Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

À l’occasion de stages à la Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris, nous avons constaté que, outre les tortues de la collection, les vétérinaires des parcs zoologiques examinaient parfois des tortues apportées par leur propriétaire. Nous nous sommes alors posé certaines questions. Y a-t-il beaucoup de tortues chez les particuliers ? D’où viennent-elles ? Y a-t-il des espèces protégées ? Les propriétaires de tortue ont-ils besoin d'information ? Qui consultent-ils ? Trouvent-ils facilement des réponses ? Plusieurs publications françaises récentes (4) (5) (6) (9) (13) permettent aux vétérinaires praticiens d’accéder facilement aux principales données sur l'entretien et la pathologie des tortues. Mais ce sont des animaux très différents des mammifères domestiques que soignent habituellement les praticiens. Comment appliquer les connaissances bibliographiques à des cas cliniques ? Comment aborder en pratique une consultation de tortue ?

Nous avons donc décidé de faire cette thèse sur l’étude d’un protocole de consultation des tortues en captivité.

Nous essaierons d’abord de connaître l'origine des tortues "domestiques", leur importance et les problèmes posés à leurs propriétaires et aux personnes qu’ils consultent (I.).

Puis nous tenterons de regrouper les principales informations bibliographiques nécessaires à une consultation de tortue captive (II.). En effet il faut pouvoir identifier la tortue que l’on examine afin de connaître ses besoins. Nous présenterons aussi une synthèse sur la pathologie des tortues, qui permet de poser un diagnostic et d’entreprendre un traitement.

Enfin nous ferons une étude de cas (III.). Elle portera sur des tortues vivant en captivité et vues en consultation par différentes personnes sur une période définie et en différents lieux. Pour faciliter notre travail, nous adapterons un modèle de dossier spécifique aux tortues afin de recueillir toutes les informations utiles sur chaque cas. Les résultats de cette étude seront analysés pour aboutir aux principales conclusions sur les dominantes pathologiques des tortues en captivité.

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I. LES TORTUES “DOMESTIQUES” FRANÇAISES, ORIGINE, IMPORTANCE ET PARTICULARITÉS

Les tortues “domestiques” peuvent être définies, au sens étymologique, comme des tortues vivant sous le contrôle de l’Homme, dans sa maison ou son jardin. Elles s’opposent en ce sens aux tortues sauvages qui vivent dans leur milieu naturel. Nous étudirons ici l’origine des tortues "domestiques" en France métropolitaine, leur importance et les problèmes qu’elles posent.

A. ORIGINE DES TORTUES “DOMESTIQUES” FRANÇAISES (13) (27) (31)

1. Législation concernant les tortues

a. Arrêté ministériel du 17/09/74

Pour des raisons sanitaires, il interdit toute importation en France de vertébré vivant sauf autorisation du Ministère de l'Agriculture. Cependant, certaines espèces “bénéficient” d'une dérogation générale (exemple : Pseudemys scripta elegans, la tortue de Floride).

b. Loi du 10/07/76, décret du 25/11/77 et arrêtés ministériels du 24/04/79 et du 06/05/80

En France métropolitaine, certaines espèces sont intégralement protégées par ces lois.

* Ce sont :

- Emys orbicularis, la cistude d’Europe, tortue autochtone aquatique

- Testudo hermanni, la tortue d’Hermann, tortue autochtone terrestre (dite “tortue de jardin”)

- Testudo graeca, la tortue grecque, tortue terrestre (faisant également partie des “tortues de jardin”) importée massivement auparavant.

* Ceci signifie que les actes suivants sont interdits :

- la destruction, la mutilation, la capture, l'enlèvement ou la naturalisation des tortues

- le transport, le colportage, l'utilisation, la mise en vente, la vente ou l'achat de ces tortues, vivantes ou mortes

- la destruction ou l'enlèvement des oeufs ou des nids

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c. Arrêté ministériel du 15/05/86

Il protège intégralement des espèces de Guyane qui ne doivent donc pas être apportées de Guyane en France métropolitaine depuis le 15/05/86 (voir l’annexe “Classification et législation”). Ne peuvent donc être importées de Guyane : Geochelone denticulata la tortue à jabot, G. carbonaria la tortue charbonnière, Chelus fimbriatus la matamata, Platemys platycephala la tortue à tête orangée, les Pelomedusidae, les Emyidae1 et les Kinosternidae de Guyane.

d. Convention de Washington (ou CITES)

Elle a été signée par une centaine de pays dont la France (en 1977). Elle vise à réglementer le commerce et les échanges internationaux de plus de 2000 espèces d’animaux. La Convention de Washington définit plusieurs annexes.

* L'annexe I comprend les espèces rares ou menacées d’extinction dont le commerce international est interdit. En fait cela signifie que leur commerce nécessite un permis d'importation délivré par la Direction de la Protection de la Nature. Dans ce cas, un permis d’exportation peut être accordé par le pays d’origine.

* L'annexe II concerne les espèces qui risquent d’être menacées d’extinction si leur commerce n’est pas réglementé. Leur commerce nécessite un permis d'importation délivré par la Direction de la Protection de la Nature. Dans ce cas, un permis d’exportation peut être accordé par le pays d’origine.

* L'annexe III définit les espèces qui suivent les mêmes règles que celles de l'annexe II sur demande expresse d’un pays (le Ghana en ce qui concerne les tortues).

Pour la Communauté Économique Européenne s'ajoutent 2 annexes.

* L'annexe C 1 détermine les espèces qui appartiennent à l’annexe II, mais qui sont traitées comme si elles appartenaient à l’annexe I. Leur commerce est interdit dans la C.E.E. à moins que l’on ne prouve que l’animal a été importé avant l’entrée en vigueur de la Convention ou qu’il est né en captivité ou s’il a un permis d’importation.

* L'annexe C 2 définit les espèces de l’annexe II dont l'importation dans la C.E.E. est soumise à des conditions plus strictes. Elles ne peuvent être commercialisées que si elles sont accompagnées de documents prouvant que leur origine est légale.

Les permis d’exportation et d’importation peuvent être délivrés sous la condition d’avoir un but scientifique, c’est-à-dire aux parcs zoologiques (communication personnelle de Mme le docteur Vitaud).

Pour les tortues, les espèces visées par la Convention de Washington sont dans

1 Les Emyidae correspondent aux Emydidae

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l’annexe “Classification et législation”. Ce sont les tortues de mer Cheloniidae et Dermochelydae, les tortues de terre Testudinidae, quelques Emydidae dont la tortue boîte aquatique Terrapene coahuila, des Pleurodires2 (les Pelomedusidae et la tortue ombrine Pseudemydura umbrina), des tortues à carapace molle (le trionyx noir Trionyx ater et le trionyx sombre T. nigricans, le trionyx du Gange T. gangeticus et celui du Nil T. triunguis, le trionyx paon T. hurum et la tortue molle indienne à clapets Lissemys punctata punctata) et la tortue de Tabasco Dermatemys mawi.

2. Conséquences de la législation sur l’origine des tortues

Les tortues “domestiques” françaises ont principalement comme origine l'importation, directe ou suivie de vente, le ramassage et l'élevage.

a. Ramassage

En France métropolitaine le ramassage concerne la tortue d'Hermann dans le Massif des Maures et la Corse, et parfois la cistude d’Europe dans le centre et le sud de la France (voir la figure 1 et la figure 2). Ce sont des espèces menacées de disparition et intégralement protégées par la loi. Leur ramassage est donc illicite. Mais il reste malheureusement fréquent surtout pour la tortue d'Hermann, lente et pacifique. La cistude d'Europe, aquatique et craintive, est plus difficile à capturer.

b. Importation des tortues

Elle est soumise aux lois étudiées dans le 1. On distingue 2 types d’importation pour lesquelles ces lois ne sont pas appliquées de la même façon.

1°- Importation commerciale de tortues

Elle est devenue massive à la suite de la protection des espèces françaises et des tortues grecques. Elle est strictement soumise à la législation et les contrôles sont fréquents. Elle ne concerne donc a priori que des espèces non protégées. Les tortues importées sont revendues (voir le c.).

* Elle concerne essentiellement les "tortues de Floride" (Pseudemys scripta elegans) en provenance des États-Unis. Ce sont des tortues généralement très jeunes (quelques jours à un mois environ) ramassées ou issues d'oeufs récoltés dans les marais du bassin du Mississippi. Elles sont transportées dans des conditions très précaires. Elles sont parfois réfrigérées. De nombreuses tortues tombent malades ou même meurent pendant ce transport. Arrivées en France, elles se retrouvent dans des conditions souvent inadéquates et en surpopulation sur les lieux de vente. 3 000 000 tortues de Floride par an sont ainsi "produites" aux États-Unis et 300 000 par an peuvent être vendues en France.

* Pour répondre à la demande de "tortues de jardin", les importateurs se procurent également de nombreuses tortues terrestres exotiques, généralement ramassées

2 Tortues dont le cou se replie en S dans un plan horizontal

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Figure 1 : Répartition géographique naturelle de la tortue d’Hermann Testudo hermanni en France

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Figure 2 : Répartition géographique naturelle de la cistude d’Europe Emys orbicularis en France

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adultes. Par exemple on peut trouver des tortues boîtes américaines (Terrapene sp.) ou des tortues à dos articulé des savanes africaines (Kinixys belliana).

* De nombreuses autres espèces de tortues sont également importées en plus petit nombre.

2°- Importation de tortues par des particuliers

Elle concerne des tortues achetées ou ramassées à l'étranger. Elle se fait en général de façon frauduleuse car ces animaux sont souvent dissimulés aux douaniers. Il peut donc s'agir d'espèces protégées. Les importations par des particuliers sont cependant moins nombreuses que les importations commerciales.

Conclusion du b. Les tortues pouvant être importées en France ne doivent pas être visées par la Convention de Washington. De plus, elles ne doivent pas être protégées par l’arrêté ministériel du 15/05/86. Pour importer les autres espèces en France métropolitaine, il faut une autorisation par le Ministère de l’Agriculture ou une dérogation générale.

c. Vente

Les tortues importées commercialement sont vendues dans les magasins d'animaux, les foires ou les marchés. Les espèces protégées par les lois ne doivent pas être commercialisées. Mais cela arrive quelquefois.

d. Élevage de tortues

Il peut être fait par des particuliers ou par des professionnels.

Les particuliers obtiennent parfois une ponte, mais peu arrivent à faire éclore les oeufs. Le ramassage d’oeufs de tortues d’Hermann ou de cistude d’Europe est interdit.

Quant aux marchands de tortues, aucun n'a recours, à notre connaissance, à un élevage pratiqué en France pour s'approvisionner.

En revanche l’élevage de la tortue d’Hermann se fait au Village des Tortues à Gonfaron (Var) par la S.O.P.T.O.M. en vue du repeuplement du massif des Maures. Les tortues qui s’y reproduisent ne sont pas des tortues sauvages mais elles proviennent de dons de tortues “domestiques” par des particuliers.

L’élevage est donc une origine très rare en ce qui concerne les tortues “domestiques” françaises.

Conclusion du A. Provenant essentiellement de l’importation commerciale et du ramassage, les tortues "domestiques" peuvent être détenues de façon illégale si elles sont d’espèces menacées d’extinction. En France métropolitaine, les tortues d’Hermann, les tortues grecques et les cistudes d’Europe doivent avoir été acquises

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avant le 10/07/76 pour être détenues en toute légalité. C’est pourquoi de nombreuses tortues sont importées. Certaines espèces ont maintenant un commerce international très limité par la Convention de Washington. D’autres peuvent être importées en masse, comme les tortues de Floride. La législation a donc des conséquences sur l’importance affective, quantitative et qualitative des tortues en captivité.

B. IMPORTANCE DES TORTUES “DOMESTIQUES” FRANÇAISES

Nous étudirons l’attrait, le nombre et la nature des tortues détenues par des particuliers en France.

1. Importance affective des tortues “domestiques”

La tortue provoque souvent un intérêt qui tient sans doute à certaines particularités :

* C'est un animal "bizarre", à la démarche préhistorique, à la tête de serpent, aux couleurs souvent vives et à la carapace généralement décorative.

* C'est un animal souvent pacifique, calme, peu bruyant, nécessitant a priori moins d'attention qu'un chien ou un chat.

* Il a une connotation souvent exotique.

* Il peut être rare quand il s’agit d’espèces en voie de disparition.

* Il fait encore partie d'une certaine tradition selon laquelle de nombreuses personnes aiment avoir une tortue dans leur jardin.

* Les tortues peuvent vivre très longtemps et leurs propriétaires s’y attachent alors beaucoup.

Toutes ces raisons font que de nombreuses personnes cherchent à se procurer des tortues par différents moyens, pas toujours légaux.

2. Importance numérique des tortues “domestiques” françaises

Elle varie en fonction du lieu et en fonction du temps. Peut-on cependant l’évaluer à un moment donné ?

a. Répartition géographique des tortues “domestiques” françaises

Le nombre de tortues “domestiques” est différent selon les régions.

En effet elles ne sont pas rares dans la moitié nord de la France, où pourtant il n'y a pas d'espèces indigènes. Cependant, même si le ramassage est interdit, elles sont

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beaucoup plus nombreuses dans le Sud de la France où il y a des espèces autochtones (Testudo hermanni, Emys orbicularis).

b. Évolution de la population des tortues “domestiques” françaises

La longévité de la plupart des espèces de tortues est grande. Mais il y a un renouvellement de cette population, compte tenu des origines diverses (voir le A.) et des devenirs variés :

* la mort de nombreuses tortues "domestiques"

* la remise en liberté de tortues devenues trop grandes

* l’exportation, très limitée par la législation

Donc, si les tortues vivent longtemps à l’état sauvage, la population de tortues captives évolue beaucoup (voir la figure 3). Nous avons cependant essayé de la chiffrer.

c. Importance numérique globale des tortues “domestiques” françaises

Il est difficile de connaître exactement le nombre de tortues détenues par des particuliers en France. Il est estimé en 1990 à 1 500 000, ce qui représenterait presque 4 % des animaux domestiques français (24).

Or en clientèle vétérinaire les tortues ne correspondent pas à 4 % des animaux soignés. En effet les tortues ne sont pas souvent présentées aux vétérinaires praticiens. Mais on constate vite qu'une consultation spécialisée dans ce groupe d’animaux fait venir un nombre relativement important de patients. On peut donc dire que les tortues “domestiques” représentent un potentiel de patients pour les vétérinaires.

3. Variété des tortues “domestiques”

Avec la législation, les espèces de tortues détenues ont varié.

Auparavant, les tortues terrestres “domestiques” étaient essentiellement des tortues d’Hermann et des tortues grecques. Actuellement protégées, ces espèces laissent un peu la place à d’autres espèces d’origine étrangère (tortues boîtes, tortues à dos articulé des savanes...). De même, les cistudes d’Europe étant maintenant protégées, la majorité des tortues d’eau “domestiques” sont des tortues de Floride et quelques autres tortues peintes.

Conclusion du B. Les tortues “domestiques” peuvent avoir une grande valeur affective, surtout s’il s’agit de tortues détenues depuis de nombreuses années ou d’espèces en voie de disparition. Mais elles ont aussi une importance numérique. Qui n’a pas eu une tortue dans sa vie ? La législation protège maintenant les espèces autochtones et

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ramassageremise en liberté

tortues sauvages françaises

ponte

tortues “domestiques”

étrangères

oeufs

tortues sauvages étrangères

“élevage”

ramassage

importation commerciale

exportation importation par des particuliers

mortélevage

tortues “domestiques”

françaises

vente

Figure 3 : Origine et devenir des tortues “domestiques” françaises

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on a une importation de tortues de climat souvent bien différent du climat français. Nous étudirons ci-dessous les éventuelles difficultés que ce type d’animal implique.

C. PROBLÈMES POSÉS PAR LES TORTUES “DOMESTIQUES” EN FRANCE

Ces problèmes sont rencontrés par leurs propriétaires mais aussi par la plupart des vétérinaires qu’ils consultent.

1. Problèmes posés aux propriétaires de tortues

a. Particularités de l'entretien des tortues

Les tortues ont un métabolisme poïkilotherme, qui leur donne des besoins différents de ceux des mammifères. Elles ont des exigences très particulières pour leurs conditions d'entretien, surtout pour la température, nous y reviendrons ultérieurement. Il semblerait que les tortues soient incapables de s'acclimater. Il faut donc reproduire leurs conditions naturelles au mieux pour pouvoir les garder longtemps. Si elles sont dans de mauvaises conditions, elles peuvent tomber malades.

b. Manque d'information des propriétaires de tortues

Quelques propriétaires de tortues sont bien renseignés et expérimentés. Ils sont souvent membres d'une association telle que la Société Herpétologique de France et, pour eux, les tortues sont une véritable passion. Mais la plupart ne connaissent pas les principes de l'entretien des tortues. Les marchands d'animaux sont souvent responsables de cette ignorance non pas par malhonnêteté mais parce qu’eux-mêmes ne connaissent pas bien les tortues. Or les ouvrages concernant l’entretien des tortues sont rares et ils ne sont pas toujours vendus dans les grandes surfaces ou chez les marchands d'animaux. Les propriétaires de tortues sont souvent avides de renseignements.

Ce manque d'information aboutit inévitablement à des problèmes pathologiques, voire à la mort des animaux (90 % des tortues de Floride meurent la première année de captivité (13)). Les propriétaires de tortues s'adressent parfois aux parcs zoologiques qui n'ont pas toujours la possibilité de les accueillir en consultation, ou aux vétérinaires praticiens. Mais ces derniers peuvent aussi rencontrer des difficultés face aux tortues.

2. Problèmes posés aux vétérinaires par les tortues

a. Particularités de la consultation d'une tortue

Les consultations de tortues sont généralement rares dans l’exercice courant, ce qui conduit à un manque d'expérience pratique. De plus, l'approche clinique est bien différente de celle des mammifères (métabolisme poïkilotherme, carapace, petite taille...). Il est donc utile d'avoir une méthode, surtout dans les premiers temps.

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b. Manque d'information des vétérinaires sur les tortues

La pathologie des tortues est encore mal connue. De plus, jusqu’à récemment, les publications à son sujet étaient peu nombreuses et parfois théoriques. Par ailleurs l'enseignement dans les écoles vétérinaires ne laisse pas beaucoup de place à cette discipline.

Conclusion du C. Les tortues représentent un animal “domestique” très particulier posant de nombreux problèmes à leurs propriétaires et aux vétérinaires praticiens.

CONCLUSION DU I. Les tortues “domestiques” sont relativement nombreuses en France et leurs propriétaires y sont parfois très attachés. Elles proviennent essentiellement du ramassage et de l’importation. Mais certaines espèces sont protégées par la loi (tortue d’Hermann, tortue grecque, cistude d’Europe, etc.). C’est pourquoi des espèces exotiques deviennent de plus en plus fréquentes. Les tortues sont parfois difficiles à entretenir et à soigner. Il nous semble donc opportun de présenter dans la deuxième partie les principales connaissances bibliographiques utiles à la consultation des tortues “domestiques”.

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II. ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE DE LA CONSULTATION DES TORTUES EN CAPTIVITÉ

Il est important de reconnaître la tortue que l'on examine car on peut ainsi se renseigner sur ses besoins. Il est également nécessaire de connaître les principaux problèmes pathologiques des tortues.

A. IDENTIFICATION DES TORTUES

Nous étudirons les moyens de distinguer les différentes caractéristiques d’une tortue : son espèce, son pays d’origine, son sexe et son âge.

1. Diagnose

La législation est souvent enfreinte et toutes les espèces peuvent être rencontrées en captivité. Nous étudirons d’abord la classification des tortues, puis les critères utilisés et les différentes méthodes de diagnose. Puis nous nous appuierons sur une méthode basée sur les clés dichotomiques des familles et des genres et sur la description des principales espèces et sous-espèces.

a. Systématique des tortues (3)(14)(28)(36)

Elle est très complexe (voir l’annexe “Classification et législation”). C’est pourquoi nous présenterons ici une classification simplifiée afin de voir les différents groupes. Nous y citerons les espèces et les sous-espèces qui nous paraissent les plus communes.

1°- Emydidae : 31 genres, 147 espèces ou sous-espèces

C’est la plus importante famille. On les appelle parfois les émydes.

* Tortues peintes : Ce sont des tortues à couleurs vives et à dessins à contours nets. Elles correspondent aux genres Chrysemys, Pseudemys et Graptemys. On y trouve par exemple la tortue à oreilles rouges ou “tortue de Floride” Pseudemys scripta elegans, la vraie tortue de Floride P. floridana, la tortue peinte Chrysemys picta, la tortue géographique Graptemys geographica, la tortue géographique du Mississippi ou tortue à crête dorsale G. kohni et la fausse tortue géographique G. pseudogeographica.

* Tortue à dos diamanté Malaclemys terrapin

* Tortue des bois Clemmys insculpta

* Tortues boîtes américaines du genre Terrapene, dont la tortue boîte orientale T. carolina et la tortue boîte occidentale T. ornata.

* Cistude d'Europe Emys orbicularis

* Tortues boîtes d'Asie Cuora sp. dont la tortue boîte de Malaisie C. amboinensis

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* Cyclemys dentata

2°- Testudinidae : 10 genres, 60 espèces ou sous-espèces

C’est ce que l’on appelle communément les “tortues de terre”.

* Testudo sp. : Ce genre regroupe les “tortues de jardin”, avec la tortue grecque T. graeca, la tortue d'Hermann T. hermanni, la tortue d'Horsfield T. horsfieldi et la tortue liserée T. marginata.

* Geochelone sp. : Ce genre est très vaste. Il est parfois divisé en sous-genres : Geochelone, Chelonoidis, Indotestudo, Asterochelys, Manouria et Aldabrachelys. On y trouve la tortue étoilée G. elegans, la tortue léopard G. pardalis, la tortue striée G. sulcata (sous-genre Geochelone) ; la tortue charbonnière ou tortue à pattes rouges G. carbonaria (sous-genre Chelonoidis) ; la tortue à tête jaune ou tortue allongée G. elongata (sous-genre Indotestudo) ; la tortue radiée de Madagascar ou tortue rayonnée G. radiata (sous-genre Asterochelys).

* Tortue du désert Gopherus polyphemus

* Acinixys planicauda

* Tortue à soc Chersine angulata

* Tortue à dos articulé des savanes Kinixys belliana

* Tortue plate d’Afrique orientale Malacochersus tornieri

3°- Chelydridae : 2 genres, 5 espèces ou sous-espèces

Ce sont des tortues très agressives.

* Tortue hargneuse Chelydra serpentina

* Tortue alligator Macroclemys temmincki

4°- Platysternidae : 3 sous-espèces

* Tortue à grosse tête Platysternon megacephalum

5°- Dermatemyidae : 1 espèce

6°- Kinosternidae : 3 genres, 32 espèces ou sous-espèces

On y trouve les tortues bourbeuses et les tortues musquées.

* Kinosternon sp. (tortues bourbeuses) dont la tortue des marais ou tortue de vase

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orientale K. subrubrum

7°- Chelidae : 10 genres, 36 espèces ou sous-espèces

Leur cou se replie dans un plan horizontal (Pleurodires).

* Matamata Chelus fimbriatus

8°- Pelomedusidae : 5 genres, 23 espèces ou sous-esp.

Ce sont aussi des Pleurodires.

* Pelusios castaneus

* Tortue à cou caché d’Afrique ou tortue casquée Pelomedusa subrufa

9°- Cheloniidae : 4 genres, 6 espèces

Ce sont des tortues de mer.

10°- Dermochelydae : 1 espèce

C’est aussi une tortue de mer.

11°- Trionychidae : 6 genres, 32 espèces ou sous-esp.

Ce sont des tortues à carapace molle.

On y trouve la tortue molle de Floride Trionyx ferox et la tortue molle à épines T. spinifer.

12°- Carettochelyidae : 1 espèce

Remarques

* On peut rencontrer des classifications différentes, en particulier pour les genres Chrysemys et Pseudemys. C'est pourquoi la tortue de Floride est appelée tantôt “Chrysemys scripta elegans”, tantôt “Pseudemys scripta elegans”. Actuellement on tend à regrouper ces deux genres en un seul : Trachemys.

* De même les genres Testudo et Geochelone sont parfois fusionnés en un unique genre Testudo. C'est pourquoi on peut rencontrer “Geochelone carbonaria” et “Testudo carbonaria” selon les classifications.

* De plus, Batrachemys, Phrynops et Mesoclemmys sont parfois regroupées en un unique genre Phrynops.

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Les tortues sont généralement réparties en 12 familles et 75 genres. Il existe environ 347 espèces et sous-espèces de tortues. Pour chaque famille, leur nombre est mentionné dans le tableau I et illustré dans la figure 4.

b. Critères de diagnose (36)

Ils font référence à des caractères morphologiques et anatomiques.

* Le critère le plus important est la structure de la carapace qu'il faut donc connaître.

La carapace est composée de plaques osseuses adjacentes, entrecroisées à leur jonction et recouvertes d'écailles cornées. On distingue la dossière, qui est la partie dorsale de la carapace, et le plastron, qui est ventral. Ces deux parties sont reliées entre elles de chaque côté par un pont.

- À partir d'une structure de base des plaques osseuses et des écailles cornées (voir la figure 5), on rencontre des variations dans leur nombre et dans leurs proportions.

- Il peut y avoir des éléments supplémentaires.

° Des mésoplastrons : Ce sont des plaques osseuses paires intercalées entre les hyoplastrons et les hypoplastrons (Pelomedusidae).

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Emydidae 147

Testudinidae 60

Chelidae 36

Trionychidae 32

Kinosternidae 32

Pelomedusidae 23

Cheloniidae 6

Chelydridae 5

Platysternidae 3

Dermochelydae 1

Dermatemyidae 1

Carettochelyidae 1

total 347

Tableau I : Nombre d’espèces et de sous-espèces de tortues selon les familles (36)

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nucale

vertébraleou centrale

costale oulatérale

marginale

supracaudale

nucale ouproneurale

vertébraleou neurale

pleurale

marginale

suprapygaleou postneurale

pygale

gulaire

humérale

axillaire

pectorale

abdominale

inguinale

fémorale

analexiphiplastron

hypoplastron

hyoplastron

entoplastron

épiplastron

Figure 5 : Structure de base des écailles cornées (à gauche) et des plaques osseuses (à droite) de la carapace des tortues (36)

dossière

plastron

plaques osseusesécailles

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° Une écaille intergulaire : C’est une écaille ventrale antérieure médiane située entre les gulaires (Chelidae, Pelomedusidae et Cheloniidae).

° Des écailles inframarginales : C’est une rangée d'écailles de chaque côté entre l'axillaire et l'inguinale, séparant les écailles marginales des écailles pectorales et abdominales (Cheloniidae, Platysternidae, Dermatemyidae, Chelydridae).

° Des écailles supramarginales : C’est une rangée de 3 ou 4 écailles intercalées de chaque côté entre les marginales et les costales du milieu (Macroclemys temmincki).

- Il peut y avoir des charnières. Elles se situent généralement au niveau du plastron. On peut avoir une seule charnière ventrale (Terrapene sp., Cuora sp....) ou deux (Kinosternon sp.). On trouve parfois une charnière au niveau de la dossière (Kinixys sp.).

- Les ponts peuvent être flexibles ou rigides.

- La carapace osseuse peut être recouverte d’écailles bien délimitées ou d’une peau non divisée.

- Sur la dossière il peut y avoir des carènes, c'est-à-dire des proéminences longitudinales arrondies, ou des crêtes, proéminences pointues.

- Le bord de la dossière peut être plus ou moins découpé.

- La forme de la dossière peut être plus ou moins bombée.

* La tête est également un critère de diagnose, par sa taille, par la structure du crâne ou par la forme des mâchoires.

* Le cou aussi, par sa longueur ou son plan de rétraction en S (plan vertical chez les Cryptodires ou plan horizontal chez les Pleurodires).

* Les membres aussi, par leur forme, par le nombre de phalanges, par le nombre de griffes ou par la présence d'écailles ou de tubercules.

* La queue aussi, par sa longueur ou par la présence d'épines.

* Le bassin peut être soudé à la carapace (Chelidae, Pelomedusidae).

* La couleur de la carapace ou de la peau.

La diagnose d'une tortue fait appel à des caractères externes (essentiellement la structure de la carapace), plus ou moins évidents, mais aussi parfois à des critères internes, que l’on ne peut observer que par dissection. C’est pourquoi la diagnose est plus ou moins difficile. Il est donc préférable d’avoir une méthode.

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c. Méthodes de diagnose des tortues

On peut suivre plusieurs démarches.

* On peut passer en revue les photographies d'une encyclopédie sur les tortues pour trouver l'image la plus proche. Puis on se reporte au texte afin de vérifier si la description correspond au spécimen.

Cette méthode paraît simple mais elle est imparfaite :

- Des tortues sans rapport systématique peuvent avoir une apparence similaire.

- Des spécimens atypiques d'une espèce peuvent parfois sembler bien différents de la norme.

De plus, elle peut être fastidieuse étant donné le nombre d’espèces et de sous-espèces.

* Par souci de rigueur, les taxinomistes ont établi des clés, dont les plus courantes sont les clés dichotomiques.

Ces clés permettent, en choisissant chaque fois entre deux alternatives, A ou B, d'identifier progressivement une tortue. Étant donné le nombre d'espèces de tortues, ces clés dichotomiques, qui se veulent complètes et toujours exactes, sont complexes.

* Dans notre étude, c’est une méthode mixte qui sera proposée.

La clé des familles sera exposée intégralement. Puis nous présenterons une clé simplifiée afin d'aboutir aux principaux genres. Enfin, on pourra chercher dans la description des principales espèces et sous-espèces, celle qui semble correspondre à la tortue à identifier. Cette méthode progressive de diagnose (famille, genre, puis espèce et parfois sous-espèce) peut être plus longue mais elle est moins hasardeuse que d’essayer de déterminer directement l’espèce d’une tortue.

d. Clés dichotomiques (28) (36)

1°- Clé des familles

Cette clé est relativement simple et fait appel à des critères généralement externes. Elle nous paraît très utile car la détermination de la famille limite ensuite les recherches concernant l'espèce. Elle sera proposée de façon complète (voir l’annexe “Clé des familles”).

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ANNEXE “CLÉ DES FAMILLES”

1 A...........................................................................................................................................................................2- dossière et plastron avec des écailles cornées nettement délimitées

1 B.........................................................................................................................................................................10- dossière et plastron couverts d'une couche de peau non divisée

2 A...........................................................................................................................................................................3- membre antérieur en forme de massue et avec doigts séparés - chaque antérieur porte 5 ou 6 griffes- dossière osseuse généralement incomplète- écaille intergulaire présente ou absente

2 B....................................................................................................................................................CHELONIIDAE

- membres antérieurs en forme de nageoires allongées et sans doigts séparés- 1 ou 2 griffes à chaque antérieur- dossière osseuse complète- écaille intergulaire présente

3 A...........................................................................................................................................................................4- cou rétractable dans un plan vertical- bassin non soudé à la carapace- écaille intergulaire absente

3 B...........................................................................................................................................................................9- cou rétractable dans un plan horizontal- bassin soudé à la carapace- écaille intergulaire présente

4 A...........................................................................................................................................................................5- entoplastron présent- plastron, si articulé, avec une charnière située entre hyoplastrons et hypoplastron- plus de 8 écailles ventrales présentes- ponts non flexibles et très étroits, ou ponts flexibles et assez larges

4 B...............................................................................................................................................KINOSTERNIDAE

- entoplastron présent ou absent - partie antérieure du plastron mobile selon une charnière entre les écailles pectorales et abdominales

ou- entoplastron présent

- plastron rigide mais composé seulement de 8 écailles et attaché à la dossière par un pont flexible et très étroit

5 A...........................................................................................................................................................................6- pas d'écailles inframarginales présentes (écailles pectorales et/ou abdominales en contact avec les

écailles marginales)5 B...........................................................................................................................................................................7

- une ou plusieurs écailles inframarginales présentes entre les écailles axillaires et inguinales sur chaque côté du plastron séparant les écailles pectorales et abdominales des écailles marginales

6 A..........................................................................................................................................................EMYDIDAE

- forme des postérieurs différente des pattes d'éléphant- pas d'écailles sur les antérieurs- toujours plus de 2 phalanges à chaque doigt des postérieurs

6 B..................................................................................................................................................TESTUDINIDAE

- postérieurs en forme de pattes d'éléphant (membres plus ou moins cylindriques et griffes courtes)- écailles généralement présentes sur les antérieurs

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2°- Clé des genres

La clé proposée ici n'est pas complète mais elle est limitée aux genres qui nous paraissent les plus fréquents (voir l’annexe “Clé des genres”). C'est pourquoi il n'y a parfois qu'une seule alternative. Pour les genres non décrits ici, on peut se référer à l'Encyclopédie des Tortues de Pritchard (36) qui présente la clé complète des genres.

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- au maximum 2 phalanges à chaque doigt des postérieurs

7 A...........................................................................................................................................................................8- queue longue et cuirassée- tête très large- mâchoires crochues et non denticulées

7 B.............................................................................................................................................DERMATEMYIDAE

- queue courte- petite tête- mâchoires denticulées et non crochues- plastron large- dossière osseuse incomplète à l'arrière

8 A...................................................................................................................................................CHELYDRIDAE

- plastron réduit et cruciforme, arrondi antérieurement- ponts rigides- écailles abdominales largement séparées sur la ligne du milieu- dossière osseuse incomplète

8 B............................................................................................................................................PLATYSTERNIDAE

- plastron modérément large, tronqué antérieurement- ponts flexibles- écailles abdominales avec ligne médiane de contact- dossière osseuse complète

9 A.......................................................................................................................................................... CHELIDAE

- fossettes caractéristiques au niveau des tempes et qui partent du rebord inférieur du crâne- mésoplastrons absents

9 B............................................................................................................................................. PELOMEDUSIDAE

- fossettes caractéristiques au niveau des tempes et qui partent du rebord postérieur du crâne- mésoplastrons présents

10 A..........................................................................................................................................DERMOCHELYDAE

- carapace surmontée de 7 crêtes longitudinales proéminentes- mâchoire supérieure fortement pointue- membres sans griffes

10 B.......................................................................................................................................................................11- carapace non couverte de crêtes- mâchoire supérieure non fortement pointue- griffes présentes

11 A............................................................................................................................................... TRIONYCHIDAE

- partie postérieure de la carapace flexible- plaques osseuses du plastron réduites

11 B.....................................................................................................................................CARETTOCHELYIDAE

- carapace entièrement rigide- plastron complètement ossifié

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ANNEXE “CLÉ DES GENRES”

(a) Emydidae

1 A.......................................................................................................................................................................2- écailles supracaudales n'atteignant pas la suture entre les plaques pygale et suprapygale

1 B.....................................................................................................................................................................10- écailles supracaudales s'étendant de l'avant jusqu'à la plaque suprapygale

2 A.......................................................................................................................................................................3- plastron articulé entre l'écaille pectorale et l'écaille abdominale (au moins à mi-croissance des

adultes)2 B.......................................................................................................................................................................5

- plastron rigide tout au long de la vie

3 A...................................................................................................................................................TERRAPENE

- ouvertures de la carapace complètement fermées quand les lobes ventraux sont levés, sauf chez les très jeunes spécimens

3 B.......................................................................................................................................................................4- ouvertures de la carapace ne pouvant pas se refermer complètement quel que soit l'âge

4 A...............................................................................................................................................................EMYS

- tête et cou pas très allongés4 B ...

5 A.......................................................................................................................................................................6- surface alvéolaire de la mâchoire supérieure avec une crête ou une rangée de tubercules s'étendant

parallèlement à son bord5 B.......................................................................................................................................................................7

- surface alvéolaire de la mâchoire supérieure lisse ou ondulée, non striée

6 A.................................................................................................................................................. CHRYSEMYS

- carapace lisse, sans carène- bord postérieur de la carapace non dentelé

6 B...................................................................................................................................................PSEUDEMYS

- carapace à plis longitudinaux ou avec une carène plus ou moins complète ou les deux- bord postérieur de la carapace un peu dentelé

7 A.......................................................................................................................................................................8- surface alvéolaire de la mâchoire supérieure étroite, son bord intérieur étant parallèle au bord

tranchant- carapace non tuberculeuse

7 B.......................................................................................................................................................................9- surface alvéolaire de la mâchoire supérieure soit très large, formant la plus grande partie du toit de la

partie antérieure de la bouche (faux palais), soit élargie postérieurement et beaucoup plus près de la symphyse

- plaques vertébrales tuberculeuses sauf chez certains vieux adultes

8 A....................................................................................................................................................... CLEMMYS

- cou pas très long8 B ...

9 A................................................................................................................................................MALACLEMYS

- écailles de la carapace généralement avec des crêtes ou des stries concentriques- tête et cou clairs, tachetés ou marbrés sans bandes claires longitudinales

9 B.................................................................................................................................................. GRAPTEMYS

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- écailles de la carapace lisses ; ni stries, ni crêtes concentriques- tête et cou avec des bandes claires longitudinales

10 A.................................................................................................................................................................11- charnière présente dans le plastron entre les écailles humérales et pectorales (au moins chez les

adultes)10 B ...

11 A........................................................................................................................................................CUORA

- charnière bien développée- lobe ventral assez large pour fermer complètement les ouvertures de la carapace- bord postérieur de la carapace lisse

11 B.................................................................................................................................................................12- charnière ventrale seulement correctement développée chez les spécimens adultes- lobe ventral trop petit pour permettre de fermer complètement les ouvertures de la carapace- bord postérieur de la carapace dentelé

12 A.................................................................................................................................................CYCLEMYS

- 5 écailles vertébrales12 B ...

(b) Testudinidae

1 A ...1 B.....................................................................................................................................................................2

- lobe antérieur du plastron non mobile

2 A......................................................................................................................................MALACOCHERSUS

- carapace extrêmement plate, fenestrée et flexible pendant toute la vie2 B.....................................................................................................................................................................3

- carapace plus ou moins bombée, ni fenestrée ni flexible chez les adultes

3 A........................................................................................................................................................ KINIXYS

- partie postérieure de la carapace mobile par une charnière entre les deuxième et troisième écailles costales et les septième et huitième écailles marginales

- bord externe de la quatrième écaille costale nettement plus large que le bord externe de la troisième écaille costale

- bord arrière du plastron tronqué3 B.....................................................................................................................................................................4

- carapace entièrement rigide, sans charnière- bord externe de la troisième écaille costale plus large que le bord externe de la quatrième- plastron non tronqué, fréquemment denté

4 A..................................................................................................................................................GOPHERUS

- crête médiane sur le prémaxillaire- antérieurs aplatis, adaptés au fouissage

4 B.....................................................................................................................................................................5- pas de crête médiane sur le prémaxillaire- antérieurs non adaptés au fouissage

5 A....................................................................................................................................................CHERSINE

- écaille gulaire impaire, saillante, tronquée antérieurement5 B.....................................................................................................................................................................6

- gulaires normalement paires, ou si impaires, non tronquées antérieurement

6 A.....................................................................................................................................................................7- au moins quelques unes des plaques neurales alternativement quadrilatéraux et octogonaux

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- extrémités supérieures des plaques pleurales alternativement larges et étroites6 B.....................................................................................................................................................................8

- plaques neurales hexagonales- extrémités supérieures des plaques pleurales non tour à tour larges et étroites

7 A...................................................................................................................................................... TESTUDO

- écailles supranasales présentes- écaille nucale présente- pas plus d'un tubercule sur chaque cuisse- écaille supracaudale simple ou divisée transversalement- lobe postérieur du plastron des adultes au moins quelque peu mobile dans un ou deux sexes- prootic généralement dissimulé en partie dorsale par les pariétales

7 B..............................................................................................................................................GEOCHELONE

- écailles supranasales absentes- écaille nucale présente ou absente- plus de 3 tubercules sur chaque cuisse- 2 écailles supracaudales : une antérieure embrassant une postérieure, plus petite- lobe postérieur du plastron toujours rigide- prootic généralement bien visible en partie dorsale

8 A.......................................................................................................................................................ACINIXYS

- maxillaire avec une crête broyeuse- surface dorsale de la queue recouverte d'une écaille aplatie

8 B ...

(c) Chelydridae

1 A...........................................................................................................................................MACROCLEMYS

- écailles supramarginales présentes- yeux sur le côté de la tête- leurre en forme de ver de terre sur le plancher de la bouche

1 B....................................................................................................................................................CHELYDRA

- écailles supramarginales absentes- yeux inclinés vers le sommet de la tête- pas de leurre sur le plancher de la bouche

(d) Platysternidae

Un seul genre......................................................................................................................... PLATYSTERNON

(e) Kinosternidae

1 A.....................................................................................................................................................................2- entoplastron absent- généralement 11 (parfois 10) écailles ventrales présentes

1 B ...

2 A.............................................................................................................................................KINOSTERNON

- plastron large ou légèrement réduit- suture entre les écailles pectorales généralement très courte- plastron arrondi antérieurement- 2 charnières ventrales entièrement fonctionnelles chez les adultes

2 B ...

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3°- Clé des espèces

Elle n’est pas proposée ici mais on peut se référer à l'Encyclopédie des Tortues de Pritchard (36).

Conclusion du d. Les clés dichotomiques sont complexes mais ce sont parfois les seuls moyens de faire la diagnose d’une espèce rare.

e. Description des principales espèces et sous-espèces de tortues rencontrées en captivité (1) (14) (27) (31)

Connaissant la famille et le genre, on peut essayer de déterminer l’espèce et éventuellement la sous-espèce grâce à son signalement. Nous décrirons ici la taille, la forme puis la couleur des espèces et sous-espèces qui nous paraissent les plus fréquentes en captivité (voir l’annexe “Description de quelques tortues”).

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(f) Chelidae

1 A........................................................................................................................................................CHELUS

- tête très plate, décorée par de nombreuses houppes et excroissances charnues- nez se terminant par un tube respiratoire utilisé comme un tuba

1 B ...

(g) Pelomedusidae

1 A.....................................................................................................................................................PELUSIOS

- lobe frontal du plastron attaché par une charnière- mésoplastrons avec une ligne de contact médiale

1 B.....................................................................................................................................................................2- plastron rigide- mésoplastrons bien séparés

2 A..............................................................................................................................................PELOMEDUSA

- antérieurs avec 5 griffes- plaques osseuses de la carapace minces, avec une large fontanelle au milieu du plastron

2 B ...

(h) Trionychidae

1 A ...1 B.....................................................................................................................................................................4

- plastron sans volets flexibles protégeant les membres antérieurs- seulement 4 callosités ventrales

4 A ...4 B.......................................................................................................................................................TRIONYX

- arcade osseuse devant l'oeil plus étroite que le diamètre de l'orbite

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ANNEXE “DESCRIPTION DE QUELQUES TORTUES”

1°- Emydidae

(a) Pseudemys scripta elegans : "Tortue (dite) de Floride", tortue à tempes rouges

* À l'âge adulte, elle mesure en général entre 12,5 et 20 cm, parfois jusqu'à 30 cm.

* La dossière est ovale et aplatie, avec une légère carène vertébrale dentelée vers l'arrière.

Les mâles possèdent de très longues griffes sur les antérieurs.

* Il existe pratiquement toujours une bande rougeâtre de chaque côté de la tête, caractéristique propre de cette sous-espèce.

La dossière varie du vert olive au brun, avec des motifs formés de lignes, de barres jaunes, de réticulations et de taches ovales.

Le plastron peut être jaune. Il peut présenter des motifs (taches rondes ou dessins réticulés). Les marques sombres du plastron sont toujours délimitées par plusieurs lignes caractéristiques.

Avec l'âge, la carapace peut foncer, ainsi que la tête, les membres et la queue. Dans les cas extrêmes, les tortues peuvent devenir complètement noires (mélanisme).

(b) Pseudemys floridana : (Vraie) Tortue de Floride

* Elle mesure de 30 à 40 cm.

* La dossière est ornée de figures souvent très complexes, composées de lignes noires, vertes et jaunes, parfois rouges, sinueuses ou brisées. Le plastron est blanchâtre, jaune, rouge ou orangé. Il peut y avoir des taches noires.

(c) Chrysemys picta : Tortue peinte

* Elle peut atteindre 20 cm. La femelle est plus grosse que le mâle généralement.

* La dossière est de forme ovale, lisse, aplatie, dépourvue de carène.

Les mâles possèdent de très longues griffes aux pattes antérieures.

* La dossière est vert olive et noire, ornée de figures ravissantes, rouges, jaunes, noires ou vert olive. Les sutures des écailles dorsales sont bordées de jaune, de vert olive ou de rouge. Des croissants et des barres rouges apparaissent sur les écailles marginales.

Le plastron est jaune ou rouge. Il est uni ou avec une figure médiane plus ou moins étendue.

Le cou, les pattes et la queue sont striés de lignes rouges et jaunes.

Remarque : On distingue 4 sous-espèces :

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Chrysemys picta dorsalis : Elle possède une large ligne longitudinale rouge sur la dossière.

Chrysemys picta belli : Sur le plastron se trouve un dessin foncé qui projette des ramures le long des sutures des écailles.

Chrysemys picta picta : Les écailles dorsales sont alignées en trois rangées transversales relativement droites (chez les autres sous-espèces, les écailles sont disposées de façon alterne).

Chrysemys picta marginata : Elle ressemble beaucoup à la précédente mais les écailles dorsales ne sont pas alignées de façon transversale. Le plastron est orné d'une tache noire de taille, de forme et d'intensité variables. Habituellement cette marque ovale atteint toutes les écailles et elle est deux fois plus petite que le plastron lui-même.

(d) Graptemys geographica : Tortue géographique

* La femelle mesure de 18 à 27 cm, le mâle de 10 à 16 cm.

* La carapace est légèrement aplatie. Elle est dotée d'une carène vertébrale et dans certains cas, celle-ci présente des projections dirigées vers l'arrière, rappelant les dents d'une scie. Cette carène est plus marquée chez les jeunes. Elle s'estompe très nettement chez les femelles, alors qu'elle tend à persister chez le mâle.

* L'enchevêtrement de lignes jaunes sur la dossière ressemble à une carte de géographie. C'est chez les jeunes qu'on trouve les dossières aux plus beaux motifs. Les mâles ont tendance à garder ces motifs alors que les femelles les perdent graduellement et que leur carapace se macule de pigments noirs.

Les membres et la tête sont mis en valeur par des figures imitant un dédale de lignes pâles et foncées ainsi que des tourbillons.

(e) Graptemys kohni : Tortue à crête dorsale du Mississippi

* La femelle mesure 25 cm, la taille du mâle est de 15 cm.

* La dossière est tectiforme. Les deuxième et troisième écailles vertébrales sont légèrement carénées. Les marginales postérieures des jeunes sont fortement découpées en dents de scie.

* La dossière est brun grisâtre ou vert olive avec d'étroites lignes courbes jaune pâle ou verdâtres qui forment un dessin réticulé. Le plastron est jaune vert très pâle.

(f) Graptemys pseudogeographica : Fausse tortue géographique

Elle ressemble beaucoup à Graptemys kohni mais la marque derrière l’oeil est une barre plus courte et plus large. Cette marque peut même être en forme de tache.

(g) Malaclemys terrapin : Tortue à dos diamanté

* Elle mesure environ 20 cm et même parfois plus chez les femelles.

* La dossière est profondément sillonnée.

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* La dossière va du brun clair au brun foncé. On a généralement sur chaque écaille des anneaux irréguliers concentriques plus sombres. Le plastron est gris verdâtre, jaune ou orangé, parfois marqué de zones sombres.

(h) Clemmys insculpta : Tortue des bois

* Elle mesure de 14 à 19 cm, jusqu'à 25 cm.

* La dossière est très rugueuse. Chaque écaille prend la forme d'une pyramide soulevée en une série de sillons et de crêtes concentriques.

* La dossière est brune tandis que le plastron est jaune, décoré de taches noires habituellement présentes à l'extrémité des écailles.

Le cou et les antérieurs sont rouge orangé.

(i) Terrapene carolina : Tortue boîte orientale (2) (11)

* Elle mesure de 10 à 21,5 cm.

* La dossière est bombée et pourvue d'une carène. Le plastron possède une charnière qui permet la fermeture complète de la carapace. La dossière est généralement plus longue que le plastron.

* La dossière est de couleur très variable selon les sous-espèces : jaune, orange ou vert foncé sur fond noir ou brun avec prédominance de couleurs pâles ou au contraire foncées. Le plastron est de couleur chair à brun foncé, jaune, orange ou vert olive, avec ou sans figures.

La tête et le cou sont bruns, plus ou moins ornés de taches ou de barres jaunes ou oranges. L'iris des mâles est habituellement rouge tandis qu'il est brunâtre chez la femelle.

Remarque : 4 sous-espèces peuvent se distinguer par dichotomie :

1A...................................................................................................................................... Terrapene carolina bauri

- Le point culminant est généralement nettement en arrière du milieu de la dossière. - Souvent les motifs des écailles sont composés de longues lignes rayonnantes jaunes. - Il y a une bande incomplète jaune de chaque côté de la tête.

1B..............................................................................................................................................................................2- Le point culminant est situé au milieu de la dossière.

2A................................................................................................................................Terrapene carolina triunguis

- Les postérieurs ont généralement 3 griffes. - Il y a sur la face antérieure des membres antérieurs de nombreuses petites taches oranges ou jaunes. - La dossière généralement brunâtre peut porter de multiples lignes, ocelles ou taches, ou alors être

uniformément colorée. - Les membres et le cou sont assez bruns.

2B..............................................................................................................................................................................3- Les postérieurs ont généralement 4 griffes.

3A .................................................................................................................................... Terrapene carolina major

- La carapace est allongée. - Les adultes sont de coloration très foncée, bruns ou noirs, avec souvent des bandes verticales

claires.

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- En général les écailles marginales postérieures sont nettement recourbées.3B................................................................................................................................. Terrapene carolina carolina

- La carapace est courte, large et bombée. - Les écailles marginales postérieures sont presque verticales (contrairement aux autres sous-espèces

où les marginales se relèvent et s'écartent vers l'extérieur). - La coloration est très variable : jaune orange, brun olivâtre ou brun très foncé.

(j) Terrapene ornata : Tortue boîte occidentale

* Elle mesure de 10 à 14,5 cm.

* La dossière est très bombée, dépourvue de carène.

Le plastron est pourvu d'une charnière permettant la fermeture complète de la carapace, mais la dossière est plus courte ou égale au plastron.

Le plastron des mâles est concave tandis que celui des femelles plat.

* La dossière présente de longues lignes rayonnantes jaunes sur fond brun ou noir. Le plastron est également décoré de lignes rayonnantes jaunes (Terrapene carolina bauri, qui lui ressemble car elle a aussi des lignes rayonnantes jaunes sur la dossière, n’en a pas sur le plastron).

