L’Art et son alchimie

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L’Art et son alchimie Traité philosophique Jean-Marc Rives

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L’Art et son alchimie

Traité philosophique

Jean-Marc Rives

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 132 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 11.24 ----------------------------------------------------------------------------

L’Art et son alchimie <i>Traité philosophique</i>

Jean-Marc Rives

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Du même auteur :

– Les Mystères du Sphinx, roman. Editions Nouvelle Pléiade, 1996

– Les Secrets du Dessin et de la Peinture, précis en 20 leçons. Editions Le Manuscrit, 2007

– Mémoire du Temps, recueil de Poésie. Editions Le Manuscrit, 2009

– Drôles de Dames, recueil de Nouvelles. Editions Le Manuscrit, 2010

– Les Pouvoirs du Crâne de Cristal, roman Editions Edilivre Aparis, 2012

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Dans la peinture, il s’établit comme un pont mystérieux entre l’âme des personnages et celle du spectateur.

Eugène Delacroix

La peinture est le reflet de l’âme, saisie dans un instant d’égarement et figée pour l’éternité.

Jean-Marc Rives

Photo de couverture : « Bouquet au vase bleu », peinture à l’huile de l’auteur 46 x 38 cm - 2006

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Préface

Après la publication de mon ouvrage didactique « Les Secrets du Dessin et de la Peinture », destiné aux artistes-peintres en herbe, j’ai voulu écrire ce traité philosophique pour tous ceux qui s’interrogent sur « l’art et son utilité » dans notre existence. Bon nombre d’ouvrages ont été publiés sur le sujet, avec de belles images de tableaux des plus grands Maîtres, mais je voudrais amener le lecteur à s’interroger sur le plaisir de la contemplation, sur l’analyse méthodique d’une œuvre d’art et sur l’alchimie de sa création. D’où nous vient cet engouement pour la création artistique et en quoi celle-ci peut-elle influer sur notre vie ?

Artiste Peintre et Maître d’Ateliers, j’ai longtemps enseigné les arts plastiques puis je suis devenu Critique d’Art pour plusieurs raisons mais surtout par amour de l’art. Délégué artistique de l’Association « Poésie en Vexin », j’ai tenu pendant plusieurs années une rubrique intitulée « Regard sur l’art et Portraits

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d’artistes » dans la revue « Arts et Mots », mais j’ai aussi écrit pour d’autres revues littéraires et artistiques. A ce titre, j’ai visité un grand nombre de Salons et d’expositions et je suis allé à la rencontre des artistes : peintres et sculpteurs de tous styles et de toutes tendances. J’ai pu apprécier des œuvres grandioses et de moins grandioses mais, à chaque fois, ce fût un réel plaisir pour moi de partager des émotions et de constater à quel point l’art rend heureux.

Pourquoi l’art est-il à ce point indispensable à la culture humaine, comme le rêve l’est à la vie ? En tant qu’artiste je dois dire, toute modestie gardée, que je me sens investi d’une « mission » depuis l’enfance : celle de créer. J’ai toujours pensé que la création artistique avait un rapport avec une « puissance divine » : en un mot, avec Dieu. Ce mot est presque devenu tabou de nos jours, surtout pour les populations occidentales qui réfutent les religions, non sans raison peut-être, mais si l’homme se trouve inclus dans le monde, il se distingue du reste du monde par la pensée. Or, la pensée n’est pas palpable et elle ne se réduit pas à la connaissance de ce qui est. Son acte propre est le jugement, lequel se réfère implicitement à des normes qui transcendent le réel et à l’absolu du Vrai et du Bien, c’est à dire d’un autre mot : à Dieu. C’est d’ailleurs d’une manière générale que, suivant la formule de Malebranche, « L’esprit a du mouvement pour aller plus loin » : le fini et l’imparfait ne sauraient le satisfaire, signe de l’attirance d’un pôle mystérieux qui est l’infini et le parfait. L’idée du parfait

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est la preuve que préfère Descartes : « La considération du monde nous amène bien à l’idée d’une cause première, mais non immédiatement à celle de Dieu. C’est au contraire Dieu lui-même qui nous donne l’idée du parfait. »

Selon une théorie très ancienne, les grands hommes de ce monde auraient été désignés par Dieu et non pas par « le hasard » pour exercer leur pouvoir. Mais Dieu laisse aux hommes leur « libre arbitre » et ces hommes de pouvoir ne sont pas toujours dotés de bonnes intentions. Cette théorie se vérifie dans la Bible, d’ailleurs, lorsque Jésus dit à Ponce Pilate : « Tu n’aurais aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en haut, par mon père. » Il en est de même pour les artistes qui reçoivent des dons venus d’ailleurs et en fond ce que bon leur semble, partagés parfois entre le bien et le mal, oubliant souvent que l’art doit être avant tout « au service » du Beau et du Bien.

Lorsque je peins, lorsque j’écris ou même lorsque je chante, je me sens transcendé par cette « puissance créatrice » qui m’a donné ce que l’on appelle communément des « dons », mais les dons ne suffisent pas pour devenir artiste. Encore faut-il en avoir le désir, la volonté et le courage. Certaines personnes possèdent des dons créatifs mais sans le savoir. D’autres le savent mais ne veulent pas s’en servir, car elles n’éprouvent aucun intérêt pour l’art et surtout sont appelées vers d’autres destinées.

