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Le calendrier 2007 des fêtes et salons du livre en Rhône-Alpes vient de paraître. Il recense cette année une cinquantaine de mani- festations qui, dans des domaines aussi divers que le roman, la poésie, la littérature jeunesse, le régiona- lisme, la montagne ou la corres- pondance, attireront un large public tout au long de l’année, dans les grandes villes comme dans les petites communes. Des rencontres, des débats, des lectures, des randon- nées, des concerts, les manifesta- tions du livre et de la lecture conquièrent une place de plus en plus importante dans la rencontre – qui reste œuvre délicate – entre les écrivains et leur public • L. B. Le calendrier est disponible sur simple demande auprès de l’Arald. Par ailleurs, vous trouverez prochainement sur notre site – www.arald.org – un calendrier des manifestations avec encore plus de dates et de rendez-vous Demandez le programme ! L’édition à découvert n°221 - février 2007 supplément à livres-hebdo et livres de France réalisé par l’agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation > w w w. a ra l d . o rg Édition Libris rejoint Glénat > p. 2 Lectures Virginie Ollagnier, Robert Alexis, Anne-Marie Langlois, Myriam Anissimov, André Bucher, un beau début d’année 2007 pour les écrivains > p. 4 à 6 Nouvelle collection Les éditions Stéphane Bachès se mettent en cuisine > p. 9 Portrait Jean-Pierre Martin > p. 12 le mensuel du livre en Rhône-Alpes Depuis quelques mois, les mauvaises nouvelles s’accumulent du côté de la petite édition. Cessation d’activité chez Farrago, à Tours, et chez Al Dante, maison spécialisée dans la poésie contem- poraine, fermeture de l’imprimerie au Temps qu’il fait, à Cognac, même si Georges Monti poursuit l’édition. Autant de maisons de littérature qui accomplissent/accomplissaient un travail précieux. Rhône-Alpes n’est pas é pargné, avec les importantes difficultés des éditions Comp’Act, créées en 1 986 et installées à Chambéry en 1994 . Beaucoup d’entre vous ont sans doute reçu la lettre signée de leur directeur, Henri Poncet, qui résonnait comme une mise en garde tout autant que comme un appel à la solidarité des lecteurs ; l’éditeur tirait la sonnette d’alarme, en insistant sur la situation dans laquelle la fermeture par Léo Scheer de La Fédération-Diffusion plaçait sa maison d’édition (voir www.editionscompact.com). La sienne et une dizaine d’autres. Mais cet épisode – malheureusement un parmi d’autres dans le long feuilleton de la diffusion-distribution des petits éditeurs – n’est aux yeux d’Henri Poncet qu’un « surdéterminant », dans un contexte extrêmement difficile pour l’édition de création. Aujourd’hui, malgré le soutien des lecteurs et celui des institu- tions régionales et nationales, l’avenir de Comp’Act reste incertain. Plus de quatre cents ouvrages de littérature et de poésie dans un catalogue, des revues telles que La Main de Singe et La Polygra p h e , ne constituent pas en effet une garantie (bancaire…) suffisante pour résister à l’emballement de la produc- tion éditoriale ainsi qu’aux exigences de plus en plus coûteuses de la diffusion et de la distribution indus- trielle. Un peu partout, l’édi- tion dite de création paye le prix de sa singularité. C’est aussi le prix de la diversité • L a u rent Bonzon

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Le calendrier 2007 des fêtes etsalons du livre en Rhône-Alpesvient de paraître. Il recense cetteannée une cinquantaine de mani-festations qui, dans des domainesaussi divers que le roman, la poésie,la littérature jeunesse, le régiona-lisme, la montagne ou la corres-pondance, attireront un largepublic tout au long de l’année, dansles grandes villes comme dans lespetites communes. Des rencontres,des débats, des lectures, des randon-nées, des concerts, les manifesta-tions du livre et de la lectureconquièrent une place de plus enplus importante dans la rencontre– qui reste œuvre délicate – entreles écrivains et leur public • L . B .

Le calendrier est disponible sur simple demande auprès de l’Arald. Par ailleurs, vous trouverez prochainement sur notre site – www.arald.org – un calendrierdes manifestations avec encore plus de dateset de rendez-vous

Demandez le programme !

L’édition à découvert

n°221 - février 2007

supplément à livres-hebdo et livres de Franceréalisé par l’agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation> w w w. a ra l d . o rg

Édition

Libris rejoint Glénat

> p. 2

Lectures

Virginie Ollagnier, Robert Alexis, Anne-MarieLanglois, Myriam Anissimov,André Bucher, un beau débutd’année 2007 pour lesécrivains

> p. 4 à 6

Nouvelle collection

Les éditions Stéphane Bachèsse mettent en cuisine

> p. 9

Portrait

Jean-Pierre Martin

> p. 12

le mensuel du livre en Rhône-Alpes

Depuis quelques mois, les mauvaises nouvelles s’accumulent ducôté de la petite édition. Cessation d’activité chez Farrago, àTours, et chez Al Dante, maison spécialisée dans la poésie contem-poraine, fermeture de l’imprimerie au Temps qu’il fait, à Cognac,même si Georges Monti poursuit l’édition. Autant de maisonsde littérature qui accomplissent/accomplissaient un travailprécieux. Rhône-Alpes n’est pas é pargné, avec les importantesdifficultés des éditions Comp’Act, créées en 1986 et installées àChambéry en 1994 . Beaucoup d’entre vous ont sans doute reçula lettre signée de leur directeur, Henri Poncet, qui résonnaitcomme une mise en garde tout autant que comme un appel à lasolidarité des lecteurs ; l’éditeur tirait la sonnette d’alarme, eninsistant sur la situation dans laquelle la fermeture par Léo Scheerde La Fédération-Diffusion plaçait sa maison d’édition (voirw w w.editionscompact.com). La sienne et une dizaine d’autres.Mais cet épisode – malheureusement un parmi d’autres dans lelong feuilleton de la diffusion-distribution des petits éditeurs –n’est aux yeux d’Henri Poncet qu’un « s u rd é t e r m i n a n t », dans uncontexte extrêmement difficile pour l’édition de création.Aujourd’hui, malgré le soutien des lecteurs et celui des institu-tions régionales et nationales, l’avenir de Comp’Act reste incertain. Plus de quatre cents ouvrages de littérature et de poésiedans un catalogue, des revues telles que La Main de Singe et L aP o l y g ra p h e, ne constituent pas en effet une garantie (bancaire…)suffisante pour résister àl’emballement de la produc-tion éditoriale ainsi qu’auxexigences de plus en pluscoûteuses de la diffusion etde la distribution indus-trielle. Un peu partout, l’édi-tion dite de création paye leprix de sa singularité. C’estaussi le prix de la diversité •L a u rent Bonzo n

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Édition

Ce fut une surprise. Les choses sont d’ailleursallées trop vite pour laisser place à la rumeur.Les premiers contacts ont eu lieu à la Foiredu livre de Francfort, en octobre dernier, etfin novembre, Jacques Glénat et HubertOdier se sont mis d’accord. Glénat fait doncl’acquisition de 100 % des parts de Libris –une vente réalisée à titre personnelle parHubert Odier pour un montant non commu-niqué –, ce qui entraîne la fusion des deuxéditeurs, de leurs activités ainsi que de leurséquipes. Une fusion à dimension régionalequi trouve sa place dans le mouvement globalde concentration que vit le monde de l’édi-tion et qui s’accélère encore depuis quelquesannées.Avec cette opération, disparaît une maisonindépendante en pleine santé, spécialisée dansle régionalisme, même si la marque Librisdemeurera au sein du groupe Glénat et conti-nuera à développer les produits éditoriaux quiont fait son succès – guides de randonnée,livres de cuisine régionale… Pour HubertO d i e r, créateur de Libris en 1988, l’affaire nes’est pas faite pour des raisons purement capi-talistiques ou financières, puisque la maisongrenobloise augmentait sa rentabilité chaqueannée et qu’il aurait été plus rémunérateur dese montrer patient. « C’est plutôt le projet quem’a présenté Jacques Glénat qui m’a intéressé » ,explique-t-il. Et il poursuit : « l’idée c’est qu’enmixant les équipes de Libris et de Glénat, en réor-ganisant l’ensemble des catalogues par pôlethématique, nous arrivons à dégager une posi-tion de leader en matière de guides de ra n d o n n é epar exemple, ce qui n’était pas le cas de Glénata u p a ravant puisque nous étions frontalementconcurrents et à taille quasi égale. » C’est vraique, dans le domaine des guides de randon-née, l’ensemble formé par les deux maisonspèse désormais un poids significatif et devientun acteur incontournable dans le domaine desloisirs, de la nature, de la montagne…

