L’après guerre: les États-Unis entrent en scène

L’expressionnisme abstrait(Action painting, peinture d’action: Pollock, De Kooning

Field painting, peinture des champs colorés: Rothko, Barnett Newman, Ad Reinhardt)Peinture comme objet: Frank Stella

Minimalisme (Tony Smith, Donald Judd, Sol LeWitt)Néo Dada (Jasper Johns, Robert Raushenberg)

Pop art (Roy Lichtenstein, Andy Warhol)Performance

Fluxus (George Maciunas, Yoko Ono, Nam Jun Paik, Joseph Beuys)Happening (Allen Kaprow)

Art Conceptuel (Joseph Kosuth, Art & Langage)Body Art (Oppenheim, Burden, Acconci, Abramović)

Land Art (Robert Smithson, Walter de Maria)

Les États-Unis comme le nouveau centre du modernisme…

• Nous avons déjà vu les milieux culturels américain être plus ouverts aux innovations des artistes européens, depuis les impressionnistes, jusqu’aux procédés hétéroclites de Marcel Duchamp…

• Beaucoup d’intellectuels européens vont se réfugier aux États-Unis pendant la Seconde guerre mondiale, dont André Breton, Marcel Duchamp, Max Ernst, Marc Chagall… C’est ainsi que les États-Unis deviennent le nouveau centre des avant-gardes de la seconde moitié du XXème siècle.

• Le premier de ces nouveaux mouvement, qui marque l’entrée de l’art américain (et new-yorkais en particulier) sur la scène internationale est un mouvement appelée expressionnisme abstrait, avec ses variantes: la peinture d’action (action painting) et la peinture des champs colorés (field painting) …

L’expressionnisme abstrait• Les effets du hasard des surréalistes et l’expressionnisme non figuratif

de Kandinsky, puis l’œuvre de Klee et Miro vont porter leur fruits de l’autre côté de l’Atlantique, et avoir un rôle essentiel dans la formation d’un autre mouvement, l’expressionnisme abstrait, dont nous voyons ici un précurseur, Archile Gorky (1904-1948):

Archile Gorky, 1944, La feuille d’artichaut est un hibou

Formellement cette toile de Gorky pourrait être une toile de Kandinsky, mais le titre très dada (ou est-il surréaliste?) La feuille d’artichaut est un hibou nous fait chercher la représentation dans ce tableau, où tout en train de se transformer en quelque chose d’autre…

Jackson Pollock (1912-1956) fait de l’acte de peindre un élément crucial de la création: il fait couler la peinture des pots percés directement sur la toile, évitant ainsi le geste contrôlé de la main (habileté de l’artiste rejetée par Duchamp), exploitant les effets du hasard (Arp, Duchamp, Ernst), libérant le potentiel expressif inhérent à la couleur (Matisse, Kandinsky): il crée ainsi un nouveau mouvement appelé peinture d’action, action painting.

Jackson Pollock, Number 1, 1949

L’expressionnisme abstrait de Jackson Pollock (1912-1956): action painting, peinture d’action

Les formes sont détérminées par la nature du procédé d’écoulement (“dripping”) et la nature de la substance colorante. La part y est du hasard, de l’action spontanée… Ses titres aussi évoluent: des poétiques Alchimie, Gardiens de secrets, Substance vascillante, en Rythmes, Compositions ou Numéros.

L’engagement total dans l’acte de peindre, dans une sorte de frénésie psychophysique fait opter Pollock pour des toiles de très grande taille (comme ici 269cmx530cm), et différents matériaux (couleurs à l’huile mais aussi la laque aluminium)…

Action painting, Jackson Pollock, 1950, One, Number 31

Les visiteurs se succèdent dans l’atelier de Pollock: la production de l’œuvre d’art devient un événement…

…ce qui va frayer la voie à l’événement comme œuvre d’art…

Autre maître du mouvement, le peintre hollandais-américain Willem de Kooning (1904-1997) ne va pourtant jamais abandonner le pinceau et dans ses toiles la réalité visible va ressurgir de l’expérience abstraite, mais l’idée du mouvement va se retrouver dans son geste.

