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    appareils denregistrement, ils ne peuvent nous apporter lamoindre certitude. Les possibilits de bidouillages , det r a n s f o rmations et dformations des images sontincroyablement puissantes et ne permettent pas de trouverdes zones rfrentielles solides dans la mare desphotographies, films et documentaires. On la vu toutparticulirement propos de notre plante-satellite, lalune, dans le contexte des donnes audiovisuelles de laNASA concernant les expditions lunaires.

    De nombreux films et documentaires ont soulevdes questions parfois embarrassantes sur le lot des quelquescentaines de photos retenues par les services decommunication de la NASA, quil sagisse de traces desemelles sur la lune ou dombres incomprhensibles. Il nestpas question de rentrer dans ce type de polmiques mais ilfaut cependant rappeler quau moment o se ractivaientdes interrogations autour de la validit des voyageslunaires, une nouvelle est tombe sur les tlscripteurs desgrands mdias dont le titre tait le suivant : La NASAa gar les bandes son et vido du premier pas de lhomme

    techniques concernant dimmenses panneauxpublicitaires visibles par temps clair depuis la terre, demme quelle a dj achet des terrains sur la lune vendusaux enchres par une socit immobilire amricainespcialise dans ce genre didiotie.Le thme de la plante est trop charg didologiescientiste pour ne pas engendrer des doutes. Quen est-ilde cette icne plantaire : lavons-nous vraiment bienvue ? Avec quels yeux la regardons-nous ? Interprtons-nous correctement les images ? Il y a tant de regardsdiffrents sur le monde, les toiles et la lune ; cest entout cas ce que manifeste lhistoire de la peintureoccidentale qui est en mme temps lhistoire desmodifications et dconstructions des perceptions, desf o rmes et des cou leurs comme ce f ut le cas danslapparition de limpressionnisme et du cubisme. Faut-ilrappeler que ces recherches picturales furent rejetes etassimiles des symptmes de maladies mentales, jusquce quelles apparais sent comme des expre s s i o n sa u t rement plus profondes du r e l . Quant aux

    En arctique, le bunker semences du Grandcataclysme ou pourquoi les gants des OGMsavent quelque chose de plus que nous p.11

    La plante-laboratoire

    ou la phase terminale du nihilisme

    LE VAU D O U P L A N TA I R E p.6

    n3, octobre 2008 - 63e anne 16 pages - 2 !

    Observateurs VIP blouis par la lumire dune explosion atomique, Opration Greenhouse, Enewetak Atoll, 1951.

    1. Plante unique, plante obscne

    La plante Te rre re p roduite et diffuse a dnauseam (1) forme une sorte dicne nihiliste (2) : elle impose tous lvidence dune image-ralit dont la vracit engendre progressivement desdoutes sans cesse plus corrosifs sur le rel auquel ellerenvoie, cest--dire, lunification de tous les regardsconvergeant vers limage dune plante visible par tous

    les hommes, plante relativement sphrique et de couleurbleue. Cette image astronomique devenue icne futd i ffuse par lensem ble des chane s tlvisuellestravaillant en troite collaboration avec les services decommunication de la NASA dans le cadre des missionslunaires Apollo .Ainsi, chacun est-il convoqu communier autour decette image unifie dune plante, une, sur la surface delaquelle sagitent tous les hommes, quils le sachent ounon, icne en quelque sorte sacramentelle, la maniredu christ unificateur vers lequel chemine lensemble delhumanit. Cette vision ne peut que contenter des tas depetits-penseurs alliant le scientisme le plus plat et unhumanisme crypto-chrtien (3).Mais cette unification iconique du monde rvle quelquechose dobscne car elle dvalue lensemble desreprsentations de la plante qui ne privilgient daucunem a n i re, une couleu r spcifi que ni une sphrici tapproximative. Que deviennent selon cette vision lesregards jets par les aborignes australiens sur les cieuxqui ls re n c o n t re n t ? Faut -il jeter au rebut les parc o u r sexistentiels et gocentriques de tous ceux qui arpentent chaque instant de leur vie les tendues du plat pays ?Quen est-il des anctres, des mythes et des potes ?Il y a dans cette vision racoleuse trop de charg e sethnocentriques qui vont rgulirement dans le sens desactivits commerciales et technologiques des socitsindustrielles. De cette sphricit de la terre sont nes demultiples objets techniques qui sont fonds sur elle, quilsagisse des systmes satellitaires permettant aussi bien lesreprages GPS que les transmissions audiovisuelles, descartographies de tous types, le transport de bombesthermo-nuclaires satellises ou encore la prparationdimmenses signaux publicitaires tombant depuis leszones des banlieux stratosphriques de la terre. Faut-ilrappeler que la socit Google a dj prpar les dossiers

    Go-ingnierie : de la bombe atomique lamonte des eaux ou lart de reconstruire le monde

    p.4

    On peut passer sa vie mesurer les dimensions de sa prison

    (1) - LArgumentum ad nauseam ou avoir raison par forfait est unsophisme bas sur la rptition dune affirmation. Cest lemcanisme qui se cache derrire lefficacit des rumeurs et lextrme, du lavage de cerveau via la propagande (ou publicit)

    rptitive.(2) - F. Nietzsche, (1844-1900), Le nihilisme europen, ditionsKim, Paris, 1999. Lune des tapes du nihilisme est marque parce basculement entre des reprsentations, des concepts, desvaleurs qui apparaissent comme intangibles, puis se lzardent etlaissent la place un doute de plus en plus radical, que ce soitdans le cadre de la morale, des concepts mais aussi desperceptions apparemment les plus videntes.(3) - Cette convergence remarquable entre foi chrtienne etscientisme plat est incarne par des personnages tels que MichelSerres par exemple, acadmicien, ami de Herg et grand lecteurde Tintin. On a march sur la lune . On ne saurait sous-estimer les albums Tintin qui furent pendant longtemps les

    r s e rvoirs de sous-pro duits imaginai res pour les enfantsoccidentaux.(4) - Espace : La NASA a gar les bandes son et vido dupremier pas de lhomme sur la Lune . Le rouge de la honte au front,

    les responsables du Goddard Space Flight Center de la NASA Greenbelt (Maryland) ont confirm, mardi 15 aot, quils avaientlanc une recherche pour tenter de retrouver les quelque 10 000 13000 bandes contenant les donne s originales de la mission Apollo 11.Ces supports magntiques ont en mmoire les images du premierdbarquement dun homme sur la Lune dans la mer de la Tranquillit.Ces donnes ont t recueillies depuis notre satellite et transmisesensuite aux stations au sol de lagence spatiale amricaine : Goldstoneen Californie, Honeysuckle Creek et lObservatoire Parkes enAustralie. Puis, elles ont t envoyes au Goddard Space FlightCenter qui les a transfres ensuite aux Archives nationales la finde 1969. Plus tard, le centre de la NASA a voulu les rcuprer. Maisen vain. Le dommage est dautant plus grand que la qualit vido,

    par exemple, de ces donnes est bien suprieure celles qui, le 21 juillet1969, ont fait rver des centaines de millions de tlspectateurs, lorsqueNeil Armstrong, commandant de la mission Apollo 11, a pos le premier pas sur le sol lunaire. Lastronaute amricain, dun ton

    faussement naturel, y est alors all de son clbre : Cest un petit paspour lhomme et un bond de gant pour lhumanit. Outre ces vidos manquent aussi lappel toutes les bandes surlesquelles sont enregistres les prcieuses donnes techniques etmdicales de la mission accomplie par Neil Armstrong, Edwin Aldrinet Michael Collins. En tout, quelque 2 000 botes pleines de bandesmagntiques dont on espre quelles sont simplement mal ranges etquelles nont pas t effaces par ngligence ou conomie pour treutilises dautres fins. La NASA, qui a souffert ces dernires annesde quelques rats et des consquences dramatiques de lexplosion de lanavette Columbia, navait pas besoin dune telle affaire lheure oelle tente de redorer un peu son blason .Christiane Galus, Article paru dans ldition du 18.08.06

    par Michel Ti b o n - C o rn i l l o t , c r i v a i n

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    sur la Lune (Le Monde du 18.08.2006) (4). Autant lesdiscussions portant sur le caractre artificiel des photosdonnes par la NASA ne peuvent permettre de tranchersur la possible ralisation dun immense bluff, autant ladestruction annonce par la NASA de lensemble desarchives concernant les expditions lunaires nous laisseentendre que la question est dimportance et que cette

    disparition sinscrit dans des projets assez obscurs.

    2. La plante-laboratoire

    Lunification et la diffusion de limage de la planteTerre dans le cadre hliocentrique copernicien furentprsentes ds lorigine des science s mod e rnes etp roposent la vision p r i n c e p s dans laquelle vasinscrire la mondialisation scientifique et technique.Cette vision nest pas seulement lincarnation de laraison spculative moderne ; elle est aussi le plan delatelier et du laboratoire plantaire qui souvre devantles hommes des socits modernes.Dans le premier numro de la Plante laboratoire ,jai prsent un artic le intitul la re c o n s t ru c t i o ngnrale du monde qui dcrit les engagements les plusprofonds de Galile. Cest encore lui que je voudraismadresser. Il fut en effet le fondateur des laboratoires,espaces chargs de construire puis dintroduire dans lemonde sensible, mondain, des experimenta, ces

    phnomnes rationaliss. Cest en effet dans lespacer s e rv des laboratoire s que lon va constru i re lesexpriences, utiliser les instruments qui sont autant dethories concrtises, en un mot que lon va substituerprogressivement au monde des expriences chatoyantes,confuses, insaisissables de la vie quotidienne, unensemble dobjets et dvnements reconstruits selon lesprincipes de lintelligibilit mathmatique.

    Limage de la plante issue des spculations delastronomie copernicienne ouvre une nouvelle re, celledes temps mod e rnes mais elle le fait de faonreprsentative et abstraite. Pourtant elle annonce dj defaon prmonitoire le rassemblement final de tous lesprojets, de toutes les pratiques rationnelles reconstruisantpas pas le monde rel , ce monde radieux verslequel tend le progrs des sciences et des techniques. Ici,lunit lumineuse de licne Terre qui apparat au dbutannonce la terre transfigure de la phase rationnellefinale du processus (6). Cest en ce sens que nous

    proposons de voir dans la vision de cette plante latelierdans lequel le gnome Alberich, le matre des mondessouterrains des Nibelungen, le frre des Titans de laGrce, forge le nouveau monde.Une dernire question se pose alors nous : quels moment s de cet immense projet mod e rn e ,sommes-nous en train de vivre ? sommes-nous arrivs dans la phase terminale duprocessus, cest--dire la vision quasi-mystique dune terretransfigure et radieuse? comment interprter cette phase terminale ? relve-t-elle dune transfiguration ou bien plutt dunedestruction et dun effondrement ?Ne serions-nous pas plutt les victimes de notre crdulitlisant des signes avant-coureurs, l o se droulent lesvnements les plus banals ?Encore faut-il que nous ayons quelques critres pour nouspositionner sur lchelle temporelle des socitsmodernes.

