L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi...

34
1. Boy overturns Colorado town’s ban on snowball fights, AFP, 6 dé- cembre 2018 hps://www.afp.com/en/news/15/boy-overturns-co- lorado-towns-ban-snowball-fights-doc-1bd4wx3 (suite page 2) Votre cerveau est‑il contrôlé par un parasite ? Changement de personnalité, développement de maladies psychiatriques, temps de réaction allongé, capacités de concentration altérées… Certains microbes exercent une véritable influence sur nos humeurs et comportements. Rencontre avec ces manipulateurs psychiques. N ous sommes au cœur de la forêt amazonienne, aux alentours de midi, plongés dans une ambiance chaude et humide fourmillante de vie, baignés de chants d’oiseaux, de cris des singes hurleurs, du coassement des grenouilles… Un drame, silencieux celui-ci, est en train de se dérouler. Une fourmi charpentière (genre Camponotus) erre, seule, à l’écart de sa colonie. Un fait singulier chez ces insectes sociaux, qui ont pour habitude d’œuvrer de concert pour chacune de leurs activités quotidiennes. La voilà qui se met à grimper le long d’un jeune arbre ; elle s’arrête lorsqu’elle a atteint une hauteur de 25 cm environ. Elle plante alors ses mandibules dans une feuille pour s’y ancrer solidement. La malheureuse n’ira pas plus loin : ce lieu est son tombeau. Une fourmi charpentière transformée en zombie D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle, puis se fend, libérant dans l’air des milliers de petites spores. Rien n’a été laissé au hasard : cet emplacement est idéal pour assurer leur dispersion. Ces spores sont en effet particulièrement précieuses pour celui qui les a émises, le cham- pignon Ophiocordyceps unilateralis. Elles sont sa descendance, le fruit de sa reproduction, celles qui assurent la perpétuation de son espèce. Et pour parvenir à ses fins, ce champignon a su manipuler le comportement de la fourmi pour l’y conduire. Il s’agit d’un parasite, un organisme ayant Votre cerveau est‑il contrôlé par un parasite ? .......................................... 1 Bio en supermarché : fiable ou arnaque ? ... 7 5 étirements simples pour réduire les douleurs autour des hanches ................ 11 7 méthodes naturelles pour garder vos yeux en bonne santé ................................................ 15 Buvez du bouillon-blanc : vos bronches vous remercieront ! ................................... 23 Ondes et électrosensibilité : la solution de Jacques Surbeck ....................................... 26 Alzheimer et dépression ............................ 29 éditorial L’effet boule de neige C’est une fable que l’on se racontera au coin du feu, quand la neige tourbillonne- ra à gros flocons au-dehors et que les tisanes à la can- nelle seront fumantes. Il était une fois un enfant de neuf ans habitant une petite ville où était appli- quée une loi particulièrement frustrante pour tout enfant de neuf ans : depuis un siècle, les batailles de boule de neige y étaient interdites. Le petit garçon respecte la loi, mais la trouve injuste : il décide de tout mettre en œuvre pour la changer. Il commence par lancer une pétition auprès de ses camarades de classe, demande l’avis des grandes personnes autour de lui et obtient finalement une audience au conseil municipal. Devant cette assemblée très officielle, il expose les raisons pour lesquelles un petit garçon souhaitant lancer une boule de neige ne devrait pas être hors la loi. Les élus l’écoutent et votent à l’unanimité la légalisation des batailles de boules de neige. C’est l’AFP qui rapporte cette fable, laquelle n’a rien de fictive 1 : le petit garçon s’appelle Dane Best et Severance (cela ne s’invente pas !) est le nom de la petite ville du Colorado où était appliquée cette étrange loi séculaire. À sa fondation, le comité municipal avait proscrit tout lancer de projectile sur son territoire… Et les boules de neige tombaient sous le coup de cette interdiction ! Mais je ne vous ai pas dit ce qui nous inté- resse particulièrement ici : comment le petit Dane a-t-il convaincu l’impressionnant collège d’adultes de Severance ? En déclarant qu’au- jourd’hui, « les enfants ont besoin d’une bonne raison pour jouer dehors » et que « la recherche scientifique suggère que le manque d’activité physique de plein air peut causer de l’obésité, des troubles de l’attention, de l’anxiété et des symptômes dépressifs ». Je vous laisse méditer sur la morale de cette fable : elle est digne d’inspirer nos gouver- nants. Et de les inciter, concernant certaines interdictions et obligations d’un autre temps, à faire preuve d’autant d’humilité et de bon sens que les membres du conseil municipal de Severance. Pour la santé de leurs concitoyens… et leur joie de vivre. Rodolphe Bacquet LE JOURNAL D’INFORMATION DES SOLUTIONS ALTERNATIVES DE SANTÉ FÉVRIER 2019 N°149

Transcript of L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi...

Page 1: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

1. Boy overturns Colorado town’s ban on snowball fights, AFP, 6 dé-cembre 2018 https://www.afp.com/en/news/15/boy-overturns-co-lorado-towns-ban-snowball-fights-doc-1bd4wx3

(suite page 2)

Votre cerveau est‑il contrôlé par un parasite ? Changement de personnalité, développement de maladies psychiatriques, temps de réaction allongé, capacités de concentration altérées… Certains microbes exercent une véritable influence sur nos humeurs et comportements. Rencontre avec ces manipulateurs psychiques.

N ous sommes au cœur de la forêt amazonienne, aux alentours de midi, plongés dans une ambiance chaude et humide fourmillante de vie,

baignés de chants d’oiseaux, de cris des singes hurleurs, du coassement des grenouilles… Un drame, silencieux celui-ci, est en train de se dérouler. Une fourmi charpentière (genre Camponotus) erre, seule, à l’écart de sa colonie. Un fait singulier chez ces insectes sociaux, qui ont pour habitude d’œuvrer de concert pour chacune de leurs activités quotidiennes. La voilà qui se met à grimper le long d’un jeune arbre ; elle s’arrête lorsqu’elle a atteint une hauteur de 25 cm environ. Elle plante alors ses mandibules dans une feuille pour s’y ancrer solidement. La malheureuse n’ira pas plus loin : ce lieu est son tombeau.

Une fourmi charpentière transformée en zombie

D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle, puis se fend, libérant

dans l’air des milliers de petites spores. Rien n’a été laissé au hasard : cet emplacement est idéal pour assurer leur dispersion. Ces spores sont en effet particulièrement précieuses pour celui qui les a émises, le cham-pignon Ophiocordyceps unilateralis. Elles sont sa descendance, le fruit de sa reproduction, celles qui assurent la perpétuation de son espèce. Et pour parvenir à ses fins, ce champignon a su manipuler le comportement de la fourmi pour l’y conduire. Il s’agit d’un parasite, un organisme ayant

Votre cerveau est‑il contrôlé par un parasite ? ..........................................1Bio en supermarché : fiable ou arnaque ? ...75 étirements simples pour réduire les douleurs autour des hanches ................117 méthodes naturelles pour garder vos yeux

en bonne santé ................................................15Buvez du bouillon-blanc : vos bronches vous remercieront ! ...................................23Ondes et électrosensibilité : la solution de Jacques Surbeck .......................................26Alzheimer et dépression ............................29

éditorialL’effet boule de neige

C’est une fable que l’on se racontera au coin du feu, quand la neige tourbillonne-ra à gros flocons au-dehors et que les tisanes à la can-nelle seront fumantes. Il était une fois un enfant de

neuf ans habitant une petite ville où était appli-quée une loi particulièrement frustrante pour tout enfant de neuf ans : depuis un siècle, les batailles de boule de neige y étaient interdites. Le petit garçon respecte la loi, mais la trouve injuste : il décide de tout mettre en œuvre pour la changer. Il commence par lancer une pétition auprès de ses camarades de classe, demande l’avis des grandes personnes autour de lui et obtient finalement une audience au conseil municipal. Devant cette assemblée très officielle, il expose les raisons pour lesquelles un petit garçon souhaitant lancer une boule de neige ne devrait pas être hors la loi. Les élus l’écoutent et votent à l’unanimité la légalisation des batailles de boules de neige. C’est l’AFP qui rapporte cette fable, laquelle n’a rien de fictive1 : le petit garçon s’appelle Dane Best et Severance (cela ne s’invente pas !) est le nom de la petite ville du Colorado où était appliquée cette étrange loi séculaire. À sa fondation, le comité municipal avait proscrit tout lancer de projectile sur son territoire… Et les boules de neige tombaient sous le coup de cette interdiction !Mais je ne vous ai pas dit ce qui nous inté-resse particulièrement ici : comment le petit Dane a-t-il convaincu l’impressionnant collège d’adultes de Severance ? En déclarant qu’au-jourd’hui, « les enfants ont besoin d’une bonne raison pour jouer dehors » et que « la recherche scientifique suggère que le manque d’activité physique de plein air peut causer de l’obésité, des troubles de l’attention, de l’anxiété et des symptômes dépressifs ».Je vous laisse méditer sur la morale de cette fable : elle est digne d’inspirer nos gouver-nants. Et de les inciter, concernant certaines interdictions et obligations d’un autre temps, à faire preuve d’autant d’humilité et de bon sens que les membres du conseil municipal de Severance. Pour la santé de leurs concitoyens… et leur joie de vivre.

Rodolphe Bacquet

FÉVRIER 2019 • N°149LE JOURNAL D’INFORMATION DES SOLUTIONS ALTERNATIVES DE SANTÉ FÉVRIER 2019 N°149

Page 2: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

absolument besoin d’un hôte pour se développer. Certaines de ses spores croiseront la route d’autres fourmis charpentières. Elles se fixe-ront à leur carapace, la perceront sans ménagement et se diviseront pour coloniser l’insecte et le trans-former en véritable zombie, qui se rend là où le parasite aux com-mandes a décidé de guider ses pas.

Le champignon Ophiocordyceps unilateralis n’est pas le seul à se livrer à de telles pratiques : les cas de parasites manipulateurs sont légion dans le règne animal. Des vers infestent des grillons ou des araignées et les poussent à se jeter à l’eau. Comprenons-les : ils ne peuvent se reproduire qu’en milieu aquatique et ont besoin d’un être docile pour les y conduire. Un autre ver, la petite douve du foie, pousse les fourmis qu’elle infecte à se poster en haut d’un brin d’herbe pour être broutées par un mouton, l’animal au sein duquel elle peut achever son développement. Les insectes volants ne sont pas en reste en matière de machiavélisme ; le chlorion, une guêpe à l’étonnante couleur émeraude, injecte un poi-son dans le cou d’une blatte pour éteindre sa motivation à fuir ; elle l’emprisonne dans un terrier, puis pond un œuf, qui deviendra une larve disposant d’un garde-manger à grignoter à volonté.

Manipuler un insecte ou un ara-chnide, qui sont des êtres vivants moins complexes que nous, semble ainsi assez aisé pour les parasites. Qu’en est-il des êtres humains ?

Le toxoplasme, le chat et le rat

L ’un des rois de la manipula-tion s’attaque en effet à un

tout autre genre d’hôtes, à sang chaud cette fois-ci : les mammifères. Il s’agit d’un protozoaire, une forme de vie très simple composée d’une

1. House PK etal. Predator cat odors activate sexual arousal pathways in brains of Toxoplasma gondii infected rats. PLoS One. 2011;6(8):e23277

seule cellule, Toxoplasma gondii. Comme tout parasite, il est inca-pable de se reproduire de façon autonome. Mais les choses sont assez compliquées pour lui : il ne doit pas trouver un hôte, mais deux. Le premier, qualifié d’hôte intermé-diaire, est en général un rongeur ou un oiseau, qui l’ingère sous forme d’œufs, en consommant un aliment souillé. Ceux-ci éclosent dans son organisme et commencent leur développement, qu’ils ne peuvent cependant pas achever. En effet, le toxoplasme ne peut finir son cycle de vie que dans l’intestin d’un félin, un chat par exemple, qui est l’hôte définitif. Là, il sera en mesure d’émettre ses œufs, qui seront rejetés dans l’environne-ment avec les crottes de l’animal, avant d’être ingérés par un nouvel hôte intermédiaire. Mais passer de l’hôte intermédiaire à l’hôte défini-tif n’a rien d’évident. Bien sûr, les chats parviennent parfois à capturer des rongeurs ou des oiseaux, mais compter sur l’habilité des félins a quelque chose d’assez aléatoire pour le parasite. Il n’hésite donc pas à donner un coup de pouce au destin : le parasite pousse le rat à ne plus avoir peur du chat.

Ce phénomène a été mis en évi-dence par des chercheurs de l’université de Stanford aux États-Unis1. Ils ont en effet constaté que les rats infectés par le toxoplasme perdent leur crainte innée de l’odeur d’urine de matou, un réflexe de survie pourtant fortement ancré chez ces rongeurs. Inconscients du danger, les rats ne fuient plus

les lieux fréquentés par les chats, ce qui augmente fortement les risques de prédation. Comment est-ce possible ? Les scientifiques ont montré que le parasite perturbe le fonctionnement du cerveau du rat, permettant aux régions norma-lement activées en cas d’attraction sexuelle de réagir à l’odeur de l’urine de chat. Le toxoplasme parvient donc à orienter le com-portement de mammifères pour en tirer profit.

Voilà qui n’est pas très rassurant : n’appartenons-nous pas à ce groupe ? Il est certain que pour le toxoplasme, ce serait peine perdue de nous infecter : il y a en effet peu de risques pour qu’un homme se fasse dévorer par un chat. Mais sous d’autres latitudes, il arrive couram-ment qu’un primate soit la proie d’un félin et le toxoplasme est également en mesure de manipuler le com-portement des singes pour qu’ils se jettent dans les pattes de léopards. Le goût du toxoplasme pour l’homme pourrait ainsi être un vestige de l’évolution, une stratégie devenue assez mauvaise pour le parasite, mais qui pourrait avoir de fortes conséquences pour notre santé.

Nous sommes en effet bel et bien une cible du parasite. À l’échelle mondiale, une personne sur trois est infectée par le toxoplasme, avec de fortes variations d’une zone géographique à l’autre : le taux d’infection est faible en Asie et en Amérique, mais élevé en Afrique et en Europe. Des variations qui s’expliquent par une plus ou moins grande proximité avec les chats et par les habitudes alimentaires, la contamination pouvant se produire lors de l’ingestion de viande mal cuite ou de crudités souillées. Les risques associés à la toxoplasmose – la maladie que provoque le pa-rasite – sur les fœtus, lorsqu’une femme enceinte contracte la mala-die pour la première fois au cours de sa grossesse, sont bien connus :

Fourmi charpentière infectée par le champignon Ophiocordyceps unilateralis

février 2019 • n°149À LA UNE

2

Page 3: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

troubles mentaux et psychomo-teurs, épilepsie, encéphalite… Elle peut également avoir de très graves conséquences chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli, entraînant la défaillance de multiples organes et parfois le décès. Chez les personnes à l’immunité normale, la situation semble sous contrôle. Le para-site reste dans l’organisme sous une forme dormante, formant des kystes dans les tissus musculaires et nerveux ; il adore se loger dans le cerveau, confortablement installé à l’intérieur des neurones ou des cel-lules gliales. Chaque kyste, sphère protégée d’une épaisse membrane, peut héberger des centaines, voire des milliers de ces envahisseurs ! Mais contrairement à ce que l’on a longtemps considéré, leur présence pourrait avoir un retentissement sur notre organisme, affectant notre comportement et même notre santé mentale.

Changement de personnalité

J aroslav Flegr, chercheur au département de parasito-

logie de l’université Charles de Prague, en République tchèque, étudie les effets de la toxoplasmose sur la personnalité des hommes et des femmes depuis plusieurs années. Il a notamment conduit des recherches visant à mettre en évidence les traits de caractère des personnes infectées ou non par le parasite à l’aide de question-naires. Sur 11 études de ce type, 9 ont mis en évidence des diffé-rences notables, qui s’expriment de manière variable en fonction du genre. Ainsi, les hommes por-teurs du toxoplasme ont tendance à enfreindre les règles, à être

2. Jaroslav Flegr. Effects of Toxoplasma on Human Behavior. Schizophr Bull. 2007 May; 33(3): 757–7603. Johnson SK et al. Risky business: linking Toxoplasma gondii infection and entrepreneurship behaviours across individuals and countries. Proc Biol Sci. 2018 Jul 25;285(18834. Lafferty KD. Can the common brain parasite, Toxoplasma gondii, influence human culture? Proc R Soc B Biol Sci. 2006;273:2749–27555. Havlicek J et al. Decrease of psychomotor performance in subjects with latent ‘asymptomatic’toxoplasmosis. Parasitology. 2001;122:515–5206. Flegr J et al. Increased risk of traffic accidents in subjects with latent toxoplasmosis : a retrospective case-control study. BMC Infect Dis. 2002;2:117. Torrey EF et al. Toxoplasma gondii and other risk factors for schizophrenia: an update. Schizophr Bull. 2012 May;38(3):642-78. Niebuhr DW et al. Risk of schizophrenia and antibodies to Toxoplasma gondii among U.S. military personnel. Schizophr Bull 2007;33:243-49. Torrey EF, Yolken RH. Could schizophrenia be a viral zoonosis transmitted from house cats. Schizophr Bull 1995;21(2):167-7110. Jones-Brando L et al. Drugs used in the treatment of schizophrenia and bipolar disorder inhibit the replication of Toxoplasma gondii. Schizophr Res. 2003 Aug 1;62(3):237-44

plus suspicieux et jaloux que les hommes non infectés. Quant aux femmes contaminées, elles sont plus chaleureuses, consciencieuses et moralistes2 que les femmes non infectées. Un parasite qui façonne la personnalité, voilà qui a de quoi surprendre ! En modifiant notre caractère et en effaçant certaines craintes, le toxoplasme semble même en mesure d’orienter cer-tains projets de vie. Une étude3 très récente menée par des cher-cheurs de l’université du Colorado a montré que le parasite ne serait pas étranger à l’esprit d’entrepre-neuriat : les personnes infectées se lancent plus facilement dans la création d’entreprise que celles qui ne le sont pas. Et les pays où la contamination est la plus répan-due sont également ceux où l’on compte le plus d’entrepreneurs ! Autrement dit, le parasite pourrait façonner les particularités cultu-relles d’un pays4. Si encourager à la création d’entreprise est une conséquence positive, d’autres le sont beaucoup moins. L’infection semble en effet affecter les perfor-mances psychomotrices, allonger le temps de réaction et affecter les capacités de concentration5. Jaroslav Flegr et son équipe se sont demandés si le parasite pouvait avoir sa part de responsabilité dans la survenue des accidents de la route. Ils ont réalisé des analyses de sang chez 146 personnes admises à l’hôpital de Prague à la suite d’un accident qu’elles avaient provoqué et comparé les taux d’infection par le parasite à 446 personnes choisies au hasard. Les analyses ont révélé que l’infection par le toxoplasme multiplie par 2,65 le risque d’ac-cident de la route6.

Le parasite qui rend fou…

S i le parasite semble en mesure de modifier la personnalité

des personnes qu’il infecte, il pour-rait même aller jusqu’à favoriser le développement de maladies psychiatriques. De nombreuses études se sont penchées sur ce lien potentiel, dès 1950 pour la schizophrénie. Une analyse de la littérature scientifique ayant com-pilé les résultats de travaux menés pendant un demi-siècle a montré que les personnes souffrant de schi-zophrénie sont plus fréquemment atteintes par la toxoplasmose que le reste de la population. Une per-sonne porteuse du parasite présente un risque de schizophrénie mul-tiplié par 2,7 par rapport à une personne épargnée par l’infection7. Si ce type d’étude ne suffit pas à prouver que le toxoplasme est la cause de la maladie psychiatrique chez les personnes prédisposées (fort heureusement, tous les por-teurs de toxoplasme ne deviennent pas schizophrènes !), un certain nombre d’éléments plaident en cette faveur.

Une étude a par exemple mis en évidence que l’infection par le toxoplasme précède l’apparition des premières manifestations de la maladie mentale, de 6 mois à 3 ans8. De plus, les personnes at-teintes de schizophrénie sont plus exposées aux chats pendant leur en-fance que le reste de la population9. Enfin, des médicaments antipsycho-tiques utilisés pour lutter contre la schizophrénie (la fluphénazine ou l’halopéridol) et des stabilisateurs de l’humeur (l’acide valproïque) sont dotés de propriétés antiparasi-taires10. Leur efficacité s’expliquerait en partie par la capacité à inhiber la

février 2019 • n°149À LA UNE

3

Page 4: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

croissance du parasite. L’implication du toxoplasme est également soup-çonnée dans la survenue d’autres troubles psychiques (troubles bi-polaires, troubles obsessionnels compulsifs, troubles du spectre de l’autisme).

Comment le parasite peut-il fa-voriser la survenue de ce type de maladies ? Sa présence perturbe les messagers chimiques présents au niveau du cerveau et conduit notamment à une augmentation de la production de l’un d’eux, la dopamine, impliquée dans les comportements agressifs et dans la survenue des maladies psycho-tiques. Il provoque par ailleurs une augmentation du taux de testosté-rone11, uniquement chez l’homme : voilà sans doute de quoi expliquer les différences de caractères ob-servées chez les deux sexes en cas de contamination. Cette ac-tion pourrait par ailleurs servir le toxoplasme, en l’aidant à se trans-mettre d’un individu à l’autre par voie sexuelle par l’augmentation de la libido des hommes infectés.

