La Vegetation de La Vallee Du Rio Purus - Huber 1908

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QK263 .H8 Huber, Jacques La Végétation de la Vallée du Rio Purus (Amazone)

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Purus

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  • QK263.H8

    Huber, Jacques

    La Vgtation de la Valle

    du Rio Purus (Amazone)

  • QK263.H8

    Arnold Arbore tumPurchase

    June 1971

  • LA

    MTATIOI OE LA VALLErT-

    MO PIRIS (AHAZONE)

    PAR

    Jacques HUBER (Parai

    AVEC PLANCHES ET FIGURES DANS LE TEXTE

    TIR A PARTdu Bulletin de l'Herbier Huissier

    Tome VI. 1906

    GENEVEIMPRIMERIE ROMB.

    -26. BOLEVABB GEORGES PAVON1906

    NEW

  • t / I c?

    Extrait du Bulletin de VHerbier lloissier, 2 , srie. Tome VI (4906)

    No 4.

    Droits rservs. Reproduction interdite.

    LA VGTATION DE LA VALLEDU

    RIO PURUS (Amazone)PAR

    Jacques HUBER (Para).

    Avec planches VIII, IX.. X. XI, XII. XIII et figures dans le texte.

    Le Purus est le plus considrable des affluents mridionaux de l'Ama-zone suprieur (Solimes) dont le cours tout entier appartient la plaineamazonique (Purus,Juru,Jutahy, Javary). De ses sources, qui se trouventdans le renflement de terrain lgrement ondul l'E. de lTTrubamba-Paucartambo (rgion qui sur les anciennes cartes est reprsente commeune chane de montagnes appele les Andes Conomamas). jusqu' sonembouchure dans le Solimes, environ 200 kil. en amont de la jonctionde celui-ci avec le Rio Negro, il serpente dans une valle large et peuprofonde, souvent peine esquisse, couverte d'une nappe d'alluvionsargileuses et finement sablonneuses. Le rgime hydrographique du Puruspeut se rsumer en deux mots : D'une part, diffrence norme entre leniveau de l'tiage, qui est atteint dans la saison sche (septembre), et leniveau de la crue, atteint pendant la saison pluvieuse (mars ou avril)(dans le moyen Purus, entre l'embouchure de l'Acre et celle du Pauhiny,cette diffrence peut s'lever 20 m.), d'autre part, dveloppementexcessif de mandres, dans la presque totalit de son cours c'est undes fleuves les plus sinueux qui existe.

    J'ai eu l'occasion de visiter le Rio Purus en 1904 (mars-mai), en missionscientifique sous les auspices de la direction du Muse Gldi et accom-pagn par M. Andr Gldi, inspecteur du Jardin botanique du Muse.Nous avions d'abord l'intention de pousser jusqu'au Rio Yacu et dans lehaut Purus, en profitant des hautes eaux, qui permettent aux vapeurs

    _

    d'arriver jusqu'au 70 W. de Greenwich environ ; mais une avarie ayant^T

    bulletin de l'herbier boissier, n 4, 31 mars 1906. 18

  • 230 BUI.LKTIN l>l. l'hRHBIKH BOISSIKR I- SKR.). 1906 (2)

    empch noire vapeur d 1 poursuivre son voyage jusqu'au bout, nous noussommes appliqus principalemenl explorer les abords de l'embouchuredu Rio Acre en faisant des excursions aux alentours d*Antimary (BaixoAcre). l*onto Alegre (Alto Purus), Monte Verde, Canto Escuro et liomLugar (Punis, en aval de l'embouchure de l'Acre). Nous avons rapportde ces points, ct d'une collection do plantes sches (environ 500numros) une ample rcolle do plantes vivantes, qui actuellement sonlcultives dans le jardin botanique de Para. Bien que l'laboration com-plte dos matriaux rcolts ne soit pas encore termine, j'ai essay, dansles notes qui vont suivre, de rsumer dans la mesure du possible lesobservations physiographiques et phytogographiques que j'ai faites aucours de mon voyage.

    La vgtation des terrains d'alluvion (varzea).

    Quand on navigue sur le Rio Punis en suivant ses nombreuses cour-bures, on voit bientt, surtout pendant les mois o l'eau n'est pas sonplus haut niveau, que les rives se prsentent sous deux, aspects trsdiffrents, qui alternent rgulirement sur la mme rive, suivant que saforme est concave ou convexe. Et comme une concavit d'une rive cor-respond toujours une convexit de la rive oppose, on voit gnralement,dans un endroit donn, les deux facis reprsents par les deux rivesdu fleuve.A chaque courbure le mme aspect se rpte : la rive convexe s'levant

    en pente douce, prsente, derrire une plage de sable fin, une vgtationassez monotone, d'un vert clair, s'tageant en degrs successifs, tandisque la rive concave, plus haute et taille presque pic, est couronne parla haute fort sombre, avec ses arbres gants de 30 40 m., les nom-breuses tiges droites de son sous-bois et ses beaux palmiers. On diraitque la haute fort est ici tranche au couteau (cf. fig. 1 et 4). Cet antago-nisme des rives opposes et de leur vgtation a dj t remarqu parChandless 1

    ,

    le premier explorateur scientifique du Purus. Aussi leshabitants du Purus distinguent-ils nettement entre les plages {praias, Pdans les figures) et les rives en falaise (barrancos, Bdans les figures), etquand il veulent indiquer les distances, ils le font en indiquant le nombredes plages qui se trouvent entre les deux points extrmes. Il y a naturel-lement aussi des passages (quoique peu nombreux et de faible tendue),o la rivire a un cours droit (estiroes des indignes), et dans ces endroitsles deux rives ont gnralement le mme caractre, prsentant des talusassez fortement inclins, couronns d'une vgtation qui montre tantttous les caractres de la haute fort (mais gnralement voile par deslianes), tantt toutes les formes intermdiaires entre la vgtation desplages et celle des falaises.

    Ces faits s'expliquent facilement par le rgime hydrographique du

    1 Journ. of Roy. Geogr. Soc. vol. XXXVI, 1866.

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  • ->- BULLETIN DK l'HBRBIKR BOISSIRR (2"'" skii. I. li)0T> (4)

    Punis, car toutes les rivires qui coulenl en mandres dans des \ lieslarges el peu inclines, couvertes d'une nappe d'alluvions sablonneusesel argileuses, prsentent une conformation analogue des rivages, confor-mation qui cependant ne se reflte pas toujours dans une vgtation aussipuissante et aussi peu influence par l'homme.Comme chaque courbure de la rivire, la plus grande masse d'eau

    esl pousse, par la force centrifuge, vers la priphrie, c'est en ce pointque la rivire atteint sa plus grande profondeur et son courant plus fort(indiqu par des (lches dans les figures), qui ronge la rive concave. Cetravail d'rosion latrale se manifeste surtout aprs la crue, quand lesberges sont encore trempes par l'inondation et souvent mines par descornants d'eau souterrains qui suivent les couches de sable (cf. fig. 4 c. s.)interposes entre les couches d'argile plus rsistantes ; il en rsulte unechute de tranches de terre souvent trs considrables, avec la fort quiles couronne. Les arbres tombent au fond de la rivire ou sont enlrainspar le courant; la terre, mlange de sable fin el d'argile, avec une pro-portion plus ou moins forte d'humus provenant de la couche superficielle,se rpand dans l'eau et reste pendant quelque temps en suspension, pourtre en plus grande partie laisse en dpt sur la plage situe en aval.

    ('"est en efTet du ct de la plage, o le courant est naturellementralenti, que se fait la sdimentation la plus active. A chaque crue la plagereoit une nouvelle couche de sdiments, et tandis que la haute fort dela rive concave doit reculer pas pas ( certains endroits on a constatun recul de 5 a 10 m., par anne), la vgtation s'avance dans la mmeproportion sur la plage oppose, qui crot par l'apport des sdiments. Parla continuation de ce phnomne, les courbures s'accentuent et s'agran-dissent continuellement (fig. 2), jusqu'au moment o l'isthme entre deuxcourbures est devenu si troit qu'il y a rupture. Il en rsulte la formationde lacs en fer cheval, qui sont spars de la rivire par un bourreletd'alluvionqui ne tarde pas se couvrir de vgtation (iig. 3). Nous parleronsplus loin de ces lacs, qui sont trs frquents dans la plaine d'alluvion duPunis. Leur emplacement se devine souvent par des changementsbrusquesdans la vgtation des rives concaves.

    Par le fait que la plage en s'accroissant fournit chaque anne la vg-tation riveraine une nouvelle zone envahir 1

    ,

    on comprend aisment quela vgtation s'y lve en degrs successifs. On ne s'tonnera pas nonplus de rencontrer sur ce terrain nouvellement conquis [une vgtationmoins varie que sur la rive concave.A priori l'on doit en effet s'attendre constater non seulement un

    accroissement en hauteur des individus, mais aussi une plus grandediversit d'espces mesure que Ton pntre sur la plage dans des zonesqui sont plus anciennes et qui par consquent ont eu plus de temps derecevoir des apports de semences. Mais d'autre part on conoit que cer-taines espces, mme ligneuses, qui se plaisent fort bien dans le premierrang, sur le bord de la plage et en pleine lumire, ne peuvent plus con-tinuer prosprer une fois qu'elles sont ombrages par des plantes d'undveloppement plus considrable. Elles se meurent et leurs descendantsne trouvent de station favorable pour leur dveloppement que dans une

    1 L'accroissement doit ncessairement tre ingal, suivant l'importance de lacrue et les conditions locales. Quelquefois l'accroissement d'une plage est inter-rompu pendant plusieurs annes, pour reprendre de plus belle un moment donn.

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    zone moins ombrage et plus rapproche de la rivire. C'est ainsi que lesespces hliophiles de la plage sont peu peu substitues par des espcesqui. au moins pendant leur jeunesse, peuvent se dvelopper l'ombre.

    il n'y a donc pas seulement enrichissement en espces, mais aussi li-mination des espces hliophiles et substitution par des essences plusfranchement silvatiques.

    Sur la plage basse, forme de sable fin et friable, qui merge seule-ment pendant la saison sche et qui est recouverte et remue par leseaux de la premire crue, il n'est gure possible qu'une vgtationdurable puisse s'tablir. A peine quelques herbes annuelles et des frag-ments de Gramines vivaces y prennent-elles racine pour vgter pen-dant une priode trs restreinte. Ce n'est que plus haut, dans une zonesouvent un peu plus fortement incline, qui, lors du retrait des eaux, sedcouvre aussitt et qui reste hors de l'eau pendant plus de six mois, quese montre une vgtation plus riche.