De Glénat à Glénat

Et dire que Libris, à ses débuts, n’était pasdestiné à faire de l’édition… Ce n’est d’ailleursqu’en 2000 qu’Hubert Odier décide d’ajouterà son métier de packager celui d’éditeur. Àregarder le catalogue Libris aujourd’hui, onvoit à quel point les choses sont allées vite. Sixannées d’édition pour dix-huit années d’exis-tence, et un savoir-faire indéniable qui s’ap-puie notamment sur la PAO et les nouvellestechnologies, des domaines dans lesquels l’en-treprise a souvent été pionnière. Pas étonnantlorsqu’on découvre le parcours d’HubertO d i e r, cinquante ans, ingénieur de formation.Glénat est d’ailleurs pour lui une vieilleconnaissance puisqu’il a passé cinq ans danscette maison, responsable de la productionavant de passer à l’édition avec la publicationdes premiers livres de randonnée et demontagne. En 1988, Hubert Odier quitteJacques Glénat pour voler de ses propres aileset fonder... Libris. C’est donc une sorte deretour aux sources auquel on assiste aujour-d’hui.Car Jacques Glénat intègre aussi HubertOdier, qui devient directeur général déléguédu secteur Livres (tout ce qui ne fait pas partiedu royaume phare de Glénat qu’est la bandedessinée) et compte désormais dans ses attri-butions la gestion de maisons comme GlénatLivres, Atlas, Didier-Richard (acquis parGlénat en 2004), les Guides Franck, La Société

de géographie, Le Chasse-Marée, L’ A l p e e tLibris. Un ensemble qui génère un chiffred’affaires d’environ 20 millions d’euros, soitdix fois plus que Libris : « En termes de busi-ness et de management, c’est un changementd ’ é c h e l l e », commente Hubert Odier, quitrouve là un défi « intéressant et excitant ». Samission consiste donc à remettre à plat l’offre« l i v r e s » de Glénat qui, compte tenu de sataille, de ses capacités d’investissement et dediffusion, entend se positionner sur desthématiques plus générales et développer denouvelles gammes éditoriales dans lesdomaines de la nature, du sport et de lagastronomie.

Lutter contre la morosité du marché

Faire progresser le secteur Livres par rapportau secteur Bande dessinée, qui reste malgrétout le domaine de référence des éditionsGlénat et le moteur de son développement,telle est la nouvelle mission d’Hubert Odier.Celui-ci sait qu’une grande maison commecelle de Jacques Glénat doit prendre peu à peusa place face à de grands concurrents généra-listes et anticiper les éventuels retournementsde tendance, notamment dans un contexte2006 bien peu porteur pour le marché dul i v r e : « C’est une stratégie offensive pourcompenser cette morosité générale de l’éditionpar un dynamisme éditorial », commente lenouveau directeur général du secteur Livres,qui est également membre du comité de direc-tion du groupe.De nombreux défis l’attendent : réorganiserle secteur, avec la trentaine de personnes quicomposent les équipes (dont tous les salariésde Libris, qui intègrent Glénat et doivent ytrouver leur place), structurer l’offre édito-riale et la développer, faire en sorte qu’unegrande maison nationale quitte un marché deniche pour se positionner sur une offre plusgénéraliste, contribuer à la création d’unenouvelle revue de géographie, qui paraîtra àla rentrée 2007, poursuivre le développementdans le domaine du guide de randonnée etfaire face à l’enjeu majeur de ce secteur : lepassage aux supports numériques mobiles.Autant de terrains sur lesquels la puissancefinancière d’un groupe comme Glénat peuts’avérer décisive. En tout cas, plus aucunemaison de régionalisme en Rhône-Alpes nepeut lui faire de l’ombre • Laurent Bonzon

Ex-Libris !« Libris rejoint Glénat ». C’est par ces mots que s’ouvrait le communiqué de presse commun adressé aux rédactionsau mois de décembre. Depuis le 1er janvier, c’est chose faite. Un nouveau défi pour HubertOdier, responsable de Libris, et un nouvel essor pour leséditions Glénat. Tour d’horizon.

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Librairie – milieux pénitentiaires

300 m2 + 200 m2 = 500 m2

Voilà une opération de rapprochement entredeux librairies tout à fait originale ! C’estMichel Faraut et Jacques Glénat qui en onteu l’initiative. Le premier est le gérant deslibrairies Glénat de Lyon et de Grenoble, maisil est aussi le créateur de la librairie Gaia qui,depuis 2003, propose une offre spécialisée dansle domaine du voyage, de la montagne, desloisirs, mais aussi tout l’équipement nécessairepour l’aventure. Le second est le propriétairedes deux librairies, dont celle de Grenoble (200 m2), qui jouxte le Gaia-Store (300 m2) etpropose de la BD et du manga ainsi qu’uneoffre environnement-loisir proche de celle deson voisin.Jusqu’en novembre dernier, pour aller de l’uneà l’autre librairie, le client devait sortir et faireune centaine de mètres. Après entente ettravaux, les deux magasins n’en forment plusqu’un seul. Mais attention, chacun reste chezs o i ! Ainsi, si l’on fait caisse commune, c’estpour ensuite répartir les chiffres d’affairesentre les deux librairies. Une opération simple,selon Michel Faraut, qui estime que cettesynergie nouvelle a porté ses premiers fruitsdès Noël. Si les comptes restent distincts, leséquipes, elles, se sont mélangées et ont apprisà se connaître. Un autre bienfait pour lalibrairie, précise Michel Faraut, qui poursuit :« C’est quand cela va mal qu’il faut faire preuved’initiative ».

Librairie Glénat19, avenue Alsace-LorraineGaia-Store6, rue d’Alsace38000 GrenobleTél. 04 76 86 86 96www.gaiastore.com

Des films en librairieDe la littérature de création au documentairede création, il n’y a qu’un pas… C’est dumoins ce que sous-entend « Films documen-taires de création en librairie », une opérationsoutenue par la Région Rhône-Alpes. Ceprojet est lancé par l’association Doc NetFilms, située en Ardèche, qui regroupe unetrentaine de producteurs indépendants et alancé un portail du film documentaire( w w w.docnet.fr). Il permet à dix librairies deRhône-Alpes de proposer une soixantaine deDVD qui vont des classiques du film docu-mentaire à une quinzaine de titres issus de laproduction régionale, en passant par un choix

plus hétéroclite, où la littérature n’est pas toutà fait oubliée (Libre le chemin, un film deRodolphe Barry sur Charles Juliet et un docu-mentaire sur Gabriel Garcia Marquez).D’autres titres peuvent être commandés parmiun fonds qui met en avant des représentationsdu monde originales et des films de créationéchappant en grande partie au flux télévisueldes images. Ces DVD sont donc disponiblesdans les librairies partenaires qui, pour l’ins-tant, sont au nombre de dix dans la région :Librairie du Tiers Temps (Aubenas), Écriture(Chabeuil), Garin (Chambéry), Préface(Firminy), Le Square (Grenoble), Histoiressans fin (La Roche sur Foron), À plus d’untitre et la Librairie du Tramway (Ly o n ) ,Libraire Lafontaine (Privas) et la LibrairieChemain (Voiron).

Culture en prison :où en est-on ?C’était en 2005, à la Comédie de Valence, etce n’était pas du théâtre. Durant deux jours,quatre cents personnes se sont réunies pourévoquer le développement des actions cultu-relles et artistiques en milieu pénitentiaire :« Culture en prison : où en est-on ? »La publication des actes de ces rencontresnationales – faites de conférences, de débats,d’ateliers, mais aussi de présentations de spec-tacles et projections de films –, orchestrée parla Fill (Fédération interrégionale du livre etde la lecture) avec le soutien du ministère dela Culture et de la Communication et duministère de la Justice, constitue une nouvelleréférence pour les professionnels et tous ceuxqui s’intéressent aux différentes dimensionsde l’accès à la culture en milieu pénitentiaire.Les publics, les acteurs, les projets culturels,quel bilan et quelles perspectives ?, Culture enp r i s o n propose une synthèse et marque unenouvelle étape de la réflexion dans ce domaine.

Actes des rencontres nationalesCulture en prison : où en est-on ?Fill – 224 p., 22 eISBN 2-915327-21-1

Toujours disponibles à la Fill :Guide pratique : les actions culturelles et artistiques en milieu pénitentiaire80 p., 11 eISBN 2-907420-98-4

Guide du détenu bibliothécaire80 p., 9 eISBN 2-915327-20-3

Renseignements : www.fill.fr

Lire à Saint-Étienne,une convention…Développer la lecture et les animations autourdu livre à la Maison d’arrêt de La Ta l a u d i è r e ,tels sont les objectifs de la convention signéeen décembre dernier par l’association Lire àSaint-Étienne, le Service pénitentiaire d’in-sertion et de probation (Spip), la Maisond’arrêt et l’association socioculturelle desdétenus. Cette convention vient formaliser lesefforts accomplis par Lire à Saint-Étienne etpar tous les acteurs pour multiplier les actionsautour du livre et de la lecture en milieu péni-t e n t i a i r e : des débats littéraires dans la biblio-thèque de la Maison d’arrêt, cinq à sixrencontres chaque année avec des écrivains(en 2006, Ahmed Kalouaz, Daniel de Roulet,Hervé Rigot-Müller), au quartier hommes ouau quartier femmes, l’objectif « 500 mots » ,qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contrel’illettrisme, des concours de nouvelles et depoésies… l’équipe de bénévoles regroupéeautour de Jacques Plaine proposera une année2007 riche en événements.

