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L'AMENAGEMENT DES TERROIRS VILLAGEOIS: UNE CONTRIBUTION A LA GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES Une étude de cas du projet Reboisement Rive Droite Téra, Niger Jaap van den Briel Peter Schuthof Egger Topper février 1994 ./v^qcPóW

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L'AMENAGEMENT DES TERROIRS VILLAGEOIS:

UNE CONTRIBUTION A LA

GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES

Une étude de cas du projet Reboisement Rive Droite Téra, Niger

Jaap van den Briel Peter Schuthof Egger Topper

février 1994

./v^qcPóW

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AVANT PROPOS

Depuig quelques années, Ie programme forestier par l'Association Néerlandaise d'Assistance au Développement (SNV) évolue Vers un programme d'aménagement et gestion intégré des ressources naturelles. Ainsi, la SNV vise une approche plus intêgrée et multi-sectorielle appelant une participation active de la population et des organisations villageoises. Ceci reflète 1'evolution générale des programmes d'assistance au développement dans les pays du Sahel. Cette approche, communément appelée "Aménagement des Terroirs" ou "Gestion des Terroirs", permet de concevoir des strategies d'intervention susceptibles de faire face aux contraintes particulières inhérentes è la gestion des ressources naturelles du Sahel.

Le Projet Reboisement Rive Droite Téra au Niger a acquis trois annêes d'experiences avec 1'introduction de 1'approche "Aménagement et Gestion de Terroir". C'est pour cela que la SNV a voulu que le processus d'evolution du dit projet soit analyse. La présente publication, résultat de ce travail, a été facilitée et supportée par 1'Université Agronomique de Wageningen, notamment le Département de Foresterie.

Presentation des auteurs:

Jaap van den Briel a étudié la Foresterie Tropicale a l'Université Agronomique de Wageningen, Les Pays-Bas. Après une experience de courte durée aux ïles du Cap Vert, il a travaillé comme conseiller forestier au Rwanda. Dans le projet Reboisement Rive Droite Téra, au Niger, il était Chef d'Equipe.

Peter Schuthof a étudié la Sociologie Rurale a l'Université Agronomique de Wageningen. Il a execute une étude socio-économique au Nepal et une étude sur la vulgarisation agricole au Zimbabwe. Dans le projet Reboisement Rive Droite Téra, au Niger, il était responsable de la Cellule Ressources Humaines.

Egger Topper a également étudié la Foresterie Tropicale a l'Université Agronomique de Wageningen. Durant ses études, il a fait un stage au Nepal, et mené une étude en agroforesterie au Pérou. Dans le projet Reboisement Rive Droite, au Niger, sa responsabilité a porté sur la Cellule Ressources Physiques.

Les auteurs aimeraient remercier toutes les personnes qui de prés ou de loin ont contribué a ce travail, et particulierement:

M. Hans van Bavel de la SNV a Niamey, Mdm. Dicky Methorst et M. Albert Heringa de la SNV è La Haye et M. Freerk Wiersum, M. Jan-Joost Kessler et M. Berry Lekanne de l'Université Agronomique de Wageningen. L'edition de ce document a êté possible grace a un appui financier important de la SNV. Tous nos collègues du projet, et la population de la rive droite.

Sans l'appui et le support des uns et des autres nous n'aurions pu mener è bien ce travail. Soyez-en remerciés.

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RESUME

Le thème de ce document concerne 1'approche 'Aménagement et Gestion des Terroirs' (AGT). Cette approche du développement rural est pratiquée dans les zones sahéliennes et soudaniennes en vue d'arriver a une gestion durable des ressources natu­relles par les populations locales, ceci afin de répondre au problème de la degradation de 1'environnement. Sur le terrain, cette approche englobe une gamme diverse de strategies et pratiques.

En 1990, le "Projet Reboisement Rive Droite Téra" au Niger a adopté cette approche. Ce projet existait depuis sept ans, et pouvait, è la lueur de la nouvelle approche, être caractérise comme 'sectoriel' (pour le secteur forestier) et avait rapport a 1'infrastructure (avec des résultats surtout physiques). L'objectif était la recherche d'une approche plus globale et plus participative.

L'aspect global a été concretise sur le terrain par des équipes intégrées (représentant quatre disciplines), responsables de 1'appui aux activités au niveau des villages. Cela a permis de mieux répondre aux besoins et interets des groupes cibles. En même temps, la maïtrise du projet avait été rendue difficile du fait que 1'appropriation de plusieurs roles et responsabilités. Le projet menait done un processus dont la finalité n'était pas clairement définie, d'autant plus qu'il manquait un plan directeur de développement pour le département ou 1'arrondissement.

La participation des populations a été considérablement améliorée grSce a une methodologie participative, d'après la-quelle les groupes cibles devraient contribuer a chaque êtape du processus de développement, y compris è la planification et a 1* evaluation. Il est è noter que la mobilisation de la population a certainement été favorisée par la presence de realisations physiques (des phases antérieures du projet) prêtes a être exploitées, constituant ainsi des points d'encrage pour 1'organisation des groupes cibles (notamment Comités de Gestion).

La question centrale de ce document est de connaïtre la contribution de 1'approche AGT a une gestion durable des ressources naturelles. On estime qu'elle puisse considérablement contribuer a la motivation et è 1'organisation des populations locales pour la gestion de leurs propres ressources (condition de base d'uhe gestion durable). Elle permet de mieux répondre aux besoins des groupes cibles è travers un ensemble d'activités. Toutefois, il ressort de 1'analyse que ces activités ne contribuent pas nécessairement è une gestion durable des ressources naturel­les; certaines activités pourraient même aggraver la situation. Il semble que l'AGT soit une démarche prometteuse et apte aux zones agricoles, mais on a des doutes quant au fait qu'elle puisse faire face au problème de "1'agriculture de crise" envahissant les zones a vocation pastorale, ni au problème fondamental qui est la necessité de 1'intensification de 1'agriculture.

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SUMMARY

The central theme of this document is the "land use management" approach (Fr: Aménagement et Gestion des Terroirs). It is an approach of rural development, commonly applied in the Sahelian and Sudanian zones of Western Africa, which aims at sustainable management of the natural resources by local populations, in response to problems of environmental degradation. In practice, it englobes a variety of strategies and activities.

In 1990, a "land use management" approach was adopted by the "Projet Reboisement Rive Droite Téra" in Niger. This project had been running for seven years, and could be characterized -to the newly adopted approach - as "sectoral" (dealing with the forestry sector) and "infrastructural" (aimed at physical results mainly). A more integrated and more participatory approach was called for.

The integrated aspect of the new approach was realized by integrated field teams, representing four disciplines, who were responsible for the supervision of activities at village level. This has allowed for a better response to the needs and interests of the target groups. At the same time, however, the management of the entire project became more difficult, due to the accumulation of several roles and responsibilities. The project set in motion a process of which the direction was not clearly defined. Moreover, at a regional level a development scheme was not available.

The participation by the local population was considerably increased, thanks to a participatory planning methodology, in which target groups should participate in every step of the development process, including planning and evaluation. It was found particularly difficult to involve all land user groups in all activities starting from the beginning. A major constraint was the lack of land tenure rights of certain groups. Yet, the representation of all user groups was gradually improved. It should be noted that the mobilization of the population was certainly enhanced by the presence of physical results (by earlier project phases) that were ready to be exploited, offering as such a starting point for the organization of the target groups (in management committees).

The central question was to examine to what extent the "land use management" approach contributed to a sustainable management of the natural resources. It is concluded that a substantial contribution can be made to enhance motivation and organization of the local population to manage their resources. The approach also allows a more adequate response to local needs and interests thanks to a diversified package of activities. However, the activities undertaken do not necessarily contribute to a more sustainable land management, and some could even be harmful. The approach seems promising and appropriate for areas with predominant crop cultivation, but less appropriate for pastoral areas, nor for providing a solution for the present need to intensify agricultural production.

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TABLE DES MATIERES

AVANT PROPOS

RESUME

SUMMARY

INTRODUCTION 1

1.1 But de 1'étude 1 1.2 Les questions de 1'étude et

la structure du document 2 1.3 Definitions 5

LE MODELE D'ANALYSE 7

2.1 Introduction 7 2.2 Les elements du modèle 7 2.3 Les liaisons entre les différents elements 10

LE CADRE GENERAL 13

3.1 La gestion des ressources naturelles dans le Sahel 13

3.1.1 Historique et développement de la gestion des ressources 13

3.1.2 La situation foncière 17 3.1.3 Pauvreté et environnement 18

3.2 Le développement et 1'application de 1'approche AGT 19

3.2.1 L'evolution des strategies d'intervention 19 3.2.2 L'approche 'Aménagement et

Gestion des Terroirs' 21 3.2.3 L'AGT: ses atouts et conditions critiques 25

DESCRIPTION DU CONTEXTE DU

PROJET REBOISEMENT RIVE DROITE TERA 29

4.1 Le système socio-économique 29

4.1.1 L'occupation humaine 29 4.1.2 Les activités économiques 30 4.1.3 L'acces a la terre 32 4.1.4 Formes d'organisation traditionnelles

et formelles 33 4.1.5 La position de la femme dans la société 33

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4.2 Le système physique 35

4.2.1 Introduction 35 4.2.2 L'eau, la terre et la vegetation 35 4.2.3 Les systèmes d'exploitation agricole 36 4.2.4 Les systèmes d'exploitation pastorale 37 4.2.5 La problématique de base 38

4.3 Les interventions régulières 39 4.4 Les interventions innovatrices 40

LE PROJET REBOISEMENT RIVE DROITE TERA 43

5.1 Historique 43 5.2 La troisième phase: approche terroirs 44

5.2.1 Objectifs et choix de 1'approche ATV 44 5.2.2 L'ATV comme strategie d'intervention 47

5.3 La methodologie de la planification iterative 48

RÉSULTATS DE LA TROISIEME PHASE 53

6.1 Résultats des étapes du cycle de planification 53 6.2 L'evolution du programme d'activités 58 6.3 La contribution de 1'approche ATV 64

L'EVOLUTION DES INTERACTIONS 69

7.1 Introduction 69 7.2 L'evolution des interventions 69 7.3 Le rdle du projet dans le processus 75 7.4 Synthese 77

L'AMENAGEMENT DES TERROIRS VILLAGEOIS A TERA; CONTRIBUTION A LA GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES 79

8.1 Stabilisation du potentiel de production 79 8.2 L'adaptabilité des utilisateurs des ressources

naturelles 81 8.3 La distribution juste des ressources et benefices 83 8.4 L'ATV a Téra: ses atouts et limites 84

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 87

9.1 Conclusions 87 9.2 Recommandations 90

10 REFLEXION FINALE 91

BIBLIOGRAPHIE

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Annexes: 1 Carte du Département de Tillaberi 2 Formations et realisations physiques du PRRDT 3 Le modèle d'intervention 4 Methodes et techniques 5 Le Comité de Gestion

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1 INTRODUCTION

1.1 But de 1'étude

Depuis une trentaine d'années, les Etats sahéliens, les techniciens et les institutions de recherche et de développement, mais aussi les groupes sociaux constatent avec un certain désarroi l'inefficacité de bon nombre de leurs strategies. Tandis que la population continue de s'accroïtre, les ressources naturelles par contre décroissent en quantité et en qualités. C'est pourquoi une plus grande attention pour la gestion durable des ressources naturelles serait justifiée. Ce document veut contribuer è une meilleure comprehension de cette problématique.

La question centrale est de savoir comment intervenir afin de freiner le processus de degradation de 1'environnement et développer une gestion durable des ressources naturelles. L'approche "Aménagement et Gestion des Terroirs" tente de répondre a ce problème.

Quelques pays francophones du Sahel, comme le Burkina Faso, le Mali et plus recemment le Niger et le Tchad, ont dêjè une certaine experience de 1'approche "Aménagement et Gestion des Terroirs", qui est de plus en plus acceptée et appliquêe. Malgré le fait que le terme "Aménagement et Gestion des Terroirs" fasse partie aujourd'hui d'un vocabulaire a la mode chez les praticiens du développement rural, son approche comporte des lacunes; son contenu et les intentions qu'elle recouvre sont moins bien connus, enfin, son mode d'application et ses résultats ne sont pas systématiquement documentés.

Ce document présente une analyse de 1'experience acquise dans le projet Reboisement Rive Droite Téra (PRRDT) au Niger en "Aménagement des Terroirs Villageois" (ATV), afin de la rendre accessible pour d'autres intervenants et intéresses. Dans cette étude le projet Reboisement Rive Droite Téra au Niger est pris comme point de depart et situé dans le cadre de la gestion des ressources naturelles dans le Sahel.

Le groupe cible visé dans ce document est constitué par les praticiens des projets Aménagement et Gestion des Terroirs mais aussi ceux d'autres Projets qui interviennent en milieu rural Sahélien. Nous visons en même temps tous les représentants des organisations nationales et/ou étrangères, done tous les responsables de la politique de développement rural au Sahélien.

Le document se limite a la problématique de la gestion des ressources naturelles en milieu rural sahélien è partir du Projet Reboisement Rive Droite Téra dont 1'experience n'a que trois ans de recul.

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1.2 Les questions de 1'étude et la structure du document

La question centrale de 1'étude est formulée comme suit:

Quelle est la contribution de la strategie d«intervention appelée "Aménasrement et Gestion de Terroir Villageois", tel qu'appliquêe par le projet Reboisement Rive Droite Téra, è la gestion durable des ressources naturelles?

Pour aborder cette question complexe, le document est globalement divisé en trois parties:

- La première partie (chapitres 2-5) est de caractère descriptif.

- La deuxième partie (chapitres 6-8) est plutöt analytique.

- La troisième partie (chapitres 9 et 10) traite des conclusions, recommandations et discussions.

Première Partie:

Tout d'abord, au chapitre 2, sera introduit le modèle d'analyse a appliquer. Ensuite, afin de trouver la réponse è. la question de 1'étude, nous avons déduit les questions suivantes:

En chapitre 3, en guise d'introduction è la problématique, nous traiterons la question suivante:

* Quel sont les caractéristiques et le développement récent de 1'approche Aménagement et Gestion des Terroirs (AGT) au Sahel?

Cette question nous amène S la suivante:

* Quelle est la relation (correspondances et divergences) entre 1'approche Aménagement des Terroirs Villageois adoptêe par le projet Reboisement Rive Droite Téra et la theorie générale sur 1'Aménagement et Gestion des Terroirs?

Cette question est importante dans la mesure oü nous souhaitons que le PRRDT et done les résultats de cette étude soient, dans la mesure du possible, réprésentatifs pour des projets "AGT".

Elle aura sa réponse en paragraphe 3.2 qui traite du développement de 1'approche AGT et de 1'origine de son adoption au projet RRDT. Au paragraphe 5.2 la discussion sur ce point sera complétée.

Puis, nous nous concentrerons sur le projet RRDT:

* Quels sont les experiences et résultats obtenus avec 1'approche Aménagement des Terroirs Villageois par le Projet Reboisement Rive Droite Téra?

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Photo l: Une partie du troupeau villageois dans le pèturage, è la fin de la saison pluvieuse.

!

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Pour aborder cette question, le modèle d'analyse du chapitre 2 sera applique au chapitre 4 afin d'élaborer le contexte du Projet. Les différents elements du modèle d'analyse (1'environnement physique, social et institutionnel du Projet) y seront décrits.

Les caractéristiques générales du Projet Reboisement Rive Droite Téra (RRDT) seront décrits au chapitre 5. Suite a l'historique (5.1), sont traites les objectifs et strategies du Projet (5.2). Enfin, c'est la methodologie de la planification iterative qui est présentée au paragraphe 5.3.

Deuxième partie:

Après cette partie descriptive, la partie analytique commence par la question suivante:

* Dans quelle mesure le Projet a atteint ses propres objectifs relatifs è 1'introduction de 1'approche ATV?

Pour analyser cette question, nous prendrons comme point de reference les facteurs qui ont poussé le Projet a adopter 1'approche ATV, a savoir:

- Amêliorer la participation des groupes cibles - Amêliorer 1'integration des services - Mettre en place des structures de gestion - Amêliorer la planification participative des actions.

L'analyse sera faite au paragraphe 6.3 sur la base des résultats présentés au chapitre 6.1 (du cyle de planification) et 6.2 (du programme d'activité).

* Une autre question est de savoir comment se sont modifiêes les interactions entre le Projet et son environnement au cours de dix ans?

Il s'agit d'analyser 1'evolution des interventions ainsi que les róles et responsabilités entamés par le Projet et ses partenaires. Cet exercice sera entreprise en chapitre 7.

Les elements des chapitres 6 et 7 nous permettent de revenir sur la question centrale de 1'étude, a savoir:

* Quelle était la contribution è long terme de 1'approche ATV è la gestion durable des ressoures naturelles de Téra?

A cet effet, il nous faudra définir le concept de durabilité, et développer des indicateurs pour la mesurer. Cette question sera abordée au chapitre 8.

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Troisiëme partie:

Chapitre 9 traite des conclusions de 1'etude.

Pour finir, le chapitre 10 est consacré a la reflexion finale. Il s'agit des questions et idees qui nous sont venues S 1'esprit durant 1'elaboration de ce document, mais qui sont hors du cadre strict de 1'étude. Néanmoins, nous aimerions ventiler certaines questions et idees qui peuvent enrichir le debat sur le thème.

1.3 Definitions

Dans la littérature ëtudiée et les différents rapports sur le Sahel, on trouve souvent les mêmes termes sans definition claire. Pour cela, avant de continuer, nous jugeons nécessaire de définir et élaborer quelques termes utilises.

D'abord, le terme "développement durable" se définit comme un processus de changement dans lequel la gestion des ressources naturelles, la maniere d'investir, 1'orientation du développement technique et les changements institutionnels sont en harmonie, et ceci pour satisfaire les besoins humains actuels et de l'avenir (WCED, 1987).

Un des elements clefs dans la definition ci-dessus, notamment la gestion des ressources naturelles, est aussi un terme important dans ce document. Pour cela une definition plus détaillée de ce terme est souhaitable.

La gestion des ressources naturelles qui satisfait les besoins humains d'aujourd'hui et dans l'avenir, se traduit par le terme gestion durable. Quant aux ressources dans le domaine agraire ce terme a été développé de la maniere suivante par Wiersum (Wiersum, cité dans: Hoek, van den, 1992, 23):

- maintien de la potentialité productrice; - adaptabilité des utilisateurs des ressources naturelles; - distribution (plus) juste des ressources et benefices.

Cette definition comprend des elements écologiques, économiques, et socio-politiques par rapport aux ressources naturelles.

Le maintien de la potentialité productrice est liée è la capacité de charge du système écologique. La capacité de charge est le niveau d'exploitation d'une ressource renouvelable, imposant des limites a un type d'utilisation de la terre qui est de caractère durable sans causer de la degradation de la terre dans une region spécifique (Kessler et Laban, 1993).

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Il y a quatre situations è distinguer par rapport è la capacité de charge, qui nécessitent des activités spécifiques (DGIS, 1990, 40-41):

- Sous-exploitation: il y a encore de la potentialité productrice non-utilisée;

- Exploitation optimale: une augmentation de la productivité n'est possible qu'S travers d'intrants extérieurs;

- Exploitation exhaustive: il n'y a pas encore de la degradation mais des mesures d'accompagnement sont nécessaires afin d'éviter une sur-exploitation;

- Sur-exploitation: la degradation peut uniquement être freinée en appliquant des mesures de stabilisation et de regeneration ce qui impose une diminution du niveau d'exploitation.

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2 LE MODELE D'ANALYSE

2.1 Introduction

L'objectif de 1'application d'un modèle d'analyse est d'avoir un instrument pour analyser un sujet complexe. Un modèle nous permet, par 1'abstraction de la réalité, de créer une vision plus systématique. D'autre part cette abstraction artificielle est logiquement limitée aux elements inclus dans le modèle. A travers le modèle, 1'evolution des elements et de leurs interrelations peut être décrite.

L'objectif de 1'utilisation du modèle d'analyse dans cette étude est d'étudier 1'application de 1'approche Aménagement des Terroirs Villageois (ATV) comme strategie d'intervention au Projet Reboisement Rive Droite Téra. Il sert S faire une description systématique et visualisée des interventions du projet et des autres intervenants.

Une intervention se définit comme un effort systématique pour 1'application stratégique des ressources pour la manipulation des elements relates dans le système d'utilisation des ressources naturelles, afin de réorienter le processus dans une direction desirable par les utilisateurs des ressources et les intervenants. (Röling, 1988)

Avant d'appliquer le modèle d'analyse nous allons considêrer: - les elements du modèle (2.2); - les liaisons entre les différents elements (2.3); - le cadre d'application (2.4).

2.2 Les elements du modèle

Notre modèle s'est inspire du modèle d'intervention développé pour 1 *aménagement des terroirs a Java (Hoek van den, 1992). Ce modèle fait la distinction entre des interventions régulières, des interventions temporaires et les ressources naturelles. Nous avons adapté ce concept au but de notre étude et au contexte particulier de Téra, et par conséquent identifié les elements suivants:

1 - les interventions régulières, 2 - les interventions innovatrices, 3 - le système physique, 4 - le système socio-économique.

Les elements seront élaborés ci-dessous.

1 Les interventions régulières

L'element "interventions régulières" regroupe les interventions de développement en milieu rural, dans le cadre des programmes executes d'une maniere formelle et institutionnalisée. Les interventions ou activités font alors

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partie intégrante d'un programme régulier. Au Niger par exemple, ce sont principalement les services techniques de 1'Etat assistés par les organismes bi- et multilatéraux qui sont 1'executeur de tels programmes. Cette domination s'explique par le rêle modeste des ONG au Niger.

II est è observer que pour notre modèle, c'est 1'intervention en tant que telle qui est prise en consideration, au lieu de 1'organisation en tant qu'executeur.

2 Les interventions innovatrices

Les "interventions innovatrices" se réalisent, selon notre definition, d'une fagon ponctuelle, expérimentale et temporaire. Une intervention innovatrice est un essai d'adaptation ou d'orientation au processus de développement. Les interventions sont souvent liées aux programmes réguliers et stimulent ces derniers.

Les interventions régulières et les interventions innovatrices constituent la quasi-totalité des interventions venant de 1'extérieur du système d'utilisation des ressources naturelles en milieu rural. Ensuite il y a des interventions internes au système, qui ne sont cependant pas élaborées specifiguement dans ce modèle.

3 Le système physique

Ce sont les caractéristiques suivantes qui décrivent le système des ressources physiques:

- Les caractéristiques physiques du terrain (conditions et qualités du sol, la vegetation, le processus et degré d'erosion etc.).

- La capacité de charge.

4 Le svstëme socio-économique

La population d'une region développé son propre système socio-économique en fonction de sa situation politique, agro-écologique, religieuse et culturelle. Les utilisateurs qui exploitent les ressources physiques d'un terroir, ont leur propre fagon de s'organiser et de gérer ces ressources. Ce système inclut les connaissances de la population sur son environnement. L'information sur ce système est assez valable quant S 1'analyse de la problématique, et pour développer des interventions avec les groupes-cibles.

Le système socio-économique et le système physique constituent le système d'utilisation des ressources naturelles (voir figure 2.1: Le modèle d'analyse). Il y a une relation étroite et réciproque entre les deux systèmes.

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Photo 2; La methode silencieuse d'elimination d'un grand gao (Faidherbia albida) dans le champ.

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2.3 Les liaisons entre les différents elements

Le modèle d'analyse est appliqué au Projet Reboisement Rive Droite Téra en prenant son contexte réel comme point de depart, sa zone d'intervention, ses interventions, ses groupes-cibles et les services et organisations concernés. De même les interrelations avec les autres niveaux sont decrites comme la relation avec le niveau départemental ou national.

INTERVENTIONS

inferventions régulières

i système physique

l- — i — interventions innovatrices

TT

- . _ , système

socio-économique

UTILISATION DES RESSOURCES NATURELLES

Figure 2 . 3 . 1 : Le modèle d 'ana lyse .

La l ia i son A

La liaison entre le système physique et le système socio-économique est constituée par 1'exploitation et la gestion des ressources physiques par la population, 1'ensemble constituant le système d'utilisation des ressources naturelles. Depuis son existence, 1'homme est en train d'utiliser et modifier son environnement simplement pour survivre et pour assurer ses moyens d'existence. Cette interrelation (liaison A) est la plus vieille et évolue au fil du temps.

Un changement dans le système d'utilisation des ressources naturelles peut être provoqué par un changement dans le contexte économique, écologique, social, culturel ou politique. Le caractère du système d'utilisation des ressources naturelles dépend alors de ce contexte et done de 1'interrelation entre le système socio-économique et le système physique.

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La liaison B

La liaison entre les interventions innovatrices et le système physique se concretise è travers des realisations physiques. Les activités sont de caractère experimental et temporaire, comme par exemple les pépinières féminines, la recuperation de terrains degrades, les activités agro-forestières etc. La liaison est réciproque; un changement du système physique peut avoir une incidence sur 1'intervention. Lors de quelques campagnes avec deficit alimentaire par exemple les cibles ont été recompenses avec des vivres (PAM).

Souvent les interventions (régulières et innovatrices) ont un effet tant sur le système physique que sur le système socio-économique. Par exemple, 1'activité "Foyers Améliorés" a un impact sur le système physique par la construct ion des foyers, et sur le système socio-économique par la formation des constructeurs foyers améliorés au village.

La liaison C

La liaison entre le système socio-économique et les interventions régulières se développé dans le cadre des ressources humaines, comme les brigades forestières et 1'education nationale. Le programme de Radio Club sensibilise la population & travers des cassettes et des emissions sur des sujets politiques, environnementaux, de santé etc. A travers des reunions de concertation les interventions peuvent être adaptées aux idees et voeux des paysans. Des conflits entre deux villages peuvent amener S des interventions régulières de la part de la sous-préfecture et du chef de canton.

La liaison D

La liaison entre le système socio-économique et les interventions innovatrices se concretise par des interventions de caractère innovateur et temporaire dans le domaine des ressources humaines. Les paysans sont souvent tres concernés è 1'identification et a la planification des actions. Par exemple, la formation sur 1'interpretation des photos-aériennes, la formation des comités de gestion, introduction des paysans forestiers, sensibilisation par rapport è la position de la femme etc. Les groupes-cibles y contribuent par respect de leur engagement et responsabilité. Les tensions et conflits inter-villageois par contre peuvent facilement mener a une diminution des interventions innovatrices.

La liaison E

La liaison entre les interventions régulières et le système physique sont les interventions exécutées dans le cadre des programmes existants. Par exemple, les mini-pépinières du service de 1'environnement, les activités de 1'Etat comme

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1'amelioration de la route, programme vaccination du bétail etc. L'attaque massive des criquets ou oiseaux par exemple peut inciter les autorités a organiser des traitements aériens.

La liaison F

Les systèmes interventions régulières et les interventions innovatrices constituent la quasi-totalité des interventions dans une region. La liaison entre les interventions innovatrices et les interventions régulières est établie par 1'échange institutionnel entre les Projets, les Services, les ONG et les Administrations traditionnelle et moderne. Cet échange institutionnel peut consister S des reunions de concertation, la participation mutuelle aux reunions, la participation aux formations et ateliers, le soutien materiel, logistique et financier etc.

Dans la pratique il est souvent difficile de distinguer nettement les interventions régulières et les interventions innovatrices. Il s'agit en fait d'un continuum.

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3 LE CADRE GENERAL

Dans ce chapitre, le contexte sahélien de la gestion des ressources naturelles et des interventions par rapport è ces ressources sera décrit d'une maniere générale. D'abord, (cf 3.1) la gestion "traditionnelle" des ressources naturelles qui évolue vers un système de gestion "moderne" sera traitée, et les consequences de ce changement pour 1'environnement seront présentées. Ensuite, (cf 3.2) 1'origine et le développement de 1'approche Aménagement et Gestion des Terroirs seront traites.

