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Page 1 sur 50 LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. PLAN. Introduction. 1. Définition. 2. L’évolution des systèmes de comptabilité nationale. 3. Le changement de base des comptes nationaux en 2014 : le passage à la base 2010. 4. Les fonctions de la comptabilité nationale. 5. Les extensions de la comptabilité nationale : comptabilité patrimoniale, comptabilité régionale et comptes satellites. I. Les secteurs institutionnels. 1. Les critères de définition 2. Présentation de la classification II. Le circuit économique III. Les grandes catégories d’opérations 1. Les opérations sur biens et services et l’équilibre emplois-ressources 1.1. La production : définition et évaluation 1.2. De la production à la valeur ajoutée 1.3 La consommation finale 1.4. L’épargne 1.5. L’investissement 1.6. Les commerce extérieur 1.7. L’équilibre emploi-ressources 2. Les opérations de répartition 2.1. Définition 2.2. Les différentes opérations de répartition 3. Les opérations financières 3.1. Définition 3.2. Capacités et besoins de financement IV. L’équilibre des comptes des secteurs institutionnels et le tableau économique d’ensemble (T.E.E). 1. La séquence des comptes des secteurs institutionnels 1.1. Les principes 1.2. La séquence des comptes et leur solde 1.3. Valeur ajoutée, PIB et revenu national 1.4. Le revenu disponible des ménages 1.5. Le profit des entreprises et le financement de l’investissement 2. Le tableau économique d’ensemble (TEE) 2.1. Définition 2.2. Présentation V. L’équilibre des branches et le tableau entrées-sorties (TES) 1. Définitions 1.1. Une synthèse des opérations sur biens et services

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L’analyse de l’activité économique et

la comptabilité nationale.

PLAN.

Introduction. 1. Définition.

2. L’évolution des systèmes de comptabilité nationale.

3. Le changement de base des comptes nationaux en 2014 : le passage à la base 2010.

4. Les fonctions de la comptabilité nationale. 5. Les extensions de la comptabilité nationale : comptabilité patrimoniale, comptabilité régionale et comptes

satellites.

I. Les secteurs institutionnels.

1. Les critères de définition

2. Présentation de la classification

II. Le circuit économique

III. Les grandes catégories d’opérations 1. Les opérations sur biens et services et l’équilibre emplois-ressources

1.1. La production : définition et évaluation

1.2. De la production à la valeur ajoutée 1.3 La consommation finale

1.4. L’épargne

1.5. L’investissement

1.6. Les commerce extérieur 1.7. L’équilibre emploi-ressources

2. Les opérations de répartition

2.1. Définition 2.2. Les différentes opérations de répartition

3. Les opérations financières

3.1. Définition

3.2. Capacités et besoins de financement

IV. L’équilibre des comptes des secteurs institutionnels et le tableau économique

d’ensemble (T.E.E).

1. La séquence des comptes des secteurs institutionnels 1.1. Les principes

1.2. La séquence des comptes et leur solde

1.3. Valeur ajoutée, PIB et revenu national

1.4. Le revenu disponible des ménages 1.5. Le profit des entreprises et le financement de l’investissement

2. Le tableau économique d’ensemble (TEE)

2.1. Définition 2.2. Présentation

V. L’équilibre des branches et le tableau entrées-sorties (TES) 1. Définitions

1.1. Une synthèse des opérations sur biens et services

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1.2. Une analyse des branches d’activité

1.3. Un instrument d’analyse et de prévision2. Les utilisations du TEI

2.2. L’exemple des effets sectoriels et économiques d’un choc pétrolier.

2.1. Les coefficients techniques 2.2. L’exemple des effets sectoriels et économiques d’un choc pétrolier

V.I. De l’équilibre comptable à l’équilibre économique 1. L’équilibre des comptes nationaux

2. Les déséquilibres économiques

3. Les grands problèmes de l’équilibre macroéconomique.

* * *

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Introduction.

1. Définition. La comptabilité nationale est une technique statistique qui vise à donner une représentation simplifiée et quantifiée de l’activité économique de la nation. Cette dernière est le résultat d’une multitude de décisions

individuelles – microéconomiques – prises par les agents, qu’il s’agit d’agréger afin de synthétiser en un

indicateur global, macroéconomique.

La comptabilité nationale s’attache à

1) définir les différentes catégories d’agents qui interviennent dans les relations économiques (les

secteurs institutionnels) ;

2) préciser la nature de leurs relations (en distinguant des opérations sur biens et services, des

opérations de revenus et des opérations financières) ;

3) dans un cadre géographique (la nation, métropole et D.O.M) et temporel donnés (une année).

Elle élabore ainsi un circuit économique c’est-à-dire une représentation schématique du fonctionnement de

l’économie nationale.

Un exemple de circuit économique.

2. L’évolution des systèmes de comptabilité nationale.

Si l’on veut établir une généalogie des systèmes de C.N c’est-à-dire une histoire des tentatives de représentation

et de quantification de l’activité économique à l’échelle d’une nation (ou d’un ensemble géopolitique de même nature), on peut distinguer trois grandes périodes.

1) la période des précurseurs et des fondateurs.

-Les mercantilistes des 16e et 17

e siècles apparaissent comme les précurseurs de cette approche. Ils abordent les

problèmes économiques de façon pragmatique et s’interrogent sur les moyens qu’il serait efficace d’employer pour accroître la puissance du royaume. Ils fondent ainsi l’économie politique. Avant eux l’économie n’était pas

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encore définie au sens moderne, mais renvoyait comme son étymologie l’indique à une science de

l’organisation de la maison ou du domaine. Les mercantilistes défendent (contre Machiavel) la thèse selon

laquelle la puissance de l’Etat s’accroît lorsqu’il favorise l’enrichissement des citoyens. La puissance politique,

la puissance commerciale et la prospérité des citoyens vont de pair (Antoine de Montchrestien 1576-1621). -Les physiocrates, contrairement aux mercantilistes, constituent une école de pensée extrêmement structurée

dont l’activité sera limitée dans le temps (2e moitié du 18

e s) et dans l’espace puisque seule la France sera

concernée. Le principal apport des physiocrates à l’analyse économique réside dans la représentation du circuit économique que François de Quesnay propose dans le célèbre Tableau économique en 1758 (seconde version

du Tableau publiée en 1766). Il s’agit de la première élaboration d’un cadre formel d’analyse des relations

économiques telles qu’elles se développent au niveau de l’économie globale. C’est le lointain ancêtre des

systèmes de comptabilité nationale qui seront mis en place dans tous les pays à partir du milieu du 20e siècle.

Cette période des précurseurs et des fondateurs coïncide historiquement avec la mise en place progressive de

l’Etat moderne et ses deux attributs fondamentaux : le monopole de la violence légitime d’une part (conquis par la monarchie absolue), le monopole du prélèvement fiscal d’autre part (imposé par son administration).

2) L’effacement de la comptabilité nationale.

-Durant le 19e siècle, la CN va être victime d’un désintérêt généralisé que l’on peut expliquer par le

développement et l’influence considérable du libéralisme économique.

Chez les classiques, la loi des débouchés de Say ou la « main invisible » de Smith témoignent de l’idée que le

marché est autorégulé et son fonctionnement généralement harmonieux.

Chez les néoclassiques, la perspective microéconomique orientée vers la définition de situations d’équilibre correspondant à des optimums économiques rend elle aussi superflue l’approche en termes de comptabilité

nationale.

3) Le 20e siècle connaît un regain d’intérêt pour les systèmes de comptabilité nationale qui se

généralisent dans l’ensemble des économies nationales. -Des conditions historiques générales – bouleversements économiques et sociaux, révolutions politiques,

évolution des idées – ont suscité et accéléré la mise en place de systèmes de C.N.

-L’intervention croissante des Etats dans la vie économique, notamment à partir de la crise de 1929, a rendu nécessaire l’instauration d’un système de collecte de l’information et de représentation des relations

économiques sous forme de circuit.

-La révolution communiste en Russie en 1917 a conduit à la mise en place d’une nouvelle forme d’organisation

économique dans laquelle l’Etat contrôle la vie économique dans ses moindres détails. -La révolution keynésienne dans les années 1930 qui constitue le point d’aboutissement de toute une série de

recherches engagées dans les années antérieures, consacre la pertinence de l’analyse macroéconomique pour

traiter les grands dysfonctionnements économiques tels que le chômage. -Après la seconde guerre mondiale, sous l’égide de l’O.N.U, les systèmes nationaux de C.N vont entrer dans un

processus d’harmonisation puis d’uniformisation qui aboutira à l’élaboration d’un l système international

unique de présentation des comptes nationaux.

[Aujourd’hui est utilisé le SEC 95, système européen de comptabilité nationale entré en application en 1999 afin de permettre une comparaison des données européennes ; le « 95 » renvoie au changement de base, l’année

1995 étant celle à partir de laquelle les évolutions sont mesurées].

André VANOLI, Une histoire de la comptabilité nationale (2002). (Source : Marc Pénin, Encyclopédie Universalis).

Entré en 1957 au Service des études économiques et financières (S.E.E.F.), créé au sein de la division du Trésor autour de Claude Gruson et qui va publier les premiers comptes français, il passe ensuite à l'I.N.S.E.E. qui, à partir de 1962, est chargé de l'élaboration des comptes, et en dirigera la division de la synthèse des systèmes statistiques. Il participe aussi très activement au mouvement international d'harmonisation des comptabilités nationales, depuis les premiers efforts européens des années 1960 jusqu'à la dernière grande révision des systèmes internationaux, qui s'achève en 1993, et dans laquelle il a joué, semble-t-il, un rôle de leader intellectuel. Président, de 1977 à 1979, de l'International Association for Research in Income and Wealth et, depuis sa création en 1983, de l'Association [française] de comptabilité nationale, il a également participé à la mise en oeuvre des comptes nationaux de divers pays.

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Il est donc un observateur particulièrement participant (« J'ai été, je reste, un acteur du domaine, de surcroît un des plus combatifs ») qui nous livre bien, comme l'indique le titre, une histoire de la comptabilité nationale. Son implication dans cette histoire nous permet d'ailleurs de bénéficier de riches aperçus sur le processus complexe de prise de décision dans les organisations internationales. Les parties I, II, III et V de l'ouvrage (« Naissance », « Systèmes et harmonisation internationale », « Synthèse statistique » et « Utilisations et statut de la comptabilité nationale ») constitueront pour longtemps un ensemble de référence. La comptabilité nationale française y est certes particulièrement bien traitée, mais c'est un juste hommage rendu à son originalité passée, à son caractère souvent précurseur et à l'influence qu'elle a eu finalement sur les systèmes internationaux actuels (S.C.N. 93/S.E.C. 95) qui ont, selon l'auteur, « atteint probablement un palier ». Les caractéristiques de ces derniers sont décrites avec une clarté qui fait aussi de cet ouvrage un manuel. Souvent négligé, le rôle d'encadrement, de synthèse et d'orientation du système statistique que joue la comptabilité nationale est bien mis en valeur : c'est d'ailleurs un des éléments qui fait que cette discipline, développée après la guerre dans une perspective de régulation macroéconomique nettement étatiste et interventionniste, a réussi à conserver sa place dans un monde devenu bien plus libéral. Comme le montre l'auteur, sa chance est aussi d'avoir rencontré une forte demande de statistiques et de comptes nationaux, aux fins de régulation internationale, de la part d'organismes comme le F.M.I. et, surtout, de l'Union européenne (critères de Maastricht, etc.) et son mérite est d'avoir su répondre à de nouvelles demandes (comptes trimestriels, comptes financiers et de patrimoine, comptes satellites, etc.). La quatrième partie (« Concepts et théorie économique ») est la plus importante et aussi la plus problématique. Pendant longtemps, elle aurait été inimaginable dans un ouvrage – français – de comptabilité nationale : si les débats théoriques sur les agrégats et les comptes n'étaient pas rares dans les années 1930 à 1950, la comptabilité nationale s'est ensuite développée sur une base plutôt keynésienne et surtout empirique (la possibilité de faire dériver les comptes nationaux des comptabilités d'entreprises et de passer ainsi du « micro au « macro » sans théorie a été parfois envisagée, notamment en France). Mais le recul du keynésianisme et le succès d'une théorie néo-classique peu favorable à l'empirisme et étrangère à la démarche macro- ou méso-économique de la comptabilité nationale oblige cette dernière à réexaminer ses bases et ses rapports à la théorie économique. Signification de la consommation et du revenu, problème des relations avec le bien-être, articulation stocks/flux, traitement des administrations, du capital, de la consommation du capital fixe, de l'environnement, du partage volume/prix, etc., sont autant de thèmes présentés de manière approfondie. On notera que beaucoup des questions discutées ont commencé de l'être autour des années 1940... et le sont encore aujourd'hui. Et lorsque Vanoli écrit : « il faut probablement penser les relations entre la comptabilité nationale et la théorie économique standard en termes de non-contradiction plutôt qu'au sens où les mesures de la première devraient être fondées sur la seconde... », il suggère que le temps de l'ignorance réciproque est révolu mais que celui de la synthèse demeure encore lointain.

3. Le changement de base des comptes nationaux en 2014 : le passage à la base 2010.

Document établi à partir de L'économie française - Comptes et dossiers - Insee Références - Édition 2014

« Le SEC (système européen de comptabilité) 2010 succède au SEC 1995 qui gouvernait la confection des comptes nationaux par l’Insee comme par l’ensemble des pays européens. Il précise au niveau européen, afin

de garantir la plus grande comparabilité des estimations entre les pays de l’Union, la manière dont doivent être

prises en compte les innovations conceptuelles introduites par le Système de comptes nationaux (SCN 2008) adopté au niveau international sous l’égide de l’Organisation des Nations unies. Le souci d’une comparabilité

la plus poussée possible entre pays de l’Union européenne (UE) est motivé par des raisons à la fois d’efficacité

– définir et suivre les politiques économiques et sociales menées par l’UE – et d’équité : les données des

comptes nationaux servent en effet au calcul de la contribution des pays membres au budget de l’Union ou du

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montant des subventions octroyées aux régions. La mise en œuvre du SEC 2010 constitue le fait le plus

marquant de la base 2010.

L’ensemble des travaux effectués dans le cadre du passage à la base 2010 conduit à réviser le niveau des

grands agrégats économiques et dans une moindre mesure leur évolution. Le PIB, qui mesure l’activité économique sur le territoire national, s’élève maintenant à 1 998 milliards d’euros en 2010, soit une révision à

la hausse de 3,2 % par rapport à la base 2005. Le traitement en investissement des dépenses en recherche-

développement, qui augmente le PIB de 41,5 milliards d’euros, représente les deux tiers de la révision totale (+ 61,8 milliards d’euros).

Le revenu national brut (RNB), qui tient compte des revenus primaires reçus par les seuls résidents, que ces

revenus soient générés en France ou à l’étranger (lexique), est relevé en 2010 de 63,2 milliards d’euros par

rapport à la base 2005. L’essentiel de ce rehaussement découle de celui du PIB. S’y ajoutent des révisions apportées par la balance des paiements : les salaires nets reçus du reste du monde sont accrus de 3,1 milliards

d’euros tandis que le solde des revenus financiers avec le reste du monde est abaissé de 4,1 milliards d’euros.