1955, Composition1950-52, Woman, I

Robert Motherwell, (1915-1991)

1971, Elegy to the Spanish Republic No. 1101947-51, Ulysses

Mark Rothko (1903-1973) abandonne l’agressivité de la peinture d’action mais en garde les grands formats. Les toiles composées de rectangles de couleurs aux contours flous invitant à la contemplation: cette sorte d’expressionnisme abstrait va être appelé « field painting » peinture des champs de couleur…

1949, No. 17 [or] No. 15 1954, Ochre and Red on Red 1956, Green and Tangerine on Red

1953, Green and Maroon 1955, Red and Orange, 175,5x141,5cm

Field painting, peinture des champs de couleurs

• « Field painting » peinture de champs car ils traitent la surface de la toile comme le champs de la vision, surface à organiser pour ce qu’elle est: une surface recouverte de couleurs, sans référence à la représentation.

• Comme les peintres d’action, ils utilisent des toiles immenses, la couleur envahit le champ visuel de l’observateur, il en éprouve la sensation communiquée, « l’expression »…

• L’accent n’est pas sur l’action de peindre, mais sur le résultat: les rapports entre les couleurs et les formes de différentes zones. Mot clé: contemplation. 1955, Terre et vert

Si la photo du studio, un visiteur regardant Pollock peindre (spectateur visiteur, témoin) est paradigmatique de l’idée de l’action painting, celle du visiteur contemplant une toile de Rothko l’est pour le couloured field painting…

Field painting: Barnett Newmann (1905-1970)

1949, Dionysius 1949, Yellow Painting1967, Voice of Fire

Ad Reinhardt (1913-1967), refuse l’existentialisme lié à la peinture d’action, comme clé interprétative pour ses toiles monochromes avec juste des « imperceptibles dédoublement du noir » : « Tout ce qu’on peut dire sur l’art et la vie, c’est que l’art c’est l’art, alors que la vie est la vie… »

Mais c’est Frank Stella (1936- ), de la première génération des artistes formés sur l’art abstrait, qui va franchir l’étape suivante: abandonner la forme traditionnelle rectangulaire du tableau fenêtre dont le fond est depuis un siècle déjà remis en question: comme nous pouvons voir ici, la forme du support fait partie intégrante de l’œuvre.

Vue de l’exposition à la gallerie Léo Castelli, New York, 1962

Les reflets brillants du métal pulvérisé des œuvres de Stella ôtent toute impression du « fait à la main »: on ne peut plus parler de peinture, mais bien d’objets : il va en effet, et dès 1960, utiliser des supports en aluminium ou en cuivre. C'est la fin de l'expressionnisme abstrait et le début de la peinture-objet, qui annonce la naissance du minimalisme.

Le minimalisme (les structures primaires) introduit dans l’art les objets de formes simples, produits de façon industrielle suivant les proposition de l’artiste (forme, taille, matériel, quantité) …

Tony Smith: Die (1961-62) Donald Judd Untitled (Stack) 1965

Ses « structures » plutôt que « sculptures » s’expérimentent au niveau corporel, comme Smith relate dans sa description du passage en voiture sur l’autoroute, la nuit…… Tony Smith (1912-1980): Die (1961-62) Interviewer: Why didn’t you make it larger so that it would loom over the observer?Tony Smith: I was not making a monument.I: then why didn’t you make it smaller, soo the observer could see over the top?TS: I was not making an object.

Ils vont tout de tout de même en faire des monument, le changement de l’échelle des expressionnistes abstraits faisant la loi, et cet Untitled de 1965 de Tony Smith a des dimensions bien plus importantes, et aussi des formes plus complexes…

Une faim de l’image va se faire sentir durant cette période, et aussi un besoin d’intégrer les images de tous les jours, scintillantes, de cette société de consommation en plein essor. Le Pop art va apparaitre en Angleterre (Richard Hamilton), mais va pleinement se développer aux États-Unis.

