La Symphonie Après Beethoven

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La Symphonie Après BeethovenREPONSE A M. FÉLIX WEINGARTNER

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ifilyd7ofOTTAWA39003001939254M,LA SYMPHONIE APRES BEETHOVENRPONSEA M.FLIXWEINGARTNERUVRESDUMEME AUTEURLibrairie FISCHBACHER,33,ruede Seine, ParisQuatremoisauSahel, i volume.Profils de musiciens (iresrie), i volume(P.Tscha-kowskyJ.BrahmsE. Chabrier Vincentd'IndyG.Faur C. Saint-Sans).Portraits et Etudes. LettresinditesdeG.Bizetri volume avec portrait. (Csar FranckC.-M. WidorEdouardColonneJulesGarcinCharles Lamoureux).Faust, de RobertSchumannLeRequiemdeJ. BrahmsLettresdeG. Bizet.Etude sur Johanns Brahms, avec le cataloguedesesuvres.Nouveauxprofils de musiciens, i volume avec sixportraits. (R. de BoisdeffreTh. DuboisCh.GounodAugustaHolmes E. Lalo E. Reyer).Profilsd'artistes contemporains. (Alexis de CastillonPaulLacombe Charles Lefebvre JulesMassenetAntoine RubinsteinEdouardSchur).Symphonie, i volume avec portrait (Rameau etVoltaire RobertSchumannUnportraitdeRameau Stendhal (H. Beyle)Batrice etBndictManfred).RembrandtetRichard Wagner.LeClair-obscurdansl'Art.Charles Gounod. LesMmoires d'unartisteet l'Au-tobiographie.HUGUESIMBERTSLAi'VD)1 I!F Fm1REPONSEA M. FLIX WEINGARTNERExtrait du Guide Mus i c a lPARISLIBRAIRIE FISCHBACHER M A.DURANDet Fils, Editeurs33, rue de Seine, 334,place de la Madeleine, i1900TOUS DROITS RSERVSDigitizedbythe InternetArchivein 2010withfundingfromUniversityofOttawaML12 3'Uhttp://www.archive.org/details/lasymphonieaprOOimbeA mon ami FlixGRENIEREn vive sympathie.|ahautesituationques'estconquisedans le monde musical M. Paul-FlixWeingartner,nonseulementcommechefd'orchestre, mais encore enqualitdecompositeuretcritique d'art, aappell'attentiondes musicienssurlanou-vellebrochurequ'il apublie sousle titre :LaSymphonie aprs Beethoven et dont lasubstanceabrge forma le discours pro-noncparl'auteurBerlinle 11 fvrier, Brmele i5mars,Munichle 20 mars etHambourglegavril1897.MmeCamilleChevillard, la trs sympa-thiquecompagnedujeune etclbre chefd'orchestre,aeul'heureuse ided'en fairelatraductionfranaise. Nousdevonsd'au-tantpluslaremercierdeson travail, qu'ilnousapermis de dcouvrir, dans l'tudedeM. FlixWeingartner,ctde bellesetnoblesides, des arguments qui mri-tentd'trerfuts, etderelever galementdesoublis regrettables. Nousnousefforce-ronsde nepointnous dpartir un instantdelcourtoisiequ'imposetoutediscussionsurdessujetsartistiques.Avantd'entrerdans levif delaquestion,il est ncessaire de rappeler quelquestraitsdela vie de M.F.Weingartner. N Zara(Dalmatie) le 2juin i863, il n'eutpasle bonheur d'avoir les conseilsdesonpre, qu'il perdit alors qu'il tait gpeine de quatre ans.AGraz, osa mres'tait retire, il fit ses premires tudesmusicalessous la direction de W.Rmy.Aprsquelquesessais decomposition(despicespourleclavier,op. 1 3),il entreauConservatoire de Leipzig, d'o il ne sortqu'en l'anne i883, aprs avoir obtenu leprixdela fondation Mozart. Surl'instiga-tion de Liszt, son opra Sakountala futreprsent Weimar le 23 mars1884.Aprs avoir rempli de1884 1891 lesfonctionsdechefd'orchestre des thtresde Konigsberg,Dantzig,Hambourg,Franc-fortetMannheim, M.WeingartnerpousaMlleMarie Juillerat en 1891. Ce fut encette mme anne que les situations dechefd'orchestredela CouretdedirecteurdesConcertssymphoniques del'OpradeBerlin lui churent. Mais, depuis l'anne1897,il ne dirige plus Berlin que lesConcerts, ce qui lui permit de donner denombreusesauditionssymphoniquesenAl-9lemagneet l'tranger. Il fautmentionner,endehorsdel'uvredj signale : Mala-wika,opra(Munich1886), Genesius,opra(Berlin i8g3),KnigLear,DasGcfildederSeligeu, pomessymphoniques,lamusiquedescne pourYAntignedeSophocle,uneSymphonieensolmajeur(1898),unQuatuorpourcordes, des Lieder, des rorchestra-tions, etc.. Ses principaux crits sur lamusique sont les suivants : iDie Lehrevon der wiedergcburtunddasmusikalischeDrama. 2Ueber das Dirigiren. 3Bayrcuth.4Die Symphonie nach Bee-thoven[LaSymphonieaprsBeethoven)(1).M.Flix Weingartner est un indpen-dant,cequi n'est pas pournousdplaire.Aussi ses observations critiques sur lesreprsentations de Bayreuth n'ontpas eule don d'tre agres par la matresseautoritairedeWahnfriedetparsonentou-rage.Peut-tre a-t-il montrquelquepre-t dans les rflexionsque lui suggrrentla direction des reprsentations deBay-reuthpar MmeCosimaWagneretlestho-ries decette dernire en art. Il n'enapasmoinsditdeschosesfort justes, notammentencequiconcerneSiegfriedWagner,dont(1)Une partie de ces renseignements a t puisedans l'excellent dictionnaire de Hugo Riemann ^tra-ductionfranaisedeG.Humbcrtsamreafaitunmusicien,alorsqu'ilavaitmontr destendances trsmarquespourl'architecture.Lorsque, le 5 fvrier1899,M. FlixWeingartnervintconduire l'orchestredesConcerts Lamoureux, l'motion qu'il sus-citafutconsidrable, etnotreminentamiM.EdouardSchur, en cette revuemme(i),sutmerveilleusement tablirla caractris-tiquedeson talent en tant que chefd'or-chestre.Aujourd'hui, nous avons l'tudiercommecritique d'art et nousnousdeman-donstout desuitesisasituationdecomposi-teurlui permettaitdjugerimpartialementses confrres. QueM.F. Weingartneraitpris la plume pour parler des matresd'autrefois, rien demieux. Il pourra errerdans les apprciations qu'il mettra surleursuvres; dumoinsonne pourral'ac-cuser de partialit l'garddescomposi-teursqui ne sont plus. Mais en est-il demme en ce qui concerne les musiciensactuels? Le silence, certes voulu, qu'il afait autourde certains compositeurs Iran-ais devaleur, qui crivirent des uvressymphoniquesaprsBeethovenetdontlestendances devaient tre d'autant plusen-courages, qu'ils ont tent avec succs(1)GuideMusical, numrodu19fvrier id'acclimaterenFrancelasymphonie,nousprouveunefois deplusla justessedenotrethse : lecompositeur,tantjuge et partie,nedevraitjamaisfairedecritique d'art.Et qu'il noussoitpermisdeciter, l'ap-puide notre opinion,unnouvel argumentqui nous est fourni par celui qui tintenFrance pendant de si longues annes etavec tantd'autorit le sceptre de la cri-tique.Voici ce qu'crivait si judicieusementSainte-BeuveensesNouveauxLundis:J'aisouventpensquelemieuxpourlecritique, qui voudraitse rserver le plusde largeurdevues,ceserait de n'avoir aucunefacultd'artiste, de peur de porterensuitedanssesdivers jugementsla secrte prdi-lectiond'un preet d'un auteur intress.Gtheestle seulpotequi aitune facultpotiquel'appui de chacunedesescom-prhensionset de ses intelligencesdecri-tiqueetquiaitpudire, proposdetoutcequ'iljugeenchaquegenre : J'enferai unparfaitchantillon,si jeleveux. Quandonn'aqu'unseultalentcirconscritet spcial,le plus sur, ds qu'on devient critique, critiquede professionet surtoutes sortesde sujets, est d'oublier ce talent, de lemettre toutbonnementdanssa poche, etdesedire que la nature est plus grande et plusvariequ'ellene l'a prouvennouscrant.M.FlixWeingartneraoublidemettredanssapoche son talent de compositeurlorsqu'il a parl ou omis de parler descompositeurs contemporains ayant critdes symphonies aprs Beethoven. Maisprocdonspar ordre et prenons aboro labrochurede l'auteurdeSakountala.Aprs avoirdpeintassezpotiquementle charmequ'ilya gravirunemontagnegigantesque pourjouir d'unevuesplen-dides'tendant l'infini , et la foliequ'ilyauraitvouloir monterencoreplushautque ce sommet et atteindrela voteazu-re,M.Flix Weingartnerexposetoutdesuiteson sentiment l'garddessympho-nies de Beethoven : De mme un lgersentimentdemlancolies'emparetoujoursde moi quand, sachant la grandeur deBeethovenettantpntrdela profondeporte de ses crations, je me rappellealorsquebeaucoupdecompositeurs,aprslui, ont entrepris et entreprennentd'criredes symphonies. Devantl'abondanceinta-rissable de penses et de sentiments ex-prims par Beethoven dans sa musique,une telleentreprisesemble vraiment presqueaussi insenseque celle devouloir monterplushautqu'unsommet. Comme l'a si bien exprim Schiller, Montantdeprogrsenprogrs,l'hommereconnaissantemporteavecluil'artsursesi3ailes quis'lvent, et de nouveaux mondesde beauts s'lancent ses yeux de lanatureenrichie. Pourquoi, ct d'unefleur gigantesque, ne verrait-on pas seproduire desplantes de moindre propor-tion, mais remarquables par leur couleuretleurparfum? Quisaitmmesi unenou-vellefloraison aussiricheque laprimitivenegermerapasdansles siclesavenir?Lanature est ternelle;elle se renouvellesanscesseetpeutcrer,ctdesanciens,de nouveauxchefs-d'uvre, peut-tre diff-rentsquantlaforme,maisaussirichesdesentiments et de noblesse. L'art s'lveratoujours laVritternelle par dessom-metstoujourspluslevs, par desbeautstoujourspluspures. Cen'estcertes pasens'hypnotisant dans les chefs-d'uvre dupass, tant beaux soient-ils, que l'hommepeut progresser. Il ne doit jamais lesoublier; il leurrendrahommagecomme la Divinit; mais il ne lui sera pasdfendudeprocrerdesuvresqui, mmerefltant