La Teinture

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LA TEINTURE Nous préférons à tout autre teinture, la teinture végétale, naturelle. Aussi nous ne présenterons pas ici les techniques de teinture industrielles et chimiques. La nature a su nous donner bon nombre de plantes, animaux, minéraux qui pourront servir à donner une couleur à une laine, un lin ou un coton. Pour ce faire il existe plusieurs recettes, plusieurs techniques. Tout d'abord, il faut commencer par mordancer la fibre : c'est à dire la préparer à recevoir et conserver la couleur qu'on veut lui donner. Plusieurs mordants sont utilisés : l'alun (avant teinture) et le sulfate de cuivre, le sulfate de fer (après teinture). LE MORDANCAGE : ALUN : Pour 1 kg de laine : 200 g d'alun Dissoudre l'alun dans de l'eau bouillante. Y introduire la laine humectée. Porter à ébulition en remuant pendant une heure. Laisser refroidir. Sortir la laine et l'égoutter (ne pas la tordre.). SULFATE DE CUIVRE : pour 1 kg de laine : 25 à 50 g de sulfate de cuivre Le sulfate de cuivre fait virer les jaunes en verts. Dissoudre le sulfate de cuivre dans de l'eau tiède, mettre la laine que vous venez de teindre (donc encore humide). Faire bouillir de 10 minutes à 1 heure en remuant. Bien rincer et égoutter la laine. SULFATE DE FER : pour 1 kg de laine : 25 à 50 g de sulfate de fer Le sulfate de fer permet de foncer les couleurs. Procéder de la même manière que pour le sulfate de cuivre. Faire bouillir jusqu'à 2 ou 3 heures.

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Page 1: La Teinture

LA TEINTURE

Nous préférons à tout autre

teinture, la teinture végétale,

naturelle. Aussi nous ne

présenterons pas ici les techniques

de teinture industrielles et

chimiques.

La nature a su nous donner bon nombre de plantes, animaux,

minéraux qui pourront servir à donner une couleur à une laine, un lin ou un coton.

Pour ce faire il existe plusieurs recettes, plusieurs techniques.

Tout d'abord, il faut commencer par mordancer la fibre : c'est à dire la préparer à recevoir et

conserver la couleur qu'on veut lui donner.

Plusieurs mordants sont utilisés : l'alun (avant teinture) et le sulfate de cuivre, le sulfate de fer

(après teinture).

LE MORDANCAGE :

ALUN : Pour 1 kg de laine : 200 g d'alun

Dissoudre l'alun dans de l'eau bouillante. Y introduire la laine humectée. Porter à ébulition en

remuant pendant une heure. Laisser refroidir. Sortir la laine et l'égoutter (ne pas la tordre.).

SULFATE DE CUIVRE : pour 1 kg de laine : 25 à 50 g de sulfate de cuivre

Le sulfate de cuivre fait virer les jaunes en verts. Dissoudre le sulfate de cuivre dans de l'eau

tiède, mettre la laine que vous venez de teindre (donc encore humide). Faire bouillir de 10

minutes à 1 heure en remuant. Bien rincer et égoutter la laine.

SULFATE DE FER : pour 1 kg de laine : 25 à 50 g de sulfate de fer

Le sulfate de fer permet de foncer les couleurs. Procéder de la même manière que pour le sulfate

de cuivre. Faire bouillir jusqu'à 2 ou 3 heures.

Page 2: La Teinture

LA TEINTURE DE BOUILLON :

Les plantes tinctoriales nous donnent la

possibilité, pour certaines, d'utiliser les

écorces, les feuilles, les fleurs ou les racines.

Le traitement avant chauffe est donc

différent.

Les branches, écorces et les racines doivent

tremper avant cuisson. Les fleurs, feuilles et

fruits ne nécessitent pas de préparation mais

doivent être utilisés très rapidement après

cueillette.

