La Russie d'Aujourd'hui

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Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Distribué avec Mardi 30 avril 2013 Le bio est promis à un bel avenir Les fermes bio et l’agriculture de ferme gagnent en popularité en Russie. P. 4 Les flammes de Sibérie brûlent les planches L’ensemble folklorique Ogonki, originaire de l’Altaï, invite au « Rendez-vous avec la Russie ». P.6 Le chômage ? Pas mon problème ! PAGE 2 Les statistiques officielles montrent que le marché du tra- vail russe a de quoi faire des ja- loux eu Europe. Le nombre d'offres d’emploi augmente et le chômage régresse à Moscou. Mais toutes les ré- gions ne sont pas aussi bien lo- ties et certains secteurs res- sentent la crise. Et les statistiques sont parfois douteuses... PAGE 5 Après Boston, serrons-nous les coudes OPINIONS SOCIÉTÉ L’attentat de Boston a de nou- veau attiré l’attention sur la « guerre de Tchétchénie », le « séparatisme tchétchène » et les actes terroristes organisés par les organisations radicales du Caucase du Nord. Mainte- nant, Moscou et Washington doivent renforcer leur coopéra- tion en matière de sécurité pour démonter les stéréotypes, qui accompagnent toutes les dis- cussions sur le Caucase du Nord. Produit de Russia Beyond the Headlines BENJAMIN HUTTER LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI Aux heures de pointe, 300 km de bouchons paralysent la capitale. Dans le métro, la congestion est également au rendez-vous. Les pouvoirs publics prennent le taureau par les cornes. Un éventail de solutions pour désengorger Moscou Transports Pistes cyclables, zones piétonnières et réorganisation des transports publics sont à l'agenda Moscou et son oblast comptent près de 20 millions d’habitants - soit deux fois plus que l’agglomé- ration parisienne et plus de dix fois la région de Bruxelles-Capi- tale. Cette population se déplace : tous les jours, le métro mosco- vite accueille 9 millions de pas- sagers, selon le site officiel du ré- seau. Certaines stations, comme Vykhino ou Kitai-Gorod, voient passer quotidiennement jusqu’à 150 000 personnes. C’est le taux de fréquentation le plus élevé du monde. Sur la route, le ministère du Transport régional a identifié 53 zones d’engorgement pendant les heures de pointe, qui forment à chaque fois près de 300 km d’em- bouteillages. MêmeVladimir Pou- tine s’excuse du fait que ses convois présidentiels n’arrangent pas la situation – comme après son investiture en mai 2012 dans une interview à la chaîne NTV. « Je regrette et présente mes excuses à ceux à qui nous causons des in- convénients. À vrai dire, ça me chagrine mais je dois travailler », avait indiqué le président avant d'ajouter que les rues de la capi- tale russe n'étaient pas prévues pour un nombre si important de véhicules. « Pour rentrer du travail en voi- ture depuis le métro Park Koul- toury jusqu’à la station Beloruss- kaïa (8 km), le trajet me prend entre 25 minutes… et sept heures ! Un jour en effet, je suis sortie du travail à 17h pour arriver chez moi à minuit », témoigne Natalia, 29 ans, journaliste. Souvent, sur la route, ce sont les accidents qui freinent la circulation. « Quand je rentre chez moi par Dmitrovs- koe chaussée, pas un jour ne passe sans qu’au moins un ou deux ac- cidents ponctuent mon trajet.Très souvent, une fois la zone de l’im- pact dépassée, le trafic revient à la normale », ajoute Anton, 27 ans, chimiste dans un laboratoire de recherches. Les 620 millions de passagers annuels du bus sont un peu mieux lotis mais leur nombre étant en constante augmenta- tion, la menace de l’engorgement plane également sur ce moyen de transport très utilisé. L’été dernier, des voies de bus spé- ciales avaient été délimitées à Moscou mais elles sont peu res- pectées par les automobilistes, en dehors des zones où sont ins- tallées des caméras de surveil- lance. SUITE EN PAGE 3 Moscou a imaginé un nouveau concept : le « vélo-politain » (jeu de mots avec « métropolitain »), qui prévoit entre autres des pistes cyclables le long de la rivière Moskva. IOULIA PONOMAREVA LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI À défaut de succès économiques importants, Vladimir Poutine réunit ses partisans autour des valeurs conservatrices. Poutine cherche à consolider son pouvoir Politique Bilan de la première année du troisième mandat Vladimir Poutine reste l’homme politique le plus populaire du pays, mais les sondages montrent une érosion de sa popularité : son indice de confiance a dimi- nué de 60% à 52% durant la pre- mière année de son troisième mandat. L’année dernière, M.Poutine a mené sa campagne électorale pour la présidentielle dans le contexte de manifestations antigouverne- mentales sans précédent. Durant l’année qui a suivi le scrutin, la contestation s'est affaiblie. Avant la présidentielle, de nom- breux analystes prédisaient qu’afin d'amadouer la classe moyenne, Poutine serait contraint d'évoluer et d'adoucir singuliè- rement son style de gouvernement. C'est l'inverse qui s'est produit. Les mesures prises par les auto- rités au cours de l’année passée, sont de plus en plus souvent qua- lifiées de répressives par l’oppo- sition. « Poutine estime que si on change, on peut devenir vulné- rable », note Alexeï Makarkine, vice-président du Centre des tech- nologies politiques. « Il ne veut pas faire de concessions car il craint qu'en ce cas il sera forcé à en faire de nouvelles ». Vladimir Poutine. SUITE EN PAGE 2 © REUTERS © GETTY IMAGES/FOTOBANK © AP

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La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

Transcript of La Russie d'Aujourd'hui

Page 1: La Russie d'Aujourd'hui

Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu

Distribué avec

Mardi 30 avril 2013

Le bio est promis à un bel avenirLes fermes bio et l’agriculture de ferme gagnent en popularité en Russie.

P. 4

Les flammes de Sibérie brûlent les planchesL’ensemble folklorique Ogonki, originaire de l’Altaï, invite au « Rendez-vous avec la Russie ».

P.6

Le chômage ? Pas mon problème !

PAGE 2

Les statistiques officielles montrent que le marché du tra-vail russe a de quoi faire des ja-loux eu Europe.

Le nombre d'offres d’emploi augmente et le chômage régresse à Moscou. Mais toutes les ré-gions ne sont pas aussi bien lo-ties et certains secteurs res-sentent la crise. Et les statistiques sont parfois douteuses...

PAGE 5

Après Boston,

serrons-nous

les coudes

OPINIONS

SOCIÉTÉ

L’attentat de Boston a de nou-veau attiré l’attention sur la « guerre de Tchétchénie », le « séparatisme tchétchène » et les actes terroristes organisés par les organisations radicales du Caucase du Nord. Mainte-nant, Moscou et Washington doivent renforcer leur coopéra-tion en matière de sécurité pour démonter les stéréotypes, qui accompagnent toutes les dis-cussions sur le Caucase du Nord.

Produit de Russia Beyond the Headlines

BENJAMIN HUTTERLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Aux heures de pointe, 300 km de

bouchons paralysent la capitale.

Dans le métro, la congestion est

également au rendez-vous. Les

pouvoirs publics prennent le

taureau par les cornes.