Par ailleurs, les impôts perçus par le reste du monde sont abaissés (– 2,4 milliards d’euros) : la TVA prélevée au profit de l’Union européenne est désormais enregistrée dans une nouvelle opération de transferts

courants ».

Qu’est-ce qui change avec le SEC 2010 ?

(1) La définition des actifs et de l’investissement est élargie. « La comptabilité nationale distingue la consommation intermédiaire et la formation brute de capital fixe

(FBCF). La consommation intermédiaire correspond aux biens et services consommés comme inputs dans le

processus de production. Les biens et services consommés intermédiairement excluent les actifs fixes, lesquels

sont utilisés dans le processus de production pendant des durées longues (supérieures à un an). La perte de valeur des actifs fixes résultant de leur utilisation normale et de leur obsolescence est enregistrée en

consommation de capital fixe (CCF), tandis que les flux d’investissement (FBCF) accroissent le stock d’actifs

fixes. Avec le SEC 2010, le périmètre des actifs fixes est étendu pour inclure notamment le résultat de l’activité de R&D, les bases de données et les systèmes d’armes militaires (véhicules, sous-marins, blindés, missiles

balistiques à fort pouvoir de destruction censés rendre un service de dissuasion permanent, etc.). Les dépenses

correspondantes (acquisition de matériels militaires, achat ou production pour compte propre de bases de données ou de services de R&D) consenties par les entreprises ou les administrations publiques (APU) sont

donc désormais comptabilisées en FBCF et non plus en consommation intermédiaire (on parle alors de «

capitalisation » des dépenses de R&D) ». […]

« L’extension du périmètre des actifs fixes en SEC 2010 se traduit donc par un relèvement du PIB. En revanche, le produit intérieur net (PIN), obtenu en retranchant la CCF au PIB, n’est guère modifié par la mise en œuvre

du SEC 2010 ». […]

« Le nouveau traitement des dépenses de R&D aboutit à lui seul à relever le niveau du PIB de 2,1 % en 2010 (41,5 milliards d’euros) : les deux tiers (27,7 milliards d’euros) proviennent des sociétés non financières (SNF)

et un tiers (13,8 milliards d’euros) des APU. La comptabilisation des bases de données comme un actif à part

entière, qui traduit le rôle croissant des technologies de l’information et de la communication dans les processus de production, rehausse quant à lui le PIB généré par les SNF de 1,2 milliard d’euros en 2010.

Enfin, la comptabilisation en FBCF des dépenses en systèmes d’armes militaires rehausse uniquement la valeur

ajoutée des administrations publiques : en 2010, les livraisons de matériels militaires ont été importantes, ce

qui relève la FBCF des APU de 6,7 milliards d’euros, mais leur VA de seulement 3,3 milliards d’euros ».

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(2) Le passage au SEC 2010 permet une description plus pertinente de l’activité des sociétés financières,

notamment des entreprises d’assurance.

« Le SEC 2010 introduit deux innovations importantes dans le traitement des entreprises d’assurance.

L’activité des entreprises de réassurance, jusqu’alors consolidée avec celle des assureurs directs, est désormais décrite séparément. Il en résulte une révision à la hausse de la production globale des entreprises d’assurance,

en soi sans impact sur le PIB car la production ainsi introduite pour les réassureurs a pour contrepartie une

nouvelle consommation intermédiaire des assureurs directs ». « La mesure de la production de services d’assurance dommages change elle aussi. Conceptuellement, cette

production correspond pour l’essentiel à la marge dégagée par les assureurs. Avec le SEC 1995, cette marge

était calculée en soustrayant chaque année les indemnités versées des primes collectées et des revenus qu’ils

tirent du placement de leurs provisions techniques. Ce calcul conduisait au résultat quelque peu paradoxal qu’une sinistralité exceptionnellement forte (par exemple, à cause de catastrophes naturelles) se traduisait par

une production de services d’assurance anormalement faible voire négative. Aussi, le SEC 2010 demande de

substituer dans le calcul de la production les indemnités attendues aux indemnités effectivement versées. Ce nouveau traitement se justifie conceptuellement par le fait que ce que produit l’assureur, c’est la garantie ex

ante de dédommager l’assuré en cas de sinistre, quelle que soit la sinistralité qui sera constatée ex post. Ce

nouveau traitement, qui a nécessité la mise en place d’une méthode d’estimation des indemnités attendues, a un impact en moyenne très réduit sur la valeur ajoutée des assureurs et le PIB, mais variable d’une année sur

l’autre en fonction de la sinistralité ».

(3) La mesure des échanges extérieurs est modifiée par l’application du critère de transfert de propriété. « Un autre changement conceptuel important, en cohérence avec la 6e édition du manuel de balance des

paiements qui doit être mise en œuvre en 2014, porte sur les échanges extérieurs de biens dont la description

n’est plus seulement fondée sur l’observation de flux physiques à la frontière des pays par la douane, mais sur la notion de transfert de propriété. Le traitement du travail à façon à l’étranger et du négoce international est

ainsi modifié. Il y a travail à façon lorsqu’une entreprise, agissant en tant que donneur d’ordre, fait

confectionner un bien par une autre entreprise, dite sous-traitante, en lui fournissant les intrants nécessaires. Lorsque les entreprises sont situées dans des pays différents, on observe des flux physiques d’intrants et de

biens finis entre les pays concernés. En SEC 2010, compte tenu du fait que les intrants comme le bien fini

restent à tout moment la propriété de l’entreprise donneuse d’ordre, aucun échange de bien entre les deux pays

n’est enregistré (contrairement au SEC 1995). En revanche, une importation de service industriel par le pays du donneur d’ordre, d’un montant égal à la différence de valeur entre le produit fini et les intrants, est

comptabilisée. Conceptuellement, ce nouveau traitement ne modifie pas le solde total des échanges extérieurs ;

mais il diminue les exportations et les importations de biens industriels, et introduit une importation de service industriel. En pratique, le constat de divergences entre les sources de données utilisées (douane et balance des

paiements) amène à réviser davantage à la baisse les exportations (– 9,9 milliards d’euros) que les

importations (– 8,6 milliards d’euros), induisant une légère dégradation du solde extérieur (– 1,3 milliard

d’euros), sans impact sur le niveau du PIB ».

(4) Le SEC 2010 entraîne des modifications pour les comptes des administrations publiques.

« Le SEC 2010 modifie le traitement des soultes que les entreprises publiques versent aux APU, en cas de transfert à celles-ci de leurs engagements vis-à-vis de leurs salariés en matière de retraite (soultes =

compensations financières liées au transfert des droits et des charges). Plusieurs versements de soultes ont eu

lieu en France depuis 1997 (soultes France Telecom, EDF-GDF et La Poste). Les soultes étaient jusqu’à présent intégralement comptabilisées en recette publique l’année du versement, améliorant, cette année-là, le

déficit des APU ; elles sont désormais considérées comme une avance financière au titre des futures pensions

de retraite, et leur comptabilisation comme recette publique est étalée sur la durée de versement des pensions.

Ce traitement dégrade le déficit public les années de versement d’une soulte (avec un impact maximal de – 7,1 milliards d’euros en 2005, année de versement de la soulte des industries électriques et gazières) et l’améliore

légèrement les années suivantes ».

« Les crédits d’impôt restituables étaient généralement enregistrés sous forme de moindres recettes d’impôt ; ils sont comptabilisés aujourd’hui intégralement en dépenses (que le contribuable en bénéficie sous la forme

d’un remboursement par l’administration fiscale ou bien d’une réduction d’impôt). En outre, ils sont désormais

enregistrés intégralement au moment où le bénéficiaire fait reconnaître sa créance par le fisc, quel que soit le moment où le versement sera effectivement effectué. Ce nouveau traitement relève donc à la fois les dépenses et

les recettes publiques, mais pas nécessairement du même montant si la créance créée par le crédit d’impôt n’est

pas immédiatement recouvrée ».

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Quelles sont les conséquences du passage en SEC 2010 ?

(1) Hausse de la valeur ajoutée des SNF et des APU.

« Ce sont les SNF et les APU qui voient leur VA revue le plus fortement. Le nouveau traitement de la R&D

explique l’essentiel de la révision de la VA des APU (+ 15,1 milliards d’euros) et près des deux tiers de la

révision de la VA des SNF (+ 36,3 milliards d’euros), la nouvelle version de la statistique structurelle d’entreprises (Ésane) explique près du tiers restant ».

(2) L’équilibre emplois-ressources est peu modifié.

« Avec les changements apportés pour la base 2010, la part dans le PIB des différents postes de demande

change un peu : le poids de l’investissement (FBCF) est accru, tandis que celui de la dépense de consommation,

principale composante de la demande, se réduit ».

1. Administrations publiques. 2. Institutions sans but lucratif au service des ménages. 3. Entreprises non financières. 4.

Institutions financières et entreprises d’assurance. Champ : France. Source : Insee, comptes nationaux.

(3) L’investissement est revu à la hausse. « La formation brute de capital fixe (FBCF) est rehaussée de 63,9 milliards d’euros en 2010 : 43,5 milliards

d’euros de dépenses en R&D, 6,7 milliards d’euros de matériels militaires, 3,4 milliards d’euros de bases de

données ». […] « Ensuite, la FBCF de l’ensemble des secteurs institutionnels en logiciels (qui sont des actifs incorporels) est

relevée de 8,3 milliards d’euros, après analyse du chiffre d’affaires détaillé en activités informatiques. La

production de logiciels pour compte propre a été réévaluée à partir des salaires versés aux équipes

informatiques internes et autres coûts, selon une méthode proposée par l’OCDE, également appliquée pour estimer la production de bases de données pour compte propre.

Enfin, l’analyse des autres produits faisant l’objet de production pour emploi final propre a conduit à revoir

sensiblement les montants de FBCF par produit, notamment en réparation et installation de machines et en construction.

La FBCF des ENF est ainsi révisée à la hausse de 35,1 milliards d’euros en 2010, du fait essentiellement de la

capitalisation de la R&D et des bases de données et de la nouvelle estimation de la FBCF en logiciels. La

FBCF des APU est quant à elle révisée de + 22,5 milliards d’euros du fait de la R&D et des matériels militaires. Quant aux ménages, leur FBCF est rehaussée de 5,5 milliards d’euros au total : leur FBCF en

construction est relevée de 8,1 milliards d’euros, conséquence d’une exploitation approfondie des enquêtes

annuelles auprès des entreprises de la construction, tandis qu’en sens inverse, les frais liés à l’acquisition de biens immobiliers ont été revus à la baisse ».

(4) Les dépenses de consommation sont revues à la baisse. « Les dépenses de consommation des ménages sont abaissées de 2,9 milliards d’euros en 2010 ». […]

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« Les dépenses de consommation des administrations publiques sont revues en baisse de 5,6 milliards d’euros,

principalement en raison du classement en FBCF des dépenses de R&D et en systèmes d’armes ».

(5) Les effets du SEC 2010 sur les échanges extérieurs. « Le solde extérieur est accru de 6,2 milliards d’euros en 2010 : les importations de 19,7 milliards d’euros et

les exportations de 25,9 milliards d’euros. Ce sont les flux de services qui augmentent le plus : de 27,0 milliards

d’euros pour les importations et de 24,1 milliards d’euros pour les exportations ».

(6) Le poids de l’industrie est accru dans la valeur ajoutée des branches.

« La répartition de la valeur ajoutée entre les branches est modifiée. En base 2010, l’industrie représente 13,5

% de la valeur ajoutée totale en 2010, soit 0,7 point de plus qu’en base 2005. Les branches industrielles ayant le plus recours à la recherche-développement, en particulier les branches fabriquant des matériels de transport,

des équipements électriques, électroniques, informatiques et l’industrie pharmaceutique, pèsent davantage en

termes de valeur ajoutée : en effet, leurs dépenses de R&D ne sont plus considérées comme des consommations intermédiaires mais comme un investissement ».

(7) Le taux de marge des SNF est relevé. « La FBCF des SNF est relevée de 35,0 milliards d’euros en 2010, dont 27,7 milliards d’euros au titre de la

R&D. Cette augmentation est la raison essentielle du changement des principaux soldes comptables des SNF et

des ratios qui en sont tirés. La valeur ajoutée est révisée de + 36,3 milliards d’euros mais l’EBE de seulement + 26,5 milliards d’euros parce que les rémunérations des salariés sont accrues de 9,7 milliards d’euros du fait

du calage sur les nouvelles données issues d’Ésane. Le taux de marge (EBE/VA) passe de 30,0 %à 31,6 %. Le

taux d’investissement des SNF (FBCF/VA) passe de 19,3 % à 22,1 % ».

Taux de marge et taux d’investissement des sociétés non financières

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Taux d’épargne des ménages

4 Les fonctions de la comptabilité nationale.

La comptabilité nationale présente plusieurs aspects :

c’est un instrument d’information adapté aux besoins des décideurs politiques (définition des politiques) , de

l’administration publique ( administrations fiscales ou sociales), des entreprises et des agents économiques en général.

elle permet de retracer l’histoire économique de la nation et de satisfaire les exigences de rigueur et de

précision d’une approche quantitative. elle rend possible les comparaisons entre pays.

elle permet d’établir des prévisions et de réduire ou de maîtriser en partie le degré d’incertitude auquel tout

agent qui prend une décision est exposé.

L’instauration de systèmes de C.N objectifs et de qualité a partie liée avec l’existence d’un pouvoir central qui

d’une part nécessite cet outil de mesure et de connaissance de la réalité économique et d’autre part, le rend

possible en lui consacrant des ressources et en donnant force de loi aux obligations de déclarations imposées aux agents.

5. Les extensions de la comptabilité nationale : comptabilité patrimoniale, comptabilité régionale

et comptes satellites.