La cuisson doit se faire progressivement :

mettre les plantes dans l'eau froide, puis

chauffer jusqu'à ébullition pendant une heure

environ. Lorsque la plante a rendu un jus

intéressant, il faut enlever les plantes et

même filtrer le jus pour que la fibre ne soit

pas en contact avec un reste de plante qui

pourrait donner des taches. Laisser refroidir.

Mettre la laine. Refaire bouillir le temps

désiré (de 20 minutes à 2 heures) en remuant.

Egoutter la laine, la laisser refroidir puis

rincer à sa température (attention au

feutrage). Laisser sécher à l'air libre.

La méthode la plus fréquente

consiste à faire bouillir le

composant coloré : écorce,

feuilles, fleurs, insecte,

galle...

Cette décoction, une fois qu'elle a

bien rendu son jus, permet d'obtenir

une couleur : mais ce ne sera pas

forcément celle que l'on voit.

L'oxydation, le sulfate de cuivre

peuvent être utilisés pour obtenir

une autre teinte.

Page 3: La Teinture

LA TEINTURE A FROID :

Plus connue sous le nom de "teinture par fermentation", si elle donne de bons résultats, est

souvent difficile à maîtriser. Les spécialistes pensent qu'il s'agit de la forme la plus ancienne de

teinture développée dans la zone du Moyen-Orient, zone géographique où le climat permet une

telle application (T° moyenne assez haute pour entraîner une fermentation). Les peuples

orientaux (Parthes, phéniciens, hébreux, égyptiens) connaissent et maîtrisent ces techniques et

l'on peut apprendre beaucoup en consultant l'Ancien Testament, notamment le livre de l'Exode

et le Lévitique. Les pays du nord européen ont, quant à eux, développer l'art de la teinture de

bouillon (par ébullition) même si certaines sources permettent de croire à l'utilisation de

teintures par fermentation assez tôt (utilisation des lichens à orseille chez les Gaulois, possibilité

de faire fermenter des bains près du feu...).

Anne RIEGER, teinturière professionnelle, travaille avec cette technique qu'elle a redécouverte

en apprenant à maîtriser l'art du bleu (indigo et pastel, d'abord par réduction chimique puis de

façon naturelle avec les cuves de fermentation).

Voici une de ses recettes pour un jaune aux citrons :

Mettre des peaux de citrons dans un bocal en verre sans les oxyder avec une lame de couteau

(simplement en les déchiquetant à la main), ajouter de l'eau avec le reste de jus de citron, le pH

va descendre et il faut le maintenir entre 3 et 5 (vérifier tous les jours avec du papier pH ou un

ph-mètre) Au bout de 15 jours, divisez le liquide en deux et compléter dans chacun des bocaux

avec de l'eau. Il doit demeurer acide (pH entre 3 et 5) tandis que l'autre doit devenir basique

(pH=10,5 et 11) en ajoutant jour après jour un peu de chaux. L'écheveau de laine à teindre doit

être mis plusieurs jours dans le bocal acide puis près de vingt minutes dans le bocal basique.

Sécher sans laver. Il faut la rincer abondamment avant de l'utiliser et même la laver. On obtient

de très bons résultats avec des racines de garance en les laissant fermenter dans de l'eau de pluie

croupie (a l'avantage de ne pas être basique comme l'eau du robinet qui est chlorée et même

légèrement acide) trois ou quatre semaines en plein été sous les tuiles d'un toit afin d'amener le

bain à une T° assez chaude. De bons résultats également avec le jus de baies de nerprun (le jus

violet fermente et tourne au vert, donnant une teinture solide) et l'écorce d'aulne (bain orange vif

).

Enfin quelques petits conseils :

L'odeur qui accompagne le processus de fermentation est souvent nauséabonde et de plus se

transmet à la laine et ne disparaît souvent qu'avec une mise à l'air prolongée...

Attention toutefois à ne pas les laisser à la lune ou au soleil, les pires ennemis du teinturier...

