L’ADRESSE PROGRESSE - L'information grandeur … · de 800 kilomètres, le « Chemin du Nord »...

24
N°72 OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 ign.fr DOSSIER ZOOM L’ADRESSE PROGRESSE L’ADRESSE POSTALE EST PLUS QUE JAMAIS D’ACTUALITÉ, ET PRÉPARE SA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE AU SEIN D’UNE BASE NATIONALE. CRUES : L’IGN SURVOLE ET PHOTOGRAPHIE LES INONDATIONS POUR MIEUX LES PRÉVENIR

Transcript of L’ADRESSE PROGRESSE - L'information grandeur … · de 800 kilomètres, le « Chemin du Nord »...

N°72 OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 ign.fr

DOSSIER

ZOOM

L’ADRESSE PROGRESSEL’ADRESSE POSTALE EST PLUS QUE JAMAIS D’ACTUALITÉ, ET PRÉPARE SA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE AU SEIN D’UNE BASE NATIONALE.

CRUES : L’IGN SURVOLE ET PHOTOGRAPHIE LES INONDATIONS POUR MIEUX LES PRÉVENIR

2 / IGN MAGAZINE MOIS-MOIS-MOIS 2013

TRIMESTRIEL DE L’INSTITUTNATIONAL DE L’INFORMATIONGÉOGRAPHIQUE ET FORESTIÈRE

Direction générale et siège social73, avenue de Paris, 94 160 Saint-Mandé.Tél. : 01 43 98 80 00.ISSN : 1624-9305.

Directeur de la publication Pascal Berteaud.Directrice de la rédaction Bénédicte Dussert.Rédacteur en chef Bernard Bèzes.Rédacteur en chef adjoint Jean-Marc Bornarel.Comité de rédactionE. Aracheloff, M. Bacchus, S. Carvalheiro, C. Cecconi,S. Couturier, J.-E. David, X. Della Chiesa, V. Deregnaucourt,M. Morand, C. Parisot, J. Peron, A. Sandrin,J.-M. Viglino, S. Wurpillot.Ont participé à ce numéroGilles Canaud, Alain Coulomb, Genevièvede Lacour,Marc Provot, Alain Puiseux.Conception éditoriale et graphiqueAgence Cinquième Colonne,tél. : 06 83 25 03 52www.agencecinquiemecolonne.com

CouvertureCDRCOM/FOTOLIA.COM

ImpressionIGN

Dépôt légal OCTOBRE 2013

L’adresse, qu’elle soit légale, fiscale

ou postale est, comme l’a souligné un rapport de l’Association françaisepour l’informationgéographique (Afigéo),« un enjeu majeur del’action publique à l’èrenumérique». Dans le cadre de ses missions, l’IGN, en étroite collaborationavec des partenaires telsque La Poste, les Servicesdépartementaux d’incendieet de secours (SDIS), ou certaines collectivitéslocales, entretient la composante adresse duréférentiel à grande échellequi fournit actuellementune base de qualité.Néanmoins, nombred’entreprises etd’organismes publics

sont aujourd’huidemandeurs d’une base de données adresse servantde référence nationaleaussi exhaustive ethomogène que possible.Cette base de donnéesadresse nationale (BAN)que chacun appelle de ses vœux sera définie,constituée et alimentéed’ici la fin de l’année 2015.C’est un enjeu notable du futur contrat d’objectifset de performance entrel’État et l’IGN qui est ainsispécifié et qui mettra la France, sur le planeuropéen, en bonne placepour l’application de la directive Inspire. Le dossier constitué pour ce numéro présenteun état des lieux de ladonnée adresse en France.

ACTUALITÉ ÉDITORIALAGENDA

UNE BD ADRESSE NATIONALEAVANT LA FIN 2015 »

L’éditorial de…Pascal BerteaudDirecteur général de l’IGN

ER

IC F

OR

LIN

I

AU SOMMAIRE DU NUMÉRO 72 OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

2 / IGNMAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

Données. Une superposition des produits IGN BD ADRESSE® et BD PARCELLAIRE® .

L’ADRESSE PRÉPARE SA RÉVOLUTION NUMÉRIQUELa Poste, l’IGN et les services de l’État dessinent les contours d’une Base de données adresse nationale.

DOSSIER 6-12

OCTOBRE17 Paris XVIe

Au Pavillon de l’eau, journéethématique assurances.

17 et 18 Marne-la-Vallée Greencity, l'événement international du Grand Paris dédié à la ville durable.Cette année, l'accent est mis sur les enjeux de l'efficacité énergétique.

NOVEMBRE14 Auch (Gers), Innoparc7e édition de la mêlée géomatique, le rendez-vous de l’informationgéographique en Midi-Pyrénées.

15Clôture du concours Géoportail.

20 au 22 Paris, porte de VersaillesEducatec Educatice, le salon des professionnels de l’éducation.

28 Paris XIIe, Salon de l’AveyronGéoworld, rencontre des utilisateurs de Géoconcept, 1er éditeur européen desystèmes d’information géographique.

DÉCEMBRE2 et 3 BordeauxLes Assises nationales des risquesnaturels. La réunion de tous les acteurspublics et privés du secteur.

10 au 12 DunkerqueRencontres des Servicesdépartementaux d’incendie et de secours (Sdis).

12 Paris IIe Silicon SentierRemise des prix Géoportail.

13 au 15 Paris Porte de ChamperretSalon spécial grandes écoles de commerce et d’ingénieurs.

C

IGN

MOIS-MOIS-MOIS 2013 IGN MAGAZINE / 3

EN POINTE

L'IGN distingué à Dresde lors de la conférence de l'ACI� Où est-il possible de passerd’une holographie issue d’uneimpression 3D d’une carte to-pographique turque à la carteen trois dimensions des 800cas de décès dans le Grand Ca-nyon du Colorado depuis sonexploration en 1869 ? Où peut-on se faire expliquer commentles SIG permettent d’analyserla victoire de Murray sur Fe-derer à Wimbledon le 5  août2012 ? Où retrouver, à partir detextes en sanskrit, les cheminsancestraux de pèlerinage desmoines bouddhistes depuis leVIIIe siècle dans la vallée du Ca-chemire ? Vous l’aurez deviné,c’est à la conférence de l’Asso-

ciation cartographique inter-nationale (ACI). La 26e édition s’est tenue àDresde du 26 au 30 août, deuxans après la précédente orga-nisée au Palais des congrès deParis par le Comité français decartographie. La délégationfrançaise était constituée de re-présentants issus d’institutsnationaux, d’universités et d’en-treprises. L’IGN, dont plusd’une quinzaine d’articlesavaient été sélectionnés pourêtre présentés, s’est aussi dis-tingué en obtenant la troisièmeplace du prix du jury dans lacatégorie produits numériques.C'est le service de consultation

et de téléchargement de pho-tographies et cartes anciennes(de nos jours à la carte de Cas-sini, en passant par la carte del’état-major) sur le Géoportailqui lui a valu cette récom-pense. La crue exceptionnellede l’Elbe qui avait touchéDresde en juin 2013 n’auradonc pas empêché le comité lo-cal d’organisation de recevoirfin août, dans le plus grandconfort, ses invités du mondeentier. Fidèle à la tradition,l’ACI a fixé lors de la soirée declôture le lieu de rendez-vouspour la prochaine conférence,dans deux ans : ce sera Rio deJaneiro.

> POUR TÉLÉCHARGER GRATUITEMENT IGN MAGAZINE, RENDEZ-VOUS SUR IGN.FR

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 3

> POUR TÉLÉCHARGER GRATUITEMENT IGN MAGAZINE, RENDEZ-VOUS SUR IGN.FR

ACTUS 3-5

Une nouvelle politique tarifaire pour l’IGNPortes ouvertes au marégraphe de MarseilleDes échanges de donnéesavec l’ONF, l’Onema et les communes du Gers

ZOOM 18-21

Des imagestoutes cruesDepuis 2012, les avions del’IGN volent pour le Schapi, pour photographierles crues en urgence.

QUESTIONS,RÉPONSES 13

GÉOPORTAIL16-17

Posez vos questionssur ign.fr

CARTES SUR TABLE 22

Aline PeltierOu comment le Strombolidécida de la vocation d’une adolescente…

Deux innovations… et une récompense !

ACC

IGN

IGN

FORÊTS14-15Le climat change ; les forêts s’adaptent.

IGN

DélégationEn 2011, l’IGN était puissanceinvitante, à Paris. Cette fois la conférence 2013 del’Association cartographiqueinternationale s’est tenue à Dresde, en attendant Rio en 2015. La consultation des cartes et photos anciennessur le Géoportail a valu un joli diplômeà la délégation française.