L'iris du mâle est rouge tandis que celui des femelles est brun.

(k) Emys orbicularis : Cistude d’Europe

* Elle mesure de 15 à 25 cm.

* La carapace est circulaire chez les jeunes et ovale chez les adultes. Le plastron présente une charnière en son milieu, avec des ponts flexibles qui le relie à la dossière. Mais cette charnière ne permet pas une fermeture complète de la carapace.

Les pattes sont fortes et palmées, munies de longues griffes (5 aux antérieurs, 4 aux postérieurs).

* La dossière est brun clair à noir et elle est finement mouchetée de petites taches ou de tirets jaunes formant des lignes serrées et rayonnantes.

Le plastron est jaune pâle avec des taches irrégulières brunes recouvrant parfois toute l'étendue du plastron.

La tête, le cou et les pattes présentent également des petites taches jaunes.

(l) Cuora amboinensis : Tortue boîte de Malaisie

* Sa taille va jusqu'à 20 cm.

* La carapace est très bombée. Le plastron présente une charnière transversale qui confère une certaine mobilité aux lobes antérieurs et postérieurs mais ne permet pas l'obturation des 2 ouvertures de la carapace (contrairement aux Terrapene sp.).

* La dossière est noire. Le plastron est blanchâtre avec de petites taches périphériques noires. La tête

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est noire sur le dessus. Plusieurs lignes parallèles, larges et jaune vif ornent chaque côté de la tête et se prolongent sur le cou.

(m) Cyclemys dentata

* Elle mesure environ 25 cm.

* La dossière est dentelée.

* La carapace est généralement brune sur le dessus et jaunâtre dessous, avec d'étroites lignes rayonnantes noires, au moins sur le plastron.

2°- Testudinidae

(a) Testudo hermanni : Tortue d'Hermann

* Elle mesure de 12 à 20 cm.

* La dossière est bombée avec un contour arrondi. L'écaille supracaudale est divisée en 2 par un sillon médian (sauf exception). Il n'y a pas de tubercules sur les cuisses. La queue se termine par une griffe cornée particulièrement développée chez le mâle.

* La couleur de la dossière varie du jaune pâle au jaune d'or. Des taches noires souvent étendues ornent les écailles de la dossière. Le plastron est décoré de 2 bandes longitudinales de larges taches noires.

Remarque : La sous-espèce que l’on trouve en France Testudo hermanni hermanni (anciennement T. h.

robertmertensi) a une carapace plus haute et des motifs plus contrastés que Testudo hermanni boettgeri. De plus, elle a une tache claire derrière et dessous chaque oeil.

(b) Testudo graeca : "Tortue grecque", tortue mauresque, tortue turque

* Elle mesure de 20 à 30 cm.

* Sa dossière est bombée et son contour est plutôt quadrangulaire. La face postérieure de chaque cuisse porte un gros tubercule conique. Chez les femelles assez âgées, le lobe postérieur du plastron est mobile. L'écaille supracaudale est impaire.

* La dossière va du jaune pâle au brun olivâtre et elle présente une ornementation brune ou noirâtre.

Remarque : 2 des sous-espèces se différencient par les caractères suivants :

Testudo graeca graeca : Les avant-bras sont recouverts de grosses écailles claires. La dossière est jaune pâle et la tête est tachetée de noir et de jaune.

Testudo graeca ibera : La dossière est un peu moins bombée et plus quadrangulaire encore que celle des autres sous-espèces. Elle est étirée vers l'arrière chez les vieux individus. On trouve des taches sombres plus étendues aussi bien sur la dossière que sur le plastron. Avec l'âge ces taches peuvent recouvrir toute la surface. Le dessus de la tête est uniformément noirâtre, ou jaune sale.

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(c) Testudo marginata : Tortue liserée

* Elle mesure de 25 à 35 cm.

* La carapace est allongée, les rebords postérieurs et antérieurs sont relevés comme les rebords d'une cloche. La carapace s'étire au cours de la croissance et semble se resserrer sur les côtés.

* La carapace est presque uniformément noire chez les individus âgés.

(d) Testudo horsfieldi : Tortue d'Horsfield, tortue des steppes

* Elle mesure de 20 à 28 cm.

* La carapace est presque circulaire et beaucoup plus plate que celle de Testudo graeca. Les dessins sont moins nets. Les écailles vertébrales sont larges et aplaties. Il y a une griffe cornée à l'extrémité de la queue. Les pattes antérieures ne sont munies que de 4 griffes.

* La dossière va du jaune au vert avec des écailles plus ou moins sombres au centre. Le plastron est généralement orné de taches très étendues.

(e) Geochelone sulcata : Tortue striée

* Elle mesure jusqu'à 75 cm.

* La dossière est très plate. Les écailles dorsales sont ornées de sillons concentriques bien marqués. On trouve de robustes piquants cornés partiellement ossifiés à leur base sur les cuisses et au rebord arrière des postérieurs. Les écailles cornées que portent les antérieurs sont elles aussi remarquablement résistantes.

* La carapace est d'un jaune assez uniforme.

(f) Geochelone elegans : Tortue étoilée

* Elle mesure jusqu'à 35 cm.

* Les écailles sont ornées de rayons jaunes, partant de l’aréole, sur un fond noirâtre.

(g) Geochelone radiata : Tortue rayonnée

* Elle mesure environ 50 cm.

* La carapace est fortement bombée. Les écailles sont généralement planes mais elles sont parfois soulevées en pyramides, surtout chez les individus élevés en captivité.

* La dossière possède des écailles noires et brillantes avec une aréole et des rayons jaune vif. Elle devient grisâtre et les dessins jaunes s'effacent avec l'âge. Le plastron présente des bandes jaunes qui s'élargissent et se confondent vers la suture médiane.

(h) Geochelone carbonaria : Tortue charbonnière

* Elle peut mesurer jusqu'à 50 cm.

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35

* Sa dossière est allongée et les écailles vertébrales sont aplaties.

* La dossière est noire à l'exception de taches jaune orangé. Le plastron est jaune ou orangé, orné d'une macule médiane noire plus ou moins étendue.

(i) Geochelone elongata : Tortue à tête jaune

* Elle mesure moins de 30 cm.

* La dossière est allongée chez les adultes. Elle est arrondie et fortement dentelée chez les jeunes. Elle possède généralement une écaille nucale.

* La carapace est jaune verdâtre, la tête plus claire. Les écailles dorsales et ventrales sont irrégulièrement tachées de noir.

(j) Geochelone pardalis : Tortue léopard

* Elle mesure 70 cm et plus.

* La dossière est massive. Elle est fortement convexe et renflée latéralement.

* La dossière a une coloration de base jaune pâle, plus sombre chez les jeunes, sur laquelle se détachent de nombreuses petites taches irrégulières mais nettes, de couleur brun noirâtre. Le plastron est à peine tacheté.

(k) Acinixys planicauda

* C'est une tortue de petite taille (12 à 14 cm).

* Elle est assez plate.

* La carapace est brun foncé et ornée sur chaque écaille de larges rayons jaunes.

(l) Chersine angulata : Tortue à soc

* Sa taille va de 12 à 20 cm (et même 25 cm).

* La dossière de l'adulte est allongée, étroite et convexe. Le plastron se prolonge antérieurement par un soc épais, tronqué ou arrondi, formé par l'union des écailles gulaires.

* La dossière est jaune pâle ou rougeâtre.

(m) Gopherus polyphemus : Tortue du désert

* Elle mesure en moyenne 25 cm, jusqu'à 35 cm.

* Les antérieurs sont aplatis en forme de pelle. Chez les mâles, les écailles gulaires antérieures se prolongent en forme de spatule. Elles servent à retourner l'adversaire sur le dos lors de combats entre rivaux.

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36

* La carapace est brun foncé à noir, avec des taches brun clair. La tête et les pattes sont noir brillant.

(n) Kinixys belliana : Tortue à dos articulé des savanes

* Sa taille est d'environ 20 cm.

* La dossière est longue, haute et articulée, la partie postérieure pouvant se rabattre vers le bas. La bordure de la carapace n'est pas dentelée. Le plastron est très développé et forme à l'avant un lobe proéminent, relevé et fortement épaissi. On trouve 4 griffes aux antérieurs.

* Les écailles dorsales sont uniformément colorées d'une teinte qui peut varier du jaune au brun. Elles sont ornées d'une figure plus ou moins rayonnante. Le plastron est jaunâtre, marqué ou non de stries rayonnantes sombres.

(o) Malacochersus tornieri : Tortue plate d'Afrique orientale ou tortue galette

* Elle mesure environ 18 cm.

* La carapace des adultes est flexible et extrêmement aplatie. Sa hauteur ne représente normalement que le quart de la longueur. Son contour est quadrangulaire.

* La carapace des jeunes est jaune pâle, seules les écailles dorsales sont bordées de brun foncé. La carapace des adultes se couvre irrégulièrement de brun, interrompu par des rayons jaune pâle, plus ou moins nets, issus des aréoles.

3°- Chelydridae

(a) Chelydra serpentina : Tortue hargneuse

* Elle mesure 20 à 30 cm (jusqu'à 50 cm). Avec la tête et la queue elle peut mesurer jusqu'à 1 m. Son poids moyen à l'âge adulte varie de 4,5 à 16 kg (et même jusqu'à 39 kg en captivité).

* La dossière est très rugueuse et elle est dotée de 3 carènes longitudinales qui s'estompent avec l'âge. Le plastron est réduit et cruciforme, et reste longtemps souple. La tête est large et porte 2 barbillons chez Chelydra serpentina serpentina. Le cou est très long. La queue est aussi longue que la dossière et couverte de tubercules épineux. Les membres sont puissants, recouverts d'une peau granuleuse et ils ne sont guère protégés par la carapace.

* La dossière d'abord brun noirâtre s'éclaircit progressivement. Le plastron est d'abord gris ponctué de blanc, puis il devient blanchâtre chez l'adulte. La tête est brun foncé, parfois tachetée. Les membres sont grisâtres.

(b) Macroclemys temmincki : Tortue alligator du sud-est des États-Unis

* Elle atteint 40 à plus de 60 cm et elle peut peser jusqu’à 100 kg.

* Elle ressemble à la précédente mais son cou est peu allongé et sa queue sans tubercules remarquables. Elle possède une grosse tête triangulaire avec des mâchoires très puissantes et un appendice rougeâtre en forme de ver sur la langue (il lui permet de chasser à l’affût la bouche ouverte). Les yeux sont nettement sur les côtés de la tête. Les écailles dorsales sont en forme de pyramides alignées. Les membres sont épais et granuleux.

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37

* Elle est brun grisâtre, ce qui lui permet de se confondre avec son entourage quand elle chasse à l’affût.

4°- Platysternidae : Platysternon megacephalum : Tortue à grosse tête

* La dossière mesure environ 20 cm.

* La carapace est très déprimée, échancrée en avant, arrondie à l'arrière. Elle est faiblement carénée chez les jeunes. La tête est proportionnellement énorme, le dessus recouvert d'une seule plaque écailleuse très dure. Les mâchoires sont tranchantes et crochues. Les membres se terminent par de fortes griffes pointues.

* La dossière est brun vert ou brun rouge, parfois tachée de noir. Le plastron est brun clair, jaune, orange ou rougeâtre.

5°- Kinosternidae, Kinosternon subrubrum : Tortue des marais

* Elle mesure de 8 à 12,5 cm.

* La dossière présente 3 faibles carènes chez les jeunes, elle est lisse chez l'adulte. Le plastron possède 2 charnières transversales distinctes, en avant et en arrière des écailles abdominales. Il est modérément large et il est échancré à l'arrière.

* La dossière est brune ou noire, le plastron jaune, parfois taché. La tête est brun foncé, tachetée de clair ou marquée de 2 bandes latérales (Kinosternon subrubrum hippocrepis).

6°- Chelidae, Chelus fimbriatus : Matamata

* Elle mesure au maximum 40 cm.

* La dossière a un contour quadrangulaire et dentelé à l'arrière. Les écailles sont bossues, striées et rugueuses. Le plastron est étroit. Le cou est long et large, ses côtés étant bordés de franges de peau. La gorge porte des lambeaux de peau plus ou moins ramifiés. La tête large, triangulaire et aplatie se termine par une petite trompe. Les yeux sont minuscules.

* La dossière est colorée de plusieurs tons de brun. Le plastron est marqué de taches rayonnantes brunes, rougeâtres ou jaunâtres. Le cou est marqué de bandes longitudinales brunes et roses, plus pâles sur le dessous.

7°- Pelomedusidae

(a) Pelusios castaneus

* Elle mesure 20 à 25 cm.

* La dossière est basse et non dentelée. Contrairement aux autres Pleurodires le lobe antérieur du plastron est mobile et peut se rabattre avec force contre la dossière. La tête est large.

* La dossière varie du gris au brun noirâtre. Le plastron est jaunâtre, souvent marqué de taches anguleuses mal délimitées et de couleur brune. Le dessus de la tête est jaune verdâtre, marqué de petites vermiculures caractéristiques brun foncé. Les membres, la queue, le cou et la gorge sont gris ou jaunâtres.

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Connaissant les principales espèces, on peut ainsi éviter d’avoir recours aux clés dichotomiques si complexes.

Conclusion du 1. La diagnose d’une tortue est parfois compliquée mais elle est importante pour connaître ses besoins. Or, les espèces de tortues sont très nombreuses. On peut apprendre à reconnaître les plus fréquentes. Pour les autres, il faut faire une diagnose par étape grâce à des clés dichotomiques.

2. Origine géographique des espèces de tortues

Nous étudirons dans ce chapitre la répartition mondiale des différentes familles puis la

38

(b) Pelomedusa subrufa : Tortue à cou caché d'Afrique

* Elle mesure plus de 25 cm.

* Le contour de la carapace est plutôt quadrangulaire. La dossière n'est pas carénée, le plastron est rigide. Le cou est un peu plus long que Pelusios sp.

* Généralement, le dessus du corps est brun olivâtre et le dessous est plus clair. Le plastron est jaunâtre. La face inférieure des membres et le cou sont blanchâtres. Les sutures et parfois toute la surface des écailles de la carapace peuvent être tachées de couleur sombre.

8°- Trionychidae

Ce sont des tortues à très long cou. La tête, prolongée par une trompe, peut être entièrement dissimulée dans la carapace. Le pourtour de la carapace, incomplètement ossifiée, est souple. Chaque patte est terminée par 3 griffes.

(a) Trionyx ferox : Tortue molle de Floride

* La femelle mesure de 20 à 50 cm, le mâle de 15 à 29 cm.

* La dossière présente plusieurs protubérances planes, de faible relief.

* Elle est foncée, vert brun ou gris brunâtre. Sa coloration est presque uniforme mais peut parfois être soulignée de taches foncées.

(b) Trionyx spiniferus : Tortue molle à épines

* Le mâle mesure entre 12,5 et 23,5 cm, la femelle entre 18 et 43 cm.

* Chez le mâle, la dossière est dotée de multiples petits grains qui lui donnent la texture du papier à poncer. Sa bordure antérieure est couverte de projections épineuses. Chez la femelle, la dossière est lisse mais quelques épines sont présentes le long de son bord antérieur.

* Le mâle est gris olivâtre ou brun jaunâtre. Sa dossière est ornée de petits ocelles, surtout au centre. Chez la femelle, les taches à centre clair et à bord foncé des jeunes sont remplacées peu à peu par des éclaboussures brunes de tailles variables. Le plastron est jaunâtre. La tête, le cou, les membres et la queue sont couverts de raies ou de taches claires.

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situation plus précise de quelques espèces. Nous verrons quelles indications l’origine géographique peut donner.

a. Répartition mondiale sommaire des tortues (3)(14)(28)(31)(36)

Nous présenterons ici la distribution des différents genres de tortues à l’échelle d’un continent (voir le tableau II).

3 familles se retrouvent chacune sur 4 continents : ce sont les Emydidae, les Testudinidae et les Trionychidae. Les Chelidae existent en Amérique et en Océanie. Les Pelomedusidae vivent en Afrique et en Amérique. Les Chelydridae, les Kinosternidae et les Dermatemyidae sont présentes en Amérique. Les Platysternidae existent en Asie et les Carettochelyidae en Océanie. Enfin les Cheloniidae et les Dermochelydae vivent dans les océans et dans certaines mers, entre environ 60 ° de latitude nord et 40 ° sud.

Les tortues sont donc présentes sur les 5 continents mais elles ne vivent pas en Arctique ni en Antarctique.

b. Répartition géographique des principales espèces de tortues

Dans l’annexe “Répartition géographique de quelques tortues” nous présenterons l’origine géographique précise des principales espèces.

39

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Europe Afrique Asie Amérique Océanie océansEmydidae X X X XEmys X X XMauremys X X XCuora XCyclemys XNotochelys XHardella XMorenia XGeoclemys XHeosemys XGeoemyda XAnnamemys XSacalia XMelanochelys XOrlitia XSiebenrockiella XMalayemys XHieremys XChinemys XBatagur XOcadia XKachuga XCallagur XPseudemys XChrysemys XGraptemys XMalaclemys XClemmys XTerrapene XEmydoidea XDeirochelys XRhinoclemys XTestudinidae X X X XTestudo X X XAcinixys XChersine XKinixys XMalacochersus XPyxis XHomopus XPsammobates XGeochelone X X XGopherus X

Tableau II : Répartition des différents genres de tortues par continent

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Europe Afrique Asie Amérique Océanie océansChelydridae XChelydra XMacroclemys XPlatysternidae XPlatysternon XKinosternidae XKinosternon XSternotherus XStaurotypus XClaudius XChelidae X XChelus XHydromedusa XPlatemys XBatrachemys XPhrynops XMesoclemmys XChelodina XElseya XEmydura XPseudemydura XPelomedusidae X XPelusios XPelomedusa XErymnochelys XPodocnemis XPeltocephalus XTrionychidae X X X XCycloderma XCyclanorbis XTrionyx X X XLissemys XPelochelys X XChitra XDermatemyidae XDermatemys XCarettochelyidae XCarettochelys XCheloniidae XEretmochelys XChelonia XCaretta XLepidochelys XDermochelydae XDermochelys X

Tableau II : Répartition des différents genres de tortues par continent (suite)

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ANNEXE “RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DE QUELQUES TORTUES”

1°- Emydidae

(a) Pseudemys scripta elegans, "tortue de Floride", tortue à tempes rouges : centre et sud des États-Unis, extrême nord-est du Mexique, quelques colonies dans le nord-est des États-Unis

(b) Pseudemys floridana, tortue de Floride : sud-est des États-Unis

(c) Chrysemys picta, tortue peinte : sud du Canada et États-Unis, à l’exception du sud-ouest

(d) Graptemys geographica, tortue géographique : est des États-Unis et sud-est du Canada (extrême sud du Québec et de l’Ontario)

(e) Graptemys kohni, tortue à crête dorsale du Mississippi : centre-est des États-Unis (bassin du Mississippi, du centre des États-Unis au golfe du Mexique)

(f) Graptemys pseudogeographica : centre des États-Unis

(g) Malaclemys terrapin, tortue à dos diamanté : littoral atlantique des États-Unis, depuis le Massachussets jusqu’au Texas

(h) Clemmys insculpta, tortue des bois : sud du Canada (Nouvelle-Écosse et sud du Québec), nord-est des États-Unis

(i) Terrapene carolina, tortue-boîte orientale : est de l’Amérique du Nord, du sud-est du Canada (sud de l’Ontario) au Mexique

(j) Terrapene ornata, tortue-boîte occidentale : centre et centre-sud des États-Unis, nord du Mexique

(k) Emys orbicularis, cistude d'Europe : centre et sud de l’Europe, ouest de l’Asie et nord-ouest de l’Afrique

(l) Cuora amboinensis, tortue-boîte de Malaisie : sud de la péninsule Indochinoise ; péninsule Malaise et Indonésie (îles de la Sonde), jusqu’aux Philippines

(m) Cyclemys dentata : péninsules indochinoise et malaise ; Indonésie (Sumatra, Java, Bornéo) et Philippines

2°- Testudinidae

(a) Testudo hermanni, tortue d'Hermann : Europe

(1)Testudo hermanni boettgeri : toute la péninsule des Balkans jusqu’au sud de la Roumanie et en Yougoslavie, ainsi que le sud de l’Italie

(2)Testudo hermanni hermanni : Italie (Toscane, Sardaigne), France (Maures, Corse) et Espagne (Baléares)

(b) Testudo graeca, "tortue grecque", tortue mauresque, tortue turque

(1) Testudo graeca graeca : sud du bassin méditerranéen (sud de l’Espagne et Afrique du

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Nord, du Maroc jusqu’en Libye)

(2) Testudo graeca terrestris : de la Libye à la Syrie

(3) Testudo graeca ibera : Balkans, Asie Mineure, Caucase et jusqu’en Iran

(c) Testudo marginata, tortue liserée : Grèce et sud de l’Albanie, Sardaigne

(d) Testudo horsfieldi, tortue d'Horsfield, tortue des steppes : en Asie centrale, du nord de la Mer Caspienne à la frontière sino-soviétique et du sud de l’Iran au Pakistan

(e) Geochelone sulcata, tortue striée : Sahara

(f) Geochelone elegans, tortue étoilée : Péninsule Indienne et Ceylan

(g) Geochelone radiata, tortue rayonnée : sud de Madagascar

(h) Geochelone carbonaria, tortue charbonnière : Amérique du Sud, de l’est du Panama au nord de l’Argentine en évitant le cours supérieur de l’Amazone

(i) Geochelone elongata, tortue à tête jaune : du nord-est de l’Inde à la péninsule Indochinoise, jusqu’au nord de la Malaisie

(j) Geochelone pardalis, tortue léopard :

Geochelone pardalis babcocki : Afrique orientale et méridionale (depuis le sud du Soudan et de l’Éthiopie jusqu’en Angola) et Afrique du Sud

(k) Acinixys planicauda : Madagascar

(l) Chersine angulata, tortue à soc : Afrique du Sud et Namibie

(m) Gopherus polyphemus, tortue du désert : sud-est des États-Unis

(n) Kinixys belliana, tortue à dos articulé des savanes : Afrique (du Sénégal à la Somalie, à l’Afrique du Sud et à l’Angola) ; Madagascar

(o) Malacochersus tornieri, tortue plate d'Afrique orientale : Tanzanie et Kenya

3°- Chelydridae

(a) Chelydra serpentina, tortue hargneuse : de l’est des États-Unis, jusqu’aux Montagnes Rocheuses ; au nord elle atteint le Canada, au sud le Mexique, puis d’une façon sporadique, l’Amérique Centrale, la Colombie et l’Équateur

(b) Macroclemys temmincki, tortue alligator : sud-est des Etats-Unis

4°- Platysternidae

Platysternon megacephalum, tortue à grosse tête : Sud-Est de l’Asie (Sud de la Chine, Birmanie, Indochine, Thaïlande)

5°- Kinosternidae

Kinosternon subrubrum, tortue des marais : sud-ouest des États-Unis (du Texas au Connecticut)

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Conclusion du 2. Le continent d’origine permet d’éliminer des familles ou des genres de tortues pour la diagnose. L’origine géographique précise de l’espèce permet de vérifier la diagnose et de connaître son climat d’origine.

3. Détermination du sexe d’une tortue (13)

Certains problèmes pathologiques dépendent du sexe. La reconnaissance des mâles et des femelles peut se faire, quand la maturité sexuelle est atteinte, en fonction de critères morphologiques mais également en fonction de comportements sexuels différents.

a. Maturité sexuelle des tortues

La détermination du sexe n’est possible qu'à partir de la maturité sexuelle des tortues. Elle intervient à des âges différents selon les espèces (voir le tableau III).

Le sexe est donc certain à 6 ans chez les tortues de Floride, à 7 ans chez Terrapene carolina et à 14 ans chez la tortue d’Hermann.

44

6°- Chelidae

Chelus fimbriatus, matamata : Nord de l’Amérique du Sud (bassins de l’Orénoque et de l’Amazone, Guyane)

7°- Pelomedusidae

(a) Pelusios castaneus : Afrique tropicale et du Sud ; Madagascar

(b) Pelomedusa subrufa, tortue à cou caché d'Afrique : toute l’Afrique exceptée la forêt, Madagascar et Seychelles

8°- Trionychidae

(a) Trionyx ferox, tortue molle de Floride : sud-est des États-Unis (Floride, Géorgie, Caroline du Sud)

(b) Trionyx spiniferus, tortue molle à épines : sud du Canada, centre et est des États-Unis, nord du Mexique

mâle femelle

Pseudemys scripta elegans 1-5 ans 3-6 ans

Terrapene carolina 5-7 ans 5-7 ans

Testudo hermanni 10-13 ans 13-14 ans

Tableau III : Âge de la maturité sexuelle de quelques espèces (13) (26)

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b. Dimorphisme sexuel chez les tortues

Certaines différences existent chez toutes les espèces. D’autres sont spécifiques.

Les critères existant chez la plupart des espèces sont décrits dans la figure 6. Le mâle est plus petit et sa queue est relativement longue et large avec un orifice cloacal situé au-delà du bord postérieur de la dossière.

Les différences sexuelles supplémentaires concernant certaines espèces sont présentées dans la figure 7. Le plastron du mâle est concave chez les tortues d’Hermann et les tortues grecques et leur écaille supracaudale est incurvée en crochet tendant à recouvrir partiellement la queue. Les tortues de Floride mâles ont des griffes aux antérieurs nettement plus longues, une tête plus allongée, une couleur généralement plus sombre et une carapace aux bords bien parallèles (la femelle a une tête et une carapace plus arrondies). Chez les tortues boîtes américaines, l’iris du mâle est rouge (ou rose), celui de la femelle brun. Il peut y avoir d’autres différences de forme ou de coloration entre mâles et femelles chez d’autres espèces (voir le 1. e.).

c. Comportement sexuel des tortues

Mâles et femelles ont des comportements sexuels différents.

* Les mâles peuvent extérioriser leur pénis. Ils font des parades. Chez Testudo hermanni, le mâle fait des hochements de tête devant la femelle, lui percute la carapace, lui mord les pattes ; il peut se battre avec d'autres mâles. Chez Pseudemys scripta elegans, le mâle nage à reculons devant la femelle en faisant vibrer ses membres antérieurs devant lui. Les mâles effectuent des chevauchements. Cependant ces derniers peuvent être fréquents chez les femelles de certaines espèces comme Testudo graeca. C’est une cause fréquente de confusion du sexe pour leur propriétaire.

* Les femelles peuvent pondre des oeufs. La ponte est parfois précédée d’une agitation importante, correspondant à la recherche d’un lieu de ponte, et de grattages du substrat.

Conclusion du 2. : À partir de la maturité sexuelle, le sexe des tortues est donc assez facile à déterminer chez Pseudemys scripta elegans, Terrapene sp., Testudo hermanni et Testudo graeca, espèces fréquemment rencontrées en captivité.

4. Évaluation de l'âge d’une tortue

Quand on ignore la date de naissance d'une tortue, on dispose de plusieurs critères pour déterminer son âge.

a. Stries concentriques sur la carapace

Des stries concentriques se forment chaque année sur les écailles. Elles correspondent à l'arrêt de croissance pendant l'hibernation dans les pays tempérés

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mâle femelle

Testudo hermanni, Testudo graeca Testudo hermanni, Testudo graeca

plastron concave (la concavité du plastrondu mâle correspond à la convexité de la

dossière de la femelle pendantl'accouplement)

plastron plan ou convexe

écaille supracaudale incurvée en crochettendant à recouvrir partiellement la queue

(elle permet au mâle de se fixer sur lafemelle pendant l'accouplement)

Pseudemys scripta elegans Pseudemys scripta elegans

griffes 3 et 4 des antérieurs nettement pluslongues

tête plus fine, plus allongée tête plutôt arrondiecouleur généralement plus sombre

carapace aux bords bien parallèles carapace plus ronde

Terrapene sp. Terrapene sp.

iris rouge (ou rose)

Figure 7 : Dimorphisme sexuel chez Testudo hermanni, Testudo graeca, Pseudemys

scripta elegans et Terrapene sp. (39)

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ou pendant l'estivation dans les pays chauds.

Ces stries sont bien marquées chez les tortues d'Hermann et les tortues grecques mais beaucoup moins chez les tortues boîtes américaines et encore moins chez les tortues d'eau. De plus, les premières stries finissent par s'effacer à la longue (au-delà de 15 ans chez les tortues d'Hermann et les tortues grecques). Enfin, ces stries n'existent pas chez les tortues entretenues à température constante tout au long de l'année.

Les stries des écailles constituent donc un moyen séduisant et populaire pour déterminer l'âge, mais souvent décevant en réalité.

b. Poids

La croissance des tortues est continue dans des conditions normales. Cependant elle est plus rapide les premières années puis elle tend à ralentir. Le poids est donc proportionnel à l'âge et peut constituer un moyen d'évaluer ce dernier.

Cependant, en captivité, la croissance est très influencée par les conditions d'entretien. De plus elle diffère selon le sexe et l'individu. Par ailleurs, le poids instantané peut varier sensiblement en fonction de l'état de réplétion de la vessie et du tube digestif. Les chiffres donnés dans le tableau IV ne sont qu'une moyenne établie sur différents individus des 2 sexes vivant dans de bonnes conditions. Pour les tortues de Floride, voir le tableau V et la figure 8 qui donnent les poids maximums des mâles et des femelles en fonction de leur âge. Les mâles dépassent rarement 600 g alors que les femelles peuvent atteindre 2,2 kg.

Le poids n’est donc pas un critère fiable pour déterminer l’âge des tortues élevées en captivité.

c. Taille

La taille des tortues est également proportionnelle à l'âge.

Cependant sa mesure n'est pas toujours facile ou précise. Il faut convenir d'une mensuration, par exemple la longueur maximale de la carapace, que l'on peut déterminer assez facilement à l'aide d'une toise. C'est la mensuration la plus courante et la plus objective. Mais elle est difficile à mesurer pour certaines espèces qui ne

48

1 2 3 4 5 6 7Pseudemys scripta elegans 95 230 285 335

Pseudemys floridana 85 170 175 390 520 775

Graptemys pseudogeographica 40 90 140 177 220 260 310

Cuora trifasciata 170 305 425 515 590 640

Trionyx spiniferus 95 145 190 225 250

Siebenrockiella crassicollis 140 255 340 400 465 525

Tableau IV : Poids moyen (g), à des âges différents (ans), de quelques espèces (37)

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peuvent pas se rétracter complètement dans leur carapace (Exemple : La tortue hargneuse). De plus, tout comme le poids, la taille varie en fonction des conditions d'entretien, du sexe et de l'individu. Pour les tortues de Floride, voir le tableau V et la figure 9 qui donnent les tailles maximales des mâles et des femelles en fonction de leur âge. Les mâles dépassent rarement 15 cm alors que les femelles peuvent atteindre 23 cm. Pour les tortues d’Hermann les chiffres donnés dans le tableau VI sont des moyennes.

49

longueur (cm)lha

poids (g) âge (ans) âge (ans) âge (ans)

femelles mâles

5,0 25 0 0

6,0 40 0,1 0,2

7,0 60 0,25 0,45

8,0 80 0,35 0,75

9,0 100 0,45 0,95

10,0 150 0,65 1,45

11,0 210 0,8 2

12,0 280 1 2,8

13,0 360 1,2 3,6

14,0 460 1,45 5

15,0 570 1,7 11

16,0 710 2,1 11

17,0 860 2,5 11

18,0 1030 3 11

19,0 1230 3,6 11

20,0 1450 4,25 11

21,0 1680 5 11

22,0 1950 6,5 11

23,0 2225 13 11

Tableau V : Poids et tailles maximums des tortues de Floride en fonction de l’âge et du sexe

Tableau VI : Longueur moyenne (mm) de la carapace de Testudo

hermanni à des âges différents (ans) et selon le sexe (15)

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30

mâle 32 37 45 60 75 85 95 101 106 111 115 140 154

femelle 32 37 45 60 75 85 98 107 117 124 130 160 176

40 50

163 167

188 194

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50

Figure 8 : Courbe de croissance maximale des tortues de Floride

2300

2200

2100

2000

1900

1800

1700

1600

1500

1400

1300

1200

1100

1000

900

800

700

600

500

400

300

200

100

0

Poids (grammes)

FemellesMâles

131211109876543210Âge (années)

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La taille n’est donc pas non plus un critère fiable pour déterminer l’âge des tortues élevées en captivité.

Conclusion du 4. L’âge peut être estimé en fonction des stries concentriques des écailles, du poids de la tortue et de sa taille. Mais comme aucun critère n’est fiable chez les tortues “domestiques”, il vaut mieux confronter les différents âges estimés.

Conclusion du A. Les principales espèces rencontrées en captivité deviennent rapidement faciles à reconnaître. Chez la plupart, la détermination du sexe selon les différences morphologiques et comportementales est simple si la maturité sexuelle est atteinte. L’âge peut être estimé en confrontant plusieurs critères.

B. MODE DE VIE NATUREL ET CONDITIONS D'ENTRETIEN DES PRINCIPALESESPÈCES DE TORTUES RENCONTRÉES EN CAPTIVITÉ EN FRANCE (16) (27) (31)

Même s’il est long à exposer, le mode de vie naturel des principales espèces rencontrées en captivité nous paraît important à présenter pour la consultation des tortues "domestiques". En effet il illustre les conditions d’entretien qui leur sont nécessaires.

Les tortues d’eau douce sont les familles Emydidae (sauf Terrapene sp. et Rhinoclemys sp.), Chelydridae, Platysternidae, Dermatemyidae, Kinosternidae, Chelidae, Pelomedusidae, Trionychidae et Carettochelyidae. Les tortues terrestres sont Testudinidae, Terrapene sp. et Rhinoclemys sp. Les tortues marines sont les familles Cheloniidae et Dermochelydae.

Ici, nous choisirons des exemples parmi les espèces les plus courantes en captivité en France. Pour chacune nous décrirons d'abord son mode de vie dans la nature puis les conditions minimales dans lesquelles elles doivent être en captivité, l'idéal étant toujours de reproduire au mieux les conditions naturelles (voir l’annexe “Biologie de quelques tortues”).

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ANNEXE “BIOLOGIE DE QUELQUES TORTUES”

1. Emydidae

a. Pseudemys sp. et Chrysemys sp.

* Elles vivent dans des rivières à cours lent, les lacs, les étangs, surtout si le fond est recouvert de végétation. On les rencontre parfois dans l'eau saumâtre. Ce sont des tortues très aquatiques mais elles passent de longs moments hors de l'eau à se chauffer au soleil.

Selon la latitude, elles hibernent ou elles n’hibernent pas.

Les jeunes sont plutôt carnivores tandis que les adultes sont omnivores ou même exclusivement végétariens.

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* Il faut un aquaterrarium aussi vaste que possible. Il doit être très propre (surtout l'eau) car ce sont des tortues très sensibles aux infections. L'eau doit être à 26-30 °C. La partie émergée doit être surmontée d'une lampe à I.R. qui la chauffe à 30-32 °C. Il faut également une lampe à U.V., surtout pour les nouveau-nés (allumée un quart d'heure par jour). On peut également utiliser un bassin en plein air pendant l'été, à condition qu'il y ait un abri qui évite que l'eau ne devienne pas trop chaude.

Seules les espèces qui vivent dans des régions à hiver rigoureux ont besoin d'hiberner pendant quelques mois.

Il faut une alimentation variée, riche en vitamines et en calcium.

1°- Pseudemys scripta

* Les jeunes sont carnivores (insectes d'eau, crustacés, mollusques) alors que les adultes deviennent, surtout par nécessité, partiellement végétariens.

* C'est une espèce frileuse et sensible aux erreurs d'entretien. Il lui faut des invertébrés vivants (vers de terre, escargots, insectes, larves d'insectes), des fruits de mer (moules, seiches, calmars), des poissons (éperlans, goujons...), des croquettes pour chats, de la viande, de la salade, etc.

2°- Pseudemys floridana : (Vraie) Tortue de Floride

Les adultes sont presque exclusivement végétariennes et même les jeunes se nourrissent en grande partie de plantes.

3°- Chrysemys picta : Tortue peinte

* Elles vivent dans les cours d'eau lents, les mares, les étangs, les lacs, riches en végétation.

Elles hibernent dans le nord de son aire de répartition.

Les jeunes se nourrissent principalement d'insectes et de larves. Les adultes mangent plutôt des plantes aquatiques.

* L'aquarium doit avoir une température d'eau et d'air de 22 à 28 °C. Il faut de la lumière et le matin du soleil.

b. Graptemys kohni : Tortue à crête dorsale du Mississippi

* Elles habitent les cours d'eau importants mais lents, les lacs où il y a une abondante végétation aquatique. Elles peuvent se regrouper en grand nombre sur des supports émergés pour se chauffer au soleil. Extrêmement farouches, elles plongent au moindre signe de danger.

Le régime alimentaire des jeunes est essentiellement carnivore : petits invertébrés, larves d'insectes, crustacés, mollusques. Elles deviennent peu à peu omnivores puis végétariennes.

* En captivité, elles sont relativement délicates, aiment les expositions prolongées au soleil ou à défaut aux rayons de lampes I.R. et U.V.

L'alimentation doit être au moins partiellement vivante (vers de vase, vers de farine, escargots, moules,

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petits poissons, etc.). On doit leur offrir aussi de la salade, ou mieux des plantes aquatiques.

c. Graptemys pseudogeographica

Les adultes sont végétariens.

d. Malaclemys terrapin : Tortue à dos diamanté

* Elles vivent dans les eaux salées ou saumâtres : bordures marines, lagunes, estuaires, mangrove, étangs temporaires, mares laissées par les marées. Mais elles peuvent quitter leur habitat aquatique.

Elles hibernent dans la vase.

* Leur nourriture est constituée d'invertébrés aquatiques, de crustacés, de mollusques, des insectes, des poissons morts. Les plantes ne représentent qu'une infime partie de leur alimentation.

e. Terrapene carolina : Tortue boîte orientale

* Elles habitent les forêts et leurs lisières près d'un point d'eau où elles se baignent volontiers.

Elles hibernent dans la majeure partie de leur territoire de novembre à mars en creusant un terrier dans un sol meuble. Elles s'enfouissent également les jours les plus chauds de l'été si elles ne peuvent pas trouver un peu d'eau.

* En captivité, elles peuvent vivre dans un terrarium avec un large bac peu profond (les jeunes sont plus aquatiques que les adultes), la température devant être entre 22 et 26 °C., l'hygrométrie élevée (au moins 80 %). Une lampe I.R. allumée quelques heures par jour fournit une température de 30 °C. au sol. La luminosité doit être modérée, quelques plantes permettant de fournir de l'ombre. Pendant la saison chaude, elles peuvent vivre dans un terrarium de plein air.

Elles sont omnivores : champignons, salade, fruits (pomme, banane, melon), carottes râpées, viande hachée, vers de farine, vers de terre, pâtée pour chien... Les jeunes sont plutôt carnivores alors que les adultes âgés sont presque exclusivement végétariens.

f. Emys orbicularis : Cistude d’Europe

* Elles habitent dans les eaux calmes à fond vaseux, aux rives bordées d'une végétation abondante (étangs, marais, rivières, petits torrents méditerranéens souvent temporaires). On les trouve parfois dans les eaux saumâtres. Quand il fait beau, elles s'exposent longuement au soleil mais plongent à la moindre alerte.

De septembre ou octobre à mars, elles hibernent dans la vase. Pendant les fortes chaleurs, elles ne sortent qu'au crépuscule ou même elles estivent sous des débris végétaux.

Elles sont essentiellement carnivores : crustacés, grenouilles, poissons et même jeunes oiseaux. Exceptionnellement elles peuvent manger des plantes aquatiques. Elles peuvent également chercher leur nourriture sur la terre ferme : insectes, escargots, limaces. Les jeunes mangent plutôt des vers, des alevins, des têtards, des petits insectes.

* Les jeunes doivent être élevés à 22-24 °C. dans un vaste aquarium, garni de pierres émergées surmontées d'une lampe à I.R. qui les chauffent à 28 °C. Il faut une luminosité moyenne et une lampe à U.V. (allumée

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pendant une heure deux fois par semaine). Les adultes peuvent être gardés dans un bassin entouré de végétation. L'enclos doit être bien clôturé car ces tortues grimpent fort bien.

L'hibernation semble indispensable chez les adultes pour le déclenchement et la mise en phase des cycles sexuels. (Remarque : Sur le plan médical, l'hibernation ne paraît nécessaire à aucune espèce). Elle peut se faire dans un épais tas de feuilles ou de paille, en plein air ou dans un local frais (6-10 °C.) et sombre, à condition que les tortues disposent d'un bassin.

L'alimentation comprend des proies vivantes et des morceaux de viande rouge.

g. Cuora amboinensis : Tortue boîte de Malaisie

Elles vivent dans les marécages, les torrents, les régions inondées, les forêts.

Leur régime est surtout végétarien.

h. Cyclemys dentata

Elles vivent dans les régions marécageuses et inondées, les forêts. Les jeunes sont davantage aquatiques que les adultes.

Elles sont omnivores et très voraces.

2. Testudinidae

Ces tortues sont terrestres.

a. Testudo hermanni : Tortue d’Hermann

Elles vivent dans des lieux abrités, principalement le maquis qui recouvre les collines des massifs primaires (épais tapis végétal constitué de graminées denses, de buissons, de broussailles, de feuilles mortes). Elles vont boire et même parfois se baigner dans les mares pendant les grandes chaleurs.

Elles hibernent sous divers débris végétaux ou des souches car souvent elles ne parviennent pas à s'enterrer dans le sol rocailleux trop dur.

Elles ont une alimentation variée : verdure, fruits rouges (cerises, fraises, mûres...), quelques invertébrés.

b. Testudo graeca : Tortue ‘grecque”, tortue mauresque, tortue turque

* Elles habitent des régions semi-désertiques, steppiques, sablonneuses, couvertes de graminées, de buissons, parfois de palmiers ou même de véritables forêts en altitude (jusqu'à 1500 m).

Elles s'enterrent pour hiberner de novembre à mars.

Leur alimentation est constituée surtout de feuilles tendres et de fleurs.

* En captivité, il faut les faire hiberner plutôt à l'extérieur, dans de la paille, des herbes sèches, des feuilles mortes. Il faut éviter les jardins sans abri ou à sol trop dur, les caves trop chaudes et trop sèches ou les appartements.

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On leur proposera de la salade, des légumes verts, des fraises, des fleurs de pissenlit et des vers de terre ou des escargots, ou à défaut un peu de pâtée pour chien.

c. Testudo marginata : Tortue liserée

Elles vivent dans les collines grecques protégées par un maquis ou une petite forêt.

L'hibernation est peu profonde, entrecoupée de brefs réveils.

Elles consomment essentiellement de la verdure.

d. Testudo horsfieldi : Tortue d’Horsfield, tortue des steppes

* Elles vivent dans des régions steppiques à sol argileux ou sablonneux, en plaine et jusqu'à plus de 1500 m d'altitude. Elles sont souvent soumises à de rudes conditions, à des saisons très contrastées avec de grands écarts de température, la végétation pouvant être très éphémère.

Si elles sont très actives à la belle saison, elles hibernent pendant de longues périodes et estivent souvent aussi.

Elles se nourrissent des parties les plus tendres de la maigre végétation.

* La vie en captivité ne pose pas de problème si elles possèdent un abri protégé de la pluie pour leur longue hibernation.

Leur alimentation doit comporter une grande partie de végétaux : verdure, fleurs, fruits sucrés (fraises, cerises), ainsi que des insectes et des escargots chez les jeunes.

e. Geochelone pardalis : Tortue léopard

* Elles habitent la savane dans des régions sablonneuses ou parfois rocheuses (graminées et épineux). Elles vivent en plaine mais surtout dans les collines et les montagnes jusqu'à 3000 m.

Elles sont moins actives pendant les grandes chaleurs et la sécheresse, mais n'estivent pas vraiment. Elles peuvent rester longtemps sans boire.

Elles consomment de l'herbe ou des plantes succulentes, et même des os et des excréments !

* En captivité elles ont besoin de 30 °C. pendant le jour et 22 °C. pendant la nuit. Il faut leur proposer de la verdure (laitue, pissenlits, épinards, trèfle, gazon), des fruits et des légumes (melon, tomates, carottes, pommes, poires, raisin...). Il leur faut de l'eau à volonté (elles peuvent boire en grande quantité) et des compléments minéraux.

f. Geochelone radiata : Tortue rayonnée

* Elles vivent dans le bush (formation végétale broussailleuse des régions tropicales arides constituée d’arbustes et d’arbres bas adaptés à la sécheresse). Par temps sec, elles sont actives le matin et le soir. Par temps pluvieux, elles sortent toute la journée.

Elles s'enfouissent s'il y a des périodes prolongées de froid ou de grande chaleur.

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* En captivité, il leur faut 25 à 30 °C. En été, on peut leur faire un enclos en plein air, mais il ne faut pas les faire hiberner.

g. Acinixys planicauda

* Elles habitent la forêt claire, dans un milieu moins aride que les autres espèces malgaches.

* En captivité, on leur proposera des tomates, des bananes, du melon, des pommes, des poires, de la viande hachée.

h. Chersine angulata

* Elles vivent dans des régions basses, des zones sablonneuses plutôt sèches, parfois arides, dans une sorte de maquis couvert d'herbes, de plantes succulentes et de buissons qui leur servent d'abri.

Elles n'hibernent pas véritablement pendant la saison froide, mais leur activité augmente pendant la saison des pluies.

* En captivité, en hiver il leur faut un terrarium dont l'air est entre 24 et 27 °C. avec une zone entre 30 et 34 °C. L'éclairage doit être très intense. Deux fois par semaine, il faut arroser le terrarium ou baigner les

tortues. En été, on peut leur faire un enclos très vaste (jusqu'à plusieurs dizaines de m2) en plein air.

L'alimentation doit être composée de végétaux tendres, de fleurs, de fruits sucrés et de viande crue de temps en temps.

i. Geochelone carbonaria : Tortue charbonnière

* Elles vivent dans des savanes boisées et des forêts chaudes et humides. Ce sont des tortues très actives.

* En captivité, les jeunes se déshydratent rapidement. Il faut donc les maintenir sur un sol inondé. Pour les adultes, il leur faut un terrarium sauf en été : on peut les mettre en plein air à condition que l'endroit soit suffisamment ombragé. Il leur faut un point d'eau pour qu'elles puissent boire quand le temps est trop sec.

L'alimentation comprend des bananes, des tomates, des petits invertébrés (vers, larves d'insectes, escargots), de la viande fraîche ou en décomposition.

j. Geochelone elegans : Tortue étoilée

* Elles habitent des régions de plaines couvertes de broussailles ou de buissons. Elles passent les heures les plus chaudes à l'abri des végétaux. Leur activité augmente pendant la saison des pluies (mousson d'été).

* En captivité, elles ont besoin d'un degré hygrométrique élevé.

On leur distribue de la verdure, des fruits, de la viande crue.

k. Geochelone elongata : Tortue à tête jaune

* Elles vivent dans des régions peu élevées et relativement sèches : forêts claires, savanes

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buissonneuses. Ce sont des tortues peu actives qui demeurent immobiles dans leur abri s’il ne pleut pas.

* En captivité, il leur faut une atmosphère pas trop sèche, ainsi qu'un bassin.

On leur proposera de l'herbe, du trèfle, de la salade, de la banane, de la tomate, de la pomme, ainsi que de petits morceaux de viande crue.

l. Kinixys belliana : Tortue à dos articulé des savanes

* Elles habitent dans la savane. Elles supportent mal la sécheresse et s'enterrent alors profondément plusieurs mois dans le sol ou dans une termitière. Elles peuvent aussi se réfugier sous des racines ou dans des buissons épais, généralement près des mares ou des cours d'eau temporaires. Pendant la saison des pluies, leur activité augmente : elles peuvent nager ou avoir une activité nocturne.

Leur régime alimentaire comprend des végétaux, des fruits murs, des invertébrés (insectes, myriapodes, escargots), de la charogne.

* En captivité, il leur faut une atmosphère humide pour qu'elles soient actives. Pour stimuler leur appétit, on peut faire alterner les périodes sèches avec des périodes humides en pulvérisant abondamment le terrarium. Il ne faut pas les faire hiberner.

On leur proposera de la banane, de la pomme, de la tomate, éventuellement de la viande hachée crue.

m. Malacochersus tornieri : Tortue plate d’Afrique orientale ou tortue galette

* Elles vivent de 500 m d'altitude à près de 2000 m. On les trouve exclusivement sur des collines couvertes de massifs rocheux fissurés. Elles escaladent les parois rocheuses avec agilité pour gagner une fente où elles s'abritent.

Elles estivent pendant les périodes de grande chaleur.

* En captivité, il faut un terrarium ou un enclos bien fermé, avec un abri indispensable.

On leur proposera de la verdure ou éventuellement de la salade, des fruits (banane, tomate), ainsi que de la charogne. Elles refusent les insectes et la viande fraîche.

3. Chelydridae

Ce sont des tortues aquatiques, qui chassent à l’affût et qui happent leur proie..

a. Chelydra serpentina : Tortue hargneuse

* Elles vivent dans l'eau douce ou l'eau saumâtre (fleuves, rivières, lacs, étangs, canaux, lagunes). Il faut des eaux riches en plantes et des fonds vaseux pour s'y enfouir.

Elles hibernent d'octobre à mars au nord des États-Unis, généralement dans la vase.

Elles chassent à l'affût et se nourrissent de poissons, de crustacés, de charognes, de plantes aquatiques, et même d'animaux qu'elles vont chercher la nuit sur la terre ferme.

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* En captivité, les jeunes doivent être séparés des adultes. Les jeunes doivent être mis entre 22 et 24 °C., avec un éclairage modéré. Il faut des aires de repos (écorces flottantes). Les adultes ont besoin d'un aquaterrarium dont l'eau représente les 4/5 de la surface totale, avec une profondeur d'environ 15 cm. La température et l'éclairage sont les mêmes que pour les jeunes. Les adultes de plus de 15 cm peuvent vivre dans un bassin de plein air l'été. On peut même les y mettre toute l'année s'ils ont un refuge pour hiberner (vase, végétaux en décomposition) et si les hivers ne sont pas trop rigoureux.

La nourriture est composée de proies vivantes ou fraîchement tuées : tubifex, têtards, insectes et leurs larves, poissons, batraciens, souris. On peut aussi leur donner de la viande rouge, du coeur de boeuf, de la salade, aliments auxquels il faut ajouter des composés riches en calcium assimilable.

b. Macroclemys temmincki : Tortue alligator du sud-est des États-Unis

Elles habitent de grandes rivières ou des lacs, parfois, des étangs situés près de cours d'eau importants.

Elles chassent à l’affût, la bouche grande ouverte où frémit un appendice rougeâtre ressemblant à un ver.

