La tyrannie médiatique

8/3/2019 La tyrannie mdiatique

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Dcrire une tyrannie, cest dj laaiblir.

Polemia


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Psntatn d pla.Lassociation pour une ondation Polemia a t cre le 2 dcembre 2002 pourrintroduire la libre conrontation des ides dans le dbat public.

Son portail Internet, www.polemia.com, est ouvert depuis le 1er janvier 2003 : plusde 500 contributions y sont disponibles ; cest un dbut dencyclopdie politiqueet gopolitique indpendante laquelle il est acile daccder grce son mo-teur de recherche. Une lettre lectronique mensuelle inorme (par abonnementgratuit) des mises jour du site et ournit des cls danalyse des vnements endehors de la grille dinterprtation du politiquement correct et du conormismeambiant.

La mthode de Polemia repose sur : laudition dexperts, libres desprit ;

la veille intellectuelle et socitale conduite partir de la lecture de la pressetrangre (souvent plus libre que les mdias ranais) ainsi que du suivi denombreux sites internet politiques, conomiques, universitaires, dinspirationstrs varies (conservateurs ou libraux, catholiques ou no-droitistes, musul-mans ou dextrme gauche, patronaux ou syndicaux) ;

le dcryptage non conormiste des vnements et des analyses ;

la onction de passeur dides ;

un onctionnement cooprati entre universitaires, hommes dentreprise etonctionnaires qui nourrissent le site ;

Dans le monde chaotique de ce dbut du xxie sicle, Polemia participe la ba-taille des interprtations dominantes qui dterminent les politiques suivies parles tats et les entreprises.

Pour permettre un accs imprim ses travaux, Polemia les regroupe rgulirementpar thme. Quatre dossiers ont dj t publis sur La tyrannie mdiatique, LEurope-puissance, La nouvelle extrme gauche, Les meutes du ramadan 2005. Ils runissentlensemble des textes mis en ligne par Polemia sur ces dirents points.

Touteois, compte tenu de limportance stratgique du sujet, une nouvelle syn-thse vient dtre consacre La tyrannie mdiatique. Cet essai ait lobjet decette dition : il porte la ois sur lanalyse du phnomne et les rponses sus-

ceptibles dtre apportes. Il repose sur la conviction que dcrire une tyrannie,cest dj laaiblir.


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Avant-ppsDtenir, crer et diuser de linormation, vraie ou ausse, cest se rserver ledroit suprme de dire le bien et le mal . Cest dire aux peuples, aux pauvrescomme aux puissants, ce quil convient dadorer et ce quil convient dabhorrer.En ce dbut du xxie sicle, la matrise des circuits de linormation constitue ainsi,plus que jamais, la vritable source de la puissance.

Dautant plus quinormation et communication ne se distinguent plus vraiment etque, de simple outil, la communication sest inltre dans tous les secteurs de lac-tivit humaine, politiques et culturels, conomiques, sociaux et nanciers. Y im-posant ses propres rgles de onctionnement, simples et mcaniques, largementdconnectes de lensemble du rel car bases sur la dictature de linstant, delmotion, de limage, du spectaculaire et de lapproximation systmatique. Avecles mdias modernes, laect a triomph de la raison, le pathos a pris sa revanchesur le logos.

Cest aussi limposition dune grille de lecture oblige, laquelle nest pas le ruitdun quelconque complot mais bien plus subtilement et ecacement dunmlange de connivences, de mimtisme et de paresse intellectuelle, sous le re-gard permanent et inquisitorial de lidologie politiquement correcte .

Il sagit donc bien dune tyrannie.

Polmia vous propose avec cette synthse une plonge dans la mdiasphre ,univers bien des gards carcral, avec ses rgles, ses dogmes et ses matons.

Mais cette tude se veut surtout un appel la rsistance de lintelligence : celle de

leort pour dcrypter les messages reus et pour utiliser tous les moyens, non seu-lement de sen extraire, mais aussi de les modier. Ne serait-ce qu la marge.


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SommAirePrsentation de polemia.com

Avant-propos

1. Les grilles de la tyrannie mdiatique

2. Tyrannie mdiatique et crise du politique

3. La justice otage de la tyrannie mdiatique

4. Tyrannie mdiatique et gestion de crise

5. Tyrannie mdiatique et vie de lentreprise

6. Tyrannie mdiatique et krach civilisationnel

7. Peut-on, et comment, chapper la tyrannie mdiatique ?

8. La rponse hyginiste

9. La rponse technologique : Internet, laltermdia

10. La rponse politique : la remise en cause des mdias centraux

11. La rponse institutionnelle : amliorer les procduresdmocratiques

12. Conclusions

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La tyrannie mdiatique, ce nest pas simplement le pouvoirexerc par les hommes des mdias ; ce nest pas davantagelobissance aux ordres dun hypothtique che dorchestreclandestin, concept commode et simple mais qui rsiste

dicilement lanalyse critique.

La tyrannie mdiatique, cest une tyrannie inniment pluscomplexe et inniment plus contraignante, parce que cestla conjonction de trois phnomnes : le remplacement delinormation par la communication, lapplication luniversde la pense des rgles dairain de onctionnement de luni-vers mdiatique, limposition des prjugs dominants de la

classe mdiatique lensemble de la socit. Bre, la orcede la tyrannie mdiatique ne repose pas sur le contrle dunhomme ou dun groupe sur tous mais sur lautocontrle desuns sur les autres.

L plant d lnatnpa la unatn

Inormer, cest porter la connaissance dautrui des aitsprcis, si possible exacts et vris, et replacs dans leurcontexte, notamment historique et gographique.

Communiquer, cest scnariser et thtraliser des donnes vraies ou ausses dans un but idologique, politique oucommercial. De mme que la mauvaise monnaie chasse labonne (loi de Gresham), la communication sature et rem-place linormation ; tout simplement parce que commercia-

lement le march de la communication est beaucoup plusimportant que le march de linormation.

LeS GriLLeS

De LA TYrANNiemDiATiQUe

1. La orcede la tyranniemdiatiquene repose passur le contrledun hommeou dun groupesur tous mais

sur lautocontrledes uns surles autres.


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Dabord lore est plus importante ; les budgets de commu-nication, la ois des organismes publics et des entreprises,ont explos ; dautre part, la demande de communication

est plus orte que la demande dinormation parce que lacommunication exige moins deorts pour le consomma-teur : elle est plus acile, elle est plus distrayante.

Ce remplacement de linormation par la communicationest un lment de la marchandisation du monde ; et celle-ci pse trs lourdement sur lvolution de la situation,puisque, quand elle est transorme en communication,linormation nest plus gouverne par des rgles thiques

de vracit, dauthenticit, mais par des jeux dargent et depuissance, par des rgles marchandes adoptes dans lob-jecti de distraire des clients ou de servir les intrts idolo-giques, politiques ou commerciaux des commanditaires.

Ls gls ntnnllsd lunvs datqu

La deuxime srie de aits, cest que lunivers mdiatiqueest rgi par des rgles onctionnelles extrmement strictesqui sont les suivantes :

La premire rgle, cest le primat de linstant, cest la rgledu fux dinormations continues : ce qui compte, cest cequi se passe maintenant, et dans cette logique-l un v-nement chasse lautre, une annonce chasse lautre. La pre-

mire rgle du mdia, cest limmdiat.

La deuxime rgle, cest le primat de limage, selon laquellenexiste dans le monde des mdias que ce quon peutmontrer. Ainsi ce quon ne peut pas donner voir se trouveni ; or il peut survenir des vnements ou des innovationsdimportance qui ne sont pas montrables en images : cesralits-l ne comptent pas dans lunivers mdiatique ; acontrario, il est possible de aire croire des arteacts qui

nexistent pas pour peu quils soient mis en image : alors la monstration vaut en quelque sorte dmonstration

La premire rgledu mdia,

cest limmdiat.

Ce remplacementde linormation par

la communicationest un lment de

la marchandisation

du monde.

La deuxime rgle,cest le primat

de limage.


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selon lexpression dAlain de Benoist dans Le systme desmdias.

Il y en a eu un exemple prcis en 1999, au moment de la-aire du Kosovo. Toutes les chanes de tlvision ranaises,europennes, mondiales ont montr quelques carriolestires par des chevaux et traversant des campagnes balka-niques. Le passage rpt de ces images a su aux mdiasdominants pour aire croire lopinion internationale quelexode, sinon le gnocide, de 100 000 ou 200 000 Albanaistait en cours, alors que ces voitures chevaux dun autrege ne devaient abriter que quelques dizaines dhommes et

de emmes ; mais il susait de passer ces images en bouclepoursidrerlopinion et aire croire une ralit qui nexistaitque par les images complaisamment lmes par les ocinesde propagande du nouvel ordre mondial !

La troisime rgle et lexemple qui vient dtre cit syapplique aussi cest le primat de lmotion. Le rle duneimage est moins de montrer des aits que de susciter des

sentiments. Le primat de lmotion dans les reportagesprend parois des ormes involontairement comiques etsans grandes consquences quand des radios ou des tlvi-sions interrogent des sportis, par exemple ; mais il habitueaussi aaiblir les capacits de rfexion des spectateurset les rend ainsi plus permables aux grandes actions depropagande (pardon : de communication !) visant susciterladhsion des politiques. Il aut se mer du recours

lmotion audiovisuelle car lmotion est souvent le levier dela manipulation.

Le primat de lmotion, cest aussi souvent le primat de lamise en scne et on trouve l la quatrime rgle. On thtra-lise les vnements, on les spectacularise et on les euille-tonise. Ce qui permet de revenir plusieurs ois sur le mmesujet avec des variations quasi symphoniques.

Il y a aussi la peopolisation cinquime rgle qui consiste mettre en avant la vie prive des uns ou des autres ; ce qui,

La troisime rgle,cest le primatde lmotion.

La quatrime rgle :le primat de la miseen scne.

La cinquime rgle :la peopolisation.


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bien y rfchir, prsente rarement un grand intrt intel-lectuel mais qui distrait. Ce quon appelle lapeopolisation,que lon pourrait appeler dailleurs, dans un terme qui serait

pjorati, la conciergisation puisquon a longtemps qua-li les ragots dun terme pjorati pour la proession de gar-dien dimmeuble, en parlant d histoires de concierges .Maintenant, cest lchelle de la vie publique quon trouvedes histoires de concierges et cela touche tous les jour-naux : Le Monde ou Le Figaro nhsitant pas concurrencerVoiciou Le Parisien. Et cest avec une belle ranchise queLaurent Jorin, le directeur du Nouvel Observateur, journalde la gauche intellectuelle chic, explique quau ond il ait

un Gala pour riches , ce qui est assez vrai.