3.1 La gestion des ressources naturelles dans le Sahel

La situation actuelle concernant la gestion des ressources naturelles dans le sahel est le résultat d'un long processus complexe, comprenant des aspects agro-écologiques, socio-économiques et politiques.

3.1.1 Historique et développement de la gestion des ressources

Les populations sahéliennes connaissent depuis longtemps un système d'utilisation des terres adapté aux conditions et circonstances spécifiques locales; le niveau d'exploitation des ressources était relativement élevé par rapport è la disponibilité des ressources, et durant longtemps en équilibre avec la capacité de regeneration de ces ressources.

Les sociétés paysannes manifestaient concrètement une aptitude è exploiter durablement les écosystèmes tout en préservant leurs potentialités. Il nous faut reconnaitre que les paysans disposaient déja souvent d'un tres grand savoir-faire en matière de gestion conservatrice des eaux et sols. Il en est ainsi, par exemple, dans plusieurs sociétés soudano-sahéliennes, oü les agriculteurs ont su intégrer des arbres fourragers dans leurs systèmes de production et mettre en oeuvre des formes originales d'association agriculture-élevage leur permettant de pratiquer 1'agriculture chaque année sur les parcelles régulièrement fertilisées. (Dufumier, 1992, 295) .

Dans un terroir villageois, au Burkina Faso par exemple, il y avait des terres è vocation agricole et a vocation sylvo-pastorale, sur la base de la distance du village et de la qualité des sols. Des mesures d'aménagement (par exemple des diguettes anti-érosives) et de gestion (par exemple des systèmes de jachères, des paturages controles, des coupes sélectives de bois) étaient appliquées pour preserver les ressources du terroir. Aussi, quand la croissance démographique d'un village amenait une sur-exploitation (et done degradation) des ressources, la migration d'une partie de la population permettait de remédier a cette situation (Bognetteau-Verlinden, 1992, 76).

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La vaste majorité des paysans du Sahel consommait 1'essentiel de sa production et ne pouvait en commercialiser qu'une petite partie par manque de debouches. En fait il n'y a pas eu une tres grande différenciation de métier a 1'époque. Cette situation avait pour résultat que les investissements dans le sol étaient rarement rentables et que le paysan ne pouvait se permettre de faire des investissements dans le domaine agricole. En effet, on ne pouvait rembourser les credits ou effectuer des dépenses monétaires pour produire ce qui est autoconsommé. Par conséquent, la vaste majorité des paysans était entièrement dépendante de la capacité de regeneration naturelle (O'Brien et al, 1993, 1) , ce qui ne posait pas de problème dans le temps, grace S une pression démographique légere.

Les premières politiques forestières mises en place par les administrations coloniales et reprises ensuite par les administrations forestières, avaient pour principal objectif de limiter par des moyens légaux et autoritaires, 1'impact humain sur le couvert végétal naturel, et de créer un capital forestier national dont 1'organisation et la gestion seraient comparables è. celles du capital forestier francais (Chaumié, 1985, 18).

Selon Arntzen et al (1992, 346), une augmentation de 1'influence de 1'Etat sur les systèmes de gestion traditionnelle a cause une situation de déséquilibre. Le röle des Etats sahéliens est aussi mentionné par Chaumié (1985, 18 et 21), qui indique que les Etats s'approprient le pouvoir exclusif d'organiser la gestion des forêts, en excluant les populations autochtones. Aussi les administrations forestières et le pouvoir judiciaire s'opposent aux pouvoirs coutumiers. L'exportation des modes de gestion francais du capital forestier national presuppose un état suffisamment puissant pour pouvoir les imposer sur les espaces qu'il s'est appropriés. Les consequences de cette approche étaient que dans la pratique 1'exploitation des ressources naturelles était devenue du "laissez-faire", ce qui aurait contribué progressivement S une degradation accélérée.

Les agents forestiers, qui jouaient volontiers de leurs pouvoirs de police, s'assimilaient plus aux gendarmes qu'è des animateurs ruraux auxquels il aurait été possible de demander des conseils. Dans certains pays tel que le Burkina Faso, les détournements financiers par les agents forestiers deviennent politiquement et socialement intolérables, et les services forestiers se trouvent dans 1'obligation de rechercher des compromis. Au vu de cette experience, il parait illusoire de vouloir protêger les espaces boisés en excluant les populations (Chaumié, 1985, 18).

Depuis les années 50, c'est a cause de la croissance démographique, du changement des systèmes de production suite è la pression politique et économique (1'introduction des cultures de rente), et des sécheresses, que les populations ont dêpassé le stade d'une exploitation durable des

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Photo 3: Le transport des bottes de mil au grenier, è 2'aide d'une charrette è. boeufs.

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ressources.

La capacité de charge dépassée dans plusieurs regions, amenait ainsi une degradation accélérée des ressources naturelles et 1 *impossibilité économique d'investir dans le maintien de ces ressources. Cet état de chose a cause êt la longue une situation de degradation totale et irrécupérable des ressources et done a la destruction de la base de survie des populations concernées (Bognetteau-Verlinden, 1992, 77).

Au niveau des economies nationales, on peut observer qu'elles sont surtout dépendantes du secteur primaire. La production agricole est dirigée vers 1'autosuffisance, tandis que la necessité de produire pour le marché mondial a augmenté è cause de la necessité d'avoir des revenus monétaires au niveau national (devises) et individuel (paiement taxe et objets de première necessité). Aussi la croissance démographique a cause une augmentation de la pression sur les ressources. Ensuite, les dettes extérieures forcent les pays en voie de développement S s'orienter vers 1'exportation des produits et a accepter la degradation de leurs propres ressources. Par conséquent la pression sur les ressources naturelles augmenté sans qu'il y ait des investissements dans la durabilité du système.

La productivité du secteur primaire dépend surtout des ressources renouvelables (eau, vegetation, nutriments) qui n'ont pas beaucoup de potentialité è cause de leur disponibilité en quantité limitée (le niveau de production est bas) et leur grande variabilité (la production est incertaine).

Sans trop rentrer dans le détail, il faut encore remarquer que la situation du marché mondial a manoeuvre la plupart des pays sahéliens en voie de développement dans une position dépendante des pays du premier monde. En plus, le développement de 1'usinage des produits et du secteur privé est devenu problématique a cause des problèmes de debouches. Également, la migration saisonnière comme source alternative de revenus, est devenue moins attractive a cause de 1' aggravation de la situation économique dans les pays cêtiers.

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3.1-2 l..a situation foncière1

La gestion des ressources naturelles est en rapport direct avec les droits fonciers sur la terre. Le régime foncier est basé sur la structure sociale villageoise, déterminêe par des liens de familie, et sur 1'utilisation de 1'espace physique. En general, le régime foncier était divers mais bien défini et en correspondance avec les différentes categories de terres. Malgré sa valeur importante, la terre n'était pas considérée comme un bien commercial, ou quelque chose qu'on pourrait posseder. La terre était en premier lieu un moyen qui permet aux hommes de vivre et de faire vivre leurs enfants.

La terre est gérée par des families fondatrices du village qui transmettent les droits aux descendants. Ces families peuvent, avec la permission du chef de terre ou de la chefferie du village, prêter la terre aux autres families du village ou aux étrangers. Dans un tel cas, 1'emprunteur a des droits d'usufruit sur la terre (sans droits d'y planter ou cultiver des arbres).

A un moment donné les villageois étaient forces de defricher des nouvelles terres en brousse. Les jeunes s'installaient dans les hameaux de culture tandis que les vieux restaient dans le village mère. Les terres non-cultivées et les jachères étaient utilises comme paturages. Les limites du terroir villageois n'étaient pas clairement indiquées, ce qui provoquait souvent des conflits entre des villages avoisinants. De même, a 1'intérieur du terroir les litiges sur les limites se produisaient souvent.

A présent, dans les pays sahéliens c'est souvent l'Etat qui possède la terre mais qui reconnait les droits traditionnels. En principe il y deux categories de terres a distinguer: D'abord les terroirs villageois comprenant des terres travaillées, qui peuvent en theorie être réappropriées par l'Etat en vue de travaux d'intérêt public (pistes, aménagements rizicole, barrages etc). Ensuite, il y a les autres terres qui sont le domaine de l'Etat proprement dit, protegees par le code forestier. La deuxième categorie comprend des zones classées (les pares, forêts) qui appartiennent clairement è l'Etat, et des zones protegees par l'Etat oü les services compétents peuvent donner des permissions d'exploitation commerciale. Le village n'a aucune influence sur 1'exploitation des ressources sur són terroir par des étrangers et n'en tire aucun revenu.

La coupe de bois vert, le feu de brousse et le défrichement sont soumis a des autorisations. L'abattage ou 1'arrachage des espèces protegees est strictement interdit, sauf autorisation spéciale. L'interpretation du code forestier et des arrêtés officiels, dépend largement de 1'agent forestier sur place.

1 Ce paragraphe est basé sur Hijkoop et al, 1991, page 29-32.

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La confrontation entre 1'appropriation par l'Etat et 1'appropriation coutumière se traduit fréquemment par une déresponsabilisation de 1'ensemble. D'un coté, la population qui est forcée de respecter les règlements de l'Etat ne peut pas exercer de pouvoir sur "ses" ressources, et de 1'autre coté l'Etat n'est pas en mesure de contröler ou de gérer les ressources sur de tres vastes espaces. "...par ailleurs, la faiblesse financière et technique des appareils gouvermentaux interdit toute gestion étatique efficace des vastes espaces dont ils ont la responsabilité" (Guyon, 1989).

A cause d'un manque de terres arables, de 1'introduction des cultures de rente, de la mécanisation, ainsi que la fragmentation de la familie composée, le système de controle traditionnel a évolue vers un controle par individu ou par familie nucléaire.

Face è la contrainte qu'exerce aujourd'hui une plus grande pression démographique, on se rend compte que les régies traditionnelles se trouvent souvent inadaptées. Ceci est par exemple le cas dans les regions oü il y a beaucoup de preneurs de terre. Sur le plan individuel, il semble certain que le manque de sécurité foncière de toute une partie de la population ne favorise pas les investissements nécessaires pour assurer le maintien de la ressource ou 1'effort d'intensification.

Cet aspect de la problématique sera développé davantage au chapitre 4.

3.1.3 Pauvreté et environnement

Une caractéristique socio-économique des pays en voie de développement est la pauvreté, qui peut être considérée en même temps comme cause et consequence de la degradation de 1'environnement. La pauvreté des groupes cibles concernés (individus, families, groupes d'exploitants, gouvernements) fait qu'ils sont préoccupés par la satisfaction des objectifs de survie a court terme et ceci souvent au détriment des objectifs è long terme. Puisque les revenus monétaires au niveau des ménages sont insuffisants, les paysans sont forces de sur-exploiter les ressources naturelles disponibles. Au niveau national la situation est comparable. L'accent est souvent mis sur 1'expansion économique sans tenir compte des consequences écologiques. Les moyens pour freiner la degradation et pour exploiter les ressources d'une fa^on plus durable sont limites ainsi que les moyens ayant pour but d'exploiter des ressources d'une maniere alternative.

La degradation de 1'environnement touche surtout les pauvres ruraux qui sont le plus directement dependants de lui et n'ont pas de sources de revenus alternatives (par exemple les pauvres ruraux comme les femmes et les pastoraux), et touche relativement moins les citadins et les commergants. Les groupes pauvres manquent d'acces aux technologies

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alternatives, n'ont pas ou peu d'acces aux sources financières et aux autres moyens de production. L'excédent de la production agricole est écrémé par des commergants et n'est done pas reinvest! dans 1'agriculture ou 1'élevage. Les commergants preferent investir dans le commerce dans les grandes villes, par consequent le niveau de techniques appliquées dans les zones rurales reste bas.

Souvent il ne reste que la seule possibilité de continuer la sur-exploitation des ressources naturelles, ou la migration (temporaire ou permanente) è 1'extérieur. Finalement ceux qui restent sur place se trouvent dans un cercle vicieux sans avoir la possibilité d'y échapper par leurs propres forces. Néanmoins, les pauvres ne doivent pas être forcement considérés comme un obstacle dans le développement d'une region ou pays, mais plutöt comme défi et une partie de solution (voir Chambers, 1989).

Petit è petit la conscience commence & se manifester que la croissance démographique, la pauvreté rurale, la relation entre le pouvoir économique, politique et la degradation de 1'environnement sont liées et interdépendantes. La problématique de la gestion de 1'environnement et celle de la pauvreté sont directement liées, et nécessitent par conséquent une analyse globale et une approche intêgrée.

3.2 Le développement et 1'application de 1'approche AGT

3.2.1 L'évolution des strategies d'intervention

Au fil du temps les strategies d'intervention des Etats sahéliens et de leurs partenaires internationaux se sont modifiêes en fonction des résultats obtenus et des changements de vision en matière de développement. Cette evolution s'observe non seulement au niveau des technologies, mais également au niveau des concepts de participation des groupes cibles. Les changements dans le temps sont globalement indiqués ci-dessous.

A 1'époque coloniale, comme au debut de 1'independance des Etats sahéliens, la production agricole devait servir de source pour le développement industriel. Les cultures de rente furent l'objectif principal de ce secteur. La priorité en matière de ressources humaines était axée principalement sur la formation des cadres moyens, techniciens et ingénieurs afin d'amener les populations a appliquer les technologies importées.

Après les années de secheresse de 1972/74, et sous 1'influence des programmes d'appui international, la sécurité alimentaire des populations locales devint le souci majeur des gouvernements sahéliens (Bognetteau-Verlinden, 1992, 74). L'approche "productiviste" de cette époque s'est concretises dans des grands investissements destines a générer rapidement

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d'énormes plus-values. Les programmes sectoriels d'agriculture visaient 1'amelioration des systèmes de production traditionnels par la vulgarisation des thèmes techniques. L'élevage cependant n'a regu que peu d'attention, les interventions se limitant aux soins sanitaires et l'hydraulique pastorale. Les problèmes de la desertification, quoique reconnus, étaient confiés au secteur forestier et attribués è la crise énergétique. Les plantations industrielies n'ont pu résoudre les problèmes de degradation généralisée des ressources, ni couvrir les besoins en bois de feu des populations. Pendant cette période les interventions se sont caractérisêes par la consultation simple des populations sans pourtant les impliquer dans la conception et 1'evaluation des activités.

L'approche "foresterie villageoise" basée sur le principe de participation, fait son entree vers la fin des années 70. Dans la pratique cependant, la participation des groupes cibles, stimulêe par des sessions de conscientisation et de sensibilisation reste encore trop superficielle et se résumé le plus souvent è 1'adoption des propositions présentées par le service technique (Bognetteau-Verlinden, 1992, 74).

L'époque des années 80 ensuite fut caractérisée par les conclusions et recommandations du séminaire regional du Comité permanent Inter-états de Lutte contre la Secheresse dans le Sahel (CXLSS) tenu è Nouakchott en 1984. La notion selon laquelle le développement sectoriel, orienté vers 1'augmentation de la production agricole menait è un certain dégré de degradation des ressources naturelles était croissante. La desertification était maintenant reconnue comme handicap fondamentale è 1'intêgralité du développement des zones rurales au Sahel.

Une nouvelle strategie pour le développement rural au Sahel, visant è atteindre de nouveaux équilibres socio-écologiques, était fondée sur les objectifs suivants (CILSS, 1985):

1. La satisfaction des besoins fondamentaux des populations et, en particulier, 1'autosuffisance alimentaire.

2. La preservation du capital foncier et écologique, et la rehabilitation de son potentiel productif.

La strategie comporte les six elements suivants:

1. Participation des groupes cibles. un engagement total et volontaire des populations formées, responsabilisêes et organisêes.

2. Approche globale et multi-sectorielle des problèmes en vue de définir des programmes de longue durée traitant simultanément de 1'environnement, de la production et de l'homme.

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3. Aménagement du territoire et planification pour la recherche de nouveaux équilibres entre les écosystèmes, les systèmes de production et 1'occupation humaine.

4. Appuis institutionnels et aux servicesr une concertation et une assistance au développement remplaceront 1'encadrement (approche descendante) comme moyen d'appui des Etats S la population.

5. Recherche, formation et suivi.

6. Coordination et renforcement des aides extérieures devront être realises au niveau de chaque Etat.

La mise en oeuvre des concepts clefs, comme notamment la participation et 1'approche globale s'est avérée compliquée, raison pour laquelle la strategie a fait l'objet d'études lors de la Rencontre Régionale a Ségou (1989). Il en ressort plusieurs orientations qui ont contribué S l'évolution des concepts de "Nouakchott". Pour ne mentionner que les plus importants (Bognetteau-Verlinden, 1992, 80):

1 - La gestion des terroirs: gérer avec les collectivités locales.

2 - La decentralisation: accroltre 1'efficacité. 3 - Le foncier: sécuriser les investissements dans les

terroirs. 4 - Les femmes: valoriser leur participation. 5 - La rehabilitation écologique: reconstituer le capital

degrade. 6 - Le crédit et l'épargne locaux: accroltre 1•investissement

local.

3.2.2 L'approche "Aménagement et Gestion des Terroirs"

L'approche "Aménagement et Gestion des Terroirs (AGT)" constitué depuis quelques années une des strategies d' intervention pour la mise en oeuvre sur le terrain des orientations de "Nouakchott" et de "Ségou". En bref cette strategie tente de répondre a 1'accroissement de la pression foncière et S la degradation du capital agro-sylvo-pastoral. Le milieu rural est considéré comme étant sérieusement déséquilibre par 1'augmentation de la pression démographique, 1'insécurité foncière et 1'exploitation incontrölée des ressources.

L'attention particuliere pour 1'approche AGT s'explique par un climat économique et politique favorable; outre la necessité écologique, il y a aussi des intentions d'ordre économique et politique qui favorisent 1'introduction de ce concept de développement rural. Le paysannat sahélien en fait a vécu pendant plusieurs décennies une situation de forte dépendance vis è vis de l'Etat, le secteur privé étant tres peu développé. La Banque Mondiale et le Fonds Monetaire

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International (FMI) "proposent" aux états une redefinition de leur strategie de développement dans le sens d'un ajustement structurel qui limite les charges de l'Etat et encourage les initiatives privées. Le Fonds d'Aide et de Cooperation Frangaise et la Caisse Centrale de Cooperation Économique, prenant acte de ces orientations, oeuvrent è la definition d'une nouvelle approche de terrain opérationnelle: 1'approche "gestion des terroirs villageois", tres fortement liée au développement local et a 1'organisation des villageois (Clouet,1990, 1).

Barrier (1990, 36) réfère explicitement è 1'implication politique et économique: "L'approche gestion de terroir est le pendant oblige des programmes d'ajustement structurel entrepris au niveau national pour créer les conditions d'un meilleur développement économique. Elle est a la fois 1'instrument de mise au point et d'application des nouvelles politiques en matière de gestion du foncier et des ressources naturelles, et de promotion du secteur privé et associatif".

Ensuite, et non moins important, il y a les bouleversements politiques de cette époque; le processus de démocratisation qui se repend sur le continent africain. La conscience politique croissante des larges couches de la population constitué actuellement un des facteurs è la base d'une certaine decentralisation du pouvoir. La dernière est considérée selon la nouvelle ideologie comme une des conditions de base pour la prise en charge effective par les populations rurales de leur propre développement.

Qu'est-ce gue "1*Aménagement et Gestion des Terroirs"?

Il n'est pas facile de répondre a cette question en quelques mots. Il s'agit en fait d'un ensemble de projets et programmes, nouveaux et anciens et dans des contextes agro-écologiques différents, qui ont développé sur la base des notions globales de 1'approche "Aménagement et Gestion des Terroirs" (AGT) leur propre strategie d'intervention.

Aussi, il existe a la date d'aujourd'hui des definitions et pratiques différentes en matière d'AGT. Ceci semble logique: ce n'est qu'en 1986 que les premiers tests ont été menés au Burkina Faso, le seul pays jusqu'S présent qui dispose d'un programme national de gestion des terroirs villageois. En raison de sa nouveauté il demeure difficile d'en tirer déjè des conclusions d'ordre general. C'est d'abord au niveau des projets individuels que des legons doivent être tirées.

L'ensemble des strategies d'intervention "Aménagement et Gestion des Terroirs" peut être décrit, de fagon tres globale, £ travers les six caractéristiques suivantes:

1 - La finalité: la gestion durable des ressources naturelles, 2 - L'orientation des objectifs: "Aménagement" versus

"Gestion", 3 - L'unite d'implication: les terroirs,

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4 - Le caractère participatif, 5 - L*integration multi-sectorielle, 6 - Le caractère innovateur.

En fait, c'est surtout au niveau de 1'orientation des objectifs et du degré d'integration pluridisciplinaire que les differences entre les strategies sont les plus prononcées:

1 - La finalité: gestion durable des ressources naturelles

Par "gestion durable" en terme general il faut comprendre 1'utilisation optimale qui ne dépasse pas la capacité de charge du système écologique et n'amène done pas è la sur-exploitation.

La plupart des auteurs (Bognetteau-Verlinden, 1990; Goumandakoye et Bado, 1991; Guèye et Laban, 1992; Reseau Recherche Développement, 1992) définissent comme finalité la gestion durable des ressources naturelles, en supposant que cela contribué directement ou indirectement au développement durable de la region (voir 3.1). "En somme, pour tous ou presque, la mise en oeuvre d'une démarche "Gestion de Terroir" vise a créer une dynamique sociale (villageoise et intervillageoise) qui implique fortement les communautés rurales dans la prise en charge de leur propre développement, en cherchant è preserver les ressources naturelles sur le territoire qu'elles occupent et dont elles sont responsables, ce qui suppose une sécurisation foncière" (Reseau Recherche Développement, 1992) .

2 - L'orientation des objectifs: gestion et aménagement

L'utilisation des termes "gestion" et "aménagement" peut donner lieu a une certaine confusion. On parle au même titre des projets et approches "Gestion des Terroirs" et "Aménagement des Terroirs".

En fait il s'agit de deux aspects de la même approche, qui sont étroitement lies et de caractère complémentaire, (Blokland, 1990, 45):

- L*aménagement: les interventions techniques permettant une meilleure repartition du terroir en fonction des ressources naturelles et humaines.

- La gestion: les activités socio-économiques, juridiques et d'organisation permettant 1'utilisation rationnelle et le controle des terres villageoises par la population.

Généralement, dans la littérature le terme aménagement fait reference è 1'aspect spatial, tandis que la gestion se réfère

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plutöt è 1'aspect organisationnel. Afin d'appliquer de fagon la plus claire la terminologie dans cette étude, nous parlerons de 1'approche "Aménagement et Gestion des Terroirs (AGT)" ou simplement de 1'approche "Terroir".

Le rapport entre les deux aspects dépend fortement du niveau, du contexte et de 1'origine d'une intervention. Au niveau des terroirs villageois par exemple, une distinction globale pourrait être faite entre les interventions "d'aménagement", visant en premier lieu des objectifs agro-écologiques (par exemple la lutte anti-érosive et 1'agroforesterie) et les interventions de "gestion" visant en premier lieu des objectifs socio-économiques (par exemple la prise de conscience, 1'appui S 1'organisation et des activités économiques, etc.).

3 - Le terroir: 1'unite d'implication

Le terroir est considéré comme unite de base pour la gestion des ressources naturelles. Il est défini comme suit (Goumandakoye et Bado, 1992, 13):

"Le terroir est 1*espace rural géré par une communauté qui affirme y exercer des droits d'exploitation et d'occupation dans un cadre socio-économique et culturel défini. Le terroir n'est done pas un concept de géographie physique. Il est avant tout économique, sociologique, écologique et juridique. Le terroir ne saurait done se résumer a une simple addition des ressources naturelles disponibles (sol, eau, vegetation..)."

Dans la réalité du Sahel, il peut s'agir de terroirs de différents ordres, comme par exemple les terroirs villageois d'agriculteurs sédentaires, les terroirs villageois des agro-pasteurs et les terroirs pastoraux assez diffus ("terroirs d'attache").

4 - La participation des groupes cibles

La participation des groupes cibles est généralement considérée comme point de depart pour la mise en oeuvre des projets et programmes "Aménagement et Gestion des Terroirs". La participation des populations doit, pour être porteuse de veritable succes, être volontaire, basée sur une pleine comprehension des tenants et aboutissants de 1'action pour la­quelle on veut s'engager. Elle devrait enfin reposer sur le partenariat, qui consisterait è un vrai partage du savoir, de 1'avoir et du pouvoir (Goumandakoye et Bado: 1991, 68).

5 - L'integration des actions

L'integration des actions provient du cadre de 1'approche globale. C'est la prise en compte d'un ensemble de secteurs afin d'assurer le développement, exigeant de la coordination

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dans 1'identification, 1'execution et 1'evaluation des actions, afin d'obtenir sa plus-value qui consisterait au renfort mutuel des actions. Une simple juxtaposition des actions serait a éviter.

II est S noter la grande difference entre les projets en cours, ayant adopté 1'approche AGT, et les nouveaux projets, congus dès leur début pour la mise en oeuvre de 1' approche. Les deux situations de depart présentent des problématiques tout è fait différentes par rapport è 1'integration. L'integration dans une intervention en cours constitué un défi quant è la revision des responsabilités et des tSches spécifiques a attribuer aux différents partenaires.

Par contre, les interventions partant dés leur début d'une situation intêgrée, pourraient trouver la difficulté de créer un cadre efficace auquel les communautés cibles peuvent faire appel afin d'etre assistées.

6 - Le caractère innovateur

La démarche de 1'approche AGT dans les différentes zones du Sahel est considérée comme expérimentale. Son développement est vu comme un processus nécessitant la concertation continue des différents partenaires (cibles, services techniques, autorités coutumiers etc), afin d'ajuster continuellement la ligne de conduite en fonction des experiences acquises.

3.2.3 L'AGT: ses atouts et conditions critigues

L'approche AGT est supposée faire face, de fagon plus efficace que par le passé, aux contraintes du développement rencontrées par les autres strategies employees (voir 3.1). Selon Barrier (1992) , ses atouts spécifiques seraient les suivants:

* Réussir a clarifier les conditions de la gestion du foncier.

* Réussir a faire apparaïtre de nouveaux systèmes de production plus reproductibles.

* Réussir a redonner aux populations rurales la capacité et le pouvoir d'initier les actions de développement les concernant.

Il ressort des deux derniers points 1'un des véritables défis de 1'approche AGT è savoir chercher la combinaison optimale entre les objectifs S court et a long terme. Dans les zones marginales du Sahel oü les communautés cibles vivent des situations ardues, il s'avere primordial d'assister d'abord la population a résoudre ses problèmes les plus urgents, afin de garantir une collaboration soutenue entre cibles et intervenants.

Le succes de cette strategie d'intervention dépend d'un certain nombre de conditions "critiques" qui doivent être

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remplies a court ou moyen terme, pour que la démarche réussisse. Par conditions critiques nous entendons les facteurs de 1'environnement (institutionnelle, économique...) directs ou indirects d'un projet, qui conditionnent la réussite de sa strategie d'intervention, et ne pouvant guère être influences par le projet lui-même.

On peut globalement les distinguer aux trois niveaux suivants: des populations cibles, des interventions de développement (sous-)régionales et de la politique (inter-) nationale.

Au niveau des populations cibles: leur disponibilité constitué logiquement la première condition d'une approche participative. Elle n'est malheureusement pas toujours évidente, è cause de 1'exode rural mais aussi d'une sécurité alimentaire parfois tres précaire, limitant ainsi la participation active.

