La théologie, quel intérêt pour les Évangéliques · 2020. 1. 27. · La théologie, quel...

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La théologie, quel intérêt pour les Évangéliques ?

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  • La théologie, quel intérêt pour les Évangéliques ?

  • Numéro/Number 3 septembre /September 2017

    Sommaire / Summary

    5 Editorial, par David BJORK

    8 A la découverte d’une discipline théologique: la missiologie,

    par Lie Roch NTANKEH NANA.

    20 Some Implications of the Perception of Jesus in Mbororo’s

    Worldview, by Emmanuel FUHBANG.

    33 Formation des disciples par Jésus à la lumière des modèles

    contemporains d’apprentissage, par Jacques Duclair SAP

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    Agriculture, Youth Unemployment, and the Challenge for

    Discipleship in Rural Africa, by Elias NGOMEDIAGE.

    Presque réformé: le rôle du Pasteur dans la formation des

    disciples, par David BJORK.

    Response by Rev. Dr. Charlemagne M. NDITEMEH to Dr.

    David BJORK.

    Réponse du Dr. MBAM Stéphane Thomas au Dr. BJORK.

  • ÉDITEUR / EDITOR David BJORK COMMITTÉE ÉDITORIALE / EDITORIAL COMMITTEE

    Samuel KWAK Phenom ASLO Wayne ALLEN

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

  • 5

    J’ai passé une grande partie de ma jeunesse dans une église ayant un

    pasteur qui s’identifiait régulièrement comme un homme d’un seul livre, la

    Bible. « La Bible, toute la Bible, et rien que la Bible », est le slogan qu’il

    cherchait à appliquer à sa vie, et à son ministère. Il était admirable dans son

    souci d’exposer « correctement » la parole de la vérité. Il ne se contentait pas

    de défendre l’autorité de la Bible, son inspiration, son infaillibilité, son

    inerrance, il voulait se conformer à son message. Il désirait « vivre de cette

    parole de Dieu » (cf. Mt 4.4).

    Pour ce pasteur la théologie n’avait pas, ou peu, d’importance. Il était

    issu d’une tradition qui affirme qu’avec l’aide de l’Esprit Saint n’importe qui

    peut lire et comprendre assez aisément le sens des textes bibliques. Inutile

    selon cette tradition d’accorder une importance quelconque aux études

    théologiques. Fouiller dans une bibliothèque de séminaire pour regarder

    différemment le texte, ou pour formuler une connaissance théorique sur la

    pratique chrétienne, est une perte de temps. L’essentiel est de demeurer

    dans la simplicité et la clarté des Écritures, et de s’efforcer de les mettre en

    pratique.

    Aussi noble que puisse paraître cette approche, elle n’est pas sans

    problèmes. Un des problèmes avec cette optique est souligné par Robert

    JOHNSTON (1979, pp. vii-viii) :

    Que les évangéliques qui se réfèrent à une norme biblique, trouvent les

    formulations théologiques contradictoires sur bon nombre de sujets

    qu’ils abordent, indique la nature problématique de leur compréhension

    de l’interprétation théologique. Affirmer que la Bible est l’autorité

    ultime, sans pouvoir arriver à un semblant de consensus sur ce qu’elle

    dit (même parmi ceux qui partagent une conviction évangélique), est

    autodestructrice.

    A ce sujet, John STOTT, l’un des leaders du mouvement évangélique

    affirme (1986, p. 7) :

    Le premier défi auquel les évangéliques doivent répondre aujourd’hui

    concerne ce qu’on appelle l’herméneutique, la science de l’interprétation

    de la Bible. Pendant tout ce siècle, nous nous sommes occupés de

    défendre la Bible, de défendre son autorité, son inspiration, son

    infaillibilité, son inerrance. Mais il ne sert à rien d’avoir une Bible digne

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

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    de confiance et infaillible si vous ne pouvez pas la comprendre ou si

    vous la comprenez mal.

    Notons que STOTT comprend l’herméneutique comme relevant d’un

    domaine scientifique. En effet, elle suit des règles bien précises (une

    méthodologie), et ses fruits peuvent être « bons » ou « mauvais » (en termes

    scientifiques, on parlerait de « falsifiabilité » de ses méthodes et de ses

    résultats). Or, la théologie est la discipline scientifique qui inclut

    l’herméneutique biblique.

    Le premier travail d’un théologien chrétien est d’avoir des questions et de les

    poser avec sérieux. Le théologien ne peut pas se contenter de justifier et

    d’expliquer les énoncés dogmatiques1 et les pratiques traditionnels. Par un

    retour constant à ses sources bibliques, le théologien doit se livrer à une

    relecture herméneutique de sa propre tradition et à une reprise créatrice du

    message chrétien en fonction des interrogations de son contexte. Le décalage

    entre la révélation biblique et la pratique concrète de ceux qui ont été

    appelés par Christ pose une grave question au théologien qui ne doit jamais

    dissocier sa fonction « scientifique » d’une fonction prophétique. En tant que

    théologien, l’on pense, l’on s’interroge, et l’on admire l’œuvre de Dieu dans le

    monde, dans la vie des autres, et dans sa propre vie.

    Faire de la recherche théologique n’est pas seulement une tâche

    intellectuelle, c’est aussi une occasion d’adorer notre Créateur (ce que nous

    comprenons et vivons se trouve dans notre adoration ; de même, notre

    manière d’adorer notre Créateur reflète ce que nous croyons et vivons).

    Dans son article Lie Roch NTANKEH NANA cherche à faire connaître la

    missiologie avec ses spécificités théologiques et méthodologiques. Il

    maintient que cette discipline théologique pourrait susciter une réflexion

    nouvelle, et ainsi enrichir l’Église camerounaise.

    La contribution d’Emmanuel FUHBANG explore la vision du monde du

    peuple Mbororo situé au nord-ouest du Cameroun. Il prête une attention

    particulière à la façon dont cette perception de la réalité, fortement marquée

    par l’Islam, par le FulBé sentiment d’être supérieur à toutes les autres

    ethnies, et par la pulaaku, influence la communication de l’Évangile. Il

    identifie quelques éléments positifs et d’autres qui sont hostiles à une bonne

    compréhension de Jésus-Christ parmi ce peuple.

    1 Les dogmes dans le grec néo-testamentaire sont les affirmations de foi.

  • La théologie, quel intérêt pour les Évangéliques ?

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    Jacques Duclaire SAP examine la pédagogie de Jésus à la lumière des

    connaissances et des théories contemporaines dans le domaine des sciences

    de l’éducation. Il conclut que dans sa relation pédagogique face à des foules,

    dans des petits groupes, et en tête à tête avec des individus, la démarche de

    Jésus est validée par les théories béhavioriste, constructiviste et

    socioconstructiviste. Et cet étudiant conclut que la pédagogie de Jésus

    dépasse chacune de ces théories et constitue ce qu’il identifie comme une

    « pédagogie de la découverte ou de la révélation ».

    Ayant examiné la place du travail dans la vie d’un disciple de Jésus

    dans sa dernière contribution au Bulletin de Recherche de la FACTEC, dans

    ce numéro Elias NGOMEDIAGE soutient que la revalorisation de l’activité

    agricole pourrait, sans doute, diminuer le taux de chômage parmi les jeunes

    Camerounais. Il constate qu’à l’heure actuelle bon nombre de jeunes

    Africains abandonnent le secteur agricole et poursuivent d’autres activités

    professionnelles. Il énumère les raisons pour ce choix, et il propose des

    pistes pour changer la réputation négative de l’agriculture parmi les jeunes.

    Puis il suggère que des liens positifs pourraient être tissés entre

    l’enseignement de Jésus et l’expérience agricole.

    Ma contribution est le papier que j’ai présenté au mois de juillet 2017

    lors des fêtes de la 20e anniversaire de la FACTEC. Dans cet article je

    soutiens que depuis la Réforme diverses idées circulent dans le monde

    protestant sur la compréhension de ce qu’est le ministère, de la fonction des

    pasteurs, et surtout de la manière dont les pasteurs appartiennent au

    peuple de Dieu, ou sont au-dessus de ce dernier. M’appuyant sur un texte

    dense et fondamental, sur l’ecclésiologie paulinienne, je propose une vision

    particulière en ce qui concerne la nature des communions d’apprentissage

    christiques, et j’affirme que le pasteur y joue le rôle de mettre les apprentis

    de Christ dans les relations confidentielles avec d’autres apprentis judicieux

    et éclairés du Maître – ceux-là même à qui on rend régulièrement des

    comptes sur notre manière de vivre. Ce papier est suivi des critiques faites

    par Rev. Dr. Charlemagne M. NDITEMEH et par Dr. Stéphane Thomas MBAM.

    JOHNSTON, R. K. (1979). Evangelicals at an Impasse : Biblical Authority in Practice. Atlanta: John Knox.

    STOTT, J. (1986). Pour une foi équilibrée. Cergy-Pontoise : Sator.