Si le Nouvel Observateurse trouve cit ici, cest parce queles phnomnes de communication ainsi dcrits, qui sontdabord des phnomnes de mdias audiovisuels, se sonttendus la presse crite qui, aujourdhui, est devenue ledcalque crit de la tlvision. Cest ce qui explique que desgrands journaux comme Le Monde ou Le Figaro ont modi

leur maquette et chang de ormat : dsormais de grandesphotos illustrent des articles et parois en trahissent lecontenu. Au point que certains rdacteurs un peu critiquesdu Figaro ont surnomm leur quotidien : 1930, par drisionavec le journal gratuit jetable :20.

Toutes ces lois onctionnelles de lunivers mdiatique ontdes consquences considrables sur le onctionnement de

la vie sociale et lorganisation de la vie politique.

Atalsatn, anpulatn,atastphs, dablsatn

Cela dbouche dabord sur une certaine articialisation dela vie sociale. Dans les entreprises mais aussi dans dautresorganisations, les communicants nhsitent pas dire : Oncre un vnement. Bre, Dieu cra la terre et Publicis

cra un vnement ! chaque poque ses dmiurges !

Maintenant,cest lchelle

de la vie publiquequon trouveles histoires

de concierges .

Dieu crala terre

et Publicis cra unvnement !

chaque poqueses dmiurges !


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Donc articialisation, et aussi multiplication des manipu-lations possibles. Un exemple est encore prsent dansbeaucoup de mmoires, celui de laaire des couveuses

de Koweit-City. En 1990, une agence amricaine monte unecampagne de communication pour accrditer lide quenarrivant Koweit-City les soldats irakiens ont dbranch lescouveuses dune maternit. Tout est aux. Mais le montagese vend bien et servira lgitimer la premire guerre duGole. Par le pass la rumeur aisait prosprer les bobardsde guerre ; aujourdhui, il ny a plus de guerre moderne sansmdias-mensonges institutionnaliss.

Parmi les eets pervers de ces lois mdiatiques, il y a aussiun certain catastrophisme, qui est rarement intentionnel maisgnralement structurel. Prenons le domaine de lemploi. Unlicenciement collecti, cest traitable mdiatiquement. Vousavez des gens qui se plaignent. On les comprend : des gens quipeuvent susciter lmotion, et les mdias passeront ceux quiauront le meilleur talent motionnel. En revanche, quand il secre, dans un secteur conomique nouveau, des dizaines, des

centaines demplois, comme cest totalement parpill, aucunmdia nen parle jamais. Donc, dans ce domaine-l, le catas-trophisme est ncessairement privilgi par la manire dontles mdias onctionnent. De mme si les mdias vous mon-trent un squatter que la police dloge, ils vont vous le montrermalheureux, et vous verrez son malheur ; en revanche, vous neverrez jamais le malheur du brave homme dont le squatter apris le logement quil aurait d lgitimement occuper, parce

que, lui, on ne le connat pas, on ne le verra pas, on ne len-tendra pas ; et donc il y a un biais, un biais structurel dans laperception de la ralit. En clair, une mesure de gouvernancedtat, dadministration ou dentreprise sera toujours vue tra-vers le prisme de ceux quelle lse aujourdhui, non de ceuxquelle protgera demain : plutt du point de vue des intrts conserver que des richesses crer, des assists daujourdhuique des enants natre.

Tout ceci privilgie lirrationnel, et tout ceci dbouche aussisur un mcanisme, qui est devenu central aujourdhui

Il ny a plusde guerre modernesans mdias-mensongesinstitutionnaliss.

Le coupleanglisation/diabolisationstructure lopinion.


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dans la prsentation des aits et des vnements, commedans la structuration de lopinion ; ce mcanisme central,cest le couple anglisation/diabolisation, qui amne pr-

senter toute la vie sociale en opposant ceux quon anglise,qui sont les bons , et ceux quon diabolise, qui sont les mchants .

Anglisation/diabolisation, tel est llment structurant dela prsentation des vnements par les mdias, notammentdans le domaine politique, mais aussi dans les domainesintellectuel, social, conomique. La diabolisation est le pivot delinstrumentalisation des esprits par les mdias parce quelle

est au croisement de deux phnomnes : lmotion et le conor-misme, ou, plus exactement, la diabolisation met lmotion auservice du conormisme, cest la mdiabolisation.

ota, ballntt ts

Jusquici nont t voqus que des phnomnes lis la

structure du onctionnement des mdias, presque ind-pendamment de la volont des hommes, ou des idesdes hommes. Il y a videmment un autre biais tout aitconsidrable qui, lui, est li la volont des individus oudes groupes dimposer ou de privilgier certaines ides. Ceconormisme mdiatique est dailleurs reconnu par des per-sonnes dhorizons assez divers. Rgis Debray a beaucoupcrit sur ce thme, en parlant du clricalisme dans luni-

vers mdiatique ; clricalisme qui indique de manire imp-rative un certain nombre de dogmes respecter, de vrits propager. Ces nouveaux clercs sont dailleurs souventconscients de ce quils ont. Ainsi un ditorialiste du NouvelObservateur, Jacques Julliard, crit en octobre 2005 : Il y aune religiosit diuse dans lexpression mdiatique et celle-ci est extrmement dirente de la diversit des opinionsconcrtes du pays rel. Il y a l une certaine lucidit. Maisce conormisme dbouche acilement sur ce que Daniel

Schneiderman, hier journaliste au Monde, aujourdhui Libration, a appel dans un livre Le Cauchemar mdiatique.

La diabolisationest le pivot

de linstrumentali-sation des espritspar les mdias.

La diabolisation

met lmotionau servicedu conormisme,

cest lamdiabolisation.


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Le cauchemar mdiatique pouvant tre rsum par troistermes : Lomerta, cest--dire le silence sur ce dont on ne parle

pas. Lemballement, cest--dire la projection en pleine lumireet en boucle, la reproduction indnie du mme phno-mne, ou les variations quasi musicales sur un mmethme. Selon Daniel Schneiderman : Si lemballementnous cerne et nit par nous emporter, cest aussi par sondispositi polymorphe de aits et de statistiques, de thorieset de gros bons sens, de permanence et de rebondissementsquotidiens, de rumeurs publiques et de manchettes de jour-

naux, davis dexperts et de questions denants (p. 223).On retrouve l les bonnes vieilles techniques de la propa-gande : rptition, transusion, orchestration. Bien sr, cecine peut onctionner que parce que lesprit critique est sinonatrophi, du moins paralys. Car, toujours selon lauteur duCauchemar mdiatique : Tout emballement mdiatique estune rvolution, virtuelle et phmre. Et comme dans toutervolution lemballement broie, pulvrise, balaie les rti-

cents. On ne dbat pas de lemballement. Lemballementne supporte ni les contradicteurs ni les sceptiques. Commetoute rvolution, lemballement exige le ralliement. Il nesupporte pas la tideur (p. 240). Si lemballement credes dissidents, il les muselle immdiatement. Seul restedonc le choix entre silence et ralliement (p. 242). Enn le troisime lment essentiel du cauchemarmdiatique est le mimtisme, phnomne assez tonnant,

qui explique que les mdias, mme de techniques di-rentes et souvent rputs de sensibilits direntes, vontdire exactement la mme chose au mme moment. Il y a cela deux raisons : le souci du conormisme et celui de laeuilletonisation.

L ns datqu

Les mdias sont souvent conduits polariser, un moment

donn, leur centre dintrt sur un seul sujet. Cela peut treun ouragan, cela peut tre un tsunami, ensuite cela peut

On retrouve lles bonnes vieillestechniquesde la propagande :rptition,transusion,orchestration.

Le mimtismeobit deux

raisons : soucidu conormismeet euilletonisation.


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tre une aaire prive ou un procs grand spectacle, puisune pandmie dont on cessera brutalement de parler si unecrise sociale devient le thme de lheure. Le ct mimtique

explique quon retrouve partout les mmes couvertures, lesmmes titres, les mmes images.

Mais, mme sur des sujets moins mdiatiss, le mimtismeonctionne. cet gard, il est intressant dobserver lesjournalistes travailler entre eux pour suivre un vnementou un discours : ils prennent des images et des notes, seretrouvent entre eux et se disent : Quest-ce que tu prends,toi ? Et ils se mettent daccord. Ils se mettent daccord sur

les images quils vont mettre en avant et sur la partie du dis-cours, la partie des vnements quils vont souligner. ven-tuellement mme, ils saccordent sur la partie quils tairont.Quel est lavantage pour eux de ce phnomne dententequi, en matire conomique, serait condamn par la lgis-lation sur la concurrence ? Il est double : leurs propos entre-ront en rsonance les uns avec les autres et surtout, prisisolment, chaque journaliste est sr de ne pas se tromper

(au regard de sa direction et de lorientation dominante dela classe mdiatique) puisque ses autres collgues ont aitle mme choix. En cas de dsaccord, ils pourront toujoursdire leur rdacteur en che ou leurs collgues : Eh bien,non, jai bien vu lessentiel ; dailleurs le voisin a bien vu lamme chose. Cest donc pour eux une protection et cestune protection notamment par rapport au conormismeparce que, sils voyaient les choses diremment les uns

des autres, ils risqueraient de sortir de la loi commune, dela rgle commune, de lidologie mdiatique commune.

Ce conormisme est proondment incrust dans le mondemdiatique. Il trouve son origine dans le mode de slec-tion et de recrutement des journalistes dont beaucoup sontaujourdhui orms Sciences-Po, vritable temple du politi-quement correct ; ainsi slectionns, les journalistes se trou-vent plongs dans un milieu vivant relativement en vase clos,

coup de nombreuses ralits sociologiques mais dpen-dant nancirement de grandes entreprises mondialises ;

Le ct mimtique

explique quonretrouve partoutles mmes

couvertures,les mmes titres,

les mmes images.

Sciences-Po,temple du

politiquement

correct.


