LANDAUER Gustav (1918) Un appel aux poètes

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UN APPEL AUX POÈTES 90 Vous, gens de poésie ! Avez-vous, comme moi, ressenti une fois déjà ce que je vais maintenant exprimer, que l'art poétique, qu'être poète est une chose vraiment eff rayante? Je tiens à m'expliquer. Une société est à la fois une réunion d'hommes et une foule assemblée. On parle, on tient conseil, on se consulte: de quelqu'un vient l'enthousiasme, il s'exprime avec ardeur, avec profondeur, des images en proviennent, il lutte, il organise, il agence ensemble les formes, comme les rythmes proviennent des convulsions et des crampes, comme lorsque le diaphragme se crispe, ou comme lorsque les glandes lacrymales doivent excréter de chaudes larmes, le discours danse comme les membres de son corps : c'est un plan, bien proportionné, une forme naturelle, alors que c'est déjà inquiétant. Ce n'est pourtant pas là encore l'effroi auquel je fais allusion : ainsi l'homme, l'homme en société, n'est aucunement une chose triviale, il connaît des élévations dans la démesure et des dislocations dans l'éloignement et les ténèbres. Ce n'est pas poétiser, c'est a utre chose, en tout cas c'est la vie. Ou bien, quelqu'un éprouve le sentiment d'un rêve, d'une extase, d'une sauvagerie puissante, ou encore il sent la délicate et douce tendresse de son âme, et il sent le monde lui appartenir en propre ; il appelle, ou il danse, ou il chante, ou encore il admire un visage et le dessine dans le langage: poétiser ce n'est pas non plus cela, c'est autre chose, en tout cas c'est la vie. Ce que je tente ici de décrire est dicere- dire - , parler dans la vie, vi vre plus avant dans les paroles, sans interruption de ce 71

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Un appel aux poètes, texte de Gustav LANDAUER (1871-1919). Landauer est un penseur isolé, d'inspiration anarchiste, toute son action politique consiste à appeler les travailleurs à sortir des partis et des syndicats, pour tenter de créer des communautés de travail et de lutte à l'écart du monde bourgeois.

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UN APPEL AUX POÈTES 90

Vous, gens de poésie ! Avez-vous, comme moi, ressenti une fois déjà ce que je vais maintenant exprimer, que l'art poétique, qu'être poète est une chose vraiment effrayante?

Je tiens à m'expliquer.

Une société est à la fois une réunion d'hommes et une foule assemblée. On parle, on tient conseil, on se consulte: de quelqu'un vient l'enthousiasme, il s'exprime avec ardeur, avec

profondeur, des images en proviennent, il lutte, il organise, il agence ensemble les formes, comme les rythmes proviennent des convulsions et des crampes, comme lorsque le diaphragme se crispe, ou comme lorsque les glandes lacrymales doivent excréter de chaudes larmes, le discours danse comme les membres de son corps : c'est un plan, bien proportionné, une forme naturelle, alors que c'est déjà inquiétant. Ce n'est pourtant pas là encore l'effroi auquel je fais allusion : ainsi l'homme, l'homme en société, n'est aucunement une chose triviale, il connaît des élévations dans la démesure et des dislocations dans l'éloignement et les ténèbres. Ce n'est pas là poétiser, c'est autre chose, en tout cas c'est la vie.

Ou bien, quelqu'un éprouve le sentiment d'un rêve, d'une extase, d'une sauvagerie puissante, ou encore il sent la délicate et douce tendresse de son âme, et il sent le monde lui appartenir en propre ; il appelle, ou il danse, ou il chante, ou encore il admire un visage et le dessine dans le langage: poétiser ce n'est pas non plus cela, c'est autre chose, en tout cas c'est la vie.

Ce que je tente ici de décrire est dicere- dire - , parler dans la vie, vivre plus avant dans les paroles, sans interruption de ce

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flux gue nous sommes, de cc flux gui va de conflits en heurts et de soutiens en effondrements.

L'art poétigue est - die/are - le vécu, comme cela arrive directement de cc gui est dit, résister et dicter, ti rer les paroles hors du cours de la vie : la cristallisation ; l'élévation à l'œuvre.

