L’ADLF affiche son slogan «ni laxisme, ni purisme» La ...

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TOUT L’EMPLOI & FORMATION • N O 509 • 29 AOûT 2011 O r, notre belle langue est menacée à plus d’un titre. Il y a d’abord le manque de respect de nombre de nos contemporains à l’égard de leur idiome. Que d’atteintes plus ou moins graves à la syntaxe ne constate-t-on pas de nos jours! L’occasion a été donnée au soussigné de rédiger pour les Cahiers du Club de la grammaire, à Genève (Case postale 3763, 12ll Genève 3) une série de quinze articles sur les solécismes (fautes de construction dans la phrase), les barbarismes (fautes dans l’emploi des mots) et autres impro- priétés de langage. Ils ont fait l’objet d’une plaquette, publiée par les éditions du Scribe, à Granges-Marnand, en 2004. Mais le mal le plus pernicieux, à l’heure actuelle, est sans doute l’amour du voca- bulaire anglo-américain dans de nombreux milieux. L’utilisation d’anglicismes et d’amé- ricanismes ne date assurément pas d’hier. Souvenons-nous que le professeur René Étiemble a publié en 1964 déjà son célèbre ouvrage intitulé Parlez-vous franglais? Le franglais, on le sait, est du français mâtiné d’anglicismes, qui sont aujourd’hui surtout des américanismes. Les Cahiers du Club de la grammaire ont publié jusqu’ici 34 articles rédigés sous le titre «Franglais, quand tu nous tiens!». Les voies de pénétration de la langue et de la mentalité américaines sont multiples: cinéma, médias électroniques dont l’inter- net, musique populaire, vêtements por- tant des inscriptions en anglais, restaurants McDonald, etc. L’offensive américaine L’état du français, comme celui des autres langues européennes, est préoccupant, notamment en raison de l’avalanche d’an- glicismes et d’américanismes. Les médias, la publicité, l’informatique, l’économie, le sport font la part belle à cette culture, mena- çant ainsi les caractères de notre langue. La prononciation s’américanise et la syntaxe elle-même est atteinte, ce qui est grave pour la précision du langage, ainsi que l’a montré à maintes reprises feu Jean Dutourd, de l’Académie française, alors président de l’association Défense de la langue française. C’est précisément de cette association qu’il sera question dans le présent article. En 1952, un ingénieur de l’École centrale des arts et manufactures, devenu journaliste à la Radiotélévision française, Paul Camus, fon- dait avec quelques amis le Cercle de presse Richelieu pour la défense de la langue fran- çaise. Six ans plus tard, avec le soutien des académiciens Georges Duhamel, Édouard Herriot, Jules Romain, Jean Cocteau et d’autres écrivains, ce cercle devint l’associa- tion Défense de la langue française, dont le secrétariat est à Paris (actuellement 222, avenue de Versailles, 75016 Paris, tél. 0033- 142 65 08 87). Son premier président fut Léon Bérard, de l’Académie française. Ne pas se résigner Depuis 1959, cette association publie une revue trimestrielle, qui peut aujourd’hui être consultée sur internet. Dans le premier numéro, le but de l’association était défini de la manière suivante: «La plupart des Français reconnaissent que leur langue se corrompt, mais beaucoup pensent que l’on n’y peut rien. Ils se consolent en se disant qu’après tout, le français n’a cessé d’évoluer et que le mauvais usage d’aujourd’hui n’est peut-être que le bon usage de demain. Combattre cette résignation sera la première tâche de notre association». Forte aujourd’hui de plus de 3000 membres en France et hors de France, Défense de la langue française est actuellement prési- dée par Philippe Beaussant, de l’Académie française, flanqué de deux vice-présidents et d’une secrétaire générale. Le conseil d’administration compte aujourd’hui vingt- deux membres. Toutes ces personnes tra- vaillent à cette cause bénévolement. Seule une employée du secrétariat a le statut de salariée. Indépendante de tout courant de pensée religieux, philosophique ou politique, l’asso- ciation fonctionne essentiellement à l’aide