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le conormisme politiquement correct simpose alors avecdautant plus de orce que beaucoup de journalistes cono-miquement et sociologiquement contraints de toute aon de

sy soumettre choisissent nalement de le aire de maniremilitante par souci de rduire les dissonances cognitives :il est en eet plus conortable daligner ses croyances pro-ondes sur celles quon est oblig de proesser publiquement.Il y a un syndrome de la salle de rdaction chez les journalistescomme il y a un syndrome de Stockholm chez les otages. Avecdes rsultats statistiques stupants : en avril 2001, lhebdo-madaire Marianne avait ait raliser un sondage dopinionsur les 31 000 journalistes proessionnels ranais ; il en res-

sortait que seuls 6 % votaient droite, soit neu ois moinsque lensemble des lecteurs. Il est dailleurs possible quece soit un sentiment de crainte ressenti par les journalistesinterrogs qui ait conduit une partie dentre eux biaiser leurrponse dans un sens avorable lattente dominante de laproession. Une telle situation ne va pas sans poser un relproblme en termes de libert et de dmocratie.

Ainsi lidologie mdiatique commune simpose gnrale-ment comme la grille de lecture unique des vnements, etle motgrille a bien videmment un double sens.

Ls quat pstulats d ldlgdatqu

La grille de lecture mdiatique commune repose sur quatre

grands postulats :

1. Les bienaits de la mondialisation des hommes et des mar-chandises, du libre-change, de limmigration, du multicul-turalisme ; tel est le ondement idologique de base quelon retrouve dclin linni et dont il est extrmementdicile de scarter ; les antimondialistes sont dailleurssignicativement devenus altermondialistes .

2. Le deuxime lment, cest la double culpabilisation de laFrance mais, au-del de la France, de lensemble de lEurope

Il y a un syndromede la sallede rdaction chezles journalistescomme il y aun syndromede Stockholmchez les otages.

Les bienaits dela mondialisation


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continentale, en sappuyant la ois sur la Deuxime Guerremondiale et sur la colonisation. Cest une double culpabili-sation laquelle chappe assez largement le monde anglo-

saxon, parce quil ignore le complexe du vaincu commecelui de loccup de la Seconde Guerre mondiale et quil napas connu de dcolonisation dramatique. A contrario, lespeuples de lEurope continentale se voient constammentrappeler ces heures sombres.

3. Le troisime lment cest, dans lart, lducation, latransmission des valeurs, la rupture avec les racines et lestraditions, et la volont de toujours promouvoir ce qui sop-

pose toute orme dhritage historique et spirituel euro-pen et chrtien.

4. La quatrime conviction, cest que la gauche est morale-ment meilleure que la droite ; elle a donc moins se justiercar elle risque moins la mise en accusation.

Tel est le carr carcral, telle est la grille idologique com-

mune aux grands mdias au sein de laquelle ils enermentleur interprtation des vnements ; grille qui sappliquedailleurs de manire uniorme, aussi bien au Figaro quauNouvel Observateur, aussi bien France 3 qu TF1, France-ino qu Europe 1. Cest toujours la mme rengaine.

Cela a videmment des consquences considrables sur lavie sociale, sur la vie politique, sur la vie conomique, sur

la vie administrative. Tous les secteurs sont touchs par cephnomne de tyrannie mdiatique.

La doubleculpabilisation

La rupture avecles racines

et la tradition

La convictionque la gaucheest meilleure

que la droite

Tel est le carrcarcral, telle

est la grilleidologique

commune auxgrands mdias


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Dans le domaine politique, la tyrannie mdiatique produitdeux eets majeurs : elle transorme la ois lexercicedu choix dmocratique et lexercice du gouvernement deshommes.

La dnatuatn du hdatqu

La transormation de lexercice du choix dmocratique sex-plique par deux lments : les images comptent plus que lesprojets et les hommes davantage que les ides. Deux exem-ples illustrent ce point : llection prsidentielle ranaise de

2002, et ce qui devient le roman des hommes politiques.

loccasion de la prsidentielle de 2002, on a observ laminoration sinon llimination des dbats de ond. Les troiscandidats les plus idologiques Chevnement, Madelin,Mgret ne parviennent pas eux trois dpasser 11 % dessurages. Cest lun des rsultats de la minoration du dbatde ond.

Mais ce qui est le plus spectaculaire, cest le squenageet lascnarisation de la campagne autour de trois sujets (au sens journalistique du terme) successis : le troisimehomme, lesrst ladies et les parrainages de maires.

Dabord le traitement de la campagne prsidentielleest structur autour du thme : Qui sera le troisimehomme ? Discours qui permet de euilletoniser la prsen-

tation des candidats et de mettre en scne, tour tour, letroisime homme comme tant Chevnement, puis Bayrou,

TYrANNie

mDiATiQUeeT criSe DU PoLiTiQUe

2.Les imagescomptent plusque les projets

et les hommesdavantageque les ides.

Squenageet scnarisationdes campagneslectorales.


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suivi dArlette Laguiller (car le troisime homme peut treune emme), puis Le Pen. Sachant que le troisime homme,cest un sujet en soi, indpendamment du ond et des

propos que le tenant provisoire du titre peut tenir.

Il y a aussi la galatisation desrst ladies . Avec BernadetteChirac dans un rle de composition admirable : lpouse quia beaucoup souert mais qui a quand mme tenu soutenir son homme jusquau bout ; puis Sylviane Jospin dans lerle de lintellectuelle de gauche philosophe et ministemais qui, quand mme, soutient, elle aussi, son homme .Cest admirable !

Le troisime lment de cette campagne prsidentielle ran-aise de 2002, cest la scnarisation des parrainages de maires.Dans ce euilleton des parrainages, il aut bien reconnatre queJean-Marie Le Pen a t excellent en transormant les insu-sances de son appareil partisan en atout mdiatique.

Cela, cest jusquau soir du premier tour, parce quaprs le

premier tour cest encore plus simple : cest la lutte du biencontre le mal, du bon contre le mchant ou, dans la versiondextrme gauche, de la brute contre le truand, de lescroccontre le acho ; mais on reste l dans une thmatique assezacile comprendre et assez acile mettre en scne.

Indpendamment des lections prsidentielles, on peutaussi romancer la vie des hommes politiques en accen-

tuant leurs hauts et leurs bas comme dans les livres bienconstruits ou les lms bien cels ; pour les premiers minis-tres il y a des phases qui sont quasiment commerciales.Les aire jouer au Yo-Yo dans lopinion cest rentable. Deuxexemples illustrent ce phnomne.

Indpendamment des lections prsidentielles, on peut aussiromancer la vie des hommes politiques en accentuant leurshauts et leurs bas comme dans les livres bien construits ou

les lms bien cels. Dun point de vue journalistique, letraitement est le suivant : lascension du personnage est un

La lutte du biencontre le mal :une thmatique

assez acile comprendre et

mettre en scne.


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sujet o il sut de ne traiter que ce qui lui russit ; la chute,avec ses aspects balzaciens sur les revers de ortune, est unautresujet o ne sont retenus que les checs.

Il en va ainsi, dans une logique quasiment commercialepour les Premiers ministres. Limpression prvaut que pourdouard Balladur (1993/95), Alain Jupp (1995/97), Jean-PierreRaarin (2002/05), Dominique de Villepin (2005/-), cest tou-jours le mme script qui est repris : une arrive en anare (toutnouveau, tout beau), une installation dans lopinion (autourdeets dannonces russis) puis les premiers revers (le chocdes ralits) et lhallali (quand tout ce quils entreprennent est

prsent de manire ngative). Laventure de Nicolas Sarkozya ait lobjet du mme traitement plusieurs ois rpt ; lui ajou au Yo-Yo dans lopinion grce son extraordinaire capa-cit dattraction mdiatique qui lui a permis de rebondir aprschaque priode dicile. Tout se passe comme si la tactiquemdiatique lui tenait lieu de stratgie politique et la prsenceau vingt heures de programme.

Car nous sommes en prsence dune double instrumentalisa-tion : des mdias par les hommes politiques et des hommespolitiques par les mdias. Les hommes politiques instrumen-talisent les mdias en leur ournissant les images qui mettenten scne leur action car, si les images sont avorables un bonaudimat, alors les mdias les reprennent. Mais les hommespolitiques doivent accepter, au pralable, de se laisser instru-mentaliser par les mdias en se soumettant leurs valeurs et

leurs reprsentations dominantes, y compris en acceptantdtre les auxiliaires des missions de divertissement. Ainsicest la scnarisation totale de la vie politique que nousassistons. videmment, cela embrouille quelque peu et, pourtout dire, cela enume largement le choix de llecteur !

La s d lguvnntal

Mais il y a encore plus grave : une ois que lhomme poli-tique est arriv au pouvoir, ce qui est a priorilobjecti dun

La scnarisationtotale de la viepolitique enumelargement le choix

de llecteur.


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engagement politique, il se trouve devant dilemme quasiinsoluble : il a le choix entre gouverner ou communiquer.Certes, dire cela peut paratre paradoxal, parce que le gou-

vernement nest jamais totalement sparable de la com-munication. Quand Csar publie La Guerre des Gaules, ilcommunique destination du Snat de Rome. Simplement,avant quand mme de publier La Guerre des Gaules, Csara conquis les Gaules. En bien ou en mal, mais il a ralisune uvre politique majeure par les armes et la diplomatie.Dans cet exemple, la communication narrive quaprs lac-tion. Mais dans le monde contemporain, la communicationtend tout absorber. Or les rgles de lart de gouverner et

celles de bien communiquer ne sont pas les mmes. Ellessont mmes contradictoires.

cunqu st pla,guvn st ntand

Gouverner cest contraindre, contraindre les individus des rgles, et les contraindre obir des autorits admi-

nistratives. Gouverner cest aire prvaloir sans cesse lin-trt gnral contre les intrts particuliers : la ormule estde Georges Pompidou, dans son livre testament Le Nudgordien. Paru en 1974, il y a plus de trente ans, cet ouvrageprsente une vision aux antipodes de ce qui sest ait enFrance depuis ; loppos aussi des rgles de communi-cation, car contraindre cest risquer de dplaire, alors quecommuniquer cest gnralement chercher plaire !

cunqu st pal,guvn st ag

Les dmocraties parlementaires reposent sur la dialectiquegouvernement/opposition : au gouvernement le ministrede laction, lopposition le ministre de la parole. Cettedistinction est en train de disparatre avec le gouvernementdannonce ( jannonce donc je suis ) o les conrences

de presse succdent des conrences de presse rarementsuivies deets pratiques : car le temps mdiatique est plus

Les rgles de lart

de gouverner etcelles de biencommuniquer

ne sont pas lesmmes. Ellessont mmes

contradictoires.

Le temps

mdiatique estplus court que

le temps politiquequi est lui-mme

plus courtque le temps

administrati.


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court que le temps politique qui est lui-mme plus court quele temps administrati.