La fermentation procure des dégagements gazeux, surtout en période d'orages ou de temps

lourd...

Utilisez des bocaux en verre solides et n'oubliez pas de les entrouvrir régulièrement car ceux-ci

peuvent déborder ou même exploser...

Enfin, la pellicule cuivrée qui se crée à la surface d'un bain est souvent un bon indice de la

qualité du bain, même si les déconvenues ne sont pas rares... la déception est souvent au rendez-

vous!!!!!

Bonne chance !

PRODUITS DE TEINTURE

Page 4: La Teinture

Voici ici, la liste des diverses plantes et insectes tinctoriaux : Ils sont classés par ordre alphabétique et vous

indiquent la partie à récolter pour obtenir un bain de teinture, l'histoire de la plante et son utilisation en tant

que teinture :

AIGREMOINE

L'aigremoine eupatoire est une plante riche en tanins. On peut donc

l'utiliser pour obtenir des jaunes roux mais également des bruns très

foncés ou des verts mousse en ajoutant des sulfates de fer ou de cuivre à

la fin du bain.

jaune vert brun

AIRELLES

Arbrisseaux de montagne et de forêts en milieu tempéré. De la famille

des Ericacées. Les baies fournissent un jus très coloré qui teint

difficilement. Les gaulois étaient spécialistes pour teindre à partir de

baies. Les baies contiennent des colorants anthocyanes qui donnent de

très belles couleurs vives mais résistent peu au soleil et virent souvent

sous l'action du savon (attention, donc au changement de pH!!)

rose à violet

AMANDES

La coque de l'amande (partie charnue et veloutée verte) ressemble

beaucoup pour le teinturier au brou de la noix. il permet d'obtenir de

délicats verts tendres. On sait que l'utilisation de ce colorant est très

ancienne et il semble que les hébreux l'utilisaient abondamment. La

couleur obtenue, si elle est assez pâle, est en fait très solide, elle aurait

même tendance, d'après nos observations, à foncer au cours du temps.

vert céladon

ANTHEMIS

L'Anthemis tinctoria est parfois appelée la camomille des teinturiers.

Petite fleur jaune, elle se cultive facilement et permet d'obtenir de jolis

jaunes solides. Elle fut longtemps cultivée et demeure endémique à

l'état sauvage. Si vous en trouvez, laissez là donc sur le bord du chemin

et tâchez plutôt de la cultiver ou bien achetez là auprès de magasins

spécialisés en produits de teinture ou chez les herboristes.

jaunes

ARTICHAUT

L'artichaut est une plante tinctoriale...il faut plutôt utiliser ces feuilles

qui donnent de jolis jaunes clairs sur la laine...certains prétendent qu'on

peut obtenir d'autres couleurs ainsi que le fameux topinambour qui

donnerait une fécule bleue...mystère! Nous n'avons pas encore essayé.

jaune clair

Page 5: La Teinture

AULNE

L'aulne est une source de couleurs variées qui se marient très bien

ensemble...Avis aux amateurs de couleurs automnales: les feuilles

donnent un jaune foin, les cônes des bruns riches qui tournent vers le

kaki et l'écorce donne des marrons ou des noirs avec du fer ainsi qu' un

superbe noisette si l'écorce est laissée à fermenter dans un baquet d'eau

croupie : l'eau prend alors une superbe couleur orange vif en quelques

semaines et lorsqu'une pellicule cuivrée apparaît à la surface, il suffit de

laisser la laine tremper dans le baquet pour qu'elle prenne des tons

noisette variés et saturés en fonction de la durée.

jaune, kaki,

marron, noisette

BOIS DE

CAMPECHE

Le bois de campêche a connu un grand succès à partir du XVIIe siècle

car il fournit des couleurs rares (bleu, violet, noir...) mais son emploi

reste difficile pour obtenir des couleurs solides. Il faut donc privilégier

un bon mordançage.

pourpre, bleu et

noir

BOULEAU

BLANC

Les feuilles de bouleau (surtout les fraîches au printemps) donnent de

très beaux jaunes poussin solides. L'écorce de bouleau (pas la pellicule

blanche mais l'écorce brune) donne des très beaux caramels ou bruns.

