L’agriculture écologiquement intensive gagne du terrain...qui devra figurer sur la carte verte du...

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n° 4 / 2012 Comment produire plus et mieux ? L’accroissement de la population mondiale est un défi agricole autant qu’écologique. Le concept d’agriculture écologiquement intensive vise à concilier productivité et respect de l’environnement. L’agriculture écologiquement intensive gagne du terrain É cologique, intensif : voilà deux adjectifs plutôt an- tinomiques. Et pourtant, l’agriculture écologiquement in- tensive (AEI) est un concept très sérieux porté depuis quelques années par des ingénieurs agro- nomes de premier plan. Nouvelles pratiques L’agriculture écologiquement intensive veut emprunter à la première ses vertus respec- tueuses des écosystèmes et de l’environnement, à la se- conde ses bienfaits en terme de productivité et de régula- rité de rendement. Le défi est énorme. En 2012, l’agriculture peine à alimenter 7 milliards d’êtres humains et la popula- tion à l’horizon 2050 devrait atteindre 9 milliards. Certains facteurs peuvent être source de tensions supplémentaires : évo- lution des régimes alimentaires (hausse de la consommation de viande), intérêt croissant de l’industrie (chimie, construc- tion, pharmacie…) pour les matières premières agricoles renouvelables, artificialisation des terres agricoles… Concrètement, l’AEI repose sur la mise en œuvre de nou- velles pratiques agricoles. Elle commence par proposer des Recherche, formation L’agriculture écologiquement intensive requiert des investis- sements dans la recherche, à l’image de ceux consentis après la Seconde Guerre mondiale pour assurer l’autonomie ali- mentaire de l’Europe naissante et renaissante. Les politiques pu- bliques doivent nécessairement accompagner la mutation. La recherche ne pourra qu’amélio- rer les résultats déjà obtenus par l’AEI. Parmi les pistes d’explora- tion figurent : l’amélioration du rendement de la décomposition de la biomasse, le renforcement alternatives à des techniques emblématiques tels que le la- bour : l’installation et le main- tien d’une couverture végétale peuvent garantir l’enrichisse- ment en matière organique, le piège des nitrates et la séques- tration du carbone. Des rota- tions plus équilibrées alternant différentes familles de cultures sont aussi des solutions pour limiter la prolifération des ad- ventices ou des maladies, et maintenir la fertilité des sols. Plus de mixité entre cultures et élevages restaurerait natu- rellement certains équilibres. L’agriculture de précision et les systèmes d’information satellitaire doivent offrir de nouveaux champs d’actions impactant tous les intrants (carburant, engrais, produits phytosanitaires, eau). De ce point de vue, l’agriculture écologiquement intensive en- globe les prérogatives dévolues à l’agriculture raisonnée. Celle-ci s’appuie sur des diagnostics, des analyses, des outils d’aide à la décision ou encore des seuils de nuisibilité pour rationaliser et optimiser l’usage des intrants. L’AEI ne fixe aucun cahier des charges et n’offre, en l’état ac- tuel du concept, aucun label ou certification à celui ou celle qui s’en réclame. de l’efficacité des micro-orga- nismes du sol, la maîtrise de la fixation symbiotique de l’azote sur les céréales, la diversifica- tion des légumineuses comme plantes alimentaires, la mise au point de nouvelles molécules imitant celles présentes dans la nature, l’utilisation des mé- canismes de défense naturelle des plantes, l’amélioration gé- nétique de variétés toujours plus résistantes aux maladies et aux ravageurs ainsi qu’aux stress climatiques. Il est souhaitable d’accompagner les agriculteurs et leurs conseillers dans ce mou- vement de fond, par exemple en intégrant l’AEI dans leur cursus de formation. Puissent les ci- toyens reconnaître les efforts consentis par les agriculteurs pour continuer de leur délivrer une nourriture saine, suffisante, diversifiée et durable. n www.credit-agricole.fr Initiative française à vocation mondiale Le concept d’agriculture écologique intensive est apparu en France en 2007, à l’initiative de Michel Griffon, agronome et économiste, auteur de recherches dans une vingtaine de pays sur plusieurs continents. Il est le président fondateur de l’Association internationale pour une agriculture écologiquement intensive, qui a son siège au sein de l’École supérieure d’agriculture d’Angers (49). Ouverte à tous (experts, techniciens, agricul- teurs…), l’association est un espace de débats et de propositions, pour une agriculture sans frontières, ni géographiques ni idéologiques. la lettr e du Crédit Agricole Ce support n’est pas un document contractuel

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n° 4 / 2012

Comment produire plus et mieux ? L’accroissement de la population mondiale est un défi agricole autant qu’écologique. Le concept d’agriculture écologiquement intensive vise à concilier productivité et respect de l’environnement.

