La Sepmaine ou Création du Monde

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L A SEPMAINE OV LA C REATION DV M ONDE G VILLAUME DE S ALLVSTE DV B ARTAS QV é BEC chez Samizdat, sovs St-Avgvstin, près dv Cap-Rovge le 14 juin, année du Seignevr, MMXVI

Transcript of La Sepmaine ou Création du Monde

  • L a

    SEPMAINEo v L a C r e a t i o n d v M o n d e

    Gv i L L au M e de Sa L Lv S t e

    d v B a r t a S

    Q V b e cchez Samizdat, sovs St-Avgvstin, prs dv Cap-Rovge

    le 14 juin, anne du Seignevr, MMXVI

  • La Sepmaine, ou Cration du monde par Guillaume de Salluste, Seigneur du bartas (1544-1590). Ce texte sappuie sur ldition de la Sepmaine publie en 1578 chez Iean Feurier, demourant pres le College de Reims. Lorthographe originale du titre rappelle justement les sept jours de la premire semaine et, sur le plan de ltymologie, fait allusion au terme latin septimus.Source textuelle : Bibliothque nationale de France (dpartement: Rserve des livres rares: RES-YE-536. fichier: bpt6k1175722).

    Il faut prciser que ce Ebook maintient lorthographe de ldition originale, avec les s longs, les lettres u et v inverses et le reste. Par contre, nous navons pas retenus les abrviations typographiques ( = on). Les nombreuses erreurs laisses par le programme de reconnais-sance optique de caractres (OCR) ainsi quune page manquante ont t corriges dans le prsent document. Samizdat souligne la collaboration la rvision de Kvin Rousseau. [Nd] = Note de lditeur.

    Ebooks Samizdat 2016

    Polices:JSL Ancient [Jeffery Lee]LTC Goudy Initials [Frederic Goudy]IM Fell English Roman and Italic [Igino Marini]

    IM Fell Double Pica [Igino Marini]

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  • Si en effet lunivers est un univers conceptuel, cette cration doit tre le rsultat dun acte de pense. Notre ide que lespace et le temps ne sont pas hors du temps eux-mmes nous pousse voir la cration comme un acte de la pense; et de ce fait le temps et lespace, qui, partir du cadre de la pense, doivent tre entrs en existence la suite de ce geste.* (Sir James Jeans: The Mysterious Universe. 1930)

    Dieu est un mathmaticien de trs haut niveau et il a utilis des mathmatiques avances lors de la construction de lunivers. (Paul A. M. Dirac - 1963)

    Supposons quune telle personne commence par observer les activits chrtiennes qui sont, en un sens, orientes vers le monde actuel. Il trouverait que, sur le plan historique, cette religion a t lagent par lequel a t conserv une bonne part de la civilisation sculire ayant survcu la chute de lEmpire romain, que lEurope y doit la sauvegarde, dans ces ges prilleux, de lagriculture civilise, de larchitecture, les lois et de la culture crite elle-mme. Il trouverait que cette mme religion a toujours guri les malades et pris soin des pauvres, quelle a, plus que tout autre, bni le mariage, et que les arts et la philosophie tendent se dvelopper sous sa protection. * (C.S. Lewis - Some Thoughts - 1948)

  • A MatireS a

    Glossaire 5

    extraict dv PriuileGe du roy. i

    av lectevr iii

    sonet iv

    dPremier iovr de la sePmaine 1second iovr de la sePmaine 22

    troisieme iovr de la sePmaine 53

    Qvatrieme iovr de la sePmaine 80

    cinQuieme iovr de la sePmaine 102

    sixieme iovr de la sePmaine 130

    sePtieme iovr de la sePmaine 158

    dPostface de lditeur 179

  • G L o S S a i r e

    acertener = certifier, affirmer, garantir la vrit dun fait

    ains = ainsiarmet = petit heaumeou casque rondaeruis = asservisaeurance = assuranceavs = avezbrandons = Dict. Littr: Espce de flam-

    beau fait de paille tortille. Se dit aussi des corps enflamms qui slvent dun incendie

    chanure = chanvredextre = droitedisoit = disaitdois = doigtsimant/ymant = aimantloche = branler une plante, un arbre,

    comme si on voulait larracher.peur = paisseurerren = reint, fatigus = dans ou aveceprit = espritfls/flos = flotsfornie = fournissefueille = feuilleHotomane = Ottomane (concernant la

    nation Turque)iams = jamaisiceluy = celui-ciie = jeieunee = jeunesseinnarrable = inexprimableinele = prompt, rapideiuque = jusquelours = lourdslos = avis, conseil, enseignementloy = loimme/meme = mmemouuement = mouvementmoy = moineance = naissanceoyant = entendantparfin = fin ultimepis = piedsPonant = Occidentpouier = poussirepourrs = pourrezpuple = peupleapience = sagesse, intelligenceauoir = savoirait = sait

  • e x t r a i C t d v P r i u i L e G e d u r o y .

    PAR priuilege du Roy donn Paris le 21 iour de Feurier, 1578. il et permis Guillaume de Sallute, Seigneur du Bartas, de choiir & commettre tel imprimeur quil verra etre uffiant pour fide-lement imprimer, ou faire imprimer vn liure intitul La epmaine ou Creation du Monde, lequel a et viit par les Docteurs de la

    facult de Theologie. Inhibant ledit Seigneur tous Imprimeurs, Libraires & autres quelconques, quils nayent imprimer, ou faire imprimer, ny expoer en vente ledit liure, non par la permiion, licence & cong dudit de Sallute, ou de limprimeur par luy choii & commis limpreion diceluy1. Et ce ur peine de confication des liures ia imprimez, & damende arbitraire tant enuers le Roy, que ledit de SaIlute, & des dommages & interets de limprimeur par Iuy choii: comme il et plus amplement contenu edites lettres du priuilege. Sign par le Coneil.

    Deonnard.

    Ledlit G. de Sallute, a permis Jean Feurier, &, Michel Gadoulleau, Libraires & Marchans de Paris, dimprimer ou faire imprimer, La Sepmaine, ou Creation du Monde, iuquau terme de cinq ans finis & accomplis, commencer du iour que ledit Liure era acheu dimprimer.

    1 - [Nd] Ou de celui-ci.

  • a v L e C t e v r

    Ami Lecteur, ayant et contraint de faire trancrire la hate ce Liure par diuers ecriuains : & chacun deux ayant retenu on orthographe accoutume: il est aduenu, que lImprimeur, qui a uiui cete copie, a ecrit vn meme mot tantot lantique, tantot la nouuelle faon: & quelque fois encor, a uiui vn orthographe

    du tout peruertie. De quoy ie tay voulu aduertir, de peur que tahurtant ces pierres, tu ne rebroues oudain chemin, pour aller prendre tes ebats ailleurs. Que i tu ren-contres dautres fautes oit aux mots, oit en la matiere (& certes ie me crein que tu en y trouueras en trop grand nombre) ie les auou franchement pour miennes. Non en intention de les deffendre obtinment, ains pour leur impetrer grace de ta courtoie: & te uplier de pener non eulement quez choes hautes & difficiles, le eul deire est digne de loange: ains que meme les homes plus accorts2 ont ujets sendormir quelque fois en vn long ouurage, begayer en vne langue etrangere, & sgarer en vn chemin non batu.

    Adiev.

    2 - [Nd] Aviss, habiles.

  • A G. d e S A l l v S t e S e i G n e v r d v B A r t A S ,

    S o n e t

    VN fauorable Dieu qui va guidant ton leDvn vol hardi te ft ore fendre les rsOre planer vers terre, ore razer les mers:Et puis te guinde au Ciel dvne vitee inele3.

    Lui-mme ta montr la ource perenneleDu Nectar dous-coulant qui ditile en tes vers,Soigneus lauenir que par tout luniuersSpande la liqueur de ta veine immortele.

    Voila pourquoi chantant le trauail iournalierDu grand, inimitable, incomparable ouurierTon chant et tout diuin, & ta Mue hautaine

    Foule lorgueil mutin de lEnuie & du Tans:Et aquiert (mon Salluste), auec une SmaineA ton durable nom mille centaines dans.

    J. D. CH .

    3 - [Nd] Rapide ou prompt.

  • P r E M I E r I o v r d e L a S e P M a i n e

    de Gvillavme de SALLVSTE, SEIGNEVR

    dv Bartas .

  • Toi qui guides le cours du Ciel porte-flambeaus,Qui, Vrai Neptune, tiens le moite frain4 des eaus,Qui fait trembler la terre, & de qui la paroleSerre & lache la bride aus potillons dole,Eleue toi mon ame, pure mes epris,

    Et dun docte artifice enrichi mes Ecrs. Pere done moi, que dune vois facondeIe chante nos neueus la neance du Monde5: grand Dieu done moi, que ietale en mes versLes plus rares beauts de ce grand Vniuers:Done moi quen on front ta puiance ie lie:Et quenfeignant autrui moi-mme ie mintruie.

    De touiour le clr feu nenuironne les rsLes rs dternit nenuironnent les mers:La terre de tout tans nest ceinte de Neptune.Tout ce Tout fut bati non des mains de Fortune6

    Fant entrechoquer par difcordans accorsDu reueur Democrit les inuiibles cors.

    Limmuable decret de la bouche diuine,Qui cauer a fin, caufa on origine:Non point auant le tans, non point dedant le tans,Ains mme auec le tans: car les iecles, les ans,Les diueres ons, les mois, & les journes

    4 - [Nd] Mors du cheval ou de la mule... (Dictionnaire du Moyen Franais - 1330-1500)5 - [Nd] Pour le lecture peu familier avec le texte biblique, il faut noter que le cadre du rcit de du Bartas sinspire des trois premiers chapitres du livre de la Gense dans la Bible.6 - [Nd] ou le Hasard.

  • L a S e p m a i n e4Sont du bal mefur des cors celetes nes.

    Or donq auant tout tans, matiere, forme, & lieuDieu tout en tout toit & tout toit en Dieu,Incompris, infini, immuable, impaiible;Tout-eprit, tout-lumiere, immortel, inuiible.Pur, age, iute, & bon. Dieu eul regnoit en paix:Dieu de oi-mme toit & lhte & le Palais.Bien et vrai que ans iour; ans mence, & ans mereDe ce grand Vniuers il engendra l Pere,Ie di on Fis; a Vois, on Coneil eternel,De qui ltre et gal ltre paternel.De ces deux proceda leur comune puiance,Leur Eprit, leur Amour non diuers en eance,Ains diuer en Perone, & dont la DeitSubite heureuement ds toute etemit:Et ft des trois enemble une eance triple-une.

    Tout beau, Mue tout beau: dun i profond NeptuneNe londe point le fons: garde toi daprocherCe Caribde glouton, ce Caphar rocher,O mainte nef, uiuant la Raion pour on Oure,A ft trite naurage au milieu de a coure.Cil qui veut eurement par ce goufre ramer,Sage, ne doit iams cingler en haute mer:Ains ctoier la riue, aiant la loi pour voile,Pour vent le aint Eprt, & la foi pour Etoile.

    Combien deprts ubtils ont le monde abuf,Pour auoir cet Efprit pour patron refu:Et quittant le aint fil dune Vierge loiale,Se ont, perdans autrui, perdus dans ce Dedale?Dans les acrs caers du double Tetament,A peine lhome peut lire un argument,Dont le ens oit plus haut, lenqute plus penible,Le auoir plus utile & lerreur plus nuiible.Aus rs de oleil ma veu sblouit:En i profond dicours mon ens suanoit:De mon entendement tout le il e reboche:Et les mos tous cous tarient dans ma bouche.

    Or cete Trinit, que pour ne mempcher,Iaime plus mile fois adorer, quplucher,Dans linfini dun rien btit un edifice,

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 5Qui beau, qui grand, & qui plein dartifice:Porte de on Ouurier empreinte en chque part.La beaut, la grandeur, & la richee, & lart:Qui beau, qui grand, qui riche, & qui artite, bocheDes Homes-chiens ans Dieu la blaemante bouche.

    Echele qui voudra les tages des Cieus:Franchie qui voudra dun aut ambitieusLes murs de lvniuers: & bouffi darrogance,Contemple du grand Dieu face face lEance.Face encor, qui voudra, es plus beaus penemensRamper par le limon des plus bas elemens:Et contemple, attentif, telement cet Ouurage,Que lhoneur de lOuurier toufe en on courage.

