La théologie, quel intérêt pour les Évangéliques · 2020. 1. 27. · La théologie, quel...
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La théologie, quel intérêt pour les Évangéliques ?
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Numéro/Number 3 septembre /September 2017
Sommaire / Summary
5 Editorial, par David BJORK
8 A la découverte d’une discipline théologique: la missiologie,
par Lie Roch NTANKEH NANA.
20 Some Implications of the Perception of Jesus in Mbororo’s
Worldview, by Emmanuel FUHBANG.
33 Formation des disciples par Jésus à la lumière des modèles
contemporains d’apprentissage, par Jacques Duclair SAP
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Agriculture, Youth Unemployment, and the Challenge for
Discipleship in Rural Africa, by Elias NGOMEDIAGE.
Presque réformé: le rôle du Pasteur dans la formation des
disciples, par David BJORK.
Response by Rev. Dr. Charlemagne M. NDITEMEH to Dr.
David BJORK.
Réponse du Dr. MBAM Stéphane Thomas au Dr. BJORK.
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ÉDITEUR / EDITOR David BJORK COMMITTÉE ÉDITORIALE / EDITORIAL COMMITTEE
Samuel KWAK Phenom ASLO Wayne ALLEN
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Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
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J’ai passé une grande partie de ma jeunesse dans une église ayant un
pasteur qui s’identifiait régulièrement comme un homme d’un seul livre, la
Bible. « La Bible, toute la Bible, et rien que la Bible », est le slogan qu’il
cherchait à appliquer à sa vie, et à son ministère. Il était admirable dans son
souci d’exposer « correctement » la parole de la vérité. Il ne se contentait pas
de défendre l’autorité de la Bible, son inspiration, son infaillibilité, son
inerrance, il voulait se conformer à son message. Il désirait « vivre de cette
parole de Dieu » (cf. Mt 4.4).
Pour ce pasteur la théologie n’avait pas, ou peu, d’importance. Il était
issu d’une tradition qui affirme qu’avec l’aide de l’Esprit Saint n’importe qui
peut lire et comprendre assez aisément le sens des textes bibliques. Inutile
selon cette tradition d’accorder une importance quelconque aux études
théologiques. Fouiller dans une bibliothèque de séminaire pour regarder
différemment le texte, ou pour formuler une connaissance théorique sur la
pratique chrétienne, est une perte de temps. L’essentiel est de demeurer
dans la simplicité et la clarté des Écritures, et de s’efforcer de les mettre en
pratique.
Aussi noble que puisse paraître cette approche, elle n’est pas sans
problèmes. Un des problèmes avec cette optique est souligné par Robert
JOHNSTON (1979, pp. vii-viii) :
Que les évangéliques qui se réfèrent à une norme biblique, trouvent les
formulations théologiques contradictoires sur bon nombre de sujets
qu’ils abordent, indique la nature problématique de leur compréhension
de l’interprétation théologique. Affirmer que la Bible est l’autorité
ultime, sans pouvoir arriver à un semblant de consensus sur ce qu’elle
dit (même parmi ceux qui partagent une conviction évangélique), est
autodestructrice.
A ce sujet, John STOTT, l’un des leaders du mouvement évangélique
affirme (1986, p. 7) :
Le premier défi auquel les évangéliques doivent répondre aujourd’hui
concerne ce qu’on appelle l’herméneutique, la science de l’interprétation
de la Bible. Pendant tout ce siècle, nous nous sommes occupés de
défendre la Bible, de défendre son autorité, son inspiration, son
infaillibilité, son inerrance. Mais il ne sert à rien d’avoir une Bible digne
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Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
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de confiance et infaillible si vous ne pouvez pas la comprendre ou si
vous la comprenez mal.
Notons que STOTT comprend l’herméneutique comme relevant d’un
domaine scientifique. En effet, elle suit des règles bien précises (une
méthodologie), et ses fruits peuvent être « bons » ou « mauvais » (en termes
scientifiques, on parlerait de « falsifiabilité » de ses méthodes et de ses
résultats). Or, la théologie est la discipline scientifique qui inclut
l’herméneutique biblique.
Le premier travail d’un théologien chrétien est d’avoir des questions et de les
poser avec sérieux. Le théologien ne peut pas se contenter de justifier et
d’expliquer les énoncés dogmatiques1 et les pratiques traditionnels. Par un
retour constant à ses sources bibliques, le théologien doit se livrer à une
relecture herméneutique de sa propre tradition et à une reprise créatrice du
message chrétien en fonction des interrogations de son contexte. Le décalage
entre la révélation biblique et la pratique concrète de ceux qui ont été
appelés par Christ pose une grave question au théologien qui ne doit jamais
dissocier sa fonction « scientifique » d’une fonction prophétique. En tant que
théologien, l’on pense, l’on s’interroge, et l’on admire l’œuvre de Dieu dans le
monde, dans la vie des autres, et dans sa propre vie.
Faire de la recherche théologique n’est pas seulement une tâche
intellectuelle, c’est aussi une occasion d’adorer notre Créateur (ce que nous
comprenons et vivons se trouve dans notre adoration ; de même, notre
manière d’adorer notre Créateur reflète ce que nous croyons et vivons).
Dans son article Lie Roch NTANKEH NANA cherche à faire connaître la
missiologie avec ses spécificités théologiques et méthodologiques. Il
maintient que cette discipline théologique pourrait susciter une réflexion
nouvelle, et ainsi enrichir l’Église camerounaise.
La contribution d’Emmanuel FUHBANG explore la vision du monde du
peuple Mbororo situé au nord-ouest du Cameroun. Il prête une attention
particulière à la façon dont cette perception de la réalité, fortement marquée
par l’Islam, par le FulBé sentiment d’être supérieur à toutes les autres
ethnies, et par la pulaaku, influence la communication de l’Évangile. Il
identifie quelques éléments positifs et d’autres qui sont hostiles à une bonne
compréhension de Jésus-Christ parmi ce peuple.
1 Les dogmes dans le grec néo-testamentaire sont les affirmations de foi.
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La théologie, quel intérêt pour les Évangéliques ?
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Jacques Duclaire SAP examine la pédagogie de Jésus à la lumière des
connaissances et des théories contemporaines dans le domaine des sciences
de l’éducation. Il conclut que dans sa relation pédagogique face à des foules,
dans des petits groupes, et en tête à tête avec des individus, la démarche de
Jésus est validée par les théories béhavioriste, constructiviste et
socioconstructiviste. Et cet étudiant conclut que la pédagogie de Jésus
dépasse chacune de ces théories et constitue ce qu’il identifie comme une
« pédagogie de la découverte ou de la révélation ».
Ayant examiné la place du travail dans la vie d’un disciple de Jésus
dans sa dernière contribution au Bulletin de Recherche de la FACTEC, dans
ce numéro Elias NGOMEDIAGE soutient que la revalorisation de l’activité
agricole pourrait, sans doute, diminuer le taux de chômage parmi les jeunes
Camerounais. Il constate qu’à l’heure actuelle bon nombre de jeunes
Africains abandonnent le secteur agricole et poursuivent d’autres activités
professionnelles. Il énumère les raisons pour ce choix, et il propose des
pistes pour changer la réputation négative de l’agriculture parmi les jeunes.
Puis il suggère que des liens positifs pourraient être tissés entre
l’enseignement de Jésus et l’expérience agricole.
Ma contribution est le papier que j’ai présenté au mois de juillet 2017
lors des fêtes de la 20e anniversaire de la FACTEC. Dans cet article je
soutiens que depuis la Réforme diverses idées circulent dans le monde
protestant sur la compréhension de ce qu’est le ministère, de la fonction des
pasteurs, et surtout de la manière dont les pasteurs appartiennent au
peuple de Dieu, ou sont au-dessus de ce dernier. M’appuyant sur un texte
dense et fondamental, sur l’ecclésiologie paulinienne, je propose une vision
particulière en ce qui concerne la nature des communions d’apprentissage
christiques, et j’affirme que le pasteur y joue le rôle de mettre les apprentis
de Christ dans les relations confidentielles avec d’autres apprentis judicieux
et éclairés du Maître – ceux-là même à qui on rend régulièrement des
comptes sur notre manière de vivre. Ce papier est suivi des critiques faites
par Rev. Dr. Charlemagne M. NDITEMEH et par Dr. Stéphane Thomas MBAM.
JOHNSTON, R. K. (1979). Evangelicals at an Impasse : Biblical Authority in Practice. Atlanta: John Knox.
STOTT, J. (1986). Pour une foi équilibrée. Cergy-Pontoise : Sator.
