L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en!L’incontinence urinaire, qui se définit...

8
Quelle est la définition? L’incontinence urinaire, qui se définit comme une perte d’urine involontaire, est un problème fréquent chez la femme. Il peut entraîner des con- séquences psychologiques, physiques et sociales importantes. Heureusement, il existe des traite- ments, dont plusieurs sont nouveaux, qui permet- tent d’améliorer la qualité de vie des patientes affectées par cette maladie. Quelle est la prévalence? Cette maladie a des impacts médicaux, soci- aux et économiques importants qui sont pourtant peu considérés. La peur de perdre de l’urine en public peut limiter les sorties d’une personne qui serait autrement très active. Dans cet article : 1. Quels sont les facteurs de risque? 2. Quels sont les types d’incontinence? 3. Quels sont les traitements offerts? Par Luc Valiquette, MD, FRCS, et Michael McCormack, MD, FRCS Présenté à la Journée du département de chirurgie de l’Université de Montréal pour l’omnipraticien — La chirurgie au quotidien, le 6 juin 2003. L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en! Madame Pilon, âgée de 59 ans, vient vous consulter pour un examen de routine. Mal à l’aise, elle vous fait part qu’elle a, depuis quelque temps, des fuites d’urine qu’elle ne peut malheureusement pas contrôler, comme lorsqu’elle rit. « C’est tellement gênant!», vous dit-elle. Elle sort peu, car elle craint que cela lui arrive en public. Elle vous demande s’il existe un traitement susceptible de régler ce problème. Que lui répondez-vous? Le cas de Madame Pilon Pour plus de détails, voir la page 74 Pour plus de détails, voir la page 74

Transcript of L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en!L’incontinence urinaire, qui se définit...

Page 1: L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en!L’incontinence urinaire, qui se définit comme une perte d’urine involontaire, est un problème fréquent chez la femme. Il

Quelle est la définition?L’incontinence urinaire, qui se définit comme uneperte d’urine involontaire, est un problèmefréquent chez la femme. Il peut entraîner des con-séquences psychologiques, physiques et socialesimportantes. Heureusement, il existe des traite-ments, dont plusieurs sont nouveaux, qui permet-tent d’améliorer la qualité de vie des patientesaffectées par cette maladie.

Quelle est la prévalence?Cette maladie a des impacts médicaux, soci-aux et économiques importants qui sontpourtant peu considérés. La peur de perdre del’urine en public peut limiter les sorties d’unepersonne qui serait autrement très active.

Dans cet article :1. Quels sont les facteurs de risque?

2. Quels sont les types d’incontinence?

3. Quels sont les traitements offerts?

Par Luc Valiquette, MD, FRCS, et Michael

McCormack, MD, FRCS

Présenté à la Journée du département de chirurgie de

l’Université de Montréal pour

l’omnipraticien — La chirurgie au quotidien, le 6 juin 2003.

L’incontinence urinaire chez la femme :

Parlons-en!

Madame Pilon, âgée de 59 ans, vient vous consulterpour un examen de routine. Mal à l’aise, elle vous faitpart qu’elle a, depuis quelque temps, des fuites d’urinequ’elle ne peut malheureusement pas contrôler,comme lorsqu’elle rit. « C’est tellement gênant!», vousdit-elle.

Elle sort peu, car elle craint que cela lui arrive en public.Elle vous demande s’il existe un traitement susceptiblede régler ce problème.

Que lui répondez-vous?

Le cas de Madame Pilon

Pour plus de détails,voir la page 74Pour plus de détails, voir la page 74

Page 2: L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en!L’incontinence urinaire, qui se définit comme une perte d’urine involontaire, est un problème fréquent chez la femme. Il

Souvent, la personne affectée se cache, s’isole, restreintses activités physiques et sexuelles et dépense une for-tune en produits de protection. Ce problème affecte lapersonne autant sur le plan physique que sur le planpsychologique et peut même parfois mener celle-ci à ladépression. Sur le plan social, l’incontinence urinaireengendre des coûts importants et représente souvent unfacteur décisionnel pour le placement des personnesâgées en résidences.