    Piqu dun beau ouci, ie veus quore mon versDiuinement humain e guinde entre deux rs:De peur, qualant trop haut, la cire de es lesNe e fonde aus raons des celetes chandeles:Et que trainant terre, ou que razant les eaus,Il ne charge les bous de es craintis cerceaus.

    Il me plait bien de voir cete ronde Machine,Come tant un miroir de la face diuine:II me plait de voir Dieu: mais come reutuDu manteau de ce Tout, tmoin de a vertu.Car i les rais ardans que le cler oleil dardeEbloient les yeus de cil qui le regarde:Qui pourra outenir ur les cieus les plus clersDu viage de Dieu les foudroyans clers?Qui pourra treuuer epar de louurageQui porte ur le front peinte au vif on image?

    Dieu, qui ne peut tomber s lours ens des humains,Se rend come viible s uures de fes mains:Ft toucher nos dois : flerer nos narines :Goter nos pals es vertus plus diuines:Parle nous toute heure: ayant pour truchemensDes pauilions atrs les regls mouuemens.

    Vraiment cet uniuers et vne docte EcoleO Dieu on propre los eneigne ans paroleVne vis repos qui par certains degrsFt monter nos epris ur les planchers acrsDu Ciel porte-brandons7. Vne uperbe ale,7 - [Nd] Le brandon est un flambeau ou torche supportant le contact avec leau.

  • L a S e p m a i n e6O Dieu publiquement es richees tale.Vn pont, ur qui lon peut ans crainte dabimer:Des myteres diuins paer la large mer.

    Le Monde et un nuage trauers qui rayoneNon le fis tire-trs de la bele Latone:Ains ce diuin Phbus8, dont le viage luit.A trauers lepeeur de la plus noire nuit.

    Le Monde et vn theatre, o de Dieu la puiance,La Iutice, lAmour, le Sauoir, la Prudence,Ioent leur peronnage, & come qui mieus mieus.Les eprit plus peans rauient ur les Cieus.

    Le Monde et un grand Liure, o, du, ouuerain MtreLadmirable artifice on Lit en groe lettre.Chaque uure et une page & dele chque effetEt un beau Caractere en tous es trs parfet.Mais las! come enfanons, qui las de ltude,Fuient, pour sgaer les yeus dun Mtre rude,Si fort nous admirons es marges peinturs,Son cuir fleurdeliz, & es bors ur-dors:Que rien il ne nous chaud daprendre la lectureDe ce texte diert, o la docte NatureEneigne aus plus groiers, quune DiuinitPolice de ces lois cete ronde Cit.

    Pour lire l dedans il ne nous fout entendreCent ortes de jargons: il ne nous faut apprendreLes caracteres Turcs, de Memphe les portrts,Ni les points des Hebriues, ni les accens des Grecs,LAntarctique brutal, le Vagabond Tartare,LAlarbe plus cruel, le Sythe plus barbare,Lenfant qui na et ans, le chaieus vieillard,Y lit paablement, bien que depourueu dart.Mais celui, de qui lil prend la Foi pour LunetesPae de part en part les cercles des Planetes:Comprend le grand Moteur de tous ces mouuemens:Et lit bien pIus courant dans ces vieus Documens.

    Aini donq cler par la foi, ie deireLes textes plus acrs de ces Pancartes lire:Et depuis on enfance, en es eages diuersPour mieux contempler Dieu, contempler lVniuers.8 - [Nd] Phbus est le nom latin dApollon, cest--dire le Dieu du Soleil. Cest donc une rfrence oblique, par le biais de la mythologie grecque, que du Bartas nous parle du soleil.

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 7Ct admirable Ouurier nattacha a pene

    Au fantaque deein dun uure pourpeneAuec un grand trauail: & qui plus et nleutQuelque monde plus Vieil, ur lequel il voulutModeler cetui-ci, aini que fet le maitreDun batiment roial, qui plus tt que de metreLa main la beogne, lit vn batimentO la richee & lart luient galement.Et ne pouuant trouuer en un euI edificeToutes beauts en blot, il prend le fontipiceDe ce palais ici, dun autre les piliers,Dvn autre la faon des riches ecaliers:Et come un Zeuxe accort de es mains non chares;Renge en une beaut mile beauts parfesAins naiant rien quun rien pour deu lui moulerVn chef-duure i beau, lEternel ans allerRauaer longuement, ans treuer de peine,Feit lr, le ciel, la terre & londoiante pleine.Aini que le oleil, qui ans bouger des CieusCoronne de bouqus le printans gracieus:Engroe ans trauail ntre mere feconde:Et lointain, rajeunit le viage du monde.

    Le vueil & le pouuoir, le deir & leffet,Louurage & le deein dun ouurier i parfetMarchent dun mme pas: ous a loi tout e range:Et ferme en fes projs, dauis onque il ne change.

    Et toutefois ce Rien ne vit enemblementParoitre ans matiere, & on riche ornement.Car come cil qui veut quipper des gales,Pour e fere eigneur des prouinces alles,A on uure ongeant, ft grand amas de bois,De cordages, de fer, de toiles, & de pois.Puis quand tout et enemble, labre un abre vou,Ce bout dais la pouppe, & cet autre la prou,Et cet autre au tillac: come lart, & le oingLui guident lil, leprit, & le fer, & le poing.Aini le Tout-puiflant auant que, age, il toucheA lornement du Monde, il jte de a bouche.Ie ne ai quel beau mot, qui raemble en un tasTout ce quores le Ciel clt de es larges bras.

  • L a S e p m a i n e8Mais lauare nocher9 treuue ja10 toute fteLa matiere nauale: Et Dieu la ft laprte,Lagence lembellit, pour un i haut deeinNe mendiant ujet, indutrie, ni main.

    Ce premier Monde toit une forme ans forme,Vne pile confue, un mlange difforme,Dabimes un abime, un cors mal compaVn Chahos de Chahos, un tas mal enta:O tous les Elemens e logeoient ple-mle:O le liquide auoit auec le ec querele,Le rond auec lgu, le froid auec le chaud,Le dur auec le mol, le bas auec le haut,Lamer avec le dous: bref durant cte guerreLa Terre toit au Ciel, & le ciel en la Terre.La terre, lr, le feu e tenaient dans la Mer:La mer, le feu, la terre toient logs dans lr,Lr, la mer, & le feu dans la terre: & la terreChez lr, le feu, la mer: Car lArcher du tonnerreCome grand Marchal nauoit encor donnQuartier chcun deus: Le Ciel ntait ornDe grans toues de feu: les plaines maillesNembmoient point les Cieus: les bandes caillesNentrefendoient les eaus: des oieaus les fopirsNtaient encor ports ur lle des Zephirs.

    Tout toit ans beaut, tout ans lutre, ans flame,Tout toit ans faon, ans mouuement, ans ame:Le feu ntait point feu, la mer ntoit point mer,La Terre ntait terre, & lr netait point r:Ou i ja e pouuoit treuuer en un tel Monde,Le cors de lr, du feu, de la Terre, & de londe:Lr toit ans clart, la flamme ans ardeur,Sans fermet la terre, & londe ans humeur.

    Bref, ce ntait le monde, ains lunique matiereDont il deuoit ortir: la riche pepinireDes beauts de ce Tout: lEmbryon qui deuoitSe former en is iours en ltat quon le voit.

    9 - [Nd] nocher = pilot de navire.10 - [Nd] j a le sens de dj; quavec les temps de lavenir (...), il marque la proximit temporelle (bientt, tantt); quavec les temps perfectifs du pass, comme le pass simple ou le plus-que-parfait (pris perfectivement), il signifie lloignement dans le pass (dans un pass plus ou moins lointain, jadis). [Dictionnaire du Moyen Franais]

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 9Et de-vrai ce monceau confument enormeEtoit tel que la chair qui sengendre, difforme,Au ventre materne, & par tans toutefoisSe change en front, yeux, en ns, en bouche, en dois:Prend ici forme longue, ici large, ici ronde,Et de oi peu peu fet ntre un petit Monde.Bien et vrai que lun deux par nature e fetDe laid, beau: de mort, vif: & parft dimparft,Et lautre onques neut pris autre forme, autre viage,Si du grand Dieu ans-per, le tout-puiant langageNeut come iringu dedans ces membres morsIe ne ai quel Eprit qui meut tout ce grand cors.

    La palpable noirceur des ombres Memphitiques,Lr tritement pes des broillars Cimmeriques:La groiere vapeur de linfernal manoir,Et, i rien simagine au monde de plus noir,De ce profond abyme emmanteloit la face:Le deordre regnoit haut & bas dans la mae:Tout toit en broillis: & ce Tas mutinSe fut, editieus, oi-mme ruinTout oudain quil nquit, i la vertu diuineEpare dans le cors de toute la machineNeut erui de matic, pour enemble colerLe vagueus Ocean, le Ciel, la Terre, & Lr,Qui & l choquant lun lautre lauentureTchoient fre mourir la neante nature.

    Aini quun bon eprit qui graue ur lautelDe la docte memoire un ouurage immortel,En troupe, en table; au lit; touiour, pour touiour viureDicourt ur on dicours, & nage ur on liure:Aini leprit de Dieu embloit en sbatantNager par le deus de cet Amas flottant:Dieu ne embloit auoir en ce tans autre cure(Si cure peut tomber en Eence i pure.)Ou bien come loieau qui tche rendre vifs,Et es uf naturels & es uf adoptifs,Se tient couch ur eus, & dune chaleur viueFt quun rond jaune-blanc en un poulet sauiue:Dune mme faon leprit de lEternelSembloit couuer ce goure, & dun oin paternel

  • L a S e p m a i n e10Verer en chque part une vertu fconde,Pour dun i lourd amas extrere un i beau Monde:Car il net rien quun Tout, qui clot de on clos tout:Dont la ur-face na milieu, ni fin, ni bout.Il net quun uniuers, dont la Vote uprmeNe le rien dehors, i ce net le rien mme.

    Or quand bien ce grand Duc, qui bien-heureus apritEn lcole dOreb les lois du aint Eprit,Ne nous rendroit certains que Dieu par a puianceFit en deux-fois trois-iours toute mortele Eence,La raion dmolit ces nouueaus firmamens,Dont Leucippe a jet les freles fondemens:Veu que i la Nature embraoit pluieurs MondesDu plus haut uniuers les terres, & les ondes.Vers le Monde plus bas decendroit ans repos,Et tout e refondrait en lantique Chaos.Il faudroit dautre part entre ces diuers Mondes.Imaginer un vuide, o leurs machines rondesSe peuent tournoier, ans que lun mouuementAu mouuement voiin dont empchement.Mais tous cors ont lis dun i ferme aemblage.Quil net rien vuide entreus. Cet pourquoi le breuuage.Hors du tonneau perc ne e peut coulerQuon nait dvn oupirail ft ouuerture lr.Cet pourquoi le ouflet dont la bouche et bocheNe peut etre largi. Cet pourquoi leau cacheDans un Vae bien-clos ne e glace en hiuer,La Clepydre ne peut les jardrins11 abreuuerSon forme a gargoille, & largentine ource,Qui dans le plom creus ft on eclaue coureForant on naturel rejaillit vers les Cieus:Tant & tant nous cors le vuide et odieus.

    Dieu ne fit eulement unique la nature;Ains il la fit borne et dge et de figure,Voulant que ltre eul de a DivinitSe vt toujours exempt de toute quantit.Vraiment le Ciel ne peut e dire ans meureVu quen temps meur a coure e meure.Ce tout net immortel, puique par maint effort,11 - [Nd Orthographe trange, mais maintenu dans une dition de la Sepmaine de 1629 (Paris, chez Michel Gadoulleau, p. 11).]

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 11Ses membres vont entant la rigueur de la mort:Que on commencement de a fin nous aure,Et que tout va, ci bas, au change dheure en heure.Compoez hardiment, ages Grecs, les cieuxDun cinquime lment: diputez, curieux,Quen leurs cours par toujours-un loeil humain ne remarqueCommencement, ni fin: Dbatts que la ParqueAervit eulement ous es cruelles loisCe que lAtre argent revoit de mois en mois.Le foible tayement de i vaine doctrinePourtant ne auvera ce grand Tout de ruine.Un jour de comble-en-fond les rochers crouleront;Les mons plus ourcilleux de peur e dioudront;Au contrre ce iour les plus baes campagnesBourouffles crotront en uperbes montagnes;Les fleuves tariront, & i dans quelque tangReste encor quelque flot, ce ne era que ang;La mer deviendra flamme: et les ches Balenes,Horribles, meugleront ur les cuites arenes;En on midi plus clair le jour paiira,Le ciel dun fer rouill a face voilera;Sur les atres plus clr courra le bleu Neptune;Phbus emparera du noir char de la Lune;Les toiles cherront. Le dordre, la nuit,La fraieur, le trpas, la tempte, le bruit,Entreront en quartier; et lire vengereeDu juge criminel, qui j dj nous pree,Ne fera de ce Tout quun bcher,Come au tans de No il nen feit quune mer12.