Ensuite la notion de terroir et les conditions de gestion doivent être acceptées. Les espaces seront a delimiter et les communautés rurales auront a s'organiser afin de superviser les actions des exploitants de "leurs" terroirs. Il est nécessaire que les communautés villageoises et leurs chefs hiérarchiques acceptent ces tSches, et que 1'Etat leur délègue officiellement la responsabilité et les competences juridiques nécessaires (loi forestière, code rural). C'est surtout la confiance au système judiciaire (code rural) et son application par les autorités concernées, qui constitué une condition importante S la gestion foncière.

Au niveau des interventions (sous-régionales), il est nécessaire que les responsables administratifs et techniques soient en mesure de donner un appui effectif aux populations cibles et aux autres acteurs de développement. Il s'agit non seulement de 1'appropriation de 1'approche par les cadres techniques, mais également de 1'implication effective des autorités coutumières et administratives. Ceci n'est pas realisable sans un veritable support politique è tous les niveaux.

La dynamique d'evolution du système de production devrait davantage provenir des intéresses eux-mêmes et du secteur privé, le röle de l'Etat et de ses services techniques se limitant aux grandes lignes de la politique agricole. Il est suppose que la politique actuelle des Etats sahéliens arrivera S un déblocage effectif du secteur commercial (garanties de prix, vivres-PAM etc), ainsi qu'un certain degré de decentralisation du pouvoir politique (Barrier, 1990).

La capacité d'avancer au rythme des processus de decision des villageois suppose une flexibilité dans 1'engagement des fonds. Ensuite, le fait que la gestion durable des ressources naturelles suppose un processus de transformation des systèmes de production demande un engagement de longue durée de tous les partenaires.

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A part les conditions critiques mentionnées ci-dessus, il y a encore d'autres suppositions qui sont souvent (implicitement) S la base de la mise en oeuvre de 1'approche AGT. La possibilité de régénérer les ressources naturelles et d'augmenter la production agricole n'est que rarement mise en doute. Ensuite on considéré automatiquement que la participation renforcee et la prise en charge effective par la population locale de la gestion des ressources naturelles, soit bénéfique pour le maintien de ces ressources a long terme.

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Photo 4: Les jeunes pousses de mil souffrant des vents forts au début de la saison pluvieuse.

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4 DESCRIPTION DU CONTEXTE DU PROJET REBOISEMENT RIVE DROITE TERA

4.1 Le système socio-économique

4.1.1 L'occupation humaine

Pendant longtemps, la region dont fait partie 1'arrondissement de Téra, constituait 1'empire des Targui (peuple Touareg) de Bankilaré, issus eux-mêmes des Ouillimiden. Les Touareg preferent le nord du Sahel et les zones dunaires avec des espaces moins peuplés, voir carte en figure 4.1.

Les Sonraï, regroupés au sein des cantons de Kokorou et de Dargol, seraient déjè presents en cohabitation avec les Touareg, les premiers utilisant les seconds dans leurs guerres contre les autres ethnies (Ottens et Huisman, 1991).

Les Wogos sont venus du Mali, chassés par les famines et les razzias les contraignant ainsi a occuper les iles du fleuve Niger. Eleveurs qu'ils étaient, ils ont eu a pratiquer par le passé un nomadisme court entre les ïles oü ils cultivent du riz, et les berges du fleuve oü ils mènent les animaux en pSturage en saison des pluies.

La sécurité s'affirmant de plus en plus, 1'expansion des hommes a continue sur des espaces plus grands tout en gardant les structures d'organisation sociale. L'accroissement démographique, dont une des manifestations est 1'élargissement des villages et le développement des hameaux, est suivi d'une pression plus importante sur les ressources naturelles (espaces agricoles et pastoraux principalement), en premier lieu au bord du fleuve.

Ainsi, les Targui se sont disséminés du Nord au Sud mais aussi d'Ouest en Est et s'écartant davantage du fleuve déjè peuplé.

Les Houssa venus par migrations d'Est en Ouest se sont installés dans les centres urbains (Méhana par exemple) oü ils pratiquent le commerce.

Avec une espérance de vie de 45 ans et une mortalité juvéno-infantile de plus de 20%, la croissance de la population nigérienne est estimée a environ 2.8% chez les sédentarisés et 1.8% chez les nomades. Suite a une sédentarisation imposée par les pertes énormes en bétail dues aux sécheresses, la dernière a été sensiblement réduite (Breitschuh et al, 1989, 20).

Dans la region, 1'exode saisonnier des hommes mariés et jeunes célibataires est un phénomène general et ancien. Les exodants se dirigent vers les pays voisins ou vers Niamey (la capitale) en quête d'argent, de nouvelles connaissances et d'experiences.

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La population totale sur la zone du projet, selon le recensement de 1988 serait de 25.330 habitants, soit une densité approximative de 30 a 34 habitants par km» (Ricklefs, 1990). Cette densité est caractérisée du fleuve è 1'Ouest comme du Sud au Nord par un gradient décroissant.

La bande d'environ 5 km de large tout prés du fleuve, est la plus peuplée. La densité en 1988 était déjè d'approximativement 50 habitants au km2 soit 1.5 fois plus importante que celle de toute la zone et 3 fois plus que celle de 1'arrondissement de Téra (Ricklefs, 1990). Selon une autre source cette densité pourrait même s'élever è 140 habitants par km2 (Breitschuh et al, 1989, 20).

La grande majorité de la population reside dans les villages, campements et hameaux, et prés de 25% dans le chef-lieu de 1'arrondissement et les villages importants.

4.1.2 Les activités économigues

Les activités principales, 1'agriculture et l'élevage, sont menées par la quasi-totalité de la population de Téra.

Dans la zone d'intervention du PRRDT, 1'agriculture est actuellement 1'occupation principale des Sonraï, des Wogos et des Bellas. La culture de mil fournit 1'aliment de base de la population, et la riziculture est pratiquée comme activité additionnelle par les insulaires (Wogos). GrSce è 1'installation des aménagements rizicoles dans le lit du fleuve Niger (1980-1988), présentement les autres ethnies s'occupent aussi de cette activité. Les insulaires font aussi la pêche et interviennent sur la rive droite pour la culture hivernale, sur des espaces empruntés aux Sonraï.

Les Peulhs faisaient la transhumance auparavant; actuellement ils font la bergerie pour les grands propriétaires d'animaux. Ils interviennent de temps en temps dans la zone d'intervention du projet pour aller au bord du fleuve.

Il est difficile aujourd'hui de distinguer de fagon nette les populations agricoles des pastorales. L'integration des activités et les changements en propriété du cheptel, plus 1'insécurité croissante des productions animales et agricoles, sont è 1'origine des populations agro-pastorales d'aujourd'hui.

Le manque de jachères et 1'expansion continuelle des superficies agricoles ont diminué graduellement les possibilités de pèturage et contraint a une diminution de la mobilité des animaux. La reduction de cette mobilité a contribué è la sédentarisation de l'élevage. Une consequence de cette situation est le conflit entre les agriculteurs et propriétaires de bétail, dus aux dégèts causes par les animaux dans les champs.

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Carte du Département de Tillaberi

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source : Breitschuh. 1989. 12

Figure 4.1

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4.1.3 L'acces a la terre

Le droit foncier représente une synthese de plusieurs elements, dont le droit coutumier regional et ethnique, le droit islamique, et le droit europeen impose par les colonisateurs constituent les piliers de base.

Pour les membres d'une communauté villageoise de la zone d'intervention du projet, les principaux modes d'acces è la terre sont 1'heritage, presqu'exclusivement par les fils, le débroussaillage de terrains vierges en propriété communautaire, et 1'emprunt d'un terrain auprès d'un chef de village ou d'un chef de canton.

Au sein d'une exploitation, les jeunes hommes et les femmes ont droit è un petit champ individuel, qu'ils cultivent pour leurs propres comptes. Les femmes regoivent souvent de leurs maris des parcelles localisées è 1'intérieur de leurs champs. En regie générale, une familie immigrée sans relation de parenté avec des villageois, ne peut obtenir des parcelles que par emprunt. D'habitude, quelques bottes de mil sont offertes au propriêtaire du champ en signe de reconnaissance de son droit de propriété. Un champ emprunté doit en principe être rendu si le propriêtaire le reclame. Malgré une utilisation prolongée d'un terrain, les immigrés restent toujours incertain des droits permanents sur les terres qu'ils cultivent. En plus, ils craignent de perturber les anciens liens avec leurs families d'origines, et acceptent de ce fait toujours leur statut d'emprunteurs.

La haute pression démographique au bord du fleuve a mené è une cohabitation entre des populations "aborigènes" (Sonraï et Bella) au bord du fleuve et des populations insulaires (Wogo) d'installation assez récente. Les premières détiennent les droits fonciers, tandis que les secondes prêtent. La pression sur la terre arable a provoqué des tensions et des conflits entre ceux qui possèdent la terre et les autres sans droits fonciers. Toutes les personnes exploitant et habitant sur la rive droite du fleuve, sont tenues par la loi de s'y faire recenser et de payer les taxes.

A part la croissance démographique et la migration des insulaires, il y a aussi les pertes importantes de bétail liées aux dernières sécheresses, qui ont contribué è 1' augmentation de la pression sur les zones agricoles au bord du fleuve. Ayant perdu leurs troupeaux qui leur permettaient d'exploiter des espaces de la savane, les families pastorales ont immigrées dans les zones agricoles. Les zones agricoles se sont élargies vers le Nord envahissant davantage des aires de pèturage etc.

Ainsi la pression sur les terres, notamment sur les parcelles proches du village, a augmenté considérablement ces dernières décennies avec pour consequence une extension dramatique des surfaces cultivées au détriment des jachères et des zones de pèturage (au Nord).

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4.1.4 Formes d'organisation traditionnelles et formelles

Depuis 1'instauration de la Société de Développement, è la fin des années '70, tous les villages disposaient formellement d'un Conseil Villageois de Développement (CVD); une structure de concertation et de decision au niveau du village qui devrait s'occuper des questions de développement. Dans la pratique cependant, cette structure n'a jamais été réellement opérationnelle dans la plupart des villages. La structure de la Société de Développement fut officiellement abolie en 1991 par la Conférence Nationale. Cependant, il existe dans la plupart des villages toujours une structure informelle de concertation et d'organisation, qui réunit le chef et ses conseillers, et parfois les représentants des différents groupes socio-professionnels de la population (la cooperative, 1'Association des Femmes, 1'association des jeunes (la Samaria) etc).

La Samaria est une institution des jeunes, dont le but est de renforeer 1'esprit de solidarité entre ses membres. Comme pour le CVD, la contribution au bien-être du village apportée par cette organisation, dépend fortement de son Président et de la cohesion sociale du village. La Samaria n'existe plus officiellement.

L'Association des Femmes du Niger (AFN) existe dans presque tous les villages. Cependant, les femmes continuent è s'organiser de maniere traditionnelle. Dans la zone d'intervention du projet, 1'AFN n'a ni les moyens, ni le personnel pour se développer en une organisation qui peut atteindre ses buts: promouvoir 1'integration des femmes nigériennes dans le processus de développement.

Les structures cooperatives sont basées sur des Groupements Mutualistes (GM) dans tous les villages du pays. Les GMs englobent environ 5 villages, leurs tèches sont la formation des agriculteurs, la procuration des intrants et la commercialisation des produits agricoles. Il s'agit d'une structure créée et dirigée par 1'état, qui n'est guère plus fonctionnelle a la date d'aujourd'hui.

Des formes d'organisations informelles sont en outre les tontines (groupes d'épargne) par les groupes d'ège, la cooperation coutumière (comme 1'invitation au travail, 1'entraide familiale), des groupes de quartier, des associations des jeunes etc.

4.1.5 La position de la femme dans la société

Dans le système socio-économique une différenciation doit être faite entre les femmes d'origine pastoralistes (surtout les Bellas) et les femmes sédentarisées depuis longtemps (les femmes Sonraï et Wogos) dans la zone d'intervention du projet. A cause de leur sédentarisation, les pratiques économiques des pastoralistes ont change, mais leurs traditions et coütumes ne

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se sont pas beaucoup modifiêes.

Pour les femmes Bellas, les ressources animales constituent la base de leur économie. Les sous-produits (le lait, la viande, la peau) sont d'abord pour 1'autoconsommation et êventuellement la vente. Autrefois, les femmes pouvaient obtenir des animaux par 1'heritage, la dot, le don des parents, 1'achat et par la reproduction. A cause de 1'aggravation actuelle de la situation économique, personne n'a plus beaucoup d'animaux et les femmes se dirigent aussi de plus en plus vers 1'agriculture.

Les femmes Bellas sont responsables des tèches reproductives, tels que la preparation de la nourriture, le ménage et les soins des enfants.

Les femmes Sonraï et Wogos ont, comme les Bellas, une caisse séparêe au niveau de la familie, mais elles ont plus d'obligations quant aux affaires familiales. Les sources de revenus pour les femmes Wogo et Sonraï sont surtout 1'agriculture, l'élevage (petits ruminants), tandis que le commerce (transformation du riz, vente du bois de chauffe etc.) et 1'artisanat (confection de nattes etc.) est fait par les vieilles femmes de chaque ethnie.

L'agriculture hivernale se fait sur une petite partie d'un champ du mari, oü les femmes cultivent 1'arachide et le niébé. En période de contre-saison, le gombo et le sésame sont cultivés dans des jardins.

Officiellement, une femme peut obtenir des parcelles par heritage (elle gagne la moitié de ce que gagne son frère). En réalité, les femmes n'y ont pas acces, parce qu'elles se marient ailleurs.

Concernant le droit d'usufruit des arbres, on fait une difference entre les arbres qui poussent naturellement (propriété de tous) et ceux qui sont plantés (appartenant au planteur) . En plus, il y a une difference entre les arbres avec et ceux sans cloture, et les arbres de valeur commerciale ou non. En principe, 1'arbre appartient è celui qui 1'a planté ou qui est propriêtaire de la terre. La regie est surtout appliquêe aux arbres qui donnent un produit commercial, comme des fruits, des feuilles etc.

Normalement, un emprunteur de terre n'a pas droit d'y planter des arbres. Il les perdra au moment oü le propriêtaire reclame sa parcelle. Les femmes n'ont pas encore planté beaucoup d'arbres. Seulement avec la permission de la familie elle pourrait prof iter de ses arbres. En cas de divorce la femme perdra ses arbres, sauf si elle les a plantés dans un site qui lui appartient. Elle n'est jamais recompensée pour ces arbres. En cas de décès les enfants en hériteront.

A cause de la diminution de la productivité agricole et la degradation de 1'environnement en general, la position de la

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femme dans la société a change. Elle consacré plus de temps è la recherche du bois de chauffe, elle ne fait plus la cueillette a cause du manque de brousse, elle ne trouve plus d'intrants gratuits pour l'artisanat etc.

Un deuxième changement est cause par la migration saisonnière des hommes ("1'exode") vers les pays cêtiers et les grandes villes. A cause de cette emigration (temporaire ou permanente) les femmes doivent de plus assumer des nouvelles tèches au cours de la période d'exode des hommes.

Finalement, c'est le contexte socio-culturel et religieux qui restreint souvent la mobilité des femmes, et qui limite le droit decisionnel par rapport aux hommes, au niveau du foyer ou du village.

4.2 Le système physique

4.2.1 Introduction

La zone d'intervention du projet est située sur la rive droite du fleuve Niger, dans les cantons de Kokorou et de Dargol (voir carte en figure 4.1). Elle couvre une superficie de 1000 km2 pour environ 70 km de long et environ 15 km de large.

Le climat est de type sahélien, avec une pluviometrie de 250 a 400 mm par an, distinguant une zone agro-pastorale au Sud et une zone pastorale au Nord. Cette pluviometrie réduite et irreguliere determine en grande partie la strategie des paysans dans la mise en culture des différents sols.

L'isohyète de 400 mm serait descendue environ 150 kilometres vers le Sud, entre 1951 è 1991, en situant la zone du projet dans la zone de transition entre agriculture et élevage, oü tous les deux sont de plus en plus précaires (Ottens et Huisman, 1991). L'isohyète de 325 mm, determinant grosso modo la limite au Nord des terres a vocation agricole, se situe actuellement au milieu de la zone d'intervention du projet.

4.2.2 L'eau. la terre et la vegetation

Le reseau hydrographique est compose d'un seul cours d'eau permanent, qui est le fleuve Niger, et d'un ensemble de mares permanentes et semi-permanentes. Quelques mares sont en disparition par 1'ensablement et la diminution de 1'infiltration des eaux, tandis que d'autres mares se créent è cause d'un changement dans les cours d'eau et du ruissellement sur des terres dégradées.

D'un relief dunaire plus au moins ondulé, la zone présente principalement deux types de sols:

- Les sols sablonneux des dunes, a faible fertilité due è une teneur en matière organique et phosphore basse. La capacité de retention d'eau est basse également. Ces

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sols, s'ils sont cultivés, portent les cultures de mil. - Les sols argilo-sablonneux et argileux, localises autour des mares, dans les cuvettes et le long du fleuve. Ces types de sols tres faiblement représentés, sont relativement fertiles.On y pratique les cultures de riz et de sorgho.

La vegetation est de type steppique, composée d'arbres ou d'arbustes épineux surmontant un tapis herbacé discontinu. Cette vegetation est caractérisée par un gradient croissant, faible mais cependant perceptible, du Nord au Sud d'une part, et d' autre part au fur et è mesure que 1' on s' éloigne du fleuve de l'Est vers 1'ouest.

Les espèces les plus fréquemment rencontrées sont les suivantes:

Pour les ligneux: Euphorbia balsamifera, Acacia nilotica, A. albida, A. raddiana, Ziziphus mauritiana, Balanites aegyptiaca, Leptadenia pyrotechnica, Combretum spp, Piliostigma reticulatum et Calotropis procera.

Pour les herbacés: Cenchrus biflorus, Eragrostis spp, Alysicarpus ovalifolus, Aristida pallida et chrozophora brocchiana.

4.2.3 Les svstèmes d'exploitation agricole

Au plan agricole, deux systèmes de cultures sont prédominants: le système de cultures pluviales et celui de cultures irriguées. Pour les premiers, les cultures pratiquées par les hommes sont le mil, le sorgho, et le niébé d'une part, et d'autre part le gombo, le sésame, l'oseille et l'arachide par les femmes. Le mil, principale culture céréalière, est cultivé en monoculture ou en association avec le niébé dans les regions sablonneuses sur les plaines dunaires du fleuve vers 1'intérieur de la zone d'intervention.

Le système irrigué consiste a la culture de riz en toute saison et les cultures de contre-saison en saison froide. Ce système est uniquement trouve dans la zone du fleuve.

L'agriculture pluviale est précaire. Le deficit céréalier est observe en moyenne une fois tous les deux ans (Rapport annuel SAA-Téra, 1992). Il est a noter que cette observation concerne 1'ensemble de 1'Arrondissement et que les pluies, surtout au Nord sont souvent de caractère local. La pluviometrie dans deux villages avoisinants peut différer considérablement.

Quant aux paysans les contraintes majeures è cette agriculture sont les suivantes:

- 1'insuffisance des pluies, - la baisse de fertilité des sols, - les oiseaux et autres prédateurs,

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- 1'erosion par le vent, - le manque de semences.

Face a ces contraintes les paysans ont développé des strategies destinées a accroltre les productions agricoles, ou tout simplement des strategies de survie en périodes de soudures.

La première strategie consiste S semer les terres dunaires et a pratiquer de la culture extensive. Autrefois les paysans laissaient les tiges de mil sur les champs ce qui protégait les sols contre 1'érosion. Aujourd'hui cette pratique s'applique de moins en moins (les tiges constituant une source d'énergie, un aliment de bétail, par peur du Striga (une planté parasitaire)) .

Face aux oiseaux, les pratiques consistent a 1'installation d'épouvantails dans les champs, è la destruction des nids et tres fréquemment a 1'abattage des arbres des champs.

Jadis, en période de soudure les paysans pouvaient survivre par la cueillette des produits forestiers et la chasse; aujourd'hui cela n'est plus possible è cause de 1'absence de brousse. Les seuls recours sont la vente des animaux, 1'exode et parfois le travail salarié dans les exploitations rizicoles.

4.2.4 Les svstèmes d'exploitation pastorale

Au plan de la production animale, on distingue principalement deux types d'élevage:

- Un élevage sedentaire conduit en tant qu'investissement pour constituer un fonds de secours. Une partie du cheptel est confiée a un berger en saison des pluies, et 1'autre reste en stabulation et est mise en embouche. Les animaux d'embouche sont principalement les ovins.

- Un élevage agro-pastoral conduit par les Touareg et par les Peulh. Les animaux font de courtes transhumances (Rive Droite - Nord Téra) en fonction de la repartition des pluies.

Les contraintes majeures a l'élevage dans la zone sont surtout la forte diminution des pèturages et jachères, qui cause un manque de fourrage, un manque d'acces aux points d'eau, et la surexploitation des dunes prés du fleuve due a 1'abreuvement des animaux en saison sèche.

Les sécheresses de 1970/73 ont considérablement diminué le cheptel. Les eleveurs ont dü vendre dies animaux pour survivre et pour alimenter le troupeau restant. Par conséquent, la region è tradition pastorale a été transformée en zone d'agriculture pluviale. Dans la zone d'intervention du projet, la consequence était le transfert du cheptel des zones

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nomades vers les zones fluviales. Les sédentaires de cette zone ont une plus grande sécurité alimentaire, et la paille de riz et d'autres productions fourragères du fleuve leur permettent de mieux entretenir les animaux.

Le mouvement des troupeaux en zone agricole se fait è travers les couloirs de passage, des bandes relativement étroites (50 - 200m) au milieu des zones agricoles pour permettre le passage libre aux animaux du fleuve è 1'intérieur. La delimitation et la maintenance de ces couloirs sont souvent des sources de conflits entre les eleveurs et les agriculteurs.

Les strategies développées permettent de maintenir le cheptel en bonne année pluvieuse; les paysans stockent des tiges de mil, de la paille, et les riverains du fleuve confient temporairement leurs animaux aux bergers situés sur les plaines dunaires. En saison sèche le complément est assurée par élagage des arbres. La paille n'est récoltée et stockée, selon les paysans, qu'en mauvaises années, et donnée aux animaux le soir.

4.2.5 La problématique de base

La zone d'intervention du projet, telle que définie auparavant, est située dans un espace de transition agro-pastorale, caractérise par une agriculture pluviale précaire, la riziculture, et 1'exploitation pastorale de 1'espace par les animaux des agro-éleveurs et des eleveurs.

L'agriculture s'est élargie jusqu'è un niveau oü elle n'est plus viable, de vastes zones è vocation pastorale étant maintenant soumises è 1'exploitation agricole. L'agriculture s'y pratique d'une fagon extrêmement extensive. De grandes surfaces sont mises en exploitation et ainsi exposées aux vents. La protection végétale est en plus diminuée par la reduction des jachères, et par la coupe des arbres et arbustes pour lutter contre les attaques des récoltes par les oiseaux.

Le processus de degradation peut être illustré è travers une étude menée en 1992 sur la base des photos aériennes de 1955, 1975 et 1991. Cette étude cependant n'a été menée qu'au niveau d'un seul terroir villageois (de ± 5700 Km 2), è savoir celui d'un village "test" au Sud de la zone d'intervention avec une pluviometrie d'environ 400 mm. Les surfaces cultivées (cultures hivernales) ont augmenté de 480 ha en 1955, vers 1120 ha en 1975, voire jusqu'è 2600 hectares en 1991. Les surfaces en jachère par contre ont diminué de 2390 ha en 1955, vers 1870 ha en 1975, voire jusqu'è 480 ha en 1991. Done les proportions des superficies (culture: jachères) pour les années 1955, 1975 et 1991 sont respectivement de (1:5), (2:3) et (5:1). Ensuite la tendance a été observée que des terres argileuses sont de plus en plus remplacées par des terres sablonneuses pour la culture de mil qui fait la quasi totalité des cultures hivernales. En plus il y a 1'élargissement des

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champs individuels, leur surface étant augmentée de ± 5 ha en 1955 è + 20 ha en 1991 (Pierik, 1992).

Des declarations faites par des paysans en 1991 laissent supposer une diminution jusqu'è 75% des récoltes de mil (par unité de production) au cours des trente dernières années (Ricklefs, 1990, 41). A 1'heure actuelle il n'y a pas d'autres indicateurs plus fiables disponibles pour décrire la diminution de la production agricole en terme quantitatif au niveau de la zone d'intervention du projet.

En terme de superficie les surfaces restantes (pèturages et plateaux rocheux) semblent n'avoir subi qu'une diminution légere (2650 ha en 1955, 2570 ha en 1975 et 2370 ha en 1991). Cependant, la qualité du pèturage s'est beaucoup détériorée (Pierik, 1992).

La pression démographique, déja mentionnée, a accru la pression pastorale et agricole et créé une demande de plus en plus forte en bois de chauffe et de service. La vente du bois de chauffe est une pratique tres ancienne. Le prix d'un fagot (25-30 Kg) était en 1990 250 F.CFA compare è 150 F.CFA/fagot d'il y a 15 ans (Ricklefs, 1990, 73). Les photos aériennes du village "test" au Sud de la zone d'intervention démontrent que la densité en arbre en 1991 serait environ la moitié de ce qu'elle était en 1955 (Pierik, 1992). La comparaison des photos dans ce but doit cependant être considérée peu fiable è cause de la difficulté d'interpretation liée è 1'échelle et la saison de prise des différents jeux.

La surexploitation a conduit aujourd'hui è un environnement en voie de degradation. En plus, la dynamique de 1'occupation humaine de 1'espace a provoqué une crise foncière importante sur la rive droite. La situation d'insécurité foncière des insulaires qui avaient des droits d'usufruit sur les terres de la rive droite, crée des relations potentiellement conflictuelles, qui constituent un obstacle a une gestion commune et même parfois individuelle des ressources naturelles.

Dans toute la zone et particulièrement prés du fleuve, le bois manque. Il est substitué par la bouse de vache et des tiges de mil qui par le passé entretenaient la fertilité des sols.

Le déséquilibre écologique a conduit è une instabilité alimentaire, mais aussi a 1'affaiblissement des economies locales, en particulier dans les zones dunaires. Prés du fleuve, les activités économiques sont plus dynamiques et soutenues par une diversification des productions.

4.3 Les interventions régulières

Les interventions régulières de développement touchant la population dans la zone d'intervention du projet Reboisement Rive Droite Téra sont de différentes origines.

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L'administration est structurée au niveau national, regional (Département), sous-régional (Arrondissement) et local (Canton). Au sein des cantons se trouvent les villages. Les Chefs de Village sont élus par les populations villageoises, et parfois directement nommés par les chefs de canton. Ces derniers sont nommés par 1'adminisatration, depuis 1'époque coloniale. Ce sont souvent des autorités traditionnelles (Breitschuh et al: 1989, 2), et parfois modernes.

Les chefs de canton sont entre autres responsables de la perception des taxes et la gestion des terroirs quant aux aspects fonciers et 1'occupation des terres. Il a été constaté cependant, qu'actuellement les chefs coutumiers de la zone d'intervention du projet exercent peu d'autorité sur les populations au bord du fleuve (Rapport de la mission d'appui: 1991). En termes généraux, les chefs coutumiers ne sont guère impliqués dans les activités des services techniques et des projets.

La structure des services responsables de la mise en oeuvre de la politique nationale est assez morcelée. Au niveau des départements et arrondissements, les services des ministères techniques sont organises en Comités Techniques (COTEDEP et COTEAR respectivement), qui sont presides par le Préfet ou le Sous-Préfet en tant que représentants du Ministère de 1'Intérieur. C'est au Ministère du Plan qu'incombe la coordination des programmes de développement regional et le controle de leur execution. Les autres services qui interviennent dans la zone d'intervention du projet sont: élevage, agriculture, environnement et alphabétisation.

