LA SINGULARITE : Interview de Claude FAUQUET par

Sandrine BARBOTIN, Fondatrice de Teaméo Coaching Sport & business / coach professionnel certifiée

Un lundi avec Claude : « Ce qui est exceptionnel, ce n’est pas le talent ,nous en avons tous, mais le fait que cette singularité en action qu’est le champion ou la championne ait pu résister à tous les codes ou normes pour exprimer son désir de devenir le ou la meilleure. »

Je pourrais tout à fait dire avant de commencer l’entretien avec Claude Fauquet qu’il est pour moi une personne dont j’admire le travail, l’attitude, la personnalité et le charisme.

Je le reconnais avant tout pour ce qu’il est et non pas uniquement pour ce qu’il a fait ou fera dans le monde du sport.

Quelles sont pour moi les qualités les plus remarquables chez Claude ?

Sa détermination, sa force de conviction, son audace, son côté râleur, quelqu’un empli d’humanité, son envie de jouer, son enthousiasme, sa sensibilité, sa capacité à croire en ses projets malgré les critiques et les oppositions, subtile, lucide, intransigeant, rigoureux, concret…

Je le considère comme une personne ressources, une personne inspirante, une personne qui me montre en quelque sorte le chemin que je souhaite emprunter et m’invite à croire en mon originalité et à ma contribution unique dans le monde du sport et du business.

C’est donc assez naturellement que nous nous sommes rencontrés lors de ma création de Teameo coaching et avons échangé ensemble sur les valeurs humanistes qui nous portent et la notion de singularité qui nous est si chère.

Je remercie Claude d’avoir accepté la proposition de l’interview et de s’être prêté avec authenticité au jeu du questionnement autour de la notion de SINGULARITE.

Puisse cet interview vous inspirer autant qu’il m’a inspiré et vous donner envie d’avancer sur votre chemin qui vous mènera à votre singularité.

- Comment définirais tu en cinq mots la singularité ?

Unicité, Devenir, Individuation, Amor fati, Potentiel

Le sens de notre humanité est je crois la recherche permanente du bonheur de vivre.

Ces cinq mots veulent dire notre puissance d’exister

Ils font référence à trois philosophes pour le moins singulier.

Deleuze, Simondon, Nietzsche.

On pourrait y ajouter leur inspirateur à tous SPINOZZA.

- En quoi la singularité est elle selon toi une clé de la performance individuelle et collective ?

En reconnaissant que chacun d’entre nous est porteur d’une richesse de développement insoupçonnée, on casse les à priori scientistes sur le talent et l’idée toujours sous jacente que l’on naît champion.

On en arrive même à utiliser cette formule définitive quand on ne comprend pas l’émergence d’un champion ou d’une championne que « c’est l’exception qui confirme la règle »

Ce qui est exceptionnel, ce n’est pas le talent ,nous en avons tous, mais le fait que cette singularité en action qu’est le champion ou la championne ait pu résister à tous les codes ou normes pour exprimer son désir de devenir le ou la meilleure.

Quelque soit la situation d’expression sportive nous n’avons à faire qu’à des singularités à respecter au-delà de tout y compris quand il s ‘agit d’expression collective.

- Est il possible de gagner/perdurer dans le sport de haut niveau sans prendre en compte sa singularité ?

Notre cerveau humain est ainsi fait qu’il peut s’adapter à de nombreuses situations y compris les plus aliénantes quand le désir de réussir est tel que l’on trouve dans cette aliénation des raisons de croire à son propre rêve.

On peut donc gagner en étouffant sa singularité mais je suis convaincu que l’on ne peut pas durer longtemps dans ce manque de liberté. La singularité c’est d’abord l’expression d’une liberté, d’une construction pas à pas d’un chemin qui nous fait devenir comme le dit Nietzsche ce que nous sommes.

Les immenses champions sont des gens libres et qui le deviennent chaque jour un peu plus dans l’expression de leur art.

- Quel lien fais tu entre vulnérabilité et singularité ?

J’ai observé l’extrême fragilité des champion(ne)s que j’ai côtoyés . Cette fragilité qui les rendait si singulier dans leur environnement, les rendait sans doute si vulnérable, qu’ils ont forgé petit à petit sous la force de leur désir les conditions de résistance et de force de caractère que l’on note comme une caractéristique donnée au champion ou à la championne alors qu’il s’agit en fait d’un processus et non d’un fait.

- Un champion peut - il ou doit- il être ordinaire pour gagner ?

