L’Infarctus du Myocarde : Prise en charge et complications...
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Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité et
de morbidité dans les pays industrialisés et deviennent un problème croissant dans de
nombreux pays en voie de développement.
La maladie coronaire peut revêtir plusieurs formes cliniques : Angine de
poitrine stable, ischémie silencieuse, syndromes coronaires aigus, insuffisance
cardiaque et mort subite [1].
La classification actuelle des syndromes coronaires aigus tient compte des
nouvelles données concernant la physiopathologie, le diagnostic et le traitement. En
fonction de l’électrocardiogramme initial, on distingue les syndromes coronaires :
Avec sus-décalage du segment ST, qui évoluent le plus souvent vers l’infarctus
myocardique classique avec onde Q et qui requièrent une reperfusion artérielle
en urgence.
Sans sus-décalage du segment ST, subdivisés en : Infarctus sans onde Q
lorsqu’il y a libération des marqueurs biologiques de nécrose myocardique dont
le pronostic sérieux justifie une thérapeutique médicale agressive et une
coronarographie rapide ; angine de poitrine instable quand les marqueurs de
nécrose cellulaire restent normaux [1, 2].
L’infarctus du myocarde occupe une place particulière au sein des maladies
cardiovasculaires du fait de sa grande fréquence et de sa mortalité élevée, malgré
l’amélioration de sa prise en charge. Le développement des unités de soins intensifs de
cardiologie dans les années 1960, les thrombolytiques dans les années 1980, l’essor de
l’angioplastie dans les années 1990 et le développement de l'appui pharmacologique
Introduction
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per- procédure de ces dernières années, constituent des dates marquantes dans
l’histoire du management de l’infarctus du myocarde [3].
Le but de ce travail est de faire une synthèse de la littérature concernant les
diverses modalités thérapeutiques utilisées dans la prise en charge de l’infarctus du
myocarde, et de mettre l’accent sur les différentes complications de cette pathologie.
Ainsi, il est divisé en trois parties :
La première partie comprend des rappels de séméiologie - pathologie
cardiovasculaire sur l’infarctus du myocarde (épidémiologie, étiopathogénie,
physiopathologie et diagnostic).
La deuxième partie est consacrée à l’énumération des différents modes de prise
en charge de l’infarctus du myocarde au niveau pré- hospitalier (Fibrinolyse
pré-hospitalière) ; dans l’unité des soins intensifs (Thrombolyse et/ou
angioplastie) ; traitements médicamenteux adjuvants (Anti-thrombotiques,
β-bloquants, dérivés nitrés,…) ; et après la sortie de l’hôpital (ordonnance de
sortie, réadaptation cardiaque,…).
La troisième partie aborde les complications de l’infarctus du myocarde à
court terme (troubles de rythme, de conduction, complications
hémodynamiques et mécaniques,…) et à long terme (récidive d’infarctus,
anévrisme ventriculaire,…).
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Première partie :
-Infarctus du Myocarde-
Rappels de séméiologie
pathologie cardiovasculaire
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I- DEFINITION :
Définition classique : L’infarctus du myocarde est une nécrose
ischémique du myocarde dont l’étendue est supérieure ou égale à 2 cm2 [4, 5, 255]. Son
diagnostic repose sur l’association de deux critères parmi les trois suivants :
Douleur thoracique typique,
Modifications évocatrices de l’électrocardiogramme,
Augmentation de l’activité des enzymes cardiaques [255].
Définition actuelle : La nosologie de l’infarctus du myocarde a évolué
ces dernières années et sa nouvelle définition a été proposée lors d’une conférence de
consensus Européenne et Américaine en 2000. Elle considère comme infarctus «tout
syndrome coronaire aigu s’accompagnant d’une augmentation des Troponines (T ou I)
et/ou de la fraction myocardique de la Créatine- Kinase (CK-MB) » [6 - 8].
II- EPIDEMIOLOGIE :
A- Fréquence : Les registres récents qui apportent une vision complète sur l’épidémiologie
de l’infarctus du myocarde sont: National Registries of Myocardial Infarction
(NRMI) Américains entre 1990 et 1999 ; le Global Registry of Acute Coronary
Events (GRACE) entre Avril 1999 et Mars 2001 ; la United Kingdom heart attack
study en 1994 et 1995; et le registre MONICA (multinational Monitoring of trends
and determinants in Cardiovascular disease) réalisé par l’organisation mondiale de la
santé (OMS) sur 38 populations situées dans 21 pays [9 - 12 ].
Les deux premiers registres ne sont pas exhaustifs et ne tiennent compte que
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des infarctus hospitalisés. Le registre MONICA serait le meilleur car il inclut les
victimes d’infarctus hospitalisés ou non, ainsi que les décès pré-hospitaliers [13, 14].
A l’échelle mondiale :
L’épidémiologie de l’infarctus du myocarde est caractérisée par une très
grande disparité géographique et temporelle. Les données du projet MONICA
montrent que l’incidence et les taux de mortalité les plus élevés dans le monde
sont enregistrés en Asie du Sud et en Amérique (Fig. 1)[15].
Il survient aux Etats-Unis un million d’infarctus par an et plus de
550 000 décès par an liés à la maladie coronaire [15]. Les maladies
cardiovasculaires occupent le premier rang dans les causes de mortalité avec un
pourcentage de 38 % [256].
A l’échelle Européenne :
La variabilité géographique de la fréquence et de la mortalité de la maladie
Figure1 . Mortalité des maladies coronariennes dans le monde (Sauf l'Europe) [15]
320
107
43 41
236 224
144
40 22
41
140 160
0
50
100
150
200
250
300
350
Hommes Femmes
Pour 100 000 Habitants
Asie du sud
Chine
Japon
Afrique
Amérique (Blancs)
Amérique (Noirs)
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coronarienne se vérifie à l’échelle Européenne comme à l’échelle mondiale par un
gradient Nord- Sud très net [16]. Tunstall-Pedoe et al. confirment l’existence de ce
gradient entre les pays Anglo-saxons et les pays Latins (Fig. 2) [17]. Cependant la
mortalité reste élevée dans les pays de l’Europe de l’Est [18].
La France se situe dans une intermédiaire entre le croissant Nord à haut
risque coronaire et le sud de l’Europe à faible risque [17]. En effet, le nombre annuel
d’hospitalisations pour infarctus est estimé entre 110 000 à 120 000 cas selon le
registre MONICA [3]. Cependant, il existe une différence inter- régionale dans la
fréquence de l’infarctus pour les hommes de 35-64 ans entre les trois centres ciblés
par l’étude MONICA en France : Nord (Lille), Bas- Rhin (Strasbourg) et Haute-
Garonne (Toulouse). (Fig. 3) [17].
Figure 2. Fréquence de la maladie coronarienne en Europe. Etude MONICA [17]
1648
801
421 259
1264
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
Pour 100 000 Habitants
Finlande
Ecosse
Pologne
Italie
Espagne
Figure 3. Fréquence de l'infarctus du myocarde en
France: hommes de 35-64 ans [17].
227 262
202
0
50
100
150
200
250
300
Nord Bas-Rhin Haute Garonne
Pou
r 100000 H
ab
itan
ts
Nord (Lille)
Bas-Rhin (Strasbourg)
Haute Garonne (Toulouse)
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A l’échelle nationale :
Les maladies de l’appareil circulatoire occupent le premier rang parmi les
principales causes de mortalité au Maroc avec un taux voisin de 21 % (Fig. 4) [257].
La fréquence de l’infarctus reste encore élevée dans notre pays, elle était de 2,28 %
dans le service de réanimation médicale centre hospitalier Ibn Rochd de Casablanca
entre le 1er Janvier 1992 et le 31 Décembre 1996 [19]. Dans une autre étude
prospective de six mois (Février 2003- Juillet 2003), réalisée au niveau du service
des urgences du même hôpital, elle est estimée à 0,36 % [20].
* DPRF : Direction de la Planification et des Ressources Financières.
SEIS : Service des Etudes et de l’Information Sanitaire [257].
Figure 4 . Principales causes de décès, année
2003. Source: DPRF/ SEIS* [257]
20,9
9,4
8,2
7,1
5,9
Maladies de l'appareil circulatoire
Maladies dont l'origine se situe dans la période périnatale
Tumeurs
Maladies Endocriniennes Nutritionnelles et Métaboliques
Maladies de l'appareil respiratoire
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B- Facteurs de risque cardiovasculaires :
B-1/ Facteurs de risque cardiovasculaires traditionnels :
1- Terrain :
1-1/ Age : L’Age moyen de survenue d’un infarctus du myocarde est voisin de 65 ans
selon plusieurs études [15] ; la mortalité augmente avec le vieillissement (Fig. 5) [21].
Il existe des différences relatives de prévalence des facteurs de risque
cardiovasculaire : plus d’hypertension artérielle et de diabète et moins de
dyslipidémies et de tabagisme chez les sujets âgés par rapport aux jeunes [15,
22]. En effet, l’âge constitue à lui seul un facteur de risque majeur et indépendant de
tous les autres facteurs [23].
1-2/ Sexe :
L’infarctus du myocarde atteint l’homme dans deux tiers des cas [3]. Chez les
femmes, 60 % des cas surviennent après 74 ans [18]. L’âge moyen de survenue de
l’infarctus est de 10 ans plus élevé chez la femme : 73 ans en moyenne contre 63
ans chez l’homme [24].
