen vue de la réalisationdes OMD

    La cible définie par les OMD consiste àréduire des deux tiers le taux de morta-lité des enfants de moins de cinq ansentre 1990 et 2015. Loin de s'intensifier,les progrès en la matière se sont ame-nuisés. Entre 1960 et 1990, la mortalitéinfantile a régressé chaque année de 2,5pour cent. Depuis 1990, année de réfé-rence des OMD, le taux est tombé à 1,1pour cent seulement. Parmi toutes lesrégions en développement, seule la régionAmérique latine et Caraïbes est en passede réaliser la cible fixée (voir le graphiqueci-contre).

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200518

    Sur la voie des engagements du Sommet

    Réduire la faim, sauver des vies d'enfants

    Mortalité des enfants dans le monde, par cause

    Source: Black, Morris et Bryce

    Prévalence du déficit pondéralet des carencesen micronutrimentschez les enfants, par région

    Source: Mason et al.

    Mortalité infantiledue à des maladies infectieusesattribuées à la faim et à lamalnutrition

    0 5 10 15 20 25 30 35% de décès d'enfants

    Désordresnéonatals

    Diarrhées

    Pneumonie

    Paludisme

    Autres

    SIDA

    Rougeole

    Étiologieinconnue

    0 10 20 30 40 50 60Prévalence des carences (%)

    Nombre de décès par an (en milliers)Asie du Sud

    Asie de l'Est/Pacifique

    Amériquelatine/

    Caraïbes

    Afriquesubsaharienne

    Proche-Orient/Afrique

    du Nord

    1 500

    1 200

    900

    600

    300

    0

    Proportion due à un déficit pondéral

    Déficit pondéralCarence en vitamine ACarence en iodeAnémie

    Déficit pondéralCarence en vitamine ACarence en zinc

    Diar

    rhée

    s

    Palu

    dism

    e

    Pneu

    mon

    ie

    Roug

    eole

    Source: OMS

  • Une étude des tendances à l'œuvredans 59 pays en développement a per-mis de constater qu'une bonne partiedes progrès enregistrés entre 1966 et1996 dans la réduction de la mortalitéinfantile peut être attribuée à une amé-lioration de la nutrition. Une baisse mar-quée de la proportion d'enfants en défi-cit pondéral a entraîné une chuteconcomitante de la mortalité infantile,de l'ordre de 16 pour cent en Amériquelatine et de près de 30 pour cent en Asie,ainsi qu'au Proche-Orient et en Afriquedu Nord.

    Quant à l'avenir, l'étude confirme quel'amélioration croissante de la nutritiondes enfants est un moyen sûr de rédui-re la mortalité infantile. Si l'on gagnaitcinq autres points de pourcentage surla proportion d'enfants souffrant d'in-suffisance pondérale, on pourrait obte-nir une diminution de la mortalité infan-tile d'environ 30 pour cent. L'analyse destendances récentes confirme que la mor-talité infantile a chuté le plus rapide-ment dans les pays qui ont enregistréles plus importantes percées dans la

    lutte contre la faim (voir la carte et legraphique).

    L'Organisation mondiale de la santéet le Fonds des Nations Unies pour l'en-fance considèrent que la corrélationfatale entre sous-alimentation et mala-dies infantiles curables constitue la cléde la lutte contre la mortalité infantile.Leur stratégie conjointe de prise encharge intégrée des maladies de l'en-fant (PCIME) est axée sur l'améliora-tion des régimes et des habitudes ali-mentaires des ménages et l'attentionportée aux risques de malnutrition etde sous-alimentation lorsque les enfantsatteints des maladies communes del'enfance sont présentés dans les dis-pensaires.

    Les résultats obtenus en République-Unie de Tanzanie attestent les amélio-rations considérables du poids desenfants ainsi que des teneurs en vita-mine A et en fer dans les districts où laPCIME a été appliquée.

    Bien que la mortalité infantile n'aitpas chuté aussi rapidement que prévu,elle a diminué six fois plus rapidement

    dans ces districts que dans les districtsde contrôle voisins.

    Pour atteindre la cible des OMD, ilfaudra une accélération comparable desprogrès dans le monde entier, ainsi quedes efforts redoublés pour lutter contrela faim et la sous-alimentation qui sontles plus importantes causes de morta-lité infantile.

