La Valorisation des résultats de la Recherche Agricole ... · faible production de publications...

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1 Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles West and Central African Council for Agricultural Research and Development Mai, 2013 7, Avenue Bourguiba, P.O. Box 48- cp. 18523- Dakar SENEGAL Tel 221 869 96 18 - Fax 221 869 96 31 [email protected] www.coraf.org Note conceptuelle sur La Valorisation des résultats de la Recherche Agricole Dans l’espace du CORAF/WECARD

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Conseil Ouest et Centre

Africain pour la Recherche et

le Développement Agricoles

West and Central African Council

for Agricultural Research

and Development

Mai, 2013

7, Avenue Bourguiba, P.O. Box 48- cp. 18523- Dakar SENEGAL Tel 221 869 96 18 - Fax 221 869 96 31

[email protected] www.coraf.org

Note conceptuelle

sur

La Valorisation des résultats de la Recherche Agricole

Dans l’espace du CORAF/WECARD

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Table des matières

Résumé ................................................................................................................................................. 3

1. Introduction ................................................................................................................................... 4

2. Etat des lieux en matière de valorisation......................................................................... 4

2.1 Les résultats de recherche .......................................................................................................... 4

2.2 La valorisation des résultats de la recherche agricole .................................................... 5

2.2.1 La valorisation académique des contenus pédagogiques ............................................. 6

2.2.2 La valorisation scientifique ..................................................................................................... 6

2.2.3 La valorisation technologique ................................................................................................ 6

2.2.4 La valorisation sociale .............................................................................................................. 6

2.2.5 La valorisation économique .................................................................................................... 6

2.2.6 La valorisation politique .......................................................................................................... 7

2.3 Les domaines de la valorisation ............................................................................................... 7

2.3.1 La valeur ajoutée aux résultats de la recherche .......................................................... 7

2.3.2 La commercialisation des résultats de recherche ........................................................... 8

2.3.3 Le transfert technologique ...................................................................................................... 8

2.3.4 L’évaluation des impacts de la recherche ........................................................................... 8

2.3.5 La mobilité des chercheurs ...................................................................................................... 8

2.4 Des lacunes à combler dans le système de valorisation ................................................. 9

3. Mise en place d’une Unité de Valorisation au CORAF/WECARD .............................. 10

3.1 Organisation de l’Unité de valorisation .............................................................................. 10

3.2 Elaboration de la politique de valorisation des résultats de recherche agricole

pour la sous région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. ......................................................... 11

4. Conclusion ................................................................................................................................ 11

5. Références bibliographiques ............................................................................................ 11

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Résumé

De l’évaluation des nombreuses technologies générées dans le cadre des recherches, il est apparu que leur taux d’adoption reste dans leur ensemble, faible et varie de 16 % et 40 % avec un taux d’adoption moyen tournant autour de 24 %. Ce faible taux s’explique par le fait, soit de l’ignorance des populations cibles de ces résultats, soit des difficultés d’y accéder, soit encore du format peu adapté sous lequel ces résultats ont été diffusés. Aussi, il s’avère nécessaire de valoriser les résultats de recherche. En effet, la valorisation apparaît comme le principal baromètre qui permet de mesurer l’impact de la recherche sur le développement et de la qualifier.

La valorisation des résultats de la recherche est un concept polysémique et multidimensionnel dont le contenu varie suivant les acteurs impliqués, leurs attentes et leurs intérêts. Six catégories de compréhension différentes du concept de valorisation coexistent : valorisation académique ou professionnelle, valorisation scientifique, technologique, sociale, économique et politique. Cependant, ces différentes catégories ne sont pas mutuellement exclusives.