Source : Marc Pénin, article « Comptabilité nationale », in Encyclopédie universalis. Développement récent de la comptabilité nationale et encore peu répandus au plan international, les comptes de patrimoine visent à offrir au niveau macroéconomique le même type d'information que les bilans de la comptabilité privée : ils s'intéressent donc essentiellement aux variables économiques de stock et non plus de flux. Un compte de patrimoine est établi pour chaque secteur institutionnel résident, leur cumul constituant le compte de patrimoine national. Le compte de patrimoine établit un état de la valeur des actifs détenus (s) et des engagements contractés (passifs) dressés à un point précis du temps, la fin de l'année. Le solde, inscrit du côté des passifs est la valeur nette (V.N.). Le compte de patrimoine est décomposé en un compte de patrimoine financier qui recense les actifs et les passifs financiers (variables de stock, enregistrées selon la même nomenclature que celle des comptes financiers de flux) et sur lequel on peut calculer un solde, la valeur financière nette (V.F.N.), et un compte de patrimoine non financier qui recense les actifs appropriables utilisés dans le cadre d'activités économiques (le capital humain et les ressources naturelles non appropriables en sont exclus). Dans les actifs non financiers (A.N.F.) sont distingués les A.N.F. produits – subdivisés en actifs fixes (corporels – logements, machines – et incorporels – logiciels, œuvres

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littéraires, artistiques ou récréatives originales), stocks et objets de valeur – et les A.N.F. non produits qui sont soit corporels (terrains, gisements, etc.), soit incorporels (brevets, fonds commerciaux, contrats cessibles). Il n'existe pas de passifs non financiers. Puisque le reste du monde peut posséder des actifs financiers de l'économie nationale et contracter des engagements envers les unités institutionnelles résidentes, il est également doté d'un compte de patrimoine financier qui ne contiendra que ces éléments et dont le solde (V.F.N.) sera nécessairement égal – et opposé – à celui de l'économie nationale. Actifs et passifs doivent être évalués aux prix de marché, comme s'ils étaient acquis à la date d'établissement des comptes de patrimoine. Lorsqu'il existe des marchés organisés pour ces éléments (logements, actifs monétaires et financiers, etc.), l'évaluation est, en principe, facile. Mais, dans les autres cas, il faut recourir à des méthodes d'évaluation indirectes complexes (inventaire permanent, valeur courante ou actualisée des rendements futurs...). L'enchaînement des comptes de patrimoine : les comptes des variations du patrimoine. Ces changements sont d'abord ceux qui ont été enregistrés dans les comptes d'accumulation (compte de capital et compte financier) : la F.B.C.F., les variations de stocks, etc. augmentent les actifs fixes ; les variations d'actifs et d'engagements financiers modifient les actifs et les passifs financiers correspondants. Mais d'autres éléments affectent également le volume et/ou la valeur des actifs et des passifs au cours d'une année. Ainsi, l'usure et l'obsolescence (mesurée par la C.C.F.) – mais aussi des pertes, destructions ou disparitions – peuvent affecter négativement les actifs non financiers et, en sens inverse, on peut enregistrer des apparitions économiques d'actifs (accroissement des réserves de gisements exploitables, dépôts de brevets, etc.) ; des changements de volume peuvent également affecter les actifs et les passifs financiers (pertes, vols, abandon ou réduction de créances, etc.). La valeur des actifs et passifs financiers et non financiers est également affectée par les variations de prix que peuvent connaître ces éléments au cours de l'année n (variations des cours boursiers, des prix de l'immobilier, etc.). […] On peut envisager la construction de comptes régionaux sur le modèle des comptes nationaux, avec une délimitation territoriale régionale et non plus nationale. Mais il serait très difficile de construire dans ce cadre un système complet de comptes de secteurs institutionnels, car un grand nombre d'unités institutionnelles (sociétés, administrations centrales, associations, etc.) exercent leurs activités économiques dans différentes régions et réalisent des opérations qui ne peuvent être attribuées spécifiquement à leurs unités locales (certains impôts, transferts, opérations financières et patrimoniales, etc.). La comptabilité régionale se limite donc le plus souvent à fournir des évaluations régionales des opérations relatives aux activités de production (établies dans une optique de branches et non de secteurs) – et, à partir de là, au calcul de valeurs ajoutées ou d'un produit intérieur brut régional – et de certaines opérations de répartition à base clairement régionale (salaires, etc.). Des comptes plus complets peuvent être établis pour les secteurs ou sous-secteurs composés exclusivement d'unités institutionnelles unirégionales (ménages, administrations publiques locales). Afin d'utiliser toute l'information disponible, les comptes régionaux devraient être élaborés directement à partir des informations statistiques régionales (méthode ascendante) avec un problème de mise en cohérence pour que l'addition de toutes les évaluations régionales permette de retrouver celles de la comptabilité nationale. Pour éviter cette difficulté (et pour des raisons de coût), les évaluations régionales sont souvent obtenues indirectement en décontractant les évaluations nationales correspondantes par application d'un coefficient régional (méthode descendante). Des méthodes mixtes sont également possibles. Données démographiques, matrices de comptabilité sociale, comptes satellites. Extensions récentes et très inégalement pratiquées dans les différents pays, ces comptes permettent à la comptabilité nationale de sortir des dimensions strictement économiques et monétaires. L'utilité, pour l'analyse et la politique économique et sociale, d'indicateurs donnant des valeurs économiques par habitant, par travailleur, etc., qui soient comparables entre les pays exige que les données démographiques figurant au dénominateur soient rigoureusement homogènes. Le S.E.C. définit donc rigoureusement 5 sous-secteurs au sein des ménages (employeurs, salariés...) et différentes variables démo-économiques (population active – classée selon la nomenclature de branche utilisée dans le T.E.S. –, chômage, emplois, travailleurs salariés et indépendants, total des heures travaillées et emploi équivalent-plein-temps, etc.). Les matrices de comptabilité sociale (M.C.S.) visent à relier de façon beaucoup plus détaillée les ressources et les emplois aux comptes de secteurs et de sous-secteurs. Elles permettent de désagréger les unités de base du système de comptes (flux, stocks, secteurs, branches) selon des nomenclatures adaptées à la question étudiée, de faire apparaître toutes les relations croisées et de ne plus rester ainsi uniquement au niveau d'analyse macroéconomique. Mentionnées dans le S.E.C., les M.C.S. ne figurent toutefois pas dans les comptes nationaux français. On trouve par contre dans ces derniers, depuis 1975, des comptes satellites dont l'idée est reprise par le S.E.C. Ils sont définis comme « cadre évolutif de rassemblement de l'information dans un domaine de préoccupation sociale, qui présente deux caractéristiques essentielles : il rassemble dans une même structure la présentation des données monétaires et non monétaires ; il articule l'analyse détaillée de l'économie du domaine à l'analyse économique globale ». Des comptes satellites ont été publiés pour la protection sociale, la recherche, la santé, l'éducation, le logement.

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* * *

La présentation des outils de la C.N ne visera pas à l’exhaustivité mais s’emploiera principalement à définir et

préciser les concepts et les indicateurs couramment utilisés dans l’analyse macroéconomique.

I. Les secteurs institutionnels.

1. Les critères de définition.

La C.N définit les agents économiques comme des « unités institutionnelles » et les regroupe en fonction de leurs caractéristiques dans différents secteurs institutionnels.

Une « unité institutionnelle » est définie comme « un centre élémentaire de décision économique caractérisé par une unicité de comportement et une autonomie de décision dans l’exercice de sa fonction principale ». Ainsi, les

différents types d’agents économiques se voient reconnaître une fonction principale (la consommation pour les

ménages, la production pour les entreprises) dans laquelle elles exercent une pleine autonomie de décision

(possibilité réelle et matérielle de prendre des décisions, capacité juridique de souscrire des engagements, de tenir des comptes…).

2. Présentation de la classification.

On distingue les personnes physiques (5) des personnes morales (1,2, 3, 4).

1/ Les sociétés non financières. Il s’agit des entreprises et l’on regroupe les entreprises publiques avec les entreprises privées lorsque leur

production est cédée à un « prix significatif », c’est-à-dire si le produit de leur vente couvre au moins 50 % de

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leurs coûts de production. Si cette condition n’est pas remplie, elles sont considérées comme des

administrations publiques.

2/ Les sociétés financières.

Elles exercent une fonction d’intermédiaire financier qui consiste à mettre en relation et à permettre un échange entre agents ayant un besoin de financement et agents ayant une capacité de financement. Elles reçoivent des

dépôts, gèrent l’épargne et les placements et proposent des crédits.

Les sociétés d’assurance et les fonds de pension sont classés dans le « S.I des sociétés financières » tout comme les banques de dépôt (banques commerciales et caisses d’épargne) et les autres institutions financières (n’ayant

pas le statut de banque de dépôt).

3/ Les administrations publiques.

Elles procurent à la collectivité des biens et des services non marchands (contre lesquels le bénéficiaire n’a pas à acquitter un prix ou à verser une rétribution directe ; ou encore produits vendus à un prix économiquement

non significatif ne couvrant pas plus de 50 % des coûts de production. Les C.R.O.U.S et les crèches, par

exemple, font partie du « S.I sociétés non financières. Autre particularité : les structures dites de défaisance, chargées de reprendre les actifs douteux immobiliers ou

de participation (par exemple dans le cas du Crédit Lyonnais) font partie des A.P.U, ce qui augmente la dette

des administrations publiques françaises. 4/ Les institutions sans but lucratif au service des ménages.

Associations, églises, clubs sportifs, Croix rouge etc. …

5/ Les ménages.

On y inclut les entreprises individuelles (car elles ne possèdent pas de personnalité juridique distincte de celle de leur exploitant et le patrimoine de l’entreprise individuelle se confond avec celui de l’entrepreneur et de son

ménage).

6/ Le reste du monde. Il ne s’agit pas d’un S.I à proprement parler. La comptabilité nationale distingue les unités résidentes des unités

non résidentes qui appartiennent au reste du monde (RDM). Depuis peu, le territoire économique français de

référence comprend la métropole et les DOM.

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II. Le circuit économique.

Un circuit simple.

Le circuit économique selon Paul Krugman.

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Le circuit économique : une définition (F. Teulon, Vocabulaire économique, PUF QSJ, 1996).

« Représentation simplifiée des principales relations entre les secteurs institutionnels sous forme de flux physiques et financiers : impôts, investissements, achats, dépenses publiques, exportations, prêts…

Contrairement à la représentation d’agents indifférenciés agissant sur des marchés, le circuit institue une

hiérarchie : les ménages dépendent des entreprises pour le versement de leurs salaires, les entreprises dépendent des banques pour l’obtention de crédit, les banques dépendent de la réglementation des placements

édictée par l’Etat. Les agents exercent des pouvoirs qui sont fonction des rôles qu’ils occupent ».

III. Les grandes catégories d’opérations.

1. Les opérations sur biens et services et l’équilibre emplois-ressources.

Les opérations sur biens et services sont des flux économiques qui décrivent l’origine des biens et services (les

ressources) dont les agents économiques ont pu disposer et leurs différentes utilisation (les emplois).

Si l’on part d’une approche comptable simple :

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Ressources Emplois

Production

importation

Consommations intermédiaires

Consommation finale

Investissement (FBCF)

Variation des stocks

Exportations

1.1. La production : définition et évaluation.

Au-delà d’une définition standard posant que la production est l’activité consistant à créer des biens et des

services qui contribuent à satisfaire des besoins humains, le concept de production pose de redoutables problèmes de définition.

Ainsi, la définition subjective de la valeur que les néoclassiques imposent à partir des années 1870 conduit à

confondre toute création de valeur ou toute forme de satisfaction d’un besoin comme une production. Mais, si le concept théorique de production a un contenu variable, la C.N, quant à elle requiert une définition précise et

opérationnelle.

Par conséquent, l’INSEE et la comptabilité nationale définissent la production comme « l’activité économique

socialement organisée consistant à créer des biens et des services s’échangeant habituellement sur le marché

ou obtenus à partir des facteurs de production (travail, machines notamment) s’échangeant sur le marché ».

On retient de cette définition qu’en tant qu’ « activité socialement organisée » la définition de la production

exclut la production issue du travail domestique (biens et services créés pour un usage personnel ou privé). Par

ailleurs, la production souterraine fait l’objet d’une estimation à partir des décisions de justice et des redressements opérés par l’administration fiscale ou sociale.

Elle permet à travers la double référence au marché (où la production peut y être vendue, où les facteurs de

production sont obtenus) de distinguer la production marchande de la production non marchande.

La production marchande concerne la production des biens et des services destinés à être vendus sur un

marché ; elle est évaluée au prix de base (prix facturé par le producteur). On passe du prix de base au prix de

marché (prix payé par l’utilisateur final) en ajoutant les marges commerciales des distributeurs et les impôts grevant directement les produits ( impôts nets des subventions publiques reçues par les producteurs.

On distingue la production marchande de la production non marchande qui peut correspondre - soit à une production pour compte propre (biens et services produits et utilisés par leurs propres

producteurs : autoconsommation de produits agricoles, ménages qui occupent les logements dont ils

sont propriétaires par exemple ; on évalue dans ce dernier cas, ces services au montant des loyers fictifs

que ces ménages se verseraient à eux-mêmes s’ils étaient locataires). - Soit à une production fournie gratuitement, ou à un prix économiquement non significatif c’est-à-dire

couvrant moins de 50 % des coûts de production.

Cette dernière catégorie de production non marchande peut revêtir deux formes de services habituellement évalués à leur coût de fabrication.

Les services collectifs ont des caractéristiques opposées à celles des services individuels

offerts simultanément à chaque membre de la

collectivité ;

consommés généralement de façon passive ; l’utilité que retire un agent de leur

consommation ne réduit pas généralement celle

d’un autre agent ;

Il s’agit d’une production indivisible ne pouvant être vendue sur marché à un prix ; production

organisée collectivement et financée par

acquisition individuelle,

acquisition volontaire ;

offre limitée ; Cette production pourrait être individuelle. La décision

de les proposer gratuitement ou à un prix très faible

relève en général d’une décision politique (éducation,

santé, sécurité sociale, sports et loisirs, culture, transports collectifs…).

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prélèvements obligatoires.

La production est évaluée en unités monétaires. Or, les prix des biens et services sont sans cesse soumis à des

tensions qui le plus souvent les poussent à la hausse. Lorsque ces hausses de prix se généralisent, atteignent un

certain niveau et ont tendance à durer, on observe les symptômes d’un processus inflationniste.

Il est alors nécessaire afin d’établir une juste évaluation de la production d’ôter l’inflation des prix courants – les déflater – et les transformer en prix constants.

La valeur de la production (P) est donnée par le produit des quantités (Q) par les prix (p) : P = Q x p donc une hausse des prix provoque une hausse de P sans que la quantité de richesses n’ait crû.

Déflater revient à passer de données qui incorporent la hausse des prix (prix en vigueur à un moment) à des données corrigées des déformations induites par la hausse des prix.

production à prix courants production en données nominales

production en valeur

production à prix constants (ou aux prix d’une année de base)

production en données réelles

production en volume

Production réelle = production en valeur x 100 / indice des prix.

Pour procéder aux calculs à partir de pourcentages d’évolution, on utilise les indices ou les coefficients

multiplicateurs :

indice d’évolution de la production en volume = indice d’évolution de la production en valeur x 100/ indice des

prix

Exemple.

T 0 T 1 T 2

Production en valeur

1 220

1 310

1385

Evolution annuelle des prix 2,5 %

2,3 %

2,4 %

Production de l’année en volume (1220/102,5) x 100 =

1190,24 milliards

d’euros constants

(1310/102,3) x 100 = 1280,5

(1385/102,4) x 100 = 1352,5

Production de l’année T2 aux prix de T0 Entre TO et T2, la hausse des prix s’est élevée à … Indice 100 au

début de T0, puis 102,5 en fin de T0, puis 104,85 en fin de T1 (x

1,023), puis 107,37 en fin de T2 (x 1,024). Donc (1385/107,37) x

100 = 1289,9 milliards d’euros de T0.

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Inflation et inflation sous-jacente.