Jasper Johns, Painted bronze, 1960

Richard Hamilton, Just what is it that makes today’s homes so different, so appealing?, 1956

Les précurseurs du Pop art aux États-Unis vont être deux artistes associées avec le renouveau de l’approche dada (néodada), Jasper Johns (1930), reprenant les images « toute-faites » (ready made) du drapeau américain par exemple, dans des techniques traditionnelles…

Painted bronze, 1960

False start, 1959

…et Robert Rauschenberg (1925-2008), qui utilise les objets hétéroclites comme support de sa peinture ressemblant au expressionnisme abstrait: ses toiles deviennent des objets surprenants, insolites, qu’il appelle «combine paintings» (Bed, 1955 et « freestanding combine » Monogram, 1955-59)

Monogram, 1955-59, freestanding combine

Le Pop Art va utiliser les images populaire de la production de masses de la société américaine. Les images publicitaires, de bande dessinée, des stars pop, recyclées dans un autre contexte, entrent dans le monde de l’art, et avec eux d’autres techniques, comme la sérigraphie, une technique d’impression, qui va rajouter, à cette appropriation d’images banales, une question d’authenticité de l’œuvre d’art ..

Roy Lichtenstein, détail Rauschenberg,

1964, Freestanding combine

Andy Warhol, 1962 Marilyn, 1964, Brillo

Roy Lichtenstein (1923-1997) utilise les images de bande dessinée, qu’il agrandit aux dimensions monumentales. Les thèmes de prédilection restent les clichés sentimentaux et héroïques de cet après-guerre réinterprété en guerre froide…

Roy Lichtenstein, Whaam, 1963 Drowning Girl, 1963

Andy Warhol, 1962, Red Liz, Green

Marilyn

Andy Warhol (1928-87): reprend les objets et personnages iconique de la société américaine comme les photographies de vedettes, « pop stars » comme Marylin Monroe, Liz Taylor, mais aussi les objets anodin de la consommation quotidienne, comme les emballages de soupes Campbell, les boîtes de savon Brillo, à quoi s’ajoutent des nouvelles scène de violence « ordinaire » comme les photos d’accidents routiers, de la chaise électrique…

Andy Warhol (1928-87): les objets anodins de la consommation quotidienne. Warhol utilise de nouvelle techniques comme la sérigraphie, déjà introduite par Rauschenberg, et fait des « multioriginaux ».

Andy Warholl, Campbell’s soup, 1968

Warhol: Campbell‘s Tomato Juice Box, 1964, Synthetic polymer paint and silkscreen ink on wood

1964, Brillo, painted wood sculpture

En 1964, Warhol loue un loft dont il ouvre les portes aux différentes personnalités. L’atelier va être appelée Factory et va produire des films, de la musique etc… et surtout, la personnalité de vedette d’Andy Warhol…

1963, Orange Car Crash (Orange Disaster) (5 Death 11 Times in orange),

Yoko Ono, Cut Piece, 1965

John Cage

Cette possibilité de penser les images de la vie personnelle et de sa communauté en œuvres d’art, prend sa source dans les travaux de Duchamp, mais aussi dans un grand nombre d’autres initiatives artistiques apparaissant dans cette même période. S’inspirant de la musique expérimentale de John Cage (4’33’’ de silence)et aux premiers happenings d’Allen Kaprow (1959) apparait Fluxus, associé à l’artiste George Macuinas, mais ausssi Nam June Paik, Yoko Ono, Joseph Beuys…

Fluxus est basé sur la sensibilité Dada, mais avec un esprit social et communautaire plus positif. En commun, la révolte contre la commodification de l’art, ouvre la voie à de nombreuses nouvelles formes d’art, comme le mail-art, les happenings, événements, les performances, le body art, qui ont en commun de dématérialiser, désacraliser l’œuvre d’art. Un nouveau terme est forgé pour décrire cette appropriation de toutes les possibilités communicatives, aussi bien de la vie de tous les jours que de nouvelles technologies, intermedia.

George Maciunas, Postcard to Nam June Paik, 1964, Flux Year Box 2, 1967

John Lennon et Yoko Ono devant USA surpasses all the genocide records, par George

Maciunas, cca 1970

Fluxus manifesto, 1963, George Maciunas

George Maciunas (1931-1978)

Nam June Paik and Charlotte Moorman, TV bra, TV Cellio…

Joseph Beuys, 1965, How to explain pictures to a dead

hare, coin de graisse

Body art apparait à la suite des idées du happening du Fluxus. Les artistes apparaissant, faisant advenir un événement devant un public (performances) ou une camera (introduisant l’art vidéo), deviennent conscient que leur corps est un instrument, le medium de l’art pouvant aussi être exhibé comme une œuvre d’art.