RÉDIT

La vidéo de présentation de la fonction«Remonter le temps»http://www.ign.fr/webtv/geoportail/remonter-temps-geoportail?type=chaine

IGN

ACI

4 / IGN MAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

� Afin de mieux répondre auxbesoins des utilisateurs d’in-formation géographique et fo-restière, Pascal Berteaud, di-recteur général de l’IGN, a pré-senté la nouvelle offre de don-nées numériques et la nouvellepolitique tarifaire de l’institutlors de la dernière édition desrencontres SIG la Lettre, qui aeu lieu à l’Ecole nationale dessciences géographiques (Marne-la-Vallée) du 11 au 13 juin. Lesdonnées numériques de l’IGNsont désormais réparties encinq grandes familles : cartes,ortho-images, bases de don-nées en format vectoriel, mo-

dèles numériques de terrain,parcellaire cadastral. Chacunede ces familles est disponibledans trois gammes allant desdonnées de base, gratuites ou àprix réduit, aux données à fortevaleur ajoutée, en accès payant.www.ign.fr/nouvelle-offre-2013

Cinq familles et trois gammespour la nouvelle politique tarifaire

LES MINI-ATLASL’IDÉE L’IGN édite, pour le millésime 2014, deux nouveaux atlasroutiers et touristiques dans un nouveau format compact (16,3 cm x 23,3 cm) qui facilite leur utilisation et leur rangement. L’un est spiralé, l’autre conserve un dos carré collé. LES OBJETS Leur contenu est aussi complet que celui des atlas grandformat du marché. Ils proposent notamment une carte nationale à l’échelle du 1 : 1 250 000, une cartographie régionale à l’échelle du 1 : 350 000, et un index des communes. L’atlas spiralé y ajoute des zooms sur 14 grandes agglomérations. Les deux versionsintègrent une légende en six langues. Compagnons indispensables au moment de planifier les déplacements en France, ils seront une aide appréciable pour découvrir le patrimoine historique et naturel de nos régions.Prix de l’atlas routier et touristique mini spiralé : 14,90 €Prix de l’atlas routier et touristique mini dos collé : 10,90 €

LES CHEMINS DE SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLEL’IDÉE Dans la série « Découverte de la France », l’IGN proposeune nouvelle carte intitulée « Les chemins vers Saint-Jacques de Compostelle » à l’échelle du 1 : 1 000 000. L’ESPRIT Marcher vers Compostelle, ce n'est pas seulementmarcher. C'est un mélange complexe, une démarche aux dimensions diverses : spirituelle, patrimoniale, historique et culturelle. La carte des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle,réalisée en collaboration avec l'association de coopérationinterrégionale « les Chemins de Saint-Jacques deCompostelle », livre une multitude d'informations sur les chemins de pèlerinage eux-mêmes, sur leur histoire, et sur les légendes qui y sont associées. Une carte éclairantesur le long voyage vers Saint-Jacques, du Moyen-Âge à nos jours.Prix : 7, 00 €

IMMORTELLE RANDONNÉE� Jean-Christophe Rufin a suivi à pied, sur plus de 800 kilomètres, le « Chemin du Nord » jusqu'àSaint-Jacques-de-Compostelle. Bien moinsfréquenté que la voie habituelle des pèlerins, cet itinéraire longe les côtes basque et cantabrique,puis traverse les montagnes sauvages des Asturieset de Galice. « Chaque fois que l’on m'a posé laquestion : « Pourquoi êtes-vous allé à Santiago ? »,j'ai été bien en peine de répondre. Commentexpliquer à ceux qui ne l'ont pas vécu que leChemin a pour effet sinon pour vertu de faireoublier les raisons qui ont amené à s'y engager ?On est parti, voilà tout. » Galerie de portraitssavoureux, divertissement philosophique sur le tonde Diderot, exercice d'autodérision plein d'humour

et d'émerveillement, Immortelle randonnée se classe parmi les grands récits devoyage. Jean-Christophe Rufin, médecin, pionnier du mouvement humanitaire,a été ambassadeur de France au Sénégal de 2007 à 2010. Il est l'auteur deromans désormais classiques tels que L'Abyssin, Globalia, Rouge Brésil, prix Goncourt 2001. Il est membre de l'Académie française depuis 2008. Editions Guérin, 19, 50 €

EN BIBLIOTHÈQUEIM�deSafrff érrceccpueteequj'jja' iaaexeeChCCouOnOOsade

etee d'émervrr evv illement, ImII mmm oroo trr ett

DR

IGN

IGN

NOUVEAUTÉS CARTOGRAPHIQUES

IGN

� Depuis 1927, les cyclotouristesse retrouvent en août pour dé-couvrir à vélo une région fran-çaise, durant une semaine. AprèsNiort-Chauray, en Poitou-Cha-rentes, l’année passée, Nantes estdevenue du 4 au 11 août 2013 lacapitale mondiale de la petiteReine grâce aux plus de 9000participants à la 75e semaine fé-dérale internationale de cyclo-tourisme. La manifestation,haute en couleurs, était organi-

sée dans le département de laLoire-Atlantique par des cyclo-touristes locaux qui n’ont qu’unobjectif : partager avec petits etgrands leur amour pour leurrégion et la passion du vélodans un cadre chaleureux, festifet convivial. Cette année encorel’IGN s’est associé à cet événe-ment phare de la fédérationfrançaise de cyclotourisme enréalisant la cartographie desfiches circuits.

� Le 15 septembre dernier, l’Or-dre des géomètres experts révé-lait, deux jours après son as-cension bisannuelle du montBlanc, que l’altitude du toit del’Europe avait diminué d’environ40 cm (4 810,06 mètres) depuisla mission de 2011 (4 810,44 mè-tres). Au terme de ses calculs, l’IGNconfirme l’amplitude de la va-riation d’altitude constatée par

les géomètres experts en deuxans, et détermine précisémentl’altitude du mont Blanc à4810,02 mètres. Cette précision a pu être obtenuegrâce à un programme déve-loppé à l’IGN à partir d’un logi-ciel de l’université de Berne(Suisse), un des rares logicielsscientifiques permettant d’at-teindre une précision centimé-trique en toutes circonstances.

Le mont Blanc a perdu 40 cm

FFCT

L'IGN dans la roue des cyclotouristes

ACTUALITÉ PROSPECTIVE

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 5

POINTSDE REPERES

Le nouveau centrede l’Europe s’estdéplacé vers l’est,en Bavière

Avec l’entrée de la Croatie dansl’Union européennele 1er juillet, l'Europedes 28 a un

nouveau centre géographique.Selon l'Institut national del'information géographique et forestière (IGN), c'estdésormais le village deWesterngrund, au nord de la Bavière (Allemagne), quidevient le nouveau centre degravité […]. Pour les amateurs,les nouvelles coordonnéesprécises : 9° 14’ 53”E /50° 07’ 01”N (longitude etlatitude) pointent dans unchamp de ce village de 2 000habitants. Pour effectuer cecalcul, l'IGN recourt à uneméthode définie par l'ingénieurgéographe Jean-GeorgesAffholder en 1980. « Elleconsiste à calculer le centre de gravité d’une surface, dont on connaît le contour, surun ellipsoïde », précise l'IGN. Lesparamètres tiennent comptedu contour administratif del'Europe mais aussi des régionsultrapériphériques(départements d'outre-mer),des îles, mais en excluant leseaux territoriales. La définitionde ce nouveau centre n'ad'incidence que pourWesterngrund et safréquentation touristique.Cependant J.-G Affholderexpliquait en 2005 que « dèsles Celtes, on a éprouvé lebesoin d'avoir un centregéographique qui correspondeà un centre politique. Lesdruides avaient calculé que le centre de la Gaule se situaità Mediolanum (N.D.L.R.aujourd'hui Chateaumeillantdans le Cher), dans une tribuqui prétendait justements'imposer comme chef de filedes autres tribus gauloises ».Le glissement vers l'est de cenouveau centre géographiquen'est pas totalement neutre. Il montre où se trouvent lesnouveaux relais de croissancepour les pays de la vieilleEurope. À partir du 1er janvier2014 ce centre sera denouveau décalé d’environ 500 mètres vers le sud-est lorsque le départementfrançais de Mayotte deviendraofficiellement régionultrapériphérique de l’Unioneuropéenne.

LE PARISIEN19  juillet 2013

� Lors des Journées du patri-moine les 14 et 15 septembre der-niers, l’IGN a ouvert au public lesportes du marégraphe de Mar-seille. De nombreux visiteursont pu découvrir, sous laconduite d’agents de l’IGN et duService hydrographique et océa-nographique de la marine(SHOM), un lieu insolite etclassé monument historique de-puis 2002. C’est en juillet 1879 que la «Com-mission centrale du nivellementgénéral de la France» demande

l’installation à Marseille d’un ma-régraphe, dont les relevés doi-vent permettre la détermina-tion exacte du niveau moyen dela mer et définir ainsi l’altitudezéro de référence. Le pavillon quidoit héberger le marégraphe«totalisateur», fruit de la colla-boration entre l’ingénieur fran-çais Charles Lallemand et l’in-génieur allemand Reitz, estconstruit en 1883. Il abrite en-core aujourd’hui cet instrumentde mesure, également classémonument historique, mais se-

condé depuis 1998 par un ma-régraphe numérique. Une piècesouterraine héberge le  repèrefondamental du nivellement gé-néral de la France. De nosjours, le  marégraphe de Mar-seille n’est pas seulement unlieu chargé d’histoire, il est aussidevenu une station de surveil-lance de haute qualité, équipéed’appareils modernes qui enfont un observatoire essentieldes programmes actuels d’ob-servation du niveau des mers. Lire aussi en page 13.

Depuis 130 ans, le marégraphe de Marseille trace notre altitude zéro

� Trois nouveaux partenariatspermettent à l’IGN d’élargir sesthématiques de données et sesdomaines d’intervention. Le 22 juin, Pascal Berteaud, di-recteur général de l’IGN, et Ay-meri de Montesquiou, sénateuret président de l’Associationdes maires du Gers, signaientune convention de partenariatportant sur les adresses. L’IGNfournira la dernière version dela BD TOPO® et du produitPOINT ADRESSE® aux muni-cipalités du Gers  ; en retourcelles-ci s’engagent à transmet-tre à l’institut toutes les infor-mations concernant la voirie, lesnoms de rue, numéros de voieset les toponymes, indispensa-bles pour mettre à jour réguliè-rement la BD ADRESSE®. C’estle site RIPart, développé parl’institut pour faciliter la trans-

mission d’informations géolo-calisées, qui sera utilisé.Le 29 juillet, Pascal Berteaud si-gnait avec son homologue de

l’Office national des forêts(ONF) Pascal Viné un accordprévoyant la coproduction parles deux établissements d’unréférentiel partagé des dessertesforestières, des échanges dedonnées, et une collaborationtechnique à partir de donnéescommunes.L’après-midi c’est avec Élisa-beth Dupont-Kerlan, directricegénérale de l’Office national del’eau et des milieux aquatiques(Onema) qu’un nouveau parte-nariat était scellé, visant à en-richir le thème hydrographiquedu référentiel à grande échelle(RGE®). Ce partenariat porteaussi sur le développement deméthodes et d’outils pour lacréation, la saisie et l’exploita-tion de données géographiques,et le transfert de connaissancesau moyen de formations.

