L’écosystème creative vaLLey stratégies | 41 Manifeste ... · partagent et contribuent ainsi...

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L’écosystème creative vaLLey stratégies | 41

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Dans un numéro précédent (14), nous vous avons présenté quelques environnements tertiaires néerlandais à la pointe de l’innovation en termes d’intégration entre modes organisationnels, technologies et espaces. Dans la même veine voici Creative Valley, un projet étonnant, issu d’une dynamique visionnaire entre un promoteur, des architectes et un consultant en organisation. Au-delà d’un puzzle de volumes audacieux, Creative Valley est un appel à repenser nos modes de travail et de vie et les ressources dont nous avons besoin pour être efficaces, créatifs et inspirés. Genèse du manifeste et du bâtiment par Pieter van der Laan, membre de l’équipe projet.

Situé aux Pays-Bas, à Utrecht et inauguré en septembre dernier, Creative Valley est un ensemble tertiaire qui prend à contrepied toutes les idées reçues et les poncifs tertiaires. Construit au cours de la récession, il est resté strictement dans une enveloppe bud-gétaire serrée tout en refusant tout compromis sur la qualité des matériaux et le développement durable. Et dans un marché morose, il a été entièrement loué moins de trois mois après sa livraison. Quinze entreprises se partagent un environnement aux volumes judicieusement agencés et aux aménagements propices aux nou-veaux modes de travail collaboratifs et co-créatifs. On s’y sent immédiatement chez soi et on y fait l’expérience d’un véritable bain d’énergie. Creative Valley est le fruit d’une collaboration exigeante avec en ligne de mire la conception d’un espace de travail comme un écosystème. Chaque membre de l’équipe projet (développeur, architecte ou consultant en organisation et modes de travail inno-vants) a apporté sa pierre selon sa discipline et ses compétences. Le résultat final, un bâtiment aux lignes fortes et aux volumes jaillissants, reflète cette dynamique collective et dévelop-pe un plaidoyer quasi politique. A juste titre, l’équipe proclame un manifeste ambitieux : créer un environnement qui donne envie

de venir y travailler. Une telle démarche permettrait logiquement de réduire les mètres carrés vacants dans les bâtiments tertiai-res existants et freinerait la construction de nouveaux ensembles. Ce manifeste s’adresse également à ces nombreux architectes, urbanistes, promoteurs et développeurs pratiquant une écoute sélective, souvent insensibles aux voix et aux besoins des futurs occupants et de leurs modes de travail. Plus que tout, ce manifeste est une vision collective : les espaces de travail doivent et peuvent être conçus et réalisés différemment. Composée de Casper Schuuring (MONK ; agence d’architecture), de Laurens van Doorn et Richard Kaagman (NIC Commercial Real

Estate ; immobilier), de Pieter van der Laan (YNNO ; conseil en organisation et modes de travail innovants) et d’Arnoud Zweedijk (Des-que ; agence d’architecture intérieure), l’équi-pe projet a eu pour ambition de proposer un environnement adapté aux entreprises qui in-novent dans leur manière de travailler. Et ces

Manifeste pour un environnement à haute valeur inspirée

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entreprises ne sont pas seulement des studios de design ou des agences de publicité. On trouve à Creative Valley des entreprises de télécommunication, de distribution et d’informatique. Il existe en effet aujourd’hui nombre de lieux de travail pour les équipes créatives, mais il n’existe que très peu d’environnements appropriés pour les petites et moyennes entreprises qui souhaitent travailler de façon innovante.

Pour remédier à cette situation il devient indispensable de penser l’environnement de travail comme un écosystème. Le terme écosystème a été inventé par les biologistes afin de désigner un ensemble qui fonctionne comme un tout, afin qu’un nombre plus ou moins important d’espèces puisse vivre et prospérer pendant une longue période. L’environnement de travail est en effet un ensemble au sein du-quel des personnes travaillent, individuellement et collectivement,

Coupe transversale : la section centrale abrite les circulations et les espaces accessibles à tous.