    3. Le naufrage des temps modernes

    Icne et marque de fabrique des temps modernes (7),limage de laplante Terre rassemble et annonce en uneseule reprsentation le projet ultime, celui dune plantereconstruite. Mais ce travail de remodelage qui ne faisaitque commencer, il y a cinq sicles, constitua et constitueencore le projet central des socits modernes et forme lecur de leur histoire. Cette re m a rque encore trsgnrale nous livre pourtant lune des cls permettant desituer la priode contemporaine dans le droulement desperformances scientifiques, techniques, industrielles etfinancires des socits modernes. Lapparition de plus enplus frquente de phnomnes dimensions et vocationsplantaires indique que la reconstruction de la planteselon les stru c t u res imagina ires des occiden tauxmodernes est en train de progresser et de sincarner dansdes pans de ralit de plus en plus fidles au projet.Il se trouve pour tant que des per f o rm a n c e stechnoscientifiques prsentant une dimension plantaireclairement tablie sont apparues dans les cinq derniresdcennies, pendant puis aprs la deuxime guerremondial e. Ces perf o rmances vocation p lantair eexplicite sont essentiellement issues des sciences et destechniques et concernent des armement s nuclaire s ,chimiques, biologiques dont la puissance doit tre endroit illimite. Mais on constate aussi que les interactionset les amliorations techniques et scientifiquesconnectes aux industries entranent dautre sconsquences au niveau plantaire, dtriorations desmilieux vgtaux et animaux, rchauffement climatique,etc. A ce niveau davancement du grand projet de

    re c o n s t ruction gnr ale du monde, nos gnrationsassi stent aux pre m i res apparit ions de mod i f i c a t i o n splantaires, laissant ainsi prvoir une forte maturation dutravail de remodelage.

    Mais cette plantar isation des pro j e t stechniques et scientifiques qui dploient en arrire-planune effervescence de type go-ingnierie rvle aussi ladimension stupfiante du progrs des sciences, destechniques, de lindustrie et des finances, cest--dire lenihilisme de cette histoire occidentale moderne en sone n t i ret scand par les menaces grandis santes debouleversements plantaires lis lefficacit desperformances recherches. Les changements dchelle

    des applications de la techno-science, la reconnaissancede leurs impacts terrestres, peuvent tre lus alors commeautant de traces dun destin funeste. La reconstruction relle du monde se confond peu peu avec sadestruction et la plante radieuse seffondre dans sesordures et son obscnit. Est-il temps de le dire : ce sontles temps modernes qui font naufrages et nous tous,sommes embarqus dans ce rafiot qui coule sous nospieds.Avant de me tourner vers la description de quelquessymptmes du nihilisme, il me faut amorcer des pistespour comprendre cet extraordinaire renversement quinous a fait passer si brutalement de notre confianceinbranlable dans le progrs des sciences, des techniqueset de lindustrie, notre rejet de cette sotte croyance etsurtout, notre peur douvrir la dernire porte du chteaude Barbe-bleu (8), faisant ainsi sauter toute la baraque,en loccurrence notre plante-poubelle.Il me faut avancer avec prudence car la transmutation estsi rapide et si brusque entre la confiance accorde auprogrs des technosciences et langoisse suscite par leurs

    performances actuelles, quil faut viter de commettre desfaux-pas lis la prcipitation, dautant que les tentativesde comprhension de ce renversement sont rcentes. Jevoudrais cependant indiquer quelques orientationsphilosophiques qui permettent de prendre la mesure desvnements plantaires en train de se mettre en place ;mais je ne ferai que les voquer dans ce texte car leurcomplexit est fort grande et demande quon sjourne unpeu dans les ouvrages qui en prsentent les lignesdirectrices.

    La suite dans le prochain numro. On prsentera lespoints suivants :- la scularisation ou le versant fatal de lhistoire du

    progrs ;- en de de la scularisation, les origines cosmiques dunaufrage :Les temps modernes comme nouvelle gnoseLe naufrage des temps modernes et son analyseur nihi liste - retour vers quelques symptmes cliniques rcents :

    A propos du rapport de lOTAN Vers une grandestratgie pour un monde incertain Renouveler le

    partenariat transatlantique , 2007A propos du Large Hadron Colliser (LHC), cetacclrateur du CERN et sa premire entre en serviceau mois de septembre 2008.A propos de larticle Doomsday Seed Vault enArctique, F. Engdahl paru le 4/12/2007

    LA PL AN TE LAB ORAT O I R E 2

    Suite de l artic leLa pla nt e-l abo rat oir e . . .

    Galile introduit dans un monde chaotiqueune nouvelle ligne de phn omnes et dt re sintelligibles, prsentant dans le monde sensible lespremires crations transparentes aux intelligibilitsmathmatiques. Il inaugure une nouvelle histoire o seconstitue et se dveloppe un nouveau mondereconstruit partir des dbris de lancien. II ouvre ainsilimmense chantier des hommes dOccident qui, despetits laboratoires soigneusement clturs, passeront d a u t res espaces rationnel s, ceux des usines parexemple, l o, travail rationalis et machines

    mcaniques, rduiront et transform e ront grandechelle les matriaux naturels et diffuseront lchelleplantaire les objets techniques. Et cette circulation, enronds concentriques toujours plus larges et plus serrs,formera son tour une nouvelle nature reconstruite,artificielle, toujours plus rationnelle. Cette premireexprience construite, fondant lespace rserv deslaboratoires, met en branle un mouvement synergiquecomplexe o les ralisations scientifiques sortant deslaboratoires, se transfrent lindustrie. Celle-ci sontour, en propage les retombes dans la vie sociale deshommes. De ce processus, surgira peu peu et semettra en place un nouveau monde, le ntre.

    La formation de la raison scientifiquecomprend la fois ce versant spculatif dj voqu, lamise en place de nouvelles approches, limportance

    accorde aux quantifications, et un versant pratique,celui que rvle lexprimentation et propos duquel sedveloppent rgulirement de nombreux contresens.

    Lexprimentation nest pas dabord vrification maisinstitution, construction dune nouvelle ralit. Atravers la place minente tenue par lexprimentationet les laboratoires, dexpriences en expriences, delaboratoires en laboratoires, se manifeste lexistence decet autre versant de la raison moderne, son aspectmilitant et activiste. La raison militante est la faceactive de la raison, indissolublement lie son versantspculatif, crant pour elle un monde de moins enmoins opaque son projet de transparence

    Dans ce contexte, la raison observ a n t emoderne peut participer ldification du chantierinterminable o se construit un autre monde plein desens, un monde incarnant peu peu un ordre autonome travers lexprimentation scientifique, travers lesrseaux des laboratoires et des usines. Passons alors la limite : ne sagit-il pas de substituer au monde initialdonn un autre monde rendu permable au travail de lamathmatisation? La rationalit luvre dans lessciences modernes aurait donc deux versants, unversant spculatif, thorique et un versant activiste,militant, ayant pour objectif de reconstruire la natureet lhomme afin quils deviennent diaphanes,transparents lil de la raison spculative (5).

    (5) - Tibon-Cornillot, La reconstruction gnrale du monde,in La plante-laboratoire, n1, page 4.(6) - Cette dmarche se retrouve chez Hegel dans la prface dela phnomnologie de lEsprit : Lbranlement de ce mondeest seulement indiqu par des symptmes sporadiques ;linsouciance et lennui qui envahissent ce qui subsiste encore,le pressentiment vague dun inconnu sont les signes prcurseursde quelque chose dautre qui se prpare. Cet miettement quinaltrait pas la physionomie du tout, est interrompu par la levedu soleil qui, en un clair, esquisse en une fois ldifice dunouveau monde. Mais ce nouveau monde a aussi peu une

    effectivit accomplie que lenfant qui vient de natre et il estessentiel de ne pas ngliger ce point. Le premier surgissementnest dabord que son immdiatet ou son concept. Aussi peu undifice est accompli quand on en a jet les fondements, aussi peule concept du tout qui vient dtre atteint est-il le tout lui-mme., Hegel, prface de la phnomnologie de lEsprit,Aubier, Paris, 1966, pp. 31-33.(7) - On entendra par temps modernes , la modernitoccidentale Scientifique, Technique, Industrielle, Financire(8) - G. Steiner, Dans le chteau de barbe-bleu, ditions duSeuil, Paris, 1977

    Operation Cue - ligne de mannequins 7,000 pieds de limpact pour valuer les radiations thermales aprslexplosion, 5 mai 1955.

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    Recherches sur lesforces formatrices danantissement

    par Bureau d tudes

    g roupe conceptuel indpendant

    Les forces formatrices de lanantissement dont nousvoulons parler dans ce texte sont celles prsidant la mort de lhomme et de la nature. Nous ne

    r p t e rons pas ici le constat aujourdhui banal delobsolescence et de la mort annonce de lhumanit oude la nature voulant plutt mettre jour les forces enprsence qui travaillent leur ralisation sur la plante.Pour cela, nous devrons dabord faire une petite incursiondans lorganisation de la plante et dans la positionp a rt i c u l i re attribue au systme nerv e u x dans cetteorganisation.

    Lhistoire de la Terre est un laboratoire, une situationdexprimentation dans laquelle interagissent minral,vgtal, animal et humain. Dans ce grand laboratoire, ondsigne parfois sous le nom dre psychozoque ce temps ola conscience et la connaissance commencent affecter

    la Terre (1). Par ce terme est suggre une mergence,celle de lactivit psychique. Or, on pourrait considrerque le rgne animal et lhomme sont dj prsents dansles rgnes minral et vgtal, la faon dont la granecontient dj les feuilles, les fleurs et les fruits. Ondistinguerait ici une force gologique, ni matrielle ninergtique par le nom de noosphre, qui dessinerait avecla gosphre et la biosphre une organisation tripartite denotre plante (2).Lmergence et le dveloppement de la noosphre est lieselon certains auteurs au dveloppement crbral, cest--dire une forme particulire de la biosphre (3). Onpourrait qualifie de cphalocentrique, la pense selonlaquelle le systme nerveux central et la cphalisationseraient les lieux organiques de la conscience et de laconnaissance, cest--dire de constitution de lanoosphre sur la Terre.Cette focalisation sur le systme nerveux central peuttre conteste, considrant par exemple que le systmenerveux entrique avec le cerveau abdominal qui lui sertd o rgane central est le centre des fonctions vitales

    (fonctions vasculaires et viscrales, nutrition, gestation,respiration, circulation) fonctions qui sontindpendante du cerveau crnial au point quun enfantn sans systme crbrospinal peut continuer vivre (4).Ces fonctions vitales bien que gnralementinconscientes et ne passant pas par des reprsentations,entretiennent des relations avec le monde environnant.Nous considrerons cependant que lactivit pensante etla conscience de soi trouve son assise dans le systmeneuro-sensoriel.Le systme nerveux est un systme ferm. En tant quesystme ferm, le systme nerveux nest pas mme dedistinguer entre des transformations de lactivit neuronale quiviennent de lextrieur et dautres qui viendraient delintrieur (5). Autrement dit, du point de vue dusystme nerveux, il ny a pas de diffrence sujet/objet, pasde diffrence entre perception et hallucination, entrededans et dehors. Car il opre sans relation directe aumonde environnant et ne construit donc quavec deslments quil constitue lui-mme. Mais bien que clt enlui-mme, le systme nerveux central nest pas enposition dextriorit au monde. Les particules quicomposent la matire perue composent galement celledont sont constitus lil, le cerveau, etc., bref, lesystme neuro-sensoriel lui-mme. Ce cercle entre moi etnon-moi avait t dj peru par le philosophe allemandSchelling, pour qui la nature ne saurait tre distingue delobservateur, parce que lobservateur fait lui-mme partiede la nature (6). Ce qui observe, cest prcisment cequi est observ.Parce quil y a une boucle entre observateur et observ, ilny a pas de rel-en-soi, cest--dire dobjet radicalementtrange r au sujet observant. L o b s e rvateur ne peutscarter suffisamment du rel pour le transformer enobjet distant, toute proprit dun rel observ tant, parconsquent, intimement lie la pense qui la met en

    vidence. De plus, aucun observateur ne peut sparerdans le langage quil utilise une part qui dcrit le monde,dune autre qui dcrit sa contribution conceptuelle.Enfin, lessai de comprhension du rel-en-soi se heurte

    lexcs de complexit de ce rel. Lessai de surmontercette complexit par une concentration sur les moyennesou sur des diagrammes de rcurrence, nquivaut pas une saisie spculaire du rel mais une slection desaspects les plus pertinents relativement nos intrtscognitifs.Contrairement la croyance au rel-en-soi qui prtenddistinguer lobservateur de lobjet observ enlevant, encela, toute valeur esthtique, thique et tlologique lobservation la boucle raccordant lobservateur etlobjet observ active implicitement des valeursesthtique, thique et tlologique. Ces valeurs dessinenten quelque sorte, les limites imaginaires de lobjeto b s e rv. Il nen va pas autremen t dune crationthorique qui, quoiquelle fasse appel des objets idels,est, elle aussi, un certain genre dobservation.Il nous faut prsent nous dplacer vers la pense dunphilosophe du XIXe sicle dont les remarques tententd c l a i rer la dynamique et les fins de cette boucleraccordant lun lautre, lobservateur et lobjet observ.

