L’ODEUR DU SANG HUMAIN NE ME QUITTE PAS DES YEUX · 2013. 1. 28. · L’ODEUR DU SANG HUMAIN NE...

1
Théâtre Le Monfort / d’après William Shakespeare / conception et mes Philippe Ulysse L’ODEUR DU SANG HUMAIN NE ME QUITTE PAS DES YEUX Publié le 25 janvier 2013 - N° 206 Dans la veine poétique qui fait sa signature, Philippe Ulysse, directeur de la compagnie du Bureau de l’Intervalle, compose un spectacle d’une grande tenue dramatique. Crédit : Philippe Ulysse Légende : Fred Ulysse donne à vivre des moments d’une exceptionnelle intensité. « Parler depuis le tabou. C’est de là que je viens. C’est de là ». Celui qui parle a transgressé l’interdit sacré « Tu ne tueras point ». Il est l’un de ces défigurés par le crime qui hantent le plateau de L’Odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux. Par crainte, par pudeur, ceux qui ont basculé, déshumanisés, proies de l’irrationnelle folie meurtrière consubstantielle à l’humanité, taisent leur monstrueuse terreur intime. Philippe Ulysse leur donne la parole et les fait chair dans ce sauvage poème dramatique. A la croisée de réflexions introspectives, du récit des tourments et des mauvais rêves de jeunes soldats ou d’anciens combattants, d’emprunts choisis dans un florilège de textes inspirés, le metteur en scène, auquel la plus illustre des figures criminelles dramatiques, Macbeth, sert de fil rouge, interroge : « Comment devient-on des monstres ? ». Invitant le spectateur à assister à une espèce « d’autopsie des notions impalpables de bien et de mal », à faire face « à l’impuissance de l’homme » comme à sa puissance chaotique, le Directeur de la Compagnie du Bureau de l’Intervalle requiert aussi de son public, ne sondant pas seulement les âmes mais travaillant aussi les corps, d’affronter la réalité cauchemardesque de ces êtres brisés, physiquement déchus. Un pathétique esthétiquement sublimé L’écriture scénique complexe de la pièce, dans son effort de dépassement du dualisme corps/esprit, bien dans l’art et la manière de Philippe Ulysse, place la barre très haut, à la hauteur de l’exhibition de la chose même : la monstruosité en acte. En se tenant sur cette crête phénoménologique, le spectacle fait beaucoup mieux qu’éviter le didactisme auquel son argument aurait pu le prédisposer et tire vers la performance. Les acteurs (Fred Ulysse en figure de proue) donnent à vivre des moments d’une exceptionnelle intensité dramatique, lyrisme porté à son paroxysme lors des interventions chantées par l’inclassable Dalila Khatir. L’esthétique « scénophonique » autant que scénographique, extrêmement soignée, se jouant du beau et du laid, du sordide et du merveilleux, discipline le pathétique et le transcende. Avec toutes ces qualités réunies, la pièce ne souffre que d’un vertige qu’elle tutoie comme un beau risque assumé, celui de se laisser envahir par un excès de possibles. Marie-Emmanuelle Galfré

Transcript of L’ODEUR DU SANG HUMAIN NE ME QUITTE PAS DES YEUX · 2013. 1. 28. · L’ODEUR DU SANG HUMAIN NE...

Page 1: L’ODEUR DU SANG HUMAIN NE ME QUITTE PAS DES YEUX · 2013. 1. 28. · L’ODEUR DU SANG HUMAIN NE ME QUITTE PAS DES YEUX du 29 janvier 2013 au 16 février 2013 Le Monfort 106, rue

MON COMPTE

Rechercher

Plus de critères

ARCHIVESABONNEZ-VOUS

THÉÂTRE - CRITIQUE Voir tous les articles : Théâtre

Théâtre Le Monfort / d’après William Shakespeare / conception et mes Philippe Ulysse

L’ODEUR DU SANG HUMAIN NE ME QUITTE PAS DESYEUXPublié le 25 janvier 2013 - N° 206

Dans la veine poétique qui fait sa signature, Philippe Ulysse, directeur de lacompagnie du Bureau de l’Intervalle, compose un spectacle d’une grande tenuedramatique.

Crédit : Philippe Ulysse Légende : Fred Ulysse donne à vivre des moments d’une exceptionnelle intensité.

« Parler depuis le tabou. C’est de là que je viens. C’est de là ». Celui qui parle a

transgressé l’interdit sacré « Tu ne tueras point ». Il est l’un de ces défigurés par le crime

qui hantent le plateau de L’Odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux. Par crainte,

par pudeur, ceux qui ont basculé, déshumanisés, proies de l’irrationnelle folie meurtrière

consubstantielle à l’humanité, taisent leur monstrueuse terreur intime. Philippe Ulysse leur

donne la parole et les fait chair dans ce sauvage poème dramatique. A la croisée de

réflexions introspectives, du récit des tourments et des mauvais rêves de jeunes soldats ou

d’anciens combattants, d’emprunts choisis dans un florilège de textes inspirés, le metteur

en scène, auquel la plus illustre des figures criminelles dramatiques, Macbeth, sert de fil

rouge, interroge : « Comment devient-on des monstres ? ». Invitant le spectateur à

assister à une espèce « d’autopsie des notions impalpables de bien et de mal », à faire

face « à l’impuissance de l’homme » comme à sa puissance chaotique, le Directeur de la

Compagnie du Bureau de l’Intervalle requiert aussi de son public, ne sondant pas

Un spectacle, une ville, un artiste

Plus de critères

du 11/01au 08/02

DanseCervantès, la sagesse del’incertitude

du 30/01au 10/02

ThéâtreLa Mouette

du 01/02au 24/02

ThéâtrePost

Voir tout l'agenda

LA TERRASSE – JANVIER 2013N° 205

Votre email

SORTIR

» Dernière édition en pdf» Les archives

S’INSCRIRE À LA LETTRE DE LA TERRASSE

LES COUPS DE COEUR COMMENTAIRES

José Alfarroba15 ans d’Artdanthé José Alfarroba,directeur [...]