Le polar derrière les murs, 5e éditionLe Coup de cœur polar des détenus poursuitson chemin grâce à l’action de Savoie-Biblio,de l’association Ocre Bleu, des Travailleurs dun o i r, de la librairie Urubu (Valence) et del’Arald. Cette cinquième édition, qui mobi-lise les établissements pénitentiaires de larégion Rhône-Alpes, permettra aux détenusde voter parmi une sélection de huit titres :Pascale Fonteneau, Grégoire Hervier, Jean-Bernard Pouy & Marc Villard, Michel Maison-neuve, Patrick Raynal, Christian Roux, ElisaVix et Thanh-Van Tran-Nhut. Le « Coup dec œ u r » sera remis à l’occasion de la Cambusedu noir, à Valence, le 17 mars. Pendant cettemanifestation, certains auteurs participerontà des rencontres dans les établissements péni-tentiaires.

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Carnets de lecture Romans

Massages bien reçusToutes ces vies qu’on abandonne de Virginie Ollagnier

Si Bayreuth m’était contéL’Année de fête, l’année de Lou de Danièle Roth

Questions à Virginie Ollagnier

Toutes ces vies qu’on abandonne, de Virginie Ollagnier, est bien unpremier roman, de surcroît parvenu par la poste à son éditeur, LianaLevi. Ce qui est étonnant, tant le livre frappe par la maîtrise de l’écri-ture aussi bien que par celle de la narration. La langue est limpide,précise. Son classicisme, jamais corseté, évoque plus les grands roman-ciers du début du siècle dernier que les dernières tendances forma-listes. Chose logique, compte tenu du sujet du livre. Celui-ci nousentraîne au lendemain de la Première Guerre mondiale au bord dulac d’Annecy. L’intrigue, solidement ficelée, s’organise autour de larelation d’un homme et d’une femme. Mais sans qu’il s’agisse d’unesimple histoire sentimentale. On découvre une toute jeune fille quihésite sur sa vocation, entre médecine psychiatrique et retraite reli-gieuse. Elle est sans cesse partagée entre les aspirations de son corps etl’élévation de sa foi. Thème bernanosien par excellence que l’auteurtraite avec beaucoup de psychologie et de profondeur. Des qualitésque l’on retrouve dans la manière de décrire le personnage de l’homme.Un soldat de retour du front, qui reste prostré en lui-même, incapablede se mouvoir et de communiquer avec son entourage.C’est grâce à la jeune fille qu’il va recouvrer petit à petit un accès à lavie consciente. Il retrouve ses souvenirs, heureux et malheureux, loin-tains ou proches, grâce aux massages lents et doux qu’elle a mis aupoint pour le sortir de l’apathie. Non sans que soient essayées d’autresthérapies, liées à la psychanalyse ou à l’hypnose, souvent révolution-naires pour l’époque. Le lien qui unit les deux principaux personnages,mais aussi la manière dont interviennent les personnages secondairesles côtoyant, l’ambiance d’après l’horreur, quand la vie reprend sesdroits, sont magnifiquement restitués par Virginie Ollagnier. Son récitcaptive d’un bout à l’autre • Nicolas Blondeau

Il est des personnes, des personnages, qui trouvent un écho sans findans la littérature. En France et ailleurs. Lou von Salomé est de ceux-ci. Le temps d’une promenade, le temps d’une représentation flam-boyante de Parsifal à Bayreuth, le temps d’une aventure partagée avecFriedrich Nietzsche et Paul Rée, Danièle Roth tente de saisir de l’in-térieur cette femme moderne et cette égérie. Un roman polyphoniqueet le récit d’une liberté • L. B.

Votre écriture est résolument classique et vous n’avez aucune tendanceau nombrilisme. Est-ce pour mieux vous démarquer de la productionlittéraire actuelle ?Non, il n’y a pas de calcul. Simplement je suis beaucoup plus attiréepar les œuvres de vraie fiction qui nous font découvrir des événements,des personnages. J’ai envie de sortir du quotidien. Les états d’âme detel ou tel écrivain ne m’intéressent pas. Pour ce qui concerne mon écri-ture, mon livre se passe en 1918 : il fallait donc que mes personnagess’expriment, pensent, selon les codes en vigueur à cette époque. Meshéros ne sont pas modernes, on peut même dire qu’ils sont datés. J’aibien sûr aussi de grandes références littéraires de cette période, maisje ne crois pas que cela ait joué.

Comment avez-vous fait pour recréer ce monde de l’immédiat après-guerre que vous n’avez évidemment pas connu ?Je me suis énormément documentée. L’appropriation se fait à traversla recherche. Et puis j’ai tenté ensuite de me projeter dans ce mondepour lequel je n’avais en tête que des images en noir et blanc. Je mesuis alors demandée ce que j’aurais fait, quelles auraient été mes réac-tions dans un tel univers.

Et pourquoi justement cette époque ?Elle me paraissait propice au développement d’un thème fondateur dur o m a n : celui de la mémoire corporelle. J’avais pensé à un autre ancrage,lui aussi très violent, celui de la guerre du Viêt-Nam. Mais j’ai eu accèsà beaucoup plus de documents, de témoignages, d’écrits de psychiatresme permettant d’avancer, qui sont liés à la Première Guerre mondiale.

En quoi cette mémoire du corps est-elle si importante ?Je suis partie d’un souvenir personnel : étant adolescente, je me suis untemps trouvée dans l’incapacité physique totale d’écrire, mon poignet,terriblement douloureux, le refusait. Cela m’a donné la conviction quel’on ne peut dissocier le physiologique du psychologique. Et pour créermon héros de soldat, qui revient du frontdans la totale incapacité de bouger ou dep a r l e r, je me suis inspirée de nombreuxcas qui ont été rapportés d’hommesrevenus complètement amnésiques, cata-toniques ou encore présentant des symp-tômes d’agitation extrême. Je me suis aussiappuyée sur ce que j’ai pu trouver concer-nant les thérapies mises en place pour cetype de cas, parfois à base d’hypnose oude psychanalyse • Propos recueillis par N. B.

L’Année de fête, l’année de Loude Danièle RothL’Harmattan, collection « Roman historique »166 p., 14,50 eISBN 2-296-01057-1

Toutes ces vies qu’on abandonnede Virginie OllagnierLiana Levi288 p., 18 eISBN 978-2-86746-432-4

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Le réel et son doubleLa Véranda de Robert Alexis

Sacré manègeChants de mars de Marc Ory

La guerre et rien d’autreEnclaves de Anne-Marie Langlois

Il est des livres que l’on traverse comme unsonge. Qui laissent l’impression diffuse denous avoir révélé une part de nous-mêmes,sans que l’on sache très bien de quoi il s’agit.Il en va ainsi du dernier récit de RobertAlexis, La Véra n d a, qui brille par sa subtilité,son mystère et son élégance. Lors d’un trajeten train, un riche héritier se souvient desnombreux voyages qu’il a effectués au cœurde la mythique Europe centrale. Parmi seslieux de prédilection, il y a ce lac autrichiensur lequel il a jadis ressenti une « r e c o n n a i s-sance subite » lorsqu’il a aperçu, sur un flancde montagne, une maison et sa « v é ra n d a » .Le nomade y reconnaît alors un possible pointd’ancrage, un potentiel lieu de paix et der e p o s : « N’étais-je pas là chez moi, après autantd’années d’erra n c e ? ». Il se met en tête deposséder cette villa. Les démarches qu’il entre-prend le mèneront à l’envoûtante propriétairedes lieux, une comtesse qui semblait n’at-tendre que lui...Difficile d’en dire plus sans révéler ce qui faitl’attrait irrésistible de ce livre étrange, singu-l i e r, fascinant. Robert Alexis donne un récità la frontière des genres, oscillant avec finesseentre réalisme, onirisme et fantastique. Enrésulte une sorte de conte philosophique quitraque sans relâche les obsessions et lesfantasmes, qui dénoue les fils ténus de laconscience, qui dissèque les plus fragiles méca-nismes de l’âme humaine avec clairvoyanceet profondeur. Les lieux, comme les person-nages, sont nimbés d’un halo de mystère queRobert Alexis prend un malin plaisir à entre-t e n i r. Sa langue, d’un très grand raffinement,nous mène de Vienne à Salzbourg en passantpar Istanbul, dans un tourbillon d’images, desentiments, de réflexion, à la recherche de « l aseule vraie pierre philosophale, la faculté de s’abs-t raire du temps, de glisser [...] dans la doucetiédeur de limbes éternelles » • Yann Nicol