des cotisations de ses membres. «Cela lui permet d’avoir des liens constructifs avec les organismes publics concernés par la langue française, en particulier l’Académie française, et avec la Délégation générale à la langue française et aux langues de France». Ses objectifs principaux sont aujourd’hui: 1. d’assurer aux Français et aux franco- phones l’accès à l’information et à l’ex- pression en langue française; 2. de veiller à la sauvegarde des qualités de notre langue; 3. de freiner l’invasion anarchique de mots étrangers; 4. d’enrichir le français pour l’adapter à la vie moderne; 5. d’œuvrer à son rayonnement dans le monde. Une action sur plusieurs fronts L’association s’élève contre l’idée de faire de l’anglo-américain la langue unique dans les relations internationales. Elle soutient donc le pluralisme en Europe et préconise, à cet effet, l’enseignement dans les écoles de notre continent d’au moins deux langues étrangères. La revue Défense de la langue française publie des articles sur le français dans le monde (le soussigné y collabore en ce qui concerne la Suisse), le français en France et elle rend compte des activités menées par les vingt-trois délégations régionales, dont celle de Suisse. Au demeurant, l’association organise chaque • L’ADLF affiche son slogan «ni laxisme, ni purisme» La langue française est en péril! La langue que nous avons héritée de nos ancêtres comporte des qualités éminentes: c’est d’abord sa beauté (pensons à la chanson d’Yves Duteil, La langue de chez nous: c’est une langue belle, avec des mots superbes…); c’est ensuite sa clarté (ainsi que l’a dit Rivarol, «ce qui n’est pas clair n’est pas français»); c’est aussi sa précision (qui en a fait la langue de la diplomatie); c’est enfin sa stabilité (la langue de Molière nous est toujours compréhensible). SOCIéTé 40 Défense de la langue française est présidée par Philippe Beaussant, de l’Académie française. TEM

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O r, notre belle langue est menacée à plus d’un titre. Il y a d’abord le manque de respect de nombre de
nos contemporains à l’égard de leur idiome. Que d’atteintes plus ou moins graves à la syntaxe ne constate-t-on pas de nos jours! L’occasion a été donnée au soussigné de rédiger pour les Cahiers du Club de la grammaire, à Genève (Case postale 3763, 12ll Genève 3) une série de quinze articles sur les solécismes (fautes de construction dans la phrase), les barbarismes (fautes dans l’emploi des mots) et autres impro- priétés de langage. Ils ont fait l’objet d’une plaquette, publiée par les éditions du Scribe, à Granges-Marnand, en 2004. Mais le mal le plus pernicieux, à l’heure actuelle, est sans doute l’amour du voca- bulaire anglo-américain dans de nombreux milieux. L’utilisation d’anglicismes et d’amé- ricanismes ne date assurément pas d’hier. Souvenons-nous que le professeur René Étiemble a publié en 1964 déjà son célèbre ouvrage intitulé Parlez-vous franglais? Le franglais, on le sait, est du français mâtiné d’anglicismes, qui sont aujourd’hui surtout des américanismes. Les Cahiers du Club de la grammaire ont publié jusqu’ici 34 articles rédigés sous le titre «Franglais, quand tu nous tiens!». Les voies de pénétration de la langue et de la mentalité américaines sont multiples: cinéma, médias électroniques dont l’inter- net, musique populaire, vêtements por- tant des inscriptions en anglais, restaurants McDonald, etc.
l’offensive américaine
L’état du français, comme celui des autres langues européennes, est préoccupant, notamment en raison de l’avalanche d’an- glicismes et d’américanismes. Les médias, la publicité, l’informatique, l’économie, le sport font la part belle à cette culture, mena- çant ainsi les caractères de notre langue. La prononciation s’américanise et la syntaxe elle-même est atteinte, ce qui est grave pour la précision du langage, ainsi que l’a montré à maintes reprises feu Jean Dutourd, de l’Académie française, alors président de l’association Défense de la langue française.