    Pour Hegel, le savoir sait quen se rapportant un objet, ilest seulement en dehors de soi, il sextriorise ; que ce nestque lui-mme qui sapparat soi comme objet, ou que ce quilui apparat comme objet nest que lui-mme (7). Or, cetteobjectivit, la mdiation de lobjet dans la connaissancede soi, est, pour Hegel, un rapport alin soi, un rapportqui ne correspond pas lessence de lhomme. Car cetteessence se ralise en tant que savoir absolu. Le savoirabsolu, sans mdiation, exige le surm o n t e m e n t ,lannihilation de lobjet, le surmontement etlannihilation de ltre (la Nature).Bien que lobjet soit dabord ncessaire la consciencepour se connatre soi, la suppression de lobjet est lacondition de la constitution dune conscience qui nedpend que delle-mme. La constitution duneconscience qui ne dpend que delle-mme est ainsi

    troitement lie la mise mort de la Nature. La Naturea seulement le sens dune extriorit quil faut supprimer(8). Le savoir absolu serait-il donc la racine des forcesformatrices de lanantissement ?

    Cette extriorit de la Nature qui doit tre supprime chezHegel, svanouit de soi-mme chez Schelling, endevenant obsolte. Car, lhistoire transcendantale du moivolue selon une loi immanente daprs laquelle le sujetdun moment antrieur devient lobjet du moment ultrieur (9). Ainsi, dit-il, la lumire, qui soppose la matirecomme le sujet lobjet devient elle-mme objet. Elledevient organisme (10). Ainsi lorganisme, lumiredevenue objet, lumire concrtise devient son toursujet.Puis lorganisme qui semblait exister pour soi, devient son tour linstrument dun terme suprieur. Une fois quele processus (organique) a atteint son but, ce [terme]jusqu

    prsent subjectif doit lui-mme passer lobjet ; son rgne, sasouverainet sachvent, il fait place, son tour, une

    puissance suprieure. () [Quand lorganisme] devient son tour objectif, donc se subordonne un sujet encore pluslev ce moment correspond la naissance de lhomme :avec lui la nature, comme telle, est accomplie et un nouveau

    monde commence, une srie tout fait nouvelle dedveloppements(11). Autrement dit, la souverainet deltre sachve et laisse la place au pur savoir : Ce quiapparat, vis--vis de ltre dans sa totalit, comme un termesuprieur o celui-ci est compris, ne saurait tre que savoir.

    Ainsi, nous aurions dsormais men le sujet jusquau point oil est pur savoir : arriv l, son tre ne consiste plus quensavoir et nous ne pouvons plus le retrouver sous forme de choseou de matire. Lhomme est ici, comme chez Hegel, entant que lieu du savoir absolu ou du savoir pur, la forceformatrice de lanantissement.Que ltre, la Nature soit obsolte (Schelling) ou quelledoive tre supprime (Hegel), que lobjectivit, la Naturesoit nant, alination, voil une pense que ne partageaitpas Goethe, ni a fortiori Marx, qui peut tre vu en ce quic o n c e rne la thorie de la connais sance, comme un

    LA PL AN TE LAB ORAT O I R E3

    Le modle montre une croissance relative du rayon de la Terre au cours de sa longue histoire : au fur et mesure de cette c roissance,les continents sloignent progressivement les uns des autres tandis que se dploient les Ocans (Geology after the CGMW andUNESCO bedrock geology map, 1990)

    (1) - 1) Le gologue amricain Joseph Le Conte (1823-1901)dveloppa l'ide que la mtire vivante voluait vers unedirection dfinitive, qu'il appelait l're Psychozoique. JamesDwight Dana (1813-1895), un gologue, minralogiste et

    biologiste, dveloppa une ide similaire, qu'il nommaitcphalisation. Dana fit remarquer que dans le temps gologique,il y a deux milliards d'annes ou probablement bien plus, ono b s e rve un processu s irrguli er de croissanc e et deperfectionnement du systme nerveux central, en commenantpar les crustacs (que Dana a tudi en premier), les mollusques( c p h a l o p oda), et en finiss ant avec l'homme. C'est cephnomne qu'il nomma cphalisation. Dana participa laWilkes Exploring Expedition (1838-1842) qui dcouvrit le PleSud Magntique et dtermina que l'Antarctique tait uncontinent.(2) cf Vladimir I. Ve rn a d s k y, Some words about the Noosphere, American Scientist, Janvier 1945. Le concept de

    "biosphere", c'est--dire le "domaine de la vie", fut introduit enbiologie par Lamarck (1744-1829) au dbut du XIXme sicle,et en gologie par Edward Suess (1831-1914) la fin du sicle.(3) - Voir Teilhard de Chardin, Le phnomne humain, Seuil,

    1955(4) - Johannis Langley dclare "... l e cerveau abdominal fait plusque simplement relayer de l'information du cerveau cphalique?Il tait incapable de rconcilier conceptuellement la grandedisparit entre les 2 X 10 (8) neurones du cerveau abdominal etles quelques centaines de lobes du gros cerveau, autrement qu'ensuggrant que le systme nerveux du cerveau abdominal taitcapable de fonctions integres indpendantes du systmenerveux central"....(5) Maturana, Erkennen. Die Organisation und Verkrperungvon Wirklichkeit. Ausgewhlte Arbeiten zur biologischenEpistemologie. 2. Durchges. Auflage. Autorisierte Fassung vonW.K. Kck (Wissenschaftstheorie, Wissenschaft und

    Philosophie 19), Braunschweig, Vieweg, 1985(6) Friedrich Wilhelm Joseph Schelling, Einleitung zu seinemE n t w u rf eines Systems der Naturphilosophie [1799], Stuttgart ,Reclam, 1988, p. 19

    (7) La lecture de Hegel provient ici de Marx, Manuscritsconomico-philosophiques de 1844 , Vrin, 2007, p.168(8) - Marx, op. cit., p.176(9) - Schelling, Contribution lhistoire de la philosophiemoderne, PUF, 1983, p.126(10) cf. W. Vernadsky, La biosphre, Flix Alcan, 1929, p. 12.Elle est le reflet de la structure du cosmos, lie la structure et lhistoire des atomes, des lments chimiques en gnral.(11) - Schelling, Contribution lhistoire de la philosophiemoderne, PUF, 1983, p.130

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    Go-ingnieriede la bombe atomique la monte des eauxPar Bureau d tudes

    1. Des bombes atomiques civilesaux bombes atomiques propres

    Un article duBulletin of atomic scientists de juin1950 voque les possibilits dutilisation debombes atomiques pour creuser des canaux,des mines ou encore pour briser des icebergs. Le signalde dpart de la goingenierie nuclaire date cependant dufameux discours intitul Atoms for Peace prononc par

    le Prsident Eisenhower le 8 dcembre 1953. la suitede ce discours, les Nations Unies financent en 1955 unec o n f rence sur les usages pacif iques des bombesatomiques. En France, enthousiasm par lide de bombespacifiques, le scientifique Camille Rougeron crit unemonographie dcrivant la grande varit des applicationspossibles pour changer le cours des rivires, le climat,f a i re fondre les glacier s, constru i re des centralesnergtique souterraines et casser les montagnes pourexploiter les minerais avec le nuclaire .(1) En UnionSovitique, lingnieur G.I. Pokrovskii voque lui aussi lepossible usage des bombes atomiques pour creuser descanaux, considrant notamment que la contaminationradioactive dans une explosion nuclaire ne devrait pas treconsidr comme un obstacle insurmontable lusage de ce

    g e n re dexplo sif pour lexploi tation minire ou laconstruction.(2)

    Les compagn ies du complexe mili taro - i n d u s t r i e lamricain ne tardent pas mettre profit ces visionsdmentes et sont les premires mettre en uvre desprogrammes secrets dutilisation civiles des bombesatomiques (programme Plowshare). Il nest pas encorequestion lpoque, des projets nuclaires ditspropresEn 1957, la pre m i re explosion nuclai re civile esteffectue sur le site militaire dans le dsert du Nevada.C o n f i rmant les conjectures des ingnieurs, elle estbientt suivie du projet Gnome en 1961 donnant lieu la premire explosion nuclaire souterraine.En 1956 Edward Te l l e r, crateur de la bombe hydrogne, met le projet dment de creuser un secondcanal de Suez laide dexplosifs nuclaires. 300 bombes

    n u c l a i res enterres travers ant le sud du Panamasuffiraient raliser lexcavation du canal. Une autreoption envisage denterrer 764 bombes sur une lignetraversant la Colombie.En 1958 le Commissariat lEnergie Atomique (CEA)lui confie le Projet Chariot destin construire un portartificiel Cap Thompson dans ltat de lAlaska, enutilisant la bombe hydrogne.Mais la sensitivit grandissante de lopinion publique lacontamination radioactive conduisit une remise enquestion de ces projets, puis du programme Plowshare lui-mme en 1977.

    Ds les annes 1950 les premires tudes paraissent,montrant les effets plantaires des essais nuclaires civilset militaires. Un rapport de lONU voque que l estrontium radioactif qui na jamais exist dans la nature setrouve prsent de nos jours dans les os des enfants de lreatomique, vraisemblablement partout dans le monde. () Lesinvestigateurs de lONU ont dcouvert que la quantit destrontium radioactif [en provenance des explosions debombes H] absorbe par le systme osseux des enfantsdOrient est six fois plus forte que celle que lon trouve chezceux dOccident [les premiers consommant du riz,directement tir du sol](3).