La Vérandade Robert AlexisJosé Corti158 p., 15 eISBN 978-2714309334

Chants de marsde Marc OryÉditions Comp’Act202 p., 18 eISBN 2 87661 390 5

Chants de mars est le premier roman d’un écrivain qui n’a pas passé sa vie dans le sixième arron-dissement de Paris (il a émigré au Canada et travaille à l’École nationale d’aérotechnique), etcela se constate, s’apprécie, dès les premières pages. La fantaisie y règne en maître, l’écriture yétincelle de tous ses feux, permet à toute une galerie de personnages truculents de réveiller ennous d’excellents souvenirs de lecture (de Mendiants et orgueilleux de Cossery aux Va l e u r e u x d eCohen). Il y a Elhabdi alias « Maître Asraouai », qui circule en vélo vêtu de sa toge (« Avec soncasque de coureur cycliste olympique violet phosphorescent, effilé à l’arrière comme un vaisseauspatial, c’était le portrait craché d’un plombier d’Alpha du Centaure »). Il y a Omar, à la doubleorigine, qui s’est converti à l’islam au grand désespoir de certains de ses proches (« Ses tantesavaient essayé de le ramener dans le giron de la vraie foi, avec des calissons et des marrons glacés, maiselles durent amener leur pavillon quand l’Imam sortit sa boîte de rahat loukoum»).Marc Ory jongle avec tous les niveaux de langue possibles et imaginables (et même les impos-sibles et les inimaginables, par exemple : le « joual marseillais » ou « l ’ a rabe à la San-Antonio » ) ,qu’il s’agisse de rendre une scène de marché comme un opéra bouffe ou de raconter une expé-dition scientifique au Sahara. Que bella la commedia ! Nul esprit de lourdeur, nul esprit deressentiment chez ces personnages qui réinventent sans cesse le monde, même si les cicatricesde l’histoire sont présentes à chaque chapitre.De la ville-monde de Marseille, où l’Archevêché a déclaré « zone catholique sinistrée » les quar-tiers chics, au Royaume himalayen du Mustang, Marc Ory mène une sarabande enfiévrée etcommunicative • Frédérick Houdaer

Il est des livres qui semblent en dire long sur leur auteur, en touscas bien plus que ce que leur pudeur naturelle n’aurait penséd é v o i l e r. E n c l a v e s fait partie de ces œuvres où la souffrance est telle-ment présente, tellement documentée, qu’elles ne peuvent avoirété conçues qu’au voisinage d’une douleur bien réelle. Situé en1993, au plus fort du conflit qui meurtrit l’ex-Yougoslavie (et couvrede honte une Europe scandaleusement immobile), le roman nousmène dans le sillage de Clara, une jeune femme issue de la bonnesociété, qui, frappée par le plus cruel des deuils, tente de se recons-truire dans un pays plus en ruine qu’elle. Arrivant à Sarajevo, elledonne un nouveau sens à sa vie en troquant son chagrin intimecontre un dévouement frisant parfois l’inconscience. Croquant destableaux précis avec force détails, décrivant avec minutie des person-nages qui, en réalité, doivent être de « vraies » personnes, le texted’Anne-Marie Langlois tient davantage du récit que du roman ;même la plus perverse des imaginations serait incapable de riva-liser avec les atrocités dont l’homme a pu se rendre coupable • Vi n c e n t

Raymond

Enclavesd’Anne-Marie Langlois

Robert Laffont252 p., 18 e

ISBN 978-2-221-10667-9

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Carnets de lecture Romans – Poésie

Le vaisseau fantôme de la mélancolieVie et mort de Samuel Rozowski de Myriam Anissimov

À petit feuCe que la vie fera de nous d’Ahmed Kalouaz

La vie, une nuit durantDéneiger le ciel d’André Bucher

Coupé(e) en deux… À l’image de la vie de Myriam Anissimov, sondernier roman, Vie et mort de Samuel Rozowski, est un double récitqui court tout au long du livre sur deux époques différentes. Lesannées d’après-guerre, années d’enfance lyonnaise d’une petite fillejuive qui peine à trouver sa place dans cette France « r é c o n c i l i é e »pour laquelle les atrocités commises ne doivent désormais plus êtreq u ’ u n mauvais souvenir. Plus tard, une vie plus tard, la narratrices’embarque pour Riga afin d’y retrouver son chef d’orchestre de mari.Dans la capitale lettonne, fraîchement libérée de l’emprise soviétique,les traces de l’extermination des Juifs sont omniprésentes et rattra-pent la visiteuse.Entre ces deux vies, entre ces deux périodes, entre la femme intégréeet une partie d’elle-même, restée à jamais perdue dans l’abîme de laShoah, il y a un homme : Samuel Rozowski. Figure du Juif révoltéqui a choisi le banditisme pour laver l’injure faite aux Juifs depuisdes siècles, ce vengeur a toujours rêvé de « souiller la France, ou biende tirer dans le tas. De Juif d’Auschwitz, il avait voulu devenir Juif gang-s t e r. » Myriam Anissimov relate la vie tumultueuse de ce personnage(peut-être) coupable d’un double meurtre, mais qui se veut « o n t o l o-g i q u e m e n t » innocent. À lui seul, il incarne toute l’ambivalenceressentie par une génération venue au monde au beau milieu ducauchemar européen : comment lutter contre le désespoir de n’avoirpas pu combattre le fléau qui a anéanti la génération des parents etdes grands-parents ? Comment accepter que ce qui s’est passé puisseêtre désormais considéré comme un « épisode » historique à rangerquelque part dans notre mémoire ? Quelle cause épouser désormais ?Que Samuel Rozowski soit un faussaire ou un vengeur n’a finale-ment pas d’importance. Son parcours, ses excès, son inaptitude à vivredans le monde dont il est l’héritier, permettent à Myriam Anissimovde mettre des mots et des images sur la fêlure douloureuse autour delaquelle une génération s’est construite • L. B.

Quatrième roman d’André Bucher, qui saitse faire rare, depuis trente ans qu’il vit dansles hauteurs de la Drôme, à l’abri du mondemais pas de ses tourments. Car on imagine –mais c’est peut-être à tort – que David, lehéros de ce nouveau roman, joliment titréDéneiger le ciel, tient beaucoup à l’auteur lui-même. Solitaire plutôt que réellement seul,cet homme veuf à la soixantaine agile etvolontaire vit en harmonie avec un pays qu’ilne connaît que trop bien : sa nature, ses habi-tants, hommes et femmes modestes, occupéspar ce que la vie leur donne et leur reprend.Il y a Pierre, homme frustre et esseulé dontla demeure, elle non plus, ne tient plus toutà fait debout ; il y a Serge, celui qui, à la placede David, trop las, est désormais chargé dud é n e i g e m e n t ; il y a Muriel, amante et recluse.Et puis, autour de David, une fille et deuxpetits-enfants, ainsi qu’Antoine, grand « filsde rechange » qui grimpe de temps à autrejusque là-haut. Voilà pour les vivants. Pourle reste, il y a les fantômes : Mireille, safemme, morte accidentellement, Martine, fillede Muriel disparue sans laisser de traces.Peu avant Noël, une nuit de tempête, Davidva devoir cheminer à pied entre les uns et lesautres, les trouver et se trouver, les aider ets’aider lui-même, apprendre à distinguerl’ombre de la lumière, à voir plus clair, enfinplus clair. Déneiger « s o n » ciel, c’est bien celaqui compte : car « la neige ne se contentait pasde charrier des flocons gorgés d’eau, elle colpor-tait des souvenirs, des instants pénibles oumerveilleux qui coulaient insidieux, des gouttesen suspension, une perfusion à l’intérieur ducrâne. »Le chemin jusqu’au soleil du matin conduiraDavid enfin chez lui, en son foyer le plusintime. À sa manière pleine de sagesse naïveet sincère, André Bucher peint un paysaged’êtres ordinaires, frappés ordinairement parles cruautés de l’existence, les douleurs et lesdeuils qui accompagnent les humains et, peuà peu, alourdissent leur marche • L. B.

Vie et mort de Samuel Rozowskide Myriam AnissimovDenoël256 p., 18 eISBN 978-2-20725684-8

Ce que la vie fera de nousd’Ahmed Kalouaz

Éditions La Passe du vent101 p., 10 e

ISBN 2-84562-092-6

Déneiger le cield’André BucherSabine Wespieser Éditeur160 p., 17 eISBN 978-2-84805-050-8

Des nouvelles plus ou moins brèves qui se lisent comme on enfile de petites perles : avec atten-t i o n . Une lecture à faire au coin du feu, un soir d’hiver. Des histoires en un clin d’œil – à peinele temps de s’y installer que le point final s’impose. Discrètement, des bribes de vies surgissent.Parfois simples, souvent tendres, tristes, belles tout à la fois et… la mélancolie comme filconducteur ténu. Récits en forme de mémoire vive d’une époque juste passée qui ferait croireparfois qu’un peu de désuétude s’est glissée dans l’écriture. Ahmed Kalouaz conte à la manièredes réalisateurs de courts-métrages qui font redécouvrir des presque riens du quotidien, dupresque tout de notre fragile humanité : « La grand-mère m’a dit dans une larme, la petite estpartie hier au jour de ses vingt ans. J’ai murmuré non, cette chose impos-sible, répété non, en regardant vers le jardin sous le soleil de midi, histoirede fuir un instant encore. » Des histoires marquées ici par l’absence, làpar le deuil, là encore par des bonheurs doux et amers. On ne peutque s’abandonner à ces nouvelles qui s’égrainent au fil d’un tempssuspendu : « L’automne plongeait ses doigts dans les branches des arbres,les forêts prenaient le soleil avant les premiers froids. » Une écriturepresque classique, en finesse, sans extravagance ni effet de plume,pétrie d’humanité • Pascale Clavel