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Résumé : La missiologie est une discipline théologique et scientifique. Elle a
une place de choix et pourrait enrichir l’Eglise dans le contexte africain et
camerounais en particulier. Cependant, elle demeure très peu connue. Elle fait
face à plusieurs situations délicates et pertinantes demandant une reflexion
théologique nouvelle avec des lunettes missiologiques africaines. Cet article
dont l’objectif principal est de faire connaître la missiologie, révèle qu’elle est
vaste et pluridisciplinaire. Elle se délimite par la nature et le type de sujet
qu’elle traite. Discipline fortement impactée par les sciences sociales, la
missiologie à néanmoins sa spécificité du fait de la théologie avec une
démarche scientifique bien spécifique. La recherche sur le terrain y a une
importance toute particulière.
Abstract : Missiology is a theological and scientific discipline. It has a special
role and could enrich the Church in the African and Cameroonian context.
However, it remains largely unknown. Moreover, it faces several complex and
pertinent challenges requiring new theological reflection from an African
perspective. This article, whose main objective is to explore the nature of
missiology reveals that it is encompasses many domains and academic
disciplines. It is delimited the type of the subject it deals with. Though it is
very much influenced by the social sciences, missiology maintains its
theological specificity. It is theology which pays attention to God’s work within
human cultures.
Il y a quelques années lorsque je me suis inscrit à la faculté de théologie,
parmi les disciplines qu’on nous avait présentées, il n’y avait pas la
missiologie. Et dans les discussions qu’on pouvait avoir, je savais que ce qui
relève de la mission était de la théologie pratique. Par conséquent, la
missiologie ou la théologie de la mission ne me disais pas grande chose.
Certes, à cause de ma proximité avec des organisations comme la Société
International de Linguistique (SIL), Jeunesse en Mission (JEM), Campus
pour Christ et bien d’autres œuvres comme elles, j’avais entendu parler de la
mission et des missionnaires. Seulement, ma comprehension de la mission
de façon générale je dois le reconnaître aujourd’hui était assez vague, limitée
et je dirais même superficielle. Ce n’est que lorsque je suis entré en
deuxième année des études théologique que j’eus le bonheur d’être introduit
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A la découverte d’une discipline théologique : la
missiologie
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à la missiologie. Ainsi commencera une décourverte qui se poursuit encore
jusqu’aujourd’hui.
En effet, la missiologie est une discipline théologique, scientifique très
peu connue et haut combien importante pour notre contexte africain et
camerounais en particulier qui fait face à plusieurs situations théologiques
délicates et pertinantes demandant une reflexion nouvelle avec les lunettes
missiologiques africaine. Cette reflexion est d’autant plus importante que
nous sommes dans un contexte ou plusieurs expéditions, expériences et
œuvres missionnaires y ont laissé des empruntes à la fois positives et
négatives. D’où la necessité soit d’une évaluation, réévaluation ou tout
simplement analyse de la situation présente. La missiologie est une
discipline regardée avec mépris et parfois avec hauteur par les autres
disciplines théologiques dans notre milieu à cause du fait qu’elle est recente,
nouvelle et parfois assimilée à la théologie pratique. Autrement dit elle n’est
pas assez ou pas vraiment connue.
Dans cet article, je me propose à ma manière de vous faire découvrir la
discipline théologique qu’on nomme missiologie ou encore théologie de la
mission. Pour ce faire, Je vais dans un premier temps essayer de
comprendre ce que c’est que la missiologie en la définissant. Dans un
deuxième temps, je vais présenter la mission comme contextualisation avant
de parler de ses méthodes de recherche.
Avant de parler de la missiologie, il est utile de comprendre ce que c’est que
la mission. Ce mot très simple et même très connu n’a pas toujours le même
contenu pour ceux qui l’emploient régulièrement et même plus
particulièrement pour ceux qui disent pratiquer la mission.
Pour certains, la mission chrétienne est la tâche reçue de Christ dans Mt.
28, celle de faire des disciples. Pour d’autres, il s’agit de partir d’un lieu (en
générale géographique) à un autre pour prêcher l’Évangile. Pour d’autres
encore, la mission c’est évangéliser dans le but d’avoir beaucoup de
chrétiens et de bâtir plusieurs édifices servant de lieu de culte
communément appelés église.
Cependant, il est important de souligner que le mot mission n’existe pas
dans la Bible. Scott MOREAU (2000) explique que celui-ci dérive du Latin
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Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
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« mitto » qui est la traduction du Grec « apostello » qui veut dire envoyer2.
Ayant parcouru plusieurs définitions proposées par des érudits, il conclut en
affirmant que le débat continue sur la question de la définition et que le
consensus reste un objectif futur à atteindre. Ceci dit, j’ai choisi de
m’inspirer de la définition de Charles VAN ENGEN pour définir ce que
j’entends par mission. VAN ENGEN (1996, p. kindle 174)3, parlant de ce que
c’est que la mission, affirme que :
La mission, c’est le peuple de Dieu qui traverse de manière
intentionnelle les barrières de l’église pour celles hors de l’église,
croyant vers non croyant pour proclamer par les paroles et les actes la
venue du royaume de Dieu en Jésus Christ. Ceci au travers de la
participation de l’Église à la mission de Dieu qui est de réconcilier le
peuple de Dieu avec lui-même, eux-mêmes, les uns aux autres, et avec
le monde. En les rassemblant dans l’Église au travers de la repentance
et la foi en Jésus Christ par l’œuvre du Saint Esprit avec un regard sur
la transformation du monde comme un signe de la venue du royaume
en Jésus Christ.
Dans cette définition, il prend en compte plusieurs éléments dont le
fondement, l’œuvre à accomplir, le lieu de l’accomplissement et le but à
atteindre. Néanmoins, il ne ressort pas l’aspect de disciple, même si on peut
sous-entendre que lorsqu’il parle des croyants, il s’agit des disciples. De
plus, cette définition ne prend pas en compte ceux qui vont dans un lieu où
il y a déjà des convertis, et qui ne sont pas encore disciples de Christ. Ainsi,
je définis la mission comme l’œuvre à accomplir ou le mandat reçu par les
disciples de Christ pour participer à l’action de l’Éternel Créateur de toutes
choses parmi les humains. Elle vise à la rédemption et à la transformation
de l’être humain par l’action du Saint Esprit, lorsque ceux-ci (les disciples)
vont au-delà des barrières et des préjugés de toutes sortes. Ceci dans
l’optique de proclamer de façon verbale et/ou non verbale, le message du
salut de manière compréhensible à ceux qui ne sont pas encore disciples de
Christ. L’objectif poursuivie étant que ceux-ci deviennent disciple de Christ
et atteignent sa stature parfaite avec un impact réel et visible autour d’eux.
La mission c’est aussi la tâche que reçoivent les disciples de Christ en
participation à l’œuvre de maturation du peuple de l’Éternel. Sous
l’accompagnement du Saint Esprit, les disciples vont au-delà des frontières
de toutes sortes pour prendre soin des convertis. Ceci dans le but de faire
d’eux, des disciples fidèles capable de se reproduire et ainsi de transformer
leur environnement et le monde tout entier par la puissance de Christ.
2Lorsqu’on cherche le mot mission dans le Nouveau dictionnaire biblique (2007) il renvoie à
envoyer. 3 La traduction de l’anglais au français pour cette citation et pour toutes les autres qui
suivront dans ce travail, sauf indication contraire, est la mienne.
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A la découverte d’une discipline théologique : la
missiologie
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Missiologie ou Théologie de la Mission de façon générale renvoient
exactement à la même réalité. Parlant de la définition de la missiologie,
Gerald ANDERSON (1971, p. 594) dit : « la théologie de la mission se préoccupe
des présuppositions basiques, souligne les principes qui déterminent à partir
du point de vue de la foi chrétienne, les motifs, le message, les méthodes et
les buts de la mission chrétienne dans le monde ». VAN ENGEN (1999, p. xviii)
va être un peu plus explicite et dira de la théologie de la mission qu’elle est :
« un domaine d’étude multidisciplinaire qui lit la Bible avec des yeux
missiologiques et, à partir de cette lecture, réévalue continuellement et
redirige la participation de l'église à la mission de Dieu dans le monde de
Dieu ». Ce que VAN RHEENEN (2002) va commenter en parlant plutôt de la
missiologie pour souligner le fait qu’elle est une discipline multi-facette.
Dans un autre ouvrage, VAN ENGEN définit la missiologie comme étant
« l’étude de, et une réponse missionnaire aux, interrelations dynamiques
engagées à la frontière entre le peuple de Dieu et les nations » (VAN ENGEN &
REDFORD 2002, p. 24). Ceci dit, lorsqu’on parle de missiologie, il s’agit bien
de la théologie de la mission.
