L’immortel Fabien N°1139 du vendredi 26 octobre 2018 Eboussi … · GRAND-NORD La mort politique...

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GRAND-NORD La mort politique de Garga Haman Adji L’immortel Fabien Eboussi Boulaga Lire l’hommage de Paul-Aarons Ngomo, universitaire. P. 8 400 FCFA Tri-hebdomadaire régional d’informations du Nord-Cameroun N°1139 du vendredi 26 octobre 2018 Directeur de la Publication : Guibaï Gatama Réélection de Paul Biya Entre euphorie et désolation à Ngaoundéré P. 5 Nord/Extrême-Nord Déjà 39 morts de choléra P. 2 Emprunt obligataire 26,7 milliards FCFA de financements en vue pour le Grand-Nord P. 7 P. 5 Mayo-Moskota 09 femmes enlevées à Tchebetchebé par Boko Haram P. 2 Yaoundé Comment les Nordistes valorisent leur art culinaire P. 9

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GRAND-NORD

La mort politiquede GargaHaman Adji

L’immortel FabienEboussi BoulagaLire l’hommage de Paul-AaronsNgomo, universitaire. P. 8

400 FCFA

Tri-hebdomadaire régional d’informations du Nord-Cameroun N°1139 du vendredi 26 octobre 2018

Directeur de la Publication : Guibaï Gatama

Réélection de Paul BiyaEntre euphorieet désolation àNgaoundéré

P. 5

Nord/Extrême-NordDéjà 39 mortsde choléra P. 2

Emprunt obligataire 26,7 milliards FCFA de financementsen vue pour le Grand-Nord P. 7

P. 5

Mayo-Moskota09 femmes enlevées àTchebetchebé par Boko Haram

P. 2

YaoundéComment lesNordistes valorisentleur art culinaireP. 9

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S a n t é L’OE I L DU SAHEL N°1139 du vendredi 26 octobre 20182

Par Olive Atangana

André Mama Fouda les aprésentés comme des «projetsdécisifs pour notre système desanté». Parce que, «les résul-tats escomptés seront plus quedéterminants, pour l’atteintedes objectifs de réduction demortalité maternelle etinfanto-juvénile et atteindrenotre objectif qui est de 400-500 000 poches de sang sécu-risées par an», soutient leministre de la Santé. Les pro-jets concernés ici sont ceuxd’Appui à la Santé Maternelle,Néonatale et Infantile(Pasmni) et du renforcementdu système national de trans-fusion sanguine au Cameroun.La cérémonie de lancementofficiel de ces deux projetsmajeurs, s’est tenue à Yaoundéle 25 octobre 2018. D’un mon-tant total 36 milliards de Fcfa,ils s’étendent sur quatre ans etsont le fruit de la coopérationentre la Banque islamique dedéveloppement (BID) et leCameroun. «Ce financementde la Banque islamique dedéveloppement consiste àcontribuer à la réduction de lamortalité maternelle et infan-tile au Cameroun. Il s’agitprincipalement d’appuyer leprogramme de santé mater-nelle et aussi renforcer le sys-tème national de transfusionsanguine. Ça constitue uneétape importante pour l’amé-lioration de la qualité de sesprojets. Il s’agissait pour nous,de venir partager avec les dif-férents acteurs du projet lesprocédures de passation demarché, d’échanger sur les

procédures de décaissement,pour que l’exécution des pro-jets soit diligentée, et que lesressources soient au bénéficedes populations dans les meil-leurs délais», a expliquéMamadou Alpha Bah, chargédes opérations santé au bureaurégional d’Abuja, à la BID.

La mise en œuvre de cesprojets va bénéficier de l’ex-pertise des agences duSystème des Nations-Uniesdont l’OMS, l’Unicef etl’Unfpa. En ce qui leconcerne, le Fonds desNations Unies pour laPopulation, il va apporter sonexpertise dans la santé de lareproduction en général, etdans la réduction de la morta-lité maternelle et néonatale enparticulier. Le projet qui vacouvrir 35 districts de santéde cinq régions que sontl’Extrême-Nord, le Nord,

l’Adamaoua, le Centre etl’Est. «Ces districts de santéont été choisis car présentantun accès très limité aux pres-tations de service mais égale-ment là où nous enregistronsles plus mauvais indicateursde santé notamment sur ladimension mortalité mater-nelle, infantile et juvénile.Vous comprenez donc pour-quoi nous ciblons prioritaire-ment les femmes enceintes, lesnouveau-nés et les enfants demoins de 5 ans. Nous sommeségalement concernés par lephénomène des grossesses pré-coces qui sont à la base desfistules obstétricales», faitsavoir le Minsanté. La contri-bution de l’Unfpa vise ainsi laformation des sages-femmeset maïeuticiens, le renforce-ment des capacités du person-nel, la réparation des fistulesobstétricales et l’augmenta-

tion des capacités d’accueildans les écoles de sages-femmes et maïeuticiens, l’ap-pui à l’approvisionnement enmédicament, équipements etintrants. Celle de l’Unicef quiest davantage technique,s’étend sur entre autres, l’ac-quisition des médicaments,équipements et consommablesmédicaux et le développementdes capacités des ressourceshumaines et institutionnelles.

SYSTÈME DE TRANSFU-SION SANGUINE

Le 2e projet lui, concerned’ici cinq ans, le renforcementdu système de transfusion san-guine ; domaine qui incombe àl’OMS. Les besoins en pochede sang au Cameroun sont del’ordre de 4000 à 5000poches. «Ce projet va donc ser-vir à mettre définitivement enplace un système moderne de

transfusion sanguine pourqu’on puisse assurer la dispo-nibilité des produits sanguinsde qualité et en quantité suffi-sante sur l’ensemble du terri-toire. Vous avez donc comprisque nous aurons cinq centresultramodernes de transfusionssanguine dont un centre natio-nal de référence et 4 centresinterrégionaux. De même quenous allons aménager et équi-per 98 dépôts de sang dansdivers hôpitaux de districts etrégionaux», énumère leMinsanté. Pour lui donc, «Cesont donc globalement 36 mil-liards qui sont consacrés ausecteur de la santé. Nous tra-versons aujourd’hui unegrande étape, avec ce finance-ment de près de 63 millions dedollars pour que nous puissionsbooster les actions en directionde la lutte contre la mortalitématernelle et infanto-juvénileet la mise en place d’un sys-tème moderne de collecte et detransfusion sanguine». Et deconclure : «Je voudrais vousrassurer que toutes les disposi-tions sont prises pour le res-pect des engagements queprend le gouvernement pour lamise en œuvre efficiente de cesdeux surtout projets mais éga-lement pour le respect des pro-cédure. Je suis persuadé qued’ici trois- quatre ans, leCameroun va changer vérita-blement de visage. Nous per-suadés que la mortalité mater-nelle et infanto-juvénile vacontinuer à régresser et sur-tout que nous allons atteindrenotre objectif qui est de 400-500 000 poches de sang sécu-risées par an».

CAMEROUN. Cet argent est destiné à deux projets qui concernent cinq régions et 35 DS.

36 milliards de Fcfa améliorer le système de santé

Tous unis pour un meilleure système de santé.

Par O. A

L’épidémie de choléra quisévit dans certaines régions duCameroun a déjà provoquéselon un nouveau décomptepublié le 23 octobre par lesautorités sanitaires provoquéla mort de 39 personnes dansles régions du Nord et del’Extrême-Nord. Soit 34 auNord et 5 à l’Extrême-Nord oùon assiste à «une augmenta-tion importante des cas»,regrette notre source. De cesdécès, 18 sont hospitaliers et16 communautaires pour larégion du Nord, et les cinq del’Extrême-Nord sont commu-nautaires. Les deux régionsenregistrent ainsi respective-ment, 17 et 13 nouveaux cassuspects. La maladie dontl’épicentre est la partie septen-trionale du pays, notammentles régions du Nord et del’Extrême-Nord a déjà étendu

ses tentacules dans d’autresrégions, dont le Centre et leLittoral. Et même si d’autrescas n’y ont pas été notifiés,elles ont été placées sous sur-veillance épidémiologique.D’après le dernier rapport surla situation épidémiologique,le pays compte déjà 600 cas

suspects confirmés, dont 501cas et 34 morts recensés dansla seule région du Nord, qui estde loin la partie du pays la plustouchée par cette épidémie.Celle de l’Extrême-Nord tota-lise 21 cas et occupe le 2erang. Son taux de létalité estde 23,8%, pour 11 patients

guéris et cinq en cours de trai-tement.

Aussi, les autorités sani-taires dénombrent 20 hospita-lisations au 22 octobre, danscinq DS des régions du Nord etde l’Extrême-Nord. Soit cinq àGolombe, un à Pitoa, trois àGaroua I, six à Bibemi et cinqà Makary. Suffisant pour ledéploiement de l’équipe régio-nale et de l’équipe cadre dudistrict dans l’aire de santé deFotokol et d’une équipe d’éva-luation de la réponse à l’épidé-mie menée par laDLEMP/Minsanté dans cesdeux régions. Bien plus, desactivités de sensibilisation,poursuite de la rechercheactive des cas dans les DS enépidémie dans les régions duNord et de l’Extrême-Nord,investigation des cas etrecherche des personnescontacts dans les DS en épidé-mie sont aussi en cours. La

prise en charge des cas etWASH ne sont pas en reste,avec l’aménagement d’un UTCdans l’aire de santé de Sagmeà Makary, pour la prise encharge des cas. Les autoritéssanitaires ont aussi procédé àla sensibilisation des commu-nautaire dans les grands mar-chés périodiques à l’Extrême-Nord. Dans cette région, il estaussi entre autres prévu, l’or-ganisation d’une campagne desensibilisation contre la mala-die, dans les DS de Makary etMada et l’installation des lave-mains dans les lieux publics dela ville de Makary. Au Nord, laformation de 230 ASC dansles districts de Ngong et Poli,l’investigation dans les quar-tiers et villages actifs figurentau tableau des actions àmener. Sauf que, les restric-tions sécuritaires dans la zoneen épidémie à l’Extrême-Nordest une difficulté majeure.

NORD/EXTRÊME-NORD. 17 et 13 nouveaux cas suspects y ont été respectivement notifiés, et 20 hospitalisations enregistrés dans cinq DS de ces régions.

Déjà 39 décès liés au choléra

André Mama Fouda. Attention au choléra.