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Exploration de la frontièreLe Lieu d’être de Michel Thion

Poésie trouvéeAvis de reherche poésie arménienne contemporaine

Les mots balisesL’Opulence de la nuit de Charles Juliet

Poésie en revuesBacchanales n°40, Mercure liquide

L’une des définitions possibles de la poésie estqu’elle laisse son sens se construire dans lapatience de notre lecture, qu’elle n’use pas dela langue comme un outil mais qu’elle estdans la langue, dans le mouvement de lire,sens et forme confondus.C’est ainsi qu’on lira Le Lieu d’être, quatrièmelivre de poésie de Michel Thion, publié dansla collection « M a t i è r e » de la toute jeunemaison d’éditions Castells, avec des peinturesd’Anne Weulersse.Le Lieu d’être est de ces livres qui se révèlentdans un double mouvement d’offrande et derepli. Qu’ils évoquent la douceur ou la souf-france, les mots sont simples, portés par unebeauté sereine. « Au lieu d’être, on explore avecune douce inquiétude la frontière, l’instantheureux où l’on est sur le point de savoir quelquechose, le temps naissant du crépuscule de l’igno -rance.Le savoir nous est ce trouble joyeuxQui toujours commence et jamais ne finit. »La plus grande partie du livre chemine « s u rla frontière », fait se répondre douleur etplénitude, indissociées dans notre conditionhumaine, fidèle à la formule de Claude Vi g é e« le poète est à la frontière entre la célébra t i o ndu monde et l’horreur du monde. » Le secondmouvement du texte, plus bref, nous emporte« à l’intérieur de la frontière », déroulant parbribes un réel morcelé, fait d’incertaines sensa-tions. Se confrontant à l’incapacité de lalangue à dire ce qui est, la lecture nous faitavancer par tâtonnements, creuser dans lebrouillard du monde pour écouter ce que ditl’autre en nous • Jean-Marc Vidal

Le Lieu d’êtrede Michel ThionPeintures d’Anne WeulersseÉditions Castells102 p., 17 eISBN 978-2353180042

L’Opulence de la nuitde Charles JulietP.O.L.160 p., 16 eISBN 2-84682-169-0

Mercure Liquide, revue littéraire & graphiqueN°4, mai 2006, 7 ewww.mercureliquide.com

Bacchanales n°40Mémoires d’eauMaison de la poésie Rhône-Alpes152 p., 15 e

Avis de rechercheUne anthologie de la poésie arménienne contemporainePoèmes choisis et traduits par O. Alloyan, S. Juranics, K. Beledian et N. AbrahamianÉditions Parenthèses338 p., 24 eISBN 2 86364 167 0

Avis de recherche, quel meilleur titre pour uneanthologie de la poésie arménienne contem-p o r a i n e ? Le poème qui ouvre le recueil, signéHovhannès Grigorian, a le mérite d’annoncerla couleur : « Attention/dernier ra p p o r t :/à la findu XX e siècle, à 16h15,/le peuple arménien aquitté le pays/et n’est toujours pas revenu/Signa -l e m e n t : peuple ancien, tourmenté,/ingénieux,t ra v a i l l e u r, endurant,/yeux d’une infinie tris -tesse,/cœur fendu de toutes parts… ». Autantdire que c’est l’énergie du désespoir qui animela plupart de ces textes, l’i m p e rative necessitychère à Faulkner.Saluons Olivia Alloyan, Stéphane Juranics,Krikor Beledian et Nounée Abrahamian pourle travail de reconnaissance et de traductioneffectué, loin de toute sécheresse universitaire.Grâce à eux, la plus effilochée et méprisée desbannières, celle de la poésie, continue àclaquer à nos oreilles. Quant à l’actualité,« l’ennemi le mieux masqué du poète » selonChar, elle n’aura pas le dernier mot • F. H.

Les lecteurs familiers de l’œuvre de CharlesJuliet ne seront pas déroutés par L’ O p u l e n c ede la nuit. On retrouve en effet dans ce recueilrécemment paru les caractéristiques de l’écri-ture de cet écrivain. Son économie de moyensallant jusqu’au dépouillement, son attirancepour les ambiances désolées et ténébreuses.Les différents poèmes écrits au fil des années– le plus ancien date de 1957 –, qui sontregroupés ici, ressemblent à des balises queCharles Juliet aurait semées tout au long deson chemin poétique. Elles se confondent avecles pages les plus précieuses de ses journauxintimes ou de ses récits, tant il est vrai quel’œuvre de cet écrivain forme un tout indis-sociable. Ainsi les nombreux poèmes quiévoquent la mère disparue rejoignentL a m b e a u x, l’un de ses textes emblématiques,tandis que d’autres développent les thèmes dela solitude, de la vocation irréfragable quireviennent dans les volumes de son journalou même dans L’Année de l’éveil • N. B.

Sur le thème de l’eau, qui a rassemblé la 10 e

biennale de poésie en Rhône-Alpes, la revueB a c c h a n a l e s propose un large panorama, avecune cinquantaine de poètes de quatre conti-nents, dont l’œuvre poétique et la langue sontfaçonnées, tout au moins travaillées par lesdifférents états de cet élément.Plus « s e c s », mais tout aussi inspirés, lesauteurs et les artistes de la jeune revue M e r c u r el i q u i d e, qui propose dans son numéro de mai2006 un intéressant mélange textes/images etdes travaux photographiques très bien mis env a l e u r, restent fidèles à l’esprit polymorphe duprojet. Des écritures à la recherche de l’image– et d’autres disciplines artistiques – et desimages qui racontent, proposent un regardcritique et construit sur les réalités qui nousentourent, le tout fondu dans un beau travaild’édition. Un collectif à découvrir • L . B .

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Carnets de lecture Beaux-livres

Catalogage raisonnéQI: le test d’intelligence absolu et définitif de Jean Gourounas

Lyon, ville fortifiéeLes Défenses de Lyonenceintes et fortifications de François Dallemagne

L’esprit de la valléeGueules de pierre de Bernard Vincent et Jean-Jacques Salgon

Attention, best-seller en puissance ! La très rigoureuse et très esthète maison Fage s’est laisséealler dans la proximité de Noël à un petit ouvrage désopilant profitant (avec plus d’intelligenceque d’opportunisme) de l’engouement pour les tests, listes et autres miscellanées – sans renier,fort heureusement, ni son exigence, ni son originalité coutumières. L’auteur de cette très sérieuseplaisanterie, Jean Gourounas, a ainsi conçu 50 questions d’apparence simpliste reposant sur lalogique ou l’observation, permettant de révéler au lecteur-joueur les contours de son quotientintellectuel. Chacune des étapes de cet examen décontracté est égayée d’illustrations « k i t s c h i s-s i m e s » empruntées… à la bible de la ménagère qu’était le catalogue des armes et cycles Manu-france. Ce pan de la mémoire collective populaire, savamment détourné, devient un supportgraphique tirant l’ouvrage vers le n o n s e n s e britannique le plus sophistiqué (la référence auxcollages des Monty Python est non seulement explicite, mais revendiquée).À cause de ce décalage cocasse et du tempérament volontiers farceur de Gourounas, un lecteurpar trop faraud risque d’essuyer une cruelle déconvenue en relevant son score final ; car eneffet, même s’il semble biscornu et dadaïste, ce jeu non conventionnel se soumet à de vraiesrègles. Et lorsque le bon sens ne suffit pas à élucider certaines énigmes a priori insolubles, c’estl’imagination et la propension à l’absurdité qu’il faut convoquer. Attendez-vous donc à répondreà des questions telles que « Lequel de ces quatre garçons va au bal accompagné de Brenda, la fillela plus belle de l’univers ? », ou encore « À votre avis, c’est quoi ce machin ? » (dessins à l’appui) ;préparez-vous à fréquenter des caniches roses, un appareil à fabriquer des braguettes et le capi-taine Fiche. Bref, à vous amuser… sans vous prendre la tête • V. R.

QI : le test d’intelligence absolu et définitif !de Jean GourounasFage Éditions80 p., 9,90 eISBN 2-84975-072-7

Les Défenses de Lyonenceintes et fortificationsde François DallemagnePhotographies de Georges FessyEditions lyonnaises d’art et d’histoire256 p., 35 eISBN 978-2-84147-177-2

De l’oppidum romain à l’impressionnant fortde Feyzin (construit entre 1875 et 1877), del’enceinte de la retraite (XIV e siècle), sur lacolline de Fourvière, au célèbre fort de Montluc(devenu Hôtel de police), ce beau livre surpre-nant nous entraîne à la découverte d’un patri-moine peu connu quoique massif, celui desfortifications de la ville de Lyon. Du grandLyon s’entend, car les forts spectaculaires ontpoussé aussi – et surtout – autour de la ville,assurant la défense d’un site stratégique depuisdes siècles. Les ruines sont là et, à en croire lesphotographies très impressionnantes, noustendent les bras ou se dissimulent dans unenature qui, depuis longtemps, semble avoirrepris ses droits. Le tout dresse un panoramaarchitectural inattendu et passionnant. Quiconnaît le fort du Bruissin et ses magnifiquesc a s e r n e s ? Qui sait que Feyzin, outres ses raffi-neries inoubliables, abrite aussi le fort le plusimportant de la rive gauche ainsi que lepaysage mystérieux et menaçant qui va avec ?Les Défenses de Ly o n propose une visite riche-ment illustrée et extrêmement intrigante à larecherche d’une ville que l’on ne connaît oune reconnaît pas • L. B.

