La torsion analytique holomorphe généralisée des fibrés en droites intégrables

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C. R. Acad. Sci. Paris, Ser. I 352 (2014) 441–445 Contents lists available at ScienceDirect C. R. Acad. Sci. Paris, Ser. I www.sciencedirect.com Géométrie différentielle La torsion analytique holomorphe généralisée des fibrés en droites intégrables The generalized holomorphic analytic torsion for the integrable line bundles Mounir Hajli National Center for Theoretical Sciences, Taipei Office, National Taiwan University, Taipei 106, Taiwan info article résumé Historique de l’article : Reçu le 30 janvier 2014 Accepté après révision le 12 mars 2014 Disponible sur Internet le 1 er avril 2014 Présenté par Jean-Michel Bismut Soit X une variété kählérienne compacte. On montre que la notion de métrique de Quillen s’étend aux métriques intégrables sur X . En particulier, on établit que la notion de torsion analytique holomorphe s’étend à l’ensemble des fibrés en droites intégrables L sur X , qui vérifient H q ( X , L) = 0 pour tout q 1. © 2014 Académie des sciences. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. abstract Let X be a compact Kähler manifold. We extend the notion of Quillen metric to the integrable line bundles L on X . In particular, we show that the notion of holomorphic analytic torsion extends to integrable line bundles L satisfying H q ( X , L) = 0 for q 1. © 2014 Académie des sciences. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. 1. Introduction Dans [12], Ray et Singer associent à toute variété kählérienne compacte ( X , ω) et E un fibré hermitien de classe C sur X , un réel noté T (( X , ω); E ) appelé la torsion analytique holomorphe, défini en posant : T ( ( X , ω); E ) = q0 q(1) q+1 ζ q E (0), ζ q E (0) est la dérivée en zéro du prolongement analytique de la fonction zêta ζ q E associée au spectre de l’opérateur laplacien q E agissant sur A (0,q) ( X , E ), l’espace des (0, q)-formes de classe C à coefficients dans E , pour tout q 0. Dans [11], Maillot généralise la géométrie d’Arakelov de Gillet et Soulé ([6]) à la classe des fibrés en droites intégrables avec applications aux variétés toriques lisses. Dans cet article, on continue cette étude en proposant une généralisation des notions de torsion analytique holomorphe et de métrique de Quillen à cette classe de fibrés hermitiens. Rappelons que la torsion analytique holomorphe est un ingrédient fondamental dans la formulation du théorème de Riemann–Roch arithmétique ([4,8]). Une métrique hermitienne continue sur un fibré en droites holomorphe L est dite admissible si elle est la limite uniforme d’une suite de métriques positives de classe C et qu’un fibré intégrable est par définition, en notation Adresse e-mail : [email protected]. http://dx.doi.org/10.1016/j.crma.2014.03.010 1631-073X/© 2014 Académie des sciences. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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Contents lists available at ScienceDirect

C. R. Acad. Sci. Paris, Ser. I

www.sciencedirect.com

Géométrie différentielle

La torsion analytique holomorphe généralisée des fibrésen droites intégrables

The generalized holomorphic analytic torsion for the integrable line bundles

Mounir Hajli

National Center for Theoretical Sciences, Taipei Office, National Taiwan University, Taipei 106, Taiwan

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article :Reçu le 30 janvier 2014Accepté après révision le 12 mars 2014Disponible sur Internet le 1er avril 2014

Présenté par Jean-Michel Bismut

Soit X une variété kählérienne compacte. On montre que la notion de métrique de Quillens’étend aux métriques intégrables sur X . En particulier, on établit que la notion de torsionanalytique holomorphe s’étend à l’ensemble des fibrés en droites intégrables L sur X , quivérifient Hq(X, L) = 0 pour tout q � 1.

© 2014 Académie des sciences. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Let X be a compact Kähler manifold. We extend the notion of Quillen metric to theintegrable line bundles L on X . In particular, we show that the notion of holomorphicanalytic torsion extends to integrable line bundles L satisfying Hq(X, L) = 0 for q � 1.