L'IGN échange des données et des bons procédésavec l'ONF, l'Onema et les maires du Gers

Q. C

OR

NE

T /

ON

EM

AC

. BA

RO

CH

E

SignaturesLe 29 juillet, Pascal Berteaud(IGN) a signé une conventionavec Pascal Viné (ONF)… puis avec Élisabeth Dupont-Kerlan (Onema).

IGN

Site classéVue extérieure du marégraphede Marseille, sur la Corniche.

6 / IGNMAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

Des adresses à jour,exhaustives, sémanti-quement et géographi-

quement justes, sont des don-nées indispensables au bon fonc-tionnement d'un pays moderne.Mais en 2013 et en France, forceest de constater que des progrèsrestent à faire… Selon les servicesde la Poste, 2,5 % du courrier, soit300 millions de lettres ou de colis,n’arrivent pas à leur destinataireet sont renvoyés chaque année àl’expéditeur. L'adresse indiquéeétait erronée ou incomplète. À rai-son d’un euro perdu par pli non

distribué… faites le calcul ! Pourles SDIS, une mauvaise adressepeut avoir des conséquences plusdésastreuses encore. Un retarddans l'arrivée des secours (lire in-terview en page 12) peut hypo-théquer les chances de survie dela personne en danger. L’erreurd’adresse est aussi une plaie pourles communes rurales, et un fac-teur d'inégalités.Alain Broseta, maire d’Haulies,petite commune de 160 habitantsdans le Gers, n'est pas seulement«traumatisé pas les zonesblanches», ces zones où la télé-

phonie mobile ne passe pas.«Nous, les maires de communesrurales, avons peur d’être les ou-bliés du très haut débit, maisaussi de la distribution du cour-rier.» Car si Internet a fait dimi-nuer le volume du courrier dis-tribué, le nombre de colis, lui, afortement augmenté. Sans adressecorrecte, pas de livraisons à do-micile, surtout en milieu rural. Etelles ne sont pas simples, lesadresses françaises…La plupart des adresses euro-péennes tiennent en deux ou troislignes. En France, on en utilise

En France coexistent plusieurs bases de données adresses. Pour la Poste,les Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS),l’IGN ou les collectivités locales, il est temps de créer une base nationaleunique. Et pour cela de mutualiser les efforts consentis par les différentsacteurs publics, pour faire mieux et au meilleur coût.

DOSSIER

L'ADRESSE PROGIGNIGN

Un cadre européenLes travaux del’Afigéo s’inscriventaussi dans un cadreeuropéen : Euradin,comme« Infrastructureseuropéennes dedonnées adresses ».Euradin (2008-2010)était un projet destinéà démontrer lafaisabilité d’uneinfrastructure dedonnées adresseconforme à ladirective INSPIRE. Les Danois, qui ontmis en place unguichet unique, ont évalué en 2009 à 62 millions d’eurosle bénéfice des cinqannées de mise à disposition gratuitedes donnéesofficielles adresses. La Grande-Bretagnevient, elle, delancer une plateformeprésentant lesdonnées adressesissues d’unpartenariat local-national : GeoPlace.

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 7

jusqu'à six. «Nom, numéro deboîte aux lettres, complémentd’adresse, voie, lieu-dit et loca-lité…», résume Patrick Dous-seaud, directeur du service na-tional de l’adresse à la Poste. Si unou plusieurs éléments sont im-précis, le tri mécanique, basé surla lecture automatique del'adresse, est impossible. Le fac-teur doit prendre le relais et triermanuellement. Ce qui ralentit satournée, et représente un coûtsupplémentaire pour la Poste.20 % du courrier ne peut être triéde manière mécanique jusqu’auniveau le plus fin, celui de laboîte aux lettres… et chaque an-née plus de 10  % des ménageschangent de domicile. La mise àjour des données en temps réels’impose donc. Mais l’objectifreste lointain, faute de centrali-sation. Ces histoires d’adressessont «des sujets orphelins, et pour-tant ils sont à très grande valeuréconomique», explique Yves

Riallant, secrétaire général del’Association française pour l’in-formation géographique (Afigeo).

UNE BASEDE DONNÉES ADRESSES…SANS ADRESSE FIXE

Le ministère français de l’écono-mie et des finances estime lesplus-values générées par un sys-tème d'adresses complet et per-formant à 6  milliards d’euros(0,3  % du PIB). Au Danemark(5,6 millions d'habitants), la don-née adresse est centralisée, pu-blique et en accès libre depuis2005. Le coût de gestion du fichiera été chiffré, selon l'autorité com-pétente, à 200 000 euros en 2010,et les bénéfices à 14 millions d'eu-ros, dont un tiers pour le secteurpublic et deux tiers pour le secteurprivé (rapport de la DECA, Da-nish Enterprise and Construc-tion Authority). Qu'attend-on  ?«Une maîtrise d'ouvrage, pour-suit Yves Riallant. Il manque une

entité, une gestion centralisée dudossier qui permettrait de faireavancer la problématique.  Lestechniciens ont fait évoluer la si-tuation, mais pas l’organisation.»En janvier 2010, un atelier natio-nal sur les données adresses a étéorganisé dans les locaux de LaPoste. L'IGN y participait. Dans lafoulée, l'Afigéo a lancé un groupede travail, qui a publié ses conclu-sions en décembre 2011. Le rap-port n’était pas le premier dugenre. Mais il soulignait la néces-sité d’une adresse française revi-sitée, d'une adresse géolocalisée,renseignée de la manière la plusexacte possible. La question cen-trale est de savoir qui va gérer lesdonnées. L'État n'y a pas encorerépondu.

QUI N'A PASSA BASE ADRESSES ?

L’adresse, «on ne peut pas la fairetout seul», explique Jean Marc Vi-glino, chef du projet Échanges à

RESSECouchesÀ gauche, une superposition de la BD ADRESSE et de la BD ORTHO. Ci-dessus,superposition de la BD ADRESSE etde la BD PARCELLAIRE.

IGN

pour missions le recouvrement del'impôt, l'identification des pro-priétés, le suivi des permis deconstruire, la constitution de l'in-formation géographique de réfé-rence et le recensement des per-sonnes. Les  collectivités territo-riales, elles, aménagent le terri-toire et mènent l'action sociale ;elles ont aussi besoin d'adresses.Tout comme les Services dépar-tementaux d'incendie  et de se-cours (SDIS), la Poste, ou les ges-tionnaires de réseaux en tant quedélégataires de services publics.Eux aussi produisent et entre-tiennent des bases de données.Le secteur privé, et notamment lavente par correspondance, n’estpas en reste. Avec l'explosion ducommerce électronique, le déve-loppement des outils de géoloca-lisation, de nombreux acteurs pri-vés se positionnent pour déve-lopper leurs propres données. Leproducteur de cartes numériquesNavteq prévoit de déployer bien-tôt sept ou huit véhicules sur leterritoire français pour géolocali-

ser les plaques adresses. «Pour nepas se laisser dépasser, la seule so-lution serait de sortir du flou or-ganisationnel dans lequel on setrouve», assure Yves Riallant.L'IGN y travaille pour l’heure enperfectionnant et en mettant àjour sa propre base, liée au réfé-rentiel à grande échelle (RGE), demanière à la rendre évolutive etouverte à ses partenaires et auxspécifications d'une base natio-nale partagée…

AVEC LES COMMUNESET LES COLLECTIVITÉS

«La mise en place d’une Base dedonnées adresse nationale (BAN)est une préconisation forte et par-tagée du rapport de l’Afigéo de dé-cembre 2011. Tout le monde veutune BAN exhaustive, validée, qua-lifiée et à jour», assure Marc San-drin. «Notre partenaire histo-rique est la DGFiP», explique ledirecteur de la valorisation et dela diffusion de l’IGN. «Ensuite, LaPoste représente un partenaireclé du fait de l’importance de

8 / IGNMAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

DOSSIER L’ADRESSE PROGRESSE

l’IGN. L'adresse a plusieurs sens :elle peut être légale, fiscale oupostale. Elle dépend d'acteurs dif-férents. Ce sont les communesqui créent les adresses: elles ontseules la compétence pour dési-gner et numéroter les voies. L’Étatgère ses propres bases, puisqu'il a

DGFiP (impôts) :22 millions de données

IGN : 25 millions d’adressesdont 80 % localisées précisément.

La Poste : 22 millions d’adresses,dont 18 sont intégrées dans la base IGN.

Mais seulement…14 millions d’adresses communes !

QUI GÈREDES ADRESSES?

Millefeuillesuperposition verticaledes quatrecomposantes du RGE.De gauche à droite : BD ORTHO, BD TOPO,BD PARCELLAIRE, BD ADRESSE.