10,9 14,1
18,5
23,2
31,2
0
5
10
15
20
25
30
35
% M
ort
ali
té
65-69 70-74 75-79 80-84 >85
Figure 5. Mortalité hospitalière de l'infarctus du myocarde selon l'âge [21].
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1-3/ Hérédité :
Les antécédents familiaux de maladie coronarienne augmentent le risque de
survenue d’un infarctus dans la descendance, et parmi les facteurs de risque les plus
détectables : l’hypercholestérolémie familiale, le diabète, l’obésité et l’hypertension
artérielle [25]. Cependant l’étude INTERHEART (Canada 2004) montre que neuf
facteurs de risque représentent 90 % des causes : le tabagisme ; le rapport Apo B/A ;
l’hypertension ; le diabète ; l’obésité abdominale ; le stress ; l’insuffisance d’apport
alimentaire en fruits et légumes ; l’insuffisance d’exercice ; l’absence de
consommation modérée d’alcool [26].
1-4/ Antécédents :
L’étude de l’European Heart Survey ACS confirme la fréquence élevée des
antécédents vasculaires chez les patients hospitalisés pour infarctus du myocarde. Elle
retrouve pour un âge moyen de 63,4 ans : des antécédents d’infarctus dans 22,3 %,
d’angor dans 56,4 %, d’accident vasculaire cérébral constitué ou transitoire dans
5,9 % et une hérédité vasculaire dans 27,4 % des cas [27]. En cas d’antécédents
d’infarctus, la survenue d’une syncope associée à un trouble de rythme ventriculaire
et à une altération de la fraction d’éjection du ventricule gauche constitue un signe
prédictif d’une mort subite [28, 29].
2- Hypertension artérielle :
L’hypertension artérielle (HTA) reste le facteur de risque le plus commun pour
la morbidité et la mortalité cardiovasculaire par accident vasculaire cérébral et
infarctus du myocarde [10, 30]. Les infarctus sont 7 fois plus nombreux chez les sujets
ayant une pression artérielle systolique supérieure à 180 mmHg que chez ceux où elle
est inférieure à 120 mmHg [31].
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L’incidence de l’hypertension augmente chez les personnes âgées et obèses
[22, 30, 32].Une réduction de l’apport sodé et de la surcharge pondérale sont efficaces :
la diminution d’un surpoids de 1 Kg permet d’abaisser la pression artérielle systolique
et diastolique de 1,6 et 1,1 mmHg respectivement [33, 34].
3- Dyslipidémies :
Certaines anomalies du métabolisme lipidique sont associées à une
augmentation du risque d’infarctus du myocarde : l’étude MRIFT retrouve un
accroissement de la mortalité cardiovasculaire à 6 ans proportionnel au taux de la
cholestérolémie totale (Fig. 6) [3]. L’hypercholestérolémie s’accompagne d’une
hypercoagulabilité et d’une activation plaquettaire en cas de lésion endothéliale, ce
qui augmente fortement le risque d’accident coronarien [3, 35].
L’augmentation des lipoprotéines LDL circulantes majore leur concentration
au sein de la paroi artérielle et le risque de leur oxydation à ce niveau.
L’hypercholestérolémie et les LDL oxydés facilitent l’attraction des monocytes qui
se transforment dans la paroi artérielle en macrophages qui captent préférentiellement
les LDL oxydées, ce qui constitue une étape importante de l’athérogénèse et sa
Figure 6. Mortalité cardiovasculaire à 6 ans. Etude
MRIFT [3]
49
98
51
125
175
0
50
100
150
200
< 1,6 2 2,4 2,8 > 2,8 Cholestérol (g/l)
Tau
x /
10
00
0
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progression [36, 37]. Une diminution de 26 % du LDL Cholestérol (LDL-C) entraîne
une baisse de l’incidence des événements coronariens majeurs [38].
L’analyse détaillée des grandes études cliniques CARE, AFCAPS/TexCAPS et
VA-HIT a démontré que les LDL-C ne sont pas les seules en rapport avec les
événements cliniques et que les lipoprotéines riches en triglycérides (surtout celles
contenant l’Apo B et l’Apo CIII) sont également très athérogènes [39].
En cas d’infarctus, on constate une diminution significative du taux du HDL-C
et de l’ApoA-1 [35]. Cela confirme le caractère stabilisateur du HDL-C sur la plaque
d’athérome par réduction de l’accumulation des lipides en son sein et au niveau des
macrophages [15]. Un rapport C-Total / HDL-C supérieur à 5 augmente le risque
d’athérosclérose [31]. Cependant, l’augmentation du rapport Apo B/ ApoA-1 ne
constitue pas un élément plus prédictif du risque de pathologie coronaire mais
comparable avec la mesure du rapport C-Total/ HDL-C [40].
4- Diabète :
Les complications cardiovasculaires du diabète de type 2 représentent 30 % de
l’ensemble des complications sévères de cette maladie. Le diabète majore le risque
d’atteinte coronarienne par un facteur de 3 chez la femme et par un facteur de 2 chez
l’homme, il est plus fréquent chez les sujets âgés [15, 22, 41].
Le diabète augmente l’incidence de l’infarctus du myocarde, modifie sa
symptomatologie (qui devient sous forme d’ischémie silencieuse, atypique ou
paucisymptomatique du fait d’anomalies de perception de la douleur). Il augmente
également les taux de mortalité hospitalière et extrahospitalière et le risque des
complications liées à la coronarographie et à l’angioplastie [15, 41].
L’association de plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire, notamment
dyslipidémie, hypertension et obésité, est fréquente chez le diabétique [42, 43]. La
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correction concomitante de ces facteurs entraîne une réduction du risque de
coronaropathie chez ces patients comme le précise la grande étude UKPDS [44].
La gravité plus importante des infarctus chez les diabétiques est démontrée
dans l’étude USIK puisque le groupe de patients avec une fraction d’éjection du
ventricule gauche < 35 % comprend 22 % de sujets diabétiques [45]. Le diabète
associé à une cardiopathie ischémique constitue un risque d’évolution d’une
dysfonction ventriculaire gauche asymptomatique vers une insuffisance cardiaque
avérée [46].
Le diabète est incriminé dans l’initiation de la plaque d’athérome, sa
progression et ses complications. Il existe une augmentation de l’adhésion et de
l’agrégation plaquettaire, du taux de fibrinogène, du facteur de Willebrand, des
facteurs VII et VIII, du facteur 4 plaquettaire et de l’activité du PAI-1, ce qui
contribue à un risque thrombotique très élevé chez les diabétiques [47].
5- Tabagisme :
Selon l’étude Framingham, le tabagisme représente un facteur de risque
cardiovasculaire puissant car il favorise à la fois le développement de l’athérosclérose
et la survenue de l’infarctus [15, 48, 49]. Retrouvé avec une très grande fréquence dans
les cas d’infarctus du sujet jeune et diminué chez le sujet âgé, le tabagisme multiplie
par 5 le risque d’arrêt cardiaque chez les fumeurs entre 30 et 40 ans [15, 22]. Le
tabagisme de la femme parait plus dangereux, puisque à l’âge moyen et à
exposition égale de 20 cigarettes par jour, le risque de survenue d’un infarctus du
myocarde est plus important [15].
Le tabagisme est associé à une augmentation des thromboses, de production
des cytokines, de dysfonction endothéliale, de vasomotricité coronarienne, de troubles
du rythme cardiaque et de mort subite [50, 51]. Par ses différents composants, le tabac
joue un rôle délétère favorisant les complications de l’athérosclérose :
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L’oxyde de carbone (CO) favorise l’athérogénèse par hypoxie de l’intima des
artères et accumulation du LDL-C dans l’intima.
La fumée du tabac entraîne des anomalies de la vasomotricité endothélium-
dépendante avec augmentation des radicaux libres d’oxygène par inactivation
du NO et oxydation des LDL. Par contre, il y a une baisse du HDL-C.
Les produits carcinogènes accélèrent le développement des lésions
athéromateuses.
La nicotine favorise la libération des catécholamines et entraîne différents effets
systémiques selon le schéma suivant [52, 53]:
Nicotine
Ganglions sympathiques
médullosurrénale
terminaisons sympathiques
Sécrétion adrénaline- noradrénaline augmentée
Figure 7. Schéma des actions pharmacologiques de la nicotine [52, 53]. LDL: low density lipoprotein.
modifications cardiaques : tachycardie
modifications vasculaires :
hypertension artérielle
vasoconstriction périphérique
modifications métaboliques :
lipides (cholestérol, LDL,)
plaquettes-coagulation
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L’arrêt du tabac entraîne une diminution du risque cardiovasculaire de 50 %
après un an de sevrage [15].
A côté de ce tabagisme actif, il est important de prendre en compte le
tabagisme passif. Il est démontré qu’il est, lui aussi, associé à un accroissement du
risque cardiovasculaire, augmentant de 25 % l’incidence des accidents coronariens.
Une étude menée dans la ville d’Helena dans le Montana, montre que les admissions
aux urgences pour infarctus du myocarde ont baissé de 40 % pendant les 6 mois
d’interdiction de fumer dans les lieux publics, puis ont repris leur valeur initiale
lorsque cette interdiction a été reportée [32, 54].