Les mâles infectés plus séduisants

C hez de nombreuses espèces animales, les femelles pos-

sèdent une aversion naturelle pour les mâles infectés par des parasites et s’en détournent au moment de la reproduction, leur préférant les spécimens sains pour s’accoupler. Pour des raisons évidentes : elles augmentent leurs chances de choi-sir un partenaire dont le patrimoine génétique lui permet de résister à l’in-fection et/ou elles limitent le risque d’être contaminées si ce parasite est transmissible par voie sexuelle. Prenons par exemple le cas de la sou-ris : les femelles repèrent les mâles

11. Zghair KH et al. The effect of toxoplasmosis on the level of some sex hormones in males blood donors in Baghdad. J Parasit Dis. 2015 Sep;39(3):393-400. doi: 10.1007/s12639-013-0382-6. Epub 2013 Nov 2112. Kavaliers M, Colwell DD. Discrimination by female mice between the odours of parasitized and non-parasitized males. Proc Biol Sci. 1995;261:31–3513. Shantala Arundathi Hari Dass et al. Protozoan Parasite Toxoplasma gondii Manipulates Mate Choice in Rats by Enhancing Attractiveness of Males. PLoS One. 2011; 6(11): e2722914. Spence JB et al. Toxoplasma gondii in the semen of rams. Vet Rec. 1978;102(2):38–3915. Philip Starks, University of California, Berkeley. 13th International AIDS Conference, Durban SouthAfrica, July 200016. Sudo N et al. Postnatal microbial colonization programs the hypothalamic-pituitary-adrenal system for stress response in mice. J Physiol 2004; 558:263-7517. Desbonnet L et al. Microbiota is essential for social development in the mouse. Mol Psychiatry. 2014 Feb;19(2):146-818. Bercik P et al. The intestinal microbiota affect central levels of brain-derived neurotropic factor and behavior in mice. Gastroenterology. 2011 Aug;141(2):599-609, 609.e1-3

infectés par Eimeria vermiformis à leur odeur, qu’elles fuient12. Et elles ont bien raison : l’infection causée par ce parasite intestinal se manifeste par de douloureux symptômes – diarrhées et selles sanglantes –, qui peuvent conduire l’animal à la mort. On pourrait s’attendre à ce qu’elles fassent de même vis-à-vis des mâles contaminés par le toxoplasme, mais ce dernier semble avoir trouvé le moyen de contourner ce méca-nisme de répulsion. Une équipe a en effet montré que les rates sont irrésistiblement attirées par les mâles contaminés ! Ils ont ainsi tout loisir de s’accoupler et de transmettre le parasite aux femelles, ainsi qu’à cer-tains des bébés nés de ces unions13.

La possibilité d’une transmission sexuelle du toxoplasme avait été pressentie dès 1978, quand une équipe avait identifié la présence du parasite dans la semence de béliers14. Cette manipulation du comportement sexuel n’est pas propre au toxoplasme. Des cher-cheurs de l’université de Californie à Berkeley ont par exemple mis en évidence un taux plus élevé de testostérone chez les hommes contaminés par le VIH dans les premières phases de l’infection15. Leur libido ainsi boostée, ces hommes ont tendance à multiplier les rapports sexuels et le nombre de partenaires, comportement propice à la dissémination de ce virus.

Le microbiote intestinal influence notre état d’esprit

L es parasites ou virus patho-gènes ne sont pas les seuls

à pouvoir influencer nos compor-tements ; notre microbiote – cette communauté de bactéries, levures, champignons et virus avec laquelle

nous vivons en symbiose – pourrait avoir son mot à dire dans notre personnalité. L’influence de ces microbes sur le psychisme a été étu-diée par de nombreux chercheurs, utilisant des rongeurs comme sujets d’études. Dans le cadre de ces ex-périences, des souris dépourvues de microbiote, qualifiées d’axéniques, sont utilisées. Comment peut-on ob-tenir de tels animaux ? Il suffit de les faire naître par césarienne. En effet, quand le fœtus se développe dans le ventre de sa mère, il ne porte pas encore de microbes. La colonisa-tion de son tube digestif se produit au moment de l’accouchement, lors du contact avec les muqueuses maternelles. Elle nécessite donc un accouchement par voie basse.

En 200416, une équipe japonaise dirigée par Nobuyuki Sudo montre que ces souris axéniques réagissent au stress de manière plus intense que les souris disposant d’une flore intestinale normale. En recons-tituant un microbiote chez ces animaux, la situation s’améliore, pour peu que l’intervention soit menée suffisamment tôt dans leur vie : à l’âge de 6 semaines, les réactions intempestives au stress s’apaisent, tandis qu’elles per-durent si l’opération est menée à l’âge adulte (14 semaines).

Des chercheurs de l’université de Cork en Irlande ont quant à eux mis en évidence le caractère peu sociable des souris axéniques, qui préfèrent fréquenter une cage vide plutôt que remplie de congénères. Là encore, rétablir leur microbiote leur redonne goût aux échanges so-ciaux17. Des chercheurs canadiens sont allés plus loin dans les expé-rimentations, parvenant à modifier le caractère de souris à l’aide de transferts de microbiote18. Ils ont utilisé deux souches de souris aux

février 2019 • n°149À LA UNE

4

Page 5: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

tempéraments bien distincts : des souris « Balb/c », anxieuses et crain-tives, et de grandes exploratrices, les souris « NIH suisses ». Pour chacune de ces deux souches, des animaux dépourvus de microbiote ont servi de point de départ ; les scientifiques ont alors procédé à des greffes de microbiote, une tech-nique qui consiste à administrer des matières fécales pour repeupler l’intestin. Mais bien sûr, pour pi-menter l’expérience, ils ont rebattu les cartes : les souris NIH suisses ont reçu un microbiote de souris Bal/c et inversement. Vous devinez le ré-sultat ? Les premières sont devenues peureuses, tandis que les secondes

19. Jessica M. Yano et al. Indigenous bacteria from the gut microbiota regulate host serotonin biosynthesis. Cell. 2015 Apr 9; 161(2): 264–276

ont fait preuve d’audace ! Les greffes de microbiote sont d’ores et déjà utilisées comme approche thérapeutique en médecine, pour lutter contre certaines infections bactériennes (provoquées par la bactérie Clostridium difficile).

Bénéficier du microbiote d’un donneur anxieux pourrait-il modi-fier la personnalité du receveur ? Cette relation entre des microbes présents dans l’intestin et l’état d’esprit peut sembler surprenante ; pourtant, il existe plusieurs voies par lesquelles le microbiote peut agir sur le cerveau. Les microbes qui peuplent notre tube diges-tif produisent différents types de

composés, parmi lesquels des neurotransmetteurs, ces messagers chimiques qui agissent au niveau cérébral, qu’ils atteignent en em-pruntant la circulation sanguine. Plus de 90 % de la sérotonine, un important neurotransmetteur pour réguler l’humeur, est par exemple produite au niveau de l’intestin19 !

Elle provient de l’activité de différents micro-organismes, no-tamment la levure Candida et des bactéries du genre Escherichia, des entérocoques et des strepto-coques. Les bactéries du genre Bacillus produisent quant à elles de l’acétylcholine, un messager capi-tal pour la mémoire. Le microbiote

Traiter et identifier la toxoplasmoseLa toxoplasmose est une infection très courante en France : on estime qu’un adulte sur deux est porteur du parasite. Et bien souvent à notre insu : chez les personnes en bonne santé, la maladie est très discrète et n’entraîne aucun signe détectable. Elle peut tout au plus provoquer, après une période d’incubation de quelques jours, des symptômes évoquant la grippe : maux de tête, fa-tigue, fièvre ne dépassant pas 38 °C, douleurs articulaires et musculaires, ganglions gonflés…

Ainsi, les éprouver en dehors des périodes d’épidémies hivernales peut alerter, même s’il est facile de passer à côté : de nombreuses maladies peuvent les occasionner. Seules les femmes enceintes sont informées de manière systématique sur leur statut sérologique par rap-port au parasite : un test de dépistage obligatoire est mené en début de grossesse et renouvelé chaque mois pour s’assurer qu’aucune contami-nation ne s’est produite. Il est basé sur une analyse sanguine, qui met en évidence l’éventuelle présence d’anticorps dirigés contre le para-site, témoins de l’infection.

Le dépistage est également mené chez les patients souffrants d’im-munodéficience et, en dehors de ces contextes particuliers, il est sans

doute assez difficile de convaincre son médecin de l’intérêt de procéder à cette analyse.

Une fois la présence de Toxoplasma gondii identifiée, le combat est loin d’être gagné : à l’heure actuelle, on ne dispose pas de solution thérapeutique permettant d’éra-diquer totalement le parasite de l’organisme. Les traitements mé-dicamenteux sont administrés aux personnes les plus fragiles pour contrôler la phase aiguë de l’in-fection et éviter la survenue de graves complications. Ils reposent en général sur l’administration de pyriméthamine, souvent associée à une autre molécule, la sulfadiazine.

La pyriméthamine avait été au cœur d’un scandale aux États-Unis en 2015, quand le prix du Daraprim®, un médicament élaboré à partir de celle-ci, était passé de 13,50 à 750 dollars après son rachat par la société Turing Pharmaceuticals. Face aux limites des traitements classiques, à leur coût, aux effets indésirables qui leur sont associés et à la survenue de résistance chez le parasite, de nombreuses équipes de recherche se penchent depuis trente ans sur de nouvelles approches pour combattre la maladie, allant puiser dans la nature des remèdes prometteurs23. Plusieurs plantes

médicinales possèdent en effet des vertus antitoxoplasmose, mises en évidence au cours de tests en labo-ratoire et chez l’animal.

La plante qui reçoit le plus d’at-tention est l’armoise annuelle (Artemisia annua) ; son principe actif, l’artémisinine, est déjà re-connu pour sa capacité à lutter contre un autre parasite, le redou-table Plasmodium, responsable du paludisme. Capable d’inhiber le développement du toxoplasme, de toxicité faible et peu coûteuse, elle pourrait contribuer à l’émergence d’un nouveau traitement.

Parmi les autres candidates poten-tielles issues du monde végétal, figurent la réglisse (Glycyrrhiza glabra), le Tongkat Ali (Eurycoma longifolia), le Vernonia colorata, le Ginkgo biloba, l’oignon (Allium cepa), le gingembre (Zingiber of-ficinale), la muscade (Myristica fragrans), l’astragale de Chine (Astragalus membranaceus), la scutellaire du Baïkal (Scutellaria baicalensis), la myrrhe (la résine qui provient de l’arbre Commiphora molmol), la nigelle (Nigella sativa) et le sureau noir (Sambucus nigra). Autant de pistes à creuser pour enfin trouver l’arme imparable contre le toxoplasme.

février 2019 • n°149À LA UNE

5

Page 6: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

intestinal peut également agir sur le cerveau en activant le système immunitaire, en assurant la pro-duction de certaines hormones ou en stimulant le nerf vague, qui relie directement l’intestin au cerveau.

Ces relations complexes entre le microbiote intestinal et la sphère cérébrale pourraient être en jeu dans le cadre de certains troubles neurologiques ou psychiatriques, comme la schizophrénie, les troubles anxieux, la dépression ou l’autisme. Les enfants présentant des troubles du spectre de l’autisme souffrent également fréquemment de problèmes intestinaux et leur microbiote présente des singu-larités par rapport au reste de la population.

Une étude a par exemple mis en évidence une diminution de la quantité de Bacteroidete, une aug-mentation de Corynebacterium, Dorea, Lactobacillus ainsi que des levures Candida chez les jeunes autistes par rapport au reste de la population20. Certains de ces enfants, souffrant de constipation, présentent également des taux plus élevés de bactéries Clostridium. Or, ces dernières produisent un composé suspecté d’être respon-sable de trouble du comportement chez l’enfant, l’acide propionique. Administré chez des rats, il pro-voque par ailleurs des symptômes proches de l’autisme : mouvements anormaux, centres d’intérêt répé-titifs, déficits cognitifs, difficultés dans les interactions sociales21... Un composé qui suscite d’ailleurs des craintes, puisqu’il est utilisé comme additif alimentaire sous le nom d’E280. Des singularités dans la composition du microbiote ont éga-lement été mises en évidence chez des personnes souffrant de dépres-sion22 lors d’une étude menée en

20. Strati F et al. New evidences on the altered gut microbiota in autism spectrum disorders. Microbiome. 2017 Feb 22;5(1):2421. Derrick F. MacFabe, MD. Short-chain fatty acid fermentation products of the gut microbiome: implications in autism spectrum disorders. Microb Ecol Health Dis. 2012; 23: 10.3402/mehd.v23i0.1926022. Naseribafrouei A et al. Correlation between the human fecal microbiota and depression. Neurogastroenterol Motil. 2014 Aug;26(8):1155-6223. Sharif M et al. The efficacy of herbal medicines against Toxoplasma gondii during the last 3 decades: a systematic review. Can J Physiol Pharmacol. 2016 Dec;94(12):1237-124824. Desbonnet L et al. Effects of the probiotic Bifidobacterium infantis in the maternal separation model of depression. Neuroscience. 2010 Nov 10; 170(4):1179-8825. Messaoudi M et al. Assessment of psychotropic-like properties of a probiotic formulation (Lactobacillus helveticus R0052 and Bifidobacterium longum R0175) in rats and human subjects. Br J Nutr. 2011 Mar;

105(5):755-6426. Akkasheh G et al. Clinical and metabolic response to probiotic administration in patients with major depressive disorder: A randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Nutrition. 2016 Mar; 32(3):315-2027. Ruixue Huang et al. Effect of Probiotics on Depression: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials Nutrients. 2016 Aug; 8(8): 483

Norvège en 2014, en analysant les matières fécales de 37 patients et de 18 personnes en bonne santé psy-chique. Les populations d’Alistipes, des bactéries associées au stress, étaient augmentées, tandis que celles d’Oscillibacter, des bactéries qui produisent un composé proche du neurotransmetteur GABA, aux vertus apaisantes, étaient réduites.23

Des probiotiques à l’action antistress

F ace à ce potentiel impact du microbiote sur le psychisme,

des équipes travaillent à la mise au point de probiotiques capables d’apaiser l’âme : les psychobio-tiques. À l’INRA, par exemple, des études sont menées autour de la bactérie Lactobacillus farci-minis pour lutter contre le stress. Ce microbe semble en mesure de diminuer la perméabilité de la barrière intestinale, empêchant certaines molécules produites par le microbiote, les lipopolysaccha-rides, d’accéder au cerveau, où ils exercent des effets inflammatoires.

Une autre souche, Bifidobacterium infantis, a montré son efficacité pour combattre le stress chez des rats devenus dépressifs à cause d’un éloi-gnement prématuré de leur mère24. Avec en prime une amélioration de l’efficacité de leur système immuni-taire. Des résultats prometteurs ont été obtenus chez l’homme, avec différentes souches de probiotiques.

Des personnes en bonne santé recevant Lactobacillus helveticus R0052 et Bifidobacterium longum pendant 30 jours voient leur niveau de stress s’atténuer par rapport aux personnes ayant reçu un produit placebo25. Chez des patients dé-pressifs, un cocktail de Lactobacillus

acidophilus, Lactobacillus casei, et Bifidobacterium bifidum adminis-tré pendant 8 semaines allège les symptômes de la maladie26.

Le bénéfice des probiotiques en cas de dépression a été confirmé par une récente analyse de la lit-térature scientifique consacrée à ce sujet27. En plus des souches déjà citées, les études recensées ont par exemple utilisé des pro-biotiques comme Lactobacillus bulgar icus, Bi f idobacter ium breve, S t reptococcus ther-moph i lus , B i f idobac te r ium lactis W52, Bifidobacterium bre-vis, Bifidobacterium salivarius, Lactobacillus pentosus… Il est éga-lement possible de bénéficier de l’effet apaisant des probiotiques en se tournant vers des aliments qui en contiennent naturellement, comme les yaourts et les aliments fermentés (choucroute, kéfir, miso, kombucha, etc.). Une alimentation pauvre et peu diversifiée augmente d’ailleurs le risque de dépression, sans doute en partie parce qu’elle ne permet pas d’avoir un microbiote équilibré.

Notre personnalité est le fruit d’une somme de facteurs liés à notre patrimoine génétique, à l’environ-nement dans lequel nous évoluons, à notre éducation… Que certains microbes, pathogènes ou habi-tants naturels de notre organisme, contribuent en partie à définir notre nature profonde est quelque peu troublant. Admettre cette in-fluence peut cependant aider à mieux comprendre certains de nos comportements, pour mieux les accepter. Elle offre en tout cas de nouvelles perspectives pour com-battre les maux de l’âme qui nous assaillent parfois.

Céline Sivault

février 2019 • n°149À LA UNE

6

Page 7: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

L es temps changent ! Je me souviens, adolescente, dans

les années 1990, du déploiement des hypermarchés en banlieue pa-risienne. Bien qu’attirée par ces nouveaux temples de la consom-mation, je n’avais pas souvent l’occasion d’y mettre les pieds. Ma mère regardait ça d’un drôle d’œil, elle qui privilégiait les cir-cuits courts comme le marché et la petite supérette bio à côté de chez nous. Parallèlement, ma sœur et moi étions déjà des militantes de « la bio », ou agriculture biologique. Nous débattions en permanence avec nos amies qui ne juraient que par les pizzas surgelées.

Trente ans plus tard, les produits bio ont envahi les rayons des grandes surfaces !

Fruits, légumes, épicerie, cos-métiques, produits ménagers, les grandes surfaces ont succombé au virus du bio. Le phénomène est surtout palpable depuis dix ans : le Grenelle de l’environnement a instauré un changement progressif de conscience et de comportement. Ce sont bien les consommateurs qui sont à l’origine de l’essor du bio dans les grandes surfaces, +20 % chaque année ! La loi de l’offre et de la demande gouverne et les consommateurs veulent plus de bio.

1. Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses. Barański M. Et al. British Journal of Nutrition. 2014 Sep 14

Parce que c’est meilleur pour la santé

S elon les chiffres de l’Agence bio, 86 % des Français esti-

ment que l’agriculture biologique contribue à préserver l’environne-ment (à 91 %), que les produits bio sont meilleurs pour la santé (89 %), plus naturels en raison de leur culture sans produits chimiques de synthèse (88 %) et source d’emplois (75 %). Près de 81 % des consom-mateurs achètent surtout des fruits et des légumes. Les produits laitiers es-tampillés bio arrivent en deuxième position, suivis des œufs, de l’huile,

des produits d’épicerie (pâtes, riz, céréales), puis de la viande.

Les consommateurs ne s’y trompent pas, l’alimentation biologique est meilleure pour la santé. L’étude phare de Newcastle1 a démontré en 2014 que les aliments à base de plantes cultivées en agricul-ture biologique (AB) contiennent jusqu’à 60 % d’antioxydants en plus que ceux produits en agricul-ture conventionnelle.

Cette méta-analyse de 343 études sur les différences entre les cultures biologiques et conventionnelles illustre le concept de « densité

Bio en supermarché : fiable ou arnaque ? Inimaginable il y a encore 10 ans, la progression des rayons bio dans les grandes surfaces permet à une part croissante de la population d’accéder à des produits respectueux de l’environnement, alors qu’il fallait avant se rendre dans les magasins spécialisés. Mais les consommateurs s’interrogent : le bio des grandes surfaces n’est-il pas un bio au rabais ? N’inflige-t-il pas aux producteurs des conditions de production et tarifaires médiocres ? Ses atouts santé sont-ils réels ?

Même bio, les produits de supermarché peuvent contenir des additifs nocifs pour la santé : pensez à bien vérifier la liste des ingrédients

7

février 2019 • n°149DÉCRYPTAGE

Page 8: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

nutritionnelle » défendu par les adeptes du bio depuis longtemps. La consommation de fruits, lé-gumes, céréales bio et d’aliments à base de ces produits peut fournir un complément en antioxydants équivalent à une consommation supplémentaire de 1 à 2 portions de fruits et de légumes conventionnels par jour. Bref, manger bio, c’est bénéficier d’une consommation accrue d‘éléments d’intérêt nutri-tionnel et, en même temps, selon ces chercheurs, d’une exposition réduite aux métaux lourds toxiques.

En 2017, le journal anglais Environmental Health2 confirme l’impact positif de l’agriculture biologique sur la santé, avec une baisse de 31 % de l’obésité chez les consommateurs d’aliments issus de l’agriculture biologique. Cependant, ils émettent une réserve : les consommateurs de produits bio ont généralement des habitudes alimentaires plus saines. Ils consom-ment plus de fruits, légumes, grains entiers, légumineuses et moins de viande. D’accord, mais cette étude confirme aussi que les consomma-teurs de produits bio sont beaucoup moins exposés aux pesticides, pro-blème de santé majeur. Selon cette étude, l’agriculture bio a aussi un grand intérêt pour lutter contre le phénomène de résistance aux anti-biotiques. L’étude rappelle que plus de 100 pesticides provoquent des ef-fets neurologiques indésirables chez l’homme. Les scientifiques signalent que l’exposition aux pesticides af-fecte le quotient intellectuel (QI), la mémoire au travail et le développe-ment cognitif de l’enfant. L’absence de pesticides dans l’alimentation peut donc avoir un impact sur la prévention des maladies graves telles que Parkinson et certains types de cancer. Enfin, l’étude démontre que manger bio peut diminuer le risque de maladies chroniques, no-tamment le diabète et les maladies

2. Human health implications of organic food and organic agriculture: a comprehensive review. Mie A, Andersen HR, Gunnarsson S. Environmental Health 2017 Oct 273. The frequency of organic food consumption is inversely associated with cancer risk: results from the NutriNet-Santé prospective Cohort. Baudry J, Assmann KE, Touvier M et al. JAMA Internal Medicine,

22 octobre 2018

cardiovasculaires, faisant écho à une autre étude anglaise qui trouvait les produits laitiers biologiques et la viande bio plus riches en oméga-3, ces acides gras protecteurs de notre système cardiovasculaire.