Un éventail de solutions pour désengorger Moscou

Transports Pistes cyclables, zones piétonnières et réorganisation des transports publics sont à l'agenda

Moscou et son oblast comptent près de 20 millions d’habitants - soit deux fois plus que l’agglomé-ration parisienne et plus de dix fois la région de Bruxelles-Capi-tale. Cette population se déplace : tous les jours, le métro mosco-

vite accueille 9 millions de pas-sagers, selon le site officiel du ré-seau. Certaines stations, comme Vykhino ou Kitai-Gorod, voient passer quotidiennement jusqu’à 150 000 personnes. C’est le taux de fréquentation le plus élevé du monde.

Sur la route, le ministère du Transport régional a identifi é 53 zones d’engorgement pendant les heures de pointe, qui forment à chaque fois près de 300 km d’em-bouteillages. Même Vladimir Pou-tine s’excuse du fait que ses convois présidentiels n’arrangent

pas la situation – comme après son investiture en mai 2012 dans une interview à la chaîne NTV. « Je regrette et présente mes excuses à ceux à qui nous causons des in-convénients. À vrai dire, ça me chagrine mais je dois travailler », avait indiqué le président avant d'ajouter que les rues de la capi-tale russe n'étaient pas prévues pour un nombre si important de véhicules.

« Pour rentrer du travail en voi-ture depuis le métro Park Koul-toury jusqu’à la station Beloruss-kaïa (8 km), le trajet me prend

entre 25 minutes… et sept heures ! Un jour en effet, je suis sortie du travail à 17h pour arriver chez moi à minuit », témoigne Natalia, 29 ans, journaliste. Souvent, sur la route, ce sont les accidents qui freinent la circulation. « Quand je rentre chez moi par Dmitrovs-koe chaussée, pas un jour ne passe sans qu’au moins un ou deux ac-cidents ponctuent mon trajet. Très souvent, une fois la zone de l’im-pact dépassée, le trafi c revient à la normale », ajoute Anton, 27 ans, chimiste dans un laboratoire de recherches.

Les 620 millions de passagers annuels du bus sont un peu mieux lotis mais leur nombre étant en constante augmenta-tion, la menace de l’engorgement plane également sur ce moyen de transport très utilisé. L’été dernier, des voies de bus spé-ciales avaient été délimitées à Moscou mais elles sont peu res-pectées par les automobilistes, en dehors des zones où sont ins-tallées des caméras de surveil-lance.

SUITE EN PAGE 3

Moscou a imaginé un nouveau concept : le « vélo-politain » (jeu de mots avec « métropolitain »), qui prévoit entre autres des pistes cyclables le long de la rivière Moskva.

IOULIA PONOMAREVALA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

À défaut de succès économiques

importants, Vladimir Poutine

réunit ses partisans autour des

valeurs conservatrices.

Poutine chercheà consoliderson pouvoir

Politique Bilan de la première année du troisième mandat

Vladimir Poutine reste l’homme politique le plus populaire du pays, mais les sondages montrent une érosion de sa popularité : son indice de confi ance a dimi-nué de 60% à 52% durant la pre-mière année de son troisième mandat.

L’année dernière, M.Poutine a mené sa campagne électorale pour

la présidentielle dans le contexte de manifestations antigouverne-mentales sans précédent. Durant l’année qui a suivi le scrutin, la contestation s'est affaiblie.

Avant la présidentielle, de nom-breux analystes prédisaient qu’afin d'amadouer la classe moyenne, Poutine serait contraint d'évoluer et d'adoucir singuliè-rement son style de gouvernement. C'est l'inverse qui s'est produit. Les mesures prises par les auto-rités au cours de l’année passée, sont de plus en plus souvent qua-lifi ées de répressives par l’oppo-sition.

« Poutine estime que si on change, on peut devenir vulné-rable », note Alexeï Makarkine, vice-président du Centre des tech-nologies politiques. « Il ne veut pas faire de concessions car il craint qu'en ce cas il sera forcé à en faire de nouvelles ».

Vladimir Poutine. SUITE EN PAGE 2

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« Ils concilient modernitéet valeurs très fortes »

ENTRETIEN

AVEC PIERRE LOUVRIER

INVESTISSEUR FINANCIER INSTALLÉ

EN RUSSIE DEPUIS TROIS ANS NOUS

CONFIE CE QUI L'A SÉDUIT.

NATIONALITÉ : FRANCO-BELGE

ÂGE: 39

Spécialisé dans le capital-inves-tissement, Pierre Louvrier a été séduit autant par le caractère, le dynamisme et la culture des Russes que par les opportunités d’affaires.

BIOGRAPHIEQuels chemins mènent à Moscou ?

J'ai travaillé à Bruxelles, Paris, Milan, Genève et j'ai rencontré beaucoup de Russes à travers mes activités personnelles. Certains sont devenus de proches amis et, de fi l en aiguille, j'ai été invité à Moscou. C'était autour de 2002 / 2003. Je me souviens d'avoir été très ému lorsque j’ai vu le sol russe pour la première fois, alors que j'étais seul dans la classe affaires de l'avion, qui a tourné longue-ment autour de l’aéroport avant de s’y poser. J'ai été immédiate-ment conquis par le dynamisme et la vivacité des Russes. J'étais impressionné par la qualité et la chaleur des gens, par l'atmosphère de liberté. À partir de 2007, j'ai activé mes réseaux personnels à l'Est dans le but d'y développer mon activité professionnelle. De-puis mai 2010, je travaille en grande partie ici, tout en gardant des participations dans des pro-jets en Europe de l'Ouest.

Le capital-investissement reste

peu développé en Russie. Quelles

opportunités avez-vous trouvé au

cours des trois dernières années ?

À ce jour, avec CFG Capital, nous

participons à quatre projets : Rus-grain, un groupe agroalimentaire qui est le 2ème producteur d'oeufs en Russie. Je siège à son conseil d'administration. Nous avons aussi investi dans le secteur de la dis-tribution de voitures premium, dans un groupe pharmaceutique et dans le projet des tours Hermi-tage de la Défense à Paris. Notre rôle consiste à aider des entreprises russes à atteindre une taille inter-nationale, en fi nançant leur crois-sance, en procédant à des fusions et acquisitions, et améliorant la gouvernance d’entreprise.

Pourquoi l’image de la Russie est-

elle si contrastée en Europe ?

La réponse facile est de faire por-ter la faute aux journalistes. Mais ce ne sont que des catalyseurs de ce qu’une grande partie de la po-pulation pense à propos des Russes. Je crois que le plus grand facteur d’incompréhension tient à l’intensité, la profondeur et la force de la culture Russe, qui prend beaucoup de temps à être appré-hendée. Pour essayer de com-prendre la Russie, il faut pouvoir s’imaginer une réussite millénaire d’intégration d’ethnies et de reli-

gions différentes sous un même État. Cette réussite est telle qu’il y a en Russie infi niment moins de différences entre un Russe de Vla-divostok et un Russe de Saint-Pé-tersbourg situés à 9000km l’un de l’autre, qu’entre un habitant de Liège et un habitant de Lille qui, pourtant, parlent aussi la même langue et partagent aussi une his-toire commune. Les Russes sont donc à la fois extrêmement mo-dernes et ancrés dans des valeurs très fortes. C'est un équilibre qu'on n'arrive pas à trouver en Europe occidentale et cela suscite peut-être parfois des jalousies.