C’est une étude à la fois théorique et pratique des problèmes issus du
champ d’application de la mission, sous l’angle de la théologie. Elle est une
étude théorique parce qu’elle examine les contextes et la réalité dans
lesquels les hommes vivent en analysant ceux-ci à la lumière non seulement
d’autres disciplines des sciences sociales, mais surtout des Saintes
Écritures. Elle est pratique parce qu’elle examine et propose des solutions
pour l’accomplissement de la mission de Dieu. A cet effet, ELLISTON (2011, p.
xxv) affirme qu’il y a deux perspectives fondementales dans la recherche en
missiologie. Il s’agit de la missiologie académique et de la missiologie
appliquée.
Le champ d’application de la missiologie étant le monde de façon large
et globale, elle ne peut donc plus être seulement la théologie pratique. En
effet, depuis la fin du IXe siècle, la missiologie est sortie de la théologie
pratique (HEITINK 1993, p. 109) et s’est positionnée comme une discipline
académique à part entière. DRESSEL et MARCUS cité par ELLISTON (2011)
disent à ce sujet que : « la missiologie comme une discipline académique a, à
la fois un ‘corpus de connaissance organisé’ et une méthode organisée pour
‘accumuler et ordonner cette connaissance’ ». Elle se différencie de la
théologie pratique d’une part, par son champ d’application qui n’est pas
restreint à l’église et d’autre part, par sa double dimension théorique et
pratique.
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Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
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La missiologie est une discipline assez large. Le site internet missiologie.org
parlant de cette discipline, dit ceci : « la missiologie est composée de trois
domaines d’étude indépendants : la théologie, les sciences sociales et la
stratégie ». Allant dans le même sens, BLOMBERG (2007) montre que la
missiologie inclut la théologie et les sciences sociales de manière générale.
Paul HIEBERT (1994) quant à lui, souligne le fait qu’il faille prendre en compte
dans cette pluridisciplinarité la place qu’a chacune des disciplines.
En effet, la peur ou la grande place donnée soit aux sciences sociales,
soit à la théologie, pourrait paralyser le travail du missiologue. Entre la
théologie et les sciences sociales, il faut non seulement un équilibre, mais
surtout établir celle qui a la primauté entre les différentes disciplines en
présence. Autrement dit, une discipline doit être la locomotive et les autres
doivent constituer les wagons. À cet effet, HIEBERT (1994, p. 10) déclare :
« dans la mission, nous devons étudier les Écritures et aussi le contexte
socioculturel du peuple que l’on sert, ainsi nous pourrions leur
communiquer l’évangile de la façon qu’il comprendra ».
La missiologie ne peut pas être sans l’apport des sciences sociales. En
revanche, la théologie biblique doit être la discipline de base, le point de
départ de sa réflexion, la locomotive qui tire les disciplines associées comme
des wagons. Effectivement, comme l’affirme missiologie.org : « toutes les
décisions missiologiques doivent être enracinées, implicitement ou
explicitement dans la théologie afin de refléter les buts et l'esprit de Dieu ».
Ceci dit, la définition du cadre théorique devient donc un impératif pour une
meilleure appréciation, exploitation et exploration des différentes disciplines
associées.
Le cadre théorique dans une discipline qui se veut scientifique joue un rôle
très important. A cet effet, « le cadre théorique sert principalement à
présenter un cadre d’analyse et à généraliser des relations théoriques déjà
prouvées dans d’autres contextes pour tenter de les appliquer au problème »
(LARAMEE & VALLEE, 1991). Comme dit plus haut, la missiologie inclut entre
autres les sciences sociales. Ainsi, il est indispensable de définir le cadre
théorique applicable à cette discipline.
Un modèle est « un cadre représentatif, idéalisé et ouvert, reconnu
approximatif et schématique mais jugé fécond par rapport à un but
donné … » SAGAUT (2008-2009, p. 38). Voilà pourquoi, un modèle constitue
un cadre d’analyse théorique. LARAMEE et VALLEE (1991) voient le modèle
comme étant la représentation et l’explication d’un phénomène.
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A la découverte d’une discipline théologique : la
missiologie
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Il existe en missiologie, plusieurs modèles missionnaires qui, comme le
souligne BOSCH (1995), sont « intimement relié les uns aux autres ». Parmi
ceux-ci, figure celui de la théologie contextuelle encore appelé
contextualisation. Celle-ci paraît aujourd’hui être la voie à suivre en
théologie de la mission. Cependant, sa compréhension est diverse et variée
au point où elle a généré un nombre de modèles pour expliquer comment
l’évangile doit prendre forme dans des contextes variés de culture (VAN ENGEN
1996, p. kindle 662). C’est pourquoi la contextualisation est vue de
différentes manières.
Charles KRAFT parle du « christianisme approprié » lorsqu’il fait
référence à la contextualisation. En effet, il la définit comme étant le fait de :
« faire tout ce qui est nécessaire pour que le christianisme soit exprimé de
manière à être approprié au contexte du groupe qui le reçoit » (KRAFT 2005,
p. 4). Lamin SANNEH, exprimant la même pensée que celle de KRAFT parle de
la translation. Selon lui, la mission c’est la translation parce que « en
établissant une distinction entre le message et sa calèche culturelle, la
mission comme translation affirme la missio Dei comme la lumière cachée de
son travail » (SANNEH 2009, p. kindle 37). Stephen BEAVANS quant à lui, décrit
six modèles distincts de la théologie contextuelle, à savoir :
l’anthropologique, la translation, la praxis, le synthétique, la sémiotique et le
transcendantal (VAN ENGEN 1996, p. kindle 662). Mais seulement, il apporte
une précision importante en ce qui concerne la contextualisation lorsqu’il
déclare :
Faire de la théologie contextuelle n’est pas une option, ni quelque chose
qui doit seulement intéresser les peuples du tiers-monde ou les
missionnaires qui y travaillent. La contextualisation de la théologie est
une entreprise qui vise à comprendre la foi chrétienne dans un contexte
particulier – C’est véritablement un impératif théologique. (BEAVANS
1992, p. 1)
Autrement dit, le cadre conceptuel de la missiologie aujourd’hui est la
contextualisation.
VAN ENGEN distingue pour sa part quatre modèles majeurs de
contextualisation sur la base de leurs buts premiers. Il s’agit de la
communication, l’intérêt culturel, la libération, et le dialogue inter
confessionnel (1996, p. kindle 666). A ceux-ci, il ajoute un cinquième qu’il
appelle la Nouvelle Alliance. Car, dit-il : « notre principale préoccupation est
la perspective de l'alliance comme un paradigme possible pour connaître la
révélation cachée de Dieu dans des contextes divers » (1996, p. kindle 693).
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Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
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Cette notion étant une expression assez générale, Paul Hiebert souligne le
fait qu’il ne doit pas avoir d’amalgame lorsqu’on parle de contextualisation.
C’est pourquoi il préfère parler de la contextualisation « critique » parce que
pour lui, une contextualisation non critique ouvre la porte entre autres au
syncrétisme. En effet, une approche critique de la contextualisation, dit-il :
« se garde de rejeter ou d’accepter d’anciennes croyances et coutumes sans
les examiner » (HIEBERT 2002, p. 208).
Pour se faire, il faut d’abord étudier la culture en elle-même, ensuite
faire une étude des Écritures sans préjugés pour avoir les normes avec
lesquelles la culture sera évaluée. HIEBERT précise d’ailleurs que ceci est
constitué de trois étapes majeures qui sont : l’exégèse de la culture, l’exégèse
des Écritures avec un pont herméneutique et une réponse critique qui sera
appliquée (HIEBERT 1994, pp. 88-91).
La théologie de la mission contextuelle tire sa compréhension de quatre
sources de données qui sont : la Bible, le contexte, l’église et de l’expérience
personnelle (VAN ENGEN 2005, p. 204). Ainsi, la collecte des données venant
de ses quatre sources demande que l’on procède avec des techniques qui
correspondent à chacune d’elle. Il s’agira particulièrement des méthodes
herméneutiques et des méthodes de recherche en sciences sociales (en
particuliers celles concernant l’enquête sur le terrain).
L’exégèse est définie comme étant « la démarche qui consiste à interroger le
texte par des moyens scientifiques pour en saisir le sens profond » (BISSU, et
al. 2003, p. 9). Elle se focalise uniquement sur le texte pour en comprendre
sa signification. L’herméneutique quant à elle est la « science, l’art, et l’acte
spirituel d’interprétation des Écritures » (OSBORNE 2000, p. 430). Comme
l’explique OSBORNE (1991, pp. 5-7), l’herméneutique est un terme global qui
renferme en elle l’exégèse et l’interprétation du texte selon le contexte.