IGN

l’adresse pour elle. La volonté estdonc là. La prochaine étape qui seprofile est celle de l’organisationde la gouvernance. Les 36  000maires sont à l’origine desadresses. Il faut organiser les re-lations entre le terrain et un ser-veur central de façon pertinente.»Les SDIS sont incontournables enla matière, tout comme les plate-

formes géographiques. «Nous es-pérons voir, d’ici six mois à un an,100 à 200 conventions de parte-nariat signées, sur des bases tech-niques, avec les collectivités lo-cales. Il faut d’abord mettre enplace les bonnes procédures, lesbons systèmes techniques.»L’association départementale desmaires du Gers, fatiguée selon

l'un de ses membres «de recevoirles plaintes des livreurs», a prisles devants en contactant direc-tement l’IGN. «Une convention adonc été signée entre les com-munes du Gers et l’IGN surl’échange de données adresses»,explique Alain Broseta, son se-crétaire général.  Six maires duGers ont été formés à l'utilisationde RIPart, le site de signalementd’informations partagées (ri-part.ign.fr). Les six communestests sont « majoritairement descommunes rurales », car ce sontelles qui ont les plus gros pro-blèmes d’adresses, et d’achemi-nement du courrier et des colis.«Nous, maires, nous donnons desnoms à tous les chemins, des nu-méros à toutes les maisons, puisnous transmettons les donnéesadresses corrigées via RIPart»,conclut Alain Broseta. L’IGN lesrend ensuite conformes à sesbases de données.Les plateformes d’informationgéographique sont aussi essen-tielles dans la remontée des don-

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 9

PHOTOS IGN

VERS LA BAN2008 Début des testsde RIPart, site de remontéed’informations partagées.Janvier 2010 Organisationd’un atelier nationalsur la donnée adresse2011 L'Afigéo rédige un rapportsur la politique nationalede la donnée adresse et publiedes préconisations précises.Octobre 2011 La BD Adressesde l'IGN passe en version 2.1,pour anticiper de futuresévolutions.2012 Début de l'exploitationcourante de RIPart. En 2013,nette montée en charge.

2012-2013 Réunionstechniques entre l'IGNet La Poste sur l'organisationd'une base nationale.Depuis le début 2013 L’IGNet la plateforme Pigma testentun système de remontéed'informations sur les adresses.2014 L'IGN prévoit de testerde nouvelles méthodesde collecte de donnéess’appuyant notammentsur les vues immersives.2017 L’ensemble des Planslocaux d’urbanisme devrontêtre géolocalisés.

ProduitsDe haut en bas, en hublots, troisproduits de l’IGN.POINT ADRESSE est composé d’environ26 millions d’adressesgéolocalisées etcomplète le thèmeroutier 3D de la BDTOPO.ROUTE ADRESSEreprend le réseauroutier de la BD TOPOrestreint aux noms de rue et adresses aux croisements desroutes et à unegéométrie en 2D.La BD ADRESSEreprend lesinformations de POINTADRESSE, de ROUTEADRESSE et les limitesadministratives.

LA POSTEIGN

tion de l’adresse locale. Un premier partenariat avait étésigné avec l’IGN en 2007 pour lamise à jour des composantes to-pographiques et adresses duRGE. Le dernier protocole d’ac-cord date du 4 avril 2013. Il défi-nit les conditions d’intégrationdes données adresses signaléespar les collectivités locales dansle cadre du RGE. Les collectivités territoriales in-diquent les erreurs ou les omis-sions d’adresses. L’IGN s’engage àtraiter les données dans les sixmois. 122 communes, soit 215 000habitants, ont testé le système. Ré-sultat : «L’IGN a respecté les dé-lais, estime Pierre Macé, le direc-teur du GIP ATGeRi, qui gère laplateforme Pigma : 98 % des rec-tifications ont bien été intégréesdans les bases de données.»Fort de ces résultats, Marc San-drin renchérit : «Avec ses parte-naires, l’IGN s’est donc mis en or-dre de marche. Après s’être rap-proché de la DGFiP, de La Poste,des SDIS, il s’attache désormais à

10 / IGNMAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

nées entre les petites communeset les opérateurs nationaux.Pigma, la Plateforme d’informa-tion géographique mutualisée enAquitaine, pilote depuis jan-vier 2013 un nouveau service deremontée d’informations parta-gées, pour améliorer la descrip-

multiplier des collaborations avecles acteurs locaux.» La plate-forme Géobretagne, notamment,a réalisé un travail similaire.

BAN OR NOT BAN ?

Verra-t-on émerger un jour uneBAN ? Yves Riallant doute, maisgarde bon espoir. Christine Gal-lois, responsable du processusadresses à l'IGN, est plus opti-miste. «Notre besoin d'une basede données adresse nationale estévident. Le développement du câ-ble et de la fibre optique accentuela pression.» D’une part, le « com-munity sourcing» permettra, avecdes outils informatiques qui pourcertains seront développés parl’IGN, de faire qualifier très vitepar le terrain les données adresse,tant sémantiques que géogra-phiques. Beaucoup de gran desvilles ont une base adresse degrande qualité qu’elles sont prêtesà partager au sein de la BAN…D’autre part, avec l’aide notam-ment de La Poste, beaucoup de

DOSSIER L’ADRESSE PROGRESSE

L’adresse postale en Franceest définie par la norme Afnor NF Z10-011,qui n'a pas de caractère obligatoire.Elle doit compter au maximum six lignesde 38 signes, alignées à gauche.Les renseignements vont du particulier(le nom de famille) au général (la ville).De préférence elle est sans abréviationsni ponctuation, et ses trois dernières lignes doivent être écrites en capitales toujours pour faciliter la lecture optique.

L’ADRESSE POSTALENORMALISÉE

PlaquesLe service personnaliséde La Poste, deuxcommunes du Jura, une ancienne adressepavillonnaire et sonéquivalent récent, unnouveau nom de rue etl’ancien à Saint-Mandé.

LA POSTE

IGN

IGN

IGN

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 11

travail préconise la mise en placed’un guichet unique, dans le butd’organiser et de mutualiser lesmoyens publics dédiés à la collecteet à l’intégration des données. Dansl'idéal, ce guichet s’articulerait surun référentiel Adresse unique, dontla qualité serait validée et promue,et un outil Web service simple à des-tination d’utilisateurs néophytes ouconvaincus.Ce référentiel amendé par divers ac-teurs nationaux ou locaux, permet-trait la mutualisation de l’informa-tion. En retour, les données se-raient mises à disposition de tous.La standardisation s’avère indis-pensable pour faciliter la recon-

maires ruraux clarifient leursadresses. Actuellement, de nom-breuses communes passent de lanumérotation classique à la nu-mérotation métrique.L’IGN possède 25  millionsd’adresses, dont 93 % sont géoloca-lisées avec précision. Mais ce pour-centage demeure encore trop faible,sachant qu’en 2017, les plans locauxd’urbanisme (PLU) devront êtregéoréférencés. Il est d’ailleurs prévude créer à cette occasion un Géo-portail de l’urbanisme, qui permet-tra de les consulter en ligne.Le rapport Afigéo avance plusieurspistes pour améliorer la qualité desdonnées adresses. Le groupe de

naissance des adresses et leséchanges. Enfin, ceux-ci s’effectue-raient dans un modèle de donnéescompatible avec la directive euro-péenne Inspire, précise le rapport del’Afigéo… Quelles marches reste-t-ilà franchir  ? L’élément clé est «laconnivence avec les acteurs locaux,pour assurer un maximum de fraî-cheur de la donnée», dit Yves Rial-lant, qui souhaite que l'IGN metteen place un canevas national avecles collectivités. Au moins, la mé-thode est claire. «Aujourd’hui nous savons où nousdevons aller, conclut Marc Sandrin.Nous avons mis en place un dis-positif technique de partage d’in-formations, nous allons le consoli-der, travailler à une meilleure in-tégration des données, rapprocherles bases nationales et locales, mul-tiplier, à l’instar des partenariatsdéjà initiés, les collaborations avecles acteurs locaux. Les dynamiquessont en place. Désormais l’objectifest de développer un système uni-fié et de définir les principes de gou-vernance.» �

SUR INTERNEThttp://gtadresse.ign.fr/

On trouve notamment sur ce site collaboratif créé par l'IGN pour le groupe de travail adresse de l'Afigéo des liens vers :

• Le rapport 2011 de l'Afigéo sur l'adresse

• un rapport de la DECA (Danish Enterprise and ConstructionAuthority), The Value of Danish address data

Pied-à-terreLa Porte Caillaux, sur les quaisde Bordeaux.

CLAUDE COQUILLEAU/FOTOLIA.COM

Adressesclassiques vs adressesmétriquesQu’elles soient pairesou impaires, depuisl’invention desfacteurs à bicyclette,les adressesordinairesprogressent de deuxen deux à chaquehabitation ou entrée.Mais la tendance est à la valeur métrique,notamment lors descréations de voie, à la mode américaine.Le départ d'une rue est son point zéro ;chaque habitationreçoit un numérocorrespondant aunombre de mètres qui l'en séparent. Il est ainsi plus faciled'insérer de nouvellesconstructions. Tantpis pour la poésie des bis et des ter.

12 / IGNMAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

Pourquoi les adressessont-elles aussi importantespour les secours ?Notre volonté est d’intervenir leplus rapidement possible aprèsun sinistre, dans les vingt mi-nutes qui suivent, et en s’ap-puyant sur un outil d’alerteopérationnel. Le Service départe-mental d’incendie et de secoursd’Ille-et-Vilaine a donc décidé detravailler sur la BD Adresse pourla rendre exhaustive. Ce travail enamont nous permet de gagner dutemps, de l’ordre de la minute àla demi-heure tout au long del’intervention. Car si la plupart des SDIS ont desatlas, ils sont différents dans chaque service d’in-cendie et de secours, depuis qu’ils sont devenus dé-partementaux en 2000. Le SDIS 35 a ainsi décidéde mettre au point un atlas des risques courants quiregroupe des plans par commune, et qui est ac-compagné de zooms réalisés en fonction des risqueset selon trois échelles imbriquées (1 : 10 000 en zonerurale, 1 : 5 000 ou 1 : 2 500 en ville). Cet atlas listeles adresses, les points d’eau incendie, ou les lignesà haute tension par exemple. Le but étant d’arriversur les lieux le plus rapidement possible et de pou-voir mesurer le contexte pour que l’opération sepasse dans les meilleures conditions.