Près de 50 % des femmessouffrent à un moment ou à unautre de leur vie d’inconti-nence urinaire, et ce, plus sou-vent de l’incontinence à l’ef-fort. Pour la plupart d’entreelles, l’atteinte est transitoire etne mène pas à une consultationmédicale. Cependant, plusieurs femmes souffrent ensilence, car elles croient qu’il n’y a rien à faire pourrégler ce problème ou que les traitements disponibles nesont pas efficaces. De plus, elles sont mal à l’aiselorsque vient le moment d’en parler à un médecin. Cettesituation persiste donc en raison d’un manque d’infor-mation auprès des patientes et même, des médecins.

Pourtant, au cours des 20 dernières années, la com-préhension des mécanismes sous-jacents à l’inconti-nence urinaire ainsi que les moyens diagnostiques etthérapeutiques pour y remédier ont beaucoup évolué.

Quels sont les facteurs de risque?Plusieurs facteurs peuvent contribuer au développe-ment de l’incontinence urinaire. Certains sont transi-

toires, comme une infection urinaire, la prise demédicaments, un délirium, un apport liquidien aug-menté, une mobilité restreinte ou la présence d’unfécalome. Ils doivent d’abord être suspectés, puis êtrepris en charge s’ils sont décelés.

Toutefois, les causes sont généralement établies.Certains facteurs locaux, comme les grossesses, lesaccouchements, l’hérédité, l’âge et les chirurgies

gynécologiques entraînent unrelâchement du plancherpelvien. Certaines maladiesneurologiques, pulmonaires,gastro-intestinales ou muscu-laires, de même que l’activitéphysique, peuvent aussi con-tribuer à ce relâchement. Deschangements au tractus uri-

naire surviennent également naturellement avecl’âge, prédisposant ainsi à l’incontinence urinaire.On ne doit cependant pas considérer l’incontinenceurinaire comme un processus normal du vieillisse-ment.

Quels sont les types d’incontinence?Il existe différentes classifications de l’incontinenceurinaire et il est préférable d’utiliser une classifica-tion faisant référence à la symptomatologie.

L’incontinence extra-urétraleDans de rares cas, la perte d’urine se produit par unautre orifice que l’urètre, comme par un uretèreectopique congénital ou par une fistule urétérovagi-

L’incontinence

Le Dr Valiquette est professeurtitulaire, Département de chirurgie del’Université de Montréal, et urologue,Centre hospitalier de l’Université deMontréal.

86 le clinicien septembre 2003

Près de 50 % des femmessouffrent à un moment ou à

un autre de leur vied’incontinence urinaire.

Le Dr McCormack est professeuradjoint de clinique, Département dechirurgie, Faculté de médecine,Université de Montréal, et urologue,Centre hospitalier de l’Université deMontréal.

Page 3: L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en!L’incontinence urinaire, qui se définit comme une perte d’urine involontaire, est un problème fréquent chez la femme. Il

nale ou vésicovaginale, résultat d’une complicationapparue à la suite d’une chirurgie gynécologique.

L’incontinence urétraleLes fuites d’urine par l’urètre sont de loin les plusfréquentes. Elles surviennent lorsque la pressionintravésicale dépasse la résistance urétrale. Cephénomène peut être dû soit à une diminution de lapression urétrale, soit à une augmentation de la pres-sion vésicale, soit à une combinaison des deux. Onsubdivise l’incontinence urétrale en plusieurs types :

1. L’incontinence à l’effortIl s’agit du type d’incontinence uré-trale le plus fréquemment rencontréchez la femme. L’incontinence àl’effort résulte en général d’unaffaiblissement du plancher pelvien,lequel déplace la jonction urétéro-vésicale et empêche la transmissionde pression à l’urètre. Lorsque lapression abdominale augmente (parexemple, si la patiente tousse, rit oufait de l’exercice), la pression uré-trale n’est pas suffisante et il en résulte une fuited’urine. Cette fuite varie selon l’intensité de l’effortdéployé. Dans certains cas, l’incontinence à l’effortrésulte d’une hypotonie de l’urètre, comme dans cer-taines atteintes neurologiques ou à la suite d’un trauma-tisme de l’urètre, lequel est généralement chirurgical.