l'esprit destravauxanciens, sui-vront une voie nouvelle et contiendrontdes parcelles de vrit. La majest dusoleil nous empche-t-elle d'admirer cesmilliers d'toilesquibrillentaufirmament?Nous ne pensons donc pas qu'il soitquitable d'avancer tmrairement qu'au-cunesymphonie allant depair aveccellesHdes matres telsqueHaydn, Mozart, Bee-thoven, n'aprisnaissancedepuisla dispa-ritiondudernier. Est-ceune raison parcequeWagner,quiettincapable d'crireune symphonie proprement dite dans lestyle classique, comparable celles desgrands compositeurs que nousvenons deciter, n'apasmnag ses sarcasmesauxsymphonistesvenusaprsBeethoven(i),pour que nous ne reconnaissions pas lagrandeur des pages symphoniques deSchumann,deBrahms etmme deSaint-Sans, Csar Franck, Faur, Vincentd'Indy et de bien d'autres? Tout en ren-dantunjustehommageaugnietranscen-dantde R. Wagnerdanslacrationdesesmerveilleuxdrameslyriques, il fautavouerque,pratiquantl'gotisme commepasun,ilneconnaissait ni peu ni prou lesuvresdes matres symphonistes ses contempo-rains et les ddaignait. Dans la nouvellebiographie, quenousprparons, deJohan-nsBrahms,nousprouveronsque le mal-entendu estvenu de Bayreuth, et nondeVienne. Brahms connaissait parfaitementetapprciaitlesdramesde RichardWag-ner,alorsquelematredeBayreuthdevaitconsidrer comme n'existant pas les su-(i) Wagner a bien crit une Symphonie, une Sonatepourpiano;maisquilesconnatet lesexcute?perbes travaux du maitre de Hambourg.On sait de reste que le philosopheNietzsche, l'poque o il admirait lescompositionsde Brahms, avaitvainementtentdelesrvler RichardWagner. Ilsne sont malheureusement pas rares cesjugementserronsentrecompositeurs.Nenousproccuponspasdel'opiniondugrandrformateurde l'opra sur lessym-phonistesdepuis Beethovenetcontinuonsd'examinersiAI. FlixWeingartner, com-positeurlui-mme,necommetpasbiendeserreurs dans les apprciations qu'il nousdonne sur ses contemporains. Il seraitfaciledeprendrel'auteurdelabrochureLaSymphonie aprsBeethoven encontradictionaveclui-mme.Ilavance,page3 : Sil'onnous mettait aujourd'huidans l'obligationd'anantirsoit une symphonie de Beethoven,soit tontes celles gui furent composes aprslui, je croispouvoir admettrequ'aucundenous,aussibarbareet aussifou soit-il, nedsireraitladestructiond'unedessympho-niesdeBeethoven, mmes'il nes'agissaitpas d'une desplus grandes. Page7,ilreprend : Danssesdeux premiressym-phonies, Beethoven, lui aussi, s'appuieencore sur ses devanciers. Si le malheuret vouluqu'ilmourut aprsavoir achevlaSymphonieen rmajeur,personne n'eutpupressentircequ'il taitenralit. Pre-i6nantla lettre cette dernireassertion,onpeutconclurequeles deuxpremiressym-phoniesde Beethoven, n'tant rellementquedesmanations de ses devanciers etnedonnantpaslamesurede sagrandeur,il n'yaurait pas lieu d'tre fort attrist sielles disparaissaient, alors que ce seraituneperteirrparablesi toutes lessympho-niesdeSchumann etdeBrahms, dansles-quelleslegniedecesmatressemanifestesihautement, venaienttre dtruites.Si, dureste, la thse deM.FlixWein-gartner, pousse jusqu' l'extrme, taitadmise, que deviendraitl'Artensesmulti-plesmanifestations? Lorsqu'en littrature,enpeinture, en sculpture,enarchitecture,ungniefulgurantauraitapparu,lederniermotde l'art serait dit. AprsYHamlet deShakspeare, le Rity Blas de VictorHugon'aurait pas d voir le jour; aprs les RepasduChrist deVronse, le Re-pasd'Emmas,parRembrandt,devenaitinutile. Aprs les opras de Rossini, deMeyerbeer, que les contemporainsdecesmatres jugeaient des chefs-d'uvre, Ri-chardWagner n'avait qu' se taire. Etainsi de suite. Toutes les uvres d'artsont de niveau , a crit Taine dans saPhilosophiedeVart, et il a suprieurementdvelopp cette thorie, qui prouve qu'iln'yapasdeformeidale horsdelaquelletoutsoit dviationou erreur . Et cepen-dant, dans toutes les ralisations de lapense en art, ilya certes des valeursdiverses; c'est au critique aies discerneret les faire valoir. C'est ainsique dansl'uvremmede Beethoven, il existe dessommetstudescollines. N'aurons-nouspasunplaisir extrmeentendre la.Symphoniepastorale et la Neuvime Symphonie avecchurs? Ce seront des sensations diff-rentes qui n'en seront pas moins bellespourcela.En ses dernires uvres(voyezsurtoutles derniersquatuors cordes et les so-natespourpiano, dela vingt-huitime latrente-deuxime et dernire), Beethoven apour ainsi dire trac lui-mmelaroutesuivreparsessuccesseurs.C'estcequ'ontsi biencomprisdesmatrestelsque Schu-mannetBrahms,pourneciterquelesplusclbres, qui firent delasymphonie etdelamusique de chambre aprs Beethoven.AussiM. FlixWeingartner noussemble-t-il errer profondment lorsqu'il crit leslignessuivantes : Nousnousdemandonssi, aulieudecderuneimpulsionartistique,lescompositeursnefontpasquelquefoisunsimple travail matriel lorsque, ramassantles dbrisparsdela formequiclatasouslapensedeBeethoven,ilsessayentdelesrassemblerenun tout et d'en boucherlesfissures. Ceux qui, insouciants, ont os detelles choses, ont-ils bien comprisla vri-tablegrandeurdeBeethoven?On pourrait demander d'abord M.Wein-gartner s'il s'est bien rendu compte lui-mme de la majest de Beethoven enosantcrire,aprsceTitan,uneSymphonieensol majeuretdes Pomes symphoniques.Il seraitplaisant d'opposer M. Weingart-nercompositeurM.Weingartnercritiqued'art. Mais nous ne voulons pas pousserplusloinnosindiscrtes questions.Il nous plat, au contraire, de circon-scrire le dbat; carnous serions amen,tantle sujet est passionnant, crireunenouvellebrochure aussi tenduequecelledu clbre chef d'orchestre. Nous nouscontenterons donc de rfuter ses argu-ments, enessayantdemontrerlagrandeuret la personnalit des deux plus grandsmatresdela symphonieaprsBeethoven:Robert Schumann et Johanns Brahms.Pensez-vousd'abord, ainsi quel'avanceM.Weingartner,queSchumannaitjamaischerch suivre les traces de Mendels-sohn, devenirclassique, et qu'il ne luifut pas possible d'galer son modle ?Certes, Schumann avait une amiti pro-fondepourcelui qu'il appelaitFlix Meri-tis et une non moins grande admirationpoursesuvres. Maisjamais, selon nous,i9il ne lui vint l'ide de suivre la mmevoieque lui. Il n'y a qu' lire la partitiond'une symphonie de Mendelssohnet celled'une symphonie deSchumannpourcom-prendreinstantanment la distance quilesspareet l'absence complte de filiation.Cesontdeuxartstoutfaitdiffrents, maisqui,tous les deux, expriment bien laper-sonnalitde leurs auteurs. Voil prcis-ment la marque du gnie : ces matresn'ont nullement fait un travail purementmatriel, ilsontcd une impulsionartisti-que. Flix Mendelssohn devait crire laSymphonie romaine,comme Schumann laSymphonierhnane. Mais,surs enbeautet dignesd'tre conserves la postrit,elles sont larsultante de procdsdiff-rents.Danslapremire,laparureestlgante,correcte, gracieuse, en rapport avec lematrelui-mme, tre de distinction etdemaniresaristocratiques. L'criture enestclaire, l'harmonielimpide;lesdissonancesrares, pour ainsi dire nulles;le traitabonde, comme du reste dans toute lamusique dechambre et depianode Men-delssohn;lesthmes s'talent dans touteleur limpidit et leur sentimentalit sanstre emprisonns en une orchestrationtouffue;lalumirejoue travers touslesinstruments. La forme, chez lui, estad-quateses ides. C'est enpotelgiaquequ'crivit Mendelssohn.Dansla seconde, au contraire, lespen-ses mres sont enveloppes dans uneorchestration dense;mais ces pensessontplusprofondes, plus nobles,plusm-lancoliques, plus majestueuses que cellesde Mendelssohn;elles ont souvent uncaractredegrandeursupra-terrestre, quel'on nerencontre que chez BeethovenouchezBrahms. Si laphrase est courte, si le thme est petit,pour employerl'expressiondeM.Weingartner, phraseetthme se haussent par la sublimitde lapense. Dans ses symphonies, R. Schu-mann dpasse de beaucoup Schubert etMendelssohn en noblesse, en posie, enpuissance.Vous n'y rencontrerez aucunetrace des ides et des formes propres aupredelasymphonie,J.Haydn,et augra-cieux et raphalesque matre de Salz-bourg. C'est pourcela que, non sansrai-son, un de ses commentateurs les plusavissetlesplus pntrants, LonceMes-nard, ledclara unsuccesseur de Beetho-ven . Mais, bien que Schumann ait prispour base de ses tudes les plus bellesuvressymphoniques, principalement,lessymphonies beethovniennes, le caractredesespages orchestrales reste complte-ment schumannien, et cequi leur donneencoreplusdevaleur,c'estque cette ori-ginalitdemeure,danssonuvremme,enparfaiteharmonie avec les formes de latradition . Malgr l'tude tardive queSchumann fit de l'orchestration, il fautreconnatre la merveilleuse habilet aveclaquelle il s'assimila le maniement des di-verses familles d'instruments. Alorsmmeque certains dtails laisseraient entre-voirchezluiuneimparfaite pratique delatechnique, il n'en estpas moinsvrai queceslgres taches, si taches ilya, dispa-raissent absolument dans l'ensemble del'uvre, quiest grandiose. Certes,la