L’Infarctus du Myocarde : Prise en charge et complications...

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- 1 - Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité et de morbidité dans les pays industrialisés et deviennent un problème croissant dans de nombreux pays en voie de développement. La maladie coronaire peut revêtir plusieurs formes cliniques : Angine de poitrine stable, ischémie silencieuse, syndromes coronaires aigus, insuffisance cardiaque et mort subite [1]. La classification actuelle des syndromes coronaires aigus tient compte des nouvelles données concernant la physiopathologie, le diagnostic et le traitement. En fonction de l’électrocardiogramme initial, on distingue les syndromes coronaires : Avec sus-décalage du segment ST, qui évoluent le plus souvent vers l’infarctus myocardique classique avec onde Q et qui requièrent une reperfusion artérielle en urgence. Sans sus-décalage du segment ST, subdivisés en : Infarctus sans onde Q lorsqu’il y a libération des marqueurs biologiques de nécrose myocardique dont le pronostic sérieux justifie une thérapeutique médicale agressive et une coronarographie rapide ; angine de poitrine instable quand les marqueurs de nécrose cellulaire restent normaux [1, 2]. L’infarctus du myocarde occupe une place particulière au sein des maladies cardiovasculaires du fait de sa grande fréquence et de sa mortalité élevée, malgré l’amélioration de sa prise en charge. Le développement des unités de soins intensifs de cardiologie dans les années 1960, les thrombolytiques dans les années 1980, l’essor d e l’angioplastie dans les années 1990 et le développement de l' appui pharmacologique Introduction

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    Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité et

    de morbidité dans les pays industrialisés et deviennent un problème croissant dans de

    nombreux pays en voie de développement.

    La maladie coronaire peut revêtir plusieurs formes cliniques : Angine de

    poitrine stable, ischémie silencieuse, syndromes coronaires aigus, insuffisance

    cardiaque et mort subite [1].

    La classification actuelle des syndromes coronaires aigus tient compte des

    nouvelles données concernant la physiopathologie, le diagnostic et le traitement. En

    fonction de l’électrocardiogramme initial, on distingue les syndromes coronaires :

    Avec sus-décalage du segment ST, qui évoluent le plus souvent vers l’infarctus

    myocardique classique avec onde Q et qui requièrent une reperfusion artérielle

    en urgence.

    Sans sus-décalage du segment ST, subdivisés en : Infarctus sans onde Q

    lorsqu’il y a libération des marqueurs biologiques de nécrose myocardique dont

    le pronostic sérieux justifie une thérapeutique médicale agressive et une

    coronarographie rapide ; angine de poitrine instable quand les marqueurs de

    nécrose cellulaire restent normaux [1, 2].

    L’infarctus du myocarde occupe une place particulière au sein des maladies

    cardiovasculaires du fait de sa grande fréquence et de sa mortalité élevée, malgré

    l’amélioration de sa prise en charge. Le développement des unités de soins intensifs de

    cardiologie dans les années 1960, les thrombolytiques dans les années 1980, l’essor de

    l’angioplastie dans les années 1990 et le développement de l'appui pharmacologique

    Introduction

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    per- procédure de ces dernières années, constituent des dates marquantes dans

    l’histoire du management de l’infarctus du myocarde [3].

    Le but de ce travail est de faire une synthèse de la littérature concernant les

    diverses modalités thérapeutiques utilisées dans la prise en charge de l’infarctus du

    myocarde, et de mettre l’accent sur les différentes complications de cette pathologie.

    Ainsi, il est divisé en trois parties :

    La première partie comprend des rappels de séméiologie - pathologie

    cardiovasculaire sur l’infarctus du myocarde (épidémiologie, étiopathogénie,

    physiopathologie et diagnostic).

    La deuxième partie est consacrée à l’énumération des différents modes de prise

    en charge de l’infarctus du myocarde au niveau pré- hospitalier (Fibrinolyse

    pré-hospitalière) ; dans l’unité des soins intensifs (Thrombolyse et/ou

    angioplastie) ; traitements médicamenteux adjuvants (Anti-thrombotiques,

    β-bloquants, dérivés nitrés,…) ; et après la sortie de l’hôpital (ordonnance de

    sortie, réadaptation cardiaque,…).

    La troisième partie aborde les complications de l’infarctus du myocarde à

    court terme (troubles de rythme, de conduction, complications

    hémodynamiques et mécaniques,…) et à long terme (récidive d’infarctus,

    anévrisme ventriculaire,…).

  • - 3 -

    Première partie :

    -Infarctus du Myocarde-

    Rappels de séméiologie

    pathologie cardiovasculaire

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    I- DEFINITION :

    Définition classique : L’infarctus du myocarde est une nécrose

    ischémique du myocarde dont l’étendue est supérieure ou égale à 2 cm2 [4, 5, 255]. Son

    diagnostic repose sur l’association de deux critères parmi les trois suivants :

    Douleur thoracique typique,

    Modifications évocatrices de l’électrocardiogramme,

    Augmentation de l’activité des enzymes cardiaques [255].

    Définition actuelle : La nosologie de l’infarctus du myocarde a évolué

    ces dernières années et sa nouvelle définition a été proposée lors d’une conférence de

    consensus Européenne et Américaine en 2000. Elle considère comme infarctus «tout

    syndrome coronaire aigu s’accompagnant d’une augmentation des Troponines (T ou I)

    et/ou de la fraction myocardique de la Créatine- Kinase (CK-MB) » [6 - 8].

    II- EPIDEMIOLOGIE :

    A- Fréquence : Les registres récents qui apportent une vision complète sur l’épidémiologie

    de l’infarctus du myocarde sont: National Registries of Myocardial Infarction

    (NRMI) Américains entre 1990 et 1999 ; le Global Registry of Acute Coronary

    Events (GRACE) entre Avril 1999 et Mars 2001 ; la United Kingdom heart attack

    study en 1994 et 1995; et le registre MONICA (multinational Monitoring of trends

    and determinants in Cardiovascular disease) réalisé par l’organisation mondiale de la

    santé (OMS) sur 38 populations situées dans 21 pays [9 - 12 ].

    Les deux premiers registres ne sont pas exhaustifs et ne tiennent compte que

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    des infarctus hospitalisés. Le registre MONICA serait le meilleur car il inclut les

    victimes d’infarctus hospitalisés ou non, ainsi que les décès pré-hospitaliers [13, 14].

    A l’échelle mondiale :

    L’épidémiologie de l’infarctus du myocarde est caractérisée par une très

    grande disparité géographique et temporelle. Les données du projet MONICA

    montrent que l’incidence et les taux de mortalité les plus élevés dans le monde

    sont enregistrés en Asie du Sud et en Amérique (Fig. 1)[15].

    Il survient aux Etats-Unis un million d’infarctus par an et plus de

    550 000 décès par an liés à la maladie coronaire [15]. Les maladies

    cardiovasculaires occupent le premier rang dans les causes de mortalité avec un

    pourcentage de 38 % [256].

    A l’échelle Européenne :

    La variabilité géographique de la fréquence et de la mortalité de la maladie

    Figure1 . Mortalité des maladies coronariennes dans le monde (Sauf l'Europe) [15]

    320

    107

    43 41

    236 224

    144

    40 22

    41

    140 160

    0

    50

    100

    150

    200

    250

    300

    350

    Hommes Femmes

    Pour 100 000 Habitants

    Asie du sud

    Chine

    Japon

    Afrique

    Amérique (Blancs)

    Amérique (Noirs)

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    coronarienne se vérifie à l’échelle Européenne comme à l’échelle mondiale par un

    gradient Nord- Sud très net [16]. Tunstall-Pedoe et al. confirment l’existence de ce

    gradient entre les pays Anglo-saxons et les pays Latins (Fig. 2) [17]. Cependant la

    mortalité reste élevée dans les pays de l’Europe de l’Est [18].

    La France se situe dans une intermédiaire entre le croissant Nord à haut

    risque coronaire et le sud de l’Europe à faible risque [17]. En effet, le nombre annuel

    d’hospitalisations pour infarctus est estimé entre 110 000 à 120 000 cas selon le

    registre MONICA [3]. Cependant, il existe une différence inter- régionale dans la

    fréquence de l’infarctus pour les hommes de 35-64 ans entre les trois centres ciblés

    par l’étude MONICA en France : Nord (Lille), Bas- Rhin (Strasbourg) et Haute-

    Garonne (Toulouse). (Fig. 3) [17].

    Figure 2. Fréquence de la maladie coronarienne en Europe. Etude MONICA [17]

    1648

    801

    421 259

    1264

    0

    200

    400

    600

    800

    1000

    1200

    1400

    1600

    1800

    Pour 100 000 Habitants

    Finlande

    Ecosse

    Pologne

    Italie

    Espagne

    Figure 3. Fréquence de l'infarctus du myocarde en

    France: hommes de 35-64 ans [17].

    227 262

    202

    0

    50

    100

    150

    200

    250

    300

    Nord Bas-Rhin Haute Garonne

    Pou

    r 100000 H

    ab

    itan

    ts

    Nord (Lille)

    Bas-Rhin (Strasbourg)

    Haute Garonne (Toulouse)

  • - 7 -

    A l’échelle nationale :

    Les maladies de l’appareil circulatoire occupent le premier rang parmi les

    principales causes de mortalité au Maroc avec un taux voisin de 21 % (Fig. 4) [257].

    La fréquence de l’infarctus reste encore élevée dans notre pays, elle était de 2,28 %

    dans le service de réanimation médicale centre hospitalier Ibn Rochd de Casablanca

    entre le 1er Janvier 1992 et le 31 Décembre 1996 [19]. Dans une autre étude

    prospective de six mois (Février 2003- Juillet 2003), réalisée au niveau du service

    des urgences du même hôpital, elle est estimée à 0,36 % [20].

    * DPRF : Direction de la Planification et des Ressources Financières.

    SEIS : Service des Etudes et de l’Information Sanitaire [257].