Dambourney, savant du XIXe siècle, qui a obtenu plus de 500 nuances

avec des fleurs et plantes communes conseillent souvent d'utiliser un

bain de bouleau pour fixer avant la teinture définitive une couleur

fragile. Seulement, il faut se méfier des effets de ce bain qui risque

d'altérer la couleur définitive.

jaune brun

BOURDAINE

L'écorce et les baies de bourdaine sont, selon Dambourney, de très bons

fournisseurs de couleurs rares (brun cannelle, vert, bleu, prune...) mais

nous n'avons pu encore expérimenté cette plante car elle est difficile à

trouver dans l'Est de la France...

brun, bleu,

vert...

CACHOU

Le cachou constitue une bonne matière colorante qui fournit de beaux

roux et bruns. le seul problème est la difficulté à dissoudre la matière

dans un bain...il faut insister pour transformer la pâte collante en un

bain homogène...

marron

CARDON

Les feuilles de ce légume ancien injustement délaissé donnent très

facilement du jaune, comme bon nombre de plantes...Le cardon a le

mérite de teindre très facilement sur des laines peu mordancées.

jaune

Page 6: La Teinture

CARTHAME

Les ligules du sommet de la fleur donnent des jaunes orangés mais il

faut plutôt les faire tremper dans l'eau pour éliminer ces colorants

jaunes instables puis teindre avec la masse séchée de ligules en milieu

basique (pensez à utiliser les cristaux de soude St Marc) et vous

obtiendrez les délicates (mais fragiles !) nuances des roses et cerise

utilisées par les tisserands coptes de l'Antiquité.

jaune mais aussi

rose, rouge pâle,

cerise,

groseille...

CHENE

Si les feuilles du chêne donnent un beige assez sale, l'écorce est une des

sources végétales les plus connues pour le tanin et donnent donc de

belles couleurs tannées qui virent vers un noir bleuté corbeau en

présence de sels de fer.

beige à noir

COCHENILLE

La cochenille est utilisée depuis l'époque antique pour obtenir des

beaux rouge et violets. Cette teinture est déjà utilisée chez les Hébreux

et est utilisée pour les tissus de luxe avec la pourpre. La cochenille est

la femelle d'un petit insecte : on peut utiliser différentes cochenilles

mais la plus courante est la cochenille d'Amérique (Coccus Cacti). On

la trouve dans le commerce sous forme d'insectes séchés ou en poudre

(le carmin des peintres et des pâtissiers). La cochenille est utilisée

encore comme colorant alimentaire sous le nom de E120.

rouge rose,

pourpre rouge,

pourpre bleu,

rouge vif

Page 7: La Teinture

CURCUMA

La racine de curcuma, qui rentre dans la composition du curry, est

utilisée sous forme de poudre jaune vif. Son utilisation en teinture est

très ancienne surtout en Inde où il confère une protection au tissu teint

avec ce colorant. Les couleurs obtenues sont dans la gamme du jaune

vif ou vert et ocre avec l'utilisation de sels de cuivre ou de fer. L'usage

d'un mordançage est superflu. La couleur prend bien sur tous types de

matières (coton, lin, chanvre...) mais la couleur est instable et vire au

rouge en pH basique.

jaune-vert-brun

DALHIA

Bon nombre de fleurs du jardin permettent de teindre, en particulier, les

zinnias, cosmos ou encore les dahlias. Privilégiez les fleurs aux teintes

les plus foncées et vous obtiendrez des tons grenat.

rouge grenat,

rose, orange

ERABLE

Les feuilles d'érable, comme beaucoup de feuilles d'arbre, teignent en

jaune. jaune

FIGUIER

Les feuilles de figuier teignent dans des tons raffinés de jaune

poussin...Elles ont en plus l'avantage de répandre lors de la cuisson un

doux parfum de figues qui rappelle l'odeur enivrante des confitures...

jaune poussin

FOUGERE

Les fougères sont , paraît-il, utilisables pour obtenir des verts foncés.

