L’ESSOR SARLADAIS Musique : les habitants répètent leurs … · 2011-10-19 · Claire Ducasse...

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L’ESSOR SARLADAIS Vendredi 14 octobre 2011 - Page 3 Retour en arrière. Promue en France par le professeur Jean-Marie Delassus depuis la fin des années 80, la maternologie étudie comment naissent les relations parent-bébé. Forcément, cela devait intéresser Claire Ducasse ! La Corrézienne œuvre pour la cause des tout-petits depuis 1991. Educatrice spécialisée jeunes enfants, fonctionnaire muni- cipale à 1, 2, 3... Soleil depuis septembre 2002, elle engrange une solide connaissance empirique. Mais le secret du lien parents-enfant reste toujours aussi délicat à percer. De nombreuses questions demeurent en suspens, parmi lesquelles : pour- quoi certaines mères ne ressentent rien face à leurs bébés ? Qu’est-ce qui déclenche des difficultés, des troubles ? Les histoires personnelles de la maman et du papa seraient- elles en jeu ? Pour tenter d’en savoir plus, elle se réengage dans un cycle de forma- tion. Elle suit puis décroche notam- ment un DU de psychopathologie du bébé en 2006 et un certificat de maternologie en 2008. Commençant son activité à Brive, elle s’installe finalement en avril à Sarlat. Elle loue un local où elle peut recevoir les familles, au milieu de jouets et cous- sins. Cela concerne les enfants entre 0 et 3 ans. “ On vient surtout me voir pour des troubles du sommeil, après une longue démarche auprès de spécia- listes. ” Les parents doivent forcé- ment avoir déjà consulté un pédiatre. Claire Ducasse vérifie a priori par téléphone si le cas peut entrer dans son champ de compétence. “ Je leur dis que nous allons travailler sur l’histoire, que je vais les interpeller. ” L’émotion intense peut faire survenir la libération. Les consultations sont longues : 1 h 30. “ Cela permet de dire beau- coup de choses. ” Pendant ces séances, elle ne donne pas de conseils aux parents : “ Je ne suis pas dans : qu’est-ce qu’il faut faire ? Je suis dans le : qu’est-ce qu’il se passe ? ” Passé et présent de la famille se croisent. Claire Ducasse pose des questions, assimile les informations délivrées : “ Je dois être attentive à tout. Je propose à l’enfant de venir nous aider aussi. Et je fais levier sur les difficultés. ” A la fin se déroule un moment magique : “ Je m’approche physi- quement de l’enfant ; je parle avec lui : je lui résume la situation. Et cela se dénoue. ” La suite diffère selon les cas. “ Je ne donne pas de second rendez-vous. Parfois il n’y a pas besoin d’aller plus loin, parfois il faut une autre séance. ” GB * Les prénoms ont été modifiés à la demande des parents. Contact, tél. 06 71 52 15 76 Site Web : ecoutebebesparents.com “ Claire lui a tout expliqué avec des mots d’enfants. ” C’est une histoire banale, et pourtant à chaque fois différente. Celle de tout-petits connaissant des troubles (du som- meil, alimentaires, etc.), ce qui met les parents dans des situations très difficiles car ils finissent par se trouver sans solution. “ Pierre*, mon fils de 2 ans et demi, ne faisait pas ses nuits. Il se réveillait jusqu’à dix fois. Il était fati- gué... Et nous aussi ! ” Solange* et son mari ont consulté leur médecin généraliste, puis des spécialistes, pédiatre et pédopsychiatre. Le problème n’était toujours pas réglé. “ Au Relais assistantes maternelles (RAM) de Sarlat, on m’a conseillé de rencontrer Claire Ducasse. J’ai convaincu mon époux de tenter cette ultime solution. ” En mars, Solange prend contact avec la maternologue basée à Sarlat, qui propose des soins berceuse. “ Pour la première séance, nous sommes venus avec mon mari, mon fils et ma fille. Nous avons beaucoup parlé de moi et du problème de Pierre. ” La relation. Solange et son fils sortent de cette première tout chamboulés. Lui est très excité ; elle est perturbée, parce que “ beaucoup de choses ont été remuées à l’intérieur. A la suite de la séance, il y a eu deux nuits correctes pour le sommeil de Pierre... Puis cela a empiré ! ”, décrit la jeune femme. Conséquence : au bout du délai de dix jours fixé par Claire Ducasse, la maman la rappelle. Une deuxième puis une troisième consultation sont néces- saires : “ J’ai réussi à convaincre le papa qui commençait à se décou- rager. Car cela a tout de même un coût (60 m la séance)... Et la troi- sième fut la bonne ! Justement, lors de celle-ci, nous nous sommes centrés sur le papa, qui était