4. Platysternidae : Platysternon megacephalum : Tortue à grosse tête

* Elles vivent dans les petits cours d'eau ou les torrents des collines et des régions montagneuses. Elles peuvent grimper aux rochers et même aux arbres et se glisser dans les fissures. Elles ont des moeurs nocturnes.

Leur régime alimentaire est carnivore : poissons, amphibiens, mollusques, vers, crustacés.

* Le maintien en captivité est délicat pour les jeunes. On est obligé d'isoler chaque individu. Il faut un grand aquaterrarium bien fermé pour éviter les évasions et la déshydratation. La longueur doit être supérieure à 80 cm, avec une eau de 10 ou 20 cm de profondeur et représentant 4/5 de la surface totale. On y ajoute quelques pierres arrondies et plates, ainsi que de longues et larges branches de bois mort qui surplombent l'eau. Une lampe I.R. doit être allumée pendant 2 ou 3 heures par jour. La température sera de 20 à 24 °C. et elle peut même descendre jusqu'à 12 °C. Il ne faut pas de fortes chaleurs. La luminosité sera normale ou faible. Une lampe UV sera allumée pendant 1/4 heure 2 ou 3 fois par semaine. On peut envisager d'aménager un vivarium en plein air pour l'été.

5. Kinosternidae, Kinosternon subrubrum : Tortue des marais

* Elles vivent dans les mares, les fossés, les petits étangs, et même éventuellement dans l'eau saumâtre. Elles creusent des terriers dans la boue des berges et elles vont parfois sur la terre ferme.

Elles hibernent de novembre à mars dans la boue.

Elles consomment principalement des insectes et des gastéropodes, des plantes aquatiques ainsi que des petits vertébrés aquatiques (têtards).

* Il faut leur aménager un aquarium où l'eau est entre 22 et 25 °C., la luminosité moyenne. Elles doivent être isolées car elles sont très peu sociables. Elles ne doivent pas subir d'hibernation.

On pourra leur proposer toute sorte de nourriture végétale ou animale, morte ou vivante mais elles ont une nette préférence pour les insectes et leurs larves et pour les escargots. Elles acceptent bien également la viande rouge, le poisson et les feuilles de salade.

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6. Chelidae, Chelus fimbriatus : Matamata

* Elles vivent dans les eaux peu profondes et calmes de la forêt vierge, de préférence dans les zones marécageuses peu éclairées parmi les végétaux morts ou vivants. Elles se couvrent la dossière de vase et peuvent rester immobile pendant des heures. Elles remontent lentement leur long cou pour respirer et seule leur trompe dépasse de la surface de l'eau. Lucifuges, elles sont actives surtout la nuit. Elles aiment errer sur la terre ferme.

Elles ne consomment que des poissons vivants (vairons, gardons, carassins...) qu'elles chassent à l'affût.

* En captivité, il faut un grand aquarium avec une eau de 27 à 30 °C., d'une profondeur leur permettant de respirer en tendant le cou. Le fond sera constitué d'une épaisse couche de fins gravillons ou de sable. L'aquarium doit être très ombragé et couvert car elles peuvent chercher à sortir.

On leur proposera des poissons vivants (une dizaine par semaine) mais elles peuvent également accepter des poissons morts lacérés.

7. Pelomedusidae

a. Pelusios castaneus

* Elles vivent dans des petits cours d'eau calmes, des étangs, des marais et même dans des eaux temporaires. Elles se promènent au fond de l'eau pour chercher sa nourriture mais elles sortent volontiers de l'eau pendant la nuit ou quand il pleut. Elles n'apprécient pas le soleil et s'il fait chaud ou sec, elles creusent un terrier.

Le régime alimentaire est peu connu (végétaux ou animaux en décomposition ?).

* En captivité, il faut un aquaterrarium avec une partie aquatique et une partie terrestre en parts égales, et avec un abri. La température de l'eau et de l'air le jour sera de 24 à 27 °C., la luminosité faible. Les adultes peuvent vivre la moitié de l'année en plein air avec un tas de vieilles herbes où ils s'abritent.

Elles acceptent les petits invertébrés (vers, mollusques), le poisson, la viande rouge, éventuellement les fruits (poire, banane).

b. Pelomedusa subrufa : Tortue à cou caché d’Afrique

* On peut les trouver dans toute étendue d'eau, courante ou stagnante, mais surtout dans les mares de la savane. Elles peuvent se promener au crépuscule sur la terre ferme.

Elles estivent et/ou hibernent selon les régions.

Elles consomment des batraciens et des têtards, de la charogne, des vers de terre, des insectes.

* En captivité, il faut un vivarium dont la partie aquatique représente les 2/3 de la surface. L'eau doit être entre 24 et 28 °C. La partie terrestre sera surmontée d'une lampe I.R. allumée quelques heures le matin.

On leur proposera de la viande rouge, du poisson, des crevettes, divers végétaux (banane, poire...).

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Conclusion du B. Les conditions d’entretien des tortues sont plus ou moins compliquées selon les espèces. Nous verrons dans le III. leur impact sur les problèmes pathologiques que nous rencontrons lors de notre étude. Mais auparavant nous présenterons la pathologie générale des tortues.

C. PATHOLOGIE DES TORTUES (4) (5) (6) (8) (9) (13) (20) (21) (22) (23) (25) (29) (32) (33) (34) (35) (37) (38) (40)

En captivité, tout comme on peut rencontrer toutes les espèces de tortues, on peut également trouver a priori toutes les maladies décrites chez les chéloniens.

La pathologie des tortues est étudiée par de nombreux auteurs et certains ouvrages s’y consacrent entièrement. Cependant nous tenons à présenter dans cette thèse les dominantes pathologiques (voir l’annexe “Pathologie des tortues”). Nous le ferons dans un ordre que l’on trouve rarement mais que nous trouvons pratique : Nous retiendrons une classification anatomique des maladies. Connaissant généralement la localisation de la maladie, on pourra donc se référer directement au chapitre correspondant. En effet, de nombreux ouvrages proposent une classification étiologique de la pathologie des tortues. Or, en pratique courante, les causes sont rarement connues d’emblée, sans avoir recours à un examen complémentaire.

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ANNEXE “PATHOLOGIE DES TORTUES”

1. Affections générales

a. Affections générales d'origine alimentaire

1°- Anorexie

* Symptômes : Le refus d'alimentation conduit à la cachexie qui se traduit par une augmentation des plis de peau, une énophtalmie, une nécrose de la peau, du cloaque et des muqueuses, ainsi que par une faiblesse. On peut avoir des infections bactériennes dues à des germes normalement saprophytes, des infestations parasitaires et des troubles de la reproduction (rétention d'oeufs).

* Étiologie : L’anorexie peut être causée par des mauvaises conditions d'entretien (température insuffisante, mauvaise luminosité, surpeuplement...), par des manipulations trop fréquentes ou par de nombreuses maladies. S'il n'y a pas de cause, on parle d'anorexie essentielle. Le cas d'anorexie le plus fréquent est celui des jeunes tortues de Floride achetées à la taille d'une pièce de 5 francs et logées dans un minuscule bac en plastique sans le moindre système de chauffage ni d'éclairage.

* Traitement :

- On essaye d'abord de stimuler l'appétit :

° On chauffe la tortue fortement et brutalement à 30 ou 35 °C. pendant 3 heures sans lumière puis on la remet à sa température moyenne préférée. On peut répéter cela 2 ou 3 fois à 24 heures d'intervalle.

° On veille à procurer le degré d’hygrométrie adapté à l’espèce.

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° On fournit des aliments adaptés à son régime.

° On installe une lampe à spectre proche du spectre solaire pendant au moins 15 jours.

° On baigne la tortue à l'eau tiède pendant quelques heures.

° On peut essayer de stimuler l'appétit avec du FLAGYL P.O. ou de la vitamine B ou C en injection I.M.

- En cas d'échec, on procède au gavage :

° On place des gros morceaux d'aliments profondément dans la cavité buccale,

° On peut aussi intuber la tortue à l'aide d'un tuyau souple (tubulure de perfusion ou sonde urinaire) placé dans l'oesophage (la trachée bien visible est facilement évitée). À l'aide d'une grosse seringue, on fait progresser le mélange. Il doit être semi-liquide et concentré. On peut utiliser par exemple, RENUTRYL

500, NUTRI PLUS Gel(R), ou un mélange de viande crue, de jaune d'oeuf, de vitamines et de minéraux (potassium, calcium, sodium, magnésium).

Il faut procéder à plusieurs petits gavages plutôt qu'à un seul volumineux. Cela est d'autant plus important que l'anorexie est ancienne car cela favorise la synthèse des enzymes digestives et leur action.

- Si l'anorexie dure depuis plus de 3 mois et qu'elle s'accompagne de cachexie et de faiblesse, le gavage est impossible. En effet les enzymes digestives n'existent quasiment plus et il faut recourir à l'alimentation parentérale. On fait des injections sous-cutanées ou intrapéritonéales d'un mélange de glucose isotonique, de chlorure de sodium isotonique, de vitamines, de minéraux (potassium, sodium, calcium, magnésium) et d’acides aminés. Il faut injecter 4 % du poids vif soit 40 ml/kg par jour en 2 ou 3 fois jusqu'à amélioration de l'état général, ce qui permettra alors de passer au gavage.

2°- Avitaminoses, hypovitaminoses

(a) Avitaminose A

* Symptômes :

- L'oedème des paupières conduit à une fermeture des yeux et s'accompagne souvent d'infections (voir le 3. a. 3°-).

- On peut également avoir des symptômes généraux : faiblesse, anorexie, léthargie ;

- des symptômes respiratoires : sifflements, jetage, "soif d'air" ;

- et des lésions tégumentaires : ulcères cutanés, excroissances cornées au niveau des mâchoires.

Sans traitement, la mort survient généralement en 2 ou 3 mois.

* Étiologie : C'est une maladie due à un apport alimentaire insuffisant en vitamine A, vitamine qui protège les épithéliums et dont la carence provoque leur inflammation et leur dégénérescence. Cette carence est plus fréquente chez les tortues aquatiques (genres Pseudemys, Chrysemys et Graptemys (tortues peintes) ; Clemmys ; Emys ; Malaclemys). Elle débute dès la résorption du vitellus et évolue dans les deux premières

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années de vie. Par la suite les réserves de vitamine A accumulées au niveau du foie évitent généralement la carence.

* Traitement :

- Si la tortue mange encore, on peut ajouter de la vitamine A dans la nourriture (AVIBON(R) en

ampoules injectables ou AROVIT(R) en comprimés à écraser) 400 U.I./kg par jour pendant 15 jours. Sinon on peut lui faire avaler cette même dose par gavage.

- On peut également faire des injections intramusculaires de vitamine A (AVIBON(R) ampoules injectables : 5000 U.I. 2 fois à une semaine d'intervalle pour une tortue de 7 cm). Cependant la résorption de la vitamine A semble "aléatoire" par voie parentérale (communication personnelle de M. le docteur Fertard).

- Si la carence débute, on peut distribuer des aliments riches en vitamine A (huile de foie de morue, jaune d'oeuf, foie, croquettes ou pâtée pour chat, beurre, poisson, rognons, fromage, huître). On peut aussi donner des aliments riches en provitamine A (carottes, persil, épinards, laitue, pissenlit, navet, cerfeuil, oseille, chicorée, chou rouge, abricot, tomate).

- Pour une récupération plus rapide, on peut compléter le traitement par l'application locale de vitamine A dans les yeux.

- On peut également ajouter un collyre antiseptique ou antibiotique, ou une pommade contenant à la fois des corticoïdes et des antibiotiques pour lutter contre la conjonctivite.

- Il faut enlever les éventuelles excroissances cornées avec une curette.

Remarque : Les avitaminoses A sont souvent associées à d'autres carences en vitamines et il est préférable de donner un complexe vitaminique à condition que les proportions correspondent aux besoins des tortues. Or on constate souvent que la quantité de vitamine D3 par rapport à la vitamine A est souvent

excessive. Il vaut mieux dans ce cas utiliser la vitamine A seule mais les spécialités deviennent rares. On trouve plus facilement des associations de vitamines.

* Prophylaxie : Il faut veiller à apporter une alimentation équilibrée contenant assez de vitamine A (les teneurs en vitamine A peuvent être précisément connues pour certains aliments industriels comme les croquettes ou les pâtées). Dans le doute il est préférable d'apporter régulièrement un mélange polyvitaminé.

(b) Avitaminose B1

* Symptômes : Elle se traduit par une perte de poids (malgré un appétit conservé), un arrêt de la croissance, une amyotrophie (surtout chez les tortues aquatiques), des tremblements musculaires, un enfoncement des yeux et une inflammation de la cornée et du tube digestif.

* Étiologie : Cette maladie se rencontre chez les tortues aquatiques nourries pendant plusieurs mois avec des poissons congelés crus riches en thiaminases (éperlans, morue...). En effet, ces substances détruisent la vitamine B1.

* Traitement : On peut administrer la vitamine B1 par gavage (1,5 mg/kg par jour pendant 2 semaines) ou en

la mélangeant à la nourriture (30 à 40 mg/kg d'aliment). On fournira des proies fraîches. Si le besoin est

urgent, il faudra administrer la vitamine B1 en injections intramusculaires (BÉNERVA(R), BÉVITINE, 2 à 3

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mg/kg).

* Prophylaxie : Si l'alimentation contient ce type de poissons en quantité importante, il faut ajouter de la vitamine B1 (5 à 10 mg/kg d'aliment 2 ou 3 fois par semaine). On peut utiliser des formes pharmaceutiques

ou des aliments riches en vitamine B1 ( comme les abats : coeur, foie, rognons).

(c) Avitaminose C

* Symptômes : Ce n'est pas une maladie bien individualisée mais plutôt un facteur favorisant les stomatites infectieuses avec arrêt de prise alimentaire ou rejet des aliments.

* Traitement : Il s'agit donc d'un traitement complémentaire des stomatites infectieuses. On peut administrer

la vitamine C P.O. ou en I.M. (LAROSCORBINE(R)10 à 20 mg/kg).

* Prophylaxie : Cette vitamine est présente dans le persil, les choux, les navets, le poivron, le cresson, le fenouil, les agrumes, les fraises, les épinards, etc.

(d) Avitaminose D

* Symptômes : On observe un ramollissement de la carapace, un arrêt de la croissance, des fractures spontanées, une paralysie des membres et l'apparition de déformations de la carapace, du crâne et des membres. À la radiographie, on a une augmentation de la taille des épiphyses des os longs et une diminution de la densité osseuse.

* Étiologie : Il faut un apport alimentaire très insuffisant en vitamine D associé à un apport calcique alimentaire très insuffisant (rapport phosphocalcique inférieur à 1) et à un manque de rayons U.V. pour observer du rachitisme. Cette carence est plus fréquente chez les jeunes tortues en pleine croissance.

* Traitement : Il faut administrer P.O. de la vitamine D3 (huile de foie de morue, DÉDROGYL) et un

complément de calcium. Dans les cas sévères, on peut faire des injections de vitamine D3 (VITAMINE D3

B.O.N.(R)) 4000 à 8000 U.I./kg une ou plusieurs fois.

* Prophylaxie : Elle consiste à procurer une alimentation variée (souriceaux, petits poissons entiers, croquettes ou pâtée pour chats, jaune d'oeuf, huile de foie de morue, foie, fromage, beurre, etc.) et à permettre une exposition régulière à la lumière solaire ou aux ultraviolets.

(e) Avitaminose E

* Symptômes : Ils sont assez flous. On peut avoir une anorexie, une fonte musculaire, un tissu adipeux développé et induré, des incoordinations motrices, une paralysie, une hématémèse, etc.

* Lésions : Il y a une stéatose hépatique. Le tissu adipeux sous-cutané et pleuro-péritonéal est très pigmenté et va du jaune au brun. Il a un aspect cireux et on y rencontre des nodules durs. L'inflammation crée des adhérences entre les organes abdominaux. Elles en font une masse où il est difficile de reconnaître les différents viscères.

* Étiologie : Elle survient si les tortues consomment longtemps beaucoup de poissons riches en acides gras poly-insaturés (éperlans, maquereaux).

* Traitement : Il faut administrer de la vitamine E (ÉPHYNAL(R) 2 à 4 U.I./kg) car elle a un rôle antioxydant vis-à-vis des graisses. Il faut aussi fournir un régime plus varié.

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* Prophylaxie : Il faut varier la nourriture et ne pas dépasser 50 % de poisson. La vitamine E se trouve dans la plupart des aliments gras mais aussi dans les asperges, les épinards, le persil, le chou, la tomate, la mûre, le cassis.

Conclusion du 2°- Les avitaminoses sont fréquentes mais elles peuvent être prévenues en administrant de temps en temps de l’huile de foie de morue ou un mélange vitaminé ou en distribuant du foie et du persil aux tortues.

3°- Hypervitaminoses

(a) Hypervitaminose A

* Symptômes et lésions : On observe des exostoses, une hépatomégalie et des lésions cutanées (décollement de la peau du cou et des pattes, suintement et hyperkératose).

* Étiologie : Elle provient d’un apport iatrogène excessif.

* Traitement : Étant donné les réserves constituées au niveau du foie, le seul traitement consiste à réduire les apports en vitamine A pendant plusieurs mois. Bien sûr il faut désinfecter les lésions cutanées.

* Prophylaxie : La dose maximale de vitamine A distribuée à titre prophylactique ne doit pas dépasser 10 000 U.I./kg.

(b) Hypervitaminose D3

* Symptômes : Elle se traduit par de l'anorexie, des boiteries, une fragilité osseuse, une insuffisance rénale par calcification du rein et parfois de l'ascite.

* Lésions : On constate à la radiographie une déminéralisation osseuse et des calcifications erratiques au niveau du myocarde, des gros vaisseaux et des reins. Ces tissus sont jaunâtres et crissent à la coupe.

* Étiologie : Elle résulte d'un apport alimentaire excessif en vitamine D3 ou d'une exposition excessive aux

ultra-violets.

* Traitement : Là encore les réserves hépatiques empêchent tout traitement. On ne peut que réduire pendant une longue période les apports en vitamine D3 et en ultra-violets et maintenir un rapport phosphocalcique

correct entre 1 et 1,5.

* Prophylaxie : L'apport préventif de vitamine D ne doit pas dépasser 100 U.I./kg de poids vif par semaine. Le rayonnement U.V. ne doit pas être supérieur au rayonnement naturel.

4°- Carence en calcium, excès de phosphore

* Symptômes : On a une faiblesse des 4 membres avec impossibilité de soulever la carapace, une atonie, des déformations osseuses, un ramollissement de la carapace et des fractures spontanées des membres.

* Lésions : Les os sont mous (à l'autopsie, on peut les couper au couteau). À la radiographie, le diamètre de la cavité médullaire est normal mais la corticale est irrégulièrement épaissie.

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* Étiologie et pathogénie : Le rapport Ca/P dans l'alimentation des tortues doit être compris entre 1 et 1,5. Or il y a des aliments trop riches en phosphore : la salade, la tomate, le raisin, la pomme, la banane, les vers de farine, la chair de poisson. D’autres aliments sont trop pauvres en calcium comme la viande rouge. Or le manque de calcium provoque une hypersécrétion de parathormone qui conduit à une déminéralisation osseuse afin de maintenir la calcémie. Si l’alimentation a un rapport phosphocalcique inférieur à 1 pendant une période prolongée, les tortues risquent l'ostéofibrose. C’est surtout les tortues jeunes qui sont atteintes car les adultes possèdent une grande quantité de calcium en réserve dans leur carapace. Il faut remarquer que les tortues qui viennent de pondre présentent une déminéralisation non pathologique.

* Traitement : Il consiste à administrer P.O. du carbonate de calcium. Dans les cas sévères, on peut procéder à des injections S.C. ou I.M. de gluconate de calcium à 10 % (1 ml/kg 2 ou 3 fois par semaine). Pour être efficace, le rapport phosphocalcique du complément doit obligatoirement être supérieur à 2. Le traitement sera contrôlé par radiographie.

* Prophylaxie : L'alimentation doit contenir des aliments riches en calcium (carottes, cresson, épinards, choux, endive, orange, melon, vers de terre, souriceaux, petits poissons entiers, croquettes ou pâtée pour chats, produits laitiers). Les vers de farine doivent être préalablement imbibés de carbonate de calcium. À la viande, on ajoutera du carbonate de calcium (10 g/kg d'aliment). Dans le poisson, on y mettra 15 g/kg d'aliment.

5°- Carence en iode

* Symptômes et lésions : On observe une léthargie, une anorexie, un myxoedème généralisé et, à la base du cou, un goitre parfois volumineux.

* Étiologie : Cette carence est due à un apport insuffisant en iode par l'environnement dans certaines régions ou à la présence de substances goitrogènes dans l'alimentation (choux, épinards, salade, foin, oseille...). On constate une prédisposition à cette carence chez des espèces dont les besoins en iode sont accrus : les tortues géantes des Galapagos (Geochelone elephantopus) et les tortues géantes des Seychelles (Geochelone gigantea). On l'observe également chez les tortues aquatiques nourries exclusivement de viande rouge, carencée en iode.

* Traitement : On peut administrer de l'iodure de sodium dans la nourriture (5 g/kg d’aliment) ou dans l'eau de boisson. On peut aussi mettre du lugol dans l'eau (quelques gouttes) ou du sel de cuisine iodé (5 g/kg d'aliment). L'injection intraveineuse d'iodure de sodium isotonique n'est possible que chez les tortues de grande taille. Il faut aussi supprimer les végétaux goitrogènes du régime alimentaire.

* Prophylaxie : L'iode est particulièrement présent dans les poissons de mer, les coquillages, les algues marines et le sel marin, mais aussi dans l'ananas, les mûres et les pruneaux.

6°- Goutte et pseudo-goutte

(a) Goutte

* Symptômes :

- Goutte articulaire : Les articulations sont douloureuses et tuméfiées.

- Goutte viscérale : Elle est quasiment asymptomatique jusqu'à la mort par insuffisance rénale.

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* Lésions :

- Goutte articulaire : À la radiographie, on voit des urates opaques aux rayons X dans la cavité articulaire ou autour de l’articulation.

- Goutte viscérale : À l'autopsie, on a des dépôts blanchâtres (comme du plâtre) sur le foie, les reins et le péricarde. Remarque : Ces dépôts sont opaques aux rayons X.

* Étiologie : La goutte articulaire est due à une alimentation trop riche en protéines ou à une déshydratation trop poussée chez les tortues terrestres par manque d'abreuvement ou par excès de chaleur. La goutte viscérale est iatrogène (médicaments néphrotoxiques) ou provoquée par une déficience rénale d'origine bactérienne (à la suite d’une septicémie).

* Traitement : C'est une affection incurable. Cependant, en cas de goutte articulaire, il faut fournir de l'eau. On peut tenter d'administrer de l'allopurinol (ZYLORIC 15 mg/kg) ou de la pipérazine. Il faut diminuer ou arrêter l'apport de viande.

(b) Pseudo-goutte

* Lésions : On a une déformation des articulations due à la présence de cristaux de phosphate de calcium. À la radiographie, ces cristaux sont radio-opaques. Remarque : En cristallographie, les cristaux de phosphate de calcium ne sont pas biréfringents, contrairement aux urates.

* Étiologie : Elle est signalée chez Pseudemys scripta. Ces cristaux seraient d'origine alimentaire.

7°- Obésité

* Symptômes : On observe une accumulation de graisse à la base de la queue, à la racine des membres et au niveau de la gorge. On a aussi une diminution de l'agilité et la rétraction totale dans la carapace est impossible. Il peut y avoir mort par dégénérescence graisseuse du foie (surtout chez les tortues aquatiques).

* Lésions : On a un développement de la graisse sous-cutanée, péritonéale, viscérale et dans les cas avancés, une hypertrophie du foie qui devient gris à jaune, friable et gras.

* Étiologie : Elle est la conséquence d'une nourriture trop grasse (Exemple : Vers de farine) ou excessive chez des animaux adultes captifs n'ayant pas beaucoup d'exercice.

* Traitement : Il faut supprimer les causes de l'obésité.

8°- Diabète sucré

Un cas est observé chez Chrysemys sp.

* Symptômes : Cet animal présente une léthargie, une anorexie et une faiblesse musculaire.

* Lésions: On observe l'absence de graisse, un foie friable et grisâtre. La glycémie est à 6,1 g/l.

* Traitement (expérimental) : L'injection de 1 U.I./kg d'insuline S.C. semble maintenir une glycémie normale pendant 3 jours.

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b. Affections générales liées à l'environnement

1°- Hyperthermie, coup de chaleur

* Symptômes : On assiste à une agitation et à des convulsions violentes puis à la mort, bouche ouverte.

* Lésions : On observe une déshydratation et éventuellement des ulcérations cutanées.

* Étiologie : Ceci est provoqué par une température supérieure à la température maximale critique. Cela peut arriver lors de canicule ou si la tortue est en plein soleil sans pouvoir se mettre à l'ombre, ou encore en cas de panne du thermostat pour les tortues en vivarium...

* Traitement : Il doit être rapide. Baigner dans l'eau froide. Faire des injections sous-cutanées de chlorure de sodium isotonique (4 % du poids). Utiliser éventuellement des analeptiques cardio-respiratoires (HEPT-A-MYL).

* Prophylaxie : Procurer des zones ombragées pour les tortues vivant à l'extérieur. En vivarium, il faut installer un thermostat et laisser un thermomètre bien visible en permanence afin de contrôler très régulièrement la température.

2°- Hypothermie

* Symptômes : On peut observer un jetage, une fermentation des aliments dans le tube digestif avec infection intestinale, des gelures cutanées et une gangrène sèche des membres ou de la queue, la mort des embryons et le développement de champignons sur les oeufs.

* Étiologie : Si l'hypothermie est contrôlée et progressive, la tortue entre en hibernation, mais une vague de froid intense ou une coupure de courant provoque une hypothermie brutale incontrôlée qui peut être fatale.

* Traitement : Il faut augmenter la température très progressivement en 2 ou 3 heures et enrayer l'infection par une antibiothérapie.

* Prophylaxie : Surveiller au moins une fois par jour les thermomètres. Fournir un gradient de température aux tortues, ce qui leur permet de trouver elles-mêmes leur optimum. Protéger du gel le site d’hibernation des tortues (feuilles mortes ou paille en couche de 40 cm d'épaisseur et de 80 cm de diamètre).

3°- Mauvaise hibernation

* Étiologie : L'hibernation ne semble réellement nécessaire que pour la reproduction des espèces naturellement hibernantes. Il vaut mieux ne pas faire hiberner une tortue plutôt que de la faire hiberner dans de mauvaises conditions car c'est une grande cause de mortalité en captivité. Les accidents potentiels sont nombreux et graves :

- Si la température est trop basse (hiver très rigoureux, site d'hibernation mal protégé), on peut avoir une hypothermie (voir le 2°-) ou des gelures entraînant la mort ou nécessitant l’amputation des extrémités.

- Au contraire si on a une température trop douce (hibernation à l'intérieur de la maison), le métabolisme continuera à brûler les réserves, la tortue se réveillera fréquemment, sans avoir cependant suffisamment chaud pour manger, et elle s'épuisera. On aura alors mort ou carences multiples au réveil.

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- On peut avoir une putréfaction du contenu digestif.

- La tortue peut subir des attaques des prédateurs (rongeurs, invertébrés).

* Prophylaxie : Les règles à respecter pour une hibernation correcte sont les suivantes :

- Les tortues doivent être bien nourries et elles doivent être en bonne santé.

- Faire une diète préalable de 1 à 2 semaines.

- Utiliser un endroit froid (5 à 10 °C.) et sec, mais hors gel.

- Fournir un substrat meuble et aéré (paille, foin ou même mieux, boules de papier journal (communication personnelle de M. le docteur Fertard)).

- Protéger les tortues des invertébrés et des rongeurs.

- Surveiller régulièrement le lieu d'hibernation et les animaux.

4°- Électrocution

* Symptômes : On observe une mort véritable ou apparente.

* Étiologie : Elle peut être causée par des câbles chauffants dénudés ou par un accès aux fils électriques de l'éclairage...

* Traitement : Il faut mettre la tortue sous assistance respiratoire à l'aide d'un masque à oxygène ou d'une intubation trachéale ou au moins par rentrée et sortie des membres dans la carapace. On procède au traitement local des brûlures.

5°- Noyade

* Symptômes : On a également une mort apparente ou véritable.

* Étiologie : Elle est observée surtout chez les tortues terrestres bien qu'elles soient capables de nager. Mais les tortues aquatiques peuvent aussi se noyer : si elles se coincent ; si elles se tombent sur le dos et qu'il n'y a pas assez profond d'eau pour se retourner ; au contraire si les jeunes tortues sont maintenues en eau trop profonde ; lors de l'accouplement ; enfin si elles n'ont pas de plate-forme pour se reposer.

* Traitement : Il faut utiliser des diurétiques et des cations (Na+). On procède à une réanimation en rentrant et en sortant les membres et la tête, ou par oxygénation en intubant la tortue ou avec un “masque” (corps de seringue). Les chances de succès sont importantes étant donné la grande résistance des tissus des tortues à l'anoxie, même s'il y a mort apparente.

6°- Intoxications

(a) Organophosphorés

* Symptômes : Ils provoquent une incoordination et des tremblements musculaires.

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* Étiologie : Cette intoxication survient essentiellement lors de traitements avec des insecticides (pulvérisations en milieu clos) et des vermifuges.

* Traitement : L'atropine est testée sans succès, probablement à cause de l'évolution rapide vers la mort dès les premiers symptômes.

(b) Organochlorés

* Symptômes : Ils sont sans doute à l'origine d'une baisse de fécondation des oeufs.

* Étiologie : Ils proviennent de l'épandage de D.D.T. dans le milieu sauvage.

(c) Carbaryl

* Symptômes : On observe des convulsions.

* Étiologie : Ces symptômes apparaissent lors de l'utilisation du Carbaryl à dose excessive.

* Traitement : Il faut baigner l'animal pour éliminer le produit encore sur la peau. En cas d'ingestion, il convient d'utiliser des laxatifs comme l'huile de paraffine ou de vaseline.

(d) Plantes contenant des oxalates

* Lésions : On observe des cristaux d'oxalates de calcium dans les reins.

* Étiologie : Ils font suite à l'ingestion de rhubarbe ou d'oseille.

(e) Autres plantes

* Étiologie : De nombreuses plantes sont potentiellement toxiques bien que les tortues y soient très résistantes : le laurier rose, la mercuriale, l'aconit, la digitale...

* Traitement : On administre des laxatifs (huile de vaseline), des diurétiques (furosémide à 5 mg/kg ou mannitol) et des injections S.C. de sérum salé et sucré.

(f) Autres

Les autres produits potentiellement toxiques sont la teinture d'iode, les iodoformes, le soufre, la nicotine, la naphtaline, le kérosène, l'éther, le chloroforme, l'alcool, le white-spirit, la térébenthine, etc. À signaler l'intoxication par les déchets azotés chez les tortues à carapace molle lors de la pollution organique de l'eau. La mort est généralement brutale, surtout à température élevée. Ce problème peut être évité en changeant fréquemment l'eau et en siphonnant régulièrement les déchets organiques qui s'accumulent au fond de l'aquarium.

c. Affections générales bactériennes

1°- Septicémies

(a) Aéromonose ou septicémie hémorragique

* Symptômes : On distingue trois formes mais tous les intermédiaires sont possibles.

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- Forme aiguë septicémique : affaiblissement soudain, respiration avec la bouche ouverte, convulsions, coma et mort en 24 heures.

- Forme pulmonaire : jetage, diarrhée, vomissement, cyanose, épiderme rougi autour des articulations, mort en une semaine environ sauf évolution vers la chronicité avec déshydratation et perte de poids.

- Forme digestive : elle fait souvent suite à la précédente forme. Le jetage persiste pendant quelques semaines, les animaux présentent une stomatite purulente et une entérite importante, ainsi que des pertes d'écailles sur de grandes surfaces corporelles. La mort survient en 5 à 6 semaines.

* Lésions :

- Forme aiguë : On observe des lésions de septicémie hémorragique sur tous les organes. Les muscles sont hémorragiques. La cavité pleuro-péritonéale est remplie de sang et on a des pétéchies sur les muqueuses et les séreuses. On a un hémopéricarde et des suffusions sur l'endocarde. Le ventricule peut être vide, flasque tandis que les oreillettes contiennent du sang noir et épais. Le foie est hypertrophié, brunâtre, avec des foyers de nécrose jaunes ou grisâtres. Les intestins congestionnés présentent des pétéchies. Les reins et la rate sont hémorragiques. Les poumons sont congestionnés et remplis de sang et de fibrine.

- Forme pulmonaire : On a une inflammation sévère des poumons avec du pus dans les bronches et la trachée et parfois des nodules de pus dans le tissu pulmonaire. Le foie, le tube digestif, le péritoine et les reins sont congestionnés ou hémorragiques.

- Forme digestive : Les lésions du poumon sont plus avancées que dans la forme pulmonaire qui la précède, avec nécrose et hépatisation de zones pulmonaires. La trachée et les bronches contiennent une substance muco-purulente. On a une entérite catarrhale avec oedème gélatiniforme de la paroi, ainsi que parfois une péritonite suppurée et une stomatite.

* Étiologie :

- Elle est favorisée par une température inadéquate, le stress, la sous-alimentation, le parasitisme, les plaies cutanées et les plaies des muqueuses. Elle touche surtout les tortues aquatiques.

- Généralement le facteur déterminant est Aeromonas hydrophila. C’est parfois Aeromonas shigelloïdes ou Aeromonas formicans. Il y aurait une synergie entre Aeromonas sp. et un virus. Il n'y a pas de contagion directe de tortue à tortue.

* Traitement : Aeromonas sp. est résistant à beaucoup d'antibiotiques. Un antibiogramme à partir du jetage ou de la salive est souhaitable. Sinon on peut utiliser les tétracyclines, la gentamicine, la kanamycine, la streptomycine ou le chloramphénicol. Mais les tortues malades seront difficilement sauvées et le traitement a pour but surtout d'éviter l'atteinte des congénères. Les tortues malades seront isolées. Les vivariums devront être désinfectés à l'eau de javel, à l'hexamidine ou au formol à 1 %. Puis ils seront rincés et inutilisés pendant deux semaines.

* Prophylaxie : L'eau est une source d'infection importante et il faut donc désinfecter régulièrement les bassins à l'eau de javel ou à l'hexamidine. La terre et le sable doivent être renouvelés de temps en temps. Les plaies doivent être désinfectées à la BÉTADINE, la chlorhexidine ou au Dakin.

En période d'infection, on peut procéder à une chimioprophylaxie chez les tortues saines à base de tétracycline (20 mg/kg par jour pendant 4 jours), de kanamycine ou de gentamicine, ainsi que de vitamines A, B et C.

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(b) Septicémie cutanée ulcéreuse ou S.C.U.D. ou septicemic cutaneous

ulcerative disease

* Symptômes : On a d'abord l’apparition de symptômes généraux : anorexie, léthargie, baisse du tonus musculaire, dépérissement progressif. Puis on assiste à une paralysie des membres, à l'apparition d'un film catarrhal qui recouvre les yeux. Enfin on observe une congestion de la peau qui devient hémorragique. Des ulcères à contours irréguliers apparaissent surtout sur la queue et les membres, souvent accompagnés de la chute des griffes et même des doigts. L'évolution conduit à une atteinte hépatique, à une septicémie et à la mort assez rapidement.

* Lésions : On a une ulcération ou une nécrose de la peau avec, parfois, une nécrose des muscles sous-jacents, du coeur, du foie, des reins, de la rate.

* Étiologie :

- Le facteur déterminant est Citrobacter freundii, bactérie de la flore intestinale normale des tortues.

- La contamination se fait à la faveur de plaies (dues aux combats surtout). On rencontre cette maladie en particulier chez les tortues aquatiques des genres Pseudemys, Chrysemys et Emys.

* Traitement : On peut réaliser un antibiogramme à partir des ulcères. Le chloramphénicol, les tétracyclines, la gentamicine et l'auréomycine sont souvent actifs. On y ajoutera une antisepsie locale des lésions et des vitamines A, B et C.

(c) Salmonellose

* Symptômes : Ils ne sont pas caractéristiques. On a émaciation des masses musculaires, faiblesse, anorexie, parfois entérites aiguës, pneumonies, péritonites ou septicémies. La mort survient en quelques jours à quelques semaines.

* Lésions : On a une congestion générale des organes. La cavité pleuro-péritonéale est remplie de sang non coagulé. Le coeur est de consistance flasque. Le foie est hypertrophié, bronze, friable, avec des foyers de nécrose ou des abcès. L'intestin est congestionné et présente également des abcès ou des foyers de nécrose. On a une hépatisation des poumons qui présentent parfois des abcès.

* Étiologie : Les bactéries en cause sont Salmonella typhimurium, S. regent, S. marina ainsi que d'autres sérotypes non déterminés. En fait les salmonelles sont parmi les bactéries les plus fréquentes dans la flore des tortues. Mais elles n'engendrent que rarement des infections (animaux affaiblis ou victimes de stress). Il y a un risque de transmission à l'homme, en particulier aux enfants et aux personnes âgées.

* Traitement : Il est souvent impossible car le diagnostic sur un animal vivant est très rare. En principe on pourrait utiliser le chloramphénicol, les tétracyclines, la néomycine. Il faut y ajouter des précautions d'hygiène et d'isolement.

(d) Septicémie à Clostridium sp.

* Symptômes : Ils sont très frustes : anorexie, difficultés locomotrices et mort très rapide. La maladie évolue sous forme d’une épidémie.

* Lésions : On a un oedème crépitant du cou et des membres pouvant aller jusqu'à l'éclatement post mortem de la carapace. Un liquide sanguinolent et spumeux s'échappe de la cavité buccale et du cloaque. Il y a une

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congestion généralisée de tous les organes avec accumulation de gaz dans les tissus. Les viscères sont rouge noirâtre de consistance friable. On observe parfois une infiltration gélatineuse rouge foncé de l'intestin laissant échapper des gaz à l'incision.

* Étiologie : Clostridium oedematiens de type A est isolé chez Geochelone radiata. Cette maladie est observée aussi chez Testudo hermanni au Village des Tortues de Gonfaron (communication personnelle de M. le docteur Fertard). La septicémie à Clostridium sp. semble être une maladie de grands effectifs.

* Prophylaxie : On peut envisager la vaccination contre Clostridium oedematiens à l'aide de vaccin contre les

entérotoxémies (CLOSTRIVAX(R)).

2°- Autres

(a) Tuberculose

* Symptômes : Ils sont discrets et non spécifiques : dépression, anorexie, amaigrissement, lésions cutanées ulcérées et graves atteintes des extrémités avec chute des griffes puis des phalanges. Il apparaît parfois des masses sous-cutanées, un jetage ou des convulsions avant la mort.

* Lésions : On observe une cachexie et parfois des nodules cutanés. Les poumons présentent des tubercules miliaires gris blanc de 0,5 à 3 mm de diamètre, qui peuvent exister également le long de la trachée, ou parfois des cavernes. Le foie présente de nombreux nodules caséeux gris blanc de 1 à 2 mm de diamètre ; à la coupe on trouve de grosses masses nodulaires. Le coeur, la rate, les reins et le pancréas peuvent également présenter des tubercules miliaires ou des nodules caséeux.

* Étiologie :

- Causes favorisantes : blessures, parasites, malnutrition, stress...

- Causes déterminantes : On a isolé Mycobacterium thamnopheos et Mycobacterium chelonei.

* Traitement : Les mycobactéries résistent à de nombreux antibiotiques. La streptomycine semble efficace (injections et bains). Mais le traitement n'est pas conseillé en raison du risque pathogène potentiel pour l'homme.

* Prophylaxie : Lors d'un cas de tuberculose, il faut améliorer les conditions d'élevage et éviter que l'eau stagne longtemps car c'est un réservoir de mycobactéries. On peut désinfecter les bacs au formol à 1 % ou avec des sels d'ammoniums quaternaires et administrer de la streptomycine aux autres tortues.

(b) Botulisme

On lui attribue la "maladie de la nageoire pendante" observée chez des tortues marines (Chelonia mydas) en captivité. C’est une paralysie qui débute aux yeux et se termine aux muscles squelettiques. Elle conduit à la noyade. Le germe en cause serait Clostridium botulinum.

(c) Leptospirose

Même si l'on parvient à isoler des leptospires vivants chez des tortues, ils n'engendrent jamais de maladie. L'élimination des germes dans les urines peut durer plusieurs mois et les tortues pourraient jouer le rôle de vecteur et de réservoir.

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(d) Tularémie

Des anticorps dirigés contre Francisella tularensis sont isolés chez des tortues grecques dans une région où aucun cas de tularémie n'est observé.

d. Affections générales mycosiques

Chez Podocnemis unifilis on a isolé à la fois de la carapace et d'autres organes (muscles, foie, reins...) des levures : Rhodotorula rubra, Torulopsis holmii et Candida sp.

2. Affections de la peau et de la carapace

a. Affections tégumentaires liées à l'alimentation

1°- Avitaminose A

Au niveau de la peau, elle se manifeste par des ulcères cutanés ou par une anasarque généralisée dans les cas très avancés (voir le 1. a. 2°- (a)).

2°- Hypervitaminose A

Au niveau de la peau, on observe un suintement, une hyperkératose et un décollement en lambeaux sur le cou et les pattes (voir le 1. a. 3°- (a)).

3°- Ramollissement de la carapace

Il est dû à une carence en calcium, en vitamine D et en U.V. Il est fréquent en captivité, surtout chez les tortues d'eau douce, en particulier chez les jeunes qui ont un régime exclusif de viande. Mais on peut le rencontrer chez les tortues terrestres qui ont un régime exclusif de salade. Il est surtout perceptible à la palpation du plastron et de la moitié postérieure de la dossière (voir le 1. a. 2°- (d) et le 1. a. 4°-).

4°- Myxoedème ou anasarque

On le rencontre plutôt chez les tortues d'eau douce avec apparition de plis gonflés à la base du cou et des membres. Il serait dû à une carence en iode (voir le 1. a. 5°-), à une avitaminose A ou à un régime très pauvre en protéines (communication personnelle de M. le docteur Hafelli). Selon M. le professeur Bourdeau, il pourrait être dû aussi à une affection rénale.

b. Affections tégumentaires liées à l'environnement

1°- Plaies

* Étiologie : Les causes les plus fréquentes de plaies sont les morsures lors de la distribution de nourriture (tortues aquatiques), lors des parades sexuelles ou lorsqu'il y a surpopulation. On peut avoir également des plaies causées par des objets contondants dans le vivarium, des morsures par les chiens, des plaies par lames de tondeuse à gazon, etc. Une morsure peut être très dangereuse et entraîner la mort par hémorragie quand elle a lieu sur le pénis que les mâles ont parfois l'habitude d’extérioriser régulièrement de façon non pathologique.

* Traitement : Il faut désinfecter la plaie avec un antiseptique (BÉTADINE, HEXOMÉDINE(R)...) et, si besoin est, administrer un antibiotique par voie locale ou générale. Éventuellement on peut faire une suture ou, si la plaie ne le permet pas, attendre la cicatrisation par deuxième intention, ce qui risque d'être long (plusieurs

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mois). Dans certains cas il vaut mieux procéder à une amputation.

Il faut absolument éviter la ponte des mouches sur les plaies en gardant les tortues dans un vivarium fermé. Pour les tortues aquatiques, on veillera à changer très régulièrement l'eau à laquelle on ajoutera un antiseptique (permanganate de potassium ou vert malachite). Mieux : On peut les garder au sec en les baignant plusieurs fois par jour.

* Prophylaxie : Il faut fournir des cachettes pour les tortues les plus faibles, supprimer les objets contondants, et veiller à la propreté du vivarium. Pour les tortues en semi-liberté, il faut faire attention aux chiens et aux tondeuses.

2°- Dermatite de mauvais entretien ou blister disease ou maladie des ampoules ou scale rot ou dermatite d'humidité

* Symptômes : On observe la chute d’écailles cornées partout mais surtout au niveau du plastron. L'os dermique est alors à nu.

* Étiologie :

- Elle est provoquée par une humidité trop importante pendant une durée prolongée surtout pendant l'hibernation sur un sol détrempé (terre humide). Parfois elle est due au heurt de la carapace des femelles par les mâles lors des périodes d'accouplement (communication personnelle de M. le docteur Fertard). Elle existe surtout chez les tortues terrestres.

- Les germes en cause sont Pseudomonas sp., Proteus sp., Klebsiella sp., Staphylococcus aureus.

* Traitement :

- Au stade vésicule, on aspire le liquide de la vésicule et on le remplace par de la BÉTADINE. On peut aussi faire des bains de BÉTADINE pendant quelques minutes par jour.

- Au stade purulent, on draine le pus ; on nettoie et on désinfecte à la BÉTADINE ; on applique localement un antibiotique (ou on l'administre par voie générale).

En cas de perte de plaques, on peut appliquer une protection à la résine époxy. Il faut également réviser les conditions d'entretien.

3°- Granulomes

* Lésions : Les granulomes se présentent sous forme de masses fibreuses sphériques.

* Étiologie : Ils résultent de l'évolution d'une plaie occasionnée par un contact prolongé comme le frottement permanent du cloaque sur sol (décrit chez une tortue des Galapagos).

* Traitement : Il est chirurgical quand leur situation et leur forme le permettent.

4°- Brûlures

* Étiologie : Elles surviennent essentiellement lorsque les tortues entrent en contact avec des lampes chauffantes non protégées.

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* Traitement : Il faut nettoyer les brûlures à la BÉTADINE, puis appliquer une pommade antibiotique ou des bandes BIOGAZE sous un pansement à renouveler 1 ou 2 fois par jour. On peut également essayer des pansements en polyuréthane (PLASTIBANDE). Ils sont perméables à l'air mais imperméables à l'eau. Ils ne nécessitent pas toujours un renouvellement quotidien. En cas de brûlure étendue, il faut également réhydrater la tortue. La cicatrisation est longue et laisse des marques blanches. Les tortues d'eau doivent être gardées au sec. Il faut cependant les baigner plusieurs fois par jour (surtout Trionyx sp.).

5°- Fractures de la carapace

* Étiologie et lésions :

- Les chutes et les véhicules occasionnent des fractures sans pertes de substance généralement assez bénignes. Ces fractures sont plus fréquentes chez les tortues carencées en calcium.

- En revanche les tondeuses à gazon et les morsures par les chiens provoquent un broyage avec perte de substance. La gravité dépend de la surinfection et de l'atteinte des organes sous-jacents :

° Lésions de la colonne vertébrale : Si la moelle est intacte, les réflexes de retrait des membres et de la queue persistent. En cas de lésion médullaire, on constate une paraplégie avec distension cloacale et une insensibilité.

° Lésions des poumons : Elles ne sont pas systématiques car les poumons s'affaissent immédiatement au moment du traumatisme et l'ouverture peut sembler très profonde sans qu'ils soient atteints.

° Lésions du bassin

* Traitement :

- On isole la tortue atteinte dans un endroit propre à l'abri des poussières et des mouches.

- On désinfecte la plaie à la BÉTADINE (il faut un produit antiseptique mais également antimycosique car des champignons se développent fréquemment sur les plaies des tortues). On enlève les petits fragments en conservant les plus gros en vue de la reconstitution de la carapace. Si le traumatisme date de plus de 12 heures, il faut d'abord enduire la plaie de BÉTADINE puis déposer dans la fracture de la BIOGAZE et mettre un pansement à renouveler 3 jours de suite.

- On administre un antibiotique en I.M. (exemple : Lincomycine 15 mg/kg par jour pendant 3 jours).

- En cas de compression médullaire on emploie la dexaméthasone à la dose de 0,125 mg/kg en I.M. et le furosémide (LASILIX) à la dose de 5 mg/kg.

- Réparation :

° Plâtres : Ils sont utilisables pour les fractures simples sans perte de substance. Ils doivent être changés au bout d'une semaine puis on les laisse un mois. Il est conseillé de faire un plâtre fenestré qui permet de désinfecter la plaie tous les jours.

° Fils d'acier : Ils sont utilisables pour les fractures simples en faisant des trous percés dans la carapace à l'aide d'une vrille ou d'un foret (attention à l'échauffement) et en posant des points en U.

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° Résine époxy déposée sur un tissu de fibre de verre : C'est la seule technique possible lors de fractures avec perte de substance, mais on peut l'utiliser sur toutes les fractures. Il faut dégraisser la carapace à l'éther ou à l'acétone. Puis on découpe 3 morceaux de tissu de fibre de verre correspondant à la partie fracturée. On mélange les deux composants sur un support. On trempe chaque pièce dedans et on l'applique immédiatement sur la carapace. La polymérisation commence généralement au bout de 20 minutes (Attention : Elle est exothermique et la résine peut devenir brûlante si le mélange n’est pas bien dosé). L'ensemble devient solide en 12 heures environ. On peut alors poncer les aspérités. Les tortues aquatiques doivent être gardées au sec pendant la polymérisation. Il faut laisser la "prothèse" au moins 2 ans et la renouveler entre-temps si elle tombe avec la régénération de la carapace.

6°- Érosions du plastron

* Étiologie : Elles surviennent chez les tortues terrestres affaiblies ou au contact d'un sol trop dur.

* Traitement : Il faut les désinfecter tous les jours. On peut les protéger avec une petite plaque fixée au plastron. Mais une protection à la résine époxy est préférable lors d'érosions importantes (voir le 5°-).

7°- Lésions de la carapace pendant l'hibernation

Chez les tortues terrestres, durant l'hibernation, les invertébrés du sol peuvent perforer en galeries la couche cornée de la carapace. On peut appliquer une protection à la résine époxy dans les cas de perte importante de substance.

8°- Anomalies de la kératogenèse

(a) Excroissances cornées du bec

- Étiologie : Une nourriture trop molle provoque la mauvaise usure du bec.

- Symptômes et lésions : On a des excroissances kératinisées qui empêchent la préhension des aliments et qui favorisent les fractures des mâchoires.

- Traitement : Il faut couper l'excès de kératine puis limer pour redonner une forme correcte en prenant soin de respecter la portion vivante. Lors de subluxation de la mandibule, il faut procéder en plusieurs fois en enlevant une partie tous les mois afin de permettre à l'articulation de se réadapter.

(b) Allongement excessif des griffes

Il survient par manque d'exercice. Il peut conduire à des difficultés à la marche. Il faut procéder à une résection soigneuse des parties excédentaires.

c. Mycoses cutanées

1°- Dermatites mycosiques

* Lésions : Elles vont de la plaque circulaire simple brun rougeâtre à l'ulcération en passant par l'abrasion cutanée et l'oedème sous-cutané. La région atteinte peut être épaissie en certains endroits et nécrosée ailleurs donnant au corps un aspect dissymétrique. Ces différentes lésions peuvent coexister sur le même individu à des endroits différents.