Nous n'avons obtenu que des verts tendres avec les frondes de fougère

(les crosses de Saint-Jean). La couleur est cependant solide.

vert

Page 8: La Teinture

GARANCE

Plante rubiacée, aux fleurs vert jaune, dont le rhizome fournit un

colorant rouge. On la remplace aujourd'hui par l'alizarine de synthèse.

Elle est l'une des plus anciennes plantes tinctoriales et fut cultivée dans

ce but jusqu'au début du XXe siècle. La racine fournit un rouge orangé

qui peut tirer sur un rouge franc avec divers mordants ou vers le brique

si le bain est en ébullition.

rouge orange,

oranges

GAUDE

La gaude est une des plus anciennes sources de jaune car la couleur

obtenue est très stable contrairement à la masse des jaunes obtenues par

des plantes courantes. Cette plante est protégée aussi il faut utiliser la

gaude vendue par les spécialistes en colorants ou chez les herboristes.

La plante est également facile à réussir en culture et est une jolie plante

décorative. On trouve maintenant sa semence chez de nombreux

grainetiers spécialisées en plantes rares

jaune

GENET

Le genêt passe pour être une ancienne plante tinctoriale utilisée dès

l'Antiquité. Si le genêt à balais donne des jaunes et même des verts (le

vert de la tapisserie de Bayeux passe pour être un vert tiré du genêt), il

existe une autre espèce de genêt, le genêt des teinturiers, aux fleurs plus

petites qui donne un superbe jaune d'or sur la laine.

jaunes et vert

GENEVRIER

Le genévrier permet d'obtenir des tons abricot sur la laine. Si l'on croit

Pline l'Ancien, les gaulois utilisaient les baies de genièvre pour obtenir

du vert. Malgré plusieurs essais, nous n'avons obtenu que des verts

pâles et la laine ressort comme "cireuse" et grasse. La confusion entre

différents types de baies est envisageable; dans ce cas, Pline l'Ancien

aurait pu confondre genièvres et baies de nerprun qui donnent

facilement un joli vert printemps.

abricot, vert (?)

HENNE

Le Henné est utilisé en Afrique du Nord pour le maquillage mais

également pour la teinture de la laine. les feuilles teignent en orange vif

et peuvent même donner un rouge ou un marron suivant la quantité et le

temps d'ébullition.

orange marron

INDIGO

Matière colorante bleue, provenant des feuilles de l'Indigotier. Cette

teinture a une particularité : la coloration de la fibre se fait non par

imprégnation mais lors de la sortie, par oxydation avec l'air. L'indigo se

réduit en corps invisible et reprend sa forme bleue lors de l'oxydation.

bleus

LICHENS Les lichens teignent non seulement par bains d'ébullition (teintes vertes, verts pâles,

Page 9: La Teinture

jaunes...) mais également par fermentation dans un bain d'ammoniaque

(l'utilisation d'urine conservée dans des bocaux hermétiques est

particulièrement efficace mais aussi nécessaire pour ne pas indisposer

les gens autour de vous...l'utilisation d'un masque et de gants est tout

particulièrement conseillée, mais jusqu'où la passion peut-elle nous

entraîner...? Pensez à organiser des soirées entre amis pour récolter le

volume nécessaire...à ce propos, les traités anciens prohibent l'urine

féminine, trop pauvre en ammoniaque...). Les lichens, connus alors sous

le nom d'orseille, donnent des couleurs variées en fonction des espèces

de lichens nombreuses.

oranges, rouges,

violets...