L'indice d'inflation sous-jacente est un indice désaisonnalisé qui permet de dégager une tendance de fond de l'évolution des

prix. Il traduit l'évolution profonde des coûts de production et la confrontation de l'offre et de la demande.

Il exclut les prix soumis à l'intervention de l'État (électricité, gaz, tabac...) et les produits à prix volatils (produits pétroliers,

produits frais, produits laitiers, viandes, fleurs et plantes,...) qui subissent des mouvements très variables dus à des facteurs climatiques ou à des tensions sur les marchés mondiaux. L'indice d'inflation sous-jacente est corrigé des mesures fiscales

(hausse ou baisse de la TVA, mesures spécifiques sur les produits...) de façon à neutraliser les effets sur l'indice des prix de

la variation de la fiscalité indirecte ou des mesures gouvernementales affectant directement les prix à la consommation.

L'inflation sous-jacente est ainsi plus adaptée à une analyse des tensions inflationnistes, car moins perturbée par des

phénomènes exogènes.

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Trente années de croissance économique en France.

Gains de productivité apparente de l’emploi par branche

Champ : France.

Lecture : en 2013, la productivité des branches industrielles augmente de 0,8 % par rapport à 2012.

Note : la productivité apparente est calculée comme le rapport de la valeur ajoutée en volume à l’emploi en équivalent

temps plein, salariés ou non. Source : Insee, comptes nationaux, base 2010.

* * *

1.2. De la production à la valeur ajoutée.

Une partie de la production réalisée entre dans le processus de fabrication d’autres biens et services. Elle regroupe les consommations intermédiaires (C.I). Evaluer la richesse réellement créée dans une économie

nationale suppose que l’on retranche de la production, les C.I.

La richesse réellement créée par les agents économiques est la valeur ajoutée (V.A) :

V.A = P – C.I et la somme des V.A réalisées par les agents résidents définit le produit intérieur brut ∑VA = P.I.B

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Le PIB est l’agrégat fondamental de la comptabilité nationale.

1.3. La consommation finale.

Si les consommations intermédiaires représentent les biens et les services qui sont détruits ou transformés dans

le processus de production en vue de créer d’autres biens et services ; la consommation finale (CF) est

l’utilisation de biens et de services à leur stade final de production en vue de satisfaire directement les besoins des individus.

La dépense de consommation finale des ménages comprend :

1/ les dépenses en biens et services marchands (CF marchande des ménages) ;

2/ les loyers imputés que les ménages propriétaires de leur résidence principale se versent implicitement ou le montant de l’autoconsommation (CF non marchande de la production pour emploi final propre) ;

3/ Part des dépenses d’enseignement, de santé qui reste à la charge des ménages après remboursements

éventuels (consommation non marchande).

Mais la consommation des ménages dépasse la seule dépense de consommation finale. Une partie de leur

consommation est socialisée et comprend les biens et les services que la collectivité (les administrations) offre gratuitement ou quasi gratuitement aux ménages qui les consomment. L’ensemble de la consommation des

ménages est la consommation effective.

Les contributions à la croissance du PIB de la France (Insee, 2014).

Une analyse conjoncturelle. INSEE TEF, 2014.

« L’activité économique française est atone en 2012. La France n’est, en effet, pas épargnée par la forte

dégradation de la conjoncture économique qui affecte la zone euro. Le produit intérieur brut (PIB) stagne, après avoir crû de 2,0 % en 2011. Les moteurs internes de la croissance calent : la consommation des

ménages diminue et l’investissement recule. En revanche, l’accélération des dépenses de consommation des

administrations publiques, imputable à des livraisons de matériel militaire plus importantes que l’année précédente, soutient la demande intérieure. Au total, la contribution à la croissance du PIB de la demande

intérieure finale hors stocks s’élève à – 0,1 point, après + 1,0 point en 2011 ».

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Contributions à l’évolution du pouvoir d’achat des ménages

Champ : France.

Source : Insee, comptes nationaux, base 2010.

1.4. L’épargne.

L’épargne représente la partie du revenu qui n’est pas consacrée aux dépenses de consommation. Elle est donc

un acte de renonciation à une satisfaction immédiate en contrepartie d’une consommation future. S = R – S

Pour la comptabilité nationale, l’épargne est un flux et non un stock puisqu’elle considère les sommes

épargnées durant une certaine période et non le montant total de l’épargne à un moment donné. Le taux d’épargne nationale = épargne nationale / PIB.

1.5. L’investissement. Investir, c’est accepter un coût immédiat en échange d’une production et d’une satisfaction future. En ce sens,

l’investissement est bien un « détour de production » selon l’expression de Böhm-Bawerk.

Mais tout comme pour la notion de production, le concept d’investissement recouvre un contenu diversifié. LA CN définit une notion plus opérationnelle pour appréhender l’investissement : la formation brute de capital

fixe (F.B.C.F).

FBCF = acquisition nette (acquisitions – cessions) d’actifs fixes.

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Un actif fixe est un actif corporel (outil, bien d’équipement…) ou incorporel (logiciel, programme

informatique…) issu d’un processus de production et réemployé pendant au moins un an dans d’autres

processus de production.

Tous les SI réalisent une FBCF. A l’évidence, les entreprises procèdent à des investissements matériels (bâtiments, machines) et immatériels (logiciels, brevets, achat d’une création audiovisuelle). Le caractère

conventionnel des définition ressort lorsque l’on souligne que les dépenses liées à la recherche-développement

(R-D), à la formation, aux études de marché, à la publicité et à la mise en place de réseaux commerciaux sont considérées comme des dépenses de CI ou de salaires, alors que l’achat d’une série américaine par une chaîne

de télévision du pays (qui l’utilise pendant plus d’un an) est un investissement pour l’économie nationale.

La FBCF des ménages porte sur l’acquisition de logements, celle des administrations publiques correspond à la

construction de bâtiments, à la réalisation d’infrastructures. Pour le comptable national, les stocks sont assimilés à un investissement dans la mesure où une augmentation

des biens stockés peut être considérée comme une immobilisation plus importante de fonds. Inversement, une

variation négative des stocks est identifiée à un désinvestissement. Ainsi, les stocks ne doivent pas être confondus avec des invendus. Ils constituent bien des dépenses immédiates en vue d’assurer la production

future (matières premières, produits semi-finis ou finis, respect des délais de livraison, régularité des

approvisionnements…). Les objets de valeur (OV) jadis considérés comme dépenses de consommation sont désormais assimilés à de

l’investissement et inclus dans la formation brute de capital dans la mesure où ils représentent une réserve de

valeur.

Au total, la formation brute de capital peut être définie : FBC = FBCF + OV + variation Stocks.

Au niveau de l’économie nationale, on calcule l’effort productif de la nation :

Taux d’investissement = (FBCF / PIB ) x 100.

Évolution de la FBCF en France, en volume, en %. (prix de l'année précédente, base 2000)

Taux de marge et taux d'investissement des sociétés non financières en France 2000-2013 (INSEE).

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(1) : excédent brut d'exploitation (EBE) / valeur ajoutée brute (VA).

(2) : formation brute de capital fixe (FBCF) / valeur ajoutée brute (VA). Champ : France, sociétés non financières, hors entreprises individuelles. Source : Insee, comptes nationaux - base 2010.

Taux d’investissement des ENF par type de produits (INSEE).

1.6. Les commerce extérieur.

Les importations (M) sont les biens et services fournis par des agents non résidents à des agents résidents à titre

onéreux ou gratuit. Les exportations (X) sont les biens et services fournis par des agents résidents à des agents non résidents.

Indicateurs usuels du commerce extérieur :

Equilibre extérieur Degré d’ouverture

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Le solde commercial : X – M

Le taux de couverture (des importations par les exportations) : TC = X / M

Propension moyenne à importer et à exporter :

PMM = M / PIB PMX = X/ PIB

Le degré d’ouverture : (M + X) / 2 PIB ou [(M+X)/2]

/PIB

Le taux de pénétration du marché intérieur : M / (PIB+ M – X)

Les définitions des indicateurs utilisés par l’INSEE (2014).

« La compétitivité-prix à l’exportation est égale au rapport d’un prix de référence étranger à un prix à

l’exportation français. Le prix de référence étranger est une moyenne pondérée des prix de 24 partenaires

commerciaux de la France dans l’OCDE, y compris la France. La pondération et les prix de ces 24 partenaires sont établis en fonction de l’intensité de la concurrence exercée par les exportateurs étrangers sur les marchés

tiers pour une année de référence (1999). Selon la même méthode, on calcule également un indicateur de

compétitivité-coût, qui compare les coûts salariaux unitaires de la France à ceux de ses 24 partenaires. Ces derniers, considérés pour les indicateurs de compétitivité-prix et de compétitivité-coût sont l’ensemble des pays

de l’OCDE à l’exclusion de l’Europe centrale et de quelques autres pays. L’indicateur de compétitivité-prix se

rapporte aux biens et services, celui des coûts à l’ensemble de l’économie. Le taux de change effectif nominal (respectivement réel) de la France est calculé en agrégeant les parités nominales (respectivement déflatées par

les prix à la consommation) des monnaies des 24 pays avec la même pondération que celle utilisée pour le

calcul de la compétitivité-coût et prix. La compétitivité-prix française s’améliore lorsque les prix français

progressent moins vite que les prix étrangers exprimés en une monnaie commune, que ce soit en raison d’une moindre inflation, d’une dépréciation nominale ou d’une combinaison de ces deux facteurs. Une situation

où la compétitivité-coût se détériore et où la compétitivité-prix reste stable peut traduire un effort de

compression des marges plus important de la part des exportateurs français. La part de marché relative de la

France rapporte les exportations françaises de biens et services vers le monde à celles du groupe de 24 pays de

l’OCDE. Elle est calculée en volume en base 1995 en déflatant la valeur des biens et services exportés par

unindice de prix à l’exportation ».

Taux de couverture à prix courants de l'ensemble des biens et services de 1950 à 2012

Solde de la balance commerciale de 1950 à 2012

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

Champ : échanges de biens. Source : Insee, comptes nationaux - base 2005.

1.7. L’équilibre emploi-ressources.

Il s’agit d’un équilibre comptable observé ex post et défini par l’égalité entre les ressources utilisées au sein de

l’économie nationale et les emplois qu’en on fait les agents économiques.

Schéma.

Offre des résidents :

production

=

Emplois par les résidents

dans l’année

Intermédiaires (i) Consommations intermédiaires

Finals (ii) Consommation finale

(iii) Formation brute de capital fixe

(iv) Objet de valeur

(v) Stock final (pour utilisation ultérieure)

Offre des non-résidents (M)

(vi) Exportations à destination du reste du monde ( emplois par les non-résidents)

On en déduit l’égalité emplois-ressources :

Y + M = C + I + X

Qui permet d’introduire l’Etat à travers les dépenses publiques (notées G) qui participent à la consommation et à

l’investissement de l’économie nationale :

Y = C + I + G + (X – M)

On définit la croissance économique comme l’augmentation durable de la production globale d’une économie

(entraînant des changements de structures). L’expansion n’est qu’une hausse limitée dans le temps de la production nationale. La dépression caractérise une conjoncture économique marquée par une baisse de la

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

production en termes absolus, alors que la récession définit une chute du taux de croissance de la production et

son maintien à des niveaux faibles.

L’égalité emplois-ressources permet d’observer les quatre grands moteurs de la croissance économique et de mesurer leur contribution respective.

les X : la demande extérieure ; La consommation : demande des ménages ;

l’investissement : demande des entreprises ; les dépenses publiques : demande de l’Etat.

Ressources et emplois de biens et services en 2013

2. Les opérations de répartition.

2.1. Définition. Elles regroupent l’ensemble des opérations qui contribuent à la formation, à la circulation et à la redistribution du revenu des agents économiques.

Ces opérations ne modifient pas – du moins à court terme – le revenu national : ce sont simplement des

transferts d’un agent vers un autre agent. Toute opération de répartition fait l’objet d’une double

comptabilisation : en ressources du compte de l’unité institutionnelle qui en bénéficie, en emplois du compte de celui qui en assume le versement.

2.2. Les différentes opérations de répartition.

La comptabilité nationale retient 8 opérations principales de répartition.

1/ Rémunération des salariés (salaires, traitements, primes, avantages en nature reçus par les travailleurs et les

cotisations sociales à la charges des employeurs).

Coût du travail = salaires + charges sociales. 2/ impôts sur la production et les importations.

Prélèvements obligatoires effectués à l’occasion de la production ou des importations ( ils incluent la TVA, les

prélèvements au profit de l’Union européenne, les droits de douane, les taxes sur la main d’œuvre et toutes les taxes spécifiques attachées à certains produits comme le tabac, l’alcool, les jeux…).

3/ subventions.

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

Aides versées par les administrations publiques ou les institutions européennes lors de la production ou de

l’importation.

4/ revenus de la propriété.

Ils sont issus de la possession d’un actif corporel ( terrain, immeuble, équipement…), incorporel ( brevet, licence, droit d’auteur…), ou financier ( actions, obligations…).

5/ impôts courants sur le revenu et le patrimoine.

Ils regroupent l’ IRPP, l’impôt sur les bénéfices, impôt sur la fortune… 6/ transferts sociaux

on regroupe les ici

- les cotisations sociales des employeurs, des salariés et des non-salariés ( elles constituent un coût du travail

pour ceux qui les versent mais un transfert pour ceux qui les reçoivent et les institutions qui les gèrent) ; - les prestations sociales (allocations maladie, chômage, famille…) et les prestations d’assistance ( RMI,

minimum vieillesse…) ;

- les transferts sociaux en nature (remboursements de frais médicaux, allocation logement…). 7/ Autres transferts courants.

Un transfert est une opération de redistribution ne donnant lieu à aucune contrepartie ( directe).

Primes et indemnités d’assurance dommage, transferts entre administrations, coopération internationale etc. … 8/ transferts en capital.

Ils concernent pour l’essentiel les aides à l’investissement versées aux sociétés (restructuration, modernisation),

aux ménages ( achats de logements) ou aux administrations ( en situation de besoin).

LES QUESTIONS DE REPARTITION RENVOIENT A DEUX PROBLEMATIQUES

FONDAMENTALES

Quels sont les déterminants de la répartition ? Existe-t-il des mécanismes ou des lois qui règlent la distribution des revenus entre agents économiques ?

Quelles sont les conséquences des interventions des pouvoirs publics sur la répartition primaire des

revenus ? La recherche de plus d’égalité ou de plus de justice peut-elle générer des effets pervers et des conséquences contre-productives ?

Du revenu primaire au revenu disponible brut des ménages

Denis Clerc, « Partage de la valeur ajoutée: une stabilité trompeuse », Alternatives Economiques

Hors-série n° 082 - octobre 2009.

La part des salaires dans le partage des fruits de la croissance s'est réduite depuis 1982. Mais il s'agit plus d'un rééquilibrage que d'une déformation, puisqu'il s'était passé l'inverse dans les années 1970. Cependant, si la part

du travail salarié n'a pas été amputée sur le long terme, la progression sensible des cotisations sociales et le fort

ralentissement des gains de productivité ont réduit à peu de choses la progression du pouvoir d'achat salarial. Tandis que, depuis dix ans, les actionnaires (et les dirigeants de nombre d'entreprises) ont, au contraire,

beaucoup arrondi leur pelote.