Autrement dit, lorsqu’on parle de l’herméneutique, il s’agit dans un premier
temps de comprendre ce que le texte dit de lui-même (exégèse), et en second,
d’interpréter celui-ci selon le contexte dans lequel on se trouve, sans perdre
la quintessence du texte. Ainsi, lorsqu’on parle de la Bible comme une
source de données de la missiologie, cela renvoie à scruter celle-ci afin de
comprendre la pensée de l’auteur de la mission qui est le Créateur, pour
l’appliquer dans un contexte donné.
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A la découverte d’une discipline théologique : la
missiologie
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Il est important de souligner qu’une herméneutique bien menée permet
de juguler l’utilisation du texte comme prétexte. Ce qui de facto enlève toutes
suspicions et permet une meilleure intégration du texte dans son contexte.
D’où ce que VAN ENGEN appelle l’approche du texte comme un ensemble. En
effet, pour lui, il est clair que « les missiologues ont besoin d'une méthode
herméneutique qui leur permettra de traiter l’ensemble des Écritures comme
une unité diversifiée » (VAN ENGEN 1996, p. kindle 258). À ce propos, il
continue en mettant l’emphase sur la place de la Bible dans la mission
lorsqu’il affirme : « nous ne pouvons pas avoir de mission sans la Bible … »
(VAN ENGEN, 1996, p. kindle 258). La compréhension des Écritures
influencera alors les autres domaines, parce que la Bible renseigne, façonne
et critique les autres trois domaines (VAN ENGEN 2005, p. 206).
Parlant de la recherche sur le terrain, il faut souligner que : « chaque
discipline scientifique a développé un ensemble de technique pour collecter
et traiter les données, mais il y a en général, une seule méthode
scientifique » (BERNARD 2006, p. 5). Ainsi, pour faire de la recherche, l’on a
besoin d’adopter une démarche à suivre pour trouver les informations qu’on
va ensuite analyser avant de tirer des conclusions pour une étude donnée.
Celle-ci n’est pas standard et applicable à toutes les disciplines. Néanmoins,
quelque soit l’approche qu’on adopte, elle se doit d’être scientifique parce que
la méthode scientifique est unique. En se sens, Elle devrait commencer par
l’identification du problème, l’hypothèse, l’expérimentation, l’analyse des
résultats et la conclusion.
Il en est de même pour la méthode de recherche sur le terrain, appelée
en anglais « field work ». Le dictionnaire anglais en ligne Merriam-Webster
définie ‘field work’ (recherche sur le terrain) comme étant : « le travail qui
consiste à collecter l’information en allant sur le terrain ». Cette définition
bien qu’elle soit assez claire ne renseigne pas suffisament et avec précision
sur ce que c’est que le terrain. Le dictionnaire anglais Collins quant à lui
donne une précision sur la nature du terrain. Selon lui, ‘field work’ (la
recherche sur le terrain) est « une investigation ou une recherche de
matériel, de donnée, etc., fait sur le terrain par opposition à la salle de
classe, le laboratoire ou le quartier générale officiel ». Le terrain ainsi est
avant tout un lieu géographique physique où le chercheur va aller pour la
collecte des données. Ce lieu peut être un village, une campagne, un
quartier, bref un lieu en rapport avec le contexte de son étude. Pour Carol
MCKINNEY (2000, p. 1), le travail de terrain combine deux activités dans son
processus. Il s’agit de la collecte des données et de l’analyse préliminaire de
celles-ci.
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Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
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Ici, lorsque je parle de la recherche sur le terrain ou encore du travail de
terrain, il s’agit de ce que dit le dictionnaire Collins. En d’autres termes, il
s’agit de la technique d’enquête qui consiste à aller dans un lieu
géographique physique bien précis et déterminé, pour récolter des données
qui seront par la suite analysées dans le cadre de l’étude. Le terrain est
aussi un lieu virtuel, qui prend en compte des individus, des groupes
sociaux qui sont liés aux lieux géographiques. En effet, quoique basée dans
un lieu spécifique, la recherche touche aussi ceux qui vivent en dehors de
celui-ci.
La missiologie est un champ pluridisciplinaire qui a été fortement
influencée par les sciences sociales. Pour la collecte des données issue des
trois autres domaines sources qui la composent à savoir le contexte, l’église
et l’expérience personnelle, l’on a besoin d’utiliser les techniques issues des
sciences sociales. Ceci dans l’optique d’analyser à la fois le présent et le
passé. Entre autres comme techniques, nous pouvons citer : L’observation,
les entretiens, les questionnaires etc., ceci en fonction des objectifs à
atteindre. Le travail sur le terrain en missiologie est un impératif. En effet,
celui-ci permet de comprendre les interactions passées et présentes de
l’église et la mission en rapport avec le contexte. D’ailleurs à ce propos VAN
ENGEN déclare :
Il n'y a pas de situation dite de tabula raza dans le monde. Ainsi,
lorsque les théologiens de mission aborderont leur contexte de mission,
ils commenceront par poser des questions historiques concernant
l'interaction passée des églises et de la mission avec le contexte et
l'impact du contexte sur les églises et les missions auxquelles il a été
associé (VAN ENGEN 2005, p. 210).
Ce qui fait appel aux notions scientifiques de la validité et de la fiabilité.
Celles-ci sont très importantes.
La validité consiste à poser de bonnes questions, à obtenir de bonnes
informations et à faire des demandes appropriées. En effet, l’on posera la
question de savoir comment peut-on être sûr du fait que nous soyons en
train de collecter des données qu’il faut et de la bonne manière. La fiabilité
quant à elle concerne la cohérence ou la stabilité des résultats et répond à la
question de savoir comment nous pouvons être certains que la répétition du
processus produira les mêmes résultats (ELLISTON 2011, pp. 55-56). Ceci
n’est pas tout à fait la même chose en théologie de la mission. VAN ENGEN à
ce propos, relève la différence entre la théologie de la mission et les sciences
sociales qui l’ont pourtant fortement impactées. En effet, explique-t-il, « la
théologie de la mission n’est pas particulièrement concerner par la qualité
-
A la découverte d’une discipline théologique : la
missiologie
17
des données empiriques, ni par la répétition du processus pour obtenir les
mêmes résultats » (VAN ENGEN 1996, pp. kindle 211-212).
Plutôt que de parler de validité et de fiabilité, l’on devrait parler de la
crédibilité et de la vérité. Pour évaluer la crédibilité, on pourrait chercher à
savoir si le chercheur a lu les auteurs qu’il faut, s’il a assez lu, s’il a lu
d’autres points de vue correctement, sérieusement et équitablement, a-t-il
compris ce qu’il a lu ? Y a-t-il des contradictions ? Pour ce qui est de la
vérité, on pourrait s’interroger sur l’adéquation des fondations bibliques
pour les déclarations affirmées, la continuité appropriée des déclarations du
chercheur avec les affirmations théologiques faites par d’autres penseurs etc.
(VAN ENGEN 1996, pp. kindle 211-230).
La missiologie comme l’on vient de le constater tout au long de cet article, est
une discipline récente et pluridisciplinaire. Elle est très vaste et se délimite
par la nature et le genre du sujet qu’elle traite. Contrairement à la théologie
pratique, dans la missiologie on peut faire de la systématique, de l’histoire et
même de l’étude biblique. Cette discipline qui a fortement été impactée par
les sciences sociales, permet une réflexion théologique qui prend en compte
le contexte de celui qui reçoit l’Évangile. Ceci d’une certaine façon, favorise
une meilleure compréhension, intégration et acceptation des Écritures.
Néanmoins, il est important de souligner que malgré l’apport des sciences
sociales, la missiologie a sa spécificité du fait de la théologie. En définitive,
soulignons qu’il y a une démarche spécifique à suivre lorsqu’on fait la
missiologie. Le travail de terrain y a une importance toute particulière. Une
démarche passée au crible de la crédibilité et de la vérité qui participe à une
remise en cause permanente dans la réflexion, dont la Bible est le cadre de
référence.
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20
Résumé : Ce papier explore la vision du monde du people Mbororo qui vit au
nord-ouest du Cameroun, et examine sa perception de Jésus-Christ. Cet article
met en lumière quelques-unes des implications de cette perception de Jésus-
Christ dans l’accomplissement de la mission qu’a l’Église de faire des
disciples de Jésus-Christ. L’auteur de ce papier maintient que la perception de
Jésus par le peuple Mbororo influence à la fois positivement et négativement la
formation de disciples de Christ. Ceux qui cherchent à faire des disciples de
Jésus-Christ dans ce contexte pourraient bâtir sur les aspects positifs et ainsi
surmonter quelques-uns des aspects négatifs.