Les «volumes-boites» accrochées au tronc central offrent des espaces de travail de différentes surfaces, sur un ou deux niveaux. (Documents : Monk Architects)

Les «volumes-boîtes» qui jaillissent de la section centrale

sont les espaces réservés aux différentes entreprises

locataires de Creative Valley.

un bâtiment sur le principe d’un arbre avec des branches et des feuilles

partagent et contribuent ainsi à une sorte de préservation mutuelle au fil du temps. Tout comme un écosys-tème, un environnement de travail peut être plus ou moins grand, et

offrir diversité, interdépendance, épanouissement et développe-ment personnel. Un tel ensemble requière un espace de travail adapté à ses besoins. Pour qu’un écosystème fonctionne de fa-çon optimale, les ressources (et tout équipement ou service qui y est lié) doivent évoluer de façon flexible et être partagées de façon coopérative. Cette capacité à évoluer de façon synchrone avec l’écosystème vient essentiellement d’une intégration entre la « technologie, les briques et les cerveaux » selon l’expression favo-rite des consultants d’Ynno (bits, bricks and brains). Le bâtiment (bricks) doit offrir une atmosphère saine afin de prévenir toute maladie. Il doit également offrir des espaces intelligents, adaptés aux activités, aux modes de travail, ainsi qu’aux différents temps de la journée. La technologie (bits) sert de support en offrant par exemple un réseau sans fil qui associe données et téléphonie IP. Les collaborateurs pourront avoir partout accès à leurs documents et leur téléphone mobile deviendra automatiquement leur ligne fixe dès qu’ils entreront dans le bâtiment. L’environnement de travail se doit aussi d’être nourricier, littéralement par un res-taurant digne de ce nom, autant que culturellement en offrant des sources d’information, d’inspiration, de détente et de loisirs. Creative Valley tient particulièrement à cette dimension culturelle et expose les travaux de différents artistes dans tout le bâtiment. Le travail des artistes revêt une signification particulière en ce qu’il est une sorte de voyage, tout comme peut l’être la transition d’un mode de travail traditionnel à un mode de travail innovant.

Penser l’environnement de travail comme un écosystème

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L’évolution vers de nouvelles façons de travailler est donc facilitée non seulement par un bâtiment adapté, mais également par les équipements technologiques, les aménagements et un accompa-gnement au changement spécifique.

L’équipe projet ne croit pas qu’un environnement de travail idéal pour collaborateurs innovants doive nécessairement être stable et immuable. Dans la nature, les espèces, les relations qui les unissent et même des écosystè-mes complets évoluent au fil du temps. Il en est de même pour les environnements de travail. Des facteurs externes (récession économique, irruption d’une nouvelle technologie) ou internes (nomination d’un nouveau président) peuvent avoir un impact. Il s’avère ainsi nécessaire de prendre conscience que les entre-prises sont des systèmes qui s’évertuent à fonctionner dans un contexte en mutation, tout en maintenant le plus de services possibles. C’est précisément ainsi que les environnements de travail tels que Creative Valley doivent opérer. Ils doivent offrir des locaux dotés d’une identité et une diversité d’espaces par-tagés et de services mutualisés qui donnent une impression de sur-mesure. Une petite entreprise ne peut financer seule un tel niveau de ressources et de services. Considérer l’environnement de travail comme un écosystème c’est respecter les besoins des personnes au sens large. Si les présidents d’entreprise, les dé-veloppeurs, les promoteurs, les municipalités et les architectes considéraient les environnements de travail comme des écosys-tèmes, ils feraient sans doute des choix différents en termes de situation, d’architecture, d’aménagement, de matériaux et de technologie. Et ils penseraient de façon plus perspicace, plus pragmatique et à plus long-terme. Car assurer la pérennité de l’écosystème est bien la priorité.