    Que vous etes, helas, de honte & de foy vuides,Ecriuains qui couchs dans vos EphemeridesLan, le mois, & le iour, qui clorront pour touioursLa porte de Saturne aux ans, aus mois, aus iours:Et dont le ouuenir ft quores ie me pme,Priuant mon cors de force, & de dicours mon ame;Vtre menteue main pofe mal es jetons,Se mconte en a chifre, & recherche ttonsParmi les ombres nuits les plus ecretes choesQue dans on cabinet lEternel tient encloes.Cet lui qui tient en main de lorloge le pois:12 - [Nd] Voir 2Pierre 3: 5-12.

  • L a S e p m a i n e12Qui tient le Calendrier, o ce iour, & ce moisSont peins en letre rouge: & qui courans grand-erreSe feront plus tt voir, que preuoir la terre.

    Ceft alors, cet alors, Dieu! que ton fis cherQui emble etre affubl dune fragile cherDecendra glorieux des votes toiles:A es flancs voleront mille bandes les:Et on char triomfal dclairs enuironPar Amour, & Iutice en bas era tren.

    Ceus quun marbre orgueilleus pree deous a lame:Ceus que londe engloutit: ceus que la rouge flameEparpille par lr: ceus qui nont pour tombeausQue les ventres gloutons des lous, ou des courbeaus,Eueills, reprendront, come par inuentaireLeurs peaus, leurs chairs, leurs os: orront deuant la chaireDe cil, qui ouuerain, iuge en dernier reort,Larret diffinitif ou de vie, ou de mort:Lun tpreuuera dous, lautre arm de iuftice:Lun viura bien-heureus, lautre en cruel upliceLun bas, & lautre haut. toi qui dautrefoisDun iuge Italien as redout la vois,Fay, las! que quand le on du cornet de ton AngeHuchant de Thile, au Nil, & dAtlas, iuquau Gange;Citera lVniuers prochain de on decs,Le Iuge & lAuocat tu ois de mon procs.

    De agee & pouuoir linpuiable ourceEn formant lvniuers fit doncq aini que lOurce,Qui dans lobcure grotte au bout de trente ioursVne mae difforme enfante au lieu dun Ours:Et puis en la lchant, ores le faonneSes dechirantes mains, or a tte felonne,Or es pis, or on col: & dun monceau i laidSon indutrie anime un animal par ait.

    Non que le Tout-puiant en moins dune minute,Appaiant du Chaos la quereleue meute,Ne peut cindrer les Cieus, peupler ntre r doieausDe btes les fors, & de poions tes eaus:Mais emploiant tant dart, tant de iours, tant de peine,A btir un palais pour la emance humaineQui ne viuoit encor, il nous montre combien

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 13Il doit etre oigneus & de lheur, & du bienDe ceus quil a ja fets, & vers qui par promeesIl a cent mile fois oblig es richees.Nous montre que louurier, pour le bien imiter,Dun boillonnant deir ne doit precipiter.La beogne entreprie, ains dune longue attante,Repaer mile fois la lime patianteSur louurage cheri, e htant lentementCar ce qui e ft bien, e fet prou vitement.

    Mais par quel autre bout, Sagee profonde,Pouuoi tu commencer lornement de ce Monde,Qui en tirant du Chaos une bele clart,Sans qui mme le beau emble etre ans beaut?

    En vain Timanthe eut peint on horrible CyclopeParrhae on rideau, Zeuxe a Penelope,Apelle a Venus, i jams le oleilNeut, pour les fre voir, ur eus jett on ilEn vain, certes, en vain dartifice i rare,Le Temple Epheien, le Mauole, le Phare,Euent et batis par les excellans doisDe Ctiiphon, de Scope, & du mtre Cnidois,Si le muet oubli des nuis plus eterneles,Eut aus yeus des humains embl choes i beles.

    H! Quel plus vif ouci tombe en lentendementDe celui qui projete run roial batiment,Que de le bien percer ? afin que lil du Monde,Fant au tour de nous chque iour une rondeY darde es raions ? & quencor chque partFace ouuerte parade, & de dpenfe & dart?

    Soit donq que lEternel ur les deux Hemipheres,Douze heures fit briller cent mile torches cleres,Quapres il teignit: afin quen a aifonLa nuit enuelopt lvn & lautre Horion.Soit que Dieu qui fit dja ce cler brandon, qui doreLvniuers de es rs, mais non tel quil et ore.Soit que le Tout-puiant fit luire un cler flambeauSur le front du Chaos, encor tout voil deau,Qui volant lentour donnoit le iour par ordreAus embroills Climas de ce goufreus deordre,Come ores ft Titan, qui parle Ciel port,

  • L a S e p m a i n e14Et le char flamboiant de la mme clart:Il neut pas i tt dit: L a lv m i e r e a P Pa r o i s s e,Que ce Tout fre-eclos, daife tranport laieSon vtement de dueil, & Voit come brillerLe feu tout trauers de on onde, & on r.

    Saint brandon Dieu te gard, Dieu te gard torche ainte,Chae-ennui, chae dueil, chae-nuif, chae-creinte;Lampe de lvniuers, mere de verit,Iute froi des brigans, clair miroir de beaut,Fille aine de Dieu, tu dois bien etre bele.Puis que lil clair-voyant de Dieu te iuge tele:Puis-que ton propre ouurier en es diuins proposNe peut, bien que modete, as chanter ton los.

    Mais dautant quon ne ent plefir qui ne deplaife,Si ans nul interuale on sy plonge on ai:Que celui eulement prift la ainte paixQui long tans a port de la guerre le fais:Et que des noirs courbeaus loppos voiinageDes cignes Catrins, rend plus blanc le plumage,LArchitecte du monde ordonna qu leur tourLe iour uiuit la nuit, la nuit uiuit le iour.

    La nuit va temperant du iour la echeree:Humecte ntre Ciel: nos campagnes engree:La nuit et cele-l qui charme nos trauaus,Eneuelit nos oins, donne treue nos maus:La nuit et cele-l qui de es les ombresSur le monde muet ft auecque les ombresDegouter le ilence, & couler dans les osDes recreus animaus un ommeilleus repos.

    douce Nuit, ans toi, ans toi, las! ntre vieNe eroit quun Enfer, o le chagrin, lenuie,La peine, lauarice, & cent faons de morsSans fin boureleroient & nos curs, & nos cors.Celui qui condamn pour quelque enorme viceRecherche ous les mons lamorce dauarice,Et qui dans des fourneaus, noirci, cuit & recuitLe oufre de nos curs, e repoe la nuit.Celui, qui tout courb, au long des riues tireContre le fil du fleuue un trafiqueur nauire,Et, fondant tout en eau. Remplit les bors de bruit,

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 15Sur la paille tendu, e repoe la Nuit.Celui qui dune faux maintefois mouluDeut de on honneur la campagne velu,Se repoe la nuit: & dans les bras lasDe a compagne perd tous les trauaus pas.Seuls, euls les nourrions des neuf doctes puceles,Ce pendant que la nuit de es humides lesEmbrae luniuers, dun trauail gracieusSe tracent un chemin pouir sen-voler aux Cieus.Et plus-haut que le Ciel dun vol docte conduientSur lle de leurs vers les humains qui les lient.

    I a d e i a iattendoy que lorloge ontDu iour la derniere heure, & que le oir dontRelache mes trauaus: Mais peine ai-ie encoreDeus mon Horizon veu paroitre lAurore.Mon labeur croit toujour: Voici deuant mes yeusPaer par ecadrons lExercite des Cieus.

    Anges, oit donq que Dieu vous fit cete journeSous le nom, ou du Ciel, ou de la F lame ane:Soit que vous printes tre auec cet ornement.Qui de medailles dor pare le firmament:Ou oit que de maint iour vtre heureue neanceDe tout cet uniuers ait deuanc lEence:(Car aui ie ne veus combatre obtinment,Pour une opinion, s choes mmementO le ubtil dicours dune vaine cienceNe me eroit i eur, que mon humble ignorance)Ie tien pour tout certain que les dois Tout-puiansVous crerent iadis immortels, innocens,Beaus, bons, libres, ubtils, bref dune eence teleQue prque elle galoit lEence paternele.

    Mais tout aini que ceus que la faueur des RoisPoue en plus-haut degr, ce ont ceus maintefoisQui braent la reuolte, & ans iute quereleSement par leur patrie vne guerre immortele:Si quen fin iutement dun effroiable autIls tombent aui haut quils tahoient voler haut.Aini mains bataillons dEpris portans enuieA lEternel urjon do ruieloit leur vie,Se bandent contre Dieu, pour priuer (bien quen vain)

  • L a S e p m a i n e16De couronne a tte, & de ceptre a main.Mais lui, qui net iams dearm de Tonnerres,Contre les boute-feus des acrileges guerres,Les prcipite en lr, ou bien ez lieuz plus bas:Car lEnfer et partout, o lEternel net pas.

    Ce peuple enorcel de uperbe & de rage,A gagn pour le moins ur nous ct auantage,Quil ait combien lEnfer et loign des CieusCar il la meur dun aut ambitieus.

    Tant sen faut que Sathan & on ecadre faceProfit de ce dur fleau, quil croit toujour daudace,Ou plus croit on upplice: Imitant les lezars,Qui bien quils oient coups en trois ou quatre pars,Menaant le bleceur, aigrient dauantage.Voire mme en mourant montrent viue leurrage.Depuis, ce Reuolt, Roi des rs plus pais,Auec le Tout-puiant na ni treue, ni paix,Deireus denterrer de es fets la memoire,De blafemer on nom, & de aper a gloire:Deireus de priuer tout ce grand cors de chef,De Roi cte cit, de patron cte nef.

    Or stant de tout tans la Majet diuineLoge en lieu i eur, que la ape, la mine,Lechele, le canon, & tous es autres arsSont foibles pour forcer es non-forcs rampars,Ne pouuant nuire au chef, les membres il oppree:Et pardonant au tronc, les branches il dpece.

    Loieleur, le pecheur, le veneur ne tend pasTant & tant de gluaus, dhameons & de lazAus oieaus, aus poions, aus animaus auuages,Qui nont autre logis que les deers bocages:Que ce malin Eprit tend dengins pour tromperCeus mme qui ne font mtier que de piper.

    Auec latrait mignard dun bel il il atrapeLe boillant iouuenceau : largent lui ert de trapePour prendre luurier: par laccueil gracieusDun Prince, il va trompant lEprit ambitieus.Il gagne auec lapt de cent doctrines vainesCeus qui foulent aus pis les richees humaines.Et la foi, la foi mme et le piege o ont pris

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 17Par lart de ce pipeur les plus devs Epris:Pipeur vraiment emblable linfecte chenille,Qui le flairant honneur des plus gais mois nous pille,

    Et qui nos dous fruitiers dpoille de toion,Pour puis la conuertir en amere poion.

    Qui ne eroit tromp par laccorte maliceDu Prince de la Nuit, qui maintefois e glieDans les membres gels des Dieus dor, ou de bois,Et leur ft prononcer des veritables vois:Qui taille du Prophete, & dun feu aint alumeOr la vierge de Delple. Or la vierge de Cume?Or tire du tombeau le dernier Iuge Hebrieu,Pour predire on Roi les iugemens de Dieu?Ore dune ureur profanement divineDu pontife dAmon, chaufe la poitrine:Si bien que quelquefois dun goier non menteurAus peuples aueugls il chante le futur?

    Qui ne eroit tromp par cil qui transfigureEn couleuure, un rameau? que du Nil londe pureConuertit en pur ang ? qui ur les lis RoiausFt pleuuer par miliers & Raines, & crapaus?

    Car, come tant Eprit, il voit, bien quinuiible,Les menes des grans: il ent, bien quinenible,Leurs plus ardens deirs: &, come en pareils fetsExerc de tout tans, il iuge des effets.