Moins de cancers

E nfin, cerise sur le gâteau, une étude française3 vient

de montrer un risque de cancer diminué de 25 % chez les consom-mateurs réguliers d’aliments bio sur une période de 7 années de suivi (2009-2016). Sur un échantillon de 68 946 personnes, les cancers du sein chez les femmes ménopau-sées, notamment, diminuent (-34 % de risque) et les lymphomes encore plus (-76 % de risque). Les scienti-fiques de l’Inra, de l’Inserm et de l’université Paris-13 l’expliquent par la présence de restes de pesti-cides synthétiques en quantités plus élevées dans des produits non bio, mais aussi par les micronutriments, tels que les antioxydants, nettement plus présents dans les aliments issus d’une agriculture biologique. C’est donc prouvé : manger bio est meilleur pour la santé !

Des produits bio disponibles partout

A ujourd’hui, les grandes en-seignes sont en tête des ventes

de produits biologiques (44,9 %), devant les magasins spécialisés tels que Biocoop, La Vie claire ou Naturalia (37,1 %), la vente directe (13,2 %) et les commerçants ou ar-tisans (4,8 %). Les consommateurs diversifient leurs lieux d’achats, moi la première... Auparavant, j’ache-tais tous mes produits bio dans des enseignes historiques comme La Vie claire, Biocoop. Maintenant, j’achète la majorité de ces pro-duits en grande surface. Chaque année, la gamme s’enrichit, avec

maintenant la possibilité d’acheter en vrac les mêmes produits. C’est pratique, économique, mais… Ne suis-je pas en train de trahir la cause du bio de ma jeunesse ? Suis-je coupable d’encourager un bio au rabais ? Que vaut vraiment le bio du supermarché ?

Pour répondre à ces interroga-tions, j’ai questionné ma sœur, Delphine Ducœurjoly, qui est au-teure du Guide pratique pour une restauration collective bio et locale (Territorial éditions). Dans le cadre de son activité de conseil aux col-lectivités pour le développement de filières agricoles durables, elle est tous les jours confrontée aux problématiques de terrain de la filière bio.

Que vaut le bio des supermarchés ?« Les gens pensent souvent que le bio des grandes surfaces n’est pas “vraiment” le même ; or, dans la réalité, de nombreux produits que l’on retrouve dans ces enseignes proviennent des fermes et des en-treprises agroalimentaires de nos régions. Ce qui change surtout, c’est l’emballage. Par exemple, le même lait bio collecté et transformé par des entreprises de nos territoires pourra servir à la confection de yaourts qui pourront ensuite être vendus dans différents circuits de distribution et sous différentes marques. Une partie des yaourts pourra ainsi se retrouver en magasin spécialisé sous la marque propre de l’entre-prise qui aura fabriqué le produit, mais aussi sous la marque distribu-teur d’une grande surface qui aura acheté des volumes importants auprès de l’entreprise en question, mais réalisé son propre packaging », explique Delphine Ducœurjoly.

Ce bio est-il moins bio ? « Tous les opérateurs de la filière bio, qu’il s’agisse des producteurs, grossistes, transformateurs ou dis-

février 2019 • n°149

8

DÉCRYPTAGE

Page 9: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

tributeurs, sont contrôlés par des organismes certificateurs indépen-dants et agréés par le ministère de l’Agriculture. Ces organismes, comme Ecocert, Certipaq Bio ou Certisud, sont eux-mêmes contrôlés par le Cofrac. Ainsi, dès lors que le consommateur voit les logos bio, européen (appelé Eurofeuille) ou AB, sur un produit, il peut être assuré que le produit respecte les règles de la production et de la transformation biologiques », pré-cise Delphine Ducœurjoly.

Quid des revenus des producteurs ? « Bien sûr, on sait que les négo-ciations sont souvent très rudes entre fournisseurs et acheteurs des centrales d’achat des grandes sur-faces, mais les rapports de force ne sont pas les mêmes d’une enseigne à l’autre et certains producteurs et entreprises ont su trouver des accords satisfaisants. Les repré-sentants professionnels de la filière bio restent très vigilants sur cette question et travaillent à la construc-tion de partenariats commerciaux durables et équitables permettant de garantir un prix rémunérateur pour les producteurs. » Le consommateur a aussi un rôle à jouer dans cette histoire : il doit accepter de payer plus cher pour un produit de qualité.

Le bio du supermarché favorise‑t‑il les importations plutôt que la production française ?« On entend souvent dire que le bio vient de loin, ce qui est une idée reçue ! Les chiffres de l’agence bio en témoignent : 70 % des pro-duits bio consommés en France proviennent de France, contre 30 % pour les importations. Ces dernières comportent une part importante de produits exotiques (banane, cacao, café, etc.) ou pu-rement méditerranéens (olives, agrumes), la France ne produisant pas ou très peu ces produits. Ainsi,

hors produits exotiques, l’approvi-sionnement français en produits bio est de 82 % ». « Bio et local, c’est l’idéal ! », le logo de la Fnab (Fédération nationale de l’agriculture biologique), qui a mi-lité pendant des années pour une vraie politique de développement du bio français, est désormais re-pris comme slogan publicitaire. Par exemple Carrefour, dans sa campagne Act for Food, s’engage sur le bio français. Les agriculteurs fournisseurs bénéficient d’un pro-gramme d’accompagnement à la conversion, qui se traduit par une contractualisation sur les volumes ainsi que sur des prix garantis pour une durée de trois à cinq ans, ce qui couvre toute la période de conver-sion et au-delà. La progression du bio dans les grandes surfaces participe à la transition écologique souhaitée par les consommateurs.

Au rayon bio, quels aliments choisir en priorité ?Le bio est un choix important pour les aliments les plus à risque de contenir des pesticides, à com-mencer par les céréales complètes (farines, pain, pâtes, etc.), car ces molécules se concentrent surtout dans l’enveloppe des grains. Mieux vaut aussi privilégier le bio pour les fruits et légumes, comme le font déjà les consommateurs. Choisir son huile est aussi important, car les fruits sont pressés entiers.

Les écueils à éviterQue ce soit au supermarché ou dans les supérettes bio, je constate souvent que de nombreux produits contiennent des ingrédients parfois aux antipodes d’une bonne dié-tétique. Une vinaigrette bio toute prête sera par exemple presque tou-jours à base d’huile de tournesol, dont les oméga-6 inflammatoires sont beaucoup moins bons pour la prévention cardiovasculaire qu’une huile de colza vierge première pres-sion à froid (oméga-3) ou une huile d’olive (oméga-9). Pour les soupes toutes prêtes ou les sauces tomate,

j’évite celles qui contiennent des sucres ajoutés. Pour les charcute-ries, j’évite au maximum les nitrites (ce qui n’est pas encore facile, même en bio). Pour les sucreries (comme les biscuits et chocolats), j’évite des produits à la composition compliquée, avec des ingrédients tels que poudre de lait, sirop de glucose, dextrose, sirop de sucre inverti, graisse de palme…D’une manière générale, toutes les préparations sophistiquées comme les biscuits, les pâtes à tartiner, les chips et nombre de plats cuisi-nés doivent être consommés avec parcimonie. Ils s’avèrent souvent trop sucrés et trop gras (et pas du bon gras). J’ai toujours dans mes réserves quelques fruits secs bio en guise d’en-cas faciles et nutritifs : fi-gues, raisins secs, dattes, amandes. Je craque souvent sur les mangues et bananes séchées.

Et le pain ? J’évite le pain de mie bio qui contient du gluten ajouté et des graisses végétales saturées. Les galettes de riz, maïs ou blé soufflé ont un indice glycémique élevé, ce qui n’est pas bon pour l’obésité ni pour le diabète. Je reste une adepte du pain au levain bio artisanal, que je trouve sur mon marché local, un point d’approvisionnement impor-tant pour les fruits et légumes en direct du producteur, car les prix en bio y sont très compétitifs.

Le rapport qualité-prixLe meilleur choix, c’est le choix « nutrition/prix » : 1 kg de riz com-plet ou demi-complet bio sera toujours plus nutritif qu’un kilo de riz blanc bio, certes parfois de premier prix. L’offre des magasins spécialisés bio est particulièrement fournie en produits de haute qua-lité, qui y sont plus diversifiés que dans les supermarchés. Les prix peuvent néanmoins rapidement s’envoler dès que l’on cherche la qualité et non plus la défense de son pouvoir d’achat.

9

février 2019 • n°149DÉCRYPTAGE

Page 10: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

NEWS

Comparatif de prixJ’ai réalisé ce caddie bio près d’une ville de 10 000 habitants de la Dordogne (24, France). J’ai choisi les premiers prix en bio. Il n’est pas toujours facile de les trouver partout, ce qui peut expliquer ici la différence entre Carrefour et Intermarché. C’est sur les fruits et légumes que les grandes surfaces sont le moins compétitives. Biocoop a depuis longtemps fait un gros travail de référencement des producteurs locaux et conserve son avance sur de nombreux produits. Si consommer bio revient toujours un peu plus cher, acheter en magasin spécialisé est un choix militant qui reste per-tinent financièrement !

PRODUITS BIOCOOP CARREFOUR BIO

INTERMARCHÉ BIO

Bananes 1 kg 2,15 1,99 1,99Clémentines 1 kg 2,55 4,65 7,98Pommes 1 kg 3,45 3,64 5Poires 1 kg 3,45 4,60 4,16Oignons jaunes 1 kg 2,95 2,69 2,99Échalotes 500 g 2,67 4,98 4,98Lait de riz 1 l 1,45 1,51 1,36Lait de soja 1 l 1,30 1,13 1,12Beurre 250 g 2,20 2,06 2,05Café 250 g 3,75 2,99 3,75Huile d’olive 1 l 7,25 6,40 10Huile de colza 1 l 4,39 3,19 5,57Soupe de légumes 1 l 3,20 2,27 2,79Jambon blanc 200 g 5,11 5,71 5,43Œufs x6 2,40 1,98 1,80Mozzarella 125 g 1,60 1,13 0,95Yaourt de chèvre 500 g 3,73 2,90 2,90Yaourt de brebis 500 g 3,12 2,50 2,31Emmental râpé 200 g 2,81 2,14 2,18TOTAL CADDIE 59,53 58,46 69,31

L’étiquetageLe logo bio européen « Eurofeuille » est obligatoire depuis 2010 sur tous les produits bio alimentaires préemballés dans l’Union euro-péenne. Il est facultatif pour les produits importés. Les produits d’importation, dès lors qu’ils portent le logo bio européen, ont né-cessairement été produits et contrôlés dans le respect des règles de l’Union européenne. Le logo AB, plus connu, est devenu facultatif.La mention « certifié par FR-BIO-XX » indique le code de l’orga-nisme certificateur qui a contrôlé ce produit.La dernière ligne indique l’origine de la matière première agri-cole : « Agriculture UE », « Agriculture non UE » ou « Agriculture UE/non UE », avec la possibilité de mentionner le pays lorsqu’au moins 98 % des ingrédients en sont originaires. Les logos AB et Eurofeuille indiquent que les produits sont 100 % bio ou contiennent au moins 95 % de produits agricoles bio dans le cas des produits transformés, si la part restante n’est pas dispo-nible en bio et est expressément autorisée.

Pryska Ducœurjoly

Le jeûne intermittent réduit bel et bien le diabète de type 2

P rise de médicaments anti-diabétiques et injections

d’insuline font partie de la rou-tine quotidienne de bon nombre de personnes souffrant de dia-bète de type 2. Est-ce une fatalité ? Peut-être pas, si l’on modifie drastiquement ses habitudes alimentaires. Des médecins ca-nadiens ont rapporté l’histoire1 de trois hommes, âgés de 40, 52 et 67 ans, atteints de ce trouble du métabolisme, parvenus à contrô-ler leur maladie en recourant au jeûne intermittent. Pas question de se priver de nourriture des jours durant : deux d’entre eux s’abstenaient de manger un jour sur deux tandis que le troisième jeûnait trois jours par semaine. Il leur était permis, au cours des journées de restriction alimen-taire, de consommer des boissons faibles en calories (café, thé, bouillon) et même de prendre un repas extrêmement léger le soir, pauvre en glucides. Et ce, sans relâche pendant une dizaine de mois. Les bénéfices se sont rapi-dement manifestés : chacun a pu se passer des injections d’insuline – après seulement cinq jours pour l’un des participants et à l’issue du premier mois pour les autres – et deux de ces hommes ont pu interrompre la prise d’antidia-bétiques, tandis que le troisième n’en a conservé qu’un sur les quatre de son traitement initial. Ils ont perdu 10 à 18 % de leur poids initial, leur taux de sucre sanguin a diminué, limitant le risque de complications. Le tout sans ressentir de trop grandes difficultés à s’adapter à ce nou-veau mode d’alimentation.

1. Furmli S et al. Therapeutic Use of Intermittent Fasting for People with Type 2 Diabetes as an Alternative to Insulin. BMJ Case Rep. 2018 Oct 9;2018. pii: bcr-2017-221854

février 2019 • n°149

10

DÉCRYPTAGE

Page 11: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

S i vous pensez que la mobilité des hanches n’est importante

que lorsque vous dansez la salsa ou la zumba, détrompez-vous ! Les muscles autour de notre bassin constituent la base de la majeure partie de nos mouvements. C’est un carrefour très important, qui permet de faire le lien entre le haut et le bas du corps. D’un point de vue anatomique, l’articulation de la hanche représente un socle stable sur lequel la colonne s’appuie et les fémurs (les os des cuisses) s’in-sèrent. Ainsi, quand on parle de mobilité des hanches, il s’agit es-sentiellement de la zone reliant le bassin aux fémurs.

Si vous manquez de mobilité au niveau des hanches, il y a de

fortes chances que votre corps soit contraint de trouver un moyen de compenser. Ces compensations résultent d’un déséquilibre muscu-laire, car le corps trouve toujours une façon de s’adapter, indolore ou non. Et malheureusement, comme nous l’avons vu, l’articulation de la hanche étant le carrefour essentiel du corps, toute compensation au niveau du bassin va influencer aussi bien la partie basse du corps (ge-noux et jambes) que la partie haute (colonne vertébrale, épaules, bras). Que vous soyez sédentaire ou sportif chevronné, vous comprenez main-tenant pourquoi une bonne mobilité de hanches est indispensable. Voici quelles peuvent être les causes d’un manque de mobilité ou de douleurs.

Comprendre les causes de vos limitations et/ou de vos douleurs

U ne position assise prolon‑gée maintient la hanche en

flexion durant une longue période. Cette posture raccourcit les muscles psoas, qui sont des muscles essen-tiels en matière de stabilité. Ils sont les seuls à se connecter directement sur les disques intervertébraux. À force d’être trop tendu, ce muscle occasionne des douleurs dans le bas du dos.

Un déséquilibre musculaire au-tour des hanches provoque un décentrage articulaire, en particu-lier au niveau de la tête fémorale. L’articulation est alors décentrée de sa position initiale.

Des efforts trop intenses ou inhabi‑tuels, comme la pratique d’un sport avec changements de direction trop violents, du jardinage intensif et non progressif sans échauffement, un déménagement, etc.

La pratique d’une activité sportive unilatérale (où l’on utilise plus un côté que l’autre) vient tôt ou tard accentuer les déséquilibres, les compensations et les douleurs.

Les mauvaises postures quo‑tidiennes dans votre profession comme dans la vie de tous les jours. Le fait de s’accroupir à ré-pétition, comme pourrait le faire

5 étirements simples pour réduire les douleurs autour des hanchesLes hanches sont le carrefour de notre corps. Elles nous permettent d’être à la fois mobiles et forts sur nos jambes, autant pour marcher que pour réaliser des prouesses parfois athlétiques ! Hélas, un manque d’entretien engendre raideurs, difficultés à se mettre accroupi… Voici cinq approches complémentaires pour soulager vos douleurs.

Les muscles du bassin

Les muscles psoas sont des muscles fléchisseurs de la hanche. Ils sont souvent impliqués dans les douleurs de dos

février 2019 • n°149

11

BIEN DANS SON CORPS

Page 12: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

un podologue pour consulter les pieds d’un patient, en est l’illustration.

Un déséquilibre anatomique. Cela peut remonter à votre naissance ou être en lien avec votre développe-ment moteur lors des premiers mois, des premières années de votre vie. Une jambe plus courte que l’autre, par exemple.

Les causes sont nombreuses et peuvent être difficile-ment identifiables. Le plus sage, si vous souffrez, est de consulter un rhumatologue, qui vous prescrira des examens.

En parallèle et avec l’autorisation de votre médecin spécialiste, pratiquez des étirements actifs variés, doux et progressifs. Ces étirements vont permettre à vos articulations de se lubrifier et faire circuler le liquide synovial, l’huile de nos articulations. Lorsque cette huile commence à manquer ou qu’elle n’est pas correctement nourrie, le fléau de la rouille commence. En plus de ces étirements actifs, adoptez une activité physique douce qui vous donne du plaisir, comme la marche, le vélo, la natation ou des exercices avec bandes élastiques. Nos cartilages sont précieux. Ils sont les garants de notre liberté et de notre plaisir de bouger !

S’automasser, s’étirer pour guérir et retrouver de la souplesse

S ’automasser avant une séance d’étire-

ments, et particulièrement si vous avez des douleurs autour des hanches, est indispensable pour dé-tendre les fascias, les tissus musculaires. Les automassages éliminent les nœuds musculaires, détendent vos muscles et favorisent une meilleure santé cardiovasculaire (voir ABE n°144). Consacrez-y au moins 5 à 10 minutes avant de passer aux étirements qui vont suivre.

Afin d’entretenir vos articulations et d’accélérer la guérison si vous souffrez des hanches, les étirements se pratiqueront de façon active. Contrairement aux étirements statiques, où l’on prend une position pen-dant 30 secondes à 1 minute, on reste ici seulement 1 à 2 secondes dans la position d’étirement. Inspirez au commencement de chaque répétition et expirez profondément lors de l’étirement. Dans une logique de bonne répartition des tensions musculaires et donc de recentrage articulaire, pratiquez ces 5 exercices

dans une même session, à raison de 12 répétitions pour chacun d’entre eux.

Exercice de l’essuie‑glace En partant de la position assise, bras tendus derrière vous, proches de vos fessiers, grandissez-vous, fléchis-sez vos jambes et écartez vos pieds plus largement que votre bassin. Sans bouger votre buste, dirigez vos genoux d’un côté en direction du sol, puis de l’autre, avec la plus grande amplitude possible, tout en veillant à une progression lors de vos répétitions.

Étirement du papillon Asseyez-vous au sol avec les pieds joints, les voûtes plantaires l’une contre l’autre. Placez les mains sur les pieds et grandissez-vous pour placer le bassin dans la position idéale. Rapprochez autant que vous le pouvez les talons du bassin et faites des mouvements de fer-meture/ouverture en vous focalisant sur la respiration et sur l’augmentation progressive de l’amplitude.

Étirement en fente Mettez-vous en position de fente en plaçant un coussin sous le genou arrière ou quelque chose d’équivalent pour éviter les douleurs de rotule.

février 2019 • n°149

12

BIEN DANS SON CORPS

Page 13: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

Placez le pied opposé devant vous. Grandissez-vous et descendez progressivement le bassin en direction du sol. L’idée est de créer un arc de cercle entre le genou au sol et l’épaule.

Étirement des fessiersTête et dos au sol, jambe gauche fléchie, placez le pied droit sur le genou gauche. À l’aide de la main droite, poussez le genou pour ouvrir la hanche (ro-tation externe) au maximum. Revenez en position de départ, puis recommencez en augmentant l’amplitude articulaire. Faites 12 répétitions et changez de côté.

Étirement des ischio-jambiersAllongez-vous sur le dos, tête au sol. Ramenez votre genou droit en direction de votre poitrine à l’aide de vos mains, que vous placez derrière votre genou. Démarrez cet étirement avec la jambe fléchie, puis tendez-la le plus possible en restant 2 secondes, avant de revenir en position de départ. Changez de côté quand vous aurez fait 12 répétitions.

Thomas Mahieu Coach sportif/santé CTS

www.actif-coaching.com

Focus sur l’arthrose : une maladie du mode de vie ?L’arthrose touche plus de 10 mil-lions de Français et 60 % des plus de 65 ans. Elle est la deuxième cause d’invalidité en France. Les arthroses de la hanche et du genou concernent 30 % des personnes touchées. Elles se caractérisent par une usure anor-male du cartilage articulaire et de l’ensemble de l’articulation.

Nous savons désormais que c’est une maladie inflammatoire et que c’est l’inflammation chronique qui dé-truit progressivement le cartilage et toutes les structures de l’articulation sur le moyen et le long terme. Elle apparaît effectivement avec l’âge,

mais elle n’est pas liée au vieillisse-ment. Si vous êtes atteint d’arthrose, ce n’est pas parce que vos articula-tions ont beaucoup servi, mais parce que l’inflammation chronique a persisté plus longtemps. L’équilibre entre destruction et reconstruc-tion du cartilage est rompu. Les chondrocytes (les cellules qui per-mettent de renouveler le cartilage) sont surexcités par l’inflammation chronique et deviennent plus sen-sibles, réduisant alors leur fonction de reconstruction.

Autre cause de l’arthrose mainte-nant avérée : la glycation1. Dans

notre alimentation, la glycation est la caramélisation, par exemple de la peau de poulet, des pommes de terre sautées, des cuissons au barbe-cue. Elle enchante nos papilles mais beaucoup moins nos cartilages ! La glycation (lorsque le glucose se lie aux protéines de nos tissus) donne naissance à des cytokines, des composés pro- inflammatoires qui dégradent le cartilage. Et c’est précisément ces cytokines qui aug-mentent la raideur musculaire et qui dégradent le liquide synovial. Consommez donc des aliments ca-ramélisés le plus rarement possible !

