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Brice DUTHION Cyrille MANDOU Préface de Laurent Queige L’innovation dans le tourisme TOURISME COMPÉTENCES&MÉTIERS Culture numérique et nouveaux modes de vie

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Brice DUTHIONCyrille MANDOU

Préface de Laurent Queige

BRICE DUTHIONest maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et responsable de l’équipe pédagogique « échanges » au sein de l’École Management et Société. Il y dirige plus particulièrement l’ensemble des programmes en « tourisme, voyage et loisirs » (cours, diplômes, recherches) à Paris et dans l’ensemble du réseau de l’établissement, en France et à l’étranger. Il représente le Cnam dans différentes institutions ou associations liées au tourisme (AsTRES, Campus des métiers et des qualifications de l’économie touristique, Clusters tourisme, Conseil de promotion du tourisme, Institut Français du Tourisme, Institut Montaigne, etc.). Il est également directeur des études du pôle touristique d’excellence dédié aux « patrimoines touristiques » installé au Château de Fontainebleau et exerce une activité d’expert indépendant. Il est enfin l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur le domaine du tourisme.

CYRILLE MANDOUest docteur ès sciences de gestion et professeur en finance. Après avoir été successivement directeur de l’IAE de Perpignan (Réseau IAE France) et directeur du Programme Bachelor de Montpellier Business School, il est depuis novembre 2016 directeur des trois écoles (ESG, ESARC et Digital Campus) du campus de Montpellier du groupe Studialis-Galileo, premier groupe européen d’enseignement supérieur privé.

L’innovation dans le tourisme

TOURISMECOMPÉTENCES&MÉTIERSL’innovation dans le tourisme

Destiné aux étudiants, enseignants et professionnels de la filière touristique, cet ouvrage présente les nouveaux acteurs touristiques nés de l’innovation numérique (Google, Booking.com, etc.) et aborde la façon dont l’ensemble des acteurs dits traditionnels ont vécu et abordé cette révolution numérique.

Sont successivement proposés au lecteur :

• Une synthèse de l’ensemble des grandes étapes de l’innovation dans le tourisme, de son invention à nos jours (des modes de transport aux enjeux clés de la distribution) ;

• Une présentation des études de cas précises des innovations dans le secteur du tourisme, liées aux destinations (portées par les institutions et collectivités) et aux services (entreprises, start-ups...) ;

• Des interviews d’experts et de professionnels de différents horizons ;

• Une analyse des enjeux de l’innovation touristique en termes d’évolution des modes de vie et d’impacts sur les métiers et les compétences professionnelles.

Le lecteur est ainsi amené à appréhender tous les enjeux d’une filière en perpétuelle évolution, avec, en filigrane, la digitalisation croissante de notre monde.

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Culture numérique et nouveaux modes de vie

www.deboecksuperieur.com

ISBN 978-2-8073-0166-5ISSN 2034-130X

9782807301665_INNOTOUR_CV.indd Toutes les pages 06/10/16 17:54

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Alan ClArke, Wei Chen et, pour la version française, Christine Petr, L’accueil international. Concepts et cas de management

Chris CooPer, C. Michael hAll, Le tourisme aujourd’hui. Une approche internationale

Brice DUthIon et Cyrille MAnDoU, L’innovation dans le tourisme. Culture numérique et nouveaux modes de vie

Brice DUthIon, Frédéric DIMAnChe, Les patrimoines touristiques. Naturels, historiques, culturels

Brice DUthIon, lionel WAlker , Hôtellerie et hébergement. Les enjeux humains de l'hospitalité

Stefan FrAenkel, ray F. IUnIUS, La gestion des spasJean-luc MIChAUD, Guy BArreY, Acteurs et organisations du tourismeClaude orIGet du ClUZeAU, Le tourisme culturel. Dynamique et prospective

d’une passion durable

TOURISMECOMPéTENCES&MéTIERS

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L’innovation dans

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TOURISMECOMPéTENCES&MéTIERS

Culture numérique et nouveaux modes de vie

Préface de laurent QUeIGe,

Délégué général du Welcome City lab

Brice DUthIon Cyrille MAnDoU

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entretiens avec

Serge trIGAno, fondateur de Mama Shelter ;

Magali BoISSeAU, fondatrice de BedyCasa ; Anouk leGenDre

et nicolas DeSMAZIÈreS, architectes de la Cité du vin de Bordeaux,…

Crédits photos de couverture : © georgejmclittle - Fotolia.com© Production Perig - Fotolia.com© Andrey Popov - Fotolia.com© sdecoret - Fotolia.com

© De Boeck Supérieur s.a., 2016 1re édition Rue du Bosquet, 7 – B-1348 Louvain-la-Neuve

Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par

photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.

Imprimé en Belgique

Dépôt légal : Bibliothèque nationale, Paris : novembre 2016 ISSN 2034-130X

Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2016/13647/038 ISBN 978-2-8073-0166-5

Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com

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Remerciements

À l’issue de cet ouvrage, qu’il nous soit permis de remercier les différents acteurs du tourisme qui ont bien voulu nous accorder leur temps pour nourrir cet ouvrage de leurs expériences.Nos remerciements vont donc à :• Gérard BERTRAND, propriétaire de domaines viticoles en Languedoc-Roussillon et fonda-

teur des vins Gérard Bertrand ;• Magali BOISSEAU, fondatrice et présidente de BedyCasa, site pionnier de la réservation de

chambres chez l’habitant partout dans le monde ;• Jean-Luc BOULIN, directeur MOPA ;• David COSTE, consultant, Mission Tourisme ;• Laurent QUEIGE, délégué général du Welcome City Lab, premier incubateur touristique au

monde ;• Anouk LEGENDRE et Nicolas DESMAZIÈRES, XTU Architects et• Serge TRIGANO, fondateur de Mama Shelter, chaine hôtelière.

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PA R T I E 1D E L ’ I M P O R TA N C E D E   L ’ I N N O V AT I O N

D A N S   L E   T O U R I S M E

Chapitre 1 Le tourisme en France, un colosse aux pieds d’argile qui se découvre terre d’innovations 15

Chapitre 2 La transition numérique et son impact sur la consommation et l’emploi dans l’industrie touristique 53

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Chapitre 1Le tourisme en France, un colosse aux pieds d’argile qui se découvre terre d’innovations

1. Le tourisme, première économie de l’économie française 162. Forces et faiblesses du tourisme français 213. L’innovation dans le tourisme en 2016 41

OBJECTIFS DU CHAPITRE

• Comprendre le poids du tourisme et les économies contemporaines et singulièrement celle de la France.

• Présenter les atouts structurels du tourisme français, à la fois par des éléments innés (patrimoines) et acquis (infrastructures de transports par exemple).

• Identifier les facteurs d’incertitude et d’instabilité à plus ou moins long terme.• Projeter les grandes étapes des innovations dans le tourisme en les mettant en perspec-

tives, à la fois historiques et thématiques.• Synthétiser les grands enjeux liés aux innovations dans le secteur du tourisme (parcours

client, qualité de service, etc.)