    Joint que pour hebeter les ames plus gentiles,Pocher lun & lautre il aus Epris plus habiles:Et dans es laz utils les plus fins enreter,Il predit ce quil veut lui-mme executer.

    Que i lhome prudent (bien que prque en mme heure,Suiuant lordre commun tout home naie & meure:Et quencor ntre cors fait trop lourd intrumentPour uiure de lEprit le vite mouuement)Par la eule vertu des metaus, & des plantes,Produit dix mile effets dignes des mains puiantesDu pere de ce Tout: Qui doute que le mainNenfante quelque fois, maint acte plus quhumain?Veu qutans immortels, la longue experienceDes imples plus ecrs leur donne connoiance:Et quun cors importun nempche leurs epris

  • L a S e p m a i n e18De fre en un moment ce quils ont entrepris.

    Non quils aient touiour deus le col la bride,Pour vaguer & l o lapetit les guide,Pour aueugler la terre, &, du monde veincueurs,Exercer tirannie en nos ors, & nos curs.Dieu les tient enchens s fers de a puiance.Sans que mme un moment ils puient ans licenceAuoir la clef des chams. Cet par on aufconduitQue leprit menonger le fol Achab eduit,Lui fant batre aus chams, pour obtin, combatreLot qui doit de on cors chaer lame idolatre.Arm de la vertu de on aint pae-partIl tente lhumble Iob: met es valets mort.Ioint aus pertes du bien les pertes du lignage:Et vere ur on chef dommage ur dommage.Pource que lEternel, ores pour prouuerLa foi des plus conflans, ores pour abreuuerDerreur ceus qui derreur gloutement e repaient,Emancipe ouuent ces broillons, qui ne ceentDe batre un mme enclume, & pouruiure, inens,Les damnables effors en Adam commencs.

    Mais come -contre-cur cte apotate BandeSattaque aus fiers Tirans, & pour les Saints e bande :LEcadron innocent, qui ne deire pasNi sleuer trop haut, ni decendre trop bas :De gaet de cur tous momens chemineO le poue le vent de la bont Diuine:Et on acr deein neut iams autre but,Que la gloire de Dieu, & des Saints le alut.

    Vn dregl deir nentre en a fantaie:Lapet du Tout-puiant et a douce Ambroie:Et les pleurs repentans dvn agneau retreuu,Et le plus dous Nectar dont il oit abreuu.

    Leprit ambitieus de lhome ne deire.Quauoir ceptre ur ceptre, Empire ur Empire:Mais il napire point plus grande grandeur:Son repos git en peine, en eruice on heur.

    Car Dieu na pas i tt la parole auance:Hoch i tt le chef: i tt prque peneVne haute entreprie, ou par moiens exquis

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 19Le minitere aint des Anges oit requis,Que ces vites Courriers ne prennent la volePour la metre en effet. Lun dvne coure leSuit la fuite dAgar, on chemin accourcit,Et par dicours ucrs on exil adoucit.Lautre conduit dlac les puiantes armes:Lautre guide Icob ez terres Idumes:Lautre, accart Medecin, redonne aus foibles yeusDu fidele Tobit luufruit cler des Cieus:Lautre, daie raui, dans Nazaret aeureQuune Dame era Mere, & Vierge, en mme heure:Et quelle enfantera pour le alut humainSon Pere, on Epous, on Fis, & on Germain.Voire que a matrice heureuement fecondeComprendra celui-l qui comprend tout le Monde.Lautre dun zele ardant pis, & mains le ertPar le able infertil du montagneus deert.Lvn lexhorte au iardrin de vuider le calicePar on Pere broi, pour lauer ntre vice.Lautre annonce a vie aus Dames, qui cuidoient13

    Que es membres gels ous la tombe attendoientDe lArchange le cri: lautre contre esperancePredit du premier Iean lincroiable naiance.Lvn, du decret diuin fidele executeurDes brebis dIrael largit le Pateur.Lautre fit en peu dheure un horrible carnageDe tous les fis ains du Memphien riuage,Exantant les maions dont le acr pteauA pour a auuegarde un peu de ang dagneau:Lautre deuant Solime en moins de rien moionneLt de Sennecherib, de qui lire felonneNpargnant le Ciel mme, galant es DieusLinimitable Ouurier de la terre, & des cieus.

    Ses oldats ja vaincueurs des forces de lAuroreAiegeoient la Cit, qui eule eule adoreLe Dieu ans compagnon: i qu peine un moineauPouuoit ans leur cong franchir le aint creneau.

    Adonq Ezechias, qui come age PrinceRepreente es yeus de toute a prouinceLentier rauagement, les ceps de es uaaus,13 - [Nd] cuider = penser, croire

  • L a S e p m a i n e20Le trpas de es fis, les lubriques aausLiurs aus chatets des Roiales puceles,Son propre cors hach de dix mile alumeles:Le temple ans paroi, lencenoir ans odeurs,Lautel ans holocaute, & Dieu ans eruiteurs.Couurant on chef de cendre, & dun ac a poitrine.Apelle on fecours la puiance Diuine,Qui a requte apointe: Et foudroye es darsSur les fiers ecadrons des Ethniques oudars14.Car tandis qu lentour du feu des cors de gardeIls ronflent eurement, lEternel qui regardeLot dun il courrouc, & dun dous il le mur,Enuoie dans le Camp un celete Ecrimeur.Son epe deux mains dun eul reuers ne coupeLe cors dun eul oldat: ains de toute une troupe,Et foudroyant, anglante, or derriere, or deuantPae par les arms come trauers le uent.

    Ja chcun gagne au pi, mais a coure et trop lentePour uiter les cous dune pe volanteQuon voit parmi les rs ans quon voie le brasQui poue en une nuit tant dhomes au trpasAini que des moulins on uoit roer les voilesSans uoir leprit venteus qui oufle dans leurs toiles.

    LAube quitant le lit de on pous grion,Neut point i tt ray deus ntre Horizon,Que le veillant Hebrieu du creneau de a vileDecouurant tout dun coup cent quatre vints cinq mileIdolatres tus, fremit daie en on curPour voir tant de vaincus ans fauoir le veincueur.Sacrs Tuteurs des Saints, Archers de ntre garde,Aeeurs, Poftillons, Heraus de cil qui dardeLorage ur le dos des rocs audacieus: communs truchemens de la terre, & des cieus,Ie uiuroi plus long tans vtre vite plumage.Mais aiant entrepris un i lointain voiage,Ie crein de perdre cur, i du commencementIe fai trop de chemin, & vai trop vitement.Car ietime que cil, qui, genereus, deireVoir les murs & les murs de maint trange Empire,14 - [Nd] Soldat engag pour une certaine solde, mercenaire (Dictionnaire du Moyen Franais).

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 21Sage, e diligente as le premier iourSil pae eulement le ueil de on eiour.

    F I N

  • S E c o N d I o v r d e L a S e P M a i n e

    de Gvillavme de SALLVSTE, SEIGNEVR

    dv Bartas .

  • Tovs ces doctes Epris, dont la vois flatereechange Hercube en Helene, & Faustine en Lucree.Et dun Nain, dun Batard, dun Archerot sans yeusFt, non un Dieutelet, ains le Mtre des Dieus,Sur les ingrs eillons dune infertile arene

    Sement, mal-ais, & leur grain, & leur pene:Et tend un fil pour y prendre le vent,Dun los ie ne ay quel, qui les va deceuant;Se font imitateurs de laraigne, qui fileDun art laborieus une toile inutile.

    Mais bien que nous nayons rien plus cher que le tans,Peu ie regreteroi la perte de leurs ans,Si par es vers pipeurs leur Mue trop dierteSe perdant, ne trainoit des auditeurs, la perte.

    Sous le mileus apas de leurs doctes crisIls cachent le venin que les ieunes EprisAualent longs trs, come tant par natureDe leur ein corrompu la propre norriture.Dun rude lancement leurs carmes enchanteursPrecipitent en bas les nouices lecteurs,Qui font mieus glier d une folatre enuitPar le pendant glac du mont de cte vie.Les vers que leur Phbus chante i doucementSont les oufls venteus dont ils vont ralumantLimpudique chaleur, quune poitrine tendreCouuoit ous lpeeur dune honteue cendre.

    Or tout tel que ie uis, du tout iay detin

  • L a S e p m a i n e24Ce peu dart & deprit que le Ciel ma donA lhoneur du grand Dieu, pour nuit & iour crireDes vers que ans rougir la Vierge puie lire.

    Cler urjeon de doctrine, Ame de lvniuers,Puis quil ta pleu choiir lhumble ton de mes versPour chanter ton beau los: fai couler de ma plumeLe celete Nectar, repan ur ce volumeLa corne dAmalthe: & fai quaucunementIl rponde aus grandeurs dun i graue argument:Dfriche ma carriere en cent pars buionneDe dangereus haliers: lui ur cte Iourne:Afin que aintement par ton fanal conduitMon acr Rends-vous ie gaigne, ains quil oit nuit.

    Cte longue largeur, cte hauteur profonde,Ct infini fini; ce grand Monde ans monde,Ce lourd, di-je Chaos, qui dans oi mutin,Se vit dans un moment, dans le Rien dvn rien n,Etoit le cors fecond do la celete EanceEt les quatre Elemens deuoient prendre naiance.

    Or ces quatre Elemens; ces quatre Fis iumeaus,Sauoir et lr, le Feu, & la Terre, & les eausNe ont point compos, ains diceus toute choe,Qui tombe ous nos ens, plus ou moins e compofe:Soient que leurs qualits dploient leurs efforsDans chque portion de chque mel cors:Soit que de toutes pars confondant leurs ubtances,Ils facent un eul cors de deux-fois deux eances:Aini que dans le creus dvn verre critalinLe breuuage Achelois e mele auec le vin:Ou comme la viande & la boion utileSe mlent dans le ein pour e muer en chile.

    Cela e voit lil dans le brlant tion:Son feu court vers le Ciel a natale maion:Son r vole en fume: en cendre cht a terre:Son eau bot dans es nus. Vne emblable guerreTient en paix ntre cors: Car a terre et cherSeme de maint os au lieu de maint rocher:Dans les vitaus epris git on r & a flame:Dans les humeurs on flot: & le Ciel dans on ame.Si des doctes humains lefprit audacieus

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 25Peut rien imaginer de plus beau que les Cieus.Mais ie dirai bien plus, quon ne treuue parceleEn tout le cors humain, o chcun deus ne mleSes puintes vertus: combien quuidamentLun ou lautre ait touiour plus grand commandement.

    En la mae du ang cte bourbeue lie,Qui speit au ons, et la MelancholieDe terretre vertu: lr domine le ang,Qui, pur, nage au milieu: lhumeur, qui tient le flanc,En laquatique flegme: & lcume legere,Qui bot par le deus, et lardante cholere.

    Non que chque Element en main porte toujourDun mme cors le ceptre: ains, regnant on tour,Il ft que le ujet deous a loi e range:Et que changeant de Roi, de naturel il change:Come ans repecter ni richee, ni ang,Chque bon citoien commande & ert de rangDans la libre Cit: qui emble en peu depace:Changeant de magitrat, changer un peu de face:Car le peuple incontant: qui loge dans es murs,Reoit, Camleon, de es Princes les murs.

    Aini donq lElement, qui dans le vin preide,Le rend or chaud, or froid, ore ec, ore humide:Par es accouplemens parfets, ou moins parfetsLe forant de changer & de got & dfets.Si bien quauec le tans le jus vertement aigreSe ft mout, le mout vin, & le bon vin, vinaigre.

    Or tandis quentre nous ou le Prince ou le RoiCaptiue a grandeur, ous le joug de la loi,II commande ans peur: & la Choe publiqueIoit heureuement dun tat pacifique.Mais i, cruel Tiran, il net iams oulDu ang de es vaaus, i on glaiue afilFuit toujour le fourreau: en fin, en fin a rageConuertira a terre en vn deert auuage.

    De mme, ou peu sen faut, tant que lun ElementSur ces trois compagnons regne modetement:Quune proportion conioint, bien quingales,Les princees humeurs & les humeurs uaales,Le cors demeure en etre, & ur le front portrs

  • L a S e p m a i n e26De a forme retient les plus inignes trs.Mais i tel que ce Roi, qui tranport de rage,Deiroit que tous ceus qui viuoient en on geNe portaent quun col, pour priuer dun reuersSon ceptre de ujs, & dhomes luniuers,De tous es compagnons il cherche la ruine :Peu peu la maion, ou,Tiran, il domine,Ruineue, e perd: & dedans & dehorsAus yeus plus cler-voians emble changer de cors.