Chez les tortues aquatiques on observe également des mycoses de la carapace. Elles provoquent des

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plaques blanchâtres. Les écailles atteintes se décollent plus ou moins et peuvent même tomber. La dossière paraît alors bosselée.

Les dermatites mycosiques sont généralement bénignes mais elles peuvent être mortelles chez les Trionyx

sp. nouveau-nés car, sous une forme étendue, elles peuvent perturber l'équilibre osmotique.

* Étiologie : Il s’agit de Phycomycètes et d’Hyphomycètes. Ces champignons peuvent être cultivés sur milieu de Sabouraud entre 25 et 37 °C. Leur culture est généralement lente et prend souvent plus de 8 jours.

Il faut différencier les dermatites mycosiques des dermatites bactériennes qui, elles, ne prennent jamais l'aspect d'abrasion.

* Traitement : Chez les tortues terrestres, il faut d'abord diminuer le degré d'humidité. En traitement externe, on peut badigeonner les lésions 2 fois par jour à la BÉTADINE pure ou diluée 2 fois. On peut également

utiliser une pommade à la nystatine seule (MYCOSTATINE(R), PANOLOG(R)) ou associée au tolnaftate

(NYSPORIL(R)) en application 2 fois par jour, ou les dérivés de l'éconazole (PÉVARYL(R), IMAVERAL(R)). Chez les tortues aquatiques, on utilise aussi le vert malachite en bains à 0,15 mg/l pendant 1/4 d'heure 3 fois par jour, ou le permanganate de potassium à 1/4000. On maintient l'eau acide (pH < 6,5).

En traitement interne, la griséofulvine paraît d'un emploi peu sûr. Mais on peut utiliser le kétoconazole

(NIZORAL(R) 4 mg/kg par jour).

Dans les cas rebelles peu étendus, on a recours à la chirurgie.

2°- Mycoses des plaies

* Étiologie : Le développement de champignons est rapide (environ 24 heures) chez les tortues au niveau des plaies profondes et sanglantes de la peau et de la carapace (aspect d'orange moisie). Chez les tortues aquatiques on rencontre Basidiobolus sp. et Dermatophyton sp. ; chez les tortues terrestres, les Mucorales.

* Traitement : Il consiste à appliquer de la BÉTADINE deux fois par jour pendant quelques jours.

3°- Mycoses cutanées nodulaires

* Lésions : Elles ressemblent à un abcès ou à un granulome ; mais on peut y mettre en évidence des filaments mycéliens.

* Étiologie : La culture donne une colonie de champignons (Aspergillus sp.).

* Traitement : Il faut ouvrir et débrider les nodules afin d'y appliquer profondément les antimycosiques précédemment cités (voir le 1°-). On peut même essayer d'éliminer de façon chirurgicale la lésion si elle est circonscrite.

d. Infections tégumentaires

1°- Abcès

* Lésions : Les abcès peuvent apparaître partout sur le corps, mais surtout au niveau des membres, des zones interdigitales, ou au niveau du cou, de la gorge, en région maxillaire ou en région parotidienne. Ils se présentent sous forme d'une masse dure et non fluctuante de taille variable. Ils peuvent parfois être

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adhérents au tissu sous-jacent.

Le pus contenu est solide, jaunâtre à brun. Il est en couches concentriques et il est enveloppé par une capsule fibreuse dure.

L'évolution est lente et l'ouverture vers l'extérieur est rare et toujours tardive. Le pus solide ne se draine pas et peut envahir les muscles sous-jacents. On a parfois ouverture dans le crâne, le rectum ou les reins et extension au foie et au coeur.

* Symptômes : On a rarement des symptômes généraux à moins que l'abcès résulte d'une maladie générale telle que la tuberculose ou la salmonellose. On observe alors une perte de poids, une nonchalance, une anorexie évoluant vers la mort.

* Étiologie : Ils sont généralement provoqués par des blessures externes ou des parasites tels que les tiques ou les filaires, mais ils peuvent être parfois la manifestation extérieure d'une infection profonde. La formation d'abcès est favorisée par de mauvaises conditions d'entretien.

Les germes en cause sont souvent les bactéries de la flore digestive (Enterobacteriaceae, Pseudomonaceae,

Aeromonas sp., Clostridium sp., Streptococcus sp.). Dans certains cas on trouve des mycobactéries (tuberculose cutanée).

* Diagnostic : Il faut différencier par biopsie les abcès des mycoses nodulaires et des néoplasmes.

* Traitement : Il est chirurgical. Il se fait éventuellement sous anesthésie locale ou générale. On fait une incision ; puis on retire le pus de sa coque fibreuse, ou même on enlève entièrement la coque ; puis on nettoie et on désinfecte à la BÉTADINE ou à l'eau oxygénée. On peut introduire dans la cavité un mélange protéolytique (ALPHACHYMOTRYPSINE) et antibiotique (kanamycine, polymyxine). La cicatrisation est lente. Si la plaie est importante, après quelques jours de traitement à la BÉTADINE, elle doit être suturée avec du fil non résorbable que l'on doit laisser 3 à 4 semaines. On ajoute un traitement antibiotique par voie

générale à base de chloramphénicol et de tétracycline (CLYNOCAT, CHLORAM FRÉCORTYL I.V.-I.M.(R)) ou de gentamicine. Un antibiogramme est parfois nécessaire. On administrera également des vitamines A, D3, E et C.

2°- Ulcération de la carapace ou ulcerative shell disease ou U.S.D. ou shell rot ou spot

disease ou pourriture de la carapace

* Symptômes et lésions : Des pustules sombres apparaissent sur les écailles, sans localisation préférentielle. Puis rapidement l'écaille tombe en laissant un ulcère de 1 à 12 mm de diamètre. L'ulcère se couvre d'une fausse membrane jaunâtre. Une infection secondaire (ostéomyélite) peut tuer la tortue. Si elle guérit, sa carapace reste bosselée.

* Étiologie : Les tortues aquatiques sont préférentiellement atteintes, plus particulièrement les genres Trionyx,

Chrysemys, Sternotherus, Chelonia et Podocnemis, aussi bien en captivité qu'en liberté.

Le germe responsable est Beneckea chitinivora. Il provoque la maladie par scarification sur des tortues indemnes et par voie intramusculaire, il crée des abcès puis des ulcères. En revanche, sa présence dans l'eau des aquariums n'implique pas forcément l'apparition de la maladie à moins de blessures des tortues.

* Traitement : Il convient d'isoler les tortues malades. Il faut cureter les lésions puis les désinfecter à l'aide des antiseptiques classiques. Une antibiothérapie par voie générale au chloramphénicol à 40 mg/kg par jour pendant 7 jours en I.M. donne de bons résultats.

* Prophylaxie : Elle consiste à isoler les nouvelles tortues pendant 2 semaines, à ne pas distribuer de

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crustacés, à éviter le surpeuplement qui favorise les blessures et à ne pas mettre de pierres présentant des aspérités.

3°- Septicémie cutanée ulcéreuse ou S.C.U.D. ou septicemic cutaneous ulcerative

disease

Les lésions cutanées se manifestent par une congestion de la peau avec hémorragie. Puis on a des ulcères surtout sur les membres et la queue. Il y a fréquemment chute des griffes et même des doigts et dans les cas les plus avancés, nécrose des muscles sous-jacents (voir le 1. c. 1°- (b)).

4°- Dermatoses d'étiologie imprécise

Chez les tortues marines (Chelonia mydas) on observe des plaies blanches d'extension variable parsemant le corps des tortues. Ces plaies sont contaminées par des bactéries fécales. La morbidité est élevée mais la mortalité est faible. Les lésions s’améliorent chez les tortues isolées d'un groupe.

e. Affections cutanées virales

1°- Herpès-virose des tortues marines ou maladie des taches grises ou grey patch

disease

* Symptômes et lésions : On observe une mortalité d'environ 20 % chez des tortues de mer de moins de 6 semaines. Puis, entre 7 et 15 semaines, des lésions cutanées apparaissent. Elles commencent par les paupières et se poursuivent sur la tête, le cou et les nageoires. Ce sont de petites papules et de grandes plaques grises qui correspondent à des ulcérations à bord légèrement surélevé. Le diamètre de ces plaques augmente régulièrement de 5 mm par semaine. La mortalité est plus faible mais la morbidité atteint 90 %. La guérison spontanée se fait en plusieurs mois.

* Étiologie : Cette maladie est observée chez les tortues vertes (Chelonia mydas) élevées en fermes marines. Elle est favorisée par les différents stress d'élevage. Elle atteint uniquement les jeunes de moins d'un an. Un herpès-virus est isolé. La transmission expérimentale est réalisable par scarification. L'origine du virus est inconnue mais il est probable que les tortues l'hébergent dans le milieu naturel.

* Traitement : Il n'y a pas de traitement spécifique mais on peut envisager un vaccin. Il faut désinfecter les lésions pour éviter les surinfections (permanganate, violet de gentiane).

2°- Dermatose à papillomavirus

Un cas est décrit au niveau de la tête de tortues aquatiques Platemys platycephala. On signale de petites lésions cutanées rondes et blanches qui confluent parfois.

f. Parasitoses cutanées

1°- Arthropodes

(a) Acariens

* Métastigmates

- Ixodidés (tiques) : Ils sont très fréquents chez les tortues terrestres.

- On rencontre les genres Ixodes, Amblyomma, Hyalomma, Aponomma et Haemaphysalis. Ces tiques se

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fixent entre les écailles. Elles sont parfois en très grand nombre, au niveau de l'aine ou de l'aisselle. On les trouve aussi parfois au niveau du coude, des doigts, des narines, des paupières, du cloaque. La spécificité des tiques est faible : une espèce peut se nourrir sur de nombreux reptiles différents. Les tortues terrestres sont plus souvent atteintes. Parfois elles hébergent non seulement la tique adulte mais aussi ses larves ou ses nymphes. Le repas de sang est long ; il peut durer jusqu'à 2 mois (l'hématopoïèse est donc en mesure de compenser facilement les pertes sanguines).

- La pathologie engendrée par les tiques est généralement minime. On décrit de rares anémies en cas d’infestation massive. On peut observer au point d'implantation une petite lésion inflammatoire voire un abcès ou des dégénérescences musculaires locales. En revanche elles ont un rôle dans la transmission d'arbovirus et de rickettsies sous climat chaud, ainsi que d'Aeromonas sp., d'hémogrégarines et de filaires.

- Traitement : Les parasites peuvent être détachés avec une pince après avoir mis dessus de l'éther ou de l'huile minérale. Puis on applique un antiseptique ou un antibiotique. En cas d'infestation massive, on peut utiliser le trichlorfon en solution dans l'eau (de 0,05 à 0,2 %), le malathion ou des pyréthrines en aérosol (éviter la cyperméthrine en solution).

- Argasidés (Ornithodoros sp.)

Le repas de ces "tiques molles" dure environ 20 minutes.

* Prostigmates

- Trombiculidés

Trombicula sp. : Les larves (aoûtats) peuvent infester les tortues terrestres formant de petits points oranges au niveau du creux axillaire et du creux inguinal. On les élimine par application de lotion acaricide et on procède à une antisepsie.

- Cloacaridés

Cloacarus sp. se rencontre dans le cloaque des tortues aquatiques à la limite entre la peau et la muqueuse. La transmission est vénérienne. Leur rôle pathogène est faible.

(b) Insectes Diptères

* Calliphoridés, Sarcophagidés et Cutérébridés

Les mouches bleues et vertes engendrent des myiases. On peut rencontrer Lucilia sp. et Chrysomyia

megacephala (Calliphoridés), Sarcophaga cistudinis (Sarcophagidés) et Cuterebra sp. (Cutérébridés).

Elles pondent leurs oeufs sur la peau des tortues au niveau des attaches du plastron et près du cloaque ; ces oeufs donnent des larves carnivores (asticots). Elles atteignent surtout les tortues affaiblies, se déplaçant peu et présentant de la diarrhée. Généralement elles aggravent les plaies cutanées créant des plaies anfractueuses fistuleuses ou elles peuvent envahir le cloaque et les yeux. Les larves de Chrysomyia

megacephala peuvent traverser la peau saine et créer des myiases mortelles.

Traitement : Il faut essayer d'éliminer tous les asticots avec une pince ou par des irrigations quotidiennes à la BÉTADINE diluée ou à l'eau oxygénée. Quand on ne peut pas extraire toutes les larves, on peut appliquer dans la plaie en fin de nettoyage un mélange de pommade antiseptique et cicatrisante (par exemple

SULMIDOL(R)) et d'insecticide (Carbaryl). On peut également employer des antibiotiques si nécessaire.

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Prophylaxie : Au Village des Tortues de Gonfaron on utilise avec grand succès, même en plein air, un insecticide additionné d'une phéromone (la muscalure tricolure) disposé dans des pièges suspendus (TUNET) (communication personnelle de M. le docteur Fertard).

* Tabanidés

Les taons du genre Chrysops transmettent des sporozoaires (Haemoproteus sp.) chez les tortues aquatiques.

* Moustiques et moucherons

Ils peuvent jouer le rôle de vecteurs de maladies.

(c) Traitement médical des parasitoses cutanées dues aux acariens et aux insectes diptères

* Carbaryl (CARBYL(R)) : Assez peu toxique, la poudre est employée localement contre les tiques ou pour le

traitement des terrariums. S'il y a du sable, du gravier ou de la tourbe, CARBYL(R) est mélangé au substrat à raison de 100 mg/l de substrat. Les accidents toxiques survenant en cas de surdosage sont rares et se manifestent essentiellement par des convulsions (voir le 1. b. 6°- (c)).

* Organophosphorés :

- Dichlorvos (VAPONA) : On conseille 2 cm de bande VAPONA/m3 de terrarium. Il faut exposer les terrariums vides pendant 4 jours. Dans la pièce contenant les terrariums, il est conseillé de mettre une

plaquette VAPONA pour 36 m3. La toxicité du dichlorvos se manifeste par une paralysie flasque. Elle est plus importante pour les tortues de petite taille et si l’exposition est trop longue.

- Trichlorfon (NÉGUVON(R)) : Il est efficace et peu toxique. On l’utilise en pulvérisations d’une solution à 0,2 % une fois par mois. En cas d’infestation massive par les tiques, on peut mettre les tortues pendant 3 heures à la température de 22 à 26 °C. dans un sac en tissu imprégné d’une solution à 0,2 %.

- Dimpylate (DIMPYGAL, READIGAL) : Il est utilisé en pulvérisations d’une solution à 25 %, uniquement chez les grandes tortues car il est plus toxique que le trichlorfon.

* Ivermectine (IVOMEC(R)) : Elle est très efficace contre les tiques à des doses allant de 0,05 mg/kg en injection intramusculaire et 0,2 mg/kg par voie sous-cutanée. En effet une seule dose suffit pour exterminer les parasites en moins de 48 heures. Mais, en cas de surdosage (doses supérieures à 0,4 mg/kg), une paralysie flasque est constatée. C'est pourquoi M. le professeur FRYE déconseille formellement son usage chez les tortues.

2°- Sangsues

Elles parasitent les tortues aquatiques marines et dulçaquicoles provoquant généralement aucun trouble. Cependant on cite des cas de tortues marines (Caretta caretta) mortes par anémie à la suite d’une infestation importante par Ozobranchus sp. sur le plastron, les membres, le cou, les narines, les paupières et le cloaque. D’autre part, les sangsues ont un rôle dans la transmission de protozooses (hémogrégarines et trypanosomes) chez les tortues d'eau douce et peut-être de viroses chez les tortues marines.

On les élimine par applications locales de vinaigre, d'alcool ou d'une solution saline saturée. Leur destruction se fait aussi à l'aide de sulfate de cuivre dans l'eau des bassins d'élevage, à la concentration de 10 mg/l

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durant 2 jours.

3°- Némathelminthes

(a) Acanthocéphales

Les tortues jouent le rôle d'hôte intermédiaire hébergeant des larves appelées cystacanthes qui peuvent migrer sous la peau et faire des nodules visibles.

(b) Nématodes

* Dracunculidés (Dracunculus dahomensis et D. medinensis) : Ils sont rencontrés chez Chelydra serpentina,

Claudius angustatus... Le ver adulte se développe sous la peau entraînant la formation d'un nodule qui finit par s'ulcérer.

* Onchocercidés : Ce sont des parasites généralement sanguins mais ils occasionnent des lésions dermiques par obstruction ou thrombose des vaisseaux très infestés (foyers nécrotiques ou ulcères).

4°- Plathelminthes

(a) Turbellariés

Temnocephala sp. vit sur la peau des tortues aquatiques. Il mesure 0,1 à 2 mm et se trouve préférentiellement en région axillaire et caudale. Aucun signe clinique n'est signalé bien que certaines espèces se nourrissent sur leur hôte.

(b) Trématodes

De rares trématodes monogéniens (Polystomoidella sp.) se fixent sur la carapace de tortues aquatiques d'Amérique du Nord.

g. Affections tégumentaires dues aux algues

Chez les tortues aquatiques, des algues (Basicladia sp.) attaquent la carapace et lui donne une coloration verdâtre et un aspect grêlé. Le traitement consiste à utiliser du sulfate de cuivre en application (10 g/l) ou en bains (1 mg/l).

h. Tumeurs du tégument

1°- Papillomes

Chez les tortues de mer (Chelonia mydas), on trouve des papillomes dont l'origine serait parasitaire. On signale également des papillomes parfois volumineux sur la queue et les membres de Sternotherus odoratus.

2°- Carcinomes

Chez Geoemyda trijuga, un carcinome s”est développé sur un membre.

i. Malformations tégumentaires

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1°- Anomalies des écailles

Les écailles ont parfois une forme anormale ou un nombre inhabituel pour l'espèce. Ce phénomène serait dû à une sécheresse partielle des oeufs lors de l'incubation.

2°- Anomalies de la pigmentation

(a) Albinisme

C'est l'absence partielle ou totale de mélanine dans les mélanocytes du derme. La transmission se fait sur un mode récessif.

(b) Mélanisme

Il s'agit de l'accumulation de mélanine dans la peau et la carapace d’une tortue qui devient alors foncée. C’est un phénomène fréquent chez les adultes de l'espèce Pseudemys scripta qui deviennent presque entièrement noirs en vieillissant.

(c) Anomalies de l'ornementation

Un cas d'asymétrie pigmentaire est décrit chez Terrapene sp. : la moitié gauche du plastron et de la dossière est foncée (mélanine) et la moitié droite est très claire.

3. Affections des organes sensoriels

a. Affections oculaires

1°- Oedème des paupières et conjonctivite par avitaminose A

On a d'abord une tuméfaction des paupières avec photophobie puis un oedème très marqué avec des paupières collées par un liquide muco-purulent, et enfin une conjonctivite et une suppuration sous les paupières (voir le 1. a. 2°- (a)).

2°- Traumatismes de l'oeil

Il faut nettoyer l'oeil avec un collyre antiseptique puis appliquer une pommade antibiotique. On doit parfois procéder à l'énucléation en cas de panophtalmie (voir le 3°- (b)).

3°- Infections oculaires

(a) Conjonctivites, kératites

* Étiologie : L'avitaminose A favorise les infections de la conjonctive chez les jeunes tortues d'eau douce. L'oedème des conjonctives et des paupières entraîne une fermeture totale des yeux donnant l'impression d'une exophtalmie. La contamination des lésions s'effectue par les bactéries fécales (genres Aeromonas,

Proteus, Citrobacter...). La conjonctivite est aussi un signe accompagnant les infections respiratoires ou elle peut être causée par un corps étranger (grain de sable), par une tique fixée à l'angle des paupières ou par un excès d'ultraviolets.

* Le traitement est en fonction de l'antibiogramme, mais souvent l'infection guérit à l'aide d'un collyre au bleu de méthylène. Chez les jeunes tortues d'eau douce comme Pseudemys sp. l'addition de vitamine A doit

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compléter le traitement (voir le 1. a. 2°- (a)).

(b) Panophtalmie

* Symptômes et lésions : On a une fonte purulente de l'oeil avec exophtalmie importante ; l'oeil apparaît comme une masse sphérique blanchâtre hors de l'orbite.

* Étiologie : C'est le résultat d'une infection à la suite de la perforation par un corps étranger ou la complication ultime d'une avitaminose A.

* Le traitement consiste à énucléer le globe oculaire sous anesthésie générale : on curette l’oeil avec un écouvillon, puis on fait une détersion à la BÉTADINE. On place un collyre antibiotique dans la cavité et on administre une antibiothérapie générale. Les tortues d'eau doivent être gardées au sec pendant une dizaine de jours. La cicatrisation demande plusieurs semaines.

(c) Uvéite

Elle se traduit par un dépôt de fibrine dans la chambre antérieure de l'oeil (hypopion). Les uvéites sont secondaires à une infection générale en particulier pulmonaire. Le chloramphénicol est utilisé avec succès pour traiter l'uvéite et l'infection pulmonaire.

(d) Granulome oculaire à bacille A.A.R.

On cite le cas rare d'une tortue boîte (Terrapene carolina) qui commence à développer une lésion dure, lisse et rosée sur un oeil. Augmentant perpétuellement de volume, la lésion finit en plusieurs mois par couvrir la partie visible du globe oculaire. L'énucléation permet l'étude histologique du granulome : on met en évidence des bacilles acido-alcoolo-résistants non déterminés.

4°- Hypertrophie de la glande de Harder

Elle serait due à une carence en vitamine A ou à l'obstruction des canaux excréteurs par des parasites. On a hypertrophie et inflammation de la membrane nictitante puis soudure des autres paupières qui peuvent se nécroser sans atteinte oculaire sous-jacente.

5°- Cataracte

Elle peut conduire à la cécité si elle est bilatérale, ce qui rend la tortue incapable de se nourrir seule. Sa cause est inconnue et son traitement est impossible.

b. Affections de l'oreille : Otite suppurée

* Symptômes : On a un abcès au niveau de l'oreille moyenne (il n’y a pas d'oreille externe chez les tortues) se traduisant par une tuméfaction pouvant être très importante en région tympanique. L’otite peut être unilatérale ou bilatérale. En général, ces infections purement locales n'altèrent pas l'état général des animaux mais dans les cas avancés, elles peuvent s'accompagner d'anorexie. Parfois on observe la formation d'une fistule pouvant atteindre la partie supérieure de la cavité buccale (communication personnelle de M. le docteur Fertard). Le pronostic est alors désespéré.

* Étiologie : Les germes en cause sont nombreux mais on trouve souvent Proteus morganii.

* Traitement : L'incision permet de sortir un amas de pus. La détersion aux antiseptiques donne de bons résultats, mais elle doit être renouvelée plusieurs jours consécutifs, sinon les récidives sont fréquentes. On

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peut y associer une antibiothérapie.

4. Affections du tube digestif

a. Affections de la bouche

1°- Stomatite infectieuse

* Symptômes : Des cas sont rapportés chez la tortue grecque avec hémorragies nasales et buccales, faiblesse générale, anorexie, mouvements de la tête impossibles, petites érosions des commissures des lèvres. Au niveau de la cavité buccale on a un ulcère profond sur la langue avec un pus jaunâtre détachable ; les lésions s'étendent parfois au palais. Cette maladie est décrite également chez les tortues marines.

L'aspiration de pus par la trachée conduit à une pneumonie ou à une obstruction des voies respiratoires. L'ingestion de pus aboutit à des gastrites ou à des gastro-entérites. Toute stomatite non traitée évolue vers une septicémie mortelle.

* Étiologie : Les causes favorisantes sont des manipulations trop fréquentes, un transport, un changement de terrarium, une baisse soudaine de température, une carence en vitamine C, une carence en vitamine A, un parasitisme interne, des traumatismes buccaux dus à un mauvais gavage ou à la présence de parties contondantes. On la rencontre plutôt chez les tortues terrestres, en particulier Testudo graeca.

Les causes déterminantes sont des bactéries à Gram négatif provenant généralement de la flore buccale normale et appartenant aux genres Aeromonas, Pseudomonas, Proteus, Klebsiella, Escherichia et Corynebacterium (par ordre de fréquence). Aeromonas hydrophila reproduit la maladie par injection dans des plaies faites sur les gencives.

* Traitement : Il est efficace s'il est mis en oeuvre immédiatement mais la récidive est fréquente.

- Traitement local : Il peut suffire en cas de diagnostic précoce. Retirer le pus qui n'est pas trop adhérent et débrider éventuellement la plaie. Laver l'ulcère par écouvillonnage avec un antiseptique (BÉTADINE, eau oxygénée). Réaliser une détersion aux enzymes protéolytiques (ALPHACHYMOTRYPSINE). On peut appliquer une fois par jour sur les ulcères des sulfamides (sulfamérazine, sulfadimérazine, sulfaquinoxaline) ou des antibiotiques (polymyxine B, tétracyclines).

- Traitement général : Il est indispensable dans les cas avancés.

° Antibiothérapie par voie générale : Les résistances sont fréquentes et imprévisibles et l'infection est souvent due à plusieurs germes. Cependant Aeromonas sp. est rarement résistant à la kanamycine (10 à 15 mg/kg, une fois par jour pendant 5 jours en S.C. au niveau de la mandibule) et à la gentamicine. On peut donc les utiliser en attendant les résultats de l'antibiogramme en faisant attention à leur néphrotoxicité. A priori on peut également utiliser le chloramphénicol, l'auréomycine, l'ampicilline, l'oxytétracycline et la streptomycine.

° Traitement complémentaire : Il faut administrer de la vitamine C 10 à 20 mg/kg par jour pendant 10 jours, de la vitamine A et des vitamines B. Il faut aussi améliorer les conditions d'entretien.

* Prophylaxie :

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- Éviter le stress.

- Fournir de bonnes conditions d'entretien.

- Désinfecter régulièrement le terrarium (hypochlorites, chlorhexidine)

- Éviter les traumatismes buccaux par gavage.

- Lutter contre les parasites externes et internes.

- En cas de risque important, mettre de la chlortétracycline (125 mg/l) dans l'eau de boisson pendant 5 jours

- Envisager l'utilisation d'un autovaccin dans les cas récidivants.

2°- Stomatite fongique

Candida albicans est isolé dans une stomatite ulcéreuse chez Geochelone radiata.

3°- Parasites de la bouche

(a) Trématodes monogéniens

Polystomoides sp. est un ver plat de la bouche et de l'oesophage des tortues aquatiques. Il n'occasionne pas de pathologie particulière.

(b) Cestodes

Otobothrium cysticum trypanothyncha peut être découvert dans la gorge de tortues marines Chelonia mydas.

(c) Crustacés

Des amphipodes du genre Hyachelia et des copépodes du genre Harpacticus sont décrits dans la cavité buccale de tortues marines Chelonia mydas.

b. Affections du pharynx : Pharyngite à herpès-virus

Du pus caséeux jaune en amas cause la mort d'une tortue terrestre Gopherus agassizi par obstruction de la glotte. Un herpès-virus est mis en évidence.

c. Affections gastro-intestinales

1°- Vomissements

* Lésions : Les vomissements répétés sont dangereux par les lésions que crée l'acide chlorhydrique stomacal sur la muqueuse oesophagienne.

* Étiologie : Ils font suite à des manipulations après un repas, à une agression extérieure, à des maladies

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bactériennes, parasitaires, virales ou tumorales ou à une obstruction intestinale. Ils sont dus aussi à la putréfaction des aliments si la température est très inférieure à la température moyenne préférée car alors les enzymes ne sont pas pleinement fonctionnels

* Prophylaxie : Éviter de manipuler les animaux qui viennent de s'alimenter. Augmenter la température de 2 ou 3 °C. au moment des repas.

2°- Diarrhées banales

* Symptômes : Les selles sont liquides mais ni l'état général, ni l'appétit ne sont altérés.

* Étiologie : Les causes peuvent être une brusque chute de la température, un excès de végétaux humides, ou un excès de fruits murs chez les tortues terrestres. Il y a parfois exacerbation des helminthiases. Il n'y a pas de germe particulier en cause.

* Traitement : On prescrit une diète hydrique de deux à trois jours, de la pectine et du kaolin

(KAOPECTATE(R)) et un vermifuge.

3°- Constipation, obstruction

* Symptômes : On observe des selles dures ou absentes, une diminution de la flottaison chez les tortues aquatiques, un prolapsus rectal ou des vomissements parfois.

* Étiologie : Chez les tortues aquatiques, ce problème est dû à l'ingestion de sable de l'aquarium en grande quantité lors de la prise de la nourriture ou à la présence de fécalomes dus aux arêtes de poissons. Chez les tortues terrestres, il est causé par une alimentation défectueuse, un mauvais abreuvement, un manque d'exercice, la présence de fécalomes ou l'ingestion sans raison apparente de sable et de graviers. On a parfois des calculs cloacaux minéraux d'origine inconnue.

* Diagnostic : Il se fait par palpation de la base de la queue et des membres (limitée par la carapace). À la radiographie on observe une accumulation de gaz en amont du point de blocage ; les corps étrangers peuvent être visibles par radiologie (pierres, os).

* Traitement :

- Lubrifier à l'huile de paraffine ou de vaseline P.O. (mais son effet est tardif étant donné la lenteur du transit intestinal)

- Y associer un agent mouillant du bol fécal : Dioctylsulfosuccinate de sodium (SORBICARAX(R)).

- Faire des bains chauds prolongés, des lavements légers à l'eau savonneuse tiède ou mettre du MICROLAX BÉBÉ.

- Utiliser des forceps pour extraire les fécalomes lorsqu'ils arrivent au niveau du cloaque.

- Administrer de la KAOMYCIN(R) ou de la CARBOLEVURE (si on a beaucoup de gaz sur la radiographie).

- Si tous ces traitements échouent, il faut avoir recours à la chirurgie mais c'est une intervention difficile qui nécessite la fenestration du plastron.

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4°- Gastrites et gastro-entérites infectieuses

* Symptômes : Les vomissements sont parfois accompagnés d'une diarrhée et d’une faiblesse. La diarrhée peut contenir du mucus et du sang en nature ou du sang digéré.

* Lésions : Les gastrites sont tantôt simples, tantôt ulcéreuses. L'intestin est congestionné, hémorragique ou nécrosé.

* Étiologie :

- Causes favorisantes :

° Elles accompagnent souvent les septicémies.

° Elles peuvent être la conséquence d'une stomatite par ingestion du pus.

° Elles peuvent être dues à un abaissement de la température du support conduisant à une infection grave par passage des bactéries à travers la barrière intestinale.

° Enfin elles peuvent être causées par la rupture du tube digestif due au séjour prolongé de tricholithes fécaux.

- Causes déterminantes : Aeromonas sp. est le germe qui occasionne le plus de désordres gastro-intestinaux. Mais on peut avoir d'autres bactéries à Gram négatif.

* Traitement : On procède à une antibiothérapie par voie générale comme lors d'une septicémie. On

administre du kaolin et de la néomycine par voie orale (KAOMYCIN(R), NEOAMFO). On réhydrate la tortue par voie sous-cutanée (Ringer) si nécessaire.

5°- Mycoses digestives

Elles sont très rares et surviennent sur des animaux très débilités. Il s’agit généralement de candidoses. Mais des ulcères stomacaux dus à Fusarium solani sont observés chez Geochelone radiata.

6°- Parasites digestifs

(a) Protozoaires

* Ciliés :

Balantidium sp. est un protozoaire de l'intestin et surtout du colon des tortues terrestres. Il n'engendre de pathologie que s'il est associé à d'autres protozoaires ou à des bactéries. De rares cas de colites sont cependant suspectés chez Testudo horsfieldi.

* Amibes :

- Symptômes : On observe de l'anorexie, de l'abattement, une diarrhée hémorragique et parfois des vomissements. L'évolution est la mort en quelques jours ou le passage à la chronicité. On a parfois une mort brutale sans symptômes.

- Lésions : On les rencontre surtout au niveau du colon, jusqu'à l'iléon mais sans atteinte du cloaque. Il

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s’agit d’ulcères fibrineux, d’hémorragies, d’une congestion ou d’une nécrose. On a parfois une péritonite avec perforation. Au stade chronique, il y a un épaississement conduisant à une subocclusion. Souvent on a en plus une hépatite nécrotique.

- Étiologie : L'amibiase reste exceptionnelle chez les tortues même si elles présentent des kystes dans les fèces. Cependant une épidémie mortelle est décrite chez Geochelone carbonaria. On rencontre les genres Endolimax, Acanthamoeba, Hartmanella, Entamoeba. L'infestation est favorisée par le mélange des espèces, par une diminution de la température, par un régime riche en glucides et peut-être par la présence de blattes.

- Diagnostic : Il se fait par examen microscopique des fèces colorées à l'éosine.

- Traitement : Il doit être précoce afin d’essayer de sauver le maximum de tortues mais les animaux déjà atteints périssent souvent.

° Antiamibiens : Le métronidazole (FLAGYL), le plus employé, s’utilise à 160 mg/kg durant 3 jours, ou à 275 mg/kg en une fois, ou à 125 mg par jour 2 fois à 3 jours d'intervalle.

° Antibiotiques : On utilise le chloramphénicol, la gentamicine ou l’oxytétracycline.

° On augmente la température ambiante.

- Prophylaxie : L'eau constitue un grand réservoir d'amibes et il est important de la renouveler fréquemment. Nettoyer souvent les terrariums, surtout les excréments. Désinfecter les ustensiles servant à la manipulation ou au nettoyage. Éviter les stress. Éliminer les insectes. Isoler les animaux récemment acquis et procéder à leur contrôle par coprologie. Traiter immédiatement les animaux sains lorsqu'un cas est diagnostiqué.

* Flagellés :

On rencontre surtout Trichomonas sp. qui n'a qu'un faible pouvoir pathogène. On décrit cependant des cas d'entérites fibrino-nécrotiques avec présence simultanée d'ascaridés. On peut également trouver les genres Hexamastrix, Tritrichomonas, Bodo, Proteromonas, Retortamonas, Monocercomonas, Monocercomonoides ou

Trepanomas. Ils sont peu pathogènes.

* Opalines :

Protoopalina sp. : Elles n’ont pas de pouvoir pathogène évident.

* Coccidies :

Eimeria sp. et Isospora sp. : Les tortues n'y sont pratiquement pas sensibles. Caryospora cheloniae est responsable d'une épizootie chez de très jeunes tortues marines en élevage.

Traitement anticoccidien : On emploie la sulfadimérazine à 75 mg/kg le premier jour puis 40 mg/kg pendant 5 à 7 jours (risque de toxicité rénale à plus forte dose).

(b) Plathelminthes

* Trématodes :

- Monogéniens : Polystomoides sp. est un ver plat de la bouche et de l'oesophage des tortues d'eau

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douce et des tortues marines. Il n'engendre pas de pathologie particulière.

- Aspidogastres : Lophotaspis sp. est parfois l'hôte de l'estomac ou de l'intestin des tortues d'eau douce sans rôle pathogène.

- Digéniens : Paramphistomum sp. et Telorchis sp. se trouvent dans l'intestin sans exercer de rôle pathogène.

* Cestodes :

- Les parasites du groupe des Proteocephalidea sont de petits vers vivant à l'état adulte dans l'intestin grêle des tortues aquatiques.

- Otobothrium sp. est parfois hébergé par des tortues marines.

Traitement contre les cestodes : Le niclosamide (STROMITEN(R) Chats et Chiens nains) est employé en une dose unique de 150 à 200 mg/kg P.O.

(c) Némathelminthes

* Acanthocéphales (Neoechinorynchus sp. et Acanthocephalus sp.) : Ce sont des vers ronds présents dans le tractus digestif des tortues aquatiques, en particulier dans l'estomac. Parfois on trouve des larves enkystées dans la paroi intestinale et le mésentère. La pathologie est purement traumatique à cause des épines de la partie antérieure du ver. Il y a formation de granulomes inflammatoires autour des vers, morts ou vivants.

* Nématodes :

- Trichuridés : Capillaria sp. se trouve au niveau intestinal ; il est peu pathogène.

- Spiruridés : Ils sont rencontrés dans l'estomac.

- Camallanoïdés (Camallanus sp.) : Ils se situent au niveau de l'intestin et de l'estomac des tortues aquatiques avec peu de signes cliniques.

- Ascaridés et Anisakidés : Ce sont les plus grands vers ronds et les plus pathogènes. On les trouve dans l'intestin et l'estomac. On rencontre Angusticaecum sp. chez les tortues terrestres et Sulascaris sp. chez les tortues aquatiques.

Symptômes : On peut observer de l'anorexie ou des régurgitations contenant des vers.

Lésions : Les adultes peuvent causer une gastro-entérite ulcéro-nécrotique, des abcès, des épaississements du tube digestif, rarement une perforation aboutissant à une péritonite, des subocclusions et des infarcissements de l'intestin. Les larves créent des lésions dans différents organes, en particulier les artères où il se forme des calcifications ponctuelles.

- Oxyuridés (genres Mehdiella, Tachygonetria, Ortleppnema, Thaparia, Atractis, Camallanus, Spiroxys

et Oswaldofilaria) : Ce sont les plus fréquents et les plus nombreux. Parfois on en trouve plusieurs milliers chez un individu. On les rencontre dans la partie postérieure du tube digestif. Le pouvoir pathogène est quasiment nul sauf lors d'infestation massive chez des sujets affaiblis car elle aggrave les maladies préexistantes.

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Traitement contre les nématodes : On peut utiliser le lévamisole de 5 à 10 mg/kg par voie parentérale

(NÉMISOL 0,7 %), le fenbendazole (PANACUR) à 50 mg/kg P.O., le thiabendazole (THIBENZOLE) de 50 à 100 mg/kg P.O. ou le pyrvinium embonate 5 mg/kg P.O. (POVANYL).

7°- Tumeurs gastro-intestinales

On cite des adénocarcinomes de l'estomac chez une tortue aquatique Pelusios subniger, avec des métastases rénales, et chez une tortue terrestre Geochelone elephantopus.

d. Prolapsus du cloaque

* Symptômes : On observe l'apparition d'une masse congestive et oedémateuse au niveau du cloaque.

* Étiologie : Le prolapsus est causé par une entérite, une alimentation inadéquate, une constipation ou un manque d'exercice.

* Traitement : Il faut réduire le prolapsus à l'aide d'une baguette de verre enduite de graisse puis poser une suture en bourse pour prévenir les récidives. On propose une alimentation liquide pendant cinq jours puis on enlève les fils. Si on a un début de nécrose lors d'une intervention tardive, il faut enlever la partie prolabée.

5. Affections respiratoires

a. Affections des narines

1°- Rhinites

* Elles peuvent faire partie du tableau clinique de l'avitaminose A (voir le 1. a. 2°- (a)).

* Rhinites infectieuses :

- Symptômes : On a un jetage muco-purulent, une respiration bruyante et une respiration avec la bouche ouverte. L'évolution se fait sur un mode chronique avec des périodes de rémission.

- Étiologie : Les cultures faites à partir du jetage mettent toujours en évidence des bactéries mais, seules, elles ne sont pas toujours pathogènes. Elles causent surtout une surinfection. C'est pourquoi on soupçonne l'intervention d'un virus bien que jusqu'à présent aucune étude n'ait permis de le mettre en évidence. À l'heure actuelle le rôle des mycoplasmes semble plus probable. Une étude complète est menée au Village des Tortues de Gonfaron par une équipe de M. le professeur Jacobson (sérologies et cultures) sur leur implication dans les rhinites.

- Traitement : Il faut placer la tortue dans un milieu assez chaud à l'abri des courants d'air. On procède à des inhalations et à une antibiothérapie par voie générale (chloramphénicol ou tétracycline). Dans les cas chroniques anciens, le traitement n'apporte qu'une amélioration très provisoire.

2°- Parasites des narines

On trouve Neopolystoma sp. chez Trionyx sp., et Polystomoides sp. chez les genres Emys, Chelonia et Caretta. Ils semblent créer peu de symptômes.

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b. Affections pulmonaires

1°- Pneumonies

Elles sont relativement fréquentes en captivité, contagieuses et à mortalité très élevée.

* Symptômes :

- Il y a d'abord des symptômes généraux : anorexie, abattement, perte de poids.

- Puis il y a des symptômes respiratoires : détresse respiratoire, bouche ouverte, "soif d'air", jetage généralement bilatéral. Au début, il est clair sous forme de bulles près des narines et de la bouche. Puis le jetage devient purulent et plus épais et obstrue les voies respiratoires. On a alors une dyspnée, une respiration bruyante, une suffocation, les membres et le cou étendus. On a parfois une cyanose ou des hémorragies de la muqueuse buccale.

- Une conjonctivite s’associe parfois. On peut avoir aussi une perte d'équilibre chez les tortues aquatiques car les poumons ont un rôle hydrostatique (la tortue est alors inclinée du côté du poumon atteint qui est plus dense).

* Lésions : Les poumons sont congestionnés avec de nombreux granules jaune clair ou des taches de taille variable. Il y a des amas nécrotiques et du pus dans les alvéoles. Au stade chronique, on observe une atélectasie.

* Étiologie :

- Les pneumonies sont dues à des fluctuations de température importantes, au stress, à la contagion directe ou indirecte, à l'extension d'une stomatite, à une avitaminose A ou au parasitisme.

- Les germes en cause sont surtout des bactéries à Gram négatif : C’est Aeromonas sp., E. coli,

Serratia marcescens, Proteus vulgaris, Klebsiella sp., Pasteurella sp. On rencontre également des bactéries à Gram positif. On trouve Staphylococcus aureus s'il est associé à Pasteurella multocida, Streptococcus sp. ou

Pneumococcus sp.

* Diagnostic : La radiographie permet de mesurer l'étendue des lésions pulmonaires.

* Traitement :

- Antibiotiques : Ils sont efficaces tant que le jetage n'est pas purulent. Un antibiogramme est souhaitable. Il se fait par écouvillonnage du jetage ou mieux, par lavage des bronches avec du sérum physiologique à l'aide d'une sonde urinaire pour chat introduite dans la trachée.

° Pénicilline : 10 000 U.I./kg par jour + Streptomycine : 10 mg/kg par jour I.M.

° Ampicilline (TOTAPEN) : 3 à 6 mg/kg par jour I.M. ou S.C.

° Chloramphénicol (TIFOMYCINE) : 100 mg/kg par jour P.O., ou 10 à 40 mg/kg par jour I.M. ou S.C.

° Chlortétracycline (AURÉOMYCINE) : 200 mg/kg par jour P.O.

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° Oxytétracycline (TERRAMYCINE(R)) : 30 à 60 mg/kg par jour I.M.

° Tylosine (TYLAN(R) 50) 125 à 200 mg/kg par jour P.O. en 2 prises quotidiennes

° Sulfadiméthoxine (MADRIBON) : 30 mg/kg pendant le premier jour puis 15 mg/kg les jours suivants

° Sulfadimérazine (SOLUVAZINE) : 250 mg/kg par jour

° Sulfaquinoxaline (SULFAQUINOXALINE) : 0,04 % dans l'eau de boisson 3 à 5 jours

° Gentamicine (GENTALLINE(R)) : 2,5 mg/kg à renouveler tous les 3 jours chez les tortues terrestres. 10 mg/kg à renouveler tous les 2 jours chez les tortues aquatiques.

- En cas de dyspnée importante due à la congestion pulmonaire on peut utiliser des diurétiques comme le furosémide (LASILIX) 5 mg/kg par jour.

- Nettoyer les narines avec un écouvillon puis du sérum physiologique.

- Faire des inhalations (PÉRUBORE(R)) ou mieux des séances d'aérosol. Mettre la tortue sous oxygène si elle présente une cyanose importante.

- Placer la tortue au calme en atmosphère chaude (25 à 30 °C.) et humide, à l'abri des courants d'air.

- Administrer des vitamines, en particulier de la vitamine A.

2°- Mycoses pulmonaires

Ce sont des pneumonies granulomateuses chroniques à évolution très lente. Elles évoluent parfois sur plusieurs années. Le diagnostic n'est effectué en général qu'à un stade avancé ou à l'autopsie.

* Symptômes : Ils sont tardifs et identiques à ceux d'une pneumonie mais avec évacuation de fragments mycéliens. L'envahissement total des poumons conduit à la mort par asphyxie.

* Lésions : Après l’inhalation des spores, on observe d'abord des lésions miliaires sur tout l'arbre respiratoire. Ensuite les colonies envahissent les parois alvéolaires et bronchiques. Elles forment des nodules ou des plaques qui grandissent de façon centrifuge jusqu'à ce qu’elles couvrent le poumon. La pression des alvéoles provoque la formation de chambres fermées à sporulation interne.

On peut avoir également des mycétomes laminés parfois volumineux. Ils proviennent des colonies libres dans l'arbre respiratoire et poussent sur toute leur périphérie dans les trois dimensions.

* Étiologie : Les mycoses pulmonaires atteignent les tortues terrestres. On isole Beauveria bassiana (chez les tortues géantes Geochelone elephantopus et G. gigantea), Aspergillus amstelodami (chez G.

elephantopus), Cephalosporium sp., Cladosporium sp. et Geotrichum sp.

* Traitement : Il est quasiment inexistant à cause du diagnostic tardif mais on suppose que les dérivés du

kétoconazole (NIZORAL(R)) sont actifs par voie buccale si le diagnostic est précoce.

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3°- Parasites pulmonaires

Dans les poumons, on rencontre des trématodes digéniens comme Heronimus sp. chez les tortues aquatiques. Ils sont assez fréquents mais ils n'engendrent pratiquement pas de troubles.

6. Affections de l'appareil circulatoire

a. Parasites sanguins

1°- Protozoaires

* Flagellés : Les Trypanosomes sont communs et peu pathogènes.

* Sporozoaires :

- Hémogrégarines : On commence à constater des troubles quand plus du tiers des érythrocytes est infesté : on a alors une anémie par hémolyse. Les lésions sont dues aux schizontes végétatifs dans le foie, les poumons... L'examen microscopique du sang montre des mérozoïtes intra-érythrocytaires. Le traitement n'est pas tenté. La prophylaxie passe par la lutte contre les vecteurs (arthropodes piqueurs).

- Haemosporidia (Simondia sp.) : Ils ont peu d'effets pathologiques. L'examen microscopique du sang montre des schizontes ou des gamétocytes intra-érythrocytaires avec des granules de pigments provenant de la destruction du globule rouge.

- Piroplasmea (Dactylosoma sp.) : Aucun signe pathologique n'est relevé.

2°- Trématodes

On rencontre Haemoxenicon sp. et Learedius sp. chez les tortues marines et Haplotrema sp. chez Emys

orbicularis. On les trouve surtout dans les veines mésentériques et dans le coeur. Ils causent un épaississement des vaisseaux et parfois une thrombose près des vers fixés.

3°- Nématodes

On rencontre des filaires de la famille des Onchocercidés (Cardianema sp.). Les adultes se localisent dans les grandes artères et le coeur. Les microfilaires circulent dans tous les vaisseaux. Les symptômes peuvent être importants lors de l'obstruction des grandes artères mais en général la pathologie est faible. On observe des lésions dermiques, des anévrismes vermineux, une thrombo-artérite vermineuse et des calcifications des vaisseaux. Le diagnostic se fait par mise en évidence des microfilaires dans le sang.

b. Tumeurs cardiaques

Un rhabdomyome myocardique entraîne la mort d'une tortue Sternotherus niger par rupture du coeur (tumeur bénigne).

c. Leucémie

Une leucémie myéloblastique éosinophile et basophile est observée chez une tortue aquatique Pseudemys

scripta elegans. Elle présente une épistaxis et une hémoptysie 12 heures avant la mort.

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d. Artérite à cellules géantes

Un cas est observé chez une Clemmys leprosa : Il y a un hémopéritoine avec infiltration de cellules géantes polynucléées dans les parois artérielles des reins et du mésentère.

7. Affections génitales

a. Rétention d'oeufs ou dystocie

* Symptômes : On observe une modification plus ou moins brutale de l'état général avec une anorexie complète et persistante, une apathie, une agitation inaccoutumée et parfois une détresse respiratoire par compression pulmonaire. On peut avoir également une déformation de la région cloacale. Si la ponte a commencé, on parle de rétention d'oeufs lors d'un arrêt de la ponte durant quelques jours ou quelques semaines malgré des efforts prolongés.

* Étiologie :

- Causes extrinsèques : C’est une température inadaptée (généralement trop basse), une humidité ne correspondant pas aux besoins de l'espèce, une surpopulation, du bruit, un passage trop important, des vibrations de basse fréquence (pompes filtrantes, aérateurs...), un terrarium sale, des manipulations intempestives ou l'absence de lieu de ponte correct. Chez les tortues fraîchement importées, les variations du photopériodisme par rapport au pays d'origine peuvent également causer une rétention d'oeufs.

- Causes intrinsèques : C’est une cachexie, une hypovitaminose D3, une déshydratation, des

infections, une salpingite, d’anciennes fractures postérieures de la carapace, des fractures vertébrales avec atteinte médullaire, des gros calculs vésicaux, des fécalomes volumineux, une blessure du cloaque, un prolapsus du cloaque, de l'intestin ou de l'oviducte, des oeufs anormalement volumineux ou des oeufs fusionnés, des troubles hormonaux, etc.

* Diagnostic : On commence par vérifier si on a bien une tortue femelle ! Ensuite on palpe les creux inguinaux. On peut y sentir des oeufs (attention de ne pas les casser). Mais seule la radiographie permet un diagnostic sûr. Ensuite on recherche la date d'un éventuel accouplement pour déterminer si la présence de ces oeufs est la cause des symptômes observés. En règle générale, il s'écoule moins de quatre mois entre l'accouplement et la ponte mais cette durée augmente avec une température trop basse ou une fécondation retardée.

* Traitement : Il faut intervenir immédiatement en cas d'interruption de ponte ou d'atteinte de l'état général, si des oeufs sont visibles à la radiographie. Si la ponte n'a pas commencé et si l'état général est correct, on attend en faisant un contrôle radiologique hebdomadaire. Il faut intervenir si les oeufs ne progressent pas vers le cloaque ou s’ils progressent sans que la ponte ne débute au bout de trois semaines. On commence par le traitement médical. En cas d'échec il faudra recourir au traitement chirurgical.

- Traitement médical : Faire des bains tièdes prolongés, lubrifier le cloaque, replacer manuellement par voie cloacale un oeuf mal positionné, utiliser des forceps. L'ocytocine à 10 U.I./kg est renouvelable toutes les 20 minutes à 2 heures (selon la réponse obtenue). Elle est beaucoup moins active que chez les mammifères, mais elle peut être efficace en cas de rétention basse non compliquée, à condition de vérifier au préalable que le processus de ponte a bien commencé et qu'il n'existe pas de causes d'obstruction (Exemple : Déformation de la carapace). Si l'ocytocine est inefficace, seule la chirurgie est envisageable.