Chris Burden, SchootDennis Oppenheim

Le Body art apparait dans les années 60. Le corps est souvent poussé à ses limites provoquant de façon la plus directe l’empathie du spectateur, les thèmes de violence, automutilation, sexualité, exhibitionnisme ou sont souvent adressés, aussi, avec l’avènement du féminisme et des études du genre, les questions d’identités minoritaire (femmes mais aussi identités raciales, ethniques…).

Carolee Schneemann, Interior Scroll Hannah Wilke Hannah Wilke: Intravenus

Marina Abramović

(1946): Années 70, Body Art,

Performance art en Yougoslavie

De l’autre côté, le minimalisme (les structures primaires): ayant introduit dans l’art les objets de formes simples, produits de façon industrielle suivant les proposition de l’artiste (forme, taille, matériel, quantité) va ouvrir la voie à l’idée du concept, l’idée de l’œuvre d’art en tant qu’œuvre d’art…

Tony Smith: Die (1961-62) Donald Judd Untitled (Stack) 1965

Les artistes de l’art minimal, mettant en scène leurs objets, réfléchissent sur le contexte de leur présentation. L’artiste charnière entre l’art minimal et l’art conceptuel est Sol LeWitt. L’art conceptuel va redéfinir non seulement l'objet artistique et de son environnement architectural mais aussi porter sa réflexion sur l'environnement social, idéologique, le contexte d’une œuvre d’art.

Sol LeWitt, Floor Structure Black, 1965

L'art conceptuel est un mouvement apparu dans les années 1960 dont les origines remontent aux Ready made de Marcel Duchamp (« Tout art après Duchamp est conceptuel » dira Kosuth). L'art est défini non par les propriétés esthétiques des objets/œuvres, mais par le concept ou l'idée de l’art. Les artistes conceptuels prennent distance à l'égard de l'objet dans l'œuvre d'art, alors que l'utilisation du langage finit par être la condition nécessaire et souvent suffisante à l'existence d'une œuvre. Ainsi les œuvres d’art conceptuel, souvent appelées installations, peuvent être réalisées par n’importe qui, suivant les instructions de l’artiste.

Kosuth, One And Three Chairs, 1965 Kosuth, Titled (Art as Idea as Idea) [Water], 1966

Un autre mouvement va apparaitre dans les années 1960, engendré par la nouvelle conscience que l’art minimal développe quant à la disposition, l’emplacement, l’environnement de ses « structures » … Il s’agit du Land art, dont les artistes, à partir des années 1960, conçoivent les œuvres destiné à une place précise (site-specific art).

Tony Smith, Amaryllis, 1965, acier peint

Nous voyons Donald Judd, artiste lié au minimalisme, va s’acheter un ranch au Texas, affin d’y faire des « installations permanentes » de ses « objets spécifiques »…

Donald Judd, Untitled 1980-84, concreteTony Smith, Ten Elements, 1975-79

Land Art (Earthworks), terme de Robert Smithson (1938-1973), dont la Spiral Jetty (1970) dans le désert de Utah, est l’œuvre la plus connue. Ces procédés se veulent sans résultat marchand, revendiquant aussi l’héritage des autochtones précolombiens et leur travaux sur terre. Le monde de l’art les rattrape tout de même, les documents (photos, échantillons de terrain, films documentaires) sont exposées dans des galeries..

Land art: Robert Smithson, Spiral Jetty, 1970

Christo et Jean-Claude, Surrounded islands, Biscayna Bay, Miami, Florida, 1980-83

Walter de Maria, Lightning field, 1977, Nouveau Mexique

Ces nouvelles formes de l’art posent la question de leur consommation, et donnent une nouvelle importance à la documentation de l’œuvre d’art, ou du processus de sa création, qui est exposé dans les galeries métropolitaines…

4-20 Devoir de travaux pratiques: ma classe, mes amis, moi dans les –ismes du XXème siècle

• fauvisme• expressionnisme • cubisme• futurisme• suprématisme• réalisme magique• Dada• surréalisme

• expressionnisme abstrait

• Néodada, pop• Performance: process

art, fluxus, happening, body art…

• Art conceptuel et post-conceptuel …