    Aini le trop dhumeur qu la longue le foyeMal-propre digerer, entre deux peaus enuoye,Bouffit le cors malade, touppe les conduisDes moites excremens: boche, & reboche lhuisA la pantoie haleine: & lentement crueleFt quau milieu de leau a oif oit eternele,Ne laiant lhome en paix iuqu tant que es osPar le gel tombeau oient tenus en dpos.

    Aini le ec excs caue vne fieure lente,Qui toujour ans torment lHectique retormente:Qui a loge affoeblit, priue daie on cur,Son viage de ioye, & es membres dhumeur(Semblable au cler flambeau, qui peu peu e mine,Qui e pait de a perte, & vit de a ruine)Ne laiant lhome en paix iuqu-tant que es osPar le gel tombeau oient tenus en dpos.

    Aini le trop de feu caue une fieure ardante,Qui nous hte le pous, qui la lange peante.Nous urcharge de crae, & qui dans le cerueauNous peint fantaquement dun incontant pinceauTout autant de portrs, quen forme la nature,Que le ort en bauche, ou que lart en figure,Ne laiant lhome en paix iuqu tant que es osPar le gel tombeau oient tenus en dpos.

    Aini ce trop grand froid, qui dune toion grifeCouure le chef vieillard; qui a chair amenuie:Qui eillone on front, qui caue es deux yeus :Qui le rend nuit & iour oi-mme odieus:Et qui ans fin coulant de moele en moele,Eteint de es hiuers la chaleur naturele,Ne laie lhome en paix iuqu tant que es os

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 27Par le gel tombeau oient tenus en dpos.

    Pourtant ne cuide point que ct excs reduieRien des cors neant: eulement il dguieLeur forme en cent faons, ans que le vrai ujetSoit croitre ou dcroitre aucunement ujet.Car tout ce qui e ft, e ft de la matiere,Qui de lantique Rien fut fete la premiere.Tout ce qui e reout, en elle e reout.Depuis que lEternel fit de rien ce grand Tout,Rien de rien ne e ft: rien en rien ne scoule:Ains ce qui nait, ou meurt ne change que de moule,Son cors tantt salonge, ore sil saccourcitOre il e ft pais: tantt il streit.

    Et de-vrai, i dvn rien les cors prenoient naiance,La terre produiroit le froment ans femence.Les Enans deirs naitroient des flancs puceaus.Tout e eroit par tout, quelquefois dans les eausSengendreroit le Cerf, ur terre la BaleineEt parmi lr venteus le Belier porte-laine.Les cormiers, & les Pins naitroient dans lOcean:La nois pendroit du chne, & du noier le glan,Et lgle trangreant de nature la regle,Produirait la Colombe, & la Colombe lgle.Que i les cors prenaient deus-mme accroiement,Lhome crotre tardif, viendroit en un momentTout aui grand quil et: & les forts ramesNaitraient auec les troncs des plantes non femes.LElephant non eur, pourroit auant aionPorter deus le dos toute une garnion:Et le poulain, ortant du flanc de la Cauale,Hanniant apres Mars eroit un Bucephale15.

    Au contrre, i rien en rien e reduiait,Et tout ce qui e touche, & tout ce qui e voitA chque heure perdant quelque peu de matiereEn fin deuiendroit rien. Si la Parque meurtrierePouuoit de fons en-comble aneantir le cor,Les cors eroient i tt uanois que mors.

    A la longue des mons les haus ftes sabeent.Mais les creufs valons de leur perte sengrent:Et ce que le dbord du Rhne ou du Thein15 - [Nd] : Nom du cheval favori dAlexandre le Grand.

  • L a S e p m a i n e28Rauit au champ voiin, et acquis au voiin.

    Le Ciel, brlant damour, vere mainte roueDans lamarri fecond de a chere poue:Mais puis ele reort, fringuant es humeursPar les pores ecrs des arbres & des fleurs.Quiconque a remarqu come une eule masseDe cire peut changer cent & cent fois de face,Sans croitre, ni dcroitre: il comprend aimentDe ce bas vniuers laidu changement.La Matiere du monde et cte cire informe,Qui prend, ans e changer, toute orte de forme:La forme et le Cachet: & Dieu le Garde-eaus,Qui ur elle appoant es venerable eaus,Anoblit pluieurs cors, qui e voyoient naguereCouchs au rang honteus du mpri vulguere.

    Rien net ici contant: la naiance, & la mortPreident par quartier en un meme reort.Vn cors naitre ne peut, quun autre cors ne meure.Mais la eule Matiere immortele demeure,Tableau du Tout-puiant, vrai cors de lvniuers,Receptacle commun, des accidens diuers,Toute pareille oi, toute en oi contenu,Aini que le erpent qui mord, a propre queu,Immuable deance, & muable de frontPlus que net un Prothe, & plus quencor ne font,Les poulpes cauteleus, qui ur londeus rivageChangent pour butiner chque heure de viage.Tele que le Franois, qui guenon affetDes trangeres murs, e pait de nouueaut:Et ne mue, incon lant, i ouuent de chemieQue de es vains habis la faon il dguie:Tele quune Las, dont le volage amourVoudroit changer dami cent mile fois le iour:Et qui ntant peine encore dlaceDes bras dun iouuenceau, embrae en a peneLembraement dun autre & on nouueau plaiirDun plaiir plus nouueau lui caue le deir.Car la Matiere unique tant poionnDun amour vagabond : mais ntant detinePour en mme moment, & pour en mme part

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 29Raccuillir tous pourtrs, elle reoit partFigure apres figure, en orte quune faceSface par le trt quune autre face face.

    Or le econd motif de es euenemensEt le mortel dicord de nos quatre Elmens,Qui du repos haineus, par ordre entremangent:Qui reciproquement lun & lautre e changent:Qui naient de leur cendre: & qui dans le tombeauTreuuent le bers natal: non autrement que leauSe treuue dans la neige, & la neige e treuueDans le flottant crital, qui les valons abreuue.

    Bien et vrai, que de tant que chcun ElementContient deux qualits, dont lune abolmentRegne ur a compaigne; & lautre et homagere:Ceus, de qui le pouuoir de toutes pars contrreEt come en contre-carre, emploient plus deffort,et de peine, & tans sentremetre mort.La flame chaude-eche en londe froide-humide

    La terre froide-eche en lr chaud & liquideNe e mu aiment, caue, quinhumains,Ils combatent enemble & de pis, & de mains.Mais bien la terre, & lr vitement e reduientLune en leau, lautre en feu: dautant quils imbolientEn une qualit: i bien qu chacun deusEt plus ai de veincre un ennemi que deux.

    Donques puis que le nu du acr mariageQui joint les Elemens enfante dge en geLes fis de lvniuers, & puis quils font mourirDun diuorce cruel tout ce quon voit perir:Et changeant eulement & de rang & de place,Produient, incontans, les formes dont la faceDu Monde sembellit, come quatre ou cinq tons,Qui, diuerement ioints, font cent genres de ons,Qui par le charme dous de leur douce merueilleEmblent aus coutans les ames par loreille.Ou come en ces Ecris vint & deux elemens,Pour tre tranpos, cauent les changemensDes termes quon y lit, & que ces termes mmeQue ma ainte Fureur dans ce Volume eme,Changeans eulement dordre: enrichiant mes vers

  • L a S e p m a i n e30De dicours ur dicours infiniment diuers :Ce net point ans raion, quauec telle indutrieLEternel partaga leur commune patrie:Aignant chacun elon a qualit,Sa force, & a grandeur, un regne limit.

    Qui a veu quelquefois come un lingot auare,Veincu du chaud Vulcan, es richees epare:Come dun pas tardif lor auec lor senfuit:Largent cherche largent, le cuiure sentreuitEt ce Tout compo de pieces inegalesSe diuie en ruieaus orengs, blans, & ples.Il comprend quaui tt que la bouche de DieuSouure pour aigner chque cors on lieu:Le feu contre le feu, leau contre leau e erre:Lr e va ioindre lr: & la terre la terre.

    Dautant que Tout le ls, & bourbe de ce Tas,Suiuant on naturel plom decend en bas.Le feu, come leger, dvne force diuereLes fentes du Cahos en mme heure trauere:Par blutes sen vole : & non moins pront que chaut,De ce monde peant gagne le lieu plus haut:De la faon quon voit, lors que lAube bigarreLe plancher de Cathay dune couleur biarre,Fumer les mornes lacs, & dans le frais de lrPar les pores des chams les vapeurs sexhaler.

    Mais creignant que le feu qui es freres enerre,Pour etre trop voiin, ne cendroyt la terre:Come arbitres nomms, Dieu commence talerEntre i grans haneus & lAmphitrite & lr.Lvn deus ne uioit pour teindre leur guerre:Le flot come parmi fauorioit la terre,Lr, du feu on Coin otenoit le parti.Mais tous deux vniant leur amour departi.Peurent facilement apointer la quereleQui ans doute eut dfet la machine nouuele.

    Lr e parqua deus, leau e rengeat ous lui,Non pous par le ort, ains conduis par celui,Qui pour entretenir la Nature en nature,Tous es uures a ft par pois, nombre, & meure.Car i Neptun e feut, auprs du feu log:

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 31Soudain oudain le feu, e cuidant outrag,Pour e prendre lArbitre eut lai a Partie.Or les acrs aneaus de la Chne, qui lieLes membres de ce Tout, ont tels, que quand il veut,Celui qui les a ioints eul diioindre les peut.

    Nere, come arm dhumeur & de froidure,Embrae dune main la terre froide-dure,De lautre embrae lr: lr, come humide-chaut,Se ioint par a chaleur lElement plus haut,Par on humeur leau, come les ptoureles16,Qui dun pi trepignant foulent les fleurs nouueles,Et mariant leurs bons au on du Chalumeau,Gayes, balent en rond ous le bras dun ormeau,Se tiennent main main: i bien que la premierePar celes du milieu e ioint la derniere.

    Car puis quil et aini que le ec elemenSes propres Animaus ne nourrit eulement:Ains qui plus et encor, du lait de es mamlesRepait du ciel flotant les ecadres ineles,Et les ventres glotons des troupeaus caillsQui fendent les eillons des royaumes als:Telement que la terre efi ou mere ou nourriceDe tout ce qui chemine, ou qui vole & qui glie.II foilloit quele feut on propre contrepois,Pour ferme demeurer contre les fiers aboisDu naufrageus Neptune, & les bouches iresDes Autres chaleureus, & des gels Bores.Il failloit que on cors mornement otieusPlus que tout autre cors feut loign des Cieus:Afin que de leur cours lternele viteeNe dont des cerceaus a froide paree,Roide, la rauiant, tout aini que ans finEle rou auec oi lElement plus voiin.

    Puis quaui dautre-part lharmonieue coureDes clers brandons du Ciel, et limmortele ourceDe la vie terretre: & que tous changemensNe ont caus dailleurs que de leurs mouuemens,LEternel ne pouuoit en plus commode placeAeoir le Rond fleuri dune i belle Mae.

    Car les vitaus raons des Atres flamboians,16 - [Nd] Terme de chorgraphie. Figure dune contredanse franaise.

  • L a S e p m a i n e32Verent parfement ur les rs ondoians,Sur la flame vote; & ur la demeuranceDes puples ans poumon, leur puiante influence.Mais toutes leurs vertus e vont finalementVnir dedans le rond du plus bas element,Come centre du Tout, aini que dans la roe,Qui graue dvn long trac on voiage en la boe,Les loigns naions e vont treciant,Au milieu du bouton leurs pointes: uniant.

    Come le cler Soleil la verriere traure:Des Atres tornoians, linfluence diuerePae de part en part ans nul empchementLe diafane cors du plus chaud Element,Les regions de lr, le traparant de londe,Non le olide cors du fondement du Monde.Ct pourquoi iutement nous pouuons apelerConcubines du Ciel, londe, la flame, & lr:Dautant que on Phbus, la Lune, a PlejadeNe ioient iams, que come de paadeDe lamour de ces trois: combien quincementLe Ciel, Mle, saccouple au plus ec Element:Et dvn germe fecond, qui toute choe anime:Engroe tous momens a femme legitime.La terre plantureue, & de cors i diuersEn forme, & nature embelit lVniuers.