    Figure 4 . Principales causes de décès, année

    2003. Source: DPRF/ SEIS* [257]

    20,9

    9,4

    8,2

    7,1

    5,9

    Maladies de l'appareil circulatoire

    Maladies dont l'origine se situe dans la période périnatale

    Tumeurs

    Maladies Endocriniennes Nutritionnelles et Métaboliques

    Maladies de l'appareil respiratoire

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    B- Facteurs de risque cardiovasculaires :

    B-1/ Facteurs de risque cardiovasculaires traditionnels :

    1- Terrain :

    1-1/ Age : L’Age moyen de survenue d’un infarctus du myocarde est voisin de 65 ans

    selon plusieurs études [15] ; la mortalité augmente avec le vieillissement (Fig. 5) [21].

    Il existe des différences relatives de prévalence des facteurs de risque

    cardiovasculaire : plus d’hypertension artérielle et de diabète et moins de

    dyslipidémies et de tabagisme chez les sujets âgés par rapport aux jeunes [15,

    22]. En effet, l’âge constitue à lui seul un facteur de risque majeur et indépendant de

    tous les autres facteurs [23].

    1-2/ Sexe :

    L’infarctus du myocarde atteint l’homme dans deux tiers des cas [3]. Chez les

    femmes, 60 % des cas surviennent après 74 ans [18]. L’âge moyen de survenue de

    l’infarctus est de 10 ans plus élevé chez la femme : 73 ans en moyenne contre 63

    ans chez l’homme [24].

    10,9 14,1

    18,5

    23,2

    31,2

    0

    5

    10

    15

    20

    25

    30

    35

    % M

    ort

    ali

    65-69 70-74 75-79 80-84 >85

    Figure 5. Mortalité hospitalière de l'infarctus du myocarde selon l'âge [21].

  • - 9 -

    1-3/ Hérédité :

    Les antécédents familiaux de maladie coronarienne augmentent le risque de

    survenue d’un infarctus dans la descendance, et parmi les facteurs de risque les plus

    détectables : l’hypercholestérolémie familiale, le diabète, l’obésité et l’hypertension

    artérielle [25]. Cependant l’étude INTERHEART (Canada 2004) montre que neuf

    facteurs de risque représentent 90 % des causes : le tabagisme ; le rapport Apo B/A ;

    l’hypertension ; le diabète ; l’obésité abdominale ; le stress ; l’insuffisance d’apport

    alimentaire en fruits et légumes ; l’insuffisance d’exercice ; l’absence de

    consommation modérée d’alcool [26].

    1-4/ Antécédents :

    L’étude de l’European Heart Survey ACS confirme la fréquence élevée des

    antécédents vasculaires chez les patients hospitalisés pour infarctus du myocarde. Elle

    retrouve pour un âge moyen de 63,4 ans : des antécédents d’infarctus dans 22,3 %,

    d’angor dans 56,4 %, d’accident vasculaire cérébral constitué ou transitoire dans

    5,9 % et une hérédité vasculaire dans 27,4 % des cas [27]. En cas d’antécédents

    d’infarctus, la survenue d’une syncope associée à un trouble de rythme ventriculaire

    et à une altération de la fraction d’éjection du ventricule gauche constitue un signe

    prédictif d’une mort subite [28, 29].

    2- Hypertension artérielle :

    L’hypertension artérielle (HTA) reste le facteur de risque le plus commun pour

    la morbidité et la mortalité cardiovasculaire par accident vasculaire cérébral et

    infarctus du myocarde [10, 30]. Les infarctus sont 7 fois plus nombreux chez les sujets

    ayant une pression artérielle systolique supérieure à 180 mmHg que chez ceux où elle

    est inférieure à 120 mmHg [31].

  • - 10 -

    L’incidence de l’hypertension augmente chez les personnes âgées et obèses

    [22, 30, 32].Une réduction de l’apport sodé et de la surcharge pondérale sont efficaces :

    la diminution d’un surpoids de 1 Kg permet d’abaisser la pression artérielle systolique

    et diastolique de 1,6 et 1,1 mmHg respectivement [33, 34].

    3- Dyslipidémies :

    Certaines anomalies du métabolisme lipidique sont associées à une

    augmentation du risque d’infarctus du myocarde : l’étude MRIFT retrouve un

    accroissement de la mortalité cardiovasculaire à 6 ans proportionnel au taux de la

    cholestérolémie totale (Fig. 6) [3]. L’hypercholestérolémie s’accompagne d’une

    hypercoagulabilité et d’une activation plaquettaire en cas de lésion endothéliale, ce

    qui augmente fortement le risque d’accident coronarien [3, 35].

    L’augmentation des lipoprotéines LDL circulantes majore leur concentration

    au sein de la paroi artérielle et le risque de leur oxydation à ce niveau.

    L’hypercholestérolémie et les LDL oxydés facilitent l’attraction des monocytes qui

    se transforment dans la paroi artérielle en macrophages qui captent préférentiellement

    les LDL oxydées, ce qui constitue une étape importante de l’athérogénèse et sa

    Figure 6. Mortalité cardiovasculaire à 6 ans. Etude

    MRIFT [3]

    49

    98

    51

    125

    175

    0

    50

    100

    150

    200

    < 1,6 2 2,4 2,8 > 2,8 Cholestérol (g/l)

    Tau

    x /

    10

    00

    0

  • - 11 -

    progression [36, 37]. Une diminution de 26 % du LDL Cholestérol (LDL-C) entraîne

    une baisse de l’incidence des événements coronariens majeurs [38].

    L’analyse détaillée des grandes études cliniques CARE, AFCAPS/TexCAPS et

    VA-HIT a démontré que les LDL-C ne sont pas les seules en rapport avec les

    événements cliniques et que les lipoprotéines riches en triglycérides (surtout celles

    contenant l’Apo B et l’Apo CIII) sont également très athérogènes [39].

    En cas d’infarctus, on constate une diminution significative du taux du HDL-C

    et de l’ApoA-1 [35]. Cela confirme le caractère stabilisateur du HDL-C sur la plaque

    d’athérome par réduction de l’accumulation des lipides en son sein et au niveau des

    macrophages [15]. Un rapport C-Total / HDL-C supérieur à 5 augmente le risque

    d’athérosclérose [31]. Cependant, l’augmentation du rapport Apo B/ ApoA-1 ne

    constitue pas un élément plus prédictif du risque de pathologie coronaire mais

    comparable avec la mesure du rapport C-Total/ HDL-C [40].

    4- Diabète :

    Les complications cardiovasculaires du diabète de type 2 représentent 30 % de

    l’ensemble des complications sévères de cette maladie. Le diabète majore le risque

    d’atteinte coronarienne par un facteur de 3 chez la femme et par un facteur de 2 chez

    l’homme, il est plus fréquent chez les sujets âgés [15, 22, 41].

    Le diabète augmente l’incidence de l’infarctus du myocarde, modifie sa

    symptomatologie (qui devient sous forme d’ischémie silencieuse, atypique ou

    paucisymptomatique du fait d’anomalies de perception de la douleur). Il augmente

    également les taux de mortalité hospitalière et extrahospitalière et le risque des

    complications liées à la coronarographie et à l’angioplastie [15, 41].

    L’association de plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire, notamment

    dyslipidémie, hypertension et obésité, est fréquente chez le diabétique [42, 43]. La

  • - 12 -

    correction concomitante de ces facteurs entraîne une réduction du risque de

    coronaropathie chez ces patients comme le précise la grande étude UKPDS [44].

    La gravité plus importante des infarctus chez les diabétiques est démontrée

    dans l’étude USIK puisque le groupe de patients avec une fraction d’éjection du

    ventricule gauche < 35 % comprend 22 % de sujets diabétiques [45]. Le diabète

    associé à une cardiopathie ischémique constitue un risque d’évolution d’une

    dysfonction ventriculaire gauche asymptomatique vers une insuffisance cardiaque

    avérée [46].

    Le diabète est incriminé dans l’initiation de la plaque d’athérome, sa

    progression et ses complications. Il existe une augmentation de l’adhésion et de

    l’agrégation plaquettaire, du taux de fibrinogène, du facteur de Willebrand, des

    facteurs VII et VIII, du facteur 4 plaquettaire et de l’activité du PAI-1, ce qui

    contribue à un risque thrombotique très élevé chez les diabétiques [47].

    5- Tabagisme :

    Selon l’étude Framingham, le tabagisme représente un facteur de risque

    cardiovasculaire puissant car il favorise à la fois le développement de l’athérosclérose

    et la survenue de l’infarctus [15, 48, 49]. Retrouvé avec une très grande fréquence dans

    les cas d’infarctus du sujet jeune et diminué chez le sujet âgé, le tabagisme multiplie

    par 5 le risque d’arrêt cardiaque chez les fumeurs entre 30 et 40 ans [15, 22]. Le

    tabagisme de la femme parait plus dangereux, puisque à l’âge moyen et à

    exposition égale de 20 cigarettes par jour, le risque de survenue d’un infarctus du

    myocarde est plus important [15].

    Le tabagisme est associé à une augmentation des thromboses, de production

    des cytokines, de dysfonction endothéliale, de vasomotricité coronarienne, de troubles

    du rythme cardiaque et de mort subite [50, 51]. Par ses différents composants, le tabac

    joue un rôle délétère favorisant les complications de l’athérosclérose :

  • - 13 -

    L’oxyde de carbone (CO) favorise l’athérogénèse par hypoxie de l’intima des

    artères et accumulation du LDL-C dans l’intima.

    La fumée du tabac entraîne des anomalies de la vasomotricité endothélium-

    dépendante avec augmentation des radicaux libres d’oxygène par inactivation

    du NO et oxydation des LDL. Par contre, il y a une baisse du HDL-C.

    Les produits carcinogènes accélèrent le développement des lésions

    athéromateuses.