Abstract: This paper explores Mbororo’s worldview in the northwest of
Cameroon and investigates its perception of Jesus Christ. This paper also
highlights some implications of Mbororo’s perception of Jesus for the Church’s
mission task of making disciples of Jesus Christ. The author of this paper
argues that Mbororo’s perception of Jesus affects disciple-making both
positively and negatively. Disciple-makers in this context could build on the
positive aspects towards and in so doing overcome some of the negative
aspects.
Over the decades, the Mbororo people of the North-West Region of Cameroon
have resisted becoming disciples of Jesus Christ. Despite ongoing efforts by
the local churches and some foreign missionaries over the years, there is still
a very low rate of success in making disciples of Jesus among Mbororo in
this area (FUHBANG, 2013). This article probes into the Mbororo worldview to
explore its perception of Jesus and help us to better understand how this
perception affects our disciple making efforts. I will organize my thoughts
around the following question: In what ways might the Mbororo perception of
Jesus in the North West of Cameroon affect disciple making in this context?
Making disciples of Jesus is the specific task in God’s mission for the
Church. WILKINS discloses that the verbal expression of making disciple in
the New Testament is ‘matheteuo’, which means “to make or become
disciples”. In addition, he advances that to make disciples in common
parlance is ‘discipleship’ and ‘discipling’ (1992, p. 41). Furthermore, WILKINS
-
Some Implications of the Perception of Jesus in
Mbororo’s Worldview
21
defines discipleship as the “ongoing process of growth as a disciple” and
discipling as “the responsibility of disciples helping one another to growth as
disciples” (1992, p. 41). While, WILKINS underlines two aspects of making
disciples, Bill HULL (2006) looks at disciple-making in a threefold dimension,
in his attempt to distinguish it from discipleship: Deliverance, Development,
and Deployment.
Hull, highlights the vital prerequisite to being a disciple of Jesus. This is
the aspect of new birth. Making disciples of Jesus can simply be the molding
of people in the likeness of Christ. As intimated by BJORK (2015), what
counts in the process of making disciples of Christ is the tie to Jesus and the
life-long experience of unlikely people being transformed in his likeness.
The concept of disciple-making is linked to that of worldview because
they both influence each other. KEARNEY (1984) holds that “a worldview is a
set of images and assumptions about the world” (p.10). WOLTERS (1989)
traces the etymology of the word “worldview” to the German word
weltanschauung and intimates that it represents “a point of view on the
world, a perspective on things, a way of looking at the cosmos from a
particular vantage point which cannot transcend its own historicity” (pp.18-
19). OLTHUIS (1989) defines a worldview or vision of life as “a framework or
set of fundamental beliefs through which we view the world and our calling
and future in it” (p.29).
When one looks at the fact that the goal of being a disciple of Jesus, as
WILKINS (1992) has rightly stated is to become like Jesus, it might be
apparent that the perception of Jesus in the worldview of every prospective
disciple of Jesus Christ affects the process. Based on this evidence I attempt
to understand some of the possible ways or implications that the Mbororo
perception of Jesus might have on the process of their becoming his
disciples.
This article is divided into two major parts. The first part explores the
worldview of the Mbororo in the North-West Region of Cameroon with
particular focus on its perception of Jesus. The second part reflects on the
possible implications of this perception on disciple making among the
Mbororo people.
Under this heading I will explore two aspects briefly: First a presentation of
the Mbororo who live in the North-West, and a brief survey of their
worldview, and secondly, their perception of Jesus Christ.
-
Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
22
Administratively, Cameroon is divided into ten regions. The North-West
Region is one of these, bordered on the West and North by the Federal
Republic of Nigeria, on the East by the West Region and South by the South-
West Region. Socio-culturally, the North-West region is also an area
characterized by ethnic and cultural diversity. According to PELICAN cultural
and social anthropologist its population may generally be divided into three
groups, the Grassfielders4, Mbororo, and Hausa who differ in terms of their
history, economy, and culture. PELICAN (2012c), a described the Mbororo as a
people who belong to the ethnic category of the FulBe. The FulBe are also
known as Peul in French, Fulani in Hausa/English. This FulBe ethnic
category is found in many countries from West to East Africa. PELICAN
(2012c) has differentiated the Mbororo sub category from other FulBe in the
following manner: “The ethnonym Mbororo refers specifically to pastoral
FulBe as opposed to the settled Town FulBe whose identity centers on
speaking Fulfulde and practicing Islam other than cattle rearing” (p.114). It
should therefore be noted that even though Mbororo show a lot of cultural
similarity with the other FulBe, the centrality of cattle rearing in their life
style makes them unique. The Mbororo are cattle grazers who identify
themselves with distinct FulBe lineages and speak distinct Fulfulde dialects
(PELICAN, 2012c). PELICAN has noted three different connotations associated
with the term Mbororo.
PELICAN (2015) has carried out a detailed study of the Mbororo
trajectories leading them into the North-West Region of Cameroon. In her
view the Mbororo entered the North-West Region of Cameroon from northern
Nigeria in two major movements in search of pastures for their cattle. The
first movement in the 1910s was by the Jaafun5. The second movement in
the 1940s was principally by the Aku.
4 The Grassfielders are also called the Grassfield people or the Tikars. The term refers to the ethnic groups which settled before the coming of the Mbororo. Some
anthropologists use the term Grassfield to refer to a geo-cultural zone in Cameroon constituted of the North West and West regions of Cameroon.
5 PELICAN has explained to the fact the Jaafun, like most pastoral FulBe, did
not actively participate in the jihad, but the combined effects of political destabilization, famine and bovine disease provoked their departure from
the Kano area. They left for the Bornu region of Nigeria where they were badly received and continued to Bauchi. The majority moved on to Yola, attracted by the prospects of fertile pastures and political security under
FulBe hegemony. Jaafun acquirde red zebu (Fulfulde: boDeeji) from their WoDaaBe neighbors, which replaced the white zebu (Fulfulde: daneeji) they had previously herded. While this shift was motivated by pragmatic reasons, it also had symbolic implications. Red zebu soon became an icon
of Jaafun identity. More on the historical trajectories of the Mbororo can be read from Masks and Staffs 2015 by Michaela PELICAN pp. 77-100.
-
Some Implications of the Perception of Jesus in
Mbororo’s Worldview
23
There are two major cognitive foundations of the worldview of the
Mbororo in the Northwest: Islam and ‘Pulaaku’. Generally, all Mbororo in the
North-West Region of Cameroon practice Islam. Identifying as being Muslim
is an inseparable part of Mbororo ethnic and cultural self-understanding.
Islamic values play an important role on their life choices such as marriage,
dressing, greetings etc. (FUHBANG, 2003 & PELICAN, 2015). While Islam might
be commonly understood as a religion, it is more than a religion. VOLL (1982)
describes Islam as “a dynamic force in the contemporary world…” (p.1). For
his part, NASR (2003) defines Islam as a religion, a civilization, and a spiritual
and meta-historical reality. Muslims view Islam as a complete socio-politico-
religious culture, with its own historical heritage, art forms, laws, greetings,
holidays, books, customs, ethics, politics, values, and beliefs. In other words,
Islam is a culture with its own worldview, if not worldviews.
Islam is the name of the religion of Muslims. The term “Islam” means
“to submit.” And the term “Muslim” means “the one who submits.” The
words “Islam” and “Muslim” originate from the Arabic root meaning “a total
submission to the divine will.” Islam refers to the religion and a Muslim
refers to the person who follows the religion of Islam. A faithful orthodox
Muslim is anyone who submits to the will of Allah and follows the teachings
of the prophet Muhammad as recorded in the Qur’an (CARSTENS, 2003 &
HOSKINS, 2005).
Many religions have resulted from the dreams, experiences, and visions
of their founders. This is true in the case of Islam. Without Muhammad,
Islam would not exist, nor would it be what it is today. Muslims regard him
as the last and greatest prophet of Allah. Therefore, beginnings of Islam can
be traced back to a person, Muhammad as well as a city, Mecca in Saudi
Arabia (DAWOOD, 1956; CARSTENS, 2003).
NASR (2003) intimates that Islam entered Africa at the time of
Muhammad, when many of his collaborators took refuge in Abyssinia. The
eastern coast of Africa rapidly was integrated in the world of Islam. However,
Islam expanded beyond the eastern coastal region of Africa to the other parts
only between the 13th and 19th century. The Fulani were among the early
converts and brought Islamic education to most parts of West Africa and
spread the influence of Islam considerably. The Mbororo are those who
brought Islam to the North-West Region of Cameroon (FUHBANG, 2013;
PELICAN, 2015).