De façon générale, la valorisation des résultats de la recherche est un processus qui part de la conception de la recherche pour aboutir à l’adoption ou au rejet du résultat. C’est donc un processus de transformation des connaissances issues de la recherche en biens de consommation, produits commerciaux, services (éducation, santé), ou nouveaux projets de société (politiques, législation, etc). Cinq domaines de la valorisation ont été identifiés. Il s’agit de (i) la valeur ajoutée aux résultats de la recherche ; (ii) La commercialisation des résultats de recherche ; (iii) le transfert technologique ; (iv) L’évaluation des impacts de la recherche ; (v) la mobilité des chercheurs. Le dispositif organisationnel mis en place pour la valorisation des résultats de recherche, varie d’un pays à un autre et à l’intérieur d’un pays, d’une organisation à une autre. Dans certains instituts nationaux de recherche agricole, elles sont érigées en direction, dans d’autres, elles ne constituent que des services. Par ailleurs, les structures de valorisation présentent des lacunes et des dysfonctionnements importants dont certains sont les suivants : structures chargées de valorisation insuffisamment équipées et mal organisées opérant avec des ressources humaines insuffisantes et peu motivées, faible production de publications scientifiques sur les résultats de recherche, dispositif juridique, technique et financier inadapté pour accompagner la valorisation. Dans un contexte de mondialisation où la sécurité alimentaire est une garantie d’indépendance et où la conquête des marchés agricoles et agro-industriels est une préoccupation stratégique majeure, la mise en place de l’Unité de valorisation au sein du Secrétariat du CORAF/WECARD permettra de renforcer l’impact de la recherche au niveau sous régional. Au nombre des actions auxquelles devra s’atteler cette nouvelle Unité figure au premier plan, la définition d’une politique régionale de valorisation des produits de la recherche agricole.

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1. Introduction

Le CORAF/WECARD est constitué de 22 Systèmes nationaux de recherche agricole de l’Afrique de l’Ouest et du Centre dont la population est évaluée à environ 320 millions. La pauvreté chronique constitue encore une pandémie dans cette sous région. Aussi, pour pallier cette situation, le défi d’atteindre une croissance annuelle de 6 % de la productivité agricole en 2015 a été lancé pour améliorer les conditions de vie des populations dont 70 % d’entre elles dépendent presque entièrement de l’agriculture pour sa subsistance et ses revenus. En dépit des investissements considérables réalisés dans le secteur agricole, sa productivité et sa compétitivité demeurent faibles. Il s’en est suivi que peu d’impacts ont été observés sur l’augmentation des revenus des producteurs. En effet, les nombreuses technologies et innovations générées par la recherche ont été faiblement utilisées par les producteurs, du fait, soit de leur ignorance de ces résultats, soit des difficultés d’y accéder, soit encore du format peu adapté sous lequel ces résultats sont diffusés. Selon une étude récente dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le taux d’adoption des résultats de la recherche agricole est faible : de 16 % et 40 % avec un taux d’adoption moyen tournant autour de 24 %. Aucun des résultats étudiés n’a donc atteint le taux d’adoption plafond de 100 %. Aussi il s’avère nécessaire de valoriser ces résultats de recherche. En effet, la valorisation est un impératif du processus de la recherche agricole. Comme le souligne si bien Aw (2002), la valorisation apparaît comme le principal baromètre qui permet de mesurer l’impact de la recherche sur le développement et de la qualifier. Dans ce contexte où des transformations structurelles pour une augmentation de la productivité agricole et une meilleure appropriation des résultats de recherche s’opèrent, la valorisation des résultats de la recherche est devenue une importante mission importante pour toutes les organisations de recherche pour améliorer la croissance économique et la sécurité alimentaire. A cet effet, le Secrétariat du CORAF/WECARD a décidé de se doter d’une Unité de Valorisation. En attendant la définition de la politique de valorisation de ce nouveau centre d’intérêt du CORAF/WECARD, quelques réflexions méritent d’être faites pour clarifier les questions essentielles qui peuvent être soulevées avec la création de cette nouvelle Unité. Il s’agit en particulier de donner une compréhension au terme ‘valorisation’, au contenu de cette Unité de valorisation mise en place et aussi à son fonctionnement. La présente note qui provient d’une recherche bibliographique, jette un regard sur l’étendue des principaux domaines couverts par la valorisation. Elle présente des activités phares à réaliser pour cette année 2013.