    La nicotine favorise la libération des catécholamines et entraîne différents effets

    systémiques selon le schéma suivant [52, 53]:

    Nicotine

    Ganglions sympathiques

    médullosurrénale

    terminaisons sympathiques

    Sécrétion adrénaline- noradrénaline augmentée

    Figure 7. Schéma des actions pharmacologiques de la nicotine [52, 53]. LDL: low density lipoprotein.

    modifications cardiaques : tachycardie

    modifications vasculaires :

    hypertension artérielle

    vasoconstriction périphérique

    modifications métaboliques :

    lipides (cholestérol, LDL,)

    plaquettes-coagulation

  • - 14 -

    L’arrêt du tabac entraîne une diminution du risque cardiovasculaire de 50 %

    après un an de sevrage [15].

    A côté de ce tabagisme actif, il est important de prendre en compte le

    tabagisme passif. Il est démontré qu’il est, lui aussi, associé à un accroissement du

    risque cardiovasculaire, augmentant de 25 % l’incidence des accidents coronariens.

    Une étude menée dans la ville d’Helena dans le Montana, montre que les admissions

    aux urgences pour infarctus du myocarde ont baissé de 40 % pendant les 6 mois

    d’interdiction de fumer dans les lieux publics, puis ont repris leur valeur initiale

    lorsque cette interdiction a été reportée [32, 54].

    6- Obésité : L’obésité est appréciée de façon globale par l’indice de masse corporelle :

    IMC= Poids/ taille2 :

    - IMC entre 20- 25 Kg/m2 : poids normal.

    - IMC entre 25- 30 Kg/m2 : surcharge pondérale.

    - IMC ≥ 30 Kg/m2 : obésité.

    - IMC ≥ 40 Kg/m2 : obésité morbide.

    L’excès d’adiposité abdominale majore le risque cardiovasculaire, un tour

    de hanche >102 cm chez l’homme et 88 cm chez la femme constitue un indicateur de

    risque [55]. Une étude cas- contrôle incluant 27 000 participants dans 52 pays propose

    une redéfinition de l’obésité fondée sur le rapport tour de taille/ tour de hanche à la

    place de l’indice de masse corporelle, permettant une meilleure estimation des

    infarctus attribuables à l’obésité dans la majorité des groupes ethniques [56].

    L’obésité est associée à un risque coronarien nettement accru, mais en

    partie dépendant de la plus grande prévalence de plusieurs facteurs de risque

    notamment : hypertension artérielle, diabète et dyslipidémie [22, 57, 58].

  • - 15 -

    7- Sédentarité :

    Une méta-analyse a montré, à partir de plusieurs études de cohortes, que la

    sédentarité multiplie par 1,9 le risque de décès d’origine coronarienne par rapport à

    une population active, après ajustement sur les autres facteurs de risque. De même,

    une réadaptation cardiaque dans les suites d’un infarctus diminue la mortalité totale et

    coronaire [55].

    L’exercice physique régulier s’accompagne d’une diminution de la

    fréquence cardiaque et de la pression artérielle contribuant ainsi à la diminution des

    besoins en oxygène du myocarde. En plus, l’éducation physique aide à perdre du

    poids, à diminuer les triglycérides et à augmenter le HDL-C [33]. Ce dernier critère est

    récemment confirmé par une méta-analyse qui montre que la pratique modérée d’un

    exercice physique (au minimum 120 min/semaine avec un taux de C-Total

  • - 16 -

    cardiovasculaire. Cependant, les sujets porteurs de syndrome métabolique sont

    potentiellement à haut risque, car ils sont susceptibles d’évoluer vers le diabète de

    type 2 [63, 64].

    Tableau I. Critères diagnostic du syndrome métabolique [63].

    Le syndrome métabolique est défini comme l’association d’au moins 3 de ces critères. Paramètre

    Valeur seuil

    Périmètre abdominal

    – homme

    – femme

    Triglycérides

    Cholestérol HDL

    – homme

    – femme

    Pression artérielle

    Glycémie

    ≥ 102 cm (≥ 94 cm *)

    ≥ 88 cm (≥ 80 cm *)

    ≥ 1,5 g/l

    et/ou traitement hypotriglycéridémiant **

    < 0,4 g/l

    < 0,5 g/l

    et/ou traitement hyper-HLD-émiant **

    ≥ 135 mmHg (PAS)

    et/ou 85 mmHg (PAD)

    et/ou traitement antihypertenseur

    ≥ 1,0 g/l

    et/ou traitement antidiabétique

    PAS : pression artérielle systolique ; PAD : pression artérielle diastolique ; HDL: high density

    lipoprotein.

    * Adaptation des seuils de périmètre abdominal à la population européenne.

    ** En pratique : fibrates ou acide nicotinique.

    L’étude récente Framingham groupant 3451 patients montre qu’une

    augmentation du taux de la Gamma-Glutamyl Transférase pourrait constituer un

    facteur prédictif du risque métabolique et cardiovasculaire. Les auteurs ont observé

    une association positive entre le taux de cet enzyme et l’indice de masse corporelle, la

    pression artérielle, le LDL-C, les triglycérides et la glycémie. Ils ont constaté aussi

    que le risque de développer un syndrome métabolique est associé à un taux de

    Gamma- glutamyl transférase élevé. Ajusté aux différents facteurs de risque

  • - 17 -

    cardiovasculaire traditionnels, les individus ayant un taux appartenant au quartile

    supérieur présentent une augmentation de 67 % dans l’incidence des maladies

    cardiovasculaires [65, 66].

    B-2/ Nouveaux facteurs de risque cardiovasculaires :

    1- Hyperhomocystéinémie :

    L’hyperhomocystéinémie, due à une carence vitaminique en B12 et folates,

    est un facteur athérogène au niveau coronaire et un facteur de risque indépendant de

    survenue de l’infarctus [6, 67, 68].

    L’hyperhomocystéinémie est associée à une dysfonction endothéliale, une

    augmentation de l’épaisseur intima-média, une augmentation de l’adhésion

    plaquettaire et une activation de la thrombose [3]. Cependant, il n’existe pas de

    données montrant que l’abaissement du taux d’homocystéine par vitaminothérapie B

    diminue la morbi- mortalité cardiovasculaire [15, 69, 70].

    2- La Lipoprotéine Lp (a) :

    La lipoprotéine (a) est une macromolécule constituée d’une LDL et d’une

    glycoprotéine (Apo (a)) qui possède une homologie de structure avec le plasminogène,

    entraînant ainsi son inhibition de façon compétitive et par conséquence la réduction de

    la fibrinolyse physiologique [71, 72]. Dans l’étude ECTIM, une augmentation de 0,3g/l

    de lipoprotéine (a) accroît le risque d’infarctus de 16 % [3].

    3- Les marqueurs de l’inflammation :

    3-1/ Fibrinogène : La production du fibrinogène est accrue dans les processus inflammatoires et

    elle est régulée par certains médiateurs comme les glucocorticoïdes et l’interleukine 6

    (IL-6). Le fibrinogène augmente la thrombogénicité par différents mécanismes :

    fixation spécifique aux récepteurs glycoprotéiques GP IIb/IIIa entraînant l’agrégation

    plaquettaire, catalyse de la formation de fibrine et augmentation de la viscosité

  • - 18 -

    sanguine [3]. Actuellement, il est bien démontré que le fibrinogène est un puissant

    prédicteur du risque cardiovasculaire. L’étude PROCAM, sur un suivi de 18 ans,

    montre que l’augmentation de sa concentration plasmatique majore le risque

    coronarien de 30 % chez l’homme et de 40 % chez la femme [73]. Dans l’étude ECAT,

    le fibrinogène augmente chez les patients qui vont développer un événement

    cardiaque grave (mort et infarctus) pendant le suivi [74]. Cependant, des études

    récentes montrent que les niveaux élevés de fibrinogène plasmatique après

    angioplastie ne présentent pas un facteur prédictif de resténose à 6 mois, ce qui ne

    devrait pas conduire le praticien à interdire le choix de cette intervention [75]. Par

    ailleurs, le fibrinogène augmente avec l’âge, l’existence d’un diabète, d’une

    hypertension artérielle, d’un tabagisme, d’une obésité et chez la femme après la

    ménopause. En revanche, il diminue avec la pratique d’un exercice physique régulier

    et une consommation modérée d’alcool [76].

    3-2/ Protéine C réactive : La protéine C réactive est un marqueur inflammatoire dont l’augmentation

    prédit la survenue d’événements cardiovasculaires futurs chez les individus sains ainsi

    que chez ceux ayant présenté un syndrome coronaire aigu [77, 78]. Des études ont

    avancé que la protéine C réactive serait un activateur des monocytes et des cellules

    endothéliales [79]. Une étude a postulé que la présence d’une augmentation du taux de

    la protéine C réactive et celui du LDL-C apporte une meilleure information

    pronostique que le dépistage de l’un ou de l’autre marqueur seul [80].

    L’élévation significative de la protéine C réactive évaluée par la méthode CRP

    ultrasensible (CRP us) après une angioplastie coronaire, s’avère un élément prédictif

    plus puissant d’événement cardiovasculaire secondaire que la valeur de CRP us

    avant et après angioplastie considérée isolément, selon une étude prospective [78].

  • - 19 -

    4- Facteurs hémostatiques :

    4-1/ Facteur VII : Le facteur VII est le premier facteur de la voie extrinsèque de la coagulation.

    Il est activé par le facteur tissulaire au niveau de la plaque athéromateuse rompue et

    entraîne la cascade de la coagulation.

    Le facteur VII est un marqueur de risque cardiovasculaire car l’augmentation

    de son activité permet de prédire la survenue d’un événement cardiaque avec un

    risque relatif de 1,8 de décès et 1,4 d’infarctus non fatal, d’après les données de

    l’étude Northwick part heart study. Le taux du facteur VII augmente en cas

    d’hypertriglycéridémies, d’antécédents cardiovasculaires et chez la femme après la

    ménopause [3].