/ La poésie csr une éventualité de répétition, comme lorsguc guclgu'un, crispé de rage, la bave aux lèvres, sc transforme en comédien, en imitant de la bouche l'imprécateur et par cette contorsion de ses muscles en écumant encore ct encore, jusgu'à provoguer la stupeur de ceux gui l'approuvaient et gui devienncnr désormais son public: l'unigue victoire, où elle enveloppe et soumet, simultanément maîtrise ct saisie. Le poète devient comme un chanteur gui peut retrouver dans un rôle ce gu'il a un jour connu, comme l'acteur gui joue un rôle.

Toute art poétigue, là où il n'y a ni improvisation, ni surprise, ni survie vaille gue vaille, mais interruption, résistance, attention portée à une chose explicite, répétition à partir du souvenir, est comme un faux-semblant, la conscience et la fin visée sont emprisonnées dans le domaine du rêve, de la divagation et de la folie ; c'est effrayant, comme tout ce gui est humain, comme tout développement forcé ; séparée de l'introspection, de l'histoire, du reflet, toute rationalité est effrayante et porte en soi le germe d'un danger ct la possibilité d'une horrible dégénérescence.

Le divin, guand il n'est ni animalité ni vie naturelle, tel le chant de la grive ou l'efflorescence du magnolia, ni ce gui advient ct va comme la vie, mais gu'i l demeure et devient un but ordonné et raisonnable, le divin, guand l'homme en fait une forme, ou un travail, est la manière d'être, la possibilité déjà proche d'un mauvais usage effrayant, gui pousse l'homme, guand il fait de la vocation un métier, du métier un commerce, du commerce une prostitution, la débauche, non, plutôt l'apparence et le masgue vide de la débauche vénale.

!... Il n'y a pas p~ur un poète de plus grand danger dans la vie gue ce gw consmue son essence: le )CU. Aucune vocation n'est

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plus grande dans la vie du poète gue cciJe d'être par son origine : l'immaitrisable. le raptus.

( De biens des côtés, on veut désormais appeler le poète, gue l'on nomme l'homme d'esprit, tout simplement à la direction des affaires générales du peuple. Mais prenons garde et n'oublions pas une chose : la psychologie. i le peuple, ni le poète ne conçoivent le fait gu'ils puissent aUer de concert. Le poète n'est pourtant pas constamment poète et il pourrait être bon et naturel gu'iJ se perçoive aussi comme une unité au sein de la multitude, comme un homme au sein de l'humanité, gu'il en vienne à animer le débat au sein de sa commune et de son peuple/Quand il s'obstine, lui et ses semblables, ils deviennent comme une nouvelle écume, comme la noblesse d'un sénat gui siège au-dessus des délégués de la lie et du peuple, jusgu'à ce gue cette maison noble gagne, rapidement et pour pas grand chose, le nom de maison de fou.

Le poète n'est pas constamment poète : le travail créateur le crée. Après cela, il a un grand besoin de calme et de repos. Le balancier, gui depuis longtemps faisait tendre l'art dans le sens de la résistance artistigue la plus extrême, se dirige désormais vers le conformisme le plus plat, oui, jusgu'à nouveau dans la niaiserie.

Une telle outrance de régression ct d'affaiblissement n'aurait pourtant nuiJement besoin d'être. Elle provogue en outre une exagération et bientôt une vision du monde méprisable et une sensiblerie dans l'œuvre du poète ; eUe induit une délicatesse excessive, gui apparaît plus comme une impuissance gue comme une force. Cela ne rend pas nécessaire l'union du poète ct du peuple, cela ne rend pas non plus indispensable le poète ; gue le poète ne s'imagine pas gu'en lui l'esprit du peuple se hausse à la dignité de soutien et de sauveur ; car ils doivent plutôt se soutenir l'un l'autre. Ce qui doit advenir au sein du peuple, le poète en a aussi besoin pour lui-même : il a besoin d'une ambiance digne, de respirer l'air de la liberté, gue le peuple se gouverne lui-même et gue son organisation se saisisse