    LA PL AN TE LAB ORAT O I R E 4

    successeur du premier. Lun comme lautre (aussi opposssoient-ils sur un plan social et politique) partagent unecomprhension intensive de la connaissance qui ne peutretourner dune facult isole mais qui doit tre uneexprience vcue par le sujet entier ; mme refus dum o rcel leme nt de la natu re en objets arr a c h sa rtificiellement leur enviro n n e m e n t : mmeacceptation des organes des sens et de la parole humainecomme moyens valables et fiables de la connaissance.Chez Marx, le vrai savoir cest le savoir extrioris, cestlobjectivit. Lobjectivation nest pas rification. Laproduction de lobjet nest pas ngation mais position desoi quand le sujet est activit libre et portant en elle-mme sa propre fin. Est alin au contraire ltre nonobjectif, celui qui travaille pour un autre ou de faon nonlibre, car il nest pas matre de sa propre activation. Letravai l humain quand il est alin se re t o u rne enpuissance ngatrice, en force formatrice delanantissement. Il aboutit ce que lhomme soit sansobjet, perde lobjet dans lequel il exprime son tre. Or, enperdant lobjet, le travailleur est priv de lobjectivit deson tre, autrement dit, il nest que subjectif : il est clossur soi, sans rapport sensible au monde et donc sansmonde. Et son absence de monde se conjugue sonauto-anantissement et lanantissement de laNature. Il est sans-tre, il nest pas (12). Car ltre non-objectif est un tre non-rel, non sensible, un tre seulement

    pens, cest--dire un tre seulement imagin, un tre delabstraction. En tant dralis par largent ou par letravail abstrait (le travail machinis), en se soumettant

    un certain genre dtres non-rels, un certain genredtres de labstraction lhomme alin non seulementperd sa nature en tant qutre historique mais il devientc o n t re - n a t u re (13). Il perd sa facult dauto-engendrement naturel et historique. Il ne se reproduitplus san s la ide de machines ou par pro c r a t i o na rtificielle. Il ne se connat plus lui-mme sans lamdiation dtres abstraits.Cette contre-nature, ni naturelle ni spirituelle est uneralit dun troisime genre, la ralit des tres automatiques,dotes dune vie mouvante en soi-mme de ce qui estmort (14). La facult dauto-engendrement de ces tresest constitue par ces forces formatrices delanantissement qui, comme le capital montaire etmachinique (travail mort), viennent en remplacement

    de la nature et de lesprit. la tripartition de la terre gosphre, biosphre,noosphre sajoute dsormais une nouvelle sphre quiles nient, une technosphre, issues des forces formatricesde lanantissement. En se soumettant au pouvoir de cesforces de mort, de ces forces gnratrices dtres non-rels, non sensibles, en sen remettant au pouvoir de ceque Marx appelle lempire des tres trangers (15), en sesoumettant aux objets qui, devenus sujets sont dsormais

    dots dun mouvement, dune capacit dauto-e n g e n d rement et dune rflexivit pro p re, lhomm esauto-avilie, sauto-annantit. Or, les auto-alinations nesont pas des fantasmagories idales : on ne peut abolir ladpossession matrielle par une action purement intrieure denature spiritualiste (16).Mais laction matrielle suffit-elle abolir ces tres delabstraction ? Et dabord, pourquoi faudrait-il soignerlhomme, la Nature, lutter contre leur dchance ? Nedoivent-ils donc pas mourir, devenir lobjet dun termesuprieur ? La Terre ne doit-elle pas tre dsert etlhomme laisser place au Successeur ? Ne devrait-on pasreconnatre dans le suicide de lhumanit technologique,lultime sacrement quelle est capable de sauto-administrer ?Dore et dj, un sicle aprs Marx, lhomme et la Terresont plongs dans labstraction des machines au pointque, comme le reconnat justement Donna Haraway,lhomme est aujourdhui cyborg (17). Aller contre ce quifait notre prsent, soigner lhomme et la nature, retarderla minralisation et labstraction, lutter contre les forces

    dalinations, permet sans doute de gagner du temps deretenir la fin sans fin, lacclration que nous voquionsdans le numro prcdent de la plante-laboratoire. Carcette fin sans fin prtend se projeter aussi loin queloekoumne humain, toujours plus loin, plus profond,dans les confins de lunivers (18). Mais sagit-il seulementde gagner du temps ? Ne sagit-il pas au contraire depoursuivre un autre devenir dont nous ne connaissons pasencore la forme ?Le mode daction possible contre les forc e sdanantissement des tres de labstraction demeureencore mal connu. Avant toute action, il nous faut aupralable reconnatre dans les tres abstraits, des tres quiagissent sur lhistoire et la nature, qui suscitent un

    p rocess us de rgres sion org a n i q u e, dauto-abaissement,

    dauto-avilissement de lhomme, cest--dire de lhistoireet de la Nature. Et parce quils nous abaissent et poussent notre anantissement, nous ne pouvons seulement lesvoir comme des nuisances mais bien comme des forcesadverses qui - quel que soit leur ontologie, tres fictifs oucontre-entlchies - ne rpondent pas aux mmes finsque celles de lhomme rel (19). Mais il nappartient pasau prsent texte didentifier ces tres abstraits, de lesqualifier ni de prciser les relations possibles que nous

    pouvons entretenir avec eux.

    (12) - un tre non-objectif est un non-tre (Marx, Manuscritsconomico-philosophiques de 1844 , Vrin, 2007, p.167)(13) - Marx, Manuscrits conomico-philosophiques de 1844 ,Vrin, 2007, p.179(14) Hegel cit dans Michel Tibon-Cornillot, Les corpstransfigurs, Mcanisation du vivant et imaginaire de labiologie, Seuil, 1992, p.267(15) - Marx, Manuscrits conomico-philosophiques de 1844,Vrin, 2007, p.177(16) - Marx, La Sainte famille, p.104(17) Donna Haraway, Le manifeste cyborg ,http://multitudes.samizdat.net/spip.php?article800(18) Cette pousse vers les confins est clairement exprimepar lastronome russe Nikola Kardashev, qui dfinit en 1964une chelle de classement des civilisations en fonction de leurniveau technologique, cest--dire aussi de leur puissancedanantissement. Une civilisation de Type I est capabledexploiter, pour ou contre soi, toute lnergie disponible sur saplante dorigine. Une civilisation de Type II collecte toutelnergie du Soleil. Une civilisation de Type III, lnergie de sagalaxie. Une civilisation de Type IV, lnergie dun superamasgalactique et une civilisation de Type V toute lnergie delUnivers visible.(19) - Par tres fictifs nous ne voulons pas entendre cesfictions bien fondes qualifiant les infinitsimaux chez Leibniz.Par contre-entlchies nous ne voulons pas entendre desconcrtions de noumnes, de choses-en-soi (comme lnonceFriedrich Dessauer) mais davantage pour reprendre un termeque les Romains appliquaient lesprit malfaisants de leursmorts venant les hanter des larves ou des lmures. Une larveest une concrtion de travail mort capital montaire oumachinique - continuant dune mort vivante se mouvant enelle-mme.

    Localisation des exprimentations d'pandages dans les nuages en Australie. E, (Emerald Experiment), NE, (NewEngland Experiment), W, Waraggamba Dam Experiment, SM, (Snowy Mountains Experiment) MW, (MelbourneWater Experiment), WV (Western Victorian Cloud Seeding Experiment), SA, South Australian Experiment, WA(Western Australian Northern Wheatbelt Cloud Study) and Tasmania (T).

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    Dans les annes 70, le reflux des mouvementsr v o l u t i o n n a i res rejoint la monte en puis sance desmouvements cologiques. LInternationale des irradisremplace lInternationale rvolutionnaire, lirradiation seprsentant dsormais comme plus petit commundnominateur que les gouverns ont en partage.En supprimant dfinitivement lide de nature non-anthropique sur Terre, en suscitant la prise de consciencedes effets systmiques de lactivit humaine, lesexpriences nuclaires grande chelle ont inaugur unnouvel ge de lingnierie modifiant les systmese n v i ronnement aux, climatique, ocanique,atmosphrique, quelles auront dabord dtruits par leurgnie industriel et militaire. Certains chercheurstrs actifs dans le dveloppement de lingnierieatomique se re t ro u v e ront dailleurs aux avant-postes de lingnierie climatique.

    2. Des bombes atomiques

    la goingnierie

    La modification locale du climat estexprimente et mise en uvre militairementet commercialement depuis quelques dcennies. Latechnique de lensemencement des nuages(Cloudbusting) pour provoquer des pluies, estdcouverte la fin des annes 40 et exprimenteau cours des annes 40-50.(4) En 1953 un comitconsultatif du Prsident sur le contrle climatiqueest tabli pour poursuivre ces ides et en 1958, leCongrs des Etats-Unis augmente le budget derecherche dans la modification du climat.Lexprimentation grande chelle est galementen cours en Union Sovitique mme si lesrecherches sont plus secrtes. Autour de 1956, lesingnieurs sovitiques spculent un barrage sur ledtroit de Bering qui permettrait de pomper leaude lOcan Arctique dans le Pacifique. L e a uchaude draine vers le haut de lOcan Atlantique

    liminerait la banquise arctique, rendant locannavigable et rchauffant ainsi la Sibrie.En 1955 John Von Neumann, mathmaticien,physicien, et pre de la cyberntique, confie aumagazine Fortune, que des couches microscopiquesde matire colore pandues sur une surface de glace oudans son atmosphre, pourraient empcher le procdde rflexion-rayonnement, et faire fondre la glace,changeant ainsi le climat.En 1961 le climatologiste russe Budyko spcule surla possibilit de modifier le climat par despandages ariens de poussire de suie sur la neigeet les glaces arctiques. La suie abaisserait lalbdo(taux de rflexion du soleil) et ainsi lairaugmenterait en chaleur (5).Pour parer au scandale provoqu par ces actions c o n t re - n a t u re , ds 196 5, le gou vern e m e n tamricain dans une notification sautorise p re n d re des mesures compensa toires si lerchauffement climatique d laugmentation desgaz effets de serre comme le dioxyde de carbone

    devenait crucial. Ces mesu res compensatoire svoques ne concernent pas la limitation delutilisation des combustibles fossiles mais bien dessolutions relevant de la goengenierie tellpandage arien de particules sur locan ou travers latmosphre crant ces miroirs artificielschargs de rflchir davantage la lumire solaire.Le cot de ces projets a t estim $500 millionspar an, et prtend tre moins coteux que tous lesa u t res progr ammes de lutte du gouvern e m e n tcontre le rchauffement climatique (6).

    Les scnarios proposs pour prvenir des changementsclimatiques ne peuvent tous tre voqus ici. Une tudeamricaine en recense les plus exotiques (7). Il est sr quecertains dentre eux ont dpass la phase exprimentale(pandage de micro- et de nanoparticules de fer dans lesocans) et que dautres semblent tre raliss lchelleplantaire depuis plusieurs annes (utilisation des avionscivils pour renvoyer une partie du rayonnement solairedans lespace par lutilisation de particules daluminiumrflectrices)(8). Ces manuvres sont couples d n o rmes projets de modl isati on inform atique dessystmes climatiques plantaires, modlisations dontJohn von Neumann en 1945 disait quelles devraient trepralables toute ingnierie du climat.Dans les annes 1970 sous le nom de code Nile Blue,lARPA (Advanced Research Projects Agency) lance unp rojet secret de plusieurs mi llions de dollars po urdvelopper ces modlisations. Ds les annes 1920, L. F.Richardson imagine un thtre informatique de 64 000ordinateurs (le Computing theater) destins modliser et prdire le climat plantaire (9). Cette imagination estralise par des chercheurs du Los Alamos National Labsqui simulent une sphre plantaire divise en 500 000ttradres de 20 miles de ct, pour modliser le climatde la Terre.Les catastrophes contribuent au dveloppement dessystmes de contrle plantaires prtendant lesmatriser.Elles contribuent la mise en uvre des penses les plusfolles. De vieilles ides retrouvent un second soufflecomme ce grand projet de lingnieur allemand HermanSorgel qui projeta de clturer la mer Mditerrane par un

    grand barrage au Dtroit de Gibraltar (10). LesHollandais possdent dj une infrastructure de $2.5trillions (quivalant au montant des changescommerciaux entre lUnion europenne et les Etats-U n i s ) pour protger la population hollandaise desincursions des eaux. Une monte des eaux de 2 mtres surtoute la plante pourrait bien provoquer des actionstitanesques pour protger les aires habites.