    LOcean plus leger que la terretre Mae,Et plus peant que lr: au milieu deus e place,Pour tant mieus temperer dvne moite froideurDe lvn la echeree, & de lautre lardeur.

    H! Ma Mue o vas-tu? Mignonne tourne bride:Npuie tout dvn trt la ource Catalide.Suroy, belle, uroy pour ce iourdhui le los,Suroy le aint honneur de la terre & des fls.Et ans anticiper lorigine du monde,Laie iuqu demain mls auecques londeLes montagneus rochers: car ce era demain,Que Dieu eparera de a puiante mainCes broills Elemens, & les plaines velusOrnera, liberal, de fors cheuelus.

    II et tans, mon Amour, mon unique ouci.

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 33Il et tans, ou iams, de dloger dici:Il et tans, ou iams, dentrer des fortes lesSur le lis immortel de tes vierges eeles.Afin que ur ton dos accortement legerIe puie eurment par les Cieus voltiger.Ca-a donc, mon Bon-heur, a prte moi lpaule:Afin que l deus un des premiers de Gaule,Ibranche de ma main ce Laurier que les Cieus,Auares, ont cel longuement nos yeus.

    Lr hte des broillas, joet de la tempte,Regne des Aquilons, incontante retrteDes nuages ls, & magazin des vensDont le commerce ft mouuoir les cors viuans,Net pas tout un par tout: Le compas des plus SagesLe diuie bon droit en trois diuers tages:Dont le plus eleu, tant pour ce que le coursDu Ciel, premier moteur, lemporte, tous les ioursDe lAurore au Ponant, & du Ponant encoreA lador berceau de la vermeille Aurore,Que pour etre voiin de lElement plus haut,Soit lt, soit lHiuer, et reput fort chaud.Celui que nous touchons par tans certain endureOre lapre chaleur, ore lapre froidure,Ore un moien tat: es fls ont au printansTiedement tempers, en Automne incontans,Froids lhiuer, chaus lt, car les chams lors rejettentLes raons que bas dix mile Atres sajetent,Et ur tous Apolon, aus trs duquelle flancDe ntre rond ejour ert de bute, & de blanc.

    Mais celui du mileu, pour auoir a demeureLoin du lambris ardant, qui ce bas Monde emmure,Et pour ne e pouuoir reantir de ce chaud,Que le ec Element touiour repoue en haut,Frione en a rondeur dvne glace eternele.Car come e pourrait leau endurcir en grle,Mme lors que lt fit blanchir nos moifons,Si es climas ntoient par-ems de glaons?Vraiment tout aui tt que le Soleil dlogeDe chez les dous Beons, pour viiter la loge.Du Cancre ou du Lion qui pantelent dardeur

  • L a S e p m a i n e34Ce plancher moitoyen redouble a froideur:Car aieg du froid de deux fortes armesContre es chaus ts plus quonques animes,Il pree troitement on froid de toutes pars,Et on effort uni et plus roide qupars.

    Aini lt des Chretiens, qui, lointain des frontieres,Ne creint point la fureur des Turqueques banieres,Va, marchant en deordre, & vaguement pars,Ft autant decadrons come il a de oudars:Si bien que quelquefois le mutin populace.Arm darcs & btons le ront, le bat, le chae.Mais sil ent aprocher les luns gonfanons17

    De la race Hotomane, & les doubles canons,Qui mirent par les trs de leur alpetr foudreLes murailles de Rhode, & de belgrade en poudre:Soudain il e ralie: & dans un champ troitIl e va retranchant: le courage lui croit:Le ang lui bot dardeur: & la voiine forceDu Puple circoncis a puiance renorce.

    Cte Antiperitae (il ni a point dangerDe naturalier quelque mot tranger:Et mme en ces dicours, ou la Gauloie frafeNen a point de on cr qui oient de tele Emfae,)Et celle qui nous ft beaucoup plus chaud treuuerLe tion flamboiant ur le cur de lhiuer,Quaus plus chaus iours dt: qui ft que la ScythieBaife trop ouuent par lpous dOrithieProduit des nourrions dont les eins affams,Soit lt, oit lhiuer, digerent plus de ms,Que ces mgres humains, que la torche DelphiqueRotit inceamment ur le able Lybique:Que ft mme que nous qui, bien-heureus; humonsVn r ainement dous ez creus de nos poumons,Cachons dans ltomac une chaleur plus viueLors que le froid Ianuier ur nos climas arriue,Que quand le blond Phbus pour un tans e banitDe Chus, pour recourir pres de ntre Zenit.

    La Tout-puiante main de Dieu fit ce partage:Afin que le frimas, la Comete, lorage,La roe, le vent, & la pluie & le glas17 - [Nd] Bannire de guerre.

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 35Se creaent en lr moitoien, haut, & bas:Dont les uns dputs pour feconder la terre,Et les autres pour fre nos crimes la guerre,Peuent ez curs plus fiers gruer de iour en iourDu Monarque du Ciel, & la creinte, & lamour.Car tout aini quvn peu de chandle de cireDans le creus tranparant dune ventoue attirePar le dos pincet lhumeur ur-abondant,Qui trop viqueus, aloit ur les yeus, dcendant:Ce flamboiant Courrier, dont la perruque blondeRedore chaque iour, or lun, or lautre monde,Attire inceamment deux ortes de vapeurs,et des chams ondoians, & des chams porte-fleurs:Lune et pronte, fumeue, agile, eche, ardante:Et lautre chaude, un peu: mais humide, & pefante:Afin, que e broillant haut & bas par les rsElles rendent ce Tout oi-mme diuers.

    Si donq une vapeur eft i rare que dele,Leau former ne e puie, & que mme on le,Englue du froid, raze tant eulementLe manteau fleuronn du plus bas Element,Tout ntre r e noircit: & la bruine peeA fleur des chams herbus les Aures18 apparee.

    Que i cte vapeur senuole lentement,Non iuquau froid plancher du venteus Element,Ains plus haut que la neble19, elle et en peu depaceFte en Auril roe, aini quen Ianuier glace.

    Mais i tous ces oupirs par le chaud animsGaignent la part de lr, o lhiuer pour iamsFt on frilleus eiour: ouent lhumeur menuPar la vertu du froid e pree en nuQui noe par le Ciel deus les vens ls :Iuqu tant que es fls par goutes devalsRetreuuent leur aeule, ou oit quvn ier vent poueLa nu vers la nu & dun pre ecoue,Creues, les contreigne rpandre leur eau:Come la frle aiguiere, & le frle goubeauQuon voit sentrechoquer entre les mains dvn pageVerent oudainement lun &: lautre breuuage:18 - [Nd] Souffle lger. (DFM)19 - [Nd] Neble = Nbuluse?

  • L a S e p m a i n e36Ou oit quun vent plus dous par le Ciel e ioantAille par maint opir leurs larmes ecoant,Aini quapres la pluye, une pluye ditileDes cimes des fors, lors quune Aure gentileSbatant trauers les rameaus verdoians,Se plait frioter leurs cheueus ondoians:Soit que dvn moite pois le haut nuage fouleLa nu de deous, & quvne humeur scoulePree dautre humeur, tout aini quen Aoust,Ou plus lhumide claye et charge de mout,Tant plus on fons cribl dans la cuve cumeueVere de toutes pars vne liqueur fumeue.

    Lors maint fleuue celete en nos fleuues e perd:On ne voit rien que pleurs: le Ciel dombre couuertSemble choir goutte goutte, & les terres beantesSe couurent quelquefois de grenoilles puantes:Ou dautant que lhumeur qui voltige l-haut,Comprend le ec, lhumide, & le froid & le chaud:Dont -bas tout sanime: ou dautant que lhaleineDes Eures baloyant la poudroiante plaine,Amoncele dans lr quelque pouier fecondDont ces lours animaus ple-mle e font:Aini que ur le bord dvne ondeue campagne,Qui e ft de lgout dvne proche montagne,Le limon cumeus e tranforme ouuenten vn vert grenoillon20, qui form du deuant,Non du derriere encor, dans la bourbe e iouMoiti vif, moiti mort, moiti chair, moiti bou.

    Quelquefois il auient que la force du froidGele toute la nu: & cet alors quon voitTomber grans flocons vne celete laine:Le bois deuient ans fueille, & ans herbes la plaine.Lvniuers na quvn teint, & ur lamas chnuA grand peine du Cerf paroit le chef cornu.Dautrefois il uruient, quaui tt que la nuPar vn ecret effort en goutes, deau e muQue de lr du milieu lexceive froideurLes durcit en boulets, qui tombans de roideur21

    Trop ouvent las! helas! ans faucille moionnent :20 - [Nd] Petite grenouille.21 - [Nd] Ou la grle.

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 37Vendangent ans coteau: les fuitiers bourgeonnent:Dnichent les oieaus, deshonorent nos bois,Acrauantent nos beufs, & fracaent nos tois.

    Si les torches, quau Ciel lEternel a emes,Des roignons, de la Terre eleuent des fumesToutes eches dardeur: leur feu pront, & legerPrs des cercles dazur oudain les veut loger,Mais i tt le omet de leur tte fumeueNa pas touch du froid la province frilleue,Et enti quel pouuoir le camp audacieusDe leur haineus mortel a gagn dans les CieusQueles gagnent oudain la face maternele,Aides du urpois queles ont pui dele.

    Mais voici ur le champ venir leur ecoursVne nouuele ardeur qui rebroue leur cours:Qui leur redone cur, & qui, remet les armesDans leur tremblante main. Auec ces frez gendarmesEles vont de plus beau ralumer leurs combs:Et or gagnant le haut, or cul-butant -basAgitent ntre ciel dune diuere orte,Selon que leur matiere et ou debile ou forte.

    Cela dure bien peu, dautant quen ces aausLa chaleur, & le froid e treuuans come gausEn proee, & bon heur, pour finir cte meute,Lun empche leur vol, lautre empche leur cheuteSi que cte vapeur: qui ne peut un momentDmeurer en repos, ft rond on mouuementVole de Pole en Pole: & bourdonant e guindeOr de lInde en lHepagne, or de lHepagne en Inde.

    A ces Epris oufleurs, bien quil oient animsQuai dun mme Eprit, quils oient quai formsDe emblable vapeur, la diuere neanceDone & diuers urnom, & diuere puiance

    Sentant les quatre vens qui dun chemin diuersMarquent les quatre coins de ce grand Vniuers,Ie remarque ez effets de leurs bruians paagesQuatre Humeurs, quatre Tas, quatre Elemens, quatre Ages.Cil qui nait chs lAurore imite en qualitLAge tendre, le feu, la Cholere, ltCil qui ech en venant lAfrique olitre,

  • L a S e p m a i n e38LAge peant & leau, & le Phlegme, & lHiuerCil qui part de la part o toujours lr frionne,LAge fletri, les Chams, lHumeur trite, & lAutomne.

    Non que iuqu preent nous naion aperceuPlus de vens que lOest, le Nord, lEst et du Su.Cil qui voit, vagabond, or lun, or lautre Pole,En marque trente deux ur a docte bouoleBien quils oient infinis, come infinis les leiusDo ort lexhalezon, qui ventele les Cieus.Mais tous, de quel ct que pronts ils e dbandent,Aini que de leurs chefs de ces quatre dpendent.IIs ntoint tantt dvn murmurant balayLe Ciel conument de nuages voil:Tantt dvn chaud opir ils chent les campagnesNoyes par Electre & es moites campagnes.Ils temperent tantt dune tiede froideurLr, qui ous lAvant Chien braiillone dardeurEz goues or ils ont meurir les legumages,Le froment ez pis, ez rameaus les fruitages:Or ils portent la Nef dvn vol engourdiDe lAube lOccident, & du Nord au Midi.Ore piroutant dune hte ans hteDu molin brie-grain la pierre ronde plate,Ils transforment meuniers, en maint atome blancLe bl quils ont pui dans le terretre flanc.

    Que i lexhalaizon et & chaud & gluante,Mais tele toutefois, quele cede, impuianteAus eternels glaons du venteus Element:Son combutible cors voltige incement,Iuqu tant quil salume, & quen terre il e iteAini quune fue, ou comme une agteEmpenne de feu. Mais quand lexhalaizonDes engourdis Hiuers urmonte la maion,De mme ele enflame, &, faite un nouuel atre,Denonce tritement quelque prochain deatre

    Mais on feu pour auoir beaucoup plus dalimentQue na lautre vapeur, dure plus longuement:Soit que lexhalaizon inceament meuPar le branle du Ciel, en vn brandon e muSenflamant tout aini que le charbon qui dort,

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 39Dedans le ec bouchon pour un tans come mort,Que le poing artian ecou puis lombre,Pour faire, mnager, un iour dune nuict ombre.Soit quele prene feu du plus haut element:Come le vif flambeau va le mort alumant.