Creative Valley est un environnement pensé pour les entreprises qui veulent travailler différemment, aussi le profil de leurs colla-borateurs est bien souvent « créatif culturel ». Ces personnes (cri-tiques en terme de création de valeur ajoutée pour une entreprise) se distinguent par leur volonté de vivre et de travailler dans des environnements qualitatifs. Ils ont une réelle compréhension et une connaissance de ce qui est faisable et durable. Ils privilégient la qualité par rapport à la quantité, sur le plan privé comme sur le plan professionnel. Ils sont convaincus de la valeur du collectif (et disent « nous ») en lieu et place d’un individualisme et d’un égocentrisme dépassés. Ils sont modernes, travaillent en réseau; les interactions et échanges sont cruciaux pour eux. C’est pourquoi Creative Valley devait être irréprochable en matière de dévelop-pement durable et de qualité architecturale et sociale. En d’autres termes, l’objectif était de concevoir un environnement durable, offrant une large diversité, des opportunités de mutualisation

Les terrasses extérieures favorisent les échanges informels et sont

propices à la détente et l’inspiration.

Les écrans suspendus dans le hall d’entrée donnent des informations sur

chaque entreprise, tant pour les autres locataires que pour les visiteurs.

Les coins café au détour des paliers favorisent les rencontres impromptues, source d’idées et d’opportunités d’affaires nouvelles.

Coupe au niveau parking et entrée. (Document : Monk Architects)


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d’équipement, de contact, de socialisation et d’échanges à de nombreuses entreprises, tout en préservant l’identité de chacune. Le résultat est un environnement où hébergement, ressources et services sont parfaitement intégrés.

Travailler de façon innovante ne signifie pas être une entreprise aux bureaux virtuels, où les collaborateurs travaillent chez eux ou font les nomades. Les organisations inno-vantes reconnaissent la valeur de l’apprentissage, du partage et de la transmission des connaissances et le rôle de la communication en face à face dans ces processus. Elles favorisent les interactions entre les collaborateurs et désirent créer et maintenir des relations de confiance. Ceci ne peut être obtenu à distance, c’est pourquoi un espace physique demeure essentiel. Les collaborateurs dyna-miques, en revanche, s’attendent à pouvoir choisir entre différents aménagements selon les activités: réfléchir, se concentrer, rédiger, téléphoner, participer à un brainstorming ou se détendre. Le pre-mier croquis tentant de définir Creative Valley - un gribouillis sur une demi-page A4 - fut un bâtiment sur le principe d’un arbre avec des branches et des feuilles. Le tronc de l’arbre offrant structure, stabilité et nutriments, et permettant aux branches et aux feuilles de se développer et s’épanouir. L’architecture de Creative Valley s’inspire directement de la structure d’un arbre. Elle présente une section centrale fermée qui comporte des éléments structurels lourds aux matériaux quasi monolithiques. Des «volumes-boites » sont suspendues à cette section, paraissant défier les lois de la gravité et offrant de larges perspectives par leurs façades vitrées. La section centrale - le tronc - est la moelle épinière du bâtiment. Elle est accessible à tous et comporte des zones publiques et des espaces à l’accès restreint. Les espaces publics sont le restaurant bio, les patios, les coins café, les coins lecture, les zones de concen-tration, les lounges, les espaces de travail en groupe et de réunion. De nombreux échanges se font naturellement entre les différents utilisateurs, comme dans le cadre d’une cuisine familiale.Les espaces à accès restreint sont gérés par un seul utilisateur et sont ouverts à des personnes et des entreprises extérieures. Par exemple, une des entreprises locataires, Youmeet, dispose de cinq environ-nements de réunion. Ces derniers vont du laboratoire multimedia à un salon de réflexion en passant par un auditorium de trente places totalement équipé. La maison-mère d’un autre locataire, Xeed, est un investisseur spécialisé dans les start-ups et utilise Creative Valley comme un incubateur. De jeunes pousses prometteuses y croissent jusqu’à ce qu’elles atteignent six collaborateurs puis quittent le nid et laissent la place à la couvée suivante.