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A c t u a l i t éL’OE I L DU SAHELN°1139 du vendredi 26 octobre 2018 3

Par Jean Areguema

Seul établissement privéd’enseignement supérieur dansla région de l’Extrême-Nord,l’Institut supérieur des tech-niques appliquées et de mana-gement (Istam) est sous latutelle académique de l’univer-sité de Maroua. C’est à ce titreque le recteur de cette institu-tion universitaire a remis enfin de semaine dernière auxétudiants de l’Istam, des ordi-nateurs PBHEV, dons du chefde l’Etat aux étudiants came-rounais. Fait particulier ici,seulement 20 ordinateurs sontofferts aux étudiants en annéede licence professionnelle. Enremettant aux bénéficiaires legeste de générosité de PaulBiya, le Pr Idrissou Alioum adit concrétiser la vision dudonateur à ses compatriotesétudiants inscris à l’Istam.«C’est la matérialisation de lavision du chef de l’Etat en rap-port avec l’arrimage de l’en-seignement supérieur à l’éco-nomie numérique. Les dons de700 ordinateurs du Chef del’Etat concernent tous les étu-diants inscris dans les universi-tés d’Etat et également ceuxinscris dans les instituts privésd’enseignement supérieur.

Aussi, sommes-nous en droiteligne de la vision du chef l’Etaten rapport avec la gouver-nance universitaire. Les étu-diants de l’ISTAM sont égale-ment des étudiants de l’univer-sité de Maroua» a fait remar-quer le recteur. D’après lui, lesInstituts privés d’enseigne-ment supérieur (IPES) consti-tuent des partenaires de choixpour les universités d’Etat. Latutelle académique de l’Istamque son institution assure estla matérialisation de l’accom-pagnement du ministère de

l’enseignement supérieur. Carils proposent des offres de for-mation de qualité, et de ce fait,répondent aux grands besoinsde formation des diplôméscamerounais. A l’instar desautres IPES du pays, l’institutsupérieur des techniquesappliquées et de managementoffre des formations profes-sionnelles dans plusieursdomaines avec à la clé l’obten-tion d’un BTS, d’une Licenceprofessionnelle ou d’un masterprofessionnel. Selon le rec-teur, les diplômes obtenus à

l’université de Maroua et ceuxobtenus à l’Istam se valent surle marché de l’emploi. En fai-sant cette précision, le PrIdrissou Alioum voulait ainsirassurer les étudiants del’Istam de la qualité de leurformation. «Les ordinateursremis vont aider les étudiantsà la fois dans leurs activitésacadémiques, pédagogiquesque dans leurs activités derecherche», a indiqué le rec-teur. Un avis partagé parFadimatou Hamadou, bénéfi-ciaire. Elle dit compter sur

l’ordinateur reçu pour boosterses travaux académiques. «Jen’avais pas cru que ça devraitêtre possible pour les étu-diants de l’ISTAM. D’abord jevoyais la remise des ordina-teurs aux étudiants à la télé.Après ce sont les étudiants deMaroua qui en ont bénéficié.Malgré cela, je n’avais pas cruque ça sera aussi possible pournous. Mais aujourd’hui c’estla réalité. Je pense que cetordinateur va m’aider dansmes travaux académiques etde recherches», se réjouit-t-elle. Pour le promoteur del’Istam, l’accompagnement del’enseignement supérieur àtravers l’université de Marouadont il bénéficie, améliorera àcoup, la qualité de la forma-tion de ses étudiants.«L’impact des ordinateurs seratrès important. Nous ensommes très contents.Aujourd’hui nous vivons dansun monde plus en plus numé-rique. Il faut aller sur internet,faire des recherches pour sontravail. Donc, je pense que lesordinateurs remis aux étu-diants vont leur permettred’être connectés au mondeentier. Et l’impact sera certai-nement de très bonne qualité»a apprécié Issa Hamandjoda.

MAROUA. C’est la concrétisation des dons promis par le Chef de l’Etat.

Des ordinateurs PHeV remis aux étudiants de l’ISTAM

PHev...c’est notre tour

Par N.N

Le communiqué duChristophe Mien Zock, le

directeur général du palais desCongrès de Yaoundé est clairet rassure, à la suite de l’in-cendie qui s’est déclaré dans

l’un des halles de ce grand édi-fice, situé à Yaoundé. Dans sacorrespondance, le DG despalais des congrès informe lepublic que ce jeudi 25 octobre2018, aux environs de 8heures 30 minutes, un incen-die, vraisemblablement provo-qué par un court-circuit élec-trique, s’est déclaré dans laHalle A située à la partie bassedu Palais des Congrès. Lesexposants du Salon pour laPromotion des EtudesFrançaises (Sapef) présentssur les lieux, ont été évacués etaucune perte en vie humainen’a été enregistrée. Les dégâtsmatériels sont importants dufait de la nature hautementinflammable des matériauxutilisés pour la construction dece bâtiment, à savoir desparois en PVC et une toile enplastique en guise de toiture. Iltient par ailleurs à saluer lapromptitude de la réaction etle professionnalisme dessapeurs-pompiers qui ont per-mis de limiter les dégâts. Lesprocédures administratives ettechniques sont en cours pourdéterminer la cause exacte del’incendie ainsi que la valeurmatérielle et financière despertes enregistrées. Le direc-teur Général rassure enfin lepublic sur la fiabilité et la

sécurité des autres installa-tions du Palais des Congrès quirestent opérationnelles et fonc-tionnelles. Ouvert le 23 octo-

bre dernier, le Sapef devait sefermer ce 25 octobre. Il l’aété, mais d’une manière parti-culière.

PALAIS DES CONGRÈS. Il n’ya eu aucune perte en vie humaine. .

Le feu éteint le Sapef à Yaoundé

Oh secours le feu...

Directeur de la PublicationGUIBAÏ GATAMA, Tél. : 699 92 32 70

Conseillers du Directeur de la PublicationDavid WENAÏ, Tél. : 699 92 32 71Francis EBOA, Tél. : 699 10 48 45ALKALI, Tél : 699 83 33 06

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Rédacteur en chefGUIBAÏ GATAMA

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MAYO-MOSKOTA. 09 femmes enlevées à Tchebetchebépar Boko Haram

Par David Martin

Dans la journée du 21octo-bre 2018, 09 femmes du vil-lage Vourzaka dans l’arrondis-sement de Mayo-Moskota ontété enlevées par Boko Haram.Selon des indiscrétions, elless’étaient rendues dans les envi-

rons de la localité deTchebetchebé à la recherched’insectes comestibles et c’estlà qu’elles ont été kidnappéespar les terroristes. «Quatreotages ont été libérés. Il n’enreste plus que cinq entre leursmains», a indiqué une sourcesécuritaire locale.

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P o l i t i q u e L’OE I L DU SAHEL N°1139 du vendredi 26 octobre 20184

Nous avons naturellementpris acte de la proclamation desrésultats par le Conseil constitu-tionnel. Vous êtes sans ignorerque notre formation politiquesoutenait la candidature du pré-

sident sortant. Nous ne pouvonsdonc qu’exprimer notre satisfac-tion pour sa réélection. Notrevœu c’est que cette élection,comme toutes les autres consul-tations électorales précédentesservent à consolider davantagela démocratie dans notre pays.Le dynamisme et l’énormedébauche d’énergie observé pen-dant le déroulement de cetteélection présidentielle est à monavis le signe que les populationss’intéressent de plus en plus à lapolitique. C’est est une bonnechose pour notre pays. Il restemaintenant que tous les acteursimpliqués dans la politique dansnotre pays jouent leur rôle avecfranchise et sincérité pour que

nous avancions dans ce secteur. Il faut également saluer le

conseil constitutionnel qui étaità sa première expérience en cequi concerne l’élection présiden-tielle. Jusqu’ici elle n’a d’ail-leurs eu à gérer que les électionssénatoriales. Ça n’a pas étéfacile comme on a pu le consta-ter, mais nous formulons le veuxque cette élection serve de réfé-rence pour mieux aborder lesprochaines consultations électo-rales. Pour ce qui est des résul-tats proprement dit, j’espère quemaintenant que le présidentPaul Biya a été réélu, on va pou-voir assister à la réalisationconcrète des projets énoncésdurant cette campagne.

RÉÉLECTION DE PAUL BIYA.

Ce que pense la classe politique du NordDepuis la proclamation le 22 octobre 2018, des résultats de l’électionprésidentielle du 07 octobre, et l’annonce de la victoire de Paul Biyaavec un score de 71,28%, les réactions continuent d’affluer. Dans larégion du Nord, si la classe politique a diversement apprécié le sixième

succès électoral du champion du Rassemblement démocratique dupeuple camerounais (Rdpc), elle est unanime concernant la préserva-tion de la paix sociale.

Propos recueillis par Innocent-Blaise Youda

CÉLESTIN YANDAL, Maire Undp de Touboro et président de laFédération Undp du Mayo-Rey.

«Il faut saluer le Conseil constitutionnel»

L’élection présidentielle estun long processus qui se pré-pare. Et comme j’ai déjà eu l’oc-casion de le dire dans votre jour-nal, nous au niveau du Rdpcnous nous sommes préparécomme d’habitude pour avoirune prestation honorable à cetteélection. Je suis heureux desavoir aujourd’hui que notrecandidat est sorti grand vain-queur de cette élection. LeConseil constitutionnel a renduson verdict et la suite mainte-nant c’est la prestation de ser-ment. Au final, je voudraissaluer la grande leçon de démo-cratie que les différents acteursont administrés au cours decette élection.

J’observe en ce moment une

agitation de certains acteurs quiont pris part à cette élection quitente de contester les résultats.Je dois préciser pour avoir per-sonnellement coordonner lacampagne du candidat Rdpcdans l’arrondissement deTouroua dans la Bénoué.L’opposition qui contexte notrevictoire n’a qu’à s’en prendre àelle-même. Il faut qu’elle com-mence déjà par s’organiseravant de contester les élections.Dans la région du Nord précisé-ment, on a vu le président de lacommission régionale de super-vision de la campagne du candi-dat Paul Biya, le lamido de Rey-Boua, Aboubakary Abdoulaye,se déployer personnellement surle terrain pour présider plu-sieurs meetings. En plus, il amis sur pied une stratégie detravail qui nous a permis sur leterrain de travailler avec effica-cité. Il faut d’ailleurs saluer sondynamisme. Nous au Rdpc, onne considère aucune électioncomme gagné d’avance, c’estpour ce que nous travaillonstoujours très dur. Le résultat dePaul Biya aujourd’hui dans larégion du Nord, plus de 80% estsimplement le fruit de notre tra-vail.

MAMOUDOU SANDA, maire Rdpc deTouroua et président de la section Rdpc Bénoué Sud-Ouest.