  • 8

    Résumé : La missiologie est une discipline théologique et scientifique. Elle a

    une place de choix et pourrait enrichir l’Eglise dans le contexte africain et

    camerounais en particulier. Cependant, elle demeure très peu connue. Elle fait

    face à plusieurs situations délicates et pertinantes demandant une reflexion

    théologique nouvelle avec des lunettes missiologiques africaines. Cet article

    dont l’objectif principal est de faire connaître la missiologie, révèle qu’elle est

    vaste et pluridisciplinaire. Elle se délimite par la nature et le type de sujet

    qu’elle traite. Discipline fortement impactée par les sciences sociales, la

    missiologie à néanmoins sa spécificité du fait de la théologie avec une

    démarche scientifique bien spécifique. La recherche sur le terrain y a une

    importance toute particulière.

    Abstract : Missiology is a theological and scientific discipline. It has a special

    role and could enrich the Church in the African and Cameroonian context.

    However, it remains largely unknown. Moreover, it faces several complex and

    pertinent challenges requiring new theological reflection from an African

    perspective. This article, whose main objective is to explore the nature of

    missiology reveals that it is encompasses many domains and academic

    disciplines. It is delimited the type of the subject it deals with. Though it is

    very much influenced by the social sciences, missiology maintains its

    theological specificity. It is theology which pays attention to God’s work within

    human cultures.

    Il y a quelques années lorsque je me suis inscrit à la faculté de théologie,

    parmi les disciplines qu’on nous avait présentées, il n’y avait pas la

    missiologie. Et dans les discussions qu’on pouvait avoir, je savais que ce qui

    relève de la mission était de la théologie pratique. Par conséquent, la

    missiologie ou la théologie de la mission ne me disais pas grande chose.

    Certes, à cause de ma proximité avec des organisations comme la Société

    International de Linguistique (SIL), Jeunesse en Mission (JEM), Campus

    pour Christ et bien d’autres œuvres comme elles, j’avais entendu parler de la

    mission et des missionnaires. Seulement, ma comprehension de la mission

    de façon générale je dois le reconnaître aujourd’hui était assez vague, limitée

    et je dirais même superficielle. Ce n’est que lorsque je suis entré en

    deuxième année des études théologique que j’eus le bonheur d’être introduit

  • A la découverte d’une discipline théologique : la

    missiologie

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    à la missiologie. Ainsi commencera une décourverte qui se poursuit encore

    jusqu’aujourd’hui.

    En effet, la missiologie est une discipline théologique, scientifique très

    peu connue et haut combien importante pour notre contexte africain et

    camerounais en particulier qui fait face à plusieurs situations théologiques

    délicates et pertinantes demandant une reflexion nouvelle avec les lunettes

    missiologiques africaine. Cette reflexion est d’autant plus importante que

    nous sommes dans un contexte ou plusieurs expéditions, expériences et

    œuvres missionnaires y ont laissé des empruntes à la fois positives et

    négatives. D’où la necessité soit d’une évaluation, réévaluation ou tout

    simplement analyse de la situation présente. La missiologie est une

    discipline regardée avec mépris et parfois avec hauteur par les autres

    disciplines théologiques dans notre milieu à cause du fait qu’elle est recente,

    nouvelle et parfois assimilée à la théologie pratique. Autrement dit elle n’est

    pas assez ou pas vraiment connue.

    Dans cet article, je me propose à ma manière de vous faire découvrir la

    discipline théologique qu’on nomme missiologie ou encore théologie de la

    mission. Pour ce faire, Je vais dans un premier temps essayer de

    comprendre ce que c’est que la missiologie en la définissant. Dans un

    deuxième temps, je vais présenter la mission comme contextualisation avant

    de parler de ses méthodes de recherche.

    Avant de parler de la missiologie, il est utile de comprendre ce que c’est que

    la mission. Ce mot très simple et même très connu n’a pas toujours le même

    contenu pour ceux qui l’emploient régulièrement et même plus

    particulièrement pour ceux qui disent pratiquer la mission.

    Pour certains, la mission chrétienne est la tâche reçue de Christ dans Mt.

    28, celle de faire des disciples. Pour d’autres, il s’agit de partir d’un lieu (en

    générale géographique) à un autre pour prêcher l’Évangile. Pour d’autres

    encore, la mission c’est évangéliser dans le but d’avoir beaucoup de

    chrétiens et de bâtir plusieurs édifices servant de lieu de culte

    communément appelés église.

    Cependant, il est important de souligner que le mot mission n’existe pas

    dans la Bible. Scott MOREAU (2000) explique que celui-ci dérive du Latin

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

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    « mitto » qui est la traduction du Grec « apostello » qui veut dire envoyer2.

    Ayant parcouru plusieurs définitions proposées par des érudits, il conclut en

    affirmant que le débat continue sur la question de la définition et que le

    consensus reste un objectif futur à atteindre. Ceci dit, j’ai choisi de

    m’inspirer de la définition de Charles VAN ENGEN pour définir ce que

    j’entends par mission. VAN ENGEN (1996, p. kindle 174)3, parlant de ce que

    c’est que la mission, affirme que :

    La mission, c’est le peuple de Dieu qui traverse de manière

    intentionnelle les barrières de l’église pour celles hors de l’église,

    croyant vers non croyant pour proclamer par les paroles et les actes la

    venue du royaume de Dieu en Jésus Christ. Ceci au travers de la

    participation de l’Église à la mission de Dieu qui est de réconcilier le

    peuple de Dieu avec lui-même, eux-mêmes, les uns aux autres, et avec

    le monde. En les rassemblant dans l’Église au travers de la repentance

    et la foi en Jésus Christ par l’œuvre du Saint Esprit avec un regard sur

    la transformation du monde comme un signe de la venue du royaume

    en Jésus Christ.

    Dans cette définition, il prend en compte plusieurs éléments dont le

    fondement, l’œuvre à accomplir, le lieu de l’accomplissement et le but à

    atteindre. Néanmoins, il ne ressort pas l’aspect de disciple, même si on peut

    sous-entendre que lorsqu’il parle des croyants, il s’agit des disciples. De

    plus, cette définition ne prend pas en compte ceux qui vont dans un lieu où

    il y a déjà des convertis, et qui ne sont pas encore disciples de Christ. Ainsi,

    je définis la mission comme l’œuvre à accomplir ou le mandat reçu par les

    disciples de Christ pour participer à l’action de l’Éternel Créateur de toutes

    choses parmi les humains. Elle vise à la rédemption et à la transformation

    de l’être humain par l’action du Saint Esprit, lorsque ceux-ci (les disciples)

    vont au-delà des barrières et des préjugés de toutes sortes. Ceci dans

    l’optique de proclamer de façon verbale et/ou non verbale, le message du

    salut de manière compréhensible à ceux qui ne sont pas encore disciples de

    Christ. L’objectif poursuivie étant que ceux-ci deviennent disciple de Christ

    et atteignent sa stature parfaite avec un impact réel et visible autour d’eux.

    La mission c’est aussi la tâche que reçoivent les disciples de Christ en

    participation à l’œuvre de maturation du peuple de l’Éternel. Sous

    l’accompagnement du Saint Esprit, les disciples vont au-delà des frontières

    de toutes sortes pour prendre soin des convertis. Ceci dans le but de faire

    d’eux, des disciples fidèles capable de se reproduire et ainsi de transformer

    leur environnement et le monde tout entier par la puissance de Christ.

    2Lorsqu’on cherche le mot mission dans le Nouveau dictionnaire biblique (2007) il renvoie à

    envoyer. 3 La traduction de l’anglais au français pour cette citation et pour toutes les autres qui

    suivront dans ce travail, sauf indication contraire, est la mienne.

  • A la découverte d’une discipline théologique : la

    missiologie

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    Missiologie ou Théologie de la Mission de façon générale renvoient

    exactement à la même réalité. Parlant de la définition de la missiologie,

    Gerald ANDERSON (1971, p. 594) dit : « la théologie de la mission se préoccupe

    des présuppositions basiques, souligne les principes qui déterminent à partir

    du point de vue de la foi chrétienne, les motifs, le message, les méthodes et

    les buts de la mission chrétienne dans le monde ». VAN ENGEN (1999, p. xviii)

    va être un peu plus explicite et dira de la théologie de la mission qu’elle est :

    « un domaine d’étude multidisciplinaire qui lit la Bible avec des yeux

    missiologiques et, à partir de cette lecture, réévalue continuellement et

    redirige la participation de l'église à la mission de Dieu dans le monde de

    Dieu ». Ce que VAN RHEENEN (2002) va commenter en parlant plutôt de la

    missiologie pour souligner le fait qu’elle est une discipline multi-facette.

    Dans un autre ouvrage, VAN ENGEN définit la missiologie comme étant

    « l’étude de, et une réponse missionnaire aux, interrelations dynamiques

    engagées à la frontière entre le peuple de Dieu et les nations » (VAN ENGEN &

    REDFORD 2002, p. 24). Ceci dit, lorsqu’on parle de missiologie, il s’agit bien

    de la théologie de la mission.