    Ici on trouve, ct de plantes annuelles plus ou moins cosmopolites(Leptochloa scabra Nes, L. virgata Beauv.. Cyperus radiatus Vahl, plu-sieurs espces de Jussia, Scoparia dulcis L., mmannia latifolia L.,Ecclipta alba Hassk.), des associations de plantes vivaces qui, l'poquede la crue, allongent leurs tiges en rhizomes fistuleux et forment desprairies flottantes. A ct de quelques Gramines (Panicum spectabile Nes,Panicum amplexicaule Rudge, Paspalum sp.), ce sont principalement desespces de Polygonum (P. hispidum H. B. K., P. spectabile Mart., P. acu-minatum H. B. K.). J'ai rencontr ces prairies flottantes surtout dans largion entre la Cachira et Labrea. Presque toutes les plantes cites etsurtout les espces annuelles, envahissent d'ailleurs occasionnellementles barrancos , l o ils ne sont pas trop abrupts.

    La premire zone des vgtaux ligneux est forme par YAlchorneacastanefolia H. B. K. (Uirana des Brsiliens), grand arbuste qui, parses rameaux allongs et ses feuilles troites, rappelle un peu les saules.Comme les plantes cites plus haut, YAlchornea se trouve le plus souventsur le talus qui spare la plage basse (de sable) de la plage haute, qui estcouverte de limon. Quand la plage basse passe insensiblement la plagehaute, YAlchornea peut faire compltement dfaut. Cet arbuste, qui estune des plantes littorales les plus caractristiques de l'Amazone et debeaucoup de ses affluents

    1, disparat cependant dans le Haut Punis

    (Cliandless) et dj dans le voisinage de l'embouchure du Rio Acre il estquelquefois remplac par un autre arbuste, le Tessaria integrifolia R. etPav., le pajarobbo des Pruviens. Cette plante, qui se reconnatfacilement par son port plus dress et par ses feuilles gristres, disposesverticalement comme celles d'un Eucalyptus, est dj un lment essen-tiellement andin.

    C'est dans la zone occupe par les Uirana s et les herbes flottantes,que la sdimentation est sans doute la plus active, puisque ces plantesconstituent un vritable filtre qui ralentit le courant et amne la prcipi-tation des sdiments.

    Les premires essences rellement arborescentes qui sont capables des'installer sur les plages, pouvant supporter non seulement une inonda-

    1 Le Salix Martiana Leybold. qui le long de l'Amazone et du Solimes, par-tage souvent avec YAhhornea des stations analogues, ne joue plus aucun rledans le Rio Punis.

  • ^54 BULLETIN DE L'HERBIER BOI861ER (2 n,r SKlO. 1906 U>)

    tion prolonge, mais surtout Ull enfouissement dans une couche de sdi-ments pouvant atteindre f>0 cm. dans une seule anne, sont les Cecropiaappels Imbaba par les Brsiliens (il v en a. sur les plages du Rio Punis,plusieurs espces encore insuffisamment connues). Ils apparaissent lespremiers derrire les Alchornea sur la partie leve et faiblement onduledes plages, et comme ils ont une croissance trs rapide et une productiontrs abondante de graines, ils peuvent occuper et transformer en fortde grandes surfaces dans l'espace de quelques annes. Tandis que la zonedes Alchornea est gnralement troite et le plus souvent rduite quel-ques ranges d'arbustes, la zone occupe par l'Imbabal (c'estainsi queles indignes appellent l'association forme par les Cecropia) peut trelarge de 50 100 m., et dans certains endroits, o la sdimentation a ttrs active, elle peut mme atteindre plusieurs centaines de mtres deprofondeur (Praia de Sinimb). Sur d'autres plages, au contraire, quis'accroissent trs lentement, l'imbabal ne consiste quelquefois qu'en uneseule range d'arbres ou fait compltement dfaut. Dans un peuplementde Cecropia, tous les arbres ont approximativement la mme taille (env.10 m.) et c'est seulement sur le bord qu'on voit des individus de plus enplus jeunes; c'est que le peuplement se fait gnralement d'une faon siintense qu'il ne laisse plus de place pour une seconde gnration. Laplace qui reste encore entre les arbres est occupe par une vgtation decroissance moins rapide, d'une constitution moins hliophile et d'une vieplus longue, formant d'abord sous-bois, pour se substituer plus tard aubois de Cecropia (planche 8).

    Il y a cependant un certain nombre d'arbustes et de plantes grim-pantes, qui sont propres cette zone priphrique des plages et qui nese trouvent plus l'intrieur de la fort plus ombrage. Parmi lesarbustes, on peut citer : Muntingia calabura L., Psidium spec. Anonaspec, Lilhea spec, Adenaria floribunda H. B. K., quelques espces(YAcalypha, Maclura tinctoria L.. Miconia spec. Bixa orellana var. platy-carpa Warb.. Urera spec, Guarea trichilioides L., etc. Les plantes grimpantesde cette zone ont une importance physionomique assez grande, principale-ment l'poque des hautes eaux, qui est leur priode de vgtation et dereproduction. Elles ne grimpent gnralement pas sur les Cecropia, maisplutt sur les arbustes, et trs souvent les parties des arbustes deAlchornea qui mergent encore de l'eau sont compltement couvertes deces plantes grimpantes, surtout d'un Ipoma (/. aff. sidfolia Choisy) quipendant les hautes eaux s'maille de fleurs lilas et jette une note joyeusesur le dsert d'eau jauntre. Parmi les plantes grimpantes de cette zone(qui d'ailleurs envahissent aussi quelquefois les barrancos et grimpentalors trs haut sur les arbres) on peut encore citer diverses Cucurbita-ces, le Centrosema Plumieri Benth., Cissus sicyoides L. et Micania scan-dens Willd.Non seulement toutes ces espces, mais aussi les Cecropia et les

    Alchornea eux-mmes 1 et la plupart des arbustes qui croissent dans cettezone, ont leur poque de floraison en pleine saison pluvieuse et fructi-iient pendant le retrait des eaux. Par ce fait, le limon encore tremp dela plage peut recevoir leurs graines, qui germent presque immdiatementsur ce terrain admirablement prpar. On voit en effet, quand on s'aven-

    1 Les Alchornea prsentent encore la particularit qu'elles perdent leurs feuilles

    pendant l'inondation.

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    ture sur une de ces plages ds que la consistance du sol permet d'ymettre le pied sans trop de danger, que la surface de la partie suprieuresitue devant les Cecropia, fourmille de petites plan tules de diffrentesespces, mais principalement des Cecropia.

    Voici maintenant les jeunes arbres qui apparaissent comme sous-bois l'ombre des Cecropia et qui finiront par prendre le dessus : plusieursLauraces, surtout du genre Nectandra, plusieurs espces de Ficus,Sapium,Inga; Acacia polyphylla DC, Guazuma ulmifolia Lam., Triplarissurinamensis Cham. et T. Schomburqkiana Benth., Hura crpitons L. etle palmier pineux strocaryum Janary Mart. Entre ces arbres, quiUnissent par les dpasser en hauteur, les Cecropia commencent s'tio-ler et dprir. Nous avons alors une fort mixte de transition, quignralement ne dpasse pas 12 m. de hauteur et qui contient souventune proportion prpondrante de Lauraces, dont le feuillage relative-ment fin et d'un vert souvent un peu olivtre se dtache bien de la fron-daison vert clair des Cecropia.

    Or tandis que dans le haut et le moyen Purus les bois de Cecropia sontsouvent trs tendus et occupent une zone plus large que la fort detransition, le contraire arrive dans le bas Purus, o la fort de transitionoccupe la plus grande partie des plages, la zone des Cecropia apparais-sant plutt comme une subdivision secondaire de celle-ci. Dans ce cason peut quelquefois distinguer encore d'autres zones secondaires formesd'espces prdominantes (par exemple par un Acacia aff. lacerans Benth., feuillage trs fin et vert fonc), surtout l'extrmit suprieure desplages, o le fleuve commence dj entamer de nouveau son uvrercemment forme.

    A-*

    Fig. 5. Extrmit suprieure d'une courbure convexe, vue de la rive oppose.En C, la fort de transition est dj entame par l'rosion.

    La fort o les Cuaxingubas (espces de Ficus, sect. Urostigma)jouent un rle dominant, peut tre considre comme la dernire phasede dveloppement de la fort mixte de transition. L o la fort de tran-sition se montre sur le bord mme de la rivire (et c'est surtout l'extrmit suprieure des plages), elle a gnralement un sous-bois assez

  • 256 BULLETIN 1>K L'tfKBBIKB BOISSIBB (-""" m:r.). lM)(> (8)

    dvelopp, dans lequel deux grandes Monocotyldones, Gynerium saccha-roides H. B. K. et aeliconia episcopalis Veli. jouent souvent un rle pr-pondrant. Quelquefois ces deux plantes se trouvent aussi dans l'imhabal,mais elles n'arrivent gure constituer, devant celui-ci, une zone ind-pendante, comme cela arrive communment le long du Hio Ucayali.

    La haute fort mixte, qui fait suite la fort de transition, n'est plusvisible du ct des rives convexes, tant cache par les zones de vgta-lion transitoire. C'est dans la concavit de la rive qu'elle se montre aubord mme du fleuve. Grce au travail d'rosion latrale du fleuve, quiprsente toujours de nouvelles tranches de la fort, on peut tudier,mme dans un voyage rapide bord d'un vapeur, la constitution de lahaute fort dans ses diffrentes phases et aspects. 11 n'est pas difficiled'y distinguer deux facis principaux qui se rptent toujours et apparais-sent presque dans toutes les concavits de la rive. L'un est caractrispar le palmier Java r y (Astrocaryum Jauary Mart.), l'autre par lepalmier Urucury (Attalea excelsa Mart.) et quelques autres palmiers,dont nous traiterons dans un chapitre spcial.

    t. f- twicfe-ir**

    Fig. 6 Quelques mandres du moyen Purus, en aval du Rio Mamori, dont les deux embou-chures sont visibles dans la rive concave de la courbe II. Les courbures sont quelquefois

    symtriques (I, II, V, X), mais plus souvent asymtriques, par suite de l'rosion plus forte

    dans le secteur de la combe situ en aval.

    La fort Javary est constitue dans le bas Purus par une associationd'essences arborescentes qui presque toutes se retrouvent aussi dans les

    plaines alluvionnaires du Solimes et le long de l'Amazone, jusqu' l'em-bouchure du Rio Xing. On trouve ici comme espces dominantes :

    Bombax Munguba Ma rt. ( M u n g b a ).Ficus div. espces (Cuaxingba et Apui).Triplaris surinamensis Cham. (Tachy).

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    Viroia surinamensis (Roi.) Warb. (Ucuba branca).Spondias lutea L. (Tapereb).Olmedia mollis Poepp. (Muiratinga).Hura crepitans L. (Assac).Sapium div. espces (Tapur, Seringa r na etc.).Macrolobium acaciaefolium Benth. (Arapary).Campsiandra laurifolia Ben th. ( A c a p u r n a ).Pterocarpus Ulei Harms.

    Inga div. espces (Ing ).Sterculia sp. (Chich) etc.Guazuma ulmifolia Lam. (Mu ta m b a).

