Langage Corporel Ageem Janvier

8/13/2019 Langage Corporel Ageem Janvier

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Claire Pontais

Rencontre AGEEM-Boulogne-Billancourt

8 février 2012



Formatrice IUFM EPS

Pas spécialiste du langage Travaux de recherche sur l’EPS en maternelle et sur la

formation

Égalité garçons-filles, mixité

Revue Contre pied Démocratisation de l’accès à la culture des activités

physiques, sportives et artistiques dans la société et dansl’école de la maternelle à l’université



• Rôle et valeurs de l’école

– Épanouissement / émancipation /entrée dans la culture – Réduction des inégalités (école, EPS, garçons-filles) –

Apprentissages (les savoirs sont émancipateurs)

• Conception dynamique de la culture

Pas des savoirs figés. Culture : ce que les Humains ont inventé pour résoudre des problèmes, pour jouer…et qui « mérite » d’êtretransmis (traitement adapté à l’âge des enfants)

• Conception de l’apprentissage

- Les apprentissages permettent le développement

(on n’attend pas que l’enfant se développe, il doit vivre des expériences pour sedévelopper)

- Importance de pouvoir dire « Je » (projet/sens)

- Apprendre ensemble



• Notion absente des programmes (EPS, activité physique, motricité)

• Le langage verbal est aussi corporel (on dit « parler avec les mains », le

geste renforce le langage verbal)

• Le corps peut totalement se substituer à la parole (postures, gestes),voire contredire le verbe (« langage du silence »)

• Le langage corporel des signes des sourds et muets est la transcriptionexact du verbal, comme les gestes de l’arbitre sont compris de tous lesjoueurs…

• Notion remplacée parfois par « expression corporelle », tout aussi floue(il y a de l’expression corporelle dans toutes les activités physiques, passeulement en danse)

• A cette étape de réflexion, le « langage corporel » mérite donc desguillemets !



• Considérer le langage corporel uniquement au service dudéveloppement du langage oral

Si le langage corporel peut servir de support à des échanges langagiers(c’est nécessaire et déterminant), ce serait dommageable pour undéveloppement complet de la personne de ne pas considérer que le« langage corporel » a des enjeux spécifiques.

• Considérer le langage corporel comme une «compensation »dumanque de langage verbal

L’enfant « parle » avec son corps, on peut même le solliciter pour qu’il

utilise ce moyen d’expression. Mais que faire de l’expression corporellespontanée de l’enfant ? Quelle signification lui accorder ? Comment larendre intelligible pour lui-même et pour les autres ?

•

-

A quelles conditions langage oral et « langage corporel » senourrissent-ils l’un, l’autre ?



Les notions en jeu

Le corps

Langage Langage corporel

A l’école, quels apprentissages viser en EPS?

S’exprimer dans différentes activités physiques

Un exemple en activité gymnique

Quelles conditions pour que les activités physiques favorisentl’expression de l’enfant?



En finir avec le dualisme corps/esprit :

Affectif-cognitif –moteur -social indissociables

Importance de l’agir dans la découverte du moi et du monde : del’acte à la pensée, les émotions à l’origine de la conscience (Wallon) ;intelligence sensori-motrice (Piaget) : c’est avec son corps quel’enfant découvre, expérimente le monde. Il « apprend par corps » ;les processus affectifs et intellectuels forment une unité (Vygotski);

processus d’individuation-séparation (Mahler). Le corps = la personne = l’Être !

Les possibilités des enfants sont immensesà la naissance. C’est confrontés à l’environnement, à des situationscomplexes dans lesquelles ils doivent s’adapter qu’ils se développent,que les connexions synaptiques se font.

Si c’est le mode de sollicitation qui façonne l’être humain, ce que les

enfants vont vivre à l’école et hors-école est primordial.



Une fonction humaine vitale

• Le langage est une pratique sociale, les pratiques langagières

sont des pratiques sociales et culturelles (Bauthier, Romian)• Les modes de vie, de penser, les oeuvres font sens au sein d’une

communauté dans un espace historique , géographique et socialdonné

• Les codes pour communiquer sont différents selon les cultures,les lieux : langage mathématique, littéraire, technologique,artistique, sportif … langage familial, de l’école, de la rue…

• Le langage est un outil pour conceptualiser, pour penser, c’estune conduite complexe qui met en jeu des émotions, desopérations intellectuelles, des représentations…

ma is la pensée ne se rédui t pas au langage (Vygot ski . . )



Les processus de conceptualisation au cours de l’expérience ne sont pasautomatiquement ni immédiatement associés à des formulations :

les experts mettent difficilement en mots les idées qu’ils utilisent dansl’action

Un bébé ne parle pas n’en développe pas moins une représentationopératoire de nombreux phénomènes physiques et sociaux

(Un bébé de 4 mois comprend qu’un objet continue d’exister alors qu’ilne le voit pas. Un nourrisson se montre surpris par un objet qui défit leslois de la physique (qui ne tombe pas alors qu’il devrait tomber), fait la

différence entre lui et les autres, etc..).