Jusqu'è présent, il y a tres peu d'organisations non-gouvermentales intervenant dans 1'arrondissement de Téra, en raison du monopole de 1'état dans ce secteur par le passé récent. Les programmes des ONG sont par conséquent peu développés è 1'heure actuelle.

Au niveau national, il y a plusieurs programmes d'intervention reguliere comme la Brigade Forestière, le programme d'intensification des cultures irriguées, le programme de vaccination du bétail, la journée nationale de 1'arbre etc.

4.4 Les interventions innovatrices

La majorité des interventions innovatrices sont initiées par des services techniques ou des projets, comme le projet Reboisement Rive Droite Téra, le Projet Agro-Sylvo-Pastoral (PASP) et le Programme de Mesures Anti-Erosives, Tillaberi-Nord (PMAE). Le projet Reboisement Rive Droite Téra sera élaboré en détail dans le chapitre suivant, les projets PASP et PMAE sont présentés ci-dessous.

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Le projet Agro-Sylvo-Pastoral (PASP)

Le PASP est un projet de la cooperation technique entre la République Federale d'Allemagne et la République du Niger. Suite aux accords inter-gouvermentaux signés fin 1985, la phase pilote du PASP a démarré en novembre 1986 et a dure jusqu'en 1991. La deuxième phase durera jusqu'è Septembre 1995. La zone d•intervention du projet comprend les quatre arrondissements de la partie Nord du Département de Tillaberi, a savoir les Arrondissements de Téra, Tillaberi, Ouallam et Filingué.

Au début le projet était execute sous la tutelle du Ministère de 1'Agriculture et de 1'Environnement (MAE), mais présentement il est è cheval entre les différents services, et n'est plus lié è un service spécifique. Dans sa phase actuelle le PASP se concentrera sur la sensibilisation et la mobilisation des communautés villageoises pour la prise en charge de la responsabilité en matière de gestion des ressources naturelles. Ainsi, la conception du projet est centree sur 1'initiation et le renforcement de 1'initiative personnelle et collective de la population en tant que détenteur du processus de développement (Breitschuh et al: 1989, 5-7).

Programme de Mesures Anti-Erosives. Tillaberi-Nord fPMAE)

Le PMAE, d'une maniere globale, vise è contribuer par une reduction de 1'érosion éolienne et hydrique a la restauration et la conservation des ressources agro-sylvo-pastorales dans ses zones d'intervention. Le maïtre d'ouvrage du projet est le Ministère de 1'Agriculture et d'Élevage. Actuellement le projet est dans sa première phase qui a commence en janvier 1991 et durera jusqu'è Aoüt 1995. La zone d'intervention est définie par les arrondissements de Téra, Tillaberi, Ouallam et Filingué.

Les activités du PMAE s'intègrent dans les strategies locales, régionales et nationales de lutter contre la desertification. Les activités principales dans ce cadre sont: des mesures d'aménagement (CES/DRS), 1'installation des mini-pépinières villageoises, 1'encadrement de la population etc.

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Photo 5: Une fixation de dunes protegee contre les animaux par le grillage.

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5 LE PROJET REBOISEMENT RIVE DROITE TERA

5.1 Historique

Le projet Reboisement Rive Droite Téra a démarré en 1983 sous la tutelle du Service de 1'Environnement et execute conjointement par ce dernier et 1'Association Néerlandaise pour 1'Assistance au Développement (SNV), le financement étant assure par la Direction Générale de la Cooperation Internationale des Pays-Bas (DGIS). L'objectif du projet était de soutenir le Service de 1'Arrondissement d'Environnement (SAE) de Téra dans sa lutte contre la desertification. Les objectifs des deux premières phases (1983-1989) visaient 1'empêchement d'une desertification progressive, la reconstitution de 1'équilibre écologigue, 1'amelioration des revenus des agriculteurs et 1'amelioration de 1'approvisionnement de la population en bois de chauffe.

Lors des premières années de son intervention, le projet s'est confronté è la méfiance de la population qui considéré les realisations comme propriété de l'Etat. Il a été constaté que la double fonction de "policier" et de vulgarisateur des agents de service entravait la bonne marché du projet. Pour cela, il a été decide que la direction du projet devrait se transformer è partir de 1986, en unité opérationnelle séparêe du Service de 1'Environnement. Les agents du projet n'auraient done plus è s'occuper des tèches policières.

La mission d'evaluation de 1988 a constaté que les activités, malgré leur réussite technique, ne permettaient pas d'assurer l'avenir. Depuis lors, 1'attitude de la population vis è vis du projet a petit è petit change: apparemment la méfiance a fait place è une certaine confiance, mais pas encore S un engagement actif au niveau de 1'identification et 1'evaluation des activités. Afin de dynamiser le processus d'échange avec les paysans, d'innover les actions, et de renforeer le suivi technique des actions, la mission a recommandé un élargissement de 1'équipe du projet.

Quant aux realisations physiques principales des deux premières phases (1983-1989) on peut mentionner: les plantations d'Acacia albida (± 1.000 ha), les haies-vives et brise vent (± 15 Km), les bois collectif s (9 villages), les mises en défens (± 140 ha) et les fixations de dune (± 45 ha). Les mini-pépinières villageoises ont été graduellement converties en pépinières individuelles (+ 20 en 1989). Le programme foyer-amélioré s'est poursuivi pendant presque toute cette période, ayant touche un ensemble d'environ quarante villages dans 1'arrondissement de Téra. Les détails quantitatifs des realisations physiques du projet sont présentés en annexe 2.

En bref, 1'approche pendant cette période (1983 - 1989) était

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caractérisée par (Bognetteau et al. (mission d'appui), 1991):

- Une planification du sommet è la base. L'identification des activités, la fixation des objectifs quantitatifs, le choix des sites d'intervention etc, étaient considérés comme la responsabilité du projet, sans 1'implication des groupes cibles.

- Le choix de la collectivité villageoise comme groupe cible. Il n'y avait pas de distinction des groupes cibles au sein du village. Le chef de village était 1'interlocuteur unique du projet au village, représentant la communauté villageoise.

- Manque de responsabilité du village. La participation villageoise s'est limitée è la main d'oeuvre pour les realisations physiques et le respect des clotures en grillage. Ni les objectifs, ni les bénéficiaires des activités n'étaient clairs auprès des groupes cibles.

- Approche sectorielle et limitée. Toutes les activités du Projet étaient orientées vers la regeneration artificielle et naturelle des arbres, avec pour objectif de freiner la degradation des ressources et d'appuyer la production agro-pastorale. L'utilisation du grillage constituait un element tres important des realisations physiques (plantations Acacia albida, mise en défens et fixation de dune).

Un changement important dans la strategie du projet peut être signalé è partir de 1989, et ceci le long les trois axes suivants: la continuation des activités classiques è un rythme diminué, 1'identification des nouvelles activités suscitant 1'intérêt des groupes cibles (hommes et femmes) et le développement d'une strategie d'intervention participative.

La poursuite de 1'ancien programme comme décrite ci-dessus a connu >une repartition spatiale; d'une part par le projet dans sa zone d'intervention (la rive droite, voir annexe 1), et d'autre part par le Service d'Environnement è Téra, è travers les programmes foyers améliorés et mini-pépinières.

5.2 La troisième phase: approche terroirs

5.2.1 Objectifs et choix de 1'approche ATV

Pendant la période 1990 - 1993, le Projet vise la preservation et la restauration des ressources productives (sol, eau, vegetation); 1'augmentation de la capacité de charge des terrains agricoles et pastoraux et 1'amelioration de 1'approvisionnement en produits forestiers.

Dans son Plan d'Opération (juin 1990), le projet met la priorité sur le développement d'une methodologie afin de mettre en oeuvre la strategie d'intervention appelée "Aménagement des Terroirs Villageois" (ATV). Il y a plusieurs facteurs qui ont poussé le projet è adopter cette strategie

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d'intervention:

1. La finalité du projet, notamment la gestion durable des ressources physiques par les populations, qui est aussi généralement assigné è 1'aménagement des terroirs (durant et après projet).

A long terme on vise une situation oü les producteurs locaux (hommes, femmes, agriculteurs, agro-éleveurs, agro-pasteurs, eleveurs) qui exercent des droits de possession (appropriation) et/ou d'usage (usufruit) sur les ressources naturelles des terroirs, géreront ces derniers selon des systèmes de production et par des modes d'exploitation qui en garantissent la regeneration et la production durable.

Elle implique la necessité de poursuivre des activités de stabilisation du déséquilibre écologique (restauration et protection des ressources naturelles), afin de restaurer la fertilité des sols et de renforcer la capacité de charge. Souvent il est suppose qu'une gestion durable ne pourrait être atteinte qu'è travers une augmentation de la production et ceci è cause de la pression démographique croissante. Vu la pression de l'élevage et de 1'agriculture sur les ressources naturelles et tant qu'elle continue è ce rythme sous les conditions actuelles; les possibilités d'une intensification dans les terroirs villageois de la zone du projet sont limites et restent a démontrer (Maigochi et al, 1990).

2. La notion que des interventions du seul secteur forestier (environnementale) ne peuvent jamais faire face è la problématique telle qu'elle se présente. Les interventions attaquaient les symptómes du mal (p.e. les fixations des dunes) plutöt que les racines. On n'avait pas suffisamment tenu compte des réalités économiques et sociales qui conditionnent le mode de production des collectivités rurales. Dans 1'optique des paysans, la foresterie en tant que tel n'existe pas dans la region, les ligneux constituant plutêt partie intégrante du système agricole et pastoral. En bref, au lieu d'une intervention sectorielle il fallait une approche intêgrée.

En plus, vu le contexte de la zone d' intervention du projet, il est primordial de pouvoir répondre aux preoccupations des groupes cibles en dehors du domaine agro-sylvo-pastoral, è travers des "actions de soutien", afin d'assister les groupes cibles è résoudre les problèmes aigus de leur vie quotidienne.

3. Le besoin d'une approche participative, visant une meilleure implication des populations è 1'identification, 1'execution et 1'evaluation des actions. A 1'heure actuelle ceci semble la condition principale è la gestion des acquis è court et è long terme.

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Pour travailler dans ce sens, partie intégrante de la strategie est le renforcement du taux d'organisation et la responsabilisation des groupes cibles.

Également s'est fait sentir la necessité de renforcer davantage 1'integration des femmes. Lors des dernières années les femmes ont pu obtenir leur propre place dans le programme d'activité. Leur organisation s'est renforcee è travers les activités entreprises. Afin de mieux savoir comment les femmes puissent maitriser davantage les facteurs determinants leur situation, le projet doit continuer 1'analyse en quoi les situations des femmes sont différenciées par rapport aux hommes. Enfin c'est leur intérêt qui doit être soutenu par les intervenants.

4. Le besoin d'une meilleure planification des actions de développement au niveau des villages, visant 1'elaboration des plans d'aménagement de terroir dans la zone d'intervention du projet. Elle prend comme unité de planification les terroirs villageois et ceci en consequence logique de 1'organisation de la communauté rurale et son système d'utilisation des ressources naturelles (voir 4.2). Cette planification comprend des actions collectives et individuelles è la fois. L'identification d'actions simples, faciles è répéter peuvent susciter 1'intérêt direct des cibles car la liaison entre 1'investissement et le benefice est la plus directe. Les actions collectives par contre, visent le renforcement des structures d'organisation villageoise, indispensable pour la prise en charge soutenue du programme par les cibles.

5. Le besoin de mise en valeur et la gestion des acquis du projet. Le projet a mis, dès son début en 1983, la priorité de son intervention sur 1'aménagement des terrains agro-sylvo-pastoraux en voie de degradation. La participation en ce temps était d'abord 'tèche-orientée', et dirigée plus tard vers 1'entretien des infrastructures mises en place par le projet (voir 5.1). On était confronté è une situation de manque de mise en valeur, et parfois deterioration des périmètres installés pendant des phases antérieures. 11 fallait une responsabilisation des populations pour 1'entretien, 1'exploitation et la gestion des acquis du projet. Ces aspects ont gagné de 1'importance è partir de 1990.

Puisque tous les elements cites ci-dessus font en quelque sorte partie de 1'approche terroir comme définie antérieurement (voir chapitre 3.2.2), il a été jugé utile d'adopter cette approche, reunissant d'une fagon coherente tous les elements nécessaires, tout en tenant compte de l'historique du projet.

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Un element central et important dans 1'opérationalisation de cette approche est constitué par le "Comité de Gestion", une structure au niveau villageois qui devrait assurer notamment les aspects de participation, planification, mise en valeur et gestion. La conception de cette structure est êlaborée en annexe 5.

5.2.2 L'ATV comme strategie d'intervention

La definition de la strategie d'intervention adoptée par le projet est celle développée lors d'un atelier sous-régional sur 1'aménagement des terroirs, en décembre 1990 è Ouagadougou, sous 1'égide du CILSS. cette definition, reflètant les caractéristiques généralement assignees è 1'approche AGT, est formulée de la maniere suivante

L'aménagement du terroir se définit comme un processus" d'elaboration et de mise en oeuvre concertée" d'un ensemble d'actions et de mesures"» permettant de valoriser toutes les ressources du terroir" en vue d'un développement durable*.

(Goumandakoye et Bado, 1991, 21) .

Nous en commentons les elements clefs:

- Processus: L'ATV, pour être effectif, nécessite une démarche qui ne doit être ni dogmatique ni codifiée, mais dynamique et flexible. L'approche doit être iterative, c'est è dire que les actions se définissent et se corrigent au fur et è mesure que de nouveaux besoins apparaissent, et sur la base des experiences et connaissances acquises.

- Concertée:

Les actions et mesures sont choisies, décidées et mises en oeuvre par les populations (des terroirs concernés) agissant en partenaires avec les structures d'assistance technique et financière (services étatiques et agences de cooperation).

- Ensemble d'actions et mesures:

Sur la base d'études du milieu (social et physique) un ensemble d'actions et mesures sont identifiées et mises en oeuvre. Dans ce cadre on parle en general de 1'elaboration d'un plan d'aménagement du terroir, basé sur les objectifs tels qu'ils ont été retenus par la population. Le plan d'ATV correspond en fait è un plan de développement communautaire.

Le caractère du plan peut différer en fonction du niveau d'elaboration et de vision (long vs. court terme). Dans la vision du PRRDT, en consequence de 1'approche participative, il doit être simple et porter sur:

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- les types d'actions è mener et modalités d'execution - les investissements collectifs et individuels - les responsabilités des différents partenaires.

Les plans peuvent devenir progressivement complexes selon 1'avancement de la communauté concernée. Ainsi le type d'activités dépend du niveau d'experience et d'organisation du village. Aussi, un plan d'ATV peut difficilement, dès le depart, couvrir tout le terroir. Il s'agit plutêt d'une planification spatiotemporelle d'actions, qui peut débuter au niveau d'un périmètre ou d'une zone bien définie. Des plans d'aménagement sophistiques et congus selon une démarche technocratique risquent d'avoir peu de chance de succes. Ils restent inaccessibles aux populations chargées de les exécuter.

- Toutes les ressources:

Les actions s'inscrivent dans le cadre d'une approche globale, qui vise la satisfaction des besoins divers d'une collectivité. Il est fait appel a la prise en compte de plusieurs secteurs, pour la mise en oeuvre d'actions qui, au lieu de se superposer, s'intègrent et se complètent.

Par les ressources on comprend aussi bien les ressources physiques (naturelles) qu'humaines qui dans la notion du terroir constituent un tout. Dans cette optique une action visant le développement des ressources humaines (p.e. 1'alphabétisation) s'inscrit parfaitement dans 1'approche.

- Développement durable:

Le développement durable se congoit comme celui qui répond aux besoins du présent sans porter prejudice è la capacité des generations futures de répondre aux leurs. Il suppose alors une vision è long terme.

5.3 La methodologie de la planification iterative

Pour pouvoir développer les différents elements d'une approche ATV de fagon coherente et adaptée è la situation spécifique de chaque village, au cours de la troisième phase, le projet RRDT a développé un processus de planification iterative, ou bien un cycle de planification.

Le but du cycle de planification est d'instaurer un partenariat entre les villageois et les agents de développement (au sens large) dans le cadre de la mise en oeuvre d'un plan d'activités.

Cette methodologie permet de développer les différents aspects sous forme d'étapes successives, mais le contenu de chaque étape dépend de 1'interaction entre les intervenants

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extérieurs et le village. Le résultat varie ainsi en fonction de la motivation, 1'organisation, bref, de 1'avancement du village.

L'application du cycle de planification comprend cinq étapes, è savoir: sensibilisation, étude du milieu, programmation/-prise de decision, execution et auto-évaluation. Sur la base des experiences du projet, et pour des raisons pratiques (d'organisation, mise en commun des résultats de chaque étape avec les différents partenaires, prise de decision, programmation, contrats etc), on fait coïncider un cycle de planification avec une campagne agricole. Cela implique que toutes les étapes sont passées pendant une campagne (Septembre - Septembre), dans tous les villages d'intervention. Il y a pourtant des activités qui s'étaient pratiquement sur toute 1'année, notamment la sensibilisation-animation (visites inter-paysannes par exemple), et 1'exécution-suivi (voir figure 5.3.1).

A noter 1'implication des villageois dans toutes les étapes, dès la conception jusqu'è 1'evaluation. En fonction de 1'étape et de 1'activité cela peut être la communauté entière, une collectivité è intérêt commun (groupement), les femmes, des individus, etc.

Par la suite, une image globale de chaque étape est donnée.

Etape l. Prise de contact/sensibilisation/animation

Dans toutes les categories de village: prise de contact, presentation des agents de 1'équipe intêgrée, de ses objectifs et principes d'intervention, explication des différentes étapes etc. Il est important dans cette phase d'informer et d'impliquer régulièrement les autorités.

Sensibilisation et conscientisation: en fonction du niveau de conscience du village. L'objectif est de permettre aux villageois d'analyser leur environnement, de se situer par rapport aux ressources naturelles, et aux consequences et causes des changements intervenus. Une conscience des röles des différents utilisateurs de la terre dans cette evolution, et de leur capacité d'agir pour amêliorer la situation. Finalement on essaie d'aboutir a la necessité d'une utilisation soutenue des ressources naturelles.

Au fil des années le thème des sessions peut devenir de plus en plus complexe, en partant par exemple de 1'arbre, allant vers le complexe des ressources naturelles.

Etape 2. Etude du milieu/diagnostic

L'objectif de 1'étude du milieu est de mieux comprendre 1'ensemble du milieu social et physique afin d'orienter les actions dans l'avenir. Les études du milieu ont été réalisées

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d'une maniere différente dans les trois categories de village:

Dans les nouveaux villages et les villages avec périmètres on 1'a fait avec les animateurs et les agents forestiers du projet pendant une seule journée; une "SONDEO-simple" (voir annexe 4) dans la première et des inventaires axés sur les périmètres dans la deuxième categorie.

5* étape

AUTO-EVALUATION COLLECTIVE

-auto-evaluation de la démarche ATV faite -auto-evaluation du fonctionnement du Comité de Gestion

1 étape

SENSIBILISATION

sur la gestion du terroir au sens large

4* étape

MISE EN OEUVRE DU PLAN DE GESTION DU TERROIR

-formation nécessaires -execution des activités du Plan de Gestion -suivi et encadrement intensif

VILLAGE ATV

j" étape

2? étape

ETUDE DU MILIEU

-analyse du terroir è 1'aide de photos aériennes -étude du milieu social h 1'aide du SONDEO -en collaboration avec ,les services concernés,

ELABORATION DU PLAN DE GESTION DU TERROIR

-identification d'inter­ventions diversifiées -integration des différents services

Figure 5.3.1 Un exemple d'un cycle de planification.

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Dans les anciens villages on s'est orienté ensuite vers la gestion des acquis (plantations, périmètres etc.) et ainsi done sur 1'organisation villageoise. Ceci a initié dans la plupart des villages ("avances") 1'instauration des Comités de Gestion. Les femmes quoique maintenant mieux representees qu'auparavant, s'y expriment toujours difficilement.

Dans les deux villages ATV (villages tests), 1'étude de milieu intêgrée a été développée avec les équipes intégrées et les animateurs du projet. Ceci comprend deux elements è savoir une "SONDEO" et une étude "de terroir" sur les aspects physiques è partir des agrandissements des photos aériennes (voir annexe 4 et photo 6).

Etape 3. Choix des actions/Prise de decisions/Elaboration du Plan de travail

lei on revient sur les conclusions et les idees développées lors des étapes précédentes afin de faire ressortir les connaissances et les pratiques préconisées par la population, et de completer les solutions et les actions è entreprendre. Après classification et développement des activités è proposer, un processus de négociation entre les villageois et leurs partenaires de développement (Services Techniques, ONG, Projets) commence. Le résultat de ce processus dépendra beaucoup de la confiance entre les parties. Au même moment c'est la confrontation cruciale entre les strategies de développement (sous)régionales et celles du groupe cible. Il est important è ce propos qu'il ait un plan sous-régional de développement qui puisse permettre le développement autonome des activités mais d'une fagon encadrée dans un plan globale et coherent.

Il est important que la prise de decision se fasse au niveau communautaire. Le röle de 1'équipe d'animation est surtout d'appuyer les villageois è programmer d'une maniere réaliste leur plan d'action dans le temps et dans 1'espace, et de définir avec eux les besoins en formation et en appui materiel (durant 1'étape de 1'execution). Tous les aspects pouvant amener des conflits devront être examines en détail:

- modalités d'execution des actions - aspects des droits fonciers - repartition des produits - engagement et responsabilité des uns et des autres

(organisation, suivi, finances.)

Etape 4: Execution et suivi des actions.

Pour 1'execution et le suivi des activités les groupes cibles auront besoin de volonté, de moyens et de savoir-faire.

Cela explique la gamme d'activités susceptibles d'etre développées dans le cadre de 1'ATV, visant le renfort d'un ou plusieurs de ces elements: les formations contribuant au

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savoir faire (et au pouvoir), les investissements et realisations physiques de 1'avoir, et des activités d'organisation ou de sensibilisation au pouvoir.

Le suivi a pour but d'identifier è temps les blocages, que ce soit technique, organisationnel ou social, pour pouvoir apporter è temps les corrections éventuelles.

Etape 5. L'(auto-)evaluation

Il s'agit d'une evaluation par terroir villageois de toutes les activités et étapes successives d'un cycle. Le but est de fournir les elements nécessaires pour amêliorer la programmation et la realisation future des activités. On peut distinguer ici: 1'evaluation "interne" par les techniciens et ensuite 1'auto-évaluation par la population elle-même.

La methode de travail pendant 1'evaluation "interne" des techniciens consiste en des visites sur terrain des activités. Ils font des constats sur la conduite technique ainsi que sur des aspects d'organisation afin d'en tirer des constats et êventuellement des propositions pour 1'amelioration des activités en question.

Quant è la methode de travail pendant 1'auto-évaluation des groupes cibles, des reunions séparées des femmes et des hommes ont lieu pour permettre une meilleure expression des idees de chaque groupe. Pendant ces reunions, les femmes étaient assistées par les animatrices du projet, et les hommes par les animateurs. Ensuite è 1'Assemblee Générale les hommes et les femmes eux mêmes présentent les résultats de leurs discussions. Pour une description plus détaillée du modèle d'intervention et les methodes et techniques utilisêes, voir annexes 3 et 4.

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6 RÉSULTATS DE LA TROISIÈME PHASE

6.1 Résultats des étapes du cycle de planification

EtaEe_l Forme Moyens Intervenants Période

Prise de contact/sensibilisation/animation Reunions villageoises "GRAAP-simple" et séries diapos L'équipe d'animation Septembre è Octobre

Résultats: Le GRAAP-simple (voir annexe 4), s'est démontré adapté aux circonstances (dessin etc.) et au but d'animation qui est de stimuler la discussion. Les groupes cibles reconnaissent facilement le problème de la degradation et connaissent souvent des mesures qui pourraient être développées è leur niveau, mais ils ne se sentent pas directement impliqués personnellement. Dans leur vision, le röle de l'homme dans ce processus n'est pas d'une grande importance. Ensuite ils n'ont pas souvent beaucoup de choix, la necessité de survivre étant prioritaire. Bien qu'ils reconnaissent par exemple la valeur des Acacias albida, ils les abattent en cas de menace des oiseaux. A travers les discussions les animateurs essaient de faire ressortir le röle de l'homme dans son environnement et ce qu'il peut faire lui-même è son niveau. Souvent cette session aboutit déjè è 1'identification de certaines actions.

L'implication des femmes, quoique améliorée, laisse è désirer, 1'organisation du projet n'étant toujours pas adaptée è ses particularités (heure, restrictions culturales etc). Néanmoins la disponibilité d'une animatrice et 1'introduction des reunions séparées a amélioré considérablement la communication. L'équipe d'animation a besoin de beaucoup plus de temps avec les femmes qu'avec les hommes. Ceci s'explique par le fait que les femmes sont moins expérimentées en matière de reunion, et qu'elles sont régulièrement distraites par les travaux ménagers.

Jusque lè, les thèmes abordés dans ce cadre se limitent aux ressources naturelles d'un terroir villageois.

Etape 2 : Etude du milieu Forme : Diverses. Moyens : SONDEO-simple, inventaires périmètres, SONDEO

et interpretation photos aériennes Intervenants : Equipe intêgrée et équipe d'animation. Période : Novembre è Décembre

Résultats: Les intervenants ont eu la difficulté de bien cerner le but de cette étape, de fagon è ce que les études s'orientaient tres vite vers les doléances des groupes cibles et la solution de leurs problèmes, au lieu de parfaire 1'analyse de la situation villageoise. En plus, on peut constater qu'elle aboutit facilement aux problèmes et

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solutions standards. Les groupes cibles, quant a eux, semblent quelque peu "conditionnés" au genre de problèmes susceptibles d'etre résolus avec l'aide des techniciens. En consequence les actions identifiées sont moins cohérentes dans leur ensemble et ne correspondent pas nécessairement aux interets et besoins prioritaires des communautés cibles. Dans un premier temps, il a été possible de corriger un peu cette deviation. Néanmoins 1'importance de travailler davantage 1'approche des cibles par les intervenants, et la sensibilisation de ces derniers sur leurs röle et responsabilité dans le cadre de cette démarche apparait clairement.

Cependant, les techniques conviennent, la participation des villageois et des intervenants a été encourageante. Aussi est-il devenu clair que 1'information est nécessaire pour mieux comprendre le milieu social et physique, ce qui permet de mieux diriger les actions dans l'avenir.

La methode SONDEO permet d'éclaircir les problèmes des femmes, leurs avis et propositions en leur parlant en dehors des hommes (Huisman, 1992). L'étude de milieu a travers 1'interpretation des photos aériennes, cependant, n'a pas été facile pour les membres féminins des Comités de Gestion, car il leur manque suffisamment de connaissance du terroir, et du temps pour progresser comme les hommes en la matière.

Etape 3 : Programmation des actions/elaboration du plan de gestion

Forme : Assemblees Générales, avec des reunions préparatoires séparées

Moyens : -Intervenants : Equipe d'animation et équipe intêgrée Période : Janvier è Février

Résultats: Malgré les étapes précédentes il semble parfois difficile d'impliquer toutes les strates sociales dans la prise de decision. L'influence de la chefferie villageoise est parfois un grand handicap susceptible de réduire le degré de participation des autres utilisateurs du terrois (femmes, immigrants, bergers, etc...)