    Si lconomie de guerre a souvent permis de relancer lesmachines conomiques essouffles tout en augmentant lac o e rcition sociale , lcon omie de catastr o p h eenvironnementale pourrait bien lui ressembler commeune sur : elle offre du travail et des opportunits

    nouvelles pour le redploiement industriel. Une telleconomie sappuie sur une fonctionnalisation radicale dela plante. Car une catastrophe, en dehors des avantagesstratgiques quelle peut occasionner - est dabord unmanque gagner. Or rien nempche comme le suggreun article de la revue Nature (11) de considrer la Terrecomme un vaste tableau input-output dchangesenvironnementaux, un systme conomique produisant desbiens et des services dans ce qui pourrait sappeler uncapitalisme dveloppement durable. Lcologie dessineici le nouveau programme dune ingnierie systmique ola plante se distingue de lusine non par la taille et lacomplexit des facteurs mis en jeu mais plus par lesfinalits.

    (1) Camille Rougeron, Les applications de lexplosionthermonuclaire, Berger-Levrault, 1956.(2) G.I. Pokrovskii, Sur les usages industriels des bombesnuclaires, Gornyi Zhurnal, Vol. I, pp. 29-32.(3) Cf. Calder, Ritchie (1963), Lhomme et ses techniques,Payot, p.236(4) Aujourdhui, aux Etats-Unis, vingt-neuf tats ont autorisdes programmes de modification climatique. La dissipation desnuages basse temprature par lensemencement de nitrogneliquide ou dair compress est devenu une routine sur certainsaroports. De lIsral la Russie, de lAustralie aux Philippines,lensemencement des nuages est utilis rgulirement poura c c ro t re les chutes de pluie. Le plus grand systmedensemencement de nuages au monde est celui de la Chinepopulaire.

    (5) - Budyko, Mikhail I. (1962). Some Ways of Influencing theClimate. Meteorologiia I Gidrologiia 2: 3-8.(6) - cf. Pre s i d e n t s Science Advisory Committee (1965) .Restoring the Quality of Our Environment. Report of theEnvironmental Pollution Panel. Washington, DC: The WhiteHouse, p. 127.(7) par exemple : 24000 personnes employes manuvrer350 canons installs en mer, chaque canon tirant 120 obus de860 kilos contenant de la poussire duranium, 250 jours par an(cot : 100 milliards de dollars) (p.818, National Academy ofSciences, National Academy of Engineering, Institute ofMedecine (SEM). Plicy Implication of Greenhouse Warming :Mitigation, adaptation and the science base (1992).www.nap.edu/books/0309043867/

    html/index.html etwww.nap.edu/books/0309043867/html/index.html. Voir aussi Active ClimateStabilization : Practical Physics-Based Approaches toP revention o f Cli mate Change in Acadmie Nationale dIngnierie, Washington DC, 23-24avril 2002,www. l l n l . g o v / g l o b a l w a rm / 1 4 8 0 1 2 . p d f ,

    www.llnl.gov/globalwarm/148012.pdf(8) Le danger dune altration des systmes duclimat plantaire alors mme quune petiteexprience comme Biosphere II na pas tmaintenue avec succs - a cependant bien texprim par la National Academy of Sciences auxE t a t s - U n i s : "Les diff rentes options de go-ingnierie ont le potentiel d'affecter l'effet deserre et le rchauffement un niveau substantiel.Cependant, prcisment parce que cela pourraitse passer, et parce que le systme climatique et sachimie sont peu compris, ces options doivent treconsidres avec prcaution... Certaines de cesoptions sont relativement peu couteuses mettreen place, mais toutes laissent planer des doutesquant leurs effets collatraux surl'environnement."(9) cf le livre "Weather Prediction by NumericalProcess" de Richardson publi en 1922. Dans"The Mathematics of Chaos", Ian Stewartcompare la prdiction numrique du temps unjeu d'chec en trois dimensions. Les grilles

    ttradriques forment le plateau de jeu, les valeursnumriques assignes aucx variables mto sontles pices, et le temps de demain correspond unetape du jeu. Les rgles du jeu sont les quationsde mouvement dans l'atmosphre.(10) - Prvoyant une construction s'talant de1929 et 1953, l'architecte allemand Herm a nSorgel (1885-1952) envisageait la constructiondu plus grand barrage du monde qu'il estimaitpouvoir prod u i re 50000 Mwe au Dtroit deGibraltar en rduisant l'entre de la Mditerrane 200m. "L'Atlantropa" de Sorgel est conucomme un macro p rojet d'expl oiation del'hydrolectricit du nord de l'Ocan Atlantique.(11) - Si lon payait rellement les serv i c e sdcosystme au niveau de la valeur de leurcontribution lconomie mondiale, le systme de prix mondial serait trs diffrent de ce quil estaujourdhui. Le prix des biens et des services utilisantd i rectement ou indirect ement des serv i c e sdcosystme serait beaucoup plus grand (). Nousestimons dans cette tude que la valeur annuelle deces services est de 16 54 billions de US$, avec unemoyenne estime de 33 billions de US$ [soit 1.8 foisle PNB mondial actuel]. (Robert Costanza,Ralph dArge, Rudolf de Groot, Stephane Farber,Monica Grasso, Bruce Hannon, Karin Limburg,Shahid Naeem, Robert V. ONeill, Jose Paruelo,Robert G. Raskin, Paul Sutton et Marjan van denBelt, La valeur des services de lcosystmemondial et du capital naturel, Nature, Vol.387, 15mai 1997)

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    Le projet d'irrigation du Sahara en crant un "Deuxime Nil"pour alimenter le lac Tchad fait partie du folklore de la go-ingnierie (cf.Earth systems engineering and management byStephen H. Schneider, Nature 409, 417-421 (18 janvier2001).

    Drainage de la Mer du Nord pour agrandir l'Europe - il y a 10000 ans leniveau de l'eau tait plus bas de 120 mtres. La Mer du Nord n'tait doncpas une mer, mais un pont de terre qui joignait l'Angleterre l'Europe.Les gologues appellent cela le Doggerland, d'aprs la Dogger Bank, la

    plus large bande de sable de la Mer du Nord aujourd'hui. Dans les annes30, un plan fut imagin pour rcuprer ces terres enfouies. "Si les plansde drainages extensifs de la Mer du Nord sont conduits selon le schmaillustr ci-dessus, qui a t conu par d'minents scientifiq u e sbritanniques, 100000 miles carrs de terre seront ajouts au continenteuropen surpeupl. La terre rcupre serait contenu derrire des digues,similaires aux digues hollandaises, pour la protger de la mer, et lesrivires varies tombant dans la Mer du Nord seraient dvies par descanaux." (Septembre 1930).

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    Le vaudou plantairePa r Ew en Ch ar d ro n n e t

    Sea-based X-Band radar mobile (SB-XBR-1). Port dattache : le Adak dans le dtroit de Bering

    Le 13 dcembre 2001, nouvelle donne post - 11 sep-

    tembre oblige, les Etats-Unis notifient leur sortiedu trait ABM (Anti-Ballistic Missile) de 1972. Letrait avait t sign lpoque pour limiter la course auxmissiles nuclaires intercontinentaux et avait perm i sdouvrir une priode que lon qualifia de dtente entreles deux blocs de la Guerre Froide. Se retirant du trait,les USA mettaient ainsi fin trente annes dquilibredans la dissuasion nuclaire au nom de la Guerre contrela Terreur . Ils prenaient galement acte de la recompo-sition de la rgion Eurasiatique mais surtout sautorisaientau redploiement de leurs forces nuclaires et de leurs sys-tmes de dtection.Un an plus tard, le 16 dcembre 2002, George W. Bushsigna le plan pour de nouveaux systmes oprationnels dedfense NMD (National Missile Defense) lhorizon 2004,et voquait dj lintrt port sur leurs territoires, auprsdes dlgations polonaise, tchque et hongroise lors dusommet de lOTAN de 2002. La surprise ntait donc pastout fait totale pour les experts en dissuasion nuclairelorsquen janvier 2007 les Etats-Unis transmirent lademande officielle dinstallation de sites. Malgr les pro-testations russes dalimenter la course larmement ,le 28 mars 2007, la Rpublique tchque donnait son feuvert louverture de ngociations avec les Etats-Unis surlinstallation dun radar prs de Prague. Le bouclier anti-missile que les Etats-Unis veulent installer en Europecentrale lhorizon 2012 comprend dix missiles intercep-teurs dploys en Pologne et un radar ultra-perfectionnen Rpublique Tchque.Revenons un peu sur lhistoire de cette technologie et desimplantations successives de ces monuments de lrenuclaire.

    Alerte Prcoce

    La Seconde Guerre Mondiale a permis un dveloppe-ment rapide de la technologie radar (1), dans les airsou sur les mers. En 1945, avec la preuve par les faits dupouvoir de destruction de la bombe A se pose la questionde la dtection des missiles longue distance. Le conceptde bouclier anti-missile balistique va ainsi prendre forme

    : radars de dtection prcoce et missiles anti-missiles dedestruction en vol des ttes nuclaires ennemies.Dans les annes cinquante, deux objectifs primordiauxvont dfini r la pre m i re gnrati on darm u res anti-nuclaire : la construction dune barrire de dtectionprcoce des missiles balistiques trans-polaires et la syn-chronisation informatique centralise des dispositifs dedtection radar. En effet, les missiles nuclaires longueporte, sils ne peuvent pas rellement franchir lAtlan-tique, peuvent tout de mme atteindre leurs cibles enpassant au dessus du Ple Nord. Cette menace est prisetrs au srieux par les Amricains et les Sovitiques et lacourse larmement anti-missile est lance entre les deuxblocs.Les USA enregistrent un premier succs de synchronisa-tion informatique avec le systme SAGE (Semi-Automa -tic Ground Environment) qui est mis en service partir de1951. La machine relie 50 crans communiquait avecune centaine de radars sur la Pinetree Line Canadienne etpouvait suivre 400 avions.La porte des systmes de dtection radar va saccrotre

    danne en anne et la fin des annes cinquante le sys-tme BMEWS (Balistic Missile Early Warning System) de

    dtection prcoce de missiles balistiques ds leur sortie delespace arien sovitique est oprationnel. Le BMEWSest le dploiement de trois bases gantes de dtectionradar longue porte (environ 4500 km) : FylingdalesMoore en Angleterre ; Thule au Groenland ; Clear enAlaska. Ces bases vont enserrer le ple Nord pour sur-veiller la menace balistique trans-polaire sovitique. Ellessont toujours aujourdhui un lment cl du dispositifamricain.

    De leur ct, les sovitiques dploient et testent partirde 1959 diffrents systmes de radars de dtection satelli-te et de radars longue porte : Dunai-2 au Kazakhstan

    (ouest du Lac Balkhash) et Dnestr en Sibrie (Angarsk)et au Kazakhstan. Tous les radars ABM sovitiques porte-ront le nom de fleuves de lUnion. Test avec succs lesystme ouvre la construction partir de 1962 dune basepour protger Moscou sous le nom de A-35 ou DogHouse (la niche, selon la dnomination imaginative delOTAN). De 1963 1969, deux radars Dnestr-M dedtection Anti-Missile Balistique (ABM-1) sont installssur le front trans-polaire Nord-Atlantique Olenegorsk(prs de Mourmansk) et Skrunda (Lettonie). En 1969 leprojet EKVATOR va synchroniser le systme ABM-1sovitique. LOTAN dfinira cette armure naissante dunom de Hen House (le poulailler).