1. Étude glycation en lien avec l’arthrose et la raideur articulaire : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15077303

février 2019 • n°149

13

BIEN DANS SON CORPS

Page 14: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

Soignez votre vue et votre ouïe : vous soignerez votre cerveauComment limiter le déclin de ses capacités de mémo-risation et de réflexion au cours du vieillissement ? En prenant soin de son audition et de sa vue, d’après les conclusions d’une étude2 menée par l’université de Manchester. Les chercheurs ont découvert qu’une opé-ration de la cataracte allège le déclin de moitié et que le port d’un appareil auditif le réduit de 75 %. En restaurant les sens défaillants, ces interventions luttent contre le repli sur soi et aident les personnes âgées à rompre leur isolement social, garantissant un meilleur vieillissement des fonctions intellectuelles.

2. Maharani A et al. Cataract Surgery and Age-Related Cognitive Decline: A 13-year Follow-Up of the English Longitudinal Study of Ageing. PLoS One. 2018 Oct 11;13(10):e0204833. Maharani A et al. Longitudinal Relationship Between Hearing Aid Use and Cognitive Function in Older Americans. J Am Geriatr Soc. 2018 Jul;66(6):1130-1136

Un espoir pour soulager la fibromyalgieDouleurs diffuses à travers le corps, troubles du sommeil, fatigue intense... Le quotidien des personnes souffrant de fibromyalgie est particulièrement éprouvant. Un remède naturel venu d’Amazonie pourrait soulager les malades, selon les résultats d’une étude3 menée par des pharma-cologues de l’université de Séville. Ils ont découvert, en menant des tests sur des rats, qu’un extrait aqueux de feuilles de corossolier (Annona muricata), un arbre originaire des régions tropicales du continent américain, permettrait d’atténuer la douleur chronique, l’anxiété et la dépression qui accompagnent la maladie.

3. J Ethnopharmacol. 2018 Oct 28;225:244-270. doi: 10.1016/j.jep.2018.06.014. Epub 2018 Jun 19. Potential Therapeutic Applications of the Genus Annona: Local and Traditional Uses and Pharmacology. Quílez AM et al

Pour mieux dormir, demandez à votre ville d’éteindre ses réverbèresImpossible de jouir d’un sommeil réparateur quand les lumières de la ville filtrent à travers les fenêtres ! Des chercheurs4 coréens viennent de montrer que la pol-lution lumineuse est responsable d’insomnie chez les personnes de plus de 60 ans. Pour preuve, les habitants des régions les plus exposées aux lumières nocturnes sont davantage susceptibles de consommer des somnifères et, qui plus est, à dose élevée et sur une longue durée. Des traitements qui ne sont pas sans risques sur la santé (on les soupçonne d’augmenter le risque de démence !), tout comme le manque de sommeil : l’éclairage artifi-ciel durant la nuit n’a pas seulement des conséquences dramatiques sur la flore et la faune : l’être humain en pâtit également.

4. Jin-young Min, Kyoung-bok Min. Outdoor Artificial Nighttime Light and Use of Hypnotic Medi-cations in Older Adults: A Population-Based Cohort Study. Journal of Clinical Sleep Medicine, 2018; 14 (11): 1903

Un cas sur deux de maladie d’Alzheimer pourrait être provoqué par le virus de l’herpès

L e virus à l’origine de l’herpès labial pour-rait-il avoir sa part de responsabilité dans

la survenue de la maladie d’Alzheimer ? L’existence d’un lien entre les deux patho-logies est fortement suspectée et une étude1 menée au sein de l’université de Manchester en apporte de nouvelles preuves.

Le virus en question, l’herpès simplex 1 (HSV-1), a la particularité de rester en sommeil dans les neurones et les cellules immunitaires des personnes infectées et de se réactiver de temps à autre, en cas de stress ou de fatigue. Et ces phases de réveil ne se-raient pas sans conséquences sur le cerveau : elles provoqueraient des dommages qui, en s’accumulant, pourraient conduire à l’appa-rition de cette maladie neurodégénérative.

Ceci concerne tout particulièrement les personnes qui portent une version spéci-fique d’un gène permettant la fabrication d’une molécule de transport des lipides dans le sang, appelé APOE4, un facteur de risque génétique bien identifié de la maladie d’Alzheimer.

Pour corroborer leur hypothèse, les cher-cheurs ont exploité les informations d’une banque de données rassemblant la quasi-totalité de la population taïwanaise et les résultats de trois études menées entre 2017 et 2018. Ils ont ainsi découvert que le risque de développer un état de démence sénile (causé par la maladie d’Alzheimer dans la plupart des cas) est plus élevé chez les porteurs du virus de l’herpès, et que le fait d’avoir bénéficié d’un traitement antiviral entraîne une diminution très importante du nombre de personnes infectées par le HSV-1 qui deviennent démentes. Si ce lien causal était formellement confirmé, on tiendrait là une piste simple pour prévenir l’apparition de cette maladie, qui touche près d’un mil-lion de personnes en France.

1. Ruth F. Itzhaki. Corroboration of a Major Role for Herpes Simplex Virus Type 1 in Alzheimer’s Disease. Frontiers in Aging Neuroscience, 2018

14

NEWS février 2019 • n°149

Page 15: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

J uillet 1940 : le Royaume-Uni est le premier territoire sur

lequel la « Blitzkrieg » (« guerre éclair ») du IIIe Reich bute. Malgré les bombardements ré-pétés de la Luftwaffe, la Royal Air Force britannique résiste et même contre-attaque. Inférieurs en nombre, les pilotes de la RAF parviennent à faire subir de nom-breuses pertes aux Allemands et à bombarder Berlin. Or, la plupart de ces combats aériens se déroulaient de nuit. Il va sans dire que la nuit, la visibilité est moindre, les reliefs et les couleurs sont moins nets : ces missions nocturnes étaient donc particulièrement dangereuses pour les aviateurs de la Royal Air Force. Quand ils devaient voler dans le noir vers les lignes ennemies, ils palliaient l’absence de radars à grand renfort de courage et de concentration.

Mais était-ce leur seule force ? Il semblerait qu’ils aient bénéficié d’un avantage complètement inat-tendu : les myrtilles !

Confiture de myrtilles au petit-déjeuner, Luftwaffe au dîner

L es aviateurs affirmaient avoir constaté qu’en mangeant de

la confiture de myrtilles, leur vision nocturne s’améliorait. Trois mois durant, de la confiture de myrtilles fut ainsi fournie quotidiennement,

1. Kalt W1, McDonald JE, Fillmore SA, Tremblay F. - Blueberry effects on dark vision and recovery after photobleaching: placebo-controlled crossover studies - J Agric Food Chem. 2014 Nov 19

au petit-déjeuner, à un millier de pi-lotes par la RAF. Que l’histoire soit vraie ou non, toujours est-il que ces aviateurs biberonnés à la confiture de myrtilles ont bombardé l’ennemi avec une précision dévastatrice.

Par la suite, aucune étude sérieuse n’a réussi à démontrer l’efficacité de la myrtille pour mieux voir la nuit ; néanmoins, grâce à sa richesse en composés puissamment antioxy-dants et anti-inflammatoires, elle figure parmi les aliments les plus bénéfiques et qu’il est recommandé de consommer régulièrement pour la santé des yeux1.

Nous vivons dans un environne-ment où la vue est le plus sollicité de nos 5 sens, puisqu’il reçoit 85 % des informations permettant d’ap-préhender le monde et de se relier aux autres. Voilà pourquoi il im-porte de se protéger au plus tôt de toutes les pathologies oculaires, qui ont tendance à se développer de plus en plus précocement : fatigue visuelle, glaucome, cataracte ou dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Ces troubles n’ont rien d’une fatalité ; une prévention active permet de préserver long-temps intact son capital oculaire, grâce à des traitements naturels qui peuvent diminuer les risques et même considérablement ralentir l’évolution des maladies.

L’œil, plus performant que le meilleur des appareils photo

L ’œil est une petite boule sphérique qui pèse seule-

ment 7 grammes et dont le diamètre moyen ne dépasse pas 24 mil-limètres. Pourtant, il fonctionne comme un appareil photo très sophistiqué, ses performances dépassant largement celles des appareils les plus modernes.

Le mécanisme de la vision est extrê-mement complexe. Il fait intervenir un système optique très élaboré qui capte les ondes lumineuses, leur fait traverser toutes les couches trans-parentes de l’œil (cornée, pupille, cristallin) et concentre leur trajet vers un système nerveux (rétine, nerf optique). Car les yeux ne voient pas à proprement parler : c’est le cerveau qui forme les images à partir des stimuli qu’il reçoit.

Le centre de la rétine, la macula, est creusé d’une minuscule cuvette d’un millimètre de diamètre, la fovéa, conçue pour recevoir di-rectement la lumière. C’est là que logent dix millions de cellules pho-toréceptrices en forme de cônes, des cellules spécialisées dans la vision centrale et la définition pré-cise des couleurs et des formes. Autour de la fovéa se trouvent encore quelques cônes, mais surtout d’autres cellules photoré-ceptrices, les bâtonnets, sensibles

7 méthodes naturelles pour garder vos yeux en bonne santé L’œil humain est une merveille de sophistication, mais particulièrement fragile. Découvrez les meilleurs moyens naturels pour vous aider à garder des yeux en excellente santé tout au long de votre vie et à vous protéger de maladies oculaires comme la cataracte ou le glaucome.

15

février 2019 • n°149LE DOSSIER DU MOIS

Page 16: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

à la perception des contours et des mouvements. Ils sont 100 à 200 millions et gèrent la vision périphérique. Les informations sont ensuite transmises au cerveau par le nerf optique.

Un stress oxydatif maximal

L e stress oxydatif est le principal responsable du

vieillissement des cellules de l’or-ganisme. Il se propage lorsque des radicaux libres – des molécules agressives – générés en grande quantité débordent les défenses antioxydantes qui devraient les combattre. Avec l’âge, le déséqui-libre se creuse inexorablement.

L’exposition à la lumière et à l’oxy-gène est une source inévitable de formation de radicaux libres. Le paradoxe de l’œil, c’est qu’il est à la fois très avide d’oxygène, un élé-ment qu’il consomme énormément pour pouvoir remplir ses fonctions, et qu’il est aussi bombardé en per-manence par les rayons lumineux, puisque tout le processus de la vision s’appuie entièrement sur la lumière. L’ingénieux empilement des différentes couches de l’œil en fait une machine destinée à concen-trer les rayons vers le fond de l’œil, jusqu’à la macula et les cellules photoréceptrices. C’est une zone riche en acides gras polyinsaturés, ce qui la rend particulièrement vulnérable à l’oxydation. Le fonc-tionnement de l’œil s’accompagne donc inévitablement d’une produc-tion continue de radicaux libres et, même s’il dispose de systèmes

2. Leibovitz BE, Siegel BV. Aspects of free radical reactions in biological systems: aging. J Gerontol. 1980 Jan;35(1):45-56.[pg 51 para 4 and pg 52 para 1,2] Nolan JM, Kenny R, O’Regan C, Cronin H, Loughman J, Connolly EE, Kearney P, Loane E, Beatty S. Macular pigment optical density in an ageing Irish population: The Irish Longitudinal Study on Ageing. Ophthalmic Res. 2010;44(2):131-9.

3. T.DesmettreaJ.-F.RoulandbJ.-M.Lecerfc Nutrition and glaucoma. Role of the nutrition factors in the development of ocular hypertonia and glaucoma - EMC - Ophtalmologie, Volume 2, Issue 3, August 2005, Pages 224-229

4. William G. Christen; Simin Liu; Robert J. Glynn; J. Michael Gaziano; Julie E. Buring, Dietary Carotenoids, Vitamins C and E, and Risk of Cataract in Women: A Prospective Study, Arch Ophthalmol, Jan 2008; 126: 102 - 109

5. William G. Christen, Robert J. Glynn, JoAnn E. Manson, Jean MacFadyen, Vadim Bubes, Miriam Schvartz, Julie E. Buring, Howard D. Sesso, J. Michael Gaziano. A Multivitamin Supplement and Cataract and Age-Related Macular Degeneration in a Randomized Trial of Male Physicians. Ophthalmology - 21 November 2013 (10.1016/j.ophtha.2013.09.038)

6. Juan Ye, Jinjing He, Changjun Wang, Han Wu, Xin Shi, Huina Zhang, Jiajun Xie and Sang Yeul Lee Smoking and Risk of Age-Related Cataract: A Meta-Analysis Investigate ophtalmology & visual science 53:3885 doi:10.1167/iovs.12-9820

7. Fan BJ, Leung YF, Wang N, Lam SC, Liu Y, Tam OS, et al. Genetic and environmental risk factors for primary open-angle glaucoma. Chin Med J, 2004;117:706-10.8. Hughes AE, Orr N, Patterson C, Esfandiary H, Hogg R, et al. (2007) Neovascular age-related macular degeneration risk based on CFH, LOC387715/HTRA1, and smoking. PLoS Med. 2007 Dec;4(12):e3559. Cruickshanks KJ, Klein R. Ultraviolet light exposure and lens opacities: the Beaver Dam Eye Study. American Journal of Epidemiology, 1992;82:1658-1662. Taylor HR, West SK, Rosenthal FS, Munoz B, Newland

HS, Abbey H, et al. Effect of ultraviolet radiation on cataract formation. N Engl J Med 1988;319:1429-1433. West SK, Duncan DD, Munoz B, Rubin GS, Fried LP, Bandeenroche K, et al. Sunlight exposure and risk of lens opacities in a population-based study: The Salisbury

10. Jae Hee Kang, Stephanie Loomis, Janey L. Wiggs, Joshua D. Stein, Louis R. Pasquale. Demographic and Geographic Features of Exfoliation Glaucoma in 2 United States-Based Prospective Cohorts. Ophthalmo-logy, 2012; 119 (1): 27 DOI: 10.1016/j.ophtha.2011.06.018

11. Chalam KV, Khetpal V, Rusovici R et al. A review : role of ultraviolet radiation in age-related macular degeneration, Eye & Contact Lens 2011;37(4):225-232.

de défense antioxydants à base d’enzymes, de pigments et de vi-tamines, leur concentration et leur efficacité diminuent avec l’âge.

Aujourd’hui, le rôle du stress oxydatif dans le vieillissement des structures de l’œil et dans la progression des pathologies dé-génératives comme la cataracte et la DMLA a été clairement établi2. Par exemple, dans le glaucome, les mécanismes en cause dans les lésions qui s’opèrent sur le nerf optique sont mal connus, mais le stress oxydatif est considéré comme un facteur essentiel3. Un mode de vie antistress doit être adopté et de nombreuses études démontrent les bienfaits en prévention d’une ali-mentation4 et/ou de compléments multivitaminés antioxydants5.

Un autre stress oxydant bien connu, la fumée de cigarette, a également un impact sur le cristallin, la rétine et le nerf optique. Les fumeurs ont ainsi deux fois plus de risque d’être touchés par une cataracte 6, dix fois plus de risques d’être atteints d’un glaucome7 et 33 % de risques en plus de développer une DMLA8.

Faut‑il porter des lunettes de soleil ?

L ’œil est soumis plus que tout autre organe aux agressions

extérieures, notamment celles cau-sées par les rayons UV solaires, ce qui peut largement contribuer à renforcer le stress oxydant. Les UV doivent traverser le cristallin, une petite lentille ovale située derrière l’iris ; or, ils sont susceptibles d’y générer des lésions et augmentent

le risque de cataracte9. La cataracte correspond à une opacification du cristallin, qui gêne l’arrivée de la lumière sur la rétine et en-traîne une baisse progressive de la vue et une mauvaise perception des contrastes. La cataracte peut être corrigée par une intervention chirurgicale, mais selon l’OMS, 20 % des cas seraient simplement évitables en protégeant mieux les yeux des UV.

Le lien entre forte exposition au soleil et glaucome est aussi évo-qué10, mais des études suggèrent également un lien entre une ex-position solaire prolongée et la DMLA11, la plus grave cause d’al-tération de la vue, qui se manifeste d’abord par une vision floue, mais qui peut évoluer jusqu’à la cécité. Aujourd’hui, aucun médicament n’est capable de guérir une DMLA et il est d’autant plus essentiel d’agir en prévention. Des traitements naturels peuvent apporter des so-lutions (voir Alternatif Bien-Être n° 136).

Le port de lunettes de soleil filtrant les UVA et les UVB aux heures les plus ensoleillées (du printemps à l’automne, de 10 heures à 17 heures) est une habitude à prendre et, cela, dès le plus jeune âge, car les yeux des enfants sont encore plus per-méables à la lumière que ceux des adultes. Le marquage CE garantit déjà une protection contre les UV et pour vous assurer une filtration optimale, choisissez des lunettes solaires de catégorie 3 pour les ac-tivités extérieures et de catégorie 4 pour la haute montagne. À l’inverse, lorsque l’ensoleillement n’est pas

février 2019 • n°149

16

LE DOSSIER DU MOIS

Page 17: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

très fort, les lunettes ne doivent pas être utilisées, car les UV participent à réguler la croissance normale de l’œil et, fait surprenant, le protègent de la myopie.

Épidémie de myopie

D ans la myopie, à cause de la forme de l’œil, l’image

se forme trop en avant de la rétine et la vue de loin est floue. Depuis quelques décennies, ce défaut visuel se répand partout dans le monde aussi vite qu’une épidémie. En Asie, la situation est particu-lièrement critique, avec près de 90 % de jeunes myopes, dont cer-tains atteints d’une forme sévère12. Les proportions sont moindres en Europe, mais la tendance est la même : le nombre de myopes a doublé en 40 ans et déjà près de 40 % des 12-54 ans en souffrent à des degrés divers13. Comment expliquer un tel phénomène ?

Certes, il y a le poids de l’hérédité, mais les facteurs environnemen-taux demeurent prédominants. L’un d’eux a retenu l’attention des cher-cheurs : plus les enfants passent du temps en plein air, moins ils deviennent myopes14. Cela s’ex-plique par le fait que la lumière naturelle stimule la production de dopamine dans l’œil et vient ainsi s’opposer à sa déformation et à l’apparition de la myopie. La vie moderne contraint tout autant les enfants que les adultes à passer beaucoup de temps enfermés, qui plus est trop souvent devant un écran, ce qui habitue l’œil à la vision de près uniquement. On comprend alors aisément pourquoi les problèmes de vue sont en forte progression.

12. Lin LL1, Shih YF, Hsiao CK, Chen CJ. Prevalence of myopia in Taiwanese schoolchildren: 1983 to 2000. Ann Acad Med Singapore. 2004 Jan;33(1):27-33.13. Williams KM, Bertelsen G, Cumberland P, et coll. Increasing Prevalence of Myopia in Europe and the Impact of Education. Ophthalmology. 2015 May 1314. Ian G Morgan - Kyoko Ohno-Matsui - Seangmei Saw Focusing on ophthalmology The Lancet, Volume 379, Issue 9827, 5–11 May 2012, Pages 167815. Yuichi Uchino, MD1; Miki Uchino, MD1,2; Norihiko Yokoi, MD3; et al - Alteration of Tear Mucin 5AC in Office Workers Using Visual Display Terminals - The Osaka Study - JAMA Ophthalmol. 2014;132(8):985-992.

doi:10.1001/jamaophthalmol.2014.100816. E. Arnault et coll. Phototoxic Action Spectrum on a Retinal Pigment Epithelium Model of Age-Related Macular Degeneration Exposed to Sunlight Normalized Conditions. PloS One du 23 août 2013, 8(8):

e71398. doi:10.1371/journal.pone.007139817. Eva Chamorro, Cristina Bonnin-Arias, María Jesús Pérez-Carrasco, Javier Muñoz de Luna, Daniel Vázquez, Celia Sánchez-Ramos - Effects of Light-emitting Diode Radiations on Human Retinal Pigment Epithe-

lial Cells In Vitro - DOI: 10.1111/j.1751-1097.2012.01237.x18. Chamorro E,Carralero SF, Bonnin-Arias C, Pérez-Carrasco MJ, de Luna JM, et al. (2013) Photoprotective Effects of Blue Light Absorbing Filter against LED Light Exposure on Human Retinal Pigment Epithelial

Cells In Vitro. J Carcinog Mutagen S6:008. doi: 10.4172/2157-2518.S6-00819. Taylor, H. R., West, S. K., Rosenthal, F. S., Munoz, B., Newland, H. S., Abbey, H., & Emmett, E. A. (1998). Effect of ultraviolet radiation on cataract formation. The New England Journal of Medicine, 319(22), 1429-143320. http://www.dejal.com/timeout/21. http://www.workrave.org/download/

Des écrans sous les yeux

D e nombreuse s é tudes pointent le temps croissant

passé devant des écrans (smart-phone, tablette, ordinateur, liseuse, télévision), en particulier par les enfants et les adolescents. En 2014, les Français âgés de 16 à 24 ans ont précocement usé leurs jeunes yeux en moyenne 7 heures et 52 minutes par jour devant un écran, et les adultes, environ 6 heures.

Le problème est que l’œil n’est pas fait pour rester statique à 30 ou 50 cm d’un objet. Il est fait pour bouger et, en outre, il a besoin de regarder au loin pour se repo-ser. Quand il demeure fixé sur un point proche, cela lui demande des efforts musculaires d’accommoda-tion importants et il ne cligne plus, ce qui le fatigue encore plus.

En outre, être devant un écran plus de 7 heures par jour a été associé à un risque accru de sécheresse ocu-laire15. Or, quand le film lacrymal est insuffisant, la longueur d’onde de la lumière pénètre moins bien l’œil, ce qui accentue encore les troubles visuels, l’inconfort et la fatigue. Tous les problèmes ocu-laires existants au préalable vont s’aggraver.