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La France n’est pas devenue par hasard la première destination touristique au monde. Peu importe les statistiques en la matière, d’ailleurs, tant nous sommes incapables de distin-guer le faux du vrai dans la question de la fréquentation de notre pays, à la fois aux échelles européenne et mondiale. Et cela n’est pas nouveau ni une exception nationale… Le “Travel & Tourism Competitiveness Index”, publié par le World Economic Forum de Davos, souligne depuis quelques éditions les paradoxes du tourisme français. Même si cette vision du tou-risme mondial peut être critiquée, à la fois par les indices choisis et la méthodologie suivie, les tendances qu’il décrit sont intéressantes, car fondées sur une comparaison internationale. La France n’est plus cet hexagone semblant vivre parfois hors du temps et hors du monde, célébrée par quelques-uns au nom d’une histoire glorieuse dans des discours qui peuvent paraître grandiloquents ou anachroniques (faisant référence à l’importance de la voix de la France dans le monde) et décriée par tant d’autres dans des articles ou des tribunes fondés sur des bases souvent évanescentes, empreintes de « déclinologie » ou de la crainte de voir disparaître notre brillante civilisation dans la mondialisation férocement destructrice. Les principales « vertus » touristiques françaises reposent à la fois sur la qualité de son réseau d’infrastructures terrestres (routières et ferroviaires), sur la desserte aérienne du territoire (en termes de nombre de compagnies et de production de sièges), sur la densité de son patri-moine culturel (sites et expositions) ou la vitalité de ses startups. Les inadaptations françaises sont apparentes et inventoriées, que ce soit en termes de prix de la destination (taxes d’aéro-port, prix de l’essence ou prix moyen de l’hébergement), de la qualification des personnels (le mythe de la réforme du système éducatif ne trompe pas en dehors des frontières hexagonales) ou du sentiment diffus d’insécurité (le fameux « syndrome de Paris » éprouvé par des tou-ristes japonais rêvant de la France romantique et éternelle et confrontée à des réalités moins poétiques avant même les attentats des deux dernières années). La combinaison touristique française ne peut pas être simplement résumée à ces quelques éléments1.

1.1 Le tourisme, première économie de l’économie française

1.1.1 Quelques éléments sur l’économie française

Le tourisme constitue aujourd’hui une activité parmi les plus dynamiques de l’économie fran-çaise en compagnie de quelques autres secteurs grâce auxquels « la France se positionne très bien dans la compétition mondiale – aéronautique, luxe, agro-alimentaire » (Banque de France, 2015)2.La France est un pays dont la compétitivité industrielle régresse depuis plusieurs décennies, selon un mouvement semblant s’accélérer, à la fois par la diminution du poids de l’industrie dans le PIB français (de 18 %, en 2000 dans la valeur ajoutée totale à un peu plus de 12,5 %, en 2011 ce qui la place au 15e rang parmi les 17 pays de la zone euro juste devant Chypre et le Luxembourg, 2 millions d’emplois industriels perdus en 30 ans) et par le déficit croissant du commerce extérieur (le solde de la balance commerciale est passé d’un excédent de 3,5 mil-liards d’euros en 2002 à un déficit de 71,2 milliards d’euros soit 3,5 points de PIB en 2011 et

1 DUTHION B., « Imaginer les mobilités touristiques ou l’ultime enjeu économique de la France ? », Revue Espaces, 2014.2 Banque de France, La balance des paiements et la position extérieure de la France en 2015, avril 2016.

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de 53,8 milliards d’euros en 2014). L’une des conséquences majeures de cette situation défi-citaire structurelle est le poids croissant du déficit public et l’endettement du pays (Gallois, 2012)1.La fiscalité s’avère particulièrement élevée en France et les dépenses publiques figurent parmi les plus importantes en Europe (56,6 % du PIB en 2014). D’un côté, un « millefeuille » adminis-tratif roboratif issu de la superposition de structures déconcentrées et décentralisées étouffe toute velléité d’initiative locale d’envergure et, de l’autre, la création d’entreprises, souvent des PME innovantes, porte la dynamique économique territoriale d’émergence, tandis que les données parfois surprenantes (si elles sont vraies !) sur la productivité horaire du travail demeurent parmi les plus fortes d’Europe, les infrastructures – notamment de transport – et les services publics sont reconnus de qualité, la qualité de vie est vantée au-delà des fron-tières (Gallois, 2012).La dynamique démographique française est celle d’un pays vieillissant. La population y aug-mente encore régulièrement, de l’ordre de 0,5 % par an, soit plus de 300 000 habitants supplé-mentaires. Le solde naturel reste élevé, avec un nombre de naissances de l’ordre de 800 000 nouveau-nés recensés chaque année (le nombre de décès baissant régulièrement autour de 550  000  morts par an), l’indice conjoncturel de fécondité s’élevant à 200,8 naissances pour 100  femmes en 2014, ce qui demeure presque une exception démographique dans les pays européens. Être Français, c’est aussi gagner en longévité. L’espérance de vie à la naissance des femmes atteint 85,4 ans en 2014 contre 79,2 ans pour les hommes. L’écart n’a pas cessé de se réduire, passant en vingt ans de 8,2 à 6,2  ans (Les Échos, 2015)2. La population du pays vieillit progressivement, la pyramide des âges française passant en un siècle (1914-2014) d’une forme de botte de foin à une base actuelle encore relativement large. Les générations du baby-boom vont fortement accentuer ce processus de vieillissement dans les prochaines décennies. L’arrivée actuelle de ces générations pleines dans les classes d’âges supérieures (au-delà de 65  ans) et la réduction de la part des femmes en âge de procréer au sein de la population vont fortement jouer sur les taux bruts de natalité et de mortalité à venir et sur la répartition par grands groupes d’âge. En 2014, un quart de la population est âgé de moins de 20  ans. Un autre quart est âgé de 60  ans ou plus et près d’une personne sur dix (9,2 %) a 75 ans ou plus. La catégorie des 60 ans et plus va prendre une importance relative de plus en plus forte dans les prochaines décennies et pourrait atteindre 30 % en 2035. En France, les couples se marient encore en nombre, 241 000 unions ayant été célébrées en 2014, dont 10 000 entre personnes de même sexe (Mazuy, 2014)3.

1.1.2 La France, une identité et une économie touristique réelles

Il est une caractéristique géographique que beaucoup envient à la France. « La géographie a-t-elle inventé la France ? », demandait Braudel dans son livre posthume (Braudel, 1986)4. Il est une évidence, la géographie a façonné une certaine identité touristique française. Les « circulations » ont marqué l’histoire de son peuplement, l’histoire de ses relations aux autres,

1 GALLOIS L., « Pacte pour la compétitivité de l’industrie française », Rapport au Premier ministre, 2012.2 Les Échos, « Démographie, la dynamique française », 14 janvier 2015.3 MAZUY M., BARBIERI M., D’ALBIS H., « L’évolution démographique récente en France : la diminution du nombre de mariages se poursuit », Population, n° 69, 2014.4 BRAUDEL F., « L’identité de la France » (3 vol.), Arthaud, 1986.