cou-leurdesonorchestration, enraison mmedelafaondont il groupe les instrumentsetresserrel'harmonie, n'a riende la belleet lumineuseclartdecelledeBeethoven;elle estgrise, unpeutouffe etnbuleuse.Mais, encela mme, elle estbienl'mana-tion directe de sa personnalit et de soncaractreprofondmentrveur;elleatteinttoujours le butquele compositeuraeuenvue.Ledlicieux peintredes belles matinesdeprintemps l'ore des tangs en les-quels se mire le tendre bouleau, n'a-t-ilpas cette couleur toujours uniformmentgrise, quiest la marqueet commelemono-grammedesongnie?Dira-t-onpourcetteraisonque la palette de Corot estmono-22tone et qu'elle est infrieure celle deThodore Rousseau, beaucoup pluspuis-santeetnergique? C'est unequestiondevaleurs, denuances;maislegnieestvisi-blechez l'un et l'autre et il nenousvien-draitpasl'idededemander la destruc-tiondetouteslestoiles deCorotpourcon-serverunseultableaudeRousseau.Chez Robert Schumann,la couleur del'orchestrationestsouventgrise,cequiestloind'tre dplaisant. Ce grisdeperleestexquis. Puis, ce que nous aimonsencoreenlui, c'estquele trait n'apparat jamais.C'estenpenseurprofond, enpote drama-tiquequ'crivitRobertSchumann.Aprs tant d'autres, M. Weingartnerrditecetteassertionquiconsistedcla-rerqu' une.symphoniedeSchumann,bienjoue quatre mains, produit beaucoupplus d'effet qu'au concert . Il faudraitcependantsemettred'accordunefoispourtoutes. Lavritestque, lorsqu'onentendune des symphonies du matre joue aupianoquatre mains, on serait amen supposer l'orchestration moins dense etplus lumineuse. Maisdelaffirmer quela Symphonie rhnane (pour prendre unseul exemple),jouequatre mains,pro-duira plus d'effet qu'interprte par l'or-chestre, ilya un monde! Comment lepianopourraitilrendreentouteleursplen-23deurles effets si typiques duscherzo, pagetoutedelumire,abondantenmotifspitto-resques de la vie des bords du Rhin ?Rappelez-vousl'motion que procurentlaphrase initiale dite par les violoncelles etreprise par les autres instruments, ainsique le motif persistant en staccato descordes, sur lequel se dtache bientt unchant des plus langoureux, confi auxinstruments vent, avec le bourdonne-mentdes basses. Quelest lepiano excel-lent, ft-il un Pleyel ou un Erard, maniparun virtuose minent, ft-il unDimer,unPugnoouunRisler,quipourraitrendreenleurplnitude ces inspirationsduma-tre, s'levant en des hauteurs sublimes?Etcetadmirable maestoso, d'un caractrenobleet religieux, quifut, dit-on, inspir Schumannpar les splendeurs dela cath-drale de Cologne, quel est l'instrumentautre que l'orchestre qui pourrait en ex-poserlasimplicit grandiose etmystique?Avouonsdonc que cesides, avancesunpeu la lgre, n'auraient pasdtrouvercrdit auprs d'un musicien de la valeurde M.Weingartner. Cette Symphonie rh-nane occupe, dans le cycle des uvresinstrumentales du matre de Zwickau, laplacedonnelaSymphonie hroquedansl'aropagedesneufMuses.Plusieurs musicographes ont attribu24l'infriorit relative de Schumann dans lemaniementde l'orchestrecefait qu'il necommena crire des uvres sympho-niques qu'en l'anne1841,aprs avoircompos uniquement jusque-l des mor-ceaux pour le piano et des Lieder. M.YVeingartnernengligepascetargument: Cen'estqu'trente etun ans queSchu-mann se tourna vers les formes plusgrandesdel'art etverslasymphonie. Sansdoute, la composition d'une symphoniedevaitalorsfaire au jeune musicienl'effetd'undevoir de concours, obligatoire pourgagner le prix comme la rcompense desplus grands efforts. Schumann entraeneffetdans une nouvellephase dedvelop-pement dans le cours de l'anne1841,encrivant la Symphonie en si bmolmajeur(op. 38) et d'autres uvresinstrumentales.Maiscequel'on aomisdefaireconnatre,c'estque, dixans au moins avant de crercette belle Symphome, qui n'est pas undevoird'colier etdanslaquelleSchumann dclare cavalirement, sur le ton de lafanfare etduboute-selle, qu'il vas'lancerla suitedeBeethoven(I) , le grandcom-positeur s'tait prpar par de fortestudes au maniementdel'orchestre. Pouren tre convaincu, il n'y a qu' feuilleter(1)LonxeMesnard,EtudesurRobertSchumann.25le recueil de ses lettres, qui livrent desrenseignements trs instructifs sur sonart.Ds l'anne i83i, Schumann s'excuseauprs d'Hummel, deWeimar(i), d'avoirunpeuapprislamusique enaveugle, dansune petite ville, au milieu des cours del'Universit, presque sans modles. Mais,depuis, il atudi sous une excellente di-rection, celle de Fr. Wieck, et, tout enayantbeaucoup apprendre, il constatequ'ilyadesprogrs raliss.Le27juillet 1832, il fait connatreaubachelierKuntsch,organisteetprofesseurauGymnase de Zwickau, quifutson pre-miermatre,l'admirationqu'il apourJean-Sbastien Bach, l'analyse qu'il a faitedetoutes ses fugues... Il semet lalecturedes partitions et tudie l'instrumentation. Sonancienmatrenepourrait-illuiprterdevieilles partitions et de l'ancienne mu-siqued'glise?Schumann rclame mme, le 2 novem-bre i832, des leons d'instrumentationauchefd'orchestredeLeipzig, G.V. Millier,et lepriedevouloirbienrevoiravecluiunmouvement de symphonie compos par luietqui devait tre excutAltenbourg. Ilajoutequ'ayant travaill presque sans di-()Lettredu3i aot i83i.26rection, il se dfie de son talent commesymphoniste. Oui ! mais il n'en faisaitpasmoinsunetude trs srieuse del'or-chestration avecl'aide despartitions, desmthodes,et celasansrelche.Dansunelettredu mmemois (i),adres-se samre, Schumannparledecefrag-ment de symphonie comme devant treexcut Zwickau dans un concert qu'ildonnera avec Clara Wieck. Il annoncesamrequ'il veutreprendrele violoncelle,qui pourra lui tre utilepour lacomposi-tiondesessymphonies.N'existe-t-ilpasdanscesaveuxlapreuvevidente et flagrante des tudes suiviesauxquelles se livrait le jeunecompositeurpour arriver possder le maniement del'orchestre?Le 17dcembre i832, en envoyantlesIntermezziHofmeisterdeLeipzig, Schu-mannle priedel'aider faire excutersaSymphonie en cet hiver de i832; et, dansle cours du mois de janvier i833, il enparle galement Wieck. Enfin, enjuini833, il annonce samrele succsdesaSymphonie.Ces indications auront suffi, croyons-nous, pour tablir que lorsque, au dbutdel'anne1841,Schumannproduisitcette(i) Lettredu6novembrei832.27Symphonieen si bmol majeur, qu'il appe-lait Symphonie printanire et dontlacration l'avaitrendubienheureux (i),il s'y tait prpar par de longuestudesprliminaires. Suivant son dsir, exprimparlettre du17mars T841, le violonisteHilf, de Leipzig, relit avec lui cette parti-tion; puis, parune autre lettre date dugmai suivant et adresse au chef d'or-chestre de Detmold, Charles Kosmaly,nous savons que l'uvre fut accueillie Leipzig avecune faveurquen'obtint au-cune symphonie nouvelle depuis Beetho-ven . Toutes les lettres decettepriodelaissent entrevoir combien, aprs avoircompos antrieurement des pices pourle clavier et pour le chant, il s'engageafonddans la musiquesymphonique. C'estqu'il se jugeait mr pour aborder cettebranche de l'art musical, pour laquelle ilressentait une impulsion de plus en plusgrande.En somme, M.Weingartnerreprend lathsequ'avaitdjsoutenueEhlert(2),quisersumait enceci : Si la perfectiondel'expression avait atteint chezSchumann lapuissancede lapense,nousdevrionssaluer en luiun second Beethoven. Or,(1)LettreWenzel.Dbutde1841.(2)LettresdeEhlert. TraductiondeFlixGrenier.28chezSchumann, la forme ne pouvaittreautre que celle qu'il inventa, puisqu'elletait adquatesespenses. Riennecon-venaitmieux, selon nous, la traductionde la posie romantique, rveuse, jean-pauliennedumatrequesonorchestrationsiparticulirepoursessymphonies, commeses accompagnements de piano pour sesLieder. Ilya entre ses ides et leur ex-pressionunesi parfaite concordance, quel'on ne voit pas vraiment comment onauraitpuorchestrerautrementl'ouvertureeManfrcd{i), parexemple,et mme toutessesuvres symphoniques.Saluons donc en lui un successeur deBeethoven, ainsi quenous le ferons pourJohannsBrahms.Conservons commeunhritage sacr ses merveilleuses sympho-nies!