    Trait de non-prolifration et protec-tion complte du territoire

    Ala fin des annes soixante, les deux rseaux synchro-niss de dtection prcoce des missiles au dessus dela zone polaire nord sont oprationnels. Mais la crise des

    missiles Cuba et laugmentation de la porte et de lavitesse des missiles confirme la fragilit de la protection

    territoriale aux frontires directes et de la dtection trans-p o l a i re. Le dlai de pravis dattaque est pass de 15minutes 2 minutes en dix ans. Cette situation va entra-ner la prolifration des missiles anti-missiles la fin desannes soixante et conduira lURSS et les USA signerle trait ABM ( Anti-Balistic Missiles) en 1972, ouvrantune priode de dtente . Le trait limite le nombre demissiles anti-missiles. Il autorise la construction de lar-mure radar mais limite son dveloppement aux capitaleset aux frontires.Derrire ce trait, la priode de dtente va doncconstituer le temps ncessaire pour la construction dunedeuxime gnration de systmes darmures (ABM-2).

    Seconde Guerre Froide

    Le 23 mars 1983, Ronald Reagan et les no-conserva-teurs lancent la Strategic Defense Initiative (SDI) debouclier spatial connue aussi sous le nom de S t a rWars . Dans les couloirs du Pentagone on parle alors dela doctrine MAD (Destruction Mutuelle Assure), cest lafin de la dtente , lIran et le Nicaragua ont connu leurrvolution, Thatcher et Reagan ont t lus, lURSS aenvahi lAfghanistan. La SDI a notamment pour objectifde dynamiser lconomie vaudou amricaine et das-phyxier linvestissement militaire sovitique dans ce quelon appelle la Seconde Guerre Froide .En 1984, les systmes radars metteurs/rcepteurs sovi-tiques de type Daryal, nouvelle gnration rivalisant avecles radars Pave Paws amricains, sont oprationnels Pechora (Sibrie) et Gabala (Azerbadjan). Ils vont com -plter le Hen House (2). Une version spcifique, le radarVolga, commencera tre construit Baranovichi en Bi-lorussie, en rponse au dploiement des missiles Pershing

    en Allemagne de lOuest. En contraste avec les Dnepr quiavaient une prcision du mtre, les Daryal et Volga vont

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    (1) - Le radar est un systme qui utilise les ondes radio pourdtecter et dterminer la distance et/ou la vitesse dobjets loi-gns. Un metteur envoie des ondes radio, qui sont rflchiespar la cible et dtectes par un rcepteur, souvent situ au mmeendroit que lmetteur. La position est estime grce au tempsde retour du signal et la vitesse est mesure partir du change-ment de frquence du signal par effet Doppler. Le radar est uti-lis dans de nombreux contextes : en mtorologie, pour lecontrle du trafic arien, pour la surveillance du trafic routier,par les militaires, en astronautique, etc. Le mot lui-mme est unnologisme provenant de lacronyme anglais : RAdio Detection And Ranging, que lon peut traduire par dtection et estima-tion de la distance par ondes radio ou plus simplement radio-reprage . Dcouverte en 1900 et dfinie thoriquement en1917 par Nikola Tesla, la technologie radar sera dpose en1935 par Robert Wa t s o n - Watt, brevet qui le fit considre rcomme linventeur officiel du radar. La Dfense Britanniquefera alors la premire commande de la construction, tout aulong de leur cte est, dun rseau de radars qui portera le nom decode Chain home et qui sera dterminant au moment de labataille dAngleterre en 1940. LAllemagne nazie dveloppera partir de 1937 le radar Freya , plus performant que le systmeChain Home, mais aussi plus coteux, ce qui empchera undploiement efficace avant le dbut de la guerre. Malgr les op-rations menes de mai aot 1939, le ballon dirigeable alle-mand Zeppelin LZ130 ne parviendra pas prouver que les toursde 100 mtres de haut difies par les Britanniques de Ports-mouth Scapa Flow taient lies des oprations radar et enconclura quelles formaient plutt un rseau de radiocommuni-cations et sauvetage navals. Les Britanniques restrent silen-

    cieux au passage du Zeppelin... Il est dit que ce suppos avanta-ge technologique que croyaient avoir les Allemands les confir-ma dans linvasion de la Pologne le 1er septembre 1939...

    (2) - partir de 1975, les USA construisent le systme PAVEPAWS (Phased Array Warning System) de seconde alerte territo-riale. Au systme BMEWS dinterception des missiles trans-p o l a i res, sajoutent les bases de Cape Cod (Massachusetts ),Robins (Gorgie), Eldorado (Texas) et Beale (Californie), pourlinterception des missiles trans-ocaniques. Les deux systmessont centraliss la base de Cheyenne Mountain (Colorado).Du ct sovitique, deux radars Dnestr deviennent opration-nels partir de 1973 Mishelevka (Irkutsk) et Lac Balkhash(Kazakhstan), mais lanne voit surtout le test du premier radarde type Dnepr qui va sinstaller galement dans la rgion du LacBalkhash. Il inaugure avec succs une nouvelle gnration deradars. Des travaux de construction de radars Dnepr sont gale-ment confirms Skrunda (Lettonie), Mukachevo (Ukraine),

    Sevastopol (Ukraine) et Mishelevka. A partir de 1978 les radarsde Sevastopol et Mukachevo sont oprationnels. Larmure deprotection ABM-2 Hen House est alors complte. Reste lapartie Est du continent (est du fleuve Lena). Mais cette rgiondsertique est alors trop lointaine pour la menace balistiqueamricaine. Mais, en 1977, les USA ouvrent le radar CobraDane, localis sur la base Eareckson de lIle de Shemya dans laMer de Bering. Cobra Dane sera conu comme un radar des-pionnage avanc du bouclier, capable de collecter des donnessur les lancements-tests de missiles sovitiques dans le Kam-chatka et lOcan Pacifique.(3) - Dautres constructions de Daryal seront entames, mais

    bon nombre nentreront jamais en activit (comme Skrundaen Lettonie). En 1989, les sovi tiques reconnatront lexistencedu radar Daryal de Krasnoyarsk qui enfreignait le trait ABM de1972. Le trait stipulait quaucun radar ABM ne devait treconstruit plus de 150 kilomtres des frontires du pays et quilsdevaient tre dirig vers lextrieur. Or Krasnoyarsk se situe enSibrie centrale plus de 800 km de toute frontire. Le radarsera dmantel progressivement de 1989 1991. Malgr cettedconvenue et avant la chute du rgime, lURSS achvera laforteresse ABM-3 de dfense de Moscou, comprenant notam-ment un radar de type Don, une pyramide tronque de 100 m debase et 45 m de hauteur.(4) - Gnralement, les ondes radio ont tendance voyager enligne droite. Ce qui limite la porte de dtection des systmesradars des objets dans leur horizon visuel cause de la roton-dit de la Terre. Les radars OTH utilisent la rflexion sur laionosphre des ondes courtes (HF), seule partie du spectre lec-tromagntique prsentant ces caractristiques, entre 3 et 30

    MHz. Cette technique leur permet datteindre des distancesbien plus grandes, pour les dtections davions ou missiles.Comme le sol et la mer vont galement reflter ces signaux, onutilise gnralement leffet Doppler pour distinguer les cibles du bruit de fond. Leffet Doppler est le dcalage entre la fr-quence de londe mise et de londe reue lorsque lmetteur etle rcepteur sont en mouvement lun par rapport lautre ; ilapparat aussi lorsque londe se rflchit sur un objet en mouve-ment par rapport lmetteur ou au rcepteur. Leffet est ainsiutilis pour calculer la vitesse de dplacement des objets.

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    affiner au dcimtre prs (3).

    Le signal Woodpecker

    Apartir du dbut des annes 70 les USA entamrentle dveloppement dun systme de radars OTH-B,Over-the-Horizon Backscatter, et qui est aujourdhui consi-dr comme le systme radar le plus grand au monde (4).LURSS mit galement en place un systme de radarstranshorizons partir de 1976. Mais ceux-ci restrentlongtemps secrets. Mais un signal HF claquant et rpti-tif fut largement identifi par les radioamateurs ds ledbut des activits OTH sovitiques. On lui attribua pourcette raison le nom de signal Woodpecker pour sasimilarit avec le claquement de loiseau. LOTAN taitl a rgement consciente que ce signal pouvait venir deradars OTH non-officiels du rseau ABM sovitique et lenomma quant elle Steel Yard . Une triangulationpermit de le situer en Ukraine, quoique des erreurs demesures entranrent diffrentes interprtations quant son origine. Pendant de nombreuses annes, les incerti-tudes resteront fortes dans le civil quant lorigine de cesignal ce qui encouragea les radioamateurs mettre desexplications spculatives de systmes pour le contrle cli-matique, darmes ondes scalaires ou encore de tenta-tives de contrle distance des esprits (mind control). Saquasi-disparition partir de 1986 laissa galement planerles doutes pour de nombreuses annes encore.A u j o u rdhui il est largement dmontr que les radarsOTH sovitiques tait situs Komsomolsk-Sur-Amouren Sibrie extrme-oriental e et surtout Chern o b y l(metteur) et prs de Gomel (rcepteur), tous les deux

    dans la zone de contamination de la catastrophe nuclai-re. La situation de limmense metteur (plus de 200mtres de long pour 100 mtres de haut) quelques kilo-mtres de la centrale expliquent peut-tre pourquoi lesrusses et ukrainiens restrent on ne peut plus discrets surlorigine du signal Woodpecker ... Le radar OTH deChernobyl cessa en effet ses activits lors de la catas-t rophe nuclaire. De nouvelles thories spculativesposent aujourdhui la question de savoir si cest la centra-le nuclaire qui provoqua larrt du radar OTH ou bienlinverse.

    Nouvel Ordre

    Aprs le dmantlement de lURSS, le gouvernementletton imposera dans les annes 90 un arrt des acti-vits Skrunda, pour raison stratgique (rapprochementde lOTAN) et par obligation de prendre en compte lesrumeurs et tudes inquitantes dirradiation des popula-tions vivant proximit (5). Les attributions du radar deSkrunda seront reprises en partie la fin des annes 90par le radar Volga de Baranovichi, Minsk ayant demeilleures relations avec Moscou. Celui-ci avait mis plusde quinze avant de devenir vritablement oprationnel et

    stratgiquement au niveau. Il a t depuis progressive-ment mis jour.Enfin, le prototype de nouveau radar stratgique typeVoronezh, install depuis 2006 prs de Lejtusi, prs deSaint-Petersbourg, va permettre de compltement fermerla cavit quavait laiss la dmolition du radar de Skun-dra. Un autre Vononezh est actuellement en projet Armavir dans le sud de la Russie, pour prvenir les incer-titudes lies ses partenaires Ukrainien et Azerbadja-nais.Aux USA, la Star Wars sera un temps mise de ct.Malgr lambiguit des enqutes sur les dangers desrayonnements non-ionisants et les taux de cancer pro-portionnellement plus levs prs du site de Cape Codnotamment,(6) les installations BMEWS et Pave Pawssubiront dans les annes 90 des mises jour successivespour en faire le systme de dtection considr comme leplus infranchissable aujourdhui.