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

La part des salariés se maintient... Sur le long terme, la part de la rémunération des salariés (salaires, primes, intéressement, participation et

cotisations sociales, y compris les cotisations patronales) dans la valeur ajoutée des sociétés non financières a

oscillé aux alentours de 70%, sauf entre 1974 et 1982, date à laquelle les profits ne permettaient plus que de renouveler le capital. D'où une brutale décrue. Mais, en 1989, la stabilisation s'est faite à un niveau inférieur de

deux points à celui qui prévalait durant les Trente Glorieuses.

Signe d'une revanche du capital? Pas vraiment: ce recul correspond plutôt à l'augmentation du niveau moyen

d'équipement dans les entreprises, qui peut être repéré par le poids croissant de l'usure du capital fixe dans la valeur ajoutée. On peut le constater également par l'analyse des surplus de productivité, qui consiste à isoler

dans l'accroissement annuel de la valeur ajoutée de l'ensemble de l'économie ce qui relève d'un gain d'efficacité

et non d'une embauche ou d'une augmentation des équipements utilisés. Entre 1974 et 1982, les salariés ont obtenu des améliorations de revenus deux fois et demi supérieures au

surplus de productivité réalisé, si bien que la rémunération du capital a fondu. Aussi, entre 1983 et 1989, les

entreprises ont mis les bouchées doubles pour réaliser des gains de productivité qu'elles ont conservés pour elles, ce qui a permis au capital de retrouver sa part antérieure, sans plus. Depuis, les rémunérations des salariés

progressent faiblement, tout comme les gains de productivité.

...Mais le pouvoir d'achat moyen stagne

Ce que gagnent les salariés ne se limite pas à leur rémunération. Car, de cette dernière, sont déduites les cotisations sociales patronales et salariales, lesquelles n'ont guère cessé de progresser: elles représentaient 26%

du coût salarial (salaire + cotisations) en 1959, 32,4% en 1976 et 41,1% en 2007. Certes, ces prélèvements

financent la protection sociale (et notamment les revenus de remplacement), mais c'est autant de moins pour le pouvoir d'achat immédiat. Et il y a les interruptions d'emploi, volontaires ou involontaires: le revenu salarial est

réduit d'autant pour tous ceux - de plus en plus nombreux - qui sont dans ce cas.

Inflation déduite, le coût salarial moyen (pour un temps plein) a progressé de 44% entre 1976 et 2006, le salaire net moyen de 26%, le salaire net médian (celui tel que la moitié des salariés gagnent plus et l'autre

moitié gagnent moins) de 19% et le revenu salarial médian de… 9%. Parce que, entre-temps, le nombre de

jours annuellement rémunérés est passé en moyenne de 285 à 264: intérim, CDD et licenciements sont passés

par là.

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Les actionnaires raflent la mise

La part de l'excédent brut d'exploitation (EBE), c'est-à-dire du profit avant amortissements, primes d'assurance,

paiement des intérêts aux créanciers et impôts sur les bénéfices, a augmenté de deux points dans la valeur

ajoutée depuis les années 1960. Mais le revenu distribuable (ce qu'il reste de l'EBE une fois toutes ces charges décomptées et qui correspond au maximum de ce que les entreprises peuvent distribuer à leurs actionnaires

sans s'appauvrir) est resté stable en longue période en proportion de la valeur ajoutée. Sauf que, dans les années

1960, les actionnaires recevaient, en dividendes ou assimilés, un peu plus de la moitié de ce revenu distribuable, alors qu'ils en ont reçu…106% en 2008!

Voilà la vraie nouveauté: au lieu de consacrer une part de leurs bénéfices à développer l'investissement, les

entreprises la distribuent à leurs actionnaires. Le capitalisme actionnarial consiste à distribuer dès aujourd'hui tout ce qui peut l'être, comme si les dirigeants ne croyaient plus aux mérites de l'autofinancement pour

valoriser leur entreprise. "Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie …", disait le poète. Ou, plus,

prosaïquement: "Prends l'oseille et tire-toi."

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3. Les opérations financières.

3.1. Définition.

Les opérations non financières décrites précédemment déterminent la situation financière des agents. Certains agents vont

être dans une situation de capacité de financement, ils vont disposer de moyens financiers qui excèdent leurs besoins ;

d’autres au contraire vont se trouver en situation de besoin de financement, les moyens disponibles seront inférieurs à leurs besoins.

Les opérations financières consistent essentiellement à mettre en rapport les capacités et les besoins de financement.

Elles vont se traduire par une variation des actifs financiers (ou créances) détenus par certains agents et par une variation

des passifs financiers (ou dettes) supportés par les autres agents. Toute créance détenue par un agent constitue une dette

pour un autre agent et réciproquement..

3.2. Capacités et besoins de financement.

Un agent qui dispose d’une capacité de

financement peut …

Un agent qui connaît un besoin de financement

doit….

la conserver sous forme monétaire ou

quasi monétaire (compte courant, compte

d’épargne…) ;

acquérir un titre sur le marché financier ;

la prêter à un autre agent ;

rembourser une dette.

puiser dans ses avoirs monétaires ;

émettre un titre ;

emprunter ;

recouvrer une créance ancienne.

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Capacité ou besoin de financement des secteurs institutionnels en France.

Endettement des agents non financiers (France).

1. Institutions sans but lucratif au service des ménages.

2. Dette publique au sens de Maastricht.

3. Institutions financières monétaires et les autres intermédiaires financiers (organismes de titrisation…).

4. Dépôts auprès du Trésor pour toutes les contreparties autres que les administrations publiques.

Sources : Insee, comptes nationaux, base 2010, Banque de France.

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IV. L’équilibre des comptes des secteurs institutionnels et le tableau

économique d’ensemble (T.E.E).

1. La séquence des comptes des secteurs institutionnels.

1.1. Les principes.

La comptabilité nationale décrit la totalité de l’activité économique des secteurs institutionnels à travers une

série de comptes articulés entre eux. Quatre principes d’enregistrement sont retenus : le principe de flux, le

principe de l’annuité, le principe monétaire et le principe de l’enregistrement en partie double.

1.2. La séquence des comptes et leur solde.

Chaque compte est relié au suivant par la transmission de son solde égal à la différence entre le total des

ressources et le total des emplois. Les soldes peuvent être exprimés en brut ou en net. Dans le premier cas la consommation de capital fixe (usure

et remplacement des moyens de production n’est pas déduite), alors qu’elle l’est dans le second.

Les soldes permettent de définir des agrégats et des ratios importants pour analyser l’activité économique de la nation.

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1.3. Valeur ajoutée, PIB et revenu national. Egalités et définitions essentielles.

VA brute = Production – CI

ou encore VA nette = Production – CI – consommation de capital fixe.

Revenus primaires : revenus issus de la répartition primaire c’est-à-dire liés à la production et à la

propriété.

Revenu national brut (RNB) = ∑ revenus primaires des secteurs institutionnels.

RNB = PIB + revenus primaires versés par le reste du monde – revenus primaires reçus par le reste

du monde

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1.4. Le revenu disponible des ménages.

Revenus secondaires : revenus faisant l’objet d’une redistribution et indépendants de la

participation à une activité productive

Revenu disponible brut des ménages :

RDB = revenus primaires des ménages + prestations sociales – (impôts + cotisations sociales)

Revenu disponible des ménages = consommation effective des ménages + épargne brute des

ménages.

1.5. Le profit des entreprises et le financement de l’investissement.

Répartition de la valeur ajoutée = rémunération du facteur travail + rémunération du facteur capital

+ impôts sur la production (rémunération de l’Etat).

Excédent brut d’exploitation (EBE) = VA – rémunération des salariés – impôts liés à la production

Taux de marge = (EBE / VA) x 100. (le taux de marge est le taux de profit, soit la rémunération du

capital : bénéfices mis en réserve dans l’entreprises + actionnaires + prêteurs).

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2. Le tableau économique d’ensemble (TEE).

2.1. Définition.

2.2. Présentation.

Le TEE est une synthèse de l’ensemble des activités de l’économie nationale. Il permet de repérer les origines du revenu

national (VA et échanges avec le reste du monde), il décrit la répartition primaire de la VA puis la redistribution du revenu

national et comment ce dernier est affecté à l’épargne ou à la consommation. Il montre enfin de quelle façon s’établit

l’équilibre financier des agents. Les principaux agrégats économiquement significatifs et indispensables à l’analyse macroéconomique sont présentés dans

le TEE.

Quelques éléments du tableau économique d’ensemble (comptes base 2010).

(1) Les impôts sur les produits regroupent la TVA, les impôts sur les importations et d’autres impôts sur les produits

(TICPE, taxes sur les tabacs, sur les alcools…). (2) Excédent brut d’exploitation / valeur ajoutée brute. (3) Épargne brute / formation brute de capital fixe. (4) Excédent principalement tiré de la location de logements, y c. les

loyers imputés que les propriétaires se versent à eux-mêmes, et de l’autoconsommation. (5) Les prestations sociales autres

que les transferts sociaux en nature sont principalement des prestations en espèces (retraites, indemnités journalières,

allocations familiales, indemnités chômage, RSA). (6) Épargne brute / revenu disponible brut. (7) Capacité de financement

/ revenu disponible brut. Source : Insee, comptes nationaux, base 2010.

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

Au-delà du PIB, le revenu national disponible

Le produit intérieur brut (PIB) est une mesure de l’activité productive sur le territoire d’un pays. Cet indicateur

est privilégié dans le suivi de la conjoncture économique. Toutefois, pour une approche du bien-être, la commission « Stiglitz » sur la mesure des performances économiques et du progrès social a recommandé de

mettre l’accent sur le revenu national brut (RNB). Cet agrégat intègre les revenus perçus par les résidents du

fait d’activités ou de placements à l’étranger et exclut les flux inverses. Le revenu national disponible brut (RNDB) prend en outre en compte d’autres flux avec l’extérieur (contributions à l’Union européenne,

prestations sociales, etc.).

En 2013, le PIB croît de 1,1 % en valeur. Le RNB augmente davantage (+ 1,3 %) en raison de l’amélioration

du solde des revenus de la propriété (reçus moins versés au reste du monde). La hausse du RNDB (+ 1,1 %) est plus faible que celle du RNB, principalement du fait de la hausse des versements au titre des ressources propres

de l’Union européenne.

V. L’équilibre des branches et le tableau entrées-sorties (TES).

1. Définitions.

1.1. Une synthèse des opérations sur biens et services.

L’activité économique peut être représentée soit sous forme d’un schéma (le circuit), soit sous forme de

comptes (les comptes des secteurs), soit encore sous forme de tableaux (TEE). Le tableau entrées-sorties relève

de cette dernière approche. Il synthétise les opérations sur biens et services et se présente comme un outil de description du système

productif.

La structure du TES.

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La présentation de l’INSEE.

Le TES décrit les opérations portant sur les biens et les services, par produit et par branche. Les produits figurent en

ligne, les branches en colonne.

Lu en ligne, le TES décrit l'équilibre entre les ressources et les emplois relatifs à chaque produit. La production est

valorisée au prix de base, c'est-à-dire hors impôts moins subventions sur les produits. Les emplois sont valorisés au

prix d'acquisition (TVA non déductible comprise). Pour que la somme des emplois d'un produit donné soit égale à la

somme des ressources, il faut donc ajouter, à la production au prix de base et aux importations CAF, les impôts

moins les subventions sur les produits, les marges de commerce et les marges de transport. Une ligne « correction

territoriale » permet de tenir compte des achats en France de personnes non résidentes et des achats faits à l'étranger

par des résidents français. De plus, une ligne et une colonne de correction CAF/FAB permettent de passer à une

valorisation FAB des biens importés.

En ligne, le TES est divisé en six cadres principaux.

Un premier cadre décrit les ressources en produits, en fonction de leur origine, production intérieure ou

importations. Dans ce cadre figurent également les marges de commerce et de transport, les impôts et les

subventions sur les produits et la correction CAF/FAB.

Un second cadre détaille, par produit, les consommations intermédiaires des différentes branches.

Un troisième cadre décrit les autres emplois de la production, c'est-à-dire les emplois finals : dépense de

consommation finale et formation brute de capital fixe par secteur institutionnel, acquisitions moins cessions

d'objets de valeur, variation des stocks, exportations.

Le TES privilégie la notion de « dépense de consommation finale », détaillée selon les trois secteurs concernés :

ménages, administrations et ISBLSM. En outre, il donne le partage de la dépense de consommation des

administrations publiques entre « dépense collective » et « dépense individuelle », ce qui permet de reconstituer la

consommation finale effective.

La formation brute de capital regroupe la formation brute de capital fixe, la variation des stocks et les acquisitions

moins cessions d'objets de valeur.

Un quatrième cadre vient s'inscrire sous le tableau des entrées intermédiaires. On y trouve, pour chaque branche

d'activité, les éléments du compte de production : la production, la somme des consommations intermédiaires et le

solde correspondant, c'est-à-dire la valeur ajoutée brute au prix de base.

Un cinquième cadre donne le passage entre la production des branches et la production par produits.

Enfin, un sixième cadre présente les éléments du compte d'exploitation par branche. En déduisant de la valeur

ajoutée brute, la rémunération des salariés et les autres impôts sur la production, et en lui ajoutant les subventions

d'exploitation, on fait apparaître l'excédent brut d'exploitation et le revenu mixte brut de chaque branche.

Le TES a pour complément un tableau de coefficients techniques de production qui décrit les interdépendances entre

les branches. Le coefficient technique est le rapport entre la valeur de la consommation intermédiaire d'un produit

donné par une branche donnée et la valeur de la production totale de cette branche.

1.2. Une analyse des branches d’activité.

Le TES analyse l’activité économique à travers les branches. Une branche constitue un regroupement d’unités

de production homogène (fabrication d’un seul type de bien ou de service). L’économie nationale peut être divisée en plusieurs branches. Au niveau le plus agrégé – découpage le plus

simple – on décompose l’activité en 5 branches très générales : agriculture, industrie, construction, services

marchands, services administrés. Au niveau le plus désagrégé, l’activité est décomposée en 472 branches.

1.3. Un instrument d’analyse et de prévision.

En décrivant les relations structurelles qui existent entre les différentes composantes d’une économie nationale,

le TES met en évidence l’interdépendance des branches.

Certaines branches consomment beaucoup de consommations intermédiaires, sont fortement interdépendantes et ont un caractère de branche motrice pour l’activité économique (ex. bâtiment et génie civil d’où l’adage

« quand le bâtiment va tout va ? »). D’autres, utilisent peu les produits des autres branches, mais offrent des

produits fortement consommés par les autres branches (ex. énergie). Une hausse des prix dans ces branches se

répandra rapidement et aura un effet important sur les coûts de production des autres branches.

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

Variations en volume de la valeur ajoutée selon la branche d’activité.