MELEZE

Le mélèze, comme le chêne ou d'autres arbres, concentre beaucoup de

tanins. Les rameaux de l'arbre ou encore les cônes permettent d'obtenir

des beiges et des bruns clairs qui foncent et tirent vers le gris foncé avec

du sulfate de fer.

beige, brun, gris

foncé

MILLEPERTUIS

Si la plante entière teint en jaune ou roux, les fleurs concentrent plus de

colorant. Dans un bain classique elles peuvent donner des nuances très

délicates de roux orangé. Les fleurs infusées dans un bain alcoolisé

rendent un colorant rouge, connu sous le nom populaire de sang de

Saint Jean, qui en chauffant et en s'oxydant transmet à la laine une

superbe nuance de vert printemps assez stable et très lumineuse.

jaune roux, vert

NERPRUN

Les baies de nerprun sont à faire fermenter pour obtenir un jus foncé

qui vire au vert en quelque temps. On obtient alors des jolis jaune vert.

la baie, lorsqu'elle est encore verte donne de très beaux jaunes. Elles

étaient connues sous le nom de graines de Perse ou graines d'Avignon

autrefois. Dambourney, au XIXe siècle a réussi de très beaux verts avec

la nerprun...il les a joliment baptisés Vert de chine, vert de pré, vert

perroquet et vert colvert (bonne chance à ceux qui désireraient obtenir

cette nuance, vous n'êtes pas au bout de vos peines...les baies sont

difficiles à cueillir, il faut les trier car certaines sont trop immatures

pour ne pas "jaunir" le bain, la quantité à récolter est impressionnante et

le jus en fermentant dégage une odeur forte qu'on pourrait situer entre le

vieux vinaigre et le pipi de chat...)

jaunes et surtout

des verts, rares

dans les

couleurs

naturelles...

NOIX DE GALLE

La noix de galle est également une source riche en tanin. Elle permet

d'obtenir avec du fer de très beaux bleus lavés mais également des

violets bruns mats ainsi que des noirs profonds.

bleu délavé à

noir saturé

Page 10: La Teinture

NOYER

Les feuilles de noyer donnent surtout des verts qui brunissent avec

l'âge. Les couleurs résistent mieux avec des feuilles sèches. Les noix,

entourées de brou frais, donnent de très beaux bruns solides mais la

meilleure façon est encore de faire fermenter les brous, en automne

lorsque la noix tombe, dans de l'eau et de laisser fermenter plusieurs

années. Un simple chauffage de ce liquide parfumé donne alors les

superbes bruns des tapisseries anciennes.

vert gris, bruns

et noirs

OEILLET D'INDE

Les fleurs d'œillet d'inde ou de roses d'inde donnent de beaux jaunes

foncés et même des oranges ou des roux. l'odeur du bain est enivrante et

comble de chance, il est possible de teindre avec les fleurs en voie de

fanaison et donc de profiter de leur floraison le plus longtemps possible.

jaunes, oranges

et roux

OIGNON

La pelure d'oignon constitue sans doute la matière la plus facile à

utiliser pour les débutants en teinture et donnent toujours de bons

résultats mais il faut plusieurs années d'expérience pour savoir l'utiliser

à bon escient et obtenir en fonction de l'époque de séchage, du mordant

et de l'espèce d'oignon une gamme riche et variées de coloris.

jaunes, verts et

oranges

ORCANETTE

La racine d'orcanette est utilisée depuis les temps anciens. Il vaut mieux

en acheter dans le commerce (chez les vendeurs de pigments spécialisés

par exemple). La couleur obtenue dans un bain classique est parfois

terne, alors essayez avec un bain ou les racines ont infusé dans l'alcool.