«Une grande leçon de démocratie»

L’élection présidentielle du7octobre dernier est à mon avisun scrutin scandaleux. Ce quivient de se passer dans notrepays est inacceptable. Pour cequi est de la région du Nord parexemple, le résultat qui a étéattribué au Mouvement pour larenaissance du Cameroun esttotalement faux. C’est un vérita-ble scandale qui s’est passé. Jevoudrais saluer ici tous lesefforts et les moyens déployéspar la hiérarchie du MRC pourfaire comprendre l’injustice quis’est passée. Vous avez vu labrillante prestation et les argu-ments solides que nos avocatsont présenté devant le conseilconstitutionnel, même si en fin

de compte, on a bien que com-pris que cette instance avaitdéjà une position arrêtée. Elle aexpressément refusé de revoir saposition malgré les argumentssolides qu’on lui a présentée.

C’est une situation très grave.Pour l’instant, nous nous

conformons aux différentesdémarches de la hiérarchie duparti pour la suite de ce pro-cessus. Naturellement,comme l’a préconisé notreprésident national le PrMaurice Kamto, nouscondamnons toutes sorte deviolence parce que nouscroyons aux urnes et nousestimons que nous obtien-drons notre victoire dans lapaix et la sérénité. Ce qui se

passe est extrêmement gravepour l’avenir de notre pays, ilest urgent la vérité soit rétabliedans l’intérêt de tous les came-rounais.

OUSSOUMANOU ABDOU, secrétaire régional de la fédération Mrc du Nord.

«Nous condamnons toutes sorte de violence»

Ce qui vient de passerdans notre pays est un gravescandale. Je suis choqué parle simulacre d’élection quivient de se dérouler. Nousavons vécu avec consterna-tion des fraudes incroyable dela part de notre principaladversaire le Rdpc. Ce qui estencore plus gênant c’est quele candidat Paul Biya et sonparti ont systématiquementbénéficier de la complicitéd’Elections Cameroon sup-posé être l’organe neutre encharge de l’organisation du pro-cessus électoral. Autre complicede taille, ce sont les représen-tants de l’Etat qui se prennentsystématiquement pour des mili-tants du Rdpc.

Nous notons que ce qui vientde se passer est très grave pourl’avenir du Cameroun et surtoutde sa jeunesse. On ne peut pasconstruire une nation avec desindividus de ce type. C’est aussila preuve que beaucoup dechoses reste encore à faire pour

une formation solide des jeuneset des femmes en ce quiconcerne la politique. Pourl’instant, nous sommes devantun fait accompli et nnous nedevons que nous en prendre ànous même. C’est nous quidevons avoir les solutions à nosproblèmes, si nous avons étéfloué au cours de cette élection,nous ne pouvons que nous enprendre à nous. Cette électionétait une grosse mascarade, unscandale prémédité.

JOSEPH ABOUBAKAR, responsabledépartemental du Fpd de la Bénoué.

«Beaucoup de choses reste encore à faire»

Les populations de la régiondu Nord sont satisfaites par lesrésultats de l’élection présiden-tielle du 7 octobre dernier. Lerésultat du candidat Paul Biya,candidat de la région du Nordest très honorable. Il obtientplus de 80% dans la région etdans chaque arrondissement ils’en tire avec pratiquement lemême score. C’est la preuve quele candidat Paul Biya était lecandidat du peuple. Noussommes naturellement trèssatisfaits par le travail que nousavons abattu sur le terrain pouraboutir à ces résultats.

Je crois qu’il est désormaistemps de passer au travail,

l’élection étant terminé.Nous souhaitons mainte-nant que les uns et lesautres acceptent le verdictdes urnes et qu’ensemblenous nous mettions au tra-vail pour développer notrepays. De nombreux définous attendent, il y a éga-lement des grands rendez-vous en perspective,notamment la prochaineCoupe d’Afrique desnations. Au cours de cegrand événement la régiondu Nord est appelée à jouersa partition et nous pensons sque c’est le moment de s’y atte-ler chaque jour pour que notre

contribution à la réussite de cegrand événement soit plusqu’honorable.

HAMADOU PETEL, vice-Président de la Section Ojrdpc Pitoa.«De nombreux défis nous attendent»

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P o l i t i q u eL’OE I L DU SAHELN°1139 du vendredi 26 octobre 2018 5

Par Yanick Yemga et JeanAreguema

Garga Haman Adji, le candidatde l’Alliance pour la démocratie etle développement (ADD), secontente d’une quatrième placedans le Grand-Nord, à l’issue de laprésidentielle du 07 octobre 2018.Le «chasseur de baleine» est large-ment distancé par le candidat duRassemblement démocratique dupeuple camerounais (Rdpc), PaulBiya, vainqueur de ce scrutin avec71,28% de suffrages valablementexprimés. Mais aussi et contretoute attente, par les candidats duparti Univers et du Mouvementpour la renaissance du Cameroun(MRC) dans ce qui était jusque-là,son socle électoral. L’effondrementde l’ex-ministre de la Fonctionpublique est un véritable désastre,d’autant plus que Cabral Libii etMaurice Kamto qui le devancent,en plus de n’être pas du coin, seprésentaient à cette élection pourla première fois.

Les résultats officiels de l’élec-tion présidentielle proclamés le 22octobre 2018 par le Conseil consti-tutionnel montrent le recul du pré-sident national de l’ADD dans lestrois régions septentrionales quisont pourtant réputées être sonbastion électoral du fait de sonappartenance à cette partie dupays. Cette situation prive GargaHaman Adji de son alibi favori. Cedernier ne boudait en effet pas sonplaisir avant ce cuisant échec, derappeler à ses interlocuteurs qu’il aterminé en troisième position lorsde la présidentielle du 09 octobre2011, avec 155 348 voix recueil-lies, soit 3, 21 % de suffrages vala-blement exprimés.

Dans les régions de

l’Adamaoua, du Nord et del’Extrême-Nord qui ont totalisé àelles seules 1 400 246 suffragesvalablement exprimés, GargaHaman Adji n’en a obtenu que 31479, soit 7,54%. Dans le détail,dans l’Adamaoua, Garga HamanAdji a obtenu 6801 voix sur 238681 suffrages valablement expri-més, soit 2,85%. Dans le Nord, lecandidat de l’ADD n’a obtenu que10 422 voix sur les 357 376 suf-frages valablement exprimés, soit2,92%. Dans la région del’Extrême-Nord, «le chasseur debaleine» s’est complètement noyéavec seulement 14 256 voixrecueillies en sa faveur, soit1,77%. Pire, même dans leDiamaré, son département d’ori-gine, Garga Haman Adji n’a pas puobtenir plus de 3% des suffragesvalablement exprimés.

Pour le socio politiste le PrAlawadi Zelao, le déclin de cetacteur politique de l’opposition

dans le Septentrion est la consé-quence de l’immobilisme de sonparti politique «Il y a plusieurs fac-teurs qui peuvent expliquer le reculassez sensible de Garga HamanAdji. Surtout dans la région del’Extrême-Nord qui est sa régionnatale. Au sortir de cette élection,on constate que la première forcede l’opposition dans la région del’Extrême-Nord, c’est le MRC. Cequi peut paraitre assez étonnantdans la mesure où généralement,les gens mettent en avant le voteethnique ou régional. Mais ici, çan’a pas véritablement marché. S’ilfaut voir la manière dont Garga afait la campagne, je pense qu’il nes’est pas véritablement déployéauprès des électeurs», analyse-t-il.

Pour cet autre analyste quis’est exprimé sous cape, le candi-dat de l’ADD a récolté le fruit de sadistance avec sa base. «Même dansson village natal à Makabay, surcinq bureaux de vote, Garga

Haman Adji n’a gagné que dans unseul. C’est dire qu’il n’est pas enodeur de sainteté avec sa base etles populations. Ce cinglant dés-aveu de ses frères et sœursconvoque quand même une sérieuseréflexion sur ce qu’il représenteréellement parmi les siens. Il nefaut pas oublier que Garga HamanAdji est difficilement sociable.C’est l’homme qui ramène tout à sapersonne, qui connaît tout, qui estallergique à la contradiction…».

Au sein de son parti, les contre-performances issues de l’électionprésidentielle inquiètent et inter-pellent à une remise en cause avantles futures échéances électorales.Joint au téléphone, le conseillermunicipal de l’ADD à la communede Maroua se réserve de commen-ter les piètres résultats obtenus parson parti. Toutefois, AminouAhmadou indique que «par rapportaux résultats de l’élection prési-dentielle de 2011, nous n’avonspas obtenus des bons résultats.Naturellement, cela ne peut nousréjouir. Particulièrement dans l’ar-rondissement de Maroua I, je n’aipas été satisfait. Il y a eu beaucoupd’abstention. Contrairement àl’élection de 2011, beaucoupd’électeurs n’ont pas voté. Je nesais pas à quoi cela est dû. Il n’y aque les électeurs eux-mêmes pourrépondre à cette question».

LA CHUTEPour le Pr Alawadi Zelao, la

chute de Garga Haman Adji dans leGrand-Nord n’est pas en réalitéune surprise. «Face à des nouveauxacteurs comme Maurice Kamto etCabral Libii, il était fort à parierque Garga Haman Adji qui ne s’estpas décarcassé dans le cadre decette élection ne pouvait que faire

piètre figure. Vous avez vu la coali-tion qui s’est construite autour ducandidat du Rdpc, notamment lacoalition des acteurs politiques del’opposition du Grand-Nord. Desacteurs tels qu’Issa TchiromaBakary, Bello Bouba Maïgari,Hamadou Moustapha et DakoléDaïssala. Comme vous le savez, cesacteurs ont une assise non négli-geable sur le terrain politiquerégional. Cette coalition autour dePaul Biya réduit considérablementun candidat de cette région quiallait à une élection», commente lePr Alawadi Zelao. Ce dernier pensequ’au-delà du déclassement deGarga Haman Adji, c’est un mes-sage qui est ainsi envoyé à l’élitepolitique du Grand-Nord qui estgénéralement considérée commeune élite inamovible.

Au demeurant, cette mort poli-tique de Garga Haman Adji étaitprévisible si l’on s’en tient à sa pos-ture relativement à la présiden-tielle de 2018. Le leader de l’ADDsemblait n’avoir pour seule voca-tion que de jouer le rôle de chevalde Troie dans les rangs de l’opposi-tion en rendant impossible unecoalition avec son parti politique.Ce rôle de figurant assumé, s’est dureste, vu lors de l’émission «100%présidentielle» diffusée sur lesantennes de la Crtv, et au cours delaquelle, Garga Haman Adji refu-sait de critiquer le bilan de PaulBiya en imputant les échecs à«l’entourage du Président». GargaHaman Adji qui s’est de fait privéd’un dernier baroud d’honneur à lahauteur de la stature d’hommepolitique de premier plan dont il seréclame, a d’une certaine façonretourné l’ascenseur à Paul Biya,son bienfaiteur au sens proprecomme figuré.

PRÉSIDENTIELLE 2018. Le candidat de l’ADD ne termine que quatrième dans cette partie du pays.