L’agriculture écologiquement intensive gagne du terrain

É cologique, intensif : voilà deux adjectifs plutôt an-tinomiques. Et pourtant,

l’agriculture écologiquement in-tensive (AEI) est un concept très sérieux porté depuis quelques années par des ingénieurs agro-nomes de premier plan.

Nouvelles pratiquesL’agriculture écologiquement intensive veut emprunter à la première ses vertus respec-tueuses des écosystèmes et de l’environnement, à la se-conde ses bienfaits en terme de productivité et de régula-rité de rendement. Le défi est énorme. En 2012, l’agriculture peine à alimenter 7 milliards d’êtres humains et la popula-tion à l’horizon 2050 devrait atteindre 9 milliards. Certains facteurs peuvent être source de tensions supplémentaires : évo-lution des régimes alimentaires (hausse de la consommation de viande), intérêt croissant de l’industrie (chimie, construc-tion, pharmacie…) pour les matières premières agricoles renouvelables, artificialisation des terres agricoles… Concrètement, l’AEI repose sur la mise en œuvre de nou-velles pratiques agricoles. Elle commence par proposer des

Recherche, formationL’agriculture écologiquement intensive requiert des investis-sements dans la recherche, à l’image de ceux consentis après la Seconde Guerre mondiale pour assurer l’autonomie ali-mentaire de l’Europe naissante et renaissante. Les politiques pu-bliques doivent nécessairement accompagner la mutation. La recherche ne pourra qu’amélio-rer les résultats déjà obtenus par l’AEI. Parmi les pistes d’explora-tion figurent : l’amélioration du rendement de la décomposition de la biomasse, le renforcement

alternatives à des techniques emblématiques tels que le la-bour : l’installation et le main-tien d’une couverture végétale peuvent garantir l’enrichisse-ment en matière organique, le piège des nitrates et la séques-tration du carbone. Des rota-tions plus équilibrées alternant différentes familles de cultures sont aussi des solutions pour limiter la prolifération des ad-ventices ou des maladies, et maintenir la fertilité des sols. Plus de mixité entre cultures et élevages restaurerait natu-rellement certains équilibres. L’agriculture de précision et les systèmes d’information satellitaire doivent offrir de nouveaux champs d’actions impactant tous les intrants (carburant, engrais, produits phytosanitaires, eau). De ce point de vue, l’agriculture écologiquement intensive en-globe les prérogatives dévolues à l’agriculture raisonnée. Celle-ci s’appuie sur des diagnostics, des analyses, des outils d’aide à la décision ou encore des seuils de nuisibilité pour rationaliser et optimiser l’usage des intrants. L’AEI ne fixe aucun cahier des charges et n’offre, en l’état ac-tuel du concept, aucun label ou certification à celui ou celle qui s’en réclame.

de l’efficacité des micro-orga-nismes du sol, la maîtrise de la fixation symbiotique de l’azote sur les céréales, la diversifica-tion des légumineuses comme plantes alimentaires, la mise au point de nouvelles molécules imitant celles présentes dans la nature, l’utilisation des mé-canismes de défense naturelle des plantes, l’amélioration gé-nétique de variétés toujours plus résistantes aux maladies et aux ravageurs ainsi qu’aux stress climatiques. Il est souhaitable d’accompagner les agriculteurs et leurs conseillers dans ce mou-vement de fond, par exemple en intégrant l’AEI dans leur cursus de formation. Puissent les ci-toyens reconnaître les efforts consentis par les agriculteurs pour continuer de leur délivrer une nourriture saine, suffisante, diversifiée et durable. n

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Initiative française à vocation mondialeLe concept d’agriculture écologique intensive est apparu en France en 2007, à l’initiative de Michel Griffon, agronome et économiste, auteur de recherches dans une vingtaine de pays sur plusieurs continents. Il est le président fondateur de l’Association internationale pour une agriculture écologiquement intensive, qui a son siège au sein de l’École supérieure d’agriculture d’Angers (49). Ouverte à tous (experts, techniciens, agricul-teurs…), l’association est un espace de débats et de propositions, pour une agriculture sans frontières, ni géographiques ni idéologiques.

la lettredu Crédit Agricole

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spécifiques (chambres froides, véhicules, signalétique…) et de compétences nouvelles. Il faut en effet produire, transformer, vendre, savoir fixer un prix de vente, gérer un fichier client, communiquer, respecter les normes en matière d’accueil du public, observer une veille de la réglementation sanitaire. Il faut également savoir faire preuve d’adaptation face aux compor-tements parfois changeants des consommateurs.