- Traitement chirurgical : En cas de rétention cloacale d'un oeuf volumineux, une incision de la paroi cloacale peut suffire (vérifier que la fin de la ponte se déroule normalement). Dans les autres cas, il faut

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recourir à la laparotomie sous anesthésie avec fenestration du plastron.

On procède alors à une salpingotomie : On incise l'oviducte en regard de l'oeuf le plus central ; puis on sort les oeufs un par un ; enfin on suture l’oviducte par un seul surjet au fil fin résorbable en prenant soin de réduire la lumière le moins possible. Parfois plusieurs incisions sont nécessaires. Remarque : Le contenu de l'oviducte peut être fortement septique.

Remarque : Si l'oviducte est fortement enflammé ou nécrosé, il faudra pratiquer une salpingectomie (section entre deux ligatures simples) ; la section proximale doit être faite le plus près possible de l'ovaire.

Après avoir suturé le péritoine on referme la carapace avec une résine époxy et du tissu de fibre de verre, selon la même technique que celle employée lors de fracture de la carapace.

L'antibiothérapie post opératoire se fait avec le chloramphénicol (60 mg/kg par jour) ou la gentamicine (10 mg/kg par 48 heures chez les tortues d'eau, 2,5 mg/kg par 72 heures chez les tortues terrestres).

b. Mycoses génitales

Les oeufs sont susceptibles d'être infestés en surface par des mycéliums qui finissent par envahir tout l'oeuf. On rencontre les genres Fusarium et Chaetomium. Toutefois on ne sait pas si l'invasion a lieu dans l'oviducte ou après la ponte par les souillures du sol.

c. Infections génitales

1°- Infections des ovaires

On décrit une infection de quelques follicules ovariens chez Pseudemys scripta. À la coupe, ces follicules laissent échapper un vitellus brunâtre contaminé par Citrobacter sp. L'histologie permet de déceler des cellules inflammatoires.

2°- Infections des oviductes

On peut avoir des infections de l'oviducte quand celui-ci contient des oeufs.

* Symptômes : On a une léthargie et une anorexie conduisant à la mort.

* Lésions : On observe un exsudat purulent dans les oviductes dans lequel on reconnaît le vitellus jaunâtre, ainsi qu'une péritonite.

* Étiologie : Cette infection peut être due à une rupture de l'oeuf ou peut-être à un passage de l'oeuf dans le péritoine après la fécondation. La contamination du vitellus est souvent le fait d'Escherichia coli.

* Diagnostic : Il se fait par radiographie.

* Traitement : Il est chirurgical (salpingectomie). On lave le péritoine avec du liquide de Ringer additionné de dexaméthasone à raison de 20 à 40 mg/l de solution, puis on met un antibiotique in situ.

3°- Infections des oeufs

On retrouve diverses bactéries dans les oeufs, par exemple Pseudomonas sp., Proteus sp. ou Salmonella sp.

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Un traitement à la terramycine et au chloramphénicol peut être tenté.

d. Oeufs ectopiques

* On trouve des oeufs dans la cavité générale. Ce cas est décrit chez Terrapene carolina. Le passage se fait après une longue rétention à cause des mouvements des oviductes qui causent une érosion de leur propre paroi et donc un passage des oeufs dans la cavité générale. Puis l'oviducte cicatrise, l'oeuf devient calcifié mais il ne nuit pas à la santé de l'animal sauf, peut-être, à très long terme.

* Le passage d'oeufs dans la vessie est possible après un séjour trop prolongé dans le cloaque car il n'y a pas d'urètre chez les tortues.

e. Paraphimosis

* Symptômes : La tortue mâle se trouve dans l'impossibilité de rétracter son pénis et le prolapsus cause un oedème de l'organe.

* Traitement : Il faut nettoyer le pénis puis désinfecter à la BÉTADINE et appliquer une pommade antibiotique. On peut tenter de rentrer le pénis par taxis avec l'aide d'huile de paraffine ou de glycérine. Puis on pose une suture en bourse pendant une semaine pour éviter les récidives. Si on ne parvient pas à réduire le prolapsus, il faut amputer le pénis (il ne contient aucun organe vital) : on transfixe au catgut pour limiter le saignement puis on coupe près du catgut.

f. Malformations génitales : Hermaphrodisme

Deux cas sont décrits :

* Une tortue peinte Chrysemys picta possède deux testicules et un oviducte.

* Une cistude d'Europe Emys orbicularis possède un oviducte et un pénis.

8. Affections urinaires

a. Calculs vésicaux

Tous ces calculs sont radio-opaques.

* C’est généralement des phosphates de calcium dont on soupçonne une origine alimentaire puisqu’un régime trop riche en phosphore favorise la fuite de cet ion avec le calcium par voie urinaire (voir 1. a. 4°-).

* On peut aussi trouver des urates si l’abreuvement manque. Il faut alors chercher une éventuelle goutte articulaire ou viscérale par radiographie du corps et des articulations (voir le 1. a. 6°- (a)). On peut essayer d'augmenter la diurèse en employant le furosémide (LASILIX) de 2 à 5 mg/kg I.M.

b. Parasites de l'appareil urinaire

1°- Protozoaires flagellés du genre Hexamita

- Symptômes : Ce sont des parasites du rein qui occasionnent quelques troubles : faiblesse, perte de poids, apathie.

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- Étiologie : La surpopulation (surtout en milieu aquatique) et la mauvaise hygiène sont deux facteurs d'entretien de cette affection.

- Diagnostic : On trouve Hexamita sp. dans les urines. Il possède six flagelles et se déplace rapidement si l'échantillon est frais.

- Lésions : Le rein est pâle et hypertrophié, les tubules gonflés.

- Traitement : On emploie le dimétridazole (EMTRYL(R)) à 40 mg/kg par jour pendant 7 jours. On peut également l'utiliser dans l'eau des bacs à 400 mg/l pendant 2 semaines.

2°- Trématodes monogéniens des genres Polystomoidella, Neopolystoma,

Polystomoides...

On les trouve dans la vessie mais peu sont réellement pathogènes.

3°- Acariens prostigmates du genre Cloacarus

On peut les trouver dans le cloaque des tortues aquatiques. Ils mesurent quelques centaines de microns et pourraient se transmettre au cours de l'accouplement.

9. Affections du squelette

a. Ostéodystrophies

On observe une faiblesse des membres avec impossibilité de soulever la carapace, une atonie, des déformations et un ramollissement de la carapace, et des fractures spontanées des membres. Elles sont dues à un apport excessif de phosphore par rapport au calcium (voir le 1. a. 4°-).

b. Fractures des membres

* Étiologie : Elles sont causées par une chute de la tortue, par des pierres ou des troncs qui tombent sur l'animal ou par une morsure de chien.

* Diagnostic : Il se fait par radiographie.

* Traitement : On peut utiliser un plâtre ou un pansement de type Robert-Jones. Mais les cas les plus graves nécessitent un traitement chirurgical (enclouage centromédullaire, plaques à compression chez les tortues géantes). Il faut restreindre les déplacements de l'animal. On peut également placer une cale sous la carapace afin d'éviter que le membre porte. Puis on retire les dispositifs au bout d'un mois.

La cicatrisation osseuse est lente. On observe d'abord un cal fibreux, puis un cal cartilagineux hyalin qui enveloppe les abouts. L'union se fait par fibrose puis par calcification. L'ossification est lente et, quand l'union est achevée, les cartilages se résorbent et ils permettent l'installation d'une nouvelle cavité médullaire ; en règle générale, le cal osseux est tardif (visible à la radiographie après au moins six mois) et, contrairement aux mammifères, le cartilage subsiste longtemps.

Dans certains cas l'amputation est préférable et d'ailleurs bien supportée par la tortue. Mais les animaux sont alors nourris séparément pour éviter une compétition déloyale.

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c. Malformations

1°- Malformations du rachis

La cyphose est relativement courante ; la tortue prend alors un aspect bossu. On l'attribue à un excès de vitellus à la fin de la vie embryonnaire. La cyphose est à différencier des ostéodystrophies qui surviennent durant la période post-natale.

2°- Malformations des membres

(a) Absence de membres

L’absence d’un membre antérieur est constatée chez Trionyx sp. et chez Caretta caretta. Elle s’explique par une rupture de l'amnios. En effet, si un membre sort de cette enveloppe, il est comprimé à sa base comme par une ligature et il dégénère par ischémie.

(b) Achondroplasie

Une tortue peinte Pseudemys scripta cesse sa croissance à 3 ans et développe des membres et une tête large. La radiographie montre une déminéralisation. Les épiphyses des os longs sont volumineuses donnant aux os une forme d'haltères. C'est une forme de nanisme due à l'arrêt de la croissance des extrémités et de la tête, le tronc étant donc à peine déformé. Elle est probablement d'origine génétique.

3°- Malformations de la tête

La malformation la plus courante est la fissure palatine. Elle peut être latérale ou centrale. Elle peut se prolonger en "bec de lièvre". Beaucoup d'animaux survivent avec ces anomalies.

On rencontre également des tortues acéphales, exencéphales, sans mandibule, hypognathes, sans yeux, cyclopes, microphtalmiques et exophtalmiques. Ces malformations sont à différencier des déficiences nutritionnelles qui conduisent à des déformations secondaires du crâne (ostéofibrose survenant durant la période post-natale).

10. Affections neuro-musculaires

a. Affections neurologiques bactériennes, traumatologiques et toxicologiques

* Symptômes : On observe des convulsions, des mouvements anormaux ou des paralysies. Elles apparaissent en général rapidement, ce qui les différencie des pseudo-paralysies dues à un mauvais état général.

* Étiologie :

- Origine bactérienne : Une encéphalite peut compliquer une maladie générale, une septicémie ou une otite.

- Traumatismes crâniens, traumatisme du rachis ou contusions des membres.

- Intoxications par certains antibiotiques, les organophosphorés ou par des plantes d'appartement.

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* Traitement : On utilise selon les cas des laxatifs, des corticoïdes, des vitamines B et une antibiothérapie prolongée. La guérison peut être très lente sur plusieurs mois mais parfois la paralysie persiste, tout en étant bien supportée.

b. Tumeur maligne des cellules de Schwann

Un cas est décrit : Une tortue d'Hermann âgée de 40 ans présente une affection récidivante des os du plastron en région gulaire droite. L'enflure interdit les mouvements du membre antérieur. Après plusieurs récidives, la cryochirurgie permet d'éliminer définitivement les lésions. Il s'agit d'une tumeur multiloculaire blanche.

c. Parasites des muscles

1°- Protozoaires

On trouve parfois des Sarcosporidies du genre Sarcocystis. Habituellement il n'y a pas de signes cliniques. C'est une découverte d'autopsie. On observe un kyste cylindrique qui peut mesurer avec la coque 8 mm sur 0,2 mm. Il se situe uniquement dans les muscles. Il y a parfois une dégénérescence locale autour du kyste.

2°- Némathelminthes

On a dans les muscles striés des larves d'Acanthocéphales, d'Ascaridés ou de Dracunculidés.

11. Affections des annexes digestives et des glandes

a. Affections du foie

1°- Surcharge graisseuse du foie

* Symptômes : Ils sont inexistants, c'est une découverte d'autopsie.

* Lésions : Le foie est hypertrophié et décoloré ; un liquide gras suinte à la coupe.

* Étiologie : Cette surcharge graisseuse du foie est due à une alimentation excessive et très riche (vers de farine, pâtée très grasse...).

2°- Abcès du foie

Ils sont fréquents. Ils peuvent être primaires ou métastatiques, uniques ou miliaires. Les germes isolés sont variés et on trouve parfois des bactéries habituellement rares chez les tortues (Fusobacterium sp.,

Pasteurella sp.).

3°- Hépatites bactériennes

* Hépatite à Clostridium sp. : Des cas sont observés lors de l’épidémie de septicémies à Clostridium sp. qui frappe les tortues rayées de Madagascar à la Ménagerie du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris. (voir le (d)). Certaines des tortues atteintes présentent des lésions hépatiques. Leur foie est rouge noirâtre et de consistance friable. Le germe en cause est Clostridium oedematiens. Remarque : C'est une pathologie comparable à l'hépatite nécrotique du mouton.

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* On peut avoir d’autres types d’hépatites, localisées ou diffuses, accompagnant une entérite ou une septicémie.

4°- Hépatite virale

Plusieurs cas sont décrits par différents auteurs.

* On observe chez deux tortues captives Clemmys marmorata les symptômes suivants : léthargie, anorexie, faiblesse, pétéchies et ecchymoses sous la peau des membres, du cou et sous le plastron et mort. Les lésions observées sont une hépatomégalie avec nécrose aiguë du foie et une splénomégalie. On trouve un herpès-virus.

* Des tortues Graptemys pseudogeographica et G. barbouri présentent une anorexie, une léthargie, un oedème sous-cutané et des lésions d'hépatite nécrotique. On trouve également dans ce cas un herpès-virus.

* Chez une tortue peinte Chrysemys picta on observe une hépatite nécrotique accompagnée d'un oedème pulmonaire, d'une congestion de la rate et dégénérescence des reins. On conclut aussi à une herpès-virose.

5°- Hépatites mycosiques

Dans pratiquement tous les cas de mycoses internes, des lésions hépatiques accompagnent celles des poumons.

6°- Parasites du foie

(a) Protozoaires

* Rhizopodes : Les amibes passent parfois des intestins au foie par le système porte hépatique et le canal hépatique. L'enkystement des trophozoïtes crée sur le foie des plages de nécrose locales et même occasionnellement une hépatite nécrotique sévère.

* Flagellés : Hexamita sp. se rencontre exceptionnellement dans le foie et la vésicule biliaire des tortues aquatiques. Il provoque une prolifération des cellules épithéliales des canaux biliaires avec infiltration de cellules inflammatoires.

* Sporozoaires :

- Hémogrégarines aux stades végétatifs dans le foie.

- Coccidies : Eimeria sp. et Isospora sp. parasitent les canaux biliaires depuis l'intestin.

* Cnidosporidies : Myxidium sp. et Henneguya sp. parasitent les tortues aquatiques. Les sporoplasmes s'enkysteraient dans l'épithélium de la vésicule biliaire. Le pouvoir pathogène de ces protozoaires demeure peu connu.

(b) Trématodes

Cymatocarpus sp. est découvert dans la vésicule biliaire d'une tortue luth Dermochelys coriacea et Hepatohaematrema sp. dans les vaisseaux hépatiques d'une tortue aquatique.

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La vésicule est pleine d'oeufs et de vers. La pathologie engendrée est parfois importante : on peut avoir un ictère par blocage des conduits biliaires ; la muqueuse de la vésicule est épaissie et ulcérée.

b. Pancréas : Parasites

1°- Protozoaires

Dans le pancréas on peut trouver des sporozoaires à des stades végétatifs.

2°- Trématodes

On peut en découvrir dans la canal pancréatique.

c. Thyroïde

1°- Goitre

* Symptômes : On a un goitre parfois volumineux, une léthargie, une anorexie et, parfois, un myxoedème généralisé.

* Étiologie :

- Il peut être dû à un manque en iode dans certaines régions.

- Il peut être dû à la présence d'agents goitrogènes dans l'alimentation (salade, épinards, foin, chou).

- Les tortues géantes des Galapagos Geochelone elephantopus et les tortues géantes des Seychelles Geochelone gigantea sont particulièrement touchées car elles ont besoin de beaucoup d'iode dans leur alimentation.

* Traitement : On utilise l'iodure de sodium imbibé sur du pain à 5 g/kg de ration ou dans l'eau de boisson. L'iodure de sodium isotonique est injectable uniquement par voie intraveineuse. Il est donc utilisable sur les tortues de grande taille uniquement (voir le 1. a. 5°-).

2°- Tumeurs de la thyroïde

* Un adénome de la thyroïde est décrit chez Platemys sp.

* On a découvert un carcinome thyroïdien avec des métastases médiastinales chez Geoemyda trijuga.

d. Parathyroïdes : Tumeurs

Un adénome parathyroïdien cause, chez Geochelone carbonaria, des symptômes d'hyperparathyroïdie secondaire : déformation et ramollissement de la carapace.

12. Affections de la cavité abdominale : Parasites

Austramphilina elongata est observé dans la cavité abdominale d'une tortue aquatique australienne Chelodina

longicollis. C’est un ver non segmenté intermédiaire entre trématodes et cestodes.

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Conclusion du C. Même en se limitant à l’appareil concerné, la pathologie des tortues est compliquée. Les symptômes et les lésions sont variés. Les causes sont diverses et parfois mal connues. Le diagnostic peut être délicat. Les traitements sont quelquefois difficiles à mettre en oeuvre. La prophylaxie est donc souvent intéressante.

CONCLUSION DU II. Au terme de cette étude bibliographique, la diagnose, l’entretien et la pathologie des tortues paraissent très complexes et ils sont encore mal connus. Cependant, nous étudirons dans la troisième partie un protocole de consultation qui permet d’aborder de manière méthodique les problèmes pathologiques des tortues. Nous y verrons les résultats obtenus sur un échantillon de tortues “domestiques”.

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III. ÉTUDE PERSONNELLE D’UN PROTOCOLE DE CONSULTATION DES TORTUES EN CAPTIVITÉ

Nous examinerons d’abord l’échantillon étudié et la méthode de consultation utilisée. Puis nous ferons une analyse et une synthèse des données recueillies. Nous étudirons ainsi quelles sont les espèces rencontrées et dans quelles conditions elles sont entretenues. Nous examinerons aussi les dates des consultations, leurs motifs, les moyens de diagnostic, les problèmes rencontrés et leur gravité, les traitements utilisés et les résultats obtenus.

A. MATÉRIEL ET MÉTHODE

1. Durée de l’étude

Notre investigation a débuté en octobre 1988 mais nous avons aussi réalisé une étude rétrospective de cas.

D’abord nous avons examiné les anciens dossiers de tortues, consultées au Service de Parasitologie entre novembre 1987 et octobre 1988. Nous avons recueilli, par téléphone, des informations supplémentaires sur ces cas.

Puis, à partir d’octobre 1988, nous avons essayé de réunir le maximum de cas. Nous avons poursuivi notre collecte jusqu’en octobre 1990.

L’étude a donc couvert une période de 3 ans.

2. Protocole utilisé

Au cours de notre étude, nous nous efforcons de toujours suivre le même protocole, grâce à un questionnaire établi dès le début.

* Ce questionnaire est adapté à la consultation des tortues en fonction de leurs particularités.

- En effet les symptômes pouvant être observés pendant la consultation sont généralement limités et l'anamnèse ainsi que les commémoratifs sont donc souvent d'un intérêt capital pour le diagnostic.

- Il faut souligner aussi dès maintenant l'importance des conditions d'entretien et de l'alimentation, dont la description est précisément demandée. Il ne faut pas oublier non plus de questionner le propriétaire sur l'éventuelle hibernation subie par la tortue et sur les comportements sexuels observés.

- Enfin l'examen clinique est conditionné par les particularités anatomiques et physiologiques des tortues :

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° Le métabolisme poïkilotherme enlève toute signification sémiologique au relevé de la température. De plus la présence d’un cloaque rend la prise de la température imprécise.

° L'auscultation et la palpation sont difficiles à cause de la carapace, voire impossibles.

L'examen clinique se limite presque à l'inspection de tous les organes visibles. Il est donc important de pouvoir bien observer la tortue, mais ce n'est pas toujours facile avec les sujets craintifs ou agressifs.

* La structure du questionnaire est la suivante (voir l’annexe "Questionnaire") :

- Identification de la tortue

- Son origine

- Les conditions d'entretien dans lesquelles elle vit

- L’alimentation qui lui est proposée

- L’anamnèse du problème observé

- Les observations faites lors de l’examen général

- La description détaillée des symptômes

- Les examens complémentaires effectués

- Les hypothèses de diagnostic émises

- Le traitement reçu par la tortue

- Le déroulement des consultations ultérieures.

Ce questionnaire facilite beaucoup la consultation des tortues étudiées en rassemblant tous les éléments pouvant intervenir dans le processus pathologique. Pour chaque cas, ce protocole permet d’aborder tous les paramètres de manière identique pour les différents consultants. Ainsi nous pourrons mener une étude analytique et synthétique sur des cas rencontrés en pratique. Elle fera ressortir les problèmes les plus fréquents.

3. Origine des animaux étudiés

Elle est variée mais se limite à la France métropolitaine.

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TRONCO Nathalie6, square Sarah BERNHARDT77185 LOGNES60.17.50.40TORTUE N° .....TORTUE N° .....TORTUE N° .....TORTUE N° .....

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IDENTIFICATIONIDENTIFICATIONIDENTIFICATIONIDENTIFICATION

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Adresse : Adresse : Adresse : Adresse : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Code postal : Code postal : Code postal : Code postal : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Ville : Ville : Ville : Ville : ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Téléphone : Téléphone : Téléphone : Téléphone : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Espèce : Espèce : Espèce : Espèce : ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Sexe : Sexe : Sexe : Sexe : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Age : Age : Age : Age : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Poids : Poids : Poids : Poids : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Longueur du plastron : Longueur du plastron : Longueur du plastron : Longueur du plastron : ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Largeur du plastron : Largeur du plastron : Largeur du plastron : Largeur du plastron : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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ORIGINEORIGINEORIGINEORIGINE

Provenance : Provenance : Provenance : Provenance : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Date d’adoption : Date d’adoption : Date d’adoption : Date d’adoption : ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Age à l’adoption : Age à l’adoption : Age à l’adoption : Age à l’adoption : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Poids à l’adoption : Poids à l’adoption : Poids à l’adoption : Poids à l’adoption : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Longueur à l’adoption : Longueur à l’adoption : Longueur à l’adoption : Longueur à l’adoption : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Est-ce la première tortue élevée ? Est-ce la première tortue élevée ? Est-ce la première tortue élevée ? Est-ce la première tortue élevée ? ................................................................................................................................................................................................................................................

CONDITIONS D’ENTRETIENCONDITIONS D’ENTRETIENCONDITIONS D’ENTRETIENCONDITIONS D’ENTRETIEN

CaptivitéCaptivitéCaptivitéCaptivité ( ) : Aquaterrarium : Aquaterrarium : Aquaterrarium : Aquaterrarium , Terrarium , Terrarium , Terrarium , Terrarium

ou autre : ou autre : ou autre : ou autre : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Longueur : Longueur : Longueur : Longueur : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Largeur : Largeur : Largeur : Largeur : ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Hauteur : Hauteur : Hauteur : Hauteur : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Aménagement Aménagement Aménagement Aménagement (végétation, rocaille,...) : : : : ........................................................................................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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108

Température de l’air : Température de l’air : Température de l’air : Température de l’air : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Température de l’eau Température de l’eau Température de l’eau Température de l’eau (aquaterrarium) : : : : ........................................................................................................................................................................................................................................

Type de chauffage : Type de chauffage : Type de chauffage : Type de chauffage : ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Eclairage Eclairage Eclairage Eclairage (Naturel ou artificiel ? Quel type ?...) : : : : ............................................................................................................................................................................................................

Type de filtration : Type de filtration : Type de filtration : Type de filtration : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Nettoyage : Nettoyage : Nettoyage : Nettoyage : Nature : : : : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................Fréquence : : : :

Désinfection : Désinfection : Désinfection : Désinfection : Nature : : : : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................Fréquence : : : :

Nombre de tortues dans cet enclos : Nombre de tortues dans cet enclos : Nombre de tortues dans cet enclos : Nombre de tortues dans cet enclos : ....................................................................................................................................................................................................................................

Espèces : Espèces : Espèces : Espèces : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Y a-t-il de nouvelles venues ? Y a-t-il de nouvelles venues ? Y a-t-il de nouvelles venues ? Y a-t-il de nouvelles venues ? ........................................................................................................................................................................................................................................................................

Depuis quand ? Depuis quand ? Depuis quand ? Depuis quand ? ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Provenance : Provenance : Provenance : Provenance : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Semi-libertéSemi-libertéSemi-libertéSemi-liberté ( )

Description de l’enclos : Description de l’enclos : Description de l’enclos : Description de l’enclos : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

ALIMENTATIONALIMENTATIONALIMENTATIONALIMENTATIONNature des aliments Quantités distribuées Fréquence de la distribution............................................................................................................................ .................................................................................................................................... ........................................................................................................................

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Supplémentation : Supplémentation : Supplémentation : Supplémentation : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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ANAMNESEANAMNESEANAMNESEANAMNESE

Motif de consultation : Motif de consultation : Motif de consultation : Motif de consultation : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Date d’apparition des troubles : Date d’apparition des troubles : Date d’apparition des troubles : Date d’apparition des troubles : ................................................................................................................................................................................................................................................................

Traitements reçus : Traitements reçus : Traitements reçus : Traitements reçus : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Contagion aux autres tortues ? Contagion aux autres tortues ? Contagion aux autres tortues ? Contagion aux autres tortues ? ....................................................................................................................................................................................................................................................................

Maladies dans l’élevage : Maladies dans l’élevage : Maladies dans l’élevage : Maladies dans l’élevage : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Contamination humaine ? Contamination humaine ? Contamination humaine ? Contamination humaine ? ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Antécédents pathologiques : Antécédents pathologiques : Antécédents pathologiques : Antécédents pathologiques : ................................................................................................................................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

La croissance est-elle régulière ? La croissance est-elle régulière ? La croissance est-elle régulière ? La croissance est-elle régulière ? ....................................................................................................................................................................................................................................................

Reproduction ? Reproduction ? Reproduction ? Reproduction ? ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Hibernation ? Hibernation ? Hibernation ? Hibernation ? ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

EXAMEN GÉNÉRALEXAMEN GÉNÉRALEXAMEN GÉNÉRALEXAMEN GÉNÉRAL

Attitude sur le sol : Attitude sur le sol : Attitude sur le sol : Attitude sur le sol : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Flottaison dans l’eau : Flottaison dans l’eau : Flottaison dans l’eau : Flottaison dans l’eau : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Réactions à la manipulation : Réactions à la manipulation : Réactions à la manipulation : Réactions à la manipulation : ............................................................................................................................................................................................................................................................................

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Amaigrissement ? Amaigrissement ? Amaigrissement ? Amaigrissement ? ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Peau : Peau : Peau : Peau : lisse ? O / N brillante ? O / N ectoparasites : ....................................................................................................................................................................lésions : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Carapace : Carapace : Carapace : Carapace : ferme ? O /N écailles lisses ? O / N brillantes ? O / Ncollantes ? O / N ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Yeux : Yeux : Yeux : Yeux : ouverts ? O / N vifs ? O / N oedème des paupières ? O / N écoule-ment ? O / N uni / bilatéral nature : ................................................................................................................................................................................................................................................................

Narines : Narines : Narines : Narines : ouvertes ? O / N jetage ? O / N uni / bilatéral nature : ............................................................................................................

....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Oreilles : Oreilles : Oreilles : Oreilles : tympan soulevé ? O / N droit / gauche ................................................................................................................................................................................................

Cavité buccale Cavité buccale Cavité buccale Cavité buccale (état de la langue...) : : : : ....................................................................................................................................................................................................................................................

Cloaque : Cloaque : Cloaque : Cloaque : souillé ? O / N ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Respiration : Respiration : Respiration : Respiration : bouche ouverte ? O / N ................................................................................................................................................................................................................................................

Appétit : Appétit : Appétit : Appétit : ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Etat des selles : Etat des selles : Etat des selles : Etat des selles : ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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DESCRIPTION DETAILLEE DES SYMPTOMESDESCRIPTION DETAILLEE DES SYMPTOMESDESCRIPTION DETAILLEE DES SYMPTOMESDESCRIPTION DETAILLEE DES SYMPTOMES

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Dorsal VentralEXAMENS COMPLÉMENTAIRESEXAMENS COMPLÉMENTAIRESEXAMENS COMPLÉMENTAIRESEXAMENS COMPLÉMENTAIRES

NatureNatureNatureNature RésultatsRésultatsRésultatsRésultats

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HYPOTHESES DE DIAGNOSTICHYPOTHESES DE DIAGNOSTICHYPOTHESES DE DIAGNOSTICHYPOTHESES DE DIAGNOSTIC

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TRAITEMENTTRAITEMENTTRAITEMENTTRAITEMENT

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CONSULTATIONS ULTERIEURESCONSULTATIONS ULTERIEURESCONSULTATIONS ULTERIEURESCONSULTATIONS ULTERIEURES

TORTUE N° .....TORTUE N° .....TORTUE N° .....TORTUE N° .....

Date : ../../..Date : ../../..Date : ../../..Date : ../../..

Consultant : Consultant : Consultant : Consultant : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Evolution : Evolution : Evolution : Evolution : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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Traitement : Traitement : Traitement : Traitement : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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Date : ../../..Date : ../../..Date : ../../..Date : ../../..

Consultant : Consultant : Consultant : Consultant : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Evolution : Evolution : Evolution : Evolution : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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Traitement : Traitement : Traitement : Traitement : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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Date : ../../..Date : ../../..Date : ../../..Date : ../../..

Consultant : Consultant : Consultant : Consultant : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Evolution : Evolution : Evolution : Evolution : ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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Traitement : Traitement : Traitement : Traitement : ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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a. École Vétérinaire d'Alfort

1°- Service de Parasitologie

Ce service est le lieu habituel des consultations des “animaux familiers autres que chiens et chats”. Nous avons donc avisé toutes les personnes du service de notre travail et nous avons déposé dans ce service des questionnaires spécifiques aux tortues. Les dossiers sont d'abord remplis par les étudiants avant d'être présentés devant les consultants. Il s'agit généralement de M. le professeur Bourdeau (Service de Parasitologie d'Alfort), directeur de cette thèse, et de Mme le docteur Leclerc-Cassan, vétérinaire au Parc Zoologique de Vincennes et vacataire en Parasitologie le lundi matin. Il arrive cependant que des consultations de tortues soient faites par d'autres personnes du service en l'absence des consultants cités ci-dessus.

2°- Service des Urgences

Nous y avons mis une note d’information en cas d’appel téléphonique pour des tortues. Nous y effectuons aussi des consultations pour la commodité de ses horaires d'ouverture.

b. Société Herpétologique de France

Elle regroupe des passionnés de reptiles et elle est souvent sollicitée par des propriétaires de tortues. Nous l’avons donc avisé de notre travail, en particulier M. le professeur Lescure et M. Bour. Ils ont fait paraître un avis dans le bulletin de la S.H.F. Nous avons aussi envoyé des questionnaires à un de ses membres.

c. Parcs zoologiques du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris

Ils sont régulièrement contactés par des propriétaires de tortues. Nous avons donc prévenu le Parc Zoologique de Vincennes et la Ménagerie du Jardin des Plantes de notre étude. Nous avons distribué des questionnaires à des vétérinaires qui y exercent (M. le docteur Chauvier3 , M. le docteur Berthier3 et Mme le docteur Claro). Je peux également assister à quelques consultations de tortues dans ces structures.

d. Vétérinaires praticiens

* Les vétérinaires ayant fait une thèse sur les reptiles en général ou sur les tortues en particulier peuvent être plus particulièrement sollicités par les propriétaires de tortues.

Nous avons donc envoyé des questionnaires à M. le docteur Firmin, à M. le docteur Fertard, à M. le docteur Brogard (Gard), à M. le docteur Sandrin (Bas-Rhin) et à M. le docteur Quemener (Haute-Garonne).

De plus, M. le docteur Firmin (Alpes Maritimes) m'accueille en stage dans la clinique où il exerce et je le vois donc pratiquer quelques consultations de tortues. Au cours de ce stage, je rencontre aussi M. le docteur Fertard (Alpes-Maritimes) qui est président de la 3 Ils m’avaient auparavant accueillie en stage.

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S.O.P.T.O.M. J’assisterai ultérieurement à une intervention chirurgicale qu’il pratiquera sur une tortue (voir le 13. n.).

* Des vétérinaires sont réputés pour voir des “animaux familiers autres que chiens et chats”.

Nous avons fait parvenir des questionnaires à M. le docteur De Wailly (Hauts-de-Seine) et à M. le docteur Jacob (Paris).

* D’autres vétérinaires ont accepté de remplir un dossier au cas où ils verraient une tortue.

Nous avons donc confié des questionnaires à M. le docteur Deslandes (Seine-et-Marne), à Mme le docteur Boller (Paris) et à Mme le docteur Odru (Seine-Saint-Denis).

e. S.O.P.T.O.M.

Nous avons averti M. Devaux, secrétaire de la S.O.P.T.O.M. et nous lui avons expédié des questionnaires au Village des Tortues de Gonfaron (Var).

Nous avons aussi sollicité le président de la S.O.P.T.O.M., M. le docteur Fertard (voir le d.).

Conclusion du 3. Nous avons donc disposé de différents moyens pour récolter des cas.

* Nous avons diffusé l’information sur notre étude auprès nombreuses personnes afin qu’elles nous réfèrent des cas.

* Nous avons distribué des questionnaires à différentes personnes ayant l’habitude d’être consultées pour des tortues. Certains de ces questionnaires sont complétés et nous sont transmis. D'autres personnes nous envoient directement les propriétaires de tortues. Cela nous permet de remplir les dossiers nous-mêmes ou de les faire remplir par leur propriétaire.

* Nous bénéficions de la consultation habituelle des “animaux domestiques autres que chien et chat” à l’E.N.V.A.

Les participants de cette étude sont donc l’École Vétérinaire d’Alfort, le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, la S.H.F., la S.O.P.T.O.M. et des vétérinaires praticiens.

4. Moyens utilisés

Nous étudirons ici les moyens dont nous disposons pour étudier les cas vus dans le cadre de l’École Vétérinaire d'Alfort.

a. Examens complémentaires

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Les examens complémentaires qui peuvent être faits sont variés.

Ce sont :

- la radiographie (Service de Médecine, Service des Urgences), qui est de loin l'examen réalisé le plus facilement et donc le plus fréquemment

- le scanner (Service de Radiothérapie-Scanner)

- les examens mycologiques et coprologiques (Service de Parasitologie)

- les examens histologiques (Service d'Anatomie Pathologique)

- les examens bactériologiques (Service de Pathologie du Bétail et des Animaux de Basse-cour)

b. Médicaments

Les médicaments nécessaires sont achetés en pharmacie par les propriétaires.

c. Hospitalisation

Nous pouvons prendre quelques tortues en "hospitalisation" car nous avons installé un terrarium pour les tortues terrestres et un aquarium pour les tortues d'eau douce.

d. Autopsies

Nous pouvons pratiquer des autopsies, grâce à des mini perceuses munies d'un disque.

e. Suivi des cas

Il se fait essentiellement par téléphone mais certaines tortues sont revues en consultation.

5. Limites de l’étude

* Une étude plus longue permettrait d’obtenir plus de cas. Mais les 102 tortues examinées ici permettent d’appréhender les problèmes les plus fréquents.

* Les tortues sont examinées par différentes personnes et dans des conditions variables. Mais l’utilisation du questionnaire permet de standardiser l’étude et d’exposer les différents moyens utilisés. De plus, cela nous permet de faire une étude plus large.

* Les personnes participant à notre étude sont plus nombreuses en région parisienne où il n’y a pas de tortues autochtones. Le nombre de chéloniens y est bien inférieur aux

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régions du sud et les problèmes pathologiques y sont différents. Mais cette étude permet de voir l’impact des conditions d’entretien sur la pathologie des tortues venant de climats différents.

* À l’École Vétérinaire d’Alfort, les examens complémentaires sont faits en général gratuitement par le personnel des différents services cités dans le a. Ils ne sont donc pas demandés systématiquement, mais plutôt quand ils deviennent indispensables pour confirmer une hypothèse de diagnostic. Cependant il pourrait être intéressant d'effectuer certains examens complémentaires de manière systématique.

Les autopsies ne peuvent pas toujours être effectuées dans de bonnes conditions de fraîcheur des cadavres de tortues. Cela est très gênant pour établir un diagnostic post mortem. Cependant la majorité de tortues mortes peuvent être congelées en vue de leur autopsie quand celle-ci ne peut être pratiquée très rapidement après la mort.

La plupart des gens ne donnent des nouvelles qu'en cas d'évolution défavorable, à tel point qu’on peut souvent considérer l'évolution comme favorable si on n'a pas de nouvelles. Il faut cependant remercier plusieurs personnes qui ont eu la gentillesse de rappeler pour dire simplement que leur tortue allait mieux.

Conclusion du A. Toute étude peut être faite dans des conditions encore meilleures. Mais il faut savoir se limiter à celles qu’on a, surtout quand elles sont aussi bonnes que les nôtres. Cette étude est menée sur 3 ans en France métropolitaine mais surtout en région parisienne. Elle se fait essentiellement à l’École vétérinaire d’Alfort, avec ses possibilités exceptionnelles de diagnostic, en particulier le scanner. Avec une méthode rigoureuse, facilitée par l’utilisation d’un questionnaire, avec la contribution de nombreuses personnes à notre étude, nous espérons avoir fait un travail intéressant et fructueux sur les tortues. Nous allons voir les résultats et les conclusions que nous ont permis de récolter ces moyens.

B. RÉSULTATS ET DISCUSSION

Il s'agit ici de faire l'analyse et la synthèse des données recueillies sur les tortues étudiées. Elle se fait point par point en suivant l'ordre du questionnaire.

1. Nombre de cas

Cette étude nous permet de recueillir 120 dossiers (voir le tableau VII), soit 58 % des dossiers distribués.

Certains sont supprimés car ils sont trop incomplets. Il s'agit de 18 dossiers que nous commençons à remplir très brièvement à la suite d’un contact téléphonique. Nous ne les complétons pas car nous n'avons pas l'occasion d'examiner ces tortues. 2 dossiers remplis au Service de Parasitologie de l'É.N.V.A. sont aussi trop incomplets. Ils sont également supprimés. Enfin 2 dossiers concernent chacun 2 tortues (Ces tortues sont appelées 034 et 034 bis, 084 et 084 bis).

Nous exploitons donc 48 % des dossiers distribués et l’étude porte alors sur 102 cas

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de tortues. Nous remercions de nouveau les personnes qui ont contribué à la récolte des cas car, sans eux, une étude aussi variée n’aurait pas été possible.

2. Généralités

Nous allons d’abord étudier les consultants, les régions d’où viennent les tortues et les dates des consultations.

a. Consultants

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Tableau VII : Répartition des dossiers (D.) aux consultants éventuels

D.distribués D.récupérés D.supprimés" D.exploitésPr Bourdeau et coll. 46 35 2 33Mlle Tronco 76 69 18 51Pr Bourdeau et coll. et/ou Mlle Tronco 122 104* 20 84*M. Adam 2 0 0 0Société Herpétologiquede France 2 0 0 0Dr Berthier 5 0 0 0Dr Chauvier ° 8 3 0 3Dr Claro ° 4 2 0 2Muséum d'HistoireNaturelle de Paris 17 5 0 5Dr Boller 5 0 0 0Dr Brogard 8 0 0 0Dr De Wailly 5 0 0 0Dr Deslandes ° 5 0 0 0Dr Fertard 16 8 0 8Dr Firmin 8 3 0 3Dr Jacob 3 0 0 0Dr Odru 4 0 0 0Dr Quemener 4 0 0 0Dr Sandrin 5 0 0 0

Vétérinaires praticiens 63 11 0 11M. Devaux 4 0 0 0

S.O.P.T.O.M. 4 0 0 0

Total 208 120* 20 100*

“ Ces dossiers sont supprimés car ils sont trop incomplets. * 2 dossiers concernent 2 tortues.

Tableau VIII : Répartition des consultants des 102 cas de tortues

Nombre de tortues

Pr Bourdeau et coll. et/ou Mlle Tronco 85

Dr Fertard 7

Dr Chauvier 2

Dr Claro et Mlle Tronco 2

Dr Firmin et Mlle Tronco 2

Dr Chauvier et Mlle Tronco 1

Dr Fertard et Mlle Tronco 1

Dr Firmin 1

vétérinaire traitant 1

Total 102

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Ce sont les personnes qui examinent les 102 tortues (voir le tableau VIII et la figure 10). Certains cas sont étudiés par plusieurs consultants.

Le nom du consultant n'est pas toujours mentionné en ce qui concerne les questionnaires remplis au Service de Parasitologie de l'É.N.V.A. C'est pourquoi nous employons l’expression “Pr. Bourdeau et coll.”.

Il y a quelques cas particuliers. Nous faisons remplir 1 dossier par le propriétaire de la tortue ; il a consulté son vétérinaire traitant près de chez lui dans le Calvados puis contacté la S.H.F. qui nous a transmis ses coordonnées. De plus nous enregistrons les dossiers de 3 tortues par téléphone car les propriétaires ne peuvent pas se déplacer. Enfin nous en remplissons d'autres dossiers après la mort de la tortue car les propriétaires nous contactent pour une autopsie (1 dossier) ou parce qu'ils apportent leur tortue morte en consultation (2 dossiers).

M. le professeur Bourdeau et moi-même voyons la majorité des tortues de cette étude, parfois en collaboration. Mais quelques autres consultants nous permettent d’élargir de façon très intéressante le champ de notre étude.

b. Répartition géographique des tortues étudiées

Le critère étudié est le département où vivent les 102 tortues. L'adresse complète des propriétaires est mentionnée pour chacune. Ceci permet de connaître leur répartition géographique (voir le tableau IX et la figure 11).

10 tortues, étudiées chez M. le docteur Fertard et M. le docteur Firmin, sont dans les Alpes-Maritimes. 1 tortue vit dans le Calvados et elle y est vue en consultation. Les 91

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Tableau IX : Répartition des 102 tortues par département

Val-de-Marne 22

Seine-Saint-Denis 22

Hauts-de-Seine 8

Paris 14

Seine-et-Marne 7

Essonne 10

Val d'Oise 3

Yvelines 2

Oise 2

Aisne 1

Calvados 1

Alpes-Maritimes 10

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Figure 11 : Répartition des cas par département

Île-de-France

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autres tortues étudiées sont détenues en Île-de-France ou dans un département limitrophe. On a une nette prédominance du Val-de-Marne (22 tortues), où ont lieu la plupart des consultations, et des départements autour (61 tortues). On peut souligner, cependant, qu’une tortue vivant dans les Hauts-de-Seine est opérée chez M. le docteur Fertard dans les Alpes-Maritimes.

89 % des tortues de notre étude vivent en région parisienne. On peut noter, sauf exception, l'importance de la proximité dans la motivation ou les possibilités des propriétaires de tortues à consulter.

c. Répartition chronologique des cas

Arbitrairement il est pris en considération la date de la première consultation même si la tortue est revue par la suite. Pour les tortues vues après leur mort, nous retenons la date où la tortue est apportée et, pour les dossiers remplis par téléphone, la date de l'appel.

La répartition chronologique des cas est proposée dans le tableau X selon 4 colonnes afin de faire apparaître certaines périodes où les consultations sont impossibles pour certaines personnes. Elle est illustrée par la figure 12 et la figure 13.

La présence de ces périodes où certains consultants ne peuvent pas voir de tortues rend les conclusions difficiles à tirer sur la répartition chronologique des cas étudiés. Globalement, les consultations semblent à peu près aussi fréquentes toute l’année, avec un creux en août, septembre et octobre rattrapé par un pic en juillet et en novembre.

En hiver, les tortues souffrent souvent du froid. En été, les tortues sont normalement bien sorties d'hibernation (tout au moins celles des pays tempérés) et leurs propriétaires s’inquiètent si leur tortue est léthargique.

Les consultations des tortues semblent survenir de façon à peu près égale selon les mois, à condition qu’elles puissent avoir lieu toute l’année et que différents consultants se remplacent l’un l’autre pendant les vacances.

Conclusion du 2. Nous voyons que, pour mener une étude intéressante, il est utile d’avoir un maximum de consultants dispersés géographiquement et disponibles sur la période de l’année la plus étendue possible, au moins à tour de rôle. En contrepartie, les informations recueillies sont difficiles à étudier. Nous essayons cependant de les exposer de la manière la plus claire possible et d’en tirer des conclusions justifiées.

3. Caractéristiques des animaux

Nous étudions l’espèce, le sexe, l’âge, le poids et la taille des différents groupes de tortues, ainsi que les rapports existant entre ces données.

120

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121

Pr Bourdeauet coll. (1)

(1) + (2) Mlle Tronco(2)

Autresconsultants

Total

1987 novembre 1 2 - 0 3décembre 1 1 - 0 2

1988 janvier 0 0 - 0 0février 1 2 - 0 3mars 0 0 - 0 0avril 1 0 - 1 2mai 0 2 - 0 2juin 0 0 - 0 0juillet - - - 1 1août - - - 2 2septembre - - - 0 0octobre 1 1 - 1 3novembre 1 0 5 2 8décembre 0 1 1 2 4

1989 janvier 2 2 0 0 4février 2 1 0 0 3mars 0 0 0 1 1avril 1 1 0 3 5mai 3 0 0 0 3juin 0 0 2 1 3juillet - - 6 1 7août - - - 0 0septembre - - 0 1 1octobre 0 1 1 0 2novembre 3 0 0 0 3décembre 3 0 1 0 4

1990 janvier 4 0 1 0 5février 5 0 0 0 5mars 6 0 2 0 8avril 0 0 1 0 1mai 0 0 1 0 1juin 0 1 6 0 7juillet - - 5 1 6août - - - 0 0septembre - - 3 0 3octobre 0 0 0 0 0

3 ans 3 ans 35 15 35 17 102

Tableau X : Date de la première consultation des tortues

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122

Figure 13 : Répartition des cas en fonction des mois et des consultants

1413121110

9876543210

nombre de cas

moisjanv fév mars avr mai juin juil août sept oct nov déc

Pr Bourdeau et coll. (1)(1) + (2)Mlle Tronco (2)Autres consultants

Figure 12 : Répartition des cas en fonction des mois et des années

moisjanv fév mars avr mai juin juil août sept oct nov déc

1413121110

9876543210

nombre de cas

1987 1988 1989 1990

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a. Espèces et sexe

1°- Espèces

Les espèces sont présentées dans le tableau XI et la figure 14.

Les tortues de Floride (Pseudemys scripta elegans) sont les plus nombreuses (42 %).

Puis on trouve les tortues boîtes américaines (23 %) avec une répartition à peu près égale des Terrapene carolina (11 %) et des Terrapene ornata (9 %). L’espèce de 3 Terrapene sp. n’est pas précisée.

Ensuite viennent les tortues méditerranéennes (18 %) avec une légère prédominance des tortues grecques Testudo graeca (11 %) sur les tortues d'Hermann Testudo hermanni (7 %). Auparavant les tortues grecques étaient nombreuses dans les jardins car elles étaient vendues massivement, entre autres dans les poissonneries pour la consommation !

123

femelles mâles ? total

Pseudemys scripta elegans 18 10 15 43

Terrapene carolina 6 2 3 11

Terrapene ornata 3 4 2 9

Terrapene sp. 1 0 2 3

Testudo graeca 6 4 1 11

Testudo hermanni 3 3 1 7

Kinixys belliana 3 3 1 7

Trionyx sp. 0 0 2 2

Chinemys reevesi 0 0 1 1

Geochelone sulcata 1 0 0 1

Geochelone radiata 1 0 0 1

Platysternon megacephalum 0 0 1 1

Kinosternon scorpioides ? 0 1 0 1

Pelusios sp. ? 0 1 0 1

? 0 0 3 3

total 42 28 32 102

Tableau XI : Répartition des 102 tortues par espèce et par sexe

Page 125: Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

124

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Enfin on trouve les tortues à dos articulé des savanes africaines Kinixys belliana (7 %) et des tortues molles du genre Trionyx (2 %).

Les autres espèces correspondent chacune à moins de 1 %.

Il faut souligner que 3 % n'ont pas d'identification systématique et 2 % ont une diagnose incertaine.

On peut également remarquer qu’il n’y a pas de cistudes d’Europe à notre consultation. Pourtant, bien qu’elles soient très sauvages et maintenant intégralement protégées, elles se rencontrent parfois en captivité. On peut cependant penser que, puisque ces tortues vivent naturellement sur une large moitié de la France, c’est l’espèce qui pose a priori le moins de problèmes.

Les tortues de Floride, des tortues boîtes américaines, des tortues méditerranéennes et les tortues à dos articulé des savanes représentent 90 % des tortues de notre étude. Les tortues étrangères sont beaucoup plus nombreuses que les tortues françaises.

2°- Sexe

Le sexe des tortues étudiées est mentionné dans le tableau XI et la figure 14.

Pour 31 %, il n'est pas précisé, soit par oubli, soit par impossibilité (tortues juvéniles), soit par manque d'expérience. Cette imprécision sur le sexe oblige à la réserve quant aux conclusions sur la répartition sexuelle des cas observés.

Toutes espèces confondues, sur les 69 % des tortues dont le sexe est précisé, on observe 60 % de femelles et 40 % de mâles. Cette différence de sex ratio est nette chez les tortues de Floride (64 % contre 36 %) et les tortues boîtes américaines orientales (75 % de femelles et 25 % de mâles). Mais la différence n’est pas significative.

Conclusion du a. Dans notre étude, les tortues américaines sont plus nombreuses que les “tortues de jardins”. Nous voyons un peu plus de femelles, mais le sexe d’un tiers n’est pas déterminé. La suite de l'étude s’est fait selon les groupes de tortues définis au 1°-. Nous les appelons ainsi :

- les tortues de Floride (“Pseudemys scripta elegans”)

- les tortues boîtes américaines (“Terrapene sp.”)

- les “tortues méditerranéennes” (sous-entendu Testudo hermanni et Testudo graeca)

- les tortues à dos articulé des savanes africaines (“Kinixys belliana”)

125

Page 127: Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

- les tortues des “autres espèces”

Ces dernières ne donnent pas lieu à une étude synthétique.

b. Âge, poids et taille

Pour les différents groupes de tortues de notre étude, nous étudions la répartition de ces caractéristiques et les relations qui peuvent exister entre elles. Le poids est généralement déterminé par pesée sur une balance précise ; cependant, dans certains cas, il n'est qu'estimé. La taille correspond aux dimensions de la carapace mesurées à l'aide d'une toise : longueur maximale (tête et queue rétractées), largeur maximale et hauteur maximale ; hélas, certaines mesures sont estimées ou alors mesurées avec une règle, ce qui est beaucoup moins précis qu'avec une toise.

1°- Pseudemys scripta elegans

Les caractéristiques des tortues de Floride observées sont présentées dans le tableau XII.

(a) Âge

L'âge des tortues de Floride est mentionné dans le tableau XII et il est illustré dans la figure 15.

Ces tortues sont souvent âgées d’environ 1 mois lorsqu’elles sont achetées. Au moment de la consultation, leur âge est donc estimé à la durée de détention plus 1 mois. En revanche, pour les tortues adoptées plus tard, l'âge devient difficile à déterminer car taille et poids dépendent beaucoup des conditions d'entretien (voir le (d)). De plus les stries annuelles sont presque invisibles (d'autant que la plupart ne subissent pas d'hibernation).