---> Conception moins restrictive de l’intelligence : intelligencesmultiples langagière, mathématique, spatiale, kinesthésique, musicale,

adaptation aux autres…



• Cela renvoie à quelles pratiques sociales, quels domainesde la culture ? Pour communiquer quoi ?

• Comment ? Quels codes spécifiques ?

• Si « apprendre à parler c’est apprendre à penser »(AGEEM) , apprendre à parler avec son corps, c’estapprendre à « penser » quoi ?

- Ce qui revient à poser la question des objectifs de l’EPS àl’école



• L’entrée dans la culture écrite est une évidence à l’écolematernelle si on se réfère à la littérature : la littérature de

jeunesse est étudiée, elle y même une place d’honneur .

• Si on le transpose à l’EPS, que veut dire entrée dans la culture ?A quelles activités l’école doit-elle faire référence ?

Autrement dit, quelles activités physiques, sportives ouartistiques qui existent dans la société « méritent » d’êtreadaptées (didactisées) à l’école pour que les enfants

développent un véritable «langage corporel » :l angage qui soi t à la f oi s émot i ons, expr essi on,

communi cat i on, développement psycho-socio-mot eur,

const r uct i on de la pensée…



• Y a-t-il des activités physiques plus adaptées que d’autres auxenfants de maternelle ? (possibilités motrices, capacités de

conceptualisation….)

• Quelles sont les activités les plus « scolarisables »?

(qui tiennent compte des conditions de l’école : 30 élèves,

un-e enseignante polyvalent-e, un équipement limité, etc.)

•

Avancées de la didactique

• ---> Quelques exemples d’activités physiques, sportives etartistiques



Danse expressive : Intention / impression sur l’autre

• Faire ressentir des émotions, transmettre un message,« raconter » une histoire avec son corps

•Communiquer avec l’autre danseur

• Communiquer avec le spectateur : inventer le langage corporelle plus adapté à l’intention

Danse de rencontre

• Codes de communication (le langage commun passe par despas, des façons de se tenir, des déplacements dans l’espace…)

• Jubilation d’être ensemble, à l’unisson



• Jeu du loup, Gendarmes et voleurs …

• Communication entre joueurs de la même équipe et joueurs del’équipe adverse (communication /contre communication)

• Prendre des indices dans le jeu = construire une « langue de jeu »pour construire des stratégies

• Exemple : si le loup est arrêté, s’il se déplace, s’il me regarde,

s’il ne me regarde pas, s’il court vers moi, s’il court vers unautre, etc …je ne prends pas la même décision



• Gymnastique

•

GRS (manipulations d’objets)• Patinage

•

Signification = Faire des exploits pour épaterl’autre

•

Codification des exploits (des figures)• Ce « code » est un langage commun pour

• Se confronter / se lancer des défis

• Faire un spectacle



But du jeu :

« Nous sommes des petits acrobates et nous faisons un spectacle degymnastique : pendant la durée de la musique, il faut faire les exploits les

plus difficiles possibles (des figures corporelles) sur les tapis, les bancs, la

tour, l’échelle, la souricière, le plinth et le trapèze).

• Codification des exploits trouvés par les enfantsIls sont classés du plus facile au plus difficile (langage commun de la classe,chaque enfant peut se situer dans le code)

• Je montre mes exploits les plus difficiles (expression),• avec les autres, pour d’autres (communication),• je connais mes limites (développement moteur),•

je sais si j’ai réussi ou raté,• je sais ce qu’il faut faire pour réussir (réflexion sur l’action)



• But du jeu

« Nous sommes des jongleurs (magiciens…), nous faisons des exploits avec un

ballon de baudruche sans le faire tomber pendant toute la durée de la

musique ».

•

Coder la façon de « faire danser le ballon »• (une main, deux, mains, un pied, un doigt)

• • Coder les exploits avec le corps• (taper mains, s’accroupir, tourner)

• • Pendant le spectacle,• je montre mes meilleurs exploits (expression, développement),• je sais s’ils sont réussis ou ratés (réflexion sur l’action),• je fais un signe à un spectateur et je salue• (communication)



L’enfant est capable de donner un sens différent à ses actions :

• Sauter : différence de sens entre un saut de gymnastique (risque) etun saut d’athlétisme (record)pas la même expression : pas le même engagement, ni le même effort,ni la même transformation souhaitée, ni la même communication auxautres, ni la même réflexion sur l’action.