C’est précisément de cette association qu’il sera question dans le présent article. En 1952, un ingénieur de l’École centrale des arts et manufactures, devenu journaliste à la Radiotélévision française, Paul Camus, fon- dait avec quelques amis le Cercle de presse Richelieu pour la défense de la langue fran- çaise. Six ans plus tard, avec le soutien des académiciens Georges Duhamel, Édouard Herriot, Jules Romain, Jean Cocteau et d’autres écrivains, ce cercle devint l’associa- tion Défense de la langue française, dont le secrétariat est à Paris (actuellement 222, avenue de Versailles, 75016 Paris, tél. 0033- 142 65 08 87). Son premier président fut Léon Bérard, de l’Académie française.
ne pas se résigner
Depuis 1959, cette association publie une revue trimestrielle, qui peut aujourd’hui être consultée sur internet. Dans le premier numéro, le but de l’association était défini de la manière suivante: «La plupart des Français reconnaissent que leur langue se corrompt, mais beaucoup pensent que l’on n’y peut rien. Ils se consolent en se disant qu’après tout, le français n’a cessé d’évoluer et que le mauvais usage d’aujourd’hui n’est peut-être que le bon usage de demain. Combattre
cette résignation sera la première tâche de notre association». Forte aujourd’hui de plus de 3000 membres en France et hors de France, Défense de la langue française est actuellement prési- dée par Philippe Beaussant, de l’Académie française, flanqué de deux vice-présidents et d’une secrétaire générale. Le conseil d’administration compte aujourd’hui vingt- deux membres. Toutes ces personnes tra- vaillent à cette cause bénévolement. Seule une employée du secrétariat a le statut de salariée. Indépendante de tout courant de pensée religieux, philosophique ou politique, l’asso- ciation fonctionne essentiellement à l’aide des cotisations de ses membres. «Cela lui permet d’avoir des liens constructifs avec les organismes publics concernés par la langue française, en particulier l’Académie française, et avec la Délégation générale à la langue française et aux langues de France». Ses objectifs principaux sont aujourd’hui: 1. d’assurer aux Français et aux franco-
phones l’accès à l’information et à l’ex- pression en langue française;
2. de veiller à la sauvegarde des qualités de notre langue;
3. de freiner l’invasion anarchique de mots étrangers;
4. d’enrichir le français pour l’adapter à la vie moderne;
5. d’œuvrer à son rayonnement dans le monde.
une action sur plusieurs fronts
L’association s’élève contre l’idée de faire de l’anglo-américain la langue unique dans les relations internationales. Elle soutient donc le pluralisme en Europe et préconise, à cet effet, l’enseignement dans les écoles de notre continent d’au moins deux langues étrangères. La revue Défense de la langue française publie des articles sur le français dans le monde (le soussigné y collabore en ce qui concerne la Suisse), le français en France et elle rend compte des activités menées par les vingt-trois délégations régionales, dont celle de Suisse. Au demeurant, l’association organise chaque
• L’ADLF affiche son slogan «ni laxisme, ni purisme»
La langue française est en péril! La langue que nous avons héritée de nos ancêtres comporte des qualités éminentes: c’est d’abord sa beauté (pensons à la chanson d’Yves Duteil, la langue de chez nous: c’est une langue belle, avec des mots superbes…); c’est ensuite sa clarté (ainsi que l’a dit Rivarol, «ce qui n’est pas clair n’est pas français»); c’est aussi sa précision (qui en a fait la langue de la diplomatie); c’est enfin sa stabilité (la langue de Molière nous est toujours compréhensible).
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Défense de la langue française est présidée par Philippe Beaussant, de l’Académie française.