La chute de Garga Haman Adji dans le Grand-Nord

Garga Haman Adji. C’est la fin?

Par Bertrand Ayissi

Jusqu’au 23 octobre dernier,des caravanes pédestres et motori-sées ont sillonné la ville deNgaoundéré. A l’aide de fanfares,klaxons, sous l’encadrement de lapolice, des militants du Rdpc onttenu à célébrer la victoire de PaulBiya. Déjà la veille, El hadj IssaYounoussa alias Issa Maroua,homme d’affaires et bras droit dupatriarche El Hadj MohamadouAbbo Ousmanou plus connu sous lediminutif Alhadji Abbo, a mani-

festé une joie débordante àNgaoundéré. A la suite de la pro-clamation des résultats de l’élec-tion présidentielle du 07 octobredernier, il s’est trémoussé au domi-cile de son mentor au quartierHaut-Plateaux le 22 octobre der-nier. Car Paul Biya venait alorsd’être réélu avec 71,28% commeprésident de la République duCameroun. Cet événement, IssaMaroua, par ailleurs membre ducomité central du Rdpc, l’a aussicélébré chez Abbo Bello, présidentde la section Rdpc Vina Sud 1 A.

L’Adamaoua aura contribué àcette réélection, avec 79,77% enfaveur de Paul Biya. La Vina, bas-tion politique de bon nombre debarons du Rdpc, s’est cependantclassée dernière, avec un suffragede 73,92% en faveur de Paul Biya.Des pourcentages bien décalés dela promesse de vote à 100% faiteau candidat du Rdpc, qui font direà certains cadres du parti qu’une«remobilisation absolue des mili-tants» est nécessaire pour leséchéances électorales prochaines.

La fête du Rdpc dansl’Adamaoua, se traduit en «recon-naissance de défaite», mêmedéguisée, des partis de l’opposi-tion. «On se soumet à la décisiondu Conseil constitutionnel et on seprépare pour les élections munici-pales et législatives de 2019. Leprésident Kamto a certes relevéqu’il y a eu des fraudes pour l’élec-tion du 07 octobre dernier. S’il yavait des voies de recours après ladécision de ce Conseil, on allait lesutilisées. Hélas», a confié MeKassiya, président régional duMRC dans l’Adamaoua.

Au sein du parti Univers dansl’Adamaoua, il y a comme un ventde déception qui souffle. Ce, à lasuite des déclarations du capitaineopération Prosper Nkou Mvondo etdu candidat Cabral Libii, après la

proclamation des résultats par leConseil constitutionnel. «Le candi-dat du parti Univers, Cabral Libi,s’en tire avec 6,28% des suffrages.Nous sommes convaincus que cerésultat est loin d’être la traduc-tion exacte de la volonté desCamerounais qui, dans leur grandemajorité, aspirent tous à un chan-gement profond du régime poli-tique gouvernant. Aux militants etsympathisants du partis Univers, àtous ces électeurs qui ont porté leurchoix sur le candidat Cabral Libii,le parti Univers vous dit grande-ment merci. Nous avons perdu labataille de l’élection présidentielle,mais pas la guerre pour le change-ment politique au Cameroun. Leprochain champ de bataille setrouve être les élections munici-pales et législatives prévues dansquelques mois seulement. Avec leMouvement 11 millions decitoyens, inscrivons-nous sur leslistes électorales dès le 2 janvier2019», a déclaré Prosper NkouMvondo, non sans formuler le vœuque Dieu Tout-puissant aide PaulBiya «à conduire le Cameroun versune transition pacifique et vérita-blement démocratique».

Cabral Libii, lui-même, a prisacte de la victoire de Paul Biya.«C’est l’opposition qui a gagnécette élection. Mais comme je

l’avais dit avant l’élection, je nesuis pas à mesure de le prouver…On est toujours prêt à travaillerpour construire son pays, tant queles conditions d’un travailconstructif sont mises en place…Je n’exclurai jamais de travaillerpour construire mon pays», a-t-ilconfié lors d’un échange avec unejournaliste de BBC. Des proposjugés controversés par certainsmilitants du parti Univers. «On voitbien que le Pr Nkou Mvondo etCabral Libii sont en train de sepositionner, même s’ils ne le disentpas clairement. C’est le drame denos partis politiques au Cameroun.Mais j’essaie encore de meconvaincre qu’il ne s’agit pas de ça,et que nous allons vraiment batail-ler pour les élections de 2019», asoufflé sous strict anonymat unmilitant d’Univers à Ngaoundéré.

En tout cas, dans la mouvancefestive du Rdpc à Ngaoundéré,ponctuée par des manifestations àdomicile et dans les rues, des lea-ders de l’opposition font montred’un certain fair-play.«Félicitations au vainqueur : S EPaul Biya. Place aux opportuni-tés», a écrit Aboubakat Sabat, sou-tien de Cabral Libii et cadre del’Undp dans le Mbéré, sur sa pageFacebook.

RÉÉLECTION DE PAUL BIYA. A la fête du Rdpc, des voix s’élèvent dans l’opposition sur fond de déception.

Entre euphorie et désolation à Ngaoundéré

des militants du Rdpc. On a gagné

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S o c i é t é L’OE I L DU SAHEL N°1139 du vendredi 26 octobre 20186

Par Francis Eboa

Ce jeudi 18 octobre 2018,l’ambiance était électrique aulycée de Lokoti. Après quequatre élèves filles sont tom-bées en transe. «Tout ce que jepeux vous dire c’est que, cesfilles sont revenues de l’hôpitalen criant le nom du censeur. Aun temps record les parentsont envahi l’établissement. Ilsont rué le censeur de coups depoings et de pierres. Même nosélèves se sont mis en exergue.La situation était vraimenteffroyable. C’est un ancienélève du lycée aujourd’huimoto taximan qui a réussi à letransporter sur sa moto pour lecamp des militaires», raconteun enseignant du lycée deLokoti témoin de la scène.

Le proviseur dudit établis-sement, Mohamadou Toukour,qui a également vécu la scène,avoue que la situation étaitvraiment tendue. «C’était vrai-ment grave ce jour-là au lycée.J’ai saisi immédiatement lesous-préfet de Méïganga quiest aussitôt descendu sur leterrain. Il a tenu une réunionpublique avec les parents,enseignants et élèves pourramener le calme. Dieu mercique la présence du sous-préfeta fait baisser la tension. Lelundi 22 octobre 2018, lelamido de Lokoti s’est renduau lycée. Il a discuté avec toutle monde dans le sens d’apai-ser la situation. Il a d’ailleursfait une prière œcuménique en

présence des parents. Justeaprès cette prière, les élèvessont entrés en classe y comprisles filles qui étaient tombées.Actuellement, les cours sedéroulent normalement aulycée de Lokoti», rassure leproviseur. En effet, le phéno-mène des transes dans ce lycéesitué dans l’arrondissement deMéïganga dans le Mbérérégion de l’Adamaoua devientrécurent. Pour cette rentréeacadémique 2018 – 2019, onparle déjà de 15 cas enregis-trés. «Cette situation perduredepuis l’année dernière. Lorsde ma descente jeudi dernier

lorsqu’on m’a signalé que lesparents en furie ont envahi lelycée et que le censeur se fai-sait molester, j’ai tenu une ren-contre avec les parents, lesenseignants ainsi que lesélèves, question de ramener lecalme dans cet établissement.J’ai demandé au commandantde brigade d’entendre le cen-seur en question et les élèvesconcernés. Vous savez que cephénomène de transe, on n’ar-rive pas à l’expliquer scientifi-quement. Ce censeur exercedans cet établissement depuis10 ans. Je suis en train de pro-poser à la hiérarchie d’envisa-

ger sa mutation pour sa propresécurité ainsi que celle de safamille», fait savoir ElvisMarigoh, sous-préfet deMéïganga.

Selon les propos du censeurvictime pris à partie par lesparents d’élèves, il s’agit toutsimplement d’un règlement decompte. «C’est un maraboutqui aurait monté une petitefille avec le président del’Association des parentsd’élèves et des enseignants(Apee). En réalité, j’ai eu unproblème au quartier avec cemarabout. Il avait cassé mamaison pendant les vacances

et volé mon matelas et montéléphone. J’ai porté plainte etil a pris l’engagement de merembourser. Bien après il apromis de me faire partir de cevillage. Jeudi dernier donc, ilest venu avec le président del’Apee au lycée suivis desautres parents d’élèves. Ilsm’ont roué de coups de poings,les élèves aussi. Ils disaientque je suis à l’origine du phé-nomène des transes ici aulycée», raconte GabrielKemmo Keleko, censeur dulycée de Lokoti. Et à la victimed’ajouter ; «C’est un ancienélève du lycée qui estaujourd’hui moto taximan quim’a sauvé la vie, car il estarrivé avec sa moto et m’atransporté pour le camp desmilitaires de la Brigaded’Infanterie Motorisée (Brim).J’ai passé 3h de temps aucamp des militaires. C’estquand le sous-préfet est arrivéqu’il a demandé qu’onm’amène à Méiganga. Entretemps, les gens sont allés toutcasser chez moi, ainsi que monpetit bar où ils ont commencéà tout vandaliser. Le sous-pré-fet a ordonné aux gendarmesd’aller sécuriser mon domi-cile», précise Gabriel KemmoKeleko. Si les élèves concernésont repris le chemin de l’école,ce n’est pas encore le cas ducenseur Gabriel KemmoKeleko, qui poursuit encore lessoins à l’hôpital de Méïganga,ville où il séjourne désormaisavec toute sa famille.

LOKOTI. Gabriel Kemmo Keleko a subi la furie des parents qui l’accusent d’être à l’origine des transes de leurs enfants.

Le censeur du lycée échappe à la mort

Le lycée de Lokoti. Désert?

Par Bertrand Ayissi

Le nouveau délégué régio-nal des Enseignements secon-daires de l’Adamaoua, entendimprimer sa marque. A traversune approche inclusive etpédagogique, Mathias Assana

a d’emblée choisi de mettre unterme à une pratique bienconnue dans les établissements: le renvoi des élèves auxheures de cours pour mau-vaises coiffures, tenues nonconformes, retards, absencesau service de nettoyage, inso-

lences, etc. «Il m’a été donnéde constater la présence desélèves dans les rues pendantles heures des classes sous pré-texte d’être renvoyés pour uneraison ou pour une autre. Envue de mettre fin à cette situa-tion désagréable et de rendrel’école attrayante, j’ai l’hon-neur de vous inviter à mettreen garde vos collaborateursvéreux, spécialisés dans cettepratique qui, non seulementprive les élèves des cours, maisen même temps, augmente lesheures d’absences, entraînantdes exclusions massives en find’année ; d’où une fortedemande de recrutement à larentrée. Ces sollicitations desplaces sont d’ailleurs des fac-teurs exposant aux actes decorruption et/ou d’arnaque endébut d’année scolaire», aécrit le délégué régional dansune correspondance du 11octobre dernier, adressée auxchefs d’établissements et auxdélégués départementaux. Et

d’instruire de : «appliquer lessanctions n’ayant aucunimpact négatif sur la fréquen-tation des apprenants, maisplutôt leur permettant d’adop-ter une attitude sérieuse pourles études et non celle derejet».