The Qur’an is the holy book, or scripture of Muslims. It is regarded as
the literal words of Allah to Muhammad. It is considered the final authority
and ultimate revelation to all humanity (CARSTENS, 2008). Islamic teachers
also contend that due to corruption and neglect, the original divine
revelations shared with the previous prophets, became distorted and
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Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
24
untrustworthy. Muslims believe and teach that all other previous holy books
have been changed and are unreliable. They believe that the Qur’an, the last
revealed word of Allah, is the primary source of every Muslim’s faith and
practice. Islamic tradition says that the words which came to him
[Muhammad] when in a state of trance are held to be sacred by Muslims and
are never confounded with those which he uttered when no physical change
was apparent in him. The former is the Qur’an: the latter the Hadith, or
Sunnah of the Prophet (PICKTHALL, 1924, p. xi). Therefore, the Hadith are
treated like a supplemental, yet essential, commentary on the Qur’an.
It is the life of Muhammad, and the sayings of Muhammad (i.e the
Qur’an and the Hadith) which give the cognitive foundations to the Islamic
worldview. While there are many ways of analyzing worldviews, I will lean on
SMART’s model of six dimensions of religion (1995) to highlight some of the
main components of the Islamic worldview. The strength of this model is that
it presents a realistic and grounded picture of a religion.
Doctrinally, despite their cultural and ethnic diversity, Muslims all hold in
several common and basic beliefs. Each of these basic beliefs is then
interpreted and applied in their daily lives with different degrees of
understanding. According to CARSTENS (2003), there are six basic beliefs in
Islam. The first is the belief in Allah. The term Allah means the “only God” in
Arabic (NASR, 2003). The second is the belief in prophets. Muslims believe
that Allah has always been involved in human history through prophets.
According to Islamic tradition Isa Al-Masih, or Jesus Christ, is presently in
heaven. He will come back to rule on earth someday. Then he will die and be
buried alongside Muhammad. According to Orthodox Islam, Muhammad is
the seal, or the last, of the prophets (CARSTENS, 2003). The third is the belief
in angels. In Islam, the Qur’an teaches that angels are created beings made
from light to do good on earth and serve as messengers of Allah (CARSTENS,
2003). Moreover, in Islam, Allah created sin, Satan, demons, angels, and
jinns (CARSTENS, 2003). The Iblis, or Devil, or Satan is regarded as both an
angel and jinn. Muslims often live in constant fear of the jinn, or evil spirits
(CARSTENS 2003; Musk1995). The fourth is the belief in holy books (DAWOOD).
The Qur’an, or the Book of Muhammad, of course stands alone as the final or
ultimate divine revelation for all Muslims. Most Muslims believe and are
taught that the Bible has been changed and is therefore not trustworthy
(CARSTENS, 2003). The fifth is the belief in final judgment. It says there will be
the darkening of the sun and the second appearance of Nabi Isa, or Jesus
the Prophet (CARSTENS, 2003). The sixth is the belief in fate or predestination.
This belief originates from their understanding of the absolute supremacy of
Allah who has absolute sovereign power over all things. It simply means that
-
Some Implications of the Perception of Jesus in
Mbororo’s Worldview
25
whatever Allah decrees, good or bad, must happen. Muslims therefore, are
expected to submit to Allah’s will regardless of the circumstances (CARSTENS,
2003).
Ritually, “Submission,” or obedience and compliance, is the key to the
Islamic religion. Muslims submit to five basic tenets, or “pillars.” Muslims
must carry out these tenants to be faithful servants of Allah. The Din, or
duties of Islam, are summarized in these five pillars: Al-Shahada creed, or
the confession, Al-Salat, or the daily prayers, As-Saum or the fasr which is
the practice of fasting during the month of Ramadan, Al-Zakat, or alms
giving, and Al-Hajj, or the pilgrimage.
Muslims try to memorize the Qur’an because the book itself is
considered to have special spiritual power (CARSTENS, 2003). It is not
unusual for particular suras, or chapters, to be read in order to gain
protection against sickness, evil, or even the activity of jinns, or demons
(MUSK, 2005). The inner or esoteric dimension of Islam has been crystallized
mostly in Sufism, though elements of it are found in Shism (NASR, 2003).
According to NASR (2003), all Muslim life is permeated by ethical
considerations. Every other domain of Islam be it social, religious, or political
falls within ethical considerations. All Islamic ethical principles come from
the Qur’an and the Hadith, which appeal to Muslims to do what is good and
abstain from what is evil.
SMART (1995) has noted that running like a thread through the Qur’an is
the sense of the experiences of Mighty and Compassionate Allah who came
to Muhammad and set him on his prophetic move.
As I mentioned earlier, Muslims view Islam as a complete socio-politico-
religious concept, with its own historical heritage, art forms, greetings,
holidays, books, customs, ethics, politics, values, and beliefs. MUSK (1995) in
a comparative study, explored some areas where Muslim worldview differ
from that of the westerners. He has explored key themes: Male and female,
family and individual, honour and shame, hospitality and violence, time and
space, language and silence, brotherhood and rivalry, and resignation and
manipulation to show how Muslims view these issues.
Added to the Islamic component, inherent in Mbororo worldview is the FulBe
sense of superiority vis-à-vis all black African non-FulBe who are
characterized by the absence of specific FulBe qualities. This supposed
superiority is manifested even in the antonym of FulBe which is HaaBe
(sing. Kaado), meaning non-FulBe. It has not only an inherent pejorative
connotation but also conveys FulBe’s superiority complex (PELICAN, 2015).
-
Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
26
In addition to Islamic social and religious rules, the Mbororo’s
worldview in the North-West is also shaped by “pulaaku”. According to
PELICAN:
Pulaaku commonly denotes a complex of social values, such as
modesty, self-control, common sense and courage that are supposed to
guide public interaction between FulBe. With regard to non-FulBe (or
haaBe), pulaaku serves as an indication of ‘otherness’ and socio-
cultural distance, the presence or absence of FulBe others. (2015, p.
106)
Pulaaku provides both a moral framework and a code of conduct to the
pastoral FulBe, and is also maintained by town FulBe. To the pastoral
FulBe, this code of conduct is intimately bound up with nomadic pastoral
life style and animal husbandry. It is also bound up with the fulfillment of
duties to elders, wives and the lineage group, and the proper arrangement of
marriages. Pelican (2015) has argued that the practice of palaaku by the
Mbororo in the North-West Region of Cameroon goes with challenges.
However, the challenges on palaaku among Mbororo in the North-West
Region of Cameroon might have not erased this inherent and intrinsic
behavior in Mbororo but only have pushed them to control its manifestation
in a very sensitive community. Pulaaku strengthens the idea of honour and
shame found in Islamic worldview.
Mbororo in the North-West Region of Cameroon, just like other Muslims,
view Isa Al-Masih, or Jesus Christ, as a unique and incomparable person
who is respected. The Qur’an has devoted a substantial portion on Jesus.
Qur’anic references to Isa Al- Masih are always respectful. In Mbororo’s
worldview, as is true for other Muslims, Isa Al-Masih is perceived as the most
important prophet, second only to Muhammad (DAWOOD, 1956). And
ultimately Isa Al-Masih will be the Intercessor on Judgment Day, and is
expected to come back to earth (Sura 4:158).
However, it is equally true that the Mbororo like other Muslims do not
perceived Jesus Christ as the Son of God. Muslims interpret the term “the
Son of God” as a teaching that Christians believe and promote affirming that
Mary had a physical relationship (i.e. sexual intercourse) with Allah (WILLIAM
2008).
The Mbororo like other Muslims do not believe that Jesus died on the
cross. The Qur’an says:
They denied the truth and uttered a monstrous falsehood against Mary.
They declared: ‘We have put to death the Messiah Jesus the son of
Mary, the apostle of Allah.’ They did not kill him, nor did they crucify
-
Some Implications of the Perception of Jesus in
Mbororo’s Worldview
27
him, but they thought they did. Those that disagreed about him were in
doubt concerning his death, for what they knew about it was sheer
conjecture; they were not sure that they had slain him (Sura 4:156-
157).
HUFFARD (1989) holds that Muslims’ objections to the cross come more
from cultural values than historical denial. Muslims claim that Jesus Christ,
was only a prophet among prophets, and is therefore a mere mortal, like
Adam. As a result, Islam also denies both the doctrines of the incarnation
and the resurrection (WILLIAM 2008).