resté assez silencieux pendant les deux premières fois. Là, il a parlé et le problème a été réglé. ” Que chacun y mette du sien est en effet une des conditions du succès. Au final, Solange en est convain- cue : “ Ces consultations nous ont permis de dénouer le problème. Dialogue et écoute nous ont beau- coup aidés. Et par la suite nous avons pu enclencher un échange fructueux entre parents. ” Assistante maternelle à Gourdon, la jeune femme n’hésite plus à aiguiller vers Claire Ducasse certaines familles connaissant des difficultés du même ordre. Enfin, dans sa pratique fami- liale, comme dans sa vie profes- sionnelle, la maternologie a permis à la jeune Lotoise d’apprendre bien des choses sur le lien maman- enfant, notamment que “ les troubles des bébés sont souvent dûs aux parents. ” La femme qui sait parler aux bébés Par l’écoute des tout-petits et de leurs parents, Claire Ducasse parvient à résoudre certains troubles chez les jeunes enfants La maternologue accueille les familles dans un local aménagé de manière à ce que tout le monde se sente bien (Photo GB) professeurs de musique**. Et, a priori, les effectifs affichent presque com- plet. “ Il reste bien un petit peu de place en saxophone et en alto ”, avance Gérard Cresson, guitariste, enseignant ici depuis vingt et une années et responsable de l’antenne. Avec des cours individuels, ou semi-individuels, les horaires n’étant pas extensibles, les plannings sont vite bouclés. Mercredi et samedi s’avèrent, comme attendu, les jour- nées les plus chargées de la semaine. Mais, tous les jours en fin d’après-midi, la maison s’anime avec les cours et les répétitions. Le coin accueil permet la discussion et l’échange. “ La garderie peut aussi prendre en charge les enfants des parents qui viennent en cours ”, ajoute Marie-Jean Foucher, respon- sable de l’accueil. “ Il y a une grosse volonté de la part des CC pour que le service soit le meilleur possible ”, estime Gérard Cresson, qui décrit des locaux “ incroyables : huit salles pour enseigner ! Certaines com- munes de Dordogne sont beaucoup moins bien loties ”, avance-t-il, citant notamment une ville de l’ouest du département. L’EM, présidée par Jean-Jacques de Peretti, propose un enseignement traditionnel composé de trois cycles de quatre à cinq ans chacun. Le cycle 3 est réservé à ceux qui se destinent à une pratique profession- nelle de la musique. Le fameux solfège est obligatoire... Des cursus éveil (5 à 7 ans), libre (élèves confir- més) et adultes (initiation ou perfec- tionnement) existent aussi. Concerts et auditions ouvertes à tous se tien- nent plusieurs fois par an. Le fameux musicien américain Bob Dylan devrait d’ailleurs être mis à l’honneur en fin d’année scolaire. Mais tout ceci fera l’objet d’un futur article... GB Contact, tél. 05 53 31 22 44. * Sarlat-Périgord Noir, Salignacois, Vallée de la Vézère. ** Les instruments enseignés : flûte traversière, flûte à bec, clarinette, saxophone, trombone, tuba, violon, violoncelle, alto, guitare, batterie, piano, harmonéon, accordéon. Le chant est aussi possible. Maintes disciplines et pratiques collectives sont également dispensées. Musique : les habitants répètent leurs gammes A l’École de musique Jean-Vilatte sont inscrites 130 personnes Des participants à l’Ensemble de musique sud-américaine (Photos GB) Flûte traversière et violoncelle L’ensemble de musique ancienne répète. Pianistes et saxophonistes en herbe s’initient Située depuis quelques années au n° 12 de l’avenue Brossard, l’École de musique (EM) Jean-Vilatte est une antenne du conservatoire à rayonnement départemental de la Dordogne. Locaux et matériel sont à la charge de la mairie de Sarlat et des communautés de communes (CC*). L’équipe ensei- gnante est composée de fonction- naires territoriaux rattachés au conseil général. Près de cent trente personnes, dont une trentaine d’adultes, suivent les cours dispensés par les douze Jean Vilatte Décédé le 23 mars 2006, à l’âge de 84 ans, Jean Vilatte fut président de Sarlat Art et Culture, premier nom de l’association créée dans les années 70 qui allait devenir Musique en Sarladais. Il fut conseil- ler municipal, adjoint au maire, directeur de l’École de musique (EM) et vice-président de l’Asso- ciation départementale de la musique. Dans les années 80, Jean Vilatte fit rattacher l’EM au conservatoire départemental. Après sa disparition, elle adopta son nom afin de rendre lui rendre hommage. GB