Alors au risque de dlaisser laction, les ministres sempa-rent du ministre de la parole et commentent les vne-ments davantage quils ne cherchent les matriser. Cettepratique gouvernementale sinscrit linverse de la maximedu cardinal de Richelieu pour qui il aut couter beaucoupet parler peu pour bien agir au gouvernement dun tat .

cunqu st t dans

lnstant, guvn st pvLe temps de la communication et le temps du gouverne-ment ne sont pas les mmes. Le bon gouvernement pri-vilgie la dure : ce qui portera ses ruits dans lavenir. Acontrario, la communication valorise la versatilit : armerune chose cest un vnement, rarmer la mme chose,cest un non-sens en termes de communication, cela napas dintrt pour les journalistes ; en revanche armer une

chose puis son contraire, cest crer deux vnements di-rents qui se valorisent lun lautre. Accumuler des contra-dictions est donc positi en termes de communication. Maiscest videmment non seulement nul mais encore ngatien termes daction.

cunqu st paat,guvn st dnn du sns

La communication sattache la orme : la coupe de che-veux, la couleur de la cravate ou, mieux, son absence,au costume ou au tailleur. Il sagit de aire parler de lacces-soire et de aire passer des images via laccessoire. Quand lacommunication rgne sans partage sur les esprits, la ormedu gouvernement change : Gouverner cest paratre, selon letitre dun ouvrage publi par Jean-Marie Cotteret en 1991.Mais rpte linni, la dictature de lapparence dbouche

sur le vide de sens des discours politiques, de moins enmoins structurs et/ou de moins en moins connects la

La communicationvalorise

la versatilit.

La communicationprivilgie souventle superciel

sur le ond.


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ralit. Ainsi, en termes de communication, le dplacementbudgtaire de quelques millions voire de milliers deurosest aussi rentable, sinon davantage, quune opration por-

tant sur des centaines de millions deuros sinon des mil-liards. La communication privilgie souvent le superciel surle ond.

cunqu st snasl l, guvn stlapphnd dans sa glbalt

Scnariser le rel cest choisir de le prsenter par ses

aspects spectaculaires ou par ceux qui se prtent le mieux une mise en scne plus ou moins motionnelle. Gouvernercest dabord comprendre le rel, dans sa globalit, y com-pris dans ses aspects non visibles ou non mdiatisables, cenest pas laisser le champ libre aux sentiments extriorisa-bles, en abandonnant le domaine de la raison.

cunqu st s sutt

la soft idologie, guvnst ant ls ds du l

Celui qui veut prserver son image se gardera de tropheurter lidologie dominante, il placera son expression proximit immdiate du centre de gravit du conormismemdiatique. Petit petit la sot idologie sera sa cl din-terprtation du monde ; mais le politiquement correct

aujourdhui, cest le dni de ralit. Or le bon gouvernement,cest la capacit aronter les ds du rel : nanciers,sociaux, ethnoculturels.

d unqu,la lass guvnant s dsdt

La mance dont ait lobjet la classe politique est la cons-quence de cet eacement des rgles du bon gouvernement

au bnce exclusi des rgles de la communication. Legouvernant ne cherche plus bien communiquer autour de la

Le politiquementcorrect, cest ledni de ralit.

Le gouvernantne cherche plus communiquer

autour de la

politique quil achoisie pour desraisons de ond ; il

choisit de conduirela politique sur

laquelle il lui sera

le plus acile decommuniquer.


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politique quil a choisi de conduire pour des raisons de ond ;il choisit de conduire la politique sur laquelle il lui sera le plusacile de communiquer. Dans les palais gouvernementaux, le

pouvoir est pass des directeurs de cabinet aux directeursde communication, alors que le rle de ces derniers devraittre de servir des dcisions et des stratgies mais pas deles dnir. loccasion de la crise du CPE (contrat premireembauche) lhebdomadaire Valeurs actuelles rapportelanecdote suivante : lors de la runion, le 4 avril 2006, desdputs UMP, une dizaine dentre eux, minoritaires au seindu groupe, ont dendu une ligne de ermet. Parmi eux,Jrme Rivire, lu des Alpes-Maritimes : Ce nest ni un

combat syndical ni un combat socital, a-t-il dclar, cestun combat politique. Si nous retirons ou dnaturons totale-ment le CPE, nos lecteurs ne nous le pardonneront pas etla droite perdra les chances de 2007. Rponse de NicolasSarkozy : Ce nest ni un combat socital, ni un combat poli-tique, cest un combat mdiatique. Il aut gagner la guerredes mdias ! Toute la stratgie de Nicolas Sarkozy, avecses orces et ses limites, est ainsi rsume, selon la logique

de MacLuhan : Le mdia est le message.

A contrario, il est signicati que les maires qui chappentdans lensemble au discrdit gnral de la classe politiquene se contentent pas, eux, de communiquer mais gouver-nent et inscrivent, pour les meilleurs dentre eux, leur actiondans la dure sur douze, dix-huit ou vingt-quatre ans, ce quileur permet de voir leur bilan prendre orme dans la gogra-

phie physique et humaine de leur commune.

Il est rappant par ailleurs que le discrdit qui touche lesdirigeants politiques ranais denvergure nationale et quise traduit par des alternances rptition semble plus levque celui qui touche ceux des pays comparables commelEspagne, lAllemagne, la Grande-Bretagne o les diri-geants restent couramment six, huit ou dix ans au pouvoir.

La raison provient du systme politique prsidentiel ran-ais ; le systme majorit parlementaire des Allemands,

Le mdiaest le message.


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des Britanniques ou des Espagnols limite la comptition lintrieur de chaque amille politique : chaque leader dungrand parti na pas dautre grand concurrent que celui des

autres grands partis quivalents. La prsidentialisationranaise multiplie en revanche les concurrents au seindu mme camp : prsident ou ancien prsident, Premierministre ou ancien Premier ministre, che de parti majori-taire ou vocation majoritaire. Certes, cette concurrenceest cense devoir tre tranche par les lecteurs. Mais pouraccder aux lecteurs, il aut dabord accder aux mdiasqui imposent leur tyrannie, celle de la communication.

En aisant de llection du prsident de la Rpublique leondement du systme politique ranais, Charles de Gaullepensait avoir con la cl du pouvoir au peuple. Mais cesont les mdias qui se la sont accapare. Rsultat, lescommunicants disposent dun pouvoir sans contrepoids etentourent de paillettes le dclin ranais.

Les communicantsentourent

de paillettesle dclin ranais.


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Dans laaire dOutreau, une justice mythomane lcouteattentive dune mythomane relaye par une presse mytho-mane a mis en dtention durant trois ans une dizaine depersonnes sur la seule base dune parole mythomane.

Et cette situation nest pas due lerreur dun jeune jugedinstruction mais la daillance globale dune institution :car toute la chane judiciaire magistrat instructeur, par-quet, juge des liberts, chambre de linstruction de la Courdappel a ait sans aucun discernement la mme lecturedu dossier. Celle quimposait la tyrannie mdiatique.

outau : un bnn aa

datquMdiatiquement parlant, laaire dOutreau tait une bonne aaire , entendons, une aaire qui pour un jugepeut aire parler de soi ; elle touchait un sujet sensible : lapdophilie longtemps anglise au nom de la librationsexuelle et dsormais diabolise ; situe dans le Nord - Pas-de-Calais, aux rontires de la Belgique, laaire dOutreau

pouvait ainsi entrer en rsonance, y compris phontique,avec laaire Dutroux ; elle mettait en scne des person-nages la Zola (quart-monde obse, alcoolique et inces-tueux) tout en se prtant une lecture acile en termes delutte de classes, avec ces supposs notables , supposspervers (cur, artisan taxi, huissier, boulangre). Quant la mythomanie de la principale accusatrice, elle apportaitun plus (et non un moins) laaire : des revirements et desrebondissements, bre, du suspense, matire gros titres

la couverture en une des journaux locaux et en ouverturedes journaux tlviss.

LA JUSTice oTAGe

De LA TYrANNiemDiATiQUe

3. Outreau : unejustice mythomane lcoute attentivedune mythomanerelaye par unepresse mythomane.


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Bien sr, les juges auraient pu raison garder et prendreleurs distances vis--vis de linstruction. Ils ne le pouvaientgure car ils sont dsormais en premire ligne.

Dans le systme ranais traditionnel jusquau milieu desannes 1970, les policiers enqutaient, bien ou mal, etrpondaient parois aux sollicitations des journaux ; lesjuges, plus en retrait, exeraient alors une vraie onction decontrle sur lenqute.

Dans les annes 1980, lidologie des droits de lhomme aconduit transrer des pouvoirs lgislatis depuis les lus

vers les juges, et les pouvoirs denqute judiciaire depuis lespoliciers vers les magistrats. Seulement voil : personne necontrle les magistrats, car les magistrats ne se dsavouentgure entre eux : chez eux, le corporatisme des droits delhomme a dbouch sur le pouvoir judiciaire et le pouvoirjudiciaire sur un recul des liberts publiques.

Ajoutons que, contrairement ce que lon arme, les

juges ne sont pas indpendants. Certes, ils sont devenusindpendants du pouvoir politique : ce nest plus lui qui lesnomme ou qui les ait avancer dans leur carrire, cest leConseil suprieur de la magistrature, cest--dire le corpsdes juges. Mais les juges sont dsormais dpendants dupouvoir mdiatique.

La just : un nsttutn

da-dpndantCar cest le pouvoir mdiatique qui a permis lascensiondu pouvoir judiciaire : dabord en promouvant lidologiedes droits de lhomme ; ensuite en mettant sur le devantde la scne et en aisant sortir les aaires sur lesquellessest appuy le corps judiciaire pour se constituer en pou-voir. Cest aujourdhui la connivence journaliste/magistrat,onde sur un dlit la violation du secret de linstruction

qui rythme le calendrier judiciaire en eectuant le tri entrece qui est jug essentiel et ce qui est considr comme

Les jugesne sont pas

indpendants, ilssont dpendants

les uns des autres

et du pouvoirmdiatique.

Cest laconnivencejournaliste/

magistratqui rythme

le calendrierjudiciaire.


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accessoire. Progressivement, les juges (mme les jugesantiterroristes dont la devise devrait tre Pour vivre heu-reux, vivons cachs ) ont t attirs par les mdias comme

les phalnes par la lumire.

Et cest ainsi que la justice est devenue mdia-dpendante.Cest laune de lopinion mdiatique que bien des aairessont instruites : moins en onction du ond du dossier quenraison de son retentissement mdiatique probable. Lun desplus minents reprsentants des juges, Dominique Barella,prsident de leur principal syndicat, lUnion syndicale desmagistrats (USM), la reconnu dans Libration du 10 juin

2004 : Les juges sont sensibles lambiance !