Les stéréotypes sur la Russie ont la

vie dure…

Oui, le Banya [bains russes] ou l'al-cool, ce n’est pas nécessaire. Les femmes se maquillent, portent des jupes et hauts talons dès le matin, parce que c’est la façon dont elles épanouissent leur féminité, et c’est la seule raison. Je me sens infi ni-ment plus en sécurité à Moscou qu’à Paris ou Bruxelles et, pour répondre à deux questions qui m'y sont souvent posées : les affaires avec un fl ingue, ça n'existe pas, et il n’y a pas d’ours dans les rues !

Quels sont vos loisirs à Moscou ?

La vie sociale et culturelle est intense, les Russes sont des gens passionnés. La vie théâtrale est très dense et Moscou est la meil-leure place d’Europe pour la vie nocturne. Je fréquente les clubs Soho Rooms, Krisha Mira, Manon, Oblaka, Gypsie. Je lis aussi beaucoup, ce qui aide à participer aux vrais débats d’idées qui sont très fréquents ici. Il n’y a pas de politiquement correct, on peut librement par-ler de tout.

Propos receuillis parPaul Duvernet

Poutine chercheà consoliderson pouvoir

« Le Front populaire réunit des « personnalités de terrain » : des médecins, des enseignants, des ou-vriers mineurs », analyse la socio-logue Olga Krychtanovskaïa.

« Poutine a décidé de consoli-der l'ensemble des forces qui lui sont alliées », souligne pour sa part Alexeï Makarkine.

D’après les sociologues, les « al-liés » de Poutine, son électorat de base, consistent essentiellement en résidents des petites villes et vil-lages russes, ayant une éducation secondaire et n’utilisant pas Inter-net.

Dans le contexte des nombreux scandales où trempent des membres du parti au pouvoir Rus-sie unie, dont des actifs secrets à l’étranger ont été récemment ré-vélés par les médias, M.Poutine a décidé de lancer une « patriotisa-tion de l’élite ». Ainsi, les respon-sables russes ont été obligés de se débarrasser de comptes bancaires à l’étranger avant le 1er juillet. Pourtant, les fonctionnaires sont encore autorisés à détenir de l’im-mobilier hors la Russie.

« Les mesures adoptées actuel-lement par Poutine ont pour ob-jectif de forcer les fonctionnaires à rapatrier leurs actifs », dit Olga Krychtanovskaïa. « On leur pro-pose de choisir : soit tu sers ton pays, soit tu quittes ton poste ».

La première année du troisième mandat de Poutine a été riche en événements médiatisés. Pour preuve, le procès du groupe Pussy Riot, dont trois participantes ont été condamnées à deux ans de pri-son pour avoir interprété leur chan-son « Vierge Marie, chasse Poutine » dans la Cathédrale du Christ-Sau-veur de Moscou.

Fin 2012, les autorités russes ont adopté une loi interdisant l'adop-tion des enfants russes par les Américains. Les autorités ont en outre durci les lois sur les mani-festations et ont lancé une cam-pagne contre la « propagande de l’homosexualité auprès des mi-neurs ».

Des manifestations anti-gou-vernementales organisées le 6 mai, juste avant l’investiture de Pou-tine, ont dégénéré en émeutes ; 27 personnes, arrêtées par la po-lice ce jour-là et soupçonnées d’avoir participé aux affronte-ments avec les policiers, compa-raissent actuellement devant la justice. Alexeï Navalny, un des leaders de l’opposition anti-Pou-tine, a quant à lui été accusé de détournement de fonds.

Toutes les ONG russes qui in-terviennent dans la sphère poli-tique et bénéfi cient d’un fi nance-ment étranger, ont été obligées par le gouvernement de se déclarer « agents de l’étranger », expres-sion synonyme d'« espion » en russe.

Parallèlement, M.Poutine a dé-ployé sa nouvelle arme électorale : le Front populaire russe. Fondé en mai 2011 avec la participation du parti au pouvoir Russie unie, cette organisation réunit actuellement plus de 1 800 organisations com-munautaires. Sur 238 sièges ob-tenus par Russie unie aux élec-tions à la Douma (chambre basse du parlement) en 2011, 80 ont été octroyés aux membres du Front.

BENJAMIN HUTTERLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

À l’heure où le taux de chômage

enregistre des records en

Europe, le marché du travail

russe a de quoi faire des jaloux.

En mars, le nombre de chômeurs

a encore baissé.

Le chômage ? Pas mon problème !Emploi Le marché du travail russe connaît une embellie, en tous cas pour les demandeurs, qui sont de moins en moins nombreux

Après quelques jours passés à Moscou, quand un touriste eu-ropéen a épuisé ses questions sur l’eau du robinet et la profondeur du métro, il demande générale-ment si le taux de chômage est important en Russie. La réponse est non. Selon un communiqué publié par le ministère du Tra-vail le 5 avril, « le nombre de personnes inscrites auprès des services d’aide à l’emploi a en-core reculé de 1,75% en mars, soit une baisse de 19 400 per-sonnes ».

Au total, 1,1 million de Russes sont enregistrés comme chômeurs. Le nombre total de personnes sans emploi en Russie s’élèverait tou-tefois à 4,3 millions de personnes soit 4,8% de la population active, selon l’agence de statistiques Rosstat.

Taux de chômage (%)

Les indicateurs sont au vert« La Russie est bien sortie de la crise, tant en termes de croissance que sur le marché du travail », souligne Olga Koulaeva, spécia-liste de l’emploi au Bureau de l’Organisation internationale du travail à Moscou (OIT). « Le taux de chômage avait atteint son maximum en février 2009, tou-chant 9,4% de la population ac-tive soit 7,1 millions de personnes. Fin mars 2012, il était déjà re-tombé à 6,5%, retrouvant ainsi son niveau d’avant la crise », rap-pelle-t-elle.

L’offre d’emplois, elle, est à la hausse. Le portail Superjob.ru af-fi rme ainsi qu’elle a augmenté de 2,2% en mars 2013 sur le site. Les postes les plus recherchés ? Ceux de vendeurs (23,2% des postes vacants), d’ouvriers dans l’indus-trie énergétique (8,6%) ou encore dans le secteur de la construction (6,6%).

Les Russes peu préoccupés par le chômageQu’en pensent les principaux in-téressés ? Ioulia, 29 ans, ne pense pas que le chômage soit un vrai

refl ètent les résultats d’un son-dage mené par le Centre de re-cherche sur l’opinion publique de Moscou (VTsIOM). En décembre 2012, 58% des personnes inter-rogées affirmaient que pendant les deux ou trois derniers mois, aucun de leurs proches n’avaient perdu leur travail : ils sont 67% à le dire en mars 2013.

Inégalités et marché noirTout n’est pourtant pas si rose. Certaines régions semblent en effet peu touchées par le miracle économique moscovite. « Dans le Nord-Caucase, le chômage s’élève à 14,9% et à 32,3% en Tchétché-nie », souligne Olga Koulaeva.

Et si le taux d’emploi est im-portant, la réalité est moins re-luisante. « En Russie, la moitié de la population active travaille au noir », déplorait ainsi Olga Go-lodets, vice-première ministre, lors d’une conférence à la Haute école d’économie le 3 avril. « Cela vient du fait que dans de nom-breuses régions du pays, il est dif-fi cile de trouver un emploi conve-nable dans le secteur formel », analyse Olga Koulaeva.