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Vendredi 14 octobre 2011 - Page 3

Retour en arrière. Promue enFrance par le professeur Jean-MarieDelassus depuis la fin des années80, la maternologie étudie commentnaissent les relations parent-bébé.Forcément, cela devait intéresserClaire Ducasse ! La Corrézienneœuvre pour la cause des tout-petitsdepuis 1991. Educatrice spécialiséejeunes enfants, fonctionnaire muni-cipale à 1, 2, 3... Soleil depuisseptembre 2002, elle engrange unesolide connaissance empirique. Maisle secret du lien parents-enfant restetoujours aussi délicat à percer. Denombreuses questions demeurenten suspens, parmi lesquelles : pour-quoi certaines mères ne ressententrien face à leurs bébés ? Qu’est-cequi déclenche des difficultés, destroubles ? Les histoires personnellesde la maman et du papa seraient-elles en jeu ?

Pour tenter d’en savoir plus, ellese réengage dans un cycle de forma-tion. Elle suit puis décroche notam-ment un DU de psychopathologiedu bébé en 2006 et un certificat dematernologie en 2008. Commençantson activité à Brive, elle s’installefinalement en avril à Sarlat. Elle loueun local où elle peut recevoir lesfamilles, au milieu de jouets et cous-sins. Cela concerne les enfants entre0 et 3 ans.

“ On vient surtout me voir pourdes troubles du sommeil, après unelongue démarche auprès de spécia-listes. ” Les parents doivent forcé-ment avoir déjà consulté un pédiatre.Claire Ducasse vérifie a priori partéléphone si le cas peut entrer dansson champ de compétence. “ Je leurdis que nous allons travailler surl’histoire, que je vais les interpeller. ”L’émotion intense peut faire survenirla libération.

Les consultations sont longues :1 h 30. “ Cela permet de dire beau-coup de choses. ” Pendant cesséances, elle ne donne pas deconseils aux parents : “ Je ne suispas dans : qu’est-ce qu’il faut faire ?Je suis dans le : qu’est-ce qu’il sepasse ? ” Passé et présent de lafamille se croisent. Claire Ducassepose des questions, assimile lesinformations délivrées : “ Je doisêtre attentive à tout. Je propose àl’enfant de venir nous aider aussi.Et je fais levier sur les difficultés. ”A la fin se déroule un momentmagique : “ Je m’approche physi-quement de l’enfant ; je parle aveclui : je lui résume la situation. Et celase dénoue. ” La suite diffère selonles cas. “ Je ne donne pas de secondrendez-vous. Parfois il n’y a pasbesoin d’aller plus loin, parfois il fautune autre séance. ”

GB* Les prénoms ont été modifiésà la demande des parents.Contact, tél. 06 71 52 15 76 Site Web : ecoutebebesparents.com

“ Claire lui a tout expliqué avecdes mots d’enfants. ” C’est unehistoire banale, et pourtant à chaquefois différente. Celle de tout-petitsconnaissant des troubles (du som-meil, alimentaires, etc.), ce qui metles parents dans des situations trèsdifficiles car ils finissent par setrouver sans solution.

“ Pierre*, mon fils de 2 ans etdemi, ne faisait pas ses nuits. Il seréveillait jusqu’à dix fois. Il était fati-gué... Et nous aussi ! ” Solange* etson mari ont consulté leur médecingénéraliste, puis des spécialistes,pédiatre et pédopsychiatre. Leproblème n’était toujours pas réglé.“Au Relais assistantes maternelles(RAM) de Sarlat, on m’a conseilléde rencontrer Claire Ducasse. J’aiconvaincu mon époux de tentercette ultime solution. ”

En mars, Solange prend contactavec la maternologue basée àSarlat, qui propose des soinsberceuse. “ Pour la première séance,nous sommes venus avec mon mari,mon fils et ma fille. Nous avonsbeaucoup parlé de moi et duproblème de Pierre. ”

La relation.Solange et son fils sortent de

cette première tout chamboulés.Lui est très excité ; elle est perturbée,parce que “ beaucoup de chosesont été remuées à l’intérieur. A lasuite de la séance, il y a eu deuxnuits correctes pour le sommeil dePierre... Puis cela a empiré ! ”, décritla jeune femme. Conséquence : aubout du délai de dix jours fixé parClaire Ducasse, la maman larappelle. Une deuxième puis unetroisième consultation sont néces-saires : “ J’ai réussi à convaincrele papa qui commençait à se décou-rager. Car cela a tout de même uncoût (60 m la séance)... Et la troi-sième fut la bonne ! Justement, lorsde celle-ci, nous nous sommescentrés sur le papa, qui était restéassez silencieux pendant les deuxpremières fois. Là, il a parlé et leproblème a été réglé. ” Que chacuny mette du sien est en effet une desconditions du succès.