Bien sr, cela ne vaut pas seulement pour laaire dOutreau.Le mme phnomne a eu lieu Toulouse dans laaireBaudis (des dclarations rocambolesques de prostituesprises au srieux). Et dans laaire Jupp (les emplois ctisdu RPR), lventuelle pression politique en aveur de lindul-gence pour les personnes mises en examen ne pouvait pas

peser bien lourd ace la pression mdiatique en aveur deleur condamnation. Lego des juges concerns les condui-sant rvler dailleurs publiquement leur mythomanie,imaginant et proclamant urbi et orbi, sans le moindre onde-ment, que leur tlphone tait cout et leur bureau visit !

Ici quelques vrits essentielles doivent tre rappeles.Pour tre rendue correctement, la justice doit tre sereine ;

elle doit se tenir lcart du monde, elle doit prendre durecul, bre, elle ne doit pas dpendre des mdias, car lesmdias cest linstant, cest limmdiat, cest le spectacu-laire, cest le conormisme moutonnier. Cest en tout cas ceque reconnat et souligne Jean-Yves Monort dans son dis-cours prononc le 12 janvier 2006 laudience solennelle derentre du tribunal de grande instance (TGI) de Versaillesquil prside, aprs avoir t prsident, de 1991 2001, de latrs sensible XVIIe chambre correctionnelle du TGI de Paris

spcialise dans les aaires de presse : Si lon peut aireun reproche linstitution judiciaire, ceux qui la servent,

Cest launede lopinionmdiatique quebien des aairessont instruites.


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cest, peut-tre, davoir t trop dles lesprit du temps :car lautorit et lindpendance des juges, de nos jours, nesont pas menaces par le pouvoir, par le gouvernement ou

le parlement, bien sr, mais par lopinion publique, par ceuxqui la aonnent, ceux qui lexploitent ou ceux qui sincli-nent devant elle. [] Prcisment, dans le cas qui nousoccupe [aaire dOutreau], la tyrannie de lopinion publiquea t redoutable ; et la question est de savoir si le juge a tou-jours su reuser dtre tir par la manche []. Souvenons-nous : Qui a invent ces images hallucinantes, le quartierde lhorreur, la cit de la honte, laaire Dutroux laranaise, lener des victimes de la tour du Renard, le

rseau des abuseurs denants ? Le juge dinstruction ?Non : les journaux rputs les plus srieux de la pressenationale ou rgionale []. Ces journaux qui ne trouventpas de mots assez durs, aujourdhui, pour stigmatiser ler-reur judiciaire.

La tyrannie mdiatique sest dailleurs manieste unedeuxime ois dans laaire dOutreau : aprs stre impose

aux juges au dtriment des accuss lors de linstruction, latyrannie mdiatique sest impose aux parlementaires audtriment des juges lors du passage de ces derniers devantla commission parlementaire denqute qui se transormaen lynchage mdiatique de linstitution judiciaire ; alorsque les journalistes interrogs urent, eux, gentimentmnags au prix dune bien lgre contrition. Dans cetteaaire, la onction parlementaire a os sarmer ace au

pouvoir judiciaire mais non ace au pouvoir mdiatique.Bre, la vritable leon dOutreau na pas t tire et, auprochain emballement mdiatique, rien nempchera unnouvel Outreau : en toute innocence, bien sr, car ce serasur un autre sujet que la pdophilie.

Outreau :la onction

parlementairea os sarmerace au pouvoir

judiciairemais non ace

au pouvoirmdiatique.


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Les socits contemporaines orent un degr lev deconort ceux qui y vivent et leur orent une longue esp-rance de vie. Pourtant, malgr cela, ou plutt cause decela, la notion de crise est omniprsente dans le vocabu-

laire politico-administrati et surtout mdiatique.

La ntn du da dans la s :naatn t aplatn

Car l aussi cest le mdia qui ait la crise : un pisode nei-geux qui conduit interdire la circulation sur les routes,une petite uite dhydrocarbures proximit dune cte,

cest un simple incident si lactualit est riche dvne-ments rellement graves (guerres, tremblements de terre,tsunami) ; mais cest une crise si les mdias, aute dautresvnements exploitables traiter, sy intressent : cemoment-l leur onction nest pas seulement de narrationmais aussi damplication.

Ce phnomne est spectaculaire quand il sagit de crises

sanitaires . Alors quil meurt 200 000 personnes chaque jourdans le monde et 2 000 en France, les mdias ont ocalis lat-tention sur les quelques dcs humains dus la maladie dela vache olle ou la grippe aviaire. Le potentiel motionnelde ces dcs tant li lvocation de cas personnels misen relation avec lvocation dune possible pandmie plan-taire, elle-mme consquence dventuelles mutations deprions ou de virus, lactualit rejoint ici un des archtypesde la science-ction : le mutant. Rsultat : les mesures de

prcaution prises paraissent souvent disproportionnes parrapport aux risques rels des maladies combattues et sans

TYrANNie

mDiATiQUeeT GeSTioN De criSe

4.Cest le mdiaqui ait la crise.


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commune mesure avec ce qui se ait, par ailleurs, ace des pandmies, elles bien relles, comme lobsit ou lestoxicomanies.

canul : quand l systd unatn tu

Dans un registre dirent, la gestion de la canicule ranaisede lt 2003 a aussi t emblmatique de la tyrannie mdia-tique ; et cette tyrannie mdiatique est lune des causes des15 000 morts supplmentaires de cette anne-l.

Observons dabord quen amont lalerte a t paraite-ment donne par Mto-France avec presque une semainede pravis ; partir du 25/26 juillet 2003, Mto-France aannonc un rarachissement des tempratures dans ladernire semaine de juillet, suivi partir du 3 aot par unrchauement exceptionnel et caniculaire. Gouvernementet autorits sanitaires taient donc prvenus avec presquedix jours davance.

Dailleurs, ds le 4 aot, la direction gnrale de la Sant(DGS) envisagea de publier un communiqu dalerte, maisdeux thses sarontrent chez les dcideurs : allait-ilinsister sur les risques de la chaleur ou sur ceux de la pollu-tion ? Les risques de la chaleur taient sanitairement les plusgrands mais ceux de la pollution mdiatiquement beau-coup plus porteurs. Entre une inormation mdicalement

pertinente et une inormation mdiatiquement conorme, laDGS ne trancha pas et ne publia pas de communiqu.

Elle se rattrapa quatre jours plus tard, le 8 aot, en mettanten garde contre les dangers de la grosse chaleur et en indi-quant les moyens de sen prmunir en buvant beaucoupdeau. Pour lessentiel, les grands mdias mprisrent cetteinormation peu exploitable commercialement ou ido-logiquement. Ces recommandations de bon sens (boire, se

protger du soleil, se rarachir), ces conseils simples, pourtroupe scoute ou arme en manuvres, urent donc ddai-

Canicule : entreune inormation

mdicalementpertinente et

une inormation

mdiatiquementconorme, ladirection gnrale

de la Santne trancha pas.


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gns. Comme le ut le communiqu de mme eau (si lonose dire !) du cabinet du ministre de la Sant, Jean-FranoisMattei, trois jours plus tard.

Dans la recherche des responsabilits indirectes des mortsde la canicule 2003, il est donc clair que le systme de com-munication doit tre impliqu : il na nullement relay lesinormations essentielles qui ne prsentaient pas dintrtpour lui, ntant ni spectaculaires ni exploitables politique-ment ou idologiquement, ni aciles mettre en scne.

Au demeurant, on peut se demander sil aurait su dune

vaste campagne publicitaire ou mdiatique sur la ncessitde shydrater pour diminuer signicativement le nombre demorts de la canicule : parce quil tait trs dicile de aireboire susamment les personnes ges et ragilises quisont mortes tout simplement parce quelles ne ressentaientpas la soi. Et quil allait la prsence quasi constante dunproche ou de personnel soignant pour les assister.

Bre, la communication de masse ne peut pas tout. Elle nepeut pas remplacer la qualit et la responsabilit dun contacthumain personnel. Elle ne peut pas non plus redonner la jeu-nesse de grands vieillards ragiliss, ni donner une amille ceux qui nen ont pas eu ou nen ont plus.

La communicationde masse ne peutpas tout.


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La tyrannie mdiatique touche aussi lconomie parce quela vie des entreprises, aujourdhui, ne dpend pas seule-ment de leur capacit technique et commerciale mais ausside leur image. la ois de leur image vis--vis des consom-

mateurs, mais aussi de leur image vis--vis des actionnaireset, plus gnralement, des stakeholders , cest--dire tousles acteurs qui peuvent contribuer crer de la valeur pourlentreprise (nanceurs, employs, ournisseurs, environ-nement administrati et politique). Lorsquune entreprisea une mauvaise image ou que son patron a une mauvaiseimage, ses cours de Bourse risquent de baisser, ou simple-ment de rester un niveau insusamment lev ; elle est

alors sous la menace dune OPA hostile. Pour le patron entout cas sagissant des grandes entreprises la qualit deson image, cest sa survie ; parce que, pour garder le pou-voir et aire prosprer son entreprise, il ne lui sut pas deprendre les grandes dcisions stratgiques qui permettront sa rme dtre trs prsente sur les marchs gographi-quement, industriellement ou commercialement porteursdans vingt ans, il doit aussi et avant tout viter de voir le

contrle de son entreprise pris par un tiers la suite duneOPA inamicale ; ainsi pour viter dtre dbarqu du jour aulendemain, le grand che dentreprise doit toujours avoir lesouci de son image et garder en permanence des proccu-pations courtermistes qui vont exactement linverse de ceque doit tre son rle pour le dveloppement de lentreprisesur le long terme.

Aussi, dans le souci de plaire aux prescripteurs dimages,

beaucoup dentreprises calent leur communication surlidologie dominante des mdias et conortent ainsi le

TYrANNie

mDiATiQUe eT VieDe LeNTrePriSe

5.

Le grand chedentreprise doitavoir le soucide son imageet garder enpermanence desproccupations courtermistes .


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conormisme ambiant base de principe de prcaution, dedmarche citoyenne, de lutte contre les discriminations,de discrimination positive, de dveloppement durable et

daction humanitaire ; ainsi asservies la tyrannie mdia-tique, les grandes entreprises contribuent par contrecoup y asservir un peu plus lopinion de leurs employs, de leursclients et de leurs actionnaires.

Asservies la tyranniemdiatique,les grandesentreprises

contribuent parcontrecoup y

asservir lopinion.