    A partir de 1995, les USA vont dvelopp un radar denouvelle gnration oprant dans la bande X (X-BandRadar, XBR) capable de dtecter des dbris de moins de10 cms. Le premier prototype portant le nom de HaveStare sera test sur la base de lAir Force de Vandenbergen Californie, puis dplac sur le site de Vardo dans lenord de la Norvge en 1998 (nomm aujourdhui Glo-bus). Le radar a pour fonction de surveiller les dbris orbi-taux mais galement les essais de missiles russes dans lazone polaire Nord-Atlantique.En 2006, le premier radar Sea-based XBR sort des chan-tiers navaux texans. Il sagit dun XBR positionn sur unesorte de plateforme ptrolire mobile et pouvant se dpla-

    cer dans des zones stratgiques. Ainsi le XBR mobile a tenvoy sur la base de Misawa au Japon pour dissuader etcontrler lespace arien de la Core du Nord, o encoredans la mer de Bering pour surveiller les tests de missilesrusses.Le radar quenvisagent les amricains en RpubliqueTchque serait celui de latoll Kwajalein (les Marshall),un modle XBR trs perfectionn capable galement deguider les missiles intercepteurs qui seraient installs enPologne.

    Bouclier Commun ?

    Lors du G8 de 2007, Vladimir Poutine a fait la propo-sition de faire bouclier commun face au Moyen-Orient et lIran en utilisant leurs installations de Gabalaen Azerbadjan, mais cela semble relever de manoeuvresdilatoires. Le radar Daryal de Gabala est selon Moscou undes plus perfectionn du systme russe, construit partirde 1985 et avec une porte de 8000 kilomtres. Cepen-dant Bakou, on murmure de plus en plus fort qu par-tir de 2012 lAzerbadjan renoncerait louer la Russieson radar. Celui-ci fait lobjet denqute pour irradiationdes environs depuis 2005 (comme en Lettonie). Le radar

    de Gabala est incompa-tible avec les systmesde gestion anti-missileamricains, et les Etats-Unis ne vont pas lere c o n s t ru i re pourladapter leurs int-rts. Le radar de Gabala,comme celui prvu A rm a v i r, ne pou rro n tpas assurer le guidagedes missiles polonais etils ont le fcheux incon-vnient de pouvoir toutobserver, sauf la Russie.Vladimir Poutine taitdonc dans une situation

    dlicate et en a pris acteen avril 2007 en annon-ant un moratoire surlapp licat ion du Tr a i t FCE (trait sur lesF o rces Convent ion-nelles en Europe) quiavait t sign Paris le19 novembre 1990,e n t re 22 re p r s e n t a n t s

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    des Etats de lOTAN et du Pacte de Varsovie, puis par lesanciens tats de lex-URSS. La situation est en effet cri-tique pour la Russie, bon nombre de ses radars se trouvent lextrieur de son territoire (Bilorussie, Azerbadjan,Ukraine) et Moscou ne se sent pas labri de rvolutionsoranges chez ses partenaires o elle aurait donc beaucoup perdre au niveau gostratgique, et en premier lieu en cequi concerne son systme ABM. La Gorgie, entre Russieet Azerbadjan, paye le prix du nouveau Grand Jeu. Autrefacteur en priode de crise financire, les moratoires per-

    mettent aux deux puissances de relancer lindustrie de lar-mement.

    Les Amricains et les Russes rejouent donc pour lemoment le vieux schma de Guerre Froide, ce qui enterme de guerre conomique a lavantage de ne pas facili-ter la relance de lUnion Europenne (7) et de servir leursintrts mtastratgiques communs. Reste que les USAforcent la discussion sur la protection ABM contre unemenace nuclaire moyen-orientale lhorizon 2020 ce quia conduit Mahmoud Ahmadinejad qualifier le projet debouclier de menace pour tout le continent eurasien etles pays membres de LOrganisation de Coopration deShanghai (OCS) (Russie, Chine, Kazakhstan, Tadjikis-tan, Ouzbkistan et Inde, Pakistan, Iran et Mongoliecomme observateurs). La Russie ne se sent pas directe-ment menace par lIran mais elle joue derrire Poutine ledouble-jeu Atlantiste-Continentaliste guides par sespropres intrts : dsamorcer les rvolutions oranges etconserver leur grille de dfense ABM, mais galement lut-ter contre lislamisme dans le sud de la fdration. Elle sepositionne donc du ct des amricains lorsque ncessaireet du ct iranien lorsque la politique amricaine dendi-guement se fait trop prsente. Quoi quil en soit, un syst-me amricain install au coeur de lEurope positionneraitde facto lEurope comme territoire sous protection desUSA, comme un renforcement dune position en Azer-badjan la fro n t i re iranienne risquerait dembraserencore un peu plus la rgion caucasienne dj instable quiva de la Tchtchnie au Kurdistan Irakien.

    (5) - International Conference on the Effect of Radio FrequencyElectromagnetic Radiation on Organisms, Skrunda, LETTONIE(17/06/1994) et Motor and psychological functions of school chil -dren living in the area of the Skrunda Radio Location Station in Lat -via ; A. A. Kolodynski and V. V. Kolodynska ; Institute of Bio-logy, Latvian Academy of Sciences (1996). Cette tude a portsur 966 lves, dont 224 vivaient dans des quartiers de Skrundasitus en face dune station de radiolocalisation militaire de pr-alerte; cette installation mettait des frquences comprises entre

    154 et 162 MHz, modules par impulsions 24,4 Hz. Trois centquatre-vingt-cinq enfants vivaient dans des secteurs de Skrundanon directement exposs la station (enfants non exposs ).Un groupe tmoin form de 2 357 sujets provenant de la rgionde Preili a aussi t examin, cette rgion tant similaire cellede Skrunda. Divers tests visant valuer la fonction motrice,lattention et la mmoire ont t raliss. Le groupe expos deSkrunda a obtenu de moins bons rsultats que le groupe nonexpos ; ces diffrences ont par ailleurs t plus marques chezles filles.(6) -Assessment of Public Health Concerns Associated with PavePaws Radar Installations, Report Prepared for The MassachusettsDepartment of Public Health ; 1999 ; By Linda S. Erdreich, Om

    P. Gandhi, Henry Lai, Marvin C. Ziskin. Et An Assessment ofPotential Health Effects from Exposure to Pave Paws low-level pha -s e d - a rray radiof requency energ y ; 2005 ; Board on RadiationEffects Research, Division on Earth and Life Studies, NationalResearch Council, National Academies Press. Lanalyse mene Cap Cod par le comit du NRC, sur la base de donnes de 2000,et en utilisant les informations disponibles sur la densit depopulation, la topographie, et la direction du faisceau radar PavePaws, a estim que la proportion de la population du Nord Cape

    Cod (rsidence principale) soumis une exposition directe auradar Pave Paws tait de 11,8% en 1990 et 12,4% en 2000.Lanalyse mene par le NRC concernant certains cancers,notamment colorectal, du sein (femmes), de la prostate et dupoumon, na pas mis en vidence une relation direct entre lenombre lev de cancers dans le secteur gographique et lexpo-sition au faisceau Pave Paws.(7) - Larrive au pouvoir de Nicolas Sarkozy en France coinci-de avec le dbut des oprations dun systme radar de pointe desurveillance de lespace orbital, le GRAVES ( Grand RseauAdapt la VEille Spatiale ), install sur deux points du terri-toire : le systme dmission Broye-les-Pesmes en Bourgogne etle systme de rception sur lancien site des silos nuclaires du

    Plateau dAlbion dans les Alpes-de-Haute-Provence. La Francedisposait dj depuis 2005 du radar transhorizon rvolutionnaireNostradamus (situ prs de Dreux) qui permet de dtecter desobjets jusqu 2000 kilomtres sur un rayon de 360 degrs et quiconstitue donc un bouclier dalerte secondaire efficace pourlOuest Europen. Mais le lancement officiel du radar GRAVESau dernier salon du Bourget vient positionner la France commeinterlocuteur essentiel de la Domination Totale du Spectre ,car jusque l seuls la Russie et les Etats-Unis disposaient de sys-

    tmes de ce type, tel le AN/FPS-85 Electronically Steered ArrayRadar (ESAR) prs de Freeport en Floride. Qui plus est, lors deson lancement, le jeu dchec du renseignement spatial a pris unetoute autre tournure avec lannonce de la dtection dune tren-taine de satellites de larme amricaine gravitant sur orbite dite basse autour de la Terre et ne figurant pas dans le catalogueofficiel du Pentagone. Autrement dit, des satellites espions. Anen pas douter, la technologie dvelopp par les ingnieurs delOffice national dtudes et recherches arospatiales (Onera)devrait permettre latlantiste Nicolas Sarkozy de peser dans lesplans amricains dextension du bouclier stratgique.

    Simulation du rflecteur laser Boeing embarqu surStratellite (High Altitude Airship)

    Radar OTH, DUGA-3, Chernobyl

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    Radar Voronezh, Lekhtusi, Russia

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    Gense dunego-industrie

    les icebergsPa r Ew en Ch ar d ro n n e t

    Comment alimenter les dserts en eau ? Enrcuprant les icebergs qui fondent vers le cerclep o l a i re... Lun des premier s planifi ersrieusement le transport dicebergs de lAntarctique,dans les annes 1950, est John Issacs, un ocanographe dela Scripps Institution of Oceanography La Jola enCalifornie. Il proposait alors que trois remorqueurs tirentun iceberg de 15km de long sur 1,5 km de large vers LosAngeles. Mais lenthousiasme envers lide du transportdiceberg sest surtout manifest durant les annes 1970.En 1972, la National Science Foundation tasuniennefinance John Hult et Neill Ostrander du trs militairethink-tank Rand Corporation pour ltude A n t a rc t i cIcebergs as a Global Fresh Water ressource (1), les icebergsde lAntarctique comme ressource globale deau douce.