***M.FlixWeingartnersemble avoir tencoremoinsperspicaceetmoins juste l'gard de JohannsBrahms.Tout enayantl'air delui rendrejustice, puisqu'il dclarequ'ilmet saSymphonieen r majeur au-(i) M. F. Weingartner veut bien reconnatre quel'ouverture deManfredestassezbienorchestre! Schu-mannauraitdonceudeux manires d'orchestrer : unebonne pour cette ouverture, une mauvaise pour sessymphonies.Commentadmettreunepareille thse?29dessus des quatre symphonies de Schu-mann et qu'il laplace mme aunombredesmeilleuressymphoniesde la directionno-classiquequiont tcomposesaprsBeethoven , il neperd pas une occasionpour amoindrir son uvre. Il en arrivemme prononcer, absolument commeSaint-Sans,lemotle plus dur qu'il soitpossibled'exprimerl'garddelamusiqued'un matre : eiinuil Est-il permis d'avan-cerquele Chantde Triomphe;,la QuatrimeSymphonie,leQuintetteavecclarinette,sontdevideschafaudagessonores ? N'est-cepasunehrsie d'avoir crit les lignes sui-vantes : Quandj'entendsunmorceau quimervlelafaiblessedelamusique pro-gramme moderne,auboutdepeudetempsd'uneauditionattentive, j'prouve, malgrla grandeetexcessive varit extrieure,exactementle mme sentiment que celuiqu'veille en moi une uvre faible deBrahms : c'est la mme impression tour-mente, insipide, vide, morose ?Qu'il existe dans Tuvre du matre deHambourgdespagesmoins heureusementvenues,plus obscures, nous n'en discon-viendrons pas. Mais, vritablement, leclbre capellmeister nous semble allerloinlorsqu'il affirmequ'elles donnent uneimpression insipide, vide, morose. A luipeut-tre, maisnous et bien d'autres,3onullement. Le Quintette avec clarinette,qu'ildnigre, estunedes Livres enchan-teresses deJ.Brahms. Pourquoi n'avoirpasparl deses deux Sextuors cordes,du Quintette pour piano et cordes, desTrios pour piano et cordes, des Sonatespourpianoet violon,desLieder, etc., depures merveilles ? Peut-tre M. Wein-gartner aurait-il t gn pour exprimersonadmiration.Savez-vouscequeM.Weingartner,vou-lant seprononcerplusendtail surlefairede Brahms, vient lui reprocher? Cen'est autrequelesmoyenstrsparticuliersd'criture qu'il employait deprfrenced'autres etquiconstituentunedesmarquesdesongnie. Lacombinaisondesrythmesbinaires et ternaires n'a pas le don deplaire l'auteur de la brochure. Or, cesont prcisment ces rythmes contrarisqui donnent le plus souvent sesaccom-pagnementsunbalancement, une ondula-tiond'une grcecharmante. Illeurinculqueunesouplesseincroyable etlesfait voluerpresque de front. Croyez-vous queYalle-gretto du Quatuor cordes(op. 5l, n" I)perdracetenchevtrementlgant? Bienaucontraire. Lepropredel'artisteestnonpasd'crirecommeses devanciers, mmeles plus illustres,maisd'imaginerd'instinctdes formes nouvelles, qui indiquent le3ignie. PourM. Weingartner, l'emploi parBrahms de la syncope pour placer labassecontre-tempsdesparties d'enhautou vice-versa , et encore l'habitude qu'ilavait defaire marcher soit la partie laplusleve, soitsouvent aussi une partieintermdiaire, soit la basse parintervalledetierceouencoreplus souvent de sixte,puisderejeter les parties dans des syn-copesingnieuses ,sont les motifs pourlesquels les compositions du maitredon-nent l'impression d'oeuvres guindesetanti-naturelles, que toute la matrise dutravailtechniquen'arrivepas chauffer .Del aussi,ajoute-t-il, une monotonie quifinitparproduire un poison dangereux':l'ennui !Ilexiste dansl'uvredeBrahmsnombred'autres procds des plusingnieux, quisontunepartieimportantedela caract-ristique de son gnie, que M. Wein-gartnerne cite pas et qui donnent sescompositions cet accent si personnel, siattachantpour ceux qui n'ontpas depr-ventions etquisegardentbiendetournerlesregards ductdeBayreuth,lorsqu'ilslisent les chefs-d'uvre du matre deHambourg.N'a-t-ilpassudemerveilleusefaonprparer l'alliance du staccatoet dulegato[scherzoduQuatuorop. 26)?N'est-cepas une innovation que l'interventiondes32instruments cordes dcouvert, en r-ponse au pianodanssamusique de cham-bre, (premiermorceauduQuatuorop. 60)?N'est-elle pas grande l'habilet avec la-quelleil aemploylespizzicati descordes?N'a-t-ilpasuneprdilectionmarquepourlecoret l'alto dans la famille des instru-ments? Certes, toutes ces inventions etplusieurs autresencore, quilui appartien-nent en propre,ne constituent pas ellesseules sa matrise, qui se rvle surtoutparlagrandeur, la majestetlecharmedeses thmes mlodiques. Mais elles n'ensontpas moins un rehautqui metencoreplusenlumire la personnalitdel'auteur.Dans sonintressantetudesur JohannsBrahms,LonceMesnarda dittrsjuste-ment,proposdelamonotoniequi semble-rait provenir chez Brahms d'une tropgrandecomplication : Il n'yariendireassurment contre ceseffetsmonochromes,lorsqu'un Beethoven sait les relever parl'allureimprieuse durythme,parlafran-chise de l'accent. Brahms, lui aussi, nesait-ilpasbiencequ'ilsvalent?Onpeutenjuger parl'expositiondufinalede saPre-mierc Symphonie, decefinalesi intressanto se croisentles influences exercessurl'auteur par Beethoven, Schubert, sansoublier lesaccordsrichement toffs laSchumann, qui en prparentla terminai-33son. Cela empche-t-il la cause du clair-obscurmusical d'tre fortbonneen soi, etBrahmsd'avoirproduit,enfaveurdecettecause, plus d'unargument premptoire? Jusqu'ce jour, il tait admis qu'unartiste, qu'il lut compositeur, peintre,sculpteur,graveur ou architecte, s'il taitgnial, avaitun systme absolument per-sonnel, qui ledistinguaitou de ses devan-ciers,oudeses contemporains. C'estainsique Corot, Daubigny, Millet, Rousseau,Delacroix,etc., ont une palette absolu-ment distincte. C'est ainsi que Haydn,Mozart, Beethoven, Weber, Schubert,Mendelssohn,Schumann,Berlioz,Gounod,Brahms,Wagner, etc., ontimagin desformesnouvelles,qui sontl'lmentcarac-tristiquedeleurgnie.M. Weingartner trouve que cela estfcheux. Il voudrait probablement qu'ilyetenartuntalon, dont les artistes nedevraientpassedpartir. Il n'yauraitplusde gnie, mais uniquement une bonnemoyenne.Cequ'ilyasurtoutdetrs parti-culier chez M.Weingartner, c'est la ma-niredontil entendprouverqu'il existe ouqu'iln'existepasde systmecheztel outelmatre. Dans les uvres d'Haydn, deMozart, de Beethoven, de Wagner,avance-t-il,il n'y a pas de systmeproprechacun d'eux.Etla preuve,c'est3j4-qu'ilestimpossible de parodiercesmatres,alorsqueBrahms,qui aunemanire lui,esttrs facile imiter, si facile imiterque lorsqu'on entend de la musiquedechambrecomposed'aprs le systme deBrahms, onlaprendraitpourduBrahmsentoute confianceetsincrit,sil'on nervlaitle nomdel'auteur . Quellesquesoientlesdiffrencesquel'on puisseconstater entretelle ou telle symphonie de Beethoven,n'existe-t-il pas chez lesunes commechezles autres un air defamille,qui les relie?Certes,les Matres Chanteurs sont autresque Parsifal, Lohengrinque le Crpusculedes Dieux ;mais,entouscesdrameswagn-riens, ilyaunefiliation quiest indniable.Est-ilpossible alorsd'avancerqu'il n'yapasdesystmedeBeethovenoudeWagner?Aucun auteurn'a tplus parodi queRichard Wagner; des uvres srieusesont t produitespardjeuneset nombreuxadeptes du systme wagnrien, et il nes'agit lnullement de parodies grossires,commevoudrait le faire croireM. Wein-gartner. Nous ne les approuvons certespas;maisil est impossibledenier que cesno-wagnriens n'aient appliqu les pro-cds deleur dieu avec unvritablesuc-cs. Donc,chez Wagnercommecheztouslesvritables crateurs, le systmeexiste.Nousnepensonspasqu'il se soit produit35beaucoupd'imitateurs de Brahms, par laraisonbiensimple que les uvres de cematre symphoniste n'ont pas encore d-pass la priode de stage aprs laquelleelles deviendront populaires. Et, si nousl'avanonsaveclacertitudede nepas tredmenti, c'estque nous avons suivi avecbeaucoupd'attention le mouvementmusi-cal depuis prs d'un demi-sicle. Notreconviction estqueBrahms, pas plus queBeethoven,ne peuttre imit facilement.Aufond, cequeM.Weingartnern'apaspardonn Schumann, c'est d'avoir an-nonc d'une manire pourainsi direpro-phtique l'avenir brillant de JohannsBrahms.Cederniern'anullementcru treleMessiedelamusiquedechambre,lesuc-cesseurdeBeethoven. Il a compos sui-vant ses aptitudes et, comme elles serapprochaient du matre de Bonn,onluien afait unreproche, alors qu'on auraitdl'enfliciterhautement.Schumannlui-mme,dont les tendancespour la musique symphonique prdomi-naient, ne pouvaitpasnepasmontrerplusdesympathiepourl'uvredeBrahmsquepourcelui deWagner, qui, du reste, il arendujustice.Avancerquela musique de Brahms estuniquementdela musiquescientifique, unjeudeformessonoresetdephrases,36estunvritableparadoxe.Certes,Brahms,l'galdesgrandsmatresdel'artsympho-nique, possdait tout un bagagescientifique,et il seraitvritablementpuril dedmon-trerquelamusiquen'est passeulement unart, mais qu'elle est encore une science.Sans cette science, lamusiquesymphoni-que, surtout, serait sans solidit, sansclat. Mais, ct d'elle, figure chezBrahms, au mme titre quechezlesplusgrands matres, une inspiration qui noustouche et nous meut. Sa langue, d'unebelle puret, est magistrale, tour tourgrave, dramatique et tendre;elle est latraduction de nos peines et denosjoies,plutt des premires que des secondes,puisquecesontles douleursqui prdomi-nentdanslavie. EcoutezValidante si pleindegrceduQuintettepourpianoetcordes;considrezlafougueduscherzodelammeuvre, le beau chant de violoncelledansle PremierSextuorcordesensi bmol, lalargeur de la phrase mlodique trs pas-sionnede Yandante cou moto du Quatuorpourpianoetcordes(op.25),l'originalit etenmmetemps la finesse du scherzo duQuatuor (op.26);admirez l'emploi ingnieuxdes rentres dans sesprincipales uvres{allegroduQuintette pourcordes op. 88...)ainsiquele mystrequirgneaudbutdu-37 -DeuximeSextuorhcordes (i), les prorai-sons du premier allegro de la DeuximeSymphonieetdu dernierallegro dela troi-sime, et tant d'autres pages admirables!Vous ne pourrez tre que profondmentintress et mu. En prsence de tellesmanifestationsdugniele plus clatant,nepasreconnatre queBrahms mrited'treappelunsuccesseurdeBeethovenserait,de lapart des uns,moins verss danslaconnaissance del'uvredumatre, le faitd'une relle incomptence, et chez lesautres, au nombre desquels serait com-pris M.Weingartner,le rsultatdelaplusaveugledesprventions.