Quelque part en Ardèche, cachée au regard des touristes importuns, qui ne savent pas ou quine veulent pas voir, la vallée de l’Ibie conserve quelques-uns des secrets que connaissent ceuxqui ont grandi non loin de ses détours. Jean-Jacques Salgo n est de ceux-ci. Bernard Vi n c e n tl’a rejoint beaucoup plus tardivement sur ces chemins, mais sa tête est chercheuse. Son œilaussi. C’est lui qui cadre et capture ces Gueules de pierre qui se dressent – ou se reposent – çaet là dans la vallée. « C’est peut-être parce qu’ils ne sont que vulgaires cailloux, pierres du mur oudu chemin, rochers maltraités par les pluies ou le gel des hivers, débris ou survivants du grand cham-b a rdement minéral, que ces blocs de calcaire ont si bien su prêter leur forme et favoriser l’apparitionde ces visages, le temps d’une brève rencontre avec le soleil du matin. »Se suivent donc près d’une soixantaine de portraits, images, couleurs et textes comme un faceà face convergent pour dire les étrangetés de la nature, les angles et les courbes de la pierre,qui ont tant à dire pour autant qu’on sache les surprendre et les regarder. Un prénom, unvisage, une silhouette et une existence imaginées et c’est la vie que ces deux auteurs prêtent àla pierre. Un hymne au minéral qui dit son nom et bien plus encore • L. B.

Gueules de pierrede Bernard Vincent (photographies)

et Jean-Jacques SalgonLes Éditions du Chassel

134 p., 38 eISBN 2-9509918-7-4

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Le livre des recordsDictionnaire encyclopédique des Alpes Éditions Glénat

Stéphane Bachès dans sa cuisine…

Dictionnaire encyclopédique des AlpesSous la direction de Sylvain Jouty, Pascal Kober, Dominique VuillamyÉditions Glénat1280 p., 189 e978-2-7234-3527-7

Une somme ! Formidableprojet éditorial, qui trottedans la tête de l’éditeurJacques Glénat depuis biendes années, le D i c t i o n n a i r eencyclopédique des Alpes a vule jour fin 2006. Concernantcette parution, tous lessuperlatifs sont permis ettous les records battus : 250auteurs des pays alpins euro-péens (Allemagne, Autriche,France, Italie, Slovénie etSuisse), 3 500 notices et 1 5 0 0illustrations pour la partiedictionnaire, 92 thèmes et700 illustrations pour lapartie encyclopédie, plus de 1 200 pages pour les deux volumes…« Il n’y a dans les Alpes de constant que leur variété », écrit si jolimentHorace-Bénédict de Saussure, savant suisse à l’origine de la premièreascension du Mont-Blanc, une citation faite par Sylvain Jouty, respon-sable éditorial, dans sa préface au dictionnaire. De la fondue au Karst,de Manosque à la Styrie, de Jean-Claude Killy aux Allobroges, lesentrées du dictionnaire reflètent la diversité d’un patrimoine à traverslequel se croisent l’histoire et la géographie, la géologie et l’anthropo-logie, l’économie et les sciences sociales.Côté encyclopédie, Pascal Kober et Dominique Vuillamy (par ailleursresponsables de la revue L’ A l p e) ont contribué à dessiner un panoramaextrêmement riche, qui va des territoires aux cultures, en passant parles loisirs et les arts. Un questionnement qui recoupe celui de L’Alpe,mais lui donne une dimension européenne. N’oublions pas que cemassif, à sa manière, relie Nice à Vienne… Pour les auteurs, il s’agis-sait donc de donner à leur domaine de compétence un rayonnementeuropéen. Pas toujours facile. Et c’est sans doute la première fois quel’arc alpin est envisagé dans sa totalité.Côté illustration, c’est proprement la fête. Celle-ci bénéficie notam-ment des richesses du musée Dauphinois de Grenoble. Cartes, gravuresanciennes, photographies, dessins, l’iconographie est omniprésente,dans le dictionnaire comme dans l’encyclopédie, donnant à ce défiéditorial la dimension d’un véritable portrait des Alpes • L. B.

Les Alpes ont désormais leur dictionnaire. Publiés par les éditions Glénat, qui ont grandement soignéla présentation du coffret, ces deux volumes – un pourle dictionnaire, un autre pour l’encyclopédie – rêventd’une synthèse des connaissances autour de l’arcalpin. Un ouvrage à la (dé)mesure de la géographie.

Cinq titres en novembre 2006, six en février 2007,encore six en mai et six de plus en octobre, les éditionsStéphane Bachès, à Lyon, se mettent sérieusement auxfourneaux avec leur nouvelle collection dédiée auxcuisines régionales. Avant-goût.

C’est avant tout l’histoire d’un best-seller inattendu. Une histoire d’édi-tion comme on aime à se les raconter un peu partout. Elle débutecomme l’un de ces romans à énigme au charme suranné, c’est-à-direpar la découverte d’un vieux manuscrit dans une brocante. Le trésorest un ancien cahier de recettes familiales du XIX e siècle dont l’origi-nalité n’échappe pas à un chef cuisinier chineur. Quelques mois plustard, le manuscrit devient Cuisinière lyonnaise, fac-similé retravaillédu cahier de recettes et bel objet éditorial qui sera primé avant d’êtreréimprimé sept fois et d’atteindre 20 000 exemplaires, c’est-à-dire untrès beau score pour les éditions Stéphane Bachès.Cinq ans plus tard, Cuisinière lyonnaise a marqué son territoire et leséditions Stéphane Bachès, inspirées par l’esprit qui a fait le succès decette l’expérience, lancent une collection entièrement dédiée aux cuisinesrégionales. C’est désormais Sonia Ezgulian, ancienne restauratricelyonnaise, qui est chargée de rechercher des recettes traditionnellesrégionales, de les sélectionner et de les tester. Ensuite, les textes sontréécrits par Caroline Mignot, chroniqueuse gastronomique, puis calli-graphiés à la main par une illustratrice. Le résultat est un cahier detrès belle apparence, imitant les carnets anciens. Attention, les couver-tures sont directement issues de vieux livres chinés sur les brocantes,tout comme les étiquettes – « les plus difficiles à trouver », assure Elisa-beth Bachès.Un travail très sérieux sur le plan culinaire, très séduisant sur le planéditorial et graphique. Les carnets regroupent une cinquantaine derecettes et le banquet Stéphane Bachès a dé buté fin 2006 avec C u i s i-nière Alsacienne, Cuisinière Bourguignonne, Cuisinière Catalane, Cuisi-nière du Nord et Cuisinière Savoyard e. Il se poursuit ce mois-ci avec sixautres titres pour découvrir les cuisines bretonne, parisienne, auver-gnate, bordelaise, basque et champenoise. Six autres devraient voir lejour en mai et six autres encore en octobre. Une collection qui comp-tera donc 23 titres à la fin de l’année. De quoi voir arriver avec gour-mandise l’année 2007 et voyager tout en restant dans sa cuisine • L. B.

Chaque volume de la collection (format 17 x 24,5, 66 pages) est vendu au prix de 16 ewww.editionstephanebaches.com

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Nouveautés des éditeurs

Alidades

À terre, un journalde Didier Roubin« J’écris souvent monocorde,monotone, ça me désole, mais tout de même, de temps en temps un mot,une goutte de pluie sur une bâche enplastique dans une cour d’immeuble,un plic ! plus haut, plus clair qu’unautre, plus fort que l’ondée navréedont mes phrases sont trempées. »

43 pages, 5 e, ISBN 978-2-906266-68-1

Alzieu Éditions

Dangereuses liaisonsde Jacques MervantTransmettre la psychanalyse, c’est la réinventer, et laisser le champ libreaux générations qui nous suivent pourla réinventer à leur tour, sans jamaislâcher le fil que nous ont confié nosaînés.

203 pages, 18 e, ISBN 2-35022-035-4

Astronome (Éditions de l’)

Les Vaches et la fabrication du fromagede Pascal Roman et Jérôme PhalippouUn panorama complet des gestes ettraditions du monde de l’élevage etdes races montagnardes.

Collection Les Cahiers du colporteur47 pages, 7 e, ISBN 2-916147-13-6

Balivernes éditions

À l’Orée des Féestextes de Lenia Major, illustrations de Cathy DelanssayDes dessins et des textes riches encouleurs, en rêve et en humour, pourdécouvrir les fées de tous temps et detous lieux.