La mesure est évidemmentsaluée par de nombreuxparents de la région del’Adamaoua. Car plus d’unefois, certains ont décrié lesdécisions «dures» des chefsd’établissements. «Il y a desproviseurs et directeurs deCES qui ont fait de l’exclusiondes élèves un business.Evidemment, l’enfant peutêtre indiscipliné, mais quandon le renvoie à la maison alorsqu’il est doit être à l’école, ilest exposé à d’autres fléaux.C’est généralement le parentqui subit parce qu’en cas d’ex-clusion, certains responsablesne passent pas par quatre che-mins pour vous dire qu’il fautpayer pour qu’on réintègre

votre enfant dans un établisse-ment. Et la pratique prospèreparce que les transactions sefont sans pièces justificativeset le parent veut voir sa progé-niture éduquée», croit savoirMohamadou Sali, parentd’élève à Ngaoundéré. En toutcas, la décision du déléguérégional des Enseignementssecondaires vient rappeler unle cas du lycée de Burkina àNgaoundéré, qui a connu des«exclusions massives» sousdivers motifs, au cours de l’an-née scolaire 2016-2017. Unesituation qui avait ouvert unebrèche à toute sorte d’inter-prétations, mettant en conflitle proviseur dudit établisse-ment, Youssoufa HamidouDandjouma, avec certainsparents. La mesure du déléguérégional vient ainsi épouserune des visées de la zoned’éducation prioritaire danslaquelle se classe l’Adamaoua: conduire les enfants à l’écolequel que soit leur âge.

ENSEIGNEMENTS SECONDAIRES/ADAMAOUA. La mesure vise à amener les élèves à aimer l’école.

Le délégué interdit le renvoi des élèves aux heures de cours

Mathias Assana, délégué régional des Enseignements secondaires dans l'Adamaoua.

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E c o n o m i eL’OE I L DU SAHELN°1139 du vendredi 26 octobre 2018 7

Par Brice R. Mbodiam

Du 29 octobre 2018 au 9novembre 2018, les déten-teurs d’une épargne, que cesoient des particuliers ou desentreprises, sont invités àsouscrire à un nouvel empruntobligataire de 150 milliardsde francs Cfa, que va lancer legouvernement camerounais.L’enveloppe à mobiliser ser-vira à financer une quaran-taine de projets en cours dansles 10 régions du pays. Selonla note d’information relativeà ce nouvel appel de fonds dugouvernement, 26,7 milliardsde francs Cfa, soit un peu plusde 15% de l’enveloppe globalesollicitée, seront affectés à desprojets en cours dans les troisrégions du Grand-Nord.

La seule région du Nords’en tirera avec 20,5 milliardsde francs Cfa, dont 500 mil-lions de francs au titre d’appuià la rénovation des équipe-ments de la Sodecoton, lemastodonte de l’agro-indus-trie dans la partie septentrio-nale du Cameroun. Le reste del’enveloppe, soit 20 milliardsde francs Cfa, est essentielle-ment destiné à finaliser cer-taines infrastructures de laCoupe d’Afrique des Nationsde football, que le Camerounaccueillera entre juin et juillet2019, et dont l’une des poulessera basée dans la ville deGaroua. Dans le détail, ren-seigne la note d’informationdu gouvernement, une enve-loppe de 8 milliards de francsCfa sera affectée à la réhabili-tation du stade de Roumde-Adja et ses voies d’accès,contre 12 milliards de francsCfa pour la réhabilitation dequatre stades d’entraînement.Soit 3 milliards de francs Cfapour chacun des stadesannexe de Roumdé-Adja,Cenajes, centre d’entraîne-ment de Coton Sports etPoumpoumré.

Cette dotation financièredevrait faire beaucoup de bienà la société Prime Potomac,qui conduit les travaux surcertains des stades d’entraîne-ment sus-cités. En effet, cetteentreprise a récemment faitface à des mouvements d’hu-meur de ses employés et de sessous-traitants, qui tenaientainsi à manifester leur mécon-tentement face à la difficultépour Prime Potomac de res-pecter ses engagementscontractuels et salariaux.L’entreprise, elle, avait alorsinvoqué des tensions de tréso-rerie, du fait du non-paiementdes décomptes par le Trésorpublic.

DES INTÉRÊTS DE 5,6%Dans la région de

l’Extrême-Nord, les projetsroutiers en cours, la Semry et

l’ENS de Maroua, seront lesgrands bénéficiaires du nouvelemprunt obligataire de l’Etat.Au total, apprend-on, 5,7 mil-liards de francs Cfa serontaffectés à cette région.Concrètement, 2 milliards defrancs Cfa iront au finance-ment des travaux de réhabili-tation des routes Mora-Dabanga-Kousseri et Maroua-Mora, à raison d’un milliardpour chacun des projets. Uneenveloppe de 2,7 milliards defrancs Cfa sera affectée à lafinalisation des travaux deconstruction de l’ENS deMaroua, tandis que la Semrys’en tirera avec un milliard defrancs Cfa, pour la rénovation

de ses équipements de produc-tion. Le petit poucet du nouvelemprunt obligataire de l’Etatdans le Septentrion est larégion de l’Adamaoua, qui nerecevra qu’un milliard defrancs Cfa, dans le cadre destravaux de construction dubarrage de Bini à Warak,d’une capacité de productionde 75 MW d’énergie élec-trique.

Au demeurant, afin derendre effective la mobilisa-tion des financements sus-mentionnés, le gouvernementcamerounais poursuit ce 26octobre 2018 à Douala, sonopération de charme endirection des investisseurs

locaux, à l’effet de les inciterà souscrire à cet empruntobligataire (ou appel publicà l’épargne), qui sera lancé àla Bourse des valeurs mobi-lières de Douala (DSX). C’estpar Yaoundé, la capitale, quele gouvernement a lancé, le25 octobre dernier, cettesérie de rencontres avec lesinvestisseurs, afin de s’assu-rer que l’enveloppe de 150milliards de francs Cfa solli-citée sera effectivementmobilisée.

Pour parvenir à cette fin,l’Etat du Cameroun s’estentouré d’un consortium d’ar-rangeurs, chargé de placerauprès des particuliers, entre-

prises et autres investisseursinstitutionnels, les titrespublics devant permettre deréunir les financements solli-cités. Ce consortium est formépar les banques SociétéGénérale Cameroun, AfrilandFirst Bank et EDC InvestmentCorporation, la branche dugroupe Ecobank spécialiséedans l’investissement. Selonles conditions fixées par legouvernement et validées parla Commission des marchésfinanciers (Cmf), les souscrip-teurs à cet appel public àl’épargne seront remboursésau bout de 5 ans (c’est-à-direen 2023), avec des intérêts de5,6% du montant souscrit.

EMPRUNT OBLIGATAIRE. Ils serviront à finaliser les infrastructures de la CAN, des projets routiers, et à équiper la Semry, la Sodecoton et l’ENS de Maroua.

Des financements de 26,7 milliards FCFA en vue pour le Grand-Nord

Infrastructures de la CAN à Garoua. A financer par l’emprunt obligataire.

Par BRM

L’emprunt obligataireencore appelé appel public àl’épargne, est un mécanismequi permet à une institutionou à un Etat de solliciter desfinancements auprès du grandpublic (entreprises ou particu-liers), afin de réaliser des pro-jets. Ceux qui mettent leurépargne (encore appelés sous-cripteurs, investisseurs ouprêteurs) à la disposition del’emprunteur (l’Etat dans lecas d’espèce), recevront auterme de la période de matu-rité (5 ans dans le cas d’es-pèce), le remboursement inté-gral du montant prêté, plusdes intérêts (5,6% dans le casd’espèce) sur lesquels lesimpôts ne sont pas prélevés.

L’emprunt obligataire estgénéralement piloté par desexperts de la finance, notam-ment les banques, générale-ment appelés «arrangeurs»(SG Cameroun, Afriland etEDC Investment dans le casd’espèces). Ces arrangeursrecrutent également d’autrebanques qui constituent lesyndicat de placement. C’estuniquement auprès de cesintermédiaires (arrangeurs etmembres du syndicat de pla-cement) que les particuliers,entreprises et institutionsdésirant souscrire à l’empruntobligataire doivent s’adresser,pour verser de l’argent etrecevoir en contrepartie undocument attestant de leursouscription (titres decréance).

La réglementation exigeque l’emprunteur produiseune note d’information danslaquelle il explique aux poten-tiels investisseurs ou souscrip-teurs, l’utilisation des finan-cements qui seront mis à sadisposition. Afin de s’assurerque l’argent mis à dispositionpar les prêteurs leur sera rem-boursés à la fin de la périodede maturité de l’appel publicà l’épargne, le prêteur ouvredans les livres de la BEAC, uncompte séquestre dans lequelil est obligé de déposerchaque mois l’argent corres-pondant au remboursementdes investisseurs. L’effectivitédes dépôts est vérifiée nonseulement par la Commissiondes marchés financiers, maiségalement par la masse des

obligataires, qui est l’associa-tion généralement mise enplace par les prêteurs, pours’assurer de ce que l’emprun-teur respecte ses engage-ments.

Depuis 2011, c’est le5ème emprunt obligataire ques’apprête à lancer l’Etat duCameroun. Les quatre pre-mières opérations se sontdéroulées sans heurts, leTrésor public n’ayant jamaisfailli au remboursement desfonds empruntés auprès dugrand-public. De nombreuxsouscripteurs à ces empruntsobligataires viennent souventdes pays étrangers, au regarddes garanties de sécurité et defiabilité qui entourent cesopérations de levées de fonds.