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de sa découverte d’un monde aux frontières longtemps inconnues. « Il y a des plaines et des vallées que la Géographie semble avoir prédisposées à l’Histoire », écrit Sylvain Tesson dans ses « Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages » (Tesson, 2008)1. La géographie semble avoir été généreuse avec la France. Le xxe siècle l’a habituée à devenir une destination touristique. La « démocratisation » du tourisme en France a touché les vacances d’été d’abord, puis les congés d’hiver, le développement des départs en week-ends et le fractionnement des départs en toutes saisons amplifiés par les nouveaux temps libres. Ce phénomène de masse porté par la croissance économique au cours des « Trente Glorieuses » et par la construction d’infrastructures (transports, stations du littoral et de la montagne, villages de vacances, cam-pings, etc.) s’est étendu aux régions rurales puis aux villes. Chaque année, lorsque les chiffres de fréquentations touristiques sont annoncés, bruisse la rumeur que la France demeure bien le premier pays visité au monde. Sans doute certains pensent-ils que c’est l’Esprit des Lumières qui est célébré dans les villes et les sites les plus visités (Paris compte, par exemple, en moyenne chaque jour près de 10 % de population étrangère touristique). On loue le poids majeur de l’activité du secteur dans l’économie nationale. L’économiste et historien Jacques Marseille aimait rappeler d’ailleurs que « dès le xixe  siècle, l’excédent lié au tourisme en France compensait la moitié du déficit de la balance des paiements. » Chaque région, chaque département, chaque territoire de France entretient une relation étroite avec la mise en valeur de ses patrimoines, qu’ils soient naturels, historiques ou culturels. Les touristes y sont espé-rés, encore plus s’ils consomment et dépensent dans l’ensemble des services (hôtellerie, res-tauration, commerce, immobilier, etc.). Il est parfois difficile d’y connaître le poids réel du tourisme dans l’économie locale. L’exemple de la Corse est à ce titre intéressant, certaines études ou publications estiment que le tourisme représente 7 % du PIB régional, d’autres près de 30 %. En Dordogne ou dans la Creuse, le tourisme représenterait plus de 50 % de l’acti-vité économique. Les données principales proviennent aujourd’hui de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), de la Direction générale des entreprises (DGE) placée sous l’autorité du ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique et, enfin, de la Banque de France. L’on peut affirmer avec certitude que le tourisme est le premier secteur contributeur dans les échanges extérieurs de la France (état statistique qui retrace sous une forme comptable l’ensemble des flux d’actifs réels, financiers et monétaires entres les rési-dents d’une économie et les non-résidents au cours d’une période déterminée selon l’INSEE), qu’il présente un excédent annuel compris durant la dernière décennie entre 9 et 13 milliards d’euros, davantage que les industries automobile ou agro-alimentaire. Le tourisme apparaît bien souvent comme la ressource contribuant à diversifier l’activité locale face aux déclins de l’agriculture ou de l’industrie. Durant longtemps, pas un jour n’est passé sans qu’un article évoque quelque fuite d’outils de productions vers des bassins industriels lointains, souvent asiatiques, où le coût de la main-d’œuvre semblait profiter à quelques-uns parfois présen-tés comme avides de profits rapides. Le tourisme figue bien dans le génotype, dans l’ADN de la France. Il constitue désormais un des éléments constitutifs de son identité nationale ! Quelques éléments macroéconomiques le confirment, publiés en 2014 : près de 7,5 % du PIB national, plus de 156  milliards d’euros de consommation intérieure (dont les 2/3 sont assu-rées par les visiteurs français), plus de 285  000 entreprises et d’un million de salariés en équivalent temps plein (DGE, 2015).

1 TESSON S., « Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages », Éditions des Équateurs, 2008.

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C’est dans l’après-guerre que des investissements publics vont bénéficier au tourisme naissant. De grands travaux de construction d’infrastructures de transport sont lancés. Les réseaux autoroutiers et ferroviaires vont accroître l’accessibilité des territoires et rendre possible leur attractivité touristique. Le tourisme entre alors dans le champ des politiques d’aménagement du territoire, à l’initiative de la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action régionale (Datar), créée en 1963, qui favorise par exemple le lancement de pro-grammes d’aménagement des littoraux (Languedoc-Roussillon, Aquitaine) et de développe-ment des sports d’hiver (Alpes du nord notamment). Cette politique vise un triple objectif  : favoriser la croissance, réduire les déséquilibres du territoire et offrir une alternative à l’émer-gence de nouvelles destinations touristiques comme l’Espagne. Plus tard, au tournant des années 1980, l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle (CDG) et le train à grande vitesse (TGV) vont contribuer à l’ouverture internationale de la destination France. Des centaines de milliers de touristes parcourent ses routes en permanence, avec une prédilection pour la saison esti-vale (dite haute saison de juin à septembre et très haute saison de mi-juillet à mi-août), une destination méridionale (30 % des nuitées en camping dans le Sud-Est) et de courts séjours (près de 60 % des séjours). C’est une réalité démographique et économique incontournable comme celle qui veut que structurellement les visiteurs qui viennent en France soient très majoritairement européens (plus de 80 % des clientèles internationales, dont le tiers consti-tué de Britanniques et d’Allemands).

1.1.3 Le tourisme, quand la france rencontre le monde

�� Une destination non délocalisable

La place du tourisme dans l’économie française est majeure. Son poids économique est reven-diqué régulièrement dans les médias comme étant l’un des derniers signes tangibles d’un certain génie français dans le monde que viennent admirer plus de 80  millions de visiteurs internationaux chaque année.La destination France n’est pas délocalisable, ses habitants non plus. L’industrie touristique y est composite, son tissu dense porte souvent les dynamiques économiques régionales. Pourtant, certains ressentent comme une perte de son influence dans le monde touristique. Cette évolution s’expliquerait par la courte durée moyenne des séjours dans l’Hexagone, pays de transit pour les vacanciers de l’Europe du Nord vers l’Europe du Sud, par la faiblesse des investissements et des politiques qui pourrait encourager l’allongement des séjours d’affaires et d’agrément, en région parisienne (moins de deux nuitées en moyenne) comme dans l’en-semble des territoires. Les touristes sont de plus en plus mobiles, il convient de savoir les attirer et les fidéliser. Les enjeux sont importants et la France doit s’y préparer. Les consomma-tions prennent désormais des formes particulières, notamment marquées par le court séjour et le recours à la technologie (Internet et mobile, ce qu’on appelle l’e-tourisme et le m-tou-risme). C’est le tourisme à l’américaine qui triompherait en France. Grandeur et désespoir du vieux monde qui se rêvait modèle éternel. Les produits touristiques ne ressemblent en rien à ce qu’ils étaient il y a vingt ans. Ils reposent sur trois éléments essentiels, la qualité, le prix et la capacité à fidéliser une clientèle puisqu’il est appelé à être consommé plusieurs fois dans la vie du consommateur. Il n’est pas rare que ce dernier parte plusieurs fois dans l’année. Les temps modernes du tourisme évoluent vers le court, voire le très court séjour. Même si la baisse récente du taux de départ en vacances des Français, liée à l’évolution de leur pouvoir d’achat et amplifiée par la crise économique, indique qu’ils font des arbitrages économiques

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très clairs pour maintenir leurs traditionnelles vacances d’été, longs séjours (au moins deux semaines) dans un cadre le plus souvent familial protecteur (Duthion, 2011)1.