    Ils dfendent lide que cinq six remorqueurs avec uneforce de traction de 125 tonnes chacun pourrait enprincipe tracter un iceberg de 100 millions de tonnes. Ilsproposent de tailler les icebergs en forme de proue debateau (2) pour les tirer tel un train dicebergs dun1,2 km de long laide de remorqueurs avec une centralenuclaire en queue pour leur permettre de fonctionner lnergie nuclaire. La glace fondue serait ensuite pompede la cte par pipeline et les icebergs en cours detraitement serviraient de rservoir et lon y amnageraitdes quipements rcrati fs pour les califor n i e n s .P rolongeant la discussion, les Amricains Weeks etCampbell publient en 1973 un article dans le Journal ofGlaciology, dbattant de lintrt exploiter les icebergst a b u l a i res de lAntarctique pour leur eau. Quelque sannes aprs, en 1977, la First International Conferenceand Workshops on iceberg utilization for fresh water

    production, weather modification and other applications utilisation des icebergs pour la production deau douce,pour la modification du climat, et autres applications - sedroule lUniversit dEtat de lIowa. LEgyptien Abdo

    Husseiny y enseigne la physique nuclaire et rve dedplacer des icebergs vers la Mer Rouge. Une grande partde la motivation et du financement de la confrencevient de lArabie Saoudite, et plus particulirement delIceberg Transport International Ltd., dont le fondateur etprsident est le prince Mohammed Al-Faisal, alors neveudu Roi Khalid et riche industriel du ptrole. Cetteentreprise, cre en 1977, avait pour mandat dtudier lafaisabilit du transport de 100 millions de tonnes deaudiceberg de lAntarctique jusquau port de Jeddah, surune distance de 14 000 kilomtres. Les pays ayant le pluscontribu au contenu de cette confrence sont la France,le Canada, lArabie Saoudite, lAustralie, lAngleterre,lgypte et la Lybie. Plusieurs scnarios sont proposs : leprofesseur Sharkail Ismail, conseiller technique du princeMohammed Al-Faisal, propose des icebergs autopropulssmcaniquement grce un type de rames alimentes parlnergie obtenue sur la diffrence de temprature ; le Dr. Job, de lUniversit dAdlade, suggre didentifier lesicebergs ayant dj parcouru naturellement une partie de

    la distance, et de les enlacer laide dun cble pour lest i re r. En matire de modification climatiqu e, sontvoques les consquences potentielles du passagedicebergs dans les rgions tropicales, le problme pour lafaune et la flore de conserver stagnant un iceberg pourlexploitation par pipeline en Californie ou en Arabie,comme de mettre des icebergs sur le chemin des ouraganspour refroidir lair.Il est avanc que 1200 km3 dicebergs sont en effet vlschaque anne, dont 800 km3 pourraient tre rcolts dem a n i re soutenable. Pour une consommation deauglobale de 3100 km3, cela constituerait uneaugmentation de 25 % de loffre globale en eau. Lors dela crmonie de clture, on va mme jusqu comparercette confrence avec la Confrence Internationale duCanal de Panama de 1879. Mais aucun consensus sur lataille optimale dun iceberg qui serait remorqu nesera trouv, le flou juridique sur la proprit des icebergsse heurte malgr tout au Trait de lAntarctique, et lacrise du ptrole fait monter les prix de tels projets et rendhasardeuses les collaborations des occidentaux et des

    saoudiens. Ces derniers choisiront notamment de seconcentrer sur leur industrie de dsalinisation de leau demer (3).

    On souligna cependant lors de la confrence que desingnieurs de la Memorial University of Newfoundlandavaient dj expriment certaines techniques deremorquage dicebergs, dans un souci de protection desplates-formes ptrolires au large des ctes. En effet, lesi c e b e rgs provenant de la cte ouest du Gro e n l a n dmigrent vers Terre Neuve chaque anne entre avril et

    juillet cest la saison de la chasse . Newfoundland,une le bien situe sur le chemin des icebergs en advelopp une industrie touristique, lIceberg watch. En1990, Gary Pollack, un homme daffaires de la rgion, vaproposer de mettre en bouteille leau dun iceberg pourfournir de leau en abondance aux soldats de la coalitionsitus en Arabie Saoudite durant lopration Temptedu dsert. Peu pris au srieux dans ses recherches definancements, il tudie, travaille et met au point

    cependant, une mthodesre pour recueillir leaudicebergs sans risquer lebasculement dangere u xde ces gros glaons encours dexploitation.Lide dexploiter leaudicebergs pour en faire dela bire, de la vodka et deleau embouteille prendalors forme Terre-Neuveau dbut des annes 1990.Ds lors, deuxcompagnies, la CanadianIceberg Vodka Corporationfonde par Garry Pollacket Iceberg Industries Corp.,vont dvelopper destechniques de rcolte deglace et tenter dobtenirles autorisationssanitaires.Canadian Iceberg d b u t eses activits en 1995. Lesicebergs ntant alors pasreconnus comme unes o u rce deau par lesgouvernements amricainet canadien, la socit dcide dembouteiller de la vodka,la Iceberg Vodka, en partenariat avec la NewfoundlandLiquor Corporation pour lembouteillage.Fonde par un ancien directeur de Canadian Iceberg en1996, Iceberg Industries Corp. est une filiale de la IcebergCorp. of America, du Nevada. En 2000, la Food and Drug

    A d m i n i s t r a t i o n (FDA) amricaine dlivre I c e b e rgIndustries Corp. un permis temporaire dembouteillagedeau diceberg sous le nom B o realis Iceberg Wa t e r.L e n t reprise lance la production dans son usine deTrepassey Terre-Neuve et, en plus de sa marque BorealisIceberg Water, elle fait produire dans lOntario la BorealisIceberg Vodka et la Borealis Iceberg Beer avec son eau, et

    signe un contrat important avec Loblaw Cos. Ltd., quicommercialise de leau diceberg sous sa marque maisonPresidents Choice. (4) En 2002, Iceberg Industries Corp.fait part de son intention dexploiter une usinedembouteillage flottante. Un excavateur de 22 mtresraliserait le travail dexcavation comme si ctaitlexploitation dune mine de charbon. La glace seraitensuite aspire par un pneumatique jusquau bateau-usine. Mais en 2004 la compagnie est aux abonnsabsents et en mai 2005, la FDA rvoque le permistemporaire obtenu par Iceberg Industries Corp.. En juillet2005, lautre marque, la Canadas Original Iceberg Waterproduite par Canadian Iceberg, se retrouve sur les rayonsdes piceries haut de gamme de New York et du New Jersey, en bouteilles stylises de 0,3, 0,5 et 1 litre. M.David Hood, vice-prsident de Iceberg Water commente :il en a cot lentreprise plus de 150 000 $ en fraisjuridiques et en frais de la FDA pour le droit dappeler soneau en bouteille de leau diceberg. (5) La socitexpdie des navires dans lAtlantique la recherche defragments, blocs de glace dune trois tonnes qui sedtachent des icebergs, eux-mmes spars de la calotteglaciaire et pouvant mesurer de 250 300 mtres de long.Une fois ramens la distillerie, les morceaux de glacesont soumis un processus de fonte contrle. Ainsi, laglace nest jamais expose lenvironnement et sa puretest protge, comme lpoque o cette neige esttombe sur le ple Nord, il y a des centaines de milliersdannes , ajoute David Hood (6). La Iceberg Vodka estdisponible dans 13 tats amricains, le plus importantmarch tant la Floride (entre 60 000 et 70 000 caisses en2005) et lentreprise sest lance dans le Iceberg Gin en2007. En 2008, Canadian Icebergsest engage convertirune ancienne usine de poisson de Port Union pour enfaire une usine dembouteillage deau diceberg de niveaumondial (7).

    Plusieurs compagnies exploitent leau et la glace duGroenland sur le site mme, dont la Greenland Ice CapProductions qui produit Narsaq de la bire depuis 2006en rcuprant des morceaux de glacier, dj surnomme

    la bire du rchauffement global . Greenland Ice CapP ro d u c t i o n s vient dailleurs de signer un contrat decollaboration avec Premium Glacier Inc., une compagniecanadienne qui fait fabriquer la Siku Glacier Ice Vodka auPays-Bas, la Siku Ice Beer en Allemagne ainsi que la SikuIce Water. Dans lexposition darchitecture de 2004 TooP e rfect: Seven New Denmarks trop parfait, septnouveaux Danemark le commissaire Bruce Maudveloppe une vision du rle jouer par le Danemarkdans le march de leau douce : au lieu de laisser dautrestirer profit de leur ressource naturelle, au lieu de laisser

    sinonder Manhattan et le Bangladesh, avant que destonnes deau douce ne perturbent de manirecatastrophique la circulation des ocans et avec le climatmondial, le Groenland a la possibilit de mettre enbouteille des milliards de litres deau flottant dans la meret de prendre une part avantageuse dans le march deleau en bouteille. Bruce Mau crit : utiliser locan pourtransporter de la glace fondue est une industrie au stade de

    lenfance, mais les exemples et technologies sontnombreuses . Par exemple de citer le Medusa Bag, unsac gant conu en 1988 par James Cran de Calgary enAlberta qui tentait de rpondre aux besoins massifsdimportation deau en Californie, Isral, Jordanie etPalestine. Il peut porter 1000000 m3 de glace fondue .(8) La licence du Medusa Bag appartient aujourdhui lacompagnie australienne MH Waters et les plus longspeuvent mesurer jusqu 670 mtres par 160 mtres.

    Le discours gnral sur le rchauffement climatique a sesdtracteurs, mais ceux-ci psent peu face aux industrielsqui veulent ouvrir de nouveaux marchs... comme

    lexploitation de nouvelle s re s s o u rces jusqualorspargnes par les industries : les icebergs. Quand vousretirez les glaons de votre verre, est-ce que votre gin-tonic reste frais longtemps ?

    (1) - Antarctic Icebergs as a Global Fresh Water Resource ,par John L. Hult, Neill C. Ostrander, Rand Corporation, 1973.Rcupr de(2) - Ce nest pas sans rappeler le projet Habakkuk daroport-iceberg pens par les Britanniques en 1942 alors quela bataille de lAtlantique fait rage. Ils imaginaient alors quunbateau-iceberg, long dun kilomtre pour 200 mtres de large et40 mtres de hauteur, pourrait rsister aux torpilles des u-boatallemands et oprer comme terminal davions au coeur delocan, ce qui encouragea Winston Churchill et LordMountbatten soutenir ltude de la technique au Canada. Lapaternit du projet venait de Geoffrey Pike, linventeur militaireet conseiller scientifique de Lord Mountbatten, autour de lidedutiliser comme matriau un peu de sciure de bois dans de leauavant de la geler, une mixture quil nomma la pykrete. Des essais

    furent mens au Canada, mais le dbarquement en Normandiemit fin un projet titanesque, qui plus est grand consommateurde bois.(3) - Le Prince Mohammed al-Faisal concentrera ensuite sesactivits Genve dans la finance islamique avec son trust Dar al-Maal al-Islami quil a fond en 1981 aprs lchec du projet Iceberg .Le trust a des connections avec la famille Ben Laden et parmi lesdouze membres du conseil dadministration se trouve HaydarMohamed Ben Laden, le demi-frre dOsama Ben Laden et KhalidBen Mahfouz qui fut aussi impliqu dans le fameux scandale de laBank of Credit and Commerce International, une banque enre g i s t r eau Luxembourg, mais de financement des Emirats Arabes Unis,qui est le carrefour lpoque des intrts des familles Bush et BenLaden. Mahfouz en dtenait 20% des parts la fin des annes 90et contribuait au financement des activits dOusama Ben ladenen Afghanistan la fin des annes 80..(4) - Lexploitation des icebergs pour leau potableDure m o rquage lembou teillage , Marianne Audette-Chapdelaine, juin 2007. Rcupr dehttp://www.agissonsensemble.org/spip.php?article27(5) - Canadian Iceberg Vodka, un concurrent qui la pas froidaux yeux , Ministre des Affaires Etrangres et Internationales,

    Canada, 2006.(6) - Un ptit coup diceberg ? , Commission candienne dutourisme, centre des mdias, 14 mars 2008.(7) - Le gouvernement du Canada appuie le tourisme et ledveloppement des entreprises Port Union , Agence depromotion conomique du Canada Atlantique, 31 mai 2008.(8) - Too perfect : seven new Denmarks , 29 septembre 21n o v e m b re 2004, commissariat Bruce Mau Design, CentredArchitecture Danois, Copenhague, et Biennale d Architecturede Venise.

    LA PL AN TE LAB ORAT O I R E 10

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  • 8/14/2019 Laboratory Planet 3 Fr

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    LA PL AN TE LAB ORAT O I R E11

    F. Will iam Engd ahl , Che rc h e u rAs so c i , C e n t re fo r Gl ob alR e s e a rc h , Canada*

    La paresse est une chose dont ne peut tre accus lefondateur de Microsoft, Bill Gates. Il programmaitdj 14 ans et fondait Microsoft 20 ans alors