L’ancien Observatoire astronomique de Beijinggps-rs.scg.ulaval.ca/pdf/Geomatique_41(3)_2.pdf ·...

3
Les pages qui suivent contiennent un histo- rique de l’Observatoire, une description des ins- truments (tous fabriqués en bronze) que l’on trouve encore sur son toit et une présentation des autres artefacts en exposition dans les jar- dins et la cour intérieure de l’Observatoire. L’ancien Observatoire de Beijing (39° 54’ 23” N, 116° 25’ 43” E, H : 64 m), construit en 1442, est situé à 3 km à l’est de la Cité interdite. Il est l’un des plus anciens observatoires astro- nomiques du monde et celui qui a été le plus longtemps utilisé, pendant presque 500 ans, soit jusqu’en 1929. Ce monument historique est devenu un musée à ciel ouvert, accessible au public depuis 1983 (Figure 1). Les figures 2 et 3 illustrent l’Observatoire en 1737 et son aménagement actuel. L’ancien Observatoire astronomique de Beijing L’astronomie, la navigation et le positionnement astronomique comptent parmi les plus anciennes sciences de l’humanité. Les concepts théoriques qui y ont alors été développés sont toujours utilisés de nos jours en géodésie et pour le positionnement par satellite GNSS, comme pour les échelles de temps et les coordonnées célestes. La Chine est héritière d’une longue tradition en astronomie. Un bel exemple concret et toujours en place de cet héritage est l’ancien Observatoire astronomique de Beijing. « La Chine est héritière d’une longue tradition en astronomie. Un bel exemple concret et toujours en place de cet héritage est l’ancien Observatoire astronomique de Beijing. 40 HISTOIRE » Rock Santerre, a.-g., ing., Ph. D. Rock Santerre est professeur de géo- désie et de GPS au Département des sciences géomatiques et membre du Centre de recherche en géomatique (CRG) de l’Université Laval. Courriel : [email protected] Figure 1 : Plaque commémorative à l’entrée de l’Observatoire (traduction) : Bien du patrimoine cultu- rel national; Ancien Observatoire astronomique; Conseil d’État de la République populaire de Chine; Déclaré le 23 février 1982 ; Administration des sites historiques de Beijing, juillet 1982 Figure 2 : Gravure de l’ancien Observatoire de Beijing (Pékin). Extrait de l’Atlas général de la Chine, de la Tartarie chinoise, et du Tibet : pour servir aux différentes descriptions et histoires de cet empire réalisé par M. d’Anville, premier géographe du roi en 1737 (Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Beijing_Ancient_Observatory)

Transcript of L’ancien Observatoire astronomique de Beijinggps-rs.scg.ulaval.ca/pdf/Geomatique_41(3)_2.pdf ·...

Les pages qui suivent contiennent un histo-rique de l’Observatoire, une description des ins-truments (tous fabriqués en bronze) que l’ontrouve encore sur son toit et une présentationdes autres artefacts en exposition dans les jar-dins et la cour intérieure de l’Observatoire.

L’ancien Observatoire de Beijing (39° 54’23” N, 116° 25’ 43” E, H: 64 m), construit en1442, est situé à 3 km à l’est de la Cité interdite.Il est l’un des plus anciens observatoires astro-nomiques du monde et celui qui a été le pluslongtemps utilisé, pendant presque 500 ans,soit jusqu’en 1929. Ce monument historique estdevenu un musée à ciel ouvert, accessible aupublic depuis 1983 (Figure 1).

Les figures 2 et 3 illustrent l’Observatoire en1737 et son aménagement actuel.

L’ancien Observatoireastronomique de Beijing

L’astronomie, la navigation et le positionnement astronomique comptent parmiles plus anciennes sciences de l’humanité. Les concepts théoriques qui y ontalors été développés sont toujours utilisés de nos jours en géodésie et pour lepositionnement par satellite GNSS, comme pour les échelles de temps et lescoordonnées célestes. La Chine est héritière d’une longue tradition enastronomie. Un bel exemple concret et toujours en place de cet héritage estl’ancien Observatoire astronomique de Beijing.