2. L’incontinence d’urgenceAvec ce type d’incontinence, on observe habituelle-ment des contractions involontaires de la vessie quientraînent des fuites. Ce type d’incontinence fait par-tie du spectre de l’hyperactivité vésicale qui com-prend la pollakiurie et les mictions impérieuses, avecparfois en plus de l’incontinence d’urgence. Ainsi,lorsque la personne ressent un besoin urgent d’urineret qu’elle a le temps de se rendre aux toilettes, onparle de mictions impérieuses. Par contre, si une perte

d’urine survient « en chemin », il s’agit alors d’in-continence d’urgence. Des facteurs locaux, générale-ment une infection et parfois un calcul ou une tumeur,peuvent provoquer ce genre d’incontinence. Des cau-ses neurologiques, telles que la maladie de Parkinson,la sclérose en plaques ou un accident vasculairecérébral, sont parfois impliquées. Mais, le plus sou-vent, la cause de ces contractions involontaires estidiopathique et on parle alors d’une vessie instable.

3. L’incontinence par trop-plein ou paradoxale

Cette forme d’incontinence entraîneune pression vésicale élevée, car lavessie se remplit (souvent au pointd’être surdistendue), mais elle ne sevide pas normalement. Les fuites sontpresque continuelles et elles sont par-fois plus importantes lors d’un effortphysique, puisque ce dernier aug-mente la pression intra vésicale etentraîne l’évacuation d’une partie dutrop-plein. L’atteinte est secondairesoit à une obstruction infravésicale

chronique, soit à une atteinte neurologique qui rend lavessie hypotractile ou acontractile (neuropathie diabé-tique ou atteinte de la mœlle sacrée). Puisque cetteforme d’incontinence peut se présenter comme uneincontinence due à l’effort physique, le médecindoit demeurer particulièrement vigilant envers lespatientes qui présentent des atteintes neurologiques,qui sont âgées ou qui souffrent du diabète.

4. L’incontinence fonctionnelleElle fait référence aux causes non urinaires quinuisent au bon fonctionnement de la vessie. Elle estdue, par exemple, à l’atteinte des fonctions mentalessupérieures, à la prise de médicaments ou à uneatteinte physique qui réduit la mobilité de la patienteet l’empêche de se rendre aux toilettes à temps poururiner. Dans la plupart des cas, l’appareil urinaire est

L’incontinence

le clinicien septembre 2003 87le clinicien septembre 2003

POURQUOI SOURIT-IL?

Voir page 98

Page 4: L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en!L’incontinence urinaire, qui se définit comme une perte d’urine involontaire, est un problème fréquent chez la femme. Il

intact. Ce type d’incontinence est souvent rencontréchez les personnes âgées.

5. L’incontinence mixteFinalement, il arrive que certaines patientes présen-tent plus d’un type d’incontinence, lesquelles sonthabituellement l’incontinence à l’effort et l’inconti-nence d’urgence. On parle alors d’incontinencemixte.

Comment procéder à l’évaluation?L’évaluation s’effectue en 4 étapes (tableau 1) :

L’interrogatoireLors de la première visite, on procède d’abord àl’interrogatoire. Connaissant l’embarras qu’engendrecette affection, on doit créer un climat de confiancepour que la patiente puisse en parler librement. Lequestionnaire est l’étape la plus importante de l’éva-luation.

On prend soin de questionner la patiente non seule-ment sur ses antécédents gynécologiques, mais aussisur ses antécédents médicaux, neurologiques, chirur-gicaux et obstétricaux. L’accent doit être mis sur lesfacteurs de risque mentionnés précédemment ainsique sur la médication qu’elle prend déjà.

On précise ensuite les symptômes urinaires telsque la durée, la fréquence, le volume des mictionsainsi que des incontinences, les circonstancesentourant les fuites et le port ou non de produits de

protection. Il est également important de déterminerla gravité du problème en évaluant les conséquencesde l’incontinence sur les activités quotidiennes et surla qualité de vie de la patiente. Puis, on lui demandesi elle se sent prête à entreprendre un traitement, voiremême à subir une chirurgie.