***Aprsavoirparl brivementdesautrescompositeurs allemands et trangers quifirent de la symphonie aprs Beethoven,tels que Brckner,dont l'immenseima-ginationauraitds'allier avecle savoirdeBrahms,AlexandreRitter,JoachimRaff,un compositeur d'ordre trs secondaire,Flix Draesecke, Hermann Gtz, mortprmaturment, puis le DanoisChristian(i) Brahms est peut-tr? le seul symphoniste qui,avec Beethoven,ait introduit le mystre en sesuvres.38Sinding, un imitateur des procds deRichard Wagner (ce que n'indique pasM. Weingartner), le Russe AlexandreBorodine, Cari Goldmarck, Antoine Ru-binstein, quinefutRusseque par lanais-sance, etenfin PierreTschakowsky,dontil ometdervler les dfauts, c'est--direlalongueurdesdveloppements,M.Wein-gartner arrte cette liste trs incompltedescompositeursayantfaitdelavritablesymphonieaprsBeethoven,pourpasserl'tudedelamusiqueprogramme.Danssamagistraletudesurlasympho-nieorchestre(i),qu'abeaucoupconsulteM.EmileMichel pour crire Les Matresde la Symphonie, seconde partie de sesEssais sur l'histoire de l'Art, M. MichelBrenet, arriv sa conclusion, crit leslignessuivantes : QuelessuccesseursdeBeethovenchoisissentleursmodles parmileschefs-d'uvredecematreimmortelouparmiceuxdeHaydnetdeMozart,lasym-phonieauXIXesicleestassured'unebelleexistence: nousn'avons paslasuivredanscettequatrimeet plusmodernepoque.Cette tche, que n'avait pas entrepriseM. MichelBrenet, puisque son buttait. (i)Histoirede laSymphonie orchestre depuis ses originesjusqu' Beethoven inclusivement,par Michel Brenet.Paris,1882.-39-de tracer les origines de la symphoniejusqu'Beethoveninclusivement, M . Wein-gartnerauraitdl'assumercompltement,puisque le titremmede son tude indi-quaitde narrer l'histoire delasymphonieaprs Beethoven. Il ne devait pas passersoussilence tous les efforts louables quifurenttentsaprs Schumann et Brahmsdanslavoiedelasymphonie.Lesnomsetlesuvresdelamajoritdescompositeursfranais ou trangers qui crivirentdelamusique instrumentale aux XIXesicle,s'imposaient lui : son travail est doncincomplet. Sansparlerdes omissions qu'ilseraitfacile dereleverparmi les nomsdesmusiciens trangers, ilya lieu de faireremarquerqueM.Weingartner a compl-tement rayde la liste des symphonistesles compositeurs franais. Il ne citequ'HectorBerlioz(longuement, il estvrai)pourlamusiqueprogramme.Nousvoudrions non pas combler cettelacune,mais indiquer brivement le rleimportant qu'ontjou et la place qu'oc-cupentplusieursde nos matres en cettebranche de l'art musical. Nous crivonsces lignes avec d'autant plus de plaisir,qu' l'tranger, surtout en Allemagne, au-jourd'hui comme autrefois, on a feintd'ignorerlestravauxsymphoniquesdenosmatrescontemporains.4o Lorsqu'on voudra crire l'histoire delasymphonieenFrance, il seraimpossiblede ne pas rendre hommage d'abord Gossec,Franois-Joseph (1733ou1734-1829),qui fut le vritable initiateur de laforme symphonique en notre pays. Elar-gissant les travaux deses prdcesseurs,notamment de Rameau, il n'crivit pasmoins de vingt-neufsymphonies et, pointdigne de remarque, les premires furentpublies en1754,c'est--dire quatre ansavantl'poquelaquelle Haydncrivitsapremire symphonie(1759).Elles eurentles honneursduConcertspirituel et, bienqu'aujourd'huielles semblentdmodes, iln'enreste pasmoinsacquis qu'ellesfurentlespremiresdece genre et qu'ellescon-tiennentdesparties dignes d'loges. Gos-secfutdoncun initiateur.C'est de Cherubini(1760-1842)que Ro-bert Schumann disait, aprs l'auditiond'uneOuverture de lui excute auxCon-certs deLeipzig en1840: DuvivantdeBeethoven,Cherubinitaitcertainementleseconddesmatresdel'poquecontempo-raine,et, depuisla disparitiondupremier,il doit tre considr comme le premierparmi les artistes vivants. Cherubini acritunesymphonie et de la musique dechambredontSchumannrvlales grandesqualits.AprsGossec, il aprouvqueles4icompositeurs franais pouvaient rivaliserdanstoutes les branches de l'art musicalavecles matresdesautresnations.Mhul(1763-1817) fit uneincursiondansle domaine symphonique,o il fut loind'atteindre la perfection et la beaut dequelques-unesdesesuvresthtrales,deJosephsurtout. Sessymphonies,excutesaux concerts d'lves du Conservatoire,laissrentl'impression d'un travail de grandeconscience, maissanscharme.Voici un compositeur,GeorgesOnslow(1 784-1853),qui,lui, montra une prdilec-tiontoute particulire pour la symphonieet la musique de chambre.Sonuvre encegenre est considrable : onnecomptepas moins de quatre symphonies, trente-quatrequintettes, trente-sixquatuors,septtrios, etc....Cefut lui qui,pourla premirefois, utilisalacontrebassedansla musiquede chambre. Bien que trop uniformes,critessans lan etavecun abusdutrait,ses compositions rvlent une certaineentente du style classique, qu'il avaitacquisedanslecommercedesuvresins-trumentalesdeHaydnet de Mozart; ellesontunegrcefacile. OnslowneprisaitpaslesderniersquatuorsdeBeethoven;mais,l'poqueoil vivait, il n'tait pas le seulquiftrestfermauxbeautsdes uvresdeladerniremaniredumatre deBonn.42Sescompositions,qui,dureste, serappro-chaient bien plus de l'cole d'Haydnet de Mendelssohn que de celle de Bee-thoven,eurent en leur temps une granderputation,mmeen Allemagne;onsemblel'avoirunpeuoubliaujourd'hui.Dansunmodestevillage de l'Isre, laCte-Saint-Andr, naissait, le 1 1 dcem-bre i8o.3, celui qui devait trele reprsen-tant le plus clatant de l'art musical enFrance au XIXesicle, le crateur d'unenouvelleforme symphonique, sans cepen-dant lamoindretendance dtruirequoique ce soit des lments constitutifs del'art . Berlioz ne suivitpasl'exemple deBeethovenet n'crivit jamais desympho-nies classiques, divises rgulirementenquatre parties et conuessansl'ide d'uncanevaslittraire.Sa Symphoniefantastiqtte,quirenfermaitdjtousleslmentscarac-tristiques de sa manire,laDamnationdeFaust et RomoetJuliette,seschefs-d'u-vre,Harolden Italie.,.,sontdela vritablemusique programme. L'auteur de laDamnation de Faust tait, avant tout, unpoteet unlettr qui,enthousiasmparlesoeuvres de Virgile, Shakespeare, Gluck,Gthe,traduisitsesnoblesinspirationsenlalanguequi lui parutlemieuxconvenirson temprament d'artiste. Ce fut souslapousse d'une ncessit intrieure que-4 3-Berlioz, n'ayantencorequedesidescon-fusesetcontradictoires surl'opra, adoptacetteforme de lasymphonie avecchurset soli, qui devaitl'lever si haut dans ledomaine de l'art. Mais, bien qu'loignepar la formeet le fond de la symphonieclassique, son uvre instrumentale etdescriptive renferme des qualits depre-mierordre, qui peuvent faire dire deluiqu'il fut un Latin influenc par l'lmentgermanique.Chez Beethoven, ce sont lesrveries indtermines de l'me humainequi sont traduites en de superbes pagesorchestrales. Berlioz, lui, prciseles pas-sions quiagitent cette me;il crit l'his-toiredela vied'un artiste commecelledeRomoetJuliette. Etsonstylemusicalfutbienlatraductiondesonespritenvahiparlapassion, letourmentet la fantaisie.En l'tudiant comme le plus tonnantrvlateur de la musique programme,M. Weingartner a exprim au sujet deBerlioz des ides fortjustes et il lui con-sacreune partieimportantedeson tude.Selon lui, il existe troismotifs pour les-quels les uvres de Berlioz, si admiresaujourd'hui,onttconsidres,audbut,comme les crations d'un cerveau malquilibr :i Apremirevue,soninventionparatsche et inaccessible; ses phrases mlo-44diquesisoles n'ont point de caractresaillant...;nouscroyons d'abord prouverdu froid et de la duret l o, envrit,uneflammeardenteet lapassionontcher-chleurexpressionartistique.2 Lasecondecause,c'estsahardiesseanormaled'orchestration...; les moyensorchestrauxqu'il emploie, ce qu'il produitavec lesinstruments isols, la maniredontil mleet combine les couleurs sono-res,toutceladonnesonorchestrationcecolorispersonnelqui n'existepasavantluietn'ajamaistimitaprs.3 La dernire cause, qui rend plusdifficile la comprhension de Berlioz partous, estc chercherdansles lmentset lessujets potiques choisis poursesuvres,dansla manire dont la musique se rap-porteausujetchoisi etdanssa faondelespersonnifier.Cesrflexions sont suiviesde beaucoupd'autres non moins senses. Mais, en lesmettant, en les dveloppant, AI. Wein-gartnersembleavoiroubliqu'il acherchprcdemment nier qu'il existt unsys-tme particulierchezles grandsmatres. Cesontlescurieusesetsouventbellesinnova-tions introduites dans le fondet la formedesuvresd'artqui, audbut,considrescomme des anomalies, constituent cepen-danttout ou partiedugniechez unBer--45-lioz commechezunBrahmsou un Wagner.Si la foule nevient pas eux ds qu'ilsapparaissent, c'est qu'ils ont devancleursicle et qu'ils tonnent tout