    Selon que la vapeur et pare ou erre,Quele et ou longue, ou large, ou phrique, ou carre,Egale, ou non gale, elle figure en lrDes portrs qui dfroi font les bornes trembler.Vn clocher tout en feu de nuit flamboie:Ici le fier Dragon replis dor ondoie:Ici le cler F lambeau, ici le Trt volant,La Lance, le Cheuron, le Iauelot brlant,Sclatent en raons: & la Cheure, pareDe grans houpes de feu, ous la vote thereBondit par-ci, par-l. Vn Atre tincelantMenace en autre part de on crin tout anglantDe grle les bouuiers, les pateurs de pillage,Les citoiens dmeute, & les nochers dorage.

    Mais quoi-ie dans, le Ciel? il emble que ce Tout,Dire scartelant, de lun lautre boutCreuae es beaus murs: & quencor PerephoneDtachant Alecton, Megere, & Tiphone,Ia lae de regner ur les bors Stygieus,Tranporte on Enfer entre nous & les cieus.

    Je ai quon tient, qualors que la vapeur humide,Qui part tant du dous flot, que du flot Nereide,Et lardente vapeur montent enemblementDans ltage econd du troiieme Element:La chaude exhalaizon, e voiant reutu,De la froide peeur de cte humide nu,Renforce a vertu, redouble es ardeurs:Et, reiointe, ft tte aus voiines froideurs.

    Le Lion qui bani des fors paterneles,Se voit ifl, moqu, dpit des puceles,Et des enans oieus, dun efroiable bruitRemplit on parc troit: va, vient, uit & reuitLa nouele prion: &, forcen, deireNon tant a libert, que daouuir on ire.Tout de mme ce feu direus de brier

  • L a S e p m a i n e40Sa flotante cloifon, ne e peut appaier:Ains ans cee il dicourt, ans cee il tourbillonne,Il bordone, il femit, il mugIe, il bruit, il tonne:Iuqu ce quclatant es prions par deousArm de flame & oufre il canone ur nous,

    Car deireus de ioindre en es pres vacarmesAus oldats fraternels es affoiblis gendarmes,Et de ct uniuers gaigner le lieu plus chaud:Grondant, il tche fre vne fortie en haut.Mais il et aieg dvne foe i large,Et dun t i puiant, que bien quores il chargeDe ce cot le froid, & quores en autre partL carmoche il attaque, il treuue maint oudartQui dvn cur genereus es vains effors repoue:Se que deeper, dune ardante ecoue,Oblieus de lhoneur, il senfuit, come il peut,Par la porte honteue, & non par lhuis quil veut.

    LOcean bot de peur: les bourgeois dAmphitriteTreuuent pour e fauuer la mer mme petite.La terre sen meut: le pateur ecartNe e peut aeurer ous le rocher vot:Le Ciei, poureus, sentrouue: & Pluton, Pluton mmeAu plus bas dAcheron en vient dfroi tout blme.

    Lr flamboie dclers: car le foudre choquantLa nu, qui le ceint, il ft tout quand & quandBriller le Ciel de feus, qui nos yeus bloient:Tout aini que celui que les Mues, cherientFt, auant quil oit iour, dun fuil afilBluter le caillou ur le drap mi-brl.

    Et qui plus et, le foudre et ft dune fumeDe oi-meme touiours echement enflamme:Dont lincroiable effort peut brier tous nos osSans blecer ntre peau; peut fondre lor enclosDans vn auare tui, ans que ltui e enteIntere du choc dvne ardeur i puianfe:Peut trononner letoc ans a gueine toucher:Peut foudroier lEnfant ans entamer la chairNi les os, ni les ners de la mer tonneDe voir a douce charge ainois morte, que ne:Cendroier les oliers ans les pis offencer:

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 41Et vuider de liqueur le mui ans le percer.

    Mes yeus, ienes, ont veu mile fois vne feme,A qui du Ciel tonant la fantatique flame,Pour tout mal, ne fit rien, que dvn raoir venteusDans moins dvn tourne-main tondre le poil honteus.

    Tairai-ie cent ports qui, trites, emblent treClous au front du Ciel? Quelqefois ie voi naitreVn Cercle tout en feu des rez clrement beausDe Phbus, de la Lune & autres flambeas,Qui regardans plom ur le dos dune nuEgalement pee, & de ronde tandu,Pour ne pouuoir faucer lpeeur de on cors,En couronne arrondis, e rpandent aus bors:Aini, ou peu en faut, quvne torche alumeAu coin dun cabinet dont la porte et ferme,Ne pouuant percer lhuis du lutre de es rais,Les ft luire dehors par les bors de es ais.

    Mais quand vers on declin du Soleil visageF lamboe vis--vis dun humide nuage,Qui ne peut otenir leau, dont il et enceint,Plus long tans dans le flanc: a clre face il peintDans la prochaine nu, & dvn pinceau biarreLa corbeure dun Arc ur nos ttes bigarre.Car la nu oppoe, & qui, premiere, prendLes trs de ct archer, tout oudain les rpandSur la nu voiine, & on teint diuers mleAvec lor clantant dune torche i bele.Tout aini que Phbus frapant contre un gobeauSur la fentre ais, tu vois oudain que leauRenuoie dun long trt cte clart tramblanteContre le haut plancher de ta ale brillante

    Dautre part i la nu et aie cot,Non ous, ou vis--vis, oit de latre argentSoit du dor brandon & lune & lautre formePar un puiant apect a double, ou triple formeDans le nuage uni. Le puple et tonnDe voir un mme tans par trois Cochers menLe beau char done-iour: &, quencor les nuis brunesReoiuent lenui pour Reines pluieurs Lunes.

    Mais pourquoi, fols Humains, alls vous compaant:

  • L a S e p m a i n e42Du compas de vos ens les fts du Tout-puiant?Quel uperbe deir, mais plutt quele rageVous ft de Dieu ans Dieu dchifrer tout lOuurage?

    Quant moi, ie ai bien quun home docte peutRendre quelque raion de tout ce qui smeutDeous le Ciel cambr: Mais non, non i olideQuele laie, un Eprit de tout crupule vuide.Et quand il le pourroit, nous deuons toutefois,En vantant ces otils, vanter ans fin les doisQui les mettent en uvre & qui par tant de ortesDonent en un moment ame aus choes plus mortes.

    Si tt que ioy tonner, ie cuide22 oir la VoisQui les pafteurs entrne, & dtrne les Rois.Par le choc brie-tours du foudre jimgineLinuincible roideur de la dextre diuine.Quand ie voi que le Ciel tout sclate en clers:Ie voi des yeus de Dieu les raiz aintement clers.Quand il pleut par aion, cet alors que ie peneQue Dieu vere ici bas a Corne dAbondance.Quand un rauage long deluge nos guers,Dieu pleure, mon aduis, nos pechs non pleurs.Et iams lArc-en-Ciel on long pli ne bigarreQuil ne me oit pour eau, quil ne me oit pour arre,Que le flot general pour la econde foisHautain, nondoyera ur la cime des bois,QuAtlas dans le Ciel cache, ou ur les hautes branches,Que, Caucae otient ur es croupes plus blanches.Mais ur tout ie mmeu quand le courrous des Cieus,De prodiges arm, e prefnte nos yeus:Quand ce Tout e dbauche, & ple-mle changeSon ordre cotumier en un deordre trange.

    Quon fonde en vn Eprit tant dEprit que PallasDvne chate mamele alaite entre es bras:Et me done, il peut, quelque raion certaineDe quoi e ft le, lait, & la chair, & la laineQui cheut iadis du Ciel ? quil me die comentDans les nus e peut engendrer ce fromentDont on a veu deux fois couuerte vne partieDe ce terroir Germain, quon nomme Carintie.

    Dieu, le grand Dieu du Ciel, sgaie quelquefois22 - [Nd] Je crois.

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 43A rompre haut & bas de nature les lois:Voulant que ces effts Nature contrresSoient les Auant-coureurs des futures mieres.

    Tant de goutes de feu, que le Ciel larmoyaDeus les chams Lucains, lors que Rome enuoyaLa fleur Oenotriene en la riche campagne,Que leau traine-limon du gras Eufrate bagne,Preagoient que le fer du Parthe tire-droit,Prque le nom Lucain lan uiuant teindroit.

    Ces fifres clatans, ces craquetis des armes,Quon oyoit dans le Ciel, tandis que les gendarmesDe linuincible Rome enerrent de leurs dardsLes Cimbres, les Teutons, les Suies oudars,Contre les vains dicours du profane Epicure,Nous montrent que le ort ne peut rien en nature.

    Toi, qui vis foudroier de maint trt tout ardentLabominable chef dun Olympe grondantContre la Trinit, perdi-tu pas laudaceDabaer apres elle: & cracher ur la face.Du Dieu triplement un, qui ne laie impunisLes blafemes -bas contre on nom vomis?

    Hebrieu, non plus Hebrieu, ains emance barbare,Dvn Letrigon, dvn Turc, dvn Scythe, dvn Tartare,Di moi, que penoi-tu, que penfoi-tu voiantTon Temple menac dun glaiue flamboiant ?Sinon que lEternel deuoit dvn bras robuteExecuter larrt de a vengeance iuteSur tes murs & tes fis: que la faim teroitLes retes de la pete: & le fer glneroitLes retes de ces deux: que les fis mierablesRentreraient dans les cors des meres execrablesBourrles de oi-mme: & que le cotre encorDrroilleroit on fer deus tes palais dor.Et tout, tout pour auoir fet mourir par enuieCe grand Rois qui venoit pour te donner la vie?

    La fonteine de ang qui, rougeatre, ondoia:Ct norme rocher, dont le Ciel foudroiaLa terre Ligutique: & tant de croix, anglantesSur les trites habis des humains apparantes;Sembloient come crier que les Turquois oudars

  • L a S e p m a i n e44Dans Genes ficheroient leur boufans tandars.

    Qui ne fai-tu profit, frenetique FranceDes ignes dont le Ciel tapele repentance ?Peu-t-il voir dun il ec ce Feu prodigieusQui nous rend chque oir effroiables les CieusCet Atre cheuellu, qui menace la terreDe pete, guerre, faim, trois pointes du tonnerre,Quen a plus grand fureur Dieu foudroie ur nous ?

    Mais las! que peut du Ciel le dearm courrous:Puis que tant de durs fleaus qui te plaient lchineNarrachent vn oupir de ta dure poitrine?Ton fang et ta boion: ta faim ne e repaitQue de a propre chair: ce qui te nuit te plait:Tu nas nul entiment non plus quvn lethargique:Tu fuis ta guerion: Plus lEternel te picque,Plus tu fs du rtif: &, franc de tout ouci,Tu tengrees de cous come vn ne endurci.Et tel que le platron, ou la blanche alumeleTu va plus reitant, ou plus on te martele.

    Mais ie voi quil vaut mieus quiter ces vains dicours:Ie voi quon perd le tans en parlant des ours:Ie voi bien quil vaut mieus tourner ur mes briesPour chanter du Seigneur les ures plus pries.

    Aini donq qu la Cour le Monarque a le flancBrauement entour des Princes de on fang,Quapres eus la Noblee, & quencor apres elleMarche honorablement le Magitrat fidele,Selon que plus, ou moins leur differant tatVoiine la grandeur du plus haut Magitrat:Dieu logea pres du Ciel lElement qui fecondeEn vitee, & clart les beaus planchers du Monde,Et les autres apres, elon quils ont parensSoit des Cieus azurs, oit de leurs feus Errans.

    Et toutefois pluieurs donnant plus de creanceAus yeus qu la raion; meurent la puianceDe Dieu dune aune humaine: & dans leur creus cervueauRetranchent de ce Tout le membre le plus beau,Le feu done-clart, porte-chaud, iete-flame,Source du mouuement, chae-ordure, done-ame,Alchimite, oldat, forgeron, cuiinier,

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 45Chirurgien, fondeur, orfeure, canonier,Qui peut tout, qui ft tout, & dont la ource embraeDeous les bras du Ciel le rond de cte mae.