© 2014 Académie des sciences. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

1. Introduction

Dans [12], Ray et Singer associent à toute variété kählérienne compacte (X,ω) et E un fibré hermitien de classe C∞sur X , un réel noté T ((X,ω); E) appelé la torsion analytique holomorphe, défini en posant :

T((X,ω); E

) =∑q�0

q(−1)q+1ζ ′�

qE

(0),

où ζ ′�

qE

(0) est la dérivée en zéro du prolongement analytique de la fonction zêta ζ�qE

associée au spectre de l’opérateur

laplacien �qE

agissant sur A(0,q)(X, E), l’espace des (0,q)-formes de classe C∞ à coefficients dans E , pour tout q � 0.Dans [11], Maillot généralise la géométrie d’Arakelov de Gillet et Soulé ([6]) à la classe des fibrés en droites intégrables

avec applications aux variétés toriques lisses. Dans cet article, on continue cette étude en proposant une généralisationdes notions de torsion analytique holomorphe et de métrique de Quillen à cette classe de fibrés hermitiens. Rappelonsque la torsion analytique holomorphe est un ingrédient fondamental dans la formulation du théorème de Riemann–Rocharithmétique ([4,8]). Une métrique hermitienne continue sur un fibré en droites holomorphe L est dite admissible si elle estla limite uniforme d’une suite de métriques positives de classe C∞ et qu’un fibré intégrable est par définition, en notation

Adresse e-mail : [email protected].

http://dx.doi.org/10.1016/j.crma.2014.03.0101631-073X/© 2014 Académie des sciences. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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additive, la différence entre deux fibrés admissibles. Malheureusement, la construction de [12] n’est plus valable dans cecas. On procède différemment en utilisant un procédé d’approximation moyennant les formules des anomalies de Bismut,Gillet et Soulé ([2]).

2. La torsion analytique holomorphe généralisée

Soit L = (L,‖ · ‖) un fibré en droites intégrable sur X et (E1,‖ · ‖1) ⊗ (E2,‖ · ‖2)−1 une décomposition de L en fibrés

admissibles. Par définition, il existe (‖ · ‖i,n)n∈N , une suite de métriques positives C∞ sur Ei qui converge uniformémentvers ‖ · ‖i sur X , pour i = 1,2.

Proposition 2.1. La suite suivante∫X

c̃h(

E1 ⊗ E−12 ,h1,n ⊗ h−1

2,m,h1,n′ ⊗ h−12,m′

)T d(T X) (1)

converge vers zéro lorsque n,n′,m et m′ tendent vers ∞.1 (où c̃h(L,‖ · ‖,‖ · ‖′) est la classe de Bott–Chern associée à ch, ([7]).) Si ‖ · ‖′est une métrique C∞ sur L, alors pour tout choix de la décomposition et tout choix de (‖ · ‖i,n)n∈N pour i = 1,2, la suite(∫

X

c̃h(

E1 ⊗ E−12 ,h1,n ⊗ h−1

2,m,‖ · ‖′)T d(T X)

)n,m∈N

converge vers une limite unique égale à∫

X c̃h(L,‖ · ‖,‖ · ‖′)T d(T X). (où c̃h(L,‖ · ‖,‖ · ‖′) est une forme différentielle généralisée ausens de [11, § 4.3].)