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de lui ; il esr poussé à coopérer par sa propre détresse ; chacun est appelé à créer routes les conditions er toutes les facilités extérieures dont il a besoin. Aussi le poète est-il jeté dans la contradiction de l'interaction ou de la circularité qui rend route réorganisation si difficile, si tragique, si nécessairement coupable et si semblable à l' ivresse : là, les rédempteurs sont là, il n'y a pas d'un côté la dépravation er de l'autre le rédempteur ; là se tiennent les dépravés par la dépravatio n, ct le poète est l'un de ceux qui cherchent passionnément la pureté au travers de la connaissance la plus profonde ct de l'imagination créatrice, en vue de se sauver ct de sc tro uver eux-mêmes. C'est uniquement ainsi que le peuple et le poète peuvent s'aider mutuellement et sc sauver, ct que le poète du peuple devient le peuple poète. Cela est possible, c'est l'exigence du poète er c'est ce qui lui csr dicté, quand, à partir des créations de son imagination, il se tourne vers ses prochains, avec l'existence ct la communauté desquels il était déjà intimement lié, dans la solitude ct par l'étrangeté de son image, seulement sous une forme transposée, er que désormais il va vers le monde du travail, vers le travail en vue des choses publiques. Quand il extrait une oeuvre du travail de l'imagination, il peut insuffler une force créatrice à la réalité de la vie pubüquc.

Dira-t-on : C'est trop demander au poète ? Ou bien, pensera-t-o n : Si le poète, alors même qu'il a besoin de repos, exerce un travail pour lequel il n'est pas fait, po urra-t-il en sortir rien de valable ?

Le poète qui grandir dans un monde sain ct plein de vie, n'a absolument pas besoin de repos, sous J'espèce de cc que l'on appelle le calme. Il a certes besoin de repos, n'ayons pas peur des mors, et nous voulons infiniment mieux délasser son esprit exténué : se détendre s'appellera à nouveau se détendre. lei seulement, cc qu'il y a d'effrayant dans le métier du poète va trouver sa compensation, dans sa poésie comme jeu ultime pour vivre, dans la vie elle-même, dans la vie de l'universaüté. Le délassement du poète s'appelle travail.

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Nous disons le calme et nous pensons à quelque chose comme le néant. Rien ne vient de rien, en aucun cas l'inaction du poète n'est un néant. Même le tourment n'appelle pas le néant, mais plutôt la joie ; le suicidaire choisir fermement la mort libre, non pas comme instrument du néant, mais, à la suite une dépression profonde, comme aspiration à une plus haute expression spirituelle de la vie ; quant à l'homme créateur, quand il sort de ses heures créatrices, dans quel tourment suicidaire, dans quel enfermement, dans quel isolement complet il est, pourtant il ne désire pas le néant, mais plutôt un supplément d'accomplissement. Quand j'ai trop vu de rouge «je» désire fermer les yeux; mais l'œil ne cesse d'agir: il produit du vert. «Je» désire trouver le néant dans le sommeil, mais j'y trouve seulement le réveil de l'oubli, sous lequel se cachait l'activité paradoxale de ma vic inconsciente ; j'étais fatigué ; cc qui a été rêvé là fut livré à l'activité la plus éveillée.

Le travailleur- là où il se passe des choses justes- se tourne vers l'exercice monotone mais utile des ses muscles, sous la forme d'un exercice ludique sans but, cela sans relâche jusqu'au sommeil, il se rourne vers le sport, qui lui procure un surcroît de fatigue. L'intellectuel se tourne, pour se délasser, vers le travail le plus éminent, c'est-à-dire vers l'exhaussement de la totalité, vers le jeu du poète. Le poète, dont le jeu est le plus singulier et le métier le plus risqué, sort de son cachot et rejoint, pour se détendre, la réalité, le monde des fins, la communauté.