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La tyrannie mdiatique ne bouleverse pas seulement lqui-libre des pouvoirs traditionnels en assujettissant sesrgles et ses valeurs dominantes les pouvoirs excutis,lgislatis et judiciaires. En les imposant mme au monde

conomique, elle va jusqu remettre en cause les onde-ments plus proonds des socits europennes ; la tyranniemdiatique est lun des acteurs majeurs du krach civilisa-tionnel quelles traversent.

Et ce, pour une raison primordiale : une civilisation sinscritdans la dure, le monde mdiatique, lui, privilgie linstant.Les rgles de civilisation ont t slectionnes au cours

dune longue volution historique, alors que ce qui plat lunivers mdiatique, cest ce qui change. Ainsi le bougismemdiatique soppose la tradition civilisationnelle. Ce quiexplique que les rgles de lunivers mdiatique sopposentaux constances de rrence du monde europen et chr-tien (comme dailleurs des autres grandes civilisations).

Ainsi lglise catholique se voit rgulirement intimer

le conseil, sinon lordre, de sadapter lair du temps. loccasion de lmotion mondiale suscite par la mort dupape Jean Paul II, en avril 2005, lglise catholique sestvue somme par les grands mdias mondiaux dengagerun proond mouvement dadaptation de ses dogmes pourmieux rpondre lattente de lopinion du moment. Mais enportant la tte de lglise le cardinal Ratzinger, les presconciliaires se sont reus entrer dans cette dmarche etont choisi lternit plutt que limmdiatet, la rarma-

tion des valeurs permanentes de la oi catholique et de savrit plutt que laadissement doctrinal. Ils ont ait, selon

TYrANNie

mDiATiQUe eT KrAcHciViLiSATioNNeL

6.Le bougismemdiatiquesoppose la tradition

civilisationnelle.

Lglise : lternitplutt quelimmdiatet.


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la ormule du utur Benot XVI lors de la messe conclbrele 12 avril 2005, le choix dune oi adulte qui ne suit pas lesvagues de la mode .

Mais ce ne sont pas seulement les piliers de la oi religieusecatholique qui sont mis en cause par la tyrannie mdia-tique, ce sont aussi les rgles de lhumanisme europenmultimillnaire tel quil sest exprim travers les siclesdepuis lAntiquit jusqu maintenant, travers le Moyenge occidental, la Renaissance et les Lumires.

Cest ainsi que les rgles de politesse, de courtoisie, de

pudeur, dhonneur sont malmenes par les exigences exhi-bitionnistes des mdias et les images de vulgarit quilspropagent comme modles.

Plus gnralement, la tyrannie mdiatique remet en causeles ondements mmes de la civilisation europenne et deson expression ranaise onde sur un quilibre entre laraison et le sentiment, le pathos et le logos, lmotion et la

raison, la pudeur et lexhibition, la mesure et la dmesure,la dure et linstant ; sur les ruines du pass, cest le rgnede lhybris, de limpudence et de la vulgarit.

La tyranniemdiatique, cest

le rgne de lhybris,

de limpudenceet de la vulgarit.


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La premire rponse est ataliste. Elle constate un phnomnede pouvoir la ois technique et idologique. Phnomne depouvoir qui na cess de stendre au cours du dernier sicleet qui se traduit par deux consquences majeures : privilgier

linstant et la courte vue dune part, les illres idologiqueset le conormisme dominant dautre part.

Faute dinscrire ses choix dans la longue dure et dac-cepter de voir remis en cause des dogmes destructeurs, lessocits europennes contemporaines courent labme :explosion des dcits (budgtaires, commerciaux, sociaux),dveloppement de linscurit et des confits ethniques,

crise environnementale et nergtique. Selon cette thorie,cest la convergence des catastrophes qui ramnera bruta-lement la ralit et qui dchirera le voile mdiatique.

Par son ct spectaculaire, cette rponse est nalementassez mdiatique, mais elle nest ni thiquement ni intel-lectuellement trs satisaisante. Elle nest pas thiquementsatisaisante parce quelle revient attendre passivement

les dsastres annoncs. Elle nest pas intellectuellementsatisaisante parce quelle sous-estime gravement deuxphnomnes :- la capacit des socits modernes sadapter, parceque, grce aux technologies nouvelles, la production derichesses et donc de acilits de vie et de conort de vie necesse de crotre ;- la capacit des socits modernes contrler les ractionsde lopinion grce aux mdias dominants justement et

ournir pour tout vnement les cls dinterprtation compa-tibles avec les dogmes ambiants : ainsi la reconnaissance par

PeUT-oN,

eT commeNT, cHAPPer LA TYrANNie mDiATiQUe ?

7.Cestla convergencedes catastrophes

qui dchirerale voile mdiatique.


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les grands mdias du caractre ethnique des meutes desbanlieues ranaises du ramadan 2005 sest accompagnedun discours lgitimant une rvolte quon a explique par les

discriminations dont souriraient les minorits ethniques.

Touteois, il nest pas certain que sur le moyen ou le longterme lhypothse catastrophiste ne savre pas nalementla bonne. Dautres rponses sont nanmoins envisagea-bles et prrables.

Fournir pour toutvnement les cls

dinterprtationcompatibles

avec les dogmesambiants.


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[Le mtier de TF1] cest de vendre Coca-cola du tempsde cerveau humain disponible : par sa crudit laveu dePatrick Le Lay, patron de TF1, dans le livre collecti, Les

patrons ace au changement, avait choqu. Mais le propos

porte en lui-mme sa rponse : rpondre labrutissementpar lhygine mentale, cest--dire reuser dorir du tempsde son cerveau et de celui de ses enants aux puissancescommerciales et idologiques qui achtent les missions.

cultv lspt tqu :TKKADm

La rponse hyginiste peut videmment se dcliner de plu-sieurs manires :- la plus radicale : couper le poste ;- la plus sophistique : reprendre la matrise, sinon desantennes, du moins de la programmation des contenusquon visionne, en protant de la diversit des ores audio-visuelles (cbles, satellites, TNT) ou mme sassurer, pourles divertissements du moins, la matrise complte de ses

choix par le tlchargement, lgal sil existe, illgal silnexiste pas, et qui est aujourdhui le seul moyen daccderlibrement et acilement aux uvres classiques du rper-toire cinmatographique mondial ;- la plus dlicate : garder lesprit critique, se rappeler quencas de crise la clbre ormule Le mdia est le message devient souvent Le mdia est le mensonge et cultiver par-tout et toujours le doute. Et, sagissant de lactualit interna-tionale, garder en permanence lesprit pour interprter les

images qui sont montres, la ormule suivante : TKKADM.

LA rPoNSeHYGiNiSTe

8. Vendre Coca-coladu tempsde cerveaudisponible.

Le mdiaest le message ?Non, le mdia

est le mensonge !


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La tyann datqu

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T, comme Timisoara : la dcouverte matrielle, dans cette villerontire de lest de la Roumanie, de quelques malheureuxrestes de cadavres ut prsente mdiatiquement comme celle

dun charnier de 50 000 personnes, ce qui prcipita la chute deCeausescu, justia son excution sommaire et permit lavne-ment au pouvoir du no-communiste Iliescu ;

K, comme Koweit-City, o la soldatesque irakienne avaitt accuse en 1991 davoir dbranch des couveuses ;acte barbare qui na exist que dans limagination ertiledune socit amricaine de relations publiques et de com-munication mais qui servit lgitimer la premire guerre

du Gole ;

K, comme Kosovo, o la mise en scne du dplacementhypothtique de quelques Albanais a servi de prtexte une intervention militaire direction amricaine qui adbouch, elle, sur une vritable puration ethnique desSerbes, la destruction de villages et lincendie de nom-breuses glises orthodoxes ;

ADM, comme armes de destruction massive, inexistantessur le terrain mais argument diplomatique et mdiatiquequi servit de prtexte la guerre anglo-amricaine contrelIrak.

cnt s pun ds Amm ?

Les ADM nexistaient pas en Irak en 2003, pas plus vraisem-blablement quen Iran en 2006, mais les AMM, les armes demanipulation massive, elles, existent bel et bien. Alors pourse prmunir des AMM, pour viter dtre mentalement piget de voir son cerveau instrument par une propagandepuissante, trois questions essentielles sont se poser lavue dune image, quelle quen soit lorigine :

1. Qui lme ? Toujours se rappeler qui diuse, mais aussi se

demander concrtement o est la camra, o sont ses op-rateurs, dans quelles conditions ils peuvent travailler.

T, commeTimisoara.

K, commeKoweit-City.

K, comme Kosovo.

ADM, commearmes dedestruction

massive.

Les AMM, armesde manipulationmassive.


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2. Quest-ce qui est lm ? Ce que lon voit nest jamaisquune raction de ce qui peut tre vu, et donc montr. Tou-jours imaginer un champ beaucoup plus large que celui qui

nous est propos et tenter de reconstruire le contexte.

3. Quel est le montage ? Cest le montage qui dramatiseou aseptise les images brutes. Toujours dcomposer lasquence en plans et se demander notamment sil est cer-tain que ces dirents plans ont t tourns au mme ins-tant et au mme endroit.

Mais la plus grande vigilance vaut aussi sur la scne int-

rieure o il aut se demander, derrire chaque vnementou chaque mort quon montre, quel est celui ou celle quoncache ? Concrtement, le sens critique doit tre particuli-rement dvelopp chaque ois quest mis en avant commeacteur explicati ou aggravant dun vnement le racisme,car comme la justement exprim Alain Finkielkraut : Lan-tiracisme est le communisme du XXIe sicle , cest--dire lamatrice du totalitarisme ambiant.

Le sens critique doit tre aussi dvelopp chaque ois quesimpose dans le vocabulaire courant un oxymore comme dveloppement durable (alors que dans un monde ni ledveloppement ne peut tre inni) ou discrimination posi-tive (puisque par nature celle-ci est la contrepartie dunediscrimination ngative).

Enn le sens critique doit videmment sappliquer lana-lyse des images reues.

Mais mme si elle est ncessaire, en particulier dans uncontexte amilial pour ormer lesprit critique des enants, larponse hyginiste rencontre deux limites :- dabord, elle est individuelle, or nous vivons et nous agis-sons en socit ; nul ne peut donc pleinement se couper dela pression audiovisuelle ;

- ensuite, elle suppose la rsistance de lintelligence ace lmotion, ce qui nest pas orcment si simple, car tout

Lantiracismeest le communismedu XXIe sicle ,la matrice dutotalitarisme

ambiant.