6- Obésité : L’obésité est appréciée de façon globale par l’indice de masse corporelle :
IMC= Poids/ taille2 :
- IMC entre 20- 25 Kg/m2 : poids normal.
- IMC entre 25- 30 Kg/m2 : surcharge pondérale.
- IMC ≥ 30 Kg/m2 : obésité.
- IMC ≥ 40 Kg/m2 : obésité morbide.
L’excès d’adiposité abdominale majore le risque cardiovasculaire, un tour
de hanche >102 cm chez l’homme et 88 cm chez la femme constitue un indicateur de
risque [55]. Une étude cas- contrôle incluant 27 000 participants dans 52 pays propose
une redéfinition de l’obésité fondée sur le rapport tour de taille/ tour de hanche à la
place de l’indice de masse corporelle, permettant une meilleure estimation des
infarctus attribuables à l’obésité dans la majorité des groupes ethniques [56].
L’obésité est associée à un risque coronarien nettement accru, mais en
partie dépendant de la plus grande prévalence de plusieurs facteurs de risque
notamment : hypertension artérielle, diabète et dyslipidémie [22, 57, 58].
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7- Sédentarité :
Une méta-analyse a montré, à partir de plusieurs études de cohortes, que la
sédentarité multiplie par 1,9 le risque de décès d’origine coronarienne par rapport à
une population active, après ajustement sur les autres facteurs de risque. De même,
une réadaptation cardiaque dans les suites d’un infarctus diminue la mortalité totale et
coronaire [55].
L’exercice physique régulier s’accompagne d’une diminution de la
fréquence cardiaque et de la pression artérielle contribuant ainsi à la diminution des
besoins en oxygène du myocarde. En plus, l’éducation physique aide à perdre du
poids, à diminuer les triglycérides et à augmenter le HDL-C [33]. Ce dernier critère est
récemment confirmé par une méta-analyse qui montre que la pratique modérée d’un
exercice physique (au minimum 120 min/semaine avec un taux de C-Total
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cardiovasculaire. Cependant, les sujets porteurs de syndrome métabolique sont
potentiellement à haut risque, car ils sont susceptibles d’évoluer vers le diabète de
type 2 [63, 64].
Tableau I. Critères diagnostic du syndrome métabolique [63].
Le syndrome métabolique est défini comme l’association d’au moins 3 de ces critères. Paramètre
Valeur seuil
Périmètre abdominal
– homme
– femme
Triglycérides
Cholestérol HDL
– homme
– femme
Pression artérielle
Glycémie
≥ 102 cm (≥ 94 cm *)
≥ 88 cm (≥ 80 cm *)
≥ 1,5 g/l
et/ou traitement hypotriglycéridémiant **
< 0,4 g/l
< 0,5 g/l
et/ou traitement hyper-HLD-émiant **
≥ 135 mmHg (PAS)
et/ou 85 mmHg (PAD)
et/ou traitement antihypertenseur
≥ 1,0 g/l
et/ou traitement antidiabétique
PAS : pression artérielle systolique ; PAD : pression artérielle diastolique ; HDL: high density
lipoprotein.
* Adaptation des seuils de périmètre abdominal à la population européenne.
** En pratique : fibrates ou acide nicotinique.
L’étude récente Framingham groupant 3451 patients montre qu’une
augmentation du taux de la Gamma-Glutamyl Transférase pourrait constituer un
facteur prédictif du risque métabolique et cardiovasculaire. Les auteurs ont observé
une association positive entre le taux de cet enzyme et l’indice de masse corporelle, la
pression artérielle, le LDL-C, les triglycérides et la glycémie. Ils ont constaté aussi
que le risque de développer un syndrome métabolique est associé à un taux de
Gamma- glutamyl transférase élevé. Ajusté aux différents facteurs de risque
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cardiovasculaire traditionnels, les individus ayant un taux appartenant au quartile
supérieur présentent une augmentation de 67 % dans l’incidence des maladies
cardiovasculaires [65, 66].
B-2/ Nouveaux facteurs de risque cardiovasculaires :
1- Hyperhomocystéinémie :
L’hyperhomocystéinémie, due à une carence vitaminique en B12 et folates,
est un facteur athérogène au niveau coronaire et un facteur de risque indépendant de
survenue de l’infarctus [6, 67, 68].
L’hyperhomocystéinémie est associée à une dysfonction endothéliale, une
augmentation de l’épaisseur intima-média, une augmentation de l’adhésion
plaquettaire et une activation de la thrombose [3]. Cependant, il n’existe pas de
données montrant que l’abaissement du taux d’homocystéine par vitaminothérapie B
diminue la morbi- mortalité cardiovasculaire [15, 69, 70].
2- La Lipoprotéine Lp (a) :
La lipoprotéine (a) est une macromolécule constituée d’une LDL et d’une
glycoprotéine (Apo (a)) qui possède une homologie de structure avec le plasminogène,
entraînant ainsi son inhibition de façon compétitive et par conséquence la réduction de
la fibrinolyse physiologique [71, 72]. Dans l’étude ECTIM, une augmentation de 0,3g/l
de lipoprotéine (a) accroît le risque d’infarctus de 16 % [3].
3- Les marqueurs de l’inflammation :
3-1/ Fibrinogène : La production du fibrinogène est accrue dans les processus inflammatoires et
elle est régulée par certains médiateurs comme les glucocorticoïdes et l’interleukine 6
(IL-6). Le fibrinogène augmente la thrombogénicité par différents mécanismes :
fixation spécifique aux récepteurs glycoprotéiques GP IIb/IIIa entraînant l’agrégation
plaquettaire, catalyse de la formation de fibrine et augmentation de la viscosité
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sanguine [3]. Actuellement, il est bien démontré que le fibrinogène est un puissant
prédicteur du risque cardiovasculaire. L’étude PROCAM, sur un suivi de 18 ans,
montre que l’augmentation de sa concentration plasmatique majore le risque
coronarien de 30 % chez l’homme et de 40 % chez la femme [73]. Dans l’étude ECAT,
le fibrinogène augmente chez les patients qui vont développer un événement
cardiaque grave (mort et infarctus) pendant le suivi [74]. Cependant, des études
récentes montrent que les niveaux élevés de fibrinogène plasmatique après
angioplastie ne présentent pas un facteur prédictif de resténose à 6 mois, ce qui ne
devrait pas conduire le praticien à interdire le choix de cette intervention [75]. Par
ailleurs, le fibrinogène augmente avec l’âge, l’existence d’un diabète, d’une
hypertension artérielle, d’un tabagisme, d’une obésité et chez la femme après la
ménopause. En revanche, il diminue avec la pratique d’un exercice physique régulier
et une consommation modérée d’alcool [76].
3-2/ Protéine C réactive : La protéine C réactive est un marqueur inflammatoire dont l’augmentation
prédit la survenue d’événements cardiovasculaires futurs chez les individus sains ainsi
que chez ceux ayant présenté un syndrome coronaire aigu [77, 78]. Des études ont
avancé que la protéine C réactive serait un activateur des monocytes et des cellules
endothéliales [79]. Une étude a postulé que la présence d’une augmentation du taux de
la protéine C réactive et celui du LDL-C apporte une meilleure information
pronostique que le dépistage de l’un ou de l’autre marqueur seul [80].
L’élévation significative de la protéine C réactive évaluée par la méthode CRP
ultrasensible (CRP us) après une angioplastie coronaire, s’avère un élément prédictif
plus puissant d’événement cardiovasculaire secondaire que la valeur de CRP us
avant et après angioplastie considérée isolément, selon une étude prospective [78].
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4- Facteurs hémostatiques :
4-1/ Facteur VII : Le facteur VII est le premier facteur de la voie extrinsèque de la coagulation.
Il est activé par le facteur tissulaire au niveau de la plaque athéromateuse rompue et
entraîne la cascade de la coagulation.
Le facteur VII est un marqueur de risque cardiovasculaire car l’augmentation
de son activité permet de prédire la survenue d’un événement cardiaque avec un
risque relatif de 1,8 de décès et 1,4 d’infarctus non fatal, d’après les données de
l’étude Northwick part heart study. Le taux du facteur VII augmente en cas
d’hypertriglycéridémies, d’antécédents cardiovasculaires et chez la femme après la
ménopause [3].
4-2/ Plasminogen activator inhibitor1 : L’inhibiteur de l’activateur du plasminogène 1 (PAI-1) constitue un
inhibiteur de la fibrinolyse physiologique. Chez les patients victimes d’un infarctus du
myocarde avant 45 ans, le dosage du PAI-1 est étroitement corrélé avec la survenue à
3 ans d’un nouvel infarctus. De même, l’activité du PAI-1 est plus importante en cas
de récurrence ischémique [81].
4-3/ plaquettes et facteur de Van
Willebrand : L’étude de l’agrégabilité plaquettaire permet de prédire la survenue d’un
infarctus, selon une étude prospective. L’agrégabilité plaquettaire à l’adénosine
diphosphate (ADP) est plus importante chez les patients qui ont, dans leurs
antécédents, un infarctus. Cependant, la réactivité plaquettaire augmente avec
l’hyperglycémie et le tabagisme.
Le facteur de Van Willebrand joue un rôle important dans la pathologie
athéromateuse et dans la thrombose, son taux est plus élevé chez les patients qui ont
ou qui vont développer un infarctus du myocarde [3].