Démonstration. De [9, proposition 4.1], on déduit facilement que (1) est une combinaison linéaire des termes suivants∫X T i, j,k,l

(n,n′),(m,m′) T d(T X) pour (i, j,k, l) ∈ N4 et (n,n′), (m,m′) ∈ N

2, où T i, j,k,l(n,n′),(m,m′) est la forme différentielle sur X , locale-

ment donnée comme suit : en un point x ∈ X , soit s (resp. t) une section locale holomorphe de E1 (resp. E2) non nulleen x ; alors en un voisinage de x, on pose T i, j,k,l

(n,n′),(m,m′) := T i, j,k,l(n,n′),(m,m′)(s, t) où

T i, j,k,l(n,n′),(m,m′)(s, t) := (

log(‖s‖1,n‖t‖2,m′

)2 − log(‖s‖1,n′ ‖t‖2,m

)2)c1(E1,n)

ic1(E1,n′) jc1(E2,m)kc1(E2,m′)l.

(Bien évidemment, cette forme ne dépend pas de s et de t .) Notons que T i, j,k,l(n,n′),(m,m′)(s, t) s’écrit comme différence de deux

termes dont chacun est le produit d’une fonction plurisousharmonique et de formes de Chern positives. L’idée de la preuvefera appel à la théorie des fonctions pluri-sous-harmoniques, afin de montrer que chaque terme forme une suite de courantspositifs sur un ouvert donné, qui converge faiblement vers la même limite. Plus concrètement, par compacité de X , il existeun recouvrement ouvert fini (Uα)α∈Ω de X et (sα,1)α∈Ω (resp. (sα,2)α∈Ω ) un ensemble de sections locales holomorphesnon nulles de E1 (resp. de E2) sur Uα pour tout α ∈ Ω ; on considère (ρα)α∈Ω une partition de l’unité subordonnée aurecouvrement (Uα)α∈Ω . On a :∫

X

T i, j,k,l(n,n′),(m,m′)T d(T X) =

∑α∈Ω

∫Uα

T i, j,k,l(n,n′),(m,m′)(sα,1, sα,2)ρα T d(T X).

Les suites des fonctions plurisousharmoniques (− log(‖s1,α‖1,n))n∈N , (− log(‖s1,α‖1,n′))n′∈N , (− log(‖s2,α‖2,m))m∈N , et(− log(‖s2,α‖2,m′))m′∈N restreintes à Uα vérifient les hypothèses du [3, (1.6) corollaire] ; en notant que ρα T d(T X) ∈ Ac(Uα).2

Alors

∀α ∈ Ω, ∀i, j,k, l,

∫Uα

T i, j,k,l(n,n′),(m,m′)(sα,1, sα,2)ρα T d(T X)

n,n′,m,m′ �→∞−−−−−−−−→ 0.

On conclut que∫X

c̃h(

E1 ⊗ E−12 ,h1,n ⊗ h−1

2,m,h1,n′ ⊗ h−12,m′

)T d(T X),

converge vers 0, lorsque n,n′,m et m′ tendent vers ∞.

1 La convergence ici est au sens suivant : (an,n′,m,m′ )(n,n′,m,m′)∈N4 est une suite réelle qui converge vers une limite finie l, si ∀ε > 0, ∃N ∈ N tel que|an,n′,m,m′ − l|� ε lorsque min(n,n′,m,m′) � N .

2 Ac(Uα) désigne l’algèbre des (∗,∗)-formes différentielles sur Uα à support compact.

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Soit ‖ ·‖′ une métrique C∞ sur L. D’après ce qui précède, on conclut que (∫

X c̃h(E1 ⊗ E−12 ,h1,n ⊗h−1

2,m,‖ ·‖′)T d(T X))n,m∈Nconverge vers

∫X c̃h(E1 ⊗ E−1

2 ,h1 ⊗ h−12 ,‖ · ‖′)T d(T X) ; or, on a c̃h(E1 ⊗ E−1

2 ,h1 ⊗ h−12 ,‖ · ‖′) = c̃h(L,‖ · ‖,‖ · ‖′), qui est une

forme différentielle généralisée au sens de [11, § 4.3]. D’où l’unicité de la limite par rapport au choix de la décompositionde L en fibrés admissibles et le choix des suites (‖ · ‖i,n)n∈N . �Théorème 2.2. En gardant les mêmes hypothèses. La suite double des métriques de Quillen suivante :

(hQ ,(X,ω);(E1⊗E−12 ,‖·‖1,n⊗‖·‖−1

2,m))n,m∈N, (2)

est convergente et la limite ne dépend, ni de la décomposition, ni de la suite choisie ; on l’appelle la métrique de Quillen généralisée eton la note

hQ ,(X,ω);(L,‖·‖).