2. Etat des lieux en matière de valorisation

2.1 Les résultats de recherche

Selon Aw (2002), les résultats de la recherche agricole comprennent, des informations et des connaissances produites par le chercheur à la suite de la conduite d’une recherche. Quoique théorique au départ, cette information peut se matérialiser par la suite par un

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produit (qui peut être une technologie) ou par une connaissance, un outil se présentant sous la forme d’un document ou d’un corpus d’informations en texte intégral ou sous forme de métadonnées. La validation d’un résultat est la reconnaissance de la valeur scientifique et technique dudit résultat. Cette validation peut provenir d’une communauté scientifique ou des utilisateurs à la base. Diverses méthodes peuvent être utilisées pour ce faire.

Les publications des résultats de recherche sont des documents élaborés, réalisés à partir d’informations brutes, qui contribuent au transfert des résultats de recherches. Ces documents peuvent être des synthèses, des monographies, des ouvrages de référence, des articles de périodiques, des fiches techniques, des posters, etc. Ils peuvent se présenter sur support papier, audiovisuel, électronique ou multimédia, et être diffusés par divers canaux.

2.2 La valorisation des résultats de la recherche agricole

L’analyse bibliographique a montré que la valorisation des résultats de la recherche est un concept polysémique et multidimensionnel dont le contenu varie suivant les acteurs impliqués, leurs attentes et leurs intérêts (Sedogo, 2009). Pour le commun du monde, « valoriser les résultats de recherche» signifie «sortir» les chercheurs de leur tour d’ivoire- université, centres de recherche, laboratoires - et les amener à interagir avec le reste de la société. Il s’agit de faire en sorte que les résultats ne dorment plus sur les étagères des bibliothèques, dans les tiroirs des bureaux ou sur les disques durs des ordinateurs. Dans ce cas, valoriser les résultats de la recherche, s’apparente fort à les vulgariser ou les populariser. Mais cette vision est assez restrictive. Melviez (2005) définit la valorisation comme toute activité liée à la commercialisation et au transfert sans pour autant correspondre à la somme des activités inhérentes à ces notions. A ce titre, valoriser signifie rendre opérationnel ou commercialisable le savoir et les résultats liés à la recherche, c'est-à-dire leur fournir une valeur ajoutée. Toutefois, il relève que la valorisation n’est pas uniquement centrée sur la valeur marchande de la recherche. Se plaçant dans un contexte socio-économique, Bedingar & Master (1996) ont soutenu que la valorisation est l'utilisation à des fins socio-économiques, des résultats des recherches financées par les pouvoirs publics. C'est le retour direct et indirect, pour la collectivité, des investissements mis en place pour la recherche et le développement du secteur public. De son côté, Fabrizio (2006) distinguait deux types de valorisation : la valorisation première, financière, de type commercial, et la valorisation sociale, de type non marchande. Le premier cas correspond uniquement aux activités de commercialisation et de transfert. Le second, quant à lui, concerne le développement de solutions ou d’applications, émanant de la recherche, dans le but de résoudre un problème social défini. Les retombées économiques peuvent exister mais la commercialisation n'en est directement pas la finalité première. Aussi, il concluait que la valorisation concerne tous les domaines universitaires et en conséquence, toutes les innovations qui peuvent en émaner, qu’elles soient technologiques, non technologiques ou sociales.

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A la suite d’une étude approfondie au Burkina Faso, Boutaré (2010) a schématisé en six catégories de compréhension, le concept de valorisation. A cet effet, il distinguait: la valorisation académique ou professionnelle, la valorisation scientifique, technologique, sociale, économique et politique. Bien entendu, ces différentes catégories ne sont pas mutuellement exclusives. Ces catégories sont les suivantes :

2.2.1 La valorisation académique des contenus pédagogiques

Il s’agit ici de l’incorporation des résultats de recherches récentes dans les modules de formation pour la mise à jour des contenus des cours dispensés aux étudiants ou aux professionnels engagés dans les processus de perfectionnement de leurs connaissances et aptitudes professionnelles.