On la questionne ensuite au sujet d’autres symp-tômes tels que la dysurie, les brûlures mictionnelles,la dyspareunie, les douleurs abdominales et la consti-pation. Les habitudes de vie sont également évaluéesafin de quantifier les consommations de caféine et dethé, car les xanthines sont des irritants du détrusor.Un des aspects les plus importants de l’interrogatoireest de déterminer l’impact de l’incontinence sur laqualité de vie des patientes, car ceci détermineensuite l’ampleur de l’investigation et des traitementsproposés.

L’examen physiqueAprès l’interrogatoire, on procède à l’examenphysique. Celui-ci comprend d’abord une évaluationsommaire de l’état de santé général et de la mobilitéde la patiente. Une observation de la démarche aidesouvent à déceler une atteinte neurologique. On exa-mine ensuite l’abdomen à la recherche d’un globevésical ou d’une masse. On vérifie l’intégrité neu-rologique du tractus urinaire en s’assurant de la con-traction volontaire du sphincter anal et du plancherpelvien (certaines femmes ignorent comment se servirdes muscles de leur plancher pelvien). Dans certainscas, une évaluation neurologique plus poussée s’avèrenécessaire.

Lors de l’examen pelvien, on évalue la qualité destissus (imprégnation œstrogénique). Un déficit dusupport pelvien (prolapsus de l’utérus, cysto-urétrocèle, rectocèle) peut être détecté en examinantles parois du vagin lors d’une manœuvre de Valsalva.

Si la patiente rapporte des antécédents d’inconti-nence à l’effort, on doit tenter d’objectiver la perted’urine lors d’un effort. On procède à un test de

L’incontinence

88 le clinicien septembre 2003

Tableau 1

Les étapes de l’évaluation

1. L’interrogatoire

2. L’examen physique

3. Le calendrier mictionnel

4. L’analyse et la culture des urines

Page 5: L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en!L’incontinence urinaire, qui se définit comme une perte d’urine involontaire, est un problème fréquent chez la femme. Il

continence sur vessie pleine et en position gyné-cologique, puis, s’il n’y a pas de perte de cette façon,on l’effectue en position debout. Il n’est pas toujoursfacile ou pratique de procéder à un test de continenceen cabinet, c’est pourquoi certains médecins se fientuniquement à l’interrogatoire pour déterminer le typed’incontinence. Il est important de préciser que cetteapproche est acceptable avant de proposer un traite-ment non invasif, mais que l’incontinence à l’effortdoit toujours être objectivée avant de soumettre lapatiente à une technique chirurgicale.

Le calendrier mictionnelÀ la fin de la visite, on demande à la patiente detenir un calendrier mictionnel pour une période de48 à 72 heures. Cette technique consiste à noter lasurvenue des mictions et des incontinences ainsi queles détails qui les entourent.

L’analyse et la culture des urinesOn doit toujours procéder à une analyse des urinesafin d’y rechercher du glucose, du sang, des leuco-cytes ou des nitrites. La culture des urines est souventdemandée en même temps que l’analyse des urinesafin de simplifier le processus, mais, idéalement, ellene devrait être demandée que si l’analyse des uriness’avère anormale.

Lors d’une visite subséquente, à la lumière de l’in-terrogatoire, de l’examen, du calendrier mictionnel etdu rapport de l’analyse des urines, on peut générale-ment poser un diagnostic présomptif et envisager unessai thérapeutique.

Doit-on référer la patiente àun urologue?Dans certains cas, on devra diriger la patiente enurologie afin d’effectuer une évaluation plus com-plète.

Le spécialiste poursuivra habituellement l’évalua-

tion par un bilan urodynamique qui comprendra unedébitmétrie, une cystométrie et une évaluation del’urètre. La débitmétrie permet d’effectuer unemesure objective de la miction et la cystométrie per-met d’étudier le comportement de la vessie pendantla phase de remplissage et durant la vidange vési-cale. Finalement, l’évaluation de l’urètre peut s’ef-fectuer par le profil urétral (qui permet la mesuredes pressions urétrales au repos, puis à l’effort) oupar la mesure de la pression de fuite (pression intra-abdominale nécessaire pour provoquer une fuite).