�� Une place dans le monde à défendre

Si la France doit maintenir sa « part de marché » touristique dans le monde dans les vingt ou trente prochaines années et si les croissances à l’échelle globale des flux touristiques inter-nationaux poursuivent le doublement décennal observé depuis un demi-siècle – ce qui n’est pas certain, malgré les prévisions sans doute très optimistes de l’Organisation mondiale du Tourisme, OMT, qui a revu récemment ses modèles de croissance moyenne des flux touris-tiques dans le monde au rythme de 4 % par an –, plusieurs dizaines de millions de touristes internationaux seront à accueillir sur le territoire national. Quelle autre industrie pourrait se targuer de telles perspectives de croissance et d’enrichissement des territoires ? La mondia-lisation, tant décriée, pourrait continuer à enrichir la majorité des territoires français. L’un des enjeux actuels est celui de la répartition de ces futures richesses, entre les régions – ou sites – déjà amplement dotées et celles qui semblent rester à l’écart des flux touristiques prin-cipaux. Quelque 500 millions de personnes sont sorties de la pauvreté dans le monde depuis une bonne vingtaine d’années et constituent pour une majorité d’entre elles, ou leurs enfants, cette fameuse classe moyenne urbaine qui a pris goût au voyage et au tourisme, parfois en Europe et en France (on ne parlera pas ici des seuils de revenus au-delà desquels les éco-nomistes considèrent comme acceptable l’intégration de populations aux classes moyennes ni ne sera tentée une définition de ce qu’est un pays émergent). Le secteur touristique fran-çais profite de la croissance soutenue des économies des quatre pays qui ont été le moteur de la croissance économique mondiale (plus de la moitié entre 2000 et 2010), les fameuses BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Le Brésil est un agroexportateur redoutable, la Russie mise sur ses atouts énergétiques, l’Inde se spécialise dans les services informatiques alors que la Chine est un « exportateur manufacturier hyper-compétitif » (Degans, 2011)2. Le poids des BRIC dans l’économie mondiale, en termes de PIB, est aujourd’hui supérieur à 20 % alors qu’il était de l’ordre de 10 % en 2000. Entre 2004 et 2013, le nombre de touristes en France issus des BRIC a été multiplié par 2,5 pour atteindre près de quatre millions (DGE, 2015). Les pers-pectives touristiques semblent inépuisables ou presque. La mutation démographique de nom-breuses régions du monde est encore appelée à durer. La classe moyenne mondiale comptait 1,8 milliard d’individus dans le monde en 2009, l’Europe (36 %) et l’Amérique du Nord (18 %) en composant la majorité des effectifs. Elle devrait croître à 3,2 milliards en 2020 et 4,8 mil-liards en 2030, l’Asie – Pacifique en représenterait alors les deux tiers, la part de l’Europe chutant à 14 % et celle de l’Amérique du Nord à 7 % (Kharas, 2010)3.

�� Un long déni des politiques

L’un des points de blocage dans le pays demeure, enfin, dans la frilosité des classes poli-tiques qui se succèdent à lancer des politiques d’envergure afin que le secteur devienne cause publique. L’action de Laurent Fabius, à la tête d’un grand ministère des Affaires étrangères

1 DUTHION B., DE CHARDON V., BAUQUIS E., « Réussir dans le tourisme », Guide du Routard, Hachette, 2011.2 DEGANS A., « Ces pays émergents qui font basculer le monde », Sciences humaines, Grands Dossiers, n° 24, 2011.3 KHARAS H., “The Emerging Middle Class in Developing Countries”, OECD Development Center, Working paper n° 285, 2010.

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et du Développement international entamé en 2012, risque de n’être qu’un coup d’éclat dans un quotidien plus terne, où le tourisme demeure un secteur économique souvent tourné en dérision, ou bien montré comme l’anti-modèle économique. Le tourisme a longtemps symbo-lisé dans le discours des politiques la dégradation économique, une France appauvrie et sans talents. Jean-Pierre Chevènement, alors candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2012, affirme en se déplaçant en Bourgogne « qu’il n’est pas question que notre pays devienne un pays-musée, un immense parc d’attractions dans lequel nos enfants et petits-enfants servi-raient des cafés à des guerriers économiques fatigués qui viendraient de Chine, du Japon, des États-Unis… ». Martine Aubry explique lors d’une visite dans un bassin minier du Pas-de-Calais qu’« un pays comme la France ne va pas devenir un pays-musée, avec des hôtels, du tourisme et de la culture ». Un an plus tard, Arnaud Montebourg, prônant la réindustrialisation devant les membres du Medef, affirme qu’il est hors de question que notre pays devienne « un magni-fique hôtel Resort & Spa, avec un littoral, des stations de ski, des musées et Disneyland ! » (Barnu, Hamouche et Lachaussée, 2013.)1

1.2 Forces et faiblesses du tourisme français

1.2.1 La France, le pays des mobilités touristiques compétitives

�� Quand la France se découvre comme destination touristique

Pendant que les Anglais inventent le tourisme dès la fin du xviiie et tout au long du xixe siècle (création des stations balnéaires, de l’hôtel, des activités de loisirs, des sports, etc.2) ou que la Suisse construit les premiers Palaces, la France s’imagine lentement un destin touristique. C’est par le transport ferroviaire qu’elle s’ouvre aux mobilités touristiques. L’invention du train bouleverse les paysages. Les premiers réseaux de chemins de fer apparaissent. Les transports ferroviaires, l’hôtellerie et le tourisme ont une communauté de destins3. On voit naître durant cette période le couple hôtel-gare (« la première révolution touristique française vient des trains et de la nécessité d’héberger leurs passagers ») qui permet à un nouveau Grand Tour de symboliser le xixe  siècle. Ce modèle s’impose sur l’ensemble du territoire français. C’est à cette époque que certaines petites villes – voire des villages – de province vont devenir de véritables stations touristiques et s’équipent d’infrastructures hôtelières dignes des grandes métropoles. De grands événements sociaux ou festifs qui insufflent également des change-ments radicaux d’organisation sociale, donc de besoins de mobilités et d’hébergement, et permettent une accélération de ces processus dans les villes, puis entre les villes (Expositions universelles, Jeux olympiques, etc.). L’invention de l’automobile crée également de nouvelles destinations et de nouvelles formes d’hébergement. On découvre alors les profondeurs de la douce France et parfois leurs « charmes cachés » (Berto-Lavenir, 19994). Le Guide Michelin

1 BARNU J., HAMOUCHE A., LACHAUSSÉE G., « Tourisme : le coûteux mépris français » Mines ParisTech, 2013.2 BOYER, M., Histoire du tourisme de masse, PUF, Que-sais-je ?, 1999.3 DUTHION B., DIMANCHE F., Hôtellerie et hébergement, les enjeux humains de l’hospitalité, De Boeck, 2012.4 BERTHO-LAVENIR, C., La roue et le stylo – Comment nous sommes devenus touristes, Odile Jacob, 1999.