Nouveaux outilsPour réaliser son chiffre d’af-faires, différents outils sont disponibles. Si les moyens de paiement électroniques ne sont pas obligatoires, ils complètent les paiements en numéraires et par chèques et garantissent ainsi la vente en toutes cir-constances, avec en prime tous les gages de sécurité. Pour en-caisser des paiements par carte bancaire en face à face (ferme, marché…), le terminal de paie-

Circuits courts, l’agriculture en direct

n° 4 / 2012

L’offre et la demande de produits locaux en circuits courts sont en plein essor. Les producteurs peuvent aujourd’hui avoir recours à divers outils bancaires pour développer leurs ventes.

Pleinchamp.com au service du vin Le site leader en matière d’information agricole s’enrichit d’un nouveau service à l’attention des vignerons. Baptisé Service Expert Vin Export, il complète la page dédiée à la viticulture en livrant une expertise centrée sur la commercialisation des vins à l’export. Études de marché, veille tarifaire par appellation et par pays, fi-chiers d’importateurs du monde entier, téléchargement des docu-ments douaniers, estimation des coûts de transport et des droits d’accise etc. Tous ces services et bien d’autres sont à découvrir sur: www.pleinchamp.com/service-expert-vin-exportPlus d’informations sur : www.pleinchamp.com

ment électronique s’impose. Le service de paiement sécurisé à distance est une autre for-mule permettant d’encaisser la vente de commandes par Internet, courrier, téléphone ou fax. Ce module de paiement en ligne sécurisé peut aussi être intégré directement au site Internet de l’exploitation. Outre la vente des produits de la ferme, il est également pos-sible d’adjoindre un module de réservation à distance de services touristiques (restaura-tion, hébergement, activités). Le Crédit Agricole propose des solutions personnalisables clés en main, intégrant toutes ces modalités. n

* Source : Agreste

D e 16,3 % en 2005 à 21 % en 2010*, telle est la progression du

taux d’exploitations agricoles françaises commercialisant au minimum une de leurs produc-tions en circuits courts. Par cir-cuit court, on entend la vente directe au consommateur sinon par un seul et unique intermé-diaire de produits agricoles, bruts ou transformés. Plus re-présentatifs que la moyenne, les jeunes agriculteurs se montrent particulièrement performants dans cette orientation, ce qui augure une poursuite du déve-loppement. Vente directe à la ferme, sur les marchés ou à des commerçants détaillants : ces trois canaux assurent 80 %* des ventes en circuits courts. Ils se placent devant les tournées, les points de vente collectifs, les grandes et moyennes surfaces, les paniers, la restauration com-merciale, les salons et foires, les ventes par correspondance et enfin la restauration collective.

Nouveau métierLes circuits courts contribuent au développement d’une consommation durable et res-ponsable, au maintien d’une agriculture de proximité, à une meilleure compréhension de l’agriculture par les consomma-teurs et à la promotion de pra-tiques favorables à l’environne-ment. La vente directe permet aussi de capter davantage de valeur ajoutée. Mais au prix d’une charge de travail sup-plémentaire, d’investissements

Éditeur :Uni-éditions, 22, rue Letellier,

75739 Paris Cedex 15Directrice de la publication :

Véronique FaujourComité éditorial :

Pierre Fayolle, Gilles ThierryRédactrice en chef :

Pascale BarletRédaction :

Raphaël LecocqSecrétariat de rédaction et maquette

Véronique PéronAssistante de la rédaction :

Céline MinotRéalisation :

Dépôt légal : novembre 2012Créd

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EN BREFDernière étape pour le service d’immatriculation à vie (SIV)Après les tracteurs et les machines agricoles automotrices, le nouveau système d’immatriculation à vie (SIV) s’appliquera le 1er janvier 2013 aux remorques agricoles et aux matériels agricoles remorqués. Seuls les remorques et les matériels achetés neufs et de plus de 1,5 t de PTAC seront concernés.

Selon la nouvelle procédure, ces matériels ne seront plus immatriculés sous le numéro du véhicule tracteur mais sous leur propre numéro d’immatriculation, qui devra figurer sur la carte verte du matériel ou du véhicule tracteur.

En conséquence, dès le 1er janvier 2013, il sera nécessaire, à l’occasion de l’achat d’un nouveau matériel, de se rapprocher de son assureur afin de disposer des justificatifs obligatoires en cas de contrôle.

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