Les assemblees générales sont nécessairement mixtes, ce qui permet 1'information de tous les villageois. Les hameaux sont formellement représentés par un homme. Les femmes des hameaux n'ont pas toujours la possibilité d'etre representees. Ensuite, "1'esprit de representation" existe moins chez les femmes que chez les hommes. La presence de quelques femmes è la reunion ne garantit pas 1'information des autres femmes du même village. Traditionnellement, les femmes ne se sentent pas impliquées è la prise de decision. Petit a petit cependant, des changements s'opèrent positivement dans ce sens.

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Photo 6: L'interpretation d'une photo aérienne agrandie par un paysan du village de Tiborak, dans le cadre de 1'etude du milieu.

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La strategie d'auto-promotion veut que les groupes cibles s'occupent de 1'ensemble des problèmes de différents secteurs, y compris ceux en dehors du domaine agro-sylvo-pastoral. Les animateurs du projet doivent par conséquent jouer le röle de véritables animateurs polyvalente et efficaces dans tous les domaines concernés.

C'est dans cette étape du cycle de planification que se situe 1'elaboration d'un plan de travail. Au fur et è mesure que la communauté villageoise acquiert de 1'experience ce plan peut devenir plus sophistique pour aboutir finalement è un veritable plan d'aménagement. Il est clair que de tels plans d'aménagement devraient avoir un lien direct è la strategie sous-régionale de développement. Les supports et les services è attendre des partenaires institutionnels doivent être définis clairement afin d'assurer les conditions de base nécessaires. Il n'en est rien actuellement au niveau de 1'arrondissement en particulier, il n'existe pas un cadre de reference pour la selection et 1'approbation des activités proposées par les villages. C'est ainsi que presque tous ont beneficie d'un appui du projet et/ou des services techniques.

Etape 4 Forme Moyens Intervenants Période

Résultats: Les résultats de cette étape sont tres hétérogènes et diverses, et concernent le programme entier d'actions entreprises sur le terrain. Ils seront traites dans le paragraphe suivant (6.2 Evolution des activités).

L'experience au niveau des villages ATV è démontré le danger d'une surcharge des villageois et/ou du projet, è cause d'un plan de travail trop ambitieux. Le manque de selection rationnelle des actions était è la base de cela (voir Etape 3).

Etape 5 Forme

Moyens Intervenants Période

Résultats: Il s'agit d'un nouvel exercice, tant pour les équipes d'animation et les équipes intégrées que pour les groupes cibles. Les techniciens surtout habitués a transmettre directement leurs observations aux échelons supérieurs, i avaient une certaine difficulté è former leur propre opinion sur la base des informations techniques et sociales recueillies, et è les partager avec les groupes cibles. Quant < aux paysans, on peut constater è travers leur engagement, que j

: Execution et suivi des actions : Diverses : Divers : L'équipe technique (intêgrée) de base : Février è Aoüt

: L'(auto-)evaluation : Reunions séparées des femmes et hommes et Assemblee Générale

: Indicateurs sociaux et techniques : Equipe de base et équipe d'animation : Aoüt è Septembre

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la démarche a été effective. Les discussions internes au village ont donné lieu è beaucoup de discussion et reflexion, 1'(auto)critique étant sérieuse et positive. Ainsi on pourrait considêrer cette étape comme une (auto-)sensibilisation. Les assemblees générales, devant réunir et synthétiser les visions des différentes partenaires, ont réussi è évaluer les activités principales, en préparant ainsi des modifications pour l'avenir. L'ensemble et la coherence du plan d'activité n'ont pas encore pu être étudiées è cette occasion.

La methode choisie qui consiste è des reunions distinctes pour les hommes et femmes, a pu beaucoup amêliorer la contribution de celles-ci aux sessions plénières suivantes. En fait c'est 1'équipe d'animation qui devrait guider et animer cette étape afin qu'on puisse avancer en la matière.

Un dernier aspect important est que les populations ont eu 1'occasion de s'exprimer sur le travail des techniciens et sur le projet. Les débats ont permis de constater quelques lacunes dans la programmation ou 1'execution des activités.

L'evaluation de ce genre, impliquant la participation de tous les acteurs, demande beaucoup de temps par village, surtout dans les villages ATV avec des plans de travail les plus complexes, faisant intervenir plusieurs services techniques. Ceci paraitrait une sérieuse contrainte.

En conclusion:

Le cycle de planification a démontré qu'il donne un support methodologique è 1'identification, 1'execution et 1'evaluation des activités. Les étapes ont une sequence logique et donnent un cadre de travail clair aux techniciens et animateurs.

De 1'autre coté, pour les personnes qui n'ont pas encore 1'habitude de travailler avec une telle methodologie (techniciens, animateurs, villageois) il faut faire un investissement en termes de formation et reunions de concertation.

A 1'heure actuelle, le cycle est suivi selon un calendrier tres serre, en proie aux perturbations de différents ordres, comme les travaux champêtres tardifs, les attaques des oiseaux granivores, les congés du personnel etc... Autant de facteurs qui risquent de causer des chevauchements d'étapes.

En definitive, ce système de planification semble utile, mais exige une disponibilité élevée de tous les partenaires, afin d'appliquer et adapter le cycle. Il est encore difficile de dire comment cette charge pourrait diminuer dans le futur, en fonction des experiences acquises.

Il est è noter que ce système de planification a été développé en premier lieu au niveau local afin d'assurer d'abord la cohesion et la participation des groupes cibles, les mesures

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ressortant étant par conséquent limitees è ce niveau d'intervention. Une deuxième étape devrait consister dans le développement et la mise en oeuvre d'un système de planification sous-régionale. Ce dernier devrait lier et harmoniser les grands traits du développement rural indiqué par la planification régionale ('Aménagement des Territoires'; en développement au Niger) avec le niveau villageois.

6.2 L'évolution du programme d'activités

Le but de ce chapitre est de donner les grands traits de l'évolution du programme d'activités è partir de 1'introduction de 1'ATV en 1990, en mettant 1'accent sur 1'engagement des groupes cibles et les modalités d'execution. A cet effet, les activités entamées par ou avec les groupes cibles peuvent globalement être classifiées de la fagon suivante:

A Activités de rééquilibre écologique, B Activités de production, C Activités intégrées, D Activités de soutien, E Activités de gestion.

Pour les données quantitatives sur les realisations physiques et les formations, voir annexe 2.

A Activités de rééquilibre écologique

Dans cette categorie figurent les activités développées dès le début du projet comme les périmètres de Mise en Défens et de Fixation de Dune, ainsi que les activités de conservation et restauration des sols (CES/DRS) qui n'ont été entamées que recemment (1991 et 1992).

Concernant les périmètres realises pendant la troisième phase, il s'agit d'environ 210 ha, répartis sur 12 localités dans dix terroirs différents. Cette realisation s'ajoute aux 180 ha des deux premières phases, quand les operations se réalisaient partiellement en régie avec 'Food for Work' ou des remunerations. La retrocession de la responsabilité de gestion de ces dispositifs n'a été effective qu'è partir de 1990. La réussite technique et écologique des realisations est un fait, et se traduit par 1'importance de la biomasse végétale (herbeuse et ligneuse). Ceci est reconnu par la plupart des communautés bénéficiaires, qui se sont organisêes en comités de gestion pour assurer la gestion du périmètre et la vente des produits. Les fonds issus des exploitations sont partiellement réinvestis (par ex. salaire d'un gardien, achat de plants etc). L'execution de ce genre de travaux (installation grillage, boutures d'Euphorbe, mise en place des demi-lunes, etc.) se fait depuis deux ans sous des modalités adaptées: les groupes cibles ne sont plus rémunérés pour le travail fourni. Leur contribution en main d'oeuvre a été

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évaluée en 1992 è environ 9% des coüts totaux. Ce genre d' infrastructure s'est démontré tres apte comme point d'encrage, autour duquel des activités de renfort et d'appui è 1'organisation villageoise peuvent être greffées.

La motivation des communautés villageoises pour les activités de rééquilibre de 1'ecologie, s'est aussi démontrée lors des dernières campagnes è travers des travaux de conservation des eaux et du sol, sur des terres de glacis dégradées et sur les berges des ravins. Deux objectifs y sont poursuivis: la production de pèturages, et la protection des mares. L'activite est réalisee a haute intensite de main d'oeuvre non rémunérée, avec un appui du projet en encadrement technique, formation, materiel. La participation des groupes cibles a été bonne les premières années, mais il semble töt pour juger de la reproductibilité è long terme de cette activité. Son impact en termes quantitatifs demeure modeste: environ 10 ha en total sur deux chantiers. La motivation des paysans pour entamer un travail si dur et pénible est difficile è cerner. A part les objectifs mentionnés ci-dessus il se pourrait aussi que la bonne relation avec le projet ainsi que la programmation des autres activités (credits et puits) ait joué dans cette attitude.

On peut constater en bref, que les activités de rééquilibre de 1'ecologie, comme les périmètres, se sont poursuivies durant 1'introduction de 1'ATV. La grande difference se situe au niveau des responsabilités et des modalités d'exécution. Dès le depart il est maintenant bien clair et net que les groupes cibles deviennent responsables des périmètres. L'appui du projet durant 1'installation se limite aux matériaux et 1'assistance sociale (organisation) et technique.

B Activités de production

Les activités "de production" visent la protection et 1'augmentation de la capacité de production du système agro-sylvo-pastoral. Dans le cadre de ce chapitre nous élaborerons les activités suivantes: les mini-pépinières, les haies/brise-vent, les bois de village et privés ainsi que 1'entretien des ligneux sur les champs et dans les pèturages.

Les mini-pépinières (46) se trouvent dans presque tous les villages de la zone d'intervention du projet. La production privée (hommes) ou collective (femmes) est destinée a 1'auto­consommation et la vente. Au cours des dernières années la subvention du projet pour cette production a été graduellement diminuée, et en même temps la vente aux tiers (individus et comités) a été stimulêe. Auparavant, les plants produits étaient distribués gratuitement. Depuis deux ans, les villageois ont commence è les payer. Actuellement on paye 10 è 15 FCFA par plant forestier, et 100 a 250 FCFA par plant fruitier. La production totale dans les mini-pépinières s'est accrue, les trois dernières années, avec + 50% (de 800 è 1.200 plants en moyen, par mini-pépinière). Il y a eu également,

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une diversification importante des essences produites. L'engagement des groupes cibles est fort, ce qui se démontré par le fait que le système de vente est de plus en plus accepté. Il est trop töt, cependant, de conclure si et dans quelle mesure les mini-pépinières peuvent être rendues rentables.

Les haies-vives et brise-vents se font sur les terres de glacis, les dunes, au bord des routes et dans les jardins. Plantés en lignes, ils jouent un röle de protection et/ou de production, ou encore de delimitation des champs. Ce sont des actions menées aussi bien par les femmes que par les hommes, collectivement ou individuellement. Le benefice individuel (protection contre animaux, bois de chauffe) confère è ces activités une bonne acceptabilité. Plusieurs paysans repetent 1'activité sans appui quelconque du projet.

Les bois de village (5) , implantés lors des premières phases du projet pour la product ion du bois de feu, ont connu une suite remarquable. A travers 1'adaptation de 1'activité par les groupes cibles è leurs propres besoins et contraintes, ces plantations servent a 1'heure actuelle è produire du bois de construction. L'activite répond ainsi è un besoin prioritaire des villageois. Plusieurs villages et individus ont suivi 1'exemple, ce qui a eu un effet tangible sur le prix du bois de construction. En quelques années, le prix d'une perche a diminué de 1.250 è l.ooo FCFA (O'Brien et al: 1992, 17). Une étude économique menée en 1991 par le CILSS, a fait ressortir un taux de rentabilitë interne de 25% pour un des premiers bois installés. Le résultat nous semble optimiste, mais rêvèle cependant clairement 1'intérêt économique de l'activite. L'appui du projet se limite actuellement a 1'appui de la production des plants dans les mini-pépinières qui vendent les arbres, et aux comités de gestion qui gerent les bois collectifs (actuellement 10).

L'élagage et 1'entretien des arbres et arbustes sur les champs et dans les pèturages constitué une activité traditionnelle dans les systèmes d'exploitation agricole. Cependant, depuis 1'époque coloniale elle fait l'objet de surveillance des brigades forestières, ce qui a crée un air d'illégalitê è 1'utilisation des ces ressources. Le premier pas entamé par le projet vers une gestion rationnelle de ces ressources, consistait è la "legalisation" de cette pratique culturale, è travers la distribution des autorisations d'élagage. Le but était d'abord la creation d'une certaine relation de confiance entre les forestiers et paysans, et ensuite le renforcement du röle que joue 1'arbre comme element du système agro-sylvo-pastoral. Il s'est avéré que 1'activité suscite 1'intérêt des paysans, qui ont rêagi favorablement è 1'initiative.

Cette categorie d'activité en bref suscite 1'intérêt direct des groupes cibles car le benefice est clairement attribué au(x) participant(s). C'est de ce genre que les actions sont les plus vite adoptées et par fois adaptées par les groupes cibles. L'exemple de nombreux petits bois (privés et

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communautaires) qui ont été installés de fagon autonome suivant 1'exemple des bois de villages est le plus significatif.

C Activités intégrées

Le demarrage des activités "intégrées" a été effectif, au niveau de deux villages pilotes, è partir de 1'introduction de la strategie d' intervention ATV. Le but est de répondre de fagon multi-sectorielle aux contraintes majeures des systèmes de production, qui sont en general directement lies è la sécurisation alimentaire, souci majeur dans la region.

Les actions principales sont: les parcelles de demonstration (32), la formation de brigadiers phytosanitaires (52) et d'auxiliaires para-vétérinaires (7), la lutte anti-aviaire et la delimitation des couloirs de passage.

Afin de permettre le passage des animaux en saison hivernale, et pour éviter des conflits d'intérêt entre 1'agriculture et l'élevage, les groupes cibles ont propose de restaurer, è travers une nouvelle delimitation, les anciens couloirs de passage. Cela implique un sacrifice d'une partie de la production par certains cultivateurs qui ont dü mettre une partie de leurs champs (acquis illégalement) hors production. En deux ans, neuf couloirs sur quatre terroirs villageois ont été délimités, représentant une longueur totale d'environ 60 Kms. Dans quelques cas la delimitation a cause des conflits entre les différents utilisateurs du terroir.

La formation ainsi que 1'équipement des auxiliaires para-vétérinaires a pour objectifs d'assurer les soins de santé primaire aux animaux, de permettre un rapprochement de 1'éleveur du service vétérinaire et d'informer è temps opportun le service concerne en cas de maladies. Sept auxiliaires, dont trois femmes on été formés et équipes dans deux villages.

Le renouvellement de la trousse doit être assure par la vente des produits. Après une seule campagne d'experience les résultats semblent positifs quant a 1'aspect technique que social. Les femmes comme les hommes ont eu acces è ce service et la vente a été acceptée. En premier lieu il semble que les agro-pasteurs étaient mieux au courant de ce service que les eleveurs.

En bref, chacune des actions, contribué directement ou indirectement è la conservation des ressources naturelles. Dans leur ensemble , elles ont un effet important sur la gestion du patrimoine agro-sylvo-pastoral par le renforcement mutuel des activités. Le programme de crédit pour les femmes destine a 1'embouche ovine, par exemple, est partiellement soutenue par la formation et 1'équipement des brigadiers para-véterinaires au village, et 1'exploitation des périmètres.

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Les activités intégrées favorisent une meilleure participation des populations par 1'identification d'une gamme d'objectifs è atteindre.

D Activités de soutien

Selon la strategie d'intervention, dans certains cas, les activités doivent répondre directement aux problèmes lies è la pauvreté, qui sont considérés comme des contraintes pour la prise en charge effective de la gestion des ressources naturelles par la population. Dans ce cadre, on peut songer è: 1'installation des puits et puisards, des credits pour la reparation des forages, mais aussi è 1'alphabétisation fonctionnelle, et des formations diverses.

L'exemple des puits : les populations de 1'intérieur de la zone d'intervention (éloignées du fleuve) sont en saison sèche contraintes par le tarissement des mares semi-permanentes. Le manque d'eau pour la consommation humaine et 1'abreuvement des animaux domestiques, les force souvent è regagner la rive droite pendant la saison sèche, ou è investir beaucoup de temps dans le transport de l'eau. A travers le développement d'un plan d'aménagement avec les groupes cibles, il a été congu d'entreprendre un ensemble d'actions visant la solution du problème d'eau è court terme, par 1'installation d'un puits, et la protection de la mare contre 1'ensablement d'un ravin è long terme.

En bref, ce genre d'activité, constitué 1'intérêt direct pour les groupes cibles. La compatibilité è l'objectif de durabilité au point de vue écologique, est parfois soumis è 1'intérêt social. Le forage d'un puits par exemple, pourrait augmenter la pression sur le pèturage autour de ce point d'eau. La relation avec les objectifs écologiques ne se manifeste qu'è travers son propre impact écologique. La justification d'une activité de soutien qui risque d'avoir un impact négatif è ce propos, pourrait se faire è travers 1'impact de 1'ensemble du plan d'aménagement en considérant autant les aspects écologiques que sociaux.

E Activités de gestion

En annexe 5, la conception du comité de gestion est expliquêe. Après deux ans et demie de fonctionnement des comités, il est remarqué (Huisman: 1992) que présentement le processus de prise de decision au niveau villageois est devenu plus democratique et transparent qu'auparavant.

Le fonctionnement du Comité de Gestion a étê évalué en Assemblees Générales des villages. L'Assemblee Générale peut decider de remplacer des membres qui ne sont pas fonctionnels. Sur le fonctionnement du Comité de Gestion on a fait les observations suivantes:

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Les terroirs villageois sont souvent trop vastes, et la mobilité des gens trop restreinte (surtout les femmes), pour permettre une participation active de tous les villageois, surtout de ceux qui habitent dans les hameaux éloignés.

Le Comité de Gestion représente en principe tous les habitants d'un terroir villageois, tandis qu'en general seulement une partie des villageois s'intéresse au travail coordonné par le Comité, et participe aux activités. Finalement on risque de créer des problèmes car ceux qui travaillent pourront empêcher les autres (ceux qui n'ont pas participe aux travaux) d'avoir part aux benefices des travaux.

Les femmes ne participent guère dans les différents Comités de Gestion. Toujours, quelques femmes sont indues dans les Comités de Gestion, mais leur nombre est toujours tres restreint (2 è 4 par comité) . Par conséquent, leur contribution au développement des idees et è la prise de decision est tres maigre. Cela est en rapport avec la tradition qui exclut les femmes dé la prise de decision. Entre elles, les femmes échangent peu d'information, et souvent elles n'arrivent pas è élire une femme qui représente 1'intérêt du groupe.

Sur le fonctionnement interne du Comité, on constate que les tèches des membres actifs du Comité (président, secrétaire, trésorier et controleurs) ne sont pas toujours bien définies. Aussi, la circulation de 1'information entre les membres du Comité et le village est faible. En matière de gestion financière, on note un manque de controle, et done de transparence, et parfois certaines personnes monopolisent 1'organisation.

En bref, la majorité des Comités de Gestion, a fait preuve d'une bonne organisation, ce qui se manifeste pour 1'instant par la gestion (entretien et plantation d'arbres) et exploitation (profit financier et réinvestissements) des périmètres. En plus, on constate que la plupart des membres du Comité participent a 1'alphabétisation fonctionnelle, ce qui permet la redaction de comptes rendus et états financiers simples.

Dans 1'optique du projet le Comité de Gestion est un premier pas vers 1'auto-gestion des ressources naturelles par la population elle-même.

En conclusion: L'évolution du programme d'activité

Avec 1'introduction de la strategie d'intervention ATV au projet une importante diversification des activités a eu lieu. Cette diversification semble jusqu'è maintenant surtout la consequence de 1'adoption des actions "intégrées" et actions de soutien. La gamme d'activités de rééquilibre écologique, surtout provenant du secteur environnemental ne s'est pas élargi. Quant è cette categorie nous pouvons constater la

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modification importante des modalités d'exécution, resultant en une responsabilité et contribution accrue de la part des groupes cibles.

Ensuite on peut constater que les "nouvelles" actions visent presque uniquement des benefices è court terme et qu'il y a une repartition entre les actions individuelles et collectives. Les credits (embouche ovine, charrettes) vont bénéficier quelques groupes cibles tandis que la plupart des actions intégrées sont au benefice d'un groupe plus large de la population.

Au fur et è mesure que 1'approche participative se poursuit on voit que le choix d'activités ainsi que les modalités d'exécution reflètent de plus en plus les interets des groupes cibles (couloirs de passage, 1'installation des puits, et les credits pour la reparation des forages par exemple).

Enfin, 1'accent n'est plus mis sur les realisations physiques en tant que telles, mais plutöt sur les aspects d'entretien, exploitation et gestion. Dans ce sens, un processus a été mis en route, qui est prometteur mais nécessite d'etre suivi de prés et de maniere parfaite en fonction de son développement.

6.3 La contribution de 1'approche ATV

La question d'étude êlaborée ici, est:

Dans quelle mesure le projet a atteint ses propres objectifs relatifs a 1'introduction de 1'approche ATV?

Pour analyser ce critère nous prenons comme point de depart les facteurs qui ont poussé le projet è adopter la strategie d'mtervention ATV, è savoir:

- 1'integration des activités, - la participation des groupes cibles dans le projet, - la planification participante, - la gestion des acquis du projet.

Pour les quatre facteurs mentionnés ci-dessus on essaie d'indiquer la contribution de 1'ATV. Alors qu'il faut remarquer que les deux phases précédentes è 1'introduction ATV ont aussi eu une influence tangible sur ces facteurs.

Integration

La vision intêgrée de la nouvelle strategie a ouvert la porte pour toute une gamme diversifiée d'activités susceptibles d'etre entamées et qui demande une assistance relevant de différents domaines techniques et sociaux. Les partenaires du projet se sont par conséquent multiplies en peu de temps, il avait six Services Techniques (de 1'Environnement, du Génie Rural, de 1'Élevage, de 1'Agriculture, de 1'Alphabétisation et

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du Plan) et une organisation non-gouvernementale (Lutherian World Relief) lors de la campagne 1992.

La gamme d'activités ne s'est pas seulement élargie, mais il y a eu lieu aussi un certain approfondissement quant aux aspects fonciers et administratifs, dépassant parfois la competence du projet. La retrocession des périmètres aux villageois a par exemple necessité quelques fois 1'intervention d'un chef de canton, tandis que pour le reglement des conflits lies è la refection des couloirs de passage les autorités sous-préfectorales ont dü intervenir.

La collaboration étroite des différents Services Techniques n'est logiquement pas évidente de prime abord, surtout au niveau du terrain oü les moyens (transport, par exemple) doivent être partagés par les membres de 1'équipe intêgrée. Initialement la nouvelle démarche risquait de ne donner qu'une simple juxtaposition des différentes actions. Dans un premier temps il est logique que chaque service mène ses activités, pratiquement selon les modalités classiques et alors bien connues (par exemple, parcelles de demonstration, embouche ovine) . Au fur et è mesure cependant, ces activités ont été évaluées et modifiêes pour mieux cadrer avec les idees des groupes cibles et du projet. En bref 1'experience acquise par le projet est encourageante. L'équipe intêgrée démontré de plus en plus 1'attitude "intêgrée" et 1'interaction positive et le renfort mutuel semble de plus en plus recherche.

La diversification des activités, comme mentionnée ci-dessus, risque de rendre difficile la maïtrise de 1'ensemble du programme, même si on tient strictement è la finalité assignee.

Les Chefs des différents Services Techniques de 1'Arrondissement de Téra se sont concertés semestriellement sur la poursuite du programme lors de la programmation et de 1'evaluation de la campagne. Leur intervention se limite normalement au niveau conceptuel. L'administration sous-préfectorale se fait representor par le service du Plan.

Malgré la bonne collaboration, il manque encore le cadre formel au niveau de 1'arrondissement, cadre nécessaire en fait pour mieux définir et formaliser le statut des différentes structures de concertation et collaboration, mentionnées ci-dessus.

Participation

Quant aux hommes, la participation collective et rémunérée, a étê de plus en plus remplacée par la participation collective et communautaire volontaire. Ce changement est cause par le taux d'organisation villageoise qui est élevé, et la responsabilisation de la population. La participation individuelle existe toujours la oü les individus peuvent gagner assez de benefice pour eux-même è court ou moyen terme.

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Les femmes participent surtout collectivement pour avoir acces è la terre car "de facto" elles n'ont pas de droits fonciers. En groupe elles peuvent exiger plus de pouvoir pour obtenir une parcelle. Le travail en collectivité rend aussi Ie travail pour la femme individuelle moins lourde.

Malgré les directives d'inclure les intervenants temporaires (éleveurs) dans le Comité de Gestion, ce sont surtout les agro-éleveurs sédentarisés, qui ont participé et profité de 1'intervention du projet. Les bergers qui n»interviennent que temporairement ne sont souvent pas impliqués, comme les autres qui n'ont pas de droits fonciers (femmes par exemple). Il est a noter que plusieurs villages n'ayant pas de facto des droits fonciers (Wogo et Kourtey par exemple qui se sont fait recenser récemment a Téra) ont obtenu les droits fonciers des chefs de village héritiers pour 1'installation des bois et des périmètres.

Le röle du Chef du Village est tres important quant a la mobilisation des villageois. S'il y a des conflits internes concernant la chefferie, ou si le chef ne peut pas exercer son pouvoir 1'effet se démontre au niveau de la participation des villageois aux activités. Dans les grands villages le manque de cohésion entre les différents quartiers bloque souvent les activités.

Planification

Le but de 1'élaboration d'une methodologie de planification était de deux ordres; d'abord ce système de planification devrait permettre une identification, une exécution et une évaluation des activités en cohérence avec les interets et initiatives des groupes cibles, ensuite ce système devrait permettre 1'ajustement de la valorisation des ressources par rapport a la vocation et la capacité de charge des terres.

Le cycle de planification mis en oeuvre par le projet permet une planification flexible au niveau des terroirs villageois. Par sa dynamique itérative le cycle peut s'adapter au contexte d'un village et son ancienneté dans la relation avec le projet. Par conséquent le contenu des plans de gestion s'adapte au progrès du village.

Dans la pratigue la methodologie de planification s'est démontrée effective dans eet sens, la participation des groupes cibles était tres bonne. Ceci n'amène évidemment pas directement è une prise en charge effective par la population de la gestion des ressources naturelles sur 1'étendue de son terroir. La preuve se limite actuellement au niveau des périmètres aménagés. L'aménagement des couloirs de passage est la seule activité qui promet a 1'heure actuelle une intervention spatiale d'une plus grande envergure.

Par rapport aux problèmes écologiques, jusque la le système de planification n'a pas permis une meilleure valoxisation des

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ressources d'une fagon significative, surtout dans le Nord de la zone d'intervention. Les villages les plus avances ont effectué des études "de terroir", afin de soulever des problèmes majeurs au niveau des différentes zones agro-écolo­giques de leur terroir. Il en résulte des actions de conservation de pèturages et d'autres zones communautaires. Quant è 1'agriculture de crise sur des terres dunaires ou dans les zones è vocation pastorale, il n'y a pas eu de solutions, a cause de la pression démographique et de la forte dépendance des groupes cibles aux ressources limitees sur place.

Ce système de planification participative qui vise l'objectif d'auto-dêveloppement risque de n'engendrer que des actions provenant du système même et qui sont è supporter principalement par la communauté locale. Ainsi les mesures entamées et les actions développées sont limitees par la capacité et 1'espace d'intervention des groupes cibles. Les résultats è attendre d'une telle démarche dependent alors d'une fagon significative de la capacité interne du système de modifier les pratiques d'utilisation des ressources. Si par exemple cette planification renforcee contribué è un effort d'intensification de 1'agriculture hivernale dans les zones è vocation pastorale du Nord, comme c'était le cas è petite échelle, il devrait être jugé contra-productive du point de vue écologique. Il s'agit d'une veritable zone d'affrontement, car pour le paysan la protection et le renfort de la production agricole constituent une priorité cruciale!