Also Mbororo in the North-West Region of Cameroon like other Muslims,
do not view Jesus as God. The nature and essence of the Triune Godhead is
very inconceivable to the Mbororo. Like other Muslims, they consider the
Trinity doctrine of the Christians as belief in three gods (GILCHIST 2002).
Consequently, Mbororo do not perceive Jesus as Savior. Muslims do not
believe in salvation by grace. Muslims believe in various other means, but
primarily through good deeds, or good works. Salvation for a Muslim means
deliverance from eternal punishment and hell. Salvation for a Muslim means
obedience to the laws of Islam. Salvation for a Muslim does not mean a
personal living relationship with Jesus Christ, the Living Word of God
(CARSTENS 1956). They think Christians are just irresponsible and only seek
to pass off their sins onto Jesus Christ. Thus, Muslims see no need for
human nature to transform but only to be guided (WOODBERRY, 1989).
The forgoing part of this article has attempted an exploration of the popular
Mbororo worldview and its perception of Jesus Christ. When this portrait of
the Mbororo is examined in the light of Jesus’ call to make disciples of all
peoples, some serious and far reaching implications become known.
First, it is clear from the forgoing paragraphs that even though there is
a remarkable difference between Mbororo beliefs and the biblical witness
about Jesus; there are also some similarities. For this reason, the Mbororo
perception of Jesus could affect disciple making in two major ways: both
positively and negatively. Disciple making efforts among the Mbororo in the
North-West might build on the positive aspects and perhaps overcome some
of the negative aspects.
As concerns the positive aspects in Mbororo’s perception of Jesus, the above
exploration has highlighted two elements: Mbororo’s respect for Jesus as a
major prophet of God and Mbororo’s belief that Jesus will play a chief role in
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Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
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the Day of Judgment. The Qur’an can be a very useful entry tool in the
disciple making efforts among Mbororo. The Qur’an has devoted a
substantial portion on Jesus. In general, Qur’anic references to Isa Al- Masih
are always respectful. In addition to above points a disciple maker can
explore some other Qur’anic passages which are very similar to the biblical
teachings like: Sura 3:45-47: 19:16-35 where, Isa Al-Masih, is recorded as
being born of the Virgin Mary, conceived by the power of God. From the
above passage a disciple maker can build on to point to a Mbororo that Isa
Al-Masih, was not born of the will of humankind, but of the will of God.
Another Qur’anic passage is Sura 5:113-114 where Isa Al-Masih is
portrayed as having power and influence with God. A disciple-maker can,
from this passage emphasize the fact that Jesus has access to God, and that
God grants Jesus unusual favor. Furthermore, Jesus is referred to as the
Kalimat Allah, or the Word of God. “The Messiah, Jesus the son of Mary, was
no more than Allah’s apostle and His Word which He conveyed to Mary: a
spirit from Him.” (Sura 4:171). A disciple-maker can therefore, emphasize
that Jesus as the Word of God has the same power and authority as God
Himself.
Moreover, according to Sura 3: 42-47, Isa Al-Masih is the chosen and
holy prophet who has favor before God. According to this passage Jesus is
clearly the unique chosen one of God. In the Qur’an, Isa Al-Masih is
referenced as being pure and sinless from birth:
He has exhorted me to honor my mother and has purged me of vanity
and wickedness. I was blessed on the day I was born, and blessed I
shall be on the day of my death; and may peace be upon me on the day
when I shall be raised to life. (Sura 19:17-19)
We can see from this passage that the Qur’an teaches that Isa Al-Masih
is holy, sinless, faultless, and blameless, the only perfect prophet to ever live.
According to this passage Jesus is clearly the holy one of God.
According to the Qur’an, Isa Al-Masih performed many miracles and
signs, including raising the dead and healing the sick: “We gave Jesus the
son of Mary veritable signs and strengthened him with the Holy Spirit.” (Sura
2:89) “By Allah’s leave I shall give sight to the blind man, and heal the leper,
and raise the dead to life.” (Sura 3:49) (DAWOOD 1956). We can see from this
passage that Isa Al-Masih is believed to be able to perform miraculous deeds
by the power of God. Jesus has, it is claimed, power over physical illness,
and even death itself. According to this passage Jesus is clearly the miracle-
working-one of God. These passages can help in building the right
perception of Jesus to the Mbororo as the Word of God, the Messiah held in
honor, favored, holy, righteous, powerful and virgin born.
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Some Implications of the Perception of Jesus in
Mbororo’s Worldview
29
From the above passages, a disciple maker might make further progress
to prove the death and resurrection of Jesus from the Qur’an. In the Qur’an
it is affirmed that Isa Al-Masih was resurrected and ascended into Paradise
though this might be denied by some Muslims.
Allah is the supreme Plotter. He said: ‘Jesus, I am about to cause you to
die and lift you up to Me. I shall take you away from the unbelievers
and exalt your followers above them till the Day of Resurrection. Then
to Me you shall all return and I shall judge your disputes.’ (Sura 3:55)
We can see from this passage that the Qur’an teaches that Isa Al-Masih
knows the way to heaven and is there already. And ultimately it is claimed
that Isa Al-Masih will be the Intercessor on Judgment Day, and is expected
to come back to earth.
Allah lifted him up to His presence; He is mighty and wise. There is
none among the People of the Book but will believe in him before his
death; and on the Day of Resurrection he will be a witness against
them. (Sura 4:158)
We can see from this passage that according to the Qur’an Isa Al-Masih,
is clearly the Intercessor who is coming again to earth to carry out the
Judgment of God (Sura 43:61). It is also important to point out that the
interpretation Muslims give to these ayats, or verses, vary widely. That’s
because Muslims have a slanted view of what Isa Al-Masih will do when He
returns. However, these ayats still represent a wonderful opportunity to
bridge the gap between what they think they know and understand to what
the Bible says about Jesus.
These above passages, therefore, might serve as wonderful
opportunities to be used by disciple-makers to help Mbororo see the gap
between their perception of Jesus and the biblical witness. They might
question their perception of Jesus and seek new understandings. With
careful and spirit-filled wisdom, these similarities can be used as a bridge to
help Muslims who want to learn more about the person and ministry of Isa
Al-Masih as recorded in the Injil, or the New Testament. In this light
SARITOPRAK (2015) has argued that the shared belief in Jesus presents an
excellent opportunity for understanding between Christians and Muslims.
Third, on the negative aspects of Mbororo’s perception about Jesus, the
above exploration implied two facts equally. It has indicated that the issue
with Mbororo is not that they do not know anything about Jesus Christ. As
we seen above, if they have read the Qur’an, or taught the Qur’an, they know
a lot of information about Jesus Christ. It is just that they have a very
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Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
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skewed, or distorted, concept of Him. The information about Jesus Christ in
the Qur’an is incomplete and inaccurate from a Christian or biblical
perspective. These half-truths are most dangerous because people easily
tend to accept them as being entirely true. The Muslim perception about
Jesus is not only inaccurate and incomplete, such a faulty understanding
might not be able to bring them to salvation in Christ Jesus. This is the case
because Mbororo do not accept the deity, incarnation, death and
resurrection of Jesus Christ, which are the cardinal facts of salvation in
Jesus. For this reason, the Mbororo cannot depend solely on the Qur’an for a
complete, accurate and saving knowledge in Jesus Christ.
Since, Muslims interpret the term “the Son of God” as a teaching
which affirms that Mary had a physical relationship (i.e. sexual intercourse)
with Allah (WILLIAM, 2008), it might be helpful for disciple-makers to delay
using this Biblical title until there is more common ground and acceptance
established. In the Qur’an, Jesus Christ, is called by various titles, including
the Kalimat, or Word of God, the Spirit of God, the Messiah, and the
Righteous One.
Fourth, being relevant to people of different worldviews is always a
principal challenge for disciple-making efforts. In the light of this study, one
can therefore agree with MUSK who observes:
Our look at the lives of ordinary Muslims has prompted some
uncomfortable questions about our success or failure as missionaries to
such people. For the most part, perhaps, we have not even recognized
the ‘world’ in which many Muslims are living. (2005, 236)
It is very likely that the low rate of success in disciple-making efforts
among the Mbororo in the northwest of Cameroon might be linked to the fact
that disciple-making efforts are yet to be relevant to the worldview of the
Mbororo.
Fifth, this exploration of Mbororo’s worldview indicates strongly that it
could be closer to the Biblical than the animistic and western worldviews.
Some Mbororo in the northwest of Cameroon reject Christianity because
they tend to think it would required them become like the Grassfielders:
alcoholic consumers, pork eaters, western imitators etc. (FUHBANG, 2013).
Disciple- makers in this context must seek really to be like Jesus
demonstrating moral and ethical sensitivity.