Cependant, ce qui est plus pré-occupant, c’est la lumière bleue artificielle utilisée pour l’éclairage de tous ces écrans. Non seulement la lumière bleue ralentit la produc-tion de mélatonine et fabrique des insomniaques, mais les données pointent également les dangers du stress oxydatif intense que cela cause pour la fragile rétine et ses photorécepteurs16. Ceux-ci sont

rapidement saturés par l’intensité de la lumière et meurent définiti-vement, les uns après les autres17. Il est déjà reconnu que la lumière bleue artificielle est un facteur ag-gravant dans les affections de la rétine comme la DMLA18 et un probable facteur contributif au dé-veloppement de la cataracte19.

Même s’il faudra encore quelques années pour que les dégâts à long terme soient confirmés, il existe des mesures à prendre immédiatement pour sauver ses yeux (sans s’obliger à renoncer aux outils numériques).

Atténuer la fatigue visuelle devant un écran

• Faites des pauses en appliquant la règle des 20-20-20 : levez les yeux de votre écran pendant au moins 20 secondes toutes les 20 minutes et regardez un objet à 20 pieds (= 5 ou 6 mètres). Pas facile d’y penser ? Des applications gratuites vous signalent le bon moment pour votre pause : Time Out20 pour Mac (en anglais) et Workrave21 pour PC.

• Positionnez votre écran correc‑tement, avec le haut du moniteur au niveau de vos yeux ou un peu plus bas si vous portez des verres progressifs.

• Évitez d’être trop près de l’écran et agrandissez la taille du texte sur lequel vous travaillez.

• Ajustez l’intensité lumineuse de l’écran à un niveau confortable et adaptez l’éclairage pour éviter les reflets parasites.

• Mettez un filtre protecteur sur l’écran (par exemple Reticare) ou des lunettes spéciales qui absorbent les émissions de lumière bleue. Sur

17

février 2019 • n°149LE DOSSIER DU MOIS

Page 18: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

les appareils utilisés par les enfants, placer un filtre sur l’écran est une mesure indispensable.

• Pratiquez à tout moment de la journée les exercices issus de la méthode Bates.

La méthode Bates ou le yoga des yeux

C ontrairement à ce que l’on croit, il n’y a pas que les lu-

nettes, les lentilles ou la chirurgie pour corriger les défauts de la vue. Il y a un peu plus d’un siècle, le Dr Bates, un ophtalmologue améri-cain, a élaboré une méthode simple reposant sur la physiologie de l’œil, le besoin de mouvement et de détente.

Il a d’abord pratiqué sa méthode sur lui-même, ce qui lui a évité de devenir presbyte. Par la suite, de nombreux témoignages ont rap-porté les améliorations obtenues,

22. Leuschen J, Mortensen EM, Frei CR, Mansi EA, Panday V, Mansi I. Association of Statin Use With Cataracts: A Propensity Score-Matched Analysis. JAMA Ophthalmol. 2013 Sep 19. doi: 10.1001/jamaophthal-mol.2013.4575

23. Machan CM, Hrynchak PH, et Irving EL. Age-Related Cataract Is Associated with Type 2 Diabetes and Statin Use. Optom Vis Sci 2012;89:1165-1171. Hippisley-Cox J, Coupland C. Unintended effects of statins in men and women in England and Wales: population based cohort study using the QResearch database. BMJ 2010;340:c2197

24. Garbe E et col. Risk of ocular hypertension or open-angle glaucoma in elderly patients on oral glucocorticoids. Lancet. 199725. Franke S, Dawczynski J, Strobel J, Niwa T, Stahl P, Stein G. Increased levels of advanced glycation end products in human cataractous lenses. Journal of Cataract & Refractive Surgery. 2003;29(5):998-1004

comme celui de l’écrivain Aldous Huxley, l’auteur du Meilleur des mondes, quasi aveugle à l’ado-lescence, qui a pu, au bout de quelques mois d’exercices, se pas-ser de lunettes pour lire.

Quatre exercices à renouveler à plusieurs reprises chaque jour :

• Ciller : prenez l’habitude d’as-socier le clignement des yeux à un geste habituel (vous lever, vous asseoir, etc.) Ce mouvement d’ouverture et de fermeture des paupières appuie sur la glande la-crymale. Il sert à lubrifier la cornée et à la nettoyer. En outre, la ferme-ture des yeux offre un micro-repos à la rétine.

• Bâiller : bâiller mobilise les muscles autour de l’œil et crée de manière indirecte un massage de l’œil. Cela enclenche aussi une oxygénation et une détente bienfaisantes.

• Dessiner : placez un pinceau imaginaire sur le bout de votre nez et déplacez-le pour suivre le contour d’un objet, le plafond, la main, etc. Suivez attentivement chaque détail. Cela active la vision centrale, tout en stimulant la per-ception de la vision périphérique.

• Le palming : installez-vous confortablement de manière à poser les coudes sur une table, sinon sur vos genoux, et appliquez les mains en coque sur les yeux fer-més sans appuyer. Restez le temps de quelques respirations profondes. La chaleur et l’obscurité permettent aux muscles de se détendre et ap-portent un soulagement immédiat

La méthode Bates peut être utilisée dans toutes les problématiques d’acuité visuelle ou en accompa-gnement des pathologies oculaires (glaucome, cataracte, DMLA).

Les médicaments qui aggravent le risque de pathologie oculaire

L es antipaludéens, la chlo-roquine (Nivaquine) et

l’hydroxychloroquine (Plaquenil), qui peuvent aussi être utilisés dans le traitement d’affections chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde, le lupus érythéma-teux disséminé, la sarcoïdose, la connectivite mixte ou le syndrome de Gougerot-Sjögren, peuvent être responsables de maculopathie en œil de bœuf, une affection irréver-sible qui peut aller jusqu’à la cécité.

La prise de statines, les médicaments anticholestérol, est également un facteur de risque de la cataracte. Selon les études, le risque est aug-menté de 27 %22 et avance de 2 à 3 ans l’âge d’apparition de l’opa-cification du cristallin23.

Des études ont lié un risque aug-menté de glaucome à l’utilisation à long terme de corticostéroïdes, en particulier pour les victimes d’allergies chroniques24.

Le sucre qui abîme les yeux

S i l’on connaît bien les liens entre le diabète et l’augmen-

tation du risque d’apparition de la cataracte, d’un glaucome ou d’ag-gravation de la DMLA, on oublie souvent l’importance de limiter les phénomènes d’hyperglycémie, même chez les non-diabétiques25, car ils augmentent tous les risques de troubles de la vision. Le phéno-mène de la glycation, la réaction chimique spontanée qui intervient entre une protéine et un glucide, donne lieu à une accumulation dans l’organisme de protéines glyquées

Les affections de l’œil

Œil en bonne santé Œil sec

Cataracte Glaucome

Pinguecula Ptérygium

février 2019 • n°149

18

LE DOSSIER DU MOIS

Page 19: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

qui entravent le bon fonctionne-ment de l’organisme, notamment au niveau oculaire.

Plus l’alimentation est riche en féculents à index glycémique (IG) élevé et en aliments sucrés (pâtisse-ries, confitures, sodas, jus de fruits, pommes de terre, riz blanc, galettes de riz, pain, alcool, pizzas, etc.), plus la production de ces dérivés toxiques s’emballe. Les aliments cuits à haute température (au-delà de 100°C, au four, à la poêle, au barbecue) procurent également une grande quantité de protéines glyquées.

Cela aggrave les phénomènes inflammatoires et multiplie la pro-duction de radicaux libres, des mécanismes qui fragilisent toutes les structures de l’œil. L’accumulation de protéines glyquées a été asso-ciée à de nombreuses pathologies oculaires : la cataracte26, la rétino-pathie diabétique27, le glaucome28, la DMLA29 et leur progression vers des formes sévères30.

Pour contrer ces réactions et préser-ver la santé de vos yeux, adopter un régime qui contrôle l’IG est indis-pensable. Privilégiez les aliments à IG bas, comme les pâtes et le pain complets, le riz basmati et les lé-gumineuses (lentilles, pois chiches, etc.), bannissez les céréales raffi-nées et les aliments sucrés. Évitez les fritures et aliments grillés au profit de cuissons douces : papil-lote, vapeur, etc. Faites du sport, car c’est le seul moyen de stimuler l’élimination hors de l’organisme des déchets liés à la glycation.

26. Paul Mitchell, Carbohydrate nutrition, glycemic index, and the 10-y incidence of cataract, Am. J. Clinical Nutrition, Nov 2007; 86: 1502 - 150827. Schalkwijk CG, Miyata T. Early- and advanced non-enzymatic glycation in diabetic vascular complications: the search for therapeutics. Amino Acids 2012;42:1193-204. 28. Tezel G. Oxidative stress in glaucomatous neurodegeneration: mechanisms and consequences. Prog Retin Eye Res 2006;25:490-513 29. S. Kaushik, J. J. Wang, V. Flood, E. Rochtchina, J. S. L. Tan, J. Brand-Miller, A. Barclay, P. Mitchell, Blue Mountains Eye Study; Glycaemic Index and 10-Year Incidence of Age-Related Macular Degeneration. Invest.

Ophthalmol. Vis. Sci. 2007;48(13):1148. 30. Chiu C-J, Milton RC, Klein R, Gensler G, Taylor A. Dietary Compound Score and Risk of Age-Related Macular Degeneration in the Age-Related Eye Disease Study. Ophthalmology. 2009;116(5):939-946.

doi:10.1016/j.ophtha.2008.12.02531. Chong EW, Robman LD, Simpson JA, Hodge AM, Aung KZ, Dolphin TK, English DR, Giles GG, Guymer RH. Fat consumption and its association with age-related macular degeneration. Arch Ophthalmol. 2009

May;127(5):674-80. doi: 10.1001/archophthalmol.2009.6032. Rhodes LE, Shahbakhti H, Azurdia RM, Moison RM, Steenwinkel MJ, Homburg MI. Effect of eicosapentaenoic acid, an omega-3 polyunsaturated fatty acid, on UVR-related cancer risk in humans. An assessment

of early genotoxic markers. Carcinogenesis. 2003;24(5):919-92533. Wang YE, Tseng VL, Yu F, Caprioli J, Coleman AL. Association of Dietary Fatty Acid Intake With Glaucoma in the United States. JAMA Ophthalmol. 2018;136(2):141–147. doi:10.1001/jamaophthalmol.2017.570234. Kaya A, Aksoy Y. Omega-3 fatty acid supplementation improves dry eye symptoms in patients with glaucoma: results of a prospective multicenter study. Clin Ophthalmol. 2016;10:911-2. Published 2016 May

18. doi:10.2147/OPTH.S11147335. Polit L. et al. Effects of docosahexaenoic acid on retinal development : cellular and molecular aspects. Lipids 2001 ; 36 : 927-3536. Souied EH, Delcourt C, Querques G, Bassols A, Merle B, Zourdani A, Smith T, Benlian P; Nutritional AMD Treatment 2 Study Group. Oral Docosahexaenoic Acid in the Prevention of Exudative Age-Related

Macular Degeneration: The Nutritional AMD Treatment 2 Study. Ophthalmology. 2013 Feb 737. Seddon J. M. et al. Dietary fat and risk for advanced age-related macular degeneration. Arch Ophthalmol 2001 ; 119 : 1191-9

Le bon choix des acides gras

E n pratique, le rôle de l’ali-mentation dans la santé des

yeux est majeur. Bien choisir les acides gras est une démarche des plus efficaces pour échapper à l’ap-parition d’une pathologie oculaire ou ralentir son évolution.

La recherche en nutrition a établi des liens forts entre les acides gras trans et l’augmentation des patholo-gies oculaires31, un point important, car les aliments industriels sont riches en acides gras trans issus des graisses hydrogénées : charcuterie, biscuits, céréales du petit-déjeuner, etc. On trouve aussi des acides gras trans dans les huiles végétales qui sont extraites à chaud : ce sont toutes les huiles qui ne possèdent pas la mention « pression à froid ».

À l’inverse, les oméga-3 issus des poissons gras et ceux qui pro-viennent des huiles de colza, de cameline ou de lin sont indispen-sables : ils interviennent dans la régulation des phénomènes inflam-matoires. Manger du poisson gras deux fois par semaine et utiliser au quotidien les bonnes huiles réduit déjà globalement les risques de pathologie oculaire.. La consomma-tion d’oléagineux comme les noix peut aussi avoir un effet bénéfique.

Des compléments de gélules d’huile de poisson sont utiles afin de contrer l’apparition de la cata-racte ou limiter sa progression32. Concernant le glaucome, la prise d’oméga-3 semble diminuer les risques33 et, en cas de traitement, réduire la sécheresse oculaire

liée à l’utilisation des collyres34. Pour diminuer le risque de DMLA, c’est plus spécifiquement le DHA, un acide gras de la famille des oméga-3 particulièrement concen-tré dans la rétine, qui est capable de protéger les photorécepteurs35 et qui diminue le risque de déve-lopper la maladie36 ou ralentit son évolution37.

Des antioxydants, mais pas n’importe lesquels

L a prévention antioxydante est un des plus importants leviers

d’action pour limiter la vulnérabi-lité des cellules de l’œil et l’aider à se protéger contre les méfaits de l’excès de lumière, de la pollution et du vieillissement. Il existe plu-sieurs types d’antioxydants : des vitamines (A, C et E), des minéraux (zinc, sélénium, manganèse, etc.) et des pigments présents dans les végétaux.

La diète méditerranéenne, qui met tous les jours au menu des aliments bien pourvus en antioxydants, est le meilleur régime, notamment grâce aux légumes et aux fruits colorés, comme… les myrtilles ! Certains compléments alimentaires sont indiqués pour la santé des yeux et pour prévenir ou accompagner une pathologie oculaire.

Lutéine et zéaxanthineEn tête des antioxydants les plus bénéfiques pour l’œil se trouvent des pigments végétaux de la famille des caroténoïdes : la lutéine et la zéaxanthine. Ils sont présents dans le cristallin et dans la macula. Ils

19

février 2019 • n°149LE DOSSIER DU MOIS

Page 20: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

permettent de filtrer la lumière bleue38 et protègent les photorécep-teurs des réactions d’oxydation. Les personnes qui mangent beaucoup d’aliments riches en lutéine, comme les œufs, les épinards ou d’autres légumes à feuilles vertes, ont un risque plus faible de développer une cataracte39 et une DMLA40. Il se pourrait aussi que cela repré-sente une aide dans le traitement d’un glaucome, certains résultats d’études étant encourageants. Quand on travaille souvent sur ordinateur, une supplémentation devient nécessaire en prévention ou pour ralentir la progression des maladies de l’œil, à la dose de 10 à 20 mg de lutéine, associée à 2,5 à 5 mg de zéaxanthine par jour.

INFOS PRODUITSLutein 20 mg (SuperSmart) : www.supersmart.comLutéine (Diet horizon) :boutiques bio

ZincLe zinc constitue la base indis-pensable pour activer les enzymes antioxydantes capables de défendre l’œil. Il améliore l’acuité visuelle en cas de DMLA41 ; un taux bas de zinc est également corrélé à un risque plus élevé de souffrir d’une cataracte42. Le zinc pourrait en outre être d’une aide efficace pour réparer les fibres endommagées du nerf optique en cas de glaucome43, à la dose de 10 à 15 mg par jour.

INFOS PRODUITSZinc (Le Stum) : 02 97 88 15 88 https://www.labo-lestum.frZinc granions : pharmacies

38. Landrum JT, Bone RA, Joa H, Kilburn MD, Moore LL, Sprague KE - A one year study of the macular pigment : the effect of 140 days of a lutein supplement. Experimental eye research A. 1997, vol. 65, n° 1, pp. 57-62 39. Mares-Perlman JA, Millen AE, Ficek TL, Hankinson SE. The body of evidence to support a protective role for lutein and zeaxanthin in delaying chronic disease. Overview. J Nutr. 2002; 132(3):518S–524S40. Richer S.et al. Double-masked, placebo-controlled, randomized trial of lutein and antioxidant supplementation in the intervention of atrophic age-related macular degeneration : the Veterans LAST study

(Lutein Antioxidant Supplementation Trial). Optometry 2004 ; 75 : 216-3041. Newsome DA. A randomized, prospective, placebo-controlled clinical trial of a novel zinc-monocysteine compound in age-related macular degeneration. Curr. Eye Res. 2008;33(7):591-59842. Seddon J. M. et al. Dietary fat and risk for advanced age-related macular degeneration. Arch Ophthalmol 2001 ; 119 : 1191-943. Li Y, Andereggen L, Yuki K, Omura K, Yin Y, Gilbert HY, Erdogan B, Asdourian MS, Shrock C, de Lima S, Apfel UP, Zhuo Y, Hershfinkel M, Lippard SJ, Rosenberg PA, Benowitz L - Mobile zinc increases rapidly in the

retina after optic nerve injury and regulates ganglion cell survival and optic nerve regeneration. Proc Natl Acad Sci U S A. 2017 Jan 10;114(2):E209-E218. doi: 10.1073/pnas.1616811114. Epub 2017 Jan 344. Brubaker RF, Bourne WM, et al. Ascorbic acid content of human corneal epithelium. Invest Ophthalmol Vis Sci 2000 Jun;41(7):1681-345. Robertson JM, Donner AP, Trevithick JR. A possible role for vitamins C and E in cataract prevention. Am.J.Clin.Nutr. 1991;53:346S-51S46. Wishal D. Ramdas, Jan S. A. G. Schouten and Carroll A. B. Webers - The Effect of Vitamins on Glaucoma: A Systematic Review and Meta-Analysis - Nutrients 2018, 10(3), 359; doi:10.3390/nu1003035947. Mohammad Harun-Or-Rashid, Nate Pappenhagen, Peter G. Palmer, Matthew A. Smith, Victoria Gevorgyan, Gina N. Wilson, Samuel D. Crish and Denise M. Inman - Structural and Functional Rescue of Chronic

Metabolically Stressed Optic Nerves through Respiration - Journal of Neuroscience 30 May 2018, 38 (22) 5122-5139; DOI: https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.3652-17.201848. A.K. Cybulska-Heinrich, M. Mozaffarieh, and J. Flammer - Ginkgo biloba: An adjuvant therapy for progressive normal and high tension glaucoma - Mol Vis. 2012; 18: 390–402. Published online 2012 Feb 9

Vitamine CElle est présente en très grande quantité dans l’œil ; c’est un puis-sant piégeur de radicaux libres. Elle est capable de prévenir la DMLA44 et plus sa consommation est élevée (entre 300 et 500 mg par jour), mieux elle protège l’œil de la ca-taracte45. À la dose de 1 à 2 g par jour, elle devient un facteur capable de prévenir le glaucome et de faire baisser la pression intraoculaire lorsque l’on en est atteint46.

INFOS PRODUITSVitamine C camu camu (Le Stum) : 02 97 88 15 88https://www.labo-lestum.frSuper C Complex 500 (Nature’s Plus) : boutiques bio

Le N‑acétyl‑cystéine (NAC)Ce puissant antioxydant est aussi le précurseur du principal détoxifiant de l’organisme, le glutathion. Il peut protéger le cristallin des attaques des radicaux libres et réduire les mécanismes inflammatoires. Il est tout aussi important en cas de ca-taracte que pour un glaucome, à la dose de 600 mg deux fois par jour.

INFOS PRODUITSNAC (Solgar) : pharmacies ou boutiques bio

Des compléments protecteurs, avec une synergie de nutriments pour l’œilVisiobiane Confort vitamines B2, A, C et E, zinc (Pileje) : pharmaciesVision + (Therascience) : https://www.therascience.comVisiotonic (Lescuyer) : https://www.laboratoire-lescuyer.com

Visionut (D.Plantes) : https://www.dplantes.com/visio-nut.html

Important en cas de glaucome

S elon les conclusions d’une première étude, le régime

cétogène, pauvre en glucides et très riche en graisse, dont les ef-fets neuroprotecteurs ont déjà été démontrés, pourrait aider à faire reculer le risque de cécité lié au glaucome, en protégeant les cel-lules de la rétine et les connections neuronales de la dégénérescence47. Ses bienfaits pourraient se constater même dans les cas les plus avancés de la maladie.L’une des possibles causes du glaucome pourrait être d’origine vasculaire, ce qui expliquerait les effets bénéfiques du ginkgo biloba pour améliorer la vision, tout par-ticulièrement quand la pression intraoculaire reste normale48.

INFOS PRODUITSQuantis Ginkgo biloba (LPEV) : 04 70 90 61 45 – www.lpev.frEPS Gingko biloba (Phytoprevent) : pharmacies

Annie Casamayou

Pour aller plus loin

Mieux voir en un clin d’œil.Dr Eva Lothar & Nathalie Ferron, Leduc.s Éditions, 2018

Trouver un praticien de la méthode : https://www.artdevoir-asso.fr

février 2019 • n°149

20

LE DOSSIER DU MOIS

Page 21: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

S i vous donnez une bonne proportion de grains de

maïs à des volailles d’élevages, vous êtes sûr d’obtenir une belle chair colorée et un jaune d’œuf éclatant. Le principe de cet effet colorant est dû aux caroténoïdes présents dans les grains de maïs. Ce sont aussi ces substances qui donnent aux saumons, homards et aux flamants roses leurs couleurs si caractéristiques.

Les caroténoïdes colorent la nature

D ans la nature, on a recensé environ 600 caroténoïdes

différents. Le plus célèbre est le bêta-carotène parce qu’il est très courant dans le monde vivant. Il est aussi un précurseur de la vitamine A, un élément précieux pour notre vision, notre croissance et la préser-vation de notre peau. Aujourd’hui, tout le monde sait que la carotte doit sa couleur orange à ce caro-ténoïde. On dit même qu’elle rend aimable, qu’elle donne de jolies couleurs et qu’elle aide à préparer sa peau au soleil de l’été. Le bê-ta-carotène tire d’ailleurs son nom du nom latin de la carotte, Daucus carota. Cette vérité est bien fondée.