Curieusement aucune tortue de Floride de moins d'un an n'est vue pendant cette étude. Pourtant on connaît la forte mortalité de ces tortues la première année de leur vie en captivité (voir le 4. c.). La tortue de Floride la plus âgée de cette étude aurait 13 ans, ce qui correspond à peu près à la longévité maximale de cette espèce en captivité. L’âge moyen des tortues de Floride étudiées est de 5,2 ans mais l’écart type est important : 3,7 ans. Leur âge est donc très variable. Le nombre de tortues examinées tend à diminuer avec l’âge et semble suivre la longévité de cette espèce en captivité.

(b) Poids

Les poids se répartissent de 20 g à 2000 g, ce qui commence à être un poids record (voir la figure 16). On a un pic pour les poids inférieurs ou égaux à 200 g. Ces tortues ont pourtant plus d’un an. Ce pic correspond aux tortues “naines”, ayant une croissance très ralentie, un appétit très bas ou une alimentation très insuffisante (par exemple, des crevettes séchées) et de nombreuses carences. Le poids moyen est de 560 g avec un écart type important (530 g).

126

Page 128: Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

127

numéro dela tortue

sexe âge(ans)

poids(g)

longueurL (cm)

largeurl (cm)

hauteurh (cm)

8 M 5 300 12 9,5 49 M 8,5 700 14 7,5 5,514 F 4 ? ? ? ?16 F 7 1100 ? ? ?17 F 12 1000 20 10 618 F 10 1500 20 15 1020 ? 8 430 12 9,5 621 F 8 2000 22 17 1126 M 10 ? ? ? ?30 F ? 1800 20 ? ?34 F 7 ? ? 13 7

34bis M ? ? ? 7 437 F 1,5 210 9,5 7,5 3,538 F ? ? 15 10 1039 F 2 ? 8 6,5 340 F ? 750 16 13 741 M ? 350 12 10,5 545 F 13 1000 ? ? ?46 ? 5 700 17 12,5 850 M 5,5 285 12,5 10,5 4,551 M 3 185 11 9 4,552 ? 6 ? ? ? ?54 F ? 380 13 10 5,555 F ? 600 16 12 7,557 ? 1,5 20 5 4,5 2,560 ? 1,2 75 8 7 363 F 4,2 1240 19 14 966 ? 1,1 180 10 8 467 ? 1 50 7 6 2,568 ? ? 100 5 4 381 F 4 588 15 11,5 6,583 ? 2,5 97 8 7 386 M 9 452 12 7 587 ? 2 64 9 7 3,588 ? 2,5 ? 15 5 492 F 12 850 15,5 9 593 M 2,5 137 9 5 3,598 ? 4 ? ? ? ?99 ? 1,7 ? ? ? ?100 ? 1 135 9 8 4109 F 12 1000 15 13 7112 ? 3 50 7 6 2,5116 M 1,7 150 9,5 8 3,5NOMBRE 43MIN 1 20 5 4 2,5MOY-ÉC.T 1,5 33 8,0 6,0 1,0MOYENNE 5,2 560 12,6 9,1 5,2ÉCART TYPE 3,7 527 4,5 3,1 2,3

Tableau XII : Sexe, âge, poids et dimensions de la carapace des tortues de Floride

Page 129: Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

(c) Taille

Les longueurs de carapace vont de 5 cm à 22 cm. La moyenne est de 12,6 cm, avec un écart type de 4,5 cm. Les largeurs vont de 4 cm à 17 cm, avec une moyenne de 9 cm et un écart type de 3 cm. Les hauteurs vont de 2,5 cm à 11 cm avec une moyenne de 5,2 cm et un écart type de 2,3 cm.

(d) Relation poids/âge

Les 2 données sont mentionnées simultanément pour 27 tortues de Floride et la relation qui existe entre elles est illustrée par la figure 17.

Il ne semble pas exister de relation simple entre le poids et l’âge des tortues de Floride car ce rapport varie en fonction de nombreux critères (sexe, conditions d’entretien et individus).

* Variations du rapport poids/âge en fonction du sexe : On peut remarquer que toutes les femelles ont un poids supérieur aux mâles du même âge.

* Variations du rapport poids/âge en fonction des conditions d'entretien : Une

128

Figure 15 : Répartition par âge des tortues de Floride étudiées

Âge (années)0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 ?

10

9

8

7

6

5

4

3

2

1

0

Nombre de tortues

Page 130: Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

129

Page 131: Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

130

2300

2200

2100

2000

1900

1800

1700

1600

1500

1400

1300

1200

1100

1000

900

800

700

600

500

400

300

200

100

0

Poids (grammes)

131211109876543210Âge (ans)

Figure 17 : Relation poids-âge des tortues de Floride

Page 132: Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

température insuffisante diminue la prise alimentaire des tortues. De plus, l'alimentation proposée peut être insuffisante en quantité (par exemple les crevettes séchées). Ces mauvaises conditions d'entretien ralentissent la croissance et donnent donc un poids inférieur au poids d'une tortue du même âge et du même sexe, élevée dans de bonnes conditions. C'est le cas de plusieurs tortues étudiées.

* Variations individuelles du rapport poids/âge : Dans les mêmes conditions, deux tortues, de même sexe, peuvent avoir une croissance différente. Il n'y en a pas d'exemple ici cependant.

Nous avons tracé le graphique poids en fonction du produit (longueur par largeur et par hauteur de la carapace) (voir la figure 18).

(e) Relation poids/taille

Il semble exister une certaine corrélation linéaire entre le poids et la taille de la carapace :

Longueur (cm) x largeur (cm) x hauteur (cm)

Poids (g) ≅

2

Cette formule permet d'estimer le poids d'une tortue ayant un embonpoint normal quand on ne dispose que d'une toise ou même d'une règle et qu'on n'a pas besoin d'une grande précision. Pour les traitements, il vaut mieux cependant peser précisément la tortue.

Remarque : La densité d'une tortue de Floride est proche de celle de l'eau (1 g/cm3) puisqu'elle peut flotter ou couler dans l'eau selon la façon dont elle gonfle ses poumons.

Donc : Poids (g)

≅ 1

Volume corporel (cm3)

D'où : Longueur x largeur x hauteur

Volume corporel ≅

2

Le corps d'une tortue prend donc environ la moitié du volume du parallélépipède rectangle dans lequel on peut inscrire sa carapace.

Remarque : Un auteur américain a établi la formule suivante :

Poids (g) = (Longueur de la carapace (cm))3 x 0,191 (communication personnelle de M. le docteur Fertard)

131

Page 133: Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

Elle donne des résultats voisins de ceux calculés par la formule précédente.

Conclusion du 1°- Le groupe des tortues de Floride correspond à une seule sous-espèce mais leurs caractéristiques morphologiques sont très variables d’un individu à l’autre. Cela tient surtout au fait que deux facteurs primordiaux interviennent : à quel stade de croissance ces tortues sont et dans quelles conditions elles ont été entretenues pendant leur croissance.

Cependant il existe pour chaque tortue des rapports entre certaines données :

132

2200

2000

1800

1600

1400

1200

1000

800

600

400

200

0

Poids (grammes)

22002000180016001400120010008006004002000L x l x h / 2

Figure 18 : Relation poids-taille de la carapace des tortues de Floride

L est la longueur de la carapace en cm

l est la largeur de la carapace en cm

h est la hauteur de la carapace en cm

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* Le poids augmente avec l’âge. Mais les femelles grossissent plus vite que les mâles. La croissance dépend cependant des conditions d’entretien et des individus.

* Dans les conditions normales, le poids est proportionnel à la taille de la carapace.

Ces relations permettent de savoir si un individu donné est “nain” ou maigre et donc souvent dans de mauvaises conditions de croissance. On peut aussi estimer approximativement certaines caractéristiques inconnues en fonction de données connues (Par exemple, l’âge en fonction de la taille ou le poids en fonction des dimensions de la carapace).

2°- Terrapene sp.

Les caractères des tortues boîtes américaines sont présentés dans le tableau XIII.

(a) Âge

Il est quasiment toujours inconnu. Les tortues sont ramassées et importées à l'âge adulte et on ne connaît pas leur date de naissance. On peut essayer d'estimer l'âge mais, comme on l'a vu, toutes les méthodes sont imprécises.

(b) Poids

La répartition des poids des Terrapene sp. est présentée dans la figure 19. Les Terrapene sp. de 200 à 400 g sont de loin les plus nombreuses. Les poids vont de 100 g à 1 kg. La moyenne est de 330 g avec un écart type de 200 g.

(c) Taille

Les dimensions des Terrapene sp. sont réunies dans le tableau XIII. Les longueurs de carapace vont de 8,2 cm à 20 cm, la moyenne est de 11,8 cm avec un écart type de 2,6 cm, ce qui est faible. Les largeurs vont de 4,6 à 15 cm. La moyenne est de 9 cm et l’écart type de 2,2 cm. Enfin, les hauteurs vont de 4 cm à 8 cm, la moyenne étant de 5,6 cm et l’écart type de 1,1 cm. On constate que les écarts types des dimensions des carapaces ne sont pas très importants. Les carapaces des Terrapene sp. de l’étude ont dont une forme proche des moyennes, c’est-à-dire 12 cm de long sur 9 cm de large et sur 5,5 cm de haut. Les différences sont dues essentiellement aux variations entre individus et entre espèces (et sous-espèces).

Remarque : La plus petite tortue boîte est très allongée et un peu haute. Il s’agit sans doute d’une erreur de mesure.

(d) Relation poids/taille

Comme pour les tortues de Floride, on peut tracer une figure regroupant le produit des trois dimensions des Terrapene sp. en abscisse et leur poids en ordonnée (voir la

133

Page 135: Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

134

tortuen °

espèce sexe âge(ans)

poids(g)

longueurL (cm)

largeurl (cm)

hauteurh (cm)

1 T. carolina F ? 410 13,0 10,0 8,0

2 T. ornata M ? 290 12,0 9,5 5,5

3 T. ornata M ? 300 11,5 10,0 6,0

4 T. ornata F ? 285 11,0 10,0 6,0

5 T. ornata F ? 230 11,0 9,5 6,0

19 T. ornata ? ? 100 9,0 7,5 4,0

24 T. carolina F ? 320 11,0 9,0 4,2

53 T. ornata ? ? 100 9,0 7,5 4,0

82 T. sp. ? ? 236 12,5 9,5 5,0

85 T. carolina F ? 340 13,0 10,0 7,0

89 T. carolina ? ? 320 14,5 11,0 6,5

91 T. sp. F ? ? 8,2 4,6 4,5

94 T. carolina ? ? 205 10,0 6,0 4,5

95 T. carolina ? ? 223 10,5 6,0 6,0

96 T. sp. ? ? 245 10,0 7,0 5,0

97 T. ornata M ? 220 11,0 8,5 4,5

102 T. ornata F ? 337 11,5 9,0 6,0

104 T. carolina M ? 1000 20,0 15,0 7,0

107 T. ornata M ? 300 11,5 9,5 4,5

108 T. carolina F ? 360 10,0 8,0 6,0

111 T. carolina M ? 730 16,0 12,0 6,0

114 T. carolina F ? 520 14,0 10,0 7,5

119 T. carolina F ? 290 12,0 9,0 6,0

Tableau XIII : Espèce, sexe, âge, poids et dimensions de la carapace des tortues boîtes du genre Terrapene (T.)

Page 136: Lapertot Tronco N. - Étude d'un protocole de consultation des tortues en captivité

135

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figure 20). On retrouve également une certaine corrélation linéaire mais la relation ne semble pas très forte, sans doute à cause de l'imprécision des mesures.

Les tortues boîtes américaines de cette étude sont des individus peu variables en forme et en poids. Cela s’explique par le fait qu’elles soient vendues à l’âge adulte. Les facteurs “âge” et “qualité de l’environnement pendant la croissance” n’interviennent pas autant que chez les tortues de Floride. Cependant il y a des espèces et des sous-espèces différentes.

3°- Tortues méditerranéennes

Nous étudions les différentes caractéristiques des tortues grecques et des tortues d’Hermann rencontrées (voir le tableau XIV).

136

Figure 20 : Relation poids-taille des Terrapene sp.

1100

1000

900

800

700

600

500

400

300

200

100

0

poids (grammes)

110010009008007006005004003002001000L x l x h / 2

L est la longueur de la carapace en cm

l est la largeur de la carapace en cm

h est la hauteur de la carapace en cm

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(a) Âge

L'âge des tortues méditerranéennes étudiées est rarement connu avec exactitude car souvent les individus sont ramassés dans la nature. L'âge indiqué est généralement une évaluation, en général en prenant comme repère la date d'adoption et l'âge estimé à l'adoption. Il va de 3 ans à 50 ans. La moyenne est de 17,5 ans, l’écart type de 14,2 ans. Le grand étalement des âges des tortues méditerranéennes est en rapport avec leur longévité importante (voir la figure 21). 39 % semblent âgés de moins de 20 ans. Mais autant de tortues méditerranéennes ont un âge inconnu.

(b) Poids

Il est illustré par la figure 22. Le poids record est de 3,780 kg et le minimum de 100 g. La majorité des tortues méditerranéennes ont un poids inférieur à 900 g. La moyenne est de 890 g et l’écart type de 925 g.

(c) Taille

137

tortuenuméro

Espèce sexe âge(ans)

poids(g)

longueurL (cm)

largeurl (cm)

hauteurh (cm)

6 T. graeca F 5,5 175 6,5 5,5 3,5

7 T. graeca F 20 750 14,8 12,3 8,0

12 T. hermanni F 14,5 850 ? ? ?

13 T. graeca M 15 ? ? ? ?

15 T. graeca F 5 ? ? ? ?

23 T. hermanni F ? 660 17,0 12,0 8,0

25 T. hermanni M 10 300 15,0 ? ?

28 T. graeca M ? 400 15,0 ? ?

32 T. hermanni M ? 250 10,0 8,5 6,0

48 T. graeca M ? 1560 20,0 15,0 10,0

59 T. graeca M 50 1500 20,0 15,0 11,0

64 T. graeca F 30 3780 27,5 23,0 14,5

65 T. hermanni F 10 720 ? ? ?

90 T. graeca F 3 213 10,0 8,0 5,0

106 T. graeca ? ? 480 13,0 10,0 7,0

110 T. hermanni ? ? 100 8,0 7,0 4,5

117 T. graeca F 30 1750 18,0 14,0 6,0

120 T. hermanni M ? 780 15,0 12,5 8,0

Tableau XIV : Espèce, sexe, âge, poids et dimensions de la carapace des tortues méditerranéennes du genre Testudo (T.)

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8

7

6

5

4

3

2

1

0

Nombre de tortues

Âge (années)0 10 20 30 40 50 60 ?

Figure 21 : Répartition par âge des tortues méditerranéennes

Les dimensions des carapaces sont, dans l'ensemble, bien indiquées. La longueur va de 6,5 à 27,5 cm. La longueur moyenne est de 15 cm avec un écart type de 5,5 cm. La largeur va de 5,5 cm à 23 cm. La largeur moyenne est de 11,9 cm avec un écart type de 4,7 cm. La hauteur va de 3,5 à 14,5 cm. La hauteur moyenne est de 7,6 cm et l’écart type est de 3,1 cm.

(d) Relation poids/taille

La corrélation poids/longueur par largeur et par hauteur de la carapace est représentée sur la figure 23. On peut donc encore utiliser la formule citée ci-dessus (voir le 1°- (e)).

(e) Relation poids/âge

Le petit nombre d’individus rend l’interprétation de la figure 24 difficile. Mais le nuage de points semble tendre vers une limite d’environ 2 kg, avec, cependant, un individu exceptionnel de 3780 g pour un âge en revanche non exceptionnel (30 ans). Les tortues méditerranéennes ont des caractéristiques à peu près aussi variables que les tortues de Floride, car elles peuvent être très jeunes à l’adoption.

4°- Kinixys belliana

Le poids et les dimensions de la carapace des Kinixys belliana sont regroupés dans le tableau XV.

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L'âge n'est jamais mentionné car il s'agit d'individus ramassés à l'âge adulte sans qu'aucun repère ne permette vraiment de connaître leur âge.

Les poids sont compris entre 520 g et 1013 g (voir la figure 25). La moyenne est de 730 g avec un écart type de 180 g.

La longueur de la carapace va de 15 cm à 18 cm. La largeur est comprise entre 10 cm et 12 cm. La hauteur va de 7 à 9 cm.

On constate que ces tortues ont une forme nettement allongée par rapport aux autres tortues étudiées précédemment.

140

L est la longueur de la carapace en cm

l est la largeur de la carapace en cm

h est la hauteur de la carapace en cm

5000

4500

4000

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0

poids (grammes)

5000450040003500300025002000150010005000L x l x h / 2

Figure 23 : Relation poids-taille des tortues méditerranéennes

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141

4000

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0

poids (grammes)

50454035302520151050âge (ans)

Figure 24 : Relation poids-âge des tortues méditerranéennes

numéro dela tortue

sexe âge(ans)

poids(g)

longueurL (cm)

largeurl (cm)

hauteurh (cm)

22 M ? 825 17,0 12,0 8,0

33 M ? 550 17,5 10,0 7,0

62 F ? 800 18,0 10,0 8,0

84 F ? 783 15,5 10,5 7,0

84bis M ? 1013 17,5 12,0 9,0

103 ? ? 520 16,0 10,5 7,5

Tableau XV : Sexe, âge, poids et dimensions de la carapace des Kinixys belliana

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142

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On peut noter par ailleurs qu'il semble exister la relation poids/longueur par largeur et par hauteur de la carapace (voir la figure 26 et le 1°- (e)).

Les tortues à dos articulé des savanes représentent un petit groupe mais il est très homogène quant aux dimensions de la carapace. Il faut dire que ce groupe correspond à une seule espèce et que toutes ces tortues ont un âge adulte, sans que l’on le connaisse exactement.

Conclusion du b. Les tortues boîtes américaines et les tortues à dos articulé des savanes de notre étude constituent des groupes homogènes. Cela peut s’expliquer du

143

1100

1000

900

800

700

600

500

400

300

200

100

0

Poids (grammes)

110010009008007006005004003002001000L x l x h / 2

L est la longueur de la carapace en cm

l est la largeur de la carapace en cm

h est la hauteur de la carapace en cm

Figure 26 : Relation poids-taille de la carapace des Kinixys belliana

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fait qu’elles soient ramassées et vendues à l’âge adulte. À l’inverse, les tortues de Floride et les tortues méditerranéennes peuvent être en pleine croissance. Leur taille et leur poids dépendent des conditions dans lesquelles elles se sont développées. De plus il semble exister des relations entre les différentes caractéristiques des tortues. Cela permet d’estimer leur poids en fonction de leur taille ou leur âge en fonction de leur poids. Mais ce n’est valable que si les conditions d’entretien sont correctes. Sinon on peut avoir des individus “hors normes”.

Conclusion du 3. Les tortues de Floride, originaires de régions à climat très doux, sont de loin les plus nombreuses de notre étude. Vendues en France alors qu’elles sont en pleine croissance, ces tortues peuvent présenter des retards très importants dans leur développement si elles n’ont pas des conditions d’entretien adaptées. À tel point que beaucoup de gens pensent que ce sont des tortues “naines” qui restent toujours de la taille d’une pièce de 5 Francs. Alors qu’en fait, on a des individus très gros, comme la femelle de 2 kg de notre étude.

4. Historique des tortues

Nous étudions ici certains événements du passé des tortues : leur provenance, leur taille à l’adoption, l’intervalle entre l’adoption et la consultation, et l’expérience de leur propriétaire.

a. Provenance des tortues

Elle est présentée dans le tableau XVI.

On y voit que la provenance principale des tortues étudiées, toutes espèces confondues, est la vente (plus de la moitié) dans les animaleries. Il faut remarquer que c'est le cas de la grande majorité des tortues de Floride et des tortues boîtes américaines et de toutes les Kinixys belliana. En revanche c'est une provenance moins fréquente pour les tortues méditerranéennes, dont la vente est interdite actuellement. Elles sont généralement "trouvées" comme disent les propriétaires, c'est-à-dire qu’elles sont ramassées dans leur milieu naturel, bien que ce soit interdit. Elles peuvent aussi s’être échappé d'un jardin.

Certaines tortues sont rapportées de l'étranger, essentiellement des tortues grecques, bien que leur exportation hors de leur pays d’origine et leur importation dans la C.E.E. soient prohibées.

Enfin, quelques tortues changent de propriétaires sans que l'on connaisse alors leur provenance initiale.

On peut remarquer qu'aucune des tortues étudiées n'est issue de l'élevage.

L’origine des tortues est influencée par la législation. Leur vente étant interdite, les tortues françaises proviennent souvent du ramassage (il est pourtant interdit par la loi). Les tortues étrangères sont principalement achetées.

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b. Taille des tortues à l'adoption

Elle dépend du groupe de tortues.

1°- Pseudemys scripta elegans

À leur adoption, 28 tortues de Floride avaient la taille d'une pièce de 5 Francs environ, 4 avaient leur taille actuelle et 11 n'avaient pas été mesurées.

2°- Terrapene sp.

Au moment de leur adoption, 19 tortues boîtes avaient une taille identique à leur taille actuelle, 3 étaient un peu plus petites et 1 n'avait pas été mesurée.

3°- Tortues méditerranéennes

7 avaient une taille identique à leur taille actuelle, 3 étaient plus petites et 8 n'avaient pas été mesurées.

4°- Kinixys belliana

5 avaient une taille identique et 2 n'avaient pas été mesurées.

Généralement les tortues de Floride se développent pendant leur détention. Les tortues méditerranéennes et les tortues boîtes grandissent parfois encore. Les tortues à dos articulé conservent pour la plupart leur taille initiale.

c. Intervalle entre l’adoption et la consultation

Il est mentionné dans le tableau XVII et illustré dans la figure 27.

La majorité des consultations interviennent lors de la première année d'adoption (37 %) pour tous les groupes de tortues définis sauf les tortues de Floride. Bon nombre de consultations ont lieu aussi les deuxièmes (11 %) et troisièmes (15 %) années, surtout pour les tortues de Floride. Puis au-delà les consultations deviennent beaucoup plus rares, l'intervalle maximal entre l'adoption et la consultation étant de 38 ans (il s’agit d’une tortue grecque).

Chez les tortues étudiées, les affections semblent commencer tôt après leur adoption.

Cependant les tortues de Floride viennent en consultation un peu plus tardivement que les tortues des autres groupes. Pourtant elles ne semblent pas plus résistantes ni mieux entretenues. Il est probable en fait que ces tortues nouveau-nées restent souvent longtemps à végéter dans des conditions épouvantables (dans un petit bac en plastique avec une eau non chauffée et des crevettes séchées). Certaines meurent et

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Figure 27 : Intervalle entre l'adoption et la consultation

38373635343332313029282726252423222120191817161514131211109876543210

Nombre de tortues

Intervalle (années)0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 38 39 ?

Pseudemys scripta elegans

Terrapene sp.

tortues méditerranéennes

Kinixys belliana

autres

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d’autres résistent. Mais des symptômes apparaissent et leurs propriétaires se décident enfin à consulter.

Les tortues méditerranéennes étudiées sont vues autant la première année d’adoption que les suivantes réunies.

Les tortues boîtes américaines et les tortues à dos articulé des savanes viennent en consultation bien davantage la première année d’adoption que les suivantes.

Il semble que, au départ, ce soient les gros problèmes attribuables à l’entretien qui amènent les propriétaires de tortues à consulter. En outre, plus les tortues sont exotiques, plus elles semblent difficiles à garder en captivité et plus elles tombent malades précocement. À l’inverse, plus une tortue est autochtone et adoptée depuis longtemps, plus elle est probablement entretenue dans de bonnes conditions ; l’affection qui l’amène en consultation risque moins d’avoir de rapport avec un problème d’environnement causé par son propriétaire.

d. Expérience du propriétaire

Ici nous étudions si la tortue vue en consultation est la première tortue du propriétaire ou s'il a déjà eu des tortues auparavant (voir le tableau XVIII et la figure 28).

Toutes espèces confondues, il s’agit de la première tortue pour la moitié des propriétaires. Mais il y a des variations selon les groupes.

La moitié des propriétaires de tortues de Floride a déjà eu des chéloniens. Ils semblent donc renouveler cette expérience malgré les difficultés que ces tortues peuvent poser.

Les 4 cinquièmes des tortues méditerranéennes pour lesquelles on connaît la réponse sont détenues par des personnes en ayant déjà eu. Ces espèces ne posent pas trop de problèmes et les gens souhaitent souvent renouveler la tradition des tortues de jardin.

149

Pseudemys

scripta

elegans

Terrapene

sp.

tortuesméditer-ranéennes

Kinixys

belliana

autresespèces

total

oui 20 13 2 5 4 44

non 21 10 8 2 3 44

? 2 0 8 0 4 14

total 43 23 18 7 11 102

Tableau XVIII : Expérience du propriétaire des tortues (Est-ce sa première tortue ?)

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Pour les Terrapene sp. et les Kinixys belliana, il s'agit de la première tortue dans 57 % et 71 % de cas. Ces espèces ne peuvent pas vivre dans les jardins franciliens, ce qui semble décourager les gens à en reprendre. En effet les gens achètent ce type de tortue croyant qu'il s'agit d'une "tortue de jardin" et la plupart ne renouvellent pas cette expérience à l'issue souvent tragique.

Il semble que plus les tortues sont exotiques et difficiles à entretenir, moins leurs propriétaires reprennent des tortues.

Conclusion du 4. Les tortues sont essentiellement achetées, en provenance de l’étranger, ou ramassées dans le sud de la France. La plupart grandissent encore. Elles viennent souvent en consultation pendant les trois premières années de leur détention. La majorité des gens ne sont pas informés des difficultés que peuvent poser les tortues et ils en font parfois la douloureuse expérience. Quelques personnes en tirent cependant une expérience positive et parviennent par la suite à garder des tortues. Les problèmes qu’ils rencontrent alors sont souvent de véritables maladies et non plus des syndromes dus au mauvais entretien. La provenance, la taille à l’adoption, l’intervalle adoption/consultation et l’expérience du propriétaire donnent donc des indications sur l’origine du processus pathologique.

5. Conditions d'entretien des tortues

Elles sont souvent longues à étudier mais elles peuvent fournir des éléments capitaux pour le diagnostic. Elles dépendent beaucoup du type de tortue en question. Nous n’étudions ici que l’environnement des tortues. L’alimentation et l’hibernation font aussi partie des conditions d’entretien. Mais, pour simplifier l’étude, elles seront examinées séparément (voir le 6. et le 7.). Pour les différents groupes de tortues, nous étudions les types d’enclos, leurs dimensions, la température de l’air et/ou de l’eau, les types de chauffage, d’éclairage et éventuellement de filtration de l’eau.

a. Pseudemys scripta elegans

Les tortues de Floride sont entretenues dans des aquariums à quelques exceptions près (voir le tableau XIX) : saladier pour une tortue, baignoire pour une autre (plus chanceuse !). La dimension des aquariums ainsi que leur équipement peuvent être très variables.

* Le volume total des aquariums (longueur par largeur et par hauteur) est mentionné pour 24 tortues de Floride. Il varie de 25 litres (0,40 m par 0,25 m et par 0,25 m) à 600 litres (2 m par 0,50 m et par 0,60 m). 7 aquariums font entre 0 et 49 litres, 5 entre 50 et 99 litres, 5 entre 100 et 149 litres, 4 entre 150 et 199 litres. Au-delà, on a 3 tortues entretenues dans le plus grand aquarium observé lors de cette étude (600 litres).

* Mais ce volume total de l'aquarium ne correspond pas réellement à l'espace disponible pour les tortues et il vaut mieux considérer le volume d'eau (longueur de l'aquarium par largeur et par hauteur en eau). Ce volume d'eau est mentionné pour 22 tortues de Floride. Il varie de moins de 1 litre pour la tortue entretenue dans un saladier (!) à 350 litres (cela correspond au plus grand aquarium cité précédemment qui

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contient une hauteur d'eau de 0,35 m). La répartition est la suivante. 6 font entre 0 et 24 litres, 6 entre 25 et 49 litres, 5 entre 50 et 74 litres, 1 entre 75 et 99 litres. Au-delà on a 1 tortue dans 300 litres d'eau et 3 dans 350 litres d'eau.

* La température moyenne de l'eau est précisée pour 29 tortues de Floride. 20 sont à une température proche de la température optimale (de 24 à 28 °C.). 3 sont au-dessus. 6 sont au-dessous. Il faut remarquer que, quand la température n'est pas mentionnée (14 tortues), c'est que souvent les propriétaires de ces tortues ne s'en sont pas souciés. Il s'agit dans la plupart des cas de tortues qui vivent à température ambiante c'est-à-dire trop faible.

* En ce qui concerne la nature du chauffage de l'eau, il est mentionné pour 37 tortues : 9 n'ont aucun système de chauffage ! 1 a son eau chauffée par adjonction d'eau chaude (on imagine facilement que la température est la plupart du temps trop basse). La majorité des tortues de Floride ont une résistance (24 tortues), 2 ont une thermopompe et 1 a une lampe I.R.

La température moyenne de l'air est précisée pour 37 tortues de Floride. Elle est "ambiante" pour la plupart (24 tortues). Ainsi elle est souvent trop basse et surtout elle est soumise aux courants d'air et donc à des variations brutales propices à de graves problèmes respiratoires. Elle ne semble réellement contrôlée et adéquate que pour 8 tortues (de 24 à 28 °C.).

* Le type d'éclairage est connu pour 40 tortues de Floride. 19 n'ont aucun éclairage particulier et sont soumises à l'éclairage ambiant, souvent insuffisant. 5 disposent d'un tube qui a l'inconvénient de ne pas réchauffer l'air ambiant comme il serait préférable. 10 ont une lampe ou un spot qui chauffent l'air mais qui ne fournissent pas d'U.V. Seules 6 tortues ont un éclairage satisfaisant constitué par un tube, qui émet des U.V. (TRUELITE, VITALITE), ce qui permet la synthèse de la vitamine D3. Mais il y a aussi un spot ou une lampe qui permettent de maintenir une température d'air constante et élevée et qui évitent les problèmes respiratoires.

* La présence d'une filtration de l'eau est inconnue pour 4 tortues mais son absence est certaine pour 12. Parmi les 27 filtres cités, on sait que 12 sont des filtres extérieurs et 3 sont des filtres intérieurs (beaucoup moins puissants). On sait également que 13 sont des filtres chimiques, caractérisés par la présence de charbon actif. 3 sont des filtres mécaniques. Ils sont moins performants car ils ne retiennent pas les particules et ne permettent pas d'obtenir une eau limpide.

Les tortues de Floride sont entretenues dans des conditions très variables. Cela va du saladier sans chauffage ni éclairage ni filtration, à un grand aquarium de 2 m de long avec chauffage de l'eau et de l'air, éclairage à spectre solaire et filtres extérieurs chimiques. Seuls 7 % des tortues de Floride vivent dans de très bonnes conditions et 35 % dans des conditions correctes. L'entretien des tortues de Floride demande un certain nombre de connaissances et de la technicité. Quelques propriétaires s'informent d'eux-mêmes et parviennent à reproduire de bonnes conditions d'entretien. Mais il faudrait prévenir systématiquement les acheteurs avant l'acquisition.

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b. Terrapene sp.

Les conditions d’entretien des tortues boîtes américaines sont dans le tableau XX.

* 14 tortues boîtes sont tout le temps dans un terrarium. 1 vit soit dans un terrarium soit sur le sol d'une cuisine et 1 autre sur le sol d'une cuisine avec accès à un bassin. 1 vit dans une caisse avec un bassin, 3 sur le sol d'un appartement, 1 sur le sol d'un pavillon et 2 dans un jardin.

* Les terrariums (et la caisse) mesurent 50 cm pour 1 tortue boîte, 60 cm pour 1 seconde, 70 cm pour 3 et 90 cm pour 1 autre. 5 sont dans un terrarium de 130 cm et 5 autres dans un terrarium de 150 cm. La majorité des terrariums sont donc d'une taille correcte de plus d'un mètre.

* La température de l'air des tortues boîtes est dans le tableau XX. 4 sont à température ambiante, c’est-à-dire sans chauffage particulier. On peut considérer qu’elles sont à environ 20 °C. 12 tortues boîtes sont donc entretenues à une température trop basse. La température optimale étant de 26 °C., on constate que 10 tortues boîtes sont aux alentours de cet optimum (de 24 à 28 °C.). À l’inverse, une tortue boîte est entretenue à une température excessive (29 °C.).

* Le type de chauffage est inconnu pour 1 tortue boîte et on déplore son absence dans 12 cas. Pour les autres, on décrit la présence d'un fil chauffant plus une lampe pour 2 tortues, une lampe I.R. pour 5, une plaque chauffante pour 1, une résistance dans l'eau pour 1 et un spot plus une résistance pour 1. Ce dernier cas est le seul qui soit convenable car il faut à la fois chauffer l'air et chauffer l'eau du bassin.

* L’éclairage spécifique est absent pour 14 tortues boîtes ! Sinon on signale une lampe pour 1 tortue et un tube pour 8 tortues. La lampe permet un éclairage et un chauffage corrects mais elle a l'inconvénient de ne pas apporter de rayons U.V. Les tubes conviennent tout à fait s'ils émettent des U.V. mais ils ne permettent pas de chauffer l'air. Il faut donc y associer un système de chauffage comme c'est le cas pour ces 8 tortues.

* Le type d'aération des terrariums (c'est-à-dire s'ils sont ouverts ou fermés) est inconnu pour 17 tortues boîtes. Mais, parmi ces tortues, 8 ne sont pas dans un terrarium et sont donc dans une circulation d'air forcément importante. On compte 3 terrariums ouverts et 3 terrariums fermés ou semi-fermés. C'est ce dernier type de terrarium qui convient aux tortues boîtes pour 2 grandes raisons : Seul un terrarium fermé permet d'obtenir une température suffisante et surtout une humidité adéquate à leur bien-être. D'autre part, les variations importantes de température de l'air sont inévitables dans un terrarium ouvert et a fortiori pour les tortues par terre. Elles peuvent causer de graves troubles respiratoires.

Seuls 39 % des tortues boîtes vivent dans un environnement correct (terrarium avec

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chauffage et éclairage) à condition qu’elles aient accès à un bassin d’eau tiède. 9 % des tortues boîtes vivent en permanence dans le jardin et 17 % sur le sol de la maison ; or la température et l'humidité y sont trop basses et elles subissent des courants d'air. Ces conditions ne conviennent pas aux Terrapene sp. Ce sont des tortues assez exigeantes car, en France, elles ne peuvent pas vivre longtemps hors d'un terrarium. Or on assiste fréquemment à une mauvaise information des acheteurs ce qui conduit souvent à des conditions d'entretien inadéquates pour ces tortues.

c. Tortues méditerranéennes

Les conditions d’entretien des tortues méditerranéennes sont dans le tableau XXI.

8 tortues sont en permanence dans un jardin. 1 vit dans une serre, 3 sont soit sur le sol d'une habitation soit dans le jardin. 1 est soit sur une terrasse soit sur le sol d'un appartement soit dans une caisse en bois. 1 vit soit sur le sol d'un appartement soit dans un terrarium. 1 est en permanence dans un terrarium de 70 cm et 1 vit en permanence sur le sol d'un appartement.

L’accès au jardin est le cas le plus fréquent et le plus favorable même en région parisienne bien que le climat soit plus rigoureux que celui des régions d'origine de ces tortues. Les risques de coup de froid sont donc plus importants et l'hibernation est plus longue et plus risquée. Mais le climat, la luminosité et l’exercice possible sont alors proches de ceux d’origine. La mise sous serre en région méditerranéenne n'a aucun intérêt. Des séjours sur une terrasse sont insuffisants. La vie sur le sol d'un appartement ou d'un pavillon sans séjours fréquents dans un jardin est très néfaste à leur santé (température souvent trop basse, courants d'air, absence de soleil, absence de nourriture variée). La mise en terrarium ou dans tout autre type d’enclos peut être une bonne solution en l'absence de jardin à condition de mettre un système de chauffage et un tube émettant de U.V. et de fournir une alimentation très variée. Mais il n'y a pas de chauffage, ni éclairage spécifique dans les terrariums décrits ici ou dans la caisse en bois. Ils ne peuvent donc pas convenir à l'entretien de tortues méditerranéennes.

Ce sont les tortues les moins exigeantes des 4 groupes de cette étude car elles peuvent vivre dans un jardin même en région parisienne, bien que ce ne soit pas leur climat idéal, à condition de prendre quelques précautions. 65 % des tortues méditerranéennes de cette étude y ont accès.

d. Kinixys belliana

Les conditions d’entretien des tortues à dos articulé sont dans le tableau XXII.

2 de ces tortues vivent dans un terrarium de 180 cm, ouvert, chauffé par une lampe à 25 °C. et avec un bassin. Ceci constitue des conditions à peu près correctes, sauf l'humidité qui est insuffisante car le terrarium est ouvert. Il faudrait fermer le terrarium et chauffer l'eau afin d'obtenir une humidité importante et afin d'éviter les courants d'air.

1 autre vit dans un terrarium de 60 cm ouvert et chauffé à 26 °C. par une lampe I.R. Ceci

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est acceptable sauf l'humidité et la même remarque que précédemment peut être faite. Mais elle fait également des séjours sur le sol de l'appartement et dans le jardin, ce qui risque de lui être très néfaste.

Quant aux 4 autres Kinixys belliana, elles vivent alternativement par terre dans la maison et dans le jardin, voire dans un panier. Ces conditions ne sont absolument pas adaptées à ces tortues car la température et l'humidité ambiantes sont très inférieures à leurs besoins.

Ce sont les tortues les plus exigeantes des 4 groupes de cette étude car, en France, elles ont besoin d'un terrarium très particulier. Or on observe fréquemment une très mauvaise information des acheteurs et ces tortues sont souvent dans des conditions excessivement médiocres (71 %).

Conclusion du 5. Dans notre étude, sont entretenus dans des conditions correctes 65 % des tortues méditerranéennes, 42 % des tortues de Floride, 39 % des Terrapene sp. et 29 % des Kinixys belliana. Plus les tortues ont des exigences quant à leurs conditions d’entretien, plus il est probable qu’elles seront dans de mauvaises conditions, soit par manque d’information, soit par manque de motivation, soit par manque de technicité. C’est pourquoi l’importation de tortues exotiques, difficiles à entretenir, est très critiquée. Les tortues de jardin étant protégées, avoir des chéloniens est actuellement difficile et demande des connaissances, du temps et de la technicité.

6. Alimentation des tortues

Nous examinons la nature des aliments que les propriétaires proposent à leur tortue en captivité (voir le tableau XXIII). Cela dépend avant tout du groupe de tortues dont il s’agit. Nous étudions également la variété du régime, la fréquence de la distribution et le complément alimentaire donné (voir le tableau XXIV).

a. Pseudemys scripta elegans

Dans leur milieu naturel, les jeunes tortues de Floride sont essentiellement carnivores mais elles consomment de plus en plus de végétaux en vieillissant.

1°- Nature des aliments proposés

Sur les 43 tortues de Floride étudiées, 36 consomment de la viande rouge. C’est l'aliment le plus fréquemment proposé (de loin) dans cette espèce (83,7 %). Or la viande rouge est carencée, surtout en calcium, en vitamines et en iode. Malheureusement c'est un aliment bien accepté par cette espèce. Parfois, ces tortues ne mangent que ça, ce qui conduit à de graves troubles d'ostéodystrophie, à des avitaminoses A et à des carences en iode.

Ensuite viennent en fréquence de distribution les fameuses "crevettes séchées" (44,2 % des tortues de Floride en consomment). Elles sont presque systématiquement vendues dans les animaleries en même temps que les tortues comme aliment

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complet et exclusif... Or ces crevettes séchées ont une consistance ridicule qui conduit rapidement à une carence globale très grave.

37,2 % des tortues de Floride consomment des crevettes décortiquées et 25,6 % de la chair de poisson. Ces aliments sont bien acceptés mais ils sont carencés. Les petits poissons entiers tels que les éperlans (32,6 %) comportent un squelette riche en calcium et des viscères, en particulier un foie, riches en vitamines A et D. Leur équilibre alimentaire est meilleur.

Le jambon (25,6 %) a les mêmes inconvénients que la viande rouge et il peut être très gras.

Seuls 9,3 % des tortues consomment de la salade et 4,7 % des légumes. Or il ne faut pas oublier que les tortues de Floride ne sont pas exclusivement carnivores, surtout quand elles sont adultes.

Les aliments complets pour chats ont l'avantage de comporter une portion végétale et d'être d'ailleurs l'aliment peut-être le plus complet pour les tortues. Cependant seuls 7,0 % des "Floride" consomment des croquettes pour chats et 7,0 % de la pâtée pour chats. Ces aliments couvrent correctement les besoins de cette espèce même si ce n'est pas ceux que préfèrent les tortues. Ils valent nettement tous les aliments pour tortues du commerce. Cependant une étude de la composition des croquettes pour chats, en particulier de certaines croquettes semi-humides (DELIKAT), a montré qu'elles semblent trop riches en vitamine D3 (communication personnelle de M. le docteur Fertard). De plus le rapport phosphocalcique est également un peu faible et elles sont un peu trop énergétiques pour les tortues adultes (il semblerait préférable de donner des croquettes hypocaloriques). Les croquettes pour chats sont donc de bons aliments pour tortues mais il ne faut pas donner exclusivement ce type d'aliment.

Les vers de terre (riches en calcium), les vers de vase, les escargots et limaces, les asticots, les moules, seiches et calmars, sont chacun distribués seulement à 7 % des tortues de Floride. Or ils constituent des aliments bien équilibrés et bien acceptés qui devraient être plus fréquemment proposés pour varier le "menu".

Le fromage proposé à 9,3 % des Floride peut constituer un aliment “de secours” de temps en temps. Il est riche en calcium mais un peu gras.

Les insectes, qui font partie du régime naturel des tortues, ne sont proposés qu'à 2,3 % des tortues, probablement à cause des difficultés d'approvisionnement (et du prix). Cependant on trouve souvent des grillons dans les animaleries et puis il suffit de se promener dans la nature avec un petit flacon pour rapporter divers insectes à ses tortues !

2°- Variété du régime

Elle est bonne (B) pour 19 % des tortues de Floride et insuffisante (I) pour 40 %. Elle est mauvaise (M) pour 40 %.

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3°- Fréquence de la distribution des aliments

Elle est bonne (B) pour 30 % des tortues de Floride et mauvaise (M) pour 33 % (c'est-à-dire trop espacée pour les tortues en pleine croissance ou trop rapprochée pour les tortues adultes).

4°- Complément de vitamines et de minéraux

Il est bon pour seulement 5 % des tortues de Floride et insuffisant pour 23 %. C’est le cas des "vitamines pour tortues" ou "minéraux pour tortues" que l'on trouve dans les animaleries. Généralement on doit les mettre dans l'eau et ils sont trop légèrement dosés. Il est mauvais pour 47 % (c'est-à-dire néfaste ou totalement absent).

Conclusion du a. Les aliments les plus fréquemment proposés aux tortues de Floride, pour des raisons de commodité mais surtout par ignorance des propriétaires (viande rouge, crevettes, poisson, jambon), sont souvent carencés. Les gens pensent que si les tortues consomment tel aliment c'est qu'il leur convient. Or cette supposition est erronée en captivité.

La prise alimentaire peut être insuffisante à cause des mauvaises conditions d'entretien (surtout une température trop basse) ou parfois car l’alimentation est trop peu dense (crevettes séchées). À l’inverse, l’alimentation excessive chez les tortues adultes sédentaires peut conduire à l'obésité.

Le complément alimentaire est presque toujours indispensable chez les jeunes tortues car le régime est rarement équilibré. Or souvent il est absent ou il est insuffisant.

L'alimentation constitue un des gros points faibles de l'entretien des Pseudemys scripta elegans par des particuliers en France car c'est une espèce qui a des exigences importantes en calcium et en vitamines, surtout pendant la croissance. Or, de nombreuses tortues de Floride sont acquises très jeunes. C'est pourquoi on observe de nombreuses maladies d'origine alimentaire (voir le II. C.). La situation la pire, malheureusement fréquente, est un régime composé exclusivement de viande ou de jambon car, à long terme, il conduit à de graves lésions, surtout chez les tortues en croissance.

b. Terrapene sp.

Dans leur milieu naturel, ces tortues sont omnivores, c'est-à-dire que leur régime alimentaire comporte à la fois des aliments carnés et des aliments d'origine végétale dans des proportions à peu près égales.

1°- Nature des aliments proposés

Elle est décrite dans le tableau XXIII.

Les fruits sont consommés par 41,9 % des tortues boîtes étudiées. Toutes devraient

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en consommer.

La viande rouge est proposée à 27,9 % alors qu'elle est carencée.

Les vers de farine (25,6 %) sont souvent bien acceptés parce qu'ils sont vivants mais ils sont également carencés en calcium.

La salade est donnée à 23,3 % des Terrapene sp. alors qu'elle manque beaucoup de calcium.

La pâtée pour chats est un bon aliment pour les Terrapene sp. car elle présente un équilibre alimentaire satisfaisant. Elle n'est distribuée qu'à 11,6 % des tortues boîtes.

Les vers de terre, riches en calcium, et bien acceptés, peuvent être largement distribués, mais seuls 7,0 % des Terrapene sp. de cette étude en mangent.

Les légumes ne sont proposés qu'à 4,7 % des tortues, peut-être parce que, moins colorés, ils paraissent moins attrayants que les fruits.

Les oeufs sont seulement donnés à 4,7 % alors qu'ils sont une bonne source de protéines et de vitamines, mais aussi de calcium si on leur ajoute les coquilles pilées.

Les autres aliments ne sont donnés qu'à 2,3 % (c'est-à-dire à une seule tortue) : fleurs, asticots, escargots et limaces, aliments pour tortues, chair de poisson. Or ils sont tout à fait convenables (sauf la chair de poisson qui a l'inconvénient de manquer de calcium).

2°- Variété du régime

Elle est bonne pour 39 % des tortues boîtes et insuffisante pour 35 %. Elle est mauvaise pour 26 % (voir le tableau XXIV).

3°- Fréquence de distribution

Elle est bonne pour 22 % des Terrapene sp. (c'est-à-dire tous les 2 jours pour des tortues adultes à condition qu'elles aient bon appétit). Elle est mauvaise pour 70 % (voir le tableau XXIV). En effet on ne leur donne pas assez souvent ou au contraire tous les jours ou même 2 fois par jour. Mais il faut dire qu'en général les tortues boîtes de cette étude sont quasi anorexiques et elles ne risquent pas l'obésité même si on leur donnait 10 fois par jour.

4°- Complément de vitamines et de minéraux

Il est très souhaitable chez ces espèces. Il est bon en ce qui concerne 35 % des Terrapene sp. Il est insuffisant pour 17 % et il est mauvais pour 48 % (voir le tableau XXIV).

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Conclusion du b. Le problème le plus important avec ces espèces, c'est leur anorexie ou leur prise alimentaire insuffisante à cause des mauvaises conditions d'entretien. Les aliments proposés (fruits, viande, vers de farine, salade, pâtée pour chats) sont parfois carencés et le régime est rarement assez varié. Or le complément alimentaire est en général insuffisant par rapport au mauvais équilibre alimentaire et on rencontre souvent des carences. Le cas le plus défavorable est une anorexie presque totale et un régime alimentaire très mauvais (par exemple, de la salade). Cette situation a des conséquences catastrophiques sur l'état de santé des tortues et peut conduire à la mort.

c. Tortues méditerranéennes

Ce sont des tortues végétariennes mais elles doivent cependant manger un minimum d'aliments carnés surtout pendant leur croissance.

1°- Nature des aliments proposés

Elle est décrite dans le tableau XXIII.

25,6 % des tortues méditerranéennes de cette étude mangent des fruits, 23,3 % de la salade et 18,6 % des fleurs ou divers végétaux. Ce sont les aliments les plus consommés mais ils devraient l'être par toutes. Ces aliments conviennent très bien sauf la salade, qui est pauvre en calcium et qui ne doit pas être l'aliment exclusif.

Les féculents, consommés par 11,6 %, ont l'avantage d'être souvent riches en protides.

11,6 % consomment des vers de terre et la même proportion des escargots ou limaces. Mais toutes devraient en manger de temps en temps.

Seulement 9,3 % mangent des légumes alors que par exemple les carottes râpées sont une bonne source de calcium et de carotènes.

4,7 % consomment du lait, aliment qui ne fait pas partie du régime naturel mais qui peut être une source occasionnelle de calcium et de protéines.

Seule 1 tortue méditerranéenne (2,3 %) mange des insectes alors que leur consommation n’est pas rare dans les conditions naturelles.

1 tortue méditerranéenne mange de la viande rouge ; c'est une source de protéines mais elle a l'inconvénient d'être pauvre en calcium.

2°- Variété du régime

Elle est bonne pour 56 % des “tortues de jardin”, insuffisante pour 17 % et mauvaise pour 11 % (voir le tableau XXIV). Dans l'ensemble les tortues méditerranéennes ont une alimentation variée. Elles ont souvent accès à un jardin qui permet de varier le régime

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alimentaire.

3°- Fréquence de la distribution des aliments

Elle est bonne pour au moins 56 % des tortues méditerranéennes (voir le tableau XXIV). On peut donner à manger à volonté à ces tortues quand elles sont dans un jardin où elles peuvent prendre de l'exercice. En captivité, il faut veiller à ce qu'elles mangent suffisamment. Généralement ce n'est pas la fréquence de la distribution mais les mauvaises conditions qui sont à l'origine d'une sous-alimentation. La suralimentation paraît rare mais il faut veiller à ne pas donner trop à manger à une tortue entretenue dans de bonnes conditions mais dans un espace réduit (exercice limité).

4°- Complément de vitamines et de minéraux

La distribution de complément alimentaire est une mesure prudente surtout avant et après l'hibernation. Elle est correcte pour seulement 6 % des tortues méditerranéennes, insuffisante pour 28 % et mauvaise (c'est-à-dire absente) pour 50 % (voir le tableau XXIV).

Conclusion du c. Le régime alimentaire des tortues méditerranéennes est en général correct (quoique parfois dépourvu de produits d'origine animale). Dans l'ensemble, l'équilibre peut être atteint car ces tortues sont souvent en liberté dans un jardin où elles ont une alimentation naturelle et variée. Le complément alimentaire est généralement absent bien qu'il soit utile pour préparer l’hibernation par exemple.

d. Kinixys belliana

Le régime alimentaire exact de ces tortues n'est pas bien connu. On dit qu'elles sont omnivores à tendance nécrophage. Cependant, dans la pratique, elles semblent manger essentiellement des aliments végétaux.