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2005 19

    OMD 4

    Progrès accomplis dans la réduction de la mortalité infantile et de la faim depuis 1990

    Source: FAO; UNICEF

    Réduction de lamortalité infantile et cible OMD,par région, 1990-2003

    Évolution de la mortalitéinfantile dans les paysregroupés en fonctionde la réduction de la faim

    1990 2003 CibleOMD

    Décès d'enfants de moins de cinq ans pour 1 000 naissances vivantes

    Modification de la prévalence de la faimpar groupe de pays

    Évolution moyennede la mortalité infantile (%)

    5

    0

    -5

    -10

    -15

    -20

    -25

    -30

    Pays ayant enregistré une baisse de la mortalité infantile et de la sous-alimentation

    Pays ayant réduit la mortalité infantile, mais où la sous-alimentation n'a pas ou peu diminuéPays ayant réduit la sous-alimentation, mais où la mortalitéinfantile n'a pas ou peu diminuéPays n'ayant guère enregistré de progrès, ou accusant uneaugmentation de la mortalité infantile et de la sous-alimentation

    200

    150

    100

    50

    0

    Afrique subsaharienne

    Asie du Sud

    Proche-Orient/Afrique du Nord

    Amériquelatine/Caraïbes

    Asie de l'Est et du Sud-Est

    Source: OMS

    Source: FAO; UNICEF

    Prog

    rès r

    apide

    s

    Prog

    rès l

    ents

    Peu d

    e cha

    ngem

    ents

    Aggr

    avat

    ion

  • L’amélioration de la santé mater-nelle est la clé qui permettrachaque année de sauver la vie deplus d'un demi-million de femmes, touten interrompant le cercle vicieux qui per-pétue la pauvreté, la faim et la malnu-trition d'une génération à l'autre.

    Chaque année, près de 530 000 femmesmeurent du fait des complications de lagrossesse et de l'accouchement. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de ces décèssurviennent dans des pays en dévelop-pement où les taux de mortalité mater-nelle sont systématiquement de 100 à200 fois supérieurs à ceux des pays indus-trialisés. La quasi-totalité de ces décèspourrait être évitée si les femmes despays en développement avaient accès àune alimentation équilibrée, à l'eaupotable, à un bon assainissement, à l'al-phabétisation et à des services de santépendant leur grossesse et leur accou-chement.

    Les OMD ont fixé une cible de réduc-tion du taux de mortalité maternellede l'ordre de 75 pour cent entre 1990

    et 2015. Étant donné l'absence ou l'in-suffisance de données fiables dans denombreux pays, l'estimation des pro-grès réalisés dans ce domaine s'estrévélée difficile. Les meilleures esti-mations disponibles laissent toutefoisà penser que les taux de mortalitématernelle sont restés globalementstables entre 1995 et 2000, à environ400 décès pour 100 000 naissancesvivantes. Ce qui est sûr, c'est qu'ils res-tent dangereusement élevés dans laplupart des régions en développement(voir le graphique).

    L'Asie du Sud et l'Afrique subsaha-rienne comptent pour plus de 85 pourcent de l'ensemble des décès maternelsdans le monde. Les taux de mortalitématernelle dans ces régions sont res-pectivement estimés à 570 et 920 pour100 000 naissances vivantes, contre 20pour 100 000 dans les régions dévelop-pées. À moins que les progrès ne s'in-tensifient rapidement dans ces régionsen développement, il y a peu de chancesque la cible des OMD soit atteinte.

    Malnutrition et mortalité maternelle

    On a constaté que la faim et la malnu-trition accroissent à la fois l'incidenceet le taux de létalité des troubles à l'ori-gine de 80 pour cent des décès mater-nels (voir le graphique).

    Les femmes qui sont en déficit pon-déral avant même d'être enceintes etprennent peu de poids durant la gros-sesse risquent davantage de subir descomplications, voire de décéder. Or, cette description s'applique à plus de lamoitié des femmes enceintes en Indeoù le tribut annuel de 130 000 décèsmaternels dépasse de loin celui de toutautre pays.

    Les retards de croissance durant l'en-fance exposent les femmes à l'arrêt dutravail lorsque la tête du bébé est tropgrosse par rapport au canal pelvigéni-tal. Chaque année, l'arrêt du travail estresponsable de plus de 40 000 décès,particulièrement chez les femmes depetite taille.

    L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200520

    Sur la voie des engagements du Sommet

    Améliorer la santé maternelle et interrompre le cyclede la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

    Ratio de la mortalité maternelle,par région, 2000 Causes des décès maternels: estimations mondiales

    Source: OMS

    Décès maternelspour 100 000 naissances vivantes1 000

    800

    600

    400

    200

    0

    Grossesse extra-utérine,embolie et autres causes

    directes - 8 %

    Avortementnon méd