L’emprunt obligataire en français facile

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D é b a t s & o p i n i o n s L’OE I L DU SAHEL N°1139 du vendredi 26 octobre 20188

Débarquant à l’Universitéde Yaoundé pour y entamer desétudes de philosophie alors quela seconde moitié des années 80couvait une ère de chambarde-ments décisifs, je savais, paranticipation, que des figuresillustres officiaient en ce lieu.Dans le petit monde dessciences humaines, FabienEboussi Boulaga faisait partiedes références incontournables.Pour ma génération, son nomévoquait surtout un livre connu,rarement exploré : La Crise duMuntu. Ceux d’entre nous quis’y frottèrent en sortirent inter-loqués, assurés d’en avoir man-qué les ressorts essentiels,convaincus qu’on ne lit pasFabien Eboussi Boulaga impu-nément. La tâche était bien au-delà des néophytes que nousétions alors. Mais on savait,par sa réputation, que sonauteur était d’un calibre d’ex-ception. Rien de cela ne trans-pirait pourtant sous ses dehorsaustères. Sa mise de tous lesjours était celle du tout-venant :pas de veste, ni cravate, unepaire de brodequins, quasimenttoujours la même. Autant ledire, son apparence confortaittous les préjugés que le senscommun répand au sujet desphilosophes. Tel fut, du premierabord, l’homme, ainsi qu’il sedonna au regard : ascète, le pasleste, semblant toujours pressé.

Il n’avait alors rien de l’in-tellectuel qu’on a fait de luidans un pays en quête defigures sacrificielles. Au fil desans et des cours, le philosophes’est donné à voir, dans l’éclatde sa manière d’être, lucide,précis, sans concessions dansl’évaluation des performances.Il parlait sans circonlocutions,comme si transmettre était uneautre façon de se révéler, de sedonner, dans la simplicité degestes par lesquelles l’onenseigne comme on est, commeon vit, comme si un genre de vieétait, tout entier, contenu danssa pratique pédagogique. Aubout de quatre années d’ensei-gnements et de fréquentations,l’homme m’est apparu tel qu’ils’est manifesté aux yeux dugrand public au début desannées 1990, quand sa plumeacerbe de chroniqueur lui vau-dra l’admiration de quelques-uns et les foudres des puis-sances de la cité.

Aux yeux de ses contemp-teurs, ses interventions incisivespassaient pour une inacceptableimpertinence. Dans une «uni-versité en uniforme» (EboussiBoulaga) où les forces de l’or-dre patrouillent en permanence,le temps vire vite aux clarifica-tions. Quand l’université s’em-brase, je suis du nombre desétudiants qui subissent la vio-lence des ratonnades et descrosses de fusil. L’on imaginealors qu’un des braves pontifesau verbe truculent joindraitenfin la parole au geste, pourdonner un sens aux pompeuses

psalmodies sur l’engagementphilosophique et la responsabi-lité du philosophe dans la citédébitée, à peu de frais, par ceuxqui se croient révolutionnairesparce qu’ils citent Marx. Toutce beau monde posera sesvalises dans les tranchées duparti au pouvoir avec des for-tunes diverses. Fabien EboussiBoulaga fera le chemin inverseen optant d’agir et penser endissident interne. Pour sa peine,il recevra une menaçantedemande d’explication le som-mant de clarifier les motiva-tions au fondement d’écrits per-çus en haut lieu comme gestesd’insubordination.

Le corps du délit ?Commettre des chroniquesqu’on disait contrevenir auxexigences du devoir de réserve.Dans le système fonctionnaire,penser librement est un tort,une irrévérence lèse-majestéqui entraine une vigoureusemise au pas. Le répertoire dis-ciplinaire déployé contre lui n’yfera rien. Fabien EboussiBoulaga deviendra ainsi, àcorps défendant, un «pariaconscient», simplement pouravoir pris au sérieux ce quevivre politiquement, en tant quecitoyen, veut dire, dans une citélivrée à la brutale tutelle deceux qui imposent leur régimecontestable de vérité au plusgrand nombre. J’imagine lesprivations acceptées, assumées,les frustrations, mais aussi larésolue détermination d’unhomme qui a simplement vouluprendre la vie civique ausérieux.

Contemporain et témoin deces rudes tracas, mon souvenirde Fabien Eboussi Boulagas’est forgé dans une observationparticipante qui m’a permis dedéceler l’inséparable lien entrela vie philosophique et la viecivique dans sa pratique théo-rique.

Il aura été dans la cité cequ’il fut comme maître dansl’amphithéâtre. Chacune de ses

postures impliquait l’autre, enune cohérence qui en révèle lasubtile identité morale. En voicila maxime : «Pour résistertriomphalement au mal, à laviolence de principe érigée enrnéthode de gestion et de gou-vernement, il faut en payer leprix. II a un seul nom : la cohé-rence». Si dire c’est aussi faire,l’action ne manifeste la véritéintrinsèque de ce que chacunest, face à soi- loin de l’hypocri-sie stratégique qui est para-doxalement un hommage indi-rect du vice à la vertu- quelorsque la parole se joint augeste. L’unité de la parole et dugeste requiert, comme sa clauseinitiale, la «force des prin-cipes». Ainsi, souligne FabienEboussi Boulaga, «Quand onfait appel aux principes, i1 fautgager sur leur force, peser detoute son énergie, de son intelli-gence, de son imagination et desa créativité pour qu’ils devien-nent efficaces et s’inscriventdans les institutions, les lois etles procédures, dans des convic-tions et des comportementsrésolus»

Le privilège de l’avoir eucomme enseignant et mentor,puis d’entretenir au fil des ansune correspondance avec luim’a offert l’occasion de saisir laportée normative d’une attitudedans la cité demeurée constantetout au long des trente der-nières années de sa vie. Dans lesrangs de ceux qu’agaçaient sesinterventions, l’on a cru y déce-ler une soudaine fièvre politiqueattisée par un appétit de glo-riole personnelle dont sont cou-tumiers les intellectuels enquête d’héroïsme facile.Quelques cyniques procureursaux mobiles transparents ontcru donner le change en suggé-rant l’hypothèse d’une césureregrettable entre le penseurrigoureux et le chroniqueurpolitique. Cette imaginaireligne de démarcation est suppo-sée distinguer le philosopherigoureux de l’idéologue au ser-

vice de causes politiques insur-rectionnelles. Ils sont en effetnombreux à avoir imaginéFabien Eboussi Boulaga sousles traits d’un opportuniste enquête d’un de ces postes qui, encas de victoire du camp choisi,assurent des rentes lucrativesaux heureux bénéficiaires d’undécret administratif. L’audacecritique des années 90 et le sou-tien électoral de l’union pour lechangement- la coalition élec-torale conduite par John FruNdi n’aurait ainsi été qu’unastucieux pari dans l’expecta-tive d’une récompense. L’idéeest, bien entendu, saugrenue. Ilsuffit, pour s’en persuader, deprendre acte du lieu d’énoncia-tion et des affinités politiquesde ces puériles sentences. Leslieux d’où l’on parle sont aussiimportants que ce qu’on y dit.

En manière d’édification,souvenons-nous de Fabiend’Eboussi Boulaga interpellantles opportunistes obsédés par lacourse aux magistraturespubliques dépouillées de toutpouvoir utile à la communauté :«Vous siégez au Parlement.Qu'allez-vous y gagner ? Vousaurez de plantureuses indemni-tés, des avantages, des faciliteset des licences pour «lesaffaires». Vous serez à l 'abri devos créanciers et des tribunaux,l'immunité parlementaire étantsynonyme d'impunité. Je douteque votre nom puisse être asso-cié à une loi mémorable par sonaudace et les effets bénéfiquesde son application effective».Le rappel est utile : il met enlumière ce qu’implique une pas-sion pour les affaires de la citéquand elle ne procède pas d’uneéthique transactionnelle quidéprécie la vie civique en laravalant à la condition d’untroc où la moindre action estentreprise dans l’optique d’unegratification.

On se tromperait égalementen imaginant Fabien EboussiBoulaga sous les traits d’un«philosophe engagé» au sens oùl’entendent ceux qui prétendentéclairer l’opinion. PaulinHountondji rappelle qu’on sur-estimerait la philosophie si l’onespère d’elle «qu’elle prescrived’elle-même, et par elle-même,des orientations, des options,des choix politiques. Chaquefois qu’elle s’y est essayée, ellea toujours échoué». Il y a, rap-pelle Hountondji, «philosopheet philosophe. Il y a celui qui seprend au sérieux et devient trèsvite un donneur de leçons gran-diloquent et verbeux. Mais levrai philosophe est forcémentplus modeste. Il sait que sa for-mation de philosophe ne le pré-pare pas mieux que d’autres àgouverner ou à gérer lesaffaires de la cité».

La seconde voie correspondà l’usage de la raison critiqueque Fabien Eboussi Boulaga asu efficacement mettre enœuvre. Loin des prétentions desidéologues en quête de gratifi-

cations et de reconnaissance,son action fut, avant tout, celled’un citoyen, sans la cautiond’un statut ou d’une profession.Il n’a, du reste, jamais fait mys-tère de ce qu’il tenait pour l’en-jeu de son inlassable critique dupolitique : «Je caractérise mapratique comme une façon departiciper à la conversationcommune et aux «débatscitoyens». Je participe à laconversation générale, per-suadé que la philosophie n’a pasd’objet spécifique ou propre.Elle est dans la manière d’ou-vrir les questions et les opinionsdes autres et de soi-même àl’échange, à la confrontation, àl’interaction et à l’œuvre com-mune de la production, de laprotection, de la promotion etde la diffusion de l’humain».

On s’en convaincrait sanspeine en revisitant l’ensemblede ses écrits. On découvriraitqu’ils sont, pour ainsi dire,politiques de part en part, tra-vaillés et traversés par lamême inquiétude, celle dusouci du temps, loin de la ten-tation d’énoncer la vérité der-nière sur ce que doit être lemonde. Tel fut le maître croiséà l’université, celui qui me gra-tifia du privilège de profiter desa sève nourricière. Sur leschemins de la vie, il m’arrivaparfois l’agréable aventure dele retrouver sous divers cieux,à Cotonou, Abidjan, Dallas auTexas, ou à Paris. Partout, j’airevu le même homme : disponi-ble, généreux de son temps,toujours affable, sans trace decomplaisance ou de condescen-dance, rappelant sans cesse telou tel événement, insistantnotamment sur l’urgence d’enpenser les termes. Et c’estcela, justement, qu’il aura été :un penseur de l’événement. Del’amphithéâtre à la cité, ilresta invariablement attentifaux murmures du temps, à sesinterpellations, prenant lerisque de se tromper, sansjamais cesser de participer à laconstruction d’un monde com-mun. Il s’agissait, pour FabienEboussi Boulaga, comme pourd’autres, de s’atteler au«déchiffrement d’une expé-rience que l’on croit com-mune».

Par son effort, le Muntu estdevenu une catégorie philoso-phique dont la condition dans lemonde demeure à (re) penser.Je l’imagine, au seuil du der-nier souffle, revisitant cequ’aura été sa vie, insistant,comme dans le dernier para-graphe de Christianisme sansfétiche, que «l’important n’estpas d’être ceci ou de ne pascroire cela. Seule vaut lamanière de n’être point ou de nepas croire». C’est précisémentpar sa manière d’être, de croireou de ne pas croire, que FabienEboussi Boulaga est devenu,pour des générations d’étu-diants, au Cameroun, et ail-leurs, un avènement majeur.