Il me semble que nous avons trop tendance à utiliser des superlatifs quand il s’agit de qualifier les champions. Celui qui me parait le plus préjudiciable est sans doute le mot exceptionnel car il pose d’emblée l’idée que devenir champion ne concerne pas le commun des mortels. Or quand on analyse le parcours de nombre d’entre eux on voit bien que le chemin qu’ils ont emprunté n’est pas si exceptionnel que cela mais bien singulier c’est à dire qui leur est propre et qu’ils conduisent avec une volonté affirmée dans un environnement souvent favorable mais aussi quelques fois contraire.

- Quel est le contraire de la singularité ?

On oppose souvent singulier et universel. Cette opposition n’est pas fertile car elle isole davantage qu’elle ne relie. Or sommes nous capables de répondre à la question de savoir pourquoi l’émotion d’un champion, son exemplarité qui sont pour le moins singulières peuvent toucher des millions de personnes ? C’est de cette universel singulier là dont il faut parler et non pas d’un universel surplombant dictant à chacun le chemin vers le bonheur.

- Quelle place prend la singularité dans ton parcours de vie ?

Essentielle je crois. Je le perçois de plus en plus à la mesure du temps qui passe et du recul qui s’impose en étant sorti du jeu institutionnel et des fonctions officielles.

Je suis l’aîné d’une famille de quatre enfants avec un père absent car il était gendarme mobile et d’une mère aimante élevant ses enfants à la manière de sa propre éducation à la fois sévère et dévouée.

Je me suis toujours senti différent sans que je puisse l’expliquer vraiment, toujours leader, dans tous les jeux organisés en groupe dans la volonté d’organiser les choses comme je l’entendais. La vie en caserne explique aussi ce sens de la fratrie et de la collectivité.

Je suis aussi le seul des enfants à avoir été en pension ce qui rend aussi cette période de ma vie très singulière.

Le sport est ainsi toujours présent quelques soient mes souvenirs d’enfant et cette volonté de diriger ancrée en moi de tout temps mais jamais vraiment explicite. Cette singularité ressentie n’était pas exprimée comme une force , un charisme pour les autres. Tout cela viendra bien plus tard quand il se sera question de vaincre une timidité maladive au point de ne pas oser exprimer une idée alors qu’elles foisonnaient en moi.

- Que t’a permis la reconnaissance de ta singularité en tant que personne et manager de la performance sportive?

Il faut lire à ce sujet le travail de G Simondon sur le processus d’individuation pour comprendre le chemin nécessaire pour devenir un individu responsable et oser la différence. C’est d’ailleurs ce processus qui fait de nous des individus et non le terme atteint et définitif.

C’est parce que j’ai accepté le fait que j’étais différent ou plutôt singulier et que les rencontres de ma vie m’ont convaincues de me faire confiance dans l’expression de ma pensée que j’ai pu conduire des projets souvent à contre courant de la culture ambiante.

- En tant que manager, comment abordes tu et fais tu vivre la singularité dans un

groupe ?

C’est le moment sans doute de préciser que je différencie la notion de groupe à celle d’équipe. Dans un groupe les singularités sont souvent niées pour faire place à la loi du plus fort, à la loi des non dits, aux affirmations de pouvoir et de territoire où chacun à des objectifs cachés créant souvent l’illusion d’une volonté collective alors que je n’y vois que des leaders et des suiveurs.

Dans une équipe nous sommes dans un projet partagé où chacun doit participer en tant qu’individu à l’élaboration et la mise en œuvre de ce projet avec des objectifs partagés.

La singularité dans une équipe prend tout son sens car elle est le ferment même de la force collective. Dans mon expérience de la natation j'ai bouleversé les habitudes en affirmant que le collectif naîtrait du partage d'objectifs individuels et singuliers élevés et non pas l'inverse. À mon sens l'esprit d'équipe imposé par le collectif n'a jamais vraiment permis l'atteinte de résultats de haut niveau.

- Qu’est ce qui te rend unique ?

Sans doute la conscience de ma différence et le fait d'en faire une force pour résister à tout ce qui a toujours tendance à te faire rentrer dans le rang. Ma sensibilité aussi que je n'ai jamais ressenti comme une faiblesse mais comme une richesse pour mieux appréhender le monde invisible de mes semblables.

- Quel est le prix à payer selon toi pour accéder à son unicité ?