    C’est une étude à la fois théorique et pratique des problèmes issus du

    champ d’application de la mission, sous l’angle de la théologie. Elle est une

    étude théorique parce qu’elle examine les contextes et la réalité dans

    lesquels les hommes vivent en analysant ceux-ci à la lumière non seulement

    d’autres disciplines des sciences sociales, mais surtout des Saintes

    Écritures. Elle est pratique parce qu’elle examine et propose des solutions

    pour l’accomplissement de la mission de Dieu. A cet effet, ELLISTON (2011, p.

    xxv) affirme qu’il y a deux perspectives fondementales dans la recherche en

    missiologie. Il s’agit de la missiologie académique et de la missiologie

    appliquée.

    Le champ d’application de la missiologie étant le monde de façon large

    et globale, elle ne peut donc plus être seulement la théologie pratique. En

    effet, depuis la fin du IXe siècle, la missiologie est sortie de la théologie

    pratique (HEITINK 1993, p. 109) et s’est positionnée comme une discipline

    académique à part entière. DRESSEL et MARCUS cité par ELLISTON (2011)

    disent à ce sujet que : « la missiologie comme une discipline académique a, à

    la fois un ‘corpus de connaissance organisé’ et une méthode organisée pour

    ‘accumuler et ordonner cette connaissance’ ». Elle se différencie de la

    théologie pratique d’une part, par son champ d’application qui n’est pas

    restreint à l’église et d’autre part, par sa double dimension théorique et

    pratique.

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

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    La missiologie est une discipline assez large. Le site internet missiologie.org

    parlant de cette discipline, dit ceci : « la missiologie est composée de trois

    domaines d’étude indépendants : la théologie, les sciences sociales et la

    stratégie ». Allant dans le même sens, BLOMBERG (2007) montre que la

    missiologie inclut la théologie et les sciences sociales de manière générale.

    Paul HIEBERT (1994) quant à lui, souligne le fait qu’il faille prendre en compte

    dans cette pluridisciplinarité la place qu’a chacune des disciplines.

    En effet, la peur ou la grande place donnée soit aux sciences sociales,

    soit à la théologie, pourrait paralyser le travail du missiologue. Entre la

    théologie et les sciences sociales, il faut non seulement un équilibre, mais

    surtout établir celle qui a la primauté entre les différentes disciplines en

    présence. Autrement dit, une discipline doit être la locomotive et les autres

    doivent constituer les wagons. À cet effet, HIEBERT (1994, p. 10) déclare :

    « dans la mission, nous devons étudier les Écritures et aussi le contexte

    socioculturel du peuple que l’on sert, ainsi nous pourrions leur

    communiquer l’évangile de la façon qu’il comprendra ».

    La missiologie ne peut pas être sans l’apport des sciences sociales. En

    revanche, la théologie biblique doit être la discipline de base, le point de

    départ de sa réflexion, la locomotive qui tire les disciplines associées comme

    des wagons. Effectivement, comme l’affirme missiologie.org : « toutes les

    décisions missiologiques doivent être enracinées, implicitement ou

    explicitement dans la théologie afin de refléter les buts et l'esprit de Dieu ».

    Ceci dit, la définition du cadre théorique devient donc un impératif pour une

    meilleure appréciation, exploitation et exploration des différentes disciplines

    associées.

    Le cadre théorique dans une discipline qui se veut scientifique joue un rôle

    très important. A cet effet, « le cadre théorique sert principalement à

    présenter un cadre d’analyse et à généraliser des relations théoriques déjà

    prouvées dans d’autres contextes pour tenter de les appliquer au problème »

    (LARAMEE & VALLEE, 1991). Comme dit plus haut, la missiologie inclut entre

    autres les sciences sociales. Ainsi, il est indispensable de définir le cadre

    théorique applicable à cette discipline.

    Un modèle est « un cadre représentatif, idéalisé et ouvert, reconnu

    approximatif et schématique mais jugé fécond par rapport à un but

    donné … » SAGAUT (2008-2009, p. 38). Voilà pourquoi, un modèle constitue

    un cadre d’analyse théorique. LARAMEE et VALLEE (1991) voient le modèle

    comme étant la représentation et l’explication d’un phénomène.

  • A la découverte d’une discipline théologique : la

    missiologie

    13

    Il existe en missiologie, plusieurs modèles missionnaires qui, comme le

    souligne BOSCH (1995), sont « intimement relié les uns aux autres ». Parmi

    ceux-ci, figure celui de la théologie contextuelle encore appelé

    contextualisation. Celle-ci paraît aujourd’hui être la voie à suivre en

    théologie de la mission. Cependant, sa compréhension est diverse et variée

    au point où elle a généré un nombre de modèles pour expliquer comment

    l’évangile doit prendre forme dans des contextes variés de culture (VAN ENGEN

    1996, p. kindle 662). C’est pourquoi la contextualisation est vue de

    différentes manières.

    Charles KRAFT parle du « christianisme approprié » lorsqu’il fait

    référence à la contextualisation. En effet, il la définit comme étant le fait de :

    « faire tout ce qui est nécessaire pour que le christianisme soit exprimé de

    manière à être approprié au contexte du groupe qui le reçoit » (KRAFT 2005,

    p. 4). Lamin SANNEH, exprimant la même pensée que celle de KRAFT parle de

    la translation. Selon lui, la mission c’est la translation parce que « en

    établissant une distinction entre le message et sa calèche culturelle, la

    mission comme translation affirme la missio Dei comme la lumière cachée de

    son travail » (SANNEH 2009, p. kindle 37). Stephen BEAVANS quant à lui, décrit

    six modèles distincts de la théologie contextuelle, à savoir :

    l’anthropologique, la translation, la praxis, le synthétique, la sémiotique et le

    transcendantal (VAN ENGEN 1996, p. kindle 662). Mais seulement, il apporte

    une précision importante en ce qui concerne la contextualisation lorsqu’il

    déclare :

    Faire de la théologie contextuelle n’est pas une option, ni quelque chose

    qui doit seulement intéresser les peuples du tiers-monde ou les

    missionnaires qui y travaillent. La contextualisation de la théologie est

    une entreprise qui vise à comprendre la foi chrétienne dans un contexte

    particulier – C’est véritablement un impératif théologique. (BEAVANS

    1992, p. 1)

    Autrement dit, le cadre conceptuel de la missiologie aujourd’hui est la

    contextualisation.

    VAN ENGEN distingue pour sa part quatre modèles majeurs de

    contextualisation sur la base de leurs buts premiers. Il s’agit de la

    communication, l’intérêt culturel, la libération, et le dialogue inter

    confessionnel (1996, p. kindle 666). A ceux-ci, il ajoute un cinquième qu’il

    appelle la Nouvelle Alliance. Car, dit-il : « notre principale préoccupation est

    la perspective de l'alliance comme un paradigme possible pour connaître la

    révélation cachée de Dieu dans des contextes divers » (1996, p. kindle 693).

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

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    Cette notion étant une expression assez générale, Paul Hiebert souligne le

    fait qu’il ne doit pas avoir d’amalgame lorsqu’on parle de contextualisation.

    C’est pourquoi il préfère parler de la contextualisation « critique » parce que

    pour lui, une contextualisation non critique ouvre la porte entre autres au

    syncrétisme. En effet, une approche critique de la contextualisation, dit-il :

    « se garde de rejeter ou d’accepter d’anciennes croyances et coutumes sans

    les examiner » (HIEBERT 2002, p. 208).

    Pour se faire, il faut d’abord étudier la culture en elle-même, ensuite

    faire une étude des Écritures sans préjugés pour avoir les normes avec

    lesquelles la culture sera évaluée. HIEBERT précise d’ailleurs que ceci est

    constitué de trois étapes majeures qui sont : l’exégèse de la culture, l’exégèse

    des Écritures avec un pont herméneutique et une réponse critique qui sera

    appliquée (HIEBERT 1994, pp. 88-91).

    La théologie de la mission contextuelle tire sa compréhension de quatre

    sources de données qui sont : la Bible, le contexte, l’église et de l’expérience

    personnelle (VAN ENGEN 2005, p. 204). Ainsi, la collecte des données venant

    de ses quatre sources demande que l’on procède avec des techniques qui

    correspondent à chacune d’elle. Il s’agira particulièrement des méthodes

    herméneutiques et des méthodes de recherche en sciences sociales (en

    particuliers celles concernant l’enquête sur le terrain).

    L’exégèse est définie comme étant « la démarche qui consiste à interroger le

    texte par des moyens scientifiques pour en saisir le sens profond » (BISSU, et

    al. 2003, p. 9). Elle se focalise uniquement sur le texte pour en comprendre

    sa signification. L’herméneutique quant à elle est la « science, l’art, et l’acte

    spirituel d’interprétation des Écritures » (OSBORNE 2000, p. 430). Comme

    l’explique OSBORNE (1991, pp. 5-7), l’herméneutique est un terme global qui

    renferme en elle l’exégèse et l’interprétation du texte selon le contexte.