Comment travaillez-vousavec les communes ?Il s’agit également d’un travail d’accompa-gnement. Nous les aidons à référencer les lieuxet notamment les sentiers de randonnée, lessentiers de VTT, les aires de jeu pour enfants,tous les lieux qui ne sont pas forcémentadressés et où il est urgent d’intervenirlorsque, par exemple, une personne a un ma-laise cardiaque. L’objectif étant de repérer unsinistre en tout point du territoire. Nous aidonsdonc les communes à améliorer les adresses,à donner une adresse quand celle-ci n’existepas. Pour faire ce travail, le SDIS 35 s’est as-socié à La Poste en décembre 2010. Un par-tenariat est signé avec le maire, qui s’engage

à donner un nom de voie aux lieux-dits et à renumé-roter correctement les habitations. Un représentantde La Poste accompagné d’un pompier signe uncontrat d’objectif avec le maire. Lorsque l’édile a at-teint ses objectifs, une cérémonie est organisée à lamairie. Aujourd’hui, sur les 353 communes ruralesd’Ille-et-Vilaine, 92 communes ont signé ce partena-riat avec le SDIS. La Poste a signé une vingtaine deconventions supplémentaires car elle a débuté ce tra-vail dès 2009. Le fait que le SDIS s’associe à La Postea donné un nouvel élan à la démarche, les maires étantsensibles à la sécurité de leurs administrés. Au-jourd’hui, il est encore trop tôt pour connaître avecprécision le gain de temps obtenu en intervention.

2 questions à...Cyril PatraultResponsable SIGdu SDIS 35, membrede l’Afigéoet de la plateformeGéoBretagne

REPÉRER UN SINISTREEN TOUT POINT DU TERRITOIRE»

CR

ÉD

IT

DOSSIER L’ADRESSE PROGRESSE

BoulevarddesBizarreriesQuelques jolis nomsde rue rassembléset communiquéspar Christine Gallois,responsabledu processus adresseà l'IGN.

Impassede la Philosophie.

ImpasseY’a-de-la-Joie.

Passagel'Arroseur-Arrosé.

Place Mon-Idée.

Rue de l’Étang-de l'Écoute-S’il Pleut.

Ruede la Morte-Bouteille.

Rue de la Truie-qui-File.

Allée de l'Île-Marante.

Avenue le-Jour-se-lève.

Ruedu Pot-qui-Mousse.

Impassedes Président-Verts.

Ruedes Beaux-Garçons.

Ruede l’Enfant-qui-Pisse.

Chemin des Miaou.

Impasse Babar.

Rue de l’Eau-qui-Court.

Impasse du Mickey.

Rue du Capitaine-Nemo.

En routeDes sapeurs-pompiersdu Servicedépartementald’incendie et de secoursdes Hautes-Pyrénées.

JEAN-PAUL BATISSE, 2011

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 13

1. Comment le niveau zéro des altitudesen France a-t-il été déterminé ?

2. Quels sont ces obélisques dans nos campagnes ?

� Comme André Petit, journa-liste de La Marseillaise en 1959,commençons par noter que« lorsqu’on se permet au-jourd’hui d’affirmer que Parisest à 60 mètres au-dessus du ni-veau de la mer, c’est qu’en 1897Marseille en a ainsi décidé. LaFrance s’y mesure. Si Pagnoll’avait su, sans doute César au-rait-il accablé Monsieur Brunde cette vérité première.»Comment Marseille a-t-elle étéchoisie ? Tout commence avec lenivellement général de la Franceentrepris par Paul-Adrien Bour-dalouë. L’un de ses objets est defixer un plan horizontal de com-paraison. Le 13  janvier 1860, ilest donc décidé que « le niveaumoyen auquel les altitudes dunivellement général de la Francedevront être rapportées sera ce-lui de la Méditerranée tel qu’ilest établi à Marseille, c’est-à-direà 0,40 m au-dessus du zéro del’échelle des marées du fortSaint-Jean [dans le Vieux-Port] ». Ce choix est fait « par laraison que les fluctuations ysont peu sensibles et qu’il est le

Alain Coulomb Chef du départementréseaux de référencematérialisés à l’IGN.

Gilles Canaud Chef du département de l'informationgéodésique de l’IGN

QUESTIONS RÉPONSES

plus bas des niveaux moyensde tous nos ports».Néanmoins, près de 20 ans plustard, on trouve plusieurs dé-fauts à l’origine définie parBourdalouë  : les lectures surl’échelle ne se font pas « assezsoigneusement et fréquemmentpour qu’on puisse en déduire,avec une précision suffisante, leniveau moyen de la mer », etl’échelle elle-même « ne remplitpas la condition indispensabled’une fixité absolue».

UNIQUE AU MONDE

Dans la mouvance du plan degrands travaux lancé parCharles de Freycinet et de larévision du nivellement généralde la France par un service spé-cial confié à Charles Lallemand,on décide donc de la construc-tion du marégraphe de Mar-seille. Le nouvel observatoireest équipé d’un appareil à lapointe de la technologie  : unmarégraphe dit «totalisateur»,dont il ne reste plus au-jourd’hui qu’un exemplaire aumonde…

En 1897, les ingénieurs établis-sent un graphique représentantles variations mensuelles du ni-veau moyen de la mer entre fé-vrier 1885 et décembre 1896 in-clus. Avec l'augmentation dunombre de valeurs prises encompte dans le calcul, ces va-riations diminuent de mois enmois. Ainsi, le niveau moyende la mer se rapproche d'uneconstante, qui devient alorsl’origine des altitudes françaisescontinentales. Dans les années1960, lorsque le réseau de ni-vellement national est une nou-velle fois révisé et étendu, cetteorigine est conservée. Le zérodes altitudes normales du sys-tème altimétrique NGF/IGN69est le même que celui des alti-tudes dites orthométriques dusystème NGF/Lallemand.Il est important de noter l’as-pect conventionnel et définitifdu choix de 1897. Depuis la findu XIXe siècle, le niveau moyende la mer à Marseille a aug-menté de 15 centimètres envi-ron, sans que les altitudesn’aient évolué en conséquence.

AncêtreLe marégraphetotalisateur Reitzde Marseille, auquel depuis 1897 «la France se mesure».

� Le premier contact peut sur-prendre le promeneur. Doit-onpasser à droite ou à gauche decette stupa champenoise  ? Onse rapproche. Seule la silhouetteest monolithique. La construc-tion, très élaborée et parfaite-ment ajustée, est faite de mil-liers de briques. On peut situerl’époque à la fin du XIXe ou audébut du XXe siècle…Avant l’arrivée des GPS, il y eutce que le géodésien appellecommunément l’ère de la trian-gulation et du théodolite. Leslevés d’alors étaient basés surdes relèvements effectués en  vi-sant des points remarquablesde loin. C’est ainsi que dans lequart nord-est du pays, plu-sieurs dizaines de ces “chemi-

nées ” ont été construites pourservir à ces mesures. Certainessont partiellement détruites,inaccessibles ou sont devenuesredondantes avec d'autres sitesgéodésiques. Concurrencéesnotamment par les cheminéesd’usines de l’ère industrielle,elles n'ont pas toutes été inté-grées dans la nouvelle triangu-lation de la France. De nos jours, le recensement

de ces édifices s’effectue grâceà la collaboration d’associa-tions de passionnés, dont laCommission française pour laprotection du patrimoine his-torique et rural — son remar-quable travail, richement illus-tré, est consultable surInternet.Ces tours peuvent se trouversur une parcelle communale oudans une forêt privée. La res-ponsabilité de leur entretiendevient dès lors complexe.L’IGN répond de la manière laplus précise possible aux de-mandes d’amateurs d’histoirede la géodésie à l’[email protected].

http://gerval2.free.fr/chemineegeodesie.htm

IGN

IGN

IGN

IGN

talité. Les données de l’inven-taire forestier obtenues depuis1958 traduisent déjà certaines deces évolutions.