On obtient de très beaux pourpres et même des violets saturés. La

couleur est fragile mais l'éclat obtenu est irremplaçable et demeure une

grande joie pour le teinturier.

carmin à violet

foncé

PASTEL

Le pastel, s'il fallait retenir une plante tinctoriale qui a marqué l'histoire,

demeure l'une des sources de bleu les plus utilisées en Europe depuis le

néolithique. Son nom gaulois (le Glastrum) montre l'importance de

cette plante sacrée à l'époque de la Tène finale qui possède un fort

pouvoir religieux et guerrier. Les Bretons et les Pictes se peignaient le

corps avec, ce qui fit dire à César que les femmes de ces peuples

ressemblaient à des éthiopiennes. Le pastel fut ensuite cultivé dans

plusieurs régions d'Europe, surtout à partir du XIIIe siècle avec le

triomphe de la couleur bleue. Il fit la fortune de régions diverses comme

Amiens mais surtout Toulouse et Albi. Le principe de teinture est le

même qu'avec l'indigo. Le pastel a cependant le désavantage de moins

concentrer de matière colorante. Il en faut donc beaucoup pour obtenir

un bleu saturé. Aujourd'hui, la culture du pastel est relancé à Lectoure

pour produire des colorants, pigments à base de feuilles de pastel.

BLEUS

Page 11: La Teinture

PERSIL

Le persil teint en jaune vif et le jaune obtenu est très solide. On peut

obtenir une nuance proche avec le fenugrec. jaune

POMMIER

La plupart des arbres fruitiers donnent une couleur. Les feuilles du

pommier donnent ainsi une teinte jaune assez soutenue. L'écorce fournit

de très beaux beiges, jaunes qui tirent vers le rose. Le jus de pommes

mais encore plus le vinaigre de cidre constituent de très bons mordants

ou fixateurs.

jaune

PRUNELLIER

Les baies de prunelle fournissent en grande quantité des tons pâles, très

pâles de rose timide ou de bleu lavande...Nous vous déconseillons

l'essai : la cueillette est fastidieuse pour pas grand chose au bout du

compte.

bleu très pâle,

rose chair

RAISINS

On sait déjà que le vin tache. Il teint également grâce à la présence de

colorants dans la peau du raisin. Comme beaucoup d'autres couleurs

fournies par les baies et les fruits, les teintes obtenues sont très fragiles

et instables.

pourpre

REINE DES PRES

La fleur de la reine des prés, en plus d'être très parfumée, donne de

superbes jaunes soleil. La plante entière donnent des verts mais c'est

surtout la racine qui est intéressante car elle est gorgée de tanins et teint

facilement vers des bleus gris dans une marmite de fer. Si vous voulez

éviter de teindre avec du fer (le fer a tendance à ronger la laine), faites

cuire dans le bain de teinture une grande quantité de feuilles de frêne ou

bien des racines d'oseille sauvage car elles sont riches en fer

naturellement.

jaune, bleu noir

RONCE

la ronce, connu plus sous le nom de mûre, donnent pour la plante

entière de jolis gris solides. le fruit, comme ses cousins le sureau ou la

myrtille, donne de beaux violets qui virent au bleu ardoise avec un

corps alcalin (savon...)

violet, bleu

Page 12: La Teinture

SAFRAN

Le safran, issu du Crocus Sativus est utilisé depuis l'Antiquité pour

teindre en jaune.... safran, naturellement ! S'il faut peu de safran pour

obtenir un bain, le prix de revient de cette teinture est tout de même

assez élevé aussi il vous faut préférer teindre de petites quantités ou

alors privilégier l'utilisation de la racine de curcuma.

jaune.....safran!