Les « volumes-boites » sont comme suspendues à la colonne vertébrale du bâtiment. Ce sont des espaces privés, qui sont aménagés par les différents locataires selon leurs préférences fonctionnelles et esthétiques. Ils se présentent comme des plateaux librement configurables de 127 à 320 m². Les occu-pants peuvent régler à leur convenance éclairage et température. Pour qu’une entreprise puisse fonctionner et se développer de

et du design ? Comment travaillaient-ils ? Les premiers à signer ont ainsi pu apporter leur touche à la configuration des espaces, de la

technologie et des aménagements intérieurs. Il n’y a pas eu de planches de tendances mais une analyse approfondie du profil et des attentes des clients. Bien évidemment les discussions et les échanges ont par-fois été compliqués et tendus, mais cela a garanti la réalisation d’un bâtiment pérenne et performant.

Creative Valley est un écosystème durable donc capable d’évoluer dans le temps. Le choix des matériauxtout comme la consommation d’énergie a fait l’objet d’une at-tention particulière : c’est un bâtiment à faible émission de CO2 avec stockage de chaleur, régulation thermique et usage d’énergies renouvelables. De plus, absolument tout dans ce bâtiment peut être réutilisé ou recyclé dans l’éventualité d’une démolition. Par exemple les façades extérieures ont été réalisées sans mortier par un système à encliquetage et les pierres peuvent ainsi être dé-montées et remontées comme des briques de Lego. Les spacieuses cages d’escalier incitent à grimper les marches plutôt qu’à prendre l’ascenseur, ce qui se révèle bénéfique pour la santé des occupants et réduit la consommation d’énergie. L’éclairage est également optimisé afin de réduire au maximum toute dépense énergétique. Le restaurant bio s’approvisionne en denrées de saison, produites localement de façon organique. Les occupants ont chacun leur politique en matière de gestion des déchets mais la plupart ont adopté un mode de travail numérique. L’entreprise Ynno a, par exemple, complètement dématérialisé et numérisé ses processus de travail. Ce qui signifie que tous les documents sont disponibles sous forme électronique et accessibles à tous les employés dis-

Les nomades y trouvent un point d’ancrage

manière collaborative dans un tel environnement, l’ouverture aux autres est une condition sine qua non. C’est à cet effet que des écrans sont suspendus dans le foyer d’accueil et devant chaque espace privé, afin que toutes les entreprises puissent se présenter et communi-quer. Les cages d’escalier sont spacieuses pour que les employés des différentes entreprises s’y rencontrent fortuitement. Elles sont dotées de parements et d’assises capitonnées, qui peuvent être utilisées pour se poser, discuter ou, tranquillement, passer un coup de fil. L’environnement de travail répond aux attentes principales des utilisateurs : des téléphones mobiles qui se transforment en ligne fixe, un restaurant bio qui sert petit déjeuner, repas de midi et du soir (plus de pizzas à se faire livrer les nuits de charrette !). Les employés qui travaillent beaucoup à l’extérieur apprécient de trou-ver en Creative Valley un point d’ancrage. Ils peuvent se servir de leur ordinateur portable n’importe où dans les espaces communs, passer leurs coups de fil en toute tranquillité, rencontrer et discuter avec d’autres collègues et utilisateurs. L’acoustique a été particu-lièrement soignée de façon à permettre interaction et discussions sans gêner les autres personnes travaillant à proximité. Le projet a été pensé pour un groupe spécifique d’occupants poten-tiels : les travailleurs du savoir innovants. L’analyse du profil de ces travailleurs a déterminé bon nombre de choix et de décisions. Les premières marques d’intérêts se sont manifestées très rapidement. Ce qui a permis des retours et échanges continus avec les futurs utilisateurs. Quels étaient les besoins de chaque entreprise ? Quelle mobilité sur le site était requise pour leurs collaborateurs ? Devait-il y avoir des possibilités d’expérimenter ? Que pensaient-ils de la configuration du bâtiment, du choix des matériaux, de l’esthétique

Zone de réflexion et prise de décision au sein de l’espace Youmeet, accessible à des personnes et des entreprises extérieures.