70 pages, 15 e, ISBN 978-2-35067-008-9

Chronique sociale

Favoriser l’estime de soi à l’école :enjeux, démarches, outilscollectif, préface de Philippe Meirieu,postface de Jean-Pierre DeschampsCe livre est destiné à tous ceux quiœuvrent dans le champ très large del’éducation ou de la santé et qui sontmotivés pour un travail partenarial deprévention.

Collection Savoir communiquer134 pages, 12.90 e, IS BN 978-2-85008-629-0

Créaphis (Éditions)

L’Entente cordiale : cent ans de relations culturellesfranco-britanniques (1904-2004)sous la direction de Diana Cooper-Richet et Michel RapoportUn siècle après la signature del’Entente cordiale entre la France etl’Angleterre, les études portant sur lesaspects culturels des relations entreces deux pays ont été largementoccultées au profit de travaux portantsur les relations politiques etdiplomatiques. Les textes présentés ici permettent d’avancer sur ce terrainencore insuffisamment balisé.

400 pages, 25 e, ISBN 978-2-9136-1079-8

ELLUG

Babylonede Manuel Alegre, traduction de João Carlos Vitorino Pereira,présentation de Catherine DumasDans ce recueil de poésie, l’auteurconstate la perte des repères et desvaleurs, pour mieux montrerl’importance de la dimension utopiqueet poétique dans un monde sans idéal.

Collection Paroles d’ailleurs130 pages, 15 e, ISBN 2-84310-089-5

ENS Éditions

À la quête du sens : études littéraires, historiques et linguistiques en hommage à Christiane Marchello-NiziacollectifCet ouvrage rend compte de l’évolutionla plus récente de la linguistiquehistorique et des études médiévales enFrance et dans le monde.

Collection Langages364 pages, 39 e, ISBN 2-84788-102-6

Fontaine de Siloé (la)

Lumières sur le lac d’Annecyde Pierre BondierPierre Bondier est de ceux qui ontpassé toute une vie à contempler lesbords du lac d’Annecy, jusqu’à ne pluspouvoir s’en détacher. Il capture àtravers ses photographies leschangements de lumière et de saisondu lac.

100 pages, 39.90 e, IS BN 978-2-84206-329-0

Guérin (Éditions)

Lâcher prisede David Andrea AnatiOn ne s’encorde pas impunément avecun vieux philosophe israélien pour quiil faut être capable de tourner le dos àson clan...

Collection Terra Nova200 pages, 25 e, ISBN 2-35221-003-8

Huguet, Éditeur (Jean-Pierre)

Piétond’Hervé Bauer, encres de Jacques TruphémusL’intuition que l’auteur a de la villel’amène à une respiration semblable à celle du peintre, et c’est celle de lapoésie.

44 pages, 15 e, ISBN 2-915412-68-5

Juris associations (Éditions)

Risques et assurances de l’associationde James LandelLe dossier « assurances » est biensouvent synonyme de complexité pourl’association. Cet ouvrage entendclarifier la question.

Collection Managers d’association334 pages, 35 e, ISBN 978-2-910992-75-6

Libris

Desserts de notre enfancede Dom CompareUne mine de recettes, de saveurs, etsurtout de souvenirs…

96 pages, 15 e, ISBN 2-84799-134-4

Millon (Éditions Jérôme)

Fragments phénoménologiquessur le temps et l’espacede Marc RichirCes ébauches phénoménologiquesconcernent d’une part le présent, etd’autre part le corps vivant. Elles nes’inspirent d’aucun auteur enparticulier mais les parcourent selonles liens cachés qu’elles découvrent.

Collection Krisis412 pages, 30 e, ISBN 2-84137-198-0

Moutons électriques (Les)

Les Nombreuses Vies de Fantômasd’Étienne BarillierUne étude de l’univers d’un formidablegénie du Mal, qui fit trembler toute la France durant la Belle Époque et au-delà.

Collection Bibliothèque rouge410 pages, 28 e, ISBN 978-2-915793-24-7

Parangon/Vs

L’Expérience de la duréesous la direction de Gérard Wormser et Thierry RaspailCet ouvrage approche l’expérience dela durée à travers diverses expressionsoù s’entrelacent l’attente et l’oubli, lerêve et le récit.

160 pages, 15 e, ISBN 978-2-84190-156-2

Pré # carré

Le Double moment des nuagesde Philippe de Boissy« Je pense à une femmebuvant un chocolat au Café Ruralet me disant des poèmes de White »

20 pages, 5 e, ISBN 2-915773-11-4

Tanibis (Éditions)

Le Poulet du dimanchede Sylvie Fontaine, préface de MoebiusUne succession de saynètes de la viequotidienne où chaque individudevient l’objet de mutations toujoursdéconcertantes…

120 pages, 16 e, ISBN 978-2-84841-007-4

Voix d’encre

Mes Phrases menuesde Jules Renard, illustrations de Jean-Jacques Grand« Si je recommençais ma vie, je lavoudrais telle quelle. J’ouvriraisseulement un peu plus l’œil. »

64 pages, 16 e, ISBN 2-35128-013-X

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Actualités

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antenne à Lyon25, rue Chazière, 69004 Lyontél. 04 78 39 58 87 – fax 04 78 39 57 46mél : l yo n @ a r a l d . o rg

président : Claude Burgelindirecteur de publication : Geneviève Dalbinresponsable de rédaction : Laurent Bonzonassistante de rédaction : Fabienne Hyvertont également participé à ce numéro :Nicolas Blondeau, Pascale Clavel,Frédérick Houdaer, Yann Nicol, Vincent Raymond, Caroline Schindler,Jean-Marc Vidal

ISSN 1626-1321

Nouvelle collection, nouvelles idées

La collection « Psychopathologieclinique » des Presses universitairesde Grenoble s’offre une nouvellemaquette. C’est le livre de Jean-PierreKlein qui le premier arborera lacouverture revisitée, avec son livrePetit Voyage iconoclaste enpsychothérapie. Cet ouvrage, préfacé par le professeur GeorgesLantéri-Laura, lutte contre une penséepsychothérapeutique unique.Accessible, il concilie rigueurscientifique et point de vue subjectifnuancé, accompagné d’exemplesdétaillés et analysés de divers profilsde patients.

PUG (Presses universitaires de Grenoble)Petit voyage iconoclaste en psychothérapiede Jean-Pierre Klein316 pages, 25 e, ISBN 2-7061-1346-4

Le traumatisme de guerre

Deux auteurs explorent les ravages de la guerre à l’échelle de la personne.Aurélie Brayet donne la parole auxdescendants des poilus, gueulescassées, mutilés, veuves de guerre,pour rendre compte de la réalité del’après-guerre, qui reste une guerre auquotidien. Yoram Mouchenik suitquant à lui le cheminementcontemporain d’un groupe d’enfantsjuifs orphelins de la Shoah, danslequel surgissent la douleur, le deuil,mais aussi la façon dont ces survivantsse sont transformés en passeurs demémoire et d’histoire.

Pensée sauvage (La)« Ce n’est qu’un nom sur une liste, mais c’est mon cimetière »de Yoram Mouchenik, préface de Boris Cyrulnik et Marie-Rose MoroCollection Trauma173 pages, 20 e, ISBN 2-85919-218-2

Publications de l’université de Saint-ÉtienneRevivre : victimes de guerre de la grandeguerre à Saint-Étienne 1914-1935d’Aurélie Brayet265 pages, 35 e, ISBN 2-86272-429-7

Revue Entropia, première

Les Éditions Parangon ont fait paraîtreà l’automne 2006 le premier numérod’Entropia, revue théorique etpolitique de la décroissance. Le terme« entropia » vient de la science, etdésigne la dégradation de l’énergie,qui condamne l’humanité à limiter sa consommation aux capacités derégénération de la biosphère. Lesmembres du comité de rédaction, Jean-Claude Besson-Girard à leur tête,jouent le rôle d’« objecteurs decroissance ». Le premier dossier decette revue semestrielle qui se veutthéorique, politique et poétique, estintitulé « Décroissance et politique ».

Parangon/VsEntropia n°1collectif224 pages, 15 e, ISBN 978-2-84190-160-9

Exposition Yolande Six à Annemasse

La MJC d’Annemasse accueillejusqu’au 24 février une expositiontirée des livres de Yolande Six. Pourconnaître cet auteur et ses ouvrages,vous pouvez consulter le site de LaGrande fabrique, maison d’éditionlyonnaise (www.lagrandefabrique.net,www.mjc-annemasse.org)

REVUES

ADATE (Association)

Écarts d’identitécollectifLe thème de ce numéro est celui duchoix de la migration, qui est souventsuivi d’une précarisation subie par lemigrant.

107 pages, 9.50 e, ISSN 1252-6665

Champ Vallon

Le Nouveau Recueil n°81 : poésie italiennecollectifFidèle à son esprit de recherche et dedécouverte, Le Nouveau Recueilpropose une fois encore un très beaunuméro consacré à la poésie italienne,sous la gouverne de Jean-PatriceCourtois et de Martin Rueff, qui avaitpublié une remarquable anthologie dela poésie italienne pour la revuePo&sie. Le dossier est précédé d’unentretien Rueff-Courtois, qui resitue de manière très ouverte et abordablel’ambition et les formes de l’évolutionpoétique italienne. Parmi les poètestraduits et proposés dans une versionbilingue, Giorgio Manganelli, BeppeFenoglio, Giovanni Raboni, LucianoErba...