LES OUTILS DE MESURE SONT DÉJÀ LÀ

Lors des relevés de terrain, lesopérateurs mesurent l’accroisse-ment radial des arbres durant lescinq dernières années, ce qui per-met d’évaluer la croissance des ar-bres durant cette période. Lepourcentage de branches mortesdans les houppiers est aussi re-levé, ce qui permet de déceler demanière précoce certains dépé-rissements.Ces informations, combinées auxdonnées climatiques, permettentde montrer l’évolution des es-pèces forestières selon l’essence,l’altitude, ou lors d’épisodes cli-matiques extrêmes, comme la ca-nicule de 2003. Les 150 000 rele-vés floristiques effectués depuisles années 1990 permettent éga-lement d’apprécier l’évolution de

En France les variations cli-matiques peuvent être il-

lustrées par différents chiffres: undéplacement du climat de 200 kmvers le nord en un siècle décrit parMoisselin (2002) et une remontéemoyenne des espèces forestièresde 65m par décennie mise enévidence par Lenoir (2009). Lestempératures minimales ont aug-menté de 1,2°C, soit plus que lestempératures moyennes (0,9 °C)et les maximales (0,6 °C). Les pré-cipitations sont en hausse dans lenord, en baisse dans le sud, aug-mentent en hiver et diminuent enété. Ces variations, les arbres lessubissent déjà, et s’apprêtent à lessubir longtemps encore. Commetout être vivant, ils réagissent. Àleur manière d’arbres…

EFFETS CONTRAIRES

Tout d’abord, l’augmentation destempératures dans les régions oùelle est limitante (altitudes et la-titudes élevées) peut entraînerune plus forte croissance des ar-

bres, en diamètre comme en hau-teur. Des températures plus clé-mentes au printemps et à l’au-tomne permettent aux arbres deproduire plus de bois pendantune année : la période de végéta-tion s’allonge. Les arbres sont toutefois plussensibles aux gelées tardives. Uneaugmentation de la températurefavorise aussi le développementdes parasites.L’augmentation des précipitationsassure aux arbres un meilleurapport en eau. Mais il peut êtrenéfaste à certaines espèces, quin’apprécient pas un sol trop hu-mide ;À l’inverse, dans le sud du pays, ladiminution des précipitations etla hausse des températures esti-vales provoquent un stress hy-drique des végétaux. Il se traduitau minimum par un fort ralen-tissement de la croissance, voirepar une perte de vitalité des ar-bres — au pire, on peut enregis-trer une augmentation de la mor-

14 / IGN MAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

La perspective de changements climatiques importants est confirmée. Ils affectent la taille des arbres, la répartition des espèces, l’emplacementdes zones boisées. Voici comment l’inventaire forestier peut déjà les traduire.

Mémento Données chiffrées sur la forêt françaisemétropolitaine, établiesà partir des campagnesd’inventaire 2008 à 2012 réalisées par le service de l’inventaireforestier statistique de l’IGN.

IGN

FORÊTS

L ti d h t li ti i t t t fi é

NOUVEAU CLIMAT,NOUVELLES FORÊTS

utLsafaffdLLasapnén’a

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 15

la répartition des espèces végé-tales des écosystèmes forestiers.

MOINS DE HÊTRES, PLUS DE CHÊNES VERTS

Les espèces forestières répondentde manières différentes aux chan-gements climatiques. Cette va-riabilité entraine une modifica-tion de leurs aires de répartition. Aux limites sud et à faible alti-tude, des dépérissements et desmortalités sont à craindre, me-nant à une régression de l’espècetandis qu’aux limites nord et enaltitude, la productivité aug-mente : une expansion devientpossible. Les variations sont modélisées àpartir des préférences des es-pèces forestières en matière de solet de climat, et de modèles d’évo-lution climatique. Dans le cas duhêtre, par exemple (voir cartes enhaut de page), les zones de dis-parition risquent d’être large-ment supérieures à la surface decolonisation. Le hêtre verrait ainsi

Dépérissement Exemple de dépérissement d’un chêne. Un dépérissementpeut correspondre à une perte de vitalité, une chute des feuillesou des aiguilles, une décoloration du feuillage voire la mortde l’arbre. Les causes peuvent être naturelles, humainesou combiner les deux.

ProjectionsModélisation de la répartitiondes zones favorables au hêtreà partir de données IGN et climatiques. Piedallu et al.(2009).

DéclinÀ gauche,résineux dépérissantsen région Rhône-Alpes.

son aire de répartition considé-rablement réduite. D’autres es-pèces, notamment méditerra-néennes, progresseraient.Le temps de révolution des peu-plements forestiers étant très long,les arbres plantés aujourd’hui se-ront pour la plupart encore pré-sents en 2100. Il est donc indis-pensable d’adapter la sylviculture,en prévoyant aujourd’hui les chan-gements de demain. Pour cela,une bonne connaissance des réac-tions des espèces forestières auxchangements climatiques est né-cessaire. Les données de l’inven-taire forestier sont une bonnebase pour ces études grâce à leurdiversité et à leur méthoded’échantillonnage, systématiqueet annuel sur l’ensemble du terri-toire métropolitain. Elles permet-tent indirectement de guider les fo-restiers dans des choix d’essencesadaptés au changement clima-tique pour constituer les peuple-ments à venir.www.ign.fr/foret-chiffres-cartes

IGN

Extrait de la carte parue dans l’article de C. Piedallu et al. « Impact potentiel du changement climatique sur la distribution de l’épicéa, du sapin, du hêtreet du chêne sessile en France». Revue forestière fançaise n°6, 2009.

16 / IGN MAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

La toute nouvelle application Géoportail est désormais disponible sur Google Play. La carte des espaces protégés de la France métropolitaineest désormais visible sur le Géoportail… ainsi que les cartes de l’état-majoret de Cassini, et des missions aériennes depuis 1919.

AU BONHEUR DES VOYAGEURS

L’IGN propose depuis le5 juillet 2013 une appli-

cation mobile sous Androidtéléchargeable gratuitementsur le site d’applications An-droid Google Play. Jusqu’à cette date on disposaitdu site mobile Géoportail, quiprésente une ergonomie sim-plifiée et auquel la nouvelleapplication ressemble d’ailleursbeaucoup. Celle-ci propose biensûr des données géographiquesclassiques (cartes, photogra-phies aériennes). En supplé-ment, elle offre la couche planIGN, un fond de plans multi-échelles adapté aux zones ur-

baines et particluièrement lisi-ble sur un mobile, et permet dese géolocaliser grâce au GPSinstallé sur les téléphones in-telligents. Près de 30 000 in-ternautes ont déjà installé cettenouvelle fonctionnalité sur leurmobile.https://play.google.com/store/apps/details?id=fr.geoportail.lightmobilehttp://m.geoportail.fr/index.html#

ENVIE D’APPLI ?

GÉOPORTAILFormat de poche Le Géoportailpeut désormais êtreembarqué dans tous les téléphones Android.

AC

C

ns

Affichage L’application propose au choix les vues aériennes avec ou sansréseau routier, les cartes IGN, une version plan, les parcellescadastrales ou la carte de l’état-major.

Survol Toute la France métropolitaine peut être parcourue à vol d’oiseau sur l’écran d’un mobile. Le tracé des routes vient sur demande se superposer aux ortho-images.

IGNIGN

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 17

ESPÈCES D’ESPACESESPÈCES D’ESPAP CA ESBiodiversitéToutes les zones et toutes les espèces protégées de France peuvent être affichées en quelques clics.

4e dimension La carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte de l’état-major(XIXe siècle) et des missions photographiques depuis1919 sont disponibles, et téléchargeables en HD.

IGN

IGN

Dans le droit fil du tour deFrance de la biodiversité

(voir page 3 d’IGN Magazinen° 71) retrouvez sur le Géopor-tail, la plus grande bibliothèquenumérique de données géogra-phiques française, la carte desespaces protégés de la Francemétropolitaine, diffusée en par-tenariat avec l’Inventaire na-tional du patrimoine naturel.L’INPN a pour objectif de ras-sembler et d’intégrer l’ensembledes données sur la nature. Il re-cense toutes les espèces, les ha-bitats naturels, les espaces pro-tégés et le patrimoine géolo-

gique en métropole comme enoutre-mer. Comme une invita-tion à la découverte, localisezsur la carte des espaces protégésl’emprise des parcs nationaux,régionaux et marins, les péri-mètres des réserves naturelles,des zones naturelles d’intérêtécologique, faunistique et flo-ristique (Znieff), et retrouvezdans le catalogue des donnéesdu Géoportail bien d’autres ren-seignements concernant le pa-trimoine naturel français.

www.geoportail.gouv.fr/actualite/219/carte-des-espaces-proteges-de-la-france-metropolitainewww.inpn.mnhn.fr

LE TEMPS RETROUVÉLa fonctionnalité «Re-monter le temps» du Géo-

portail a valu à l’IGN d’être dis-tingué lors de la 26e confé-rence cartographique interna-tionale à Dresde en remportantle 3e prix dans la catégorie pro-duits numériques (lire page 3). Cette fonction unique permetde consulter en ligne et de té-lécharger les cartes anciennes(cartes de Cassini et de l’état-major) et des clichés des mis-sions photographiques effec-tuées sur le territoire françaisdepuis 1919. Les missions pho-tographiques donnent accès àplus de 1 500000 clichés, qui

sont autant de témoins de l’évo-lution et de l’aménagement duterritoire. La visualisation deces données en ligne est im-médiate. Le téléchargementpermet de récupérer l’imagesource en haute définition. Les cartes et les photographiessont librement réutilisablespour des besoins publics ou pri-vés. La fonction «Remonter letemps» du Géoportail facilitel’accès à un patrimoine géo-graphique exceptionnel. Sa dif-fusion est libre et gratuite.

http://www.ign.fr/webtv/geoportail/remonter-temps-geoportail?type=chaine

Un hiver détrempé, un prin-temps 2013 noyé de pluies. Par-tout de l'eau, des nappes ou des

rivières remplies, des fleuves en majesté.Et des crues…André Bachoc, le directeur du Schapi, faitles comptes. « Entre la fin octobre 2012 etla fin juin 2013, il n'y a eu que des inter-ruptions très courtes entre des événementsmarquants : le Gave de Pau dans les Pyré-nées, à Lourdes, deux fois, et en amont  ;l'Agly, vers Rivesaltes ; des crues en Bour-gogne et en Champagne dans le bassin de laSeine (Troyes, Saint-Dizier) ou sur l’Ouche(Dijon) ; la Garonne dans le Luchonnais…»Les crues du Gave de Pau, en octobre 2012puis en juin 2013, ainsi que de la Garonne,et celles de la Seine dans l’Aube en mai, ontfait l’ouverture des journaux télévisés pen-dant plusieurs jours. Le site www.vigicrues.gouv.fr a battu des re-cords de fréquentation. Il est alimenté aumoins deux fois par jour par le Schapi et leréseau national pour la prévision des crueset l’hydrométrie, et affiche une carte na-tionale des risques de débordements. Lestronçons des 21  000 km de cours d'eau sur-veillés, au vert lorsqu'ils restent sagementdans leur lit, passent au jaune, à l'orange

Comment le Schapi et son réseau veillent sur nos rivières > Créé en 2003, installé à Toulouse, près de Météo France, le Service central d’hydrométéorologie et d’ap-pui à la prévision des inondations (Schapi), veille 24 heures sur 24 sur les 21 000 km de cours d’eau sur-veillés par l’État. Rattaché au service des risques naturels et hydrauliques de la direction générale de la pré-vention des risques, il constitue un réseau national avec les 20 Services de prévision des crues (SPC) et les27 unités d’hydrométrie (UH), rattachées pour l’essentiel aux Dreal (directions régionales de l’environne-ment, de l’aménagement et du logement). Les plus de 400 ingénieurs et techniciens de ce réseau assem-blent des données géographiques, hydrologiques, hydrométriques et météorologiques dans des modèlesde prévision, et renseignent deux fois par jour, ou plus si nécessaire, le site www.vigicrues.gouv.fr.