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4-4/ Facteur V Leiden : La mutation du facteur V, aboutissant au facteur V Leiden, découverte par
Bertina et al constitue la cause la plus fréquente de thrombose veineuse. Dans une
méta-analyse, Doix et al ont mis en évidence une relation significative entre la
mutation du facteur V et la survenue d’un infarctus du myocarde chez les sujets jeunes
(moins de 55 ans) d’une part, et lorsque la coronarographie ne trouve pas de sténose
significative d’autre part. Deux implications résultent de cette constatation : proposer
un bilan de coagulation approfondi recherchant cette mutation dans les cas similaires,
et prescrire des anti-vitamines K à la place de l’aspirine en post-infarctus à cause de la
diminution de la réponse à l’anticoagulation chez ces patients [82].
5- Facteurs infectieux :
Depuis 1978, plusieurs études ont évoqué l’hypothèse infectieuse causant
l’inflammation de la plaque d’athérome [83, 84]. Trois germes sont incriminés :
Helicobacter pylori, cytomégalovirus et Chlamydia pneumoniae.
Certaines études rétrospectives montrent l’existence d’une association entre
une infection chronique à H.pylori et la pathologie coronaire, par contre d’autres
études prospectives reportent l’absence de cette association [85, 86]. Récemment, une
étude prospective vient de montrer la présence d’une relation entre la séropositivité
pour le gène Cag A cytotoxique d’H.pylori la survenue de la maladie coronaire [87].
Le cytomégalovirus présente un tropisme élevé pour les cellules musculaires
lisses de la paroi artérielle. Sa responsabilité dans l’athérosclérose est mieux établie
par les études expérimentales que par les études épidémiologiques, nombreuses mais
d’interprétation difficile en raison d’effectifs faibles et d’imperfections
méthodologiques [83, 88].
Chlamydia pneumoniae, germe intracellulaire obligatoire, est très suspectée
puisqu’elle est retrouvée dans 52 % des artères pathologiques étudiées contre 5 % des
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artères indemnes [83]. L’étude Gupta portant sur 213 patients survivants d’un
infarctus, montre que le pronostic à 18 mois est 4 fois moins péjoratif chez les patients
séronégatifs vis à vis de ce germe, cependant, les patients séropositifs ont été traités
par l’azithromycine ce qui a ramené leur pronostic au même niveau des séronégatifs.
Une autre étude montre les mêmes résultats avec la roxithromycine, ce qui conforte
l’utilisation dans ce cas des macrolides [89, 90].
Une étude récemment publiée vient de montrer que chez les sujets âgés de 75
ans, le risque de survenue d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral
est doublé dans le mois et plus particulièrement dans la première semaine après une
infection respiratoire ; la réduction de ce risque est envisagée en utilisant des
antibiotiques (actifs sur les bactéries comme Chlamydia pneumoniae qui est très
suspectée) ou la vaccination (contre le virus de la grippe par exemple) [91].
6- Stress oxydatif et LDL oxydés :
Le stress oxydatif et les polynucléaires neutrophiles en libérant
respectivement les espèces réactives à l’oxygène (telles que le peroxyde
d’hydrogène, les ions superoxydes et les radicaux hydroxyl) et la myéloperoxydase,
provoquent l’oxydation des lipoprotéines LDL au niveau de la plaque d’athérome
contribuant ainsi à sa déstabilisation. Le dosage des LDL oxydés plasmatiques montre
une élévation significative de leurs taux, alors que l’étude immunohistochimique des
lésions obtenues à partir des coronaires de ces patients atteints d’infarctus, confirme
une forte accumulation des macrophages et des neutrophiles à ce niveau [92].
7- Facteurs socioéconomiques :
Les patients à bas niveau socioéconomique ont un risque plus élevé de
mortalité et de réhospitalisation dans l’année suivant un accident d’infarctus par
rapport à ceux à niveau socioéconomique élevé. Des études ont associé cette
différence de mortalité au fait que les patients de la première catégorie présentent plus
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de facteurs de risque et de co-morbidités à l’admission hospitalière ; les auteurs ont
proposé d’améliorer la qualité des soins et de faciliter l’accès aux différentes stratégies
thérapeutiques pour les patients démunis [93, 94].
Une autre étude récente menée sur 4009 patients espagnols non
institutionnalisés âgés de 60 ans et plus, montre que la prévalence la plus forte de
l’hypertension artérielle s’observe chez les sujets ayant le plus faible niveau éducatif
et appartenant aux classes sociales inférieures [32].
III- ETIOPATHOGENIE :
A- Athérosclérose coronaire :
C’est de loin la principale étiologie de l’infarctus du myocarde (90 à 95 %)
[3, 31]. L’athérosclérose est considérée actuellement comme une maladie
inflammatoire chronique [95].
L’infarctus du myocarde est lié à l’occlusion d’un vaisseau coronaire
responsable d’une ischémie myocardique puis d’une nécrose. La rupture ou l’érosion
d’une plaque d’athérome suivie de la formation d’un thrombus plus ou moins occlusif
est le principal phénomène physiopathologique. Celui- ci est associé à une
vasoconstriction distale et à une microembolisation qui aggravent l’ischémie d’aval
(Fig.8) [96].
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Figure 8. Physiopathologie de l’infarctus du myocarde [3]. La rupture de la plaque d’athérome aboutit à la formation d’un thrombus occlusif. Des emboles se
détachent du thrombus initial et migrent vers la circulation d’aval qui est également le siège d’une
vasoconstriction. L’ensemble de ces phénomènes aboutit à la réduction du flux coronaire et à
l’aggravation de l’ischémie myocardique.
1 . Thrombus ; 2. Embolie distale ; 3. Vasoconstriction
1- Rupture de la plaque d’athérome :
1-1/ Définition d’une plaque vulnérable :
La plaque d’athérome est constituée d’un noyau riche en lipides recouvert
d’une chape fibreuse formée de protéines de structure (matrice extracellulaire) comme
le collagène, l’élastine et les protéioglycanes. Une plaque d’athérome vulnérable
présente une forte tendance à la rupture et à la thrombose. Ses caractéristiques
histomorphologiques sont [97]:
Large noyau lipidique composé de cholestérol libre, de cholestérol estérifié et de
lipides oxydés imprégnés de facteur tissulaire.
Chape fibreuse fine (épaisseur< 65µm) et pauvre en collagène et en cellules
musculaires lisses.
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Infiltration de la paroi artérielle par des cellules inflammatoires (macrophages et
lymphocytes T activées)
Augmentation de la néovasculariastion pariétale.
1-2/ Rôle de l’inflammation et de
l’apoptose dans la vulnérabilité de
la plaque : Les plaques d’athérome instables sont des foyers d’inflammation qui
survient à la suite de l’accumulation des cellules inflammatoires (macrophages,
monocytes et lymphocytes T et parfois des neutrophiles). Les macrophages activées
sous l’influence de cytokines pro-inflammatoires (Interféron γ, IL-18, TNFα, ….)
synthétisent les métalloprotéases qui dégradent la matrice conjonctive et / ou inhibent
sa synthèse par les cellules musculaires lisses participant ainsi à la fragilisation de la
chape fibreuse de la plaque. Cependant, cette réaction inflammatoire est
contrebalancée par des cytokines dites anti-inflammatoires comme le TGF β
(Transforming Growth Factor), l’IL-10, l’IL-18 BP ou le TIMP (Tissue Inhibitors of
Metalloproteinases) [1, 98 - 100].
L’apoptose est une mort cellulaire programmée et hautement contrôlée.
Plusieurs travaux ont montré l’existence d’une augmentation de la mort des cellules
musculaires lisses par apoptose au niveau de la plaque d’athérome ce qui entraîne un
diminution de la synthèse de la matrice extracellulaire [3, 98, 101].
2- Thrombose :
Après la rupture (ou l’érosion) de la plaque athéromateuse, son matériel
lipidique thrombogène se trouve exposé dans la lumière artérielle au sang circulant.
Les cytokines pro-inflammatoires IL-1 ou TNFα altèrent les propriétés fibrinolytiques
des cellules endothéliales en diminuant la production de l’activateur tissulaire du
plasminogène (t-PA) et en augmentant celle de son inhibiteur PAI-1 [1, 98].
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Les cellules en apoptose présentent à leur surface la phosphatidylsérine
nécessaire pour l’assemblage des facteurs de la coagulation. Elles libèrent également
des microparticules apoptotiques riches en facteur tissulaire activé, jouant ainsi un rôle
déterminant dans la formation du thrombus à l’origine des accidents ischémiques
aigus [98].
B- Pathologie coronaire non athéromateuse : Certaines pathologies de la paroi artérielle coronaire, comme les artérites
inflammatoires (immunitaires ou infectieuses), les collagénoses, les dysplasies
fibromusculaires, les séquelles radiques, peuvent être responsables d’un infarctus [3].
C- Infarctus à coronaires angiographiquement saines:
Environ 1 à 12 % des patients hospitalisés pour infarctus du myocarde
présentent à la coronarographie des coronaires saines ou subnormales [102]. Plusieurs
explications sont possibles [3, 102] :
La myocardite peut mimer fortement un infarctus ; son diagnostic se fait devant un
contexte infectieux.
Le spasme coronaire : il peut soit déclencher la rupture d’une plaque d’athérome,
soit aggraver la réduction du calibre coronaire sur une plaque rompue et peu
thrombosée, ou bien constituer la cause primaire de l’infarctus. Il survient en cas
de prise de cocaïne, de chimiothérapie au 5-fluorouracil, angor de prinzmétal.