Mais plus un poète est poète, plus il est un joueur, un capricieux, un impulsif, et plus il en est le revers nécessaire : le vide, l'inculture, l'attente obligée sont sa part, et il se garde d'autant moins de la vanité gue lui, le poète, vient aux masses en tant que chef. En vérité, il a tellement besoin, quant il s'expose à la vic, d'être presque sans arrê ts dans l'état de nature ct d'étude, qu'il se tient face au monde comme un prédateur affamé à l'affût :il guette ce qu'il va dévorer ; le monde doit être pour lui nourri ture er stimulatio n, po ur que les sucs assimilés s'agitent de nouveau. À partir de là, du fait de sa position

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exceptionnelle ct d'une théorie sèchement dogmatique, l'orgueil ct la vanité s'emparent de lui, il demeure désormais, une fois pour toute, l'homme de l'esprit, et cela devient à tel point une évidence et son besoin, qu'aucun non-sens insolent et mesquin ne semble pouvoir s'exprimer dans ce qui sc livre ici du poète de manière fatiguée, irritée et plaintive.

/! S'il vient comme celw qu'il est, un guetteur et un chercheur, comme cclw qw ne sait absolument rien ct dont n'est connue que la forge souterraine à mystères, comme celw qw appelle l'impulsion, la délibération et la compréhension, mais aussi comme celw qui appréhende si rapidement qu'il semble abstraire par magnétisme du noyau intime, s'il écoute ainsi, s'il s'informe ainsi, s'il se rient prêt ainsi, alors il se pourrait que brusquement son heure de gloire advienne ; qu'il devienne la simplicité en tant qu'homme privé, l'égal parmi les égaux, ou encore entièrement l'élève ct le désespéré, dont un océan de nuages recouvre et dissimule le manque, maintenant qu'il se dresse et demeure comme poète et comme prophète au sein de son peuple, comme créateur à son origine : cela signifierait que l'enthousiasme s'est emparé de lw, ou bien que la terrible satire rend sa justice et que de ses lèvres s'échappe la parole de l'engagement.

Le sien : l'objet de l'homme d'imagination est l'accord et l'élévation, et c'est aussi l'opposition et la contradiction.

Alors qu'au dehors, par tout le pays, les châteaux brûlaient, alors que le danger était que l'on déchire, en les foulant aux pieds, leurs vieux privilèges reconnus, les nobles français furent saisis, dans la nuit du 4 août, par l'enthousiasme, ils prirent conscience de l' inévitable, de cc qui en fait était déjà dépassé, et au cours d'une insurrection politique ils s'élevèrent contre ce qu'ils ne pouvaient plus conserver et le renversèrent. Aujourd'hui, le 18 octobre 1918*, je sais et beaucoup savent

· Ce jour même où le Reichstag devait se réunir, pour prendre publiquement une résolution et où il l'a ajourné pour un temps indéfini- sur la base d'une résolution secrète (N. D. A.).

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avec moi gue le peuple allemand à l'heure de la négation ne manquera pas de cet entrain et, selon une suite de métonymies, de volonté insurrectionnelle, de grandeur, de générosité, de mots inédits et inmùs, de refoulement des honteux regrets et d'une impérieuse et intrépide résolution, pour jeter l'opprobre sur la gloire, le poids de la faute sur l'ambition et pour bannir le concert des nations grâce à une volonté singulière. Pour le moment, nous ne devons pas, chez nous, attendre de la part des anonymes une telle spontanéité et une telle subversion de la totalité de l'esprit absolu ; le poète, l'isolé, le juste, peuvent les porter en eux et les répandre sur les autres, ils peuvent, en toute discrétion, réveiller la volonté humaine.

Quand aujourd'hui un esprit cloué au sol

En même temps, un chanteur et un héros91 ? .. .

Seul le lecteur de ces mots, que je couche par écrit le 18 octobre, saura si un tel esprit d'allégresse s'est présenté à l'heure fatidique, aujourd'hui ou demain, et s'il a pu seulement être entendu par son peuple et par l'humanité : je ne crois certes pas gue cela puisse être au Reichstag.