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paraît pour la première fois en 1900. Toutes les régions s’ouvrent au tourisme. La « civilisation du loisir » est en marche (Dumazedier, 19621).

�� La France, hub touristique européen ?

L’histoire du tourisme en France correspond à celle d’un pays « d’un pays qui devint carre-four… » (Duthion, Walker, 2014)2. La France se trouve donc en situation géographique centrale en Europe, entre les marchés émetteurs de touristes internationaux (Angleterre et Allemagne) et les marchés récepteurs (Espagne, Italie et ensemble du bassin méditerranéen). Cela lui confère donc une place à part – osons dire « centrale » – dans le tourisme européen, une sorte de hub du tourisme européen. Le hub est un concept apparu aux USA à la fin des années 1970 et au tout début des années 1980 lorsque les compagnies aériennes nord-américaines ont cherché à capter, dans un contexte de déréglementation, de nouvelles parts de marché sans augmenter leurs coûts, ce qui est supposé impossible dans l’exploitation de point à point. La logique de hub est une logique de correspondance qui a permis d’augmenter la rentabilité en réduisant le nombre de lignes. Le hub nécessite d’arbitrer, entre les correspondances et le nombre de passagers, la qualité et le coût des infrastructures. La logique de hub a contribué à réduire le nombre de liaisons aériennes en créant un point d’escale central d’où partent presque toutes les lignes aériennes mondiales. Aux USA, le taux de correspondance sur une plateforme d’échanges (ou hub) est généralement de l’ordre de 60 à 70 %. Cela signifie que la majeure partie des passagers sont en transit dans les aéroports, mais n’en sortent pas. Il existe quelques hubs aériens européens importants (aéroports Charles-de-Gaulle, Francfort ou Heathrow).

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Source : Organisation mondiale du tourisme (2014)

Graphique n° 1 : Nombre de touristes internationaux en Europe (1990-2013, en millions)

1 DUMAZEDIER, J., Vers une civilisation du loisir ?, Seuil, 1962.2 DUTHION B., WALKER L., Les patrimoines touristiques – naturels, historiques et culturels, De Boeck, 2014.

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Les mobilités et le tourisme ont crû de façon considérable dans le monde depuis les années 1960 et 1970. La massification des transports, notamment aériens, contribue dès cette date à bâtir en France des infrastructures capables d’accueillir les flux de visiteurs, de loisirs ou d’affaires. Durant le dernier demi-siècle, le nombre de voyageurs dans le monde a été multi-plié par dix. Cette croissance, étroitement corrélée à la croissance du commerce international et trois fois supérieure à celle du PIB mondial durant la même période, a été assise sur le développement urbain, en particulier sur celui des plus grandes villes. Une grande partie de ce trafic repose sur les liaisons entre les plus grandes agglomérations mondiales, selon des modèles dominés par les flux nationaux (USA ou Chine) ou des flux internationaux (Europe notamment). Dans le monde, 20 % du trafic sont générés dans les vingt-six agglomérations de plus de 10 millions d’habitants, 40 % du trafic dans les soixante-deux agglomérations de plus de 5 millions d’habitants. Depuis le début des années 1970, le prix de l’unité de transport aérien (passager/km) a diminué de plus de 60 % (Courteau, 20131).La France, première destination touristique mondiale, n’échappe pas à la règle. Les trois der-nières décennies ont été une période de forte croissance des flux, selon les différents types de trafics reconnus par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Entre 1986, date à laquelle le terminal 2 de Roissy (avec ses deux premières aérogares A et B) est déjà en service et 2013, le trafic aérien total passe en France, y compris l’Outre-mer, de 62,4 millions à 171 mil-lions de passagers (+174 %), soit une croissance annuelle moyenne de 3,8 %. Le taux de crois-sance moyen a connu des fortunes diverses, toujours positives, connaissant deux pics entre 1986-1990 (+8,5 %) et 1995-2000 (+6,4 %) et deux périodes successives de ralentissements importants entre 2000-2005 (+1,0 %) et 2005-2010 (+1,7 %), la première étant due en partie à l’après « 11-Septembre », la deuxième aux crises successives des subprimes et boursières qui ont débouché sur le « krach de l’automne 2008 », plongeant le monde, et notamment les économies occidentales, dans une période de récession forte et longue.

�� Le poids du système aéroportuaire parisien

Le hub France est dominé par le système aéroportuaire parisien. Son modèle est assez simple à comprendre. Le trafic total des aéroports de Roissy et Orly s’élève, en 2013, à 90,1 millions de passagers (56,2 % du trafic total français). Il était d’à peine 32,9 millions en 1986, la pro-gression des trafics a donc été forte et continue durant cette période (+173 %), portée par une dynamique internationale. En effet, en vingt-huit ans, le système parisien s’est considé-rablement ouvert au monde (+263 %), passant de 19,2 à 69,9  millions de passagers venus de pays étrangers. Dans le même temps, l’augmentation des flux internes à la métropole a été plus modeste, de 12,9 à 16,5  millions de passagers (+27,9 %, soit à peine en moyenne +1 % de croissance annuelle), les liaisons avec l’outre-mer progressant de +290 % durant la période considérée, mais avec des flux de passagers assez réduits, de 0,97 à 3,78  millions de passagers (de 2,9 à 4,2 % des flux totaux). Rapporté à l’ensemble des flux aériens de la France métropolitaine, le modèle du système aéroportuaire parisien apparaît très clairement. En 2013, Paris – c’est-à-dire CDG et Orly – représente 98,4 % des vols vers l’outre-mer (98,8 % en 1986), 65 % des trafics internationaux effectués en France (73,8 % en 1986) et 33,9 % des vols métropolitains (41,6 % en 1986). Dans un contexte d’augmentation générale des mobilités

1 COURTEAU R., « Les perspectives d’évolution de l’aviation civile à l’horizon 2040 : préserver l’avance de la France et de l’Europe », Rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, 2013.