Si Hq(X, L) = 0, pour tout q � 1, alors la suite suivante :(T((X,ω); (E1 ⊗ E−1

2 ,‖ · ‖1,n ⊗ ‖ · ‖−12,m

)))n,m∈N, (3)

converge vers une limite finie. On l’appelle la torsion analytique holomorphe de Ray–Singer généralisée et on la note

T((X,ω), (L,‖ · ‖)),

et on a pour toute métrique C∞ , ‖ · ‖′ sur L :

T((X,ω), L

) = T((X,ω), L′) +

∫X

c̃h(L,‖ · ‖,‖ · ‖′)T d(T X) − log

(hL2,(X,ω),(L,‖·‖′)hL2,(X,ω),(L,‖·‖)

),

où c̃h(L,‖ · ‖,‖ · ‖′) ici est une forme différentielle généralisée au sens de [11, §4.3].

Démonstration. Soient E1 et E2 deux fibrés en droites admissibles tels que L = E1 ⊗ E−12 . On pose ‖ · ‖n := ‖ · ‖1,n ⊗ ‖ · ‖−1

2,npour tout n ∈ N où (‖ · ‖1,n)n∈N (resp. (‖ · ‖2,n)n∈N) est une suite de métriques positives C∞ sur E1 (resp. E2) qui convergeuniformément vers ‖ · ‖E1 (resp. ‖ · ‖E2 ). Si l’on considère ‖ · ‖′ une métrique C∞ quelconque sur L, alors, d’après [2,théorème 0.2], on a, pour tout n ∈N :

log hQ ,(X,ω);(L,‖·‖n) − log hQ ,(X,ω);(L,‖·‖′) = −∫X

c̃h(

E1 ⊗ E−12 ,‖ · ‖n,‖ · ‖′)T d(T X).

Or, on a montré que le terme à droite converge vers une limite finie qui ne dépend, ni du choix de la suite, ni de ladécomposition. Par conséquent, la suite suivante :

(− log hQ ,(X,ω),(L,‖·‖n))n∈N =(∫

X

c̃h(

E1 ⊗ E−12 ,‖ · ‖n,‖ · ‖′)T d(T X) − log hQ ,(X,ω),(L,‖·‖′)

)n∈N

,

converge vers une limite qu’on note − log‖ · ‖Q ,(X,ω),(L,‖·‖) . Par le formalisme des formes différentielles généralisées ([11,§4.3]), on dispose alors d’une formule des anomalies généralisée en posant :

log hQ ,(X,ω),(L,‖·‖) − log hQ ,(X,ω),(L,‖·‖′) = −∫X

c̃h(L,‖ · ‖,‖ · ‖′)T d(T X).

On suppose maintenant que Hq(X, L) = 0, ∀q � 1. Donc, λ(L) = det(H0(X, L)). On a

(hL2,(X,ω),(L,‖·‖n))n∈N n �→∞−−−→ hL2,(X,ω),(L,‖·‖),

qui résulte de la convergence uniforme des suites du théorème et de la continuité du déterminant. Par suite, on définitla torsion analytique holomorphe généralisée associée à L en posant :

T((X,ω), L

) := T((X,ω), L′) + lim

n �→∞

∫X

c̃h(

E1 ⊗ E−12 ,‖ · ‖n,‖ · ‖′)T d(T X)

− limn �→∞ log

(hL2,(X,ω),(L,‖·‖′)hL2,(X,ω),(L,‖·‖n)