Lorsque le poète, l'homme de l' intuition véhémente, de l'association ct de l'analogie fulgurante, est dans la vie publique, cela veut habituellement dire dans le territoire des philistins et des esprits naturellement imitatifs. Leur sérieux l'incite à rire - au contact de leur enthousiaste gaieté il devient totalement calme et triste, et ille demeure quand ils deviennent poétiques, car ils lui rappellent la grossièreté puérile de la réalité. Même au cours de la nuit du 4 août- Mirabeau n'était pas là-, je pourrais me représenter un homme d'une grande puissance poétique, gui, au sein de ce généreux tumulte, aurait simplement affirmé un renoncement tranchant, ils durent pourtant promettre beaucoup moins, mais de manière aussi déterminée qu'ils le

purenyLe poète est le maître du chœur, il s'affirme contre le plus grand nombre- tout comme, dans la neuvième, le soliste

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ténor, s'échappant avec une intraitable vivacité de la masse du chœur, qui appelle avec uniformité, chante à sa propre manière.

/ Il est l'éternel rebelle. À l'époque de la révolution, il devient le précurseur, à un tel point qu'il est le premier à insister derechef sur la préservation de la conquête nouvelle, comme sur ce qui demeure éternel. Pourtant, là où adviennent l'immobilisme et la décomposition, là où la souplesse se grippe et là où la bêtise, l'injustice et l'indifférence ont à nouveau libre cours, il est là, lui qui toujours commande à l'objet de la vie, comme si son origine authentique le vouait à l'objet de l'universel,

lui le libérateur. Philistins et systématiques de pacotille, du haut des songes creux du socialisme patenté, imaginent une méthode pour purger définitivement les institutions établies de l'injustice ct du malheur - ici, il est permis de parler de

'-' «bureaucrates-démocrates ». Mais en vérité, nous avons toujours besoin du renouvellement du souvenir, nous avons besoin de la disposition à l'ébranlement, nous avons besoin du grand appel à la seisaktheia lancé par route la terre, nous avons besoin de la trompe de Moïse, J'homme de Dieu, qui régulièrement annonce l'année du jubilé, nous avons besoin du printemps, de la folie, de l'ivresse et du délire, nous avons besoin - encore, encore et encore - de la révolution, nous avons besoin du poète.

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NOTES

f'àce à fa guerre 1 «Marokko», in Der Sozialist, (15-07-1911). Réédition:

Rechmschaft, F.]. Marcan-Verlag, Koln, 1924, pp. 24-28. 2 « Die Abschaffung des Krieges durch die Selbstbestimmung

des Volkes », in Der Soziafist, (01-10-191 2). Réédition: Erkenntnis und Bejreùmg, A11sgm;àhfte Reden 11nd Aufsàïze, Frankfurt a. Main, Suhrkamp, 1976, pp. 53-71.

3 Stefan George (1868-1933), passeur des symbolistes français er poète d'un esthétisme dépouillé jusqu'à la froideur, avait créé un petit cénacle d'initiés, censés cultiver les vertus de la pure beauté et constimer l'éli te d'un o rdre nouveau, créateur de valeurs nouvelles. George a réussi à imposer une vision du poète comme prêtre, qu'il a ensuite projeté sur la poésie er la personnalité de Holderlin, Hellingrath er bien d'autres après lui (en particulier, Martin Heidegger) lui ont emboîté le pas.

4 Cf Goethe,« Sans-culottisme littéraire», Œuvres, vol. 10, Paris 1863, p. 452, trad. Jacques Porchat.

5 Lettre à Adolf Newnann, du 25 novembre 1918, in G11slav 1 AJ/(Iauer, sein I..ebensgang in Briefen, Frankfurt a. Main, 1929, vol. 2, p. 315.

6 Lettre à Georg Springer du 13 décembre 1918, op. cil., vol. 2, p. 338. 7 Cf « Die vereinigren Republiken Deurschlands und ihre

Verfassung », in Das Fltif,blatt, (25-11-1918). Réédition : Erk.enntnis und Beji·eùmg, pp. 79-87.

~ L'expression «démocratie des conseils» fîgure textuellement dans la correspondance de Landauer. Sur ce point,voir la lettre programmatique à Hans Cornélius, du 20 mars 1919, in G11star; 1 Attdauer, sein Lebensgang in Briejen, vol. 2, pp. 402-404.

9 « Goethes Politik. Eine Ankündigung » (1918), in Der 111erdende Mensch. Aufsèitze iiber Leben und Schrif.jium, Berlin, 1921, pp. 118-154

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