* Les aliments proposés sont des fruits (surtout des fruits rouges ou des fruits tropicaux) à 71 % des Kinixys belliana et de la salade à 57 % (voir le tableau XXIII). Mais certaines tortues à dos articulé de cette étude ne mangent rien. Ce phénomène provient des mauvaises conditions d'entretien de ces tortues qui ont besoin d'une chaleur et d'une humidité équatoriales, difficiles à reproduire en France.

* La variété du régime est mauvaise pour 43 % des Kinixys belliana ou insuffisante pour 57 % (voir le tableau XXIV).

* La fréquence de la distribution n'est mentionnée pour aucune des Kinixys belliana (voir le tableau XXIV) mais on imagine que les propriétaires se lassent de proposer de la nourriture aux tortues anorexiques.

* La distribution de complément alimentaire, indispensable dans ces conditions de carence permanente, est bonne pour 43 % des tortues à dos articulé. Elle est insuffisante pour 14 % et elle est mauvaise pour 43 % (voir le tableau XXIV).

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Ces tortues sont souvent dans des conditions très mauvaises et on ne peut pas juger de leurs préférences car elles sont fréquemment anorexiques. Elles survivent donc en brûlant leurs réserves. Bien sûr ceci ne peut durer qu’un temps et peut avoir une issue fatale.

Conclusion du 6. Tout comme les conditions d’entretien, l’alimentation des tortues exotiques peut être délicate. Elle nécessite une variété la plus naturelle, difficile à réaliser (ou un complément alimentaire adéquat) d’autant que ces tortues peuvent avoir un appétit diminué par le stress causé par un climat différent. Les quantités doivent être suffisantes mais pas excessives.

7. Hibernation des tortues

a. Généralités

L'hibernation est définie comme un état léthargique avec fort ralentissement du métabolisme, dû à un abaissement progressif de la température du corps. C’est l’état dans lequel les tortues des pays tempérés passent l'hiver quand elles sont dans leur milieu naturel. L’hibernation des tortues étudiées est décrite dans le tableau XXV et la figure 29.

23 % des tortues étudiées ont subi une hibernation, dans des conditions très variables, et 58 % n'en ont pas subi. 10 % n'ont pas encore passé d'hiver en captivité.

Il faut éviter de laisser les tortues à une température intermédiaire de l'ordre de 15 à 20 °C. pendant une longue période. En effet, la plupart des tortues restent partiellement actives à ces températures et dépensent donc de l'énergie, alors qu'elles ne mangent pas assez. Elles finissent par s'épuiser de façon intense. Une véritable hibernation se fait à température plus basse (entre 5 et 10 °C.) où il y a un ralentissement suffisant du métabolisme. Il faut veiller à ce que la baisse de la température ne soit pas trop brutale ou trop importante.

Nous étudirons cela plus précisément en fonction des groupes précédemment définis.

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Pseudemys

scripta

elegans

Terrapene

sp.

tortuesméditer-ranéennes

Kinixys

belliana

autresespèces

total

non 30 13 5 3 8 59

oui 7 4 9 1 2 23

? 6 0 3 0 1 10pas d'hiveren captivité 0 6 1 3 0 10

Tableau XXV : Hibernation des tortues étudiées

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b. Étude par groupes

1°- Pseudemys scripta elegans

La majorité des tortues de Floride (70 %) n’ont pas subi d'hibernation. Il n'y a pas de réponse franchement positive mais 16 % de ces tortues subissent une période à température plus basse pendant laquelle elles sont plus ou moins léthargiques et mangent moins ou pas du tout.

Les propriétaires savent généralement qu'il s'agit de tortues de climat chaud où l'hiver n'est guère rigoureux. Ils ne leur font donc pas subir de refroidissement important. L'hibernation plus ou moins profonde dans laquelle entrent certaines tortues est plutôt la conséquence de la baisse de la température ambiante des habitations en hiver en l'absence de chauffage spécifique de l'aquarium.

L'hibernation ne paraît pas indispensable chez les tortues de Floride et comme elle peut être très nocive (si elle est mal préparée et mal conduite), il paraît souvent préférable de l’éviter en conservant une température relativement élevée tout au long de l'année. On peut cependant envisager une courte baisse de température en hiver quand on désire une reproduction.

2°- Terrapene sp.

57 % des tortues boîtes n’ont pas subi d'hibernation. 17 % entrent en léthargie en hiver. 8,5 % d’entre elles sont mis à hiberner volontairement, soit en coupant le chauffage, soit en les plaçant dans un carton. Mais, pour 8,5 %, la période de léthargie est la conséquence du refroidissement de l'air ambiant en hiver, en l'absence de chauffage spécifique pour la tortue. 26 % des tortues boîtes n'ont pas encore passé d'hiver chez leur propriétaire.

Les Terrapene sp. peuvent hiberner mais, étant donné les risques pathologiques d'un refroidissement, l'hibernation nous semble avoir peu d'intérêt, sauf pour des propriétaires expérimentés qui souhaiteraient obtenir une reproduction de leurs tortues boîtes. Il faut alors une hibernation courte et progressive.

3°- Tortues méditerranéennes

50 % ont déjà subi une hibernation. Parmi elles, 17 % passent l'hiver dans un jardin du midi de la France, 17 % dans un jardin ou sur une terrasse en région parisienne et 17 % dans un abri à l'intérieur de la maison. 28 % des tortues méditerranéennes sont gardés à température élevée en hiver. 6 % n'ont pas encore passé d'hiver chez leur propriétaire.

À l’état naturel, les tortues méditerranéennes hibernent dans leurs régions d'origine où l'hiver n'est pas très long ni très rigoureux. En captivité on peut les laisser hiberner dans le jardin si elles vivent dans le sud de la France mais les risques y sont importants. Les tortues peuvent être détruites par les rongeurs (même les adultes). De plus, elles trouvent rarement dans un jardin un lieu identique à celui qu'elles auraient choisi dans

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la nature. Souvent elles s'enfoncent dans une terre trop humide, ce qui cause un pourrissement des écailles. Il est préférable de les faire hiberner dans un local non chauffé à l'abri du gel dans une caisse grillagée, remplie par exemple de boules de papier journal (communication personnelle de M. le docteur Fertard).

En région parisienne, l'hibernation peut être faite dans des conditions similaires mais elle est encore plus risquée car l'hiver est beaucoup plus long et plus rigoureux.

D’une façon générale, si la tortue n'est pas en parfaite santé, il est préférable de lui éviter l’hibernation en la mettant dans un terrarium chauffé.

4°- Kinixys belliana

43 % n'ont pas subi d’hibernation mais 43 % n'ont pas encore passé d'hiver chez leur propriétaire. 1 tortue à dos articulé (soit 17 %) a été mise en hiver dans la cave et elle y est morte.

Les propriétaires de ces tortues, souvent mal informés, pensent que toutes les tortues terrestres doivent hiberner. Or il s'agit d'une espèce africaine qui est toute l'année dans un climat tropical ; elle ne supporte absolument pas le froid qui lui est fatal. Il faut donc la laisser à température élevée toute l'année.

Conclusion du 7. L’hibernation ne doit concerner que les tortues des pays tempérés. Elle doit se faire dans de bonnes conditions et si la tortue est en bonne santé. Sinon il paraît préférable de l’éviter car elle risque d’avoir des conséquences très graves.

8. Reproduction des tortues

Les différents comportements observés chez les tortues de notre étude sont présentés dans le tableau XXVI. Remarque : La reproduction étudiée ici fait partie de l’anamnèse ; elle n’inclut pas les diagnostics s’y rapportant comme le paraphimosis ou les rétentions d’oeufs.

Aucun comportement sexuel n’a été noté chez 57 % des tortues, en particulier chez 86 % des tortues à dos articulé, 65 % des tortues de Floride et 61 % des tortues boîtes. C’est normal si la tortue est juvénile, ou si la tortue, récemment adoptée, n’a pas encore passé de saison de reproduction ou si elle n’a pas de partenaire. Sinon c’est pathologique.

La reproduction n’est pas mentionnée dans les dossiers de 21 % des tortues. Le plus souvent, c’est qu’aucun comportement sexuel n’a été observé. Ceci majore le pourcentage précédent.

Des accouplements ont été observés chez 14 % des tortues. Ils sont décrits chez 30 % des tortues boîtes, 22 % des tortues méditerranéennes et 14 % des Kinixys belliana.

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Des parades ou des érections ont été décrites chez 6 % des tortues, uniquement des tortues de Floride (14 % d’entre elles).

Une ponte d’oeufs a été observée chez 3 % des tortues, uniquement des tortues de Floride (7 % d’entre elles).

Aucune n’a donné de naissances (0 %).

Si des comportements sexuels sont notés chez 13 % des tortues, ils n’ont abouti à aucune naissance. Ceci est à déplorer, surtout chez les tortues d’Hermann et les tortues grecques qui sont en voie de disparition.

9. Motifs de consultation

Le motif de consultation est la réponse à la question posée par le vétérinaire au propriétaire : "Qu'est-ce qui vous amène ?". Les propriétaires peuvent formuler leur réponse de façons différentes pour un même motif. Mais, dans cette étude, on regroupe les motifs qui paraissaient proches (voir le tableau XXVII). À noter qu'une tortue peut venir pour plusieurs raisons en même temps. Nous étudions les motifs de consultation par ordre de fréquence décroissante, toutes espèces confondues.

* Le motif de consultation le plus fréquent, toutes espèces confondues, est le manque partiel ou total d'appétit : il correspond à 25 % des motifs de consultation (M.C.). La plupart des propriétaires d'animaux familiers, en particulier de tortues, éprouvent une grande satisfaction lorsqu'ils nourrissent leur animal. C'est une relation privilégiée qui tient une grande place dans la domestication. C'est pourquoi il est mal perçu que les tortues refusent les aliments proposés.

* Le deuxième motif de consultation est un problème oculaire : 17 % des M.C. Les yeux sont bien visibles chez les tortues et leur vivacité est perçue comme un signe de bonne santé. Les propriétaires sont rapidement alertés par la fermeture des yeux, leur gonflement ou par un écoulement.

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Pseudemys

scripta

elegans

Terrapene

sp.

tortuesméditer-ranéennes

Kinixys

belliana

autresespèces

total

parades ou érections 6 0 0 0 0 6

accouplements 1 7 4 1 1 14

pontes 3 0 0 0 0 3

naissances 0 0 0 0 0 0aucun comportementsexuel observé 28 14 5 6 5 58

non mentionné 5 2 9 0 5 21

Tableau XXVI : Reproduction des tortues étudiées

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* Un abattement plus ou moins intense correspond à 10 % des M.C. Les propriétaires sont déçus que leur tortue ne bouge plus car les voir évoluer constitue une des grandes joies de posséder un tel animal.

* Ensuite viennent les problèmes respiratoires (6 % des M.C.). Ils se manifestent par un jetage, des bruits (sifflements) ou des mouvements anormaux (“soif d'air” se traduisant par de grandes inspirations, bouche grande ouverte). Les propriétaires de tortues perçoivent bien ces signes de maladie qui sont proches de ceux des mammifères et qui sont souvent nettement visibles. À remarquer cependant que la toux et les éternuements sont impossibles chez les tortues, qui ne possèdent ni diaphragme, ni côtes.

* Un gonflement plus ou moins généralisé correspond à 4 % des M.C. Les tortues semblent "déborder" de leur carapace au niveau des membres ou du cou, ce qui alerte souvent les propriétaires.

* 4 % des M.C. sont la présence d'une masse sur le côté de la tête. Cette masse est généralement petite mais elle peut prendre des proportions considérables avant que la tortue ne soit vue en consultation.

* Une parésie des postérieurs représente aussi 4 % des M.C. Les propriétaires se rendent compte facilement que les tortues traînent plus ou moins leurs postérieurs derrière elles.

* 3 % des M.C. sont l'effritement ou la chute d'écailles.

* Un antécédent de maladie ou la mort de congénères correspondent chacun à 2 % des M.C., tout comme le besoin de conseil.

* Les autres motifs représentent chacun moins de 2 % des M.C. Ils sont très variés mais touchent essentiellement le comportement général, la peau ou la carapace.

À noter que, chez les tortues boîtes, les problèmes oculaires sont des motifs de consultation aussi fréquents que les manques d'appétit. Chez les tortues méditerranéennes, l'abattement et les problèmes respiratoires amènent leurs propriétaires à consulter presque autant que le manque d'appétit.

Manques d’appétit, problèmes oculaires, abattement et problèmes respiratoires sont les motifs de consultation les plus fréquents de notre étude. On remarque que ces raisons sont étroitement liées à des erreurs d’entretien des tortues (environnement inadapté, alimentation carencée, hibernation mal conduite).

10. Délai écoulé entre l'apparition des troubles et la consultation

Les chiffres observés pendant notre étude sont exposés dans le tableau XXVIII et la figure 30.

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Ce délai est très variable selon les tortues étudiées. Il s'étale d'une consultation le jour même de l'apparition des troubles (1 tortue) jusqu'à un délai de 3 ans (2 tortues). 2 tortues sont vues après un délai de 1 an ou 1 an 1/2. La moyenne est de 72 jours et l’écart type de 128 jours. Les propriétaires attendent parfois longuement avant de consulter. En effet les symptômes sont souvent longs à apparaître et ils le font progressivement. À noter qu'on ne constate pas de différence particulière entre les différents groupes de tortues.

11. Symptômes

Ce sont les signes pathologiques décelés par les propriétaires des tortues (commémoratifs) ou observés lors des consultations. Remarque : Nous incluons dans les symptômes les lésions externes. Pour simplifier leur étude, nous regroupons les symptômes concernant un même appareil. Ainsi nous étudions d'abord les symptômes généraux, c'est-à-dire concernant tout l'organisme. Puis nous examinons les symptômes concernant la carapace, la peau, les yeux, les oreilles, l'appareil respiratoire, l'appareil digestif, l'appareil urogénital et les systèmes nerveux et musculo-squelettique. Il faut noter que chaque tortue peut présenter plusieurs symptômes à la fois.

a. Symptômes généraux

Ils correspondent à 24 % des symptômes observés lors de cette étude. Ils sont donc très fréquents (voir le tableau XXIX).

* Les symptômes généraux les plus souvent cités sont une faiblesse, un abattement, une apathie, une prostration ou une léthargie (42 % des symptômes généraux). Ils signent un mauvais état général ou l'évolution d'une maladie affaiblissante. Ils sont décrits chez 86 % des tortues à dos articulé, 44 % des tortues méditerranéennes et chez 33 % des tortues de Floride.

* On observe souvent aussi (34 % des symptômes généraux) un amaigrissement plus ou moins intense, pouvant aller jusqu'à la cachexie. Cet amaigrissement est toujours dû dans cette étude à une anorexie ou à une inappétence. Ces symptômes affectent 57 % des Kinixys belliana, 35 % des Terrapene sp. et 33 % des tortues méditerranéennes.

* Une flottaison excessive (4 % des symptômes généraux) est observée uniquement chez Pseudemys scripta elegans. Elle semble causée par une déminéralisation du squelette et donc par une perte de densité de l'organisme.

* Un myxoedème (8 % des symptômes généraux) c'est-à-dire un gonflement, localisé ou généralisé, n'est pas observé chez des tortues boîtes ni des tortues méditerranéennes4 ni des tortues à dos articulé des savanes. Sa cause n'est pas élucidée clairement. Plusieurs hypothèses sont formulées : carence en iode, carence en vitamine A, carence en protéines, insuffisance rénale.

4 Le myxoedème n’est pourtant pas rare chez les tortues méditerranéennes (communication personnelle de M. le docteur Fertard)

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* Une agitation (3 % des symptômes généraux) semble due dans certains cas à une rétention d'oeufs en l'absence de lieu de ponte adéquat. Parfois elle est la cause d'une capture récente ou d'un milieu inadéquat.

* Un prurit oculo-nasal se traduisant par des mouvements de grattage de la face par les membres antérieurs (2 % des symptômes généraux). Il semble lié à la présence d'une inflammation des yeux ou des narines.

* La mort (2 % des symptômes généraux) est le stade pathologique ultime ; elle est rarement violente et cela montre bien que les propriétaires de tortues peuvent tarder à consulter !

* Les autres symptômes généraux ne représentent chacun que 1 % de ce groupe de symptômes :

- L'obésité est la conséquence d'un excès d'alimentation, d'une alimentation trop riche ou d'un manque d'exercice.

- Une ataxie est signalée chez une tortue méditerranéenne. Elle ne paraît pas être causée par une lésion neurologique mais par une faiblesse générale et des carences métaboliques multiples.

- Une flottaison diminuée peut être causée par un épanchement comprimant les poumons, organes de la flottaison, ou par une augmentation généralisée de leur densité (pneumonie). Les tortues avalant des graviers en même temps que leur nourriture peuvent aussi avoir une baisse de flottaison ; ceci est fréquent chez les tortues de Floride (communication personnelle de M. le docteur Fertard).

- Une flottaison déséquilibrée est due à une atteinte unilatérale du tissu pulmonaire (pneumonie) ou à une masse comprimant un seul poumon.

- Un cloaque béant semble révéler un affaiblissement avancé avec perte généralisée du tonus musculaire.

Faiblesse ou abattement ou apathie ou prostration ou léthargie, et, amaigrissement - cachexie représentent donc les symptômes généraux de loin les plus fréquents.

b. Symptômes digestifs

Si on y inclut les troubles de l’appétit, ils correspondent à 23 % des symptômes observés. Ils sont donc aussi très fréquents (voir le tableau XXX).

* L'anorexie, absence totale d'appétit, est le symptôme le plus fréquent (13 % des symptômes, 56 % des symptômes digestifs). Elle est observée chez 71 % des Kinixys belliana, 61 % des Terrapene sp., 47 % des tortues de Floride et 44 % des tortues méditerranéennes !

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* L'inappétence, c'est-à-dire la diminution de l'appétit, est également fréquente : 22 % des symptômes digestifs.

À eux deux, ces symptômes représentent 18 % des symptômes, ce qui est très important. Ils sont liés soit à un processus pathologique, soit à des conditions d'entretien défectueuses. En effet l'appétit des tortues a la particularité d'être très influencé par l'environnement, essentiellement la température, l'éclairage et l'humidité.

* La présence d'un enduit buccal blanc (3 % des symptômes digestifs) est un symptôme de stomatite dont les agents pathogènes sont surtout des champignons (Candida albicans) et des bactéries (genres Aeromonas, Pseudomonas, Proteus, Klebsiella).

* Des fausses membranes buccales (2 % des symptômes digestifs) sont des dépôts de fibrine qui, lors de stomatite, font suite à la phase d'ulcération (1 % des symptômes digestifs).

* La congestion de la muqueuse buccale (2 % des symptômes digestifs) semble être la première phase de la stomatite, c'est-à-dire celle de l'inflammation aiguë.

* La présence d'une masse dans la cavité buccale (1 % des symptômes digestifs) est signalée chez 1 tortue qui présente également un enduit buccal blanc. Il semble que cette masse soit une prolifération de la muqueuse buccale de nature inflammatoire, sans que cela n’ait été prouvé par une analyse histologique.

* La préhension impossible des aliments (2 % des symptômes digestifs) semble due soit à une douleur, soit à une faiblesse intense interdisant l'ouverture et la fermeture de la bouche.

* Une dysphagie (1 % des symptômes digestifs) est observée chez 1 tortue qui manifeste des difficultés à avaler les aliments. Chez cette tortue, elle est liée à des vomissements.

* Diarrhée (2 % des symptômes digestifs) et constipation (1 % des symptômes digestifs) ne sont pas des symptômes très fréquents chez les chéloniens de cette étude. Remarque : Au Village des Tortues de Gonfaron, on rencontre souvent des diarrhées chez Testudo graeca et de la constipation (souvent associée à la déshydratation) chez Testudo hermanni (communication personnelle de M. le docteur Fertard).

* Des vers (1 % des symptômes digestifs) sont signalés dans les selles d’une tortue grecque qui présente par ailleurs des symptômes respiratoires.

* Quelques anomalies subjectives sont notées au niveau de l'aspect des selles. Une couleur vert foncé est signalée chez une tortue et une consistance pâteuse chez une autre. Cependant la couleur et la consistance des selles sont influencées par la nature de l'alimentation sans qu'elles aient toujours de véritables significations pathologiques.

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Parmi les symptômes digestifs on a une très nette prédominance de l’anorexie et de l’inappétence.

c. Lésions cutanées

Ce sont les anomalies qui sont observées au niveau de la peau des tortues étudiées, la carapace étant traitée au chapitre suivant. En tout, les lésions cutanées correspondent à 6 % des symptômes de l'étude (voir le tableau XXXI).

* Une "dépigmentation" (20 % des lésions cutanées) est notée chez 7 % des tortues de Floride. Elle correspond en fait à une diminution de l'éclat des couleurs que l'on peut observer chez ces tortues. Elles présentent habituellement des couleurs très vives, avec des contrastes marqués, particulièrement chez les jeunes individus. Une baisse des couleurs correspond à un mauvais état de la peau, lié à une carence en vitamine A qui joue un rôle cutané important. Cette dépigmentation peut néanmoins être observée de façon encore plus sensible chez d'autres espèces plus ternes comme les tortues à dos articulé des savanes (29 % de ces tortues).

* On observe des tiques (16 % des lésions cutanées) chez 43 % des tortues à dos articulé des savanes et 4 % des tortues boîtes. Ces tiques semblent présentes uniquement chez des individus récemment capturés. Elles les auraient contractées dans le milieu naturel. En effet il existe une certaine spécificité entre les tiques et leur hôte et on ne retrouve pas les mêmes tiques dans les régions où les tortues sont importées, surtout lorsque la tortue est entretenue dans une habitation. Aucune pathologie liée à la présence de ces tiques n'est observée chez ces 4 tortues.

* Des asticots (12 % des lésions cutanées) sont signalés chez 13 % des tortues boîtes dont la capture est également récente. En effet les mouches peuvent plus facilement pondre sur des tortues sauvages. Mais il est tout à fait possible qu'elles infestent des tortues en captivité puisque la spécificité des mouches est faible.

* Une desquamation (12 % des lésions cutanées) est une perte de peau par lambeaux. Elle peut être normale chez les tortues en croissance, bien qu'il n'y ait pas de véritables mues chez les tortues. Mais, dans les cas présents, il s'agit d'un mauvais état général de la peau.

* Des excroissances cornées (12 % des lésions cutanées) semblent être le résultat d'une inflammation, localisée et prolongée, de la peau.

* Les érosions de la peau (8 % des lésions cutanées) font suite au frottement par le substrat lors d'un affaiblissement de la tortue qui n'a pas la force de se soulever suffisamment.

* Une plaie (4 % des lésions cutanées) au niveau du menton d'une tortue de Floride correspond à un frottement par le substrat plus important encore que les érosions précédemment citées.

* Des taches blanches sur la peau (4 % des lésions cutanées) sont présentes sur les

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pattes d'une tortue de Floride qui en avaient également sur la carapace. L'origine mycologique de ces lésions est discutée dans le d.

* Une gangrène sèche (4 % des lésions cutanées) est signalée au niveau du cloaque d'une tortue d'Hermann, faisant suite au blocage prolongé d'un oeuf à ce niveau. La circulation a été interrompue et une gangrène s'est progressivement installée.

* Des vésicules (4 % des lésions cutanées) sont observées sur les postérieurs et à la base de la queue d'une tortue de Floride. Il s'agit de petites cloques contenant un liquide séreux. La nature infectieuse de ces vésicules sera discutée ultérieurement (voir le 12.).

* Un granulome (4 % des lésions cutanées) est noté en face dorsale du cou d'une tortue boîte en regard du petit éperon que forme la carapace dans sa partie antérieure et médiane. Il semblerait que ce soit le frottement prolongé de cet éperon qui provoquerait ce granulome, un peu comme les excroissances cornées précédemment citées.

Les lésions cutanées sont donc variées. La dépigmentation est la plus fréquente.

d. Lésions de la carapace

Elles correspondent à 13 % des symptômes (voir le tableau XXXII).

* La plus fréquente est un décollement d'écailles (23 % des lésions de la carapace) observé chez 21 % des tortues de Floride. Le décollement d'écailles est un processus naturel lors de la croissance des tortues. Mais, dans les cas présents il s'agit surtout d'un mauvais état de la carapace. Il correspond aux desquamations pathologiques de la peau dues aux carences.

* Le ramollissement de la carapace est également répandu (19 % des lésions de la carapace, 23 % des tortues de Floride). La rigidité de la carapace est le fait de la bonne minéralisation de la couche osseuse et donc d'une bonne fixation du calcium. Une carapace molle est donc due à une déminéralisation dont la cause peut être une carence en calcium ou une carence en vitamine D.

* Des écailles irrégulières (12 % des lésions de la carapace, 14 % des tortues de Floride) sont causées par une croissance discontinue. En effet le dépôt corné est normalement régulier. Il dépend des apports alimentaires. C'est pourquoi on observe une strie annuelle chez les tortues qui hibernent ou qui estivent. Elle correspond à un arrêt de la croissance pendant cette période de jeûne. Ici les irrégularités des écailles cornées correspondent de la même façon à des périodes de jeûne mais elles sont beaucoup plus rapprochées. Elles sont causées par une inappétence.

* Une dépigmentation de la carapace (8 % des lésions de la carapace) est notée chez 9 % des tortues de Floride. Tout comme la dépigmentation de la peau, celle de la carapace est également le signe d'un mauvais état général (voir le c.).

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* Les taches blanches (12 % des lésions de la carapace) sont décrites sur la carapace de 12 % des tortues de Floride et 14 % des Kinixys belliana. Des prélèvements ne sont pas effectués mais l'étude bibliographique de ces lésions rapporte la présence de champignons. De plus cette origine mycologique est souvent confirmée par une guérison faisant suite à un traitement antimycosique.

* Tout comme elles sont signalées au niveau de la peau, des érosions de la carapace (8 % des lésions de la carapace) sont notées chez 29 % des tortues à dos articulé. Elles sont dues à des raisons similaires : affaiblissement et frottement de la carapace sur le substrat.

* Les fissures de la carapace (4 % des lésions de la carapace) sont dues à des chocs modérés ne provoquant pas de réelles fractures mais des petites fentes. Elles peuvent aussi être causées par des larves d'insectes qui se nourrissent de matière cornée prélevée sur la carapace de ces tortues pendant l'hibernation.

* De véritables fractures de la carapace (6 % des lésions de la carapace) sont également observées chez 3 tortues à la suite d’un traumatisme important (1 chute, 2 morsures par un chien).

* On parle de carapace bosselée (4 % des lésions de la carapace) chez 5 % des tortues de Floride. En effet dans cette espèce, les écailles sont normalement dans la même continuité et forment une surface régulière. Mais, chez ces tortues on note la présence de creux entre les écailles donnant à la carapace un aspect bosselé. Il s'agit d'une déformation de la carapace due à une ostéodystrophie.

* Un piqueté hémorragique (2 % des lésions de la carapace) est signalé sur la carapace d’une tortue de Floride. Il s'agit d'une lésion inflammatoire suraiguë survenant généralement au cours d'une infection appelée S.C.U.D. Mais ici le diagnostic de cette maladie n’est pas posé.

* Des traces de peinture (2 % des lésions de la carapace) sont observées chez 6 % des tortues méditerranéennes. C'est une habitude qui était très répandue à l'époque où les "tortues de jardin" n'étaient pas rares ni protégées. Elle avait pour but de repérer facilement les tortues dans les jardins. On pense que cette peinture peut avoir des effets toxicologiques pour les tortues mais cela n'est pas prouvé.

* Une "plaque ovale" (2 % des lésions de la carapace) est observée chez une tortue à carapace molle du genre Trionyx, mais on n'a pas de description plus précise de la lésion.

À noter que, curieusement, aucune lésion de la carapace n'est signalée chez les tortues boîtes. S'agit-il d'une coïncidence ou ces tortues possèdent-elles une carapace particulièrement résistante ? On peut également penser qu'il y a eu une sélection de ces tortues car la beauté de leur carapace est un facteur important d'achat. Par la suite ces tortues vendues à l'âge adulte ne subissent pas de modification importante, la croissance étant un facteur important d'altération de la carapace.

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Les lésions de la carapace sont variées. En général il s’agit de décollement d’écailles ou de ramollissement de la carapace.

e. Lésions oculaires

Elles correspondent à 17 % des symptômes (voir le tableau XXXIII).

* La plus fréquente est l'oedème des paupières (48 % des lésions oculaires) qui donne un aspect boursouflé aux yeux, qui sont alors bien souvent fermés. Il ne s'agit pas d'une pathologie purement oculaire mais en fait du principal symptôme d'une maladie générale : la carence en vitamine A. Il est curieux de constater que seuls 6 % des tortues méditerranéennes sont touchés par cet oedème des paupières, comme si ces espèces étaient moins souvent atteintes par les carences en vitamine A. En revanche il concerne 44 % des tortues de Floride, 43 % des tortues à dos articulé des savanes et 39 % des tortues boîtes.

* Les écoulements oculaires sont très fréquents également puisqu'ils correspondent à 44 % des lésions oculaires. Mais ils sont de nature variée :

- L'écoulement séreux est le plus cité (25 % des lésions oculaires). Il intervient également dans le tableau clinique de la carence en vitamine A à la phase aiguë de l'inflammation de l'oeil. À noter qu'un écoulement séreux affecte 71 % des Kinixys belliana, ce qui va de pair avec la fréquence des carences en vitamine A chez cette espèce.

- Un écoulement muqueux (12 % des lésions oculaires) est le signe d'une atteinte plus importante de l'oeil. Ce type d'écoulement n'est pas noté chez les tortues de Floride alors qu'il affecte 22 % des tortues boîtes.

- L'écoulement purulent (7 % des lésions oculaires) est la conséquence d'une surinfection bactérienne de l'oeil, complication fréquente de la carence en vitamine A : Les défenses de l'oeil sont diminuées.

* Les yeux sont parfois collés (4 % des lésions oculaires) par un écoulement épais, muqueux ou purulent, sans que les paupières ne soient particulièrement gonflées.

* Les yeux peuvent être enfoncés de façon anormale dans leur orbite (3 % des lésions oculaires). Ceci est généralement causé par la fonte de la masse adipeuse rétro-orbitaire en cas d'amaigrissement intense. Mais ça peut être aussi le signe d'une déshydratation importante.

L’oedème des paupières et les écoulements oculaires, surtout séreux, sont les symptômes oculaires les plus fréquents.

f. Symptômes respiratoires

Ils représentent 10 % des symptômes (voir le tableau XXXIV).

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* Le symptôme le plus répandu est le jetage (43 % des symptômes respiratoires). Le jetage séreux (25 % des symptômes respiratoires) est le signe de la première phase d'une rhinite ou d'une pneumonie. Ensuite le jetage peut devenir muqueux (8 % des symptômes respiratoires). Puis il peut devenir purulent (10 % des symptômes respiratoires).

* Une respiration avec la bouche ouverte (22 % des symptômes respiratoires) est le signe d'obstruction des narines par lesquelles respirent habituellement les tortues.

* Cette respiration par la bouche peut aller jusqu'à la "soif d'air" (15 % des symptômes respiratoires), c'est-à-dire de grandes inspirations en jetant la tête vers le haut et en arrière. C'est le signe d'une atteinte importante et étendue du tissu pulmonaire ou d'une obstruction presque totale des bronches.

* Située entre les deux, la dyspnée (8 % des symptômes respiratoires) se traduit par des mouvements respiratoires anormaux.

* Des bruits respiratoires tels que des sifflements (5 % des symptômes respiratoires) ou des râles (5 % des symptômes respiratoires) peuvent être entendus. Ils proviennent d'une obstruction partielle des voies respiratoires lors de rhinite ou de bronchite.

* Une lésion traumatique visible des poumons (2 % des symptômes respiratoires) est notée chez une tortue à la suite d'une fracture de la carapace par morsure d'un chien.

Les difficultés à respirer et le jetage, surtout séreux, sont les symptômes respiratoires les plus fréquemment observés.

g. Lésions auriculaires

Elles correspondent à 2 % des symptômes (voir le tableau XXXV).

Il s’agit d’abcès auriculaire, unilatéral (75 % des lésions auriculaires) ou bilatéral (25 % des lésions auriculaires). Cet abcès correspond à une infection de l'oreille moyenne, sous le tympan qui est à fleur de peau. Les tortues ont pour particularité d'avoir un pus solide. Il a donc tendance à s'accumuler au lieu de s'écouler, même si le tympan se déchire. Ces abcès prennent donc parfois des proportions importantes sans évoluer vers une guérison spontanée comme on l'observe en général chez les mammifères.

h. Symptômes concernant les systèmes nerveux et musculo-squelettique

Ils représentent 3 % des symptômes (voir le tableau XXXV).

* 85 % de ces symptômes correspondent à une parésie ou une paralysie de certains

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membres, généralement des postérieurs. Ce symptôme peut être dû à un traumatisme affectant la commande motrice. Mais il est parfois le signe d'un trouble métabolique général tel qu'une carence en calcium.

* La déformation d'un membre (8 % des symptômes nerveux ou musculo-squelettique) d'une tortue semble être due à une fracture n'ayant pas été réduite et stabilisée.

* L'extension impossible du cou (8 % des symptômes nerveux ou musculo-squelettique) d'une autre tortue semble être causée par une soudure des vertèbres cervicales. On peut rapprocher cette pathologie de la spondylarthrite ankylosante des chats, due à un excès alimentaire ou iatrogène en vitamine A.

i. Symptômes urogénitaux

Ils ne sont observés que chez 1 seule tortue de cette étude (voir le tableau XXXV).

Il s'agit d'un paraphimosis, c'est-à-dire de l'extériorisation quasi permanente du pénis chez une tortue mâle. Il est dû ici à une compression mécanique, causée par un myxoedème très important, lors de la rétraction de la tête ou des membres dans la carapace !

Conclusion du 11. Les symptômes les plus fréquents chez les tortues “domestiques” étudiées surtout en région parisienne sont d’abord l’anorexie et l’inappétence (18 % des symptômes), et la faiblesse, l’abattement, l’apathie, la prostration ou la léthargie (10 % des symptômes). Puis on trouve l’oedème des paupières (8 % des symptômes), l’amaigrissement ou la cachexie (8 % des symptômes) et les écoulements oculaires (8 % des symptômes). Enfin viennent les jetages (4 % des symptômes), les décollements d’écailles (3 % des symptômes) et les parésies ou paralysies de membres (3 % des symptômes). Ces symptômes sont souvent liés à de mauvaises conditions d’entretien (environnement inadéquat, apports nutritionnels carencés ou mauvaise hibernation). Certaines affections ne se manifestent pas par des symptômes visibles mais elles peuvent être diagnostiquées grâce à des examens complémentaires.

12. Examens complémentaires

Ce sont les moyens d'investigation auxquels nous pouvons avoir recours pendant cette étude (voir le tableau XXXVI). Il s’agit de la radiographie, le scanner, la bactériologie, la mycologie, la coprologie, les autopsies et l’anatomie pathologique.

a. Radiographie

Elle est relativement peu coûteuse, elle est facile à réaliser et elle donne des résultats immédiats. Son inconvénient majeur est d'être gênée par la partie osseuse de la carapace qui masque fortement les organes internes.

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38 radiographies sont réalisées au cours de cette étude (voir le tableau XXXVII).

* 8 radiographies permettent d'observer la présence d'oeufs. Ils sont très nets quand ils sont calcifiés.

* 4 radiographies montrent une diminution généralisée de la densité du tissu osseux. Normalement il présente un très net contraste avec les autres tissus, qu'ils soient de densité liquidienne ou de densité aérique. C'est pourquoi on peut observer aisément l'évolution d'une suture de laparotomie au niveau du plastron sur une radiographie afin de suivre la formation d'un cal osseux. Ici, ce cal n'est pas encore formé au moment de l'examen. On observe aussi facilement sur une radiographie une masse d'une densité osseuse adhérente à la carapace (voir le d. 2°-). Sur une autre radiographie, on observe une zone de densité osseuse dans la cavité pleuro-péritonéale. Pour le service de radiologie de l’É.N.V.A., elle concerne probablement l’appareil urinaire ou l’appareil digestif et sa signification est inconnue

* Sur 1 radiographie, on remarque la présence d'air en quantité importante dans l'estomac ou les intestins. On peut aussi voir le contenu digestif car il contient des fragments minéralisés (coquilles d’oeufs pilées dans le cas présent) ou de minuscules bulles qui forment un bol intestinal très hétérogène (1 cas). Des corps étrangers digestifs sont visibles sur 2 radiographies car ils ont une densité différente des tissus environnants (comme les métaux dans les cas présents).

* Les poumons de densité aérique sont normalement bien visibles à la radiographie, ce qui permet d'observer des anomalies de taille, de forme ou de densité d'un ou de deux poumons.

Dans cette étude la radiographie est particulièrement intéressante à la détection d'oeufs ou de corps étrangers, s’ils sont visibles par radiographie, et elle permet alors de connaître l’origine de l'anorexie engendrée. Elle est également bien utile pour observer certaines anomalies osseuses, pulmonaires ou digestives.

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Pseudemys

scripta

elegans

Terrapene

sp.

tortuesméditer-ranéennes

Kinixys

belliana

autresespèces

total

radiographie 16 6 10 3 3 38

scanner 2 0 2 0 0 4

bactériologie 3 0 0 0 0 3

mycologie 1 0 0 0 2 3

coprologie 1 1 2 1 2 7

histologie 2 0 0 0 0 2

autopsie 3 0 5 1 0 9

Tableau XXXVI : Examens complémentaires pratiqués sur les tortues étudiées

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b. Scanner

Tout comme la radiographie, si on dispose du matériel adéquat, un scanner est relativement facile à réaliser et donne des résultats immédiats. La difficulté est d'immobiliser les tortues pendant cet examen. En effet nous avons choisi de ne pas les anesthésier car il s'agit de tortues très affaiblies. En fait elles le sont tellement qu'il suffit de les fixer sur le support d'examen grâce à des bandes adhésives.

La tomodensitométrie peut exceptionnellement être pratiquée gratuitement sur 4 tortues au cours de cette étude, grâce à la bienveillance de l'équipe de Radiothérapie-Scanner d'Alfort.

* Nous faisons probablement le premier scanner de tortue en France le 11 octobre 1989 sur une tortue grecque ayant présenté à l'examen radiographique des corps étrangers de densité métallique. Malheureusement la présence de métaux provoque des artefacts sur les coupes tomodensitométriques passant à leur niveau, ce qui empêche leur localisation précise.

* Une tortue grecque révèle la présence de 8 oeufs, ainsi qu'une image pouvant correspondre à un oeuf cassé.

* Une tortue de Floride présente un poumon gauche comprimé par une masse d'une densité liquidienne. Cette masse remplit la quasi-totalité de la cavité pleuro-péritonéale et refoule tous les organes contre la carapace.

* Une autre tortue de Floride a les organes repoussés vers la droite et le poumon droit comprimé. Tandis qu'on observe une grande plage de densité aérique à gauche, correspondant au poumon gauche.

Le scanner est très intéressant chez les tortues car on peut observer les organes internes sans qu’ils se superposent les uns aux autres contrairement à la radiographie. Cela permet en particulier de ne pas être gêné par la carapace. En fait, on peut penser qu'il amènera ce qu'il a apporté à l'examen du crâne. Cependant beaucoup de choses sont à découvrir dans l’utilisation de cette technique chez les tortues. C’est pourquoi, dans notre étude, les premières observations peuvent être difficiles à interpréter.

c. Examens bactériologiques, mycologiques et coprologiques

Ces examens ont pour but de trouver, dans différents prélèvements, des éléments pouvant participer de façon déterminante ou favorisante au processus pathologique. Les examens faits chez les tortues étudiées sont tout à fait classiques : cultures bactériologiques souvent accompagnées d'un antibiogramme, cultures mycologiques et coprologie (voir le tableau XXXVIII). À noter que l'étude des virus est beaucoup plus difficile car elle nécessite l'usage du microscope électronique ou de la sérologie. Elle n’est pas pratiquée dans notre étude.

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1°- Bactériologie

6 examens bactériologiques sont faits sur des tortues de Floride.

Aeromonas hydrophila, germe classiquement retrouvé dans les stomatites et les conjonctivites, est isolé dans trois prélèvements. On le trouve dans deux prélèvements oculaires de tortues atteintes de conjonctivite liée à une avitaminose A. Aeromonas hydrophila est seul dans un cas et, dans l’autre cas, il est associé à un streptocoque fécal (il doit s’agir d’une contamination secondaire). Dans un prélèvement buccal d’une tortue atteinte de stomatite ulcéreuse, Aeromonas hydrophila est associé à Enterobacter agglomerans (c’est sans doute une contamination secondaire) et à Citrobacter freundii, germe normalement retrouvé lors de septicémie cutanée ulcéreuse (S.C.U.D.).

Il faut toujours interpréter les résultats des analyses bactériologiques avec beaucoup de réserve. On doit essayer de savoir si le germe isolé est effectivement responsable du processus pathologique (généralement un seul type de germe) ou s'il s'agit d'une contamination secondaire (habituellement plusieurs types de germes). Dans cette étude, les germes pathogènes sont Aeromonas hydrophila et Citrobacter freundii. Cependant ils semblent être opportunistes : ils sont présents dans l’environnement mais ils deviennent pathogènes quand les circonstances sont favorables à leur développement chez une tortue. Il faut donc aussi essayer de comprendre pourquoi les germes se développent chez certaines tortues et y remédier (administration de vitamines, amélioration des conditions d’entretien, etc.). Si l'on pense que le germe est effectivement le facteur déterminant de la maladie observée, il est alors très intéressant d'avoir un antibiogramme. Ce dernier permet ainsi de choisir l'antibiotique qui constitue dans ce cas un traitement étiologique.

2°- Mycologie

3 examens sont effectués.

Un prélèvement buccal révèle une levure Torulopsis glabrata, habituellement isolée lors de mycoses pouvant affecter différents organes. Un examen mycologique fait sur la carapace d’une tortue révèle un champignon saprophyte pouvant être du genre Mucor.

Tout comme les prélèvements bactériens, il faut essayer de déterminer le rôle du champignon isolé dans le processus pathologique avant de commencer un traitement antimycosique.

3°- Coprologie

7 examens par coprologie sont effectués.

* Des flagellés sont observés chez une tortue à dos articulé des savanes. La détermination précise n'est pas mentionnée. Mais il s'agit vraisemblablement de Trichomonas sp. n'ayant pas de rôle pathogène particulier.

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* Des oxyures, trouvés dans les selles de 2 tortues grecques et 1 tortue à dos articulé des savanes, n'ont pas de rôle pathogène spécifique. Ils sont dans les 3 cas associés à d'autres parasites.

* Des strongles sont découverts chez 1 tortue grecque et chez 1 autre tortue dont l'espèce n'est pas mentionnée. Leur rôle est mal connu.

* Des ascaridés sont trouvés chez 1 tortue grecque. Ils peuvent causer une surinfection bactérienne, une mauvaise digestion, une subocclusion, des intoxications ou même une péritonite. Ce sont donc les principaux parasites digestifs pathogènes chez les tortues de cette étude et leur présence nécessite d'avoir recours à un traitement antiparasitaire.

* 1 prélèvement contient uniquement des Cryptosporidies (Ce sont des protozoaires ubiquistes sans rôle particulier).

On voit qu'on peut trouver divers parasites dans les selles des tortues, particulièrement chez les espèces terrestres dans cette étude. Mais leur rôle pathogène est rarement important, sauf pour les ascaridés et peut-être les strongles.

Conclusion du c. Les principaux éléments déterminants de notre étude sont Aeromonas hydrophila et Citrobacter freundii, Torulopsis glabrata et des ascaridés. Mais nous rencontrons aussi plusieurs autres éléments qui ne semblent pas avoir de rôle pathogène précis. Il faut interpréter les résultats bactériologiques, mycologiques et coprologiques avec prudence en les confrontant aux connaissances bibliographiques et aux observations cliniques. Ainsi ils permettent parfois d’envisager un traitement déterminant.

d. Autopsie

Nous faisons des autopsies sur le maximum des tortues mortes au cours de cette étude lorsque les propriétaires nous y autorisent. Nous essayons toujours de les faire le plus vite possible en gardant le cadavre au réfrigérateur. Sinon les tortues sont congelées rapidement après leur mort et l'autopsie est faite au plus tôt après leur décongélation. Nous pouvons ainsi pratiquer l'autopsie de 9 tortues (3 tortues de Floride, 5 tortues méditerranéennes et 1 Kinixys belliana).

1°- Tortues de Floride

* Une tortue de Floride est opérée d'un paraphimosis, avec inflammation et suppuration du pénis. Elle meurt deux semaines après l'intervention. Une cachexie est observée ainsi qu'une carapace très friable. Le foie de couleur vert ocre présente des ponctuations blanches. Les reins sont verdâtres. Le droit est de forme normale et de consistance normale. Le rein gauche est infiltré d'un tissu blanc formant des feuillets concentriques. La conclusion de cette autopsie est une septicémie qui fait suite à une infection ascendante des reins et qui se manifeste par des abcès présents sur les reins et le foie.

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* Une tortue de Floride manifeste une flottaison excessive et des tentatives de vomissements à la suite de l'ingestion massive de petits poissons vivants. La radiographie révèle une dilatation de l'estomac et des intestins avec présence d'air en quantité importante. L'administration d'huile de paraffine apporte une amélioration transitoire le lendemain, mais la tortue meurt le surlendemain. L'autopsie révèle une congestion généralisée et une stéatose du foie. Aucune lésion macroscopique particulière ne peut être observée sur l'estomac ou les intestins. On conclut donc à une dilatation par perturbation de la motricité de l'estomac et des intestins ayant conduit à un état de choc.

* Une tortue de Floride présente une flottaison excessive et déséquilibrée vers la gauche. Malgré de nombreux traitements pendant plus de quatre mois, la tortue meurt après à un abattement de plus en plus intense. Ni la radiographie, ni le scanner n'ont permis de déceler d'anomalie du tissu pulmonaire. En fait le poumon gauche est comprimé par une masse d'une densité liquidienne visible par tomodensitométrie. Pour cette tortue, l'autopsie est particulièrement intéressante. Car, outre une cachexie et une ostéoporose très avancées, elle révèle la présence d'une masse ovoïde blanche dans la cavité pleuro-péritonéale, ayant des adhérences avec l'intestin grêle. Cette masse est analysée (voir le e.). Les poumons ont une structure normale.

2°- Tortues méditerranéennes

* Une tortue grecque présente brutalement une dyspnée importante avec de grands mouvements de la tête lancée en arrière avec la bouche ouverte. Cette dyspnée est suivie d'une phase de léthargie précédant une mort qui est très rapide malgré les tentatives thérapeutiques. L'autopsie de cette tortue révèle des lésions de septicémie évoquant une aéromonose. Des analyses bactériologiques auraient pu déterminer le germe responsable. Mais cela n'aurait pas permis de sauver cette tortue car l'évolution fut foudroyante. On trouve également chez cette tortue une lithiase vésicale, signe d'un mauvais abreuvement ou d'un régime trop riche en phosphore, ainsi qu'un parasitisme intestinal (Angusticaecum holopterum) sans rôle pathogène particulier.

* Une tortue d'Hermann est victime d'une anorexie prolongée due à de mauvaises conditions d'entretien. Elle présente une cachexie extrême ainsi qu'une goutte viscérale due à l'importante déshydratation et au froid.

* Une tortue d'Hermann présente brutalement une dyspnée avec extension du cou. Le lendemain on observe un jetage séreux, une prostration et une anorexie. Elle meurt dans la journée. L'autopsie qui ne peut être réalisée que sur l'animal congelé ne permet pas de mettre en évidence de lésions pulmonaires. Car les poumons très adhérents à la carapace et très lésés par la congélation ne peuvent pas être disséqués. Aucune lésion septicémique n'est observée. Il semble donc s'agir d'une pneumonie pure, bien que les prélèvements bactériologiques ne soient pas effectués. Tout comme précédemment, le traitement étiologique n'aurait de toute façon pas permis d'éviter une mort qui fut trop brutale. À remarquer que, dans ce cas, la vessie est également pleine de calculs.

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* Une tortue grecque est morte au bout de deux mois à la suite d'une anorexie et d'un affaiblissement ne cédant à aucun traitement (amélioration des conditions d'entretien, gavage, injections...). L'autopsie révèle une cachexie et une ostéofibrose très importante. Une masse de 2 cm de diamètre de nature osseuse est adhérente au renfort osseux vertical de la carapace en avant du postérieur droit. Cette masse a plutôt les caractéristiques d’une tumeur bénigne. Les reins sont tous les deux très hypertrophiés. Ils sont jaunes avec un piqueté blanc et crissent à la coupe. Il semble s'agir de calcifications erratiques. Ces lésions sont évocatrices d'une hypervitaminose D iatrogène (injections et administrations buccales de vitamine D, expositions sous une lampe à ultra-violets). La cause primitive de l'affaiblissement et de l'anorexie n'est pas parfaitement définie. Mais elle semble être les mauvaises conditions d'entretien de cette tortue qui vivait dans un appartement en région parisienne. Le caractère cancéreux de la maladie avec développement de métastases est possible mais peu probable au vu de l’aspect bénin de la tumeur osseuse.

* Une petite tortue d'Hermann a été sévèrement mordue par un chien. Il a fracturé une grande partie de la dossière. La carapace est nettoyée, désinfectée et réparée avec de la fibre de verre et de la résine époxy. La tortue reçoit un traitement antibiotique ainsi que des vitamines. La tortue reprend son alimentation en moins d'une semaine, mais elle présente une parésie du postérieur gauche. Malheureusement elle succombe à un jetage et à des crises d'asphyxie quelques jours plus tard. L'autopsie confirme que l'atteinte pulmonaire est très importante : Il y a une grande lésion nécrotique des poumons atteignant même la colonne vertébrale, ainsi qu'un oedème pulmonaire.

3°- Kinixys belliana

Une tortue à dos articulé des savanes a été achetée depuis 10 jours et refuse toute nourriture depuis une semaine. Elle est prostrée et maigre. Elle présente un jetage bilatéral purulent accompagné de sifflements respiratoires. Malgré l'hospitalisation et les soins intensifs, elle meurt trois semaines plus tard au cours d'une crise de suffocation. L'autopsie confirme l'hypothèse de pneumonie. Mais elle permet d'observer également une stomatite pseudo-membraneuse très importante, se poursuivant par une oesophagite. Il y a également une inflammation de l'intestin grêle et une colite fibrineuse. Les intestins contiennent un fécalome et le foie est congestionné. Il s'agit d'un cas d'infection de la bouche par les sécrétions pulmonaires, qui sont ensuite dégluties et qui propagent l'infection tout au long du tube digestif. Les fonctions digestives, très diminuées chez cette tortue très affaiblie, n’empêchent plus la prolifération des germes.