THÉÂTRE DANSE JAZZ / MUSIQUES CLASSIQUE / OPÉRA AVIGNON EN SCÈNE(S) HORS-SÉRIES FOCUS

N°205 - 28 janvier 2013

0 Tweet 0 0Recommander 2

NOUS SUIVRE

LES + LUS

L’odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux - Théâtre /... http://www.journal-laterrasse.fr/lodeur-du-sang-humain-ne-m...

1 sur 3 28/01/13 10:30

L’ODEUR DU SANG HUMAIN NEME QUITTE PAS DES YEUXdu 29 janvier 2013 au 16 février 2013Le Monfort106, rue Brancion, 75 015 ParisDu 29 janvier au 16 février, du mardi ausamedi à 20h30. Tél : 01 56 08 33 88.www.lemonfort.fr

Spectacle vu au Théâtre de Saint-Quentinen Yvelines.

Mots-clefs :L’Odeur du sang humain ne me quitte pas desyeux, Philippe Ulysse, Théâtre Le Monfort, WilliamShakespeare

seulement les âmes mais travaillant aussi les corps, d’affronter la réalité cauchemardesque

de ces êtres brisés, physiquement déchus.

Un pathétique esthétiquement sublimé

L’écriture scénique complexe de la pièce, dans son effort de dépassement du dualisme

corps/esprit, bien dans l’art et la manière de Philippe Ulysse, place la barre très haut, à la

hauteur de l’exhibition de la chose même : la monstruosité en acte. En se tenant sur cette

crête phénoménologique, le spectacle fait beaucoup mieux qu’éviter le didactisme auquel

son argument aurait pu le prédisposer et tire vers la performance. Les acteurs (Fred Ulysse

en figure de proue) donnent à vivre des moments d’une exceptionnelle intensité

dramatique, lyrisme porté à son paroxysme lors des interventions chantées par

l’inclassable Dalila Khatir.

L’esthétique « scénophonique » autant que scénographique, extrêmement soignée, se

jouant du beau et du laid, du sordide et du merveilleux, discipline le pathétique et le

transcende. Avec toutes ces qualités réunies, la pièce ne souffre que d’un vertige qu’elle

tutoie comme un beau risque assumé, celui de se laisser envahir par un excès de

possibles.

Marie-Emmanuelle Galfré

A PROPOS DE L’ÉVÈNEMENT

A LIRE AUSSI

Voir tous les articles des bloggeurs

VoleuseQuatre femmes en prise avec undispositif [...]

Faits d’hiver : l’Australie àParisUn nouveau partenariat avecDancehouse à [...]

Lil’dragonToujours au cœur d’une réflexion surles [...]

HENRI TEXIER : Live andPeaceHumaniste et utopiste, Henri Texiers’empare [...]

Phèdre ou de la BeautéPatrick Schmitt réalise uneperformance en [...]

LES BLOGGEURS

0

Tweet

0

0

2

J’aime

Données cartographiques ©2013 Google

200 m1000 pieds

CRITIQUE

Le projet RWUne flânerie onirique sous les pascraquants [...]

GROS PLAN

Les Nuits baroquesAu cœur de l’hiver, un « festival des[...]

CRITIQUE

L’homme qui se haitQuatrième collaboration pourEmmanuel [...]

COMMENTAIRES

JOURNAL LA TERRASSE

J’aime

1 962 personnes aiment JOURNAL LA TERRASSE.

Module social Facebook

JOURNAL LA TERRASSELA REUNIFICATION DESDEUX COREES. « L’amour, çane suffit pas », dit unefemme. Alors qu'est-ce quirelient les êtres ensemble ?Réponse de haut vol avecl'auteur et metteur en scèneJoël Pommerat. A l'Odéon-Théâtre de l'europe.

http://www.journal-laterrasse.fr/la-reunification-des-deux-corees-joel-pommerat-odeon-theatre-

Journal La Terrassenews_laterrasse

Join the conversation

news_laterrasse Ça commence ce soir, jeudi 24.Nouvelle création pour Mark Tompkins, flirtanttoujours avec le politiquement incorrect.journal-laterrasse.fr/opening-night-…3 days ago · reply · retweet · favorite

news_laterrasse Avec Gilles Arbona et ThierryBosc, Bernard Levy reprend ses mes de Fin dePartie et En attendant Godot. A l'Athénée.journal-laterrasse.fr/en-attendant-g…5 days ago · reply · retweet · favorite

news_laterrasse Le théâtre de Poche ouvre ànouveau ses portes avec Le Mal courtd'Audiberti dans la mes de Stéphanie Tesson.journal-laterrasse.fr/le-theatre-de-…5 days ago · reply · retweet · favorite

news_laterrasse La jeune pianiste chinoise YujaWang, défend dans quelques jours à Pleyel unmagnifique programme, de Debussy àRachmaninov10 days ago · reply · retweet · favorite

L’odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux - Théâtre /... http://www.journal-laterrasse.fr/lodeur-du-sang-humain-ne-m...

2 sur 3 28/01/13 10:30