TE M
t o u t l ’ e m p l o i & f o r m a t i o n • n o 5 0 0 • 3 0 m a i 2 0 1 1t o u t l ’ e m p l o i & f o r m a t i o n • n o 4 8 8 • 2 8 f é v r i e r 2 0 1 1t o u t l ’ e m p l o i & f o r m a t i o n • n o 5 0 9 • 2 9 a o û t 2 0 1 1
année trois concours de langue, qui inté- ressent quelque 15 000 étudiants, jeunes et moins jeunes: Le Plumier d’or, qui s’adresse aux élèves de 4e des collèges, organisé avec le soutien de la Marine natio- nale; La Plume d’or, pour les étudiants des Alliances françaises dans le monde, avec le soutien du Sénat; enfin, La Rapière d’or, destinée aux lecteurs de la revue. Il y a aussi à Paris huit cercles spécialisés, qui réunissent les membres ayant des intérêts communs, à savoir: • le Cercle Ambroise-Paré, qui s’occupe du
français dans le domaine médical; • le Cercle Blaise-Pascal, tourné vers les
domaines scientifique et technique; • le Cercle des enfants, de création relati-
vement récente; • le Cercle franco-allemand Goethe, qui
soigne la coopération franco-allemande dans le domaine linguistique;
• le Cercle François-Seydoux, qui porte son attention sur le français en Europe et dans le monde;
• le Cercle des journalistes, dont on mesure l’importance pour la défense de notre langue;
• le Cercle Paul-Valéry, dont les préoccupa- tions sont d’ordre littéraire et linguistique;
• le Cercle Pierre-de-Coubertin, qui traite du français dans les sports et loisirs.
L’association Défense de la langue française, avec le concours de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, décerne chaque année le Prix Richelieu à un journaliste remarqué pour la qualité de son français. Enfin, Défense de la langue française, ainsi qu’Avenir de la langue française et l’Associa- tion francophone d’amitié et de liaison, est agréée par le Ministère de la culture pour exercer les droits reconnus à la partie civile
quant aux infractions à la loi du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française, dite loi Toubon, du nom d’un ancien ministre de la Culture. En conclusion, on peut dire que cette association fait des efforts méritoires pour conserver à notre langue la physionomie agréable que lui ont donnée des générations de romanciers, de poètes, de dramaturges, de philosophes, de prédicateurs et d’écri- vains religieux. Et une citation de Maurice Druon, de l’Académie française, mettra un point final à cet exposé: «La langue est l’âme d’un peuple; qui perd sa langue perd son âme». n
Etienne Bourgnon Dr ès sciences économiques, sociales et politiques
Ancien ambassadeur de Suisse Président de la délégation de Suisse de DLF
D ans les premiers temps aidez votre enfant à choisir ses livres, lisez-lui à haute voix des histoires qu'il suivra
des yeux ou du doigt. Impliquez-le en le questionnant sur son ressenti, ses pensées, en le faisant lire à son tour... La lecture demande à l'enfant, au début, tant d'efforts que la notion de plaisir s'estompe. Difficile aussi pour lui de faire le lien entre les mots et l'imagination. Continuez de le soutenir, enthousiasmez-vous, enthousiasmez-le! Installez des livres dans la maison, allez ensemble à la bibliothèque... Au quoti- dien, faites-lui lire la liste des courses, des recettes de cuisine...Profitez de la moindre occasion pour le faire lire. Il comprendra que la lecture permet de pénétrer différents univers, il s’ouvrira alors sur le monde! www.lafamily.ch propose un très vaste choix de livres, BD, romans, contes...Et vous aide à déterminer celui qui plaira le plus à votre enfant. n
Emmanuelle Allex
www.lafamily.ch, centre global d’informations pour les parents, dans votre région.
formation
Donnez envie de lire à vos enfants! Chez l’enfant, le goût de la lecture naît rarement par hasard, c’est une longue initiation et il a besoin d’être accompagné.
Enthousiasmez vos enfants pour la lecture!
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