). �

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2.1. Un contre-exemple

On va montrer que le théorème 2.2 n’est pas valable si l’on supprime la condition de la positivité. En particulier, lamétrique de Quillen généralisée considérée comme fonction en la métrique n’est pas continue sur l’espace des métriquesintégrables muni de la topologie de la convergence uniforme. Afin de simplifier, on suppose que X = P

1 et que L est le fibrétrivial. Soient c > 0, 0 < ε � 1, 0 < δ � ε et 0 < γ � ε − δ. On pose f la fonction définie sur [1 − ε,1 − ε + δ] ∪ [1 − γ ,

1 + γ ] ∪ [1 + ε − δ,1 + ε] par :

f (r) =

⎧⎪⎪⎨⎪⎪⎩

c√

δδ

r − c√

δδ

(1 − ε) si r ∈ [1 − ε,1 − ε + δ]c√

δ si r ∈ [1 − γ ,1 + γ ]− c

√δ

δr + c

√δ

δ(1 + ε) si r ∈ [1 + ε − δ,1 + ε].

On recolle f par des fonctions C∞ de façon à obtenir une fonction définie sur R+ , positive, C∞ sur R

+ et qui coïncideavec f sur ]1 − ε,1 − ε + δ[∪ ]1 − γ ,1 + γ [∪ ]1 + ε − δ,1 + ε[ avec support compact, nulle en 0 et de norme supérieureinférieure à 2c

√δ. On la note par fc,δ . On étend fc,δ en une fonction sur P

1, en posant f̃ c,δ(z) := fc,δ(|z|),∀z ∈ C. Par

construction, f̃ c,δ est C∞ sur P1 et elle définit une métrique C∞ notée hc,δ sur le fibré trivial O, en posant hc,δ(1,1) = e− f̃δ,c .En notant que supP1 |̃ fc,δ | � 2c

√δ, alors (hc,δ)δ est une suite de métriques C∞ convergeant uniformément vers h∞ lorsque

δ tend vers 0 (h∞ est la métrique canonique de O, c’est-à-dire h∞(1,1) = 1).Soit ω une forme kählérienne C∞ quelconque sur P

1. On considère la métrique de Quillen associée à hc,δ et à ω. Par laformule des anomalies, on a :

T((P

1,ω); (O,hc,δ)

) − T((P

1,ω); (O,h∞)

) = −∫P1

c̃h(O,hc,δ,h∞)T d(TP1

) − loghL2,(P1,ω),(O,hc,δ)

hL2,(P1,ω),(O,h∞)

= −∫P1

f̃ c,δddc f̃c,δ − 1

2

∫P1

f̃ c,δc1(TP1

) − loghL2,(P1,ω),(O,hc,δ)

hL2,(P1,ω),(O,h∞)

.

Or, par construction de fc,δ , on a∫P1

f̃ c,δddc f̃c,δ =∫R+

fc,δ1

r

∂r

(r∂ fc,δ

∂r

)r dr

=[

r fc,δ∂ fc,δ

∂r

]∞

0−

∫R+

r

(∂ fc,δ

∂r

)2

dr

= −∫A

r

(∂ fc,δ

∂r

)2

dr −∫

R+\A

r

(∂ fc,δ

∂r

)2

dr où A = [1 − ε,1 − ε + δ] ∪ [1 + ε − δ,1 + ε]

= −2

δfc,δ(1)2 −

∫R+\A

r

(∂ fc,δ

∂r

)2

dr

= −2c2 −∫

R+\A

r

(∂ fc,δ

∂r

)2

dr.

On en déduit que

T((P

1,ω); (O,hc,δ)

) − T((P

1,ω); (O,h∞)

)� 2c2 − 1

2

∫P1

f̃ c,δc1(TP1

) − loghL2,(P1,ω),(O,hc,δ)

hL2,(P1,ω),(O,h∞)

.