2.2.2 La valorisation scientifique

Pour beaucoup de chercheurs en sciences humaines et sociales et un certain nombre de chercheurs en sciences biophysiques, la valorisation des résultats se confond avec la diffusion et l'échange des connaissances. Aussi, valoriser les résultats signifie alors les disséminer sous les formes suivantes : publications scientifiques dans les revues spécialisées, communications lors des conférences et séminaires, posters, fiches techniques, photos et vidéo. Dans ce cas, l’objectif premier de la valorisation des résultats est de contribuer à la circulation des idées et au développement de la science ou à l’amélioration de la visibilité et la crédibilité du chercheur individuel, des équipes de recherche ou de la recherche nationale dans son ensemble.

2.2.3 La valorisation technologique

Pour les chercheurs travaillant sur la génération de technologies, valoriser les résultats d’une recherche consiste à les utiliser pour mettre au point ou améliorer un procédé de fabrication, une nouvelle procédure d’opérer pour mettre au point une nouvelle technologie ou à améliorer une technologie existante. Cette conception met particulièrement l’accent sur l’importance non seulement de l’existence des cellules R-D dans les centres de formation universitaires et les instituts de recherche agricole, mais aussi sur la liaison recherche-industrie, la propriété intellectuelle et en particulier sur le dépôt des brevets.

2.2.4 La valorisation sociale

En considérant les aspects sociaux, valoriser les résultats de la recherche signifie s’en servir pour mieux soigner les populations cible, mieux les éduquer, élever leur niveau culturel ou leurs performances à travailler ensemble ou leur conscience politique. Dans cette perspective, la valorisation a pour but de démontrer l’utilité sociale de la recherche notamment pour que la société lui fournisse des financements publics.

2.2.5 La valorisation économique

Pour beaucoup d’acteurs du secteur économique et les décideurs politiques, il s’agit d’utiliser les résultats de la recherche pour produire des biens et services, contribuer à la croissance économique, augmenter la productivité, créer des emplois et procurer des revenus. L’objectif des activités de valorisation est de contribuer au développement socio-économique du pays tout en améliorant la compétitivité. La valorisation pourrait également générer des ressources pouvant servir à l’autofinancement des structures de

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recherche. Cette conception insiste beaucoup sur l’importance de la liaison recherche-entreprises.

2.2.6 La valorisation politique

Vus sous cet angle, les résultats de la recherche devraient aider les décideurs politiques dans la formulation, l’exécution, l’évaluation des politiques et la prise de décision en général. Certains parlent également d’aider la société civile à élaborer des plaidoyers en vue d’influencer les politiques. Sur la base de tout ce qui précède, Fall (1996) conclut que la valorisation des résultats de la recherche est un processus qui part de la conception de la recherche pour aboutir à l’adoption ou au rejet du résultat. C’est donc un processus de transformation des connaissances issues de la recherche en biens de consommation, produits commerciaux, services (éducation, santé), ou nouveaux projets de société (politiques, législation, etc).

2.3 Les domaines de la valorisation

Des considérations basées sur les pratiques en cours dans les universités, Melviez (2005) a défini cinq domaines de la valorisation qui sont les suivants:

2.3.1 La valeur ajoutée aux résultats de la recherche

Les activités propres à la valorisation nous permettent de distinguer trois grandes catégories :

la recherche contractuelle, lorsqu’un commanditaire finance une recherche de manière intégrale sans y participer. C’est le cas d’une recherche axée sur la résolution d’un problème précis sur le très court terme,

la recherche partenariale où un partenaire extérieur s’associe avec un centre de recherche ou une université pour réaliser un projet de recherche, souvent dans un domaine de la recherche fondamentale, où coûts, ressources et résultats sont partagés entre eux,

les activités de consultance lorsqu’un commanditaire emploie un chercheur afin de bénéficier de son expertise dans le cadre d'un problème précis.