EN CHIFFRES

4,8% Selon l’agence Rosstat,

4,8% de la population active serait sans emploi en Russie.

2,2% Le nombre de proposi-tions d’em-

ploi a augmenté de 2,2% sur le portail Superjob.ru en mars 2013.

50%La moitié de la population active travaille-

rait au noir en Russie, selon la vice-première ministre Olga Golodets.

Si le taux de chômage apparaît flatteur, il pourrait en fait être en décalage important avec la réalité

42 ans, a déjà travaillé dans trois banques différentes ces deux der-nières années. « Dans mon entou-rage, personne n’est resté au chô-mage plus de trois mois en cinq ans », témoigne-t-il.

Une atmosphère générale que

problème à Moscou. « J’ai quitté mon poste d’assistante de produc-tion dans une chaîne de télévi-sion et n’ait eu aucun mal à me reconvertir », témoigne-t-elle. Un mois après sa démission, elle avait déjà retrouvé un emploi. Roma,

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Embouteillages et métro bondé

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Que faire ? Marier tous les modes de déplacement pour que le transport des Moscovites soit plus fl uide , répond Gamid Bou-galov, chef du département Transport de Moscou. À ce sujet, le plan d’action des institutions compétentes est aussi ambitieux que le problème est important.

Fluidifier à tout prixD’ici la fi n de l’année, 190 noeuds de transport « de niveau 1 » - ou hubs - devraient être créés à Mos-cou. En clair ? Il s’agirait d’abord de dégager l’accès des métros et des gares, aujourd’hui obstrué par des boutiques souvent illégales, pour aménager des parkings et des espaces verts. La transition entre voiture et transport en com-mun serait ainsi facilitée.

Certaines stations, où plu-sieurs modes de transport coha-bitent, seront également aména-gées pour que le transfert s'effectue dans un seul et même bâtiment. Car aujourd’hui, si l’on veut prendre le train dans l’une des gares desservies par le métro Komsomolskaïa par exemple, il faut impérativement sortir dans la rue… et refaire la queue. L’ob-jectif, à l’horizon 2020, est de créer 150 à 160 hubs à Moscou. Une ligne de chemin de fer si-tuée entre les deux périphériques de Moscou devrait voir le jour en 2015 et faciliter la transition.

Coût de cette première étape : 65 millions de dollars par hub selon Gamid Bougalov ; 325 mil-lions selon Sergueï Pak, direc-teur du développement des sta-t i o n s f e r rov i a i re s . « L e gouvernement de Moscou ne pourra pas tout fi nancer seul », souligne Gamid Bougalov.

Des nouveautés, partoutOutre ce plan structurel, une at-tention particulière sera portée à chaque moyen de transport. L’année dernière, plus de 620 millions de passagers ont pris le bus. Le chiffre est en augmen-

tation et les autorités ont donc promis de mettre prochainement à disposition des Moscovites près d’un millier d’autobus amélio-rés, équipés d’un système d’ap-pel direct relié au ministère des Transports régionaux pour que

chaque passager puisse s’expri-mer sur le service.

En 2012, les trains régionaux ont assuré le transport de plus de 500 millions de passagers. Le ministère du Transport annonce que d’ici 2020, ce chiffre pour-rait doubler. De nouvelles voies ferrées à partir des gares de Sa-violovski, Kazanski, Iaroslavski, Kourski et Paveletski vont construites prochainement. Les trains seront équipés de wagons

VLADIMIR KOZLOVTHE MOSCOW NEWS

Les endroits où les cyclistes

peuvent rouler confortablement

restent rares, mais des projets

existent de marquage des routes,

de circulation et de législation

relatives aux cyclistes.

À la sortie du métro, le "vélo-politain"

Les autorités de la capitale russe comptent avant tout dessiner trois pistes cyclables reliant différents quartiers, ainsi que des zones de stationnement pouvant accueil-lir 2 000 vélos. L’année dernière, une piste cyclable de 7,5 kilo-mètres a été tracée sur l’avenue Vernadskovo, dans le Sud-Ouest de Moscou, reliant les bâtiments de l’Université d’État de Moscou

Le financement des 190 nouvelles correspondances sera pris en charge par des investisseurs privés

neufs avec WC, fauteuils confor-tables, double vitrages et air cli-matisé. Il y a également le projet « Rex » : des trains régionaux di-rects desservant les villes les plus importantes de la région comme Mytischi, Ramenskoïe, Lobnia, Dolgoproudnoïe.

De 2013 à 2030, 600 km de voies pour tramways devraient être également mises en place pour faciliter la liaison entre les grandes villes de la région de Moscou. Le tramway rapide, qui peut transporter 30 000 passa-gers par heure, permettra d’éco-nomiser du temps et de désen-gorger les routes. La première ligne, dont le chantier débutera cette année, reliera la station de métro Krasnogvardeïskaïa et l’aéroport de Domodedovo.

Le métro, enfi n, continue de s’étendre au-delà du périphé-rique : l’an dernier, la station No-vokossino a été inaugurée dans la ville de Reoutov. En décembre 2013, celle de Kotelniki ouvrira également ses portes.

à ses dortoirs. Cette piste est munie de 12 parkings pour une capacité totale de 216 bicyclettes.

Cité plus tôt dans l’année par l'agence RIA Novosti, Piotr Bi-rioukov, maire adjoint chargé du logement et des services commu-naux, a précisé que 23 kilomètres de pistes cyclables avaient été imaginés pour le District admi-nistratif central, alors que 11,3 kilomètres de tracé avaient déjà été mis en place cette année.

Les résidents de la ville et sa communauté de cyclistes sont ce-pendant loin de soutenir unani-m e m e n t c e s i n i t i a t ive s .« Je ne comprends pas tout-à-fait pourquoi le District administra-tif central a été choisi pour le pro-

jet pilote (de parkings à vélos) aux dépens d’autres secteurs plus périphériques mais avec autant de cyclistes, comme le District administratif Ouest ou celui de Zelenograd », indique Piotr Dvo-riakine, responsable du mouve-ment cycliste Rusvelos.

L’été dernier, la construction d’une piste cyclable au parc na-turel Bitsevski, censée relier les stations de métro Beliaievo et Tchertanovskaïa, a notamment provoqué des actions de protes-tations de la part des résidents locaux. La raison de leur colère : les trous creusés pour placer des lampadaires et qui endommagent les racines des arbres.

La construction d’un remblai

pour la piste cyclable a été aban-donnée, mais l’entrepreneur Dmi-tri Ougrioumov et l’architecte Alexandre Perov ont développé un projet bien plus ambitieux pour la même zone de la ville.

Le « Velo-politain » (combinai-son entre « vélo » et « métropo-litain »), présenté pour la première fois au festival Arkhstoyanie l’été dernier, prévoit des tunnels qui seront construits contre le rem-blai en bord de fl euve. Ces tun-nels seront composés de pistes cy-clables dans les deux sens, ainsi que de passages pour les piétons et les personnes en chaise rou-lante.

« Une entreprise de construc-tion basée à Tver et spécialisée

dans les passerelles piétonnes a estimé que le chantier coûterait 486 000 euros pour 100 mètres », précise une source proche du pro-jet. « Nous avons besoin d’argent pour mettre en œuvre le projet, mais nous ne disposons pas de sponsors pour le moment. Sans le soutien des autorités mosco-vites, le projet n’obtiendrait pas les autorisations nécessaires ».