d'abord parleurs audaces,plutt qu'ils ne touchent.Seuls, les espritsouvertsplusqued'autres l'introduction de nouveauts dans l'artlesadoptenttoutdesuite etprdisent leuravenir. C'est cequiarriva RobertSchu-mannpourJohannsBrahms!Berlioz, comme nous l'avons dj faitremarquer,estleseulcompositeurfranaisqueM.Weingartner ait citdanssontra-vail sur la symphonie aprs Beethoven.Nouscontinuerons mentionnerlesnomsdeceuxqui,parminosauteurs,ontfait desessaisimportantsencettebranchedel'artmusical.Les tendances de Reber(1807-1880)semanifestrent trs visiblement pour lamusiqueinstrumentale; il ne composapasmoinsdequatreSymphonies,uneOuverture,uneSuitepour orchestre, trois Quatuors,unQuintettepourarchets, sept Trios avecpiano, des Pices pour piano et violon....Nousn'avonspasparlerici desa musiquethtrale. Elve de ReichaetdeLesueur,Reber composa des uvres srieuses,ayant quelques affinits avec celles desclassiques allemands; elles ont un tourgracieux et quelquefois ingnu,serappro--46-chant de la manire de F. Schubert.FlicienDavid(1810-1876)reutles con-seils de Reber et se distingua, commeBerlioz, dans la cration d'odes-sympho-nies, dontla plus remarquable,leDsert,estla traductiondesimpressionsressentiespar l'auteur dansson voyage en Orient.Ilrvaunlong tempssouslespalmiersdesoasis, et son rve prit une ralit saisis-sante en cette belle ode. Malgr les fai-blesses faciles relever dans nombre deses compositions symphoniques et cho-rales, Flicien David n'aurait crit quecettepaged'unelignesi pure: Onuit...!,du Dsert, qu'il mriterait de passerlapostrit. 11 acrit plusieursuvresinstru-mentalesd'ingale valeur, dontune Sym-phonie enfa.Sans avoir l'envergure deBerlioz, qui considrait le Dsert commeun chef-d'uvre, Flicien David resteracomme le type du musicien qui traduisitsymphoniquement, l'un des premiers,l'Orient endes tonalits heureuses. Il eutunenotepersonnelle,etnel'apasqui veut.DeGouvy(1822-1898),onpeutdire qu'ilfut avant tout un symphoniste dont lestendances se rapprochrent de l'coleallemande;l'uvredeMendelssohn semblesurtout l'avoir captiv. C'est Berlin,aussittaprssestudesfaites auConser-vatoire de Paris, qu'il perfectionna son47ducation musicale. Si l'on parcourt laliste de sescompositions, on verra qu'l'exception d'unessai fait dans l'art th-tral [Le Cid), son uvre se compose uni-quementdesymphonies, qui sont au nombredesix,d'ouverturesdeconcert,demusiquede chambre, de scnes dramatiques (As-lga, Electra, Iphignie en Tauride,dipe Colonne, Le Rveil du Printemps), demesses, au nombre de deux... Dans lesderniresannes de sa vie, il rsida plussouventen Allemagnequ'en France, pen-sant trouver en ce pays dela symphonieun dbouch plus facile qu'en son paysd'origine. Chez lui, les ides mlodiques,quelquepeuteintes deposie allemande,restent cependant franaises. C'est l'ins-trumentation et le style qui ont le plusd'analogieavecl'colede Mendelssohn.Csar Franck(1822-1890) naquit sur lesol belge; mais il acquit lanaturalisationenFrance, o il passa toute savie. Il futunmusicien d'une trempe suprieure, untravailleur admirable et fcond, qui ima-gina nombred'harmoniesnouvellesetdontnotrecole doit s'enorgueillir. Et ce seracertes un regret pourM.Weingartnerden'avoir pascit dans sontravail ce grandmusicien, dont les nobles tendances dansl'art symphonique serapprochentsi mani-festement de la belle tradition deJean--48-Sbastien Bach. Ce fut en effet chez cevieuxmatre, cepredel'Eglisemusicale,queCsarFranck puisa une partie de sascience; ilyjoignitcectmystique dontonpeutdirequ'il futlecrateur. Bienqu'ilait plusparticulirement cultiv l'oratorio(Ruth,Rdemption,LesBatitudes,Rebecca),il n'a pas moins russi dans l'lmentsymphoniquepur.LespomesLesEolides(1876),Le Chasseur maudit (i883), LesDjinns avec piano(1884),Psych avecchurs (1887- 1888),la Symphonie en r(1889),les Variations symphoniques pourpianoetorchestre,la musiquedechambresi remarquable, les belles pices d'orgue,donnent CsarFranckune place consi-drable dans le cycle des compositeursqui,auxixesicle,cultivrent lasymphonieaprsBeethoven.La Symphonie en rmi-neursedistingueparl'unitquirgnedansses trois parties au moyen d'un thmefondamental qui domine entoute l'uvre,par le caractre rveur et mystique desmotifstrsnombreuxquisurgissentctduthmeprincipaletquiremplacentpourainsi direlesdveloppementshabituels;laconception est bien nouvelle. Ses autresuvres symphoniques et sa musique dechambre,que nous avons cites, ne sontpasmoinssuggestives;quelques-unessontmme suprieures la Symphonie en r49mineur. Malgr le manque de concision,quiest le dfaut de CsarFranck et quienlve ses crationsune partie de l'in-trt qu'elles devraient susciter, on peutdjprvoiren.quelle estime la postrittiendrasonuvre.Nemrite-t-il pas d'tre appelunsym-phoniste, celui auquel les abonns del'Opra donnrentironiquementcequalifi-catiflorsqu'ilfit jouerleballetde Namouna l'Acadmie nationale de musique?EdouardLalo(1823*1892)a certes cultivdeprfrencelamusiqueorchestrale, etcen'est pas nous qui critiquerons ses ten-dances;nousl'en fliciterions plutt. Car,s'il aborda unjour le thtre avec un vilsuccs, il faut bien reconnatre que lapartitiondu Roi d'Ys tire ses mritesnonseulement du charme des thmes mlo-diques, mais encore de dlicieuses trou-vailles orchestrales. Peut-tre Lalo tait-ilmieuxdou pour mener bien une suited'orchestre qu'une vritable symphonie,par cette raison que ses thmes unpeucourts ne se prtaient pas facilement audveloppement. Nous en aurions peut-tre la preuve si nous comparions saSymphonie en sol mineur la suite d'or-chestre de Namouna, au Divertissementpour orchestre, la Symphonie espagnolepourviolon et orchestre, YAllegro sym-45ophonique, la Rapsodie norvgienne, etc.Sa musique de chambre est des plusintressante, et nous connaissons tellespages d'un Trio qui peuvent tre com-parescellesdesmatres.Si CamilleSaint- Sans (i835) doit sesPomes symphoniquesunegrandepartiedesa rputation, ilyaurait la plus grandeinjustice ne pas reconnatre que sessymphonies et sa musique de chambreont, elles aussi, une trs grande valeur.N'aurait-il crit que la Symphonie en ;//mineur (op.78),le premier Trio enfamajeur (op.18),la Sonate pour piano etvioloncelle(op.32),leQuatuor avecpiano(op. 81),lesbeaux Concertos pourpianoetorchestre(etilyauraitbiend'autrespages citer), qu'il devrait prendreunedespre-miresplacesparmi les matres qui cri-virent, aprs Schumann et Brahms, de lamusique orchestrale. Il n'y aurait mmeaucune exagration avancer que sonorchestration, parsa clart, sapuissance,sa belle ordonnance,rappellequelquefoiscelle de Beethoven. C'est en outre unmatre dont l'oeuvre offre la plus grandevarit,puisqu'ilcrivitdes opras,parmilesquels SamsonetDalilaestunchef-d'u-vre, des pomessymphoniques, des sym-phonies, de la musique de chambre, desoratorios, des cantates, des pices pourSipiano, des Licder Si on le compare plusieursdes compositeurs trangers queM.Weingartner a cits complaisamment,tel JoachimRaff, qui fut un crivain desecondordre,onnepeutqu'treprofond-menttonndusilence qu'agardvis--visde Saint-Sans l'auteur de La symphonieaprsBeethoven.C'estPaul Lacombe(1837)que GeorgesBizet crivait ces lettres si captivantes,lettres de conseilsdonns parunhommede gnie un hommede talent, et danslesquelles il ne cessait, aprs avoir luses premiers essais dans la musique dechambre, de l'engager faire de la sym-phonie : Est-ce l'orchestre qui vouseffraye? Quellefolie! Vous savez orches-trer; jevousen rponds.Vousn'avezpasle droitdenepasfairede lasymphonie.Etailleurs : Voustesungrandmusicien.J'attends avec impatience vos premierstravaux d'orchestre. Ecoutant les avisd'untel matre,PaulLacombecrivittroissymphonies(op. 3oensi bmol, op.34enr,op.48en la), dont deux furent cou-ronnespar la Socit des Compositeursde musique. Il composa encore d'autrespages pour l'orchestre, et surtout de lamusiquedechambre. En toutescesuvres,onretrouvedestracesdel'influencequ'ontexerce sur lui trois matres de l'cole52allemande : Mendelssohn, Schumann etChopin.On pourrait mme ajouter cestrois noms celui de Beethoven. Ecrivantdansunstyle clair et facile, il ne s'estpasloign dans ses premires uvres dugenre classique : il semble que, dans lesdernires,il aitcherch suivrelemouve-mentcontemporain,visantauxrecherchesdel'harmonie. Il aunecouleurpersonnelleet il est regretter que sa modestie l'aittenu loign de Paris; ses compositions,prsentesparlui, eussenttplusconnuesetmieuxapprcies.Si M. Thodore Dubois (i83/) n'avaitt que l'auteur des uvres thtraleset religieuses que l'on connat, il nedevraitpas figurer sur cette liste,durestefort abrge, des auteurs franais ayantcultiv la musique purement orchestrale.Mais,depuis qu'il est arrivladirectionduConservatoire,il a crit certainescom-positionsquifont prsumer que, s'il avaittrouvdesdbouchsantrieurementsonavnement latte de notregrandecolede musique, il aurait pu sans