    4-2/ Plasminogen activator inhibitor1 : L’inhibiteur de l’activateur du plasminogène 1 (PAI-1) constitue un

    inhibiteur de la fibrinolyse physiologique. Chez les patients victimes d’un infarctus du

    myocarde avant 45 ans, le dosage du PAI-1 est étroitement corrélé avec la survenue à

    3 ans d’un nouvel infarctus. De même, l’activité du PAI-1 est plus importante en cas

    de récurrence ischémique [81].

    4-3/ plaquettes et facteur de Van

    Willebrand : L’étude de l’agrégabilité plaquettaire permet de prédire la survenue d’un

    infarctus, selon une étude prospective. L’agrégabilité plaquettaire à l’adénosine

    diphosphate (ADP) est plus importante chez les patients qui ont, dans leurs

    antécédents, un infarctus. Cependant, la réactivité plaquettaire augmente avec

    l’hyperglycémie et le tabagisme.

    Le facteur de Van Willebrand joue un rôle important dans la pathologie

    athéromateuse et dans la thrombose, son taux est plus élevé chez les patients qui ont

    ou qui vont développer un infarctus du myocarde [3].

  • - 20 -

    4-4/ Facteur V Leiden : La mutation du facteur V, aboutissant au facteur V Leiden, découverte par

    Bertina et al constitue la cause la plus fréquente de thrombose veineuse. Dans une

    méta-analyse, Doix et al ont mis en évidence une relation significative entre la

    mutation du facteur V et la survenue d’un infarctus du myocarde chez les sujets jeunes

    (moins de 55 ans) d’une part, et lorsque la coronarographie ne trouve pas de sténose

    significative d’autre part. Deux implications résultent de cette constatation : proposer

    un bilan de coagulation approfondi recherchant cette mutation dans les cas similaires,

    et prescrire des anti-vitamines K à la place de l’aspirine en post-infarctus à cause de la

    diminution de la réponse à l’anticoagulation chez ces patients [82].

    5- Facteurs infectieux :

    Depuis 1978, plusieurs études ont évoqué l’hypothèse infectieuse causant

    l’inflammation de la plaque d’athérome [83, 84]. Trois germes sont incriminés :

    Helicobacter pylori, cytomégalovirus et Chlamydia pneumoniae.

    Certaines études rétrospectives montrent l’existence d’une association entre

    une infection chronique à H.pylori et la pathologie coronaire, par contre d’autres

    études prospectives reportent l’absence de cette association [85, 86]. Récemment, une

    étude prospective vient de montrer la présence d’une relation entre la séropositivité

    pour le gène Cag A cytotoxique d’H.pylori la survenue de la maladie coronaire [87].

    Le cytomégalovirus présente un tropisme élevé pour les cellules musculaires

    lisses de la paroi artérielle. Sa responsabilité dans l’athérosclérose est mieux établie

    par les études expérimentales que par les études épidémiologiques, nombreuses mais

    d’interprétation difficile en raison d’effectifs faibles et d’imperfections

    méthodologiques [83, 88].

    Chlamydia pneumoniae, germe intracellulaire obligatoire, est très suspectée

    puisqu’elle est retrouvée dans 52 % des artères pathologiques étudiées contre 5 % des

  • - 21 -

    artères indemnes [83]. L’étude Gupta portant sur 213 patients survivants d’un

    infarctus, montre que le pronostic à 18 mois est 4 fois moins péjoratif chez les patients

    séronégatifs vis à vis de ce germe, cependant, les patients séropositifs ont été traités

    par l’azithromycine ce qui a ramené leur pronostic au même niveau des séronégatifs.

    Une autre étude montre les mêmes résultats avec la roxithromycine, ce qui conforte

    l’utilisation dans ce cas des macrolides [89, 90].

    Une étude récemment publiée vient de montrer que chez les sujets âgés de 75

    ans, le risque de survenue d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral

    est doublé dans le mois et plus particulièrement dans la première semaine après une

    infection respiratoire ; la réduction de ce risque est envisagée en utilisant des

    antibiotiques (actifs sur les bactéries comme Chlamydia pneumoniae qui est très

    suspectée) ou la vaccination (contre le virus de la grippe par exemple) [91].

    6- Stress oxydatif et LDL oxydés :

    Le stress oxydatif et les polynucléaires neutrophiles en libérant

    respectivement les espèces réactives à l’oxygène (telles que le peroxyde

    d’hydrogène, les ions superoxydes et les radicaux hydroxyl) et la myéloperoxydase,

    provoquent l’oxydation des lipoprotéines LDL au niveau de la plaque d’athérome

    contribuant ainsi à sa déstabilisation. Le dosage des LDL oxydés plasmatiques montre

    une élévation significative de leurs taux, alors que l’étude immunohistochimique des

    lésions obtenues à partir des coronaires de ces patients atteints d’infarctus, confirme

    une forte accumulation des macrophages et des neutrophiles à ce niveau [92].

    7- Facteurs socioéconomiques :

    Les patients à bas niveau socioéconomique ont un risque plus élevé de

    mortalité et de réhospitalisation dans l’année suivant un accident d’infarctus par

    rapport à ceux à niveau socioéconomique élevé. Des études ont associé cette

    différence de mortalité au fait que les patients de la première catégorie présentent plus

  • - 22 -

    de facteurs de risque et de co-morbidités à l’admission hospitalière ; les auteurs ont

    proposé d’améliorer la qualité des soins et de faciliter l’accès aux différentes stratégies

    thérapeutiques pour les patients démunis [93, 94].

    Une autre étude récente menée sur 4009 patients espagnols non

    institutionnalisés âgés de 60 ans et plus, montre que la prévalence la plus forte de

    l’hypertension artérielle s’observe chez les sujets ayant le plus faible niveau éducatif

    et appartenant aux classes sociales inférieures [32].

    III- ETIOPATHOGENIE :

    A- Athérosclérose coronaire :

    C’est de loin la principale étiologie de l’infarctus du myocarde (90 à 95 %)

    [3, 31]. L’athérosclérose est considérée actuellement comme une maladie

    inflammatoire chronique [95].

    L’infarctus du myocarde est lié à l’occlusion d’un vaisseau coronaire

    responsable d’une ischémie myocardique puis d’une nécrose. La rupture ou l’érosion

    d’une plaque d’athérome suivie de la formation d’un thrombus plus ou moins occlusif

    est le principal phénomène physiopathologique. Celui- ci est associé à une

    vasoconstriction distale et à une microembolisation qui aggravent l’ischémie d’aval

    (Fig.8) [96].

  • - 23 -

    Figure 8. Physiopathologie de l’infarctus du myocarde [3]. La rupture de la plaque d’athérome aboutit à la formation d’un thrombus occlusif. Des emboles se

    détachent du thrombus initial et migrent vers la circulation d’aval qui est également le siège d’une

    vasoconstriction. L’ensemble de ces phénomènes aboutit à la réduction du flux coronaire et à

    l’aggravation de l’ischémie myocardique.

    1 . Thrombus ; 2. Embolie distale ; 3. Vasoconstriction

    1- Rupture de la plaque d’athérome :

    1-1/ Définition d’une plaque vulnérable :

    La plaque d’athérome est constituée d’un noyau riche en lipides recouvert

    d’une chape fibreuse formée de protéines de structure (matrice extracellulaire) comme

    le collagène, l’élastine et les protéioglycanes. Une plaque d’athérome vulnérable

    présente une forte tendance à la rupture et à la thrombose. Ses caractéristiques

    histomorphologiques sont [97]:

    Large noyau lipidique composé de cholestérol libre, de cholestérol estérifié et de

    lipides oxydés imprégnés de facteur tissulaire.

    Chape fibreuse fine (épaisseur< 65µm) et pauvre en collagène et en cellules

    musculaires lisses.

  • - 24 -

    Infiltration de la paroi artérielle par des cellules inflammatoires (macrophages et

    lymphocytes T activées)

    Augmentation de la néovasculariastion pariétale.

    1-2/ Rôle de l’inflammation et de

    l’apoptose dans la vulnérabilité de

    la plaque : Les plaques d’athérome instables sont des foyers d’inflammation qui

    survient à la suite de l’accumulation des cellules inflammatoires (macrophages,

    monocytes et lymphocytes T et parfois des neutrophiles). Les macrophages activées

    sous l’influence de cytokines pro-inflammatoires (Interféron γ, IL-18, TNFα, ….)

    synthétisent les métalloprotéases qui dégradent la matrice conjonctive et / ou inhibent

    sa synthèse par les cellules musculaires lisses participant ainsi à la fragilisation de la

    chape fibreuse de la plaque. Cependant, cette réaction inflammatoire est

    contrebalancée par des cytokines dites anti-inflammatoires comme le TGF β

    (Transforming Growth Factor), l’IL-10, l’IL-18 BP ou le TIMP (Tissue Inhibitors of

    Metalloproteinases) [1, 98 - 100].

    L’apoptose est une mort cellulaire programmée et hautement contrôlée.

    Plusieurs travaux ont montré l’existence d’une augmentation de la mort des cellules

    musculaires lisses par apoptose au niveau de la plaque d’athérome ce qui entraîne un

    diminution de la synthèse de la matrice extracellulaire [3, 98, 101].

    2- Thrombose :

    Après la rupture (ou l’érosion) de la plaque athéromateuse, son matériel

    lipidique thrombogène se trouve exposé dans la lumière artérielle au sang circulant.

    Les cytokines pro-inflammatoires IL-1 ou TNFα altèrent les propriétés fibrinolytiques

    des cellules endothéliales en diminuant la production de l’activateur tissulaire du

    plasminogène (t-PA) et en augmentant celle de son inhibiteur PAI-1 [1, 98].

  • - 25 -

    Les cellules en apoptose présentent à leur surface la phosphatidylsérine

    nécessaire pour l’assemblage des facteurs de la coagulation. Elles libèrent également

    des microparticules apoptotiques riches en facteur tissulaire activé, jouant ainsi un rôle

    déterminant dans la formation du thrombus à l’origine des accidents ischémiques

    aigus [98].