Conclusion du d. Les autopsies sont souvent extrêmement riches en renseignements. Elles permettent enfin de faire un diagnostic quand tous les examens complémentaires n’ont pas permis de le poser, que toutes les recherches bibliographiques n’ont pas dévoilé un cas similaire et qu'aucun traitement n'a abouti. C'est certainement décevant en ce qui concerne la tortue en question. Mais cela permet d'augmenter les connaissances concernant la pathologie des chéloniens et, peut-être dans l'avenir, de sauver d’autres tortues qui présenteraient les mêmes problèmes.

e. Anatomie pathologique

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Elle n’est pratiquée que sur 2 tortues. Chez les tortues, les risques de l’anesthésie et la présence de la carapace rendent cet examen difficile à réaliser sur les organes internes.

* Un prélèvement est fait sur une tortue de Floride lors de l'intervention chirurgicale faisant suite à un paraphimosis. Il s'agit du fragment de pénis qui est enlevé. Il y a une lésion inflammatoire exsudative et suppurée qui s'est développée au niveau de ce fragment de pénis prolabé.

* Une autre analyse est pratiquée chez la tortue de Floride qui révèle à l'autopsie une masse ovoïde bien délimitée, de 25 mm de long sur 15 mm de large, localisée dans la cavité pleuro-péritonéale et qui présente des adhérences avec l'intestin grêle. Il s'agit d'un granulome à mycobactéries. Curieusement les poumons ne présentent pas de lésions macroscopiques en dépit de ce que le jetage permettait de supposer. Les autres organes ne sont pas non plus le siège de lésions nodulaires ou miliaires caractéristiques de la tuberculose.

Ce diagnostic post mortem permet d'expliquer la lente évolution vers la cachexie et la léthargie, malgré les nombreux traitements instaurés. En effet les mycobactéries sont résistantes à de nombreux antibiotiques. Par chance les tortues qui sont entretenues dans le même aquarium ne sont pas malades dans les années qui suivent et on peut espérer qu'il n'y a pas eu de contagion. Il semble donc y avoir une sensibilité individuelle importante.

Les mycobactéries rencontrées chez les tortues (Mycobacterium thamnopheos, M. chelonei) sont généralement spécifiques des poïkilothermes, ce qui permet de ne pas redouter de contamination humaine.

La deuxième analyse histologique donne un résultat surprenant et très intéressant (granulome à bacilles A. A. R.).

Conclusion du 12. La radiographie est l'examen complémentaire de loin le plus fréquemment effectué chez les tortues lors de cette étude. La bactériologie, la mycologie et la coprologie peuvent être intéressantes également mais parfois les résultats sont difficiles à interpréter. Les autopsies apportent souvent beaucoup de renseignements. Mais elles ne peuvent être effectuées qu’après la mort de l’animal et leur intérêt s’en trouve de ce fait limité pour la tortue concernée. Des laparotomies exploratrices avec analyse histologique éventuelle pourraient apporter une aide précieuse au diagnostic. Mais elles sont difficiles à réaliser et mettent en péril la vie des tortues souvent très affaiblies. C’est pourquoi le scanner est une technique d’avenir car il est peu traumatisant et il permet de “voir” les organes et les lésions sans être gêné par la carapace. Certes c’est une technique qui est actuellement très rare et elle est encore mal connue chez les tortues. Mais on peut penser que, dans l’avenir, ce sera un examen qui deviendra plus facile à réaliser.

Remarque : On peut noter l'absence de l'échographie. Elle est difficile chez les tortues du fait de la partie osseuse de la carapace, masquant la majorité des organes. On peut cependant l’envisager chez les tortues de grande taille en plaçant la sonde de

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l'échographe dans les creux des membres et elle peut être alors très intéressante (communication personnelle de M. le docteur Fertard).

13. Hypothèses de diagnostic

Elles permettent d'expliquer les symptômes observés mais surtout d'envisager un traitement. Nous regroupons ici les diagnostics cliniques, formulés à partir de l'anamnèse, des commémoratifs et des symptômes, et les diagnostics de certitude, basés sur un examen complémentaire ante mortem (voir le tableau XXXIX). En revanche, les hypothèses confirmées par les résultats favorables du traitement (diagnostic thérapeutique) et celles faites post mortem ne sont pas incluses ici. Remarque : Pour chaque tortue, on peut avoir plusieurs hypothèses de diagnostic lorsque différentes maladies sont intercurrentes.

La fréquence des différentes hypothèses dépend de nombreux facteurs : l'incidence de la maladie, chez les tortues en général et chez certaines espèces en particulier, sa facilité de diagnostic, les examens complémentaires qui peuvent être mis en oeuvre pour tel ou tel cas, l'expérience du consultant, etc. En effet, certains diagnostics sont beaucoup plus difficiles à poser, par exemple quand il y a très peu de symptômes évocateurs ou quand les examens complémentaires sont difficiles à mettre en oeuvre (cas des maladies virales).

Le pronostic n'est pas défini pour chaque cas mais nous en proposons un, ci-dessous, pour chaque hypothèse de diagnostic.

a. Avitaminose A

C’est l'hypothèse la plus fréquente (19 % des hypothèses).

Elle est répandue chez les tortues, surtout chez les tortues peintes, et elle est facile à reconnaître par l'oedème caractéristique des paupières qu'elle cause. Son pronostic est variable selon les cas. Si la carence est isolée et si la tortue conserve son appétit, le pronostic est bon. Si la tortue a perdu son appétit, le pronostic est un peu moins bon. Si les carences sont multiples et si la tortue est très débilitée, le pronostic est plutôt réservé.

b. Anorexie et inappétence dues aux mauvaises conditions d'entretien

Elles sont fréquentes (respectivement 10 % et 3 % des hypothèses).

En effet, l'appétit des tortues est extrêmement influencé par l'environnement et plus particulièrement par la température, l'humidité et l'éclairage. Or, en région parisienne, la majorité des tortues captives proviennent de régions ou de pays plus chauds, et/ou plus humides. Peu de propriétaires savent qu'il faut reproduire ces conditions naturelles pour que les tortues prospèrent. Ils les laissent à température, luminosité et humidité ambiantes, ce qui peut être très insuffisant et causer une inappétence, voire une anorexie totale. Le pronostic est directement dépendant de la longueur de

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l'anorexie. En effet, si elle est ancienne, les lésions sont plus importantes et peuvent être irréversibles. Au niveau du tube digestif, après un certain laps de temps, il n'y a plus de production d'enzymes. On doit alors proscrire le gavage car les aliments ne peuvent plus être digérés dans le tube digestif et ils y fermentent. Or l'alimentation parentérale est délicate chez les tortues car un abord veineux est difficile à trouver.

Remarque : On peut trouver étrange que ces hypothèses ne soient posées chez aucune tortue de Floride alors que l’anorexie et l’inappétence sont des symptômes observés chez 28 d’entre elles. Nous pensons que, dans cette espèce, ces symptômes conduisent rapidement à des affections bien visibles telles que l’avitaminose A. Le diagnostic qui est posé est alors celui de cette affection.

c. Carences en calcium

Elles sont fréquentes chez les tortues (8 % des hypothèses).

D'une part leurs besoins en calcium sont particulièrement élevés de par la présence de leur carapace. D'autre part les carences en calcium sont facilement visibles au niveau de cette carapace qui se ramollit alors. De plus curieusement les aliments généralement proposés aux tortues, et malheureusement souvent bien acceptés, sont pauvres en calcium (salade, viande rouge, crevettes séchées...). Tout comme l'anorexie, les carences en calcium sont d'autant plus difficiles à guérir qu'elles sont anciennes. Les lésions sont rapidement irréversibles et se manifestent par des déformations parfois très importantes.

d. Rhinites

Elles représentent 6 % des diagnostics proposés.

Elles peuvent être dues à l'avitaminose A ou à un refroidissement de l'appareil respiratoire, ce qui explique leur fréquence. Chez les tortues méditerranéennes, particulièrement Testudo graeca graeca, on rencontre également des rhinites infectieuses dont les germes déterminants ne sont pas identifiés clairement : bactéries, virus ou mycoplasmes (voir le II. C. Annexe “Pathologie des tortues” 5. a.). Le pronostic des rhinites dépend de la cause. Il est le même que les avitaminoses A quand elles sont dues à une carence en vitamine A (voir le a.). Lorsqu'il s'agit d'un refroidissement uniquement des voies supérieures, le pronostic est plutôt bon. Mais quand le refroidissement affecte aussi les poumons, il est mauvais. Le pronostic des rhinites infectieuses des tortues méditerranéennes est actuellement réservé. Mais la détermination exacte des agents étiologiques de ces rhinites permettra peut-être d'établir un traitement curatif efficace (voir le 15. d.).

e. Pneumonies

Elles représentent 5,5 % des diagnostics proposés.

L'infection atteint le tissu pulmonaire. N'ayant ni diaphragme, ni côtes, les tortues sont

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incapables de tousser. Les germes et les sécrétions bronchiques s'accumulent dans les alvéoles. Ceci entraîne une dyspnée de plus en plus importante, qui n’a aucune tendance à s'améliorer. Le pronostic est mauvais.

f. Mycose de la carapace

Ce diagnostic est proposé dans 5 % des cas.

La culture mycologique n'est pas faite mais les taches blanches sur la carapace sont assez évocatrices pour émettre un diagnostic clinique qui se confirme généralement par l'amélioration thérapeutique. Il n'est cependant pas certain que seuls des champignons soient impliqués dans ces lésions. Il semble tout à fait possible que des bactéries interviennent et qu'elles soient également détruites par le traitement. Le pronostic de ces affections semble bon car l'état général des tortues atteintes n'est pas altéré.

g. Otites

Elles constituent 4,5 % des hypothèses de diagnostic.

Le pronostic peut être réservé quand l'abcès situé au niveau de l'oreille moyenne est très volumineux. Car il peut délabrer les tissus environnants jusqu'à la cavité buccale et altérer l'état général et l'appétit des tortues atteintes.

h. Carences en iode

Elles représentent 3,5 % des diagnostics.

Elles restent hypothétiques mais le myxoedème qu'elles causent est assez typique. Le pronostic n'est pas très bon car elles signent un mauvais état général et ancien.

i. Stomatite purulente

Ce diagnostic correspond à 3 % des hypothèses.

Il est facile quand on ouvre la bouche de la tortue examinée. Le pronostic n'est pas très bon car le délabrement de la cavité buccale est souvent très important et il s'accompagne d'une anorexie qui affaiblit la tortue et qui assombrit le pronostic. Cette stomatite purulente peut également être associée à d'autres lésions, comme dans l'aéromonose, ce qui aggrave encore le pronostic.

j. Rétention d'oeufs

Ce diagnostic représente 3 % des hypothèses.

Il est toujours posé ici avec certitude, grâce à la radiographie. Le pronostic est bon à condition que cette rétention ne soit pas trop ancienne (dans les 15 jours qui suivent le

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début de la rétention) afin de répondre à un traitement médical. Après ce délai, le pronostic est plus réservé car l'efficacité du traitement médical diminue rapidement et il faut recourir à un traitement chirurgical qui est plus délicat.

k. Sous-alimentation

Ce diagnostic est posé dans 3 % des cas.

Ici l'appétit est conservé mais la distribution quantitative des aliments est insuffisante. En général il s'agit d'un aliment très peu dense comme les crevettes séchées ou la salade. On observe alors un amaigrissement et des carences multiples. Le pronostic, comme dans les cas d'anorexie ou d'inappétence, dépend de l'ancienneté de l'affection. Mais il semble un peu moins mauvais car la tortue peut se rétablir assez rapidement si on change d'alimentation, à condition qu'elle conserve son appétit.

l. Carences pendant la croissance

Elles représentent 2 % des hypothèses de diagnostic.

Elles se manifestent essentiellement par des déformations plus ou moins importantes de la carapace. Ces déformations sont irréversibles mais le pronostic n'est pas mauvais si elles ne constituent pas un handicap important et si les corrections alimentaires sont faites avant une atteinte importante de l'état général.

m. Conjonctivites

Elles correspondent à 2 % des hypothèses.

Elles sont très faciles à diagnostiquer. Elles sont fréquentes lors d'avitaminose A, affection elle-même très répandue chez les tortues. Leur pronostic est le même que celui de la carence en vitamine A (voir le a.) mais des complications oculaires peuvent se surajouter, telles que la panophtalmie, c'est-à-dire la fonte purulente de l'oeil. Le pronostic est alors nettement assombri.

n. Autres hypothèses

Elles sont faites dans moins de 2 % des cas.

Peut-être ces maladies sont-elles moins fréquentes, du moins chez les espèces de cette étude. Peut-être sont-elles moins faciles à reconnaître (voir le tableau XXXIX).

* Une hibernation inopportune conduit à une cachexie plus ou moins importante. Ces tortues ont été mises à hiberner à température trop élevée et leur hibernation n'a pas été assez profonde pour que le métabolisme soit minimal. Elles ont donc puisé de façon importante dans leurs réserves et le "réveil" peut être très difficile si la tortue n'a plus la force de s'alimenter.

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* La présence de parasites est évidente quand il s'agit de tiques ou de myiase. Le parasitisme digestif peut être quant à lui une découverte d'autopsie lors de l'examen du tube digestif. Leur pronostic est généralement bon à condition que l'infestation ne soit pas massive.

* Les fractures de la carapace et les traumatismes des membres sont bien visibles. Les poumons peuvent aussi être manifestement lésés s'il y a un traumatisme important de la dossière. En revanche, les traumatismes médullaires sont plutôt diagnostiqués grâce aux troubles neurologiques qu'ils occasionnent (parésie ou paralysie des postérieurs). Le pronostic est toujours réservé quand la fracture de la carapace est importante ou accompagnée de lésions sous-jacentes (poumons, moelle épinière...). Il est également réservé lors de carence nette en calcium avec effondrement de la carapace ou déformation des vertèbres.

* Les lésions cutanées sont généralement faciles à diagnostiquer, surtout lorsqu'il s'agit de plaies, de callosités ou d'érosions cutanées. Le pronostic est bon si la lésion n'est pas trop importante. Mais il peut être plus réservé si elle est associée à un mauvais état général ou chez les tortues aquatiques car les lésions cutanées sont plus difficiles à guérir en milieu humide.

* Une mycose de la peau est diagnostiquée lors de taches blanches cutanées comme pour les mycoses de la carapace (voir le a.).

* Un cas de dermatite vésiculeuse est posé chez une tortue de Floride qui présente des cloques sur les pattes et sur la queue. L'origine infectieuse est vraisemblable puisque deux autres tortues atteintes sont mortes la semaine précédente. Le pronostic est donc réservé mais cette tortue répond bien au traitement.

* Une tumeur osseuse est découverte lors de l'autopsie d'une tortue grecque sur la face interne de sa carapace. Sa signification pathologique est difficile à déterminer puisqu'elle est associée à une cachexie, à une ostéofibrose et à des lésions rénales très importantes (voir dans le chapitre 12. d. 2°- ce qui concerne le quatrième cas). Elle avait cependant l’aspect d’une tumeur bénigne.

* D'importantes lésions de maladies métaboliques telles que l'ostéofibrose et la goutte peuvent être une découverte d'autopsie, bien que ces affections puissent parfois être soupçonnées cliniquement. L'ostéofibrose peut être réversible si les déformations et les éventuelles fractures ne sont pas trop importantes mais le traitement est souvent très long. Le pronostic de la goutte est mauvais car son diagnostic est souvent tardif et surtout car il n'y a pas de traitement.

* Un cas d'obésité est rencontré chez une tortue boîte qui mange beaucoup de vers de farine. Le diagnostic est aisé car la tortue présente des replis adipeux surtout au niveau des racines des membres postérieurs (ils donnent l'impression que la tortue "déborde" de sa carapace). Le pronostic est réservé car une stéatose peut se développer au niveau du foie.

* Nous avons déjà évoqué dans les chapitres sur la radiographie et sur l'autopsie le

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cas de dilatation d'estomac qui est observé chez une tortue de Floride. C'est surtout la radiographie qui permet de faire le diagnostic. Le pronostic est difficile à donner car la tortue semble en bon état général et les tentatives de vomissement ont cessé au moment de la consultation. Malgré l'amélioration apportée par le traitement (le lendemain), la mort de cette tortue (le surlendemain) laisse penser que cette affection est très grave, bien qu'elle ne semble pas aussi violente que chez le chien.

* Des corps étrangers digestifs métalliques sont très facilement diagnostiqués chez une tortue grecque grâce à la radiographie, même en l'absence de symptômes pathognomoniques. L'origine de ces corps étrangers (une vis et un autre débris métallique) est plus difficile à déterminer puisque cette tortue est entretenue depuis 38 ans (!) dans un appartement. Une seconde radiographie est passée après 15 jours d’administration d’huile de paraffine. Elle révèle l'absence de progression de ces corps étrangers. Il y a une constipation sévère. Il faut recourir à la chirurgie car la tortue est victime d'une anorexie prolongée et d'un affaiblissement progressif. L'intervention se passe dans de très bonnes conditions. Elle révèle la présence d'un gros fécalome qui est retiré ainsi que les deux corps étrangers. Le réveil et la reprise ultérieure du transit sont satisfaisants mais la tortue succombe à son affaiblissement important. Ici le pronostic est assombri par l'ancienneté de l'affection qui a amaigri et affaibli la tortue et aussi par le fait qu'il faille recourir à la chirurgie.

* Les autres hypothèses de diagnostic sont variées mais elles concernent moins de 5 % des tortues.

Conclusion du 13. Dans le tableau XXXIX, on peut considérer qu'au moins les 15 premières hypothèses de diagnostic sont des maladies directement liées à de mauvaises conditions d'entretien des tortues. Toutes espèces confondues, ces cas correspondent à un peu plus de la moitié des hypothèses de diagnostic (voir le tableau XL). Cette proportion est respectée chez les tortues à dos articulé des savanes. Chez les tortues de Floride et les tortues boîtes américaines, les maladies directement dues à un mauvais entretien correspondent aux deux tiers des cas. En revanche, chez les tortues méditerranéennes, seul un cinquième des maladies paraît étroitement lié à un mauvais entretien. Le climat d’origine de ces tortues est moins différent du climat parisien que celui des autres groupes de tortues de cette étude. De plus, ces tortues sont généralement adultes. Elles sont donc moins sensibles aux erreurs d’entretien que des tortues en pleine croissance.

L’avitaminose A est l’affection la plus fréquente. Ensuite viennent l’anorexie due aux mauvaises conditions d’entretien, les carences en calcium, les rhinites, les pneumonies et les mycoses de la carapace. On peut considérer que, sur les cas étudiés, au moins une pathologie sur deux aurait pu être évitée si la tortue est entretenue dans des conditions adéquates. C'est pourquoi une consultation de tortue doit souvent commencer par un bilan d'entretien ; ceci est facilité par un questionnaire imprimé (voir l’annexe "Questionnaire"). Il importe donc de reconnaître l'espèce afin de savoir son mode de vie naturel. En fait il suffit généralement de connaître les espèces les plus fréquentes en captivité et leurs principales exigences (voir l’annexe “Importance des conditions d’entretien dans la pathologie des chéloniens en captivité”). Le traitement doit souvent comporter des conseils visant à améliorer les conditions de

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vie de la tortue détenue en captivité. Parfois, cette amélioration des conditions d'entretien suffit à faire disparaître tous les symptômes observés.

14. Pronostic

Il dépend de l’hypothèse de diagnostic (voir le 13.). Comme chez les autres animaux, le pronostic est parfois difficile à poser car chaque cas est différent. Cependant les tortues semblent ne présenter qu'assez rarement des affections très aiguës et rapidement mortelles. On a généralement le temps d'instaurer un traitement. En revanche, la récupération est souvent longue. Ceci oblige à garder une réserve dans le pronostic, surtout si l'affection est ancienne. Il semble aussi y avoir souvent une aggravation “en cercle vicieux” par l'anorexie qui s'installe de façon presque systématique.

15. Traitements

Nous examinons les traitements proposés par les différents consultants aux propriétaires des 102 tortues vues en consultation pendant notre étude. Nous les exposons par groupes d’hypothèses de diagnostic selon leur ordre de fréquence.

a. Avitaminose A

Les cas sont nombreux et les traitements sont variables en fonction des tortues et des consultants. Ils sont présentés dans le tableau XLI.

* On peut instaurer un traitement par voie générale.

- Il se fait parfois par voie orale dans la nourriture si la tortue continue à manger ou par administration forcée dans la bouche ou dans une sonde oesophagienne.

° Pour 22 tortues, on utilise du rétinol en association avec d'autres vitamines (ALVITYL sirop, AUXERGYL D3, HYDROSOL POLYVITAMINÉ ROCHE(R)).

° Pour 33 tortues, on utilise des aliments riches en vitamine A (huile de foie de morue, jaune d'oeuf, foie, croquettes ou pâtée pour chat) ou en provitamine A (carottes ou fruits).

- L’administration peut se faire aussi par injection.

° Pour 1 tortue, on utilise du rétinol seul (AVIBON(R)).

° Pour 6 tortues, on utilise des combinaisons de vitamines (HYDROSOL POLYVITAMINÉ ROCHE(R), POLYMICRINE(R)). En effet, les carences en vitamine A sont souvent associées à d'autres carences vitaminiques, même si leurs manifestations sont moins visibles. Il est donc judicieux d'ajouter d'autres vitamines au traitement, à condition que les proportions entre les différentes vitamines des préparations soient

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convenables. Il faut également associer d'autres compléments et particulièrement du calcium si on apporte de la vitamine D3. En fait il convient surtout d'améliorer le régime alimentaire de la tortue.

* On peut aussi traiter par voie locale les troubles oculaires observés lors des avitaminoses A.

- Pour 8 tortues, il s’agit d’administration de vitamine A par voie ophtalmique (AVIBON(R) pommade ou ALVITYL sirop). La vitamine A permet à elle seule de faire disparaître les symptômes oculaires de la carence en vitamine A : Les yeux s'ouvrent et les paupières dégonflent. Mais ce traitement seul est insuffisant car, à son arrêt, les symptômes ont toutes les chances de réapparaître si une administration générale de vitamine A n'a pas traité la carence en vitamine A.

- Pour 4 tortues, il y a application de collyres antiseptiques (HERMOBLEU COLLYRE, CHIBRO-BORALINE(R)) qui permettent de lutter contre l'infection oculaire. Il faut remarquer que leur utilisation isolée ne permet qu'une amélioration partielle et temporaire des troubles oculaires observés. C'est pourquoi il convient de connaître l'étiologie particulière de bon nombre de conjonctivites chez les tortues (avitaminose A) afin d'administrer le traitement de fond de ces affections.

- 4 tortues reçoivent des collyres antibiotiques (CÉBÉMYXINE, TRI-ANTIBIOTIQUE CHIBRET, TIFOMYCINE). Ces collyres ont une action plus intense que les précédents, mais toute aussi transitoire s'ils sont utilisés seuls.

- 5 tortues ont des applications d'antibiotiques associés à un anti-inflammatoire (CIDERMEX(R)). Les anti-inflammatoires permettent d'espérer une diminution plus rapide de l'inflammation et de l'oedème des paupières. Mais leur efficacité dans ce cas précis n'est pas prouvée.

Le traitement des avitaminoses A associe généralement l'administration par voie générale de vitamine A, sous différentes formes, au traitement des troubles oculaires causés par cette carence. Ce sont ces symptômes qui ont généralement alerté le propriétaire de la tortue. Il est donc souhaitable de les faire disparaître au plus vite, d'autant qu'ils causent souvent une anorexie qui ne fait qu'aggraver les carences nutritionnelles. L'avitaminose A est une manifestation bien visible de mauvaises conditions d'entretien, en particulier d'une alimentation insuffisante ou carencée. Il faut donc améliorer l'environnement des tortues atteintes sous peine de voir réapparaître les symptômes plus ou moins rapidement.

b. Anorexie et inappétence dues aux mauvaises conditions d'entretien

Les traitements de ces affections sont regroupés dans le tableau XLII.

* Pour 5 tortues, les traitements tentent de restaurer l'appétit des tortues par des

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moyens "naturels". C'est-à-dire qu’on améliore leurs conditions d'entretien afin qu'elles se rapprochent des conditions naturelles. Par exemple, on adapte l'alimentation proposée à l'espèce concernée. En effet chaque espèce a un régime alimentaire particulier et on peut rencontrer une anorexie chez une tortue si on ne lui propose pas d'aliments de son régime naturel.

* Dans 10 cas on tente de stimuler l'appétit de la tortue avec certains aliments. Aux espèces carnivores, on propose des proies vivantes telles que des vers de terre, des vers de vase, des vers de farine, des grillons ou des asticots. Aux espèces herbivores on donne des aliments colorés comme des fruits rouges.

* L'appétit des tortues est très influencé par les conditions d'entretien. On modifie donc un ou plusieurs paramètres physiques de l'environnement des tortues anorexiques. Cela consiste à augmenter la température (10 tortues), augmenter l'humidité (9 tortues), augmenter la lumière (4 tortues), apporter une source d'U.V. (1 tortue) ou éviter les chaleurs excessives (1 tortue).

* On remarque également que les bains tièdes stimulent l'appétit des tortues en augmentant leur métabolisme. Cette méthode est utilisée chez 8 tortues. Remarque : Les bains ont également une fonction de réhydratation car ils permettent l’abreuvement qui est très important pour l’état général, surtout chez les jeunes tortues terrestres.

* Certains traitements de l'anorexie utilisent des médicaments connus pour augmenter l'appétit chez d'autres animaux, bien que la preuve de leur efficacité ne soit pas faite chez les tortues : CORTANCYL (1 tortue), CORTANMYCÉTINE(R) (2 tortues), PÉRIACTINE(R) (1 tortue). À remarquer que, l'innocuité des corticoïdes n'étant pas prouvée chez les tortues, il convient plutôt de les utiliser avec précaution et "en dernier recours".

* Tant que l'appétit de la tortue n'est pas normal, il est souvent préférable de soutenir la tortue afin d'éviter un affaiblissement trop important, néfaste à une bonne guérison. Pour cela on utilise le gavage chez 14 tortues et l'alimentation parentérale chez 1 tortue. Il est bon de remarquer que le gavage n'est possible que si l'anorexie ne dure pas trop longtemps. Sinon les enzymes digestives peuvent ne plus être synthétisées dans le tube digestif et les aliments peuvent fermenter sans être digérés. L'alimentation parentérale est délicate dans toutes les espèces et chez les tortues particulièrement. Le faible diamètre des veines empêche l'abord veineux qui est la voie la plus efficace pour l'alimentation parentérale. Il faut souvent utiliser la voie intrapéritonéale.

Il suffit souvent d'améliorer l'environnement et l'alimentation pour traiter une anorexie due aux mauvaises conditions d'entretien chez une tortue. Si elle commence à être amaigrie, on y associe un gavage qui accélère la guérison. Mais quand l’anorexie est très prolongée, elle conduit à des lésions irréversibles et le gavage est alors contre-indiqué. Les médicaments et l'alimentation parentérale sont un peu illusoires et ils sont réservés aux cas "désespérés".

Remarque : Il peut paraître bizarre qu’aucun traitement d’anorexie ou d’inappétence ne

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soit entrepris chez les tortues de Floride. En fait, les diagnostics faits quand ces tortues ont des problèmes d’appétit sont plutôt ceux des affections qui s’associent rapidement à ce symptôme. C'est généralement l’avitaminose A car elle est précoce, chez cette espèce qui est souvent en pleine croissance, et bien visible (voir le 13.).

c. Carences en calcium

Les traitements proposés sont présentés dans le tableau XLIII.

Le traitement consiste toujours dans ce cas à apporter du calcium. Pour 4 tortues le calcium est sous forme médicamenteuse (CALCIUM-SANDOZ(R), OSSOPAN, OSTEOSYNTHYL). Pour 13 tortues il est sous forme physique (carbonate de calcium, os de seiche broyés, coquilles d'oeufs pilées, coquilles d'huîtres pilées, plâtre). Pour 9 tortues il est sous forme d'aliments riches en calcium (vers de terre, croquettes pour chat, éperlans, carottes, cresson, orange, melon). Dans 5 cas, ce complément de calcium s'accompagne d'un gavage car ces tortues sont anorexiques.

Ces carences sont donc traitées par un apport de calcium sous différentes formes et par un gavage en cas d’anorexie. Il faut souvent faire un bilan des conditions d'entretien car les manques en calcium sont généralement associés à d'autres carences dues à une alimentation insuffisante ou déséquilibrée.

d. Rhinites

* Leur traitement fait souvent appel aux antibiotiques par voie générale avec du chloramphénicol. Il est associé à des tétracyclines chez 2 tortues (CLYNOCAT, CHLORAM FRÉCORTYL I.V.-I.M.(R)), ou seul (TIFOMYCINE chez 1 tortue), ou encore associé à des corticoïdes (CORTANMYCÉTINE(R)) chez 1 autre tortue. 1 tortue a également un traitement antibiotique (Fusafungine) par aérosol (LOCABIOTAL PRESSURISÉ) ainsi que des inhalations (CALYPTOL INHALANT). Remarque : Ces antibiotiques sont souvent peu efficaces et on fait plutôt appel actuellement aux quinolones de troisième génération, comme le BAYTRIL, par voie locale et générale. Ils donnent de bons résultats chez Testudo graeca, mais le taux de récidive dans les 6 mois suivants est assez important (environ 30 %) (communication personnelle de M. le docteur Fertard). Ces antibiotiques agissent sur les mycoplasmes dont le rôle, dans les rhinites, fait l’objet d’une étude actuellement (voir l’Annexe “Pathologie des tortues” 5. a.).

* On met 1 tortue dans une atmosphère chaude et humide .

* Dans de nombreux cas, un complément alimentaire est donné. C’est parfois un médicament : AROVIT(R) (1 tortue), AUXERGYL D3 (2 tortues), ALVITYL (1 tortue), HYDROSOL POLYVITAMINÉ ROCHE(R) (3 tortues). C’est parfois des aliments riches en vitamines : huile de foie de morue (2 tortues), jaune d'oeuf (1 tortue), jus de carottes (2 tortues), jus de fruits (1 tortue). En effet une carence en vitamine A peut se manifester par une rhinite.

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Le traitement repose dans l’état actuel des connaissances sur les antibiotiques, plus ou moins efficaces. C’est pourquoi il est important d’y associer une atmosphère chaude et humide et une alimentation favorable aux défenses naturelles, riche en vitamines.

e. Pneumonies

Le traitement des pneumonies présente des similitudes avec celui des rhinites.

* On utilise des anti-infectieux par voie générale. C’est généralement des tétracyclines et/ou des phénicolés : TERRAMYCINE(R) (1 tortue), CLYNOCAT (1 tortue), CHLORAM FRÉCORTYL I.V.-I.M.(R) (3 tortues), CORTANMYCÉTINE(R) (2 tortues), THIOPHÉNICOL (1 tortue). C’est parfois l’ampicilline : TOTAPEN (1 tortue). Ça peut être des sulfamides potentialisés : BACTRIM(R) (1 tortue).

* On utilise aussi des aérosols : LOCABIOTAL PRESSURISÉ (1 tortue).

* Certaines tortues ont des inhalations de PÉRUBORE(R) (1 tortue), de CALYPTOL INHALANT (1 tortue), de SULFURYL MONAL (1 tortue).

* 5 tortues sont mises en atmosphère chaude et humide.

* 4 tortues reçoivent un complément alimentaire : HYDROSOL POLYVITAMINÉ ROCHE(R).

* À noter l'emploi d'un diurétique (LASILIX) chez une tortue lors de détresse respiratoire intense dans le but de diminuer la congestion, et l'emploi d'un antimycosique (NIZORAL(R)) chez une autre tortue contre une éventuelle mycose pulmonaire.

Étant donné leur gravité, les pneumonies nécessitent un traitement lourd associant des antibiotiques (et parfois un antimycosique), un traitement symptomatique et un traitement de soutien.

f. Mycoses de la carapace

* L’antimycosique le plus employé est la BÉTADINE (8 tortues). L'IMAVERAL(R) est utilisé chez 1 tortue et la FUNGIZONE(R) chez 2 tortues.

* Un traitement hygiénique est associé dans quelques cas : l'eau changée tous les jours (1 tortue), l'isolement de la tortue (1 tortue), le changement du substrat (1 tortue).

g. Otites

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* On administre une antibiothérapie par voie générale avec CHLORAM FRÉCORTYL I.V.-I.M.(R) (2 tortues), CLYNOCAT (1 tortue), TIFOMYCINE (1 tortue).

* On débride et on curette l'abcès (6 tortues) ou on fait une antisepsie locale (7 tortues) si l’abcès est déjà ouvert.

* On améliore les conditions d'entretien (3 tortues).

À noter que la guérison d'une otite chez une tortue demande généralement tous ces traitements simultanés. L'ouverture spontanée des abcès est très tardive et le pus solide des tortues ne favorise pas leur vidange. C'est pourquoi cureter les otites est une étape importante. Le traitement antibiotique est insuffisant une fois que l'abcès est formé. Il permet surtout d'éviter les fréquentes récidives qui sont peut-être dues aux mauvaises conditions d'entretien. Il convient souvent de les améliorer.

h. Carences en iode

* L’apport d'iode se fait sous forme d’iodure de sodium (2 tortues), de lugol (1 tortue) ou d’os de seiche broyé (1 tortue).

* En temps normal, une alimentation et un environnement adéquats n'entraînent pas de carence en iode. C'est pourquoi il est proposé un changement d'alimentation pour 3 tortues et une amélioration des conditions pour 2 tortues.

* Un diurétique, le LASILIX, est employé chez 2 tortues dans le but de diminuer l'oedème sous-cutané observé lors de cette carence en iode.

i. Stomatites

* L'origine bactérienne ou fongique de ces stomatites explique l'emploi d'anti-infectieux comme CORTANMYCÉTINE(R) (2 tortues), TERRAMYCINE(R) (1 tortue), BACTRIM(R) (1 tortue), et d'antimycosiques comme FUNGIZONE(R) (1 tortue), NIZORAL(R) (1 tortue).

* La présence d'une stomatite entraîne généralement une anorexie qui peut conduire à un gavage (1 tortue) afin d'éviter un affaiblissement trop important de la tortue. Il doit être doux pour ne pas aggraver la stomatite.

j. Rétentions d'oeufs

* Le premier traitement à tenter est de procurer un lieu de ponte s'il n'y en a pas (cas de 2 tortues).

* Le traitement médical des rétentions d'oeufs est l'ocytocine et il est tenté chez 4 tortues.

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* Un traitement chirurgical est nécessaire chez 2 tortues : Pour permettre l'extraction des oeufs, une tortue nécessite une incision du cloaque et l'autre doit subir une laparotomie.

k. Sous-alimentation

Ce cas est à différencier de l'anorexie car, ici, c'est la quantité d'aliments distribués qui est insuffisante. Cette sous-alimentation conduit à une cachexie.

* Pour 2 tortues le traitement qui est entrepris est basé sur le gavage. Une alimentation parentérale est tentée chez 1 tortue qui ne paraît plus capable de s'alimenter seule.

* 2 tortues sont hospitalisées dans de bonnes conditions afin d'éviter les complications.

* 1 tortue est mise sous antibiotiques et corticoïdes (HISTABIOSONE(R)) également afin d'éviter les complications.

l. Carences pendant la croissance

Les déformations de la carapace sont irréversibles mais le traitement est mis en oeuvre pour éviter les aggravations.

* Un complément vitaminique est donné à 2 tortues (HYDROSOL POLYVITAMINÉ B.O.N.(R), ALVITYL). 2 tortues subissent un gavage et 1 tortue, un changement d'alimentation.

* Des applications directes sur la carapace sont faites avec de l'huile de foie de morue pour 1 tortue et avec de la BÉTADINE pour 1 autre tortue.

m. Conjonctivites

Le rôle des carences en vitamine A dans les conjonctivites explique son utilisation dans leur traitement.

* On a des traitements locaux d’antibiotiques et de vitamine A : CHIBRO-BORALINE(R) (1 tortue), TIFOMYCINE (1 tortue), TRI-ANTIBIOTIQUE CHIBRET (2 tortues), OPHTALON(R) (1 tortue).

* Un traitement général contenant de la vitamine A est fait dans le cas de 4 tortues (HYDROSOL POLYVITAMINÉ ROCHE(R)).

n. Cachexie due à une hibernation inopportune

2 tortues subissent un gavage. L'hibernation est déconseillée à 2 tortues qui doivent

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passer les prochains hivers dans un terrarium adapté.

o. Myiases

Pour 1 tortue, l'extraction des asticots se fait à la pince. 1 autre subit des irrigations pour éliminer les parasites et le traitement fait à 1 troisième tortue n'est pas mentionné.

p. Tiques

Le traitement des 3 tortues atteintes n'est pas mentionné mais on peut imaginer que les tiques sont endormies à l'éther puis retirées.

q. Fractures de la carapace

2 tortues reçoivent des antibiotiques (CORTANMYCÉTINE(R), CHLORAM FRÉCORTYL I.V.-I.M.(R)). Une antisepsie locale concerne 2 tortues. Une réparation à l'aide de fibre de verre et de résine époxy est faite sur 2 tortues. Enfin 2 tortues ont un complément alimentaire à base d'HYDROSOL POLYVITAMINÉ ROCHE(R).

r. Ostéofibrose

Le calcium est donné à 2 tortues, sous forme de complément alimentaire (OPOCYNOS) pour 1 et sous forme de coquilles d'oeufs broyées pour 1 autre. Un complément vitaminique concerne 1 tortue avec de l'ALVITYL et 1 autre tortue reçoit du jaune d'oeuf. L'apport de rayons U.V. est envisagé dans le traitement d'une tortue.

s. Parasitisme digestif

Les vermifuges employés, chacun pour 1 tortue, sont : le lévamisole, le fenbendazole (PANACUR(R)) et le mébendazole (TELMIN(R)). Le traitement concernant 1 cas n'est pas mentionné.

t. Goutte

Bien qu'il n'y ait pas de traitement connu contre la goutte, une réhydratation parentérale est entreprise chez 1 tortue. L'autre tortue, qui est morte quand elle est vue en consultation, ne peut bien sûr pas subir de traitement.

u. Traumatisme d'un membre

L'expectative est faite en ce qui concerne un traumatisme ancien d'un membre qui ne paraît pas affecter la tortue. Le traitement de l'autre cas de traumatisme d'un membre n'est pas mentionné sur le dossier.

v. Autres cas

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Ils ne concernent qu'une seule tortue et le traitement est simplement cité à côté du diagnostic.

* Avitaminoses : ALVITYL

* Avitaminose B1 : BÉVITINE

* Avitaminose D : ALVITYL

* Avitaminose E : HYDROSOL POLYVITAMINÉ ROCHE(R)

* Stéatose : Régime alimentaire

* Obésité : Diète et puis régime alimentaire

* Dilatation d'estomac : Diète, administration d'huile de paraffine, hospitalisation en vue d’une éventuelle intervention chirurgicale

* Corps étrangers digestifs : Administration d'huile de paraffine, HYDROSOL POLYVITAMINÉ B.O.N., hospitalisation

* Constipation : Huile de paraffine

* Intoxication par un solvant : Injections de chlorure de sodium isotonique, CANDILAT(R)

* Mycose de la peau : BÉTADINE

* Dermatite vésiculeuse : BÉTADINE, TERRAMYCINE(R)

* Plaie : BÉTADINE

* Callosité : Exérèse chirurgicale, CHLORAMPHÉNICOL CHIBRET POMMADE 1%(R)

* Érosions cutanées : BÉTADINE

* Tumeur osseuse de la carapace : Expectative

* Traumatisme médullaire : Traitement non mentionné

* Traumatisme pulmonaire : BÉTADINE, CHLORAM FRÉCORTYL I.V.-I.M.(R), HYDROSOL POLYVITAMINÉ ROCHE(R)

* Paraphimosis : Suture en bourse autour du cloaque

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Conclusion du 15. Chez les tortues en captivité de notre étude, les traitements sont très nombreux. Ils varient selon les hypothèses de diagnostic, mais aussi selon les espèces, les consultants et les possibilités des propriétaires. Ils font appel, comme chez les autres espèces, à des traitements étiologiques (médicaux ou chirurgicaux), symptomatiques, hygiéniques et de soutien. On peut noter de nouveau cette particularité des tortues : Étant poïkilothermes, elles sont très dépendantes de leur milieu. Il faut donc les considérer comme des unités faisant corps avec leur environnement proche (voir la figure 31). Le traitement d’une affection ne doit pas être isolé car on risque de voir réapparaître celle-ci ou une autre affection dont la cause est proche. Il faut essayer d’avoir une vision globale des problèmes et de “soigner” à la fois les tortues et leur environnement. En ce sens, les chéloniens sont donc à rapprocher des animaux d’élevage et des animaux des parcs zoologiques.

16. Évolution

L'évolution des symptômes après le traitement est connue généralement par téléphone. Le consultant rappelle le propriétaire de la tortue soignée afin d'avoir des nouvelles ou c'est le propriétaire qui contacte le consultant pour le tenir informé de l'évolution. Il est à remarquer que souvent, quand le propriétaire donne des nouvelles, c'est que l'évolution est défavorable. Il est rare que les propriétaires rappellent lors d'une évolution favorable et nous pouvons particulièrement remercier les personnes qui nous ont signalé la guérison de leur tortue. L'évolution est aussi suivie lorsque la tortue revient en consultation comme convenu.

L’évolution des différents cas est présentée dans le tableau XLIV.

Quand l’évolution est connue, elle est dite :

* favorable lorsqu'il y a amélioration ou guérison (47 % des cas).

* défavorable lorsqu'il y a aggravation ou mort (39 % des cas). Dans les évolutions défavorables nous avons aussi classé 2 cas particuliers : 2 tortues sont vues en consultation alors qu'elles sont mortes. On peut imaginer que même si elles étaient vivantes, étant donné leur état pathologique très avancé, ces tortues seraient probablement mortes, quel que soit le traitement entrepris, car il aurait été trop tardif.

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Pseudemys

scripta

elegans

Terrapene

sp.

tortuesméditer-ranéennes

Kinixys

belliana

autresespèces

total

Évolution favorable 14 6 8 0 2 30

Évolution défavorable 9 2 8 2 4 25

État stationnaire 4 1 0 2 2 9

Évolution inconnue 16 14 2 3 3 38

Tableau XLIV : Tendance de l’évolution des 102 cas de tortues étudiées

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Figure 31 : Notion d’unité “tortue-environnement proche”

SOINS

environnement

humidité

alimentationlumière

autres tortuesvibrations

bruits

températureeau

air

qualité eau

air

substrat

tortue

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* stationnaire quand il n'y a pas d'évolution nette dans un sens ou dans l'autre (14 % des cas). Souvent ces états sont stationnaires car le traitement préconisé n'est pas suivi ou les conditions d'entretien des tortues ne sont pas modifiées.

Il faut noter une particularité de la consultation des tortues : Ces animaux sont parfois apportés dans des états pathologiques extrêmement avancés après une anorexie très longue. En effet, les tortues supportent assez longtemps de rester sans manger. Mais, dans ces cas, la guérison est très improbable car l'organisme est trop affaibli pour supporter un traitement et pour lutter contre le processus pathologique. Si l’évolution favorable, elle est toujours très longue à obtenir. De plus, souvent, les propriétaires ne sont pas suffisamment motivés pour suivre le traitement qui peut être long et fastidieux.

Les tortues mettent généralement autant de temps à tomber malades qu'à se rétablir. Elles peuvent supporter apparemment longtemps un facteur défavorable sans manifester de symptôme évident. Mais une fois que l'état pathologique se déclare nettement, la guérison risque alors d'être très lente voire impossible quels que soient les moyens mis en oeuvre. “Mieux vaut prévenir que guérir”. Cet adage populaire est particulièrement vrai chez les tortues. En effet beaucoup de processus pathologiques rencontrés chez les tortues en captivité peuvent être évités grâce à des conditions d'entretien adéquates. C'est pourquoi il est indispensable que les acquéreurs de tortues disposent d'une large information sur les conditions dans lesquelles ils doivent entretenir la tortue qu'ils viennent d'adopter.

Conclusion du B. Notre étude a porté sur 102 cas de tortues “domestiques” vivant en France métropolitaine. Ces consultations ont été faites par différentes personnes et elles ont ainsi pu avoir lieu tout au long de l’année. Les consultants étaient souvent des “spécialistes des tortues”. 89 % des tortues étudiées vivaient en région parisienne. La majorité des animaux (42 %) étaient des tortues de Floride. Elles étaient souvent en pleine croissance. Les tortues étudiées ont essentiellement été achetées (60 %). Les espèces étrangères, ayant des exigences particulières, étaient de loin les plus nombreuses et vivaient fréquemment dans de mauvaises conditions. 63 % des tortues étudiées sont venus en consultation pendant les 3 premières années de leur détention. Leur alimentation devant être la plus naturelle et la plus variée possibles, elle était souvent carencée. L’hibernation a parfois été mortelle. Aucune naissance n’a été observée. Manque d’appétit, problèmes oculaires, abattement et problèmes respiratoires ont été les motifs de consultation les plus fréquents. 82 % des tortues ont été apportés en consultation entre 15 jours et 6 mois suivant l’apparition des troubles. Les baisses d’appétit et l’amaigrissement consécutif, les diminutions de l’activité et les problèmes oculaires ont été les symptômes les plus fréquents. La radiographie était facile à réaliser mais son intérêt a été limité par la présence de la carapace. L’autopsie a été en général très enrichissante mais elle donnait un diagnostic post mortem. Les hypothèses de diagnostic les plus fréquentes ont été l’avitaminose A, l’anorexie due aux conditions d’entretien, les carences en calcium, les rhinites, les pneumonies et les mycoses de la carapace. Ces affections étaient très fréquemment liées à de mauvaises conditions d’entretien. Les maladies ont rarement été très aiguës et rapidement mortelles. Mais on a souvent assisté à une aggravation “en cercle vicieux” pouvant aboutir à la mort. Les traitements étaient de soutien,

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symptomatique et étiologique. Mais il fallait également “soigner” l’environnement de la tortue. Le traitement a été parfois aussi long que l’apparition de la maladie. Il aurait donc été préférable de la prévenir.

CONCLUSION DU III. Nous avons réalisé l’étude d’un protocole de consultation des tortues en captivité en grande majorité dans le cadre exceptionnel de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort. Mais nous avons eu également le bonheur d’avoir la collaboration de consultants extérieurs à l’É.N.V.A., habitant parfois dans d’autres régions. Ceci nous a permis d’ouvrir le champ de notre étude. Il est certes plus difficile de traiter les résultats de plusieurs consultants différents. Mais le questionnaire distribué a permis que toutes les personnes ayant contribué à collecter les cas utilisent la même méthode et récoltent toutes les informations pouvant intervenir dans les problèmes observés. En région parisienne, nous avons conclu que le problème le plus fréquent est le “syndrome des tortues de Floride. Si leurs propriétaires consultent rapidement dès les premiers symptômes, s’ils trouvent les bons conseils et s’ils les appliquent correctement, ils ont de grandes chances de garder leurs tortues. Sinon elles auront souvent un destin tragique.

Cette étude pratique peut aider ceux qui ne connaissent pas bien les tortues à faire la part des choses parmi les données bibliographiques entre ce qui est fréquent en pratique courante et ce qui est plus rare. Elle permet de transmettre l’expérience de plusieurs consultants, toujours si utile en pratique.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

La première partie de cette thèse nous a montré l’importance des tortues “domestiques”. En effet, les tortues ne sont pas rares en captivité. On les trouve partout en France même où il n’y a pas d’espèce autochtone, qui puisse être ramassée, bien que ce soit interdit, car on en apporte d’autres régions ou de l’étranger. Or les tortues posent des problèmes particuliers à leurs propriétaires, surtout si elles sont exotiques, et aux vétérinaires qui doivent les soigner.

En effet, le métabolisme d’une tortue dépend des paramètres de son environnement et chaque espèce a des conditions optimales d’entretien. On comprend alors l'intérêt de connaître le milieu d'origine d'une tortue. Il est donc nécessaire de reconnaître l’espèce que l’on a en consultation car cela permet de savoir quels sont ses besoins. La diversité des milieux où vivent les tortues est à la mesure de la variété des espèces. La pathologie des tortues est également complexe et elle est encore mal connue. Elle a des similitudes et surtout de grandes particularités par rapport à celle des autres espèces domestiques. Nous avons consulté différents ouvrages et articles afin d’appréhender ces sujets difficiles. Nous avons ainsi fait des lectures passionnantes qui nous ont amenés à rédiger la deuxième partie de cette thèse. Cette partie tente de réunir la plupart des informations utiles à une consultation de tortue. Ce qui nous a particulièrement plu dans cette étude bibliographique a été la diversité surprenante des espèces de tortues (plus de 300). Il est donc utile d’avoir une méthode d’identification.

Parallèlement à cette approche théorique, nous avons rassemblé des cas cliniques de tortues en établissant de nombreux contacts. Cela nous a permis d’étudier un protocole de consultation des tortues en captivité qui a constitué la troisième partie de la thèse. Nous avons constaté que, en pratique, les espèces rencontrées en captivité étaient souvent les mêmes (tortues de Floride, généralement en pleine croissance, tortues boîtes américaines, tortues d’Hermann et tortues grecques, parfois juvéniles, tortues à dos articulé de savanes, tortues à carapace molle, etc.). Ceci permet de connaître rapidement les principales exigences de chacune. Nous avons aussi constaté que les affections rencontrées étaient variées. Mais elles semblent liées à de mauvaises conditions d’entretien dans la moitié des cas de notre étude. Le problème le plus classique est celui de l’avitaminose A chez la tortue de Floride élevée dans un bac sans chauffage et nourrie avec des crevettes séchées ou de la viande. Connaissant l’essentiel de l’entretien des principales espèces, on est donc souvent capable de soigner un cas sur deux. Cette étude personnelle nous a beaucoup intéressés et notre goût pour l’aspect concret de cette étude a rapidement dépassé nos curiosités bibliographiques. Mais chaque cas nous replongeait cependant dans les lectures afin de confronter ses éléments aux données déjà établies. Nous aurions aimé avoir un échantillon représentatif étudié dans des conditions parfaites. Cela nous aurait permis d’extrapoler des résultats précis à l’ensemble des tortues “domestiques” françaises vues en consultation. Enfin, l’étude personnelle a été très enrichissante car elle nous a donné l'occasion de connaître des cas originaux, des propriétaires passionnés et des tortues attachantes. Mais surtout elle a permis de transcrire l’expérience de "spécialistes" des tortues très précieuse en pratique car les données bibliographiques sont parfois théoriques. Cette thèse nous donne l'espoir de contribuer à sauver la vie de quelques tortues.

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