SANTAL

Ce bois, qui sert traditionnellement en parfumerie fait partie de la

grande famille des bois rouges connus dès le Moyen Age sous le nom

de bois de Brasil car ils donnent à la laine des couleurs rouge vif

proches de la couleur de la braise. C'est parce que les Grands

explorateurs en trouvèrent en abondance en Amérique du Sud que la

Terre de Vera Cruz a été rebaptisée sous le nom de Brésil.

rouge et roux

SCABIEUSE

La famille des scabieuses est vaste. Si certaines fleurs teignent vers des

violets pourpre, la scabieuse la plus commune (la knautie) donne un joli

vert bien que sa fleur soit lilas!!!

vert tendre

SENECON

Le séneçon, connu également sous le nom d'herbe à Saint Jacques ou

bien encore celui de jacobée, donne des jaunes paille qui virent vers le

vert mousse avec du cuivre...

jaune, vert

SERRATULLE

la serratulle des teinturiers donne également des jaunes...elle fut retenue

par les teinturiers car son jaune est assez solide et n'a pas tendance à

verdir avec l'âge.

jaune

Page 13: La Teinture

SORGHO

Le sorgho africain est une plante tinctoriale bien souvent négligée.

Pourtant les tiges mises à fermenter permettent d'obtenir de beaux

rouges sur laine mais aussi sur le coton.

rouge

SOUCI

Les fleurs de souci donnent des résultats similaires à ceux obtenus avec

les pelures d'oignon.

jaunes clairs et

foncés, orangés

SUMAC

Les feuilles de Sumac, riches en tanin, donnent des gris beige avec un

mordançage classique mais des violets et gris foncés proche du noir

avec un nuançage à l'oxyde de fer.

gris à noir

SUREAU

Cet arbuste dont on fait des confitures et des beignets est aussi une

plante tinctoriale. Les feuilles donnent des verts tendres mais l'odeur du

bain est parfois insoutenable (frottez quelques feuilles et vous verrez!!).

les baies donnent de très beaux violets qui sont instables et tournent vite

au bleu avec le savon. Le sureau convient bien pour la teinture de fibres

végétales (coton, lin...). Séchées ou fermentées, les baies du sureau noir

donnent des bruns alors que les baies du sureau hyèble donnent des bleu

gris et parfois des verts foncés assez jolis.

bleu ardoise,

violet, vert

foncé

THE

Le thé est lui aussi riche tanin. Utilisez de préférence un thé de chine

car les feuilles ont fermenté et le bain de teinture prend plus facilement.

Le mordançage n'est pas indispensable et le bain au thé peut parfois être

utile pour renforcer une couleur délicate.

rose, beige,

caramel clair.

Page 14: La Teinture

VERGE D'OR

La verge d'or, que l'on trouve en grande quantité sur des terrains vagues

ou sur les talus de chemins de fer fournit des beaux jaunes facilement

tirant vers le vert pré ou le vert mousse.

jaunes

LES FAUX-PRODUITS

Bon nombre de fruits, de plantes tachent les tissus si on a le malheur de les renverser. Qui n'a jamais

renversé un verre de vin sur la nappe, ou écraser une framboise sur sa chemise... Mais, même si l'on a des

problèmes pour enlever ces auréoles, ce ne sont pas forcément des produits de teinture. Il ne faut pas

confondre taches et teinture. Voici la liste de quelques faux amis:

La cerise qui ne donne que des vieux roses séchés

La fraise

La framboise...bref la plupart des fruits rouges

Le bleuet qui n'a jamais donné de bleu, comme cela est bien souvent indiqué à tort dans des ouvrages

anciens

Les racines de pissenlit qui devraient donner un "rouge tomate" mais qui, en fait ne donnent que des litres de

sueur perdue pour arracher ces racines

La betterave et autres choux rouges qui ne donnent que des couleurs fugitives et parfois même rien du tout!

Enfin, il est courant de voir citer au rang des plantes qui contiennent de l'indigo de nombreuses plantes qui

en fait n'en contiennent pas : ex., la renouée des oiseaux, tout simplement parce qu'elle ressemble à la

persicaire du Japon qui, elle, en contient ; La scabieuse contient une molécule colorante bleue (jeunes

feuilles de la rosette) mais il ne s'agit pas d'indigo...