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aériennes, à toutes échelles considérées, et malgré une baisse relative en vingt-huit ans, Paris figure bien comme la tête du réseau aéroportuaire français, la porte d’entrée du système de mobilités aériennes (donc touristiques).Roissy, constitue donc la porte d’entrée majeure du territoire français. En 2010, 37,4 millions de passagers internationaux passaient par Roissy et Orly. La clientèle internationale visitant l’Île-de-France et ayant emprunté les deux aéroports s’élevait à 11,6  millions de voyageurs. Tous modes de transports confondus, les deux aéroports parisiens représentaient 15 % des arrivées des visiteurs étrangers en France. Plus largement, les passagers français et interna-tionaux passés par les aéroports parisiens dépensaient en région Île-de-France 10,4 milliards d’euros, avec une moyenne de 609 € pour les Européens, qui restent en moyenne trois jours (676 € pour les Français, 577 € pour les Allemands, 566 € pour les Espagnols, 454 € pour les Italiens et seulement 238  € pour les Britanniques), et de 942  € pour les visiteurs étrangers extra-européens – ou intercontinentaux – qui demeurent en moyenne six jours sur le territoire français (1 156 € pour les Australiens, 1 134 € pour les Brésiliens, 1 075 € pour les Canadiens, 929 € pour les Chinois, 888 € pour les Américains, 751 € pour un Japonais). Le nombre d’em-plois touristiques générés en région Île-de-France par cet afflux touristique est de l’ordre de 70 000, principalement dans trois secteurs d’activités, les services aux particuliers (59 %), le commerce (36 %) et les transports (5 %) (BIPE, 20121).Paris est au tourisme français ce que le cœur est au corps humain. De ses pulsations jaillissent les flux nécessaires à la survie d’une économie fragilisée par l’émergence de concurrences nombreuses, proches ou lointaines, de crises économiques et géopolitiques ou d’événements environnementaux ou sanitaires. Paris-Charles de Gaulle Roissy paraît donc être la porte d’en-trée de Paris et veut être celle de la « destination France ». 7e aéroport mondial en termes de flux de passagers – et au 6e rang pour le trafic de fret, accueillant près de 100  000  emplois et offrant 8  000 chambres hôtelières dans un périmètre de proximité, Paris-Charles de Gaulle prétend être devenu également un poumon économique français. Il générerait près de 250 000 emplois salariés (soit 3 000 emplois par million d’unités de trafic) et représenterait une valeur ajoutée de l’ordre de 21,2  milliards d’euros (soit 260  € par unité de trafic), dont 4,2 milliards d’euros de dépenses directes touristiques en région Île-de-France. L’ensemble du système parisien représenterait une valeur ajoutée estimée en 2010 à 29,2 milliards d’euros (soit 1,7 % du PIB français, autant que le PIB d’un pays comme la Lituanie ou autant que de grands secteurs d’activités en France comme les télécommunications, la métallurgie et la pro-duction de produits métalliques, la production d’électricité et de gaz, l’agriculture et la pêche), plus 5,8 % de l’économie et 8,3 % de l’emploi de la région Île-de-France (BIPE, 20122).

1 BIPE, « Évaluation des impacts économique et social des aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle, Paris-Orly et Paris-Le-Bourget pour l’année 2010 », 2012.2 Op. cit.

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Source : Conseil général de l’aviation civile (2014)

Graphique n° 2 : Trafic au départ et à l’arrivée des aéroports français de métropole et d’Outre-mer

�� Un pays qu’on traverse tant !

Chaque jour, dans le monde, hommes et femmes se déplacent. Pour des raisons essentiel-lement liées à un essor démographique dans certaines parties du monde et à l’affirmation de modes de vie urbains qui y sont désormais majoritaires, jamais la demande en transports n’avait été aussi forte. L’ensemble des modes tentent d’y répondre, souvent imparfaitement. Tout au long du xxe siècle, l’automobile a acquis dans le monde occidental un statut particu-lier, quasi divin, tant la mobilité individuelle a été fille des grandes évolutions économiques, sociales ou culturelles (mais les a aussi par la suite influencées). On lui associe volontiers l’image d’indépendance, de souplesse et de liberté que ne semblent pas infirmer les pays émergents où le taux d’équipement augmente de façon considérable et ne paraît pas prêt de s’arrêter. Aujourd’hui encore, la dépendance automobile semble importante (Dupuy, 1999)1, même si des politiques alternatives existent ou sont encouragées, notamment dans le cadre de plans visant à développer l’usage de transports collectifs ou de modes « doux » et à réduire les émissions de différents polluants ou gaz favorisant le réchauffement climatique entamé avec la Révolution industrielle. En 2008, date de la dernière enquête nationale transports et déplacements, 177  millions de déplacements locaux sont effectués chaque jour en France (CGDD, 2010). La mobilité locale est limitée à un rayon de 80  km autour du domicile, sur le territoire national, dans une période d’une journée. On la connaît assez bien, même si certains critères utilisés pour la mesurer mériteraient d’être actualisés (tenant notamment compte de l’autopartage et des formes de transports nées de l’économie collaborative). Les éléments relatifs aux mobilités à longue distance – dont les mobilités touristiques – effectuées à plus de 80  km du domicile soit sur le territoire national, soit à l’étranger, sont sans doute moins

1 DUPUY G., La dépendance automobile. Symptômes, analyses, diagnostic, traitements, Anthropos, 1999.

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finement étudiés. On estime à 358  millions le nombre de voyages effectués par les Français sur de longues distances (CGDD, 2010)1. Pour complexifier l’ensemble, les voyages des Fran-çais en Outre-mer sont additionnés à ceux effectués à l’étranger. On connaît encore moins bien les mobilités des citoyens des pays qui nous sont proches, nos principaux partenaires économiques et touristiques, à commencer par les Anglais et les Allemands, nos plus fidèles visiteurs étrangers internationaux depuis de nombreuses décennies. C’est un paradoxe dans un pays qui vante son rang touristique, qui érige son attractivité séculaire en justification éco-nomique et qui a longtemps pensé son statut comme gravé dans le marbre. Hélas, la rente de situation touristique française n’est pas éternelle ! La faute sans doute à des concurrences touristiques nouvelles, dynamiques, originales. La faute également à une certaine idée que la France entretient d’elle-même.