Champ : France. Lecture : en 2013, la valeur ajoutée en volume dans la branche agricole diminue de 1,4 % par rapport à

2012. Elle s’établit à 32,1 milliards d’euros en valeur, ce qui représente 1,7 % de la valeur ajoutée de l’ensemble de

l’économie cette année-là. Source : Insee, comptes nationaux, base 2010.

2. Les utilisations du TEI.

2.1. Les coefficients techniques.

C’est Wassily LEONTIEF qui a proposé en 1941 le premier tableau d’échanges interindustriels afin de décrire les interrelations entre les différents secteurs de production. Le tableau permet de calculer des coefficients

techniques. L’évaluation des interrelations entre branches se fait à partir du calcul de coefficients techniques qui

mesurent la consommation intermédiaire d’un produit qui est nécessaire à une branche pour une production d’une unité de valeur monétaire. Autrement dit, ces derniers représentent la quantité d’input nécessaire à la

fabrication d’une unité de bien. Par exemple, pour produire un produit manufacturé comme un équipement

électroménager (ou 1 € de valeur), la branche industrie des biens de consommation doit acheter pour x euros à

la branche biens d’équipement, pour y euros à la branche biens intermédiaires, pour z euros à la branche transport, etc ….

Ces coefficients techniques mesurent des relations productives et physiques relativement stables, ils permettent donc de faire des prévisions. Leur intérêt est grand : grâce à eux il est possible (i) d’étudier les effets des

politiques économiques sur le système productif, (ii) de détecter des goulets d’étranglement limitant

l’augmentation de l’offre et occasionnant des tensions inflationnistes. De plus, ils rendent visibles l’existence de secteurs d’entraînement ayant un rôle moteur sur le reste de l’économie. Enfin, lorsque l’ouverture des

économies est importante, les coefficients techniques donnent une mesure de la dépendance du système

productif vis-à-vis des importations et des exportations.

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2.2. L’exemple des effets sectoriels et économiques d’un choc pétrolier.

Extrait de : Patrick Artus, Antoine d’Autume, Philippe Chalmin et Jean-Marie Chevalier, Les effets d’un prix

du pétrole élevé et volatil, Rapport du Conseil d’analyse économique, 2010. « Un petit nombre de branches d’activité sont directement et fortement utilisatrices de pétrole. Il s’agit de la

chimie organique, des transports, autres que ferroviaires, et du secteur de la pêche.

Ces six branches apparaissant en haut du tableau représentent 31 % du pétrole consommé mais seulement 3,4 % des productions. L’ensemble de ces branches répertoriées sont celles caractérisées par une intensité

pétrolière (consommation/production) supérieure à 2,4 % ou une part de la consommation de pétrole dans les

consommations intermédiaires supérieure à 3,5 %. Ces branches représentent 62 % de la consommation de

pétrole mais seulement 21 % de la production. Le reste de la consommation de pétrole est très largement distribué dans l’ensemble des branches d’activités.

Une hausse du prix du pétrole frappe donc l’ensemble des entreprises mais n’a donc un effet prononcé que sur

un petit nombre d’entre elles. Mais il ne s’agit là, bien entendu, que de l’effet direct. Considérée de l’intérieur d’un secteur, la hausse du prix du pétrole affecte ses fournisseurs et ses clients. Ses coûts de production et sa

demande sont donc affectés. Le secteur automobile est l’exemple typique d’un secteur très sensible au prix du

pétrole, et à la conjoncture. Une étude (2009) sur le secteur automobile français évalue de la même façon l’emploi direct du secteur à 200 000, mais l’emploi direct et indirect à 800 000 ».

V.I. De l’équilibre comptable à l’équilibre économique.

1. L’équilibre des comptes nationaux.

L’équilibre entre l’offre et la demande globales que décrit la comptabilité nationale est toujours vérifié ex post. Tous les biens et services produits ont été utilisés d’une façon ou d’une autre. De la même façon, la partie du

revenu qui ne vient pas de la production des biens consommés, provient forcément des biens investis.

La conséquence de cette relation logique est : l’épargne ≡ investissement.

Cette équivalence est purement comptable. Ce qui intéresse l’économiste c’est plutôt les décisions d’épargner et d’investir et leur compatibilité.

En effet, d’un point de vue comptable, une production qui n’a pas trouvé preneur est stockée et de ce fait considérée comme un investissement – forcé et involontaire dans ce cas. Les questions relatives à la

compatibilité des décisions d’épargne et d’investissement sont au cœur de la controverse entre néoclassiques et

keynésiens. Selon les néoclassiques, les variations de prix – notamment le taux d’intérêt – rendent possible les ajustements ; alors que pour les keynésiens ce sont les variations du revenu qui sont déterminantes en agissant

sur la demande.

2. Les déséquilibres économiques.

Les déséquilibres économiques correspondent aux situations dans lesquelles les plans des agents économiques sont incompatibles les uns par rapport aux autres. Il en résulte alors une série de désajustements : les entreprises

surestiment le niveau de la demande, l’épargne est plus importante que prévu et il y a surproduction.

Dans la mesure où il n’existe pas de coordination préalable des plans des différents agents économiques, l’analyse macroéconomique s’attache à résoudre la problème suivant :

Existe-t-il des mécanismes économiques qui tendent à réduire spontanément les déséquilibres économiques ou

faut-il envisager de mettre en œuvre des actions correctrices dans le cadre d’une politique économique interventionniste et volontariste ?

3. Les grands problèmes de l’équilibre macroéconomique.

On peut identifier plusieurs types de déséquilibres :

- L’excès d’épargne peut être à l’origine de fluctuations économiques fortes et provoquer une insuffisance de la

demande (ou excès d’offre) ;

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- la demande de monnaie et l’utilisation que les agents en font peuvent elles aussi provoquer des fluctuations

économiques importantes. La préférence pour la liquidité réduit la dépense et pénalise la demande.

- L’équilibre entre l’offre et la demande globales peut être un équilibre de sous-emploi. Il peut se réaliser tout en

écartant une proportion non négligeable d’actifs du monde du travail.

- La création de moyens de paiements peut, elle aussi, être à l’origine de dysfonctionnements. Si la quantité de

monnaie en circulation dans l’économie progresse plus rapidement que la quantité de biens et de services

disponibles, une hausse des prix généralisée peut en résulter.

- Les économies d’aujourd’hui sont ouvertes et l’intensification des relations économiques avec l’extérieur – s’il est source d’avantages indéniables – peut également être à l’origine de problèmes : déficit extérieur et

endettement. Le reste du monde exerce donc une contrainte extérieure sur l’économie nationale.

L’objectif de la macroéconomie est d’avancer dans la connaissance des conditions d’une croissance

économique équilibrée.

INSEE, Economie française 2010.

L'économie française en 2009 : une récession sans précédent depuis l'après-guerre. (Gowtam

Jinnuri, Pierre Leblanc, Léa Mauro, Denis Boisnault, Jean-Marie Fournier).

Après avoir très faiblement progressé en 2008, l'économie française subit en 2009 la récession la plus

importante depuis l'après-guerre. L'activité chute de 2,6 %en volume en moyenne sur l'année (après + 0,2

%), soit une baisse bien supérieure à celle qui a suivi le premier choc pétrolier (– 1,0 % en 1975) ou à

celle de 1993 (– 0,9 %). La baisse du PIB a commencé au printemps 2008 et s'est soudainement accentuée

à l'automne puis à l'hiver 2009. L'activité se redresse depuis lors, mais elle est encore loin d'avoir rejoint

son niveau d'avant la crise : elle se situe encore en fin d'année à un niveau proche de celui observé trois

ans auparavant.

Dans un contexte de récession globale, l'économie française a été pénalisée par la très vive contraction des

exportations, qui ont baissé de 12,4 %, en lien avec la chute du commerce mondial. Après les

exportations, le recul de l'activité est principalement imputable à la chute de la demande des entreprises.

Leur investissement a fortement reculé (– 8,6 % après + 2,9 %en 2008), particulièrement en biens

d'équipement (– 11,9 %après + 2,6 %) et en construction (– 6,1 % après + 3,0 %). Plus encore, elles ont

déstocké massivement, et les variations de stocks ont à elles seules contribué pour – 1,9 point au recul de

l'activité. L'investissement des ménages, constitué en majorité par les achats de logements neufs, s'est lui

aussi nettement replié (– 8,7 % après – 2,7 %). À l'inverse, la dépense de consommation des ménages a

mieux résisté. Bien qu'en fort ralentissement par rapport au rythme moyen qui prévalait avant la crise, elle

a tout de même progressé en 2009, de 0,6 % après + 0,5 % en 2008. Enfin, la demande des administrations

publiques a accéléré en 2009, soutenant l'activité, notamment par le biais du plan de relance. La baisse de

la demande totale a entraîné une chute des importations presque aussi marquée que celle des exportations,

si bien que la contribution comptable du commerce extérieur à l'activité a été faiblement négative (– 0,2

point).

1. Le recul de la production a touché l'ensemble des branches d'activité.

Le recul de l'activité a touché l'ensemble des branches marchandes : la branche manufacturière tout

d'abord, qui a souffert dès le deuxième trimestre 2008 ; mais aussi les services marchands. De par leur

poids dans l'économie, ces derniers ont contribué autant que l'industrie manufacturière à la baisse du PIB.

L'activité dans le secteur de la construction a

baissé moins fortement mais elle est restée en repli tout au long de l'année 2009.

1a. Le recul est particulièrement marqué dans l'industrie manufacturière, plus exposée à la

chute du commerce mondial.

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Comme souvent dans un cycle conjoncturel marqué, l'industrie manufacturière a connu l'évolution la plus

prononcée parmi les grandes branches marchandes : sa production a chuté de plus de 10 % après un

premier recul d'environ 2 % en 2008.

Au sein de l'industrie manufacturière, la branche automobile a été la plus touchée. Elle a reculé de 23 %,

après une baisse de 10 % en 2008. Malgré un poids relativement faible dans la valeur ajoutée totale

(moins de 1 %), l'automobile a eu un rôle important dans la baisse de l'activité globale : d'abord

directement par l'importance de la contraction de sa production, puis indirectement, par l'effet

d'entraînement que la chute de régime de l'automobile a exercé sur d'autres branches (en particulier

l'industrie des biens intermédiaires et, dans une moindre mesure, celles des biens d'équipements et des

services aux entreprises). On peut ainsi estimer qu'une baisse de la valeur ajoutée dans la branche

automobile a, in fine, un impact sur le PIB environ trois fois plus important que le seul effet direct.

La production dans l'industrie des biens intermédiaires a également fortement chuté, de près de 13 %,

après un recul d'environ 3 % en 2008. Dans les secteurs des biens de consommation et d'équipements

l'activité a elle aussi fléchi en 2009, mais de façon moins marquée. Le recul de la production

manufacturière s'est opéré entre premier trimestre 2008 et premier trimestre 2009, avec une accentuation

de la chute au tournant de l'année 2008.

L'activité industrielle rebondit dès le deuxième trimestre 2009, en particulier dans l'automobile avec

l'octroi de primes à la casse dans de nombreux pays. Elle bénéficie aussi de la reprise des importations des

pays émergents.Quoiqu'il en soit, la production manufacturière reste fin 2009 à un niveau largement

inférieur à celui qui prévalait avant la crise (près de 14 % en dessous du niveau du premier trimestre 2008.

1b. Le recul de l'activité a également touché les services marchands mais de façon plus limitée

Le recul de l'activité a également affecté les services marchands. Même si son ampleur (– 2,1 % après +

0,7 % en 2008) est plus limitée que celui observé dans l'industrie, il est toutefois inédit depuis l'après-

guerre. Trois branches en sont principalement à l'origine. Les branches de commerce et de transport ont

souffert du repli des achats de biens de consommations intermédiaires et de biens d'équipement, ainsi que

de la contraction des exportations. Les services aux entreprises ont été pénalisés par la baisse de la

demande émanant de l'ensemble de l'appareil productif. À l'inverse, les services financiers ont légèrement

rebondi en 2009 (+ 2,0 %), après une année 2008 difficile, grâce au rebond de l'activité en assurance-vie.

1c. Un cycle de l'immobilier particulier : le retournement a été plus progressif que dans l'industrie,

mais la crise se prolonge et l'activité a continué de baisser au second semestre.

Enfin, la construction a durement souffert pendant la crise, autant dans sa composante bâtiment que dans

sa composante travaux publics. Le retournement date en fait de 2008 (– 0,7 %), mais le repli de la

production s'est accru en 2009 (– 5,1 %). Plus progressive que dans l'industrie manufacturière, cette baisse

se poursuit jusqu'à la fin de 2009. Le bâtiment a souffert de la chute de l'investissement en construction

des ménages (– 8,0 % après – 1,6 % en 2008) et des entreprises. Son recul a été toutefois atténué par le

maintien en 2009 des dépenses d'investissement en construction des administrations publiques (+ 0,0 %),

soutenues par le plan de relance.

2. Un ajustement drastique de la demande des entreprises.

Avec des conditions de financement difficiles et la chute des débouchés, la demande des entreprises s'est

fortement contractée.

2a. Des conditions de financement qui mettent du temps à se normaliser.

Durant l'année 2009, les conditions de financement sont restées dans l'ensemble difficiles pour les

entreprises. Certes, après avoir fortement augmenté fin 2008, les taux des obligations d'entreprises ont

commencé à refluer début 2009 et les primes de risque ont progressivement diminué. Cependant, du côté

des financements bancaires, la situation est demeurée globalement restrictive sur l'ensemble de l'année. Si

les taux des prêts aux entreprises sont redescendus après le pic atteint à la fin 2008, les taux réels se sont

finalement maintenus à un niveau élevé jusqu'à la fin 2009 compte tenu de la baisse de l'inflation. Surtout,

les conditions d'octroi de crédit par les banques – au-delà du taux, la facilité avec laquelle les banques

accordent des crédits – ont continué de se durcir jusqu'à la mi-2009, en particulier pour les petites et

moyennes entreprises. En témoignent les résultats de l'enquête de la banque de France sur la distribution

du crédit.

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2b. Face à la chute des débouchés, un déstockage marqué sur la première moitié de l'année

Comme lors des précédentes phases de fort ralentissement ou de récession (1975, 1981 et 1993), les

entreprises ont déstocké massivement tout au long de l'année. En effet, dans un contexte de chute des

débouchés et de perspectives de prix mal orientées, l'aggravation de la crise financière à l'automne 2008

les a conduites à limiter au maximum leurs besoins de trésorerie.

La situation de trésorerie des entreprises ne commence à s'améliorer qu'à la mi-année, comme l'indique

l'enquête de trésorerie dans l'industrie de l'Insee, et le mouvement de déstockage ne s'atténue qu'au dernier

trimestre. Ainsi, en moyenne sur 2009, les variations de stocks ont contribué pour plus des deux tiers de la

baisse du PIB (– 1,9 point pour une baisse de 2,6 %). Cette contribution très importante se concentre dans

les deux branches où la production a le plus chuté : la branche automobile (contribution au PIB de – 0,7

point), qui a été durement touchée au tournant de l'année 2008 avant l'impulsion donnée par les primes à la

casse courant 2009, et la branche des biens intermédiaires (contribution au PIB de – 0,8 point).

