L'article du Monde

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12 | france MERCREDI 16 SEPTEMBRE 20150123

Méthodes de lecture : la fin de la guerre ?Une étude d’une ampleur inédite affirme l’importance pour les élèves d’apprendre au plus vite à « déchiffrer »

C omment garantir lesmeilleures conditionsd’apprentissage de lalecture ? En misant sur

l’enseignement du « code », c’est­à­dire des correspondances entreles sons et les lettres, et ce dès letout début du CP, répond la plus importante étude menée en France sur ce sujet, dont les pre­miers résultats sont divulgués mardi 15 septembre. En outre, le rythme de cet enseignement doit être rapide pour, contrairement à l’idée reçue, ne pas désavantager les élèves les plus faibles.

Ce sont deux des conclusionsqui ressortent de l’étude « Lire etécrire », financée par le ministère de l’éducation nationale et con­duite sous l’égide de l’Institutfrançais de l’éducation (ENS de Lyon) par le chercheur Roland Goigoux, professeur à l’universitéBlaise­Pascal Clermont­II. Une étude qui, peut­on lire dans saprésentation, « souhaite concou­rir à éteindre la guerre des métho­des », répercutée depuis trente ans dans les médias sous la formed’une opposition schématique entre « globale » et « syllabique », sans réalité tangible dans le quoti­dien des classes.

Une conclusion contre-intuitiveC’est justement dans ce quoti­dien que l’étude nous plonge : ce­lui de 131 classes et 2 507 élèves deCP, observés durant l’année 2013­2014 par une équipe de 60 cher­cheurs et leurs doctorants qui,entre autres données, ont enre­gistré 3 000 heures de vidéo.L’objectif : identifier « les prati­ques les plus bénéfiques aux élèvessocialement défavorisés, ceuxdont les premiers apprentissagessont le plus dépendants de l’inter­vention scolaire ». Ceux aussi quel’on retrouve nombreux, à l’issuede l’école primaire, parmi les 15 %à 20 % d’élèves en échec lourd.

Le constat du caractère primor­

dial de l’enseignement précoce et explicite du code, déjà partagé dans la communauté des cher­cheurs depuis une conférence de consensus en 2003, n’a cessé de serenforcer depuis. Il est confirméde la manière la plus nette par cette étude. Ce doit être fait « dès le premier jour de CP », dit Roland Goigoux. Et à un tempo soutenu : l’étude constate que le fait d’ensei­gner plus vite plus de correspon­dances entre les sons de la langue (les « phonèmes ») et les groupes de lettres qui les transcrivent (les

syllabiques, qui martèlent depuis longtemps ces arguments et ne se priveront pas de le rappeler.

Pour autant, l’étude refuse d’af­firmer la supériorité d’une mé­thode sur une autre, notamment en rappelant qu’il ne suffit pas de déchiffrer un texte pour le com­prendre. Ainsi, les élèves qui com­prennent mal un texte qu’on leur donne à lire ne comprennent pas mieux le même texte qui leur est lu, et ne se heurtent donc pas à unproblème de décodage. Un travail spécifique sur la compréhension, « qui existait parfois en maternellesans que les élèves sachent déco­der et qui reprend trop tard au

CE2 », serait donc à développer.De même qu’il n’y a pas de mé­

thode idéale, « il n’y a pas non plus de portrait­robot de l’enseignant le plus efficace », affirme Roland Goi­goux. Si, sur les 131 classes obser­vées, une vingtaine se distinguent par des résultats nettement supé­rieurs, on y trouve des profession­nels « très différents, pratiquant tous les styles pédagogiques ».

« Conceptions intellectualistes »En revanche, le groupe, lui aussid’une vingtaine de classes, qui ales moins bons résultats n’utilisepresque pas de manuels centrés sur l’étude du code. L’enseignantde CP efficace est celui qui, selonRoland Goigoux, pratique « unealchimie » adaptée à sa classe, enconsacrant du temps à la fois aucode, à l’écriture, à la lecture à haute voix, au vocabulaire, à dé­velopper la familiarité avec les li­vres… Cet enseignant­là, relève­t­il, est « le même qui, par ses com­pétences générales, obtient l’enga­gement de ses élèves ». C’est aussice qui explique la faible variationdes performances des élèves rele­vée sur l’ensemble des classes ob­servées. L’étude assumed’ailleurs à ce propos un biais de

MARTA NASCIMENTO/REA

« graphèmes ») « influence signifi­cativement et positivement l’en­semble des élèves et bénéficie net­tement aux élèves initialement fai­bles qui sont pénalisés par un dé­but tardif ou un tempo trop lent ». Cette conclusion est d’autant plusforte qu’elle est contre­intuitive etprend à revers la culture domi­nante chez les enseignants, sou­vent convaincus qu’il ne faut pasaller trop vite afin de ménager les élèves qui ont du mal.

La question des textes utiliséscomme supports de lecture – les manuels, mais pas exclusivement– est elle aussi posée. Roland Goi­goux appelle à les diversifier : des textes entièrement déchiffrables pour « faire des gammes », d’autres pour travailler la com­préhension, d’autres à faire dé­chiffrer par la classe. Car les ap­prentissages, explique le cher­cheur, sont favorisés par l’étude de textes directement déchiffra­bles par les élèves.