�� Les évolutions des mobilités touristiques françaises

Peu de travaux existent en France sur le sujet. C’est d’ailleurs là un champ de recherche à développer. La publication de référence date de 2007, sous forme d’Atlas des mobilités tou-ristiques. Les auteurs, Françoise Potier et Christophe Terrier, identifient quatre phases d’évo-lution des mobilités touristiques en France, de la naissance du tourisme de masse au début des années 1960 à 1984, de 1984 à 1990, de 1990 à 2000 et depuis 2000. L’augmentation continue du taux de départ en vacances (15 % en 1950, 40 % en 1960, 57 % en 1984 puis de 62 à 65 % aujourd’hui), puis le fractionnement des vacances depuis la moitié des années 1980 avec la diminution de la durée moyenne des séjours accompagnée d’une progression des courts séjours, de la diversification des destinations et du développement des excursions, ont conduit à une croissance importante des flux touristiques, notamment vers la ville, principale destination du tourisme de courte durée (Potier, Terrier, 2007)2.Quatre évolutions sociétales marquent les pratiques de tourisme et influencent notoirement les mobilités touristiques. La première est due à l’urbanisation des modes de vie. Le lien entre urbanisation et taux de départ montre que le taux de départ augmente avec la taille de l’agglo-mération de résidence. La France devient majoritairement urbaine en 1932, ce que la Grande-Bretagne connaît depuis 1861. Vivre en ville crée le besoin de se distraire, de nombreuses formes de loisirs collectifs hors les villes. La seconde évolution est relative à la motorisation. Le train qui a été le premier moyen de transport pour les voyages touristiques au xixe siècle a cédé à l’automobile la primauté dans la mobilité touristique. La voiture offre des possibili-tés d’évasion facile, son essor a été très rapide, le nombre de voitures pour 1 000 habitants a été multiplié par dix en soixante ans (64 voitures en 1955, 450 en 2003, plus de 600 en 2015). La troisième est l’élévation du niveau de revenus et l’augmentation de l’emploi fémi-nin. Cette évolution de la société française (plus de 80 % des femmes en âge de travailler sont sur le marché du travail) a été capitale, puisque la bi-activité modifie les arbitrages au sein des ménages entre le capital temps et le capital revenu (davantage d’argent disponible, mais moins de temps pour le dépenser). La quatrième est relative à la flexibilité plus grande du temps de travail et des plages plus larges et plus fréquentes de temps libérés pendant la semaine, pendant l’année, pendant la vie. En un demi-siècle, la diminution du temps de travail est estimée à onze ans sur une vie entière, quatre semaines sur une année et onze heures

1 Commissariat général au développement durable, « La mobilité des Français – Panorama issu de l’enquête nationale transports et déplacements 2008 », La Revue du CGDD, 2010.2 POTIER F., TERRIER C., Atlas des mobilités touristiques en France métropolitaine, Autrement, 2007.

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chaque semaine pour les bénéficiaires de la loi sur les trente-cinq heures de travail hebdo-madaire. De façon concomitante, le développement des réseaux de transports (autoroutiers, aériens, ferroviaires à grande vitesse), la suppression des barrières naturelles par de grands travaux de franchissements (comme le tunnel sous la Manche) ou la suppression des barrières douanières, l’apparition de systèmes de réservation flexibles ou la multiplication des offres touristiques low cost ont permis de réduire le temps et le coût du transport (Potier, Terrier, 2007)1.La France du tourisme est divisée en deux, par une ligne joignant l’estuaire de la Seine aux rives du lac Léman. Les disparités sont importantes entre les régions situées au nord de cette ligne, globalement émettrices de flux touristiques, et au sud, réceptrices de flux et sédentaires.

�� Des circulations motivées par une densité de sites et de richesses incomparables

Le tourisme repose d’abord sur énormément d’inné. Il dépend d’un territoire, d’un paysage, d’une histoire, d’un patrimoine. C’est ce qu’on pourrait appeler la « dotation naturelle des ter-ritoires » qui confère par exemple aux espaces littoraux ou de montagne un avantage majeur. La distribution des avantages comparatifs en matière touristique relève de l’ordre du destin. Et les mobilités touristiques sont importantes et nombreuses sur le territoire français parce que la France est richement dotée en patrimoines, naturels, historiques et culturels. Dans un rapport publié en 2011, Françoise Benhamou et David Thesmar ont tenté d’inventorier le patri-moine culturel en France  : plus de 1  200 musées de France et de 43  000 monuments histo-riques protégés, près de 460 000 sites archéologiques, 100 secteurs sauvegardés, 605 zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager, plus de 6 607 labels attribués par la Fondation du Patrimoine au patrimoine non protégé2, sans compter les 42 sites inscrits par l’UNESCO au Patrimoine mondial de l’humanité ou les nombreux autres labels qui attirent les visiteurs (itinéraires culturels européens, parcs nationaux, parcs naturels régionaux, sites Natura 2000, réserves naturelles, etc.).

1.2.2 Des retombées économiques très importantes

�� L’impact du tourisme sur les territoires

Mesurer l’impact du tourisme sur les territoires peut représenter à bien des égards une cer-taine gageure. De nombreux échos – parfois totalement ubuesques – se font partout en France, ici sur le miracle que le tourisme peut générer sur un territoire en termes de création d’entre-prises ou d’emplois, là sur l’indigence de ses retombées et sa contribution à l’appauvrisse-ment de régions ou départements déjà épuisés par la succession de crises depuis des décennies. De nombreux élus voient dans le tourisme l’un des caractères dominants de leurs terres d’élection et promettent à qui veut les entendre qu’ils sont le cœur de l’Europe, au centre des flux et qu’ils mettront tout en œuvre pour capter les touristes, les garder un peu plus en ce qui parfois équivaut à leurs domaines (de chasse aux électeurs, bien entendu…). Il n’est pas rare d’y entendre des phrases supposées être chocs – « gardons les touristes une

1 Op. cit.2 BENHAMOU F., THESMAR D., « Valoriser le patrimoine culturel de la France ». Rapport, Conseil d’Ana-lyse économique, 2011.

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nuit de plus » est, par exemple, devenu au tourisme ce que le développement durable a pu imposer d’inepties à l’écologie il y a quelques années – pour faire plaisir aux hôteliers ou aux commerçants, mais qui dans le fond ne résultent pas d’une connaissance fine des mœurs ni des mobilités touristiques qui définissent en grande partie l’identité des territoires. Des consultants surfent la plupart du temps sur cette vague ignorante, proposant des projets par-fois disproportionnés au regard des flux observés et nécessitant des dépenses parfois somp-tuaires que la paupérisation des collectivités ne permet, fort heureusement, plus.L’un des marqueurs statistiques les plus utilement identifiés par les différents acteurs du tou-risme en France caractérise la consommation touristique à l’échelle de régions. En 2011, la consommation touristique intérieure française atteignait 145  milliards d’euros, 141  milliards en France métropolitaine et 4 milliards en France d’outre-mer. Ces dépenses provenaient pour deux tiers (98 milliards d’euros) de personnes résidant en France et pour un tiers (47 milliards d’euros) de personnes résidant à l’étranger. L’Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes, les trois plus grandes puissances régionales démographiques et économiques, captaient à elles seules la moitié de ces dépenses touristiques. L’Île-de-France a perçu 39 mil-liards d’euros, générés par de nombreux secteurs d’activités (transport aérien, tourisme d’affaires avec de nombreux congrès et salons internationaux, nombreux sites culturels de renommée mondiale – tour Eiffel, Louvre, Notre-Dame, Versailles, Fontainebleau ou Provins –, des parcs d’attractions (Disneyland Paris), etc.). Paca et Rhône-Alpes ont perçu près de 18 mil-

Source : INSEE (2014)

Carte n° 1 : Consommation touristique intérieure (en millions €, 2011)

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Table des matières

Remerciements 5Introduction 9

Partie 1DE L’IMPORTANCE DE L’INNOVATION DANS LE TOURISME

Chapitre 1 – Le tourisme en France, un colosse aux pieds d’argile qui se découvre terre d’innovations 15

1.1 Le tourisme, première économie de l’économie française 161.1.1 Quelques éléments sur l’économie française 161.1.2 La France, une identité et une économie touristique réelles 171.1.3 Le tourisme, quand la France rencontre le monde 19