Zone carrefour de l’espace Youmeet, propice à la détente, aux rencontres et échanges.

Salle de réunion lounge mutualisée pour échanges

informels ou réunions stratégiques.

Espace de travail dédié aux consultants de la société Ynno et offrant un équilibre

entre interaction et concentration.

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posant d’une connexion internet, quel que soit l’endroit où ils se trouvent. Tout courrier arrivant est immédiatement nu-mérisé ; d’où une réduction significative des quantités de papier et de toner uti-lisées et des collaborateurs qui peuvent travailler où, quand et comme bon leur semble.

Se préoccuper de la durabilité des matériaux ou des économies d’énergie va de soi en ces temps de climat économique morose et depréoccupations sur l’avenir de notre planète. La nouveauté est de prendre en compte le potentiel d’évolution sur le long terme : le bâtiment doit évoluer dans le temps et se targue d’offrir une durabilité évolutive (evolutionary sustai-nability). En effet, Creative Valley s’ins-crit dans un écosystème plus large : le site se trouve au cœur de l’agglomération

d’Utrecht et non au sein d’un parc tertiaire excentré et déconnecté. Tout comme les êtres humains ne peuvent être perçus hors de leur environnement, un écosystème ne peut être isolé. Deux approches peuvent être envisagées afin d’intégrer un environnement de travail /écosystème à un ensemble plus large. La première est d’analyser les transformations des environnements de travail dans le temps. La seconde est de considérer les liens et interdépendances de ces environnements avec les milieux qui les entourent. Une des convic-tions de l’équipe projet est que le taux d’inoccupation actuel des immeubles tertiaires est dû au fait que de nombreux bâtiments sont des coquilles repliées sur elles-mêmes, sans identité et incapables d’évoluer avec les besoins de leurs utilisateurs. Ils n’offrent pas une durabilité évolutive. Ce type de bureaux résulte d’une absence de prise en compte des besoins des « futurs » occupants. Plus personne ne souhaite travailler dans des espaces rigides et immuables où les visiteurs sont indisposés par le brouhaha des employés qui discutent ou fument à l’entrée ; où les collaborateurs se plaignent du manque d’espaces extérieurs conviviaux ; où le management intermédiaire est stupéfait du manque de communication entre les services et constate avec désolation que les collaborateurs restent enfermés dans leurs bureaux sans aller à la rencontre de leurs collègues des autres départements ; où la direction se demande pourquoi les managers seniors ne sont pas présents plus souvent dans les locaux et tiennent de plus en plus de réunions à l’extérieur. Ces constats et réflexions sont assez logiques, puisque seulement 25 à 45% des heures effec-tuées le sont sur le lieu de travail. Plus une entreprise se trouve en décalage en termes de modes de travail et d’espace, plus il devient difficile pour les employés de se développer et de s’épanouir ; et en conséquence pour la société de croître et de prospérer. De même, plus une entreprise est tributaire du capital intellectuel et social de ses collaborateurs, plus il devient crucial d’offrir un environnement de travail qui convienne à chacun. Ce qui importe est avant tout la performance du collaborateur, le fait qu’il puisse atteindre, voire dépasser ses objectifs et non le temps qu’il met à y parvenir.Creative Valley est donc une échappée bienvenue hors du vieux mode de travail tayloriste et s’accommode parfaitement d’un nom-bre croissant ou décroissant d’occupants. Même si l’ensemble des occupants actuels venaient à quitter les lieux, le complexe serait un environnement magnifique pour un hôtel, un centre commercial,

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A propos de Pieter van der LaanPieter van der Laan est consultant senior en organisation et espaces de travail chez Ynno, un cabinet de conseil en conception d’environnements tertiaires. Diplômé en management, communication et relations publiques, il intervient en particulier lors de projets visant à introduire de nouveaux modes de travail et de communication.