Sixth, considering that this present study has equally disclosed that
the perception of Jesus in the Mbororo’s worldview is Islamic, religious
sensitivity will be directly linked to disciple-making effectiveness in this
context. Disciple makers in this context must be adequately trained on how
to interact and disciple Muslim background followers of Christ.
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Some Implications of the Perception of Jesus in
Mbororo’s Worldview
31
Seventh, as MOUSSA (1994) has argued, despite the different perceptions
of Jesus among Muslims, his unique character remains something not to be
compromised in the disciple-making efforts of the Church. For Jesus
remains the unique way of salvation. However, MOUSSA has also cautioned
that the proclamation of the uniqueness of Christ does not exclude the
taking into consideration some positive values in Islam. Disciple-makers in
this context must be conscious that as much as it is crucial for Mbororo to
become faithful followers of Christ, it is just as critical that they become
faithful followers of Christ in their “Mbororoness6” and “Muslimness.”
In this paper I have investigated some of the ways in which Mbororo’s
perception of Jesus in the North West of Cameroon might affect disciple
making in this context. I began by surveying the Mbororo worldview, giving
particular attention to its perception of Jesus Christ. I then reflected on
some of the possible implications of the Muslim perception of Jesus Christ
for disciple making among the Mbororo. In short, I conclude that the
Mbororo’s perception of Jesus has both positive and negative aspects. And I
contend that disciple-makers in this context should build on the positive
aspects while avoiding the pitfalls of the negative aspects.
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6 Mbororoness implies the Mbororo culture or way of life
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33
Résumé : Jésus est désigné à plusieurs reprises dans les Saintes Écritures
comme enseignant face à des foules, des petits groupes et en tête à tête avec
des individus. Cet article porte sur les spécificités de sa démarche dans le
processus enseignement/apprentissage. Le travail a consisté à faire une
analyse de la démarche pédagogique de Jésus à partir théories béhavioriste,
constructiviste et socioconstructiviste en usage en pédagogie, didactique,
sciences de l’éducation et toutes les disciplines connexes. L’analyse a porté
spécifiquement sur la conception pédagogique, les techniques et outils utilisés,
le rôle du formateur et des apprenants, la relation pédagogique, la
communication, le caractère formel, informel ou non formel. En clair, il a été
question de tenter de répondre à la question « à quoi pourrait correspondre la
pédagogie de Jésus dans le champ conceptuel contemporain » ? Il ressort de ce
parcours que la pédagogie de Jésus est intégrative du point de vue des
approches contemporaines. Bien plus, elle va au-delà et se particularise en
pédagogie de la découverte ou de la révélation.
Abstract: The Holy Scriptures shows Jesus as a master teacher, instructing
crowds, small groups, and individuals. This paper aims to look at Jesus’
teaching approach according to behaviorist, constructivist, and socio-
constructivist theories. More specifically, this article analyzes his pedagogical
methods, tools, and technics. It also examines his relationship with those he
instructs, his style of communication, and the formal, non-formal or informal
character of his teaching. This study seeks to explore Jesus’ pedagogy using
contemporary models. It concludes that his pedagogy fits into the present-day
integrative view and suggests that his approach could be labeled a ‘pedagogy
of discovery’ or ‘of revelation’.
A plusieurs reprises dans le Nouveau Testament (NT), Jésus est désigné
comme didascalos c’est-à-dire enseignant ou présenté comme donnant un
enseignement. La spécificité du fait d’enseigner permet d’avoir à l’esprit un
enseignant, un ou plusieurs élèves, un contenu dispensé selon certaines
méthodes et un environnement. Ce référentiel s’applique aussi bien à Jésus
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Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017
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qu’à l’enseignement tel qu’il se pratique aujourd’hui dans les écoles, collèges,
lycées et universités. La différence, sur le plan structurel, réside dans
l’environnement d’apprentissage où la salle de classe constitue
prioritairement le cadre de l’enseignement dans la pratique contemporaine,
ce qui n’est pas le cas pour Jésus.
Le référentiel enseignement/apprentissage/savoirs constitue un thème
majeur dans les réflexions en pédagogie, en didactique, en sciences de
l’éducation, en psychosociologie et dans toutes les disciplines connexes. Les
différentes constructions théoriques qui en découlent, en rapport avec la
pédagogie de Jésus dans la formation de ses disciples, constituent le centre
d’intérêt de cette production. Il est question de comprendre la formation des
disciples par Jésus à partir des modèles contemporains d’apprentissage, en
vue de la « nommer », la « classer » dans le champ conceptuel en vigueur
dans la discipline. En clair, il est question de tenter de répondre à la
question à quoi pourrait correspondre la pédagogie de Jésus dans le champ
conceptuel contemporain ?
Pour répondre à cette question, la démarche est triple. La première
action consiste à faire le répertoire des théories contemporaines de
pédagogie. La seconde action se résume à l’analyse de la démarche de Jésus
sous le prisme des théories précédemment élucidées. La troisième enfin
consistera à « nommer » ce que l’on peut considérer comme pédagogie de
Jésus et la formation des disciples aujourd’hui. Le terme discipolat est
utilisé pour désigner le processus enseignement/apprentissage entre Jésus
et ses disciples, singulièrement le groupe des douze, les femmes et tous ceux
qui l’ont accompagné tout au long de son ministère (Actes 1 : 21). Les
sources de ce travail sont constituées de la revue documentaire et des
Saintes Ecritures à partir desquelles il sera procédé à l’analyse du contenu.
Trois approches pédagogiques sont répertoriées dans la littérature, ce sont
l’approche béhavioriste, l’approche constructiviste et l’approche
socioconstructiviste. A partir des résultats de leur analyse, une lecture du
modèle de Jésus permettra de déterminer les ruptures et continuités.
Encore appelée pédagogie traditionnelle (SAKER & MEZROUA, 2013) ou
approche cognitiviste (PROULX, 2004), est associée aux travaux de PAVLOV qui
a développé la théorie du comportement. Selon cette théorie, le bon stimuli
de l’enseignant produit le bon comportement chez l’apprenant. Cette
approche se fonde sur la mémorisation, la capacité de reproduire, la volonté
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Formation des disciples de Jésus à la lumière des
modèles contemporains d’apprentissage
35
d’obéir à l’autorité. Le savoir est transmis d’un cerveau plein, l’enseignant,
au cerveau vide, l’apprenant (SAKER & MEZROUA, 2013).
Selon le Mini guide pédagogique, elle convient à des formations qui
visent le changement des comportements et l’acquisition d’automatismes. La
pédagogie par objectif, le développement des référentiels de compétences et
l’enseignement programmé conviennent bien à cette approche où
l’enseignant a la maîtrise du déroulement pédagogique, du contenu à
transmettre et du temps. L’apprenant quant à lui est dans une situation
confortable dans laquelle il n’y a pas de remise en cause.
Cette approche connaît de nombreuses critiques aujourd’hui
notamment la frayeur dans le rapport enseignant-apprenant qui est
unilatéral, allant du professeur vers l’élève (SAKER & MEZROUA, 2013). Les
récriminations qui lui sont faites dans le Mini guide pédagogique (ANONYME,
2016) portent d’une part sur son caractère abstrait, modélisant et non
adapté aux adultes, le conditionnement des apprentissages, le peu
d’interactions formateur-apprenant, la passivité et le manque d’autonomie
de l’apprenant vis-à-vis du savoir d’autre part.
Selon le Mini guide pédagogique (ANONYME, 2016), l’approche constructiviste
de PIAGET est une pédagogie non linéaire adaptée aux besoins des individus.
Le principe de base est un équilibre trouvé entre assimilation et
accomodation. Elle vise l’autonomie des apprenants et la construction des
stratégies d’apprentissage par la confrontation aux situations et problèmes
afin que l’apprenant soit outillé pour faire face aux réalités de la vie et mieux
répondre aux besoins de la société.
On lui reconnait l’autonomie qu’elle confère aux apprenants, le
caractère durable et profond des acquis de l’apprentissage qui intègre les
savoirs précédents et les expériences. Les centres d’intérêts et les objectifs de
l’apprenant sont pris en compte, ce qui lui donne une plus grande
motivation.
Cette approche cependant demande des groupes restreints par
conséquent, elle ne peut être appliquée aux masses. En outre la question du
temps est problématique d’abord pour l’enseignant qui doit construire des
situations pédagogiques appropriées qui répondent aux attentes des
apprenants. Cet exercice demande la connaissance desdits intérêts et un
temps important pour la préparation. Pour l’apprentissage ensuite à cause
du caractère aléatoire du temps nécessaire pour l