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homme, mme avec un quotient intellectuel lev, estsoumis linfuence de ses motions ; et ce qui est vrai indi-viduellement lest encore plus collectivement : une assem-

ble de prix Nobel aura des ractions de oule au mmetitre quune assemble de manuvres.

La rsistancede lintelligence

ace lmotion.


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Dans son livre LEmprise, Rgis Debray distingue histori-quement trois mdiasphres successives : la logosphre(lcriture), la graphosphre (limprimerie), la vidosphre(laudiovisuel). chaque poque correspond un mdium

dominant, qui structure les rapports de orce politiques etsociaux et organise le monde. Aujourdhui, le mdium domi-nant qui impose dailleurs progressivement ses canons deonctionnement la presse gnraliste et spcialise, cestla tlvision. Tlvision qui a instaur une tyrannie mdia-tique, tyrannie de linstant, de lmotion de limage, de l-peu-prs, du mimtisme et du politiquement correct.

Mais cette tyrannie ne sera pas ternelle : Internet peutprogressivement apparatre comme un altermdia. Certes,cet outil a beaucoup de points communs avec la tlvision(cest un cran qui vhicule des images dans limmdia-tet), mais il a aussi de nombreuses dirences dans sononctionnement.

Fa au pltqunt t,

dvst t dyptagPeu avant de mourir, lune des grandes prtresses ranaisesdes mdias de la deuxime partie du xxe sicle, FranoiseGiroud, sexclama : Mais cest grave, Internet, nimportequi peut dire nimporte quoi. Cest justement ce qui nousintresse : cest la priphrie qui commande et non pas uncentre rgulateur et censeur. Internet garantit une rellediversit sur tous les sujets : les penses et les opinions dis-

sidentes y sont beaucoup plus acilement accessibles qutravers les journaux, les librairies et a ortiori la tlvision.

LA rPoNSe

TecHNoLoGiQUe :iNTerNeT, LALTermDiA

9.

Sur Internet,cest la priphriequi commandeet non pasun centre

rgulateuret censeur.


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Et sil est vrai que des rumeurs malaisantes ou antaisistespeuvent aussi circuler sur Internet, cest avec moins deorce et plus de contrle que sur les grands mdias qui sil-

lustrent rgulirement dans la diusion massive de bobardsde guerre et de montages diabolisants.

Ainsi quand vous cherchez des renseignements sur un aitou sur des ides, les moteurs de recherche vous permettentdaccder tout ce qui se rapporte au sujet que vous vouleztudier. Et ce, sans discrimination ou prjug car les moteursde recherche sont des robots qui nont pas de conscience poli-tique : ils sont donc la ois politiquement corrects et poli-

tiquement incorrects. Cest en cela aussi quInternet est unmdia radicalement dirent des mdias classiques.

Internet peut aussi apporter des correctis aux imagesdivulgues chaud par les grands mdias. Ainsi, alors queles tlvisions du monde entier mettaient en scne la ouledes Bagdadis maniestant leur joie daccueillir les libra-teurs amricains sur une place de Bagdad, des millions

dinternautes recevaient, dans les vingt-quatre heures, ledcryptage de limage : il avait su pour cela de remplacerles plans serrs, donnant une impression de oule, montrspar les tlvisions, par des plans larges montrant 300 per-sonnes, sinon 300 gurants (sur une ville de 5 millions dha-bitants), exprimant leur joie programme sur une placelargement vide.

rasn t su, l tud lt

Au cours des quarante dernires annes, les crits la lettrequon envoie, le livre ou le journal quon lit nont cess devoir reculer le temps qui leur tait consacr par les litescomme par les masses.

Avec Internet, le phnomne sest invers : mme sil a

ses rgles propres de brivet et parois dabrviations,le ml , le courrier lectronique, est un courrier. Ceci

Les moteursde recherche sont(heureusement !)

des robots

sans consciencepolitique.


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implique peu ou prou un retour du raisonnement, voire dela mise en page et pas seulement lexpression dhumeurs.

Par ailleurs, mme si Internet vhicule des images, cestdsormais la plus ormidable bibliothque du monde, pri-vilgiant dailleurs les uvres classiques, libres de droitsdauteur, sur les productions contemporaines. Il y a l aussiun lment de retour vers la civilisation.

Internet permet enn un accs direct aux sources et estdonc un moyen pratique de lutter contre l-peu-prs. Il peutdonc savrer pour les pouvoirs mdiatiques daujourdhui

aussi dangereux que linvention de limprimerie pour lesclercs de la n du Moyen ge.

mnd gatut t ndahand n nun

Alors que la sphre marchande na cess de progresserdepuis la rvolution industrielle, Internet ait cohabiter, au

moins pour le moment, deux mondes : le monde gratuitdes sites personnels et des sites universitaires, et le mondemarchand des petites et surtout des grosses entreprises.

Cest videmment trs important car, comme le ait jus-tement remarquer Alain de Benoist dans son opus sur LeSystme des mdias, les innovations intellectuelles, cultu-relles ou scientiques ont rarement un intrt commercial

immdiat. Internet ore ainsi la pense un moyen de selibrer des impratis de la commercialisation rapide et dela mdiatisation de masse.

Dans la vie pratique aussi, Internet ore une intressante possibi-

lit dexpression aux solutions alternatives ace aux solutions de

masse : en matire de voyages, par exemple, on trouve, ct de

lore des grands voyagistes standardisant les sjours, les inor-

mations manant des sites personnels et permettant de dcou-

vrir lauberge ou la chambre dhte enracine qui ne fgureront

jamais dans les grands circuits commerciaux industrialiss.

Internet, aussidangereux pourles pouvoirsmdiatiques que

linvention delimprimerie pourles clercs de la ndu Moyen ge.


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cunautasatndans la glbalsatn

Toile mondiale, Internet avorise la vie de communautsplus ou moins larges : communauts linguistiques : larges comme la commu-naut rancophone mais aussi plus troites, comme la com-munaut galique ; communaut amiliale : les membres dune mme amillespars par les distances et temps de transport, de banlieue banlieue, ou de continent continent, peuvent changerleurs sentiments et leurs ides travers des mls srieux

ou humoristiques ou des envois de photos ; communaut de civilisation : travers les visites demuses et de galeries virtuelles ; communauts de passions ou de centres dintrt ; communauts proessionnelles.

Tout cela joue dune manire ou dune autre contre la mas-sication et recre de la diversit.

Du tps ps la tlvsn

Aujourdhui, en Europe, regarder la tlvision est la troi-sime activit humaine aprs le travail et le sommeil. Il ya l une des causes majeures de son infuence. Or tout cequi la concurrence en terme demploi du temps ne peut quelaaiblir : cest notamment le cas de lusage dInternet et

dans une mesure dirente des jeux vidos.

Un yn d ntunls gands appals

Internet est en train de bouleverser le onctionnement desgrandes organisations pyramidales : administrations, entre-prises, partis et syndicats. Il sert aussi les contourner dansle domaine politique et syndical dun ct, mais aussi dans

le domaine scientique.

Internet bouleverseet contourneles grandes

organisations

pyramidales.


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Ct social, Internet a jou un rle essentiel dans trois crisesranaises rcentes : le mouvement des emmes de gen-darmes, les coordinations denseignants au printemps

2003 et la grande maniestation contre les grves organises Paris n juin 2003 : trente mille personnes plutt jeunes,plutt actives se retrouvant pour une maniestation ignorede la radio et de la tlvision ; elles y avaient t invites parcourrier lectronique. Il y a l un potentiel de contestation despuissances tablies quil ne aut srement pas sous-estimer.

Politiquement, Internet peut aussi crer lvnement. Cestainsi quau printemps 2005, en France, lors du rrendum

sur la constitution europenne, le oui tait dominant 85 %ou 90 %, la ois dans le monde audiovisuel et dans celuides lites dirigeantes, politiques, conomiques, syndicales,culturelles ; mais sur la toile le non avait le dessus, et cestla toile qui eut le dernier mot, provoquant un phnomnepolitique majeur : le rejet dune Europe abstraite et sansrontires.

Mme si cela peut paratre plus curieux, le mme phno-mne de libration existe dans le monde scientique. Carcelui-ci nest videmment pas aussi rationnel que les pro-anes limaginent : il est travers par les luttes de pouvoir etles grosses institutions y sont pesantes. Quant aux revuesscientiques, mme de haut niveau, mme spcialises,elles nchappent pas la loi commune des mdias : pesan-teur du conormisme et recherche du sensationnalisme. L

aussi, la possibilit pour les chercheurs de prpublier, deprendre date et de rrencer des travaux avant mme leurvalidation par les comits ditoriaux est un prcieux l-ment de libert, de diversit et dhonntet.

Un vlutn pnnndu tatnt d lnatn

Pour bien mesurer lampleur du phnomne, il aut com-

prendre que cest tout le rseau de circulation de linor-mation qui se trouve boulevers. Ce qui est en train de

Rrendumeuropen :Cest sur la toileque sest joule rejet duneEurope abstraite

et sans rontires.


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disparatre, cest le schma traditionnel dun centre tout-puissant inormant et ormatant activement une priphriepassive selon le schma suivant :

Dusn d lnatn l d la vdsph

Dsormais lintermdiation absolue des journaux, desradios et des tlvisions entre le consommateur et la sourceest termine ; des liaisons inniment plus riches et pluscomplexes sont possibles selon le schma suivant :

Dusn d lnatnav intnt

terme, avec lavnement de la websphre, cest mme unelogique encore plus usionnelle entre consommateurs et

sans mdias qui pourrait prvaloir selon le schma suivant :

Source

TlS

conSoMMATeur

rADioS journAux

Source MDiASconSoMMATeur

Lintermdiationabsoluedes journaux,

des radioset des tls

est termine.


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Dusn d lnatndans la wbsph

La batall nst pas n

Le potentiel dInternet pour remettre en cause la tyranniemdiatique de la tlvision est donc considrable.

Lenjeu en a dailleurs t bien compris. Les grosses

machines nancires notamment cherchent reprendre lecontrle de la toile, mais le modle de la gratuit, mme corrig par la publicit, reste un obstacle. Et sous le pr-texte de lutter contre la pdophilie, le terrorisme, le racismeou le piratage, la tentation de rtablir la censure est orteet la libert dexpression et dopinion sont perptuellementmenaces, mme si la dlocalisation ou le cryptage orentdes parades ecaces.

Les internautes nchappent dailleurs pas toujours lem-ballement mdiatique : Internet ne sert plus alors de cor-recteur au mdia dominant mais damplicateur.