A partir d’études et d’analyses approfondies des modes organisationnels et managériaux d’une entreprise, il élabore des programmes d’accompagnement du changement s’appuyant sur l’espace physique et la technologie, ainsi que sur une compréhension fine des attitudes et comportements. Son credo est que la transformation des espaces de travail influence de façon inconsciente le comportement des collaborateurs et qu’il est possible de faire évoluer la culture des organisations par la conception d’environnements de travail novateurs. Il accompagne actuellement des entreprises telles que Shell ou Aegon à migrer vers de nouveaux modes de travail et est un membre de l’équipe fondatrice de Creative Valley.

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le magasin « amiral » d’une enseigne, un institut d’enseignement ou une académie de design. C’est à cet effet que l’équipe projet a travaillé à doter le bâtiment d’une haute valeur intrinsèque, qui lui permettra de se transformer et de se réinventer dans le temps. L’expression « mètres carrés vacants » n’existe pas dans le vocabulaire de l’équipe. Chaque membre garde en tête les fameuses maisons hautes qui bordent les canaux de la ville d’Amsterdam. Certaines d’entre elles re-montent à 1615 et ont servi tour à tour de hangar, de maison, d’hospice, d’école, de bureaux, de galerie, de musée ou d’hôtel. Elles demeurent à ce jour des bâtiments magnifiques et toujours en usage. Ainsi, un bâtiment en lui-même se doit d’offrir une du-rabilité évolutive s’il prétend être d’une haute valeur intrinsèque. La relation entre l’écosystème et les alentours est également un facteur crucial. En d’autres termes, la situation détermine large-ment l’attractivité et la réussite d’un environnement de travail. Tout comme un organisme vivant migre d’un endroit à un autre, les personnes et les entreprises se déplacent dans le temps et ce pour différentes raisons. Toute situation géographique offre des avantages et des inconvénients. Creative Valley n’est pas dans une réserve naturelle ou au centre d’une ville, entourée de magasins. Elle est située en bordure d’une autoroute mais aussi desservie par les transports publics. Les qualités du bâtiment (et de l’environne-ment de travail) sont conditionnées par les possibilités d’évolution et de transformation du site. Il est crucial de réaliser que les fron-tières entre vie privée, vie professionnelle et loisirs s’estompent de plus en plus. Développement personnel, convivialité, interaction et émotion sont des dimensions essentielles pour l’élaboration de concepts d’aménagement intérieurs qui soient durables et évolutifs.

A propos de Creative ValleyAdresse : Orteliuslaan 1-27 Utrecht (Pays-Bas)Surface brute (hors parkings) : 5 200 m²Surface nette (hors parkings) : 4 800 m²Volume brut (hors parkings) : 18 100 m3 Réalisation : de mai 2007 à janvier 2010Coût hors TVA : 8 925 000 €www.creativevalley.com

Les aménagements intérieurs doivent s’adapter à la croissance ou au rétrécissement des équipes sans affecter le sentiment des collaborateurs de se trouver dans un environnement qualitatif et confortable.

La durabilité évolutive devrait donc être un principe de base de toute construction ou ré-novation tertiaire. Il ne s’agit pas de discourir à l’infini sur le développement durable ou l’éco-

conception, mais bien de les mettre en œuvre. Il s’agit surtout de tenir compte des besoins des futurs occupants et de considérer les mutations auxquelles ils font face comme des faits et non des histoires vite oubliées. Et garder toujours en mémoire la valeur intrinsèque pour créer des environnements de travail humains, source d’inspiration et d’épanouissement.

Pieter van der Laan [email protected]

Traduit et adapté de l’anglais par Françoise Bronner [email protected]

Durabilité évolutive et valeur intrinsèque

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