    Autrement dit, lorsqu’on parle de l’herméneutique, il s’agit dans un premier

    temps de comprendre ce que le texte dit de lui-même (exégèse), et en second,

    d’interpréter celui-ci selon le contexte dans lequel on se trouve, sans perdre

    la quintessence du texte. Ainsi, lorsqu’on parle de la Bible comme une

    source de données de la missiologie, cela renvoie à scruter celle-ci afin de

    comprendre la pensée de l’auteur de la mission qui est le Créateur, pour

    l’appliquer dans un contexte donné.

  • A la découverte d’une discipline théologique : la

    missiologie

    15

    Il est important de souligner qu’une herméneutique bien menée permet

    de juguler l’utilisation du texte comme prétexte. Ce qui de facto enlève toutes

    suspicions et permet une meilleure intégration du texte dans son contexte.

    D’où ce que VAN ENGEN appelle l’approche du texte comme un ensemble. En

    effet, pour lui, il est clair que « les missiologues ont besoin d'une méthode

    herméneutique qui leur permettra de traiter l’ensemble des Écritures comme

    une unité diversifiée » (VAN ENGEN 1996, p. kindle 258). À ce propos, il

    continue en mettant l’emphase sur la place de la Bible dans la mission

    lorsqu’il affirme : « nous ne pouvons pas avoir de mission sans la Bible … »

    (VAN ENGEN, 1996, p. kindle 258). La compréhension des Écritures

    influencera alors les autres domaines, parce que la Bible renseigne, façonne

    et critique les autres trois domaines (VAN ENGEN 2005, p. 206).

    Parlant de la recherche sur le terrain, il faut souligner que : « chaque

    discipline scientifique a développé un ensemble de technique pour collecter

    et traiter les données, mais il y a en général, une seule méthode

    scientifique » (BERNARD 2006, p. 5). Ainsi, pour faire de la recherche, l’on a

    besoin d’adopter une démarche à suivre pour trouver les informations qu’on

    va ensuite analyser avant de tirer des conclusions pour une étude donnée.

    Celle-ci n’est pas standard et applicable à toutes les disciplines. Néanmoins,

    quelque soit l’approche qu’on adopte, elle se doit d’être scientifique parce que

    la méthode scientifique est unique. En se sens, Elle devrait commencer par

    l’identification du problème, l’hypothèse, l’expérimentation, l’analyse des

    résultats et la conclusion.

    Il en est de même pour la méthode de recherche sur le terrain, appelée

    en anglais « field work ». Le dictionnaire anglais en ligne Merriam-Webster

    définie ‘field work’ (recherche sur le terrain) comme étant : « le travail qui

    consiste à collecter l’information en allant sur le terrain ». Cette définition

    bien qu’elle soit assez claire ne renseigne pas suffisament et avec précision

    sur ce que c’est que le terrain. Le dictionnaire anglais Collins quant à lui

    donne une précision sur la nature du terrain. Selon lui, ‘field work’ (la

    recherche sur le terrain) est « une investigation ou une recherche de

    matériel, de donnée, etc., fait sur le terrain par opposition à la salle de

    classe, le laboratoire ou le quartier générale officiel ». Le terrain ainsi est

    avant tout un lieu géographique physique où le chercheur va aller pour la

    collecte des données. Ce lieu peut être un village, une campagne, un

    quartier, bref un lieu en rapport avec le contexte de son étude. Pour Carol

    MCKINNEY (2000, p. 1), le travail de terrain combine deux activités dans son

    processus. Il s’agit de la collecte des données et de l’analyse préliminaire de

    celles-ci.

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

    16

    Ici, lorsque je parle de la recherche sur le terrain ou encore du travail de

    terrain, il s’agit de ce que dit le dictionnaire Collins. En d’autres termes, il

    s’agit de la technique d’enquête qui consiste à aller dans un lieu

    géographique physique bien précis et déterminé, pour récolter des données

    qui seront par la suite analysées dans le cadre de l’étude. Le terrain est

    aussi un lieu virtuel, qui prend en compte des individus, des groupes

    sociaux qui sont liés aux lieux géographiques. En effet, quoique basée dans

    un lieu spécifique, la recherche touche aussi ceux qui vivent en dehors de

    celui-ci.

    La missiologie est un champ pluridisciplinaire qui a été fortement

    influencée par les sciences sociales. Pour la collecte des données issue des

    trois autres domaines sources qui la composent à savoir le contexte, l’église

    et l’expérience personnelle, l’on a besoin d’utiliser les techniques issues des

    sciences sociales. Ceci dans l’optique d’analyser à la fois le présent et le

    passé. Entre autres comme techniques, nous pouvons citer : L’observation,

    les entretiens, les questionnaires etc., ceci en fonction des objectifs à

    atteindre. Le travail sur le terrain en missiologie est un impératif. En effet,

    celui-ci permet de comprendre les interactions passées et présentes de

    l’église et la mission en rapport avec le contexte. D’ailleurs à ce propos VAN

    ENGEN déclare :

    Il n'y a pas de situation dite de tabula raza dans le monde. Ainsi,

    lorsque les théologiens de mission aborderont leur contexte de mission,

    ils commenceront par poser des questions historiques concernant

    l'interaction passée des églises et de la mission avec le contexte et

    l'impact du contexte sur les églises et les missions auxquelles il a été

    associé (VAN ENGEN 2005, p. 210).

    Ce qui fait appel aux notions scientifiques de la validité et de la fiabilité.

    Celles-ci sont très importantes.

    La validité consiste à poser de bonnes questions, à obtenir de bonnes

    informations et à faire des demandes appropriées. En effet, l’on posera la

    question de savoir comment peut-on être sûr du fait que nous soyons en

    train de collecter des données qu’il faut et de la bonne manière. La fiabilité

    quant à elle concerne la cohérence ou la stabilité des résultats et répond à la

    question de savoir comment nous pouvons être certains que la répétition du

    processus produira les mêmes résultats (ELLISTON 2011, pp. 55-56). Ceci

    n’est pas tout à fait la même chose en théologie de la mission. VAN ENGEN à

    ce propos, relève la différence entre la théologie de la mission et les sciences

    sociales qui l’ont pourtant fortement impactées. En effet, explique-t-il, « la

    théologie de la mission n’est pas particulièrement concerner par la qualité

  • A la découverte d’une discipline théologique : la

    missiologie

    17

    des données empiriques, ni par la répétition du processus pour obtenir les

    mêmes résultats » (VAN ENGEN 1996, pp. kindle 211-212).

    Plutôt que de parler de validité et de fiabilité, l’on devrait parler de la

    crédibilité et de la vérité. Pour évaluer la crédibilité, on pourrait chercher à

    savoir si le chercheur a lu les auteurs qu’il faut, s’il a assez lu, s’il a lu

    d’autres points de vue correctement, sérieusement et équitablement, a-t-il

    compris ce qu’il a lu ? Y a-t-il des contradictions ? Pour ce qui est de la

    vérité, on pourrait s’interroger sur l’adéquation des fondations bibliques

    pour les déclarations affirmées, la continuité appropriée des déclarations du

    chercheur avec les affirmations théologiques faites par d’autres penseurs etc.

    (VAN ENGEN 1996, pp. kindle 211-230).

    La missiologie comme l’on vient de le constater tout au long de cet article, est

    une discipline récente et pluridisciplinaire. Elle est très vaste et se délimite

    par la nature et le genre du sujet qu’elle traite. Contrairement à la théologie

    pratique, dans la missiologie on peut faire de la systématique, de l’histoire et

    même de l’étude biblique. Cette discipline qui a fortement été impactée par

    les sciences sociales, permet une réflexion théologique qui prend en compte

    le contexte de celui qui reçoit l’Évangile. Ceci d’une certaine façon, favorise

    une meilleure compréhension, intégration et acceptation des Écritures.

    Néanmoins, il est important de souligner que malgré l’apport des sciences

    sociales, la missiologie a sa spécificité du fait de la théologie. En définitive,

    soulignons qu’il y a une démarche spécifique à suivre lorsqu’on fait la

    missiologie. Le travail de terrain y a une importance toute particulière. Une

    démarche passée au crible de la crédibilité et de la vérité qui participe à une

    remise en cause permanente dans la réflexion, dont la Bible est le cadre de

    référence.

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  • 20

    Résumé : Ce papier explore la vision du monde du people Mbororo qui vit au

    nord-ouest du Cameroun, et examine sa perception de Jésus-Christ. Cet article

    met en lumière quelques-unes des implications de cette perception de Jésus-

    Christ dans l’accomplissement de la mission qu’a l’Église de faire des

    disciples de Jésus-Christ. L’auteur de ce papier maintient que la perception de

    Jésus par le peuple Mbororo influence à la fois positivement et négativement la

    formation de disciples de Christ. Ceux qui cherchent à faire des disciples de

    Jésus-Christ dans ce contexte pourraient bâtir sur les aspects positifs et ainsi

    surmonter quelques-uns des aspects négatifs.