    El comme palmiers: Astrocarynm Jauary Mart. (Javary); BactrisMaraja Mart. (Maraj) et quelques autres espces plus petites.

    Plusieurs de ces arbres peuvent atteindre une hauteur considrable

    (prs de 30 m.), mais on remarque que cette foret ne contient gnra-lement pas des sujets trs grands et trs gros. La fort Javary du basPurus est plutt caractrise, comme d'ailleurs aussi celle du Solimes etde l'Amazone, par ses arbres lancs, troncs et branches souvent grisjauntre et feuillage peu dense. Plusieurs de ses essences (p. e. lesBombax. Ficus, Triplaris. Spondias, Sapium) prsentent la particularitde rester plus ou moins dpourvues de feuilles durant une partie deTanne. Les palmiers Javary y sont gnralement dpasss de beaucoupen hauteur par les autres essences dominantes.

    Dans le moyen et le haut Purus, quelques-unes des essences citesplus haut disparaissent et font place d'autres : ainsi le Triplaris suri-namensis est partiellement remplac par le T. Schomburgkiana Benth.,espce de taille plus petite et feuilles plus larges et moins allonges; leBombax Munguba n'apparat plus que rarement, tant comme le Macro-lobium acaciaefolium, surtout limit aux lacs et aux igaps. Vers le moyenPurus et de l jusqu'au haut Purus. on voit de plus en plus souventle Hevea brasiliensis Mll. Arg. associ aux autres arbres dominants dela fort Javary. Cependant l'arbre le plus caractristique de cettefort est. dans le moyen et dans le haut Purus. le Calycophyllum Spru-ceanum Benth. (Po mulatlo), de la famille des Rubiaces. Cet arbrequi. du pied des Andes jusqu' l'Atlantique, est une des essences lesplus communes des forts littorales de l'Amazone, devient de plusen plus frquent mesure qu'on se l'approche de la Cordillre. Dans lebas Purus, il n'apparait gure sur les rives, mais en amont de la ville deLabrea il commence devenir abondant et forme quelquefois l'essencedominante de la fort Javary

    l.

    La fort Javary est gnralement inonde chaque anne et restesouvent assez longtemps recouverte d'une couche d'eau qui peutatteindre plusieurs mtres; elle ralise frquemment le type silvatiquele plus complet que puisse atteindre la fort littorale en un point dter-min, avant d'tre de nouveau dtruite par l'rosion latrale du fleuve.L'apparition de cette fort sur la rive concave est tantt continue sur degrands espaces, tantt interrompue et irrgulire; cette dernire disposi-

    1 Dans le Rio Ucayali il est tellement frquent qu'il constitue des fortsentires (appeles Capironales par les Pruviens), qui succdent aux associationsformes par les Gecropia (appeles Ceticales par les Pruviens).

  • 258 BULLETIN DK l'hKRBIKR BOISSIKIt |2me SKl\.). 1900 (10)

    lion rvle presque toujours l'existence, du ct de la rive concave, d'uneancienne boucle transforme en lac ou en igap. il arrive alors que leseaux de la crue, en arrivant au niveau de la rive, se prcipitent avecimptuosit travers la forl Javary pour remplir la dpression qui setrouve derrire, et comme elles sonl ici surcharges de sdiments, ellesdposent sur leur chemin des monceaux normes de sable, sous lepoids desquels la vgtation toute entire peut ire touffe. Mme lesgrands arbres, dont les racines sont enterres trop profondment, semeurent et leurs squelettes s'lvent dans l'air encore couverts de leurspiphytes, ou plus souvent compltement cachs par un voile de plantesgrimpantes de croissance rapide. Ce sont ces forts en ruines qu'onrencontre quelquefois sur d'assez grands espaces le long du Punis, maisqui sont encore bien plus frquentes le long du Bas Ucayali et du Solimes.Sur ces surfaces plus ou moins prives de leur vgtation apparaissentde nouveau les Cecropia, et le cycle volutif de la fort reprend, quoiqueprobablement sous une forme un peu modifie.

    Tandis que, en raison de la croissance trs rapide de toutes cesessences, on est forc d'admettre que sur un point donn la haute fort Javary est capable de se substituer l'Jmbabal dans l'espace de 20 30 ans, il n'en est pas de mme pour la fort Urucury. qui est carac-trise par un certain nombre de palmiers de grande taille et de crois-sance lente, constituant le facis le plus diffrenci et le plus perfectionnde la fort alluvionnaire du Purus. Le fait que cette fort occupe lesterrains les plus levs de la plaine d'alluvion, terrains qui ne s'inondentqu'avec les plus grandes crues et cela pendant quelques semaines auplus, du moins dans le haut Purus, indique dj suffisamment que nousavons ici affaire au rsultat d'une volution continue pendant trslongtemps. C'est dans la fort Urucury que les essences dominantessont les plus varies et qu'elles arrivent leur plus grand dveloppe-ment, atteignant en moyenne 25-30 m. de hauteur et souvent 40-45 m.chez certains arbres isols. Dans le haut Purus, on ne trouve gure despalmiers Javary dans la fort Urucury. tandis que dans le bas Puruson voit quelquefois des touffes magnifiques de ce palmier au milieu desAttalea 1 . Cependant j'ai remarqu que dans ce cas ce sont toujours desindividus 1res gs, quelquefois tellement hauts qu'ils dpassent la fortde leurs cimes. Ce sont donc probablement les survivants de l'poque ole terrain tait encore occup par la fort de transition, dont les Astro-caryum forment dj, comme nous avons vu. un lment important.

    Dans la fort Urucury on retrouve d'ailleurs presque toutes lesessences de la fort Javary. Les Ficus, Spondias, Calycophyllum,Hevea brasiliensis y existent encore en grand nombre, quelquefois enexemplaires splendides. Cela est surtout le cas pour les CalycophyllumSpruceanum, qui, dans certaines parties du moyen Purus surtout, sontles arbres les plus hauts de la fort (pi. 9). Sinon en hauteur, du moins parla puissance du tronc et l'ampleur de la cime, le Calycophyllum doit pour-tant cder ici la place aux monarques des forts amazoniennes, lesSumamas (Ceiba aff. pentandra Gaerln.). Les dmes aplatis de ces gants

    1 Comme dans le bas Purus l'inondation dure plus longtemps que dans lehaut ileuve, il est possible que la fort Urucury y soit plus longtempsinonde, permettant aux palmiers Javary d'y prosprer et atteindre un geplus considrable.

  • (il) J. HL'BER. LA VGTATION DE LA VALLE DU RIO PORUS 259

    dpassent partout les forts dans le bas et le moyen Punis. Dans le hautPunis cependant, au voisinage de l'embouchure de l'Acre, vient s'ajoutertoute une phalange d'espces dveloppement non moins puissant. Cesont surtout des Lgumineuses : Dipteryx odorata Willd. (Gumar),Dipteryx oppositifolia Willd. (Cumaru-rana). Hymena spec. (Juta h y),Copai/era div. spec. (Copahiba), Parkia multijuga Ben th., Andira inermisH. B. K.. Apuleia molaris Spruce. mais aussi quelques Sapotaces,Lecythidaces (Couroupita guyanensis Aubl.), etc.. qui atteignent toutesenviron 40 m., quelquefois jusqu' 45 m. de hauteur.

    Au-dessous de ces gants de la fort, qui sont assez loigns les unsdes autres pour ne pas former un tage continu, on peut facilement dis-

    tinguer au moins trois tages de vgtaux arborescents, dont le plus haut,d'environ 20 a o0 m., est form par la plupart des essences cites pour lafort h Javary : Hura crepitans L.. Eryihrina glauca Willd., Sterculiaspec. Spondias lutea et alice species. Hevea brasiliensis Mill. Arg.. Cedrelasp., Ficus div. spec; le second, atteignant de 10 20 m., par des espcesdes genres Sapium, Jacaratia (J. digitata (Ppp.) Solms) Guazuma (G.ulmifolia Lam.), Genipa (G. americana L.) Virola. Cordia, Inga.Triplaris,Rheedia, Cecropia. Duguetia. GuatteiHa, Cassia, Plumiera etc., et par lesgrands palmiers: Attalea excelsa Mark, ttalea Wallisii ilub. AstrocaryumMurumuru Mari., Euterpe precatoria Mart., Iriartea Orbigniana Mail.,Oenocarpus multicaulis Spruce, Guilielma microcarpa Hub.

    Mais c'est surtout l'tage infrieur, comprenant les petits arbres de 5 10 m., et les arbustes, qui abonde en reprsentants des familles les plusdiverses: Les Rubiaces (Faramea, Coussarea, Psychotria, Duroia, Ali-bertia etc.). Violaces (Alsodeia, Gloeosporium, Leonia),Meliai'es (Guarea,Trichilia), Solanaces (Solauum, Bninfelsia), Piperaces (Piper), Myr-taces, (ugenia, Catyptranthus, Britoa). Bombaces (Matisia) et Stercu-liaces (Theobroma et Herrania) y sont particulirement bien reprsentes,soit comme varit d'espces, soit comme nombre d'individus, mais j'yai rcolt en outre des Theophrastes (Clavija), Myrsinaces (Ardisia),Apocynaces, (Tabernmontana) , Caricaces (Carica), Lgumineuses(Cassia, Inga), Lecythidaces (Gustavia), Loganiaces (Strychnos), Euphor-biaces (calypha), Erythroxylaces (Erythroxyton), Menispermaces(Abutua). Anonaces (Duguetia, Anona), elastomaces (Clidemia, Ola-caces (Heisteria) \

    Dans cet tage on peut encore citer quelques palmiers de dimensionsmodestes : Phytelephas macrocarpa Ruiz et Pav., Attalea Gldiana Hub.,Acanthorrhiza Wallisii Wendl., diverses espces de Bactris. Geonoma,Chamdorea etc.Un rle assez important dans la physionomie du sous-bois revient aux

    plantes qui grimpent l'aide des racines (Wurzelkletterer desauteurs allemands). Comme appartenant cette catgorie on peut citer act du frquent Lomariopsis yapurensis Mart., d'un Piper (P. HuberianumC. DC), d'un Bignonia (ex afif. B. Unguis), d'un Carludovica, plusieursAraces appartenant aux genres Philodendron, Anthurium. Monstera, Syn-gonium, Heteropsis. et dont quelques-unes s'lvent non seulement le longdes troncs d'arbres, mais courent sur le sol de la fort, le couvrant quelque-fois de leurs feuilles cordiformes ou oblongues sur d'assez grands espaces.

    1

    Quelques-unes des plantes cites peuvent occasionelleinent atteindre unehauteur plus considrable.