Les militants cyclistes ont éga-lement proposé une série de me-sures visant à améliorer les in-frastructures de la ville.

Selon Dvoriakine, la création d’un groupe d’experts compre-nant des militants, sous l’égide du département chargé des trans-ports pour la ville de Moscou, est un bon signe. Afi n d’améliorer les infrastructures de la capitale, les militants cyclistes ont aussi pro-posé le développement d’un sys-tème de stationnement des bicy-clettes dans des immeubles d’appartements et des cours.

millions de passagers ont utilisé les trains régionaux en 2012. Ce chiffre va doubler d'ici 2020.

kilomètres de voies pour tramways devraient être mises en place vers 2030.

millions de passagers prennent le métro moscovite quotidiennement, un record mondial.

500

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EN CHIFFRES

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QUESTIONS & RÉPONSES

Où en est la coopération gazière entre la Russie et l'UE ?

Vers la fi n du monopole de Gazprom ?

L’idée de diviser Gazprom en deux sociétés distinctes, l’une chargée de la production, l’autre du trans-port, fait son chemin au sommet de l’État. Des discussions à ce su-jet sont menées par les conseillers économiques du président avec les patrons de Gazprom et de ses

« Il faut éviter une réduction des investissements infrastructurels ».

Le 30 mai, Bruхelles accueillera la VIIIe Conférence internationale « Dialogue sur l'énergie Russie – Union européenne. L'aspect du gaz ». La conférence réunira les représentants du gouvernement russe, de l'UE et les dirigeants de grandes entreprises énergétiques telles Gazprom et Eurogas. Un mois avant la conférence, Valeri Yazev, président de la société ga-zière russe, répond aux questions de La Russie d'Aujourd'hui.

Le prix du gaz russe en Europe est

largement supérieur aux prix sur

les marchés « spot ». Pourtant,

Gaz prom continue d’indexer ses

prix sur les produits pétroliers.

La compagnie a-t-elle l’intention

d’ajuster ses tarifs aux marchés à

court terme ?

La formule de Groningue du prix du gaz doit davantage prendre en compte certaines caractéris-tiques, afi n que l’évolution des ta-rifs corresponde au marché du produit réel, comme les variations

saisonnières ou climatiques. En 2012, Gazprom a procédé à une réduction des prix pour beaucoup de ses clients réguliers. En été et en fi n d’année. Je pense qu’il n’est pas encore temps de se rattacher directement aux prix des mar-chés « spots ». Les tarifs indexés sur un produit virtuel ne peuvent pas être aussi objectifs que les prix fi xés entre un client et un fournisseur de gaz réel. Quelle responsabilité porte le courtier en bourse sur la sécurité énergé-

tique ? Aucune. La responsabili-té pèse sur les producteurs et les fournisseurs. Vous aimeriez que l’approvisionnement dépende en-tièrement des courtiers qui ne tra-vaillent qu’avec un produit vir-tuel ?

Pourquoi le scepticisme domine-

t-il en Russie face au boom du gaz

de schiste ?

Une concurrence directe entre le gaz russe et le gaz de schiste po-lonais ou chinois reste impro-

ALINA OUKOLOVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Les Russes optant pour un style

de vie plus sain, l’alimentation

bio n’est plus perçue comme un

mode de consommation extra-

vagant. En amont, les fermes

biologiques se multiplient.

Le bio est promis à un bel avenirConsommation Les rayons des supermarchés russes découvrent les produits naturels

Les rayons d’aliments « orga-niques » ou « bio » prennent du volume dans les supermarchés russes. Les produits sans fertili-sants ni additifs ont toujours exis-té en Russie mais il y a seulement cinq ans, les seuls fruits et lé-gumes de ce type provenaient des potagers des datchas privées. Boris Akimov, le fondateur du magasin d’alimentation biolo-gique Lavka, explique qu’il y a quatre ans, il avait du mal à trou-ver des agriculteurs susceptibles de lui assurer la fourniture régu-lière de ce type de nourriture de plus en plus recherché. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

La situation s’est améliorée : l’agriculture de ferme gagne en popularité et ce sont désormais les fermiers qui appellent Lavka pour proposer des livraisons de produits bio. M. Akimov affirme que 99% des cultivateurs russes actuels de bio sont d’anciens ci-tadins qui ont quitté la ville pour créer leur propre ferme.

C’est le cas de Vladimir Lou-nyachin, de l’oblast de Penza à environ 600 km au sud-est de Moscou : grâce à un prêt de 230 000 euros obtenu de Rossel-khozbank, la banque agricole, il a construit un restauroute doté de son propre verger de pommes

Votre potager bio

en ligne !

Le complexe de serres situé dans le village d’Ostrovtsy, près de Mos-cou, accueille le projet iOgorod : n’importe qui peut louer un ter-rain, puis regarder par webcam des agronomes professionnels cultiver les produits qu’ils ont choisis. La récolte est livrée à domicile par un service de messagerie. iOgorod a opté pour l’agriculture biologique : pas d’herbicides chimiques ni de pesticides, de l’eau artésienne pour l’irrigation, et uniquement des en-grais naturels. Le plaisir est loin d’être bon marché - le loyer men-suel pour six ares est de 150 euros.

de la préparation à la semence de dix hectares.

Il existe pourtant une forte de-mande de produits agricoles. Les sondages d’opinion montrent que 60% des résidents des deux ca-pitales que sont Moscou et Saint-Pétersbourg sont prêts à payer plus cher pour de la nourriture « naturelle ». Selon l’organisme Ekocluster, le volume des produits

élevé des prêts subventionnés : 5 à 6%, contre 2 à 3% en Europe, alors que l’investissement initial dans une ferme peut s’élever à 385 000 euros. Fondateur de l’or-ganisme Ferma at Home, Maxime Livsiun explique qu’un taureau aux enchères pour la reproduc-tion représente environ 23 000 euros, soit un coût semblable à celui de la formation des sols et

et d’un potager. Les ventes de fruits et légumes permettent de dégager un chiffre d’affaires men-suel d’environ 15 000 euros.

Selon le directeur du Festival gastronomique de Moscou Igor Goubernskii, de telles réussites devraient se multiplier, car la Rus-sie ne compte que 200 fermes bio.

L’un des principaux problèmes des fermiers concerne le taux

Pour les fermiers russes le taux des prêts subventionnés est élevé : 5 à 6%, contre 2 à 3% en Europe

biologiques vendus en Russie, im-portés ou produits localement, at-teindra 90 millions d'euros en 2013, soit une hausse de 20% par rapport à l’année dernière. On s’attend à l’avenir à une crois-sance des ventes de produits bio-logiques de 20-30% par an. Un projet de loi du ministère de l’Agriculture prévoit aussi l’ho-mologation des producteurs bio.

bable. Le consommateur a aussi son mot à dire. Est-il prêt à vivre entouré de puits de forage ou pré-fère-t-il recevoir le gaz russe par un gazoduc invisible juste en tour-nant la manette de sa cuisinière ? En matière de concurrence sur le marché du gaz, d’autres facteurs sont davantage à prendre en considération : le gaz australien, iranien, qatari... ainsi que la ré-cession économique mondiale.