Comme l’insistance sur le code– là où les conceptions issues des années 1970 et 1980 insistaient surle sens –, cet avantage attribué par l’étude au « déchiffrable » sonnecomme une approbation donnée aux partisans des méthodes dites

De même qu’il n’ya pas de méthodeidéale, il n’y a pas

non plus de portrait-robot

de l’enseignant le plus efficace,affirme l’auteur

de l’étude

LE CONTEXTE

La méthode syllabique est fon-dée sur le décodage des signes alphabétiques, d’où son appella-tion familière – et critiquée par les chercheurs, qui la trouvent réductrice – de « b.a.-ba ». La méthode globale se base sur la reconnaissance visuelle des mots « photographiés » par les enfants pour être ensuite mieux repérés. En vogue dans les an-nées 1980, la méthode globale a rapidement été discréditée. Le clivage s’est ensuite déplacé entre la méthode syllabique et les approches dites « mixtes », majoritairement pratiquées en classe. Reste qu’il y a beaucoup de façons de faire du « syllabi-que » et une infinité de combi-naisons du côté « mixte ».Le débat est aussi politique, surtout depuis que Gilles de Ro-bien, ministre de l’éducation de 2005 à 2007 au sein du gouver-nement de Dominique de Ville-pin, a promu comme seule bonne méthode la « syllabique ».

l’échantillon, constitué de maî­tres expérimentés.

Ceux­ci consacrent à la lecture etl’écriture une durée moyenne heb­domadaire moyenne de 7 heures et 22 minutes, « hors temps morts » – un temps de travail cor­respondant, peu ou prou, aux heu­res prescrites dans le cadre des programmes. De quoi rassurer les familles, promptes à interroger l’efficacité des méthodes ?

Roland Goigoux souhaite, lui,que les débats s’apaisent. Il a pourlui d’être écouté des professeurs des écoles, mais sa position d’ex­pert reconnu par l’institution ne lui vaut pas que des sympathies. Ilincarne une orientation parmi d’autres, éloignée par exemple des thèses de Stanislas Dehaene,figure de proue des neuroscien­ces. Dans un autre registre, Réap­prendre à lire (Seuil), un livre paru en cette rentrée sous la plume dedeux chercheuses, Sandrine Gar­cia et Anne­Claudine Oller, estimequ’on a dévalorisé les aspectstechniques de l’apprentissage au profit de « conceptions intellec­tualistes ». Le sujet « lecture »reste sensible.

mattea battagliaet luc cédelle

Renseignement : Jean­Marie Delarue évincéLe magistrat, très critique sur la nouvelle loi, ne présidera plus la commission de contrôle

L e très respecté Jean­MarieDelarue, l’actuel présidentde la Commission nationale

de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), jugé trop indé­pendant, a été écarté par le gou­vernement de la présidence de lanouvelle Commission nationale de contrôle des techniques de ren­seignement. Matignon a indiqué,lundi 14 septembre, dans un très bref communiqué, les noms des quatre magistrats – deux nomméspar le Conseil d’Etat, deux autres par la Cour de cassation – qui sié­geront à la commission ; le prési­dent doit nécessairement être dé­signé par le président de la Répu­blique parmi ces quatre noms.

Le vice­président du Conseild’Etat a nommé Francis Delon et Jacqueline de Guillenchmidt, con­seillère d’Etat honoraire et an­cienne membre du Conseil cons­titutionnel, la Cour de cassation a

choisi Franck Terrier, président dela 3e chambre civile, et Christine Pénichon, avocate générale – la loirenseignement du 24 juillet im­pose une parité entre hommes et femmes. Deux députés et deux sénateurs devraient les rejoindre, ainsi qu’une « personnalité quali­fiée pour sa connaissance en ma­tière de communications électro­niques », nommée sur proposi­tion du président de l’Autorité derégulation des communications électroniques et des postes.

HostilitéJean­Marie Delarue a donc été évincé. Le conseiller d’Etat, 70 ans,normalien et énarque, a été délé­gué interministériel à la ville (1991­1994), puis directeur des li­bertés publiques au ministère del’intérieur. Il s’est surtout imposé en 2008 lors de sa nomination au poste épineux, qui venait d’être

créé, de contrôleur général des lieux de privation de liberté. Il a, àla fin de son mandat, été nommé en juin 2014 à la tête de la CNCIS, qui contrôlait les écoutes admi­nistratives.

Le président Delarue, qui a unehaute idée de sa mission et de sonindépendance, s’est vite heurté aux responsables des services derenseignement, qui ne cachaientpas leur hostilité au contrôle re­doublé de la commission. Les ser­vices du premier ministre se sont de leur côté agacés de l’indépen­dance et du franc­parler du ma­gistrat. Lors de son ultime rapportannuel, le 22 juillet, M. Delarue avait jugé « préoccupant » que, dans les quatre premiers mois de 2015, « la part des avis défavora­bles qui n’ont pas été suivis par le premier ministre [se soit] accrue nettement plus substantielle­ment ». Le premier ministre était

passé outre pour « plus du quart »des avis défavorables de la com­mission, deux recommandations de suppression immédiated’écoutes litigieuses avaient étéignorées par Matignon, « cette manière de faire est inédite depuis 1991 », avait poliment dit la com­mission.

Ce sont évidemment les posi­tions tranchées de M. Delarue sur la nouvelle loi renseignement qui lui ont coûté sa place. Il s’était vi­vement inquiété d’un « affaiblis­sement des contrôles » induit par la loi renseignement, « quoi qu’onait réellement voulu et quoi qu’on ait pu affirmer sur ce point ». Ma­nuel Valls ne supportait plus la li­berté de ton du conseiller d’Etat,dont le sort était désormaisscellé ; le discret soutien de Chris­tiane Taubira, la garde des sceaux,aura été d’un mince secours.

franck johannès

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