  • 260 BULLETIN l>K L'HKRBIKR BOI8S1BB (2""" SKB.). 1 1>0 (12)

    Les lianes sont trs frquentes et se recrutent parmi de nombreusesfamilles : Lgumineuses {Bauhinia, C&salpinea, Entada, Acacia), Dille-niaces, Henispermaces, Sapindaces . Malpighiaces, Passloraces,Solanaces, Bignoniaces. Sur le bord de la fort on trouve surtout desIpoma, des Cucurbitaces^ (\i>* Combretum, le Chamis&oa altissima, desDichorisandra.

    Parmi les plantes herbaces

  • (13) J. HUBER. LA VGTATION DE LA VALLE DU RIO PURUS 261

    donnent gnralement asile des fougres plus grandes (Polypodiumdeeumanum et Nephrolepis exaltata) ainsi qu' des Araces, des Gesne-races, un Coussapoa plus ou moins arborescent et toute une sried'arbustes ou de petits arbres appartenant au genre Ficus.

    Les lacs et les igapos. Les lacs en fer cheval, dont nous avons

    expliqu l'origine plus haut (cf. p. 252), prsentent naturellement d'abordune vgtation riveraine analogue celle d'un coude de rivire, avec la

    vgtation des plages sur la rive convexe. Comme cependant l'accroisse-ment de cette rive ne continue pas (les sdiments apports par le fleuve l'poque de la crue tant dposs dans les deux extrmits convergentesdu lac), la haute fort finit par se substituer entirement la vgtationde la plage, jusqu'au bord mme de la convexit, sur un terrain o l'eausjourne pendant de longs mois. On comprend que dans ce cas il se faitune certaine slection des espces, le peuplement de cette zone ne pou-vant se faire que par une association d'essences particulires, habitues cette vie semi-aquatique. C'est l'igap, dans la conception troite duterme 1 . La sdimentation, qui au milieu de la courbure du lac estncessairement presque nulle, continue cependant se faire sur les deux

    extrmits, qui prsentent d'abord une vgtation analogue celle des

    plages, avec des prairies flottantes quelquefois trs tendues. Le lac peutainsi se combler plus ou moins compltement, mais, mme dans ce cas, ilformera encore pendant longtemps une dpression au milieu des terrains

    adjacents et ne pourra se peupler que de la vgtation des igapos.il est vident que mme sur les plages, o la sdimentation est quel-

    quefois assez irrgulire, se manifestant dans des ondulations du sol, il

    peut y avoir des dpressions plus ou moins considrables, dont la vg-tation aura des caractres d'igap plus ou moins prononcs. Surtout versl'extrmit infrieure des plages il se produit assez souvent de ces igapospar sdimentation incomplte. Quelques affluents du Rio Punis etde l'Acre ont une eau noire trs pauvre en sdiments, il rsulte de ce fait

    qu' leur embouchure il y a de grands igapos par dfaut de sdi-mentation.

    J'ai eu l'occasion d'tudier, pendant mon voyage, trois igapos typiques,le premier l'embouchure du Rio Antimary (eau noire) dans l'Acre, lesecond au bord du Lago Mapongap (pi. 10) et le troisime (le long d'un iga-rap marquant un ancien lac combl) Boni Lugar.Tous les trois igapos,quoique en partie d'origine diffrente, prsentaient peu prs les mmesessences. La taille des arbres de l'igap reste en gnral bien au-dessousdes dimensions indiques pour la haute fort de varzea, mais on rencontreencore toujours des individus qui atteignent de 20 30 m. de hauteur.La grosseur des troncs est galement moindre, et la ramification se faitsouvent un niveau plus bas. Voici maintenant la liste des plantesobserves dans l'igap de Bom Lugar, pendant l'poque de lacrue :

    Grands arbres: Hnra crepitans L. (Assac), Ficus aff. anthelmintica

    1 D'une faon gnrale, le terme igap dsigne simplement une fort inondeou marcageuse, mais comme en pleine crue toutes les forts de la plaine d'allu-vion peuvent tre plus ou moins inondes, il convient de restreindre le sens dumot, en appelant igap seulement la fort qui couvre les aires de sdimentationralentie, o l'lvation du terrain n'a pas accompagn pari passu la spcia-lisation et le dveloppement de la fort.

  • ^()- BULLETIN l'i: l.'HKRBIKH B01SS1KR (^" l " sku.I. 1906 (14)

    Mari., (Cuaxinguba), Piranhea trifoliata Baill. (Piranheira), Ormosiaexcelsa (?) Itaba rana?), Mimmops div. spec. (Maarandba elMapa rajba i.Arbres moyens : Lucuma div. spec. (Abiurna), Acacia poly-

    phylla DC. (Pari carna), Macrolobium acacixfolium Boni h. (Ara-pary), Bombax Munguba Mark (Mungba), Nectandra amazonumMari. (Louro), Calophyllum brasiliense Camb. (Jacareba), Pterocar-pus Utei Harms, fiigra div. spec. (Ing), Cecropia spec.

    Pel i is a rbres el ;i rbustes : Gustavia augusta L., I7to cymosa Bert.(Ta ru m ), Couralia toxophora, Bixa orcllaiia var. platycarpa Warb., C7*/o-rophora tinctoria (L.) Gaudich., Allophylus amazoniens Radlk., Dalbergiamonetaria (Pers.) L. f., Pithecolobium aff. latifolium Ben th., M\hm aff.cymulosa Spruce, el des espces de Malouetia, Gouania, Endlichera,\nona, lleisteria, Salaria. Miconia, Eugeniaelc.

    Parmi les palmiers, il n'y a que VAstrocaryum Jauary Mari., et desespces de Bactris, qui puissent pousser dans l'igap.

    Les lianes sont en partie les mmes qu'on rencontre sur les plages,mais il semble que les Hippocratea, Salaria, Corynostylis, Chamissoa ontune prdilection pour l'igap.

    Il est remarquable que le groupe biologique des plantes qui grim-pent l'aide des racines ( Wurzelkletterer), si bien reprsent dansla haute fort de vatzea par le Lomariopsis yapurensis Mart. et une quantitd'Araces. fait ici presque compltement dfaut. L'on est d'autant plustonn de trouver ce groupe reprsent dans l'igap par une Gacte( Wittia amazonica Schum.) qui, avec ses tiges aplaties appliques troi-tement contre les troncs d'arbres, enveloppe les plus minces ce pointqu'ils sont entours d'un manteau de lanires vertes enroules en spi-rale, qui dveloppent de longues fleurs couleur de chair peu au-dessusdu niveau des hautes eaux.

    Par contre, le groupe des pi phy tes est ici particulirement bien repr-sent, soit comme nombre d'individus, soit comme varit et originalitdes espces. Les tiges et souvent aussi les feuilles du sous-bois sontcouvertes de mousses et d'hpatiques, et dans les fourches des premiresbranches, souvent une hauteur qu'on peut facilement atteindre ducanot, les troncs montrent une grande varit d'Orchides, parmi les-quelles il y a plusieurs grandes espces (Schombiirgkia crispa, OncidiumBaueri, Oncidium lanceanum, Brassia spec), plusieurs Anthurium (entreautres A. vittaria Engl.,avec de trs longues feuilles glauques et tomban-tes), des Peperomia, Rhipsalis Cassytha L., Epiphyllum PhyllanthusRavr..plusieurs Bromliaces (entre autres Aechmea bromeliifolia Bak.), desPhilodendron feuilles cordes, des Gesneraces et des fougres (Polypo-dium decumanum Willd. et P. piloselloides L.), tandis que sur les hautsarbres on distingue des arbustes piphytes de Coussapoa et des Clusia, grandes feuilles luisantes.

  • (15) J. HUBER. LA VGTATION DE LA VALLE DU RIO WJRUS 263

    II

    La vgtation de la terre ferme (terra firme).

    La terre ferme, non inonde pendant les crues, en d'autres termes leplateau qui encadre la valle du Purus, ne s'aperoit que a et l le long dufleuve, parce que celui-ci ne touche que rarement avec ses mandres auxbords de sa valle. Seulement, dans la rgion des embouchures de l'Acre etdu Pauhiny, ces endroits sont nombreux et se trouvent tous du mme ct,la rivire serpentant sur une assez grande tendue le long du bord W. dela valle. Jci la hauteur de la terre ferme, qui s'lve tantt en falaisesabruptes, tantt en degrs successifs, est quelquefois suprieure 50 m.et en tout cas jamais infrieure 20 m. au-dessus du niveau des hauteseaux. Dans le bas Purus, les pointes de terre ferme se font plus rares etsont en gnral d'autant moins leves qu'on se rapproche plus de l'em-bouchure, o elles dpassent peine de quelques mtres le niveau deseaux de crue (sur la rive droite). La terre ferme parat donc tre uneplaine lgrement incline du S. au N.. c'est--dire du ct de l'Amazone.Quand on parle de la terre ferme, il est d'ailleurs observer que sa cons-titution gologique n'est gure bien diffrente de celle de la varzea etqu'elle se compose galement de couches alternantes d'argiles et desables, stratification assez irrgulire. Rien ne me parait indiquer queses couches aient une origine diffrente de celles que nous voyons encorese former sous nos yeux. A peine pouvons-nous leur donner un ge plusconsidrable 1 . Il est d'ailleurs quelquefois difficile de faire une distinctionnette entre la terre ferme proprement dite et les terrasses d'alluvion dela rivire, qui en quelques endroits se montrent assez bien dveloppeset constituent un trait d'union entre la varzea et la terre ferme. Pourdsigner ces terrasses fluviales, la terminologie indigne n'a pas trouvun nom spcial, mais on les appelle quelquefois varzeas altas. Enquelques endroits, ainsi par exemple sur la rive droite entre le Rio Ycuet le Rio Acre, et galement entre celui-ci et l'embouchure du Rio Ituxy,on ne trouve, mme une grande dislance du fleuve, que de ces var-zeas altas, interrompues par des igaps centraes, o des affluentsd'eau noire prennent leur naissance. Tout me semble indiquer que l'vo-lution de la rivire et le dpt des sdiments s'est continu depuis laformation des sdiments de terre ferme, sans une interruption trsprononce.

    1 C'est du moins le cas pour les points que j'ai visits. Il est naturellementpossible que sur des points plus loigns du fleuve on rencontre des affleurementsplus anciens. Les fameuses couches fossiles (pseudo-conglomerates de Chandless)qui affleurent a et l dans le lit du fleuve et qui d'aprs Agassiz contiendraientdes restes de Mosasaurus, appartenant par consquent au Crtac, seraient,d'aprs communication verbale de M. le professeur Goeldi, qui a examin unesrie de fossiles provenant de ces couches, d'un ge plus rcent.