Pourquoi la Russie est-elle si hos-

tile à l’égard du « troisième pa-

quet énergie  » de l’UE. Que

craint-elle ? La concurrence ? La

transparence ?

Le troisième paquet énergie est surtout un problème d’équilibre d’intérêts entre l’UE et les éco-nomies nationales. Ce qui nous intéressait particulièrement lors des discussions autour du mar-ché intérieur de l'énergie de l’UE ? La protection des investissements russes, surtout les investissements déjà effectués, pour éviter la confiscation, sous prétexte du principe de séparation des acti-vités sur le marché gazier. Nous craignions également une réduc-tion des investissements dans les infrastructures, sur des projets en cours comme North Stream et South Stream, où les investisseurs étrangers étaient déjà engagés. Cela mettait également en dan-ger les contrats d’approvisionne-ment à long terme qui déter-minent les plans de production, la prospection de nouveaux gise-ments, les contrats avec les four-nisseurs, les transactions fi nan-cières, etc.

Propos recueillis parDenis Doubrovine

Valeri Yazev.

concurrents principaux : Novatek et Rosneft. C’est le sujet le plus dé-battu aujourd’hui, alors qu’il était encore tabou il y a six mois. Les experts y voient la conséquence de l’affaiblissement de Gazprom en Europe, dû au gaz de schiste et aux résistances de Bruxelles.

© NATALIA MIKHAYLENKO

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APRÈS BOSTON, SERRONS NOUS LES COUDES

CORÉE DU NORD : LE JEU ET L’ENJEU

Sergueï

Markedonov POLITOLOGUE

Andreï

LankovPOLITOLOGUE

L’attentat de Boston a de nouveau attiré l’attention du public sur les problèmes du Caucase russe. Les pu-

blications des médias et des blogs américains à la suite de la tragé-die de Boston en sont la démons-tration. L’accent est de nouveau mis sur la « guerre de Tchétché-nie », bien que les combats actifs y soient terminés depuis 2002 et que le nombre d’attentats orga-nisés dans la république soit in-férieur à ce que l'on voit dans les régions voisines, notamment au Daguestan et en Ingouchie. À titre de comparaison : en 2012, la vio-lence politique a affecté 695 per-sonnes (dont 405 tuées) au Da-guestan et 174 personnes (82 morts) en Tchétchénie.

On parle à nouveau du « sépa-ratisme tchétchène  », bien qu’après l’attentat de Beslan de 2004, tous les actes terroristes or-ganisés par les organisations ra-dicales du Caucase du Nord (comme l’attentat de Domodedo-vo en 2011 et les explosions dans le métro de Moscou en 2010) aient été commis non pas au nom de l’autodétermination ethnique et politique, mais sous la bannière de l’islamisme radical, qui est im-prégné d’anti-américanisme.

Discutant de la nature du ra-dicalisme au Caucase du Nord (Caucase russe), les experts amé-ricains citent habituellement deux raisons : la politique répressive

Un remaniement surpre-nant a eu lieu début avril au sein des plus hautes sphères du pouvoir en

Corée du Nord. Ces derniers jours, l’attention des médias était tout entière focalisée sur l’escalade de la tension, ignorant d’importants faits nouveaux à l’intérieur du pays.

L’an dernier, les hauts respon-sables militaires nord-coréens ont commencé à perdre de l’in-fl uence, sous la pression du Parti du travail. Les autorités ont continué d’apporter un soutien de façade à la politique de Son-gun (doctrine donnant la prio-rité à l’armée), mais les forces militaires ont subi une purge sans précédent. Des quatre gé-néraux qui escortaient la dé-pouille de Kim Jong-il lors de ses funérailles, trois ont disparu soudainement sans laisser de traces. Le quatrième a été relé-gué à un poste civil insignifi ant. De nombreux officiers supérieurs de l’armée nord-coréenne ont été limogés.

L’armée est tombée sous le contrôle de bureaucrates civils. C’est ainsi que Choe Ryong Hae, apparatchik du Parti du travail, s’est vu décerner le titre du vice-maréchal. Choe, un ex-secrétaire de province, est devenu l’officier le plus gradé du parti, devant les militaires de carrière. Mais la plus grande surprise fut le retour de Pak Pong-ju au poste de Premier ministre. Pak est l’un des auteurs des réformes économiques de 2002 – à ce jour, la tentative la plus radicale de restructurer une économie anachronique. La réac-tion hostile des autorités au « ré-formisme » de Pak lui a valu d’être écarté en 2005. Il doit son retour à Kim Jong-un.

Que signifient ces change-ments ? Le limogeage des géné-raux mentionnés, considérés

menée par la Russie et la situa-tion économique instable de la région. Ce qui n'est pas exact pour la tragédie de Boston : les Tsar-naev ont depuis longtemps quit-té la Tchétchénie. En plus, les deux frères ont vécu pendant longtemps en dehors de la Russie, exempts de l’infl uence de la « machine ré-pressive » de la Russie et du bas niveau de vie.

Il faut en outre noter que même avant l’attentat de Boston, l’Eu-rope avait déjà souffert d'actes similaires commis par des terro-ristes d’origine nord-caucasienne. Un homme d’origine tchétchène, Lors Jokhaev, fut arrêté en sep-tembre 2010 à Copenhague pour avoir tenté d’organiser un atten-tat contre un journal danois qui avait publié des caricatures du prophète Mahomet. Avant cet in-cident, Jokhaev avait résidé pen-dant six ans en Belgique. En mai 2011, la police de la République tchèque a arrêté plusieurs membres de la nébuleuse terro-riste daghestanaise Jamaat Sha-riat. Et en mars 2011, les autori-tés de la Norvège, pays célèbre auparavant pour son attitude plu-tôt favorable aux immigrés en provenance du Caucase du Nord, ont organisé une déportation de masse d’ex-résidents nord-cau-casiens.

Malheureusement, les pays oc-cidentaux ont durant longtemps ignoré la radicalisation croissante au sein des communautés d’im-migrants, y compris l’attitude né-gative pas tellement envers la Russie, mais plutôt à l'égard de

comme des jusqu’au-boutistes, ouvre la voie à des changements et à une tentative d’imiter la Chine.

On dit souvent que des réformes économiques en Corée du Nord ne sont pas compatibles avec l’his-trionisme du pays sur la scène internationale. Les auteurs des réformes seront plutôt obligés de trouver un moyen d’empêcher l’émergence d’une opposition ac-tive. Or, il pourrait être logique pour le pays d’attiser de temps à autre les tensions : après tout, rap-peler « la menace extérieure » tou-jours présente à la population est un bon moyen de la rendre plus docile. En d’autres termes, cette rhétorique du «  danger im-minent » est un instrument pour stabiliser l’État.

Selon un autre argument po-pulaire, le sauvetage de l’écono-mie nord-coréenne nécessitera des investissements étrangers impor-tants. Les tensions nuisent donc aux affaires. Mais de telles affir-mations ne se vérifi ent pas néces-sairement. L’argent en provenance de la Corée du Sud et des États-Unis pourrait être bénéfi que pour la croissance économique, mais de tels investissements repré-sentent en même temps une me-nace, car nul doute qu’ils s’ac-compagneraient de la diffusion d’informations confirmant la prospérité de la Corée du Sud. Au cours des premières étapes des reformes, ces données pourraient avoir des effets destabilisants pour Pyongyang.