«La Chine est héritièred’une longue traditionen astronomie. Un belexemple concret ettoujours en place de cethéritage est l’ancienObservatoireastronomique deBeijing.

40

HISTOIRE

»

Rock Santerre, a.-g., ing., Ph. D.

Rock Santerre est professeur de géo-désie et de GPS au Département dessciences géomatiques et membre duCentre de recherche en géomatique(CRG) de l’Université Laval.Courriel : [email protected]

Figure 1: Plaque commémorative à l’entrée del’Observatoire (traduction): Bien du patrimoine cultu-rel national; Ancien Observatoire astronomique;Conseil d’État de la République populaire de Chine;Déclaré le 23 février 1982; Administration des siteshistoriques de Beijing, juillet 1982

Figure 2: Gravure de l’ancien Observatoire de Beijing (Pékin). Extrait de l’Atlas général de la Chine, de la Tartariechinoise, et du Tibet : pour servir aux différentes descriptions et histoires de cet empire réalisé par M. d’Anville,premier géographe du roi en 1737 (Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Beijing_Ancient_Observatory)

41

La plateforme d’observation a unesuperficie d’environ 500 m2 et les murssont d’une hauteur de 14 m. On accède àla plateforme par un escalier extérieur(Figure 4) de 99 marches, les nombres 9,99 et 999 ayant une signification particu-lière en Chine.

Figure 4: Escalier extérieur de l’Observatoire

Les descriptions suivantes des instru-ments sont une traduction des fichesécrites en anglais (et en mandarin) quiaccompagnent les instruments situés surle toit de l’Observatoire. Les instrumentssont présentés au Tableau 1 dans l’ordreindiqué sur le plan ci-dessus (Figure 3).

GÉOMATIQUE - Volume 41 - Numéro 3 - Automne 2014

4

Figure 3: Aménagement actuel de l’Observatoire,de ses jardins et de sa cour intérieure (Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Beijing_Ancient_Observatory)

Tableau 1: Description des instruments situés sur le toit de l’Observatoire

1 2 3 4

5 6 7 8

1) Nouvelle sphère armillaire équatoriale, construite en 1744, servant à la détermination du tempssolaire vrai, de la différence d’ascension droite et de la déclinaison des corps célestes. Elle pèse5145 kg et fait 3,4 mètres de hauteur.

2) Quadrant, construit en 1673, servant à la mesure des altitudes (angles d’élévation) ou des dis-tances zénithales des corps célestes. Il pèse 2480 kg et fait 3,6 mètres de hauteur.

3) Globe céleste, construit en 1673, servant à la détermination du temps et de l’azimut des levers etdes couchers des corps célestes ainsi que de l’altitude et de l’azimut de ceux-ci pour un tempsdonné. Il pèse 3850 kg et fait 2,7 mètres de hauteur.

4) Sphère armillaire écliptique (ou zodiacale), fabriquée en 1673, servant à la détermination de ladifférence de longitude écliptique et de la latitude des corps célestes ainsi que des 24 termessolaires. Elle pèse 2750 kg et fait 3,5 mètres de hauteur.

5) Altazimut, construit en 1673, servant à la détermination de l’azimut des corps célestes. Il pèse7370 kg et fait 4,1 mètres de hauteur.

6) Théodolite, construit en 1715, servant à la mesure de l’azimut et de l’altitude des corps célestes.Il pèse 1810 kg et fait 3,2 mètres de hauteur.

7) Sextant astronomique, construit en 1673, servant à la mesure de la distance angulaire entre deuxcorps célestes et du diamètre angulaire du Soleil et de la Lune. Il pèse 800 kg et fait 3,3 mètres dehauteur.

8) Sphère armillaire équatoriale, construite en 1673, servant à la détermination du temps solairevrai, de la différence d’ascension droite et de la déclinaison des corps célestes. Elle pèse 2720 kg etfait 3,4 mètres de hauteur.