    B- Pathologie coronaire non athéromateuse : Certaines pathologies de la paroi artérielle coronaire, comme les artérites

    inflammatoires (immunitaires ou infectieuses), les collagénoses, les dysplasies

    fibromusculaires, les séquelles radiques, peuvent être responsables d’un infarctus [3].

    C- Infarctus à coronaires angiographiquement saines:

    Environ 1 à 12 % des patients hospitalisés pour infarctus du myocarde

    présentent à la coronarographie des coronaires saines ou subnormales [102]. Plusieurs

    explications sont possibles [3, 102] :

    La myocardite peut mimer fortement un infarctus ; son diagnostic se fait devant un

    contexte infectieux.

    Le spasme coronaire : il peut soit déclencher la rupture d’une plaque d’athérome,

    soit aggraver la réduction du calibre coronaire sur une plaque rompue et peu

    thrombosée, ou bien constituer la cause primaire de l’infarctus. Il survient en cas

    de prise de cocaïne, de chimiothérapie au 5-fluorouracil, angor de prinzmétal.

    Thrombose reperméabilisée, ou coronarographie réalisée à distance ne permettant

    pas de visualiser la lésion.

    La cardiomyopathie de stress appelée syndrome de Tako-Tsubo, causée par un

    stress intense et associée à une élévation modérée des enzymes cardiaques,

    coronarographie normale, vaste territoire akinétique et absence d’ischémie

    myocardique à l’imagerie par résonance magnétique [103].

  • - 26 -

    Le thrombus du sinus de Valsalva qui reste un diagnostic rare : 14 cas décrits dans

    la littérature [102].

    D- Autres causes :

    1- Embolies coronaires :

    Les embolies coronaires sont rares, le plus souvent à point de départ dans le

    cœur gauche et d’origines multiples dominées par des emboles dues à une endocardite

    infectieuse, une tumeur cardiaque (myxome, fibroélastome), une embolie gazeuse au

    cours d’une chirurgie cardiaque [3, 104]. Plus rarement, il s’agit d’embolies

    paradoxales [3, 102]. Par ailleurs, les patients atteints d’un amylose cardiaque (dépôt de

    chaîne β plissée unique formée de différentes protéines sur le cœur) peuvent

    présenter des thrombus auriculaires, qui constituent une origine classique d’embolie

    coronaire [104].

    2- Lupus érythémateux disséminé :

    Le lupus érythémateux disséminé est une connectivite fréquente caractérisée

    par différentes atteintes (dermatologiques, rhumatologiques, neurologique, cardiaque,

    respiratoire et surtout rénale) [105]. L’infarctus du myocarde est une complication

    grave et sous estimée du lupus érythémateux disséminé, il survient chez des sujets

    jeunes dont le lupus est diagnostiqué depuis plusieurs années, parfois associé à un

    syndrome des antiphospholipides dans 15 à 30% des cas, ce qui explique la

    prédominance de thromboses extensives (artérielles et veineuses) et récidivantes

    [106-109].

    Cependant, l’athérosclérose précoce figure en premier lieu comme

    mécanisme physiopathologique de l’infarctus compliquant un lupus. Elle est

    plurifactorielle : lésions endothéliales immunes, traitement du lupus et facteurs de

    risque associés [106].

  • - 27 -

    3- Dissection coronaire :

    La dissection coronaire survient chez trois groupes de patients : patientes en

    post-partum à cause de la décharge hormonale entraînant des lésions de la média ;

    sujets athéromateux dont la dissection complique la fissuration d’une plaque, et enfin

    des sujets dépourvus de tout facteur de risque athéromateux dont la dissection peut

    survenir au cours ou après un effort physique. Dans ce dernier cas, on évoque des

    mécanismes lésionnels pariétaux de l’artère coronaire liés au myocarde lui-même et à

    des phénomènes spastiques en post-effort immédiat [110].

    4- Cause iatrogène :

    4-1/ Chirurgie : L’infarctus du myocarde en péri-opératoire est un événement fréquent et

    grave associé à une morbi-mortalité, et favorisé à des degrés variables par les

    techniques anesthésiques et chirurgicales. Le diagnostic d’infarctus est difficile dans

    le contexte péri-opératoire, le monitorage de l’électrocardiogramme et la cinétique des

    troponines permettent d’orienter les patients après opération pour une évaluation

    cardiovasculaire et thérapeutique.

    Afin de prévenir ces épisodes ischémiques, les β-bloquants doivent être

    introduits ou poursuivis au cours de la chirurgie vasculaire ; dans les autres types de

    chirurgie, ils doivent être discutés. En revanche, l’intérêt d’explorations

    complémentaires systématiques reste à confirmer [111].

    4-2/ Médicaments : La corticothérapie pourrait, par ses effets délétères sur le métabolisme

    glucidique, lipidique (hypertriglycéridémie et baisse du HDL-C) et sur la pression

    artérielle, entraîner l’aggravation de l’athérome par le biais de modification du noyau

    lipidique. Cependant, les antiagrégants plaquettaires augmenteraient l’incidence des

    hémorragies intraplaque compliquant la maladie athéromateuse [112].

  • - 28 -

    Le traitement par la Méthadone substitutif à l’usage des opiacés, peut être

    impliqué dans des cas d’infarctus du sujet jeune en absence de lésion athéromateuse.

    Trois cas sont rapportés dans la littérature [113].

    Il existe un risque accru de maladie coronarienne et de complications

    vasculaires chez les patients atteints du SIDA et sous traitement par des

    antirétroviraux. L’association de facteurs de risque cardiovasculaire et d’anomalies

    plus spécifiquement liées à l’infection VIH et au traitement antirétroviral

    (hypercholestérolémie, hypertension artérielle, insulinorésistance et obésité

    tronculaire) rend compte de ce risque accru [114].

    Différents travaux ont indiqué que la prise de contraceptifs oraux

    augmenterait le risque d’infarctus du myocarde. Une nouvelle étude montre que

    par rapport aux femmes qui ne sont pas sous contraceptifs oraux, celles qui prennent

    des contraceptifs de 2ème

    génération (progestatif = Lévonorgestrel) ont un risque

    d’infarctus plus élevé, celles sous contraceptifs de 3ème

    génération (progestatif =

    Desogestrel ou Gestodène) ont montré un risque plus faible. L’odds ratio (risque

    relatif d’infarctus) est égale à 2,5 et 1,3 respectivement [115].

    5- Hypothyroïdie infraclinique :

    L’hypothyroïdie infraclinique est définie par la co-existence d’une élévation

    de la TSH (plus de 4 à 5 mUI/l) et d’une concentration plasmatique normale des

    hormones libres thyroïdiennes. Elle est associée dans 30 % des cas à des signes

    cliniques d’hypothyroïdie (asthénie, prise de poids, frilosité) [116].

    L’hypothyroïdie infraclinique entraîne une athérosclérose accélérée. Les

    mécanismes les plus incriminés sont : les modifications des paramètres lipidiques

    (augmentation des taux du cholestérol total et du LDL-C) et de l’hémostase,

    l’inflammation, l’hypertension artérielle et un effet direct des hormones thyroïdiennes.

  • - 29 -

    Cependant, l’hypothyroïdie infraclinique doit être dépistée chez les patients

    dyslipidémiques et athéromateux [117].

    6- Traumatismes thoraciques :

    Les traumatismes thoraciques peuvent entraîner des infarctus qui sont en

    rapport avec une dissection d’un tronc coronaire épicardique. En général, le diagnostic

    est retardé à cause des manifestations bruyantes d’un polytraumatisme avec atteinte

    polyviscérale [3].

    7- Maladie de Behcet :

    La maladie de Behcet est une vascularite caractérisée par la triade : aphtose

    buccale, aphtose génitale et atteinte oculaire. L’atteinte artérielle est moins fréquente

    que celle veineuse (7 % contre 38 %) ; elle survient 3 à 8 ans après le début de

    la maladie et elle est plus fréquente chez l’homme jeune que chez la femme. Vingt cas

    décrits dans la littérature rendent l’atteinte coronarienne exceptionnelle lors de la

    maladie de Behcet ; l’étiopathogénie de l’insuffisance coronaire est liée à une

    thrombose leucocytoclasique qui peut entraîner des sténoses, des thromboses ou des

    faux anévrismes [118].

    8- Phéochromocytome :

    Le phéochromocytome de pronostic souvent favorable en cas d’exérèse,

    entraîne classiquement une cardiomyopathie hypertrophique obstructive du ventricule

    gauche. Cependant, la cardiomyopathie adrénergique reste rare et peut être associée à

    des manifestations cliniques, éléctrocardiographiques et biologiques mimant un

    véritable syndrome coronaire aigu. Le patient présente des nécroses myocardiques

    rudimentaires à cause des décharges catécholergiques entraînant une tachycardie et

    accroissement des besoins du myocarde en oxygène [119].

  • - 30 -

    IV- PHYSIOPATHOLOGIE :

    L’infarctus du myocarde est presque toujours la conséquence de l’occlusion

    brutale d’une artère coronaire à la suite d’un phénomène de rupture de

    plaque- thrombose endocoronaire. Ainsi, une nécrose myocardique survient à cause

    d’une ischémie prolongée [120].

    A- Ischémie myocardique prolongée :

    L’ischémie est la conséquence du déséquilibre entre l’apport d’oxygène aux

    myocytes et leur consommation. Elle est due à une chute du débit coronaire à cause

    d’une occlusion coronaire qui est le plus souvent aggravée par un vasospasme. Si elle

    est prolongée, elle conduira à une nécrose myocardique [3, 121].

    B- Nécrose myocardique :

    La nécrose progresse du sous endocarde vers le sous épicarde et du centre

    vers la périphérie de la zone myocardique à risque, et c’est un processus prolongé qui

    peut prendre jusqu’à 6 heures. L’étendue de la nécrose influence l’évolution et le

    pronostic de l’infarctus du myocarde [1, 3, 121].