  • 264 iti l.l.KIIN DK L'HERBU!!! BOI88IRR (210* sn.) 1906 (10)

    Il j a deux facteurs principaux qui expliquent la plus grande richesseet varit de la lore de la terre ferme, compare celle (Ws terrainsd'alluvion. C'est d'abord el avant tout la plus grande anciennet el stabi-lit du terrain et l'ge certainement trs considrable de son lapis vg-tal. Tandis Mar-inier, j'ai souvent entendu pendant la nuit le craquement formidable des arbres

    qui tombaient pendant que nous traversions la rgion montagneuse du Cerrode Canchahuaya, tandis que pendant notre voyage sur le fleuve, nous entendionsle tonnerre des barrancos, c'est dire des tranches de fort qui s'croulaient dansles flots gonfls de l'Ucayali.

    2 Dans des pays o il y a des cyclones, ce facis de la fort vierge peut trehabituel.

  • (17) J. HUBER. LA VGTATION f) LA VALLE DU RIO PURUS 265

    rasses fluviales, des igaps et des plaleaux, qui sont des formations pri-mitives bauches par le fleuve et ayant leurs analogues dans les varzeas,mais il y a aussi des vallons, des ravins et des gorges tailles pic. quisont l'uvre de l'rosion subsquente. Toutes ces stations peuvent entre-tenir des associations vgtales diffrentes ou du moins certaines espcesparticulires.A ct de ces facteurs que je viens de citer, celui de l'absence habi-

    tuelle des inondations rgulires a probablement une importance secon-daire pour expliquer la diffrence entre la vgtation de la varzea et cellede la terre ferme (surtout quant aux vgtaux ligneux), d'autant plus quedans beaucoup de terrains de varzea l'inondation n'arrive pas toutes lesannes et reste alors si peu de temps qu'elle ne peut gure tre invoquecomme excluant certaines espces. Comme je viens de dire, il y a d'ail-leurs aussi dans la terre ferme des igaps ou dpressions o feau depluie sjourne pendant plusieurs mois de l'anne. Ici l'eau joue un rlelectif beaucoup plus grand, et la prsence de certaines espces sociales

    (des genres Monritia, Lepidocarynm, Oenocarpus, etc.) est ici l'expressionimmdiate des conditions d'existence particulires et trs exclusivistes.Comme j'ai indiqu plus haut, la vgtation des terrasses fluviales

    montre encore une grande analogie avec celle des terrains d'alluvion quine sont plus que rarement atteints par les inondations. Cependant ony trouve dj quelques plantes qu'on chercherait en vain dans la varzea,comme par exemple Bertholletia excelsa, Ravenala guyanensis, etc..tandis que beaucoup d'autres, comme les Ficus, Calycophyllum. Hura,Triplons, tous caractristiques de la fort alluvionaire. y font dlaul. Je ne

    puis entrer ici dans beaucoup de dtails sur la composition del flore de laterre ferme, n'ayant pas eu le temps de l'tudier suffisamment. Je mebornerai donc indiquer les observations faites au cours de quelquesexcursions dans la fort Anlimary sur l'Acre et Monte Verde, un peuau-dessous de l'embouchure de cette rivire.

    Quant aux grands arbres de la fort de terre ferme, ils sont en partieles mmes que ceux que l'on trouve dans la fort Urucury. dans laplaine d'alluvion. Il y a aussi des Ceiba, Dipteryx, Hymeua, CopahybaParkia, quoique en partie des espces diffrentes. Parmi les arbres parti-culiers la fort de terre ferme on doit citer le Bertholletia excelsaH. B. K., des Lecythis et Couratari, un Tachigalia (trs commun sur laterre ferme de Monte Verde) , le Saccoglotlis Uchi Hub., CastilloaUlei Warb., Hevea cuneata Hub., Caryocar viUosum (Aubl.) Pers. Parmiles arbres de taille moyenne, j'ai rencontr un Jacaranda, le Didymo-panax Morototoni (Aubl.) March., Cecropia sciadophylta Mart., des espcesKApeiba, Virola, Cordia, Sapium, en partie diffrentes de celles de laplaine d'alluvion. Sur les falaises et les pentes de la terre ferme, ainsi

    que dans les dfrichements, on rencontre des essences hliophiles,correspondant la vgtation des plages dans la plaine d'alluvion. On ytrouve, l'tat plus ou moins social. Ocliroma lagopus Sw\, Apeibatibourbou Aubl., Cordia spec. et des espces de Cecropia, diffrentes decelles des terrains d'alluvion.

    Le sous-bois tait trs dense dans les parties visites, tant constitupar les mmes familles et souvent les mmes genres et espces que dansla fort la plus volue de la valle. On doit cependant ajouter ici lesfamilles des Urticaces (Urera), Ochnaces (Quratea), Simarubaces (Pic-ramnia) Cycades (Zamia), Monimiaces (Siparuna) et probablement encore

    bulletin de l'herbier boissier, no 4, 31 mars 1906. 19

  • 20() BULLETIN DR I/HRRBIBB BOISSIRB (-""" si.it. ). 1906 (18)

    plusieurs autres, dont je n'ai pas rencontr des reprsentants. Beaucoupde familles sonl ici plus richement dveloppes que dans la varzea. I *< * t j i*ne ciier qu'un exemple, le genre Solanwn esl ici reprsent par unequantit d'espces qui se montrent surtout dans les dfrichements.

    Mais c'est surtout la vgtation herbace qui se montre mieux dve-loppe dans la terre ferme. C'est elle qui profite le plus non seulementde l'absence des inondations, mais aussi de la diversit plus grande desstations et des terrains. Des fougres, ^(^ Slaginelles (d

  • (19) J. HUBKR. LA VGTATION OK f.A VALLE OU RIO PURUS 267

    J'ai dj parl plus haut de 1'

    Astrocaryum Jauary Mart. comme tant le

    palmier qui apparat le premier dans les alluvions rcemment formes etqui peut crotre dans les igaps les plus inonds. Les jeunes exemplairesde ce palmier peuvent mme supporter une submersion compltependant plusieurs mois, fait probablement unique dans la famille desPalmiers.

    L' Astrocarynm Mnrumuru Mart.. qui de mme que VA. Jauary est dis-pers sur presque toute la rgion amazonienne, n'est cependant pasaussi nettement aquatique que son congnre. Pendant l'poque de laplus haute crue, je l'ai gnralement rencontr aux bords de la zoneinonde et dans toule son aire il occupe des terrains humides et fraismais peu inonds. Dans le bas Amazone, j'ai remarqu que sa distribu-tion concide peu prs avec la zone propre la culture du cacao; dansle haut Purus il existe aussi dans les mmes endroits que le cacaosauvage.Le palmier le plus caractristique et le plus frquent des terrains peu

    ou point inonds est, comme je l'ai dj dit plus haut. VAttalea excelsa(Urucury). La distribution gographique de cette espce est aussi vasteque celle des espces prcdentes et on peut dire que ces trois palmierssont les plus caractristiques et les plus frquents des alluvions amazo-

    niques.Quant la limite orientale de ces palmiers il est remarquer que,

    tandis que le java ry s'arrte sur le fleuve principal au-dessus de Gurup,dans les affluents infrieurs (avec exception du rio Guam o il descendplus bas) la limite de l'action du flux et du reflux, l'Urucury elleMurumur descendent encore plus bas. sans atteindre cependant le bordde la mer l. Les limites occidentales sont moins bien connues, surtout ence qui concerne les affluents septentrionaux de l'Amazone. Le Javary estencore frquent dans le bas Ucayali (comme d'ailleurs aussi le Muru-mur, qui s'y trouve mme sur la terre ferme), mais dans le Purus ildevient de plus en plus rare une fois dpass l'embouchure du rio Acre.Mais, comme le fait dj remarquer Chandless, cette circonstance doitdpendre surtout du manque de stations appropries. Le long du HautPurus j'ai observ le Javary strictement localis aux endroits o des lacsou des igaps communiquent avec la concavit du rivage. Quant l'Urucury. il est encore frquent dans les alluvions du haut Purus aupoint le plus avanc o je suis arriv. Dans le rio Ucayali, il est djsubstitu par une autre espce feuillets disposs dans un plan verticalque les Pruviens appellent Shapaja. Ce palmier qui dans les alluvionsdu Rio Ucayali et de ses affluents, est aussi frquent que l'Urucurydans le Solimes et le Purus, ou une forme trs voisine, est connu dansle haut Purus sous le nom de Jacy. Probablement ce nom est uneadaptation au nom de Tiasse, car d'aprs la Flora brasiliensis levoyageur allemand Wallis aurait trouv au Purus sous ce nom uneespce en tous points semblable et que M. Drude considre commeidentique VAttalea Humboldtiana Spruce. Le Jacy (que je dsigneprovisoirement sous le nom de Attalea Wallisii Hub. 2) ressemble

    1 Le long des canaux de Brves et jusqu'aux environs de Para, ces deux pal-miers sont encore frquents.

    2 Attalea Wallisii Hub. n. sp. differt a proxime affini A. HumboldtianaSpruce drupis ellipsoideis cylindricis nunquam subprismaticis.

  • 268 BULLKT1N DE l/HERBIER BOISSIER 2 m " SR.). 1900 (20)

    par l;i forme lgante de ses feuilles VOrbignia speciosa (Uauass),mais il est un pou moins grand ei ses fruits diffrent sensiblementdes fruits de celui-ci, tanl plus troits et allongs, cylindriqueset lgremen I pointus aux deux extrmits. Parce fait il se distin-guo galement de YAtlalea Huinboldliana, dont les fruits seraient,d'aprs la description de Spruce, souvent plus ou inoins prismatiquesvers la base, grce leur compression mutuelle. J'ai vu le Jacy lapremire fois l'embouchure du Rio Pauhiny et il se trouve peut-trereprsent en exemplaires isols encore plus en aval, mais il ne devientfrquent que dans le voisinage de l'Acre, o il se substitue en partie l'Urucury. Mais jusqu'au point o je suis arriv, l'Urucury est toujoursbeaucoup plus frquent que le Jacy et je doute que celui-ci arrive dansla haute valle du Punis remplacer compltement son congnre.

    Un palmier trs caractristique des alluvions du Rio Punis, qui setrouve presque toujours associ l'Urucury, est Y Enterpe precatoria Mart.(Assahy), espce largement rpandue dans les alluvions du Rio Solimeset de ses affluents. Son tronc unique qui devient ordinairement plus grosque les tiges grles de YEuterpe oleracea de Para, s'lve quelquefois trshaut (jusqu' 20 m.) et porte une couronne de feuilles d'un vert un peuglauque, dont les feuillets sont pendants comme dans VE. oleracea.En certains endroits le long du Rio Punis apparat Ylriartea OrbiqnianaMart. (Pachiuba) dans la fort littorale, mais sa distribution est plus irr-gulire que celle des espces prcdentes. C'est aussi un palmier dont ladistribution dans la rgion amazonienne est trs vaste, allant de largion ctire (environs de Belem et de liragana) jusqu'au pied desAndes (Rio Ucayali).