Chez la myrtille ou le poivron, la couleur des caroténoïdes est bien visible. Parfois, comme chez le brocoli ou dans les épinards, elle est masquée par la couleur verte de la chlorophylle : sans elle, ces

légumes apparaîtraient d’un jaune vif. Dans le monde végétal, les caroténoïdes protègent la chloro-phylle des dégâts engendrés par les rayons solaires, permettant ainsi le fonctionnement normal de la photosynthèse. Lorsque vient l’au-tomne, la chlorophylle se dégrade, n’ayant plus de raison d’être. Elle laisse alors apparaître les caro-ténoïdes qui donnent les belles couleurs d’automne. Mais pour nous les humains, les caroténoïdes ne servent pas seulement à avoir de belles joues roses !

Respirer, c’est vieillir

A u-delà de leur couleur, le grand intérêt et le point com-

mun de tous les caroténoïdes sont leurs propriétés antioxydantes. Et ça nous en avons bien tous besoin aujourd’hui.

Avez-vous déjà entendu parler du stress oxydatif ? Ce fameux stress qui nous fait vieillir prématuré-ment. Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il prend une am-pleur inquiétante du fait des stress environnementaux et sociaux qui augmentent considérablement de-puis quelques décennies.

Le soleil, même s’il est vital à l’être humain autant qu’au monde vé-gétal, génère une production de radicaux libres. Et ce risque aug-mente à mesure que notre couche d’ozone diminue.

Voici rapidement comment ça marche : l’oxygène qui parcourt notre corps via le système sanguin est stable la plupart du temps. Mais sous l’effet de la lumière, il se produit une photo-oxydation qui modifie en partie la structure des molécules d’oxygène. Celui-ci devient alors réactif, instable. En lieu et place de l’oxygène à l’état dit « normal » le corps doit finalement faire face à de l’oxygène superoxyde, peroxyle, hydroxyle ou encore à l’oxygène singulet qui sont ce qu’on appelle des radicaux libres. Ces éléments instables, sont en recherche d’élec-trons pour retrouver un équilibre. Ils en trouveront le plus facilement dans nos membranes cellulaires qui sont composées principalement d’acides gras insaturés, les molé-cules les plus riches en électrons.

Dans des conditions normales, le corps humain est équipé pour faire face à cela. Mais les condi-tions normales, ça c’était avant ! Si notre système de défense n’est pas suffisamment performant, les attaques radicalaires détériorent en toute impunité nos membranes cellulaires et notre ADN.

Et ces transformations ne sont pas le seul fait de l’exposition aux rayons solaires. Elles sont aussi une consé-quence des stress les plus divers. Le vieillissement prématuré, les taches sur la peau (oxydation des lipides), les baisses de vision liées

Comment l’astaxanthine peut sauver votre vueUn pigment de la famille des caroténoïdes s’est imposé dans le monde scientifique comme l’un des remparts les plus redoutables au stress oxydatif : l’astaxanthine serait même un antioxydant taillé sur mesure pour nos yeux.

21

février 2019 • n°149LE DOSSIER DU MOIS

Page 22: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

aux problèmes de rétine, les can-cers, ou encore la fatigue chronique peuvent être des conséquences du stress oxydatif.

Pour aider notre organisme et limi-ter ce processus de vieillissement cellulaire accéléré, il faut en pre-mier rechercher une alimentation riche en antioxydants et notam-ment en caroténoïdes. Chaque jour, consommons donc des fruits et légumes de toutes les couleurs.

L’astaxanthine, champion des antioxydants

L ’astaxanthine est un cham-pion pour protéger les cellules

de l’oxydation. Vous me direz qu’il y a d’autres éléments bien plus connus. Mais prenons par exemple le cas de la vitamine E : pour maîtri-ser et neutraliser l’oxygène singulet, un des fameux radicaux libres, l’astaxanthine est 500 fois plus ef-ficace ! Ce super caroténoïde peut même pallier (d’après une étude faite sur des rats) à une carence en cette vitamine pour limiter la peroxydation des lipides. Et les saumons ou les truites l’ont bien compris, car en consommant du plancton riche en astaxanthine, ils protègent les lipides qui abondent sous leur peau. Ceux-là mêmes qui les aident à résister à l’eau froide des rivières. Les problèmes d’artériosclérose, qui rétrécissent nos artères du fait du durcissement du « mauvais cholestérol » (LDL et VLDL) peuvent ainsi être limité grâce à l’astaxanthine. Celle-ci s’accumule justement dans le LDL et VLDL pour être véhiculée. C’est comme si un autostoppeur proté-geait le véhicule qui le transporte en « l’empêchant de rouiller » en même temps qu’il est conduit à sa destination.

Les deux zones les plus sensibles à photo-oxydation sont sans conteste la peau et la rétine. La peau parce

qu’elle couvre la plus grande sur-face de notre corps et qu’elle est la plus exposée au rayonnement solaire. La rétine parce que ses cel-lules qui réceptionnent la lumière sont hautement concentrées en acides gras insaturés, mais aussi en oxygène. La zone de la rétine qui en est la plus riche est la ma-cula, cette partie qui nous permet de voir les choses de façon pré-cise. Elle est en conséquence la partie de notre corps la plus sen-sible à la peroxydation lipidique. Plusieurs études ont montré que les caroténoïdes dont l’astaxan-thine protègent la rétine des lésions oxydatives. L’astaxanthine est donc un excellent préventif de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge).

En ce qui concerne les cancers, des études ont pu démontrer qu’une supplémentation en caroténoïdes augmente le nombre des lym-phocytes K qui sont chargés de la destruction des cellules tumo-rales. Ces derniers sont également capables de détruire le Candida albicans, ce champignon qui empoisonne la vie de bien des personnes.

L’astaxanthine dans les compléments alimentaires

A lors d’où nous vient l’astaxan-thine que nous trouvons dans

les compléments alimentaires ? On a retrouvé et identifié ce pig-ment en 1938 dans le homard. Mais les fabricants de compléments alimentaires ont trouvé la bonne aubaine dans une algue qui en concentre le plus et de loin : il s’agit d’Haematococcus pluvia-lis. Pour parfaire son intérêt, cette micro algue d’eau douce contient également d’autres caroténoïdes complémentaires comme le bêta-carotène, la canthaxanthine et la lutéine. 4 mg d’astaxanthine sous

forme de complément alimentaire, c’est l’équivalent de ce qu’on re-trouve dans 800 gr de saumon de l’Atlantique. De quoi se faire une bonne recharge d’antioxydant effi-cace. Le mieux sera de commencer une cure dès les premiers soleils, mais également pendant et après l’exposition là où notre corps en a le plus besoin.

L’astaxanthine se trouve en com-plément alimentaire extraite d’Haematococcus pluvialis seule ou associée à d’autres caroté-noïdes. On en retrouve également dans les compléments alimentaires d’huile de krill, une petite crevette de l’Antarctique qui constitue la nourriture principale des baleines. Même si la teneur est moindre que pour notre micro algue. Le krill est commercialisé en tant que source d’oméga 3 de type DHA couplée aux bienfaits de l’astaxanthine. Les oméga-3 DHA sont des acides gras essentiels très utiles pour la croissance, la santé nerveuse et car-diovasculaire. Ils présentent donc un double intérêt en prévention les problèmes cardiovasculaires no-tamment d’artériosclérose… mais ça, c’est une autre histoire.

INFOS PRODUITSASTAXANTHINE (Naturamundi) : www.naturamundi.com05 61 05 50 00ASTAXANTHINE (Biovéa) : www.biovea.com/fr/08 00 90 78 08HUILE DE KRILL (Naturamundi) : www.naturamundi.com05 61 05 50 00HUILE DE KRILL (Biovéa) : www.biovea.com/fr/08 00 90 78 08

Daniel Lacroix

février 2019 • n°149

22

LE DOSSIER DU MOIS

Page 23: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

D errière ce concept de « pec-toral » se cachent de jolies

fleurs colorées dotées de vertus bienfaisantes sur l’arbre respira-toire. Faisons un zoom sur l’une d’entre elles : le bouillon-blanc.

Les plantes pectorales

D ans le jargon des herboristes, on parle « d’espèces pecto-

rales ». À l’origine, elles sont au nombre de sept : le bouillon-blanc, la violette, la guimauve, la mauve, le coquelicot, le tussilage et le pied-de-chat. C’est à chaque fois la fleur qui est utilisée, exception faite de la guimauve, dont on utilise la racine. Aujourd’hui, malheureu-sement, on n’en utilise plus que cinq : l’hypnotique fleur rouge du coquelicot, un pavot aussi utilisé contre les troubles du sommeil ; la fleur violacée de mauve qui amé-liore avec douceur la constipation,

la racine blanche et duveteuse de la guimauve, utile en cas de reflux gastro-œsophagien, et enfin la so-laire fleur jaune du bouillon-blanc, à laquelle cet article est dédié.

Le pied-de-chat et le tussilage sont interdits par la Commission euro-péenne depuis 2011. L’efficacité demeure malgré tout et, chaque hiver, leurs ventes se renouvellent et leur succès ne se dément pas.

« Pectoral » se dit d’une plante qui fluidifie les sécrétions bronchiques, facilitant leur évacuation, tout en ayant une action antitussive. Pour faire simple, vous toussez moins, mais de façon plus efficace !

La toux est un phénomène réflexe utile, qu’il convient de ne pas en-traver dans les premiers temps. Peu importe qu’elle soit sèche ou grasse, les fleurs pectorales fonc-tionnent dans les deux cas.

Quand la toux est sèche, elle est dite « non productive », elle est davantage liée à une irritation des voies respiratoires causée par un reflux gastro-œsophagien ou, se-condairement, à des traitements médicamenteux. Quand elle est grasse, elle est dite « productive » et fait suite à une infection, virale ou bactérienne ; elle s’accompagne de sécrétions plus ou moins colorées et glaireuses.

En excès, les deux types de toux fa-tiguent, surtout lorsque des quintes surviennent vers 2-3 heures du matin, perturbent le sommeil et augmentent la fatigue. C’est pour-quoi une plante pectorale comme le bouillon-blanc vous soulagera. Elle apaise le tractus respiratoire par ses propriétés adoucissantes pour les muqueuses, qui limitent l’irri-tation des toux sèches et fluidifient les mucosités d’une toux grasse.

Buvez du bouillon‑blanc : vos bronches vous remercieront ! En hiver, les maladies respiratoires constituent une grande part des motifs de visites en herboristerie. Que la toux gâche vos nuits, que vous « crachiez vos poumons » à cause du tabac, que votre rhume dégénère en bronchite ou bien encore que la pollution déclenche chez vous des crises d’asthme, vos alliées pour combattre ces désagréables maux sont les fleurs pectorales.

Nom latin : Verbascum thapsus

Famille : Scrofulariacées

Noms communs : bouillon-blanc, molène, herbe de saint Fiacre, herbe à bonhomme, cierge de Notre-Dame

Partie utilisée : fleurs et feuilles

Principes actifs majeurs : mucilages, flavonoïdes (verbascoside), saponines, tanins

Forme d’usage : tisane

Propriétés majeures : émollient, expectorant, anti-inflammatoire, antitussif

février 2019 • n°149

23

LA RUBRIQUE PHYTO

Page 24: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

Une toux persistante devra tout de même faire l’objet d’une consul-tation chez le médecin car ce symptôme bénin peut cacher des troubles plus sérieux.

Remèdes d’herboristes à la toux

A u comptoir de l’herboristerie, je demande toujours la na-

ture de la toux, si elle est récente, si elle est accompagnée de fièvre ou d’une prise de traitements médica-menteux et le degré de gêne qu’elle occasionne chez la personne.

Indiscutablement, la tisane est la voie royale pour traiter la toux. En effet, l’eau chaude extrait très bien les mucilages que la plante contient. De plus, boire chaud est béné-fique pour les voies respiratoires et digestives hautes, qui peuvent être enflammées par des toux ré-currentes. Les mucilages sont des principes actifs qui adoucissent les muqueuses en général – digestives, respiratoires, urogénitales –, mais aussi la peau en cas d’irritations. Dans le cas des plantes pectorales, les mucilages tapissent les bron-chioles et bronches enflammées, la gorge et le larynx irrités.

Comme souvent, des synergies peuvent potentialiser l’efficacité d’une tisane.

La propolis, un produit de la ruche anti-infectieux, complète l’action en cas de bronchite. Ma préférence va pour les formes en gouttes, à raison de 20 gouttes trois fois par jour dans une cuillère à soupe avec du miel, sauf en cas d’allergies aux dérivés de nos amies les abeilles.

Si la toux est allergique, le plantain additionné à la tisane ou pris en teinture mère, ainsi que des gouttes de bourgeons de Cassis, deux actifs à visée antihistaminique et anti-in-flammatoire, seront les bienvenus.

Contre une toux sèche dont on sup-pose un reflux gastro-œsophagien,

l’adjonction de racine de réglisse à la tisane et de Lithothamne (en poudre ou en gélules) est géné-ralement souveraine. Ces deux actifs modulent le pH de l’estomac et viennent à bout des irritations de la gorge, tout en améliorant la digestion.

Enfin, l’aromathérapie peut aussi faire partie de l’arsenal antitoux de l’herboristerie.

Contre la toux sèche, c’est l’huile essentielle de cyprès toujours vert qui officie à merveille. Diluez-en 1 goutte dans 2 gouttes d’huile de nigelle (ou toute autre huile végé-tale) et appliquez à l’endroit du point de la toux en cas de quinte soudaine ; sinon, préférez le mas-sage du haut du thorax et du dos, à faire deux à quatre fois par jour, à raison de 4 gouttes dans une cuillère à soupe d’huile de nigelle. Éventuellement, prenez 1 goutte dans une cuillère à café de miel, une à trois fois par jour, pendant cinq jours maximum.

Contre la toux grasse, associez les huiles essentielles de myrte vert et d’arbre à thé : 1 goutte de chaque dans une cuillère à café de miel à ingérer matin et soir après le repas. Puis en massage sur le haut du thorax et du dos, 2 gouttes de chaque diluées dans une cuillère à soupe d’huile de nigelle (ou toute autre huile végétale), à faire deux à quatre fois par jour.

Ce qu’en dit la recherche scientifique

P as grand-chose ! Très peu d’études portent sur le

bouillon-blanc et ses vertus pectorales chez l’homme.

Une étude mexicaine confirme que les usages traditionnels du bouillon-blanc sont nombreux. Anti-inflammatoire du tractus respiratoire en cas de toux, rhume, refroidis-sements et grippe, tuberculose,

bronchite, pneumonie, asthme et trachéite, il serait également utile en cas de diarrhée, colite, ulcère gastro-intestinal, migraines, inflam-mations chroniques, problèmes de sommeil et rénaux, contre les blessures, brûlures, morsures, hémorroïdes, l’érysipèle et l’in-flammation des muqueuses. Cette étude déplore qu’il n’y ait pas eu de recherches cliniques, vu le champ d’action qu’elle revêt pourtant.

Malgré ce faible niveau de preuves scientifiques, son usage ne se dé-ment pas. C’est une plante bien connue d’un public un minimum averti en matière de phytothérapie, qui y a recours sans même deman-der conseil. Les retours empiriques de son action pectorale sont nom-breux et réels, en boutique comme au cabinet.

Comment l’utiliser ?

I nfusez de préférence les fleurs du bouillon-blanc,

puisque ce sont des parties qui libèrent facilement leurs molé-cules actives. Pour réaliser votre infusion de bouillon-blanc, mettez 1 cuillère à café de fleurs dans 20 cl d’eau bouillante, laissez infuser 5 à 10 minutes, filtrez et buvez chaud de préférence.

• Vous pouvez utiliser le bouil-lon-blanc en prévention des bronchites, laryngites et trachéites ou en cas de tabagisme : 1 tasse par jour, régulièrement.

• Si les symptômes sont pré-sents, la dose curative est alors de 2 cuillères à café pour 50 cl d’eau, idéalement de 4 cuillères à café par litre sur la durée des symptômes.

Des préparations synergiques exis tent comme la formule « Bronches » de l’Herboristerie du Palais-Royal à Paris, à base de guimauve, mauve, bouillon-blanc, coquelicot, serpolet, bourrache, lierre grimpant et carragheen.

février 2019 • n°149

24

LA RUBRIQUE PHYTO

Page 25: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

Ajoutez-y volontiers du miel pour améliorer le goût de la tisane et bé-néficier de ses vertus adoucissantes pour la gorge.

Veillez à bien filtrer vos infusions, car des petits poils de bouillon-blanc dans votre tisane pourraient au contraire être irritants !

Pour les bébés sujets aux encom-brements ORL, il est possible de se servir de l’infusion des espèces pectorales comme liquide de dilu-tion de la poudre de lait. La maman allaitante pourra en consommer

pour traiter les voies respiratoires de son bébé. Pour les enfants plus âgés, agrémentez la tisane de miel, de feuilles de thym citronné et/ou d’eau florale d’oranger pour la leur rendre « acceptable ».

Pour les réfractaires à la tisane, optez pour un sirop à base des actifs mentionnés ci-dessus, comme le sirop « Inspiration » de l’Herboris-terie du Palais-Royal. Quant aux extraits hydroalcooliques ou aux gélules, ils auraient franchement peu d’utilité, puisque la tisane of-ficie tellement mieux !

Précautions d’emploi

L es fleurs pectorales ne souffrent d’aucune contre-in-

dication aux dosages indiqués. Elles sont utilisables chez le nourrisson, la femme enceinte et allaitante et n’interfèrent pas avec des médicaments.

Caroline Gayet Diététicienne – phytothérapeute

www.caroline-gayet.com

AGENDA

Salon Vitalité et Bien‑être

ÉPINAL - Dates : 2 et 3 février 2019

Droits d’entrée : 2 euros

Lieu : Épinal Centre des congrès, salle Grande Halle, 7 avenue de St Dié, 88000 Épinal

Renseignements : http://salonsbienetre.fr/salon-epinal

Dans la vie professionnelle ou quotidienne, nous sommes souvent confrontés au stress, à l’hyperactivité, au burn-out… Ce salon vous propose des médecines douces et de nouvelles méthodes de santé au naturel pour prendre soin de soi, développer la confiance en soi et harmoniser sa vie avec son environnement. Vous pourrez ainsi rencontrer des professionnels de différentes pratiques comme le shiatsu, la réflexologie, la sophrologie, la kinésiologie, la lumi-nothérapie, les massages bien-être, la chromo-énergie, le reiki, la naturopathie… Et découvrir des produits bio du terroir, des huiles essentielles, des cosmétiques naturels ou encore des élixirs floraux.

Salon Natura

REZÉ - Dates : du 8 au 10 février 2019

Droits d’entrée : 5 euros

Lieu : La Trocardière, 101, rue de la Trocardière, 44400 Rezé

Renseignements : https://salon-natura.com

Depuis 29 ans, ce salon réunit les adeptes du bio. Que vous soyez un consommateur averti ou simplement curieux de vous informer et de goûter des produits issus d’une agriculture plus saine et respectueuse de l’environnement, vous pourrez rencontrer les quelques 200 exposants certifiés venant de toute la France et de la communauté européenne.

TourissimoSTRASBOURG - Dates : du 8 au 10 février 2019

Droits d’entrée : entrée gratuite (inscription en ligne préalable)Lieu : Parc des Expositions, 7 Place Adrien Zeller, 67070 StrasbourgRenseignements : http://www.tourissimo-strasbourg.comSi vous cherchez des idées de voyages, de sorties, de loisirs, rendez-vous à Tourissimo, un salon dédié au tourisme, au bien-être et à l’évasion : vous y trouverez une mine d’idées pour organiser un voyage à l’étranger, découvrir une région ou prévoir un week-end détente. 170 professionnels du tourisme seront là pour vous conseiller.

Salon Respire la vie

RENNES - Dates : du 15 au 17 février 2019

Droits d’entrée : 3 eurosLieu : Parc des Expositions de Rennes Aéroport, La Haie Gautrais, 35172 Bruz Cedex, Hall 5Renseignements : https://www.respirelavie.fr/Un salon pour « penser bio et vivre zen au quotidien ». Marché bio, écoproduits, habitat sain, jardinage, cos-métiques naturels, artisanat, mode, tourisme solidaire, bien-être, environnement… Vous aurez de quoi faire grâce aux nombreux secteurs d’activités représentés, exposants, producteurs locaux ainsi qu’aux ateliers et conférences proposés.

février 2019 • n°149

25

LA RUBRIQUE PHYTO

Page 26: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

L ’être humain de notre siècle est encerclé, traversé, trans-

percé d’ondes de toute nature. Mais étant donné que ses cinq sens ne les perçoivent pas et ne peuvent donc l’en avertir, il na-vigue en toute insouciance dans un océan de radiations, dont certaines peuvent perturber gravement le fonctionnement de son organisme, quoique prétendues sans effets notoires par ceux qui les émettent ou les distribuent.

Sensibilisé à ce problème depuis de nombreuses années, le cher-cheur suisse Jacques Surbeck s’est consacré au développement de moyens de protection contre ces ondes néfastes.

Membre de la Commission inter-nationale de la santé au travail, ses travaux ont été couronnés de médailles d’or par des jurys scienti-fiques internationaux, tels que celui du Salon mondial des inventions de Genève et celui du Kuwait Science Club.

Les dispositifs de protection fournis par sa société, la SEIC, consistent, d’une part, en minisphères conte-nant des solutions d’oxydes de terres rares, qui sont à fixer de chaque côté d’un écran d’ordi-nateur, et, d’autre part, en puces à coller sur la face arrière d’un téléphone portable. Toutes les ins-tructions d’installation précises

sont fournies et doivent être scru-puleusement respectées. À ma connaissance, il n’existe pas de système mis au point plus efficace, du moins en Europe.