Thrombose reperméabilisée, ou coronarographie réalisée à distance ne permettant
pas de visualiser la lésion.
La cardiomyopathie de stress appelée syndrome de Tako-Tsubo, causée par un
stress intense et associée à une élévation modérée des enzymes cardiaques,
coronarographie normale, vaste territoire akinétique et absence d’ischémie
myocardique à l’imagerie par résonance magnétique [103].
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Le thrombus du sinus de Valsalva qui reste un diagnostic rare : 14 cas décrits dans
la littérature [102].
D- Autres causes :
1- Embolies coronaires :
Les embolies coronaires sont rares, le plus souvent à point de départ dans le
cœur gauche et d’origines multiples dominées par des emboles dues à une endocardite
infectieuse, une tumeur cardiaque (myxome, fibroélastome), une embolie gazeuse au
cours d’une chirurgie cardiaque [3, 104]. Plus rarement, il s’agit d’embolies
paradoxales [3, 102]. Par ailleurs, les patients atteints d’un amylose cardiaque (dépôt de
chaîne β plissée unique formée de différentes protéines sur le cœur) peuvent
présenter des thrombus auriculaires, qui constituent une origine classique d’embolie
coronaire [104].
2- Lupus érythémateux disséminé :
Le lupus érythémateux disséminé est une connectivite fréquente caractérisée
par différentes atteintes (dermatologiques, rhumatologiques, neurologique, cardiaque,
respiratoire et surtout rénale) [105]. L’infarctus du myocarde est une complication
grave et sous estimée du lupus érythémateux disséminé, il survient chez des sujets
jeunes dont le lupus est diagnostiqué depuis plusieurs années, parfois associé à un
syndrome des antiphospholipides dans 15 à 30% des cas, ce qui explique la
prédominance de thromboses extensives (artérielles et veineuses) et récidivantes
[106-109].
Cependant, l’athérosclérose précoce figure en premier lieu comme
mécanisme physiopathologique de l’infarctus compliquant un lupus. Elle est
plurifactorielle : lésions endothéliales immunes, traitement du lupus et facteurs de
risque associés [106].
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- 27 -
3- Dissection coronaire :
La dissection coronaire survient chez trois groupes de patients : patientes en
post-partum à cause de la décharge hormonale entraînant des lésions de la média ;
sujets athéromateux dont la dissection complique la fissuration d’une plaque, et enfin
des sujets dépourvus de tout facteur de risque athéromateux dont la dissection peut
survenir au cours ou après un effort physique. Dans ce dernier cas, on évoque des
mécanismes lésionnels pariétaux de l’artère coronaire liés au myocarde lui-même et à
des phénomènes spastiques en post-effort immédiat [110].
4- Cause iatrogène :
4-1/ Chirurgie : L’infarctus du myocarde en péri-opératoire est un événement fréquent et
grave associé à une morbi-mortalité, et favorisé à des degrés variables par les
techniques anesthésiques et chirurgicales. Le diagnostic d’infarctus est difficile dans
le contexte péri-opératoire, le monitorage de l’électrocardiogramme et la cinétique des
troponines permettent d’orienter les patients après opération pour une évaluation
cardiovasculaire et thérapeutique.
Afin de prévenir ces épisodes ischémiques, les β-bloquants doivent être
introduits ou poursuivis au cours de la chirurgie vasculaire ; dans les autres types de
chirurgie, ils doivent être discutés. En revanche, l’intérêt d’explorations
complémentaires systématiques reste à confirmer [111].
4-2/ Médicaments : La corticothérapie pourrait, par ses effets délétères sur le métabolisme
glucidique, lipidique (hypertriglycéridémie et baisse du HDL-C) et sur la pression
artérielle, entraîner l’aggravation de l’athérome par le biais de modification du noyau
lipidique. Cependant, les antiagrégants plaquettaires augmenteraient l’incidence des
hémorragies intraplaque compliquant la maladie athéromateuse [112].
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- 28 -
Le traitement par la Méthadone substitutif à l’usage des opiacés, peut être
impliqué dans des cas d’infarctus du sujet jeune en absence de lésion athéromateuse.
Trois cas sont rapportés dans la littérature [113].
Il existe un risque accru de maladie coronarienne et de complications
vasculaires chez les patients atteints du SIDA et sous traitement par des
antirétroviraux. L’association de facteurs de risque cardiovasculaire et d’anomalies
plus spécifiquement liées à l’infection VIH et au traitement antirétroviral
(hypercholestérolémie, hypertension artérielle, insulinorésistance et obésité
tronculaire) rend compte de ce risque accru [114].
Différents travaux ont indiqué que la prise de contraceptifs oraux
augmenterait le risque d’infarctus du myocarde. Une nouvelle étude montre que
par rapport aux femmes qui ne sont pas sous contraceptifs oraux, celles qui prennent
des contraceptifs de 2ème
génération (progestatif = Lévonorgestrel) ont un risque
d’infarctus plus élevé, celles sous contraceptifs de 3ème
génération (progestatif =
Desogestrel ou Gestodène) ont montré un risque plus faible. L’odds ratio (risque
relatif d’infarctus) est égale à 2,5 et 1,3 respectivement [115].
5- Hypothyroïdie infraclinique :
L’hypothyroïdie infraclinique est définie par la co-existence d’une élévation
de la TSH (plus de 4 à 5 mUI/l) et d’une concentration plasmatique normale des
hormones libres thyroïdiennes. Elle est associée dans 30 % des cas à des signes
cliniques d’hypothyroïdie (asthénie, prise de poids, frilosité) [116].
L’hypothyroïdie infraclinique entraîne une athérosclérose accélérée. Les
mécanismes les plus incriminés sont : les modifications des paramètres lipidiques
(augmentation des taux du cholestérol total et du LDL-C) et de l’hémostase,
l’inflammation, l’hypertension artérielle et un effet direct des hormones thyroïdiennes.
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- 29 -
Cependant, l’hypothyroïdie infraclinique doit être dépistée chez les patients
dyslipidémiques et athéromateux [117].
6- Traumatismes thoraciques :
Les traumatismes thoraciques peuvent entraîner des infarctus qui sont en
rapport avec une dissection d’un tronc coronaire épicardique. En général, le diagnostic
est retardé à cause des manifestations bruyantes d’un polytraumatisme avec atteinte
polyviscérale [3].
7- Maladie de Behcet :
La maladie de Behcet est une vascularite caractérisée par la triade : aphtose
buccale, aphtose génitale et atteinte oculaire. L’atteinte artérielle est moins fréquente
que celle veineuse (7 % contre 38 %) ; elle survient 3 à 8 ans après le début de
la maladie et elle est plus fréquente chez l’homme jeune que chez la femme. Vingt cas
décrits dans la littérature rendent l’atteinte coronarienne exceptionnelle lors de la
maladie de Behcet ; l’étiopathogénie de l’insuffisance coronaire est liée à une
thrombose leucocytoclasique qui peut entraîner des sténoses, des thromboses ou des
faux anévrismes [118].
8- Phéochromocytome :
Le phéochromocytome de pronostic souvent favorable en cas d’exérèse,
entraîne classiquement une cardiomyopathie hypertrophique obstructive du ventricule
gauche. Cependant, la cardiomyopathie adrénergique reste rare et peut être associée à
des manifestations cliniques, éléctrocardiographiques et biologiques mimant un
véritable syndrome coronaire aigu. Le patient présente des nécroses myocardiques
rudimentaires à cause des décharges catécholergiques entraînant une tachycardie et
accroissement des besoins du myocarde en oxygène [119].
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IV- PHYSIOPATHOLOGIE :
L’infarctus du myocarde est presque toujours la conséquence de l’occlusion
brutale d’une artère coronaire à la suite d’un phénomène de rupture de
plaque- thrombose endocoronaire. Ainsi, une nécrose myocardique survient à cause
d’une ischémie prolongée [120].
A- Ischémie myocardique prolongée :
L’ischémie est la conséquence du déséquilibre entre l’apport d’oxygène aux
myocytes et leur consommation. Elle est due à une chute du débit coronaire à cause
d’une occlusion coronaire qui est le plus souvent aggravée par un vasospasme. Si elle
est prolongée, elle conduira à une nécrose myocardique [3, 121].
B- Nécrose myocardique :
La nécrose progresse du sous endocarde vers le sous épicarde et du centre
vers la périphérie de la zone myocardique à risque, et c’est un processus prolongé qui
peut prendre jusqu’à 6 heures. L’étendue de la nécrose influence l’évolution et le
pronostic de l’infarctus du myocarde [1, 3, 121].
C- Conséquences de l’ischémie et de la nécrose :
Sur le plan fonctionnel, l’infarctus va se caractériser par une altération de la
fonction diastolique du ventricule gauche et par une diminution de la fonction
systolique. On parlera de « sidération » myocardique lorsque la dysfonction
ventriculaire siège dans un territoire rapidement reperfusé, entraînant une amélioration
de la contractilité ventriculaire. En absence de nécrose, cette dysfonction peut devenir
chronique s’il persiste une hypoperfusion myocardique dans ce territoire : le myocarde
est dit « hibernant ou viable ». Cependant, le phénomène de « remodelage
ventriculaire » survient lorsque les territoires nécrosés se dilatent après un
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- 31 -
amincissement de la zone infarcie fibrosée, ce qui entraînera une modification de la
cinétique segmentaire du ventricule gauche [31, 120-122].