PAUL-AARONS NGOMO, universitaire.

Admiration pour Fabien Eboussi Boulaga

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R e p o r t a g eL’OE I L DU SAHELN°1139 du vendredi 26 octobre 2018 9

Par Marie Lucie Ayaka

Les ressortissants des régionsseptentrionales vivants à Yaoundén’ont aucune peine à se procurerles denrées alimentaires qui vien-nent de leur Grand-Nord. Deslégumes frais et secs comme du«lalo», le «tasba», le «foléré», lebaobab, les haricots communé-ment appelées le «niébé», le «bas-kodjé» sont vendus dans des mar-chés. Sur les étals de ces marchés,on retrouve aussi du poisson fuméet sec, à l’instar du «kouroungou»,«alindangaï», le «paraoré»… etd’autres produits comme le tama-rin, le sésame, les produits de lapharmacopée traditionnelle. Tousces produits sont prisés par les res-sortissants du Grand-Nord. Encette fin d’après-midi du 21octo-bre 2018, Bintou la trentaine, ales gestes pressés. Et pour cause,elle cherche à attirer l’attentiondes potentiels et finir sa marchan-dise. «Il faut que je fasse vite,quitte à tout liquider», tranche-t-elle en laissant dessiner sur sonvisage, un léger sourire. Malgrétoutes ses tentatives, elle n’y arrivepas. Et elle n’est pas la seule danscette situation. C’est que dans cemarché de l’arrondissement deYaoundé 5, les petites affaires sefont entre 6 et 12h. Les va et vientson incessants. Tout comme lescris, les disputes, les échanges surqui achètent quoi à combien etpourquoi. Et dimanche, commec’est le cas cette journée est jourde marché.

«C’est un peu une réplique desmarchés périodiques chez nous, auvillage», lance Aminatou, reven-deuse qui échange parallèlementavec une potentielle cliente, quivient pour la première fois. «Nousn’avons pas de la peine à trouverdes aliments de chez nous ici àYaoundé. Cela fait notre fierté. Cemarché offre également l’occasionde nous retrouver entre frères etsœurs de la même région, dumême département ou du mêmevillage. Il y a toujours un lien quenous tissons quand on vient ici àMelen. On parle nos langues ver-naculaires, du toupouri, guiziga,mofou, mafa…et en fulfude cettelangue qui nous unis tous. Vousconstaterez aussi que toutes lesvendeuses d’ici ne sont pas tou-jours originaires du Grand Nord. Ily en a qui sont sudistes, il y en a

aussi qui ont épousé des hommesde chez nous. Je vous assure quec’est aussi cela le vivre ensemble.Le dimanche ici est jour de marchéet je profite de l’occasion pourfaire le marché du mois» com-mente Bintou, une cliente rencon-trée au marché de Melen.

A 100 FCfa de là, en taxi, c’estla même effervescence qui se faitressentir au marché Mokolo, pré-cisément au lieu-dit Elobi. Ici, laplupart des marchandises exposéeset proposées aux clients sont enmajorité conservées dans des sacs.Les autres, moins importants, sontdonnés aux enfants et sont rangéesdans des plateaux. Et ce sont cesdernières qui constituent la plusgrosse source de bénéfice de cesfemmes venues du Sahel. Dansleurs besaces, on retrouve deslégumes frais, qui coûtent entre100 et 200 FCfa. Le prix étant tri-butaire de la grosseur de chaquepaquet. Quant aux tas de poissonssecs et fumés, ils sont vendus entre250 et 5.000 FCfa. Les petitssachets de légumes secs coûtent100 et 200 FCfa. Les feuilles etfruits de Moringa se vendentcomme de petit pain. «Depuis 10ans, je fais le commerce deslégumes secs de toutes sortes ici aumarché Mokolo. Cela me permetde réaliser des recettes de 6.000FCfa par jours quand tout va bien.Il y a des jours où nous ne vendonspresque rien mais c’est aussi celale commerce. Cet argent me per-met d’envoyer mes enfants àl’école et de m’occuper de mafamille vu que je joue à la fois lerôle de la mère et du père, puisquemon époux ne travaille pas»explique Asta, vendeuse au marchéMokolo.

RAVITAILLEMENTD’après ces revendeuses qu’on

retrouve aussi à Nsam et Ekounou,les marchandises qu’elles propo-sent à leurs «frères du villages»proviennent pour la grande majo-rité des cas, du Grand-Nord. Et laplupart des grossistes se ravitail-lent au marché Mokolo. Waygaï,qui fait dans la vente des légumessecs confie qu’elle achète souventle sac de 50 kilogrammes deMoringa à 60.000 FCfa et s’ensort avec des recettes qui variententre 7000 et 12.000 FCfa parjour parce que le Moringa est trèsprisé pour ces différents usages et

pour ses vertus thérapeutiques. «Jereçois des clients qui pour la plu-part du temps achète le Moringachez moi pour l’utiliser pour lapharmacopée et d’autres l’utilisentpour préparer des sauces» raconte-t-elle en fourrant quelques billetsde banque dans sa poche. D’aprèsIbrahima, un détaillant, spécialisédans la vente de jujube et le fruitde baobab, le sac de jujube coûteentre 10.000 et 12.000 FCfa.Pour vendre sa marchandise,Ibrahima a opté pour la brouette.«C’est dans une brouette quej’étale ma marchandise. Je fais despetits paquets de 100 FCfa. Et parjour, je vends les fruits de 2000 à2500 FCfa. Pendant la période dejeûne du Ramadan, mes recettesjournalières doubles» développe levendeur. D’autres denrées commeles légumes frais, notamment lelalo, tasba, foléré ; sont cultivés àYaoundé par des femmes, d’où lafraicheur qu’ils ont au petit matinquand les clientes vont à leurrecherche.

Malgré les bonnes affaires queces femmes font, celles qui sont

grossistes rencontrent, tout demême beaucoup de difficultés pourl’acheminement de la marchan-dise, du Septentrion pour Yaoundé.«Le mauvais état des routes nenous permet pas souvent d’achemi-ner la marchandise à temps. Noussommes aussi souvent confrontéesau vol et à la disparition de nosmarchandises dans les agences devoyage. Aussi, les transporteursrefusent souvent d’embarquer cer-taines de nos marchandises pouréviter les problèmes avec les doua-

niers en chemin. Pis encore, noussommes souvent obligés d’effec-tuer de longues distances pournous procurer certaines marchan-dises. C’est le cas du Moringa dontla quantité n’est pas souvent suffi-sante ou qui manque même sou-vent à Koza, Maroua, Garoua etdans d’autres villes duSeptentrion. Dernièrement, cer-taines grossistes se rendent auNigéria pour se ravitailler. Et cen’est pas facile», informe Asta,dont la journée tire à la fin.

YAOUNDÉ.

Comment les Nordistes valorisent leur art culinaire

Les denrées alimentairesdu Grand-Nord se ven-

dent bien à Yaoundé. Plusbesoin d’attendre qu’unparent arrive du villagepour manger un met

local. Les femmes ressor-tissantes des régions sep-

tentrionales en ont faitune activité génératricede revenus. Elles s’attè-lent à cultiver les vivresfrais, à se procurer d’au-tres produits chez des

grossistes et à les reven-dre dans plusieurs mar-chés de place. Dans la

capitale politique, le phé-nomène prend de l’am-pleur. Au grand bonheurdes fils du Grand-Nord etceux du Grand-Sud, auxpapilles gourmandes etcurieuses des délices du

Septentrion. Ce com-merce qui semble nourrirson homme, n’est pour-tant pas dénué de tousrisques comme tout tra-

vail d’ailleurs.

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M e s s a g e L’OE I L DU SAHEL N°1139 du vendredi 26 octobre 201810

Par Alkali

Vendredi dernier dans lacapitale économique, a eulieu la cérémonie de lance-ment de la deuxième éditiondu concours ChallengeSatrtupper. Un programmequi vise à apporter la pierrede l’entrepreneuriat enAfrique par Total.

Total a pris la décision delancer un programme qui visefinalement à asseoir l’entre-preneuriat en Afrique demanière assez significative.Le Challenge Startupper viseà contribuer au développe-ment de l’entreprenariat desjeunes dans le monde,l’Afrique et particulièrementau Cameroun. Il s’adresse àde jeunes Camerounais âgésde 35 ans au plus qui por-teurs de projet ou dirige unestartup de moins de 2 ans.

D’après les responsablesde l’entreprise Total, «LeChallenge Startupper del’Année par Total sera orga-nisé tous les deux ans ce quinous laisser le temps d’ac-compagner correctement leslauréats et nous permet vrai-ment d’inscrire notredémarche dans la durée.»

Pour ce qui est du pro-

gramme du déroulement decette édition 2018, un siteinternet est dédié pour ledépôt des dossiers, cejusqu’au 13 novembre pro-chain.

Un premier tri est prévudu 17 au 19 novembre, ques-tion de vérifier la conformi-téde toutes les pièces deman-dées.

Du 30 au 12 novembre2018, il s’agit de la phasedigitale, avec le vote des dos-siers en ligne. On permettra àtoutes les personnes dont lesdossiers ont été retenus aprèsle premier tri de pouvoirexpédier à leurs connais-sances via les réseauxsociaux leur dossiers afinqu’ils puissent être liker. Lenombre de like permettra declassifier aussi le dossier. Ontiendra compte du nombre delike dans la note globale dudossier.

Par ailleurs, du 12 au 24décembre, une sélection des100 meilleurs dossiers estprévue, puis ces 100 dossiersseront analysés par un orga-nisme externe à Total etensuite on aura 15 dossiersde finalistes. Ces 15 dossiersseront évalués par le jury lorsd’une audition. Par la suite,

deux jours où ils serontofferts aux finalistes pourêtre coachés, afin de mieuxpouvoir présenter leur dos-sier.

L’audition a lieu du 04au 08 février 2019, et entrele 27 février et le 04 mars2019, se déroulera la céré-monie de remise des prixaux lauréats.

Le parrain de la compéti-tion est André Siaka,accompagné par un jurycomposé de 11 personnes, enplus des partenaires en

charge de tout ce qui estcoaching et accompagne-ment, puis l’équipe projet deTotal Cameroun.

Précisons que les critèresde sélection tournent autourde L’impact social ; Lecaractère innovant ; La fai-sabilité et le potentiel pourle développement.