Quels sont les traitements offerts?Le médecin doit adapter le traitement selon le diag-nostic posé, mais aussi selon la gravité de l’atteinteet la volonté de la patiente. Le clinicien doit tou-jours tenter les mesures les plus simples d’abord,

L’incontinence

Agent anti-inflammatoire et analgésique. Monographie du produit offerte sur demande.Il faut respecter les mises en garde générales sur les AINS.

Soirée debridge enperspective

CELEBREXMD est une marque de commerce déposée utilisée par Pharmacia Canada Inc. avec l’autorisation deG.D. Searle & Co.

Page 6: L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en!L’incontinence urinaire, qui se définit comme une perte d’urine involontaire, est un problème fréquent chez la femme. Il

l’objectif du traitement étant de redonner à lapatiente une qualité de vie acceptable le plus rapi-dement possible.

Si une infection est décelée, le médecin doit traitercelle-ci et réévaluer la patiente si l’incontinence per-siste à la suite du traitement.

Les traitements comportementauxLe médecin peut suggérer un traitement comporte-mental, lequel est souvent utilisé en associationavec d’autres traitements. Il s’agit de modifier descomportements et, ainsi, d’atténuer les symptômessans nécessairement traiter la cause. Plusieurspatientes auront déjà adopté ces mesures spontané-ment avant même de consulter. Planif ier lesmictions, localiser les toilettes lors de sorties etpréférer des endroits où l’accès à celles-ci est plusfacile, modifier certaines habitudes alimentaires(consommer moins de caféine, par exemple) etdiminuer l’apport liquidien, voilà de bons exemplesd’adaptations comportementales. Les patientesâgées, par exemple, prennent parfois des diuré-tiques en soirée, ce qui peut être la cause d’une noc-turie ou d’une énurésie. En ce sens, une modifica-tion de l’horaire de la prise des médicaments peutparfois améliorer la situation.

La rééducation périnéaleUne autre thérapie, effectuée par la patiente, est la réé-ducation des muscles du plancher pelvien par lesexercices de Kegel. On peut noter une améliorationallant de 30 % à 50 % chez les patientes qui souffrentd’incontinence à l’effort et qui effectuent ces exerci-ces. La patiente doit d’abord apprendre à reconnaîtreles bons muscles à contracter (que le médecin peutpalper lors de l’examen afin de les lui montrer), puisse conformer à la prescription d’exercices. Elle doiteffectuer de 10 à 20 contractions de 10 secondesplusieurs fois par jour pendant au moins 6 semainesavant de pouvoir noter une amélioration. Lespatientes qui se montrent incapables d’identifier les

muscles en question peuvent être aidées par unthérapeute qui utilisera soit des thérapies manuelles,soit la méthode du biofeedback ou de l’électrostimu-lation. Les thérapies de rééducation requièrent unegrande motivation de la part de la patiente, mais ellespermettent de retrouver une continence acceptabledans bien des cas.

Les médicamentsPlusieurs traitements et médicaments existent pourtraiter l’incontinence urinaire, dont l’hor-monothérapie, les agonistes adrénergiques, les anti-cholinergiques, les relaxants musculaires ainsi qued’autres médicaments expérimentaux.

L’hormonothérapieLes œstrogènes peuvent également être utilisés pourtraiter les patientes ménopausées qui présentent uneincontinence à l’effort et/ou d’urgence, particulière-ment si une atrophie vaginale est détectée à l’examen.Ces agents améliorent la qualité des tissus périuré-traux et vaginaux, permettant ainsi un meilleur sup-port pelvien, et ils élèvent parfois également le seuilde contractilité du détrusor. Ils peuvent être admi-nistrés de façon orale ou topique. Chez une patientenon hystérectomisée, on doit ajouter des progestatifsaux œstrogènes afin d’éviter une hyperplasie de l’en-domètre s’ils sont utilisés pendant une longue pério-de. Certaines études récentes remettent en questionnon seulement le rôle de l’hormonothérapie de rem-placement, mais particulièrement son rôle dans l’in-continence à l’effort. Le progrès de la recherchemédicale à ce sujet est à suivre au cours desprochaines années.