Mentionnons que le nom de l’instrumentappelé altazimut provient de la contrac-tion des mots « altitude » et « azimut ».Les 24 termes solaires, dont il est questiondans la description de la sphère armillaireécliptique, permettaient de prédire lechangement des saisons (calculé à partirde l’ascension droite du Soleil) et ser-vaient aussi à établir le calendrier chinois.Le calendrier chinois a été utilisé jusqu’en

1912, lorsque le calendrier grégorien(occidental) y a été adopté. Cependant, lecalendrier chinois est toujours utilisé pourmarquer les dates des grandes fêtes chi-noises, par exemple le Nouvel An chinois(Fête du printemps), la Fête des bateaux-dragons (soulignant le début de l’été), lejour de Qixi (équivalent de la Saint-Valentin).

42

HISTOIRE

Dans les jardins et dans la cour intérieure de l’ancienObservatoire, on peut découvrir des expositions sur l’histoire del’astronomie en Chine, des descriptions sur les méthodes defabrication et sur l’utilisation de divers instruments astrono-miques et des exemples d’autres instruments anciens tels quedes horloges à eau (clepsydres) et des cadrans solaires. On y trou-ve également les bustes de plusieurs grands astronomes chinois,entre autres ceux de Guo Shoujing, Yi Xing et Zu Chongzhi.

Aujourd’hui encore, la Chine est toujours aussi active dans lesdomaines de l’astronomie et de la navigation. Un nouvel obser-vatoire astronomique à Beijing (Figure 7), situé tout près du Parcolympique et à environ 11 km au nord de l’ancienne Cité interdi-te, a pris la relève de l’ancien Observatoire. Cet observatoire faitpartie du réseau NAOC (National Astronomical Observatories ofChina) sous l’égide de l’Académie des sciences de Chine. La Chineprévoit aussi lancer son propre télescope spatial dans les pro-chaines années. De plus, le système de positionnement par satel-lite chinois BeiDou (qui signifie la Grande Ourse) sera complétéen 2020 (et peut-être même d’ici 2017).

Remerciements

L’auteur aimerait remercier ses collègues de la Central SouthUniversity de Changsha pour leur aide dans la traduction dumandarin vers l’anglais, nommément Dr Dongfang Lin et DrChangsheng Cai, ainsi que M. Wei Peng pour certaines desphotographies accompagnant cet article. Merci également auDr Jianjun Zhu de la Central South University de Changsha etau Dr Junhuan Peng de la China University of Geosciences deBeijing pour avoir défrayé ses frais de séjour à Beijing.

Références et lectures complémentaires

Guo, H. and Wu, J. [Editors] (2010). Space science & technology inChina: A roadmap to 2050, Springer book. 99 p.

Harvey, B. (2013). China in Space – The Great Leap Frog. Springer-Praxis books in space exploration. 399 p.

Lefort, J. (1998). La saga des calendriers, Éditions Pour la Science.192 p.

Nitschelm, C. (2000). L’Astronomie de la Préhistoire à nos jours.Éditions Burillier. 255 p.

http://www.chinamuseums.com/beijing_Ancient.htm

http://www.chinatoday.com/culture/ancient_beijing_observa-tory.htm

http://en.wikipedia.org/wiki/Beijing_Ancient_Observatory

http://www.chinahighlights.com/beijing/attraction/beijing-ancient-observatory.htm3

Figure 6: Buste de l’as-tronome Zu Chongzhidans la cour intérieurede l’Observatoire

FORMATION | | |

NORDEXPE.COM 1.418.825.1772

FORMATIONÉVENTIONPR | PILOTAGE

FORMATIONPILOTAGE | ITÉSÉCUR | MOTONEIGE

FORMATIONMOTONEIGE

NORDEX

25.1772

DEXPE.COM 1.418.825.1772

Figure 5: Cadran solaire dans les jardins del’Observatoire

Figure 7: Nouvel Observatoire astronomique de Beijing

GÉOMATIQUE - Volume 41 - Numéro 3 - Automne 2014