V- DIAGNOSTIC :
A- Diagnostic positif :
1- Circonstances de survenue :
Dans près de la moitié des cas, la douleur infarctoïde est authentiquement
inaugurale. Dans 50 % des cas, elle est précédée, quelques heures ou quelques jours
auparavant par des douleurs angineuses de repos réalisant un angor instable méconnu
[120, 123]. Dans la majorité des cas, l’infarctus survient au repos, mais on peut
retrouver dans les heures précédentes quelques facteurs déclenchants un stress
émotionnel sévère ou un exercice physique intense [3, 123].
La présence d’une variation circadienne dans la survenue de l’infarctus du
myocarde est connue, avec une recrudescence durant les premières heures de la
matinée de 6 à 12 h où il existe une élévation des catécholamines et du cortisol
plasmatique, ainsi qu’une augmentation de l’agrégabilité plaquettaire [123, 124].
Toutefois, l’infarctus peut débuter à tout moment du jour et de la nuit [123].
2- Diagnostic clinique :
2-1/ Douleur : La douleur typique de l’infarctus est une douleur angineuse rétrosternale
médiothoracique, en «barre », constrictive à type de pesanteur en étau, à irradiations
multiples vers l’épaule, le bras gauche ou les deux bras, les poignets, la mâchoire
inférieure et le dos. Elle est très intense, accompagnée de dyspnée, d’angoisse, de
sensation de mort imminente. Sa durée est prolongée au-delà de 30 minutes et peut
persister plusieurs heures. Elle résiste à la trinitrine sublinguale et aux antalgiques
périphériques usuels [31, 120, 121, 123, 125].
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- 32 -
Signes associés : La douleur s’accompagne souvent de nausées et de
vomissements dans les infarctus transmuraux, notamment de localisation inférieure
par réflexe vagal. La diarrhée est plus rare. Cependant, le patient peut avoir des
éructations ou un hoquet. D’autres symptômes peuvent être révélés : des sueurs
froides, une faiblesse, des vertiges, une agitation [120, 123, 125].
2-2/ Examen clinique : En dehors de l’anxiété, de la douleur et parfois une fièvre modérée (38 à
38,5 °C), l’examen est en général normal et pauvre, mais on recherche les signes
cliniques d’une complication précoce :
Les signes de choc : hypotension artérielle, agitation, confusion, vasoconstriction
cutanée, bradycardie, pâleur ;
Une insuffisance ventriculaire gauche : râles crépitants à l’auscultation des champs
pulmonaires, associés à une tachycardie, un galop protodiastolique (B3) et une
cyanose ;
Des signes droits : turgescence jugulaire, reflux hépatojugulaire, témoignant d’une
extension de l’infarctus au ventricule droit ;
Autres signes : un frottement péricardique, une asymétrie tensionnelle.
3- Electrocardiogramme :.
L’électrocardiogramme (ECG) apporte le diagnostic, précise la topographie
et définit le pronostic de l’infarctus. Il doit être réalisé en urgence et comporter : les 12
dérivations classiques, les trois dérivations thoraciques postérieures V7, V8, V9 et les
dérivations précordiales droites V3R, V4R. Les tracés doivent être répétés
fréquemment en cas de doute et comparés à des anciens enregistrements [120, 121, 123,
125, 126].
L’interprétation de l’ECG devient difficile voire impossible en cas de bloc de
branche gauche permanent, chez les patients porteurs d’un stimulateur cardiaque
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- 33 -
définitif ou lors du syndrome de Wolff- Parkinson- White [120, 121, 123, 127].
3-1/ Infarctus transmural :
L’électrocardiogramme permet de retrouver, successivement, les anomalies
suivantes :
Une onde T géante positive symétrique et pointue qui traduit l’ischémie sous
endocardique. Cette onde est très précoce (30 à 60 min), transitoire et rarement
observée [120, 121, 123].
Un sus- décalage du segment ST, convexe vers le haut, englobant l’onde T (onde en
dôme de Pardée) traduisant un courant de lésion sous épicardique, enregistré dans
deux dérivations contiguës : supérieur à 2 mm dans les dérivations précordiales
et 1mm dans les dérivations standards ; il s’inscrit dans les dérivations qui font face
à la zone infarcie (signe direct) et il s’accompagne de signes en miroir (sous
décalage du segment ST) dans les dérivations opposées ; ce critère renforce la valeur
diagnostique d’un infarctus transmural en voie de constitution (Fig.9) [120, 121, 123,
125, 126].
L’onde Q de nécrose se constitue généralement entre la 4ème
et la 6ème
heure. Elle est
significative lorsqu’elle est large (durée >0,04 sec) et profonde (>1/3 de la hauteur
de l’onde R) [120, 121, 123].
En quelques heures ou jours, le segment ST revient à la ligne isoélectrique
alors que les ondes Q et T restent négatives. La persistance d’un sus-décalage de ST
au-delà de quelques semaines doit faire craindre un anévrisme ventriculaire constitué
[123]. L’aspect sequellaire de l’infarctus associe souvent une onde Q « définitive »,
les ondes T se normalisent ou restent définitivement négatives [120].
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- 34 -
Figure 9. Électrocardiogramme caractéristique d’une nécrose antérieure en voie de
constitution, avec une onde de Pardée dans le territoire antérieur étendu (de V2 à V6
et en D1VL) et un miroir inférieur [121].
3-2/ Infarctus sans onde Q :
Dans les infarctus sans onde Q ou infarctus sous endocardiques, il n’y a pas de
modification des complexes QRS mais simplement des troubles durables de
repolarisation à type de sous décalage de ST ou d’anomalies de l’onde T. Ces
anomalies se prolongent des heures ou des jours, ce qui les différencie des anomalies
transitoires contemporaines d’une simple douleur angineuse [123]. Il s’agit donc d’un
syndrome coronaire sans sus-décalage de ST, mais avec élévation de la troponine ce
qui le qualifie d’un infarctus [121].
3-3/ Diagnostic topographique :
Dans une certaine mesure, l’électrocardiogramme permet de déterminer
l’artère coronaire responsable de l’infarctus, ou l’une de ses branches [121, 123].
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- 35 -
Tableau II. Topographie de l’infarctus du myocarde [121, 123].
Territoire de Dérivations électro- Artère coronaire
L’infarctus cardiographiques responsable
Antérieur :
- Antéro- septal V1 à V3 Interventriculaire antérieure - Apical V3, V4 (IVA)
- Antéro- septo- apical V1 à V4
Inférieur :
- Diaphragmatique D2, D3, aVF Coronaire droite ou circonflexe
- Basal V7, V8, V9 (et R/S1 en V1)
Latéral :
- Haut D1, aVL Circonflexe ou diagonale
- Bas V5, V6
Etendu :
- Antérieur étendu V1 à V6, D1, aVL Interventriculaire antérieure
- Septal profond V1 à V4 et D2, D3, aVF Interventriculaire antérieure
- Inféro-latéro-basal D2, D3, aVF et V5 à V9 Circonflexe ou coronaire droite
Circonférentiel D2, D3, aVF, D1, aVL, Tronc commun gauche
V1 à V6 IVA proximale ou plus rarement
deux artères différentes coupables
Ventricule droit V3R, V4R Coronaire droite
4- Diagnostic biologique :
Grâce au développement des techniques de dosage immunoenzymologiques,
le dosage des marqueurs biochimiques d’atteinte myocardique repose actuellement sur
des tests fiables et rapides. Ces prélèvements ne doivent pas retarder la mise en route
du traitement, mais ils viendront confirmer le diagnostic [126].
4-1/ Myoglobine : C’est un marqueur sensible et précoce de l’infarctus, détectable dans le
sérum dès la 2ème
-3ème
heure avec un pic de concentration vers la 8ème
heure. Non
spécifique, elle s’élève également dans les traumatismes musculaires et l’insuffisance
-
- 36 -
rénale. En revanche, elle a une bonne valeur prédictive négative : un taux inférieur à la
limite normale (90µg/l) dans les cinq heures suivant une douleur thoracique infirme le
diagnostic de l’infarctus. Si le dosage initial est normal, il faut le répéter 90 minutes
plus tard [31, 121, 123, 126, 128]. Son dosage se fait par immunonéphélémétrie ou
immunoturbidimétrie, rapide (15 min), peu onéreux et bien adapté aux situations
d’urgence (peut être utile en préhospitalier) [120, 123, 128].
4-2/ Créatine phosphokinase et ses
isoenzymes : La créatine phosphokinase totale est une enzyme dimérique formée de
l’association de deux sous unités distinctes entre elles : sous unité M (Muscle) et sous
unité B (Brain). Son taux s’élève à la 6ème
heure de l’infarctus. Ce marqueur est très
sensible mais peu spécifique et s’élève dans les traumatismes musculaires, les
rhabdomyolyses et les myocardites [123, 128].
Il existe trois isoenzymes distinctes de la créatine phosphokinase: MM, MB
et BB réparties dans des tissus différents. L’isoenzyme MB représente 5 à 25 % de la
créatine phosphokinase du myocarde, mais elle existe également à l’état de traces dans
certains tissus (utérus, prostate, intestin, pancréas). Toutefois, son élévation est plus
spécifique d’une atteinte myocardique que la créatine phosphokinase totale. Le dosage
de la CPK-MB doit se faire par détermination de la concentration et non de l’activité.