Le rle que jouera Internet sur lvolution du monde dansles dcennies venir nest donc pas encore x, dautantplus que la population, mme des pays dvelopps, qui dis-pose dun accs rapide reste encore limite. La vraie rvolu-

tion internet est donc encore devant nous.

smmat/

tat at

smmat/tat at

smmat/tat at

La dlocalisationou le cryptageorent des paradesecaces auxrisques de censure.

La vraie rvolutioninternet est encore

devant nous.


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La remise en cause du pouvoir des mdias dominants peutsadosser sur trois logiques :- une logique historique : lapparition de ce nouveau mdia

quest Internet na pas fni de produire tous ses eets mais a,

dores et dj, ragilis le pouvoir des mdias traditionnels ;

- une logique sociologique, exprime ainsi par Michal Woldu New York Magazine : La presse est le parti au pouvoirdepuis une gnration, elle est conronte aux orces quiminent tous les puissants : la complaisance, linertie, lge,larrogance ; elle est, par l mme, vulnrable ;- une logique conomique, qui montre que les grandsmdias traditionnels, en France mais aussi aux tats-Unis,

voient leurs chires de ventes diminuer ; en France mme,le temps moyen pass devant la tlvision a cess de pro-gresser : le pic de la courbe de consommation a, semble-t-il,t atteint en 2004.

Touteois sil apparat souhaitable dacclrer le processusdrosion dun pouvoir contestable, il aut, pour ce aire,cerner les privilges et les immunits dont il bncie du

ait de:- labsence de transparence sur les fux nanciers qui la-ectent (composition du capital, ressources publicitaires) ;- labsence de responsabilit sur ses actes, mme si la com-mission parlementaire sur laaire dOutreau a auditionnnon seulement des juges mais aussi des journalistes (maispour ceux-ci de manire bien gentille) ;- labsence de critiques extrieures ; la presse, et cest sonrle, critique tous les autres pouvoirs excuti, lgislati,

judiciaire, conomique mais se trouve elle-mme largement labri des critiques, ce qui cre un dsquilibre dangereux.

LA rPoNSe PoLiTiQUe :

LA remiSe eN cAUSeDeS mDiAS ceNTrAUx

10.

Cernerles privilgeset immunitsdes grands mdias.


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5

Grce ces privilges et immunits, les grandes tlvisionsgnralistes et la presse crite de rrence qui aonnelopinion des journalistes de tlvision, bre, ce quon pour-

rait appeler les mdias centraux , exercent donc sur lasocit une infuence sans contrepoids : en aonnant lanotorit et limage des dirigeants (politiques, conomi-ques, syndicaux, judiciaires et culturels) ; en conditionnantlore politique et idologique ; en imposant les grilles din-terprtation des vnements majeurs et en canalisant lesractions de lopinion.

Dans ces conditions, lune des manires de limiter limpact

excessi des mdias centraux cest tout simplement deles soumettre, eux aussi, lexamen critique quils appli-quent aux autres institutions.

cet gard, Internet ore la possibilit de crer un outil decontrle interacti et cooprati des mdias sur le modlede lencyclopdie Wikipdia. Le principe en est simple : demme que pour Wikipdia, chacun peut tre contributeur

volontaire dinormations sur un sujet ou un thme donn,les inormations des uns tant rgules par celles desautres, de mme un site CRITIMDIA pourrait rassembleret aire connatre avec laide de nombreux internautes leserreurs et les imprcisions (mme sans intention idolo-gique ou politique particulire) et a ortiori les manipula-tions des mdias centraux ; et ce aux ns damener lesconsommateurs de mdias dvelopper leur esprit critique

tout en conduisant les journalistes une obligation demeilleur respect des aits et de la dontologie proession-nelle. Le site CRITIMDIA pourrait aussi aire connatre lesmouvements de capitaux et de volumes publicitaires quiaectent les mdias et mieux aire connatre leurs jeux depouvoir internes.

Soumettre les mdias centraux lexamen critique

quils appliquentaux autresinstitutions.

De Wikipdia Critimdia.


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Les pays occidentaux qui se dnissent, mme si les pou-voirs oligarchiques y sont puissants, comme des dmo-craties recourent dirents procds pour permettrelexpression du peuple :

- le rrendum sur initiative gouvernementale ou populaire,qui permet au peuple de se prononcer sans intermdiairesur un sujet et de rpondre une question ;- la prsidentialisation, qui cone au surage universeldirectement le choix du che de ltat ou indirectementcelui du che de la majorit (dans les systmes de type bri-tannique) ;- le parlementarisme, dans la mesure o les assembles

jouent encore un rle dterminant dans les prises de dci-sion ; le parlementarisme pouvant tre majoritaire (tats-Unis, Grande-Bretagne) ou proportionnaliste (ensemble delEurope, lexception de la Grande-Bretagne, de lIrlandeet de la France).

Lnfun ds das ntau

Ces dirents modes dexpression sont ingalement sensi-bles linfuence exerce par les mdias centraux, cest--dire les mdias audiovisuels qui touchent lensemble desmasses et ceux des mdias crits qui aonnent lopinionde tous les journalistes.

Celle-ci est aible, quand il sagit de rrendums qui sejouent sur des ides et des convictions ; elle est consid-rable dans le cas dune lection de type prsidentiel qui

se joue sur des images. Enn, linfuence des mdias estvariable, lors des lections parlementaires : orte lorsque

LA rPoNSeiNSTiTUTioNNeLLe :

AmLiorer LeS ProcDUreSDmocrATiQUeS

11.

Les mdiascentraux , mdias

audiovisuelsqui touchentles masseset mdias critsqui aonnentlopinion

des journalistes.


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celles-ci sont couples avec le choix du che de lexcuti ;plus aible dans les rgimes proportionnalistes o, avantde saccommoder avec le pouvoir mdiatique, les hommes

politiques doivent tout dabord saccommoder entre eux.

partir de l, les pouvoirs politiques sont placs dans uneplus ou moins grande mdia-dpendance :- relativement aible dans un pays comme la Suisse quiconnat la ois un scrutin lgislati et un excuti propor-tionnalistes coupls avec des mcanismes de dmocratiedirecte ;- moyennement orte dans un pays comme les tats-Unis

o les excutis (draux et locaux) sont prsidentialissmais doivent tenir compte dassembles puissantes etdans certains tats de lexistence de rrendum dinitiativepopulaire ;- exceptionnellement ort en France, o le rgime politiqueest marqu par une prsidentialisation extrme et un abais-sement du parlement sans quivalent dans aucun autretat rput dmocratique.

La V rpublqu atla da-dpndan

Cest l un des paradoxes de la Ve Rpublique : conu il ya une cinquantaine dannes (1958), ce rgime politiquevisait remdier linstabilit des rpubliques parlemen-taires multipartisanes de la premire moiti du xxe sicle

(IIIe

et IVe

Rpublique ranaise ; Rpublique de Weimar) etce dans un monde o les mdias dominants taient encoreles mdias crits. Paradoxalement, en prtendant tablir undialogue direct entre le candidat che de ltat et le peuple,la Ve Rpublique a ond le pouvoir des mdias, interm-diaires dsormais obligs, une ois le gnral de Gaulle dis-paru, pour slectionner les prsidentiables.

Cest ainsi quun nouveau mode de slection de la classe poli-

tique de niveau national sest mis en place : la mdiatisation.Or laccs aux mdias obit des rgles manichennes :

La France, paysde mdia-

dpendanceexceptionnellement

orte.


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- tout discours politiquement incorrect est occult tant quil

reste exprim dans des termes modrs ; il ne peut merger

la connaissance publique que sil apparat sufsamment

choquant pour permettre la diabolisation de son auteur ;celui-ci est alors jug au mieux maladroit, au pire indigne,

et se trouve condamn lanantissement politique ou la

marginalisation ;

- a contrario, tout discours hyper-politiquement correct etfattant les intrts ou lidologie de tel ou tel groupe minori-taire est susceptible de permettre la promotion dun hommeou dune emme politique : ainsi cest en prenant positionpour le PACS ou l homoparentalit , contre la majorit

de son camp dorigine mais dans un sens avorable desminorits actives sinon activistes, que Roselyne Bachelotsest construit une image politique nationale ;- entre ces deux positions (zle politiquement correct oudlit dinsolence), les parlementaires de base, dans leurimmense majorit, nexistent pas politiquement sur le plannational et sinvestissent le mieux quils peuvent dans la vielocale.

La consquence en est une coupure croissante entre lepeuple et la classe politique dirigeante qui ne le repr-sente pas dans sa majorit sociologique et mentale maislui impose, de aon de plus en plus brutale, des volontsminoritaires qui lui sont trangres.

Cest ainsi quon a vu apparatre une nouvelle verticale du

pouvoir en France: des minorits communautarises, eth-niques, religieuses ou sexuelles, des lobbys culturels ounanciers puissants imposent leur volont lexcuti(prsident de la Rpublique, Premier ministre, ministresimportants, ches de parti) par lintermdiaire des mdias ;lexcuti impose ensuite cette volont aux parlementaires,le Parlement devenant ainsi une simple chambre denregis-trement du Csar mdiatique.

La mdia-dpendancea pourconsquenceune coupurecroissante entrele peupleet la classedirigeante.

Le Parlement,chambredenregistrementdu Csarmdiatique.


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La vtal du puv anas

Cest ainsi quau cours du seul premier trimestre de lanne

2006, le Parlement a t trois ois dsavou et que par troisois les rgles quil avait xes ont t changes :- pour complaire certaines associations activistes noires,mdiatiquement appuyes, la loi rappelant que le rlepositi de la colonisation [devait tre] notamment enseign a t, sur demande du prsident de la Rpublique, dclas-sie et annule ;- pour complaire aux majors du disque et du cinma, auxpuissants du showbiz et aux grands groupes de communica-

tion, mdiatiquement appuys, le parlement a d supprimerla licence globale de tlchargement des uvres quil avait

ls mtsmmatassat a

atts mas

ls bbysmqs,ts

t fas

smdas

t

Pamts s

pp

infuencent infuencent

qui conditionnent

qui contrle

qui xent les rgles pour

Des minoritscommunautarises,

des lobbys culturelset nanciers

imposent leursvolonts lexcuti travers linfuence

des mdias.


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pourtant souverainement adopte et ce la demande dugouvernement qui lui a demand de se djuger ;- pour aire cesser lagitation syndicale et le blocage des

acults, mdiatiquement appuys, le Parlement a dabroger le contrat premire embauche (CPE) quil avaitadopt quelques semaines plus tt.

rfh la Vi rpublqu

la lumire de ces diren

La tyrannie médiatique

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