nul douterussirencettebranche de l'art : la sym-phonie. Plusieurs suites d'orchestre, etsurtout sa belle ouverture deFritliioff,crite dj en1879,laissaient prvoircertaines tendancespour la musiquesym-phonique proprement dite. Ses dernires53uvres, tels les Concertos pour piano etpour violon avec accompagnement d'or-chestre,saSonatepourpianoet violon,ontaccentula voienouvelledanslaquelle estentrce compositeur, qui fut undes pro-fesseurs les plus remarquablesde l'coledela rueBergre.Mortjeune, l'ge de trente-cinq ans,Alexis de Saint-VictordeCastillon(i838-1873)n'apu donner compltement la me-surede sontalent. Mais, si onenjuge parsa musiquede chambre,saSuited'orchestre,son ouverture de Torquato Tasso, sesEsquisses symphoniques, il est permisd'affirmer qu'il fut un des premiers enFrancequi, par la hauteur de la penseetl'originalitdela forme, donnrent lasymphonie et la musique de chambreunenobleet forteimpulsion. Lesentimentdramatique et mlancolique, en lequel seretrouvent des affinits avec les bellespenses de Beethoven et de Schumann,domine dans toutes les pagesqu'ilcrivitsous la direction de Csar Franck, quisut ne pas lui enlever sa personnalit,cequitmoigneunefoisdeplusdela bontde son enseignement. Alexis de Castillonn'a jamaisabordle thtre.LegnialauteurdeDjamileh,deCarmentaitunvritablesymphoniste, et sesqua-lits se dvoilent en sa belle symphonie-54-Roma,dansl'ouverturede Patrie, danslesJeuxd'enfantsetencoremieuxdansYArt-sienne, cetexquischef-d'uvredemusiquede scne, qui rapproche le nom deBizet(i838-i875)deceluideSchumann. Enseslettres instructives, crites avec unstylesi prime-sautier, il dvoile ses tendances,sesadmirationspourlasymphonie.Nulnela comprenait mieux que lui;caril avaitpassparla fortecoledesgrandsmatresd'outre- Rhinavant decomposerles bellespages que nous avons cites. S'il avaitvcu,sonuvredemusiqueinstrumentaleauraitpris sans nul douteun plus granddveloppement.Bien que la fertile production de M.Massenet(1842)l'ait class parmilescom-positeursfranais qui, en la seconde moi-tiduXIXesicle, ont cultivavec le plusde succs l'opra, il ne faut pas oublierqu'ildbutadansla carrireavecdesSuitesd'orchestre qui eurent leur clbrit. SesSuites sontaunombredehuit,dontlapre-mire(Ponipi) futson dbut(1866)etdontla dernire (les Scnes alsaciennes) a tcompose vers l'anne 1882. L'auteurfaitpreuve dans toutes ces pages d'une fortgrande habilet de main;son critureestserre, vivante;sonorchestration esttrscolore;les dtailsen sont souvent desplus fins, surtoutdanslesthmesdegrce55et dedouceur. Lespassagesde torce,aucontraire, ne sont souventque bruyants.EndehorsdesSuites d'orchestre, qui prou-ventungrandsavoir etunetrsrelle ori-ginalit dansles combinaisons orchestrales,M. Massenet a crit encore nombred'au-trespages, dontquelques-unesne sontpassansvaleur : il n'yauraitqu'citer enpre-mire ligne l'ouverture dePhdre(1874).Ontrouverait encore son actif, danslegenresymphonique,delamusiquedescneingnieusement agencepourles Erinnyesde Leconte de Lisle, YHetnian de P.Deroulde, pour TliodoraetleCrocodilede Sardou. une Sarabande espagnole, laMarchedeSzabadyetles Visions.Emmanuel Chabrier(1842)n'a-t-il pasle droitdefigurerdanscette liste, puisquel'uvre mme quimitsonnomenvedettelutsarapsodie espagnole pour orchestre,Espana? Bien que son temprament l'aitentran n'crirepourainsidire quedesuvres scniques, Gwendoline, leRoimal-gr lui, Brisis, il avait dvoil, dans sapremirecomposition srieuse, Espana, etdanslespartiesorchestralesdesesopras,une habilet d'orchestration tonnantepour un musicien dont les premirestudesavaientlaiss dsirer.Lasonoritde son orchestre est vibrante, luxueuse,exubrante mme;elle vient presqueuni-56quementdel'instinct. Lestyle esttoujoursoriginal, bienlui, malgrsesgrandesad-mirationspour les dramesde R.Wagner.Cequel'onrencontresouventdanssamu-sique,c'estunepointemalicieuse.Chabrierfut, il ne faut pas l'oublier, un bouffe debonaloi. Dansla plupart deses composi-tions, notammentdansYEtoile, le Roimal-gr lui, le rire s'panouit largement : ct de passages de tendresse exquise,raffine, s'lventtoutcoupdestemptesorchestralesoud'amusantesdrleries. Li-sezseslettres, lisez sespartitions;vousydcouvrireztoujoursunefantaisiegauloisequidridera les visageslesplusrenfrogns.Nousn'avonsjamaisassistuneauditiond'Espaua sans surprendre un bon souriresur le visage des auditeurs. Il a fait laPastorale des cochons roses..., mais quelSanclio Pana il et cr, si la mort nel'avaitpasenlevtroptt!Symphoniste a t galement CharlesLefebvre(1843),danscertaines pagesrap-pelant la tnuit, la grce flottante despastelsde Rosalba etquel'on dirait avoirtretouchesparceluiquile conseillaensa prime jeunesse, Charles Gounod. Endehors de ses uvres pour la scne oupoursoli, churs etorchestre, desesm-lodies, deses pices pour piano, CharlesLefebvre n'a pas, son actif, moins de-57-trentecompositionspourorchestreoupourdiversinstruments.Voiciun musicien dont la Francepeutsemontrerfire! DeGabriel Faur(1845),on pourrait dire qu'il est le Schumannfranais.Sontalents'est surtoutmanifestdans la musique intime et symphonique,danslesLicder. Ceserasurtoutloin de lascne,enuncadrerestreintquel'onappr-cieradavantagele charmedecette musiqueenveloppante quivous fait voyager dansle pays du Rve. D'instinct, il atportvers le domaine spcial qu'il s'est choisi.Ecoutezses troublants Licder, le premiermorceau si vhment de la Sonate pourpianoet violon, Validante duPremierQua-tuorpourpianoetcordesd'unemlancoliepoignante, le vigoureux premier morceauetlepotiqueandante du DeuximeQuatuor;plusieurs parties de sa Symphonie en r,tellespagesdesamusiquepourles dramesdeCaligula,d'AlexandreDumaspre,etduMarchand de Venise de Shakespeare, labelle Elgie pour piano et violoncelle, lagracieuse et flineBerceusepourpiano etviolon... et surtout l'admirable Requiem,quel'on peutmettre enregard deceluideJohannsBrahms,et vousarriverez cetteconclusion que Gabriel Faur mriteunemention spciale parmi les musiciens deFVance qui ont cultiv principalement la58musique de chambre ou symphonique, etquesanoteestabsolumentpersonnelle.LesSymphonies d'orguedeCharles- MarieWidor(1845),quisont au nombre dedix,dontles deuxderniresrcemmentparuesportentles titres de SymphoniegothiqueetSymphojueromane, lui ontdonnuneplacetrs leve parmi les musiciens de sonpoque, nonseulement comme organiste,mais comme compositeur.Jouantavecmatrise depuis de longues annes lesorgues de Saint-Sulpice Paris, il aapprofondilemaniementdecemerveilleuxinstrument, et le fruit de ses tudes l'aamen crire ces belles pages pourorgue qui sont un vritable monument.Dans le genre symphonique et dans lamusique de chambre, on aurait encore citer despagesremarquables : trois Sym-phonies pour orchestre, quatre Concertos,Walpurgisnachtpour chur et orchestre,plusieurs ouvertures,deux Quintettes avecpiano, un Trio avec piano, un Quatuorpour piano et cordes, des Sonates, desmorceaux pour divers instruments... Etnous aurions encore signaler ici lamusique de scne pour le Conte d'avrild'AugusteDorchain,leballetlaKorrigane,qui eut un si vif succs l'Opra deParis. Ilyauraitdeuxdivisions tablirdans l'uvre de Widor : la premire59-comprendrait les compositions de pursentiment,d'instinct,cellesolasciencenejouequ'unrlesecondaire; la seconde,aucontraire,s'appliquerait aux uvres danslesquellesl'auteura visl'originalit etaeuenvueunbutpluslev. Mais, danslesunes comme dans les autres,ontrouve lesoucid'uneorchestrationsoigne,s'tayantsurlesexemplesdes plus grands matresetl'horreurdelabanalit.Henri Duparc(1848)futl'undespremiersquisuivirent cettehaute classe de rhtoriquefondeparCsarFrancket sutendgagerl'espritpour crer plusieurs uvres quipromettaientun brillant avenir. UnPomenocturne(1873)et surtout un pome sym-phonique, Lnore, d'aprs Burger(1875),dontl'ouverturefutexcuteauxConcertsofficiels de l'Expositionuniversellede1878,donnent l'impressiond'un art lev, dontla note dominante est une couleur quirussit indiquer l'atmosphredes tableauxque le musiciena pris plaisir dcrire. Ilaaussi son actifun recueil demlodiesd'ungot trs affin; et s'iln'apasproduitdavantage, c'estqu'uneneurasthnieaiguluiainterdittouttravail.Il fut le prcurseur de Vincentd'Indy(i85i), qui, lui aussi, a dmontrquel'en-seignementdeCsarFranckfut loin d'tredltre. Siplusieurslvesdumatre des6oBatitudes n'ont su retenir de lui quelesformules nouvelles et audacieuses, c'estqu'ilsne possdaient pointeneuxles qua-lits de cration voulues. Mais d'autres(Vincent d'Indy en est le plus frappantexemple)ontsu dgagerleurpersonnalit.L'auteurdela TrilogiedeWallensteinn'eutpas, dureste, qu'unseul matre : il tudiabeaucouples uvres dramatiques de Ri-chardWagner,pour lesquelles il ressentitunetelleadmirationquel'chodesgrandeset musicales popeswagnriennesse r-percutaen plusieurs de sescompositions.Mais Vincent d'Indy n'et-il crit quecetteTrilogiedeWallenstein,qu'ilmriteraitd'tre cit en premire ligne au nombredescompositeursquise distingurentdansle domaine de la musique symphoniqueenla secondemoiti du XIXesicle. LaTrilogiede Wallensteinestune uvreforte-ment conue et savamment excute. Actd'unevritablepuissance d'orchestra-tion et d'une touche vigoureuse dans lecoloris instrumental, elle tmoigne d'uneintelligence profonde du drame qu'elleinterprte (i). Act de cette uvrematresse, Vincentd'Indyaproduitnombred'autres pages symphoniques, dans les-quelles il s'est rvl un orchestrateur (i)EdouardSchur.6ide premier ordre : il n'y auraitqu' citerla Fort enchante, Sauge fleurie, le Chantdela cloche, le beauLied pourvioloncelle,dela musiquedechambreduplus vif int-rt.Mort prmaturment l'ge de trente-cinq ans, Lon Bollmann(1862) n'avaitpas encore donn toute lamesuredesontalent. Mais l'ingniosit de sescomposi-tions laissait prvoir un bel avenir. Lamlodie, chezlui, tait toujours d'unedis-tinction rare, apparaissant d'instinct;ellecoulaitde source. Lascienced'orchestra-tion taitparfaite, claire, sobre. Entoutesa musique on distingue de l'esprit, unegrande lgret de main et l'absence deprtention. 