    Parmi les palmiers qui croissent dans les terrains d'alluvion du RioPunis, il y en a un qui est particuliremont intressant comme ayant unedistribution plutt restreinte. Le Phyldephas macrocarpa Ruiz et Pavon(Yarina). apparat seulement en amont de l'embouchure de l'Acre 1 , mais Ponto Alegre il est dj le palmier le plus commun l'intrieur de lafort et d'aprs Chandless il devient plus frquent mesure qu'onremonte la rivire. Gnralement il est acaule fpl. 1 1 ), c'est--dire sontronc n'est pas visible au-dessus de la terre, mais quelquefois on rencontredes exemplaires qui ont un tronc court et trapu et j'en ai vu un dont letronc obliquement ascendant atteignait plus de 2 m. de longueur. J'aides raisons de penser qu'il s'agissait d'un pied mle. Au moment denotre visite les pieds femelles taient chargs de leurs ttes de fruitsdont nous avons compt 14 sur un seul individu.Aux environs de l'embouchure de l'Acre, on trouve dans les forts

    alluvionnaires, quelquefois en famille, un petit palmier acaule avec desfeuilles semblables celles d'un petit Maximiliana regia Mart ( I naja ),raison pour laquelle on lui a donn le nom d'Inaja-rna. Ce palmier dontj'ai obtenu, surtout grce aux efforts de M. Andr Gceldi, des inflores-cences mles et femelles ainsi que des fruits mrs, est un Attalea de lasection P.seudo-Scheelea Dr. et constitue une nouvelle espce que j'appelleAttalea Gldiana 2 .

    1 En aval de ce point, le Yarina se trouve encore au pied de la terre fermede Canto escuro.

    2 Attalea Gldiana Hub. n. sp. aeaulis, foliis crispatis, proxime accedit .1.

    phalerat Mart.. qu difFert drupis obovatis basin versus compressis.

  • (21) J. HUBER. LA VGTATION DE LA VALLE DU RIO PURUS 2H9

    Un an ire palmier de taille moyenne qui. partir de l'embouchure duRio Paubfny, se voit quelquefois dans la fort des concavits du rivageet qui se rencontre par exemple assez frquemment dans la < varzeaalla de Ponto Alegre, ressemble un Mauritia flexuosa en miniature,avec un tronc lisse et une couronne arrondie relativement petite, maistrs lgante, de feuilles palmes un peu gristres en dessous, divisesjusqu au ptiole en deux moitis gales dont chacune est pourvue d'inci-sions dont quelques-unes se prolongent jusqu'au ptiole. Ce palmier,dont je n'ai vu aucune trace de fleurs ou de fruits, parat tre le mmequi a t appel Acanthorrhiza Wallisii par Wendland. Malgr l'absencede racines pineuses, on le doit probablement runir au genre Acanthor-rhiza. cause de la forme de ses feuilles.

    J'ai rencontr ce mme palmier entre le Rio Ucayali et le Javary etdans le Pampa del Sacramento.

    Parmi les petits palmiers des terrains d'alluvion de Purus, il y a sur-tout un certain nombre d'espces de Bactris, parmi lesquelles le B. con-tinua Mart. parat tre une des plus frquentes. Le genre Geonoma estgalement biien reprsent, surtout dans les parties peu inondes. J'aisurtout remarqu une espce trs gracieuse croissant en grandes touffes,avec des tiges grles et llexueuses et des feuilles simplement bifurquesau sommet. Trs commune dans la varzea alla du haut Purus. est uneespce de Chumdorea {G. lanreolata K.j trs lgante, avec des feuillesluisantes folioles lancoles et avec des panicules jauntres de fruitsd'abord orangs puis noirs. Le genre Desmoncus est aussi reprsent parplusieurs espces grimpantes, qui cependant n'influent que peu sur laphysionomie de la fort et n'apparaissent que et l sur le rivage, prin-cipalement au bord des lacs.

    Sur la terre ferme, les palmiers ne jouent pas le mme rle prpond-rant que dans les terrains d'alluvions. Cependant il y a un assez grandnombre d'espces de grande taille, dont quelques-unes apparaissent aussia et l dans la varzea. surtout dans les parties leves qui ne s'inondent(]ue rarement (fort Urucury).Quand on remonte le bas Purus, on voit en quelques rares endroits o

    la terre ferme atteint le fleuve, de trs beaux exemplaires 'Orbignia spe-ciosa Barb. Rodr. (Uauass). palmier splendide qui se distingue par sacouronne immense de feuilles dresses dont les folioles trs rapprochesles unes des autres et diminuant insensiblement en longueur vers lapointe, sont tales dans le plan vertical, ce qui les fait ressembler assez des plumes de coq gigantesques. L'aire de cette espce parat s'tendresurtout sur les affluents mridionaux de l'Amazone. Barbosa Rodriguesindique ce palmier comme croissant au Mattogrosso et le long des fleuvesTapajoz, Madeira, Purus et Amazone suprieur. J'en ai vu aussi des exem-plaires au Rio Capim et prs de l'embouchure du Rio Negro, sur la terreferme de Manos, mais il est probable qu'il s'agissait l d'exemplairescultivs. Sur la cte de l'tat de Para (Salgado) et au Maranho existe unpalmier semblable qu'on y appelle Babass ou Coco babass, mais jene saurais affirmer s'il s'agit rellement de la mme espce que celle quise trouve sur les bords du Rio Purus. Dans le haut Purus je n'ai pas ren-contr l'Uauasset jenecrois pas qu'il s'avance au-del de l'embouchuredu Rio Ituxy. Dans celle rgion apparat un autre palmier intressant.Ylriartea ventricosa Mart., Pachiuba barriguda des Brsiliens, qui estlargement rpandu dans tout le bassin suprieur de l'Amazone et de ses

  • 270 BULLETIN DE l'HERBIKH B01SSIKR (2 ,n,

    8KR.). 1906 (22)

    affluents provenant des Andes. C'est une forme essentiellement andine,comme d'ailleurs le genre iriartea et les Iriartes en gnral. Aussi les

    exemplaires plus ou moins isols qu'on voit sur les pointes de terreferme entre l'embouchure du Patihiny el celle de l'Acre, ne peuvent-ilsgure donner une ide de ce que c'est que VItiartea ventricosa au piedmme des Andes o il croit par milliers et en exemplaires splendides.lui opposition avec VOvbiqnia speciosa, qui habite plutt les plateaux,VItiartea ventricosa croit de prfrence sur les versants des collines etau bord des ruisseaux, o il se trouve associ avec VEuterpe precatoriaque nous avons dj cil comme tant trs frquent dans la varzea. etavec VOcuocarpus multicaulis Spruce (Bac ba-y ou Racabinha) qui ga-lement arrive assez souvent dans les terrains d'alluvions. Ce dernier pal-mier, loin d'tre limit la rgion montagneuse des Arides pruvienneso Spruce l'a rencontr le premier, s'tend sur tout le bassin de l'Ama-zone suprieur, au moins dans sa partie mridionale. En dehors duPunis, je l'ai aussi trouv au Rio Ucayali. Pans la Flora brasiliensis il estcit avec doute au Rio Madeira : il me parait trs probable qu'il arriverellement jusque-l. Il parait tre, au sud de l'Amazone, l'espce vica-rianle de VOenocarpus miuor du Rio Negio, Japur. etc. J'ai d'ailleurs vu Manos et mme plus en aval sur la rive gauche de l'Amazone, unBacaba-y en touffes, qui ne pouvait tre que VO. multicaulis; dans cecas il s'agissait cependant sans doute d'exemplaires cultivs.On trouve encore deux espces d'Oenocarpus dans les terres fermes du

    Rio Punis, le Patau branco. qui est VA. Bataua Mart. et le Pataurxo. qui est probablement une nouvelle espce, ayant des fruits un peuplus courts que le prcdent. C'est dans les terrains marcageux (igaps)de l'intrieur que les grandes espces d'Oenocarpas croissent sociales, encompagnie de Mauritia flexuosa L. f., Manrilia aculeata Mart. et Lepido-caryum sp. Seulement, dans deux endroits, j'ai vu les Mauritia fle.vuosaau bord mme du fleuve et c'tait toujours sur la terre ferme.

    Dans les haut Punis j'ai rencontr sur la terre ferme encore quelquesautres espces de palmiers qui mritent une mention spciale.

    La plus intressante est sansdoute une espce de Gnilielma. que les gensdu pays appeient Pupunha brava, ou P. sauvage, pour la distinguerdu Gnilielma speciosa (Pupunha) qui crot seulement l'tat cultivou subspontan. J'ai appel la nouvelle espce Guiliclma microcarpa llub. \car c'est par ses petits fruits rouges tous fertiles qu'elle se distinguesurtout de G. speciosa, tandis que Gnilielma maltogrossmsis que M. Bar-bosa Rodrigues a dcouvert au Maltogrosso. s'en dislingue en outre parson tronc simple et par des ptioles et spalhes beaucoup plus pineuses.J'ai rencontr le G. microcarpa l'tat sauvage non seulement en diff-rents endroits dans les environs de l'embouchure de l'Acre, o il setrouve aussi bien sur la terre ferme que dans les forts d'alluvions rare-ment inondes, mais aussi dans le Pampa del Sacramenlo o il est ga-lement spontan. Je sais en outre de source certaine que ce palmier est

    frquent dans le haut Juru. Il semble donc que nous pouvons considrercomme l'aire de la nouvelle espce tout le bassin du Punis el du Juru,ainsi que le moyen Ucayali et Huallaga.

    1cf. Bol. do Museu Gldi. Vol. IV p. 474-476, 1904.

    GuiUelma microcarpa Hub. n. sp. Caudice cspitoso valide spinoso, drupissubglobosis vix ultra 1,5 cm. diametro metieutibus coccineis.

  • (23) i. HUBER. LA VGTATION DE LA VALLE DU RIO PURUS 271

    A Monte Yerde. M. Gldi, qui avait dj visit cette localit avant moi,avait collectionn, cette occasion, les spadices et les fruits d'une espcede Cocos qui me paraissait diffrer beaucoup des autres espces de ce

    genre connues jusqu'ici comme existant dans la rgion amazonienne. Lesfruits prsentent, il est vrai, les caractres de la section Syagrus,et ils nese distinguent pas beaucoup de ceux de Cocos speciosa et C. ittajai. maisle spadice un pdoncule court et un rhachis trs long (1 m.), sur lequelsont insrs de trs nombreux (jusqu' 150) rameaux serrs les unscontre les autres et dont la longueur diminue de la base au sommet durgime. Le palmier lui-mme atteint une hauteur de 15 20 m., ayant untronc assez grle et une belle couronne de feuilles courbes en arc et folioles assez raides. Celle espce que j'appelle provisoirement Cocospurusana Hub. \ parat constituer un terme de passage entre les espces tronc mdiocre du bas et moyen Amazone (C. speciosa, C. Ittajai, C.Chavesiana) et les grandes espces du Brsil central (C. bolrrjophora, C.acrocomioides elc.)Un autre palmier trs intressant et autant que je vois nouveau pour

    la science est une espce gigantesque d' Astrocaryum, donc le tronc peutatteindre une hauteur de 20 25 ni. Par ses grands fruits arrondis cette

    espce se rapproche de V Aslrocaryum princeps Barb. Rodr., mais elle s'en

    distingue par son tronc trs lanc, dont les entrenuds infrieurs sontau moins deux fois plus longs que larges, par les pines assez faibles dutronc qui sont plus ou moins caduques et ne se rencontrent souvent qued'un cl du tronc, par le nombre restreint de ses feuilles et surtout parleur forme. Car au lieu d'tre dresses et pourvues de folioles rigides,elles finissent par tre tales et ont des folioles longuement surplom-bants. Comme cet e espce parait avoir les plus grands fruits du genre,je l'appelle A. macrocarpum

    2. Je l'ai rencontr sur la terre ferme d'An-

    timary (Acre) et de Monte Yerde (Purus). ainsi que dans les terrainsd'alluvions du Ponlo Alegre (Alto Purus).