•

Lancer : différence de sens entre un lancer de GRS (prendre un risque pourlancer /maîtriser le risque pris en rattrapant) et un lancer d’athlétisme(battre un record)

• Utiliser un espace aménagé : différence de sens entre un espace pour

faire l’acrobate (spectacle) et un espace pour jouer à l’alpiniste (prendredes chemins de plus en plus difficiles)



•

Le sens que l’élève donne aux pratiques physiques se construit,il n’est pas donné.

• La classe construit un langage commun à tous et toutes (verbal et

non verbal) et peut se fixer un projet à long terme : projet derencontre, de spectacle, de film, d’échanges, fête, etc.

• Un but du jeu à chaque séance : spectacle, film, défis,

match, compétition

• Emergence d’un projet d’apprentissage (que dois-je faire pourprogresser et réussir ? )



L’enfant est de plus en plus en appui sur les mains,

il se renverse progressivement.

Il construit des savoirs relatifs aux « équilibres renversés »,

roue… et se dote d’une plus grande liberté d’agir.



Se suspendre avec les pieds : poulet rôti – cochon pendu

Se suspendre aves les mains : faire le singe



Dans le cadre énoncé, la place et le rôle du langage

oral devient une évidence :

• Donner du sens à l’activité, s’engager• ( projet, règles communes de jeu, de sécurité, d’organisation, etc.)

• Critères de réussite : réussi/raté

• Se situer dans le groupe / langage commun

• Projet d’apprentissage : que faire pour réussir ?

• Condition :

Une situation d’apprentissage stable plusieurs séances

(but du jeu, contraintes, critères de réussite)



• La référence aux pratiques culturelles dès la maternelle permet

des apprentissages spécifiques et diversifiés qui enrichissent lespossibilités d’expression et de communication de chaque enfantet lui donne des pouvoirs nouveaux

• Pour progresser dans ces activités « authentiques », l’élève doitse poser un certain nombre de questions qui vont l’amener à oseragir, modifier son comportement, exprimer et maîtriser sesémotions, enrichir ses relations, réfléchir sur ses actions...

• Dans cette construction, la mise en relation action/langage estirremplaçable.

• l’enfant acquiert du pouvoir sur lui-même et sur le monde



En permettant à l’élève d’entrer dans la culture des activitésphysiques et sportives

En dotant chaque élève de pouvoirs d'agir « par corps », pouvoirsqui devront lui permettre d’être acteur, autonome dans seschoix.

Les élèves en difficulté n’ont pas de réelle liberté de choix (les gens qui se sentent « nuls » ne poussent jamais la porte d’un

club sportif ou d’une association)



•

En dotant les élèves d'un pouvoir de penser la complexité deschoses, de mettre en relation les différents éléments de sonactivité, à terme de porter un regard critique sur les faits

(en tant qu’acteur, spectateur, organisateur, consommateur, etc.)

• Derrière l’idée de dépassement de soi, qui se traduit par uneperformance scolaire, indissociablement, il y a la démarche, leprocessus qui a permis la production de cette performance

(les essais-erreurs, les efforts, la répétition, l’entraînement),l’un compte autant que l’autre.



•

En dotant les élèves de pouvoirs d'agir avec les autres, d'écouteret donner son avis, débattre, partager, coopérer et s'enrichir dela présence de l'autre, qui leur permettra plus tard de ne pasconcevoir autrui comme un concurrent mais comme uneressource pour agir.

• • Méfiance envers les discours sur l’individualisation à outrancequi déresponsabilise l’institution et culpabilise les familles et les

enseignants en les rendant responsables de l’échec.

• • Réhabiliter les savoirs collectifs, proposer des situations où lebesoin de l’autre est une condition pour réussir.



Si « l’école maternelle est l’école de tous les langages »,proposer ces contenus d’EPS, c’est une façon de « montrer,démontrer notre attachement à la qualité de l’école maternelle

française avec les moyens qui sont traditionnellement les nôtreset sans doute aussi d’autres moyens qui nous restent à inventer »

(Lucile Barberis – présentation du colloque national 2009)



• Documents IUFM Saint Lô – Claire Pontais

([email protected] )

• Contre pied n°3 : L’EPS interroge l’école primaire

• Contre pied n°11 : l’EPS à l’école maternelle

•

www.contrepied.net

• EPS : quelle culture pour mieux apprendre ? dans

« La maternelle. Première école. Premiers apprentissages »éditions Chronique sociale 2009 - Collectif sous la direction deChristine Passerieux (GFEN)

mailto:[email protected]

http://www.contrepied.net/

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