Au final, Solange en est convain-cue : “ Ces consultations nous ontpermis de dénouer le problème.Dialogue et écoute nous ont beau-coup aidés. Et par la suite nousavons pu enclencher un échangefructueux entre parents. ” Assistantematernelle à Gourdon, la jeunefemme n’hésite plus à aiguiller versClaire Ducasse certaines famillesconnaissant des difficultés du mêmeordre. Enfin, dans sa pratique fami-liale, comme dans sa vie profes-sionnelle, la maternologie a permisà la jeune Lotoise d’apprendre biendes choses sur le lien maman-enfant, notamment que “ les troublesdes bébés sont souvent dûs auxparents. ”

La femme qui sait parleraux bébésPar l’écoute des tout-petits et de leurs parents,Claire Ducasse parvient à résoudrecertains troubles chez les jeunes enfants

La maternologue accueille les familles dans un local aménagéde manière à ce que tout le monde se sente bien (Photo GB)

professeurs de musique**. Et, a priori,les effectifs affichent presque com-plet. “ Il reste bien un petit peu deplace en saxophone et en alto ”,avance Gérard Cresson, guitariste,enseignant ici depuis vingt et uneannées et responsable de l’antenne.

Avec des cours individuels, ousemi-individuels, les horaires n’étantpas extensibles, les plannings sontvite bouclés. Mercredi et samedis’avèrent, comme attendu, les jour-nées les plus chargées de lasemaine. Mais, tous les jours en find’après-midi, la maison s’anime avec

les cours et les répétitions. Le coinaccueil permet la discussion etl’échange. “ La garderie peut aussiprendre en charge les enfants desparents qui viennent en cours ”,ajoute Marie-Jean Foucher, respon-sable de l’accueil. “ Il y a une grossevolonté de la part des CC pour quele service soit le meilleur possible ”,estime Gérard Cresson, qui décritdes locaux “ incroyables : huit sallespour enseigner ! Certaines com-munes de Dordogne sont beaucoupmoins bien loties ”, avance-t-il, citantnotamment une ville de l’ouest dudépartement.

L’EM, présidée par Jean-Jacquesde Peretti, propose un enseignementtraditionnel composé de trois cyclesde quatre à cinq ans chacun. Lecycle 3 est réservé à ceux qui sedestinent à une pratique profession-nelle de la musique. Le fameuxsolfège est obligatoire... Des cursuséveil (5 à 7 ans), libre (élèves confir-més) et adultes (initiation ou perfec-tionnement) existent aussi. Concertset auditions ouvertes à tous se tien-nent plusieurs fois par an. Le fameuxmusicien américain Bob Dylandevrait d’ailleurs être mis à l’honneuren fin d’année scolaire. Mais toutceci fera l’objet d’un futur article...

GBContact, tél. 05 53 31 22 44.* Sarlat-Périgord Noir, Salignacois, Valléede la Vézère. ** Les instruments enseignés : flûtetraversière, flûte à bec, clarinette, saxophone, trombone, tuba, violon,violoncelle, alto, guitare, batterie, piano,harmonéon, accordéon. Le chant estaussi possible. Maintes disciplines etpratiques collectives sont égalementdispensées.

Musique : les habitants répètent leurs gammesA l’École de musique Jean-Vilatte sont inscrites 130 personnes

Des participants à l’Ensemble de musique sud-américaine (Photos GB)

Flûte traversière et violoncelle

L’ensemble de musique ancienne répète.Pianistes et saxophonistes en herbe s’initient

Située depuis quelques annéesau n° 12 de l’avenue Brossard,l’École de musique (EM) Jean-Vilatteest une antenne du conservatoireà rayonnement départemental dela Dordogne. Locaux et matérielsont à la charge de la mairie deSarlat et des communautés decommunes (CC*). L’équipe ensei-gnante est composée de fonction-naires territoriaux rattachés auconseil général.

Près de cent trente personnes,dont une trentaine d’adultes, suiventles cours dispensés par les douze

Jean VilatteDécédé le 23 mars 2006, à l’âge

de 84 ans, Jean Vilatte fut présidentde Sarlat Art et Culture, premiernom de l’association créée dansles années 70 qui allait devenirMusique en Sarladais. Il fut conseil-ler municipal, adjoint au maire,directeur de l’École de musique(EM) et vice-président de l’Asso-ciation départementale de lamusique.

Dans les années 80, Jean Vilattefit rattacher l’EM au conservatoiredépartemental. Après sa disparition,elle adopta son nom afin de rendrelui rendre hommage.

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