    Abstract: This paper explores Mbororo’s worldview in the northwest of

    Cameroon and investigates its perception of Jesus Christ. This paper also

    highlights some implications of Mbororo’s perception of Jesus for the Church’s

    mission task of making disciples of Jesus Christ. The author of this paper

    argues that Mbororo’s perception of Jesus affects disciple-making both

    positively and negatively. Disciple-makers in this context could build on the

    positive aspects towards and in so doing overcome some of the negative

    aspects.

    Over the decades, the Mbororo people of the North-West Region of Cameroon

    have resisted becoming disciples of Jesus Christ. Despite ongoing efforts by

    the local churches and some foreign missionaries over the years, there is still

    a very low rate of success in making disciples of Jesus among Mbororo in

    this area (FUHBANG, 2013). This article probes into the Mbororo worldview to

    explore its perception of Jesus and help us to better understand how this

    perception affects our disciple making efforts. I will organize my thoughts

    around the following question: In what ways might the Mbororo perception of

    Jesus in the North West of Cameroon affect disciple making in this context?

    Making disciples of Jesus is the specific task in God’s mission for the

    Church. WILKINS discloses that the verbal expression of making disciple in

    the New Testament is ‘matheteuo’, which means “to make or become

    disciples”. In addition, he advances that to make disciples in common

    parlance is ‘discipleship’ and ‘discipling’ (1992, p. 41). Furthermore, WILKINS

  • Some Implications of the Perception of Jesus in

    Mbororo’s Worldview

    21

    defines discipleship as the “ongoing process of growth as a disciple” and

    discipling as “the responsibility of disciples helping one another to growth as

    disciples” (1992, p. 41). While, WILKINS underlines two aspects of making

    disciples, Bill HULL (2006) looks at disciple-making in a threefold dimension,

    in his attempt to distinguish it from discipleship: Deliverance, Development,

    and Deployment.

    Hull, highlights the vital prerequisite to being a disciple of Jesus. This is

    the aspect of new birth. Making disciples of Jesus can simply be the molding

    of people in the likeness of Christ. As intimated by BJORK (2015), what

    counts in the process of making disciples of Christ is the tie to Jesus and the

    life-long experience of unlikely people being transformed in his likeness.

    The concept of disciple-making is linked to that of worldview because

    they both influence each other. KEARNEY (1984) holds that “a worldview is a

    set of images and assumptions about the world” (p.10). WOLTERS (1989)

    traces the etymology of the word “worldview” to the German word

    weltanschauung and intimates that it represents “a point of view on the

    world, a perspective on things, a way of looking at the cosmos from a

    particular vantage point which cannot transcend its own historicity” (pp.18-

    19). OLTHUIS (1989) defines a worldview or vision of life as “a framework or

    set of fundamental beliefs through which we view the world and our calling

    and future in it” (p.29).

    When one looks at the fact that the goal of being a disciple of Jesus, as

    WILKINS (1992) has rightly stated is to become like Jesus, it might be

    apparent that the perception of Jesus in the worldview of every prospective

    disciple of Jesus Christ affects the process. Based on this evidence I attempt

    to understand some of the possible ways or implications that the Mbororo

    perception of Jesus might have on the process of their becoming his

    disciples.

    This article is divided into two major parts. The first part explores the

    worldview of the Mbororo in the North-West Region of Cameroon with

    particular focus on its perception of Jesus. The second part reflects on the

    possible implications of this perception on disciple making among the

    Mbororo people.

    Under this heading I will explore two aspects briefly: First a presentation of

    the Mbororo who live in the North-West, and a brief survey of their

    worldview, and secondly, their perception of Jesus Christ.

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

    22

    Administratively, Cameroon is divided into ten regions. The North-West

    Region is one of these, bordered on the West and North by the Federal

    Republic of Nigeria, on the East by the West Region and South by the South-

    West Region. Socio-culturally, the North-West region is also an area

    characterized by ethnic and cultural diversity. According to PELICAN cultural

    and social anthropologist its population may generally be divided into three

    groups, the Grassfielders4, Mbororo, and Hausa who differ in terms of their

    history, economy, and culture. PELICAN (2012c), a described the Mbororo as a

    people who belong to the ethnic category of the FulBe. The FulBe are also

    known as Peul in French, Fulani in Hausa/English. This FulBe ethnic

    category is found in many countries from West to East Africa. PELICAN

    (2012c) has differentiated the Mbororo sub category from other FulBe in the

    following manner: “The ethnonym Mbororo refers specifically to pastoral

    FulBe as opposed to the settled Town FulBe whose identity centers on

    speaking Fulfulde and practicing Islam other than cattle rearing” (p.114). It

    should therefore be noted that even though Mbororo show a lot of cultural

    similarity with the other FulBe, the centrality of cattle rearing in their life

    style makes them unique. The Mbororo are cattle grazers who identify

    themselves with distinct FulBe lineages and speak distinct Fulfulde dialects

    (PELICAN, 2012c). PELICAN has noted three different connotations associated

    with the term Mbororo.

    PELICAN (2015) has carried out a detailed study of the Mbororo

    trajectories leading them into the North-West Region of Cameroon. In her

    view the Mbororo entered the North-West Region of Cameroon from northern

    Nigeria in two major movements in search of pastures for their cattle. The

    first movement in the 1910s was by the Jaafun5. The second movement in

    the 1940s was principally by the Aku.

    4 The Grassfielders are also called the Grassfield people or the Tikars. The term refers to the ethnic groups which settled before the coming of the Mbororo. Some

    anthropologists use the term Grassfield to refer to a geo-cultural zone in Cameroon constituted of the North West and West regions of Cameroon.

    5 PELICAN has explained to the fact the Jaafun, like most pastoral FulBe, did

    not actively participate in the jihad, but the combined effects of political destabilization, famine and bovine disease provoked their departure from

    the Kano area. They left for the Bornu region of Nigeria where they were badly received and continued to Bauchi. The majority moved on to Yola, attracted by the prospects of fertile pastures and political security under

    FulBe hegemony. Jaafun acquirde red zebu (Fulfulde: boDeeji) from their WoDaaBe neighbors, which replaced the white zebu (Fulfulde: daneeji) they had previously herded. While this shift was motivated by pragmatic reasons, it also had symbolic implications. Red zebu soon became an icon

    of Jaafun identity. More on the historical trajectories of the Mbororo can be read from Masks and Staffs 2015 by Michaela PELICAN pp. 77-100.

  • Some Implications of the Perception of Jesus in

    Mbororo’s Worldview

    23

    There are two major cognitive foundations of the worldview of the

    Mbororo in the Northwest: Islam and ‘Pulaaku’. Generally, all Mbororo in the

    North-West Region of Cameroon practice Islam. Identifying as being Muslim

    is an inseparable part of Mbororo ethnic and cultural self-understanding.

    Islamic values play an important role on their life choices such as marriage,

    dressing, greetings etc. (FUHBANG, 2003 & PELICAN, 2015). While Islam might

    be commonly understood as a religion, it is more than a religion. VOLL (1982)

    describes Islam as “a dynamic force in the contemporary world…” (p.1). For

    his part, NASR (2003) defines Islam as a religion, a civilization, and a spiritual

    and meta-historical reality. Muslims view Islam as a complete socio-politico-

    religious culture, with its own historical heritage, art forms, laws, greetings,

    holidays, books, customs, ethics, politics, values, and beliefs. In other words,

    Islam is a culture with its own worldview, if not worldviews.

    Islam is the name of the religion of Muslims. The term “Islam” means

    “to submit.” And the term “Muslim” means “the one who submits.” The

    words “Islam” and “Muslim” originate from the Arabic root meaning “a total

    submission to the divine will.” Islam refers to the religion and a Muslim

    refers to the person who follows the religion of Islam. A faithful orthodox

    Muslim is anyone who submits to the will of Allah and follows the teachings

    of the prophet Muhammad as recorded in the Qur’an (CARSTENS, 2003 &

    HOSKINS, 2005).

    Many religions have resulted from the dreams, experiences, and visions

    of their founders. This is true in the case of Islam. Without Muhammad,

    Islam would not exist, nor would it be what it is today. Muslims regard him

    as the last and greatest prophet of Allah. Therefore, beginnings of Islam can

    be traced back to a person, Muhammad as well as a city, Mecca in Saudi

    Arabia (DAWOOD, 1956; CARSTENS, 2003).

    NASR (2003) intimates that Islam entered Africa at the time of

    Muhammad, when many of his collaborators took refuge in Abyssinia. The

    eastern coast of Africa rapidly was integrated in the world of Islam. However,

    Islam expanded beyond the eastern coastal region of Africa to the other parts

    only between the 13th and 19th century. The Fulani were among the early

    converts and brought Islamic education to most parts of West Africa and

    spread the influence of Islam considerably. The Mbororo are those who

    brought Islam to the North-West Region of Cameroon (FUHBANG, 2013;

    PELICAN, 2015).