    C- Conséquences de l’ischémie et de la nécrose :

    Sur le plan fonctionnel, l’infarctus va se caractériser par une altération de la

    fonction diastolique du ventricule gauche et par une diminution de la fonction

    systolique. On parlera de « sidération » myocardique lorsque la dysfonction

    ventriculaire siège dans un territoire rapidement reperfusé, entraînant une amélioration

    de la contractilité ventriculaire. En absence de nécrose, cette dysfonction peut devenir

    chronique s’il persiste une hypoperfusion myocardique dans ce territoire : le myocarde

    est dit « hibernant ou viable ». Cependant, le phénomène de « remodelage

    ventriculaire » survient lorsque les territoires nécrosés se dilatent après un

  • - 31 -

    amincissement de la zone infarcie fibrosée, ce qui entraînera une modification de la

    cinétique segmentaire du ventricule gauche [31, 120-122].

    V- DIAGNOSTIC :

    A- Diagnostic positif :

    1- Circonstances de survenue :

    Dans près de la moitié des cas, la douleur infarctoïde est authentiquement

    inaugurale. Dans 50 % des cas, elle est précédée, quelques heures ou quelques jours

    auparavant par des douleurs angineuses de repos réalisant un angor instable méconnu

    [120, 123]. Dans la majorité des cas, l’infarctus survient au repos, mais on peut

    retrouver dans les heures précédentes quelques facteurs déclenchants un stress

    émotionnel sévère ou un exercice physique intense [3, 123].

    La présence d’une variation circadienne dans la survenue de l’infarctus du

    myocarde est connue, avec une recrudescence durant les premières heures de la

    matinée de 6 à 12 h où il existe une élévation des catécholamines et du cortisol

    plasmatique, ainsi qu’une augmentation de l’agrégabilité plaquettaire [123, 124].

    Toutefois, l’infarctus peut débuter à tout moment du jour et de la nuit [123].

    2- Diagnostic clinique :

    2-1/ Douleur : La douleur typique de l’infarctus est une douleur angineuse rétrosternale

    médiothoracique, en «barre », constrictive à type de pesanteur en étau, à irradiations

    multiples vers l’épaule, le bras gauche ou les deux bras, les poignets, la mâchoire

    inférieure et le dos. Elle est très intense, accompagnée de dyspnée, d’angoisse, de

    sensation de mort imminente. Sa durée est prolongée au-delà de 30 minutes et peut

    persister plusieurs heures. Elle résiste à la trinitrine sublinguale et aux antalgiques

    périphériques usuels [31, 120, 121, 123, 125].

  • - 32 -

    Signes associés : La douleur s’accompagne souvent de nausées et de

    vomissements dans les infarctus transmuraux, notamment de localisation inférieure

    par réflexe vagal. La diarrhée est plus rare. Cependant, le patient peut avoir des

    éructations ou un hoquet. D’autres symptômes peuvent être révélés : des sueurs

    froides, une faiblesse, des vertiges, une agitation [120, 123, 125].

    2-2/ Examen clinique : En dehors de l’anxiété, de la douleur et parfois une fièvre modérée (38 à

    38,5 °C), l’examen est en général normal et pauvre, mais on recherche les signes

    cliniques d’une complication précoce :

    Les signes de choc : hypotension artérielle, agitation, confusion, vasoconstriction

    cutanée, bradycardie, pâleur ;

    Une insuffisance ventriculaire gauche : râles crépitants à l’auscultation des champs

    pulmonaires, associés à une tachycardie, un galop protodiastolique (B3) et une

    cyanose ;

    Des signes droits : turgescence jugulaire, reflux hépatojugulaire, témoignant d’une

    extension de l’infarctus au ventricule droit ;

    Autres signes : un frottement péricardique, une asymétrie tensionnelle.

    3- Electrocardiogramme :.

    L’électrocardiogramme (ECG) apporte le diagnostic, précise la topographie

    et définit le pronostic de l’infarctus. Il doit être réalisé en urgence et comporter : les 12

    dérivations classiques, les trois dérivations thoraciques postérieures V7, V8, V9 et les

    dérivations précordiales droites V3R, V4R. Les tracés doivent être répétés

    fréquemment en cas de doute et comparés à des anciens enregistrements [120, 121, 123,

    125, 126].

    L’interprétation de l’ECG devient difficile voire impossible en cas de bloc de

    branche gauche permanent, chez les patients porteurs d’un stimulateur cardiaque

  • - 33 -

    définitif ou lors du syndrome de Wolff- Parkinson- White [120, 121, 123, 127].

    3-1/ Infarctus transmural :

    L’électrocardiogramme permet de retrouver, successivement, les anomalies

    suivantes :

    Une onde T géante positive symétrique et pointue qui traduit l’ischémie sous

    endocardique. Cette onde est très précoce (30 à 60 min), transitoire et rarement

    observée [120, 121, 123].

    Un sus- décalage du segment ST, convexe vers le haut, englobant l’onde T (onde en

    dôme de Pardée) traduisant un courant de lésion sous épicardique, enregistré dans

    deux dérivations contiguës : supérieur à 2 mm dans les dérivations précordiales

    et 1mm dans les dérivations standards ; il s’inscrit dans les dérivations qui font face

    à la zone infarcie (signe direct) et il s’accompagne de signes en miroir (sous

    décalage du segment ST) dans les dérivations opposées ; ce critère renforce la valeur

    diagnostique d’un infarctus transmural en voie de constitution (Fig.9) [120, 121, 123,

    125, 126].

    L’onde Q de nécrose se constitue généralement entre la 4ème

    et la 6ème

    heure. Elle est

    significative lorsqu’elle est large (durée >0,04 sec) et profonde (>1/3 de la hauteur

    de l’onde R) [120, 121, 123].

    En quelques heures ou jours, le segment ST revient à la ligne isoélectrique

    alors que les ondes Q et T restent négatives. La persistance d’un sus-décalage de ST

    au-delà de quelques semaines doit faire craindre un anévrisme ventriculaire constitué

    [123]. L’aspect sequellaire de l’infarctus associe souvent une onde Q « définitive »,

    les ondes T se normalisent ou restent définitivement négatives [120].

  • - 34 -

    Figure 9. Électrocardiogramme caractéristique d’une nécrose antérieure en voie de

    constitution, avec une onde de Pardée dans le territoire antérieur étendu (de V2 à V6

    et en D1VL) et un miroir inférieur [121].

    3-2/ Infarctus sans onde Q :

    Dans les infarctus sans onde Q ou infarctus sous endocardiques, il n’y a pas de

    modification des complexes QRS mais simplement des troubles durables de

    repolarisation à type de sous décalage de ST ou d’anomalies de l’onde T. Ces

    anomalies se prolongent des heures ou des jours, ce qui les différencie des anomalies

    transitoires contemporaines d’une simple douleur angineuse [123]. Il s’agit donc d’un

    syndrome coronaire sans sus-décalage de ST, mais avec élévation de la troponine ce

    qui le qualifie d’un infarctus [121].

    3-3/ Diagnostic topographique :

    Dans une certaine mesure, l’électrocardiogramme permet de déterminer

    l’artère coronaire responsable de l’infarctus, ou l’une de ses branches [121, 123].

  • - 35 -

    Tableau II. Topographie de l’infarctus du myocarde [121, 123].

    Territoire de Dérivations électro- Artère coronaire

    L’infarctus cardiographiques responsable

    Antérieur :

    - Antéro- septal V1 à V3 Interventriculaire antérieure - Apical V3, V4 (IVA)

    - Antéro- septo- apical V1 à V4

    Inférieur :

    - Diaphragmatique D2, D3, aVF Coronaire droite ou circonflexe

    - Basal V7, V8, V9 (et R/S1 en V1)

    Latéral :

    - Haut D1, aVL Circonflexe ou diagonale

    - Bas V5, V6

    Etendu :

    - Antérieur étendu V1 à V6, D1, aVL Interventriculaire antérieure

    - Septal profond V1 à V4 et D2, D3, aVF Interventriculaire antérieure

    - Inféro-latéro-basal D2, D3, aVF et V5 à V9 Circonflexe ou coronaire droite

    Circonférentiel D2, D3, aVF, D1, aVL, Tronc commun gauche

    V1 à V6 IVA proximale ou plus rarement

    deux artères différentes coupables

    Ventricule droit V3R, V4R Coronaire droite

    4- Diagnostic biologique :

    Grâce au développement des techniques de dosage immunoenzymologiques,

    le dosage des marqueurs biochimiques d’atteinte myocardique repose actuellement sur

    des tests fiables et rapides. Ces prélèvements ne doivent pas retarder la mise en route

    du traitement, mais ils viendront confirmer le diagnostic [126].

    4-1/ Myoglobine : C’est un marqueur sensible et précoce de l’infarctus, détectable dans le

    sérum dès la 2ème

    -3ème

    heure avec un pic de concentration vers la 8ème

    heure. Non

    spécifique, elle s’élève également dans les traumatismes musculaires et l’insuffisance

  • - 36 -

    rénale. En revanche, elle a une bonne valeur prédictive négative : un taux inférieur à la

    limite normale (90µg/l) dans les cinq heures suivant une douleur thoracique infirme le

    diagnostic de l’infarctus. Si le dosage initial est normal, il faut le répéter 90 minutes

    plus tard [31, 121, 123, 126, 128]. Son dosage se fait par immunonéphélémétrie ou

    immunoturbidimétrie, rapide (15 min), peu onéreux et bien adapté aux situations

    d’urgence (peut être utile en préhospitalier) [120, 123, 128].

    4-2/ Créatine phosphokinase et ses

    isoenzymes : La créatine phosphokinase totale est une enzyme dimérique formée de

    l’association de deux sous unités distinctes entre elles : sous unité M (Muscle) et sous

    unité B (Brain). Son taux s’élève à la 6ème

    heure de l’infarctus. Ce marqueur est très

    sensible mais peu spécifique et s’élève dans les traumatismes musculaires, les

    rhabdomyolyses et les myocardites [123, 128].