Mais avant de parler des protec-tions, faisons le point sur ce que l’on sait de la nocivité de ces ondes, que d’aucuns affirment qu’elles sont inoffensives ou prétendent que les preuves scientifiques de leur malfaisance ne sont pas réunies.

La vérité essentielle est que tous nos appareils communicants comme les smartphones, écrans, ordinateurs, télévisions, téléphones sans fil, tous générateurs de REMP (radiations électromagnétiques pulsées), ainsi que les ondes wifi omniprésentes, sont nocifs envers toutes les cellules vivantes, humaines, animales ou végétales.

Bien entendu, la gravité des ef-fets dépend principalement de la fréquence d’utilisation de ces ap-pareils et du temps passé à leur contact.

Or, si certains utilisent raisonna-blement leur téléphone portable, c’est-à-dire uniquement pour des appels brefs et urgents, d’autres, et notamment de nombreux ado-lescents, sont branchés en quasi permanence pour des échanges dont l’utilité ou la pertinence sont souvent rien moins qu’évidentes.

Les Hongrois se sont penchés sur la question

P lusieurs organismes officiels hongrois, en collaboration

avec le ministère de l’Intérieur de Hongrie, ont décidé de mener de vraies expérimentations scienti-fiques et médicales sur ces nocivités « ondoyantes ». Et afin de sensibili-ser les chefs d’entreprise, ils ont en priorité étudié leurs conséquences sur la productivité des salariés. Ce travail a été effectué sous le contrôle des organismes suivants :

• L’université de Budapest (dé-partement de l’économie et des sciences sociales) ;

• Le Centre national de santé, ergonomie et d’études psycholo‑giques (Dr L.Tamas) ;

• L’Institut Hippocampus.

Les résultats constatés sur les membres du personnel travaillant devant écran avec protections actives ou sous écrans munis de placebos inactifs sont sans appel et les suivants :

• Amélioration de la rapidité du travail avec protection : +11,45 % versus placebo.

• Diminution des erreurs avec pro-tection : -10,03 % versus placebo.

• Amélioration de la mémoire rapide avec protection : +16,95 % versus placebo.

Ondes et électrosensibilité : la solution de Jacques Surbeck Au même titre que la cigarette il y a quelques décennies, les ondes omniprésentes sont une bombe à retardement sanitaire, que les industriels et les financiers étouffent efficacement. Pourtant, sa capacité de nuisance est de moins en moins douteuse. Notre chroniqueur Pierre Lance présente ici une solution qui pourrait permettre de réduire les méfaits des appareils connectés qui nous entourent.

février 2019 • n°149

26

LA CHRONIQUE DE PIERRE LANCE

Page 27: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

• Amélioration de la mémoire à long terme avec protection : +6,62 % versus placebo.

• Fatigue/altération de la vision avec protection : -29,70 % versus placebo.

• Troubles musculosquelettiques avec protection : -18 % versus placebo.

Il est donc parfaitement évident que l’intérêt bien compris des entreprises, ainsi que celui des organismes d’assurance-maladie, est de protéger leurs employés des ondes nocives émises par leurs outils de travail.

J’ajouterai pour ma part qu’il convient de ne pas réduire l’am-pleur du problème aux personnes « électrohypersensibles ». Cette hy-persensibilité de certains individus, qui nous servent en quelque sorte de « vigies », ne doit pas donner à penser que les moins sensibles ne sont pas atteints. Car personne n’échappe à la nocivité des radia-tions électromagnétiques pulsées, mais certains usagers y résistent mieux que d’autres, comme il en est de même pour toutes les agressions. N’oublions pas que la diversité des réactions individuelles est immense.

Par ailleurs, il est bon de s’interroger sur certaines pathologies dont l’ori-gine est ignorée, faute de prendre en compte les perturbations induites par nos appareils. Rappelons que le sang humain comporte des héma-ties (globules rouges) qui doivent leur couleur à l’hémoglobine, une métalloprotéine contenant du fer. Or, les hématies sont « polari-sées » par les ondes d’un téléphone portable et deviennent alors des « micro-aimants en suspension », qui tendent naturellement à s’ag-glutiner et peuvent constituer un bouchon, d’où les infarctus blancs ou AVC sans cause biologique, que le corps médical a déjà constaté sans pouvoir les expliquer. Ceci a pu être mis en évidence dans deux laboratoires d’hématologie (Paris et Genève), dont les responsables ont empêché la publication et l’homo-logation. L’omerta imposée sur ce sujet bloque toute reproduction par les laboratoires accrédités de France, Suisse, Belgique, Italie qui ont été sollicités pour ce faire. Grâce aux recherches et appareils du Pr K. Korotkov de Saint-Pétersbourg, il est démontré qu’une conversation de 10 minutes sur un téléphone portable sans protection détruit

environ 30 % du champ vital (le Qi de la médecine chinoise), alors que le même sujet protégé par les éléments que propose Jacques Surbeck voit son « Qi » intégrale-ment protégé de ces ondes nocives. Toutes les preuves de ces asser-tions et les résultats des analyses de laboratoires sont à la disposition des personnes qui voudraient en prendre connaissance auprès de la SEIC SA sise à Genève.

Il est aujourd’hui impossible de se passer de ces ondes, qui consti-tuent le « tissu » cognitif du monde moderne et dont l’utilisation géné-ralisée concerne désormais toute l’humanité. Car même si vous n’utilisez pas vous-même de smart-phone, le seul fait d’emprunter un moyen de transport collectif vous mettra aussitôt à la merci des ondes nocives émises par tous vos voisins qui en auront un dans la main. Dans nos pays, le nombre des EHS (électrohypersensibles) est en constante progression (de 3,6 % de la population en 2012 à plus de 5 % aujourd’hui). Plus d’une personne sur vingt souffre des ondes et, faute d’information, ne sait comment s’en protéger. Or, utiliser des protections est le seul

Le 10 octobre 2014, Le Monde économique publiait cette interview de Jacques Surbeck : Le Monde économique : L’électro‑h y p e r s e n s i b i l i t é e s t u n e maladie peu connue du grand pu‑blic. Comment cette pathologie se manifeste‑t‑elle au quotidien pour les patients ?

Jacques Surbeck : Par un stress cellulaire consistant en céphalées, troubles neurologiques touchant la sensibilité superficielle et pro-fonde, troubles de l’attention et de la concentration, puis une atteinte du système nerveux central qui se manifeste par la survenue d’une triade symptomatique consistant en insomnie, fatigue et dépression (Pr D. Belpomme).

LME : Bien que les symptômes de l’électrohypersensibilité soient reconnus par l’Organisation mon‑diale de la santé, nombreux sont les professionnels de santé qui doutent de la réalité de cette pa‑thologie. Comment expliquez‑vous cela ?

J.S. : Par une désinformation soi-gneusement orchestrée et financée par crainte des conséquences juridiques et financières qu’engen-drerait la reconnaissance officielle de ces nuisances, dont les assureurs excluent la couverture par leurs po-lices RC. En Suède, le Pr S. Hansson Mild (de l’université de Gotteborg)

a publié une étude montrant une augmentation de 300 % des cancers du cerveau chez les utilisateurs à long terme des téléphones portables et sans fil au cours des 5 dernières années (Journal international d’on-cologie, vol. 22). Alors que la Cour suprême d’Italie a reconnu l’origine causale des ondes dans le déclen-chement d’un tel cancer, ouvrant la porte à une jurisprudence dans les pays de la CE. C’est pourquoi, en Israël, un opérateur de téléphonie mobile a « acheté » pour l’équivalent de 100 000 francs suisses le retrait d’une plainte déposée à son encontre par une victime des ondes.

27

février 2019 • n°149LA CHRONIQUE DE PIERRE LANCE

Page 28: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

moyen de parer à cet envahisse-ment, sauf à limiter drastiquement l’utilisation des appareils.

À ce propos, France TV Info nous informait, le 16 septembre 2014, que les patrons de la Silicon Valley (Apple, Google, Twitter, etc.) li-mitaient l’usage des nouvelles technologies chez leurs propres enfants, estimant qu’elles pour-raient nuire à leur développement. Steve Jobs déclarait en 2010 : « À la maison, nous limitons l’usage des gadgets technologiques. » Et le New York Times confirmait que de nom-breux dirigeants de la Silicon Valley tenaient leurs enfants à l’écart des nouvelles technologies. C’est ainsi que Chris Anderson, directeur exé-cutif d’une firme fabriquant des drones, limite le temps d’utilisation de tous les appareils électroniques de sa maison. À tel point que ses enfants les accusent, lui et sa femme, « d’être des fascistes bien trop inquiets au sujet de la techno-logie » ; « C’est parce que nous en connaissons personnellement les dangers », répond Chris Anderson au New York Times. En 2014, les ventes mondiales annuelles de smartphones dépassaient le mil-liard d’unités. En 2017, 73 % de la population française âgée de 12 ans et plus possède un smartphone. Selon le site ConsoGlobe, il y au-rait 7,7 milliards de smartphones actifs en 2018 sur la planète, soit 7,7 milliards d’unités, c’est-à-dire davantage que d’habitants sur Terre.

D’autre part, un groupe de 5 jeunes lycéennes danoises de l’école de Hjallerup ont mené une expérience sur des graines de cresson. Ces étudiantes avaient pour objectif de déterminer si, oui ou non, les ondes wifi influençaient le déve-loppement de certains végétaux. Les résultats sont effarants. Pendant douze jours, les étudiantes ont étudié deux groupes de semences de cresson, le premier exposé aux ondes wifi, le deuxième isolé de toute radiation.

Résultat : les graines exposées n’ont presque pas germé et quelques-unes ont même muté, alors que celles situées dans la chambre sans radiations se sont développées sans problème.

Connaissez‑vous la « démence numérique » ?

C ette pathologie se caracté-rise par la détérioration de

la fonction cérébrale à la suite de l’utilisation abusive de tech-nologies numériques. La Corée du Sud est l’un des premiers pays qui a adopté les technologies sans fil par les radiofréquences artifi-cielles micro-ondes. Aujourd’hui, plus de 85 % des Coréens âgés de plus de 16 ans ont un smartphone. Un rapport du ministère coréen de la science (MSIP) constate que 18,4 % des Sud-Coréens âgés de 10 à 19 ans utilisent leurs smartphones plus de 7 heures par jour. À titre de comparaison, l’Américain moyen utilise son smartphone 58 minutes par jour. Le psychiatre Park Ki-jeong a observé que « 10 à 15 % des utilisateurs ont des troubles cognitifs légers et développent une démence ». Les symptômes

courants de la démence numé-rique consistent en troubles de la mémoire, une capacité d’attention et d’analyse réduite, ainsi que des troubles affectifs. Il va sans dire que ces effets néfastes s’ajoutent à ceux décrits précédemment et résultent de l’impact des ondes elles-mêmes. On peut se protéger des ondes, mais nul de peut protéger l’indi-vidu de ses propres excès, sauf parfois ses propres parents, dans une certaine mesure. Ainsi, sous quelque aspect que l’on examine le problème, nous sommes confrontés à l’un des plus dangereux phéno-mènes produits par la technologie moderne de communication. Il est donc capital de nous en protéger et, surtout, d’en protéger les jeunes générations.

Pierre Lance

Pour toutes informations com-plémentaires sur les moyens de protection mis au point par Jacques Surbeck, adressez-vous à :La SEIC SA 3, Rue du Léman, CH 1201 Genève, SuisseTél. : 00 41 022 732 5540Site internet : www.emf-bioshield.com

Pour aller plus loinLa Pollution électromagnétiquePrix : 23 eurosAuteurs : Claude Bossard, Marie Milesi, Alain Richard, Isabelle Nonn Traya, Michèle RivasiÉditeur : Terre vivanteISBN : 9782360982622Elles ne se voient pas, ne s’entendent pas, ne se sentent pas. Pourtant, elles sont partout et polluent notre environnement. Smartphone, GPS, antennes, objets connectés, wifi, Bluetooth… Nous vivons dans un brouillard d’ondes électromagné-tiques depuis que la technologie sans fil est devenue omniprésente. Certains s’en inquiètent, d’autres les ignorent, mais beaucoup ne

connaissent pas leur réel impact sur notre santé. Cet ouvrage a vocation à nous infor-mer, pour permettre à chacun de comprendre les enjeux et d’appliquer les principes de pré-caution. Avec pédagogie et clarté, les auteurs expliquent ce que sont les ondes électromagnétiques, com-ment elles agissent sur notre santé et pourquoi elles sont responsables de maladies émergentes comme l’électrohypersensibilité. Cet ou-vrage illustré, accompagné de témoignages et de conseils, permet une prise de conscience essentielle sur cette pollution invisible et sour-noise. A.R.

février 2019 • n°149

28

LA CHRONIQUE DE PIERRE LANCE

Page 29: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

C ’est une nouveauté... Et quasiment un scoop. Des

expérimentations cliniques sont actuellement en cours dans deux Ehpad en Bretagne et en Vendée pour soigner la maladie d’Alzheimer par l’hypnose. Mais pas n’importe quelle hypnose. Celle mise au point par un psychologue breton – Bernard Sensfelder, lui-même disciple d’un hypnothérapeute plutôt connu, François Roustang – se distingue à plusieurs égards de l’hypnose thérapeutique « classique » fondée par le célèbre Milton Erickson. Ici, pas de transe profonde ni de sug-gestion posthypnotique poussant à l’abandon de comportements non voulus. Le but de cette technique, appelée eïnothérapie, est d’obtenir une hypnose légère, un état de re-laxation permettant à la personne de libérer ses peurs et ses culpabilités. Rien de plus.

Une personne atteinte d’Alzheimer, impuissante, assiste à son propre délire

L e rapport avec la maladie d’Alzheimer ? Un petit détour

théorique s’impose afin de com-prendre les ressorts de cette nouvelle thérapie. Pour la science actuelle, le syndrome d’Alzheimer est causé par une dégénérescence neuro-nale. Or, ce qu’a découvert Bernard

Sensfelder au cours de sa pratique est proprement sidérant : une per-sonne atteinte est consciente de son dysfonctionnement et ne peut y mettre fin ! Autrement dit, elle assiste impuissante à son propre délire. La preuve ? Alors que le psychologue accompagnait une personne déli-rante en fin de vie avec un infirmier dans un Ehpad, l’agonisant retrouva subitement ses esprits et exigea que l’infirmer sorte, en lui disant : « Tu t’es moqué de moi, alors pendant que je meurs, tu me laisses. » Une fois l’infirmier sorti, le patient expli-qua au psychologue qu’à chaque fois qu’il délirait et disait n’importe quoi, par exemple « As-tu rentré les vaches ? », l’infirmier répondait sur la même ligne par une phase du style « Oui, je les ai rentrées », provoquant chez lui une grande souffrance et un sentiment d’incom-préhension… « Je me trouvais donc face à une personne ayant déliré et témoignant avoir été parfaitement consciente d’elle-même au moment où elle le faisait », résume Bernard Sensfelder.

Un événement exceptionnel ? Dans la conférence de clôture du congrès toulousain, le neuropsychologue canadien Mario Beauregard, connu pour avoir observé par IRM le cerveau de religieuses en prière ou de moines en méditation, mentionne lui aussi les cas fréquents de personnes at-teintes de démence et qui, à quelques

instants de la mort, retrouvent toute leur lucidité. Or, précise le cher-cheur canadien, une telle lucidité est censée être impossible avec un cer-veau atteint d’une dégénérescence avancée. Comme explication, Mario Beauregard formule l’hypothèse que la conscience ne serait pas générée par le cerveau mais préexisterait à ce dernier. Le cerveau ne serait alors qu’un filtre limitant la perception de la réalité. Avec quelques « rené-gats » de la science, comme il les nomme, Mario Beauregard a lancé un Manifeste pour une science post-matérialiste, basée sur l’hypothèse d’une conscience créatrice de la matière et non générée par cette dernière. La portée thérapeutique de ce renversement de paradigme ? En travaillant sur la conscience, on permettrait à bien des dysfonction-nements cérébraux de se réguler, dépression et Alzheimer compris. Et Mario Beauregard de citer nombre d’études attestant que divers exer-cices physiques et mentaux modifient la chimie du cerveau et du corps, faisant baisser l’inflammation, amé-liorant les connexions synaptiques ou activant la neurogenèse. Il s’agit donc d’approches efficaces en prévention comme en traitement. Ainsi, les re-mèdes de premier choix, loin devant les médicaments, seraient, outre l’ac-tivité physique ou l’alimentation, la méditation de pleine conscience, la cohérence cardiaque ou la prière.

Alzheimer et dépression Travailler sa conscience pour guérir ? Au congrès « Dépression : en sortir ; Alzheimer : prévenir », qui s’est tenu à Toulouse les 10 et 11 novembre derniers et s’adressait autant aux professionnels qu’au grand public, il a largement été question d’alimentation, de phytothérapie, d’exercices physiques ou d’oxygénation du cerveau. Mais plusieurs interventions ont également fait ressortir l’influence des états modifiés de conscience sur ces pathologies. Une entrée prometteuse non seulement en prévention, mais également en traitement. Jusqu’à la guérison ? Les premiers résultats sont là...

février 2019 • n°149

29

LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC

Page 30: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

« On peut être atteint de la maladie d’Alzheimer sans pour autant en présenter les symptômes »

Dieu comme remède à la démence sénile et aux maladies neurodé-génératives ? Il semble bien que son invocation ait une efficacité réelle, comme le montre de ma-nière troublante une étude menée par l’université du Kentucky auprès de plus de 600 religieuses amé-ricaines ayant accepté de donner leur cerveau à la science. Malgré leur âge avancé, certaines d’entre elles continuaient d’afficher une étonnante vivacité d’esprit. Or, à l’autopsie, le cerveau de l’une de ces religieuses, particulièrement alerte et décédée à 104 ans, présentait nombre d’agrégats filamenteux et de plaques séniles, lésions caracté-ristiques de la maladie d’Alzheimer, dont elle n’avait jamais présenté le moindre symptôme avant-cou-reur... Son cas était loin d’être isolé, puisque d’autres religieuses parta-geaient les mêmes caractéristiques, à l’instar de cette sœur testée entre 80 et 84 ans et considérée comme ayant une excellente mémoire. À sa mort par infarctus à 85 ans, l’au-topsie montra qu’elle souffrait d’une des formes les plus sévères d’Alzhei-mer observées… Commentaire du Pr David Snowdon, directeur de l’étude : « Son cas et celui d’autres sœurs montre que l’on peut être atteint de la maladie d’Alzheimer sans pour autant en présenter les symptômes. » De quoi ébranler les convictions actuelles sur les origines du syndrome…

En revanche, pas de quoi sur-prendre Bernard Sensfelder, l’un des premiers praticiens à avoir basé son approche thérapeutique sur l’hypothèse d’une cause émotion-nelle de la maladie d’Alzheimer… S’appuyant sur les travaux du cé-lèbre neuropsychologue António Damàsio, il considérait depuis de nombreuses années que c’étaient nos émotions qui déclenchaient nos comportements et nos pensées

et non l’inverse, expliquant par exemple que notre corps se tourne vers le réfrigérateur avant même que nous ayons pensé à manger… Et parfois sans que nous ayons faim. Quand nos émotions sont stables, nous mangeons raisonnablement, à notre faim. Quand elles sont per-turbées, nous pouvons nous voir manger au-delà de notre faim ou des aliments qui ne nous conviennent pas, sans pouvoir nous en empê-cher… Le phénomène est bien connu et identifié du point de vue de la neuropsychologie.

Un trouble du comportement lié à des perturbations émotionnelles

D e là à considérer Alzheimer sur le même plan, c’est-à-dire

comme un trouble du compor-tement lié à des perturbations émotionnelles, il n’y avait qu’un pas… Que Bernard Sensfelder a franchi. Mieux, il a mis en place une psychothérapie et obtenu des guérisons ! (Cf. Interview). Lors de sa conférence durant le congrès à Toulouse, il a détaillé son approche : « Dans notre cerveau, plusieurs zones sont capables de dévier l’in-flux nerveux. Une première zone, constituée par l’amygdale et l’hip-pocampe, déclenche la peur. Trois autres président au sentiment de culpabilité. » Sous l’emprise d’une peur ou d’une culpabilité, une ten-sion se manifeste dans le corps. C’est alors que nous sommes victimes d’un comportement émodisso-ciatif, un « grabouilli », comme il préfère le nommer avec humour. Autrement dit, un comportement anarchique involontaire mais conscient, généré par un mal-être : « Lorsque nous sommes éner-vés, nous le savons. Lorsque nous sommes angoissés, nous en sommes conscients. Nous constatons notre comportement, mais ne pouvons le refréner. Conséquence : nous nous

en voulons, ce qui augmente notre angoisse et favorise de nouveau le comportement anarchique, le grabouilli. » La nouveauté, c’est de penser que le délire du malade Alzheimer, tout comme la dépres-sion, sont des grabouillis, c’est-à-dire le résultat de déviations de l’influx nerveux causées par de la peur ou de la culpabilité. De quoi expliquer à la fois les performances cognitives intactes de religieuses atteintes de dégénérescence neuronale sévère, les moments de lucidité subits de malades au seuil de la mort ou en-core les témoignages de malades sur leur vécu lors de moments de luci-dité… Ou après leur guérison. Mais quel genre de peur ou de culpabilité pourrait générer des troubles aussi graves ?