Comme supP1 |̃ fc,δ | � 2c√

δ et que P1 est projectif, alors il existe une constante M > 0 telle que | ∫

P1 fc,δ c1(TP1)| � M√

δ c,∀c > 0 et ∀0 < δ � 1. Comme f̃ c,δ(z) = fc,δ(|z|)� 0, alors hc,δ � h∞ . Par suite, on obtient :

T((P

1,ω); (O,hc,δ)

) − T((P

1,ω); (O,h∞)

)� 2c2 − M

√δc ∀c > 0, ∀0 < δ � 1. (4)

Théorème 2.3. Pour toute forme kählérienne ω sur P1 et pour tout c > 0, il existe une suite de métriques (hc,δ)δ>0 de classe C∞convergeant uniformément vers la métrique canonique de O sur P1 telle que :

lim supδ �→0

T((P

1,ω); (O,hc,δ)

)� 2c2 + T

((P

1,ωP1

), (O,h∞)

).

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Démonstration. C’est une conséquence immédiate du (4). �Remarque 2.4.

1. hc,δ est une métrique invariante par l’action du tore compact de P1. En effet, on a f̃ c,δ(z) = fc,δ(|z|) ∀z ∈C.

2. Bien que la suite (T ((P1,ω); (O,hc,δ)))δ>0 ne converge pas vers T (O,h∞), on remarque qu’il existe une constante M ′telle que T ((P1,ω); (O,hc,δ)) � M ′ , ∀0 < δ � 1 et ∀c > 0. En effet, de (4) on déduit que :

T((P

1,ω); (O,hc,δ)

)� − M2

8+ T

((P

1,ω); (O,h∞)

) =: M ′ ∀0 < δ � 1, ∀c > 0.

Ce résultat est en fait prévisible d’après la conjecture de Gillet–Soulé ([5]), établie en dimension 1 par Berman, [1]. Onétablit ce fait en toute généralité ([10, théorème 1.3]). Plus précisément, on montre que la torsion analytique holomorphevue comme fonction en la métrique est minorée sur l’espace des métriques admissibles et invariantes par l’action du torecompact sur un fibré en droites équivariant sur une variété torique projective non singulière.

Remerciements

Cet article est issu d’un chapitre de ma thèse, rédigée sous la direction de V. Maillot. Je le remercie pour ses indicationset ses encouragements. Je tiens aussi à remercier J.I. Burgos, D. Eriksson, G. Freixas et X. Ma.

Références

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Plenum Press, New York, 1993, pp. 115–193.[4] H. Gillet, C. Soulé, Analytic torsion and the arithmetic Todd genus, Topology 30 (1) (1991) 21–54. With an appendix by D. Zagier.[5] H. Gillet, C. Soulé, Upper bounds for regularized determinants, Comm. Math. Phys. 199 (1) (1998) 99–115.[6] Henri Gillet, Christophe Soulé, Arithmetic intersection theory, Inst. Hautes Études Sci. Publ. Math. 72 (1990) 93–174.[7] Henri Gillet, Christophe Soulé, Characteristic classes for algebraic vector bundles with Hermitian metric. I, Ann. of Math. (2) 131 (1) (1990) 163–203.[8] Henri Gillet, Christophe Soulé, An arithmetic Riemann–Roch theorem, Invent. Math. 110 (3) (1992) 473–543.[9] Mounir Hajli, Sur la fonction zêta associée au laplacien singulier associé aux métriques canoniques sur la droite projective complexe, J. Number Theory

133 (12) (2013).[10] Mounir Hajli, Sur une inégalité fonctionnelle sur les variétés toriques avec application à la torsion analytique holomorphe, arXiv:1301.1798 [math.AG],

janvier 2013.[11] Vincent Maillot, Géométrie d’Arakelov des variétés toriques et fibrés en droites intégrables, Mém. Soc. Math. Fr. (N. S.) 80 (2000) vi+129.[12] D.B. Ray, I.M. Singer, Analytic torsion for complex manifolds, Ann. of Math. (2) 98 (1973) 154–177.