Il devient clair et évident qu'une participation renforcee des groupes cibles a travers la methodologie développée par le projet n'amène pas automatiquement è une meilleure utilisation des ressources. Cela dépend fortement des critères d'approbation et du cadre de reference en vigueur lors de la prise de decision et 1'elaboration des plans.

Gestion

En bref on peut constater que la transmission de la responsabilité pour la gestion des périmètres aux communautés villageoises a été un succes. Ceci a été d'abord facilité par 1'arrêté ministeriel de mai 1990 (No 48/MAG/EL/CNCR), qui a détaillé les droits d'usufruits è accorder aux communautés villageoises qui participent è la gestion des ressources naturelles de leurs terroirs. La motivation des groupes cibles ensuite a été stimulêe par la perspective de réaliser un profit, la plupart des périmètres étant prêts pour une exploitation quelconque. Finalement, 1'instauration des comités de gestion a été d'une grande importance pour la gestion durable.

Ainsi dans treize villages une structure vitale pour gérer et exploiter les périmètres s'est développée. L'exploitation des périmètres a donné des profits par exemple par la vente du bois et de la paille, ainsi que par les utilisations de celle-ci comme réserve en fourrage pour les animaux en saison sêche.

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Dans quelques cas le Comité a reinvest! son argent dans le périmètre è travers la plantation des arbres. II y a d'autres cas connus ou on a acheté du tabac par speculation.

Dans deux villages la retrocession était quasi impossible è cause des conflits surtout sur le droit d'exploitation entre différentes communautés; 1'une étant propriêtaire de la terre 1'autre ayant participe aux travaux.

Une des conditions critiques pour la gestion durable est le droit que quelqu'un peut exiger sur les profits a prévoir. Personne ne fait d*investissements en collectivité ou communauté, dans les ressources dont on ne connait pas la faisabilité et la rentabilité. Pour cela les investissements dans les ressources naturelles è moyen et long terme des femmes et les migrants qui n'ont pas de droits fonciers restent tres restreints.

A cause des conflits internes du genre foncier, ou d'un manque de cohesion en terme general il se peut qu'un village soit difficile a mobiliser et è organiser. Dans un seul cas la mediation de 1'équipe du projet a pu contribuer è un déblocage de la situation. Dans un contexte particulier comme celui de la rive droite cependant (voir 4.1) approximativement un quart des villages pourrait ainsi être supposes ne pas réussir. Dans le contexte politique actuelle il semble peu probable que les autorités coutumières et/ou administratives soient en mesure è court terme de faire face è ce genre de blocage.

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7 L'ÉVOLUTION DES INTERACTIONS

7.1 Introduction

Le but de ce chapitre est de démontrer, è travers une analyse de l'évolution des interventions régulières et innovatrices, les röles et les attributions des différents intervenants dans la gestion des ressources naturelles è Téra lors des dix dernières années è l'aide du modèle d'analyse présenté en chapitre 2.

D'abord, d'une maniere succincte, l'évolution des interventions est présentée a travers l'historique des interventions (paragraphe 7.2). Après une esquisse de la situation avant-projet (1982), deux périodes ont été traitées, è savoir la période de 1983 è 1988, et celle de 1988 è 1993.

Enfin, le röle du proiet dans le processus a été développé (en paragraphe 7.3). Deux niveaux seront distingués: celui des interactions entre les intervenants et celui entre intervenants et le système d'utilisation des ressources naturelles.

7.2 L'évolution des interventions

L'année 1982 (voir figure 7.2.1) a été choisie pour décrire la situation avant-projet. Le déséquilibre écologique était considéré comme une consequence de 1'exploitation abusive du bois de feu, qui était le problème majeur quant è la gestion des ressources naturelles (lien 6 du modèle). L'ensemble des interventions è ce propos au niveau de 1'Arrondissement de Téra, était alors caractérise par la mise en oeuvre d'actions forestières. Ces interventions, de caractère régulier car déployées depuis 1'époque coloniale, consistaient alors è la surveillance et au controle de 1'exploitation du bois ainsi qu'è la protection de la faune (liens 1 et 3 du modèle). Il n'y a pas eu d' interventions innovatrices a ce moment en dehors de quelques petites interventions ponctuelles, comme par exemple un projet de plantation du SOS-Sahel.

Les interventions régulières des services d'Agriculture et d'Élevage se preoccupaient de 1'augmentation de la production primaire. Il s'agit d'intrants et de la protection des végétaux au niveau de 1'agriculture, et de la reconstitution du cheptel au niveau de l'élevage. L'effet de ces interventions sur le système d'utilisation de la terre n'est pas décrit dans cette étude.

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interventions régulières

interventions innovatrices

|1 I

JL systeme physique

l

JL systeme socio-économique

signification: une influence faible

Figure 7.2.1: Interventions avant-projet (± 1982)

La surveillance par le Service Forestier a eu un effet psychologique au niveau des groupes cibles (lien 3). Il s'est d'abord développé au cours des années, une attitude de forte méfiance vis è vis de ce service. II y avait en plus 1'indifference croissante quant a la gestion des ressources "fore bgvstières" (6). L'impact physique de cette intervention (1) était assez modeste probablement a cause des moyens limites de ce service par rapport a la superficie des zones è surveiller, mais aussi la concentration des interventions sur les zones de défrichement agricole.

Ensuite, lors de la période 1983-1988 le déséquilibre dans le système d'utilisation des ressources naturelles était toujours considéré comme resultant de la coupe abusive du bois de feu, et du surpèturage concernant la rive droite du fleuve. Le Service Forestier était appuyé par le projet Reboisement Rive Droite è partir de 1984. Ceci a abouti è 1 * introduction è grande échelle d'interventions innovatrices comme par exemple la Fixation de Dunes et les Bois de Village. Le Service Forestier et le projet collaborèrent étroitement, afin de réaliser les interventions régulières et innovatrices. Il n'y avait guère une repartition des tèches entre les deux.

Au cours de cette période, une contrainte au niveau du lien de communication (liens 3 et 5; voir figure 7.2.2) entre intervenants et la population s'est fait sentir, et une separation des tèches régulières et innovatrices s'est imposée, afin de renforcer le rapport entre le projet et les villageois. La rive droite du fleuve Niger était désormais considérée comme zone expérimentale, oü les tèches "policières" des agents forestiers du projet furent redistribuées è la brigade forestière de Téra.

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Photo 7: La restitution a la population des résultats du SONDEO, par un agent forestier de 1'équipe intêgrée.

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interventions régulières

1

I systeme physique

interventions innovatrices

système socio-économique

signification: une influence faible une influence moyenne

= une influence forte Figure 7.2.2: Approche classique (± 1987)

L'axe principal des interventions innovatrices était désormais celui visant le système physique (lien 4), c'est è dire la realisation des infrastructures physiques. La communication avec les populations (5) se limitait au choix du site et la formation sur le tas des ouvriers. Dans une certaine mesure, la méfiance des groupes cibles vis è vis du projet existait toujours è la fin de cette période, leur participation étant surtout incitée par la remuneration des travaux. Cela est bien illustré par le fait que quelques chefs de village ont^ pu diriger 1'installation d'un périmètre sur les champs prêtés aux "étrangers". En fait, ils avaient toujours peur de perdre leurs "propres" champs au profit de l'Etat !

Les premiers succes dans cette période provenaient des plantations (bois de villages et bois privés) des essences exotiques, tels le Neem et 1'Eucalyptus, dont 1'exploitation ne faisait pas l'objet des restrictions judiciaires, contrairement è bon nombre d'essences locales. II s'agit des premières interventions qui ont permis de susciter 1'intérêt des groupes cibles, et qui ont été prises en charge par ces derniers.

Le lien réciproque (4) entre le système physique et les interventions innovatrices ne comprenait que des visites techniques sur le terrain pour 1'identification des sites d'intervention technique (fixation de dunes etc). Une étude écologique pour décrire le point de depart des interventions innovatrices n'a malheureusement pas eu lieu.

L'intervention (reguliere et innovatrice) dans le secteur pastoral par le Service d'Elevage a diminué graduellement dans cette période a cause de la diminution de 1'appui du Ministère, et de 1'absence d'un appui de 1'extérieur.

Le Service d'Agriculture a pu renforcer ses interventions

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innovatrices grèce a 1'appui du projet PASP de la Cooperation Allemande. Dans trois villages pilotes, dans des zones bien délimitées, des interventions innovatrices ont été menées lors de cette période. En fait il s'agit des premiers essais dans 1'Arrondissement de Téra pour le développement d'une strategie agro-sylvo-pastorale intêgrée.

Au début de la période 1988-1992 la definition de la problématique s'est élargie è la degradation du system agro-sylvo-pastoral .

Initialement les programmes d'activités régulières des Services Techniques se sont poursuivis. Le programme innovateur du Service Agricole en collaboration avec le projet PASP a pu étendre son programme d'action è environ 25 villages. L'agro-foresterie fait partie intégrante du paquet d' innovations è développer, ainsi que des mesures anti-érosives. Le Service d'Arrondissement de 1'Environnement (Service Forestier auparavant), continuait a assumer son propre programme d'intervention reguliere (brigade forestière, pépinière centrale, mini-pépinière, etc). Au niveau du Service des Ressources Animales il s'agit principalement du programme de vaccination qui constituait le programme régulier. En dehors de cela, il y avait le controle de viande aux marches.

La communication entre les intervenants et les groupes cibles était cependant toujours considérée comme défaillante. Dans la nouvelle optique de la foresterie communautaire, le projet RRDT n'intervenait plus uniquement comme réalisateur au niveau du sous-système physique (lien 4; voir figure 7.2.3), mais entamait aussi la sensibilisation et la formation des groupes cibles (lien 5). Afin de faciliter ce changement, une étude était menée en 1989 (Ricklefs, 1990) pour dégager les interets et contraintes des groupes cibles (lien 5, réciproque). Le manque d'une étude sur la situation écologique constitué toujours un obstacle è la connaissance du processus de la degradation des ressources naturelles.

L'intervention innovatrice du projet RRDT se réorienta partiellement vers les espaces agricoles dans le but de conserver le potentiel de la production agricole. Par conséquent, de nouvelles interventions è caractère simple et reproductible ont été introduites chez les agriculteurs. D'autre part, le projet a continue a effectuer avec les groupes cibles des interventions de plus en plus régulières, (mini-pépinières, les fixation de dunes etc.)

En 1990, un grand changement a eu lieu sur la rive droite avec 1'introduction de 1'ATV. Un grand effort dans cette période a été fait pour renforcer 1'organisation villageoise. Ce lien (5) devenait de plus en plus réciproque dans la mesure oü les groupes cibles contribuaient è la conception, 1'execution et 1'evaluation des actions. Les interventions régulières et innovatrices étaient identifiées et exécutées par les groupes cibles, en étroite collaboration avec le projet et les différents Services Techniques.

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La gamme d'activités développées sur la rive droite comprend dans cette période des actions régulières et innovatrices. Quant aux tèches des agents techniques des services d'Agriculture et d'Elevage par exemple, il s'agit en premier lieu des interventions régulières qui sont entamées dans ce cadre. En fait, è ce stade c'est le processus de travail qui peut être considéré innovateur plutöt que les activités individuelles en tant que telles. On peut signaler une complémentarité croissante des interventions régulières et innovatrices (lien 2), grèce è 1'integration au niveau de la planification villageoise. Le lien principal de communication entre groupes cibles et intervenants est toujours celui de 1'intervention innovatrice (5). Ce lien demeure toujours faible par rapport aux activités entreprises.

L'attitude des groupes cibles vis è vis de la gestion des ressources naturelles a change en raison de la confiance faite au projet, comme cela apparait dans les chapitres precedents.

Certains résultats et acquis des interventions novatrices sont de plus en plus adoptés par le programme du Service d'Arrondissement de 1' Environnement, hors de la zone d'intervention du projet RRDT. Dans ce cadre on peut mentionner les mini-pépinières, les foyers améliorés et la formation des paysans forestiers.

interventions régulières

1 '3

E système physique

-I interventions innovatrices

i J. système socio-économique

signification: une influence faible une influence moyenne

: une influence forte

Figure 7.2.3: Approche ATV (± 1992)

L'évolution de la relation des intervenants vis a vis du système d'utilisation des ressources naturelles s'est alors caractérisée, d'abord par la preoccupation sur le milieu physique, qui se traduisait par des dispositifs (agro-) forestiers. Au fur et è mesure que ces dispositifs ont demande une gestion, les interventions novatrices se sont dirigées vers la participation et 1'organisation villageoise,

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considérées comme condition de base pour la gestion des acquis. En dernier lieu, les interventions novatrices se sont orientées vers 1'appui è 1'organisation et la planification villageoise. En consequence, le lien de communication réciproque a gagné de 1'importance.

7.3 Le röle du projet dans le processus

L'évolution de la relation entre le projet et les autres intervenants a connu, lors de ces dix années, deux développements importants:

D'abord, il y a eu la necessité de rendre le projet plus indépendant du Service d'Arrondissement de 1'Environnement (SAE). afin de favoriser le développement des activités novatrices avec les groupes cibles. Il s'est avéré nécessaire d'établir un esprit de confiance entre ceux-ci et le projet, d'oü 1'engagement des équipes d'animation au sein du projet.

Ensuite, le röle que joue le projet RRDT s'est modifié considérablement au cours des neuf années de son intervention. Initialement le projet devait renforcer la capacité d•intervention du Service d'Environnement è Téra. En fonction de cette tèche il est devenu lui-même réalisateur de certaines operations sur la rive droite du fleuve Niger. Pendant sa deuxième phase, il a maintenu les deux röles, si bien d'une fagon plus indépendante. Puis, en troisième lieu, le röle d'animateur, d'agent de sensibilisation et de mobilisation, bref son rêle "social" vis è vis des groupes cibles s'est développé. Depuis 1'introduction de 1'approche ATV, il s'est développé une relation entre groupes cibles et intervenants, dans laquelle le projet peut être considéré avoir joué de plus en plus le röle de "guide de processus"'.

Ce röle de "guide de processus" est en fait la consequence de 1'adoption d'une ligne de conduite qui vise è renforcer la capacité d'organisation des groupes cibles, comme objectif en soi. Le rdle des communautés comme demandeurs de service et d'appui, et comme gestionnaires des processus locaux de développement doit, dans cette optique, être renforcé. A cela s'ajoute évidemment le devoir de renforcer la capacité d'intervention des prestateurs de services (services techniques et administration, ONG's et commergants). Il s'agit done de 1'interaction entre le système socio-économique et les interventions.

La relation entre les communautés cibles et les intervenants dans le processus de développement est congue ici comme un processus qui se développé d'une situation oü le contenu et les modalités d'intervention sont (pré-)définis par les intervenants, vers une situation de concertation et de négociation entre les clients (cibles) et les prestateurs des services. Le röle de "guide de processus" du projet justifie des interventions qui ne visent pas directement des realisations physiques, mais plutöt une certaine aptitude

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sociale des intervenants ou des groupes cibles. Le renforcement du taux d'organisation et la planification participative peuvent servir d'exemples dans ce cadre.

A 1'heure actuelle le projet RRDT combine les rêles suivants dans le cadre de 1'ATV sur la rive droite:

- Celui de gestionnaire des moyens et de la source de financement. C'est la Direction du projet en dernier lieu qui approuve et subventionne 1'intervention d'un prestateur de services.

- Celui de prestateur de services dans le domaine agroforestier.

- Celui de "guide de processus".

Les services techniques de Téra se développent de plus en plus comme prestateurs de services dans le cadre de 1'intervention "ATV" sur la rive droite. Il est a noter que le quasi totalité des interventions (régulières et novatrices) è 1'heure actuelle, doit être subventionnée par des projets, è cause du manque de moyens au niveau de l'Etat pour le fonctionnement régulier de la plupart des services.

La mise en oeuvre de la nouvelle strategie du projet RRDT a implique le développement d'un programme lourd qui englobe au stade actuel une gamme d'activités tres diversifiées.

Il semble avoir été créé une situation quelque peu incoherente, quant è la position du Service d'Environnement par rapport aux autres prestateurs de services, comme les Services Techniques de 1'Élevage et de 1'Agriculture. Cette position risque toujours d'amener dans un certain degré un biais au niveau de la prise de decision et 1' attribution des demandes de fonds, malgré 1'autonomie de la Direction du projet au niveau sous-régional.

Ensuite, dans le même sens on pourrait se demander si la combinaison des röles de gestionnaire des fonds d'investissement et de "guide de processus" ne pourrait pas mener è des conflits d'intérêt au niveau de la Direction du projet et même dans la relation entre animateurs et groupes cibles. Ceux-ci ont démontré quelques fois la sensibilité de plaire è 1'équipe du projet avec 1'execution d'une action quelconque sans avoir la conviction de la réussite. Ce point joue particulièrement au niveau de la realisation des plans de gestion qui combinent des actions d'intérêt immédiats et celles de longue haleine.

L'équipe d'animation du projet s'est développée comme intermediaire important entre groupes cibles et intervenants. Ceci concerne les interventions novatrices ainsi que, dans une certaine mesure, les interventions régulières. Cela risque de créer une certaine dépendance de 1'assistance des animateurs.

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7.4 synthese

Le modèle d'analyse utilise dans ce chapitre fait la distinction entre interventions "régulières" et "novatrices". Cette distinction est normalement indicative pour la repartition des tèches et des responsabilités entre "Etat" (administration et services techniques) et projets de développement ou ONG. Ceci en ce sens que les projets prennent la responsabilité pour le développement des interventions novatrices dans le cadre de la politique et de 1'intervention reguliere de l'Etat. Ce modèle ne reflète guère la situation actuelle du contexte spécifique du projet RRDT. L'intervention du projet, de tres grande importance au niveau local d'ailleurs, semble devenue un ilöt indépendant au niveau institutionnel. Il est responsable d'une maniere directe ou indirecte (è travers les prestateurs de service) pour la plupart des interventions régulières et novatrices dans le cadre de la gestion des ressources naturelles.

Cette situation mérite une reflexion profonde sur 1'orientation dans laquelle elle devrait se poursuivre.

Incontestablement le projet a fait un pas en avant, è 1'échelle "test", en ce qui concerne la participation des groupes cibles au processus de développement. Cependant, il reste 1'extrapolation des acquis dans deux sens: la definition du rêle que joue le projet dans sa phase finale, pour permettre la retrocession des acquis aux différents partenaires, et deuxièmement, son insertion dans une strategie sous-régionale de développement. La traduction des experiences acquises è une échelle supérieure devrait impliquer inévitablement une reflexion approfondie sur la repartition des tèches et responsabilités entre les différents partenaires dans un processus de développement au niveau de 1'Arrondissement de Téra. Ensuite, il nous reste les questions suivantes: A quoi consiste le röle de "guide de processus" et dans quelle mesure ce röle doit être considéré comme novateur et temporaire, ou régulier et permanent.

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Photo 8: La participation des jeunes et adultes è un chantier de restauration du sol (au village de Gangania).

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8 L'AMENAGEMENT DES TERROIRS VILLAGEOIS A TERA: CONTRIBUTION A LA GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES

Ce chapitre nous amène è la question clef de ce document, è savoir (voir par. 1.2):

"Ouelle est la contribution de la strategie d'intervention appelée "Aménagement et Gestion de Terroir Villageois" telle qu'appliquêe par le projet Reboisement Rive Droite Téra, a la gestion durable des ressources naturelles?"

L'analyse se fait è partir de la definition de gestion durable donnée en paragraphe 1.3, qui distingue les trois aspects suivants:

- le maintien du potentiel de production, - l'adaptabilité des utilisateurs des ressources naturelles, - la distribution (plus) juste des ressources et benefices.

Cette discussion sur la "gestion durable" se fera en termes qualitatifs, par manque de données quantitatives. Aussi, il s'avere parfois difficile de retracer 1'origine d'une tendance, dans quelle mesure provient-elle de 1'introduction de 1'ATV, ou est-elle une consequence logique de l'historique du projet et de l'évolution de son environnement physique et institutionnel?

8.1 Stabilisation du potentiel de production

En premier lieu il s'agit d'analyser la contribution des interventions è la stabilisation du potentiel de production des ressources agro-sylvo-pastorales.

Les activités "classiques" du projet de rééquilibre écologique (mises en défens, fixations de dune etc.) ont démontré leur efficacité quant è la restauration des sites, et la production de paille, du bois de feu etc. A cause du niveau de subvention tres élevé de ce genre d'activités (grillage ! ) , il parait peu probable qu'elles soient reproductibles et puissent avoir un impact significatif sur la production è long terme. Par contre, en termes d'organisation villageoise, ce genre de dispositif, comme les bois communautaires, constituent des véritables points de depart sur lesquels peuvent se greffer des actions d'organisation villageoise.

Les actions visant aussi 1'augmentation de la production, se sont surtout réalisées a travers de petits bois privés et collectifs, souvent aussi indépendamment du projet, destines è la product ion de bois de construction. Leur impact est assez tangible au niveau de la diminution du prix du bois au fil des années. La vulgarisation des techniques d'intensification agricole (semences sélectionnées, cultures associées etc.)

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n'est qu'è son début.

Une categorie importante est constituée par les actions simples et facilement reproductibles du genre agro-sylvo-pastoral (haie-vive, brise-vents etc), visant la protection de la capacité de production contre la degradation par 1'érosion éolienne et hydrique, et la production de produits agro-forestiers. Graduellement ce genre d'action a trouve 1'adhesion des groupes cibles. Quasi indépendamment du projet, la mise en place de ce genre de dispositif s'est poursuivie sur des terrains privés, pendant les dernières années. Il s'agit en premier lieu de la delimitation des parcelles et la production de produits agro-forestiers. L'impact de ce genre d'activité est encore difficile è estimer. Il n'est pas possible è 1'heure actuelle d'indiquer dans quelle mesure les utilisateurs "temporaires" installent ce genre de dispositif sur les terrains è leur disposition.

Depuis 1'introduction de 1'ATV, une nouvelle gamme d'activités s'est développée visant premièrement la sécurisation de la production agricole è court terme (formation des brigadiers phytosanitaires et auxiliaires para-vétérinaires, la lutte anti-aviaire etc). Ceci a clairement trait è 1'une des preoccupations primordiales des groupes cibles, notamment la protection de la production primaire. L'approche ATV du projet RRDT n'écarté pas è priori les actions qui constituent un certain risque du point de vue écologique. Les risques pourraient être maïtrisés par des mesures de gestion, ou compensés par des benefices d'ordre socio-économique. En fait, on devrait juger 1'aménagement d'un terroir dans son ensemble, en cherchant 1'optimum entre les objectifs écologiques et socio-économiques è court et è long terme. Il semble trop töt pour juger de 1'impact réel de ces actions.

Jusqu'è présent, peu d'activités visent directement la reconstitution de la capacité de charge è travers une fertili­sation du sol, ou au moyen d'une diminution de la pression sur la terre. Les critères de choix des activités ont pris en compte les idees et interets des groupes cibles. Ceci se reflète, par exemple, è travers 1'accent mis sur la sécurisa­tion a court et moyen terme de la production agricole. L'introduction de la planification participative (ATV) du projet a clairement renforcé cette preoccupation.

Une contribution évidente du concept intégré de 1'ATV demeure dans 1'efficacité augmentée de 1'intervention des techniciens des services d'agriculture, d'élevage et de 1'environnement. Leur collaboration en équipes intégrées rend plus coherente et efficace 1'intervention. Une adaptation des pratiques culturales aux potentiels des différentes zones agro-écologiques, n'a guère eu lieu cependant. En fait, le même paquet d'activités a été développé dans le Nord comme dans le Sud de la zone d'intervention. Il manque une strategie, au projet RRDT comme ailleurs, pour faire face è 1'agriculture envahissant les terres è vocation pastorale.

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8.2 L'adaptabilité des utilisateurs des ressources naturelles

La durabilité d'un système de production n'est pas seulement déterminêe par sa capacité de production, mais également par son système de gestion, c'est è dire la capacité des groupes cibles è modifier et adapter leurs pratiques d'utilisation des ressources naturelles.

On peut constater que les populations rurales s'engagent de plus en plus dans la conservation de leurs ressources naturelles. La reconnaissance du röle que joue l'homme dans le maintien et la reconstitution des ressources naturelles se développé. Il y a plusieurs raisons pour ce changement d'attitude dont 1'intervention du Projet en matière de sensibilisation.

Il est alors question de voir dans quelle mesure la strategie d'intervention actuelle du projet contribué è la capacité d'intervention des groupes cibles, de fagon qu'ils soient mieux en mesure d'adapter leurs pratiques d'utilisation des ressources naturelles.

Cette question est abordée a travers les trois notions suivantes: le Savoir, 1'Avoir et le Pouvoir des populations.

a) le Savoir

Le "savoir" concerne premièrement le savoir-faire local, par exemple sous forme de 1'ethno-classification des sols. Il est è completer par la sensibilisation et la formation technique. Dans ce domaine, une contrainte est posée par 1'absence de beaucoup de jeunes hommes, è cause de leur depart en "exode". Quant aux femmes, c'est la surcharge quotidien et parfois leur culture qui les empêchent de participer pleinement aux reunions et a la formation. Par conséquent, ce sont surtout les plus agées qui profitent des formations et sensibilisations du projet.

Le projet considéré le renforcement de 1'organisation villageoise également comme l'un des elements clefs de sa strategie. Sa contribution è la gestion durable des ressources naturelles est indirecte, mais fondamentale: elle permet une prise de decision plus democratique et un meilleur degré d'information des différents groupes cibles. Le comité de gestion constitué le cadre nécessaire dans lequel les droits, les responsabilités et les taches sont définis. Quant aux credits par exemple, ce sont les Comités de Gestion qui font en premier lieu la supervision, avec un droit de regard sur la gestion des fonds. Cette organisation assure davantage le maintien des mesures impopulaires dont la reconversion des champs en couloirs de passage constitué un tres bon exemple.

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b) 1'Avoir

La question est de savoir dans quelle mesure 1'intervention du projet contribué è apaiser 1'une des contraintes principales è la gestion durable des ressources naturelles, è savoir le manque de moyens qui peut être considéré è deux niveaux: celui de la pénurie en vivres et celui des moyens et matériaux pour 1'execution des travaux.

La philosophie actuelle du projet ne concorde pas avec une remuneration des travaux en espèce ou en vivres (PAM), car cela ne correspond pas avec le transfert de responsabilité aux groupes cibles. L'experience passée a clairement montré que les populations cibles risquent de jouer le simple röle d'ouvriers, une fois que leur travail est rêmunêré. Dans une situation de grave pénurie en vivres, il ne reste au projet et è ses partenaires que de ralentir les actions en cours. Bien sür, la strategie d'ATV ne s'oppose pas è 1'utilisation de vivres-PAM s'il agit d'infrastructures dont la responsabilité de gestion ne repose pas chez les paysans.

La strategie demande cependant une attention particuliere pour la question de sécurité alimentaire, mais d'une fagon plus structurelle qu'auparavant è travers des actions de protection et d'augmentation de la production agricole. La realisation des programmes d'"actions de soutien" et "actions intégrées" démontré une preoccupation, è savoir, la sécurité alimentaire. Elle s'est traduite par des actions visant la protection de la production agro-sylvo-pastorale è court terme (banques céréalières, brigadiers phytosanitaires etc.) et la mise en place d'infrastructures d'intérêt commun (puits, forages). Quelques activités de ce genre risquent de constituer une menace pour la gestion durable de ces ressources è long terme.