Si j’ai voulu écrire ce traité philosophique sur l’art,

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c’est aussi parce que je me suis souvent interrogé sur cette « force mystérieuse » qui pousse l’homme à la création, sans jamais parvenir à la perfection mais toujours en essayant d’aller plus loin et, en tous cas, en essayant de l’atteindre. Pour moi, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une recherche du Divin par le biais de l’art. Le plus grand artiste dans ce monde n’est-il pas notre Créateur ?

Mes propos peuvent bien sûr être incompris ou contestés par les personnes qui se disent « athées » mais que peuvent-elles y opposer ? L’athéisme se manifeste dans la critique détaillée des preuves de l’existence de Dieu. Mais, c’est surtout sa limite qui éclate : dans l’étroitesse de regard qui empêche l’athée d’avoir de ces preuves une vue synthétique plus éclairante que les raisonnements particuliers considérés en eux-mêmes et dans l’impossibilité de prouver que Dieu n’existe pas, ainsi que dans le vide que laisse la négation de Dieu. Ce sentiment de vide lui-même confirme puissamment, d’ailleurs, les preuves de l’existence de Dieu fondées sur les aspirations de l’homme et constitue une utile leçon pour les croyants de tradition dont la foi manque de vie car, jusque dans le refus de cette foi, ils peuvent trouver de précieux enseignements.

En effet, l’athéisme doctrinal est d’ordinaire une prise de position contre un théisme jugé inacceptable. Ce n’est pas simplement Dieu qu’il déclare rejeter, mais l’être que des croyants « simplistes » appellent de ce nom, c’est à dire un Dieu anthropomorphique auquel chacun confie ses petits intérêts et achète à peu de frais

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sa complaisance. On comprend dès lors cette réflexion de Jules Lagneau : « L’athéisme est le sel qui empêche la croyance de Dieu de se corrompre. »

Lorsque l’on contemple une œuvre d’art, c’est d’un tout autre Dieu dont il s’agit : Un génie Créateur dont la perfection ne sera jamais égalée. Un génie du Bien et du Beau qui transcende les artistes au point qu’ils arrivent parfois à s’étonner eux-mêmes de leurs créations. Appelons-le comme nous le voulons mais nous sentons sa présence, pour peu que nous soyons sensibles à l’art, lorsque nous ressentons les vibrations d’une œuvre, qu’elle soit musicale, littéraire, sculpturale ou picturale. C’est une sensation troublante, comme les sentiments qui ne sont pas palpables mais qui existent pourtant indéniablement. Il est impossible alors de nier le surnaturel, l’extraordinaire, le génie, car dans notre vie tout n’est pas matière mais aussi esprit. Dans la création artistique, l’esprit domine la matière. Il se « matérialise » pour laisser son empreinte.

C’est sur cette base mystérieuse et surnaturelle, mais sans « tomber dans la contemplation mystique » qu’il faut analyser une œuvre d’art. On peut dire d’ailleurs d’une œuvre d’art qu’elle « possède une âme. »

C’est aussi sur cette base qu’il faut aborder l’art. On peut dire que l’amour de l’art, que nous soyons amateurs ou artistes, nous rapproche un peu plus de notre Créateur.

L’auteur

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Introduction

Dans le psychisme comme dans la nature extérieure, rien ne naît de rien et tout a son explication : invoquer le hasard, c’est simplement reconnaître son ignorance. La naissance et le développement des passions s’expliquent par les conditions diverses qu’on peut analyser. Chacun naît avec une constitution qui détermine dans une grande mesure son attitude dans la vie et ses réactions devant les événements. Nos tendances sont innées, mais elles s’orientent diversement suivant l’atmosphère générale de l’époque et celle du cercle familier dans lequel chacun vit.

C’est la connaissance qui provoque le désir, bien qu’un certain mystère soit favorable au désir. Mais la réciprocité est que le désir est le principal ressort qui nous porte à connaître. Du point de vue de leur origine, les représentations qui suscitent les désirs peuvent être groupées en trois catégories, suivant

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qu’elles nous viennent des sens, de la mémoire ou de l’imagination. Un grand nombre nous viennent de la perception extérieure. D’abord de l’exemple d’autrui : c’est ainsi que la mode se répand et la mode n’est pas seulement vestimentaire. Ensuite, de ce que nous lisons ou entendons et principalement, de nos jours, de la publicité dont le but est de provoquer le désir.

Mais il en est aussi d’intérieurs. Les hommes de désir sont de grands imaginatifs et c’est faute d’imagination que beaucoup se contentent de leur sort et estiment posséder à peu près tout ce qu’ils peuvent désirer.

Le désir est le moteur indispensable de l’activité pratique et mentale et qui ne désire pas savoir n’apprend pas grand chose. C’est le fondement même de la pédagogie. Il ne manque pas de gens qui entretiennent de magnifiques désirs, échafaudent projets sur projets et ne font jamais rien, mais n’en sont pas moins satisfaits d’eux-mêmes comme si l’excellence de ce qu’on projette compensait l’absence des réalisations médiocres dont se contente le commun des hommes.

Par contre, les volontaires et les passionnés sont de grands actifs. Une ferme volonté, une vive émotion ou une passion violente peuvent déterminer dans une vie des retournements spectaculaires dont le simple désir serait bien incapable. Mais l’existence quotidienne est tissée d’un ensemble d’actions qui n’exigent pas tant

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d’effort : le désir lui suffit.

L’art n’est qu’une abstraction : il n’y a que des œuvres d’art, des artistes qui les créent et la masse de ceux qui les admirent. Son alchimie est mystérieuse mais voyons comment tout cela fonctionne et surtout pourquoi nous en avons besoin.