Plus qu'un prix à payer, je dirai un long travail ,un long processus qui en fait ne se termine jamais. J'ai eu la chance pour lutter contre les vents contraires, de rencontrer quelques personnes dont j'ai senti dans les regards les mots, la bienveillance que ce que je ressentais intuitivement n'était pas dénué de sens et que je pouvais ainsi oser libérer ma parole, oser avancer des idées souvent iconoclastes et qu'elles pouvaient être entendues.

Je crois aussi dans ce processus au travail à la culture ou davantage à la nécessité de se cultiver pour faire valoir ses idées. C'est ainsi que la philosophie s'est imposée dans mon paysage intellectuel car certains auteurs faisaient échos à ce que je pressentais dans mon travail de manager.

Ces philosophes eux mêmes s'avéraient être extraordinairement singuliers en rompant avec les codes universitaires.

Ils sont donc devenus des compagnons de voyage.

- Est ce que tu peux dire aujourd’hui que défendre la singularité dans le sport a été un frein ou un accélérateur à ton évolution professionnelle ?

Ce qui me semble assez incroyable aujourd'hui c'est que la mise en œuvre d'options à contre culture du monde du sport français s'est traduit par des résultats au plus haut niveau mondial et m'a permis d'être reconnu professionnellement comme une référence poussant le paradoxe à me poser comme norme pour certains acteurs alors que je n'ai de tout temps que fait valoir mon a-normalité.

Lire à ce sujet les maladies de l'homme normal de Guillaume Leblanc

Mais je voudrais associer à cette réussite tous ceux et celles qui m'ont accompagné dans ce chemin et qui ont senti davantage la force et la confiance qui m'animaient que les risques que nous prenions.

Sans eux , sans elles rien n'aurait pu advenir. Je leur suis définitivement redevable de ma voir accompagné.

Qu’est ce qui t’a poussé à développer ta singularité ?

Je n'ai jamais eu vraiment conscience de développer ma singularité, mais plutôt pousser à ses limites ma conviction que les freins, les représentations qui présidaient à l'incapacité du monde de la natation à se remettre en cause n'étaient pas insurmontables et que les révéler pouvait ouvrir à une dynamique que rien ne contrarierait une fois engagée.

Qu’est ce qui peut rendre difficile son expression dans le secteur sport?

Le sport est lié à toutes les représentations sur le corps au point de ne pas se rendre compte de ce qui fait notre humanité c'est à dire notre unicité.

Parler de physique, de mental bref de tout ce qui nous découpe en petits morceaux en pensant qu'en recollant ces morceaux on construit un champion fait un mal énorme à des générations de jeunes enfants dont le désir de jouer et d'être joyeux dans la situation d'apprentissage ou de compétition est le moteur premier.

Qu’est ce qui selon toi permet de se détacher du conformisme ?

La prise de conscience qu'être différent n'est pas un handicap et je choisis ce mot volontairement mais une force qu'il faut travailler dans la rencontre culturelle avec ceux et celles qui témoignent de cette singularité dans leur parcours de vie.

Quelles sont les qualités requises pour sortir du cadre et accepter son unicité ?

Sans doute la confiance, la persévérance, la capacité à résister, le travail sur soi et le fait de savoir s'entourer.

Quel est le coût de la non prise en compte de sa singularité dans une carrière sportive ?

Comme on tue un Mozart toutes les cinq minutes, le sport n'observant que les doués, ne cherchant que les pépites laisse dans l'ombre des désirs inexprimés.

Il faudrait changer de paradigme pour créer les conditions d'émergence de potentiels sans apriori.

La capacité à observer et à accompagner une singularité en action pour lui permettre d'accéder à une expression épanouie est un travail d'une complexité méconnue qui mériterait plus d'attention et une meilleure approche culturelle et philosophique dont les théories de la complexité ne devraient pas être exclues.

- Quel lien fais tu entre singularité humaine et performance sportive ?

Je préfère faire un lien entre singularité humaine et performance humaine. Le sport n'étant qu'un moyen comme un autre d'exprimer son humanité, de donner du sens à une trajectoire de vie.

La performance ce n'est finalement que l'ambition somme toute louable de devenir toujours meilleur.

- Quels sont les bénéfices pour une personne de s’autoriser à découvrir et revendiquer sa singularité ?

Ils sont nombreux et sans jeux de mots, singuliers.

Parmi ceux qui me viennent immédiatement à l'esprit s'impose sans aucun doute la confiance en soi par l'acceptation de ce que l'on est, qualités et défauts confondus.

On peut résumer en disant que l'on fait sa vie sur ses points forts et non pas sur la recherche vaine de la perfection.