189 pages, 14 e, ISBN 978-2-87673-454-8

Pages réalisées par Caroline Schindler.

Calibre, la société est créée

En septembre 2006, une rencontre à la Villa Gillet réunissait éditeurs etlibraires autour du projet Calibre,nouvel outil de distribution proposéaux éditeurs. Aujourd’hui, la sociétéest créée, et sa direction a été confiéeà Rémi Amar, venu du Seuil et deVolumen. Au conseil d’administrationsiègent le SNE et le SLF, sous laprésidence de Jean-Manuel Bourgois.La plateforme logistique sera sous-traitée par le CELF, et le dossierinformatique confié à Dilicom. Ces deux points sont en cours derésolution. Calibre souhaite êtreopérationnel peu de temps avant lesalon du livre, en mars. En attendantles coordonnées définitives, lesrenseignements concernant Calibrepeuvent être obtenus auprès du SNE :[email protected]

Nouvel éditeur en Rhône-Alpes : Altal Éditions

Les Éditions Altal ont été fondées parYann Derrien et Sarah Molina, gérante,actuellement la plus jeune éditrice deFrance. Cette maison, née à Paris,vient de déménager en Rhône-Alpes,région natale de Sarah Molina.L’histoire de la maison commence avecla rencontre du champion olympiquede ski Antoine Dénériaz. Le livre Monrêve olympique sera suivi d’un livred’un autre champion, Edgar Grospiron,ainsi que d’un recueil de pensées del’humoriste Gustave Parking. Si lamaison se veut généraliste, lescollections sont bien définies. Letémoignage a été le premier axe dedéveloppement, aujourd’hui les deuxéditeurs veulent se diriger égalementvers la traduction en français de texteslittéraires italiens.

Altal Éditions, Sarah MolinaAlpespace, La Pyramide61 voie Champollion73800 [email protected]

Croquant (Le)

Le Croquant n°51/52collectif« En quête d’asile », telle est ladirection de ce numéro, qui explore lesexils géographiques, langagiers, larecherche d’asile, la notion defrontière…

206 pages, 20 e, ISSN 0984-8185

Maison de la poésie Rhône-Alpes

Bacchanales n°39 : la placecollectifLa place, carrée, ovale ou circulaire,est lieu de rencontre de toutehumanité.

127 pages, 15 e, ISSN 1250-503X

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Portrait

Les 1001 vies de Jean-Pierre Martin

Jean-Pierre Martin nous reçoit dans son appar-tement, niché au cœur des pentes de la Croix-Rousse. Les murs sont tapissés de livres. Dansun coin, un piano. Lorsque l’on évoque sapassion pour la musique, le jazz en particulier,il ne peut s’empêcher de jouer quelques notes.Il parle de Thelonious Monk, de Bill Evans, debe-bop. Il dit aussi la satisfaction qu’il a ressentielorsqu’il a acquis son premier piano : « Une desg randes fiertés de ma vie, c’est d’avoir acheté unSchimmel avec le fric de mes marchés » .Il en aurait, pourtant, des raisons d’être fierpuisqu’il est un universitaire reconnu, un écri-vain précieux et un essayiste respecté. Sondernier essai en date, Le Livre des hontes, aconnu une réception exceptionnelle pour unlivre de ce type. Pourquoi un tel engouement ?« Au XX e siècle, la honte n’est plus seulementune émotion singulière, mais aussi quelque chosede collectif, d’historique », dit-il pour tenterd’expliquer le phénomène. À l’origine de ceprojet, il y avait « l’intuition que l’expériencede la honte est fondamentale pour tout le mondeet le constat que cette expérience se trouve aucœur d’œuvres littéraires majeures : Kafka,D u ras, Genet, Gombrowicz... ». Le constat,aussi, que ce qui sonne aujourd’hui commeune évidence n’avait jamais été traité enprofondeur à partir de la littérature et de lavocation de l’écrivain...

L’homme des « premières fois »Il était déjà un précurseur lorsqu’en 1997, ilavait publié son fameux Contre Céline, danslequel il démontait l’idéologie célinienne et lecomportement de certains intellectuels ethommes de lettres à l’égard de cette œuvre. Àl’époque, ce texte avait fait énormément debruit, comme en fera dix ans plus tard (sanspolémique, cette fois) la biographie qu’il aconsacrée à Henri Michaux et qui constitue

désormais une véritable référence. Peintre,écrivain, expérimentateur, Michaux est pourlui un modèle d’« individualisme au meilleursens du terme, un écrivain qui se tient farouche-ment à l’écart des idéologies politiques ».La politique, Jean-Pierre Martin ne lui a pastoujours tourné le dos. Militant gauchisteconvaincu, il est allé jusqu’à s’établir en usinepour découvrir la réalité des ouvriers etaccompagner les luttes. Cinq années noires,difficiles, aussi sombres que les villes qui l’ac-cueillirent alors (Saint-Nazaire et Saint-Étienne), « où les corbeaux volent le ventre enl’air pour ne pas voir la misère qu’il y a en-d e s s o u s ». Cinq années qui auraient pu ledétruire, et dont il n’est pas si facile de ser e m e t t r e : « Quand on rompt avec une périodemilitante de type sacrificiel, on traverse nécessai-rement une terrible crise. Koestler dit qu’il y ades demi-vierges et des anges déchus. Les demi-vierges sont ceux qui se sont engagés sans prendrede vrais risques. Les anges déchus sont ceux quisont allés au bout de leurs illusions et qui ensuitese sont retrouvés face au vide. »

Des vies successives.Ce n’est pas pour autant qu’il faut coller à Jean-Pierre Martin des étiquettes réductrices. Certes,c’est un ex-gauchiste, (il a même connu laprison). Et un ex-artisan baba. Mais ces tempssont anciens, et pourquoi retenir ces formuleschoc, ces simplifications, quand c’est justement

la multiplicité de ces vies qui fonde l’identité ?Nous avons dit identité ? Réponse de l’inté-r e s s é : « Identité est un mot qui enferme. Quiassigne à résidence. Il me semble plus intéressantd’imaginer des vies successives, différentes : ce nesont pas des identités à chaque fois qui se forment,par l’intermédiaire desquelles, précisément, ons ’ i d e n t i f i e rait une fois pour toutes. À l’immobileet au statique, je préfère le mouvement, les muta-tions, les tra n s f o r m a t i o n s . » Ces différentes vies,Jean-Pierre Martin en a soigneusement renducompte dans ses récits. Car il est aussi et surtoutun écrivain. De plus en plus, serait-on tenté dedire, tant son rythme d’écriture semble s’êtreaccéléré au cours des dernières années. Depuisles premiers textes qu’il a envoyés à la NRF etqu’un certain Jacques Réda a accepté d’emblée,à son dernier récit paru, Sabots Suédois, danslequel il revient sur son expérience baba, enpassant par Le Laminoir, témoignage romancéde ses années d’usine, il accumule ce qu’ilnomme des « récits d’expériences » : « On parlebeaucoup d’autobiographie, d’autofiction... Pourma part, ce qui m’intéresse particulièrement, c’estle récit d’expérience, qui transmue l’expérience etla sensation passées dans un présent de l’écriture. »

Caisses de résonancePour lui, la littérature ne doit répondre àaucune règle. Le débat sur le prétendunombrilisme des romanciers français n’a paslieu d’être, car le propre de l’écrivain est derestituer une singularité. Et puis, au fond, queconnaît-on mieux que soi-même ? « P e um’importe qu’un roman soit “ i n t i m i s te ” ou seveuille au contraire puissance de dévoilement dusocial. L’intimité, c’est aussi un monde. On peutme parler d’une goutte d’eau, de la vie ord i n a i r e ,des choses les plus médiocres qui soient, les plusinsignifiantes, et que cela soit pour moi une révé-lation. Et l’on peut au contraire, tout en affichantune ambition démesurée, ne rien me révéler dut o u t . » Ce qui ne l’empêche pas d’admirer lesgrands romans étrangers, américains ouanglo-saxons, qui semblent embrasser lemonde dans sa globalité tout en se frottant auréel, à l’histoire, à la « c o n c r é t u d e » : « Les écri-vains sont des plaques sensibles. Beaucoup, parmieux, sont bien plus tournés vers le dehors qu’onpeut l’imaginer. Je ne vois pas l’écriture commeun travail en chambre. Ce n’est pas une machinea b s t raite, mais une expérience. Les écrivains sonten quelque sorte des caisses de résonance dumonde. » • Yann Nicol

Elève en khâgne au lycée Louis-le-Grand, étudiant en philosophie, puis ouvrier, militant, artisan baba,pianiste de jazz, enseignant, écrivain, essayiste, universitaire : la vie de Jean-Pierre Martin est tout sauf un long fleuve tranquille.Portrait d’un homme multiple,talentueux, passionné, et très attachant...