Les agonistes des récepteurs alpha-adrénergiquesPour ce qui est de l’incontinence due au stress, cer-tains médicaments peuvent être utilisés dans le butd’augmenter le tonus urétral. Il s’agit des agonistesdes récepteurs alpha-adrénergiques, comme la

L’incontinence

92 le clinicien septembre 2003

Page 7: L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en!L’incontinence urinaire, qui se définit comme une perte d’urine involontaire, est un problème fréquent chez la femme. Il

phénylpropanolamine ou les inhibiteurs du captage dela sérotonine. Leur emploi est exceptionnel en raisonde leurs effets indésirables, mais de nouvelles étudessemblent démontrer un rôle prometteur de ces agentspour traiter l’incontinence à l’effort.

Les anticholinergiquesPour le traitement de l’incontinence d’urgence, lesmédicaments occupent une place importante puisqu’ilspermettent de relaxer le muscle détrusor. Les anti-cholinergiques purs, comme l’oxybutynine, inhibent oudiminuent les contractions involontaires du détrusor etaugmentent la capacité vésicale. Ils entraînent cepen-dant plusieurs effets indésirables, dont les plusfréquents sont une sécheresse de la bouche, une visiontrouble, une constipation et, parfois, une rétention uri-naire. Ils doivent être utilisés avec prudence par lespatientes atteintes de glaucome à angle fermé non traité.Un nouveau médicament, la toltérodine, a été spéciale-ment développé pour traiter les symptômes d’hyperac-tivité vésicale. Ce médicament entraîne moins d’effetsindésirables que les anticholinergiques, particulière-ment pour ce qui est de la sécheresse de la bouche.Depuis deux ou trois ans, l’oxybutynine et la toltérodinesont disponibles en doses uniquotidiennes, ce quifacilite la compliance et permet d’augmenter la dosequotidienne totale tout endiminuant les effets indési-rables par le biais d’unediminution des pics de concen-tration sérique.

Les autresmédicamentsCertains relaxants musculaires,comme le flavoxate, agissentdirectement sur le muscle lisse.Ils produisent moins d’effetssecondaires anticholinergi-ques, mais ils demeurent toutde même peu utilisés. Les anti-

dépresseurs tricycliques, comme l’imipramine, sontparfois utilisés pour leurs effets anticholinergiques etrelaxants sur le détrusor. Ils exercent aussi un effetalpha-adrénergique au niveau du col vésical. Leurs

L’incontinence

À retenir...La prévalence

• L’incontinence à l’effort représente le typed’incontinence le plus fréquemment rencontré chez lafemme.

• Si une infection est décelée, le médecin doit traitercelle-ci et réévaluer la patiente si l’incontinencepersiste à la suite du traitement.

L’évaluation

• Un des aspects les plus importants de l’interrogatoireest de déterminer l’impact de l’incontinence sur laqualité de vie des patientes, car ceci détermineensuite l’ampleur de l’investigation et des traitementsproposés.

Le traitement

• Plusieurs traitements et médicaments existent pourtraiter l’incontinence urinaire : l’hormonothérapie,les agonistes adrénergiques, les anticholinergiques,les relaxants musculaires ainsi que d’autresmédicaments expérimentaux.

• Le traitement chirurgical doit être exclusivementréservé aux patientes auprès desquelles les autresmodalités thérapeutiques ne se sont pas avéréesefficaces.

Indiqué comme traitement d’entretien de l’asthme chez les patients lorsque l’utilisation d’une associationmédicamenteuse est jugée appropriée. Consulter la monographie pour la sélection des patients, lesmises en garde, les précautions et les effets indésirables.