Nombreux sont ceux et celles qui courent après ce qu'ils n'ont pas, alors qu'il suffit le plus souvent de valoriser les qualités que chacun possède, de ne pas oublier ses rêves d'enfant pour retrouver le désir d'exister positivement.

Mais cela réclame des prises de conscience, des rencontres riches et stimulantes et une lutte acharnée contre toute forme de culpabilité de ne pas être comme les autres.

Nous sommes souvent confrontés à un monde normatif qui finit par avoir raison de nos rêves.

- Quels sont les avantages à ne pas découvrir sa singularité ?

Peut être l'illusion de se conformer à la règle générale, d'être dans le confort, ce qui peut être après tout une manière de vivre respectable. Mais, sans en être vraiment persuadé, il me semble que vient un jour la prise de conscience qui peut être douloureuse de ne pas avoir conduit sa vie selon ses désirs profonds. Cela fait d'ailleurs l'objet des remarques les plus souvent énoncées dans une étude menée aux États Unis sur les regrets des gens en fin de vie.

- Quels sont les freins à son expression pleine et entière ?

Nous entrons là dans un problème extrêmement complexe qui concerne notre rapport à nous même en fonction de notre histoire, de notre enfance mais aussi de notre rapport au monde et aux autres.

Si je devais retenir un frein, je dirais la culpabilité de se sentir différents, de ne pas trouver les ressources nécessaires pour vaincre les résistances à l'expression pleine et entière de son potentiel personnel.

- Quels bénéfices vois tu pour les professionnels du sport à optimiser la relation à soi et connaissance de soi?

Confronté à la performance, ce que nous entendons aujourd'hui sur le mental me semble procéder davantage d'un frein à cette expression libérée de soi en situation de confrontation.

Dire ce qui est faillible chez un individu n'a jamais à mon sens permis d'exprimer ses capacités dont j'estime qu'elles demeurent chez chacun d'entre nous de ce que nous exprimons dans nos performances.

Les professionnels du sport ont donc tout intérêt à se former à la compréhension de ce que la singularité d'un individu peut porter comme force dans l'expression individuelle ou collective d'un sport.

Se former, partager avec des pairs ne veut pas dire déléguer à d'autres la capacité de travailler sur ce sujet mais de travailler d'abord sur soi avec des personnes qualifiées qui peuvent nous révéler à nous mêmes.

Travailler sur soi c'est mieux comprendre et donc mieux accompagner ceux et celles qui s'engagent dans le chemin de la performance.

- A quel moment de ta vie, la singularité a t-elle pris sens à tes yeux ?

Sans aucun doute deux moments importants.

Le premier à 10 ans quand envoyé en pension le sport a été un formidable moyen d'expression personnelle alors que la douleur d'être séparé des miens était insupportable.

Le deuxième quand a été créée dans mon lycée à Calais la république des sports donnant aux élèves une existence réelle dans les prises de décisions et dans les avis sur les programmes.

Ce moment a été pour moi une révélation de ma capacité à exister et d'être reconnu comme quelqu'un qui compte dans l'histoire d'une classe ou d'une équipe.

- En quoi la singularité est elle importante pour toi?

Elle m'apaise et surtout elle m'a permis de me sentir vivant et libre. Le danger est de ne plus rechercher dans mes rencontres que des gens également apaisés , qui en ont fini avec le pouvoir et la volonté d'imposer un point de vue , ce qui limite forcément ces rencontres et il y a là peut être un handicap. Néanmoins j'ai passé tant d'années à essayer de convaincre, à subir ce type de rencontres que j'aspire maintenant à plus de légèreté dans les relations.

- Qu’est ce qui t ‘ a permis de croire en ta singularité ?

Les rencontres assurément mais aussi puisque la voie que j'ai choisie était le sport de haut niveau les résultats obtenus tout au long de mon parcours professionnel.

La capacité de résistance quand tout le monde doutait y compris moi même sur la démarche entreprise me surprend encore aujourd'hui et mériterait une analyse plus profonde tant j'y ai laissé d'énergie au point de vivre un burn out terrible en 2001.

Je peux assez mal vivre aussi le fait que les dirigeants actuels de la natation puissent en venir à nier le rôle que mon équipe et moi même avons joué dans la reconquête de la natation au plus haut niveau.

C'est aussi assez singulier que partout où je suis passé alors que les résultats étaient probants ceux qui ont pris la suite n'ont eu comme seule ambition de remettre en cause ces acquis essentiels.

- As tu rencontré des personnes dans ton parcours qui t’ont incité à devenir l’homme que tu es ?