Allons-nous assister à une ré-forme de l’économie nord-co-réenne, combinant une évolution progressive vers une économie de marché avec des tentatives épisodiques d’intimidation ? Il serait prématuré de se ranger au-jourd’hui à une telle conclusion. Mais celle-ci s’apuie sur une hy-pothèse qui n’est sans doute pas si improbable qu’on le croit.

Andreï Lankov est un spécialiste de la Corée.

l’Occident. En cherchant la ré-ponse aux questions « D'où ve-nons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? », les jeunes gens s’adressent à leurs copains habi-tant dans leur patrie d’origine. Et les réponses qu’ils reçoivent sont loin de ce qui serait accep-table pour les États-Unis ou les pays européens. Le mouvement

de contestation du Caucase du Nord s’islamise actuellement très rapidement, et cela veut dire que les États-Unis, l’Europe et Israël sont désormais considérés comme les ennemis luttant contre les fi -dèles musulmans.

Et pour explorer ces idées, il n’est pas du tout nécessaire de devenir membre d’une organisa-tion terroriste de la région ou bien d’Al-Qaeda. Il suffit d’avoir accès à Internet et aux réseaux sociaux.

Un islamiste n’est pas formé par l’apparence ou les normes reli-gieuses, même pas par une for-mation djihadiste dans un centre afghan ou daghestanais. La quête idéologique autonome et la dé-ception dans sa nouvelle maison, c'est tout ce qui est nécessaire. Ainsi, il serait au moins naïf de croire que la vie relativement bonne loin des régions dange-reuses assure automatiquement la loyauté et l’adhésion aux va-leurs occidentales.

Après l’attentat de Boston, les médias appelaient Moscou et Washington à renforcer leur coo-pération en matière de sécurité. C’est très raisonnable, bien sûr. Mais il serait erroné de parler seu-lement de la coopération des ser-vices spéciaux. Cette coopération ne sera pas efficace sans un chan-gement du contexte social et sans un renforcement de la confi ance. Les experts et hommes politiques russes doivent coopérer plus ac-tivement avec les parlementaires, médias et universités américains. Sinon, les images stéréotypées de « séparatistes tchétchènes » et de « guerre de Tchétchénie » accom-pagneront toutes les discussions sur le Caucase du Nord. L’opi-nion publique aux États-Unis est aussi déterminante que les déci-sions des autorités, de la diplo-matie ou des services de rensei-gnement.

Sergueï Markedonov – Cher-cheur invité au Centre pour les recherches stratégiques et inter-nationales de Washington.

Les actes terroristes du Caucase sont commis sous la bannière d'un islamisme imprégné d’antiaméricanisme

L’opinion publique aux États-Unis est aussi déterminante que les décisions des autorités et de la diplomatie

Préparé parVeronika Dorman

LU DANS LA PRESSEDERRIÈRE

LES ATTENTATS

DE BOSTON

L'instigateur du double attentat de Boston, Tamerlan Tsernaev, est sur le radar des services secrets russes et américains depuis 2011. Néanmoins, il a réussi à passer à l'acte sans entrave, soulevant de nombreuses questions sur cet "échec" du renseignement. Contrairement à ce qui se serait passé en Russie, le pouvoir amé-ricain n'a pas cherché à tirer pro-fit, politiquement, de la tragédie, dont les dessous demeurent en-veloppés de mystère.

"CONNECTÉ" AVEC L'ENNEMI

Guéorgui BovtGAZETA.RU / 22.04

RÉACTION AU SANG

ÉditorialVEDOMOSTI / 22.04

LA PISTE GÉORGIENNE

Anastassia KachevarovaIZVESTIA / 24.04

À l'avenir, les services spéciaux de beaucoup de pays vont accroître la surveillance des réseaux sociaux. Le FBI et le FSB étaient au cou-rant de l'intérêt de Tamerlan Tsar-naev pour les sites extrémistes. Les approches russes et améri-caines sont différentes. Les Amé-ricains n'interdisent ni ne limitent rien sur Internet. Ils surveillent les visiteurs des sites suspects, ras-semblents des dossiers. En Rus-sie, on interdit, on bloque les sites, on punit les blogueurs qui auraient tenu des propos "extrémistes". Cette tactique semble moins effi-cace pour déceler les liens entre les terroristes, les sites, les réseaux. Elle "forme" les criminels, qui ap-prennent à s'adapter plus vite.

Le pouvoir américain n'a pas cher-ché à utiliser l'attentat terroriste à des fins politiques. Obama a ex-primé sa compassion envers les Américains, il n'a pas rassemblé les chefs des services spéciaux, les ministres et les gouverneurs de-vant les médiaux pour leur passer un savon en public. Les policiers n'exigeaient pas un alourdisse-ment des punitions ; les membres du Congrès n'ont pas rédigé immé-diatement une nouvelle loi sur les évènements sportifs. Le pouvoir et les médias n'ont pas rejeté la faute sur une 5e colonne qui agirait de l'étranger. Les terroristes ne sont donc pas parvenus à effrayer la so-ciété et les leaders se sont com-portés de façon responsable.

Selon des documents du contre-es-pionnage géorgien, la "Fondation caucasienne", en collaboration avec l'ONG américaine "Jamestown", a organisé une série de séminaires pour les jeunes pendant l'été 2012, auxquels aurait participé Tamer-lan Tsarnaev durant son séjour en Russie, entre janvier et juillet 2012. L'objectif de la Fondation est de recruter la jeunesse et l'intelligent-sia du Caucase du Nord pour ac-croître l'instabilité et l'extrémisme dans les régions méridionales de la Russie. La rapport révèle aussi que les services secrets géorgiens se servent de la fondation pour recru-ter des Tchétchènes solidaires de la cause géorgienne et les préparer à l'activité terroriste.

© IORSH

Page 6: La Russie d'Aujourd'hui

06LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

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VENIAMINE GORKOVSKIILA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Capter l’âme d’un village, d’une

rivière ou d’un paysage pour le

danser : c’est le travail quotidien

de l’ensemble Ogonki, originaire

de l’Altaï. Rencontre avec Irina

Menialina, sa chorégraphe.

Les flammes de Sibérie brûlent les planchesDanse L'ensemble folklorique russe Ogonki présente un spectacle hors du commun à Bruxelles les 1er et 2 juin

régraphies incluant des sketchs humoristiques. Chaque danse es-quisse la psychologie et la vie d’un village de Sibérie : nous devons donc faire des recherches person-nelles sur les chansons, les his-toires, les costumes, les pas, pour préserver l’âme originelle des hommes et des femmes de notre terre », précise-t-elle. Les expé-ditions d’ethnographes dans l'Al-taï sont pour Ogonki une res-source précieuse.

Les danseurs des JO de 1980, c’était euxComme beau-coup, Irina Menia-lina a fait ses pre-miers pas de danse populaire à un âge précoce. «  Les danses tradition-nelles sont très populaires en Russie et sur le territoire de l’Altaï. À Barnaul, notre ca-pitale, beaucoup d’en-fants apprennent leurs premiers pas dès l’âge de 5 ou 6 ans : je ne fais pas exception ».