Mississauga (Ontario) L5N 6L4

Page 8: L’incontinence urinaire chez la femme : Parlons-en!L’incontinence urinaire, qui se définit comme une perte d’urine involontaire, est un problème fréquent chez la femme. Il

L’incontinence

95le clinicien septembre 2003

effets indésirables potentiels sont l’hypotension ortho-statique et la confusion, en plus des effets anticholi-nergiques. C’est pour cette raison qu’ils doivent êtreutilisés avec prudence, surtout dans le cas de patientesâgées.

Les injections d’agents neurotoxiques, dont la cap-saïcine et la toxine botulique, sont utilisées depuis peu.Elles permettent de corriger l’incontinence d’urgencetout en produisant une dénervation transitoire du musclevésical. Cependant, ces injections sont seulement uti-lisées au stade expérimental, elles coûtent cher et ellesdoivent être répétées, puisque leur durée d’action est li-mitée à seulement quelques mois.

La chirurgieLe traitement chirurgical doit être exclusivement réservéaux patientes auprès desquelles les autres modalitésthérapeutiques ne se sont pas avérées efficaces. Lachirurgie demeure un traitement de choix pour l’inconti-nence à l’effort et elle possède un taux de succès de 80 %à 90 % 5 ans après le traitement. L’urétropexie consiste àredonner un soutien anatomique à l’urètre et à la jonctionurétéro-vésicale. Elle peut être pratiquée par voie abdo-minale, vaginale, percutanée ou laparoscopique.L’urétropexie rétropubienne a longtemps été la techniquede choix. Cependant, depuis quelques années, les tech-niques de cystopexie par bandelette sous-urétrale ont per-mis de simplifier la technique, de diminuer la période deconvalescence ainsi que la morbidité, tout en offrant desrésultats semblables ou supérieurs. La cystopexie percu-tanée par bandelette sous-urétrale (le TVT) présente lesavantages de se pratiquer en chirurgie d’un jour et de per-mettre une convalescence très rapide (deux ou troissemaines) en raison d’une absence d’incision musculaire.

Le médecin peut également procéder à des injectionspériurétrales de collagène, de graisse ou de polymèresbiocompatibles, dans certains cas. D’autres procéduresplus complexes sont également utilisées, mais ce, plusrarement.

Les interventions chirurgicales pour traiter l’inconti-nence d’urgence sont peu fréquentes et plus complexes;elles sont réservées aux atteintes graves. Le médecin peutenvisager la mise en place d’implants sur les racinessacrées afin d’effectuer une neuromodulation. Les cysto-plasties d’agrandissement vésical et les techniques dedénervation vésicale sont également parfois utilisées.

Les traitements palliatifsDans certains cas, en particulier chez les patientes quisouffrent de débilité, les traitements mentionnésprécédemment sont difficilement applicables. Lemédecin a alors recours à des traitements palliatifs : leport de couches ou la sonde à demeure. Ces mesures sontégalement utilisées en cas d’échec des autres traitements.Des bouchons urétraux et des appareils collecteursféminins sont à l’étude depuis plusieurs années, mais lesrésultats ont jusqu’à maintenant été décevants en raisonde problèmes d’ajustements ou d’infections urinaires.

Suggestions de lecture

1. Couture, JA, Valiquette, L : Urinary incontinence. AnnalsPharmacother. 34(5):646, 2000.

2. Borrie, MJ, Valiquette, L : Managing adults with urinaryincontinence. Canadian Family Physician 48:114, 2002.

3. Moore, KN, Saltmarche, B, Query, A : Urinary incontinence.Non-surgical management by family physicians. Can FamPhysician. 49:602, 2003.

4. Serels, S, Stein, M : Meta-analysis of four different surgicaltreatments for stress urinary incontinence. Can J Urol 4(1):300,1997.

5. Haeusler, G, Leitich, H, van Trotsenburg, M, et coll. : Drugtherapy of urinary urge incontinence: A systematic review.Obstet Gynecol 100(5 Pt 1):1003, 2002.

Voir les questions les plus fréquemment

posées au sujet de l’incontinence

urinaire dans la rubrique Consultation

éclair à la page 19.

Clin

www.stacommunications.com

Cet article est disponible en ligne.Visitez Le Clinicien.