    The Qur’an is the holy book, or scripture of Muslims. It is regarded as

    the literal words of Allah to Muhammad. It is considered the final authority

    and ultimate revelation to all humanity (CARSTENS, 2008). Islamic teachers

    also contend that due to corruption and neglect, the original divine

    revelations shared with the previous prophets, became distorted and

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

    24

    untrustworthy. Muslims believe and teach that all other previous holy books

    have been changed and are unreliable. They believe that the Qur’an, the last

    revealed word of Allah, is the primary source of every Muslim’s faith and

    practice. Islamic tradition says that the words which came to him

    [Muhammad] when in a state of trance are held to be sacred by Muslims and

    are never confounded with those which he uttered when no physical change

    was apparent in him. The former is the Qur’an: the latter the Hadith, or

    Sunnah of the Prophet (PICKTHALL, 1924, p. xi). Therefore, the Hadith are

    treated like a supplemental, yet essential, commentary on the Qur’an.

    It is the life of Muhammad, and the sayings of Muhammad (i.e the

    Qur’an and the Hadith) which give the cognitive foundations to the Islamic

    worldview. While there are many ways of analyzing worldviews, I will lean on

    SMART’s model of six dimensions of religion (1995) to highlight some of the

    main components of the Islamic worldview. The strength of this model is that

    it presents a realistic and grounded picture of a religion.

    Doctrinally, despite their cultural and ethnic diversity, Muslims all hold in

    several common and basic beliefs. Each of these basic beliefs is then

    interpreted and applied in their daily lives with different degrees of

    understanding. According to CARSTENS (2003), there are six basic beliefs in

    Islam. The first is the belief in Allah. The term Allah means the “only God” in

    Arabic (NASR, 2003). The second is the belief in prophets. Muslims believe

    that Allah has always been involved in human history through prophets.

    According to Islamic tradition Isa Al-Masih, or Jesus Christ, is presently in

    heaven. He will come back to rule on earth someday. Then he will die and be

    buried alongside Muhammad. According to Orthodox Islam, Muhammad is

    the seal, or the last, of the prophets (CARSTENS, 2003). The third is the belief

    in angels. In Islam, the Qur’an teaches that angels are created beings made

    from light to do good on earth and serve as messengers of Allah (CARSTENS,

    2003). Moreover, in Islam, Allah created sin, Satan, demons, angels, and

    jinns (CARSTENS, 2003). The Iblis, or Devil, or Satan is regarded as both an

    angel and jinn. Muslims often live in constant fear of the jinn, or evil spirits

    (CARSTENS 2003; Musk1995). The fourth is the belief in holy books (DAWOOD).

    The Qur’an, or the Book of Muhammad, of course stands alone as the final or

    ultimate divine revelation for all Muslims. Most Muslims believe and are

    taught that the Bible has been changed and is therefore not trustworthy

    (CARSTENS, 2003). The fifth is the belief in final judgment. It says there will be

    the darkening of the sun and the second appearance of Nabi Isa, or Jesus

    the Prophet (CARSTENS, 2003). The sixth is the belief in fate or predestination.

    This belief originates from their understanding of the absolute supremacy of

    Allah who has absolute sovereign power over all things. It simply means that

  • Some Implications of the Perception of Jesus in

    Mbororo’s Worldview

    25

    whatever Allah decrees, good or bad, must happen. Muslims therefore, are

    expected to submit to Allah’s will regardless of the circumstances (CARSTENS,

    2003).

    Ritually, “Submission,” or obedience and compliance, is the key to the

    Islamic religion. Muslims submit to five basic tenets, or “pillars.” Muslims

    must carry out these tenants to be faithful servants of Allah. The Din, or

    duties of Islam, are summarized in these five pillars: Al-Shahada creed, or

    the confession, Al-Salat, or the daily prayers, As-Saum or the fasr which is

    the practice of fasting during the month of Ramadan, Al-Zakat, or alms

    giving, and Al-Hajj, or the pilgrimage.

    Muslims try to memorize the Qur’an because the book itself is

    considered to have special spiritual power (CARSTENS, 2003). It is not

    unusual for particular suras, or chapters, to be read in order to gain

    protection against sickness, evil, or even the activity of jinns, or demons

    (MUSK, 2005). The inner or esoteric dimension of Islam has been crystallized

    mostly in Sufism, though elements of it are found in Shism (NASR, 2003).

    According to NASR (2003), all Muslim life is permeated by ethical

    considerations. Every other domain of Islam be it social, religious, or political

    falls within ethical considerations. All Islamic ethical principles come from

    the Qur’an and the Hadith, which appeal to Muslims to do what is good and

    abstain from what is evil.

    SMART (1995) has noted that running like a thread through the Qur’an is

    the sense of the experiences of Mighty and Compassionate Allah who came

    to Muhammad and set him on his prophetic move.

    As I mentioned earlier, Muslims view Islam as a complete socio-politico-

    religious concept, with its own historical heritage, art forms, greetings,

    holidays, books, customs, ethics, politics, values, and beliefs. MUSK (1995) in

    a comparative study, explored some areas where Muslim worldview differ

    from that of the westerners. He has explored key themes: Male and female,

    family and individual, honour and shame, hospitality and violence, time and

    space, language and silence, brotherhood and rivalry, and resignation and

    manipulation to show how Muslims view these issues.

    Added to the Islamic component, inherent in Mbororo worldview is the FulBe

    sense of superiority vis-à-vis all black African non-FulBe who are

    characterized by the absence of specific FulBe qualities. This supposed

    superiority is manifested even in the antonym of FulBe which is HaaBe

    (sing. Kaado), meaning non-FulBe. It has not only an inherent pejorative

    connotation but also conveys FulBe’s superiority complex (PELICAN, 2015).

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

    26

    In addition to Islamic social and religious rules, the Mbororo’s

    worldview in the North-West is also shaped by “pulaaku”. According to

    PELICAN:

    Pulaaku commonly denotes a complex of social values, such as

    modesty, self-control, common sense and courage that are supposed to

    guide public interaction between FulBe. With regard to non-FulBe (or

    haaBe), pulaaku serves as an indication of ‘otherness’ and socio-

    cultural distance, the presence or absence of FulBe others. (2015, p.

    106)

    Pulaaku provides both a moral framework and a code of conduct to the

    pastoral FulBe, and is also maintained by town FulBe. To the pastoral

    FulBe, this code of conduct is intimately bound up with nomadic pastoral

    life style and animal husbandry. It is also bound up with the fulfillment of

    duties to elders, wives and the lineage group, and the proper arrangement of

    marriages. Pelican (2015) has argued that the practice of palaaku by the

    Mbororo in the North-West Region of Cameroon goes with challenges.

    However, the challenges on palaaku among Mbororo in the North-West

    Region of Cameroon might have not erased this inherent and intrinsic

    behavior in Mbororo but only have pushed them to control its manifestation

    in a very sensitive community. Pulaaku strengthens the idea of honour and

    shame found in Islamic worldview.

    Mbororo in the North-West Region of Cameroon, just like other Muslims,

    view Isa Al-Masih, or Jesus Christ, as a unique and incomparable person

    who is respected. The Qur’an has devoted a substantial portion on Jesus.

    Qur’anic references to Isa Al- Masih are always respectful. In Mbororo’s

    worldview, as is true for other Muslims, Isa Al-Masih is perceived as the most

    important prophet, second only to Muhammad (DAWOOD, 1956). And

    ultimately Isa Al-Masih will be the Intercessor on Judgment Day, and is

    expected to come back to earth (Sura 4:158).

    However, it is equally true that the Mbororo like other Muslims do not

    perceived Jesus Christ as the Son of God. Muslims interpret the term “the

    Son of God” as a teaching that Christians believe and promote affirming that

    Mary had a physical relationship (i.e. sexual intercourse) with Allah (WILLIAM

    2008).

    The Mbororo like other Muslims do not believe that Jesus died on the

    cross. The Qur’an says:

    They denied the truth and uttered a monstrous falsehood against Mary.

    They declared: ‘We have put to death the Messiah Jesus the son of

    Mary, the apostle of Allah.’ They did not kill him, nor did they crucify

  • Some Implications of the Perception of Jesus in

    Mbororo’s Worldview

    27

    him, but they thought they did. Those that disagreed about him were in

    doubt concerning his death, for what they knew about it was sheer

    conjecture; they were not sure that they had slain him (Sura 4:156-

    157).

    HUFFARD (1989) holds that Muslims’ objections to the cross come more

    from cultural values than historical denial. Muslims claim that Jesus Christ,

    was only a prophet among prophets, and is therefore a mere mortal, like

    Adam. As a result, Islam also denies both the doctrines of the incarnation

    and the resurrection (WILLIAM 2008).

    Also Mbororo in the North-West Region of Cameroon like other Muslims,

    do not view Jesus as God. The nature and essence of the Triune Godhead is

    very inconceivable to the Mbororo. Like other Muslims, they consider the

    Trinity doctrine of the Christians as belief in three gods (GILCHIST 2002).