1.2 Forces et faiblesses du tourisme français 211.2.1 La France, le pays des mobilités touristiques compétitives 211.2.2 Des retombées économiques très importantes 271.2.3 Les faiblesses du tourisme français 341.2.4 Le tourisme, un secteur sous influences 37

1.3 L’innovation dans le tourisme en 2016 411.3.1 Qu’est-ce que l’innovation touristique ? 411.3.2 Les innovations qui ont marqué le tourisme jusqu’à aujourd’hui 45

Chapitre 2 – La transition numérique et son impact sur la consommation et l’emploi dans l’industrie touristique 53

2.1 Les innovations dans le tourisme : état de l’art en 2016 et grandes tendances 552.1.1 Le paysage de l’innovation touristique en France 552.1.2 Les différentes initiatives de soutien à l’innovation touristique 572.1.3 Les grandes tendances des innovations dans le tourisme 58

2.2 Le bouleversement des acteurs traditionnels 602.3 Les nouvelles tendances de consommation de l’offre touristique 62

2.3.1 Une consommation multicanal 622.3.2 L’émergence de l’économie collaborative et de géants du capitalisme 64

2.4 La nécessité d’investir dans la transformation numérique et de se positionner sur le Web 65

2.4.1 La SNCF, leader du e-tourisme 652.4.2 Le match Accor-Airbnb 67

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2.4.3 Le Web, outil de valorisation des marques territoriales à l’international : l’animateur numérique du territoire, la « e-vigie » du territoire 68

2.4.4 L’œnotourisme 3.0 682.5. Les impacts sur l’emploi dans l’industrie touristique 70

Partie 2LES EFFETS DE LA TRANSITION NUMÉRIQUE

SUR L’INDUSTRIE TOURISTIQUE

Chapitre 3 – Exemples de développements innovants dans le tourisme : entretiens 773.1 BedyCasa, plateforme collaborative de location de chambres chez l’habitant.

Entretien avec Magali BOISSEAU, fondatrice et présidente 783.2 Mama Shelter, chaîne hôtelière.

Entretien avec Serge TRIGANO, fondateur 813.3 Architecture : la Cité du vin de bordeaux.

Entretien avec Anouk LEGENDRE et Nicolas DESMAZIÈRES, XTU Architects 833.4 Hérault Mobility, application d’accessibilité pour tous.

Entretien avec David COSTE, consultant, Mission Tourisme 853.5 Promotion territoriale : le Welcome City Lab.

Entretien avec Laurent QUEIGE, délégué général 903.6 Promotion territoriale : LA MOPA.

Entretien avec Jean-Luc BOULIN, directeur 953.7 Œnotourisme : Château l’Hospitalet.

Entretien avec Gérard BERTRAND, propriétaire 97

Chapitre 4 – Les métiers du tourisme liés au digital : fiches métiers 991. Animation de site multimédia 1012. Conception de contenus multimédias 1053. Conception de produits touristiques 1094. Études et développement informatique 1135. Management de la relation clientèle 1196. Optimisation de produits touristiques 1237. Vente de voyages 127

Conclusion 131Bibliographie 133

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Liste des figures, graphiques et cartes

Figure n° 1 : Chronologie des grandes innovations qui ont influencé le tourisme en France 46

Figure n° 2 : Impacts du numérique sur la chaîne de valeur du tourisme 61Figure n° 3 : AirBnb et les groupes hôteliers dans le monde.

Valeur boursière ou valorisation (en dollars) 67Figure n° 4 : L’impact du digital sur l’œnotourisme 69Figure n° 5 : Vitesse de transformation numérique des principaux

secteurs économiques 72

Graphique n° 1 : Nombre de touristes internationaux en Europe (1990-2013, en millions) 22

Graphique n° 2 : Trafic au départ et à l’arrivée des aéroports français de métropole et d’Outre-mer 25

Carte n° 1 : Consommation touristique intérieure (en millions €, 2011) 28Carte n° 2 : Part du tourisme dans le PIB régional (2011) 30Carte n° 3 : Les différents types de territoires résidentiels en France  31Carte n° 4 : Base touristique 33Carte n° 5 : Trafic passagers des aéroports (2013) 37Carte n° 6 : Géographie des entreprises innovant dans le tourisme en France 56

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Brice DUTHIONCyrille MANDOU

Préface de Laurent Queige

BRICE DUTHIONest maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et responsable de l’équipe pédagogique « échanges » au sein de l’École Management et Société. Il y dirige plus particulièrement l’ensemble des programmes en « tourisme, voyage et loisirs » (cours, diplômes, recherches) à Paris et dans l’ensemble du réseau de l’établissement, en France et à l’étranger. Il représente le Cnam dans différentes institutions ou associations liées au tourisme (AsTRES, Campus des métiers et des qualifications de l’économie touristique, Clusters tourisme, Conseil de promotion du tourisme, Institut Français du Tourisme, Institut Montaigne, etc.). Il est également directeur des études du pôle touristique d’excellence dédié aux « patrimoines touristiques » installé au Château de Fontainebleau et exerce une activité d’expert indépendant. Il est enfin l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur le domaine du tourisme.

CYRILLE MANDOUest docteur ès sciences de gestion et professeur en finance. Après avoir été successivement directeur de l’IAE de Perpignan (Réseau IAE France) et directeur du Programme Bachelor de Montpellier Business School, il est depuis novembre 2016 directeur des trois écoles (ESG, ESARC et Digital Campus) du campus de Montpellier du groupe Studialis-Galileo, premier groupe européen d’enseignement supérieur privé.

L’innovation dans le tourisme

TOURISMECOMPÉTENCES&MÉTIERSL’innovation dans le tourisme

Destiné aux étudiants, enseignants et professionnels de la filière touristique, cet ouvrage présente les nouveaux acteurs touristiques nés de l’innovation numérique (Google, Booking.com, etc.) et aborde la façon dont l’ensemble des acteurs dits traditionnels ont vécu et abordé cette révolution numérique.

Sont successivement proposés au lecteur :

• Une synthèse de l’ensemble des grandes étapes de l’innovation dans le tourisme, de son invention à nos jours (des modes de transport aux enjeux clés de la distribution) ;

• Une présentation des études de cas précises des innovations dans le secteur du tourisme, liées aux destinations (portées par les institutions et collectivités) et aux services (entreprises, start-ups...) ;

• Des interviews d’experts et de professionnels de différents horizons ;

• Une analyse des enjeux de l’innovation touristique en termes d’évolution des modes de vie et d’impacts sur les métiers et les compétences professionnelles.

Le lecteur est ainsi amené à appréhender tous les enjeux d’une filière en perpétuelle évolution, avec, en filigrane, la digitalisation croissante de notre monde.

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Culture numérique et nouveaux modes de vie

www.deboecksuperieur.com

ISBN 978-2-8073-0166-5ISSN 2034-130X

9782807301665_INNOTOUR_CV.indd Toutes les pages 06/10/16 17:54