Pour l’expliquer, Bernard Sensfelder remonte à l’origine des grabouillis. « À la naissance, l’enfant est pris dans un élan qui le pousse vers l’extérieur, explique-t-il. La per-sonne se donne spontanément, elle est dans “l’élan vers”. Elle fait les choses parce qu’elle aime et non pour être aimée, comme le pense la psychologie classique. » Si les élans de l’enfant sont acceptés, la personne s’épanouit et garde sa spontanéité et sa confiance en elle. Si son élan est refusé, elle pense qu’elle ne sait pas donner comme il faut et se croit mauvaise. Elle crée alors un personnage qui va se conformer à ce qu’elle pense acceptable. Le personnage repose sur la peur et la culpabilité. C’est ainsi que les adultes, au travers de leur personnage, passent leur temps à se protéger de la culpabilité et à protéger les autres du monstre qu’ils croient être, jusqu’à adopter des comportements dysfonctionnels…

Peur de l’avenir et angoisse de mort

D ans le cas de la dépression, affirme le conférencier, le per-

sonnage, la personnalité sociale,

février 2019 • n°149

30

LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC

Page 31: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

est en échec et les tentatives de renforcer ce personnage pour lutter contre le mal-être ont échoué. À ce point, la peur et la culpabilité sont au maximum, générant la perte de motivation et d’énergie, centrale dans la dépression. Dans le cas d’Alzheimer, l’hypothèse de Bernard Sensfelder est que le personnage se heurte en plus à une angoisse de mort. Sachant que l’on va mourir, soit l’on profite d’être vivant, soit on vit l’angoisse de la mort. Dans le second cas, la peur de mourir bloque toute projection dans l’avenir. Dans son expérience de clinicien, il a fait le constat que les malades d’Alzheimer sont pris dans une double tension : d’un côté, une culpabilité du passé liée au sentiment d’avoir raté sa vie ou un événement de sa vie. De l’autre, une peur de l’avenir et une angoisse de mort empêchant toute projection vers un lendemain… Le malade se trouve coincé dans un éternel présent.

Avis confirmé par une autre conféren-cière du congrès, Natalia Caycedo, fille du psychiatre Alfonso Caycedo, le fondateur de la sophrologie, et elle-même psychiatre. Citant à l’appui de son propos le cas d’une femme atteinte de dépression, elle aussi évoque l’incapacité à se proje-ter dans l’avenir comme étant l’une des caractéristiques de la dépression sévère, ainsi qu’un élément prédispo-sant à la maladie d’Alzheimer. Dans l’approche caycédienne vis-à-vis de la dépression, divers exercices sont mis en œuvre pour générer un état de relaxation, une bulle de sérénité, dans laquelle la personne va no-tamment être incitée à se construire progressivement un futur, d’abord immédiat, puis jusqu’au lendemain et enfin à plus long terme… Jusqu’au rétablissement de la motivation et des capacités de mémorisation. Ainsi, la sophrologie ne se résume pas à des techniques de relaxation, mais propose aussi une activation du corps et de l’esprit. L’approche, intégrative, est complémentaire de celle de la psychiatrie classique et

s’avère utile où les médicaments montrent leurs limites. Au cours de son intervention, la psychiatre a proposé deux exercices de base au public présent à Toulouse pour un moment de sérénité collective… Et de projection positive dans l’avenir.

Les tensions corporelles se relâchent, ainsi que le mal‑être

L a projection dans l’avenir, c’est précisément ce que

ne fait pas Bernard Sensfelder, dont l’approche, plus directement centrée sur le corps, est peu inter-ventionniste. À la différence des techniques d’hypnose classiques qui font appel à la suggestion, l’eïno-thérapie, la méthode qu’il a fondée, n’utilise l’induction hypnotique que dans le but de provoquer un état de relaxation permettant au corps de se laisser aller dans le mal-être… Puis de le laisser faire jusqu’à ce qu’il efface de lui-même les ten-sions qui y sont liées. En pratique, le patient est invité à exprimer ce qui l’angoisse ou l’opinion négative qu’il a de lui-même. Ensuite, il est plongé en état d’hypnose légère par une technique douce, comme la fixation d’un point. Dans cet état de relaxation, le praticien présente au patient l’image négative qu’il a de lui-même. À ce moment, le patient observe son corps qui réagit. Il doit simplement constater les sensations corporelles associées à son mal-être, sans intervenir, jusqu’à ce qu’il se sente confortable. Le retour au confort général signifie que la part des interdits ou des peurs acces-sibles à ce moment-là est partie. Le cerveau archaïque, constatant l’absence de danger réel, a cessé d’envoyer des messages d’alerte au cerveau émotionnel et au néocor-tex. Les tensions corporelles sont effacées du cerveau, ainsi que le mal-être associé. « On profite du fait que le personnage est défaillant pour le supprimer complètement,

de manière à ce que la personne puisse advenir. » Tout l’inverse des approches hypnotiques classiques qui ont pour effet de renforcer le personnage. « Nous n’aidons pas la personne à devenir qui elle souhaite, mais nous créons les conditions pour qu’elle devienne qui elle est. » C’est ainsi que Bernard Sensfelder a constaté que des malades d’Alzhei-mer, après avoir relâché leur peur de l’agonie, retrouvaient la mémoire… En d’autres termes, elles ont guéri !

La conscience peut améliorer le fonctionnement du cerveau

P lusieurs autres approches centrées sur le corps et met-

tant en œuvre des états modifiés de conscience ont été décrites au cours de ce congrès. L’une des plus éton-nantes est peut-être l’olfactothérapie, une branche de la phytothérapie utilisant les plantes aromatiques, non pas pour leurs propriétés physico-chimiques, mais pour leur capacité à modifier l’état de conscience. Ainsi, les zestes d’agrumes contiennent des coumarines, des molécules hypno-tiques capables de faire rêver, jusqu’à modifier la perception de la réalité. Quant au santal blanc ou jaune, il provoque la détente. De quoi amé-liorer les capacités mentales ? C’est ce qu’a montré une étude réalisée au Japon en 2017. La diffusion par ven-tilateur de quelques gouttes d’huiles essentielles de romarin et de zeste de citron le matin, puis de lavande vraie et d’orange douce le soir pendant 28 jours dans une maison de retraite a été corrélée à une amélioration systé-matique et significative des capacités sur toutes les tâches mesurées. Elske Miles, spécialiste du sujet, n’hésite pas à évoquer l’esprit de la plante pour expliquer le phénomène. Un exemple de plus que la conscience peut améliorer le fonctionnement du cerveau…

Emmanuel Duquoc

février 2019 • n°149

31

LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC

Page 32: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

Emmanuel Duquoc : Presque tout le monde pense que maladie d’Alzheimer vient d’une dégéné‑rescence cérébrale. Pas vous.Bernard Sensfelder : Il suffit de prendre le temps de discuter avec les équipes d’Ehpad pour constater certaines constantes, comme le fait que le comportement des per-sonnes démentes change du tout au tout en présence d’un bébé. Ou encore pour relater des moments d’arrêt de comportement délirant lors de situations inhabituelles, etc. Les exemples sont légion. Or, ils ne devraient pas exister du tout, si le comportement Alzheimer était strictement un effet d’une dégé-nérescence neuronale. Si c’était le cas, les personnes resteraient en permanence enfermées dans leurs comportements…

E. D. : Dans ce cas, quelle est la cause d’Alzheimer ?B. S. : À la suite des travaux du Dr Maisondieu, ce psychiatre qui a étudié la psychogénèse de la ma-ladie, j’ai creusé l’hypothèse d’un

déclenchement de comportements dits « Alzheimer » suite à la surve-nue d’une forte angoisse de mort. Les résultats ont confirmé cette hypothèse. Alzheimer m’est apparu comme un trouble fonctionnel et non une maladie structurelle.

E. D. : Y a-t-il eu des guérisons par votre approche ?B. S. : Beaucoup de gens atteints d’un Alzheimer débutant stoppent le processus. Quand leur culpa-bilité du passé et leur angoisse de l’avenir cessent, le comportement Alzheimer, qui était provoqué par ces dysfonctionnements émotion-nels, n’a simplement plus lieu d’être. Et des malades avancés guérissent aussi. Il y a quelque temps, j’ai accompagné une dame qui séjournait dans un Ehpad près de chez moi et qui avait été dia-gnostiquée comme atteinte par la maladie d’Alzheimer depuis plu-sieurs années. Elle avait une atteinte sérieuse, mais pouvait encore par-ler et se déplacer. Deux ans après la consultation, elle ne répondait plus aux tests Alzheimer. Son psychiatre, le Dr Cyril Hazif-Thomas du CHU de Brest, n’y comprenait rien. Il m’a appelé pour en savoir plus, puis m’a invité à intervenir au Congrès

de psychiatrie et de neurologie de langue française.

E. D. : L’eïnothérapie est-elle largement pratiquée ?B. S. : Un Ehpad de Vendée en France a mis cette conception au cœur de sa pratique. Tout le person-nel est aujourd’hui formé. L’Ehpad d’Elliant, dans le Finistère, la met en œuvre également. Plusieurs pra-ticiens formés à cette approche en Bretagne la pratiquent en consul-tation ou interviennent dans des Ehpad.

E. D. : Si cette approche est efficace, pourquoi ne se généra‑lise-t-elle pas ?B. S. : Elle se généralise douce-ment. Des dizaines de soignants la mettent en œuvre ou s’en inspirent. Mais du point de vue de la gestion de la population, relier Alzheimer à une angoisse de mort pousserait les gens à se poser des questions sur ce sur quoi ils fondent leur vie quotidienne. Si tout le monde s’y mettait, la société de consomma-tion s’effondrerait. Il ne faut donc pas aller trop vite en besogne.

Propos recueillis par Emmanuel Duquoc

Rencontre avec Bernard Sensfelder, fondateur de l’eïnothérapie : « Beaucoup de gens atteints d’un Alzheimer débutant stoppent le processus »

Bernard Sensfelder

Les conférences du congrès de Toulouse 2018… chez soi

Un an après le congrès Cancer de 2017 qui a attiré un large public, l’association Passerelles pour la Vie a convié 14 experts internationaux à Toulouse, en novembre 2018, afin de pré-senter au grand public plusieurs approches thérapeutiques innovantes et humanistes, pour prévenir ou soigner la dé-pression et la maladie d’Alzheimer. Donnant une large place aux approches naturelles et non invasives (nutrition, phyto-thérapie, olfactothérapie, oxygénation, musique, méditation, sophrologie, hypnose, médecine chinoise, etc.), les conférences du congrès sont disponibles par le biais de l’association et sur clé USB au prix de 60 € : www.passerellespour la vie.com

Vaincre peurs et culpabilité grâce à l’autohypnose et aux neurosciences

Écrit sous la forme d’un dialogue entre un expert et son candide, cet ouvrage original convie la neu-ropsychologie et l’hypnose et décrit une nouvelle méthode pour se libérer du mal-être et des schémas comportementaux négatifs.

Un moyen pour se libérer des peurs et des culpa-bilités qui empoisonnent le quotidien.

Bernard Sensfelder, Éditions Dangles, 19 €

février 2019 • n°149

32

LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC

Page 33: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

Crédits photos : © guukaa / Fotolia.com © Hyde Peranitti © Sebastian Kaulitzki © charless © GoodStudio / Shutterstock.com - © By Anakin81 - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid= 35962083 © By Unknown - Eigene Vektorisierung, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid= 46204580 - © Bernard MAURIN

ALTernATifbien•êtreRevue mensuelle - Numéro 149 - Février 2019Directeur de la publication : Vincent LaarmanRédacteur en chef : Rodolphe BacquetÉditrice : Elsa DupuisMise en page : Isabelle PilletSanté Nature Innovation - SNI Éditions SAAdresse : Am Bach 3, 6072 Sachseln – SuisseRegistre journalier N° 4835 du 16 octobre 2013CH-217.3.553.876-1 – Capital : 100.000 CHFAbonnement annuel : 54 euros en France métropolitaineAbonnements : pour toute question concernant votre abonnement, contactez le service client : par téléphone au +33 (0)1 58 83 50 73 par mail à http://www.santenatureinnovation.com/contact/ par courrier à SNI Éditions - CS 70074 -59963 Croix Cedex - FRANCEISSN 2504-4869 - CPPAP 0121 N 08427

Avis aux lecteurs : Alternatif Bien-Être, publication gérée par SNI Éditions, a pour mission de vulgariser des informations dans le domaine de la santé et du bien être. Les informations fournies dans ce magazine sont destinées à améliorer et non à remplacer la relation qui existe entre le lecteur du magazine et son médecin.

Des carences à l’origine de la maladie d’Alzheimer ?La maladie d’Alzheimer n’est pas une fatalité liée au vieillissement, contrairement à une croyance solide. Mais pour sortir des idées reçues à son sujet, il faut d’abord comprendre la maladie et savoir par quels moyens et avec quels changements dans notre quotidien nous pourrions éviter d’en arriver à la démence. C’est le but de cet ouvrage : apporter des réponses. Selon le Dr Michael Nehls, scientifique et auteur de ce livre, la maladie se développe à cause d’un ensemble de carences qui affectent le cerveau ; or, une approche systémique, qui a déjà fait ses preuves aux États-Unis, permet de la prévenir et d’en guérir si ces carences sont comblées à temps. Il partage ses recherches dans cet ouvrage illustré, agrémenté de conseils pratiques détaillant toutes les prescriptions non médicamenteuses qui s’inscrivent

dans la thérapie systémique. Ce livre est précieux pour les ma-lades, pour leurs proches et pour tous ceux qui souhaitent être réellement informés sur la maladie d’Alzheimer.

Guérir Alzheimer. Comprendre et agir à temps

Prix : 22,50 euros

Auteur : Dr Michael Nehls - Éditeur : Actes Sud

ISBN : 9782330072834

Le dien’ cham’, la guérison à portée de doigtsEt s’il était possible de soulager nos douleurs en un clin d’œil avec un simple stylo-bille, de prévenir de nombreuses maladies et d’optimiser notre santé en appuyant sur quelques points précis de notre visage, sans risque d’erreur ni effets secondaires ? C’est le principe du dien’ cham’, une méthode étonnante qui nous vient du Viêtnam. Cela paraît presque empreint de charlatanisme. C’est ce que l’auteure estimait, avant d’essayer elle-même cette technique de réflexologie faciale et d’être forcée d’en reconnaître l’efficacité. Notre visage comprend en effet une soixantaine de points réflexes, chacun relié à une partie du corps. Les stimuler et les combiner permet de soulager de nombreuses douleurs courantes : un mal de tête, un dos bloqué… Cet ouvrage pratique vous emmène à la découverte de

cette méthode et vous apprend les protocoles et points précis à stimuler en fonction de vos maux.

Le Dien’ Cham’. Une étonnante méthode vietnamienne de réflexologie faciale

Prix : 22 euros

Auteur : Marie-France Muller, Nhuan Le Quang

Éditeur : Jouvence Éditions - ISBN : 9782889530809

Votre code promotion : IABFQ101

Formulaire d’abonnement à Alternatif Bien‑Être

Alternatif Bien-Être est le mensuel des solutions alternatives de santé : tous les mois vous recevez dans votre boite aux lettres ou par email un nouveau numéro de 32 pages rempli des meilleures informations de santé naturelle.

Votre abonnement d’un an à Alternatif Bien-être comprend 12 numéros + un numéro gratuit + votre Grand Dossier Anti-cancer en cadeau + votre garantie satisfait ou remboursé à 100 % pendant 3 mois en version papier pour seulement 39€ + 15€ (pour les frais d’impression et d’envoi) en France soit 54€ ou 39 € en version électronique (n’oubliez pas votre adresse email pour la version électronique !).

Pour vous abonner, merci de compléter ce formulaire. Pour souscrire direc-tement en ligne ou hors de France métropolitaine, rendez-vous sur :

Étape 1 : Votre format

Papier (54 €) Electronique (39 €)

Étape 2 : Vos coordonnées

Nom : Prénom :

Adresse :

Ville : Code postal :

Email : Téléphone :

Étape 3 : Votre règlementMerci de joindre à ce formulaire un chèque du montant de votre abonnement (54 € ou 39 €) à l’ordre de SNI Éditions et de les renvoyer à :

SNI Editions - CS 70074 - 59963 Croix Cedex - FRANCE

Une question ? Joignez-nous au : +33 (0)1 58 83 50 73

Informatique et Liberté : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification des données vous concernant. Ce service est assuré par nos soins. Si vous ne souhaitez pas que vos données soient communiquées, merci de cocher la case suivante

santenatureinnovation.com

LIVRES février 2019 • n°149

Page 34: L’effet boule de neige est‑il contrôlé par un parasite...D e la tête de la fourmi charpentière surgit un étrange filament, qui la transperce. L’extrémité de celui-ci enfle,

TÉMOIGNAGE DE LECTEURS février 2019 • n°149

Vous avez guéri de manière non conventionnelle et/ou naturelle, parlez-nous en ! Nous attendons vos témoignages à l’adresse : [email protected] ou par courrier

RÉDACTION ALTERNATIF BIEN-ÊTRE - CS 70074 - 59963 CROIX Cedex France

prochainement dans ABE

• Une libido éclatante au naturel• La révolution de l’ozonothérapie • Le plantain et l’ortie piquante contre les pollens• Existe-t-il vraiment des maladies incurables ?

• Apprenez à déceler les pesticides dans le vin

• Décryptage : les thés et tisanes du supermarché

• Les objets pour soulager le mal de dos sont-ils efficaces ?

Sclérose en plaques : 18 ans de combatJe m’appelle Christelle, j’ai 47 ans. En 2000, mon neurologue m’a annoncé que je ne pourrais plus avoir d’enfant, plus faire de sport, que mon état allait dégénérer, sans espoir de guérison… et que je devais me préparer à accueillir un fauteuil roulant électrique ! Je venais d’être diagnostiquée d’une suspicion de sclérose en plaques après un épi-sode de diplopie (vision double).

Durant les quinze années qui ont suivi, j’ai arrêté de consommer du gluten et du lait de vache, mais c’était loin d’être suffisant. J’ai subi de manière exponentielle de nombreuses pous-sées, avec des épisodes à l’hôpital (sous cortisone). Ma fatigue est de-venue chronique et ma mobilité s’est réduite. Mon cerveau était de plus en plus enflammé et, durant les cinq an-nées suivantes, cela a été la descente aux enfers ! J’ai perdu mon équilibre, mes réflexes, mon ouïe, ma vue, mon élocution, mon mental et mon moral.

De 2012 à 2017, mon état s’aggravant, j’ai pris des médicaments et je me suis fait aider de psychologues. En janvier 2017, j’étais au bout de mes ressources pour continuer à me battre. J’ai arrêté tous les traitements médicaux que je prenais depuis 5 ans et j’ai commencé

une rééducation fonctionnelle compre-nant des séances de sport et de kiné, toujours accompagnée par mon mari, et mon fauteuil roulant.

Le 17 mai 2017, j’ai démarré le pro-tocole alimentaire « paléo plus » du Dr Terry Wahls, décrit dans Sclérose en plaques : ma rémission grâce au régime paléo (éditions Josette Lyon, 2016). Je n’étais plus capable de rien, ni physiquement, ni mentalement, mais grâce à l’aide précieuse de mon mari, je me suis intégralement « nour-rie de Wahls ». Ce régime cétogène était mon dernier espoir. J’ai axé mon alimentation sur des produits anti-in-flammatoires, tels que les oméga-3. Mon mari, sportif, a lui aussi com-mencé le régime, car c’est un de ceux suivis par les grands sportifs, tels que les All Blacks… Ma fille, quant à elle, continue de manger des glucides !

J’adorais les gâteaux et la mousse au chocolat, les glaces et les fruits, les frites, le pain, les pizzas, mais je n’ai eu aucune difficulté à les bannir. J’ai fait un choix : vivre !

Depuis, mon état de santé s’améliore : je découvre que cette maladie est ré-versible ! J’ai encore du travail physique à fournir pour marcher mieux, mais j’utilise de moins en moins mon fauteuil roulant et de plus en plus mes jambes.

Mes IRM récents montrent que je n’ai plus aucune inflammation et je n’ai plus fait de poussées de sclérose en plaques depuis le début du régime. Ma prise de sang ne montre aucune carence. Mes résultats sont encoura-geants. Ma démarche est plus fluide et je reprends ma vie en main !

Avant le régime, il y a un an et demi, je survivais, et aujourd’hui je revis, je

partage et transmets ! Je fais des progrès remarquables, en natation surtout. Je marche encore mal car je ne peux pas espérer regagner en une année ce que j’ai perdu en cinq.

Avant cette alimentation, je pensais que ma vie était terminée, je ne pou-vais plus réfléchir, ou même lire. J’étais tellement fatiguée, mon moral était terriblement bas. Stopper la maladie était « mission impossible », tous les docteurs me l’avaient toujours dit : « Vous ne ferez que dégénérer, prépa-rez-vous à cela ! »

Aujourd’hui, j’ai de beaux projets, je suis confiante, même si je sais que ma vie va encore être marquée par des difficultés liées au handicap. Je peux m’occuper de ma fille de six ans 24 heures sur 24 si besoin, chose à laquelle je ne croyais plus l’année dernière : c’est le plus beau cadeau que la vie m’ait fait.

Si je peux arrêter cette maladie, la mettre au cachot, alors d’autres le peuvent. Le régime cétogène efface toute inflammation et redonne une énergie incroyable ! Je n’ai qu’un re-gret, c’est de ne pas avoir commencé cette alimentation avant l’arrivée de mon fauteuil roulant, mais je ne la connaissais pas encore !

Un énorme merci à mon mari (qui s’est occupé de tout) et à ma fille ; c’est grâce à eux que je peux témoigner.

J’anime à ce sujet une conférence à Valence le 23 mars 2019 à 10 heures, à la Maison de la vie associative !

Christelle Venzin-Noirjean 06 80 16 32 32

[email protected]

Note de l’éditeur : vous pouvez trouver une version longue de ce témoignage en vous rendant sur la page en ligne suivante : https://sni.media/WMIv