Nous ne sommes que le fruit de nos rencontres. La première étant celle de nos parents et donc de l'environnement dans lequel un enfant construit pas à pas et ce qu'il adviendra.

Quelques enseignants qui ont su me montrer, que j'avais quelques qualités et me faire grandir, des amis aussi pendant mes études supérieures mais la vraie rencontre dont je peux presque affirmer qu'elle est la seule reste ma rencontre avec mon ami F BIGREL dont il faudra témoigner un jour pour dire à quel point elle m'a construit.

Je n'oublie pas la rencontre avec moi même.

- Que te permet aujourd’hui ta singularité ?

D'apprécier le travail fourni, les rencontres en toute simplicité avec ceux et celles qui accordent un peu d'intérêt à mon parcours et ne le négligeons pas le fait de pouvoir transformer ces années d'investissement au sein du service public du sport en compétences recherchées et utiles. "Vendre sa compétence" est un travail qu'un fonctionnaire ne mesure pas dans toute sa complexité. Cette expérience est aussi fort utile.

- Quel sens donnes tu à la singularité humaine ?

Sans doute ce qui donne justement du sens à notre condition humaine et donc à ce qui nous constitue comme être vivant dans cet univers complexe. Cette singularité peut aussi générer les pires exactions les pires excès quand elle ne s'associe pas à une certaine idée de notre place dans cet univers et donc dans le respect du vivant.

- Que ferais tu de différents sans cette singularité assumée ?

Je ne sais pas trop mais sans doute ferais je comme tous ceux ou celles que l'on a privé de leur capacité d'innovation et d'invention, que l'on a éloigné de leurs désirs d'enfant faisant naître une frustration plus ou consciente de n'être que quantité négligeable.

Je pense que la violence que certaines personnes portent en elles vient de ce déni d'exister pour ce qu'elles sont.

L'émergence des nouveaux métiers d'accompagnement des personnes doit bien trouver une explication quelque part.

- Existe t-il une méthode managériale pour gérer et valoriser la singularité ?

Une méthode je ne sais pas mais quelques intentions larges oui.

Le respect de soi même, le travail sur soi comme condition de compréhension des autres

Le désir d'associer une équipe dans un projet valorisant pour tous.

La capacité à fixer un cap et des objectifs partagés

Accepter de se tromper pour mieux avancer dans le partage d'expérience avec ses collaborateurs.

Écrire une histoire collective et en garder l'histoire pour assurer la pérennité d'une organisation et le transfert de compétences.

- Si tu avais un message à transmettre à la planète entière, quel serait-il ?

Liberté Égalité Fraternité mais aussi Respect Humilité Partage. Comme le dit Edgar Morin, il ne faut pas une politique écologique mais de l'écologie dans la politique.

Le respect de chacun dans un ensemble complexe qui s'intéresse davantage à la relation entre les éléments du tout qu'à la valorisation des éléments séparés les uns des autres.

- Si tu incarnais le changement que tu veux voir à plus grand échelle dans le monde, quel serait il ?

Parler à la singularité de chacun comme condition d’un universel acceptable. Il y a peut être une autre manière de vivre avec une autre économie plus solidaire pour avancer vers le bonheur. Qui nous parle aujourd'hui en politique de notre singularité qui travaille chaque jour dans tous les coins du monde à l'émergence d'une autre humanité ?

L'essentiel étant sans doute une réforme essentiel de nos systèmes éducatifs qui se craquelle aujourd'hui sous les coups des nouvelles technologies. Voir le petit livre de M Serres " la petite poucette "

Travailler au bonheur des générations qui viennent en valorisant les histoires singulières c'est sans aucun doute travailler à l'humanité de demain.

- Quelle est ou quelle a été pendant ta carrière ta contribution unique pour que cette vision se réalise ?

Bien modestement, le fait d'avoir choisi de m'engager dans l'éducation comme enseignant puis comme accompagnateur de l'expression de la performance humaine dans son expression sportive la plus aboutie comme champ d'expérimentation d'émergence de singularités en action et en création de joie et de bonheur dans cette quête inutile de devenir le meilleur au monde.

Le sport reste aujourd'hui un des lieux comme la poésie et toutes les formes d'art d'expression singulière de notre humanité qu'il faut préserver de tous ses excès et déviances.

Si votre singularité et votre capital humain vous intéressent comme ils nous intéressent Claude et moi, et que vous avez pris goût à la compagnie de Claude Fauquet cette semaine, ce que je comprends, contactez nous pour aller plus loin!

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