Cependant, ces types d’activités ne décrivent pas toutes les possibilités de la valorisation des résultats de recherche. D’autres activités qui s’offrent aux chercheurs, concernent : les publications scientifiques, les conférences et séminaires, la production et la diffusion de matériel pédagogique, tant spécialisés que de vulgarisation. A cela s’ajoutent les activités liées à l’existence de chaires industrielles créées sur des concepts d’excellence, d’engagement institutionnel, de soutien externe et de programme scientifique. Au total, tout cet ensemble d’activités concourent au transfert de connaissances, de compétences et de résultats de la recherche. Les résultats attendus sont soit un transfert scientifique ou transfert de connaissances, par intégration de nouvelles méthodes ou approches relevant de l'innovation sociale ou non technologique, soit un transfert technologique ou un transfert de technologies qui relève de l'innovation technologique et donc concerne de nouveaux produits ou procédés. Ce transfert s'effectue également avec transfert de connaissances car une technologie ne se transmet pas sans son savoir.

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2.3.2 La commercialisation des résultats de recherche

«La commercialisation des résultats de la recherche agricole consiste à commercialiser de nouveaux produits et services à partir des inventions et découvertes de la recherche publique». La commercialisation est une activité qui comporte deux volets inséparables. Dans le premier, la commercialisation de la recherche concerne d’une part la valorisation commerciale de la propriété intellectuelle de toute création dans tout domaine académique et, d’autre part, la commercialisation de l’expertise de chercheurs, également pour tout type de discipline universitaire. Le deuxième volet, intégré au premier, concerne la commercialisation de résultats de la recherche publique émanant de disciplines « scientifiques et technologiques ». Il est assimilable au transfert technologique.

2.3.3 Le transfert technologique

« Le transfert technologique désigne le transfert à l’industrie de découvertes résultant de la recherche et la commercialisation de ces découvertes sous la forme de nouveaux produits et services». Le transfert technologique concerne uniquement la commercialisation des résultats de la recherche et ne comprend donc pas les activités de collaboration liées à la valorisation proprement dite. Il s’agit donc d’un transfert de résultats vers l’industrie dans un but de commercialisation. Le transfert technologique comprend différentes étapes qui constituent un processus dirigé par les sociétés de valorisation et dont on peut citer, d’une manière générale, certaines des caractéristiques principales. On peut ainsi citer:

Repérage des inventions ou découvertes possédant un potentiel commercial, avec ou sans maturation, suivant l’état d’avancement de la réflexion.

Étude de faisabilité technique et économique, couplée avec une étude de marché. Elaboration de la preuve de concept Création d'une stratégie de valorisation Protection Intellectuelle Choix d'une méthode de commercialisation: licence ou spin‐off.

2.3.4 L’évaluation des impacts de la recherche

La valorisation qu’elle soit technologique, économique ou sociale a besoin d’être documentée à partir des études d’évaluation d’effets et d’impact. Ces évaluations doivent permettre de: (i) contribuer à une meilleure utilisation des moyens de la recherche en s’assurant de la bonne conduite des projets ; (ii) d’améliorer l’interaction chercheurs-population cible en clarifiant les attentes. Aussi, des études d’évaluation sont particulièrement importantes pour mieux apprécier les retombées de la recherche sur les bénéficiaires. De même, les études d’adoption des technologies sont nécessaires pour mieux comprendre la valorisation sociale et économique.

2.3.5 La mobilité des chercheurs

La mobilité des chercheurs fait partie intégrante de la valorisation. Les mobilités des chercheurs sont subordonnées à leur intérêt scientifique. Des accords facilités par le CORAF/WECARD sont à signer entre l’institution hôte et celle du chercheur qui se

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déplace. L’expérience en cours CORAF/WECARD dans le cadre du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest devra se généraliser à toute la région.

2.4 Des lacunes à combler dans le système de valorisation

De l’évaluation du dispositif de valorisation existant en Afrique de l’Ouest et du Centre, il apparaît que peu pays comme le Burkina Faso ont créé des ministères pour aborder la question des technologies/innovations. La tendance la plus courante dans de nombreux pays est que la fonction de technologies/innovations est inféodée dans des ministères chargés de la recherche scientifique. Il en résulte que la valorisation des résultats de recherche porte beaucoup plus sur les travaux de recherche universitaire que sur ceux de la recherche agricole. Par ailleurs, des directions chargées de la valorisation ont été créées dans certains instituts de recherche agricole. Au total, le dispositif organisationnel mis en place pour la valorisation des résultats de recherche, varie d’un pays à un autre. Au niveau du fonctionnement des institutions de valorisation, leur analyse a fait ressortir des dysfonctionnements qui peuvent être regroupés comme suit:

Structures chargées de valorisation insuffisamment équipées et mal organisées

Ces structures n’ont souvent pas une vision claire de leur mission. Elles n’ont pas de cahiers de charges précis. Elles ne font ni une programmation rigoureuse des activités ni une évaluation des résultats et des performances. Il en résulte que les activités sont menées sans régularité. Par ailleurs, ces institutions sont très limitées en matière de moyens financiers, matériels et humains. La circulation de l’information et le partage des connaissances dans ces institutions et leur personnel sont insuffisants. Les différents acteurs (inventeurs, innovateurs, chercheurs, utilisateurs des résultats et décideurs) travaillent de façon isolée. Au sein d’une institution ou d’un groupe d’acteurs, les liens ne sont pas perceptibles ou sont dans beaucoup de cas inexistants.

Ressources humaines insuffisantes

Il existe peu de compétences formées dans le domaine de la valorisation des résultats de recherche en direction de l’industrie, de l’artisanat, des entreprises de services et même des décideurs politiques ou de la société civile. Très peu de chercheurs sont informés de l’intérêt à déposer des brevets. La demande des résultats de la recherche pour leur utilisation par les producteurs et le secteur privé, est peu structurée. Par ailleurs, les institutions financières manquent également de compétences spécialisées dans le financement et l’accompagnement de projets de valorisation des résultats de la recherche. Par ailleurs, les profils pour des études de faisabilité, de calcul du risque et de la rentabilité ne sont pas souvent disponibles sur place (Bonzi, 2008).

Faible motivation des acteurs

En dehors des publications, les chercheurs se préoccupent peu de la valorisation. Les universités et les centres de recherche portent peu d’intérêt à la valorisation des résultats de recherche. Nombreux sont les acteurs qui ne semblent pas être convaincus de ce que la valorisation est une spécialisation à part. Ils soupçonnent à peine les avantages qu’ils tireraient d’un partenariat avec la recherche pour les aider à résoudre

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certains de leurs problèmes au lieu de recourir systématiquement à l’importation des technologies et de l’expertise étrangères.

Faible dispositif juridique, technique et financier pour accompagner la valorisation

La protection des résultats scientifiques par des brevets, des certificats d’obtention végétale ou toute autre forme de protection qui est considérée comme la première forme de valorisation des résultats, est d’usage peu courant dans les instituts et les centres de recherche et de formation universitaire. Le cadre juridique actuel ne prévoit pas les modalités de perception de royalties en cas de vente de brevets. Par ailleurs, il est loisible de constater une absence de textes règlementant les rapports entre le secteur public et le secteur privé pour la valorisation des résultats de recherche. Toutefois, un diagnostic plus approfondi des insuffisances des structures de la valorisation s’avère nécessaire dans le cadre de la mise en place d’une politique régionale de valorisation.

3. Mise en place d’une Unité de Valorisation au Secrétariat Exécutif

du CORAF/WECARD

En se basant sur les insuffisances sus évoquées, les efforts devront concourir à renforcer les capacités du Secrétariat Exécutif du CORAF/WECARD pour le rendre capable de faciliter et de maintenir le dialogue entre les acteurs du système de valorisation des technologies/innovations dans le secteur agricole de la sous région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Il s’agit plus particulièrement d’élaborer la stratégie d’un système régional de valorisation des technologies/innovations qui permettra de mieux connaître les principaux acteurs et préciser leurs besoins, leurs contraintes, leurs motivations, leurs forces et leurs faiblesses. Cette stratégie devra aussi permettre d’aborder au niveau de la sous région comment les synergies devront être créées entre les chercheurs, les inventeurs/innovateurs et les décideurs politiques, les milieux d’affaires, les médias et la société civile en vue d’une meilleure valorisation des résultats de recherche et un développement de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. A cet effet, les actions à envisager dans le court terme dans le cadre de la mise en place et de l’équipement institutionnel de l’Unité de Valorisation du CORAF/WECARD, peuvent se décliner de la façon suivante:

3.1 Organisation de l’Unité de valorisation

En attendant la prise d’une note de service qui définit clairement son encrage institutionnel, ses activités et son mode de son fonctionnement, l’Unité de valorisation devra travailler de manière à cerner les points ci-après :

les résultats de la recherche et la demande sociale ; la validation des résultats et la protection juridique des résultats ; l’accessibilité des résultats ; le marketing des résultats; la diffusion des résultats (publication et transfert) l’adoption et l’utilisation des résultats ;

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le suivi de l’utilisation et la mise à jour des résultats ; la mobilité des chercheurs l’évaluation des impacts de la recherche agricole sur les populations cibles.

De manière plus spécifique, l’Unité travaillera d’abord et plus particulièrement sur 3

grands points jugés prioritaires ci-après:

l’élaboration d’une politique de valorisation pour la sous région

l’évaluation des impacts de la recherche agricole à travers l’appui à la

conduite des évaluations d’effets des 4 résultats du plan opérationnel

l’accessibilité des résultats de recherche.

3.2 Elaboration de la politique de valorisation des résultats de recherche agricole

pour la sous région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Pour élaborer cette politique, un état des lieux des mécanismes et des institutions en place chargées de la valorisation dans les SNRA sera réalisé. A cet effet, un questionnaire sera élaboré et envoyé à tous les SNRA. Ensuite, un atelier sera organisé et animé par un consultant pour aborder les contraintes qui sortiront de l’exploitation des réactions des SNRA. Les éléments d’analyses permettront d’élaborer les grandes lignes de cette politique de valorisation dans l’espace CORAF/WECARD.

4. Conclusion

Il résulte de tout ce qui précède que la valorisation des résultats de la recherche agricole est un impératif pour la sous région. Dans un contexte de mondialisation où la sécurité alimentaire est une garantie d’indépendance et où la conquête des marchés agricoles et agro-industriels est une préoccupation stratégique majeure, un mécanisme d’impulsion à la réalisation, à la production et à la diffusion de publications relatives aux résultats et rendues accessibles mérite d’être mis en place. Il s’agit de créer et de dynamiser un système régional de valorisation des résultats de recherche générés par les cinq années de mise en œuvre du Plan opérationnel du CORAF/WECARD. Aussi, la mise en place de l’Unité de valorisation au sein du Secrétariat du CORAF/WECARD qui est la seule qui manque dans les organes que l’on retrouve dans les SNRA, permettra de renforcer l’impact de la recherche au niveau sous régional.

5. Références bibliographiques

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Butare, I. 2010. La valorisation des résultats de recherche et de l’innovation comme facteur de développement en Afrique : l’exemple du Burkina Faso. Colloques sur les innovations au Burkina. 14 pages. Fabrizio, K., 2006. Absorptive capacity and innovation: evidence from pharmaceutical and biotechnology firms [Workingpaper].http://gbspapers. library.emory.edu/archive/00000253 Fall, M. 1996. Valorisation des résultats de la recherche agricole et leur impact sur le développement. Dakar, ISRA, CORAF, CTA,. 29 p. GRET, 2013. Valoriser les produits agricoles de base par une stratégie de marque. IDÉES, CONCEPTS ET POLITIQUES N° 24 Février 2013, p 1-8. Lallement, R. 2013. Valorisation de la recherche publique: une comparaison internationale. Centre d’analyse stratégique, France. Document de travail ; N°2013-05. Melviez, D. 2005. Valorisation de la Recherche. UMSF Université Montpellier Sud France (Conseil de la science et de la technologie du Québec,). 4 pages. Obirih-Opareh, N., Owusu Essegbey, G., Frempong G. 2008. Agricultural Innovations. Technological inputs for enhancing agricultural products in Ghana. CSIR-STEPRI Innovation Studies Series 1, Accra, Ghana. Sedogo, M., 2009. Programme de valorisation des résultats de recherche et des innovations au Bukina Faso. Rapport de consultation. Ministère des enseignements secondaire supérieur et de la recherche scientifique, FRSIT/ CNRST. Projet de valorisation des résultats de recherche et des innovations technologiques. 102pages.