La strategie du projet implique un niveau considerable de subvention. En termes de subvention, le programme se développé globalement selon trois axes. D'abord, il y a toute la gamme d'activités simples et peu coüteuses qui ne sont pas importantes en termes de frais récurrents pour la communauté villageoise. Ensuite, il y a des activités collectives subventionnées, comme les aménagements (tels les Fixations de Dune) et les services (tels les Auxiliaires Paravetérinaires) qui doivent être transmises aux Comités de Gestion è moyen terme. En fait, il s'agit ici d'activités qui nécessitent un certain niveau de subvention. A terme, il est prévu de créer un fonds de roulement afin de pérenniser la capacité d'investissement du village.

Les activités du genre credits individuels (charrettes, par exemple) dépassent le cadre strict de la gestion des ressources naturelles, leur but étant de renforcer la position économique de quelques groupes cibles. Ce genre d'investissement cependant pourrait être justifié dans le cadre de 1'emploi des jeunes dans le secteur tertiaire.

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c) Le Pouvoir

Ici la question est dans quelle mesure 1'intervention arrive è clarifier les conditions de la gestion des espaces. Il s'agit en premier lieu de la sécurisation judiciaire (de jure et de facto) au niveau des collectivités (è travers les Comités de Gestion) et ensuite au niveau des individus et groupements.

A 1'heure actuelle, les Comités de Gestion n'ont pas de statut officiel, leur pouvoir d'intervention s'appuyant encore largement sur le chef de village et la presence du projet. L'arrêté ministeriel 48 de mai 1990, qui accorde 1'usufruit des ressources forestières aux communautés villageoises è condition d'un plan de gestion, a permis la retrocession des périmètres aux Comités de Gestion. Cet arrêté peut être considéré comme un avant-goüt du Code Rural en preparation. Cependant, il ne stipule pas la position juridique des communautés rurales quant è la protection et surveillance de leurs ressources vis a vis des tiers. En fait, c'est principalement la presence du projet qui donne aux groupes cibles la conviction que 1'usufruit leur reviendra. Ceci s'est clairement démontré è travers des exploitations entreprises ces dernières années avec 1'appui du projet.

Au niveau des groupements de femmes (15), le projet a réussi è garantir le droit d'utilisation de la terre pour 1'installation des bois, jardins et mini-pépinières. Il s'agit des surfaces modestes et parfois difficiles è travailler. Il est è noter qu'il s'agit toujours des femmes appartenant aux groupes sédentarisés ayant des droits fonciers (de facto).

Au niveau des agriculteurs, le projet n'a pas cherché è connaïtre le statut des différents groupes d'utilisateurs concernant leurs droits (de facto) sur la terre, et les implications pour leur attitude envers 1'amelioration structurelle des systèmes d'exploitation.

8.3 La distribution juste des ressources et benefices

La question est comment le projet veille a ce que la distribution dans l'avenir des ressources et benefices soit plus equitable et juste.

Pendant 1' installation des périmètres le projet s'est adressé cette question dès son début en premier lieu aux communautés ayant des droits fonciers sur la rive droite. Plus recemment, il y a eu 1'installation de quelques périmètres au benefice des communautés "emprunteur", sans droits fonciers formels, 1'usufruit étant accordé par le chef de village du terroir en question. Il est a noter que la réussite dépend beaucoup de la relation entre les deux communautés concernées, et 1'éventuelle intervention du chef de canton. Il y a des cas oü 1'attribution de 1'usufruit d'un périmètre a fait l'objet de sérieux conflits. Il s'agit notamment des cas oü 1'usufruit n'a pas été défini au préalable, dès 1'installation du

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périmètre.

Il n'y a pas d*étude qui fait ressortir la distribution des benefices au niveau des activités de production (voir ci-dessus) entre les différentes couches sociales. Quant aux activités des genres "intégré" et "soutien", on trouve la même situation que mentionnée ci-dessus: la distribution des benefices dependant fortement des relations entre les deux communautés d'un village. Il y a un cas oü un crédit pour la reparation d'un forage semble avoir contribué è la monopolisation du forage par 1'une des deux communautés.

8.4 L'ATV & Téra: ses atouts et ses limites

Les paragraphes precedents font ressortir la contribution spécifique de 1'ATV au processus de développement rural dans la zone d'intervention du projet RRDT. La contribution consiste en premier lieu è 1'introduction d'une methodologie de planification participative menant è une diversification des activités. Désormais, des activités sont développées pour la solution de problèmes urgents des groupes cibles. Jusqu'è présent, la nouvelle démarche n'a pas abouti è un programme d'activités qui constitué un veritable renforcement de la durabilité du système. La cohesion des groupes cibles s'est renforcee considérablement en fonction de cette reorientation, et a permis un élargissement du soutien social du programme. L'impact des Comités de Gestion, par exemple, est tangible: il y a plus de consensus et de soutien pour les plans de travail. Ceci s'est clairement démontré a travers la participation aux travaux durs comme la conservation et restauration des sols et les mesures impopulaires concernant les couloirs de passage. Il y a ensuite de fortes indications montrant que 1'impact social dépasse le cadre de la gestion des ressources naturelles, les structures et formules étant mise è profit pour d' autres activités comme la construction des bStiments utilitaires (école etc). Bref, la nouvelle démarche s'est distinguée principalement au niveau du renforcement des conditions sociales (organisation villageoise, attitude des cibles etc.) sur lesquelles pourraient se greffer de nouvelles initiatives. Une autre contribution de la démarche est une plus grande efficience, grèce è la collaboration sur le terrain des trois services en équipes intégrées.

Il est clair que la mise en oeuvre de 1'approche ATV n'est pas encore optimale dans la zone d'intervention du projet Reboisement Rive Droite è Tera, compte tenu de la finalité du projet, la participation renforcee et la durabilité acquise de bon nombre d'activités ne mène pas automatiquement è la gestion durable des ressources naturelles !

Le plus grand acquis de la dernière phase est sürement la participation améliorée des groupes cibles et leur engagement actif dans la gestion de la plupart des infrastructures et services créés. Cependant, cela constitué en même temps une limitation & la démarche ATV, les buts des actions étant

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réorientés vers le moyen et le court terme, ayant moins de rapport avec les objectifs de durabilité è long terme. La démarche du projet RRDT suppose implicitement une certaine capacité et flexibilité interne du système d'utilisation des ressources naturelles, qui permet aux groupes cibles de réussir è modifier leurs pratiques culturales, afin d'obtenir un système de production plus durable.

Un atout de 1'approche, par rapport è 1'intervention "classique", serait qu'elle dispose d'un cadre conceptuel (integration multi-sectorielle, actions de soutien etc.) permettant un renforcement de cette capacité interne. Cet atout cependant ne doit pas être surestimé, il y a toujours de véritables limites è 1'approche, comme en témoigne le cas du projet RRDT.

La finalité, notamment la gestion durable des ressources naturelles, ne semble réaliste que sous des conditions bien spécifiques. Dans des situations de sur-exploitation, demandant un changement radical du système actuel d'exploitation (comme au Nord), la strategie d'intervention actuelle au lieu de changer les pratiques culturales, rique plutöt de les subir. En fait, dans de telles conditions, il faudrait une strategie bien spécifique.

Jusqu'è présent, les interventions ne réussissent guère è faire apparaïtre de nouveaux systèmes de production plus reproductibles, surtout dans le Nord de la zone d'intervention du projet, oü 1'agriculture de crise a envahi des espaces è vocation pastorale. La strategie actuelle ne prend pas suffisamment en compte les caractéristiques physiques de cette zone, en supportant les groupes cibles dans la protection et 1'intensification de la production céréalière. Il s'agit d'un dilemme, et on peut se questionner sur 1'aptitude de 1'approche ATV vis a vis de ce genre de problématique.

La potentialité interne du système d'utilisation des ressources naturelles est plus marquée au sud de la zone d'mtervention du projet. Lè, 1'utilisation des ressources naturelles (surtout 1'agriculture) se trouve indéniablement aussi dans une situation précaire. L'impact écologique des mesures développées dans le cadre de 1'ATV y est encore modeste, une complication consiste au fait qu'il n'y a pas de système de suivi permettant d'enregistrer le processus de degradation des ressources naturelles en relation avec la gestion. cependant, comme il a été souligné ci-dessus, il y a des conditions de base nécessaires pour une démarche participative qui ont été travaillées considérablement. L'impact de ces efforts dépassent le cadre strict de la gestion des ressources naturelles. Au niveau de 1'ecologie cependant, il reste è démontrer si cette strategie d'intervention serait en mesure d'atteindre les objectifs finals.

En dehors des realisations physiques, 1'intervention n'a pas pu contribuer substantiellement a la clarification des

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conditions de la gestion foncière. II s'agit d'un domaine tres problématique ou 1'intervention n' a pas été spécifiquement mandatée. Les responsables nationaux, locaux et (sous-) régionaux manquent de cadre institutionnel pour intervenir è ce propos. Une faiblesse de la part de 1' intervention du projet è été qu'elle n'a pas eu è étudier et démontrer la liaison entre le système foncier è Tera et 1'adaptation et modification des pratiques culturales.

Dans une certaine mesure, 1'intervention a réussi è renforcer la capacité et le pouvoir des groupes cibles a initier des actions de développement les concernant. L'attitude a change, et 1'organisation s'est renforcee, de fagon qu'il y a un segment plus large de la population qui est concerne. Les contraintes demeurent encore partiellement dans le fait qu'il n'y a pas de statut officiel pour les structures d'organisation villageoise permettant un appui de la part des autorités.

Au depart d'une intervention AGT, il faudrait alors indiquer tres spécifiquement pour les différentes zones agro-écologiques, si la capacité interne du système d'utilisation des ressources naturelles aurait la potentialité pour un tel type d'intervention. Il faudrait, dans certaines conditions, admettre que la gestion durable serait une illusion, sauf peut-être dans une situation oü on impose la conservation des ressources, è travers 1'abandon de 1'exploitation actuelle (agriculture ou élevage). Dans ce cas, des interventions d'un tout autre ordre s'imposent.

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9 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

9.1 conclusions

Concernant: La strategie d'intervention "Aménagement des Terroirs Villageois"(ATV) du Proiet Reboisement Rive Droite vis a vis de 1'approche "Aménagement et Gestion des Terroirs':

- La strategie d'intervention "Aménagement des Terroirs Villageois", comme recemment développée par le projet Reboisement Rive Droite s•inscrit bien dans 1'approche générale appelée "Aménagement et Gestion des Terroirs".

- La strategie d'intervention du projet se caractérise particulièrement par son historique "aménagiste-sectoriel", précédant 1'adoption de 1'approche "Aménagement et Gestion de Terroirs".

Concernant: L'Aménagement des Terroirs Villageois' au Proiet Reboisement Rive Droite Téra:

Quant a 1'integration multi-sectorielle:

- La gamme d'activités, tout comme l'ensemble des intervenants concernés par la nouvelle démarche, s'est élargie considérablement, ce qui a rendu difficile la maïtrise du programme. Le projet s'est approprié de plusieurs röles et responsabilités.

- La collaboration multi-sectorielle dans les équipes "intégrées" est encourageante. Cependant, il manque encore une politique ainsi qu'un cadre formel au niveau de 1'Arrondissement.

Quant a la participation des cibles:

- II n'est pas possible de faire participer tous les utilisateurs du terroir equitablement dès le début. Au fur et è mesure, la representation des différents groupes doit et peut être améliorée.

- La participation des groupes cibles s'est améliorée considérablement grèce a la methodologie participative développée par le projet (les cycles de planification): la cohesion, la responsabilité et la contribution des groupes cibles vis è vis des activités développées se sont renforcées.

- L'intervention du projet s'est toujours dirigée vers les agro-pasteurs sédentarisés et détenteurs "de facto" des droits fonciers. La nouvelle démarche a pu renforcer, è une échelle modeste, 1'implication des gens sans droits fonciers, tels les femmes et les insulaires.

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88

Quant & la gestion des acquis du projet:

- La retrocession des périmètres aux groupes cibles a réussi pour la plupart des villages, grèce principalement è 1'instauration et le renforcement des Comités de Gestion.

- Le manque de sécurité foncière et de cohesion au niveau des villages constitué dans quelques cas une contrainte è la prise en charge durable des acquis par les populations cibles.

Quant a la planification:

- Les plans d'aménagement et gestion villageois constituent encore des simples plans de travail, qui traitent en premier lieu le niveau d'exécution des activités. C'est le processus d'elaboration participative qui compte en premier lieu plus que le plan en tant que tel.

- La démarche n'a pas permis, pour 1'instant, le développement d'un plan d'aménagement et gestion villageois qui lie les aspects sociaux et physiques du terroir, afin d'arriver è une meilleure valorisation des ressources.

- Il manque encore un cadre de reference au niveau sous-régional pour mieux orienter la prise de decisions. Un tel plan devrait donner les grands traits par zone agro-écologique.

Concernant: L'Aménagement des Terroirs Villageois au PRRDT et la gestion durable des ressources naturelles:

- Grosso modo, 1'attitude de la population rurale vis è vis de la gestion des ressources naturelles (p.e. les bois privés, la gestion des périmètres, les couloirs de passage) s'est améliorée, 1'intervention du projet ayant eu certainement un effet positif.

- La démarche a considérablement contribué a renforcer la capacité organisationnelle du groupe cible. Les structures renforcées de 1'organisation villageoise constituent le cadre nécessaire pour la definition des tèches et responsabilités.

- L'approche n'a pas (encore) réussi a clarifier les conditions de la gestion foncière ni la relation entre ces conditions et 1'attitude des groupes cibles concernant leurs pratiques culturales.

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89

- L'approche a réussi, è un degré modeste, è introduire de nouvelles techniques et pratiques de gestion des ressources naturelles. Cependant, la strategie a surtout permis une intervention importante au niveau de la sécurité alimentaire et d'autres problèmes urgents des cibles, avec un impact social.

- La participation et le taux d'organisation constituent des conditions de base pour la gestion durable des ressources naturelles, mais elles n'en sont pas une garantie.

- La capacité d'intervention de la population est trop modeste pour assurer un développement durable. Des activités subventionnées semblent, dans le contexte actuel, nécessaire è la solution de la problématique.

- Cette strategie d'intervention ne semble pas avoir le potentiel de faire face au problème de 1'agriculture "de crise" envahissant les zones pastorales au Nord. La démarche semble apte aux zones agricoles du Sud, son impact écologique reste cependant è démontrer.

Concernant: Le développement de 1'approche ATV: 1'intervention du proiet vis a vis de ses partenaires:

- Au cours des années 1'interaction entre les différents partenaires de développement a change considérablement. Le projet est devenu plus indépendant de sa structure de tutelle, et a développé une relation de guide de processus vis è vis de ses partenaires (cibles et prestateurs de service).

- Le projet est devenu alors un "guide de processus", mais ceci sans réellement savoir oü guider.

- Ainsi, le projet a accumulé trop de röles et tèches, en prenant la responsabilité d'une gamme tres diversifiée d'interventions régulières et novatrices.

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90

9.2 Recommandations

Quant è 1'application de la strategie d'mtervention "Aménagement des Terroirs Villageois" è Téra:

I Renforcer la strategie d'intervention par:

- La reconsideration et definition du processus de changement visé, et les rêles des intervenants concernés.

- Le développement d'un modèle d'intervention qui décrit par zone d'intervention les grands traits de l'ensemble des interventions et la situation "après-projet" visée. (Un exemple d'un tel modèle pour la zone d'mtervention actuelle du projet est présenté en annexe 3.)

- L'elaboration de grilles d'evaluation des activités, afin de faciliter la selection des activités è entreprendre, et les modalités d'exécution. Ceci devrait se faire séparément pour les différentes zones agro-écologiques, oü certains critères d'ordre social ou écologique pourraient prévaloir.

- Un renforcement du système de suivi et d'evaluation pour approfondir les connaissances sur 1'impact des activités est nécessaire. Le système ne doit pas uniquement comprendre des données socio-économiques mais aussi écologiques.

- Un accent mis sur la recherche et les actions novatrices concernant les droits fonciers.

- Un renforcement formel de la responsabilité des communautés cibles vis a vis de leurs ressources naturelles ainsi que 1'assurance de 1'usufruit.

- Un appui aux secteurs secondaire et tertiaire, afin d'augmenter la capacité d'intervention et de rendre la population moins dépendante du premier secteur, par exemple par la promotion du commerce, de la transformation des produits animaux, etc.

II Assurer un cadre f sous-I regional permettant:

- La formalisation de 1'approche et de ses structures d'organisation.

- La reorientation et la clarification de 1'apport des différents intervenants (röles et responsabilités).

- Une meilleure definition des interventions régulières et des interventions novatrices, ainsi que leur interaction.

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91

10 REFLEXION FINALE

L'approche "Aménagement et Gestion des Terroirs" telle que développée pour le projet Téra illustré bien 1'evolution des interventions de développement rural au Sahel au cours des derniers dix ans. Ces interventions sont devenue de plus en plus "intégrées", et la participation des cibles s'est renforcee considérablement. Dans le domaine du développement rural, les interventions du type "projet" ont gagné de 1'importance par rapport aux interventions régulières des Services Techniques de l'Etat, ce qui a souvent créé un certain degré d'autonomie et d'isolement des projets de développement.

Cette evolution parait être une consequence logique de la problématique spécifigue de développement rural au Sahel d'une part, et des changements dans 1'environnement politique et social d'autre part. Il est important d'en mentionner quelques elements è savoir: la pression croissante sur les ressources naturelles, 1'interaction directe et complexe entre la pauvreté et la degradation des ressources naturelles, et souvent une situation diffuse en matière de sécurité foncière. En consequence, la problématique de développement rural est surtout définie en termes de gestion et d'exploitation durable des espaces ruraux, non seulement au niveau technique de la production agricole mais également au niveau socio-économique et institutionnel.

En même temps, plusieurs états Sahéliens, comme le Niger, sont au bord de la banqueroute et cela au moment d'événements politiques agités. Un processus de démocratisation est en cours, entraïnant une certaine decentralisation du pouvoir ainsi qu'une prise de conscience politique et une organisation des masses rurales. Quelques auteurs (voir 3.2.2) soulignent la valeur de 1'approche AGT dans ce contexte économique et politique comme le pendant oblige des programmes d'ajustement structurel. Ils font particulièrement reference è 1'application des nouvelles politiques en matière de gestion du foncier et des ressources naturelles, è 1'organisation villageoise et è la promotion du secteur privé et associatif.

Il est souhaité que l'AGT réussira la oü d'autres approches ont échoué. Mais la dimension politique précitée est è 1'origine d'un problème de fond concernant 1'approche; c'est-a-dire le retrait de 1'état d'un domaine oü ses responsabilités sont claires. En raison de la faiblesse des états Sahéliens, mais aussi des exigences des bailleurs de fonds, 1'accent est mis sur le "laisser-faire" de 1'économie rurale et l"autodéveloppement" des ruraux. L'approche est trop facilement traduite en "auto-gestion" et "auto-financement". Cette idéé suppose une capacité interne d'adaptation du système d'utilisation des ressources naturelles, qui en réalité n'existe guère en raison de la profonde crise écologique et économique. Deux consequences existent:

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92

Premièrement, c'est d'ignorer le röle fondamental que devrait jouer 1'état, è savoir 1'assurance des conditions de base du développement rural (infrastructures de base, code rural, clarté sur les droits fonciers etc). En 1'absence de ces conditions, les efforts de développement des projets sont souvent trop éparpillés et isolés, sans suffisamment d'appui institutionnel, et done non-durables de ce point de vue.

Deuxièmement, il manque des strategies spécifiques de développement pour les différentes zones agro-écologiques. Souvent les futurs systèmes d'utilisation des ressources et les strategies è adopter pour y parvenir sont diffus. Les autorités nationales et Internationales ne semblent pas enthousiastes pour une telle reflexion. L'attribution des droits fonciers et la definition des systèmes d'utilisation des ressources comportent d'importants alêas politiques. Elles impliquent aussi des niveaux considerables de subvention financière, et des engagements de longue durée.

Sans ces conditions, les interventions risquent de se limiter è 1'aspect social et organisationnel du monde rural, sans definition du futur système d'utilisation durable des ressources naturelles. Dans un tel contexte, l'AGT risque d'augmenter les niveaux d'exploitation et de contribuer êventuellement a la degradation des ressources locales, au lieu de développer des systèmes plus durables.

En fait les deux elements créent un besoin en plans de développement regional. qui indiquent les strategies de développement pour les différentes zones agro-écologiques en tenant compte de la capacité interne des systèmes. Sur la base de tels plans, il est crucial pour 1'état de définir les cadres institutionnels, législatifs et infrastructurels nécessaires pour effectuer ces plans. Avec ces plans, la gestion durable des terroirs villageois pourrait être visée è travers le mode d'exploitation en vigueur ou, au contraire, par 1'abandon des pratiques culturales actuelles. En fonction de cela, les interventions seraient è exécuter "en régie" ou par une participation bénévole de la population. Selon la spécificité de la situation, il s'agirait d'interventions régulières des services techniques ou de projets innovateurs plus ou moins indépendants du premier.

Sous ces conditions, l'approche AGT peut contribuer, d'abord au renforcement de 1'organisation villageoise et ensuite è 1'appui è la planification participative au niveau des villages et/ou des terroirs, qui constituent des elements clefs pour une interaction équilibrée entre groupes cibles et intervenants de développement. Ce processus ne peut être fondé que sur les droits et les responsabilités è attribuer aux communautés locales et a ses partenaires, en conformitê avec les plans régionaux. Il s'agit, entre autres, d'appuyer et d'institutionnaliser le processus de communication entre les différents acteurs impliqués, è travers des formations et des sensibilisations. Ceci doit garantir et renforcer 1'aspect itératif au niveau de la planification (sous-)régionale; la

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93

voix du paysannat.

Également, en tenant compte des cadres définis dans les plans régionaux, l'approche peut contribuer au développement et & 1'innovation des systèmes durables d'exploitation des ressources naturelles pour les conditions agro-écologiques spécifiques des localités, è générer et maintenir principalement par les utilisateurs du système eux-mêmes. Il est essentiel è travers des formations et une sensibilisation, mais aussi par des mesures de controle de veiller è une surexploitation des ressources. Dans ce sens, des mesures moins populaires peuvent être nécessaires.

Pour conclure, 1'atout principal de l'approche AGT reside dans la definition claire des systèmes d'utilisation des ressources naturelles pour les différentes zones agro-écologiques, qui constitué la base de 1'identification des mesures sociales, techniques et legislatives è prendre. Tant que les conditions d'ordre politique et économique ne sont pas remplies, cette approche n'est qu'une approche sociale (parmi tant d'autres) traitant les problèmes urgents des groupes cibles, mais sans contributer a la durabilité des systèmes d'exploitation du Sahel.

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94

Photo 9: L'apport de l'eau a boire sur Ie chantier, par les jeunes filles du village.

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ANNEXE 1

Carte du Département de Ti l laberi

14<H

12 <H

BURKINA FASO

100 km i • 1

frontière limite de département limite d'arrondissement

A capitale d'Etat O chef- lieu de département

LEGENDE:

t • chef- lieu d'arrondissement tejfo zone dlntervention du PRRDT f////, le département de Tillaberi

a 1'interieur du Niger

source -. Breitschuh, 1989, 12

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ANNEXE 2

FORMATIONS ET REALISATIONS PHYSIQUES DU PRRDT

(Classées par categorie d'activités et par phase du projet.)

Categorie A: Activités de rééquilibre écologique

Phase

Fixation des dunes

Mise en défens

Recuperation de terres

I

19 ha

40 ha

-

II

28 ha

98 ha

-

Ill

96,5 ha

125,1 ha

10 ha

Total

143,5 ha

263,1 ha

10 ha

Categorie B: Activités (forestières) de production

Plantation Acacia albida clöturée

Plantation A. al­bida sans clöt. °

Haies-vives/brises vent o"

Bois des hommes (coll.) o»"

Bois des femmes (coll.)

Mini-pépinière hommes

Mini-pépinière femmes

Phase I

500 ha

-

5.700 m

4 vill.

-

cat.C

-

Phase II

653 ha

52 ha

11.000 m

5 vill.

-

cat.C

-

Phase III

100 ha

500 ha

26.750 m

4 vill.

14 vill.

32 (1992)

14 (1992)

Total

1.253 ha

552 ha

43.450 m

13 vill.

14 vill.

32

14

Les superficies sont estimees sur la base du nombre de plants plantés. II est appliqué un taux de conversion: 40 plants = 1 hectare. II s'agit des haies-vives et brises-vent en Prosopis et en boutures d'Euphorbe, plantés dans des objectifs divers: protection du sol, delimitation des jardins, etc. Ici on a compte uniquement les bois collectifs d'hommes, souvent installés (semi-)spontanément. A noter que le nombre de bois privés dépasse largement les bois collectifs, mais ils n'ont pas êté comptes.

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Categorie C: Appui au Service d'Arrondissement de 1'environnement

Foyers améliorés

Mini-pépinières 0

Phase I

18 vill.

18 pép.

Phase II

17 vill.

13 pép.

Phase III

22 vill.

17 (1992)

Total

57 vill.

48

0 En phase I il y avait des mini-pépinières villageoises et scolaires

En phase II il s'est venu ajouter les mini-pépinières individuelles En phase III il n'y a que des mini-pépinières

individuelles. A noter que le nombre de mini-pépinières varie d'année en année.

Categorie D: Actions intégrées (uniquement dans Phase III du projet)

Parcelles de demonstration 0

Form/équip. brigadiers phytosan.0

Lutte anti-aviaire

Form/équip. aux.paravétérina ires"

Delimitation couloirs de passage

Formation paysans forestiers

Phase III

32 parcelles

52 brigadiers

8 villages

7 paravét.

9 couloirs00

27 moni-teurs000

Uniquement dans les deux villages pilotes. Dans deux villages on a délimité 1 couloir, dans un village 2 couloirs et dans un village (pilote) 5 couloirs. Il s'agit de 20 paysans forestiers de la zone d'intervention du projet et 7 paysans forestiers de 1'arrondissement.

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Categorie E: Actions de soutien (uniquement dans Phase III du projet)

Puits: - Restauration 0

- Fongage puits en ciment

- puits tuyau maraï-chers"

Crédit forages

Équipement en charrettes 0

Alphabétisation

Foyers améliorés

Phase III

1 puits

3 puits

2 puits

3 villages

10 charrettes

13 Comités de Gestion

24 villages

Uniquement dans les villages pilotes

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ANNEXE 3

LE MODELE D'INTERVENTION

Le modèle d'intervention souligne la retraite progressive du projet dans les villages, en préparant une situation après-projet au niveau villageois. La durée de 1'intervention a été estimée a environ dix ans, au cours desquels le caractère des interventions change. On peut distinguer trois phases dans cette période qui coincident avec les categories des villages.

A cet effet, les villages ont été classes en trois categories, et les actions ont été classées en cinq classes. Le choix des actions est directement lie a la classe du village.

II est a souligner qu'il s'agit effectivement d'un modèle devant être appliqué de fagon flexible. La concretisation se fait en fonction des situations concretes des terroirs, en mettant 1'accent sur par exemple le niveau collectif vs. individuel, des actions protectrices vs. productives, des secteurs spécifiques etc.

Modèle d'intervention; classification des activités categorie de village

et

pha

II

III

catego­rie

nouveaux villages

villages avances

villages GTV

organisation villageoise

formelle: Chef du Vil­lage, AFN, GM

- Comité de gestion; sous-comité des Femmes

- Bureau éla­rgi: Comité de Gestion Comité de Santé

genre d'acti­vités

simples et ponctuelles; A et B, E

autour d'une activité productive (A,B), Dl, C et E

actions de soutien Appui a la gestion (A,B,C), D2 et E

pério­de (an­née)

1 - 3

3 - 7

7 - 1 0

activités pos sibles

- mini-pépin­ière - culture as-soc. - fanage

- périmètre - brigadiers phytosanitai­res - puits

- Moulin k grain - fonds rota-tif

Les genres d'activité

A. Activités simples, faciles a assimiler et a répéter par les cibles, normalement du domaine agro-sylvo-pastorale. Il s'agit généralement d'actions individuelles. Exemples: compostières, fanage, paillage etc.