    Parmi les petits palmiers de la terre ferme on peut d'abord mentionnerAstrocarywn mumbaca Mari, et A. gynacanthum Mart. qui dans le hautPurus sont presque aussi frquents que dans le bas Amazone, puisquelques espces de Bactris et plusieurs Geonoma, que cependant je n'aipas eu l'occasion d'tudier plus fond. Les espces de Geonoma largesfeuilles, qui servent couvrir les toits, se trouvent plutt l'intrieurdes terres fermes. Je citerai ici encore une espce de Desmoncus {D.leptospadi.c Mart.) qu'on rencontre assez souvent le long des sentiers et

    qui ne dpasse pas beaucoup la hauteur d'un homme, dveloppant sespetites rgimes de jolis fruits orangs la porte de la main. C'est unedes rares

    .espces de ce genre qui ne grimpent que trs peu et qui sonten mme temps presque dpourvues d'pines.

    1 Cocos purusana Hub. n. sp. ab aliis speciebus seetionis Syagrus Ama-zoniam inhabitantibus dilYert caudice altiure spadice multiramoso (ad 150 ramosgre n te).

    2Astrocaryum macrocarpum Hub. n. sp differt a proxime affini A. princeps

    Barb. Kodr. caudicis inieruodiis inferiorihus elongatis, foliis paucioribus, seg-mentis Iaxis dependentibus, drupis maximis globosis.

  • 272 BULUCTIN DE L'HKRBIKR B01SSIBR (2me SBR.). 1906 (24)

    IV

    Sur lndignal An Theobroma Cacao dans les allumions du Punis

    el sur quelques autres espces du genre Theobroma.

    il est gnralement admis que le Theobroma Cacao L. croit spontan-ment dans la rgion amazonienne, mais jusqu'ici on ne connat gure nil'extension approximative de son aire ni les conditions spciales danslesquelles on le trouve. Quant la premire question, il est remarquerque le cacaoyer n'a pas encore t rencontr l'tat indubitablement spon-tan ni au nord ni au sud de l'Amazone infrieur en aval de l'embouchuredu Tapajoz. il est vrai que des documents historiques du XVIIIe siclementionnent le cacao comme croissant spontanment dans les les del'embouchure de l'Amazone, notamment dans l'le de Gurup, et queMartius l'indique comme croissant dans les forts riveraines de l'Amazoneprs Sanlarem (Tabulas physiognomicae 1), mais comme tout le long dufleuve principal, de Sanlarem jusqu' l'embouchure du rio Negro, a existdepuis longtemps une culture assez intensive de cacao, il sera assezdifficile l'heure prsente de dcider si l'arbre s'y trouve l'tal spontanou seulement subsponum. Cependant il ne me parat pas impossible queles cultures primitives de cette zone aient eu leur origine dans de. cacaoes naturels et qu'au moins une partie des cacaoyers cultivsactuellement soient des descendants de pieds spontans trouvs dans cesparages par les premiers colons agriculteurs.

    Tandis que le long de l'Amazone infrieur l'indignat du cacaoyer estassez problmatique, il en est autrement quant son cours moyen et sup-rieur, et ses grands affluents. Madeira. Punis, Juru, Ucayali au S, Japuret autres au N. Dans les fleuves, au moins dans leur partie suprieure, lecacaoyer n'a jamais t cultiv par les blancs et comme les indiens ama-zoniens n'attachent aucune importance au cacao, on peut admettre quede leur part galement il n'y a pas eu d'essais de culture.

    Dans les alluvions du Punis et de P Ucayali j'ai rencontr moi-mme leTheobroma Cacao dans des conditions qui rendaient une ancienne culturetrs peu probable. Dans le Punis surtout, l'arbre est de plus tellementfrquent dans les forts de varzea, aussi bien dans celles qui s'inondent plus d'un mtre de profondeur que dans celles qui ne sont que rarementinondes, qu'on serait forc d'admettre une culture ancienne trsrpandue, ce qui n'est nullement probable comme je viens de l'exposer.

    Le cacaoyer sauvage est un arbre de sous-bois, atteignant peine 8 m.de hauteur. Quelquefois le tronc est droit ramification courte et tage,mais souvent il y a plusieurs pieds de la mme souche et alors ils sontinclins et plus ou moins courbs, ce qui est assez rare parmi les autrespetits arbres du sous-bois. La priode de fructification va du mois defvrier jusqu'au mois de mai. mais il existe des diffrences considrablesdans l'poque de fructification d'aprs les endroits. Tandis que par

  • (25) J. HUBER. LA VGTATION DE LA VALLE DU RIO PURUS 273

    exemple au commencement du mois d'avril il n'y avait plus un seul fruitsur les arbres croissant dans la varzea de Ponto Alegre (Alto Punis), il

    y avait au mois de mai encore des pieds chargs de fruits dans les fortsinondes en aval de l'embouchure de l'Acre (Rom Lugar). Il se peutd'ailleurs que ce phnomne soit tout simplement une consquence durelard des stations qu'on observe mesure qu'on descend le rio Purus.En tout cas il semble que chez les arbres sauvages l'poque de la fructi-fication est plus passagre que chez les sujets cultivs dans le bas Ama-zone. Les fruits du cacaoyer sauvage que j'ai pu examiner, taient en

    gnral un peu plus petits et avaient une coque moins paisse et moinsdure que ceux des arbres cultivs; ils renferment un nombre pluspetit de semences, mais la forme et les dimensions de celles-ci ne diff-rent pas beaucoup de celles de la forme la plus souvent cultive dans lebas Amazone.

    Ce qui me parat parler le plus en faveur de l'indignat du TheobromaCacao dans les alluvions du no Purus, c'est la circonstance qu' ct delui on trouve encore non moins de 6 autres espces du genre Theobroma.savoir :

    i. Theobroma microcarpnm Mart. qui. jusqu'ici, avait t trouv seule-ment par Martius sur les rives du Solimes, est dans le Rio Purus une

    espce trs frquente, non seulement dans les alluvions. o elle formeen certains endroits (Ponto Alegre) l'espce dominante du sous-bois,mais aussi sur la terre ferme (Antimary), o elle crot cependant plusclairseme. C'est un pelit arbre tronc droit et de ramification rguli-rement lage, avec des feuilles glabres et luisantes, trs obliques labase et remarquablement petites pour le genre Theobroma. Les fleursnaissent sur les rameaux feuilles; le fruit est petit, presque sphrique,pourvu de ctes longitudinales et entre elles d'un rseau de cles un peumoins saillantes. A l'poque de notre voyage les fruits taient presquetous dj passs et ouverts par les singes.

    2. Theobroma speciosum Spreng., espce rpandue en plusieurs vari-ts dans toute la rgion amazonienne, ainsi que dans la Guyane franaise,est galement assez frquente au Rio Purus, croissant indistinctementdans la varzea et sur la terre ferme. C'est probablement l'espce quicrot le plus haut, atteignant jusqu' 15 mtres de hauteur, sans cepen-dant former une couronne bien tendue. Le Th. speciosum se reconnatfacilement sa ramification extrmement curieuse (sa tige aboutit chaque priode de croissance par une trifurcation de rameaux tals hori-zontalement et bifurques leur tour, la continuation de la tige tantfournie par un bourgeon situ au-dessous de la trifurcation), ses feuillescoriaces 1 et d'un vert fonc brillant la face suprieure, cendres la faceinfrieure, et ses grandes fleurs d'un rouge noirtre qui naissent enbouquets compacts sur le tronc. Son fruit est quelque peu semblable celui de l'espce prcdente, mais un peu plus grand, coque plus dureet ctes moins saillantes.

    3. Theobroma sylvestre Mart., trouv par Martius sur le Solimes. estassez frquent dans les varzeas et sur la terre ferme du Haut Purus,cependant moins frquent que les espces prcdentes. C'est un arbre

    1 La varit coriaceum Hub. qu'on trouve au Purus et dans le haut Amazone,se distingue du type par les feuilles un peu plus courtes et plus coriaces et pardes fleurs plus petites.

  • 27'j hui.i.kiin dk i.'in.mtiKr, boissibh i- skiu. 1908 (26)

    mdiocre (hauteur env. 10 nu mais couronne plus large que le prc-dent, avecdes feuilles ovales oblongues un peu tomenteuses la face inf-rieure. Les lleurs el les fruits naissenl sur les rameaux; les fruits son!

    obovodes, coque mince < i i grossirement chagrine, concordant assezbien avec les figures que F. Aublel don ne de son Cacao syloestris. L'airedu Th. sylvestre paral donc tre assez grande; je ne rai pas trouvcependant dans le bas Amazone, ni sur rUcayali.

    4. Theobroma subincanum Mart. a une aire aussi v;iste que le Tho-broma specioawn, sans tre aussi frquent que celui-ci. Au Punis il croten compagnie des espces prcdentes. C'esl un arbre qui s'lve jusqu'10 ou 13 m. el dont le tronc atteint quelquefois .30 cm. de diamtre. Sesfeuilles sont trs allonges (dans la forme du Punis elles sont cependantun peu plus courtes el plus larges que dans la forme du bas Amazone),lomenteuses et blanchtres la face infrieure. Les fruits, qui naissentsur les branches, sont presque de la mme forme et dimension queceux de l'espce prcdente, mais ils ont une coque plus paisse el sontlgrement tomenteux, non chagrins.

    5. Theobroma bicolor H. 13. K.. espce indigne dans le haut Amazoneet souvent cultive. Je n'ai vu de cette espce qu'un fruit (qui d'ailleursa une forme trs caractristique et ne peut tre confondu avec autrechose) dans la main d'un petit Indien qui disait l'avoir trouv dans lafort. C'tait dans la varzea du moyen Punis, Cachoeira.

    6. Theobroma sinuosnm Pavon in sched. \ espce connue seulement parles feuilles, qui sont tomenleuses, oboves-oblongues, grossirementsinues-dentes vers la pointe. J'en ai trouv un jeune exemplaire sur laterre ferme de Monte Verde, exemplaire qui a t transplant dans lejardin botanique de Para.