    Si le feu e campait entre nous & les cieus,Nous le verrions de nuit: car cet lors que nos yeusRemarquent (difent-ils) das loin par les presDes ardans vermieaus les chines dores.Puis coment verrions-nous brilloner trauersDun i grand cors de feu les yeus de lVniuers:Puis que le plus aigu des plus aines prunelesNe voit rien trauers le feu de nos chandeles?

    Incredules epris, i iams les oupirsOr des roides Autans, or des mignars ZephirsNe e feoient fentir, vous croiris tre vuideLepace qui dpart la terre, & leau liquideDu Ciel ans fin-roant: & croiris aui peuLe venteus Element, que lElement du feu.

    Autant que ces flambeaus, dont chs nous on alongeLes iours que Capricorne en mer trop oudain plonge,Cedent au cler Phbus: autant en puretNtre feu cede au feu de lVniuerit:Car ntre feu net rien quvne pee lumierePleine dobcurit, de crae, de fumiere.Mais celui de l-haut pour ntre point oillPar le mlange pes dvn aliment broill:Pour tre loin de nous: pour ne entir ole:Voiin, voiine fort la nature du Pole.

    Mais las ! de quele mae mtre ingenieus,Formerai-ie apres toi les corbeures des Cieus?Ie reemble, incertain, la feuille incontante,Qui ur le fte aigu dvn haut clocher suante.Qui net point oi-mme, ains change aui ouuentDe place & de eigneur, que lr change de vent.

    Par le docte Lyce ores ie me promene:Ores lAcademie en es ombres me mene:Mes pas or ur les pas dAritote, imprimant,Le priue dElemens le dor firmament,Ien bani tout mlange: & croi que la puianceDe Dieu la faon dvne cinquime Eance:Veu que les Elemens pouent directement,

  • L a S e p m a i n e46Deux en haut, deux en bas, leurs diuers mouuement:Mais la coure du Ciel, ans quele e dtourneA cot haut,ou bas, touiour en rond e tourne.

    Leur cours net ternel: ains sarrte en ce lieu,Qui pour iege ternel leur fut leu de Dieu:Mais le Ciel azur, ans iams prendre haleine,Pote, pofte ans fin dvne coure certaine:Il va touiour dvn train, & meu dvn fais ans fais,Il ne ait point que cet de cheuaus de relais.

    Les cors o ont vnis lEau, lr, le Feu, la TerreSont ans cee agits dvne intetine guerre,Qui caue auec le tans leur vie & leur trpas,Leur croitre & leur dcroitre: & qui ne permet pasQue ous lAtre cornu preque pour vn quart dheureEn vn mme ujet vne forme demeure:Mais le Ciel ne connoit des Parques la rigueur:Croiant dans il ne croit de cors, ni de vigueur:Lvage long ne lve: ains a verte vieilleeEt en tout & par tout emblable la ieunee.

    Puis oudain reuenant diciple tudieusDe lAttique Platon ie les m dans les CieusCet la Terre qui ft de ces parceles dures,Et viibles leurs feus, & fermes leurs Cambreures.Lr les ft tranparans, la flame rend legers,chaus, prons, & lumineus leurs cercles paagers.Et les ondes oignant les bors dont sentrebaientLeurs globes tornoians, dvne humeur froide apaientLa chaleur, qui naiant de leurs prons mouuemens,Ne feroient quvn brandon de tous les Elemens.

    Non que ie face gaus les cors, dont ie compoeCe Cors, qui de on Rond embrae toute choe,A ces lours Elemens quici bas les humainsEt voient de leurs yeus, & touchent de leurs mains.Ils ont tous beaus, tous purs: vne ainte harmonieDvn eternel lien tient leur ubtance unie:Lr et priu de cours, le feu dembraement,De peenteur la terre, & leau dcoulement:Ils ne ont tant oit peu lvn lautre funetes.Et, pour le dire court, ils ont du tout Celetes.Voila iuquo stand la uperbe fureur

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 47Des homes aueugls dignorance & derreur,Qui come ils auoient mile fois calcineLa matiere denhaut, dune langue effreneOent acertener ans preuue & ans raion,De quel bois lEternel charpenta a maion.

    Or cent fois iaime mieus demeurer en ce doute,Quen errant fre errer cil qui mes chans coute:Attendant quun aint Pol redecende des Cieus:Ou bien, que dcharg du manteau vitieusDe ce rebelle cors, qui mon ame ans ceeDvn peant contrepois en-bas pree & repree,Moi-mme iaille voir les beauts de ce lieu:Si lors ie veus rien voir que la face de Dieu.

    Mais tout autant, ou plus, ez coles mortelesPour le nombre des Cieus smeuuent de quereles:Ctui-ci nen croit quun, dont la mole peeurFt largue aus Atres clers qui fendent on azur,Aini que les poions dune gliante chineCoupent qui , qui l les fls de la marine.Lautre fant par lil un certain iugement:Et voiant et flambeaus pous diuerementLvn , lvn l courir: dautre-part que le reteDes brandons, qui la nuit dorent le front Celete,Marche dvn mme train, diuie, ingenieus,En huit tages ronds le btiment des Cieus.Et lautre & lautre encor remarquant en la danceDu plus toil Ciel vne triple cadance:Et quvn cors na quun cours qui lui oit naturel,En content neuf, ou dix: ans ous un nombre telComprendre lEmpire, o ans cee ruilentLes fleuues de Nectar, o ans fin samoncelent.Plaiirs deus plaiirs: o lon voit en tout tansF leurir heureuement les beautes dun printans:O vit touiour la vie: o Dieu tient es aies,Cern de Seraphins, & des ames acquiesPar le ang de ce Cors, dont le vol glorieusIadis logea plus haut la terre que les Cieus:Car aui ie ne veus que mon vers e propoePour uiet le dicours dvne i haute choe.

    O beau Rond cinq fois double, ennemi du ejour,

  • L a S e p m a i n e48Vie de lVniuers, acr pere du Iour,Sacr pere de lan, de toi-mme modele,Qui ne changes de place, & toutefois ton leSur nous vole, i tt que ntre entendementSeul peut, come tien fis, uiure ton mouuement,Infiniment fini, franc de mort, daccroiance,De dicord, de langueur, aime-on, aime-dance,Toujour emblable toi, tout toi, tout en toi,Cler, tranparant, leger, du bas monde la loi,Qui bornes non born dvn grand tour toute choeQui tiens toute matiere en toi, ou ous toi cloe,Trne du Tout-puiant, volontiers dans ces versIe chanteroi les lois de ton branle diuers,Sil toit encor tans, & ma plume erreneNauoit peur dalonger par trop cte iourne.Encor, encor ie crain que quelque mdiantAille de troupe en troupe lauenir diant,Que ma Mue langarde chque vent ft voile,Tiant fil contre fil pour alonger a toile.

    Mais quiconque tu fois, ouuien toi quen ce lieu,Iamoncele bon-droit tant douurages de Dieu:Dautant que par le tour de la grande ETANDVE,Que lEternele main a ce iourdhui penduEntre les eaus dembas, & les eaus de l-haut,23

    Ientan les Cieus, les rs, & lElement plus chaud:Qui eparent des eaus de la mer azureCeles que Dieu cola ur la vote there.

    Or ie nai point i peu fueillet les EcrisQui pour leurs beaus dicours font ore en plus grans pris:Que iignore combien les plus auantes plumesPar ubtils argumens oent dans leurs volumesBrocarder ce Crital, pancher tous ces fls:Tarir ct Ocean qui clot tout de on clos.

    Mais come les beaus trts dvne Dame modete,Qui contante des dons que la faueur celeteLui done pleine main, par getes, ou par fardNaugmante a beaut as bele ans art,Merite un plus grand los, que lillade impudique,Le maintien afft, la dmarche lubrique,23 - [Nd] Cela rfre Gen. 1 : 7 Et Dieu fit ltendue, et il spara les eaux qui sont au-dessous de ltendue davec les eaux qui sont au-dessus de ltendue. Et cela fut ainsi.

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 49La faue cheuelre, & le teint empront,Dont vne Cortizane emblit a beaut.Aui ie tien plus cher le celete langage,Bien quil retienne plus du rutique ramageQue de lcole Attique, & que la VeritSoit lvnique ornement de a diuinit:Que ces fards dicours, dont les plus doctes plumes,Pour nous paitre de vent, emmilent leurs volumes.

    Iaime mieus ma raifon dmantir mille fois,Quvn eul coup dmantir du aint Eprit la vois,Qui crie en tant de pars que ur les votes rondesDu Ciel il a rang ie ne ai que les ondes:Ou oit que de cete eau ltrange qualitAuec les baes eaus ait peu daffinit:Soit que, fte vapeur, dvn tranparent nuage,Ele couure du Ciel le plus hautain tage:Ou oit, come lon dit, quvn crital ft autourDu dor firmament embraffe tout le tour,Et pourquoi, combatu de coniectures vaines,Donrai-ie arrt certain ur preuues incertaines?

    De-moi, ie ne voi point, pourquoi le ens humain.Ne croit que celui-l, dont la puiante mainPour paer pi ec de Iacob les BataillesIadis une grand mer roidit en deux murailles,Ait peu i eurement cindrer tant & tant deausSur les cercles roans du Ciel porte-flambeaus.

    A toute heure tu vois tant de mers dans les nus,Qui, menaans nos chefs, ne ont point outenusQue dvn r ecou de cent venteus abois,Et qui, foible, ne peut ouftir le moindre pois.Tu vois que cte mer, qui cerne ce bas Monde,Maugr tout accident demeure touiour ronde,Sans que es fls pendans entreprenent iamsPaer, pour saplanir, leurs bors accoutums:Si ne crois tu pourtant que le Ciel vot puieSotenir une mer, de qui londe ne gliePar la pante du globe? cur incirconcis !Penfe au moins que cet Dieu qui tient ces fls aisEn i grillante part: pene & repene encore,Que ce palais uperbe, o tu commandes ore,

  • L a S e p m a i n e50Bien que ft dun grand art, fut tomb vitement,Sil neut eu pour plancher vn humide Element:car come le cerueau tient la plus haute placeDu petit Vniuers, pour de a moite glaceDes parties dembas la chaleur attiedir:Dieu, pour des Cieus plus bas les flambeaus refoidir.Dun art vraiment diuin logea ce iourdhui londeAu lieu plus eminant du veritable Monde.

    Ces eaus, come lon dit, iointes aus baes eausDes mons plus orcilleus drrobant les copeaus:Euent noy ce Tout, i, triomfant de londe,No neut come enclos dans peu darbres le Monde,Btiant une nef & par mile trauaus,Conferuant l dedans tout genre danimaus.

    Jls ni furent entrs, que dans lobcure groteDu mutin Roi des vens le Tout-puiant garroteLAquilon chae-nu, & met pour quelque tansLa bride ur le col aus forcens Autans.Dvne le toute moite ils comencent leur coure:Chque poil de leur barbe et vne humide ource:De nus une nuit enuelope leur front:Leur crin dbagoul tout en pluyes e fond:Et leurs dextres preant lepeeur des nuages,Les rompent en clers, en pluyes, en orages.

    Les torrens cumeus, les fleuues, les ruieaus,Senflent en vn moment. Ia leurs confues eausPerdent leurs premiers bors : & dans la mer ale,Rauageant les moions, courent bride-auale.La terre tremble toute, & treuant de peur,Dans es veines ne laie vne goute dhumeur.Et toi, toi-mme, Ciel, les clues dbondesDe tes larges Mars pour dgorger tes ondesSur ta Sur, qui viuant & ans honte & ans loi,Se plaoit eulement dplair, ton Roi.

    Ja la terre e perd: ja Nere et ans marge:Les fleuues ne vont plus e perdre en la mer large:Eus-mme ont la mer: tant dOceans diuersNe font quvn Ocean: mme cet VniuersNet rien quvn grand Etang, qui veut ioindre on ondeAu demeurant des eaus qui ont deus le Monde.

  • G u i L L a u m e d u B a r t a S 51LEtourgeon ctoiant les cimes des chateaus

    Smerueille de voir tant de tois ous les eaus.Le Manat, le Mular salongent ur les croupesO naguerre broutoient les autelantes troupesDes Cheures porte-barbe: & les Daufins camusDes arbres montaignars razent les chefs rameus.

    Rien ne ert au