2c. Recul de l'investissement des sociétés non financières.

Le recul de la demande et la détérioration des conditions financières ont également conduit à une chute de

l'investissement des entreprises non financières, d'autant plus que le taux d'utilisation des capacités

productives est tombé à un niveau historiquement bas sur la première moitié de 2009. Au total,

l'investissement des entreprises non financières a baissé de 8,0 % en 2009, après + 2,4 % en 2008. Des

baisses d'une telle ampleur n'avaient été observées que par trois fois depuis la fin de la seconde guerre

mondiale : en 1952, en 1975 (premier choc pétrolier) et lors de la récession de 1993. Par produit, le recul

affecte tout particulièrement l'investissement en biens d'équipement (– 11,9 % en 2009 après + 2,6 % en

2008), en automobiles et véhicules utilitaires (– 11,5 % après + 3,5 %) et en construction (– 6,1 % après +

3,0 %). L'investissement en services, qui représente près de 30 % du total, a été un peu moins touché. À la

fin de 2009, l'investissement des entreprises non financières ne repart toujours pas, malgré le rebond de la

demande à compter du deuxième trimestre : il se replie encore de 1,2 % au quatrième trimestre.

2d. Le taux de marge des sociétés non financières a nettement reculé, leur taux d'endettement a

encore augmenté.

En 2009, la valeur ajoutée des sociétés non financières (SNF) s'est fortement repliée (– 3,9 % en valeur).

Dans le même temps, la rémunération des salariés a baissé moins rapidement (– 1,4 %). Le fait que cette

baisse soit de moindre ampleur que celle de la valeur ajoutée est un phénomène classique en période de

récession, lié au cycle de productivité. L'excédent brut d'exploitation (EBE) des SNF a donc reculé

beaucoup plus fortement que la valeur ajoutée (– 9,4 % après + 1,9 %), si bien que leur taux de marge a

nettement diminué en moyenne annuelle (– 1,8 point), pour s'établir à

29,8 %. Ce niveau est un peu inférieur à la fourchette dans laquelle il évolue depuis vingt ans (entre 30 ½

% et 32 ½ %.

La chute de l'EBE des SNF a toutefois été quasiment compensée par l'effondrement de l'impôt sur les

sociétés qu'elles acquittent (– 61,3 %soit – 28,1Md€), résultant pour partie de mesures de trésorerie prises

dans le cadre du plan de relance (restitution accélérée par les pouvoirs publics des créances détenues par

les entreprises sur l'État au titre du crédit impôt recherche, ainsi que des créances de report en arrière des

déficits). Le solde net des revenus de la propriété versés par les SNF s'est dégradé : les dividendes qu'elles

reçoivent ont baissé alors que les dividendes qu'elles versent ont légèrement progressé ; le solde de leurs

bénéfices réinvestis s'est également détérioré.

Au total, l'épargne des SNF s'est inscrite en baisse dans le prolongement de l'année précédente (– 9,7

%après – 9,6 %). Dans le même temps, elles ont coupé dans leurs dépenses d'investissement,

si bien que leur taux d'autofinancement (ratio investissement/épargne) est quasiment stable, un peu en

dessous de 65 %, après une chute de plus de 10 points en 2008. Enfin, le taux d'endettement des SNF a

continué d'augmenter et approche 130 % en 2009.

2e. L'activité des sociétés non financières a rebondi.

Après avoir légèrement reculé en 2008 (de – 0,3 % après + 0,7 % en 2007), la valeur ajoutée des sociétés

financières renoue avec une forte croissance en 2009 (+ 9,1 %). Ce rebond est d'abord le fait des

institutions financières bancaires. La valeur ajoutée des sociétés d'assurance s'est pour sa part repliée pour

la troisième année consécutive, mais bien moins fortement que lors des années précédentes. Si la vive

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

croissance de la valeur ajoutée des banques (+ 14,3 %) est en ligne avec les

premiers résultats publiés par les grands groupes bancaires pour 2009, ceux des années précédentes (+ 4,5

%en 2008 et + 1,9 %en 2007) peuvent apparaître paradoxaux dans le contexte de la crise financière. Ceci

tient au fait que la mesure de la valeur ajoutée de l'activité bancaire par la comptabilité nationale n'intègre

ni les gains, ni, en l'occurrence, les pertes de valeur des actifs financiers qu'elles détiennent. La production

des banques comprend uniquement les commissions reçues au titre des services interbancaires et des

services facturés à la clientèle. Elle inclut également les services d'intermédiation financière indirectement

mesurés (Sifim), correspondant aux marges que les banques réalisent sur les dépôts et les crédits. En 2009,

comme en 2008, les services facturés des banques ont été peu dynamiques : ils ont progressé en valeur de

+ 0,8 % (+ 0,2 % en 2008) après deux années de vive croissance (+ 11 % en 2007 et + 14 % en 2006). En

revanche, avec la baisse des taux d'intérêt sur les marchés monétaires et une relative inertie des taux

d'intérêt sur les crédits consentis, les Sifim ont vivement progressé ces deux dernières années (+ 20,5 %en

2009 après + 10 %en 2008), contribuant ainsi au fort rebond de la production des banques en 2009 (+ 7,2

%) et de leur valeur ajoutée (+ 14,3 % soit + 7,2 milliards d'euros).

Ce regain de dynamisme des activités bancaires se retrouve également au niveau de la rémunération des

salariés. Ainsi, après un recul de – 1,3 % en 2008, celle-ci progresse de + 4,6 % en 2009, essentiellement

sous l'effet d'un fort rebond de l'intéressement et de la participation. L'augmentation de la valeur ajoutée

l'emportant largement sur celle des frais de personnel, il en résulte une nette hausse du taux de marge qui,

à 35,2 %en 2009 après 29,3 % en 2008, retrouve un niveau comparable à celui du début des années 2000.

Le nouveau repli de l'activité des sociétés d'assurance en 2009 (de – 1,6 %, après respectivement – 7,7 %

et – 6,9 % en 2008 et 2007) masque une inversion de tendance de ses deux principales composantes

(assurance-vie et assurance-dommages). L'assurance-vie connaît une nette reprise en 2009 avec la baisse

des taux de rémunération des livrets d'épargne réglementés (livret A notamment). À l'inverse, les résultats

de l'assurance-dommages ont été affectés par une sinistralité très défavorable, indépendamment même des

indemnités exceptionnelles versées aux assurés suite à la tempête « Klaus ».

3. Le recul de l'inflation soutient le pouvoir d'achat et la consommation des ménages résiste.

Avec la dégradation du marché du travail, les revenus d'activité (salaires et excédent brut d'exploitation

des entrepreneurs individuels) sont en net ralentissement en 2009. Mais, le pouvoir d'achat accélère, grâce

notamment au reflux de l'inflation. En effet, après une hausse en 2008 à 2,8 % en moyenne annuelle,

l'inflation (au sens de l'indice des prix à la consommation, IPC) s'est nettement repliée, à 0,1 %en 2009. Il

s'agit de la hausse la plus modérée depuis le début des années 1960.

3.a. En dépit des mesures de soutien budgétaire le revenu nominal ralentit en 2009...

Le revenu des ménages ralentit fortement en 2009, du fait des revenus d'activité. En effet, le

ralentissement du salaire par tête et la baisse de l'emploi conduisent à une stagnation des revenus salariaux

(+ 0,0 % après + 3,1 % en 2008). De plus, le revenu des entrepreneurs individuels recule de près de 4 %

sous le coup de la crise économique, alors qu'il avait progressé de 1,5 % en 2008.

Par ailleurs, les revenus de la propriété ont nettement baissé en 2009. Le solde net des intérêts reçus par

les ménages se détériore fortement après s'être légèrement amélioré en 2008. En effet, la baisse des taux

de marché se répercute davantage sur la rémunération des dépôts des ménages que sur les intérêts qu'ils

versent sur leurs crédits, immobiliers notamment. Par ailleurs, les dividendes reçus par les ménages

diminuent de 2,8 % avec la crise économique et financière, après + 4,4 % en 2008.

Toutefois, les stabilisateurs automatiques (en particulier la hausse des allocations chômage) et le plan de

relance (en particulier la prime de solidarité active versée au deuxième trimestre et la suppression pour les

ménages modestes des deux derniers tiers de l'impôt sur le revenu) ont soutenu le revenu disponible brut

des ménages. Ainsi, les prestations sociales ont accéléré (+ 5,3%après + 3,5%en 2008) et les impôts

versés par les ménages ont baissé de 4,4 %, alors qu'ils avaient augmenté de 5,0 % en 2008.

3.b. ...mais l'inflation recule plus fortement encore...

En moyenne, l'inflation en 2009 est restée quasiment nulle à 0,1 %après 2,8 % en 2008. Comme en 2008,

l'évolution en moyenne annuelle de l'inflation en 2009 cache des évolutions très contrastées en cours

d'année. En effet, l'inflation en glissement annuel a connu une forte baisse, jusqu'à 0,7 % en juillet, avant

de remonter jusqu'à + 0,9 % en décembre 2009.

Ce profil a été essentiellement dicté par celui de l'inflation énergétique et alimentaire. Les prix du pétrole

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

ont fortement baissé, passant de 133 $ pour le baril de Brent en juillet 2008 à 40 $ en décembre 2008. Ce

recul a tiré à la baisse les prix des carburants et du gaz avant qu'ils ne remontent, début 2009, sans pour

autant revenir au niveau atteint en 2008. Depuis juillet 2009, les prix de l'énergie remontent rapidement

dans le sillage des prix du pétrole. Par ailleurs, les cours des matières premières alimentaires ont baissé en

moyenne de 8,5 % sur 2009. Ce recul, associé aux réformes intervenues en 2008 dans le secteur de la

grande distribution, se traduit par un net ralentissement des prix des produits alimentaires hors produits

frais. Les prix des produits manufacturés ont été stables en 2009, après une hausse de 0,3 % en 2008. La

baisse de la demande a en effet pesé sur les marges, tandis que les coûts étaient tirés vers le bas par la

diffusion progressive de la baisse des prix des matières premières, pétrole notamment, intervenue au

second semestre 2008. Les prix des services ont également légèrement ralenti en 2009 (+ 2,3 % après +

2,4 %), leur ralentissement ayant été surtout marqué en deuxième moitié d'année. Les prix des services

ont en effet été tirés vers le bas par la baisse du taux de TVA dans la restauration, même si elle n'a été que

partiellement répercutée au consommateur. Enfin, la modération des salaires, du fait de la dégradation du

marché du travail, s'est progressivement transmise aux prix des services.

3c. ...si bien que le pouvoir d'achat accélère sensiblement...

En définitive, le déflateur de la consommation a baissé de 0,6 % en 2009, après des hausses de 2,0 % en

2007 et de 2,9 % en 2008. Ainsi, malgré le ralentissement du revenu nominal des ménages, le pouvoir

d'achat (ou revenu réel) a nettement accéléré en 2009, (+ 1,6 % après + 0,4 % en 2008. Par unité de

consommation, il progresse de 0,8 %, après – 0,4 %.

3.d. La consommation résiste, malgré une hausse du taux d'épargne des ménages.

La bonne tenue du pouvoir d'achat, alliée au soutien apporté par la mise en place de la prime à la casse, a

permis à la consommation des ménages de résister : elle a augmenté de 0,6 % après + 0,5 % en 2008 et n'a

pas connu de baisse importante durant les trimestres de récession. La consommation a ainsi pu jouer un

rôle de stabilisateur pour l'économie française tout au long de la crise. Cette progression reste, toutefois,

limitée comparativement au rythme qui prévalait avant la crise, de l'ordre de + 2,5 % par an. En outre, la

relative bonne tenue de la consommation s'est accompagnée de la formation d'une épargne de précaution,

en réponse à la dégradation du marché du travail et des perspectives de revenu. L'épargne a ainsi

augmenté de près d'un point entre 2008 et 2009, passant de 15,4 % à 16,2 % du revenu disponible brut.

Avec la chute concomitante des achats de logement, la progression de l'épargne financière est encore plus

marquée : elle a progressé de 2,1 points, passant de 4,7 % du RDB en 2008 à 6,8 % en 2009. La

progression de la consommation est principalement imputable au dynamisme de la consommation en

automobiles et en services financiers. À l'inverse, la consommation d'énergie des ménages a reculé

nettement (– 1,9 %), de même que la consommation de nombreux services, en particulier ceux de

transport et en hôtels-cafés-restaurants. Avec le soutien apporté par l'instauration de la prime à la casse à

compter de décembre 2008, la consommation en automobiles a rebondi (+ 4,7 %, après – 4,1 % en 2008)

et a contribué à elle seule pour 0,3 point à la croissance de la consommation totale, soit la moitié de sa

progression. La consommation en automobiles explique par ailleurs la totalité de la progression de la

consommation manufacturière. Dynamique tout au long de 2009, elle bondit fortement en fin d'année (+

7,9 %sur le seul quatrième trimestre) car certains ménages avancent leurs achats d'automobiles pour

profiter du dispositif le plus avantageux avant son resserrement au 1er janvier 2010, où la prime passe de

1 000 € à 700 €.

La consommation en services financiers a également nettement augmenté (+ 5,7 %) après une légère

baisse en 2008. Ce rebond est dû à un regain d'intérêt pour les contrats d'assurance-vie qui a dopé la

consommation en services d'assurance (+ 8,6 % après – 1,7 % en 2008). En effet, la forte baisse des taux

d'intérêt des livrets réglementés a rendu ces contrats plus attractifs en 2009.

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

Vincent Biausque, Sylvain Larrieu, Camille Sutter,

« Une faible croissance pour l’économie française en 2014 »,

in L'économie française - Comptes et dossiers - Insee Références - Édition 2015.

Malgré le rebond du pouvoir d’achat lié à la désinflation, l’économie française croît faiblement en

2014 : le PIB progresse de 0,2 % seulement en volume après + 0,7 % en 2013. La demande intérieure

hors stocks contribue à hauteur de + 0,5 point à la croissance en volume du PIB, comme en 2013.

La consommation des ménages accélère légèrement (+ 0,6 % en volume après + 0,4 % en 2013), dans

le sillage du fort rebond du pouvoir d’achat (+ 1,1 %après – 0,1 %en 2013), dont une partie se traduit

cependant par une hausse de l’épargne, de 0,4 point, à 15,1 % en moyenne sur l’année. En termes

nominaux, le revenu des ménages gagne en dynamisme (+ 1,1 % après + 0,7 % en 2013), alors que les

prix à la consommation décélèrent de nouveau nettement (0,0 % après + 0,8 %en 2013). La demande

intérieure reste également soutenue par le dynamisme des dépenses de consommation des

administrations publiques (+ 1,6 % en volume comme en 2013), tandis que leur investissement recule

fortement (– 6,9 % après + 0,1 % en 2013). Le volume de l’investissement des entreprises non

financières se redresse (+ 2,0 % après + 0,5 % en 2013), tandis que l’investissement des ménages,

principalement en logements, se replie pour la troisième année consécutive (– 5,3 % en 2014). Au

total, l’investissement de l’ensemble des secteurs se replie en 2014 (– 1,2 % en volume) plus

fortement qu’en 2013 (– 0,6 %).