Depuis la fin 2012, mobilisés par le Service central de l'hydrométéorologie et d’appuià la prévision des inondations (Schapi), les avions de l'IGN décollent sous les nuageset en urgence pour photographier les inondations. Les images alimentent une basede données, qui dressera un catalogue des zones inondées potentielles.

DES IMAGESTOUTES CRUES

puis au rouge en fonction de risques demontée rapide ou de l'impact des débor-dements attendus. En matière de météorologie, ce premier se-mestre 2013 fut une catastrophe pourbeaucoup. Mais la période fut parfaitepour tester, en conditions réelles, l'accordpassé entre le Schapi et l'IGN, via uneconvention signée récemment. À quatre re-prises, un avion du service des activités aé-riennes de l'IGN a décollé de sa base de

Creil (Oise) pour aller prendre, entre deuxaverses, des vues des zones inondées aumaximum des crues, dans des conditionsdifficiles et changeantes. Pour le Schapi, cesimages sont une ressource précieuse. Pourl'IGN, l'urgence est un exercice particulier,à concilier avec la mise en œuvre de mis-sions de production qui s’inscrivent dans ladurée.

« IL N'Y A PAS DEUX MISSIONS QUI SE RESSEMBLENT»

« Cette convention, pour le Schapi, s’inscritd’abord, dit André Bachoc (lire interview enpage 21), dans le projet visant à élargir laprévision des crues à la prévision des inon-dations.» Le Schapi, en plus de son travailopérationnel ou de développement d’outilset de méthodes, croise des modèles hydro-logiques, des modèles numériques de ter-rain, des vues aériennes et satellitairespour construire des catalogues de réfé-rence des zones inondables. Les vues prises,traitées, rectifiées puis transmises par l'IGNne sont pas tant utilisées en direct pour sur-veiller les inondations que pour alimentercette base de données. Ces vues doivent êtreréalisées au moment du maximum de lacrue, soit dans les pires conditions.

DébordementsLe Gave de Pau le 20 octobre 2012, puis le 23, photographié par l’avion de l’IGN.

ZOOM

18 / IGN MAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

IGN

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 19

C. CARTIGNIÉS / METL-MEDDE / DREAL MIDI-PYRÉNÉES / SPC GARONNE TARN LOT

CRÉDIT

MissionLe poste de pilotage de l’un des quatre Beechkraft King Airde l’IGN.IGN

Sur les quaisCrues de La Neste à Bordères-Louron (Hautes-Pyrénées) en octobre 2012.

20 / IGN MAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

Dans ce contexte, le satellite n'a pas l'échineassez souple pour se faufiler sous lesnuages. Le Schapi avait besoin d'un parte-naire expérimenté, prêt à tester et déve-lopper des méthodes spécifiques, sur toutle territoire métropolitain. Le Schapi etl’IGN, qui sont rattachés au même minis-tère, ont décidé d’unir leurs forces. La convention Schapi-IGN est essentiel-lement méthodologique, explique en subs-tance Alain Duperet, chargé de missiond'appui aux politiques publiques à l'Insti-tut. Dans ce cadre, l'IGN fait la preuve desa capacité à répondre à l'urgence pourêtre sur zone au bon moment. D’abordavec ses avions. Puis pour livrer, très vite,les données traitées.« Pour les missions ordinaires, on définitune zone bien déterminée, un plan de vol,une précision souhaitée, de 10, 25 ou 35 cmpar pixel. On a demandé les autorisationsà la direction générale de l’aviation civile,

tout est préparé. Et dès que la météo estbonne, on y va », résume Bernard Jeanson,chef du service des activités aériennes.Les demandes du Schapi bousculent les pa-ramètres. «Ce sont des missions d'urgence.Nous sommes prévenus quelques heures àl'avance, en fonction des types de crue. Lesdélais sont très brefs et la zone prévue peutse déplacer. Nous faisons un plan de vol…souvent impossible à suivre : nous volonsfréquemment sous les nuages, dont nous neconnaissons pas l'altitude. Nous ignoronsdonc la précision que nous allons obtenir.D'ailleurs, on ne nous demande pas de res-pecter une précision, mais de capter les meil-leures informations possibles. Nous volonsquasiment à vue, il n'y a pas deux missionsqui se ressemblent. Nous pouvons partir enprévoyant des nuages à 5 000 pieds (envi-ron 1 600 mètres) et voler à 4500. Sur place,nous nous apercevons que les nuages sontà 3 000 pieds. Il faut sans arrêt s'adapter.»

Pour certaines de ces missions d’urgence, leBeechcraft Super King Air de l'IGN em-barque deux photographes au lieu d'un seulen temps ordinaire, de manière à pouvoiradapter le plan de vol… en vol. Les cruessont prévisibles dans un délai plus oumoins court. Suivant le protocole mis enplace entre les deux organismes, le Schapiprévient l'IGN dans la journée qui précèdele pic annoncé, après l'avoir mis en pré-alerte deux ou trois jours auparavant.

« NOS MISSIONS COMPLÈTENT CELLESDES AUTRES OPÉRATEURS PUBLICS »

« Il n'est pas dans nos habitudes de fairedes prises de vues sous contrainte d'ur-gence. À l'IGN, les missions réalisées pourle Schapi sont la seule activité pour laquelleil y a une astreinte de production 24 heuressur 24. » Alain Duperet ne déteste pas cetapprentissage de l'urgence. Il est à la foistechnique et culturel. « Nous avons dé-couvert des choses. D'habitude, nous fai-sons voler l'avion quand il n'y a pas denuages. Et s'il y a des nuages, nous revo-lons pour éliminer les zones ennuagées. Là,nous avons inversé les outils, nous les

Les délais sont très brefs et la zone prévue peut se déplacer. Nous faisons un plan de vol... souventimpossible à suivre : nous volons fréquemment sousles nuages, dont nous ne connaissons pas l'altitude. »

ZOOM

IGN

SCHAPI

ObliquePhoto oblique prise depuisl’avion de l’IGN au-dessus de la Marne le 6 mai 2013.

AlerteExemple de carte de zoneinondée potentielle (avec un encadrement de la zonemaximale prévue) à Pont-sur-Seine, diffusée aux autoritésplus de 24 heures avant lemaximum de la crue, le 13 mai2013. La carte a été établie par modélisation ; les photosaériennes permettront de la compléter et la consolider.

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 21

avons utilisés pour trouver le sol entre lesnuages. Nous avons appris à nous servirdifféremment de nos instruments. »Sur un plan plus institutionnel, « l'IGN veutconforter ses missions de service public, etnous sommes en plein dedans. Nos missionscomplètent celles des autres opérateurs pu-blics, sinon nous passons à côté de notre rai-son d'être. Ici, il s'agit de contribuer intel-ligemment à la politique publique de gestionde crise. La production de données aide à laprévention des risques. Elle fait partie desmissions aériennes. » Les coûts sont par-tagés à égalité entre l'IGN et le Schapi. Quise dit satisfait d'une collaboration qui se fait«en confiance», selon les mots d'André Ba-choc. «La période de quelques mois d'ex-périmentation, au premier semestre 2013,a été très riche. Nous avons pu photogra-phier entre le tiers et la moitié des zonesinondées importantes, ce qui est déjà ap-préciable. D'autant que nous avons limitéla mobilisation de l'IGN, le budget étant biensûr contraint.»Alain Duperet évoque un éventuel recoursà la sous-traitance pour l’accomplissementde ces missions d’urgence, l'IGN gardant unrôle de maître d'œuvre. Les images, elles, se-ront accessibles au grand public et aux pro-fessionnels «aux mêmes conditions que lesimages ordinaires. Elles sont gratuites,aux frais de mise à disposition près, moyen-nant certaines règles de nature à préserverla fidélité des études qui sont menées sur leterrain. Nous réfléchissons à la bonne ma-nière de les afficher.» Les futures cartes édi-tées par les services de prévision des crues(SPC) et le Schapi seront aussi mises à la dis-position des autorités de gestion de crise etdes citoyens. �

www.vigicrues.gouv.fr

SCHAPI

ARNAUD BOUISSOU/METL-MEDDE

À quoi les images captéesau-dessus des zonesinondées serviront-elles ?Les photos nous permettentd'observer le contour deszones inondées et de mieux lescaractériser, notamment envue d'une grande évolution : lepassage de la prévision descrues à la prévision des inon-dations. Aujourd'hui, nouscommuniquons des débits oudes hauteurs d'eau rapportéesà des échelles placées dans lescours d’eau. C'est parlant pourceux, peu nombreux, qui ontla culture des rivières. Mais pour tous lesautres, élus, pompiers, habitants, souventfamiliarisés avec l’usage des cartes, il fautune traduction plus concrète. Pour pouvoirafficher quelques heures ou dizainesd’heures à l’avance les zones inondées pré-vues, nous avons besoin d'un catalogue deréférence pour toute une gamme de crues,des plus fréquentes aux exceptionnelles.Tout ce qui nous permet d'enrichir ce réfé-rentiel est essentiel.Ces cartes seront accessibles aux citoyensen temps réel à l’horizon 2016-2017. Leszones inondées potentielles y seront déli-mitées par un double contour pour tra-duire l’incertitude liée aux prévisions. Cescontours que nous diffuserons pourrontêtre croisés par les autorités locales avecles informations géolocalisées disponibles.Les cartes de risques qui en résultent se-ront partagées avec les préfectures et lesmairies, notamment. Les partenaires de lagestion de crise pourront les gérer commeune donnée d'urgence commune.