La méthode immunoenzymololgique fournit les résultats en unité de masse : µg/l
ou ng/ml (Normale = 5 à 10µg/l). La sensibilité du dosage devient supérieure à 90 %
au-delà de la 4ème
heure [123, 126, 128].
4-3/ Troponines : La troponine est protéine régulatrice de l’activité contractile de l’appareil
myofibrillaire du muscle strié, composée de trois sous unités : La troponine C, I et T.
Seules les troponines I et T possèdent des isoformes cardiaques [121, 123, 128, 129].
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- 37 -
Les troponines sont dosées par méthode immunologique (Anticorps
sélectionnés) avec un mode de détection par fluorescence ou chimiluminescence [130].
Le diagnostic d’atteinte myocardique est posé au-delà de 0,5µg/l avec une spécificité
très grande (98 %) [126, 131]. La sensibilité des dosages est voisine de 100 % à la 12ème
heure après le début de la douleur et en reste là dans les cinq jours suivants ;
cependant, elle est comparable à celles des autres marqueurs moins de six heures après
le début des symptômes, ce qui justifie la répétition des dosages. En effet, les
troponines I et T sont détectées entre 4 à 6 heures et leur pic sérique est atteint environ
12 à 24 heures après le début de la douleur. Le retour aux valeurs normales survient
dans les 5 à 7 jours suivants [130].
Les intérêts des troponines I et T résident dans leur cardiospécicité
permettant de confirmer rétrospectivement le diagnostic de l’infarctus avec un taux
faible de faux positifs (associés à une douleur thoracique typique et à un sus décalage
ST) et plus particulièrement lorsqu’il existe un doute diagnostic chez des patients vus
en urgence, et après une chirurgie cardiaque ou non cardiaque. Elles participent
également à la stratification du risque lors des syndromes coronaires aigus sans sus
décalage de ST et à orienter vers une stratégie thérapeutique invasive [121, 123, 129,
130]. L’élévation des troponines est fréquente chez les insuffisants rénaux chroniques
asymptomatiques pour infarctus et permet une évaluation du risque cardiovasculaire
chez ces patients [121, 130]. Des élévations minimes des troponines peuvent être
constatées en l’absence d’ischémie myocardique (chez des patients atteints d’embolie
pulmonaire, sepsis, insuffisance cardiaque) et constituent un signe de mauvais
pronostic [121, 130, 132].
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- 38 -
4-4/ Autres marqueurs biochimiques :
L’Aspartate aminotransférase (ASAT) ou transaminase glutamo-oxalo
acétique (SGOT) augmente à partir de la 6ème
-12ème
et atteint son pic vers la 10ème
-
48ème
heure au cours de l’infarctus. Cependant, cette élévation est peu spécifique
également observée en cas de pathologie hépatique (avec l’alanine aminotransférase
ALAT), d’atteinte musculaire périphérique et certaines péricardites. Son dosage
a perdu d’intérêt [121, 123].
L’élévation de la Lactate déshydrogénase (LDH) est plus retardée, à partir de
la 12ème
-24ème
heure et se normalise vers le 8ème
-14ème
jour ce qui lui offre un intérêt
pour le diagnostic rétrospectif des malades vus tardivement. Cependant, sa faible
spécificité s’est améliorée par le dosage de son isoenzyme LDH1 (cœur, reins,
hématies) et de son dérivé α-hydroxybutyrique déshydrogénase (α-HBDH) [121, 123,
128].
4-5/ Cinétique des marqueurs biologiques :
En pratique, les dosages biologiques ne servent qu’à conforter le diagnostic
d’infarctus du myocarde ou à l’écarter devant des symptômes atypiques. Dans le cas
d’une prise en charge précoce (2 à 3 h), le dosage de la myoglobine est le plus utile.
Après quelques heures (4 h) c’est la négativité du dosage de CPK-MB qui permet
d’écarter le diagnostic d’infarctus. Parfois on pose le diagnostic de façon rétrospective
(après 24h) sur une élévation isolée des CPK-MB, des troponines ou à défaut de la
LDH1 [123, 126, 128, 133].
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Tableau III. Cinétique des marqueurs biologiques au cours de l’infarctus [133].
Marqueur
biologique
Délai d’apparition après
Le début de l’infarctus Seuil de
positivité Pic sérique Délai de
Normalisation Cardio-
spécificité
ASAT
LDH
CPK totale
CPK-MB
Myoglobine
Troponine T et I
6 à 12 h
12 à 24 h
4 à 8 h
3 à 6 h
2 à 4 h
4 à 6 h
> 45 UI/L
>430 U/L
>225 U/L
5 à10µg/l
90 µg / L
0,5 µg/ L
10 à 48 h
3 à 5 j
10 à 36 h
10 à 18 h
6 à 12 h
12 à 24 h
3 à 4 j
8 à 14 j
3 à 4 j
2 à 3 j
12 à 24 h
5 à 7 j
nulle à faible
Faible
Faible
Moyenne
Faible
Forte
4-6/ Brain Natriuretic peptide :
L’intérêt du dosage du dosage du Brain Natriuretic Peptide (BNP) dans le
diagnostic et le pronostic de l’insuffisance cardiaque est bien établi dans la littérature,
sa sécrétion est sollicitée par une pression pariétale excessive. Le Nt-pro BNP, dérivé
inactif du BNP, est un marqueur plus utilisé, du fait de ses concentrations
plasmatiques plus élevées que celle du BNP ce qui rend ses dosages plus sensibles.
Plus récemment, on a mis en évidence l’utilité du dosage du Nt-pro BNP dans la
pathologie coronaire. Une ischémie de courte durée comme celle induite lors des
procédures d’angioplastie, peut être responsable d’une sécrétion accrue du Nt-pro
BNP. Cette notion conforte l’idée d’utiliser ce marqueur dans l’approche diagnostique
et pronostique des syndromes coronaires aigus. La signification de cette élévation et
son incidence en pratique ne sont pas encore clairement définis [134-136].
Cependant, Bassand et al ont conclu à la supériorité du BNP dans le
diagnostic de l’infarctus du myocarde sans élévation de ST par rapport aux
CPK-MB et troponines. L’utilisation de ces deux marqueurs améliore la sensibilité
(87,3 %) et la valeur prédictive négative (97,3 %) [137].
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- 40 -
5- Echocardiographie :
Ces dernières années, la pratique précoce de l’échocardiographie chez les
patients admis aux urgences a démontré son intérêt : elle est utile pour confirmer le
diagnostic de l’infarctus du myocarde lorsque l’électrocardiogramme est litigieux et
pour exclure certains diagnostics alternatifs comme une péricardite, une dissection
aortique ou une embolie pulmonaire. Dans le cas où le diagnostic d’infarctus est sûr,
l’échocardiographie permet de préciser l’étendue du territoire akinétique, d’évaluer la
fonction ventriculaire gauche (globale et segmentaire) et de rechercher une éventuelle
complication (insuffisance mitrale, rupture septale, thrombus intraventriculaire,…)
[120, 121, 123, 138, 139].
De nouvelles techniques échocardiographiques ont été développées,
notamment l’échographie de contraste qui a deux applications : l’échographie de
contraste cavitaire détecte les contours endocardiques et les masses intracardiaques ;
l’échographie de contraste myocardique permet l’étude de la perfusion myocardique,
l’évaluation de la taille de l’infarctus et l’appréciation de la viabilité myocardique. Ses
résultats sont prometteurs malgré des obstacles techniques et logistiques [121, 139, 140].
En combinant différentes incidences, parasternales, apicales 2 et 4 cavités et parfois
sous costale, on obtient l’image échocardiographique, dont la qualité dépend de
« l’échogénicité » du patient et de l’expérience de l’examinateur [123].
6- Autres examens complémentaires d’urgence :
Ils n’offrent pas d’intérêt pour le diagnostic positif de l’infarctus, mais sont
utiles pour rechercher certaines complications et écarter d’autres diagnostics [123] :
Le cliché thoracique de face est systématique dès l'admission à la recherche d'un
oedème pulmonaire péribroncho-vasculaire ou alvéolaire et d'une cardiomégalie. Il
contribue également à éliminer d'autres diagnostics de syndrome douloureux
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- 41 -
thoracique comme un pneumothorax, un infarctus pulmonaire, un élargissement
médiastinal en faveur d'une dissection.
La mesure percutanée de la saturation oxygénée (SaO2) au doigt est réalisée
couramment évitant la ponction artérielle des gaz du sang. Une SaO2 à moins de
95 % traduit une insuffisance ventriculaire gauche.
L'étude hémodynamique par cathétérisme droit n'est plus justifiée sauf pour
confirmer certaines formes compliquées et surtout suivre leur évolution : collapsus
hypovolémique, choc cardiogénique, infarctus du ventricule droit.
7- Explorations complémentaires :
7-1/ Explorations isotopiques :
Tomoscintigraphies myocardiques au thallium 201 et au 99mSesta-MIBI :
La cardiologie nucléaire a acquis ces 20 dernières années une place
importante dans la détection, la surveillance et la détermination du pronostic de la
maladie coronarienne et de la viabilité myocardique. L’injection de produits
radioactifs (Thallium ou agents technétiés) au repos ou après effort ou test
pharmacologique permet d’étudier la perfusion myocardique, ce qui contribue au
diagnostic de l’insuffisance coronaire. Les acquisitions tomographiques couplées à
l’électrocardiogramme autorisent d’avoir la fonction myocardique (fraction d’éjection
du ventricule gauche) et les volumes du ventricule gauche [141].