En 2014, les exportations gagnent en dynamisme, leur croissance en volume atteignant + 2,4 % après

+ 1,7 %. Mais les importations accélèrent encore plus vivement (+ 3,8 % en volume, après + 1,7 % en

2013), phénomène que n’explique que très partiellement la dynamique des composantes de la

demande dont le contenu en importations est important (consommation des ménages, investissement

des entreprises, exportations). Au total, la contribution des échanges extérieurs à la croissance du PIB

devient négative (– 0,5 point après 0,0 point). Enfin, le comportement de stockage des entreprises

contribue de nouveau positivement à la croissance du PIB en 2014 (+ 0,2 point, comme en 2013).

Contribution des principaux agrégats à la croissance du PIB.

L’investissement des entreprises accélère En 2014, la progression du volume de l’investissement des

entreprises est significative (+ 2,0 %après + 0,5 %en 2013) et dans le même temps, le taux

d’investissement des entreprises non financières augmente légèrement, à 21,4 % après 21,1 % en

2013. Dans un contexte d’amélioration des perspectives de production, le taux d’utilisation des

capacités productives progresse de 0,6 point pour s’établir à 81,0 % en 2014 dans l’industrie. Il reste

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

toutefois inférieur de 3,6 points à sa moyenne de long terme. La progression de l’investissement est

parallèle à celle des encours de crédit aux entreprises, qui se redressent nettement : + 2,6 % sur un an

fin 2014, après un repli en 2013 de 0,3 %. L’accélération de l’investissement des entreprises non

financières (ENF) est imputable aux dépenses de construction (+ 3,0 % après + 1,2 % en 2013) et de

produits manufacturés (+ 2,1 %après une quasi-stabilisation en 2013). Alors que l’investissement en

biens d’équipement ralentit (+ 1,3 % après + 3,0 %), l’investissement en matériels de transport

rebondit (+ 4,0 % après – 1,2 %) et l’investissement en autres produits industriels accélère (+ 2,7 %

après + 1,1 %). L’investissement des ENF en services accélère (+ 1,2 % après + 0,3 % en 2013), du

fait du rebond des dépenses en information-communication (+ 2,2 % après – 0,1 %) et malgré l’atonie

de l’investissement en services aux entreprises (+ 0,3 % après + 0,6 %), notamment en R&D (+ 0,1 %

après + 1,8 %). […]

Le taux de marge diminue légèrement.

La situation financière des sociétés non financières (SNF) se dégrade moins en 2014 que les deux

années précédentes. La valeur ajoutée progresse faiblement en valeur (+ 0,3 % après + 0,9 %), tandis

que les dépenses de rémunération des salariés augmentent sensiblement (+ 1,7 % après + 1,2 % en

2013), notamment les salaires et traitements bruts (+ 1,6 % après + 1,0 %). Les impôts sur la

production et les importations restent dynamiques (+ 2,5 %) bien qu’ils ralentissent après une forte

progression en 2013 (+ 6,2 %) imputable au relèvement du forfait social. Les subventions reçues par

les entreprises augmentent très fortement (+ 52,2 %après – 1,2 %), du fait de l’entrée en vigueur du

crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). L’effet favorable du CICE ne suffit toutefois

pas à compenser le dynamisme des rémunérations, de sorte que les coûts salariaux unitaires

progressent nettement. Au total, l’excédent brut d’exploitation se replie (– 0,6 %) mais moins

fortement qu’en 2013 (– 1,1 %). En conséquence, le taux de marge des SNF continue de se dégrader

en 2014, à 29,4 % après 29,7 % en 2013 (figure 5) : la contribution fortement positive du CICE (+ 0,9

point) ne suffit pas à compenser l’impact de la progression beaucoup plus rapide de la rémunération

réelle moyenne que de la productivité. […]

L’emploi total augmente.

L’emploi salarié marchand non agricole (SMNA) recule légèrement (– 0,2 %) en raison du faible

rythme de croissance de l’activité. Cependant, l’emploi total augmente (+ 0,3 %), grâce à la

progression de l’emploi non marchand (+ 1,2 %) dynamisé par les emplois aidés. Le taux de chômage

est ainsi quasi stable en moyenne annuelle (10,2 % après 10,3 %). […]

Le pouvoir d’achat se redresse fortement, la consommation accélère.

En 2014, le pouvoir d’achat des ménages se redresse du fait de la moindre hausse des impôts et de la

décélération des prix. Dans ce contexte, la consommation augmente en 2014 plus fortement qu’en

2013. Le revenu disponible brut des ménages augmente en valeur. En 2014, le revenu disponible brut

(RDB) des ménages accélère en termes nominaux, à + 1,1 % après + 0,7 % en 2013 (encadré 3). Les

revenus d’activité augmentent un peu plus fortement (+ 1,3 % après + 0,9 %), dans le sillage de la

masse salariale brute reçue par les ménages (+ 1,6 %après + 1,0 %), du fait d’une moindre baisse de

l’emploi dans les branches marchandes non agricoles. L’excédent brut d’exploitation des

entrepreneurs individuels se replie (– 0,3 % après + 0,1 % en 2013). Celui des ménages purs5 continue

d’augmenter (+ 0,6 % après + 0,9 %). […]

Malgré la hausse du taux d’épargne, la consommation augmente.

En moyenne sur l’année, la consommation des ménages augmente moins fortement que le pouvoir

d’achat : + 0,6 % en volume après + 0,4 % en 2013. Le taux d’épargne agrégé augmente ainsi, de 14,7

% en 2013 à 15,1 % en 2014 (figure 11). Il s’établit à un niveau proche de sa moyenne des vingt

dernières années (15,3 %).

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

Bertrand Marc, « La reprise se confirme dans la zone euro », INSEE L’économie française, 2016.

En 2015, l’activité mondiale ralentit légèrement, du fait d’un fléchissement de la croissance dans

les pays émergents. Cela résulte notamment d’un ralentissement de l’activité chinoise, qui semble

engagée dans une transition structurelle et décélère progressivement depuis 2010. En outre,

l’activité s’est contractée chez les grands exportateurs de matières premières que sont le Brésil et la

Russie, en raison de la chute de leurs cours. Dans les économies avancées, la croissance reste

robuste (+ 1,9 % après + 1,8 % en 2014). Aux États-Unis, l’activité croît solidement, au même

rythme qu’en 2014. La croissance britannique reste allante, un peu moins toutefois que l’année

précédente. En revanche, la reprise est modeste au Japon, après avoir marqué le pas l’année

précédente. Dans la zone euro, la reprise se confirme : + 1,6 % après + 0,9 %. Plusieurs facteurs

externes favorisent l’activité européenne. D’une part, la baisse des prix du pétrole et des matières

premières pèse sur l’inflation, ce qui, combiné à l’accélération de l’emploi, soutient le pouvoir

d’achat des ménages, et donc leur consommation. D’autre part, la dépréciation de l’euro à l’œuvre

depuis mi-2014 favorise les exportations de la zone, limitant les effets d’un commerce mondial

morose. En outre, la baisse des taux d’intérêt qu’entraîne la politique monétaire non

conventionnelle de la Banque centrale européenne dynamise l’investissement, notamment en

Europe du Sud, et participe à l’homogénéisation des rythmes de croissance des principales

économies de la zone. En Italie, l’économie retrouve le chemin de la croissance après trois années

de contraction du PIB. En France et en Espagne, l’activité accélère. Dans le même temps, la

progression de l’économie allemande reste robuste.

Le taux de chômage reste élevé en zone euro.

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

L’euro continue de se déprécier début 2015.

Vincent Biausque, Émilie Rodriguez, Camille Sutter, « L’économie française accélère en 2015 »,

INSEE L’économie française, 2016.

Soutenue par l’augmentation du pouvoir d’achat, l’économie française accélère en 2015 : + 1,3 %

en volume, après + 0,6 % en 2014 (figure 1). Il s’agit de la plus forte croissance depuis 2011. La

consommation des ménages est le principal facteur de l’accélération en 2015 (+ 1,5 % après + 0,7

%), dans le sillage de leur pouvoir d’achat. Celui-ci est soutenu par des revenus d’activité

dynamiques et une inflation très faible. Du côté de la demande publique, la consommation des

administrations publiques accélère légèrement (+ 1,4 % après + 1,2 %) tandis que le recul de

l’investissement public est moins accentué qu’en 2014 (– 3,8 % après – 5,7 %). La reprise de

l’investissement des entreprises se confirme (+ 2,8 % après + 1,6 %), tandis que le recul de

l’investissement des ménages s’atténue (– 0,8 % après – 3,5 %). Les échanges extérieurs

continuent de peser sur la croissance, mais moins fortement en 2015 (– 0,3 point) qu’en 2014 (–

0,5 point). Le dynamisme des exportations est en effet plus que compensé par celui des

importations. Enfin, le comportement de stockage des entreprises contribue de nouveau

positivement à la croissance. Dans le sillage de la reprise d’activité, l’emploi salarié du secteur

marchand non agricole se stabilise après deux années consécutives de baisse. Grâce aux créations

nettes d’emplois dans le secteur non marchand et d’emplois non salariés, l’emploi total continue

d’augmenter.

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LLored. L’analyse de l’activité économique et la comptabilité nationale. Cours B/L.

Contribution des principaux agrégats à la croissance du PIB.

Solde extérieur.

Jérôme Creel, Éric Heyer, Lionel Nesta, Xavier Ragot, Xavier Timbeau, « Où va la croissance en

France ? », La lettre de l’OFCE, décembre 2015.

La faiblesse de la reprise en France en 2014 et 2015 nécessite une réflexion sur l’état du tissu

productif. Ce nécessaire état des lieux est souvent caricaturé en une opposition entre les tenants des

seuls problèmes de l'offre et ceux de la demande. D'un côté, la détérioration continue de la balance

commerciale française depuis plus de dix ans révèle des problèmes structurels, qui sont peut-être

plus européens que français. De l'autre, la faiblesse de la demande depuis 2011 a conduit à un

déficit d'investissement qui, inéluctablement, se transforme en problème d'offre.

L'importance de l'enjeu mérite une réflexion plus approfondie pour identifier les causes du déficit

de croissance en France. […]

Il ressort que les estimations de la croissance potentielle (soit la croissance des capacités

productives) sont toutes fragiles. Cependant, une estimation la plus neutre possible aboutit à un

fléchissement de la croissance potentielle de la France de 1,8 % à environ 1,4 %. Cette baisse peut

provenir du ralentissement du progrès technique ou encore de l'effet différé d'un sous-

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investissement chronique. Ce dernier s'explique facilement car le comportement d'investissement

des entreprises ne semble pas avoir changé dans la crise. Les déterminants principaux en restent

l'activité économique et le taux de marge des entreprises, qui opèrent à différents horizons. Une

hausse de 1 % de l’activité économique augmente l’investissement de 1,4 % après un trimestre

alors qu’une hausse de 1 % du taux de marge n’a qu’un impact très faible à cet horizon. Cependant

à long terme (10 ans), une hausse de 1 % de l’activité augmente l’investissement de 1 %, alors

qu’une hausse de 1 % du taux de marge augmente l’investissement de 2 %.

Ainsi, la reprise de l’investissement passe par un soutien de l’activité économique à court terme,

tandis que le rétablissement des marges aura un effet de long terme. Il faudra du temps pour effacer

les stigmates de la crise car trois freins puissants sont à l’œuvre : la faiblesse de l’investissement,

mais aussi la baisse de sa qualité, et enfin la désorganisation productive consécutive à la mauvaise

allocation du capital durant la crise. En effet, l'investissement semble avoir davantage diminué

dans certaines entreprises et territoires. La baisse de la qualité de l'investissement est le résultat des

faibles niveaux d'investissement qui freinent la montée en gamme, la modernisation et les prises de

risque des entreprises. À moyen terme cependant, une partie du problème français qualifié d’offre

est le résultat des désajustements européens, notamment de la divergence des prix et des salaires

entre les grandes économies européennes. À ce titre, les différences de trajectoires entre la France

et l’Allemagne depuis le milieu des années 1990 sont impressionnantes. Si la modération salariale

allemande a d'abord été un moyen de faire converger les différents länder après la réunification

allemande, sa persistance a déstabilisé les équilibres productifs européens. La divergence des

salaires en Europe aurait contribué à une hausse de plus de deux points du taux de chômage

français. La politique de l’offre porte aussi un autre nom : celui de politique de re-convergence

européenne.

Comment ces tendances de long terme modifient-elles les perspectives de croissance de court

terme ? Selon les prévisions de l'OFCE, l’économie française enregistrerait une faible croissance

(dans la lignée du troisième trimestre) affichant au final une hausse du PIB de 1,1 % en moyenne

sur l’ensemble de l’année, tandis que le taux de chômage resterait élevé jusqu’à la fin de l’année

2015. La consommation des ménages (+1,7 % en 2015), favorisée par le redressement du pouvoir

d’achat lié en particulier à la baisse du prix du pétrole, soutiendrait la croissance en 2015 mais la

baisse de l’investissement des ménages (-3,6 %) et des administrations publiques (-2,6 %)

continuerait de freiner l’activité. Dans un contexte de croissance molle et de consolidation

budgétaire modérée, le déficit public continuerait sa lente décrue, pour atteindre 3,7 % du PIB en

2015. Avec une croissance du PIB de 1,8 %, l’année 2016 serait celle de la reprise, marquée par la

hausse du taux d’investissement des entreprises.

Ces perspectives de croissance sont décevantes par rapport aux autres expériences de sortie de

crise. Elles s'expliquent en grande partie par l'érosion du tissu productif, résultat du faible

investissement. Au-delà de la baisse de la croissance potentielle de 1,8 % à 1,4 %, la convergence

de l'économie française vers son potentiel semble avoir ralenti. De plus, l'écart de production, soit

la distance entre la croissance observée et la croissance potentielle, est encore important alors que

les taux d'utilisation des capacités de production dans l'industrie retrouvent des moyennes de long

terme (seulement 2 % en dessous de sa moyenne mi-2015). C'est le signe d'un rabougrissement de

l'appareil productif, qui devra se fortifier après une reprise de l'investissement, seule à même de

faire converger l'économie française vers son potentiel. La baisse du prix du pétrole, du taux de

change de l'euro et des coûts de financement seront les principaux moteurs d'une croissance qui se

consolidera petit à petit.

Par ailleurs, même si elles ne le reconnaissent pas toujours explicitement, les autorités européennes

ont en partie tiré les leçons des politiques d'austérité simultanées, qui n'ont fait que réduire

l'activité et l'inflation sans réduire les déficits publics. […] Les conditions d'une reprise de l'activité

en Europe sont réunies, mais celle-ci demande une reconstitution des tissus productifs abîmés dans

la crise ■