Les lauréats auront res-pectivement une primefinancière qui va de 8 à 3millions Fcfa, soit 8 millionspour le premier lauréat, 5millions pour le deuxième et

3 millions pour le troisième.Juste après la proclama-

tion des résultats, les lau-réats ont une campagne decommunication pendanttrois mois. Rappelons que lapremière édition duChallenge Startupper, s’estdéroulée dans trois régions

Notamment le Centre,Nord-Ouest et Sud-Ouest.Aujourd’hui, le concours sedéroule sur huit des dixrégions, il manque l’Est et leSud. Total prévoit couvrir lesdix régions d’ici à 2019.

ENTREPRISES.

Total lance la seconde édition du Challenge Startupper

Adrien Bechonnet, Directeur Général Total Cameroun.

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C u l t u r eL’OE I L DU SAHELN°1139 du vendredi 26 octobre 2018 11

Propos recueillis parBertrand Ayissi

Qui est la lionne Guidar ?Je suis une fille de la région

du Nord, précisément de Guider.Je suis née en 1979 et ai aussitôtété bercée par la musique parceque mon père était musicien. J’aid’abord été danseuse de mon pèreet quand il est décédé, je me suisdit que je ne peux pas abandon-ner. J’ai donc commencé lamusique. J’ai joué dans les caba-rets pendant cinq ans àNgaoundéré, notamment àl’époque où «Temple D’or» fonc-tionnait. J’ai par la suite com-mencé à jouer en live et j’ai sortimon premier album de six titresen 2011, où je parlais de décep-tion en amour. C’est une histoireun peu personnelle parce quec’est un ami avec qui je vivais etqui a disparu sans laisser detraces. Dans cet album, je pro-meus la danse Guma de chez moi,la danse du canard, le coupé-décalé, non sans prodiguer desconseils aux filles qui aiment lavie du dehors et qui ne veulentpas se marier. Mon deuxièmealbum est un single Bikutsi où jedénonce les hommes qui n’entre-tiennent pas les femmes et qui lestraitent comme des esclaves dansles foyers conjugaux. Jem’adresse à tous les hommes duCameroun puisque c’est enFrançais que j’ai fait cette chan-son.

Est-il facile de devenir et

d’être un artiste du Nord quiembrasse la diversité cultu-relle à travers vos chansons ?

Je suis d’abord uneCamerounaise. Je peux doncadopter n’importe quel rythmemusical puisque je suis dans monpays. Je suis du Nord, je vis dansl’Adamaoua, et j’ai un faiblepour les musiques du Grand-Sud.Certaines personnes apprécientmon Bikutsi et pensent que je suisBéti ; c’est aussi ça la richesse denotre diversité.

N’est-ce pas, malgré tout,une manière de léser la cul-ture du Septentrion ?

Je n’ai pas de problème, carle but, c’est de permettre quetout le monde se retrouve dansma musique. J’entre dans lescoutumes des nordistes et dessudistes. C’est vrai que lamusique sahélienne n’est pasencore suffisamment promuepour adopter les rythmes d’ail-leurs. Mais l’art musical est uneaffaire de feeling et je faisd’abord ma musique pour moi-même. Donc, je fais le Bikutsiparce ça me plaît et j’aime cerythme.

Mais est-ce que vos pas dedanse, tenues de scène etvotre musique ne sont pasosés dans une partie du paysoù les habitudes sont encorefortement influencées par latradition ?

Je ne pense pas, car les men-talités ont évolué. Nous ne

sommes plus dans l’anciennemode. Je vais d’ailleurs vous direque le public me réclame souventpour mes «coups de rein» surscène. Quand on sait que j’ai unspectacle, les gens accourentpour me voir prester et aimentmes pas de danse.

Pensez-vous que c’est entoute sincérité que le publicdu Septentrion aime vos«coups de rein» ?

Moi je m’en tiens à ce que lesgens me disent. Je n’ai jamais vudes gens qui me disent leurdéception ou frustration aprèsavoir écouté ma musique et vumes pas de danse. Je joue devantle lamido avec mes tenues descène, esquissant mes pas dedanse et il m’acclame. D’ailleurs,je preste beaucoup plus dans lesvillages de l’Adamaoua où lesgens sont plus attachés à leurstraditions. Mais je n’ai pas desoucis. Je suis difficilement surscène à Ngaoundéré, mais je pré-fère les villes et localités desdépartements.

Pourquoi préférez-vous lesautres villes et localités del’Adamaoua, et non

Ngaoundéré ?C’est peut-être parce que je

ne suis pas très connue àNgaoundéré. Mais je vais direque c’est certainement aussiparce qu’il y a des gens qui tra-vaillent dans l’ombre pour rame-ner les autres en arrière. Il y abeaucoup de coups bas dans lascène musicale de l’Adamaoua.Ces coups bas se traduisent par lajalousie parce que certainsartistes se disent que quand l’au-tre est devant, il va les dépasser.Il se sentent donc obligés de toutfaire pour le ramener en arrière.Ceux-là aiment qu’on parle seule-ment d’eux dans la ville. C’estpour cela que vous verrez tou-jours les mêmes artistes sur lascène à Ngaoundéré et mêmedans l’Adamaoua, pourtant, il y ade nombreux autres qui font untravail extraordinaire. Il y a doncune poignée d’artistes qui bloqueles autres dans la région.

Comment faites-vous pourexister dans cet environne-ment musical hostile que vousdécrivez ?

Je vous ai dit que je préfère,dans ce cas, aller dans les vil-lages où les autres ne vont pas.

J’y organise mes petits specta-cles, ce qui me permet de fairema promotion et d’avoir unrevenu, maigre soit-il.Evidemment, après, ce sont lesélites d’une localité où je suispassée qui me cherchent. Il fautindiquer que je suis aussi une«bayamsellam». Donc, là où lamusique m’amène, je vais, àdéfaut, je fais mon commerce depoissons et de brochettes. C’estgrâce à ce commerce que j’aiproduit mes deux albums. Maisfranchement, la musique ne paiepas. Je garde néanmoins l’espoirque je serai une grande artisteconnue, sans avoir besoin detremper ma main quelque part.

Quelles difficultés rencon-trez-vous justement dans larégion en tant qu’artiste musi-cienne ?

Les difficultés sont très nom-breuses. Mais mon expérience estencore plus triste parce qu’onm’a déjà empoisonnée dans cemilieu. En effet, dans une fête en2008 à Tignère, on a essayé deme tuer en mettant quelque chosedans mon verre. Heureusementque je marche toujours avec mesantidotes, remèdes traditionnels.C’est pour dire qu’il y a beaucouptrop de pratiques de sorcelleriedans le monde musical del’Adamaoua. Je me rappelle, unefois, avoir été invitée à unmariage à l’hôtel de ville etTranscam, mais je n’ai pu presterparce qu’on a acheté ma place. Ala fin, la personne qui tirait lesficelles dans l’ombre m’appelle etme donne 1000 FCfa pour payerla moto ; j’ai refusé. C’est pourcela que j’aimerais dire à mesfrères et sœurs artistes qu’il faitlaisser la jalousie. On doit laisserà chacun la chance de développerson talent, et c’est qui rehausseral’image de la musique sahé-lienne.

La lionne Guidar, artiste musicienne.

«Il y a trop de pratiques de sorcellerie dans le monde musical de l’Adamaoua»

Par Rebeka Sintebe (Stg)

Alkawal family littéralementtraduit en français par "familled’alliance" est un groupe desjeunes musiciens du Nord. Cegroupe est constitué de quatretalentueux dont trois sont origi-naires du nord et un du centre.Mis sur pied le 3 décembre 2014par Saliou Oumarou dit Spiril, cegroupe avait pour ambition pre-mière d’aider les artistes musi-ciens du septentrion dans la réa-lisation de leurs vidéogrammesmoyennant aucune somme. Eneffet, cette motivation provenaitdu désir de promouvoir et devaloriser la musique sahélienne.Cependant, cette aspiration a étéfouler au pied car n’intéressantpersonne. Voyant la situationtourner ainsi au vinaigre lesjeunes gens se sont décidés à selancer pleinement dans leur car-rière musicale en réalisant leurs

propres clips. C’est ainsi que legroupe réalise tout d’abord undocumentaire intitulé «diarap-nostic» qui parlait du diagnosticdu rap dans le nord et qui a étédiffusé à l’alliance française deGaroua captivant plusieursesprits. Ils ont voulu en effetdénoncer d’abord les tares et lesproblèmes auxquels font face lamusique sahélienne en généralafin de poser les jalons d’une car-rière réussie. C’est en 2015 quele groupe sort son premier singleen featuring avec un membre dugroupe Sérum intitulé «nouveaudépart». Il s’en suit en 2016 dutitre «yiidé» qui signifie (amour).Les jeunes gens ne s’arrêtent pasde si bon chemin et mettentencore sur pied deux autres sin-gles ; «nda men ndo» qui signifie(nous sommes là) et «je suisCamerounais». A ce jour, legroupe compte quatre singles surle marché.

Martialo, A10, Jklod et Maldor entre-tiennent des trèsbonnes relations avecleurs ainées dans lamusique particulière-ment ceux du nord àl’instar d’AminaPoullo et Isnebo quiapprécient cettecompilation demusique urbaine enFulfulde dans le styleAfro-beat. Dansleurs chants, onretrouve un mélanged’Afrobeat et d’Afro sahélienchanté en Fulfulde, en Françaiset en Anglais qui vaut leur origi-nalité et leur distinction. Legroupe Alkawal Family estconstitué par ailleurs de deuxenseignants et de deux agentscommerciaux. Quant aux projetsqu’ils ont pour la musique, cesjeunes ambitionnent de devenir

plus grand certes mais préfèrentlaisser le temps faire les choses àsa manière. «Nous n’avons pasconcrètement établi un projetpour l’avenir concernant lamusique. Mais toujours est-ilnous projetons être plus connus etpopulaires. Pour l’instant chacunde nous se concentre sur son tra-vail car c’est grâce à cet argentque nous finançons la production

de nos singles. Il est bien vrai quela musique est pour nous une pas-sion mais nous le pratiquons entenant aussi compte des réalitésdu monde musical au Cameroun»Maldor, représentant du groupe.Ils savourent pour l’instant, et lepublic de Garoua avec eux l’ac-compagnement des autresartistes venu d’ailleurs tel Minksdernièrement.

ALKAWAL FAMILY. Quatre jeunes de la ville de Garoua ont décidé de faire de la musique urbaine en utilisant la langue locale.

De l’afro-beat en fulfulde

Groupe Alkawal Familly.

De son vrai nom Rachel Anavaï, cette artiste de 39 ans achoisi de conquérir le public des tréfonds de la région del’Adamaoua. Elle y électrise la scène à travers notam-ment ses pas de danse et tenues modernes. Pas trèsvisible sur la scène musicale de la capitale régionaleNgaoundéré, auteur de deux albums aux rythmes divers,elle passe en revue son parcours musical, ses choix, lesmaux qui minent l’environnement artistique de larégion…

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