    Consequently, Mbororo do not perceive Jesus as Savior. Muslims do not

    believe in salvation by grace. Muslims believe in various other means, but

    primarily through good deeds, or good works. Salvation for a Muslim means

    deliverance from eternal punishment and hell. Salvation for a Muslim means

    obedience to the laws of Islam. Salvation for a Muslim does not mean a

    personal living relationship with Jesus Christ, the Living Word of God

    (CARSTENS 1956). They think Christians are just irresponsible and only seek

    to pass off their sins onto Jesus Christ. Thus, Muslims see no need for

    human nature to transform but only to be guided (WOODBERRY, 1989).

    The forgoing part of this article has attempted an exploration of the popular

    Mbororo worldview and its perception of Jesus Christ. When this portrait of

    the Mbororo is examined in the light of Jesus’ call to make disciples of all

    peoples, some serious and far reaching implications become known.

    First, it is clear from the forgoing paragraphs that even though there is

    a remarkable difference between Mbororo beliefs and the biblical witness

    about Jesus; there are also some similarities. For this reason, the Mbororo

    perception of Jesus could affect disciple making in two major ways: both

    positively and negatively. Disciple making efforts among the Mbororo in the

    North-West might build on the positive aspects and perhaps overcome some

    of the negative aspects.

    As concerns the positive aspects in Mbororo’s perception of Jesus, the above

    exploration has highlighted two elements: Mbororo’s respect for Jesus as a

    major prophet of God and Mbororo’s belief that Jesus will play a chief role in

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

    28

    the Day of Judgment. The Qur’an can be a very useful entry tool in the

    disciple making efforts among Mbororo. The Qur’an has devoted a

    substantial portion on Jesus. In general, Qur’anic references to Isa Al- Masih

    are always respectful. In addition to above points a disciple maker can

    explore some other Qur’anic passages which are very similar to the biblical

    teachings like: Sura 3:45-47: 19:16-35 where, Isa Al-Masih, is recorded as

    being born of the Virgin Mary, conceived by the power of God. From the

    above passage a disciple maker can build on to point to a Mbororo that Isa

    Al-Masih, was not born of the will of humankind, but of the will of God.

    Another Qur’anic passage is Sura 5:113-114 where Isa Al-Masih is

    portrayed as having power and influence with God. A disciple-maker can,

    from this passage emphasize the fact that Jesus has access to God, and that

    God grants Jesus unusual favor. Furthermore, Jesus is referred to as the

    Kalimat Allah, or the Word of God. “The Messiah, Jesus the son of Mary, was

    no more than Allah’s apostle and His Word which He conveyed to Mary: a

    spirit from Him.” (Sura 4:171). A disciple-maker can therefore, emphasize

    that Jesus as the Word of God has the same power and authority as God

    Himself.

    Moreover, according to Sura 3: 42-47, Isa Al-Masih is the chosen and

    holy prophet who has favor before God. According to this passage Jesus is

    clearly the unique chosen one of God. In the Qur’an, Isa Al-Masih is

    referenced as being pure and sinless from birth:

    He has exhorted me to honor my mother and has purged me of vanity

    and wickedness. I was blessed on the day I was born, and blessed I

    shall be on the day of my death; and may peace be upon me on the day

    when I shall be raised to life. (Sura 19:17-19)

    We can see from this passage that the Qur’an teaches that Isa Al-Masih

    is holy, sinless, faultless, and blameless, the only perfect prophet to ever live.

    According to this passage Jesus is clearly the holy one of God.

    According to the Qur’an, Isa Al-Masih performed many miracles and

    signs, including raising the dead and healing the sick: “We gave Jesus the

    son of Mary veritable signs and strengthened him with the Holy Spirit.” (Sura

    2:89) “By Allah’s leave I shall give sight to the blind man, and heal the leper,

    and raise the dead to life.” (Sura 3:49) (DAWOOD 1956). We can see from this

    passage that Isa Al-Masih is believed to be able to perform miraculous deeds

    by the power of God. Jesus has, it is claimed, power over physical illness,

    and even death itself. According to this passage Jesus is clearly the miracle-

    working-one of God. These passages can help in building the right

    perception of Jesus to the Mbororo as the Word of God, the Messiah held in

    honor, favored, holy, righteous, powerful and virgin born.

  • Some Implications of the Perception of Jesus in

    Mbororo’s Worldview

    29

    From the above passages, a disciple maker might make further progress

    to prove the death and resurrection of Jesus from the Qur’an. In the Qur’an

    it is affirmed that Isa Al-Masih was resurrected and ascended into Paradise

    though this might be denied by some Muslims.

    Allah is the supreme Plotter. He said: ‘Jesus, I am about to cause you to

    die and lift you up to Me. I shall take you away from the unbelievers

    and exalt your followers above them till the Day of Resurrection. Then

    to Me you shall all return and I shall judge your disputes.’ (Sura 3:55)

    We can see from this passage that the Qur’an teaches that Isa Al-Masih

    knows the way to heaven and is there already. And ultimately it is claimed

    that Isa Al-Masih will be the Intercessor on Judgment Day, and is expected

    to come back to earth.

    Allah lifted him up to His presence; He is mighty and wise. There is

    none among the People of the Book but will believe in him before his

    death; and on the Day of Resurrection he will be a witness against

    them. (Sura 4:158)

    We can see from this passage that according to the Qur’an Isa Al-Masih,

    is clearly the Intercessor who is coming again to earth to carry out the

    Judgment of God (Sura 43:61). It is also important to point out that the

    interpretation Muslims give to these ayats, or verses, vary widely. That’s

    because Muslims have a slanted view of what Isa Al-Masih will do when He

    returns. However, these ayats still represent a wonderful opportunity to

    bridge the gap between what they think they know and understand to what

    the Bible says about Jesus.

    These above passages, therefore, might serve as wonderful

    opportunities to be used by disciple-makers to help Mbororo see the gap

    between their perception of Jesus and the biblical witness. They might

    question their perception of Jesus and seek new understandings. With

    careful and spirit-filled wisdom, these similarities can be used as a bridge to

    help Muslims who want to learn more about the person and ministry of Isa

    Al-Masih as recorded in the Injil, or the New Testament. In this light

    SARITOPRAK (2015) has argued that the shared belief in Jesus presents an

    excellent opportunity for understanding between Christians and Muslims.

    Third, on the negative aspects of Mbororo’s perception about Jesus, the

    above exploration implied two facts equally. It has indicated that the issue

    with Mbororo is not that they do not know anything about Jesus Christ. As

    we seen above, if they have read the Qur’an, or taught the Qur’an, they know

    a lot of information about Jesus Christ. It is just that they have a very

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

    30

    skewed, or distorted, concept of Him. The information about Jesus Christ in

    the Qur’an is incomplete and inaccurate from a Christian or biblical

    perspective. These half-truths are most dangerous because people easily

    tend to accept them as being entirely true. The Muslim perception about

    Jesus is not only inaccurate and incomplete, such a faulty understanding

    might not be able to bring them to salvation in Christ Jesus. This is the case

    because Mbororo do not accept the deity, incarnation, death and

    resurrection of Jesus Christ, which are the cardinal facts of salvation in

    Jesus. For this reason, the Mbororo cannot depend solely on the Qur’an for a

    complete, accurate and saving knowledge in Jesus Christ.

    Since, Muslims interpret the term “the Son of God” as a teaching

    which affirms that Mary had a physical relationship (i.e. sexual intercourse)

    with Allah (WILLIAM, 2008), it might be helpful for disciple-makers to delay

    using this Biblical title until there is more common ground and acceptance

    established. In the Qur’an, Jesus Christ, is called by various titles, including

    the Kalimat, or Word of God, the Spirit of God, the Messiah, and the

    Righteous One.

    Fourth, being relevant to people of different worldviews is always a

    principal challenge for disciple-making efforts. In the light of this study, one

    can therefore agree with MUSK who observes:

    Our look at the lives of ordinary Muslims has prompted some

    uncomfortable questions about our success or failure as missionaries to

    such people. For the most part, perhaps, we have not even recognized

    the ‘world’ in which many Muslims are living. (2005, 236)

    It is very likely that the low rate of success in disciple-making efforts

    among the Mbororo in the northwest of Cameroon might be linked to the fact

    that disciple-making efforts are yet to be relevant to the worldview of the

    Mbororo.

    Fifth, this exploration of Mbororo’s worldview indicates strongly that it

    could be closer to the Biblical than the animistic and western worldviews.

    Some Mbororo in the northwest of Cameroon reject Christianity because

    they tend to think it would required them become like the Grassfielders:

    alcoholic consumers, pork eaters, western imitators etc. (FUHBANG, 2013).

    Disciple- makers in this context must seek really to be like Jesus

    demonstrating moral and ethical sensitivity.

    Sixth, considering that this present study has equally disclosed that

    the perception of Jesus in the Mbororo’s worldview is Islamic, religious

    sensitivity will be directly linked to disciple-making effectiveness in this

    context. Disciple makers in this context must be adequately trained on how

    to interact and disciple Muslim background followers of Christ.