Le thallium est un marqueur qui visualise sous forme d'une hypofixation
l'ischémie myocardique, qu'elle soit transitoire ou définitive. Au cours de l'infarctus,
l’hypofixation apparaît dès la 6ème
heure et elle est définitive dans les zones de
nécrose mais réversible dans les zones simplement ischémiques. Cependant, la mise
en évidence de cette redistribution à la scintigraphie tardive (4ème
-6ème
heure) est en
faveur de la viabilité [123].
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- 42 -
Le Technétium 99m Sesta-MIBI (méthoxy-isobutyl-isonitrile) permet une
analyse tardive de l'ischémie initiale (jusqu'à 4 heures après) [123].
Tomographie par émission de positons :
Cette technique non invasive fournit des informations qualitatives et
quantitatives sur le flux sanguin myocardique et le métabolisme cardiaque. Les
isotopes émetteurs de positons utilisés (fluor 18, carbone 11, azote 13, oxygène 15)
sont intégrés parmi les atomes de la matière vivante. Les zones nécrosées ne captent
plus les acides gras marqués au carbone 11, tandis que les zones ischémiques mais
viables fixent le 18fluoro-désoxy-glucose. Le coût onéreux des installations limite la
pratique de cette technique [123].
7-2/ Im agerie par résonance magnétique
nucléaire : L'Imagerie par résonance magnétique (IRM) est une technique non invasive,
ne faisant pas appel aux radiations ionisantes mais utilisant un champ magnétique qui
excite les noyaux d’hydrogène (mise en résonance), puis ils retournent à leur état
d'équilibre après un délai évalué par deux constantes de temps : T1, temps de
relaxation longitudinale et T2, temps de relaxation transversale [123]. L’IRM permet
de déterminer la fonction, la perfusion et la viabilité myocardique [142].
L’imagerie par résonance magnétique nucléaire en mode ciné analyse la
fonction ventriculaire gauche globale et régionale et peut détecter un infarctus de
petite taille de même que les infarctus sous endocardiques [143, 144]. L’imagerie
dynamique de la perfusion myocardique permet la reconnaissance de l’obstruction
microvasculaire après infarctus ou contribue au diagnostic du syndrome coronaire
aigu sans élévation du segment ST [143]. L’injection du Gadolinium-DOTA
(produit de contraste) améliore la détermination de la zone nécrosée sur les images
pondérées en T1 [123, 142, 143].
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- 43 -
L’IRM cardiaque de stress pharmacologique (après injection de dobutamine)
permet d’étudier la perfusion myocardique, et/ou la fonction ventriculaire gauche
régionale pour la détection de l’ischémie et/ou de la viabilité myocardique [143, 144].
7-3/ Scanner spiralé multidétecteurs : Le scanner spiralé multibarettes à 16 détecteurs permet de détecter de
manière non invasive l’existence d’une sténose coronaire significative avec une
sensibilité de 85 % et une spécificité de 78 %. Les sténoses non décelées sont situées
dans la circonflexe et les branches marginales [144].
Le scanner spiralé multidétecteurs et l’imagerie par résonance magnétique
nucléaire apparaissent comme des techniques prometteuses pour la détection et
l’évaluation des patients présentant une athérosclérose coronaire. Le scanner apparaît
plus efficace dans la détection des sténoses coronaires [144].
7-4/ Coronarographie : La coronarographie est la seule méthode capable de définir en détail
l’anatomie coronaire; elle comporte le cathétérisme des ostia des artères coronaires
permettant leur opacification par un produit de contraste. Son objectif principal est de
préciser la possibilité et l’indication d’un geste de revascularisation. Elle
permet d’évaluer l’extension et la sévérité des lésions athéroscléreuses et de
distinguer les atteintes mono-, bi- et tritronculaires [120, 146, 147]. Cet examen permet
d’identifier les lésions à haut risque anatomique : celles concernant le tronc commun
de la coronaire gauche et la partie proximale de l’artère interventriculaire antérieure
[120].
La coronarographie est réalisée dans plusieurs contextes différents [123] :
Très précocement, dans les 12 premières heures, que le patient ait bénéficié ou non
d'un traitement thrombolytique intraveineux, pour s'assurer de la perméabilité de
l'artère coupable, et indiquer une éventuelle angioplastie ;
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- 44 -
Exceptionnellement, pour le diagnostic d’un infarctus atypique ;
En cas de récidive ischémique ou de complication lors des premiers jours ;
A titre d'inventaire lésionnel après un infarctus constitué, vers le 5ème
-10éme
jour.
L’étude TIMI (thrombolysis in myocardial infarction) a permis d’évaluer la
perméabilité coronaire en quatre grades [123] :
- TIMI 0 : occlusion complète sans passage de produit de contraste ;
- TIMI 1 : le produit de contraste franchit le site d'occlusion mais sans opacifier le lit
d'aval de l'artère ;
- TIMI 2 : le produit de contraste franchit le site de thrombose mais opacifie le lit
d'aval avec retard ;
- TIMI 3 : le produit de contraste opacifie toute l'artère sans retard.
Les indications de la coronarographie à la phase aigue de l’infarctus sont
rapportées dans le tableau IV. Les autres indications de cette technique sont : l’angor
stable, l’angor instable, l’insuffisance cardiaque, les valvulopathies, avant chirurgie
non cardiaque, après revascularisation [147].
Tableau IV. Les indications de la coronarographie à la phase aigue de l’infarctus
du myocarde [147].
*Conditions optimales : opérateur réalisant plus de 75 procédures par an dans un centre réalisant plus de 200 procédures par an, avec chirurgie cardiaque à moins de 60 min (ACC/ AHA).
Indications totalement justifiées :
- Angioplastie réalisable en moins de 90 min dans des conditions optimales*
- Age
-
- 45 -
Il n’y a pas de contre- indication absolue à la coronarographie. Les contre-
indications relatives sont rapportées dans le tableau V [147].
Tableau V. Contre- indications relatives à la coronarographie [147].
- Insuffisance rénale aigue ; insuffisance rénale chronique d’origine diabétique.
- Saignement aigu gastro- intestinal.
- Anémie sévère.
- Anomalie importante de l’hémostase.
- Infection aigue non traitée.
- Endocardite valvulaire aortique.
- Insuffisance cardiaque décompensée ou œdème aigu du poumon.
- Artériopathie sévère limitant l’accès vasculaire.
- Accident vasculaire cérébral aigu.
- Hypertension artérielle sévère non contrôlée.
- Déséquilibre hydro-éléctrolytique sévère.
- Antécédent de réaction anaphylactoide au produit de contraste.
Le risque de complication majeure est inférieur à 2 %, selon une étude
multicentrique portant sur plus de 59 792 patients. Ces risques sont : Décès 0,11 % ;
infarctus du myocarde 0,05 % ; accident vasculaire cérébral 0,07 % ; Arythmie
0,38 % ; complications vasculaires 0,43 % ; réaction au produit de contraste 0,37 % ;
complication hémodynamique 0,26 % [147].
La coronarographie est une technique coûteuse, invasive, nécessitant une
brève hospitalisation, mais sa morbidité est en train de diminuer grâce à l’amélioration
du matériel (cathéters et produits de contraste) et à l’expérience cumulée par les
opérateurs [123, 145, 147].
B- Autres formes :
Les formes indolores ne sont pas rares et pourraient concerner 15 à 20 % des
cas. Le diagnostic se fait fortuitement en découvrant un aspect caractéristique
d’infarctus sur l’électrocardiogramme ou d’une complication ; toutefois, un
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interrogatoire soigneux permet d’identifier ces cas. Ces formes indolores ou très peu
douloureuses sont plus fréquentes chez les patients diabétiques en raison d’une
atteinte du système nerveux végétatif, les hypertendus, ceux indemnes d’antécédents
angineux et chez les sujets âgés [31, 120, 121, 123, 126, 255].
Les formes pseudo-digestives sont fréquentes dans les infarctus de
localisation postéro-inférieure et peuvent être responsables de retard diagnostique. La
douleur est de siège épigastrique associée à des nausées, des vomissements, troubles
de transit pouvant orienter vers une pathologie digestive aigue (ulcère, colique
hépatique,…) [31, 120, 121, 123, 255].
Il peut également s’agir de douleurs atypiques, par leur intensité, leur durée
brève, leur localisation qui peut se limiter à l’une des irradiations habituelles (comme
le bras, le dos, la mâchoire inférieure,…) et parfois trinitrosensibles [123]. Enfin, il
peut s’agir de formes révélées par une complication : syncope, embolie systémique,
œdème pulmonaire, état de choc ou des formes psychiatriques [28, 31, 123].
C- Diagnostic différentiel :
1- Péricardite aigue :
Il s’agit d’un diagnostic différentiel fréquent. La péricardite aigue provoque
une douleur thoracique comparable ou moins intense que celle de l’infarctus,
généralement augmentée par l’inspiration profonde et calmée par la position penchée
en avant. En outre, le contexte est souvent différent : adulte jeune d’emblée fébrile,
anté