Pourquoi vous êtes-vous associés à l'IGN ?Parce que nous avons des contraintesassez sévères, notamment en matière detemps de mobilisation et de restitution :

cela nécessite de nouvellesméthodes, et une bonnemaîtrise de toute la chaîne.Il faut observer au bon mo-ment, au maximum de lacrue. Et les temps de post-traitement doivent aussi êtretrès courts, pour dynamiserles retours d’expérience et sipossible gérer la fin de crue.Pour raccourcir ces délais,nous avons programmé avecl’IGN toute une phase de re-cherche et de développe-ment.Par exemple, face à des crues

rapides ou soudaines, sur des bassins ver-sants réagissant en quelques heures aprèsdes pluies intenses à caractère orageux,nous n’avons que très peu de temps : entresix et douze heures. Nous nous sommesorientés, avec nos collègues de l’IGN, versun prépositionnement des avions. Nousleur annonçons qu'il risque d'y avoir unévénement dans tel secteur. Ils peuventainsi prendre leurs dispositions pour s’ap-procher, puis intervenir à temps au bonendroit. Éventuellement, juste avant queles avions ne s’envolent, nous pouvons en-core ajuster. Dans le cas de bassins ver-sants plus vastes — celui de la Seine, parexemple — les délais sont plus longs : dequelques dizaines d'heures à quelquesjours. Évidemment, un autre paramètreinflue dans tous les cas, c'est la météo…

Quel bilan tirez-vous de la collaboration ?Nous en sommes vraiment au démar-rage : tout a commencé il y a moins d'unan. Les choses se sont vite mises en placedans de bonnes conditions opération-nelles. Nous travaillons en confiance, avecle sentiment partagé que chacun fait lemaximum. Le référentiel est en dévelop-pement progressif.

3 questions à...André BachocDirecteur du Service centrald'hydrométéorologie et d'appui à la prévisiondesinondations (Toulouse)

NOUS RÉPONDONS À UNEDEMANDE SOCIALE FORTE »

B. S

UA

RD

/ M

ET

L-M

ED

DE

VigicruesSur le sitewww.vigicrues.gouv.fr, la carte de la métropole au 18 juin 2013 à 13 h 56. En contrebas des Pyrénées, des vigilances jaunes, orangeet rouges.

MesuresDes techniciens en hydrométrie sur le Doubs en crue, à Fourbanne, ennovembre 2012.

CA

RT

ES S

UR

TA

BLELEEE

1981 Naissance dans les Vosges.

1996 Première ascension du Stromboli (Sicile).

1999 Baccalauréat scientifique.

2004 Obtention d’un DEA de volcanologie à Clermont-Ferrand.

2007 Soutient une thèse de doctorat sur les déformations du Piton de la Fournaise (La Réunion).

2013 Obtention de l’habilitation à diriger des recherches (HDR).

Lignes de vie

22 / IGN MAGAZINE OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 23

Principalespublications

A. Peltier, A. Finizola, G. Douillet, E. Brothelande, E. Garaebiti (2012),Structure of an activevolcano associatedwith a resurgent blockinferred from thermalmapping : the Yasur-Yenkahe complex(Vanuatu), J. Volcano. Geotherm.

A. Peltier, M. Bianchi, E. Kaminski, J.-C .Komorowski, A. Rucci, T. Staudacher(2010), PSInSAR as a new tool to monitorpre-eruptive volcanoground deformation :validation using GPSmeasurements onPiton de la Fournaise,Geophys. Res. Lett.

A. Peltier, P. Bachèlery,T. Staudacher (2009),Magma transfer andstorage at Piton de LaFournaise (La RéunionIsland) between 1972and 2007 : a review of geophysical andgeochemical data,J. Volcano. Geotherm.Res.

Aline PeltierSi toutes les passions commencent par une rencontre,la vocation d’Aline Peltier est née une nuit d’été sur le Stromboli.Sur les pentes de ce volcan sicilien toujours actif, l’adolescente décidade son avenir : elle serait volcanologue.

Ce travail de terrain est celui d’un explorateur. Il faut investiguer pour localiser les différentesstructures volcaniques qui peuvent être à l’origine d’une déformation complexe du volcan.»

AC

C

Racontez-nous cette première rencontre…Je suis partie en colonie de vacances en Sicile en classede 3e. À l’époque, lorsqu’on faisait l’ascension du Strom-boli, on pouvait y rester toute la nuit pour observerles projections de lave. J’étais fascinée par ce specta-cle, ce feu d’artifice. Très intriguée aussi par ce phé-nomène qui, je l’avoue, me semblait un peu surnatu-rel. Je voulais vraiment comprendre ce qui se passait.Je me souviens qu’à l’époque j’étais déjà passionnéepar les phénomènes géologiques de grande ampleur,les séismes, les grandes éruptions volcaniques…

De là à devenir volcanologue…Mon bac scientifique en poche, je suis entrée à la fa-culté des Sciences de la terre et de l’univers de Nancy.Je ne me suis spécialisée en volcanologie qu’en DEA,à Clermont-Ferrand, avant de réaliser ma thèse à l’ob-servatoire du Piton de la Fournaise, à la Réunion. Elleportait sur l’étude des déformations du volcan. J’ai en-chaîné une année de post-doctorat en Nouvelle-Zé-lande. Là j’ai travaillé sur l’activité volcanique liée àla zone de subduction néo-zélandaise, c’est-à-dire l’en-droit où une plaque tectonique passe sous une autre.

Que préférez-vous dans votre travail ?J’aime la proximité avec le volcan. Ce travail de ter-rain est celui d’un explorateur. Il faut investiguer pourlocaliser les différentes structures volcaniques qui peu-vent être à l’origine d’une déformation complexe duvolcan. Car la déformation d’un volcan n’est jamais ho-mogène. Au moment où il se réactive, la chambre mag-matique commence à se dilater, et initie ainsi la crisesismique et les déformations pré-éruptives enregistréesen surface. Cette intense fracturation génère denombreux tremblements de terre. Le Piton de la Four-naise est équipé d’une vingtaine de stations qui en-registrent en continu cette sismicité et les déforma-tions, ce qui améliore la prévision des éruptions.

Qu’avez-vous appris sur le Piton de la Fournaise ?Jusqu’à présent, on ne connaissait pas grand-chose surson système d’alimentation, la localisation de lachambre magmatique notamment restait imprécise.Dorénavant, on sait que cette chambre se situe auxalentours de 2 km de profondeur et on a compris l’in-fluence de sa dynamique sur la vitesse de remontée

du magma et sur les fréquences éruptives en surface.À la Réunion, le rythme des éruptions est environ dedeux par an. Le Piton de la Fournaise, comme tous lesvolcans « rouges », est un volcan très actif, avec deséruptions régulières. Pour les volcans dits « gris », àlave plus visqueuse, comme la Soufrière en Guade-loupe, les éruptions sont beaucoup plus rares (tous les100 voire 1 000 ans), mais plus dangereuses aussi… Enfait, le volcanisme du Piton de la Fournaise est assezsimilaire à celui du Kilauea, à Hawaï, avec de nom-breuses éruptions et cycles de déflation et d’inflation.Ces deux volcans ayant de nombreux points communs,nous collaborons avec les scientifiques américains.

Quels sont les volcans les plus surveillés ?Généralement ce sont ceux qui menacent le plus lespopulations qui font l’objet d’une surveillance parti-culière. Les volcans français et américains sont trèsbien surveillés. Les volcans africains et sud-américains,souffrent quant à eux d’un manque de moyens.

Connaît-on tout des volcans ?Bien sûr que non. Certains volcans ont été très peu étu-diés, comme le Yasur, au Vanuatu, un volcan atypiqueavec un dôme résurgent adjacent à un cône strom-bolien explosant des fontaines de lave toutes les 5 à10 minutes. Ce type d’association volcanique est trèsrare, nous ne disposons d’aucune donnée. Tout est àfaire. Nous avons commencé une cartographie ther-mique du dôme et avons réalisé des relevés géophy-siques en collaboration avec d’autres collègues de Cler-mont-Ferrand qui s’intéressent beaucoup à ce phé-nomène. Je co-encadre la thèse d’une étudiante deClermont-Ferrand sur le sujet.

À quoi sert de surveiller un volcan ?À prévoir la phase éruptive pour évacuer les popula-tions à temps. Une éruption peut aller très vite. Onconstate parfois un mètre de déformation en uneheure… Tout est question de risques et d’aléas.

LLLL’’’’LLL IIIIMMMMAAAAGGGGEEEE

GrandioseExplosion du Stromboli, volcan situé dans les îlesEoliennes (Italie) en janvier 2011.© ALINE PELTIER

IGN/CINQUIEMECOLONNE/2013/REF.96/MAGIGN72