11 n'a paslaissmoinsdesoi-xante-huitcompositionsgraveset dites,dontseptpourorchestre.Parmilesprinci-pales on signalera la Symphonieenfama-jeur, les Variations symplioniqaes pourvioloncelle solo et orchestre, Intermezzo,Gavotte, picesdlicatementinstrumentes,sansqu'onpuisseleuradresserlereprochedepastiches,Fantaisiesurdesairshongrois,Scnesdumoyenge, Quatre pices brves,exquises de sentiment,puis, dans lamusiquedechambre,un Trio pour piano,violon et violoncelle, un Quatuor pourpiano et cordes,uneSonatepourpiano etvioloncelle, sans compter une Fantaisie62dialogie pour orgue et orchestre, uneSuite gothique pour orgue, des morceauxde piano pleins d'humour, des Licderd'une tournure gracieuse et distingue.Lorsque saFantaisiedialogiepourorgueet orchestre et sa Symphoniefurent ex-cutesauxConcertsLamoureux,lapressesaluait en lui un futur matre dela sym-phonie.DansYApprentisorcier, pome sympho-niqued'aprsGtheet dansuneSymphonieen trois parties, M. Paul Dukas(i865) arvldebelles etoriginales qualits d'or-chestration,jointes uneinventionremar-quable.Untout jeune, revenu rcemment delaVilla Mdicis, M. HenriRabaud(1873),acrit successivementdeux symphonies etunpome,LaProcessionnocturne, qui ontlaiss pressentir que la carrire sympho-niquelui seraitpropice.Etqued'autresnomsciter, non seule-mentparmilesjeunes, maisencore parmiles ans: Alary(Georges),Bernard(Emile),Boisdeffre (Ren de), Chausson (Ernest),Chevillard (Camille), Debussy (Claude),Erlanger (Camille), Gedalge(Andr),Alexan-dre Georges, Godard (Benjamin), les fr-res Hillemacher, Hue(Georges),LeBorne(Fernand), Leroux (Xavier), Marty(Geor-ges), Ollone(Maxd'),Piern(Gabriel),Guy63Ropartz,Wormser(Andr)! Et,danscetteliste forcment courte, ne figurent paslesnomsdesmatresanciensoumodernesqui, bien qu'ayantcrit spcialementpourle thtre, ont cependant tmoigndequalitsd'orchestration, quipourraientlesfaireclasser dans la famille des sympho-nistes : Bruneau(Alfred), Charpentier(Gus-tave), Coquard (Arthur), Delibes (Lo),Duvernoy (x\lphonse), Gounod (Charles),Guiraud(Ernest), Hahn (Reynaldo), Hol-mes(Augusta),Joncires (Victorin), Mes-sager (Andr),Puget(Paul),Reyer(Ernest),Rousseau (Samuel), Thomas (Ambroise),Vidal(Paul) !Commenousl'avonsdjdit,nousavonseu l'intention non pas d'crire l'histoireexactedela symphonie en France depuislamortdeBeethoven, mais de tracerseu-lement la prface de cette histoire, quiserait intressante bien des points devue.Notrebut aurat atteint si, en cesquelques pages, nous sommes arriv appeler ou rveiller l'attention sur lemouvement symphoniquequi s'est nette-mentdessinen France dans la secondemoitiduxixesicle. Il s'est encore plusvigoureusement accentu, lorsque, aprsles tentativesfaites par Seghers avec lesConcerts Sainte-Ccile,JulesPasdeloupfonda les Concerts Populaires, qui ouvri--6+ -renttousunchampconsidrabled'tudes.Ce fut le27octobre 1861 qu'eut lieu lepremier concert populaire de musiqueclassique, etjusqu'cettedate les grandespagesdesmatresdelasymphonie,Haydn,Mozart, Beethoven, n'taientconnues quede ceux quipouvaientsuivreles concertsduConservatoire. Lesautres, qui taientlgion, n'avaient pour toutes ressourcesquede lire les partitionsoud'en excuterdesfragmentsenpetitcomit. Timide futd'abordPasdeloupaudbut;cenefutquepeupeuqu'illargit le cercledesespro-grammes.Iljouaitle rle d'initiateur etnepouvaitimmdiatementaccueillir toutes lesuvresquilui taient prsentes. Le pu-blic,dureste,rclamaitdela musiqueclas-siqueet aurait trs probablement fait unfroidaccueil aux trop promptes innovations.Lorsque, avec sa brutale franchise, Pas-delouprpondaitaux jeunes qui commen-aient lui apporter leurs compositions,parcequ'ilstrouvaientchezluiunnouveaudbouch: Faites des symphonies commeBeethovenetje lesjouerai il les incitaitainsitravailler l'orchestration et pro-duiredesuvresnonpas certes compara-blesauxcrationsdel'OlympiendeBonn,maisdignesde figurer ct d'elles dansles concerts. Aussi toute la gnrationd'alors rivalisa d'ardeur pour faire de la65symphonieetdela suited'orchestre.Insen-siblement, on vit apparatre sur les pro-grammesdesConcertsPopulaireslesnomsde Bizet, Massenet, Guiraud, C. Saint-Sans, Gounod, Berlioz, Th. Gouvy, E.Reyer,B. Godard. AugustaHolmes,etc..Mais aprs la guerre franco-allemande(1870-1S71),Pasdeloup fit une plus largepartaux compositeurs franais dans sessanceshebdomadaires. Enl'anne1874,il commandaitmme Bizet, MassenetetGuiraudtrois ouvertures, Roma, Phdre,Artcvelde, qu'il fit excuter avec succs.Lesdeuxpremiressontrestes au rper-toire desConcerts.DeuximitateursetcontinuateursdePas-deloupont contribu galement encou-ragerl'tudedela symphonie en France,en donnant auxjeunescompositeursfran-aisl'occasion de produire et d'entendreleursuvresdansles grands concertsqu'ilsfondrentet dirigrent avec tant d'clat.Enl'anne 1873,Edouard Colonne craitd'abordl'Odon, puisauthtreduCh-telet le ConcertNational,qui, plustard, devint1' Associationartistique . Ilsuffit de parcourir les programmes desconcertsdu Chteletpourreconnatre lesefforts tents par Ed. Colonneet laplacetrslargedonneparlui auxcompositionsdesmusiciensdel'cole franaise. Il eut566d'abordlagloiredefairetriompherl'uvred'HectorBerlioz en interprtant brillam-ment le cycledesesdramatiquesconcep-tions. Puisil propagealesuvres de Ed.Lalo, G.Bizet, Massenet, B. Godard, Au-gusta Holmes,CsarFranck, Ch.M.Wi-dor,Th. Dubois, Ch. Lefebvre, Paul La-combe, E. Bernard, G. Charpentier, A.Bruneau, Piern, etc.CharlesLamoureux,en1873,aprsavoirtudi Londres avec Michal Costal'organisation des Concerts monstres duPalais deCristal, voulut acclimater l'ora-torio en France et fonda1' Harmoniesacre . AuCirque d't eurent lieu plu-sieurs magnifiques auditions des uvresde Haendel, Bach, Gounod, Massenet.Dans le coursdel'anne 18S1, il fondaauThtreduChteaud'Eau,la Socitdesnouveauxconcerts, quidevait parcourirune carrire si brillante et tre dirige,aprssamort,par son gendreM.CamilleChevillard. SiColonneavaitvouunculte HectorBerlioz,Ch. Lamoureuxs'vertua faire admirer en France l'uvre deRichard Wagner: nul n'ignore les beauxsuccsqu'il obtintavecles auditions int-gralesdeLoJiengrin l'Edenet de Tristanet Yseultau Nouveau-Thtre. Maisil nengligea pas pour cela l'cole franaise,et l'on peut citer, parmi les noms des-67-auteurs qu'ilmitenvedette,ceux de Cha-brier,Vincent d'Indy,G. Faur,G. Char-pentier.L'tude chronologiquedes programmesdes concerts donns par Pasdeloup,Colonne et Lamoureux est la meilleurecontribution qui existe l'histoire de lasymphonie en France depuis quaranteans : la supriorit de nos compositeursmodernessurleursans danscedomainesispcial, quiavaittjusque-ll'apanagede l'cole allemande, clateaugrand jour.Ilya un monde entre l'orchestre d'Ad.Adam, Auber. Bazin, Hrold et celui deC.Saint-Sans,G. Bizet,G.Faur, Vincentd'Indy. L'volution a t considrable etelle mritait d'tresignaledans letravaildeM.Weingartner.Leseffortstentsetlesrsultatsobtenuspardeschefsd'orchestre tels que Pasde-loup, Colonne et Lamoureux, rveillrentl'apathietraditionnelledela Socit desConcerts du Conservatoire. Un desdirecteurs de cette socit qui surent lemieuxcomprendrequecette institutionnedevaitpas trequelemusedesantiques,futJulesGarcin. En dehors des chefs-d'uvre qui n'avaient pas encore vu lejour au Conservatoire, tels que la Messesolennelle en rde Beethoven, LeParadiset laPri, lesScnesde Faust de R.Schu-68mann, deux Symphonies deJ.Brahms, leprlude de Tristan et Yseult, le deuximetableau du premier acte deParsifal, laGrande Messe ensi mineurdeJ.-S.Bach,il fit excuter la Symphonie en ut mineurdeC. Saint-Sans, la RapsodienorvgienneetlaSymphonieensolmineurde Ed.Lalo,laSymphonieenr mineurde CsarFranck,CaliguladeGabrielFaur, Biblisde Mas-senet,