En 1970 la troupe d’Ogonki, qui a déjà trois ans, repère Irina Me-nialina et l’embauche. Une se-

Dès les premières mesures de ba-lalaïka, quand la première artiste apparaît sur la scène, on com-prend qu’il s’agit de la Russie. Les costumes, les coiffures, les tech-niques chorégraphiques – comme la prissiadka, exécutée les genoux pliés - créent une danse unique. La structure de nos drames a éga-lement un modèle propre avec son prologue, son apogée, sa fi n et son épilogue », résume-t-elle.

Les 1er et 2 juin à BruxellesPour atteindre ce niveau, il faut s’entraîner. Dur. « Comme pour toutes les danses, il faut une for-mation sérieuse. Pas seulement pour intégrer les éléments tech-niques extrêmement complexes mais aussi parce qu’il s’agit d’une performance spéciale, où l’âme est inséparable des pas que l’on réalise. Notre répétiteur Sergueï Guerassimov aime répéter que la vie d’un danseur se résume à : en-core une fois, et encore une fois, et encore une fois ».

Les 1er et 2 juin 2013, Ogonki se déplacera à Bruxelles dans le cadre du festival « Rendez-vous avec la Russie ».

« Les festivals internationaux sont une grande responsabilité car nous représentons notre pays. Cela stimule, évidemment, notre envie de progresser », conclut Irina Menialina.

« La danse classique vous dit : regardez ce beau rêve. Nous crions - vive la vie ! ». Pour Irina Me-nialina, chorégraphe principale de l’ensemble Ogonki, la danse traditionnelle n’est pas qu’une af-faire de folklore.

Sur les planches, les danseurs incarnent l’âme de la Sibérie, de chaque villageois, perpétuent une tradition mais surtout racontent une terre et ses hommes. Ogon-ki  ? C’est le nom d’une fleur orange vif qui pousse au pied du massif de l’Altaï. Elle fi gure au-jourd’hui parmi les espèces me-nacées.

« Plus vous consacrez de temps à ces danses de caractère russe, plus vous réalisez combien elles parlent de la vie même du peuple russe », souligne-t-elle. Pour Irina Menialina, c’est un art à part en-tière, basé sur une recherche in-tense de beauté et d’authenticité.

«  Nous dansons toutes les danses de Sibérie : les danses ly-riques, des soirées galantes, les danses du feu ou encore des cho-

maine plus tard, elle danse déjà dans sept numéros. « Pour moi c’était incroyable : j’allais danser dans toute la Russie, et même au Kremlin… », raconte-t-elle. En 1980, Ogonki dansera pour l’ou-verture et la fermeture des Jeux olympiques de Moscou. À l’expo-sition universelle de Malte en 1989, tous les représentants des autres pays les inviteront à dan-ser autour de leur pavillon, sé-duits.

Séduits par quoi ? « La danse russe est toujours reconnaissable.

L'an passé, l'ensemble Ogonki a célébré son 45e anniversaire.

À L’AFFICHE9 MAI : UN FILM SUR LA GRANDE

GUERRE PATRIOTIQUE

LE 7 MAI, UNIVERSITÉ DE MONS, BELGIQUE

À l’occasion du jour de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie à l’issue de la Seconde Guerre mon-diale, le 9 mai, le Centre russe se joint à la commémoration en dif-fusant un film russe audacieux et émouvant : Quand passent les ci-gognes. › www.larussiedaujourdhui.be/23273

EXPOSITION DE SCULPTURE

RUSSE CONTEMPORAINE

DU 29 MAI AU 27 OCTOBRE,MUSEUM BEELDEN AAN ZEE, LA HAYE, PAYS-BASLa Haye accueillera une exposi-tion de sculpture russe. Les princi-paux domaines sont l'avant-garde russe et le sots-art, une interpréta-tion ironique de l'art de l'époque stalinienne. Parmi les participants figurent le groupe AES + F, Oleg Koulik et d'autres. › www.beeldenaanzee.nl

SVETLANA BOROCHILOVARESTOCLUB.RU

Après le succès de leur premier

café belge dans le centre-ville,

Roman Navrotskoï et Vladimir

Postnitchenko, ont ouvert un

deuxième pub KwakInn à Saint-

Pétersbourg.

La bière belge trouve enfin son public

Brasserie Des moules-frites à la Venise du Nord

pose de la cuisine italienne, japo-naise, et des bars à cocktails. Il manquait un bar de qualité pro-posant de la bière belge ». Si le premier KwakInn se situe au sous-sol, le deuxième est niché sous les toits. Installés sur des cana-pés près de la baie vitrée en pente inclinée, les clients du bar planent littéralement au-dessus de la rue. À l'intérieur, l'agencement est plu-tôt épuré : briques et bois de me-risier constituent le décor. L'en-trée du bar est indiquée en grand sur le mur. La Grand-Place de Bruxelles y est représentée.

Le choix de bières proposées au pub est impressionnant : une quinzaine d’entre elles sont ser-vies à la pinte (de 6,5 à 7,5 euros) quand près de quatre-vingt re-

« Les restaurateurs ont fait de notre ville, plus grande que Du-blin, la capitale des pubs irlan-dais, explique Vladimir Postnit-chenko. Maintenant, c'est au tour des brasseries belges ! ».

Cette année les propriétaires inaugurent un deuxième bar à Saint-Pétersbourg (le premier s'est ouvert en 2009), cette fois dans le quartier Primorski. « La galerie où le café a été ouvert pro-

cettes peuvent être dégustées à la bouteille (de 5,25 à 18,75 euros). La carte propose bien sûr la Pauwel Kwak qui a inspiré le nom de l'établissement, une ale hou-blonnée au goût légèrement sucré et fruité, réputée comme l'une des meilleures de Belgique.

La carte de visite culinaire de l'établissement n'est autre que le traditionnel plat de moules fraîches en provenance de la mer noire que les propriétaires récu-pèrent en main propre à l'aéro-port de Poulkovo chaque semaine. Il faut ensuite choisir entre la ma-rinière, arrosée de vin blanc, ac-compagnée d'ail et de céleri (8,9 euros) et la version dite proven-çale, cuite au four avec des épi-nards et du fromage bleu (8,5 euros).

Les frites belges avec sauce au choix font bien entendu partie des spécialités aux côtés des gaufres à l'ancienne.

L’intérêt porté à la culture de la bière belge a considérablement augmenté ces dernières années. Outre les différents types de bières belges disponibles dans presque tous les pubs, tous horizons confondus, des établissements spécialisés dans les bières belges sont apparus : le Trappiste a ou-vert ses portes rue Radichtchev, la Brasserie de Métropole s’est installée rue Sadovaïa tandis que la Brasserie Kriev accueille ses clients sur la perspective Maly et rue Italianskaïa.

« Rendez-vous avec la Russie »

Les 1er et 2 juin, Bruxelles accueillera le grand festival rus-so-européen "Rendez-vous avec la Russie". Ce festival est organisé pour la troisième fois. Cette année, outre la fête nationale - le

Jour de la Russie -, il se-

ra consacré à un événement im-portant : le 160e anniversaire de l'établissement des relations di-plomatiques entre la Russie et la Belgique. Dans le cadre du Festival auront lieu un spectacle de l'en-semble Ogonki, des foires et des expositions ainsi que l'"arc-en-ciel des Talents créatifs" de nos com-patriotes .

Calendrier des événements et activités à caractère culturel

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