    Il existe trois isoenzymes distinctes de la créatine phosphokinase: MM, MB

    et BB réparties dans des tissus différents. L’isoenzyme MB représente 5 à 25 % de la

    créatine phosphokinase du myocarde, mais elle existe également à l’état de traces dans

    certains tissus (utérus, prostate, intestin, pancréas). Toutefois, son élévation est plus

    spécifique d’une atteinte myocardique que la créatine phosphokinase totale. Le dosage

    de la CPK-MB doit se faire par détermination de la concentration et non de l’activité.

    La méthode immunoenzymololgique fournit les résultats en unité de masse : µg/l

    ou ng/ml (Normale = 5 à 10µg/l). La sensibilité du dosage devient supérieure à 90 %

    au-delà de la 4ème

    heure [123, 126, 128].

    4-3/ Troponines : La troponine est protéine régulatrice de l’activité contractile de l’appareil

    myofibrillaire du muscle strié, composée de trois sous unités : La troponine C, I et T.

    Seules les troponines I et T possèdent des isoformes cardiaques [121, 123, 128, 129].

  • - 37 -

    Les troponines sont dosées par méthode immunologique (Anticorps

    sélectionnés) avec un mode de détection par fluorescence ou chimiluminescence [130].

    Le diagnostic d’atteinte myocardique est posé au-delà de 0,5µg/l avec une spécificité

    très grande (98 %) [126, 131]. La sensibilité des dosages est voisine de 100 % à la 12ème

    heure après le début de la douleur et en reste là dans les cinq jours suivants ;

    cependant, elle est comparable à celles des autres marqueurs moins de six heures après

    le début des symptômes, ce qui justifie la répétition des dosages. En effet, les

    troponines I et T sont détectées entre 4 à 6 heures et leur pic sérique est atteint environ

    12 à 24 heures après le début de la douleur. Le retour aux valeurs normales survient

    dans les 5 à 7 jours suivants [130].

    Les intérêts des troponines I et T résident dans leur cardiospécicité

    permettant de confirmer rétrospectivement le diagnostic de l’infarctus avec un taux

    faible de faux positifs (associés à une douleur thoracique typique et à un sus décalage

    ST) et plus particulièrement lorsqu’il existe un doute diagnostic chez des patients vus

    en urgence, et après une chirurgie cardiaque ou non cardiaque. Elles participent

    également à la stratification du risque lors des syndromes coronaires aigus sans sus

    décalage de ST et à orienter vers une stratégie thérapeutique invasive [121, 123, 129,

    130]. L’élévation des troponines est fréquente chez les insuffisants rénaux chroniques

    asymptomatiques pour infarctus et permet une évaluation du risque cardiovasculaire

    chez ces patients [121, 130]. Des élévations minimes des troponines peuvent être

    constatées en l’absence d’ischémie myocardique (chez des patients atteints d’embolie

    pulmonaire, sepsis, insuffisance cardiaque) et constituent un signe de mauvais

    pronostic [121, 130, 132].

  • - 38 -

    4-4/ Autres marqueurs biochimiques :

    L’Aspartate aminotransférase (ASAT) ou transaminase glutamo-oxalo

    acétique (SGOT) augmente à partir de la 6ème

    -12ème

    et atteint son pic vers la 10ème

    -

    48ème

    heure au cours de l’infarctus. Cependant, cette élévation est peu spécifique

    également observée en cas de pathologie hépatique (avec l’alanine aminotransférase

    ALAT), d’atteinte musculaire périphérique et certaines péricardites. Son dosage

    a perdu d’intérêt [121, 123].

    L’élévation de la Lactate déshydrogénase (LDH) est plus retardée, à partir de

    la 12ème

    -24ème

    heure et se normalise vers le 8ème

    -14ème

    jour ce qui lui offre un intérêt

    pour le diagnostic rétrospectif des malades vus tardivement. Cependant, sa faible

    spécificité s’est améliorée par le dosage de son isoenzyme LDH1 (cœur, reins,

    hématies) et de son dérivé α-hydroxybutyrique déshydrogénase (α-HBDH) [121, 123,

    128].

    4-5/ Cinétique des marqueurs biologiques :

    En pratique, les dosages biologiques ne servent qu’à conforter le diagnostic

    d’infarctus du myocarde ou à l’écarter devant des symptômes atypiques. Dans le cas

    d’une prise en charge précoce (2 à 3 h), le dosage de la myoglobine est le plus utile.

    Après quelques heures (4 h) c’est la négativité du dosage de CPK-MB qui permet

    d’écarter le diagnostic d’infarctus. Parfois on pose le diagnostic de façon rétrospective

    (après 24h) sur une élévation isolée des CPK-MB, des troponines ou à défaut de la

    LDH1 [123, 126, 128, 133].

  • - 39 -

    Tableau III. Cinétique des marqueurs biologiques au cours de l’infarctus [133].

    Marqueur

    biologique

    Délai d’apparition après

    Le début de l’infarctus Seuil de

    positivité Pic sérique Délai de

    Normalisation Cardio-

    spécificité

    ASAT

    LDH

    CPK totale

    CPK-MB

    Myoglobine

    Troponine T et I

    6 à 12 h

    12 à 24 h

    4 à 8 h

    3 à 6 h

    2 à 4 h

    4 à 6 h

    > 45 UI/L

    >430 U/L

    >225 U/L

    5 à10µg/l

    90 µg / L

    0,5 µg/ L

    10 à 48 h

    3 à 5 j

    10 à 36 h

    10 à 18 h

    6 à 12 h

    12 à 24 h

    3 à 4 j

    8 à 14 j

    3 à 4 j

    2 à 3 j

    12 à 24 h

    5 à 7 j

    nulle à faible

    Faible

    Faible

    Moyenne

    Faible

    Forte

    4-6/ Brain Natriuretic peptide :

    L’intérêt du dosage du dosage du Brain Natriuretic Peptide (BNP) dans le

    diagnostic et le pronostic de l’insuffisance cardiaque est bien établi dans la littérature,

    sa sécrétion est sollicitée par une pression pariétale excessive. Le Nt-pro BNP, dérivé

    inactif du BNP, est un marqueur plus utilisé, du fait de ses concentrations

    plasmatiques plus élevées que celle du BNP ce qui rend ses dosages plus sensibles.

    Plus récemment, on a mis en évidence l’utilité du dosage du Nt-pro BNP dans la

    pathologie coronaire. Une ischémie de courte durée comme celle induite lors des

    procédures d’angioplastie, peut être responsable d’une sécrétion accrue du Nt-pro

    BNP. Cette notion conforte l’idée d’utiliser ce marqueur dans l’approche diagnostique

    et pronostique des syndromes coronaires aigus. La signification de cette élévation et

    son incidence en pratique ne sont pas encore clairement définis [134-136].

    Cependant, Bassand et al ont conclu à la supériorité du BNP dans le

    diagnostic de l’infarctus du myocarde sans élévation de ST par rapport aux

    CPK-MB et troponines. L’utilisation de ces deux marqueurs améliore la sensibilité

    (87,3 %) et la valeur prédictive négative (97,3 %) [137].

  • - 40 -

    5- Echocardiographie :

    Ces dernières années, la pratique précoce de l’échocardiographie chez les

    patients admis aux urgences a démontré son intérêt : elle est utile pour confirmer le

    diagnostic de l’infarctus du myocarde lorsque l’électrocardiogramme est litigieux et

    pour exclure certains diagnostics alternatifs comme une péricardite, une dissection

    aortique ou une embolie pulmonaire. Dans le cas où le diagnostic d’infarctus est sûr,

    l’échocardiographie permet de préciser l’étendue du territoire akinétique, d’évaluer la

    fonction ventriculaire gauche (globale et segmentaire) et de rechercher une éventuelle

    complication (insuffisance mitrale, rupture septale, thrombus intraventriculaire,…)

    [120, 121, 123, 138, 139].

    De nouvelles techniques échocardiographiques ont été développées,

    notamment l’échographie de contraste qui a deux applications : l’échographie de

    contraste cavitaire détecte les contours endocardiques et les masses intracardiaques ;

    l’échographie de contraste myocardique permet l’étude de la perfusion myocardique,

    l’évaluation de la taille de l’infarctus et l’appréciation de la viabilité myocardique. Ses

    résultats sont prometteurs malgré des obstacles techniques et logistiques [121, 139, 140].

    En combinant différentes incidences, parasternales, apicales 2 et 4 cavités et parfois

    sous costale, on obtient l’image échocardiographique, dont la qualité dépend de

    « l’échogénicité » du patient et de l’expérience de l’examinateur [123].

    6- Autres examens complémentaires d’urgence :

    Ils n’offrent pas d’intérêt pour le diagnostic positif de l’infarctus, mais sont

    utiles pour rechercher certaines complications et écarter d’autres diagnostics [123] :

    Le cliché thoracique de face est systématique dès l'admission à la recherche d'un

    oedème pulmonaire péribroncho-vasculaire ou alvéolaire et d'une cardiomégalie. Il

    contribue également à éliminer d'autres diagnostics de syndrome douloureux

  • - 41 -

    thoracique comme un pneumothorax, un infarctus pulmonaire, un élargissement

    médiastinal en faveur d'une dissection.

    La mesure percutanée de la saturation oxygénée (SaO2) au doigt est réalisée

    couramment évitant la ponction artérielle des gaz du sang. Une SaO2 à moins de

    95 % traduit une insuffisance ventriculaire gauche.

    L'étude hémodynamique par cathétérisme droit n'est plus justifiée sauf pour

    confirmer certaines formes compliquées et surtout suivre leur évolution : collapsus

    hypovolémique, choc cardiogénique, infarctus du ventricule droit.