    En dehors de ces espces je ne connais que deux espces amazoniennesde Theobroma (Th. grandi/torum Schum. el Th. Spruceauum Bern., desorte que l'on peut dire que dans le haut Purus la majorit des espcesamazoniennes du genre Theobroma se trouve reprsente en compagniedu Th. Cacao.

    En outre on trouve encore, dans les mmes localits, une petite espcede Herrauia. que je n'ai pas pu dterminer faute d'chantillons en fleur.

    V

    (Quelques observations sur les Bambiises du itio Punis.

    On sait que les Hambuses sont pour la plupart des plantes assezrfractaires aux recherches systmatiques, ne produisant que rarementdes fleurs qui seulement permettent leur dtermination, ce qui fait queleur rle dans la vgtation est assez souvent nglig dans les descrip-

    1 Theobroma sinuomm Pav.in sched. FI. P. n. 418 (Chicoplaya). Ramis petio-lis, foliisque infra molli ter ferrugineo-tomenlosis, foliis brevissime petiolatisapicem versus grosse acutissimeque sinuoso-dentatis supra puuctatis.

  • (27) J. HUBER. LA VGTATION DE LA VALLE DU RIO PL'RLS 275

    tions phy togogra ph iq ues. Il est vrai qu'en gnral les Banibuses n'ont

    pas une part trs grande dans la physionomie des rives de l'Amazone etde ses affluents, mais leur rle ne peut pas tre considr comme ngli-geable.

    Dans le bas Amazone on trouve a et l au bord des rivires des touffes

    plus ou moins isoles de Guadua glomerata Munro. G. aif. macrostachyaRnpr. (Tabca des Brsiliens) et peut-tre encore d'autres espces cong-nres; c'est de la dernire espce seule que j'ai constat de plusgrandes associations, appeles Taboces, et assez rpandues par exempledans la moiti orientale de l'le de Aiaraj. Le long de l'Amazone mme,jusqu'au confluent du Rio Negro. on aperoit assez rarement des touffesde Bambuses appartenant probablement aux mmes espces.

    C'est dans le Solimes que les Bambuses commencent apparatreplus souvent dans la fort riveraine. Vers l'embouchure du Rio Purus

    principalement, Ton voit sur la rive droite du Solimes beaucoup deTaboces. que Martius a dj remarqus et qu'il attribuait aux habitantsprimitifs de ces parages, qui auraient plant des haies de bambous pourprolger leurs habitations contre des attaques inopines. Quoiqu'il ensoit cet gard, ce qui est certain, c'est que dans le cours infrieur duRio Purus, une Bambuse de taille moyenne, trs gracieuse, avec desfeuilles trs tines, forme en certains endroits le sous-bois d'une faon

    peu prs exclusive; mais quand on remonte la rivire, cette espce dispa-rat bientt et dans le resie du bas Purus on ne trouve plus de Bambu-ses aux bords du fleuve.

    C'est seulement aux environs de la Cachoeira. qirapparait une autre

    espce beaucoup plus grande. d*abord en touffes isoles, puis en amontde l'embouchure du Rio Pauhiny. en groupes de plus en plus nombreux.Cette espce qui est surtout frquente aux environs de la bouche del'Acre, atteint son plus grand dveloppement au pied des perons deterre ferme qui abondent ici (Canto Escuro, xMonte Yerde). C'est uneespce gigantesque du genre Guadua que j'ai appele G. superbn

    1. Ses

    chaumes atteignent une hauteur de 20 m. sur un diamtre de 10 15 cm.;ses rameaux trs rgulirement distiques (non fascicules) et lgammentsurplombants font ressembler ses tiges d'normes plumes d'autruche;son rhizome lui-mme se distingue par une ramification strictementdistique ce qui lui donne un aspect trs particulier.

    Il y a dans celte espce un dimorphisme trs prononc des rameaux, lesrameaux infrieurs, jusqu' la hauteur de b' m. environ, tant divariquset entrecroiss horizontalement. Ces rameaux infrieurs sont pourvusd'pines en forme de crochets recourbs qui manquent sur les rameauxsuprieurs.

    Dans le cours infrieur du Rio Acre, une espce grimpante feuillestrs troites est galement trs frquente.Quand on remonte le Haut Purus, en amont de l'embouchure de

    l'Acre, on rencontre une Bambuse sociale, de tiges trs pineuses et defeuilles assez larges, bien moins imposante que le Gnadua superba, maisnon moins importante quant son rle physionomique et phytogogra-phique. Cette plante qui par ses inflorescences se montre appartenir au

    genre Nastus, consliluant une nouvelle espce que j'appellerai Nastus

    Cf. Boletim do Museu Gldi Vol. IV, p. 479. 1904.

  • r.iiuiiN m i ni mui.it BOISSIBR i-'"" m.h.I. 1906 (28)

    ttmnzonicui Hub. f. forme de vastes labocSes (jui soni uno dos associa-tions caractristiques du Haul Purus, devenanl de plus en plus tendus

    inpntrabls mesure qu'on remonte la rivire (cf. Chandless, I. a).\ pi. m.. Uegre o j'ai pu voir un de ces la boc a es, cette Gramine

    des arbres isols (surloul une Lgumineuse feuilles(hiemeiil pennes, des Hevea braeitiensis el un Lhorisia (/i). le sous-bois

    ;ii peu dvelopp. Dans le centro> (terrains loigns de la rivire)de Ponio Alegre h j a plusieurs estradas* de Hevea dans un grandla bocal. D'aprs les informations que j'ai reues dos habitants, tous lespieds de ce labocal auraient fleuri el fruclifi en mme temps et auraientt morts l'poque de noire visite, rail que je n'ai pas pu vritifiermoi-mme.

    -

    ir i.i lerre ferme il j a aussi plusieurs espces de Bambuses, maisje n'en ai pas vu des associations importantes. Une espce trs rpandue

    il en pieds isols trs allongs qui ne sonl pus assez forts pour sesoutenir d'eux-mmes; ils sonl gnralement appuys obliquement sur

    - du sous-bois, comme certaines lianes, sans tre des plantesgrimpantes propremeni (\\\v>. Los feuilles de cette espce sont assezlarges el l. n. sp. differt a specie brasiliensi adhuc cognitaV. barbatus Kupr.) culmo fistuloso aculnalo, valvulis slerilibus numro -

    sioribus. Qosculo terminal i tabescente brevius pedicellato, lodiculis laie ovatis.Malheureusement les in.lorescences taient dans nos chantillons imparfaite-

    ment dveloppes, de sorte que quant au nombre des lamines il y a encoretjoelq toute fje n'en ai compt tfue trois); mais la forme des inflorescences estidentique celle du Saslus barbatus. Il serait toujours possible que la prsenced'une seule Beur fertile soit, dans nos chantillons, un fait accidentel, et alorsuolr.' espace devrait se ranger dans le genre Gumlua, avec lequel il montre beau-coup d'affinit, surtout quant ses organes vgtatifs.

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    i /( talion d'une plagi H Purus).

    Bom Lugar, prs de l'embouchure du Hi Acre, un

    nmencemenl du retrait des eaux. l-;i plage basse n'est pas encore

    lisible, mais on aperoit le talus de la plage haute, ravin par les eaux de pluiel ne prsentant, dans oe cas spcial, qu'une vgtation herbace. Au premier

    plan de la plage haule, on voit de jeunes pieds de ecropia, derrire lesquelssans transition le bois de ecropia compltemenl dvelopp : c'est que la

    ipru accroissement, s'est mise s'accrotre de nouveau.

    \ l'ombre d< ropia, aux troncs blancs el an feuillage clair, on aperoit la

    talion dense du sous-bois compos des essences qui vont succder la i'orli donl ou voit dj surgir quelques individus derrire les premiers

    jeux-ci. \ gauche, on voit la partie infrieure d'une plage situe en

    muni.

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    Vgtation l'une rive concave (li' Purusj.

    Lte photographie a t( prise quelques kilomtres en amont de la prcdente.mii- le dfrichement au premier plan, an distingue les feules produites par

    lenl du terrain.

    L'arbre le plus haut de la fort ( droite) '-si l

  • ....

    M ! !

  • in u> de i iimmi.H BOlS&tKR Vt SH.). 1 1 M H >

    LGENDE DE LA PLANCHE 10

    Intrieur d'un igap (Rio Purusj.

    Photographie prise d'un canut, dans l 'igap au bord du Lago Mapongapa.[/arbre le pins gros i droite

    1

    ) est un Mimusops spec.

  • 3lHfl'iH ! UJH

    ' -'

  • litiniiv m i HF.RBIKF B0I8SIBR -" SKR.). t IKK

    LGENDE l)K LA PLANCHL 11

    S - )ec Phytelephas macrocarpa Ruiz et Pavon (Rio Purus).

    Cette photographie reprsente deux exemplaires de Phytelephas dans la fori

    an pied de la terre ferme de Ganto Escuro. station la plus avance o ce palmierail t trouv.

  • Litia

    i

  • Bt LLLii.N Ut L HLHHIKH B01SS1BK l2,ue SKH.). iMM

    LGENDE DE LA PLANCHE \t

    Fort de terre ferme (Rio Purus),

    Coup d'il sur le versant de la terre ternie de Munie Verde. Au centre se

    dtache un jeune arbre de Sapium Marmieri Huh., aux grandes feuilles ellipti-ques, derrire lequel s'lve un Hura crepitans L. et un Acacia polyphylla 0(1.

    (la cime arrondie, au fond). Le palmier est un Astrocaryum aff. Tucumu:

    derrire son tronc on distingue un jeune Cecropia sciadophylla Mart. Derrire le

    Sapium, un peu droite, il y a un jeune exemplaire de Castilloa Ulei Warb . elau premier plan droite, un Solanum (en bas) et un Gassia sp. (en haut).

  • BULLETIN DE L'HERBIER BOISSIER. 2 SERIE TOME VI, PL. 12,

    .1. Hi-peu, phot.

    FORT DE TERRE FERME RIO PURES

  • . . ._..

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    ?!

  • WLLVfm Dt L HthblfcH BOIssiKtt i 2"" SKh.). 11HM

    LGENDE DE LA PLANCHE 13

    Deux espces nouvelles de palmiers (Rio Purysi.

    A gauche : Astroearyum macrocarpum Hub .. droite : Cocos purusann Hub.Derrire celui-ci. une touffe de la Bambuse fhmdna superlm Hub.

  • BULLETIN DE L'HERBIER BOISSIER, 2* SRIE TOME VI, PL. 13.

    J. Hlber, phot.

    DEUX ESPECES NOUVELLES DE PALMIERS (RIO PURUS).

  • New York Botanical Garden LibraryQK263.H8 cHuber, Jacob/La vgtation de la val

    3 5185 00102 7042

  • *%*