B. Activités demandant un investissement léger, et un encadrement et suivi par le programme. Bois et jardins des femmes, bois des hommes, parcelles de demonstration, mini-pépinières, etc.

C. Activités comprenant des grands investissements, exigeant un taux

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d'organisation eonvenable. Il s'agit généralement d'actions dans 1'intérêt de la communauté, qui visent la sécurisation ou 1'augmentation de la production agro-sylvo-pastorale. Elles peuvent aboutir è la generation des fonds. Exemples: fixation des dunes, mise en defense, brigadiers phytosanitaires, auxiliaires para-vétérinaires, embouche (b)ovine, etc.

D. Actions de soutien, en dehors du domaine agro-sylvo-pastoral, exigeant un taux d'organisation et de gestion élevée, visant la mobilisation accrue de la population. Pour ce genre d'action il est important de fixer la contre-partie villageoise, qu'elle soit financière ou physique

Dit Actions devant répondre è. une problème urgente de la population. Exemples: micro-réalisations comme puits, credits pour la reparation des forages, formation secouristes et matrones etc.

D2: Actions économiques, devant augmenter la capacité d'investissement des villageois. Exemples, banque céréalière, fonds rotatifs etc.

E. Actions d'appui è la gestion. Kegroupe toutes les actions entreprises dans le but de renforcer la capacité de gestion des villages. Exemples: elaboration des plans de gestion, alphabétisation, forma­tions en comptabilité et gestion, etc.

L'organisation villageoise se développé selon le rythme et la dynamique propre au village. Pour le projet, il doit y avoir une relation directe entre les activités entamées au village, le niveau et la forme d'organisation villageoise, et les actions d'appui a entreprendre. Globalement, nous distinguons trois phases durant le processus d'intervention du programme:

Phase I: Nouveaux villages

Aux villages oü le projet n'a pas ou guère intervenu, les activités a entreprendre avec le programme restent assez simples et peu coüteuses. Les actions relèvent surtout du domaine agro-sylvo-pastoral et sont principalement individuelles. Dans cette categorie le programme intervient è travers les institutions formelles, comme le chef de village, la présidente de 1'Association Feminine du Niger, un groupement mutualiste, etc. Avec la participation des villageois les activités seront identifiées, en aboutissant è un plan d'action (annuel) tres simple et provisoire.

Après quelques années de collaboration, on vise è identifier une activité productive, comme par exemple un périmètre de mise en defense, pour constituer une activité ou bien autour de laquelle on peut renforcer 1'organisation villageoise, et qui génère êventuellement des revenus. L'action identifiée doit avoir 1'approbation de 1'Assemblee du village.

Phase II: Villages avances

Quant è 1'activité productive identifiée, il s'agit d'activités demandant d'une maniere générale une certaine organisation villageoise. Par exemple, pour la formation et 1'équipement des brigadiers phytosanitaires, il faut un taux

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d'organisation élevée pour pérenniser 1'activité (la constitution d'une caisse brigadière par exemple). On peut songer également a 1'organisation autour d'un périmètre.

Pour le projet, dans cette phase, 1'accent est mis sur 1'appui a 1*organisation (formations etc) autour de 1'activité concernée. Souvent il s'agit de 1'installation d'un Comité de Gestion responsable dans un premier temps de la bonne gestion de 1'activité concernée. Ultérieurement, il lui est assigné d'autres responsabilités, jusqu'è arriver a la gestion et 1'exploitation des ressources naturelles du terroir entier. La mise en place d'une telle organisation villageoise permet la gestion durable des acquis, et 1'initiation d'activités successives. En plus, le comité est 1'interlocuteur privilegie du projet.

Le Comité de Gestion (CdG) est compose des représentants de la population. Par exemple les groupes socio-professionnels (p.e. eleveurs, agriculteurs, commergants etc), les représentants des différents groupes (Association des Femmes, Parents d'élèves), les représentants des hameaux du terroir villageois etc (voir paragraphe 5.7.2). Le Comité de Gestion est entre autre chargé de 1'elaboration d'un Plan de Gestion simple.

En même temps que 1'installation du Comité de Gestion, un sous-comité des Femmes est instauré afin d'assurer la participation effective des femmes du village. Le sous-comité des Femmes a deux ou trois représentantes dans le comité de Gestion. Les tèches spécifiques de ces représentantes sont; être interlocuteur entre les femmes du village et le comité; représenter les femmes au niveau du comité, et informer les femmes du sous-comité sur l'avancement du Comité. Le sous-Comité des Femmes s'occupe des activités specifiquement féminines comme les jardins et bois de Femmes, un moulin è grains, etc.

Au fil des années, le Comité de Gestion devient responsable de la gestion de plus en plus d'activités, ceci en fonction du rythme du village. Le Comité de Gestion et le sous-comité des Femmes sont appuyés par des actions d'appui a la gestion comme par exemple: une alphabétisation fonctionnelle ou des formations techniques.

Phase III: Villages AGTV

Dans les villages oü le Comité de Gestion a fait preuve d'une gestion effective des différentes activités (productives et autres), on arrive a une phase oü 1'organisation villageoise devient plus complexe pour être efficace. Le Comité de Gestion n'arrive plus a gérer et suivre convenablement les diverses activités, et une structure plus fonctionnelle et décentralisée est souhaitable. A ce moment lè, il est suggéré 1'installation d'un "bureau", qui coiffe plusieurs comités, chacun responsable d'une activité spécifique. Le bureau coordonné et surveille le développement villageois tandis que les différents comités seront responsables de 1'execution et du suivi des activités. Des tSches du bureau sont la gestion

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des Micro- Realisations et/ou des fonds rotatifs, et le développement d'une maniere participative d'un Plan de Gestion et Financier avec les différents partenaires (services et projets).

Les comités ont un caractère fonctionnel, p.e. Comité de Gestion des Ressources Naturelles, Comité de Santé, Comité d'Eau, ou avoir une base gêographique (par exemple un hameau qui se regroupe dans un comité).

Une telle organisation permet une meilleure participation des hameaux d'un terroir villageois et des différents groupes socio-professionnels, car le Comité du Hameau peut fonctionner plus ou moins indépendamment, mais toujours officiellement sous la tutelle du bureau. Les villageois peuvent être membre de plusieurs comités.

Le bureau et les différents comités sont appuyés par les partenaires de développement dans par exemple 1'elaboration d'un plan de gestion ou des formations spécifiques en gestion ou comptabilité.

Aorès proiet:

La description de 1'après-projet peut se faire au niveau "d'exécution" (terroirs villageois) d'abord, ensuite au niveau "d'appui" (assistance par différents intervenants de développement; services techniques, projets etc.) et pour finir au niveau "de coordination" (planification au niveau de 1'arrondissement).

a) Au niveau d'exécution (villages)

Les structures de développement villageois (Comités de Gestion, associations diverses, etc) seront réanimées afin qu'ils garantissent 1'execution, le suivi, 1'evaluation, et la mise a jour continue d'un plan de gestion du terroir, ceci en collaboration avec les différents services, projets, et autorités concernées.

La communauté villageoise disposera de quelques infrastructures productives (par exemple une mise en defense, un bois de village et une banque céréalière), ainsi qu'un fonds de roulement, autogéré par le Comité de Gestion.

Différents techniciens villageois (constructeurs foyers améliorés, auxiliaires para-vétérinaires, brigadiers phytosanitaires, paysans forestiers etc) seront è mesure de continuer a assurer 1'execution de leurs tSches, et ceci avec un léger appui des différents services techniques, ONGs ou projets.

Sur le plan de 1' environnement par exemple, le Comité de Gestion pourrait délivrer des autorisations d*exploitation et de vente des produits forestiers dans les terroirs villageois.

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b) au niveau d'appui (sous-régional)

Sur le terrain, organise par unité de base, on trouvera des équipes intégrées des services étatiques, assurant 1'appui è 1'execution et le suivi des programmes AGTV au niveau des villages. Il s'agira des équipes techniques principalement constituées par les agents techniques des Services d'Elevage, d'Agriculture et d'Environnement qui travaillent ensemble. La taille de leur zone d'intervention varie selon les caractéristiques de la zone. Sur la rive droite une telle zone d'intervention d'une équipe intêgrée pourrait englober 15 S 20 terroirs villageois, équivalant une surface d'environ 500 Km2. Quant au fonctionnement futur des équipes, la disponibilité des moyens logistiques risque de constituer un facteur limitant et décisif, ceci compte tenu des charges récurrentes revenant è ces services.

c) au niveau de coordination d'arrondissement)

Au niveau du chef lieu de 1'arrondissement, on retrouvera un cadre de concertation (pluridisciplinaire) regroupant les différents services techniques et autorités administratives, qui garantissent 1'assistance aux programmes d'action sur le terrain, ceci en coherence avec les traits d'un plan de développement (sous)-regional. Il y aura une réelle appropriation de l'approche AGTV par l'ensemble des structures techniques et de développement de fagon que la poursuite puisse se faire dans d'autres zones.

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ANNEXE 4

METHODES ET TECHNIQUES

Dans le cycle de planification les methodes et techniques suivantes étaient utilisêes et qui sont discutées ci-dessous. - dans 1'êtape "sensibilisation": GRAAP simple et les diapos - dans 1'étape "étude de milieu": Interpretation des photos aériennes, la SONDEO, la SONDEO simple et l'inventaire des périmètres

GRAAP simple

L'objectif de la methode GRAAP simple est de sensibiliser la population. Souvent la population ne se sent pas responsable pour les problèmes de la degradation de 1'environnement. Afin de changer cette attitude il faut discuter sur le rêle de 1'utilisateur de la terre par rapport è la degradation des ressources naturelles.

La methode GRAAP simple est en fait dêrivée de la methode GRAAP initiée et développée par 1'organisation GRAAP au Burkina Faso. Cette methode utilise différentes figurines qui sont fixées sur une flanelle pour stimuler la discussion et 1'animation. La manipulation des figurines est un element clef dans cette methode. Nous avons adapté cette methode, et pour ne pas trop compliquer les choses nous avons choisi de prendre deux affiches comme point de depart.

Sur une affiche la situation "d'autrefois" du village et ses alentours est imaginée, tandis que 1'autre reflète la situation "d'aujourd'hui". Les animateurs demandent aux villageois si les affiches pourraient être comparables a la situation d'autrefois et è la situation d'aujourd'hui dans leur village.

La sensibilisation se fait en trois étapes:

1. VOIR - Reconnaissance entre 1'environnement autrefois et celui d'aujourd'hui

2. REFLEXION - Les consequences de la degradation de 1'environnement sur les personnes (hommes èt femmes, jeunes èt vieux etc); les animaux, le mil, les mares etc.

- 1'environnement aujourd'hui et demain. - Les causes, d'oü vient cette situation? La responsabilité de qui?

3. AGIR - Qu'est-ce que la population peut faire tout de suite? + chacun individuellement + tous ensemble - Qu'est-ce qu'on peut faire plus tard? + chacun individuellement + tous ensemble

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Diapos

Les diapos sont un autre moyen ayant pour but de sensibiliser les paysans. Avec un investissement léger (un appareil de 24 volt branche sur la batterie d'un véhicule était tres effectif), cette technique est tres utile. L'obligation de tenir des seances durant la nuit a surtout retenu 1'attention de la majorité des villageois (hommes et femmes) . Le fait que les femmes soient plus disponibles la nuit a beaucoup facilité leur participation.

Les diapos ont montré d'abord les consequences de la degradation de 1'environnement et ensuite les activités êventuellement è entreprendre. Les diapos permettent de montrer des exemples venant d'autres regions que celles connues de la population. Il faut remarquer que beaucoup de spectateurs étaient impressionnés plutöt par la technique et les images, que par le contenu. Une deuxième visite aux villages pourrait contribuer a une meilleure comprehension de la message.

Etude de milieu

L'étude de milieu dans les villages tests (deux) est composée de deux parties: 1'étude socio-économique et 1'étude physique. Pour 1'étude socio-économique la methode SONDEO était adoptée, tandis que pour 1'étude physique 1'interpretation d'agrandissement des photos aériennes était choisie. Dans les villages ayant des périmètres on a fait une inventaire de ceux-ci, tandis que dans les nouveaux villages on a mené une SONDEO simple. Ainsi on crée la base de 1'elaboration du plan d'ATV qui devra définir le programme d'activités de la campagne, et les activités a entreprendre è long terme.

L'objectif de 1'étude du milieu est un travail de recherche par les membres du Comité de Gestion et les intervenants qui vise è comprendre le milieu humain et physique d'une communauté donnée afin de concevoir des solutions aux problèmes qu'elle vit.

Interpretation des photos aériennes

Les agrandissements des photos aériennes couvrent plus ou moins les terroirs villageois des groupes cibles concernés. Il s'agit de photos prises en 1991 è la demande de PRRDT, qui sont agrandies quatre fois, en obtenant ainsi une échelle de 1:12.500. Ces photos agrandies sont mises a la disposition des Comités de Gestion des villages.

L'étude du terroir physique était procédée d'une formation des cadres et des animateurs en photo interpretation. Suite è cela, les équipes ont passé quelques jours aux villages pour transmettre les connaissances de base aux membres du Comité de Gestion pour leur permettre de se familiariser avec la photo lecture.

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village.

SONDEO

délimitee (par exempie un quelques semaines), visant a

S S 2 ^^re^ais^ance^e? po'ur Comprendre la situation

locale.

C'est un instrument, une methode d. ««l***» JJ-J " = « t * ^

l'aJrondissement (Plan, élevage, agriculture, etc).

p.^lqiiwB d*»»>^haa de la SONDEO

I S S ^ / e J ^ ^ ^ - ^ r n L - ^ ^ ^ e s s i o n s

3 ^ p ^ t s groupes (de deux ou trois personnes) changent de composition après chaque cycle.

4 Un "cycle" comprend: „^„„„^ * - preparation de visite de terrain, en petit goupe, - visite; rencontre et entretien sur le terrain, - discussion des notes, observations etc, - conclusion, redaction des résultats, - presentation des résultats en session pleniere avec 1'équipe SONDEO (la mise en commun) rH<5cussion conclusion en session pleniere,

1 ÏÏJager les points d'attention, sujets pour le cycle

5 Lefïycl'es continuent jusqu'a 1'atteinte des objectifs

6". ̂ rToSEO^edéSmfnei;rreriCr?4daction d'une monographie du terroir.

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Exécnt.inn de la SONDEO

La SONDEO a pris au total trois jours par village pilote. Deux jours pour collectionner 1'information, le dernier jour était consacré pour la preparation de 1'Assemblee Générale (matin) et la presentation des résultats aux villageois la même soiree.

Les deux journées ont commence avec une reunion durant laquelle les équipes ont été composées et le travail (différents groupes-cible et zones) réparti. Les équipes étaient souvent accompagnees par des personnes "ressources" mais de temps en temps on a préféré partir seul par exemple quand on voulait discuter des questions "délicates".

A leur retour les équipes présentent 1'information obtenue aux autres équipes et indiquent sur le croquis du terroir villageois quelle partie ils ont visitée. Au total quatre fois les équipes de composition différente ont visite les différentes zones du terroir villageois.

Le matin du dernier jour on essaye de distinguer les groupes socio-professionnels. Chaque équipe élabore un groupe socio-professionnel selon le schema suivant: 1. Nom du groupe socio-professionnel. 2. Que font ils? 3. Quand et oü ils font leurs activités? (saison et zone) 4. Quels problèmes rencontrent-ils? 5. Quelles solutions ou alternatives proposent-ils?

Les résultats de chaque équipe sont présentés en session plénière. Apres consensus dans la SONDEO les résultats étaient présentés è 1'Assemblee Générale du village. La monographie est finalement présentée aux agents et chefs du service.

SONDEO simple

La SONDEO simple suit en principe les mêmes lignes de conduite que la SONDEO, sauf qu'elle est exécutée d'une maniere monosectorielie (seul les agents forestiers avec les animateurs du projet) et plus condensée (les visites sur le terrain le matin, et la presentation des résultats a 1'Assemblee Générale la soiree). La SONDEO multisectorielle est exécutée dans les deux villages tests, les autres villages de la zone vont suivre les années prochaines selon leur stade d'avancement.

inventaire des périmètres

L'objectif de cet inventaire est d'étudier les périmètres existants par les membres du Comité de Gestion avec un appui des agents forestiers et les animateurs du projet. L'inventaire est axé sur les questions suivantes, et forme la base pour la gestion future.

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Résumé de 1'étude du milieu pour les périmètres:

1. Quel est l'historique du périmètre? Résumer comment le périmètre a été installé; qui a choisi 1'endroit, sur quels critères, qui ont participe aux travaux, y a-t-il eu des problèmes? etc

2. Qu'est-ce qu'il y a dans le périmètre? a) Faire une description a base d'un inventaire, è exécuter par le Comité de Gestion. Qu'est-ce qu'il y a comme arbres (essences, nombre), arbustes, paille, jardins, type de sol (noms locaux), aménagements (demi-lunes etc), situation du grillage etc.

b) Faire un croquis du terrain, en distinguant si possible de différentes unites. Ceci avec les membres du Comité de Gestion.

3. Quelle est 1'utilisation actuelle du périmètre? Qui exploite actuellement les périmètres (légalement ou illégalement), en termes de paille, bois, fruit, jardinage etc. Dans quelle mesure se fait 1'exploitation (estimation de la quantité de paille, bois etc.) Dans quelle période? Quelles régies (et sanctions) existe-t-il è ce propos, au sein du village?

4. Le périmètre répond-il aux besoins/priorités des villageois? Est-ce que 1'exploitation actuelle est satisfaisante, ou pourrait-elle être améliorée? Est-ce que 1'utilisation actuelle du grillage est opportune, ou vaudrait-il mieux le déplacer?

5. Quelle serait 1'utilisation future du périmètre & envisager? Le site, est-il a vocation agricole, horticole, pastorale, agro-pastorale, forestière, mise en defense etc.

6. Restitution des résultats aux villageois, par le Comité de Gestion Dans 1'optique de stimuler la refection des villageois sur la gestion des périmètres.

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ANNEXE 5

LE COMITÉ DE GESTION

Afin de stimuler la population a mieux gérer ses ressources naturelles du terroir, le projet a mis sur pied une structure villageoise dans une dizaine de villages dans la zone d'intervention du projet, notamment le Comité de Gestion. Ceci était créé par manque d'une structure officielle qui pouvait assurer cette tèche. Le Comité de Gestion est en principe une nouvelle structure qui présentement n'a pas de liaison directe avec les parties politiques, 1'administration ou la chefferie locale. Par conséquent le Comité de Gestion n'a pas de statut officiel. Les Comités de Gestion sont instaurés dans les villages oü se trouvaient les périmètres du projet. Ce sont de villages avec et sans terroir.

Le Comité de Gestion consiste a un groupe de personnes qui defend un intérêt collectif. L'organisation reflète la structure sociale du village qui vise a atteindre des objectifs en utilisant les moyens et capacités disponibles. Le Comité de Gestion a des taches suivantes:

- gérer les périmètres clotures du projet, - gérer d'autres activités et les ressources naturelles du terroir villageois,

- être 1' interlocuteur du village pour le projet et les autres intervenants.

Les membres du Comité de Gestion sont choisis en Assemblee Générale du village. Bien que les critères de choix réellement appliqués dans les villages ne soient pas connus, 1'équipe du projet propose que soient représentés dans le Comité de Gestion:

- Les groupes socio-professionnels (p.e. eleveurs, commergants etc).

- Les représentants des groupes différents (p.e. Samaria, Association Islamique, Association des anciens combattants, Association des Femmes, Parents d'élèves).

- Les représentants des hameaux du terroir villageois. - Des personnes capables de jouer un róle technique dans la gestion des ressources (p.e. mini-pépiniériste, brigadier phytosanitaire, moniteur forestier).

- Les femmes, on propose au moins deux femmes par Comité et un taux d'une femme sur quatre hommes.

Les membres du Comité de Gestion accomplissent des taches et, ou des fonctions bien spécifiques au sein du Comité, par exemple président, trésorier, secrétaire, responsable du grillage, etc. Plusieurs de ces fonctions peuvent au besoin être assurées par une seule personne.

Il est important que le Comité de Gestion ait suffisamment d'autorité au sein du village, S 1'heure actuelle cela veut dire qu'il doit fonctionner sous la tutelle du Chef de Village et ses conseillers. Comme le Chef de Village est le premier responsable du village on conseille qu'il ne soit pas inclus

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ANNEXE 5

LE COMITÉ DE GESTION

Afin de stimuler la population a mieux gérer ses ressources naturelles du terroir, le projet a mis sur pied une structure villageoise dans une dizaine de villages dans la zone d'intervention du projet, notamment le Comité de Gestion. Ceci était créé par manque d'une structure officielle qui pouvait assurer cette tSche. Le Comité de Gestion est en principe une nouvelle structure qui présentement n'a pas de liaison directe avec les parties politiques, 1'administration ou la chefferie locale. Par conséquent le Comité de Gestion n'a pas de statut officiel. Les Comités de Gestion sont instaurés dans les villages oü se trouvaient les périmètres du projet. Ce sont de villages avec et sans terroir.

Le Comité de Gestion consiste a un groupe de personnes qui defend un intérêt collectif. L'organisation reflète la structure sociale du village qui vise a atteindre des objectifs en utilisant les moyens et capacités disponibles. Le Comité de Gestion a des tSches suivantes:

- gérer les périmètres clotures du projet, - gérer d'autres activités et les ressources naturelles du terroir villageois,

- être 1' interlocuteur du village pour le projet et les autres intervenants.

Les membres du Comité de Gestion sont choisis en Assemblee Générale du village. Bien que les critères de choix réellement appliqués dans les villages ne soient pas connus, 1'équipe du projet propose que soient représentés dans le Comité de Gestion:

- Les groupes socio-professionnels (p.e. eleveurs, commergants etc) .

- Les représentants des groupes différents (p.e. Samaria, Association Islamique, Association des anciens combattants. Association des Femmes, Parents d'élèves).

- Les représentants des hameaux du terroir villageois. - Des personnes capables de jouer un róle technique dans la gestion des ressources (p.e. mini-pépiniériste, brigadier phytosanitaire, moniteur forestier).

- Les femmes, on propose au moins deux femmes par Comité et un taux d'une femme sur quatre hommes.

Les membres du Comité de Gestion accomplissent des tSches et, ou des fonctions bien spécifiques au sein du Comité, par exemple président, trésorier, secrétaire, responsable du grillage, etc. Plusieurs de ces fonctions peuvent au besoin être assurées par une seule personne.

Il est important que le Comité de Gestion ait suffisamment d'autorité au sein du village, a 1'heure actuelle cela veut dire qu'il doit fonctionner sous la tutelle du Chef de Village et ses conseillers. Comme le Chef de Village est le premier responsable du village on conseille qu'il ne soit pas inclus

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dans le Comité de Gestion afin d'éviter des problèmes. De même, nul ne peut être executant et controleur en même temps.

Le fonctionnement du Comité de Gestion est évalué en Assemblee Générale du village. L'Assemblee Générale peut decider de remplacer des membres qui ne sont pas fonctionnels.

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List of previous publications/Ont déja paru dans cette série:

No. I (.'Agroforesterie au Burkina Faso; bilan et analyse de la situation actuelle. J.J. Kessler et J. Boni, Ouagadougou, 1991, 144 p.

No. 2 Aspects de l'Aménagement Intégré des Ressources Naturelles au Sahel. E. Bognetteau-Verlinden, S. van der Graaf et J.J. Kessler, Wageningen, 1992, 104 p.

No. 3 Perspectives pour le Développement Soutenu des Systèmes de Production Agrosylvopastorale au Sanmatenga, Burkina Faso. R. van der Hoek, A. Groot. F. Hottinga. J.J. Kessler et H. Peters, Wageningen, 1993, 73 p.

No. 4 Le Système d'Elevage Peulh dans le Sud du Burkina Faso: une étude agro-écologique du département de Tö (Province de la Sissili). W.F. de Boer et J.J. Kessler, Wageningen, 1994, 106 p.

The Tropical Resources Management Papers are published by Wageningen Agricultural University (WAU). The main objective of this series is to allow a wider distribution than the circuit of international scientific journals for the results of research on tropical resource management obtained by researchers and graduate students working within the framework of Wageningen research projects. A broad range of research topics with respect to the (integrated) management of vegetotion, fauna, soil and water may be included in these papers. Final responsibility for each contribution rests with the authors and the university department concerned.

Les Documents sur la Gestion des Ressources Tropicales sont publiés par l'Université Agronomique de Wageningen (Pays-Bas). Cette série a pour but principal de permettre - au-dela du circuit des journaux scientifiques internationaux - la diffusion des résultats de la recherche dans le domaine de la gestion des ressources naturelles dans les pays tropicaux, tels qu'ils ont été obtenus par les chercheurs et les étudiants de troisième cycle travaillant dans le cadre des projets de recherche de l'Université de Wageningen. Cette série comprend en outre de nombreux thèmes de recherche, relatifs a la gestion (intêgrée) de la vegetation, de la faune, du sol et des eaux. La responsabilité finale de chaque publication incombe aux auteurs et au département en question de l'Université.

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Le thème de ce document concerne l'approche 'Aménagement et Gestion des Terroirs'. Cette approche du développement rural est pratiquée dans les zones sahéliennes et soudaniennes en vue d'arriver a une gestion durable des ressources naturelles par les populations locales, ceci afin de répondre au problème de la degradation de l'environnement En 1990, le 'Projet Reboisement Rive Droite Téra' au Niger a adopté cette approche. L'objectif éui t de développer une approche plus intêgrée et plus participative. Grace a cette methodologie participative les populations ont été plus impliquées dans le projet Ceci était renforcé par la formation de groupes cibles en Comités de Gestion. La question centrale de ce document est de connaïtre la contribution de cette approche 'Aménagement et Gestion des Terroirs' a une gestion durable des ressources naturelles. On estime qu'elle puisse considérablement contribuer a la motivation et a ('organisation des populations locales pour la gestion de leurs propres ressources. Toutefois, il ressort de ('analyse que ces activités ne contribuent pas nécessairement a une gestion durable des ressources naturelles; certaines activités pourraient même aggraver la situation. II semble que l'approche 'Aménagement et Gestion des Terroirs' soit une démarche prometteuse qui convienne aux zones agricoles, mais on a des doutes quant au feit qu'elle puisse feire face au problème de '('agriculture de crise' envahissant les zones a vocation pastorale, et au problème fondamental qui est la necessité de l'intensification de l'agriculture.

The central theme of this document is the 'land use management' approach ('Aménagement et Gestion des Terroirs'). This approach to rural development currently being applied in the Sahelian and Sudanian zones of West Africa aims to strengthen the sustainable management of the natural resources by local populations, thereby redressing environmental degradation. In 1990, the 'Reboisement Rive Droite Téra' project in Niger adopted this approach, and set in train a more integrated and more participatory process. The methodology of participatory planning led to the local population becoming more involved in project activities. Their participation was enhanced by organizing specific target groups into management committees. The aim of this document is to examine to what extent the 'land use management' approach has indeed contributed to sustainable management of the natural resources. It appears that the local population's motivation and organization to manage their resources have been substantially enhanced. However, the activities undertaken do not necessarily contribute to a more sustainable land management and some could even be harmful. The approach seems promising and appropriate for areas where cropping predominates, but is less appropriate for pastoral areas or for solving the present need to intensify agricultural production.