    7- Explorations complémentaires :

    7-1/ Explorations isotopiques :

    Tomoscintigraphies myocardiques au thallium 201 et au 99mSesta-MIBI :

    La cardiologie nucléaire a acquis ces 20 dernières années une place

    importante dans la détection, la surveillance et la détermination du pronostic de la

    maladie coronarienne et de la viabilité myocardique. L’injection de produits

    radioactifs (Thallium ou agents technétiés) au repos ou après effort ou test

    pharmacologique permet d’étudier la perfusion myocardique, ce qui contribue au

    diagnostic de l’insuffisance coronaire. Les acquisitions tomographiques couplées à

    l’électrocardiogramme autorisent d’avoir la fonction myocardique (fraction d’éjection

    du ventricule gauche) et les volumes du ventricule gauche [141].

    Le thallium est un marqueur qui visualise sous forme d'une hypofixation

    l'ischémie myocardique, qu'elle soit transitoire ou définitive. Au cours de l'infarctus,

    l’hypofixation apparaît dès la 6ème

    heure et elle est définitive dans les zones de

    nécrose mais réversible dans les zones simplement ischémiques. Cependant, la mise

    en évidence de cette redistribution à la scintigraphie tardive (4ème

    -6ème

    heure) est en

    faveur de la viabilité [123].

  • - 42 -

    Le Technétium 99m Sesta-MIBI (méthoxy-isobutyl-isonitrile) permet une

    analyse tardive de l'ischémie initiale (jusqu'à 4 heures après) [123].

    Tomographie par émission de positons :

    Cette technique non invasive fournit des informations qualitatives et

    quantitatives sur le flux sanguin myocardique et le métabolisme cardiaque. Les

    isotopes émetteurs de positons utilisés (fluor 18, carbone 11, azote 13, oxygène 15)

    sont intégrés parmi les atomes de la matière vivante. Les zones nécrosées ne captent

    plus les acides gras marqués au carbone 11, tandis que les zones ischémiques mais

    viables fixent le 18fluoro-désoxy-glucose. Le coût onéreux des installations limite la

    pratique de cette technique [123].

    7-2/ Im agerie par résonance magnétique

    nucléaire : L'Imagerie par résonance magnétique (IRM) est une technique non invasive,

    ne faisant pas appel aux radiations ionisantes mais utilisant un champ magnétique qui

    excite les noyaux d’hydrogène (mise en résonance), puis ils retournent à leur état

    d'équilibre après un délai évalué par deux constantes de temps : T1, temps de

    relaxation longitudinale et T2, temps de relaxation transversale [123]. L’IRM permet

    de déterminer la fonction, la perfusion et la viabilité myocardique [142].

    L’imagerie par résonance magnétique nucléaire en mode ciné analyse la

    fonction ventriculaire gauche globale et régionale et peut détecter un infarctus de

    petite taille de même que les infarctus sous endocardiques [143, 144]. L’imagerie

    dynamique de la perfusion myocardique permet la reconnaissance de l’obstruction

    microvasculaire après infarctus ou contribue au diagnostic du syndrome coronaire

    aigu sans élévation du segment ST [143]. L’injection du Gadolinium-DOTA

    (produit de contraste) améliore la détermination de la zone nécrosée sur les images

    pondérées en T1 [123, 142, 143].

  • - 43 -

    L’IRM cardiaque de stress pharmacologique (après injection de dobutamine)

    permet d’étudier la perfusion myocardique, et/ou la fonction ventriculaire gauche

    régionale pour la détection de l’ischémie et/ou de la viabilité myocardique [143, 144].

    7-3/ Scanner spiralé multidétecteurs : Le scanner spiralé multibarettes à 16 détecteurs permet de détecter de

    manière non invasive l’existence d’une sténose coronaire significative avec une

    sensibilité de 85 % et une spécificité de 78 %. Les sténoses non décelées sont situées

    dans la circonflexe et les branches marginales [144].

    Le scanner spiralé multidétecteurs et l’imagerie par résonance magnétique

    nucléaire apparaissent comme des techniques prometteuses pour la détection et

    l’évaluation des patients présentant une athérosclérose coronaire. Le scanner apparaît

    plus efficace dans la détection des sténoses coronaires [144].

    7-4/ Coronarographie : La coronarographie est la seule méthode capable de définir en détail

    l’anatomie coronaire; elle comporte le cathétérisme des ostia des artères coronaires

    permettant leur opacification par un produit de contraste. Son objectif principal est de

    préciser la possibilité et l’indication d’un geste de revascularisation. Elle

    permet d’évaluer l’extension et la sévérité des lésions athéroscléreuses et de

    distinguer les atteintes mono-, bi- et tritronculaires [120, 146, 147]. Cet examen permet

    d’identifier les lésions à haut risque anatomique : celles concernant le tronc commun

    de la coronaire gauche et la partie proximale de l’artère interventriculaire antérieure

    [120].

    La coronarographie est réalisée dans plusieurs contextes différents [123] :

    Très précocement, dans les 12 premières heures, que le patient ait bénéficié ou non

    d'un traitement thrombolytique intraveineux, pour s'assurer de la perméabilité de

    l'artère coupable, et indiquer une éventuelle angioplastie ;

  • - 44 -

    Exceptionnellement, pour le diagnostic d’un infarctus atypique ;

    En cas de récidive ischémique ou de complication lors des premiers jours ;

    A titre d'inventaire lésionnel après un infarctus constitué, vers le 5ème

    -10éme

    jour.

    L’étude TIMI (thrombolysis in myocardial infarction) a permis d’évaluer la

    perméabilité coronaire en quatre grades [123] :

    - TIMI 0 : occlusion complète sans passage de produit de contraste ;

    - TIMI 1 : le produit de contraste franchit le site d'occlusion mais sans opacifier le lit

    d'aval de l'artère ;

    - TIMI 2 : le produit de contraste franchit le site de thrombose mais opacifie le lit

    d'aval avec retard ;

    - TIMI 3 : le produit de contraste opacifie toute l'artère sans retard.

    Les indications de la coronarographie à la phase aigue de l’infarctus sont

    rapportées dans le tableau IV. Les autres indications de cette technique sont : l’angor

    stable, l’angor instable, l’insuffisance cardiaque, les valvulopathies, avant chirurgie

    non cardiaque, après revascularisation [147].

    Tableau IV. Les indications de la coronarographie à la phase aigue de l’infarctus

    du myocarde [147].

    *Conditions optimales : opérateur réalisant plus de 75 procédures par an dans un centre réalisant plus de 200 procédures par an, avec chirurgie cardiaque à moins de 60 min (ACC/ AHA).

    Indications totalement justifiées :

    - Angioplastie réalisable en moins de 90 min dans des conditions optimales*

    - Age

  • - 45 -

    Il n’y a pas de contre- indication absolue à la coronarographie. Les contre-

    indications relatives sont rapportées dans le tableau V [147].

    Tableau V. Contre- indications relatives à la coronarographie [147].

    - Insuffisance rénale aigue ; insuffisance rénale chronique d’origine diabétique.

    - Saignement aigu gastro- intestinal.

    - Anémie sévère.

    - Anomalie importante de l’hémostase.

    - Infection aigue non traitée.

    - Endocardite valvulaire aortique.

    - Insuffisance cardiaque décompensée ou œdème aigu du poumon.

    - Artériopathie sévère limitant l’accès vasculaire.

    - Accident vasculaire cérébral aigu.

    - Hypertension artérielle sévère non contrôlée.

    - Déséquilibre hydro-éléctrolytique sévère.

    - Antécédent de réaction anaphylactoide au produit de contraste.

    Le risque de complication majeure est inférieur à 2 %, selon une étude

    multicentrique portant sur plus de 59 792 patients. Ces risques sont : Décès 0,11 % ;

    infarctus du myocarde 0,05 % ; accident vasculaire cérébral 0,07 % ; Arythmie

    0,38 % ; complications vasculaires 0,43 % ; réaction au produit de contraste 0,37 % ;

    complication hémodynamique 0,26 % [147].

    La coronarographie est une technique coûteuse, invasive, nécessitant une

    brève hospitalisation, mais sa morbidité est en train de diminuer grâce à l’amélioration

    du matériel (cathéters et produits de contraste) et à l’expérience cumulée par les

    opérateurs [123, 145, 147].

    B- Autres formes :

    Les formes indolores ne sont pas rares et pourraient concerner 15 à 20 % des

    cas. Le diagnostic se fait fortuitement en découvrant un aspect caractéristique

    d’infarctus sur l’électrocardiogramme ou d’une complication ; toutefois, un

  • - 46 -

    interrogatoire soigneux permet d’identifier ces cas. Ces formes indolores ou très peu

    douloureuses sont plus fréquentes chez les patients diabétiques en raison d’une

    atteinte du système nerveux végétatif, les hypertendus, ceux indemnes d’antécédents

    angineux et chez les sujets âgés [31, 120, 121, 123, 126, 255].

    Les formes pseudo-digestives sont fréquentes dans les infarctus de

    localisation postéro-inférieure et peuvent être responsables de retard diagnostique. La

    douleur est de siège épigastrique associée à des nausées, des vomissements, troubles

    de transit pouvant orienter vers une pathologie digestive aigue (ulcère, colique

    hépatique,…) [31, 120, 121, 123, 255].

    Il peut également s’agir de douleurs atypiques, par leur intensité, leur durée

    brève, leur localisation qui peut se limiter à l’une des irradiations habituelles (comme

    le bras, le dos, la mâchoire inférieure,…) et parfois trinitrosensibles [123]. Enfin, il

    peut s’agir de formes révélées par une complication : syncope, embolie systémique,

    œdème pulmonaire, état de choc ou des formes psychiatriques [28, 31, 123].

    C- Diagnostic différentiel :

    1- Péricardite aigue :

    Il s’agit d’un diagnostic différentiel fréquent. La péricardite aigue provoque

    une douleur thoracique comparable ou moins intense que celle de l’infarctus,

    généralement augmentée par l’inspiration profonde et calmée par la position penchée

    en avant. En outre, le contexte est souvent différent : adulte jeune d’emblée fébrile,

    anté