  • Some Implications of the Perception of Jesus in

    Mbororo’s Worldview

    31

    Seventh, as MOUSSA (1994) has argued, despite the different perceptions

    of Jesus among Muslims, his unique character remains something not to be

    compromised in the disciple-making efforts of the Church. For Jesus

    remains the unique way of salvation. However, MOUSSA has also cautioned

    that the proclamation of the uniqueness of Christ does not exclude the

    taking into consideration some positive values in Islam. Disciple-makers in

    this context must be conscious that as much as it is crucial for Mbororo to

    become faithful followers of Christ, it is just as critical that they become

    faithful followers of Christ in their “Mbororoness6” and “Muslimness.”

    In this paper I have investigated some of the ways in which Mbororo’s

    perception of Jesus in the North West of Cameroon might affect disciple

    making in this context. I began by surveying the Mbororo worldview, giving

    particular attention to its perception of Jesus Christ. I then reflected on

    some of the possible implications of the Muslim perception of Jesus Christ

    for disciple making among the Mbororo. In short, I conclude that the

    Mbororo’s perception of Jesus has both positive and negative aspects. And I

    contend that disciple-makers in this context should build on the positive

    aspects while avoiding the pitfalls of the negative aspects.

    CARSTENS, J. (2003). Focus on Islam. Johannesburg, SA: Market Place Ministries.

    DAWOOD, N. J. (1956). The Koran: Translated with Notes. New York: Penquin Books.

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    6 Mbororoness implies the Mbororo culture or way of life

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    WOODBERRY, J. D. Ed. (1989). Muslims & Christians on the Emmaus Road. Monrovia, CA: MARC.

  • 33

    Résumé : Jésus est désigné à plusieurs reprises dans les Saintes Écritures

    comme enseignant face à des foules, des petits groupes et en tête à tête avec

    des individus. Cet article porte sur les spécificités de sa démarche dans le

    processus enseignement/apprentissage. Le travail a consisté à faire une

    analyse de la démarche pédagogique de Jésus à partir théories béhavioriste,

    constructiviste et socioconstructiviste en usage en pédagogie, didactique,

    sciences de l’éducation et toutes les disciplines connexes. L’analyse a porté

    spécifiquement sur la conception pédagogique, les techniques et outils utilisés,

    le rôle du formateur et des apprenants, la relation pédagogique, la

    communication, le caractère formel, informel ou non formel. En clair, il a été

    question de tenter de répondre à la question « à quoi pourrait correspondre la

    pédagogie de Jésus dans le champ conceptuel contemporain » ? Il ressort de ce

    parcours que la pédagogie de Jésus est intégrative du point de vue des

    approches contemporaines. Bien plus, elle va au-delà et se particularise en

    pédagogie de la découverte ou de la révélation.

    Abstract: The Holy Scriptures shows Jesus as a master teacher, instructing

    crowds, small groups, and individuals. This paper aims to look at Jesus’

    teaching approach according to behaviorist, constructivist, and socio-

    constructivist theories. More specifically, this article analyzes his pedagogical

    methods, tools, and technics. It also examines his relationship with those he

    instructs, his style of communication, and the formal, non-formal or informal

    character of his teaching. This study seeks to explore Jesus’ pedagogy using

    contemporary models. It concludes that his pedagogy fits into the present-day

    integrative view and suggests that his approach could be labeled a ‘pedagogy

    of discovery’ or ‘of revelation’.

    A plusieurs reprises dans le Nouveau Testament (NT), Jésus est désigné

    comme didascalos c’est-à-dire enseignant ou présenté comme donnant un

    enseignement. La spécificité du fait d’enseigner permet d’avoir à l’esprit un

    enseignant, un ou plusieurs élèves, un contenu dispensé selon certaines

    méthodes et un environnement. Ce référentiel s’applique aussi bien à Jésus

  • Bulletin de recherche de la FACTEC, vol. 3, sept. 2017

    34

    qu’à l’enseignement tel qu’il se pratique aujourd’hui dans les écoles, collèges,

    lycées et universités. La différence, sur le plan structurel, réside dans

    l’environnement d’apprentissage où la salle de classe constitue

    prioritairement le cadre de l’enseignement dans la pratique contemporaine,

    ce qui n’est pas le cas pour Jésus.

    Le référentiel enseignement/apprentissage/savoirs constitue un thème

    majeur dans les réflexions en pédagogie, en didactique, en sciences de

    l’éducation, en psychosociologie et dans toutes les disciplines connexes. Les

    différentes constructions théoriques qui en découlent, en rapport avec la

    pédagogie de Jésus dans la formation de ses disciples, constituent le centre

    d’intérêt de cette production. Il est question de comprendre la formation des

    disciples par Jésus à partir des modèles contemporains d’apprentissage, en

    vue de la « nommer », la « classer » dans le champ conceptuel en vigueur

    dans la discipline. En clair, il est question de tenter de répondre à la

    question à quoi pourrait correspondre la pédagogie de Jésus dans le champ

    conceptuel contemporain ?

    Pour répondre à cette question, la démarche est triple. La première

    action consiste à faire le répertoire des théories contemporaines de

    pédagogie. La seconde action se résume à l’analyse de la démarche de Jésus

    sous le prisme des théories précédemment élucidées. La troisième enfin

    consistera à « nommer » ce que l’on peut considérer comme pédagogie de

    Jésus et la formation des disciples aujourd’hui. Le terme discipolat est

    utilisé pour désigner le processus enseignement/apprentissage entre Jésus

    et ses disciples, singulièrement le groupe des douze, les femmes et tous ceux

    qui l’ont accompagné tout au long de son ministère (Actes 1 : 21). Les

    sources de ce travail sont constituées de la revue documentaire et des

    Saintes Ecritures à partir desquelles il sera procédé à l’analyse du contenu.

    Trois approches pédagogiques sont répertoriées dans la littérature, ce sont

    l’approche béhavioriste, l’approche constructiviste et l’approche

    socioconstructiviste. A partir des résultats de leur analyse, une lecture du

    modèle de Jésus permettra de déterminer les ruptures et continuités.

    Encore appelée pédagogie traditionnelle (SAKER & MEZROUA, 2013) ou

    approche cognitiviste (PROULX, 2004), est associée aux travaux de PAVLOV qui

    a développé la théorie du comportement. Selon cette théorie, le bon stimuli

    de l’enseignant produit le bon comportement chez l’apprenant. Cette

    approche se fonde sur la mémorisation, la capacité de reproduire, la volonté

  • Formation des disciples de Jésus à la lumière des

    modèles contemporains d’apprentissage

    35

    d’obéir à l’autorité. Le savoir est transmis d’un cerveau plein, l’enseignant,

    au cerveau vide, l’apprenant (SAKER & MEZROUA, 2013).

    Selon le Mini guide pédagogique, elle convient à des formations qui

    visent le changement des comportements et l’acquisition d’automatismes. La

    pédagogie par objectif, le développement des référentiels de compétences et

    l’enseignement programmé conviennent bien à cette approche où

    l’enseignant a la maîtrise du déroulement pédagogique, du contenu à

    transmettre et du temps. L’apprenant quant à lui est dans une situation

    confortable dans laquelle il n’y a pas de remise en cause.

    Cette approche connaît de nombreuses critiques aujourd’hui

    notamment la frayeur dans le rapport enseignant-apprenant qui est

    unilatéral, allant du professeur vers l’élève (SAKER & MEZROUA, 2013). Les

    récriminations qui lui sont faites dans le Mini guide pédagogique (ANONYME,

    2016) portent d’une part sur son caractère abstrait, modélisant et non

    adapté aux adultes, le conditionnement des apprentissages, le peu

    d’interactions formateur-apprenant, la passivité et le manque d’autonomie

    de l’apprenant vis-à-vis du savoir d’autre part.

    Selon le Mini guide pédagogique (ANONYME, 2016), l’approche constructiviste

    de PIAGET est une pédagogie non linéaire adaptée aux besoins des individus.

    Le principe de base est un équilibre trouvé entre assimilation et

    accomodation. Elle vise l’autonomie des apprenants et la construction des

    stratégies d’apprentissage par la confrontation aux situations et problèmes

    afin que l’apprenant soit outillé pour faire face aux réalités de la vie et mieux

    répondre aux besoins de la société.

    On lui reconnait l’autonomie qu’elle confère aux apprenants, le

    caractère durable et profond des acquis de l’apprentissage qui intègre les

    savoirs précédents et les expériences. Les centres d’intérêts et les objectifs de

    l’apprenant sont pris en compte, ce qui lui donne une plus grande

    motivation.

    Cette approche cependant demande des groupes restreints par

    conséquent, elle ne peut être appliquée aux masses. En outre la question du

    temps est problématique d’abord pour l’enseignant qui doit construire des

    situations pédagogiques appropriées qui répondent aux attentes des

    apprenants. Cet exercice demande la connaissance desdits intérêts et un

    temps important pour la préparation. Pour l’apprentissage ensuite à cause

    du caractère aléatoire du temps nécessaire pour l